Daedalus #9 - automne 2016

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Pierre-Antoine Parois Gris Chien - Obey Quai des Bulles Zines Gaspard Royant - Lush Collectif La Mecanique Renegat Records Chansons Robot

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Daedalus, fanzine intramuros, AUTOMNE 2016

Artzines et graphzines sont dans un bateau. Et c’est Strandflat qui mène la barque. Après Daedalus, l’asso malouine vient d’éditer une série de fanzines à très petits tirages (entre 25 et 50) et à petits prix, consacrés aux travaux d’artistes contemporains. So Rebel, sorti en avril, est un fanzine format A3 imprimé en risographie (une technique à mi-chemin entre la photocopie et la sérigraphie). Dix pages (posters?) sur le thème des rebelles et pas moins de 6 contributeurs français. A voir en vrai dans la boutique Sous-Caféine. Graffitiporn #1 et #2 explorent l’univers du graffiti et du tag avec des productions de Seitoung, dont la saturation excessive de l’espace au moyen d’un procédé d’écriture calligraphique automatique confine à l’excès (le sens de «porn» en anglais). Egalement au format A5, Sismotrain #1 et #2 s’attardent sur la cartographie sismique de corps véhiculé, en gros les mouvements qui animent nos corps lorsqu’on se déplace en train. Vient de s’ajouter à cette nouvelle collection de fanzines d’artistes, les Cités imaginaires d’Antony Squizzato et devraient suivre en 201, JB Hanak (par ailleurs musicien avec Cobra, dDamage, dDash), et Ruliano des Bois. Notez que des tirages de tête, limités à 5 ou 10 exemplaires, proposent une oeuvre originale au sein du fanzine. www.seitoung.fr www.strandflat.fr

So Rebel - Pulco Mayo

So Rebel - Anto Squizzato

La 3e saison de Daedalus démarre tranquillement, faute à une carte-mère rétive. Nous voulons toujours défendre une forme participative, mais les volontaires manquent un peu en ce début d’automne (remarquez, c’était pareil l’an passé à la même période). On vous le répète : n’hésitez pas à nous envoyer textes, photos, dessins, reportages sur les acteurs et les lieux de la culture du Triangle d’émeraude. N’attendez pas, demain ce sera déjà trop tard ;). Au prochain n°, un dossier Street-Art : envoyez-nous vos productions, photos, etc. !

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Daedalus En partenariat avec :

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Ont participé à ce n° : Davskull, Samuel E., Mike S. (La Magic Box), Marta. Photos: Davskull (p. 6-13, 16), Melayne Seitoung (p. 4-5, 14-16) Illustrations : Nancy Lamontagne, Marta Bettenzoli Mise en page : M71. Logo Daedalus : Julien Bottone Illustration de couverture : Seitoung Tirage papier : 600 ex. Dépôt-légal : à parution ISSN : 2493-3678

So Rebel - JB Hanak

www.facebook.com/fanzinedaedalus daedalus@strandflat.fr www.strandflat.fr


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Renegat Records Le retour des gueules K7 Après le retour en force du vinyle, on assiste depuis quelques années à la résurrection du support magnétique à enrouler soi-même, la K7. Le micro-label rennais Ideal Crash (voir notre n°1) avait donné le ton, Renégat arrive aujourd’hui pour aligner 3 accords d’un coup. Aux commandes, la moitié des Black Boys on Moped. Trois sorties simultanées en guise d’intro, c’est pas mal. Et avec des tirages limités à 25 exemplaires, çà va vite devenir ultra-collector !

Qui sont les Renégats ? ut un label Renegat records c’est juste moi, David , et c’est surto cassette. Quelle est ta politique éditoriale ? nt dans Ma politique c’est de sortir des groupes qui me plaise ave coldw D’une une esthétique cold au sens large du terme. e espèc cette classique au shoegaze. Ce qui compte c’est qui es group de froideur, de rigueur dans la musique des m’intéresse. Que veux-tu défendre ? lement de Je ne suis le défenseur d’aucune cause, j’essaye simp écie. créer une dynamique autour de groupes que j’appr Comment choisis-tu les groupes ? bien sur les Ce sont des groupes vus au détour de concerts ou internets

Pourquoi le format K7 ? Ma première rencontre avec la musique c’est faite par une copie k7 de Nevermind échangée avec un voisin. C’est un format qui permet d’avoir un support analogique , vivant (ça reste une bande magnétique) pour un coût modéré. Pourquoi des tirages très limités ? Les groupes sont en constante évolution, composition. je préfèré sortir des éditions limitées mais plus souvent. Le son très 80’s des groupes justifie-t-il le format K7 ? Pour moi le son des groupes colle parfaitement à notre époque: la rigueur des boîtes à rythme, le son synthétique, reflètent plutot bien ce qu’on vit actuellement. Donc non, leur son n’est pas lié au choix du support. Les projets pour 2017 ? Augmenter le nombre de sorties !!! Déja 2 prévues pour janvier.

renegatrecords.bandcamp.com Deaflovers « Death to all / Negative Feedback » On vous avait déjà fortem ent conseillé l’écoute de Thee Little Ba stards, ancien projet de ce duo angev in qui aime les guitares acérées et les lignes de basse râpeuses. On ne saurait vous conseiller davantage de vous jeter sur ce collier de onze perles de rock froid et saturé.

Pukko « Blue Moon » ie Vous aimez la trilog ? re Cu noire de The re Alors vous allez prend stpo le ec votre pied av ce punk lunaire de is. na ren e up nouveau gro

Brigid & Michel « Waste » ne Un duo dinano-rennais qui pla us Jes de s our au dessus des lab re aut t n’es qui & Mary Chain, mais os can mé des que le side-project ze, Cheapster. Du garage au shoega is ma m l’oh r pou c’est un petit pas que cul au d pie un grand coup de . nous donnent là Brigid & Michel

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Pierre-Antoine Parois (Papier Tigre, La Colonie de Vacances, Seilman Bellinsky)

La Colonie de Vacances, Saint-Malo, 11 août 2016

Pierre-Antoine Parois est probablement un surdoué de la batterie. Même s’il n’aimera pas le qualificatif. Bucheron métronome de Papier Tigre, à quart-temps dans La Colonie de Vacances, et rythmeur syncopé et magmatique du métagroupe Seilman Bellinsky, il incarne l’énergie DIY qui fait avancer depuis plus de quinze ans toute une générationde groupes dits post-rock, math-rock, post hardcore qui gravitent en grande partie autour du label nantais Kythibong. De passage à la Nouvelle Vague avec ses copains de Colo, on l’a attrapé au vol pour faire le point sur sa carrière tout autant prolifique que protéiforme. Au passage, le concert de la Colonie de Vacances restera comme l’un des moments les plus forts de la Route du Rock, une expérience plus qu’un concert en réalité. A vivre car on ne peut la raconter.

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Seilman Bellinsky, Lyon, 13 mars 2014


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Tes débuts avec Seymour ? Quand on était au collège, 5-4e, vers 12-13 ans, on a commencé directement à faire de la musique avec Arthur, tous les trois de Papier Tigre, on a appris ensemble. Chez moi j’avais une batterie sourde, une batterie d’entrainement, des pads qui ne font pas de bruit et les gars avaient chacun eu une guitare électrique à noël. Du coup, çà a commencé comme çà, vers 95-96, on écoutait à fond Nirvana à l’époque donc on s’est dit on y va, on joue. Pour tous çà a été un apprentissage sur le tas, un parcours autodidacte. Bien avant Seymour en fait, le groupe s’appelait Caustic Soda. Il y a eu d’autres noms ensuite, avec d’autres formes et d’autres musiciens. Très vite, vous tournez sur Nantes… On a vite joué. Eric et moi on habitait dans le vignoble nantais, donc a joué dans les bleds. On était vraiment demandeurs. On a joué à la Fête de la Musique, rue Scribe, on faisait n’importe quoi, du bruit ! On jouait 15 minutes, à fond, toutes les pédales à fond, un continuum complètement destroy de bruit. Après, au lycée, on a commencé dans les cafés-concerts, le Violon Dingue qui avec Olivier, nous a filé un gros coup de main que la façon dont il fallait se structurer, en asso, pour tourner dans les caf-conc’, récupérer un peu d’argent sur les entrées et que çà soit « légal ». Quand vous commencez, arrive sur Nantes une nouvelle génération de groupes, de labels, d’asso : Effervescence, Kythibong… Kythibong arrive plus tard, vers 2003, pour le premier album de Room204. Effervescence, c’était un projet de Julien qui était aux Beaux-Arts et qui a commencé en 99 avec des artistes qui se retrouvent autour d’un collectif aussi bien graphique que musical. Cela n’avait rien d’un label au départ. Et dans Papier Tigre, vous aviez également des activités autres que le musique, tournées vers le graphisme par exemple ? Non, hormis le fait qu’on faisait nous-mêmes les affiches. On était dans cette logique punk-DIY, celle des pochettes de Sonic Youth, complètement destroy. Donc on faisait pareil : « çà a l’air d’être comme çà qu’il faut faire ».

Ensuite tu multiplies les projets, çà vient comment ? c’est lié au Collectif Effervescence ? Non, on intègre le collectif parce qu’on est déjà dans des groupes et qu’il faut sortir des disques. Je rencontre Julien, d’Effervescence avant que çà ne devienne un label, Murailles Musique aujourd’hui, au moment de sortir le premier Room 204. Après Julien, rencontre toute notre clique et il va sortir le Patriotic Sunday, le projet d’Eric, puis çà s’élargit petit à petit. Çà a regroupé les énergies mais les projets étaient déjà existants. Est-ce que ce mode Collectif initial préfigure en quelque sorte la Colonie de Vacances qui arrivera dix ans plus tard ? Là çà encore plus loin, parce que Effervescence c’est aussi l’histoire d’amitié qu’on a avec d’autres musiciens sur Nantes, alors que la Colonie çà dépasse çà et çà renvoie à la création de Papier Tigre. On a 24 ans, on a fini nos études et on a envie de vivre de la musique. Soit on le fait maintenant, soit on le regrettera et du coup, on s’investit à fond dans notre groupe. Effervescence il y a cette idée de scène liée à une ville, parce que Julien ne sortait au départ que des groupes nantais pour fédérer les gens. La Colo c’est plus nous qui nous concentrons sur notre groupe et notre volonté de tourner un maximum. On a tourné à l’international assez rapidement et là aussi on a rencontré les autres cliques des autres villes. Des mecs qui faisaient comme nous mais chez eux. A force de tourner en même temps et de se croiser, on est devenus potes et on a commencé à s’entraider à organiser des concerts mutuellement et la Colo est née de cette expérience-là. Sortir de Nantes et élargir le périmètre. Et à côté de Papier Tigre ou la Colonie, qui permettent d’avoir une activité régulière, tu trouves le temps pour t’impliquer dans des projets plus irréguliers comme Seilman Bellinsky... Tous les projets dans lesquels je joue sont des projets qui me tiennent à cœur car ce sont des gens avec qui j’aiment jouer, les conditions autour c’est secondaire. Avec tous les projets on ratisse large au final, du truc complètement institutionnel jusqu’au truc totalement DIY et on a toujours fait çà. Le plus important, c’est les 45 minutes de concert où tu vas t’éclater et faire du son !

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Seilman Bellinsky, Clermont-Ferrand, 15 mars 2014


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Gaspard Royant Ce soir j’ai rendez vous avec Gaspard Royant dans la mythique salle l’Ubu à Rennes. Depuis que ma fille m’en parle et qu’elle l’a vu à la Maroquinerie (Paris), j’avais hâte de le rencontrer. La salle se remplie, et rapidement, un public de tout âge l’attend impatiemment quand soudain Gaspardarrive sur scène, costume-cravate, impeccablement porté. Et un premier titre accrocheur Hard Times, enchainant alors des morceaux très rock’n roll sur une musique intemporelle, mais très années sixties. Du vrai Doo-Wop Garage Rock’n Roll ! Getaway, All the cool in you is me, Europe, etc. Je découvre un groupe très joueur sur scène, un guitariste qui n’hésite pas à venir jouer au milieu du public et Gaspard qui encourage les spectateurs à le rejoindre. Le public lui tout acquis à ce moment du concert. Le groupe égraine des titres de son second album, Gaspard déclarant qu’il est bien meilleur que le premier. Et il n a pas tord, sans aucun doute. Je peux vous dire que je vois beaucoup de concerts et là je suis conquis. De très loin, un des meilleurs concert de fin d’année. Gaspard Royant un artiste humain, très abordable, très chic, l’élégance Rock n roll des années 60. Après 14 titres expédiés au pas de course, il revient pour un rappel tout aussi énergique, avec Marty McFly, qui nous replonge une fois encore dans les années 60, à la manière des années 80 de Huey Lewis. Le titre se trouvait sur le 1er album, au titre lui aussi vintage, 10 Hit

Wonder. Un superbe concert et sincèrement prenez un billet de vous attend et vous réserve un superbe accueil.

suite et rendez vous a son concert ou il

Gaspart Royant en quelques dates : 2009 : Son 1er mini album You can have me remporte le Premier prix du public tremplin du festival Chorus des Hauts-de-Seine. 2012 : 1er 45 tours Back to where we aim/ Monkey town 2013 : 2 nouveaux 45 tours 2014 : 1er album 10 hit wonder Septembre 2014 : 4e 45 tours Love is like 2015 : 2e album Have you met Gaspard Royant. Remerciements à Manon de L’Ubu pour l’accréditation photos, à Gaspard et tout son groupe pour leur accueil.

Texte et photos: Davskull


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Collectif La Mecanique Une nouvelle association vient de naitre sur la région de Dinan : Collectif La Mécanique, à l’initiative de GuillaumeTrombetta et Yannick Polga. C’est un ensemble de professionnels passionnées de musique. Diverses compétences composent cette association qui gravite autour du secteur des musiques amplifiées : musiciens, techniciens, graphistes, vidéastes, communicants, tourneurs, chargés de production et organisateurs d’événements socio-culturels..., tout ce que Dinan et son pays comptent de bonnes énergies. Ce collectif est aussi la rencontre de plusieurs réseaux associatifs exerçant déjà des activités culturelles sur Dinan et Saint Malo. A l’heure actuelle, une soixantaine de membres compose le Collectif qui a pour but de dynamiser l’activité des professionnels de la région avec des artistes et groupes qui ont rejoint ce groupe de passionnés. Vous aussi vous pouvez rejoindre cette association! Votre première révision est gratuite et la garantie d’être reçu comme des rois.

Soirée de lancement de l’association La Mécanique : Jeudi 3 novembre : Au Labo, le groupe Audio Film (Label Tour 2chauffe) a ouvert la soirée de présentation du collectif, puis la soirée s’est poursuivie avec le groupe dinanais Fawl qui vient de rejoindre le collectif. Le 5 novembre à Saint Samson/ Rance Halloween Party #1. Soirée déguisée, décoration de la salle pour une ambiance festive et terrifiante. Concerts avec Banane Métalik (gore’n roll), Burning Lady (street punk), Bétablock (rock à débiles), DJ Bazh pour finir la soirée.

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Pour rejoindre le collectif : www.lamecanique.fr contac@lamecanique.fr Facebook : collectif la mecanique Davskull

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Les princesses du shoegaze, Miki Berenyi et Emma Anderson, nou s avaient accordé une intervie w lors de la dernière Route du Rock. On avait essentiellem ent causé d’Alphabet Soup, le premier projet commun de ces deux copines de lycée, un fanzine punk ! On avait évoq ué rapidement la reformation du groupe et les projets pour 201 7, mais depuis, Phil - qui fais ait la gueule durant l’interview et aussi sur scène - s’en est allé. Donc, Lush n’existe plus et s’en est allé après un concert d’ad ieu le 25 novembre à Londres. Ciao .

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En fait, en 1994, Phil faisait déjà la gueule...

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Festival Fiesta La Mass ! 2016, Rennes. Reportage photo : Davskull

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Gris-Chien

Gris-Chien est un bâtard. Il a été croisé mille fois. Mais aujourd’hui il ne ressemble plus à aucune de ses filiations. Gris-Chien est Rock. Gris-Chien est Slam. Gris-Chien est aussi Chanson. Mais Gris-Chien est surtout Poète. Et pas n’importe lequel. Un poète maudit. Héritier de Lautréamont ou de Léo Ferré. Ainsi, sur scène, le 1er décembre à la Nouvelle Vague, Gris-Chien est noir. Noir dans ses propos. Noir dans sa musique. Noir dans ce décor pictural façon Soulages qu’il plante avec ses lumières blafardes et son gestes théâtraux et auquel il rend hommage. On découvre ainsi progressivement cet univers singulier et familier à la fois. On croit y retrouver la poésie noire de Bertrand Cantat ou de Prohom, jouant avec les silences et la schizophrénie (mais qui est Antonin ?). On pense percer le secret en entendant quelques vers de Léo Ferré. On imagine toucher du doigt la vérité en devinant quelques mots d’une langue morte et érudite, Errare Humanum Est, que Thiefaine avait déjà sermonné, mais l’on se trompe, une fois encore. Car finalement, plus le concert avance, et plus Gris-Chien semble unique et insaisissable ! L’orchestration, dans tout ça ? Les chiens ne font pas des chats ! Les guitares montrent les dents ! Et ce sont les claviers qui mordent, bagarreurs, remplaçant allégrement la batterie et ouvrant l’éventail, un peu plus encore, pour coller aux mots et aux palabres de ce barde de mauvaise augure, de La Nécrose jusqu’à l’En vie ! Gris-Chien n’est donc pas un chien, mais une anguille, qui se faufile, nous hypnotise, nous terrifie, nous inquiète, nous rassure, mais nous emporte ! A la fin du concert, un instant, on reste groggy, un peu chaos.

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Quelques mots sur l’histoire de Gris-Chien : qui êtes-vous ? d’où venez-vous ? dans quels groupes jouiez-vous auparavant ? On est de Dol, Dinan et Rennes. On est 5 sur scène. A l’origine Cyril connaissait Benjamin (basse) et Seb (light-vidéo) et Seb connaissait Benoît (ordi-clavier-guitare). Il n’y a que Hugues (guitare) que personne ne connaissait !! En fait, Gris-chien est né du fait que Seb ait fait se rencontrer Benoît et Cyril qui ont composé 4 morceaux avant de lancer le projet. Hugues était guitariste dans Fay O’Mara (Rennes), Benjamin jouait de la basse dans PSHV (Paris) et Cyril était batteur de Formica (Rennes). Benoît est également DJ. Seb a fait les lights et la vidéo dans de nombreux projets (Percubaba, Banane Metalik, Mami Chan, Mickey 3D...). On sait que chanter en français, lorsqu’on fait du rock, est toujours risqué et peu de groupes ont réussi à convaincre immédiatement le public. Pourquoi ce choix ? Y a pas vraiment de choix, je maîtrise la langue et je peux dire beaucoup plus de choses en français qu’en anglais. Pour nous, chanter en français n’est pas un acte militant, c’est pragmatique car notre univers demande des textes fouillés et c’est plus simple en français. Après, sans caricaturer car ce n’est pas non plus un complet hasard, j’aime tricoter avec cette langue. Mon père produisait beaucoup d’artistes de chansons à texte et il y avait chez moi des dizaines de vinyles de chanson française, tout vient de là…

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L’univers poétique de Gris-Chien est plutôt sombre et animal, est-ce le climat de Cherrueix qui vous inspire ? Oui, le noir on l’assume. Bien obligés, c’est un peu ce que l’on raconte, les noirceurs et les angoisses de l’âme… En quelque sorte, le sombre c’est la forme mais je parlerai plus de mélancolie et de spleen pour ce qui est du contenu et des paroles. En ce qui concerne la poésie, je ne suis pas un spécialiste. Même si Rimbaud et les symbolistes m’ont toujours attiré, je ne lis que peu de poésie, je puise plutôt dans la littérature et le roman noir. Et oui, il y a beaucoup de spleen dans les grèves de la baie du Mont... Les projets immédiats ? Concerts ? Album ? Pas d’album pour l’immédiat sauf si le contexte le permet, tu connais des mécènes intéressés ? Plutôt un clip, un minialbum, 1 ou 2 singles via les réseaux et tourner, tourner, faire des concerts. On a mis en place de quoi faire des concerts cette année à venir. On est encore dans une forte phase de composition, c’est un moment où les idées fusent et on les emmène au bout.


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Mars Red Sky / Birth of Joy / Crows La Nouvelle Vague, 11 novembre 2016 Énorme soirée en ce jour de Toussaint à la Nouvelle Vague. Fréquentation timide au départ : Crows ouvre les hostilités devant une salle très clairsemée et on craint que le soufflet ne prenne pas. Mais Crows allume les braises et on entend bientôt le vol noir des Londoniens envahir la salle. C’est sombre, froid et violent, surprenant et mené admirablement par James Cox leader très charismatique qui saute très vite dans la salle et harangue l’audience. Cela aura au moins le mérite de faire descendre du monde. Avec son grunge froid dans la lignée de Metz, Crows est implacable et fait monter la pression d’un coup. Les bordelais de Mars Red Sky viennent ensuite. La salle est désormais pleine et on s’en réjouit. On suit MRS, à distance, depuis quelques années car leur stoner rock ne nous laisse pas insensible, doublé qu’il est d’un univers onirique rétrofuturiste bien léché qui a fait la réputation du groupe autant que sa musique. Le trio joue devant un écran où défile des images plus ou moins psychédéliques, des effusions volcaniques de circonstance et des films d’archives affublés d’effets divers. On regrettera qu’il ne s’agisse que de films passant derrière la musique et non «joués» en direct. Le set est carré et puissant, mais certains l’auront trouvé monotone. Birth of Joy vient conclure cette soirée. Après les deux bulldozers Crows et MRS, la musique parait un peu trop pop sixties à mon goût. J’en prends trois morceaux et je lâche l’affaire. Ben ouais, c’est comme çà.

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Dans notre prochain numéro, un dossier STREET-ART

Expo OBEY TO MUSIC A VISUAL TRIBUTE TO MUSIC BY SHEPARD FAIREY, Festival Artrock, Saint-Brieuc, 2016. Photos : Davskull

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Quai des zines Le festival est toujours l’occasion de rencontrer des éditeurs de fanzines, ces publications à tout petit tirage où se côtoient auteurs débutants, talents pas encore reconnus et aspirants qui le resteront pour toujours. L’avantage des stands fanzines c’est qu’il y a en général peu de gens attablés et qu’on peut discuter 5-10 minutes voire aller se boire un verre sans déranger l’interminable queue des dédicasérata. Revue de presque car malgré nos efforts, on est forcément passés à côté de certains zines. A vous de les découvrir par vousmêmes à la prochaine édition. Turkey Magazine, format A5, 44 pages, photocopies N&B, 50 ex. (Hoochi Coochie). L’histoire de ce fanzine, édité depuis 2014, est étroitement liée à son grand frère, Turkey Comix, revue annuelle de prestige éditée par Hoochie Coochie : à l’origine, en 2002, Turkey Comix sort sous la forme d’un fanzine imprimé à 100 ex., relié à la main et doté d’une couverture sérigraphiée ou linogravée. Il s’étoffe de numéro en numéro, devient forcément un peu plus sélectif et passe à une version « pro » à partir du n°16 qui s’ouvre largement à l’international et sera d’ailleurs distingué par le prix de la BD alternative à Angoulème en 2008. L’incubateur de talent ou le terrain d’expérimentations osées deviennent rares et c’est pour retrouver cette fibre originelle qu’en 2014 sort Turkey Magazine, au format fanzine DIY basique, tiré à 50 ex et uniquement disponible à prix coûtant lors des salons et festivals de BD. Le numéro d’octobre 2016

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présente le travail de quatre auteurs très innovants : Aurélien Leif, tout d’abord, qui est un coutumier du zine et de la revue, explore la matière et le sens des mots : ses compositions graphiques qui mêlent techniques analogiques et superpositions numériques évoquent l’expressionisme abstrait des peintres de l’école américaine (Pollock, Rothko). Sur ces œuvres graphiques faites de stries et de rayures, se posent des textes en français et en grec au sens abscons à première lecture, et dans une langue martiale ou évangélique. C’est très puissant. A l’opposé, en apparence, les dessins de Pierre André jouent sur le contraste net entre le noir et la blanc. Des close-up intringuants, l’absence totale de texte, le mystère se découpe en un puzzle qui vous met une belle petite claque. Barthélémy Schwartz propose un poème graphique très original où dans les cases d’un comics guerrier les personnages semblent se découper et se lever de la feuille, projetant sur le reste de la case leur propre ombre. Entre 2D et 3D, le procédé intrigue et la feuille, se tordant sur elle-même finit hors du cadre, couchée au milieu des herbes d’un champ fleuri. Enfin, Charles Mieux nous ramène aux belles heures des imprimantes à aiguilles avec une BD que l’on pourrait qualifier d’ASCII Art matriciel. C’est ingénieux et réussi. PS : tous les numéros sont téléchargeables sur le site www. thehoochiecoochie.com


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Jean-Yves d’Emilie Gleason. A5, 32 pages, photocopies N&B, 100 ex. (Editions Flutiste) A la base une histoire vraie. On nous épargen le menton recousu et la mâchoire déplacée, mais pas le reste : une bonne cuite + une déception amoureuse + on rentre à vélo = t’as gagné un tour gratos à l’hosto, JeanYves. Moralité : on ne devrait jamais braver son taux d’alcoolémie ! Du dessin tendance art brut ou Jean-Michel Basquiat bien foutu et un scénario efficace. Laudanum = poison, n°1 & 2 (réédition) Laudanum, fanzine édité par Gad (cf Daedalus n°5), veut réhabiliter l’humour et la décadence qui seyait si bien à nos ancêtres du 19e siècle. Agrémentée de réclames que ne renierait point un certain almanach Vermot, cette anthologie vous aidera à tenir le haut du pavé. Haut de forme (23 cm), mais pas étroit d’esprit (17 cm), il plaira au colon comme à l’indigène, les blagues en coup de savates rappelant cette longue tradition de la Nation à s’esbaudir en tançant son prochain. Une main de masseur dans la culotte d’un zouave est à prendre ici au premier degré. Connexions. Chapitres 1 et 2. Format A5, 20 pages, photocopies N&B. Petit fanzine édité par la nantais Pierre Jeanneau, Connexions est un projet en développement qui comportera douze chapitres. Réalisé à l’encre de chine, le noir domine l’espace dans les premières pages du chapitre 1 puis laisse place progressivement aux détails, à mesure que les lieux de l’intrigue, vus en perspective plongeante, se construisent, pièce après pièce, au fil des déambulations ou apparitions des personnages, dont Javier, poitn central de ce chapitre. L’idée est ingénieuse en BD, même si elle fait penser aux univers à construire soi-même de type SimCity, et éveille immédiatement la curiosité du lecteur qui se demande quelle pièce ou quel lieu vont apparaître à la prochaine double page. Des dialogues sortent des objets, comme si ceux-ci avaient gardé la mémoire de leur origine, disons la raison ou l’événement qui fait qu’ils sont aujourd’hui présents dans une pièce. Le chapitre 2 est construit différemment : on part d’un bureau anonyme où travaille Faustine, pour finir dans une salle de concert via un trajet en métro, un arrêt chez la copine disquaire et un passage chez soi. Ces deux chapitres suffisent à poser l’intrigue qui tourne donc autour d’une rupture amoureuse entre Javier et Faustine. C’est délicatement fait et immédiatement prenant. On attend la suite.

Flutiste, format A4, N&B et couleur, couverture sérigraphiée, 300 ex. Fanzine de BD construit autour d’un récit collaboratif. La forme est artisanale avec une couverture sérigraphiée et un tirage limité à 300 ex. numérotés à la main. L’unité est le récit, la diversité étant les formats graphiques d’expression qui vont du trait naïf au bic à la composition élaborée à la gouache, en passant par l’esquisse à l’encre de chine. Un beau voyage illustré qui tient bien la route. Tiens, c’est d’ailleurs le thème de ce n°4, la route. www.flutiste.fr

Bed&Breakfast de Florian Huet (L’égouttoir), A5, 20 p. Pour un peu cette chronique passait à la trappe. Ce qui aurait été dommage car on avait déjà mis la tronche de Maël Rannou, l’un des 2 boss de L’égouttoir, dans la maquette... Bref, du coup plus trop de place pour parler de ce B&B ? Un peu quand même : çà parle DIY, hacking, solidarité, entre-aide, bref que des valeurs vintages du siècle passé que l’on ne sait plus trop où télécharger dans nos sociétés ultra-connectées. Ouf, on a pu la caser, mais au détriment de l’extrait de Laudanum ci-dessous. Tant pis, va falloir vous le procurer rapidos pour connaître la chute.


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rscq) a mastérisé le Jean-Louis Morgère (No «Made in England» dernier 10» de dDamage . s dont Ace of Spades rise rep 4 où l’on retrouve u thie Ma née sig te het A noter l’incroyable poc chez Darling DADA. Garnero (Cobra). Sortie

groupe de pop lo-fi Lighthouse, mythique ud et des tournois seb Ro e oqu rennais (ép nais gagnaient des Ren de foot-pop où des e ! Un deuxième passag trophées), est de retour bre avec, little em nov ut déb e tiqu au Riff Magné , aucun morceau des déception quand même bien quand même. du fait çà is débuts. Ma On évoquait dan s notre précédent numéro la sortie du premier EP de Jan is Rainer. Gros succès puisqu e l’artiste malouin a fait partie des 12 finalistes du Tremp lin Ampli Ouest-France de l’automne 2016. Une poignée de concerts en Cité corsaire ont permis à Janis et son groupe de faire connaître son répert oire en live. A suivre de près en 2017 !

Jeu : reconnaissez ce chanteur et gagnez un ancien numéro périmé de Daedalus !

Ruliano des Bois (notre dernière couv’) a signé les pochettes de deux sorties récentes du label rennais Another Record: la compilation de l’année 2016 et le best of 2002-2012 de Gâtechien. Deux pochettes bien ancrées dans son univers photographies colorées. géométriques lignes de réhaussées anciennes w w w . a n o t h e r - r e c o r d . c o m

Backwash : retour de vague

Chansons Robot

C’est vrai qu’ici, à Daedalus, on aime bien les délires d’Arnaud Le Gouefflec et son Eglise de la Petite Folie. Après son projet Christian Rock Fièvre qui faisait, il y a un an, la couverture de notre numéro 5, le voici de pass age à La Nouvelle Vague dans un tout autr e registre puisqu’il s’agissait de démontrer aux plus jeunes que le rock s’est aussi fait pour les tout-petits. Hum an after all ou Robot après tout ? Telle étai t la question du jour. Vous avez 45 minutes et on ramasse les copies. Le tem ps d’un concert-dessiné, Laurent Richard à la palette graphique analogique (aux pinceaux, quoi), Chapi (ou Chapo) aux instrus rigolos, John Trap à la guit are basse et aux effets intersidérau x, et Arnaud au contage, le quatuor du Penn-ar-bed aura fait voyager une bonne centaine de bambins (et leurs pare nts) à travers l’espace intersidéral . Je suis reparti avec l’air d’Azote la robote dans la tête... c’est malin, tiens ! http://www.chansonstombeesde lalune.com/


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