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à sui vre. . .
Waterloo, tombeau de l’Empire et berceau de l’Europe moderne
S
ans doute l’une des plus célèbres batailles de l’Histoire du monde, Waterloo a marqué définitivement l’entrée de l’Europe dans la période moderne.
© J.J. Procureur
Le champ de Bataille de Waterloo, cette morne plaine à en croire Victor Hugo, s’étend sur un peu plus de 2.500 hectares de champs, de coteaux et de vallons sur lesquels des dizaines de milliers d’hommes hommes se sont affrontés dans un combat fratricide qui a, à jamais, marqué les mémoires et les consciences. La victoire des Coalisés et la défaite définitive de Bonaparte influenceront de manière irréversible l’ensemble des pays européens, même ceux qui n’ont pas pris part à la bataille. Waterloo a ouvert la
porte à la révolution industrielle et à une relative période de paix, jusqu’à la Première Guerre mondiale. Dès le lendemain de la bataille, des milliers de personnes affluent sur le site, comme s’ils pressentaient les conséquences que l’événement aura sur leur avenir. Vainqueurs et vaincus s’emparent de ce symbole, pour glorifier un avenir radieux ou pleurer leur rêve de grandeur déçu. Les Français en feront un lieu de deuil et de recueillement, les Britanniques et leurs alliés le symbole d’une victoire européenne sur la « tyrannie » d’un seul homme. Mais, quelle que soit leur opinion, tous honorent l’endroit comme un lieu de mémoire. Hougoumont © Patrice Courcelle
I
Les Cent-Jours et la campagne de Belgique
A
près la tragique retraite de Russie (1812) et la bataille de Leipzig (octobre 1813), la France est à genoux. Certes, Bonaparte a conquis la plus grande partie de l’Europe, mais au prix d’un véritable bain de sang. Les diverses campagnes de Napoléon ont fait, selon les estimations les plus basses, près de 2,5 millions de morts militaires et environ 1 million de victimes civiles.
Mis en confiance par l’engouement populaire et la croissance fulgurante des effectifs de son armée, Bonaparte se met en route pour Paris où il entre le 20 mars 1815, alors que Louis XVIII s’est enfui à Gand. Ce retour est vécu comme une provocation intolérable par les Coalisés qui décident d’en finir une fois pour toutes avec Bonaparte et placent le Duc de Wellington à la tête des troupes stationnées sur le sol de l’actuelle Belgique.
Le 15 juin 1815
© Aurélien Courtois
De son côté, Napoléon décide d’écraser la menace anglo-prussienne qui se concentre en Belgique, avant de passer le Rhin et d’attaquer Autrichiens et Russes. Prenant ses ennemis de vitesse, il entre en Belgique, près de Beaumont, le 15 juin 1815, alors que les Alliés ne l’attendaient que début juillet. À la tête de 120 000 hommes, il fonce sur Charleroi, qu’il prend sans coup férir. La route de Bruxelles est ouverte.
Le 16 juin 1815 Le 16 juin, Napoléon concentre ses forces près de Ligny, entre Charleroi et Namur, où Blücher a rassemblé le gros de son armée. Il charge Ney de prendre la position stratégique des Quatre-Bras de Baisy-Thy, pour empêcher Wellington de faire sa jonction avec le Maréchal prussien Blücher. Mais, mal informé sans doute, Ney tarde trop et ne parvient pas à s’emparer des positions britanniques solidement retranchées.
Vaincu par les forces alliées, lâché par les Français, Napoléon est contraint à l’abdication le 11 avril 1814. Les Coalisés placent Louis XVIII, frère cadet de Louis XVI, sur le trône de France et envoient Bonaparte en exil sur l’île d’Elbe. Mais , à peine le péril bonapartiste écarté, les Alliés se déchirent et se montrent incapables de gérer l’après-Napoléon. Profitant de leurs querelles, l’Empereur parvient à s’évader de l’île d’Elbe, le 26 février 1815. Il débarque à Vallauris, près de l’actuel Golfe Juan, avec à peine un millier d’hommes. La nouvelle de son retour se répand comme une traînée de poudre et, bien vite, nostalgiques, fidèles et opportunistes de tout poil viennent étoffer son armée.
À Ligny, la bataille est sanglante et Blücher manque d’être fait prisonnier. Cependant, privé du corps d’armée de Drouet d’Erlon, appelé en renfort par Ney, Napoléon laisse les Prussiens s’échapper alors qu’il s’apprêtait à les prendre à revers. Blücher réussit donc à battre en retraite en bon ordre et à rassembler ses troupes près de Wavre, dangereusement près de celles de Wellington. Napoléon a perdu l’occasion de rejeter les Prussiens au-delà de Namur. Il est contraint d’envoyer Grouchy et ses 32.000 hommes vers Wavre, à la poursuite des 100 000 Prussiens de Blücher.
Pour leur part, ses anciens maréchaux hésitent sur la conduite à tenir. Ney, le fidèle des fidèles, promet même à Louis XVIII de lui ramener Bonaparte enfermé dans une cage de fer. Cependant, le ralliement massif de la troupe le fait changer d’avis et il finit par rejoindre Napoléon, après avoir longuement hésité.
Ligny © Patrice Courcelle
II
© Patrice Courcelle.
Pendant ce temps, Wellington s’est replié vers Waterloo et choisit la plaine de Mont-Saint-Jean pour y attendre les Français. Génie défensif, il a disposé ses 67.000 hommes et ses 196 canons sur un plateau dominant la plaine et occupe aussi trois fermes stratégiques : Hougoumont, la Haie-Sainte et la Papelotte (située à proximité).
Le 17 juin 1815 Napoléon est sur place le 17 juin, en début de soirée. Il fait un temps épouvantable. Affamés, les Français ne peuvent allumer de feux, en raison de la pluie qui ne cesse de tomber. Arrivés les premiers, les Coalisés sont bien nourris et installés plus confortablement.
Le 18 juin 1815 Napoléon déclenche les hostilités vers 11 h 30. Son frère, le prince Jérôme Bonaparte, mène une attaque contre la Ferme d’Hougoumont. Cette diversion va toutefois s’enliser et faire de nombreuses victimes. Vers 13 heures, les quatre divisions d’infanterie du général Drouet d’Erlon passent, à leur tour, à l’attaque. Les Français sont chargés par la cavalerie lourde britannique qui fait un carnage. Mais, emportés par leur élan, ils butent contre la grande batterie française et sont, à leur tour, taillés en pièces par les lanciers français.
WATERLOO ! WATERLOO ! MORNE PLAINE ! Contraire
2014
© LPZ
ment à la descrip tion qu’en fait Victor Hugo da ns ce poème, le site de la bataille n’étai t pas une plaine , mais un terrain accide nté avec un ch em in encaissé, un pl ateau caché de rri èr e une ligne de crête et de nombreux pe tits vallons peu visi bles.
© Philip pe
ppeliez © Olivier Ca
III
Debruyn
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Vers 11 h 45, selon la légende, Grouchy se trouve à Walhain, en train de manger des fraises avec un notable local, lorsqu’il entend le bruit de la canonnade marquant le début de la Bataille à Waterloo. Le général Gérard lui aurait proposé de se porter au secours de l’Empereur en se guidant « au son du canon ». Grouchy aurait refusé, pour s’en tenir strictement aux ordres reçus de l’Empereur. C’est le début de la légende noire de Grouchy, éternel retardataire dont la nonchalance aurait causé la perte des Français. Une réputation injuste selon la plupart des historiens contemporains. Vers 16 h, alors qu’à Waterloo la bataille est engagée depuis plusieurs heures, Grouchy arrive aux abords de Wavre. L’armée prussienne, placée sous le commandant du général Von Thielmann tient les ponts et s’est solidement retranchée sur la rive gauche de la Dyle, allant de Basse-Wavre jusqu’au-delà du village de Bierges. L’infanterie française, commandée par le Général Vandamme, lance aussitôt l’attaque pour s’emparer du pont du Christ, principal pont de la cité wavrienne. Mais, pour mieux le défendre, les Prussiens ont incendié les immeubles aux alentours. Treize assauts successifs, particulièrement meurtriers, sont menés jusqu’en fin de soirée. Mais ils ne permettront pas aux troupes françaises de prendre définitivement pied sur la rive gauche.
© Patrice Courcelle.
En fin d’après-midi, une attaque dirigée par le Maréchal Grouchy et le Général Gérard échoue devant le moulin de Bierges, fortifié par les troupes prussiennes et entouré de prés gorgés d’eau. Ce n’est qu’en début de soirée que le gros des troupes françaises arrive à traverser le pont de Limal.
Vers 19 h 30, ils font leur jonction avec les Britanniques. Napoléon lance sa Garde impériale. En vain… C’est la panique. L’Empereur se voit contraint d’abandonner ses voitures pour échapper à l’ennemi. Plus de 10.000 morts jonchent le champ de bataille et on compte près de 40.000 blessés. Nombreux seront ceux qui périront, par la suite, de leurs blessures.
De son côté, à Waterloo, Ney prend l’initiative de lancer la cavalerie importante sur la Haie-Sainte. Mais les Anglais, solidement retranchés, résistent. Ce n’est que vers 18 h 30 que Ney parvient à s’emparer de la ferme, mais il ne pourra pas la conserver très longtemps. Wellington sait que Blücher est maintenant tout proche. Les Prussiens sont déjà dans Plancenoit, où les combats avec la Vieille Garde font rage.
e © Philippe Debruyn
© Philippe De bruyne
ppeliez © Alain Ca
IV
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EN CADEAU POUR LES LECTEURS DE WATERLOO Le making of de l'album : le scénario annoté, les recherches, les crayonnés avec les indications de Patrice Courcelle, etc. Un e-book à télécharger gratuitement sur la page www.sandawe.com/fr/bonus. INDIQUEZ LE MOT DE CODE : BATAILLE