Habiter autour d'un parc

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Sara Caradec . Giulia Forte . Giuseppina Vespa



Sara Caradec Giulia Forte Giuseppina Vespa PFE ENSAG juin 2015

Habiter autour d’un parc: Vers un quartier désirable la Villeneuve de Grenoble

Membres du jury Aysegül Cankat Bénédicte Chardon Clemence Dupuis Delamarzelle Guy Desgrandchamps Hubert Guillaud

Directeur d’études et Responsable du Master Aedification-Grands territoires-Villes : Patrick Thépot

Halimatou Mama Awal Hania Prokop Mina Saidi Shahrouz Françoise Very

Maître-assistante associée : Luna d’Emilio Assistante : France Laure Labeeuw


Avant-propos

Cela fait cinq années que j’étudie en regardant le parc de la Villeneuve depuis l’Ensag, sans jamais avoir eu l’idée d’y faire un pique-nique. Pourtant cette année, tous les événements m’ont amené dans ce quartier. Que ce soit par le biais de mon stage à LAHGGLO et la mobilisation des acteurs du quartier pour organiser une visite lors de la Biennale de l’habitat durable ou en accompagnant les L1 à la découverte du quartier en semaine intensive, ce quartier m’a littéralement habité pendant un semestre. J’y ai passé beaucoup de temps, en réunion avec ceux qui impulsent une dynamique collective mais également à discuter avec les habitants. Le travail qui ressort de ce mémoire de pfe est empreint de toutes ces rencontres. Sara Caradec [ 4 ]


«Le projet de la Villeneuve de Grenoble se caractérise par une volonté de transformer les rapports humains dans la cité. L’objectif essentiel consiste en la prise en main par les usages des divers équipements socio-éducatifs et socioculturels qui sont mis à leur disposition» (1968 - Brochure Villeneuve de Grenoble) Quand j’ai lu ce texte sur la brochure d’époque du quartier Villeneuve et que je l’ai comparé avec le quartier d’aujourd’hui, je n’ai pas compris qu’il s’agissait du même. J’ai choisis de continuer le travail du premier semestre fait en master1 sur le quartier, car je trouve injuste l’image négative que donne les grenoblois à ce quartier sans jamais avoir traversé la muraille. Je souhaiterais que le quartier porte à nouveau les valeurs qui ont permis sa construction, un mode de vie différent basé sur le vécu et le partage des connaissances, une réhabilitation pour un quartier aux milles visages. Giuseppina Vespa Erasmus Italienne

Les raisons qui m’ont induit à choisir la Villeneuve de Grenoble comme sujet du PFE sont nombreuses. En partant de la connaissance de ce grand ensemble fait dans le premier semestre avec la réhabilitation d’une partie de celui-ci (l’Arlequin), j’y ai découvert des potentialités architecturales et sociales et une volonté de changement du quartier qui m’ont fasciné et convaincu d’en faire mon sujet de diplôme en Italie. Ce PFE, se pose comme la première étape de la thèse qui me permet de développer des hypothèses spatiales et confirmer les connaissances obtenues. Les yeux d’une future architecte arrivent à percevoir la qualité architecturale du bâtiment, au-delà de la façade perturbatrice qui n’encourage pas les gens à découvrir le quartier. Derrière la muraille en béton armé il y a une architecture très complexe et fascinante, qui incarne les idéaux de vie communautaire des années 70. Des idéaux perdus, que l’on tente de retrouver aujourd’hui par ce travail de réhabilitation. Giulia Forte Erasmus Italienne [ 5 ]


Table des matières

Avant-propos Tables des matières Introduction p.11

1. Villeneuve - Une approche par le vécu du quartier. a. La portée du projet originel b. La dimension théorique des affects attribués aux espaces c. Analyse vécu du quartier

p.41

2. L’éveil du quartier a. Premier bilan de cette urbanisation b. Le parc cocon c. Les enfants marqueur de la valeur des lieux d. Le parc- les enfants, les habitants-les seuils, deux piliers pour le projet [ 6 ]


p.53

3. Le parc Jean Verlhac comme attracteur métropolitain Une approche par l’action. a. Les espaces ludiques b. Les grands parcs de Grenoble c. Le parc Jean Verlhac d. Mutation en parc urbain

p.129

4. Le bâtiment 40 en projet, pour réactiver les espaces du vivre ensemble. Une approche active dans le vécu de l’habiter. a. L’architecture du vivre-ensemble b. S’approprier les concepts avant d’agir c. Une architecture pour revivre ensemble. Conclusion Bibliographie [ 7 ]


Introduction Les quartiers ont des odeurs, des couleurs, des ambiances, des tonalités, des résonances; certains diraient que chacun à une âme… Ils sont reconnaissables entre tous. Pourtant personne ne les voit de la même manière tant il est difficile d’être impartial. Comment ne pas être affecté et se sentir affecté, par ce milieu de vie, son fonctionnement, sa diversité sociale, visuelle, ses ambiances, mais aussi par ce qu’il permet ou oblige, ce a quoi il incite et ce qu’il empêche ? Un quartier donne ou non, inclut ou exclut, intègre ou désintègre; une personne pense son quartier, le ressent, le vit: quartier et individu entretiennent un rapport qui influence les représentations, les imaginaires, les pratiques, et donc l’ambiance et le réel urbains. Aimez-vous votre quartier? Est-il habitable? Désirable? [ 8 ]


Oui, non, un peu, pas du tout, c’est l’objet de notre étude. Ainsi nous tentons de montrer l’emprise des affects sur les espaces et comment ceux-ci peuvent être à la base du projet. Nous sommes parties du postulat que le territoire est vécu . Les habitants aiment ou n’aiment pas leur quartier en se référant à un ou plusieurs éléments qui renvoient au tout. Nous avons donc analysé ces espaces de friction, de rencontre en prenant en compte les pratiques des habitants. Les architectes à l’origine du projet voulaient donner une âme au béton, construire de la sociabilité avec de l’espace. Nous avons finalement abandonné le vocabulaire des aménageurs, désenclaver, rendre lisible, accessible, pour opter pour un projet de mise en lumière des espaces du vivre-ensemble . C’est un travail à plusieurs niveaux qui

se décline du sol du parc a son appartement. Le parc est vu comme un cocon niché au cœur du quartier, un parc d’échelle urbaine secret. A l’origine le quartier était porté par la volonté d’une pédagogie novatrice, aujourd’hui les enfants sont les derniers habitants de ce parc . C’est tout naturellement qu’ils seront mis au cœur du projet de parc urbain. Les espaces intermédiaires au cœur des bâtiment sont mis en avant. Les liaisons verticales sont repensées, les halls se multiplient, et les coursives se dilatent pour accueillir de nouveaux espaces de socialité.

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1. Villeneuve - Une approche par le vĂŠcu du quartier.

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Une des options d’urbanisation de la future ZUP par l’AUA. (1*)

La ZUP de Grenoble-Echirolles dans l’agglomération existante. (1*) L’urbanisation présentée par l’AUA pour la Villeneuve,1967. (1*)

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a. La portée du projet originel Les actions d’aménagement urbain à Grenoble en milieu des années 60 sont menées par le Parti socialiste d’Hubert Dubedout. Le projet de la Villeneuve représente le premier point fort d’intervention du nouveau parti à Grenoble. Cette zone à aménager doit gérer des enjeux d’une ampleur considérable concernant la croissance démographique, le fort rythme d’urbanisation et le manque d’équipement. Trois gros dossiers sont ouverts en même temps. D’une partie, celui du plan directeur d’urbanisme de l’agglomération, lancé dans le 1963 par l’urbaniste Henri Bernard. D’autre part, les Jeux olympiques d’hiver de 1968 avec toutes les infrastructures à créer pour son fonctionnement. Enfin, la création de la ZUP (Zone à urbaniser en priorité), pour répondre aux besoins de logement. Elle fut crée entre les villes de Grenoble et d’Échirolles, sur un terrain de 330 hectares, ancien aérodrome d’Eybens.

Après le refus par deux communes du plan directeur d’Henri Bernard au début de l’année 1965, la nouvelle municipalité mettra en place une équipe pluridisciplinaire pour gérer le programme de la ZUP. Elle sera constituée d’un groupe d’urbaniste de l’AUA de Paris, auxquels la municipalité confiera les parties architecturales du projet. Ces changements introduisent une manière différente de résoudre les problèmes urbains et d’appréhender la fabrique d’une ville. En 1967 le plan d’aménagement des deux ZUP est approuvé par les deux communes, dans le cadre du schéma directeur de l’agglomération. Ce plan propose de créer, à la jonction des deux communes, une zone centrale destinée à accueillir les équipements nécessaires à toute la partie sud de l’agglomération et un pôle secondaire autour de la gare. Sur chacune des deux communes, trois quartiers de deux mille logements sont pensés et reliés au centre. Le site comprend le Village Olympique, dessiné par M. Novarina pour accueillir les athlètes des Jeux. [ 13 ]


Vue du parc centrale de la Villeneuve de Grenoble, vers 1976 -Photo: M. Desjardins- (1*)

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Fin 1967, après trois propositions, le projet est approuvé par l’État, début 1968. Les étapes de l’opération correspondent aux mandats du maire Dubedout. Le premier mandat de 1965 à 1971 est consacré à la réalisation du Village Olympique, et le lancement de la réalisation de l’Arlequin, à l’emplacement du stade olympique démonté après les jeux. A la fin du mandat, la moitié du parc Jean Verlhac et les équipements collectifs prévus sont terminés. Le second mandat, de 1971 à 1977, corresponds au chantier des Baladins et à la réalisation du centre commercial Grand ‘place. Enfin de 1977 à 1983, Les géants et le parc sont achevés. En 1981, François Mitterrand représentant de la droite, arrive au pouvoir. Le reversement politique sera décisif pour Grenoble et l’achèvement de la Villeneuve. En 1983, Alain Carignon remplace Dubedout, le nouveau maire ne finira jamais le quartier. Le contexte économique et social des années 80 change, et les familles en difficultés sont concentrées à la Villeneuve. La mixité sociale est rapidement perdue. Après les années noires 80-90 et les événements de 2010, le quartier a été soumis à l’ANRU et un programme de rénovation urbaine a été lancé.

Le vécu du quartier après réalisation. Mais comment a été vécu la Villeneuve à la fin de sa construction? Comment les gens ontils perçu le projet ? Le quartier à l’époque peut être considérer comme une ville dans la ville, c’est une microsociété. La Villeneuve intramuros, dans la première période, a été reçu comme un espace favorisant les interactions, les brochures ont attiré des familles de la France entière pour vivre dans ce nouveau modèle. Son modèle rappel celui des villes médiévales: un lieu de commerce, d’échange monétaire, un centre artisanal. De plus, on y trouve toutes les classes sociales, dans cet espaces très ouvert et vaporeux. Partant du constat général que la Villeneuve dans son ensemble souffre d’une mauvaise image auprès du reste des Grenoblois et qu’elle est souvent considérée par les urbanistes comme un échec de projet urbain, on peut se demander si ce quartier est pour autant vécu de l’intérieur comme il est perçu de l’extérieur, et si les représentations qu’on en a correspondent vraiment à la réalité que partage les habitants. [ 15 ]


Photo d’époque,1979. (2*)

Photo de la fete de l’Arlequin,1978. (2*)

«La ‘‘fermeture de la Villeneuve’’ est dans les yeux, la tête des gens de l’extérieur : ils ne voient que la barre, ne sont jamais venus, ne connaissent pas le parc et l’ambiance qui y règne»

Un habitant de l’Arlequin «En 1974, pour faciliter les choses, nous avons laissé notre porte ouverte. C’était aussi pour que les enfants qui circulaient dans la coursive puissent entrer et sortir à leur guise. Il faut dire que la coursive, avec sa moquette, se prêtait bien à leurs jeux. Et d’autres familles en ont fait autant».

Des habitants de l’Arlequin

Photo d’époque dans la rue galerie. (3*)

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Le projet Villeneuve, ce micro-territoire, s’est constitué au fil du temps avec ses contraintes et ses atouts, pour aboutir au quartier que l’on connaît aujourd’hui et à quelques-uns de ses enjeux actuels qui, surtout du point de vue des usagers, méritent attention. La Villeneuve de Grenoble, veut redonner à la ville une dimension plus sociable et collective en créant dès sa construction des réseaux entre les différents pôles éducation, associations et vie de quartier. C’était un projet de mixité sociale, culturelle, générationnelle, fondé sur la convivialité, la créativité... bref, un projet pour «vivre ensemble» et non pour vivre dans l’anonymat et la solitude. Il prend ses sources dans le respect et l’enrichissement humain, un projet qui, en plus d’être perçu ainsi, était véritablement vécu comme tel. L’expérimentation était partout, les ateliers également, de l’audiovisuel à la fabrication de meuble. L’anecdote des portes d’appartement laissées ouvertes, témoigne d’un véritable échange humain. Le film documentaire Une raisonnable utopie ou l’expérience de Grenoble, de Guy Massot montre la vie quotidienne de ce quartier après sa réalisation avec beaucoup de

justesse. On y voit les témoignages de famille très enjoué à l’idée de vivre cette expérience sociale, et d’autre totalement hermétique, ou avec des réserves. Une architecture n’est pas vivante, elle le devient par les interactions des hommes, et si les habitants ne veulent aller vers les voisins, alors cela ne peut pas marcher. Il n’y a pas réellement d’espace de sociabilité, il n’y a que des espaces sous-entendues. La Villeneuve était en effet un projet que l’on pourrait qualifier d’humaniste, en tout cas il était majoritairement vu comme tel, avec une ambition forte de la part de très nombreux usagers de supprimer toute source de ségrégation. Pour les uns, c’était un projet «magique», pour les autres, un projet qui ne pouvait en aucun cas remplir les diverses missions qu’il s’était fixé.

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Pourquoi essayer de mettre au service de l’action sur l’espace, l’émotion, le vécu, le ressentie, les affects, en tant que faire-valoir?

«La vie urbaine, dans sa quotidienneté, est faites de mille et uns petits riens qui prit séparément, ne sont guère significatifs, mais ensemble constituent l’épaisseur même de la vie, avec sa routine, ses habitudes, ses répétitions, ses parcours, ses gestes, ses formules.» Thierry Paquot

Nous avons commencé l’étude du quartier de la Villeneuve, par les écrits, les récits, et l’arpentage du quartier, pour créer notre propre ressenti. La représentation collective de ce quartier, ainsi que la vision que les médias véhiculent, n’exprime pas de simple critique de ce quartier mais une condamnation de celuici. Les discours n’identifie plus les problèmes du quartier (insécurité, pauvreté, chômage,…) mais bien ceux qui désignent l’urbain comme problème. Finalement, les grenoblois oscillent entre plusieurs sentiments à l’égard de la Villeneuve: haine, peur, antipathie, inquiétude. Le quartier mal-aimé définit par des valeurs et idées hostiles, possède la capacité d’orienter les pratiques, alors que ces jugements sont souvent de l’ordre d’un idéel décalé du réel.

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b. La dimension théorique des affects attribués aux espaces L’observation des individus, selon l’analyse de la configuration spatiale des lieux, mise en relation avec les tendances d’appropriation affective, selon les temporalités du lieu et de l’individu, fait ressortir les prises des lieux. La notion de «prise» est la traduction du terme «affordance» proposé en psychologie environnementale par Gibson ([1979] 1986) et repris ensuite par le géographe Berque (2000). Les prises sont considérées comme ce que l’environnement offre (to afford) à la perception de l’individu. Cela désigne donc également la capacité de l’individu de percevoir les prises et éventuellement de les saisir. Berque les définit comme des potentialités, elles peuvent exister et être perçues par certains comme des possibilités intéressantes ou non, à saisir. Ainsi pour un même lieu, les prises varieront d’un individu à un autre, de même qu’elles évolueront dans le temps. Les prises existent physiquement et se présentent comme des invariants des lieux

mais elles n’acquièrent la valeur de prises qu’en fonction de la perception qu’en ont les individus. La fonction du lieu est loin d’être anodine dans le jugement émis par les individus. Si les lieux réunissent une dimension de détente et de loisirs, ils génèrent le plus souvent une relation affective positive car les émotions, sentiments et humeurs associées présentent des connotations relatives au bien-être et au plaisir Ce que les individus recherchent dans un lieu urbain, c’est la diversité, l’animation, la convivialité, les rencontres, l’anonymat etc., en bref tout ce qui possède les traits typiques de l’urbanité. Ce terme urbanité étant considéré comme l’éventail des possibilités que représentent les façons d’être et de faire des individus selon les potentialités offertes par les lieux. Autrement dit cette prise fait référence à ce qu’on pourrait appeler un urbanisme de la quotidienneté. Lefebvre, penseur de la ville, de l’urbain et de la [ 19 ]


quotidienneté, avait ainsi introduit une réflexion philosophique et poétique sur la ville à l’instar d’autres auteurs comme M. de Certeau ([1980] 1990), G. Pérec (1989, 1995, 1997), I. Joseph (1984, 1998) ou T. Paquot (2000, 2006). Comme penseurs de notre univers quotidien ils ont ainsi réhabilité, un urbanisme de la quotidienneté axé sur l’urbanité qui ne saurait être envisagée sans référence au quotidien urbain de tout à chacun. La difficulté de passer de la théorie au concret, tient certainement dans la question du «comment» qui impose de s’interroger sur la manière de passer du stade de la connaissance au stade de l’application concrète. Ce qu’il reste à identifier est bien le passage de la mise en lumière des relations affectives aux lieux à la proposition de réalisations pour rendre la ville aimable (Martouzet, 2014). Autrement dit, nous savons ce «qu’il y a» sur les lieux en termes d’interrelations entre les individus et le lieu et nous devons parvenir à proposer «ce qu’il faudrait faire» pour créer les conditions d’une appropriation affective positive. Considérant le postulat selon lequel l’espace «vit» en permanence, nous ne

pouvons à aucun moment affirmer qu’un projet est terminé, l’espace informe toujours sur ce qui se passe et sur les diverses interactions à l’œuvre renseignant sur les éventuels processus d’appropriation ou sur les possibles effets de rejet. D’une certaine façon, il s’agit de laisser place à de l’inattendu, à de l’imprévisible pour que l’éventail de possibilités d’interactions entre le lieu et l’individu puisse se créer dans toute la diversité des interprétations possibles. Il s’agit d’intervenir sur le potentiel des lieux plutôt que de chercher à déterminer des pratiques, à en favoriser certaines plus que d’autres. D’autant que les lieux, ainsi que nous l’avons souligné précédemment, se font avec et par la pratique des individus. Pour envisager la production d’une ville aimable, il s’agirait alors de proposer comme piste de réflexion : le diagnostic affectif de territoire. A la méthodologie de diagnostic territorial, telle que l’exposent Lardon et Piveteau (2005), s’ajouterait une dimension «vécue» [ 20 ]


supplémentaire qu’indiquent les six thématiques suivantes : la dimension historique et patrimoniale/ l’authenticité; la diversité/l’animation; l’inattendu/l’imprévisible/la nouveauté; la praticité / la fonctionnalité; l’originalité / la spécificité; le délassement/la relaxation/ l’amusement/ la distraction. Elles reprennent in fine les six prises des lieux. Les individus seraient ainsi libres de concrétiser par eux-mêmes ce potentiel à disposition au cœur de la matérialité des lieux selon leurs propres attentes.

Pour ce travail, nous sommes donc partie du postulat que le territoire est vécu, et que sa construction affective spatiale se fait par emboîtement. Les habitants aiment ou n’aiment pas leur quartier en se référant à un ou plusieurs éléments partiels qu’ils connaissent réellement et aiment ces éléments car ils renvoient au tout. Les espaces publics ne représentent pas seulement des images, ce sont avant tous les lieux de la vie sociale. Si physiquement ils renvoient aux places, aux rues, socialement ce sont tous les lieux de la rencontre. C’est un lieu polymorphe, de croisement, il est l’espace paradoxal de rencontre et d’évitement dans lequel se fait l’apprentissage de la différence. Espace de coprésence – de brassage – lieu d’interface – de mise en scène. Notre pensée s’appuie sur une logique sensitive, fondée sur la reconnaissance de l’intérêt de prendre appui sur la sensibilité, en tant qu’inclinaison de l’être à ressentir l’espace par la diversité de ses sens. L’analyse des espaces d’interface s’appuie sur les récits de l’habité des espaces ainsi que la quotidienneté dans ses dimensions les plus intimes. [ 21 ]



c. Une analyse vécus du quartier Nous avons essayé de mettre en évidence des tendances d’appropriation affective des lieux selon des dynamiques temporelles urbaines autant qu’individuelles. Notre étude s’échelonne sur deux saisons, hivers et printemps, la compréhension des espaces n’a pu se faire qu’à moitié. Nous avons cherché à mettre en évidenece les prises affectives du quartier, par les lieux qui sont exposés à traduire une expérience sensible et par conséquent à incarner le potentiel affectif de ce quartier.

Situé au cœur d’un cirque de montagnes anciennes et rythmé en son centre par des collines, le quartier de Villeneuve accède à sa singularité par cette géographie particulière, c’est ce qui construit son entité de parc ouvert. L’intérêt porté aux espaces végétaux de Grenoble, montre que ce sont les percées visuelles qui s’avèrent marquantes, tant le regard est guidé par les récits des habitants narrant leur rapport à la nature. Sans cesse des fenêtres ouvrent sur le grand paysage.

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Arrêt L’Arlequin

Arrêt Malherbe

Arrêt La bruyère

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Axe-Frontière-Flux-Paysage-Tramway Discuter avec un inconnu des inconvénients du chauffage collectif - Indiquer le chemin à quelqu’un - Regarder le paysage défiler- Mettre ostensiblement ses pieds sur le siège en face de soi - Regarder tous ces visages inconnus qui vont dans le même sens - Proposer son siège ...pour rien ...pour un sourire Arrêt Grand’Place

La muraille n’en est pas une, elle accompagne le trajet mais n’oppresse pas le voyage, entrecoupée par des échappées visuelles sur Belledonne, elle ne lui fait pas ombre. Les silos sont de vrais colosses qui font barrière avec la vie qui grouille au pied de ces murs colorés. C’est rare d’avoir une continuité de façade comme celle de l’Arlequin, le tramway la longe et donne une distance et un temps à ce quartier plutôt inhabituel.

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Déambuler Éprouver son statut d’étranger au quartier et se perdre. Demander son chemin. Chercher des repères, lire les plans et les indications. En arrivant dans le quartier, la première impression est une sensation étrange de perte de repère... Où est la rue, l’entrée ? Qu’y a-t-il derrière ? Jusqu’où s’étend le parc ? la galerie ? Il faut chercher les indices, les pistes de lecture des espaces publics, suivre les lignes biscornues...

A la Villeneuve c’est différent, le quartier est défini par l’urbanisme et l’architecture, et non par les limites du quotidien des habitants. Il est donc plus facile de stigmatiser un quartier qui dès le départ à une image précise portée par son paysage urbain.

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Attraction Cette petite place que l’on découvre au cœur de l’Arlequin se détache des autres espaces publics induits par la forme de la mégastructure, de par son petit kiosque. Un carré vide que l’on traverse au pas de course en général. Mais parfois, tôt le matin l’espace se métamorphose. Lentement, dans le calme, le voilà qui se transforme en une place publique pleine de sociabilité, parmi les plus simples et les plus populaires qui existent. Le marché s’est installé. Le silence, et les échos s’effacent pour laisser place à un doux brouhaha de marchandage et de chaleur humaine. Une atmosphère nouvelle s’empare des lieux pour quelques heures, la place n’est plus un lieu de transit, entre deux tronçons de la galerie de l’arlequin, mais un lieu d’accueil, d’échanges, de convivialité, entre vendeurs et clients et entre les commerçants eux-mêmes. Le marché est un lieu de rencontres et de transactions traditionnelles.

Là s’observent des formes d’interconnaissance. La métamorphose du lieu se lit sur les visages des passants et se diffuse dans des gestuelles plus lentes, des attitudes plus disposées à l’échange avec les autres. Ce fût le lieu le plus réceptif aux questions que nous avions. Le marché est souvent considéré comme indispensable à l’équilibre d’un quartier. Il rythme la vie citadine. Parfois le marché tient tout entier sous le kiosque, le samedi en revanche il colonise tout l’espace de la place. La présence du marché est probablement l’élément de la vie quotidienne qui permet de participer à l’identité du lieu, de le nommer. C’est la place du marché, même quand il n’y est pas. Finalement, pour mieux comprendre une place, un quartier, il faut y passer aussi le matin où c’est jour de marché.

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Prendre le temps Le Bassin est un point de jonction. Il crée une ligne d’horizon. Il s’harmonise autour des rythmes des saisons et tel un miroir, il met en écho le quartier et le relief. Autour de ce bassin, les postures, les jeux de regard et les mouvements des habitants génèrent une atmosphère atemporelle: les hommes habitent et composent le paysage. Vide en hivers, les visages, eux, ne changent pas, tous sur un rythme bien rodé, viennent se retrouver et discuter. Un incontournable, un point de repère, un mythe finalement raconté dans le film Guy Mocquet, ce plan d’eau est ancré dans la vie des habitants. Entre espace public et lieu aux pratiques ancrées, ces occupations ne sont-elles pas la clé de son atmosphère? Avec les beaux jours, les pratiques se diversifient et alors le parc que l’on regardait de loin redevient au cœur de nos usages. Pique-nique, barbecue, se délasser où même laver ses tapis, chaque lieu son usage…

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Haut en couleur

On disait qu’Arlequin était si pauvre qu’il n’avait pas de quoi s’acheter d’habit; on raconte qu’un jour de Carnaval, ses amis le virent si triste de ne pouvoir se rendre à la fête que chacun lui apporta une chute de tissu de son vêtement pour qu’il puisse se confectionner un déguisement. Dans la Comédie italienne, c’est un personnage toujours à court d’argent qui fait de nombreux métiers : «Je sais tout faire : manger, boire, dormir, faire l’amour, mon seul défaut, c’est que je n’aime pas le travail» dit-il. Il se montre en France à la fin du XVII° siècle, et là, il devient plus spirituel, plus élégant et même précieux. Il a donc évolué, devenant le personnage le plus fantaisiste, le plus remuant de la Commedia.

La polychromie sur la moitié de l’opération a été réfléchie dès le début. La coloration variable des façades, en escaliers ou bandes, fut décidée pour estomper l’effet de la préfabrication et la répétition. Aujourd’hui les esquisses des façades blanches en projet ont trouvé le surnom de Piero chez les habitants.

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Galerie: Traversantes - Obstacles

Flux piétons

Barrières végétales

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Des rues pas comme les autres Après sa réalisation la galerie était l’espace convivial du quartier. Elle remplace la rue traditionnelle et se veut tout aussi vivante et dynamique. Les enfants jouaient dans la forêt de poteaux et les dames se rencontraient aux détours d’un commerce, d’une montée. Les sons se propageaient et avec eux les accents, des brides de conversation, les cris et rires des enfants,...c’était l’esprit de la vie. Mais rapidement les vents du Nord se sont engouffrés dans le quartier tout comme ceux du changement politique, emportant petit à petit les espérances et l’enthousiasme des nouveaux arrivants. Aujourd’hui, les quelques passants se hâtent à travers la galerie pour échapper aux courants d’air qui tourbillonnent entre les piliers. L’animation de la galerie ne peut se faire sans les habitants, sans commerces, sans équipements, sans ateliers, la galerie est comme malade.

Elle est habitée par les piliers, murs, gaines techniques, montées d’escalier, c’est un terrain de jeux idéal qui ne se dévoile pas d’un regard, on lui reproche d’être difficile à appréhender, à entretenir pourtant avec ses couleurs la galerie est plus joyeuse qu’une rue.

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photos extraites du film Une raisonnable utopie ou l’expÊrience de Grenoble, Claude Massot

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Des seuils pas sympathiques La coursive lie les voisins entre eux, c’est leur espace en commun. Celle-ci était utilisée lors de repas communs ou par les enfants pour jouer. Elle est aujourd’hui un couloir sombre, qui résonne au moindre pas. Sa longueur, les portes de séparation, les portes des logements sans numéro, rien ne nous rassure, ni nous indique notre position. Le couloir semble interminable, et il faut faire confiance aux flèches pour se repérer. Sans fenêtre, ni aucun indicateur dans le paysage, il est difficile de se positionner dans le quartier. Le jeu des niveaux et l’imbrication des duplex rendent l’organisation intérieure du bâtiment complexe. Pour accéder aux appartements, il y a deux ascenseurs, un pour les coursives paires et l’autre pour les impaires, il est quasi impossible de croiser les voisins qui habitent au-dessus de chez nous

quotidiennement. Il existe une vraie rupture entre les habitants qui ne se figurent pas les voisins qui encadrent leur logement. Finalement, la coursive est présente dans toute la mégastructure de l’Arlequin, propriétaire, locataire, tous l’emprunte, mais les typologies sont regroupées par montée, le rêve des concepteurs s’est brisé dans la coursive: il manque une finalité du projet: la mixité horizontale. Le couloir borgne, sans lumière tout juste adapté à la possibilité de deux habitants de se croiser, me parait être un frein, un lieu de clivage brutal entre les lieux collectifs et les espaces intimes du logement. Dans la maison, le couloir est un espace vécu et un lieu de communication entre les différentes personnes qui y habitent.

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Une vie en l’air Sans cesse des fenêtres ouvrent sur le grand paysage .L’intérêt porté aux espaces végétales de Grenoble, montre que ce sont les percées visuelles qui s’avèrent marquantes, tant le regard est guidé par les récits des habitants narrant leur rapport à la nature. Les logements ont une réelle qualité de par leur double orientation et leur surface. Les innovations techniques de l’époque ont mal vieillis et aujourd’hui se pose de nombreuses questions sur rénover ou remplacer.

Après ce retour sur l’arpentage du quartier, nous souhaitons mobiliser ces fragments de lieux et d’ambiances pour tendre vers un projet habitable et vivable, c’est-à-dire capable d’offrir la possibilité d’affecter les individus dans la diversité de leurs attentes. [ 39 ]


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2. L’éveil du quartier Une démarche projectuelle globale

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RĂŠnovation en cours - Elements dĂŠmolis- Fond document agence Yves Lion [ 42 ]


a. Premier bilan de cette urbanisation L’urbanisation du secteur s’est développée à l’époque sans souci d’avoir à tisser des liens avec les constructions existantes, puisqu’il n’y avait qu’un aéroport entouré de champs. Le lieu préexistant a été oublié, mis à part la ferme Prémol (village olympique) qui a été conservée, la mise en œuvre des quartiers de la ZUP s’est faite sur une table rase. La grande hétérogénéité de mise en œuvre des éléments urbains (viaire, découpage, édifices, espaces libres) complique la compréhension de ce bout de territoire. Cette configuration un peu chaotique est significative des différentes attitudes urbanistiques, entre la rapidité et la planification de type ZUP. C’est aussi sans doute le résultat de la difficulté de maîtriser un territoire de très grande surface, sans contraintes (limites naturelles ou artificielles) et dans une très courte durée au regard de l’histoire de la formation des villes. Si l’on considère que la ville est une stratification dans la durée. Le processus d’urbanisation de ce secteur n’en est en fait qu’à

sa première étape : la prise de possession du territoire. Ce premier niveau d’analyse montre que les conditions de ville n’ont pas été atteintes au cours de la première étape. Nous sommes actuellement dans la seconde étape du processus d’urbanisation: le tissage des liens entre les différents quartiers avec la reconquête du lieu. Le matériau à restructurer est l’espace en creux, l’espace public en interaction avec le bâti existant et les nouveaux édifices possibles. C’est ce que le projet de l’agence Yves Lion a tenté de réaliser avec la percée du 50 Galerie de l’Arlequin. Un désenclavement du quartier plus visuel que réel, que nous jugeons brutal. Nous pensons que ce travail nécessite de descendre dans le territoire et d’aller au plus prés des pièces à rattacher. L’analyse de l’existant devra se faire à l’échelle de la perception de l’espace public par les usagers, et si désenclavement il doit avoir, celui-ci est mental. Le quartier souffre [ 43 ]


Projet en cours - Grands axes mis en valeur- Fond document agence Yves Lion [ 44 ]


de l’image des grands ensembles socialement oublié, chômage, sentiment d’insécurité, vieillissement des constructions. Si aujourd’hui le quartier est renfermé sur lui-même, c’est à cause de cette représentation collective, et non de l’architecture.

que depuis 2013, les habitants de la Villeneuve piqués à vif par le reportage d’Envoyé Spécial ont repris en main l’avenir de leur quartier. Ils défendent leur vision, leurs envies, organisent et participent pour la coproduction de leur quartier qui est actuellement sous l’influence de l’ANRU.

Ce qui est surprenant, quand on découvre ce quartier pour la première fois, c’est d’y trouver autant d’associations, symbole d’un lieu foisonnant de vie et d’initiatives. Bien que ce vaste projet social et urbain n’ait sûrement pas eu le succès escompté, du moins pour l’instant, il ne peut être considéré comme un échec total. En effet, si on le compare à d’autres quartiers dits sensibles, la Villeneuve a toujours eu une réflexion sociale et solidaire poussée. La dimension humaine, conviviale et solidaire est loin d’avoir disparu, ce qui laisse entrevoir des perspectives d’avenir encourageantes. Des améliorations restent évidemment souhaitables, notamment dans les domaines de l’emploi, de la démocratie locale, de l’aide apportée aux jeunes et de l’imaginaire collectif, mais, à l’heure actuelle, on peut considérer que ce quartier est sur la bonne voie. Il faut dire

Finalement, notre projet s’inscrit dans une période foisonnante de contributions et de projets sur ce quartier. La semaine de co-construction et les ateliers populaires d’urbanisme organisés par l’association planning ont été une réelle source d’information pour nous.

[ 45 ]


4

1 2

1

4

5

2

5

6

6

3 0

500m

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b. Le parc cocon A Villeneuve, deux temporalités coexistent. Elles génèrent des rythmes de vie qui s’opposent en tout point. D’un côté les flux des habitants, du tramway, des voitures, des cours de récrées agitées. De l’autre, le parc, comme un cocon tissé entre ces voies de communication, qui livre ses lieux de pause et de rencontre. Des lieux aux pratiques ritualisées. Les habitants composent le paysage et en oublient même parfois cette ouverture de l’horizon vers la haut de Corenc et la chaîne de Belledonne, ils l’habitent et le pratiquent. Entre les habitants et leurs habitudes attachées au fil du temps révèlent des lieux de qualités. Autour de ces rituels et pratiques ordinaires, des réseaux se tissent, se croisent mais ne se rencontrent pas forcément. Comment relier ces fragments ? Fragments minérales, fragments végétales, fragments de vie, fragments de paysage ? [ 47 ]


[ 48 ]


c. Les enfants marqueur de la valeur des lieux

A la Villeneuve, il n’y a pas de voiture, c’est même la plus grande zone urbaine piétonne de Grenoble. Les enfants ont toujours été nombreux, à la fois symbole et trait d’union d’un quartier au maillage dense et multiculturel. La Villeneuve a été lors de sa création un véritable champ d’innovations originales. Et si la conjoncture tend à étouffer ce style d’effort, ce n’est qu’une raison de plus pour défendre les aspects positifs de la réalisation. A cette époque, l’école a fait l’objet de nombreuses recherches, en 1974, toutes les écoles de l’Arlequin obtiennent le statut expérimental. Dans toutes les écoles ont ainsi été crées des recoins, des alvéoles permettant aux enfants de s’isoler, et de se soustraire s’ils le veulent au regard des adultes. La classe elle-même est conçue comme un espace où doivent pouvoir coexister, parfois simultanément, différentes activités et plusieurs petits groupes de travail autonomes. Toutes les écoles ont une liaison très forte avec la rue-galerie de l’Arlequin. Elles sont souvent de plain-pied avec

la rue, toujours très proches, et largement vitrées. Ce qui est le plus marquant dans la conception des écoles de l’arlequin est l’absence de clôtures, les cours de récré n’existaient pas vraiment, les jeux extérieurs et le parc n’étaient pas séparés. Chaque classe s’ouvre directement soit sur l’espace extérieur, soit sur des espaces polyvalents intérieurs, jamais sur des couloirs monotones. Du même coup, dans l’école, les lieux où les enfants apprennent, jouent, ou discutent ne sont pas cloisonnés comme dans les écoles traditionnelles, et il existe moins de séparation entre les espaces scolaires et l’espace rue. A l’époque, le parc était la cours de récré de toutes les écoles, autour de celui-ci l’enfant était omniprésent. Le parc était une source de jeux inépuisable, de plus, tout y été fait pour celui-ci assure son rôle. Aujourd’hui encore les enfants ont fait du parc leur aire de jeux, dépassant le cadre des jeux conventionnels pour coloniser l’ensemble du parc. Photo de Michel Desjardins

[ 49 ]


[ 50 ]


d. Le parc- les enfants, les habitants-les seuils, deux piliers pour le projet Arpenter le quartier nous a permis de mettre en avant les points forts et les points faibles du lieu. A partir de cela nous avons dégagé un programme autour de la Villeneuve, habiter autour d’un parc comme attracteur métropolitain, un projet de mise en lumière des espaces du vivreensemble.

[ 51 ]


[

]


3. Le parc Jean Verlhac comme attracteur mÊtropolitain Une approche par l’action.

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Carte des Influences des aires de jeux publiques. Source: Sce Espaces verts 2014 Aire de jeux Légende

Limite commune limitrophe Cours d'eau Rail SNCF Rue

0

Bâtiments Espaces verts Aire de Jeux

Zone tampon (200 m soit 2 nmin à pied)

0

200

400 Mètres

600

800

Source :Sce Espaces verts; Date: 16/06/2014

Limite commune

Zone d’influence (200m soit 2min à pieds) 1km

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a. Les espaces ludiques: La standardisation Depuis 1998, toutes les aires de jeux répondent aux exigences de sécurité définies par les normes européennes relatives aux aires collectives de jeux et à leurs équipements: la norme EN 1176. On constate que l’installation de ces aires par la ville se fait généralement dans un espace végétalisé de type parc ou square, fermé. Elles sont réparties sur l’ensemble du territoire urbain, dans les zones habitées, et c’est la proximité du logement ou de l’école qui induit leur fréquentation. On remarque toute fois une forte concentration d’aires de jeux dans le quartier de la Villeuneuve. Les aires de jeux standardisées correspondent à un schéma d’adulte. Elles n’utilisent pas les possibilités de l’imaginaire enfantin, beaucoup plus puissant. C’est cette faculté qui permet aux enfants de se raconter des histoires différentes à partir d’un même

objet. A condition, que le jeu qu’on leur propose ne soit pas figé. Hors les aires de jeux standards appliquent les normes, séparent les actions, les modules. Le fait de séparer les jeux par tranche d’âge complique la tache aux parents qui ont plusieurs enfants, ceux-ci ne pouvant pas jouer au même endroit. Ces aires imposent souvent des univers préconçus dans le choix des matériaux , des couleurs et de motifs. Lieu extrêmement fréquenté et soumis à desfortes contraintes, une aire de jeux est un aménagement qui ne confirme sa réussite que dans la durée et le vécu. Ces univers enfantins et mignons excluent la tranche d’âge des plus de huit ans, qui sont trop fiers pour utiliser des jeux «de bébés» mais qui sont toujours à la recherche d’espace de jeux, ou plutôt de support aux défis sportifs. [ 55 ]


[

]


Dans le quartier on trouve tous les 200m en moyenne une aire de jeux, ou un terrain multisports. Les jeux dans les cours de recréation sont également accessibles après les cours, et les parents y amènent leurs enfants lorsque l’école est fermée.

0 0

100m

200m

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+3ans Vélo

Autres activités

Facile Difficile

Initié

Débutant

+6ans

Hauteur de chute libre:

Séparation:

La norme définit les matériaux de revêtement de sol placés sous l’aire de jeu en fonction de la hauteur de chute possible depuis l’équipement. La surface amortissante est de 1.5m autour du jeu et 2m devant une glissière.

-Tenir compte de la fréquentation habituelle de l’endroit et faire une délimitation pour séparer les activités. -Limiter la difficulté de certains jeux pour les lieux à usage multiple. -Différencier les zones de jeux en fonction de l’âge des enfants.

<= 1m Gazon ou terre souple <= 3m Copeaux de bois ou écorce / sable / gravier / surface synthétique amortissante (épaisseur 30cm) > 3m Surface synthétique amortissante obligatoire

[ 58 ]


Les espaces ludiques: Les normes européennes

La surface d’implantation:

Surface d’implantation:

Choix du lieu:

La distance entre le point extrême de l’équipement de jeux et un obstacle extérieur ou autre équipement de jeu doit être au minimum de 2m (en hauteur également). Cette zone doit être dépourvue de tout obstacle ainsi que tout autre jeu de plein air.

Il convient de prévoir, en sortie de glissière (toboggan), une aire de sortie de 2m en longueur et de 1m de chaque côté (sans pente ni trou)

Prendre en compte les dangers de l’environnement (rivières, routes,...) et envisager une clôture et des passages protégés pour éliminer certains risques.

[ 59 ]


Les premiers terrains d’aventure en Grande Bretagne ont vu le jour dans les années 1950. Ces terrains étaient faits de matériaux de récupération par les parents volontaires qui souhaitaient créer des endroits stimulant pour les enfants. L’histoire des terrains de jeux en Angleterre témoigne d’un modèle radical et précieux de l’espace public d’aujourd’hui. Ces terrains construits après les bombardements, sont aujourd’hui convoités par les firmes immobilières. Par le prisme du jeu, notre vision de l’architecture change, les enfants ont toujours vu la ville comme un support à leur imagination, et par son exploration. Pour eux le jeu est partout, et le tissu de la ville forme l’arène. Néanmoins, aujourd’hui le caractère rapporté aux villes et rues, ainsi que le besoin de contrôle et de sécurité, a fait émerger le besoin de délimiter des espaces spécifiques pour les enfants dans la ville. Le lancement en 1998 de la stratégie nationale du Child care, a placé l’accent sur le soin de l’enfant, et les activités entreprenantes autour du jeu, comme service «extrascolaire» payé. Les enfants devaient être inscrits à un terrain de jeu et sous la surveillance stricte d’un [ 60 ]


Les espaces ludiques: L’exemple londonien

soignant. Cette stratégie contesté par certain, a créé une situation ambigüe sur certains terrains de jeu d’aventure où les groupes d’enfants «libre accès» et ceux «sous surveillance» se côtoyaient – créant deux types d’utilisateurs sur un même jeu. Il est intéressant de voir comment un terrain d’aventure, qui a une accroche communautaire et une identité forte, peut résister aux incursions d’un système qui repose sur le «soin» (la sécurité, les normes) plutôt que sur le libre accès et l’aspect créatif de ces environnement basé sur les jeux et l’égalité pour tous les enfants de jouer. La forme de ces terrains d’aventures modernes est un réseau plus ou moins ouvert de rampes, aux couleurs vives et de tours connectées par des échelles et des ponts de singes, de différentes natures. L’introduction des pneus, ou la concertation, avec l’intégration des enfants dans le processus de la conception (matériaux-design) est une

facette de l’évolution de ces espaces. Les terrains de jeux autrefois auto-construit, sont aujourd’hui sous la tutelle des workplayers. Les terrains d’aventure sont une distillation microcosmique des possibilités espiègles de l’architecture couplée au langage vernaculaire du jeu. Sur un niveau fonctionnel, le terrain d’aventure clockwise from left sensory room, Acklam Playspace [p34]; Stop The War banner, Palace [p48]; entry sign, Marble Hill [p47]

[ 6113]


est une entreprise coopérative pour fournir une zone contenue aux enfants pour jouer. De plus et presque sans exception, l’aspect vertigineux des modules est présente ainsi que ceux mimétiques au jeu des enfants. De loin les deux éléments les plus répandues, sont la hauteur qui représente le défi physique, la vitesse, le mouvement et, le second est le risque. Un risque contrôlé, mesuré, qui est facilement repérable par l’enfant. Les éléments dangereux sont gérés au sein même de l’architecture par des rails, des réseaux de cordes ou des filets de chute ainsi que par la surveillance des parents. Hornimans Adventure Playground a été construit par des volontaires à partir des années 1969, sur un ancien site de marchand de charbon. C’est aujourd’hui l’un des plus représentatif et qualitatif des terrains d’aventures londonien. C’est un mélange entre les constructions des enfants, les structures coconstruites avec la ville, et un assemblage chaotique de plans et niveaux qui procure un environnement plein de [ 62 ]


possibilité. Il y a de nombreux modules, une rue centrale avec un camp filles et un garçon de chaque côté d’un four à pizza construit par les enfants. Le terrain accueille également, des lapins, des cochons d’Inde, chats, canards ainsi qu’une marre et jardin. Hornimans va bien plus loin que les aires de jeux que l’on trouve en France, c’est un terrain d’aventure, il représente a lui tout seul l’univers du jeu des enfants. Ces terrains emploient des matériaux bruts, un aspect important de leur construction qui permet aux enfants d’avoir un support neutre sur lequel projeter leur imaginaire. Une surface carrée, avec des tours, des rampes, des poteaux peut être imaginée comme un certain nombre d’environnement différents mais ajoutez-y, des remparts et une tourelle, ou un mat et un ponton et alors cela devient immédiatement plus exclusif, plus réducteur. Le plus important dans un terrain d’aventure, c’est que l’enfant expérimente, et grandit au contact des autres. Le contraindre dans un imaginaire fixe, avec des structures sans intérêt physique ou intellectuel, n’est pas conseillé pour son développement, et c’est condamner la fréquentation de l’aire de jeux

1. Weavers 1976 - Tower Hamlets Lonfon - J. Milne 2. Marble Hill - Richmond London, entrée - Jess Milne 3.Hornimans Ad. Playground -Chelsea London- Nils Norman 4.The Rec, Ripon Street, Sheffield, 1972 - Jess Milne

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53

tour de jeux

poutrelles d'équilibre

filet à grimper

trappe

zone d'escalade soubassements

qui flanque cœur du XXe des années arisien, alors ier insalubre e de verdure.

0

élévation 0

1

2

5m

5m

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Le jeu et son impressionnante structure en bois, imposante, abrupte, incertaine est une fantastique combinaison d’aplats et de surplombs, aux enjambements complexes de cordes de rappel et de poutrelles d’équilibre, hérissée d’un mikado de mâts, de prises d’escalade et de tuyaux. Le tout surmonté d’une tourelle pointée vers les hauteurs. Cela faisait des années que les jeux de ce parc étaient abandonnées, La Mairie de Paris se lance alors dans une vaste opération de concertation, qui réunit parents et enfants sous la houlette du CODEJ, Comité de développement du jeu. Des ateliers de réflexion, qui vont durer un an, émergent des demandes surprenantes. Au lieu de jeux garantissant la sécurité, les riverains souhaitent encourager la prise de risque et favoriser l’apprentissage du danger. On est loin des traditionnelles balançoires et trampolines, mais la maîtrise d’ouvrage décide de soutenir la dynamique. Franck Poirier, Bertrand Vignal et Clément Willemin récupèrent une pile

Les espaces ludiques: Parc belleville de dessins d’enfant et un tableau de synthèse. Commencent d’incessants allers-retours entre maquette 3D et dessin avant d’arriver, un an plus tard, à la mise au point de cette charpente, qui réponds aux normes des jeux publics encombrements-écartement-point de chutetout en reprenant la courbe naturelle de la pente.

Documents issus de l’agence Base

[ 65 ]


C

le x centra u je e d e on air oncertati l n Verlha Parc Jea

[ 66 ]


Les espaces ludiques: La concertation 21

parents

63

enfants participants

Une première concertation a pu être lancée dans le cadre du projet de l’aire de jeux centrale du Parc Jean Verlhac, qui sera en travaux d’ici la fin de l’année 2015, durant la semaine de coproduction de l’ANRU2 organisée par l’association planning et la Métro. Le dimanche 12 Avril était organisée une journée sur l’environnement, sous la forme d’un jeu de piste dans le Parc. Des ateliers étaient répartis sur un parcours, avec Alternatiba, le ptit vélo dans la tête, éco-geste avec l’accorderie, La ruche, Les pigeons en parle avec «a bord perdu» et une activité avec les enfants sur l’aire de jeux. Je remercie Boris Kolytcheff de la MDH des Baladins, et Antoine Bessin de l’association Planning, de nous avoir fait confiance et ajouter cet atelier dans leur jeux de piste sur l’environnement. L’activité avec les enfants nous a permis de mettre en avant les actions et jeux qu’ils aimeraient voir sur le nouvel espace. Les parents [ 67 ]


7%

7.5%

5% PEDALER

9% 4.5%

TERRAIN DE BOSSE

ETRE SECOUER

3% BAC A SABLE - SE CACHER - IMAGINER

6%

CONSTRUIRE - SPORTIF

GRIMPER - ROULER

JEUX D’EQUILIBRE - GLISSER - FAIRE DES CABANES

METTRE EN SCENE

11%

SE SUSPENDRE

COURIR

ESCALADER

SAUTER

14%

SE BALANCER

JEUX D’EAU

4% 2.5%

2%

1.5% 1%

[ ]


ont également fait part de leurs attentes, et l’observation des usages et pratiques sur cette aire tout au long de l’après-midi nous a permis de faire ce retour. L’activité proposée était là pour mettre en avant les actions préférées des enfants, mais également de leurs demander leurs avis de manière plus direct sur le projet de l’aire de jeux. Le but du jeux était de prendre connaissance du tableau recensant toutes les actions possibles, d’en sélectionner trois, et d’aller les chercher sur l’aire de jeux avant de les mettre dans la boîte à idée. Les résultats ci-contre, sont donc les réponses des 63 enfants consultés multipliés par 3.

Le retour des parents:

-Il manque un enrobé au pied du toboggan. -Le trampoline est victime de son succès, trop d’enfants dessus, c’est dangereux. -Il n’y aucun jeux pour les maternelles, ce qui sépare les fratries. -Beaucoup de jeux sont abandonnés par les enfants, il faudrait les remplacer. -L’ensemble de l’aire de jeux manque de propreté, les poubelles débordent. -La structure multi-activités (escalade- plateforme- filet) est vieille et dégradée mais toujours appréciée des enfants.

-Agrandir la surface de l’aire de jeux, le mercredi et le week-end celle-ci est sur-fréquentée.

Notre constat:

Les jeux d’équilibres (poutre-fleurs sur ressort), les jeux d’origine sur l’environnement, et la demi-sphère sont totalement délaissés par les enfants. Les escaliers qui mènent au toboggan ne sont pas utilisés car les marches sont trop hautes. Sur les 11 jeux présents sur cette aire, seulement 3 sont en permanence utilisés, le toboggan, le trampoline et la structure multi-activités. L’idée de clôturer l’espace n’a été évoquée par personne lorsqu’ils ont été consultés sur la sécurité. Le pré est utilisé pour les pique-niques, pour les jeux de ballon et la colline à faire des roulades. Le pré n’a besoin d’aucun équipement supplémentaire, il est apprécié au naturel, il ne faudra pas agrandir l’aire de jeux de ce côté là. L’aire de jeux est à l’ombre ce qui est très bien, cependant les bancs sont mal orientés. Malgré tout, cela reste une aire de jeux très fréquentée qui a besoin d’accueillir de nouvelles structures, pour les grands mais également pour les plus petits. [ 69 ]


Parc Paul Mistral

Parc Jean Verlhac Parc des Champs ElysĂŠes

[ 70 ]


b. Les grands parcs de Grenoble Chaque parc a son propre panel d’ambiance, rythme et coutume ainsi selon son humeur, ses envies, il y aura un lieu plus propice qu’un autre. Le parc Paul Mistral sera pour les grands événements, les piques niques alors que celui des Champs Elysées est parfait pour les activités sportives. Le parc Jean Verlhac souffrant de l’image négative du quartier, reste un parc de voisinage pour les proches habitants. Son potentiel de parc d’échelle urbaine n’est pas révélé. La proximité des trois grands massifs, Belledonne, Vercors, et Chartreuse, limite les activités de grands airs dans les parcs. Leurs proximités depuis l’habitat est leur principal atout. Ainsi on remarquera que les Parcs Paul Mistral et Jean Verlhac, reliés par le tramway ainsi que par les bus à l’ensemble de la ville, ont plus de chance d’être fréquentés. [ 71 ]


Parc Paul Mistral (29Hectares)

Parc des Champs ElysĂŠes (13Hectares)

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Le parc Paul Mistral, est délimité par les grands axes de circulation. C’est un parc à tendance ornementale, avec peu d’obstacle visuel. Il est possible de voir d’un côté à l’autre du parc. Ces pratiques sont très citadines et à caractère événementiel. Le parc des Champs Elysées, est délimité par une clôture, est cerné par un complexe sportif, une zone d’entreprise et du pavillonnaire. C’était une partie d’un domaine privé, ces grands arbres et son lac en font un lieu très agréable. Il est à tendance sportive. La proximité de la voie rapide, même si séparée par le complexe sportif, n’arrive pas a étouffer le bruit des voitures.

Parc Jean Verlhac (17 Hectares)

Le parc Jean Verlhac est vaporeux, il va à la rencontre des bâtiments, jusqu’au coeur de certains. Actuellement, c’est un parc de voisinage, d’une certaine manière l’extension de leur logement. A la fois, salon de thé pour les hommes, salle de jeux pour les enfants, espaces de détente pour certain ou juste lieu de passage d’un espace du quotidien à un autre. L’absence de contour et son relief, cassant les codes du parc et le rend impénétrable aux non initiés. [ 73 ]


[ ]

Parc Jean Verlhac Mosaïque de lieux

Parc des Champs Elysées S’aérer

Parc Paul Mistral Événementiel


Un parc urbain comprend toujours plusieurs parcs en un. Chaque espace, chaque usage se retrouve interconnecté et forme un tout. Ils combinent les thèmes, et typologies pour donner à chaque fois un lieu unique.

Parc à thème Ornementale Paysage

Nature brut

Parc Paul Mistral Parc Champs Elysées Parc Jean Verhlac Jardin de ville Parc de L’île d’amour Projet Parc Villeneuve

Présent Très présent

Pas présent Peu présent [ 75 ]


Trame géométrique à 45°de 24m divisé et matérialisé au sol par les pavements, Pas de géants et les alignements de tilleuls. 0

200m

[ 76 ]


c. Le parc Verlhac : un paysage construit pour la ville «Le choc entre géométrie et géographie préside bien à la conception du parc de la Villeneuve mais dans un ordre inversé des efforts qui ont façonné la campagne. La géométrie n’est pas, ici, la figure qui se déploie sur un fond, elle est le fond lui-même, le substrat, le site d’origine. Sur ces terrains, rigoureusement plans, enclos par l’architecture, dans l’espace de cette sorte de clairière se tissaient déjà les lignes qui vont et viennent de l’ombre épaisse des bâtiments. L’espace est chargé des traits de la ville et il n’y a eu, pour moi, qu’à les graver sur le sol. Je devais laisser s’exprimer l’architecture bien au-delà des pans qui la ferment. La façade n’est pas la tranche initiée où s’affrontent deux mondes hostiles (dedans – dehors, espace-pierre – espace-vert). C’est un lieu où se règlent, dans l’épaisseur, les subtiles entrées de l’ombre et de la lumière. Mais, à l’endroit du parc où s’épuisent ces influences, au-delà des ombres portées, le sol allégé se gonfle, se soulève ; il déforme la résille par des bombements qui en intéressent

chaque ligne. C’est donc la géographie qui est ici importée mais une géographie qui ne peut être «nature « parce que tendue par le champ urbain. Le paysage naît de la tension de tous ces mondes d’évocation. Pour bien exprimer que l’ordre qui préside à ces lieux est celui de la ville, les chemins et les arbres traversent l’espace en gardant leur alignement. Ils franchissent la forme des buttes soit pour la blesser, soit pour s’y soumettre, car c’est la campagne qu’ils doivent, à leur tour, éviter. Ce parc exprime une volonté d’assumer le monde comme matière œuvrée par l’architecture .» Michel Corajoud, Paris, Juillet 2003

[ 77 ]


Un parc qui assume son rapport à la ville et accueille les équipements. Parc hybride, entre espace végétal et minéral, activité de plein air et activité en salle. 0

200m

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À la Villeneuve de Grenoble, dès le début, l’équipe de paysagistes est inclus dans la réflexion du quartier: Michel Corajoud, Henri Ciriani et Borja Huidobro, paysagistes urbains au sein de l’AUA. Ils installent une superposition de trames d’échelles variées où la nature est passée au filtre de la géométrie. Ignorant les montagnes voisines, un nouveau paysage de buttes parcourues de lignes d’arbres glissent sur ce nouveau relief. Le projet englobe bâtiments et parc dans une vision commune. Le parc est conçu comme un équipement en plein air, comme le lieu de pratiques nouvelles. Une attention toute particulière est faite dans le rapport à l‘humain et son bonheur. M. Corajoud milite pour attribuer aux paysagistes des prérogatives équivalentes à celle de l’architecte. Il critique chez ses prédécesseurs ce qu’il considère comme des pratiques compensatoires, destinées à racheter l’excès de béton dans une vision antiurbaine qu’il combat.

A la suite de ce travail, ses convictions s’affirment en s’infléchissant: repoussant l’idée de la «table rase», il commence à comprendre que tout projet urbain et paysagé implique d’être pensé en termes d’enchaînements, de liaisons entre passé, présent et avenir. Michel Corajoud est connu aujourd’hui comme étant l’un des fondateurs du renouveau du métier du paysage après 1968. Il s’est fait une idée assez précise du rapport qu’il peut y avoir entre Paysage et Ville et tente de l’expérimenter à travers le concept d’espace ouvert: « L’enjeu théorique principal est d’éviter une artificielle séparation entre le tissu construit de la ville, qui revendique sa contemporanéité, et un parc, espace de nature, qui ne serait que le réceptacle boisé de nostalgies rurales.» Dans cette continuité, la plus grande partie de son œuvre, contrairement au parc Jean Verlhac, reposera sur l’utilisation de la trame du parcellaire de l’espace campagnard pour en faire la ville: sillons, limites des parcelles, territoire agricole orienté. [ 79 ]


Entre collines et buttes, c’est un véritable relief qui se dessine, à l’échelle de Grenoble qui est plate, le parc Jean Verlhac s’offre des rondeurs. Le relief, la morphologie, les couronnes des arbres nous oblige a découvrir le parc morceaux. Tous ces éléments en font une mosaïque de lieu, avec chacun ces usages et pratiques spécifiques. 0

200m

[ 80 ]


Intensité d’usage forte Espaces de transition Espaces verts ornementale Espaces de détente Espaces vides

[ 81 ]


Un parc qui se traverse, sans boucle ni parcours à l’intérieur de celui-ci.

0

200m

Une membrane perméable physiquement mais pas visuellement: un parc cocon. [ 82 ]


0

250m

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Figure1 Le taillis Ce type de chemin est en stabilisé avec des abords enherbés sur les deux côtés. D’une largeur d’environ trois mètres, il est encadré par des érables planes ou des tilleuls. Les taillis sont réguliers, les arbres ont été plantés en même temps et régulièrement. Leurs emplacements correspondent à la grille, avec un espacement de 6m. Les vues latérales sont dégagées, permettant une vue à 360 degrés. Un chemin plus versatile qui invite à se créer ses propres sentiers à travers les arbres. Figure2 Les buttes L’absence de points de vue à gauche comme à droite ne fait que renforcer l’importance de l’axe visuel fuyant vers l’avant. Ce chemin en stabilisé ou asphalte semble monodirectionnel, un espace de passage plutôt qu’un lieu qui invite à rester. [ 84 ]


Les cheminements dans le parc

L

e parc Jean Verhlac propose des cheminements différent par leur structure, les matériaux qui les composes, le paysage qu’ils offrent à voir et les usages qu’ils induisent. Afin de les appréhender dans la plus grande variété nous avons souhaité constituer une typologie autour des grandes scènes du parc: les alignements d’arbre, les buttes, le bassin, le parc urbain. Nous avons également ajouté une typologie des éléments de ruptures de façon à questionner leur intégration dans le parc.

[ 85 ]


figure 3 Chemin du parc Ce chemin est l’un des grands axes du parc. Le bassin à gauche et le talus à droite renforce la direction induite par le chemin, la présence de lampadaires, le sol en asphalte ou le pavement de briques rouges complète sa vocation à être traversé même de nuit. [ 86 ]


figure4: Le chemin des Tilleuls Le traitement paysager de ses abords ainsi que ses douze mètres de large en font une voie urbaine, insistant sur sa fonction de lieu de passage, artère du trafic quotidien du parc. [ 87 ]


figure5: Entre le parc Jean Verlhac et celui de la Bruyère Une voie routière double sens, et une voie cyclable de chaque côté viennent former une rupture dans le parc. Cette rupture donne l’impression d’avoir deux parcs différents alors qu’il s’agit du même. [ 88 ]


Les éléments de rupture dans les cheminements

figure6: Le chemin autour du grand pré Il n’existe pas vraiment de différence entre les cheminements au sein du quartier et ceux du parc. Ainsi le chemin autour du grand pré passe par les résidences 2000. [ 89 ]



d.

Mutation en parc urbain

Sport

Exploration AmitiĂŠ Action

Parc urbain valorisĂŠ 0

200m

[ 91 ]


[ 92 ]


Le parcours comme support projectuel L’intention de départ est de considérer le jeu non plus comme du mobilier mais comme un composant de l’aménagement. Il ne s’agit pas de se limiter à une aire dans le parc, mais à l’expérimenter à travers le parc. Le parc se prête d’autant plus à ces considérations qu’ils est déjà très fréquenté par les enfants. Le parcours ludique a été mis en place pour proposer aux visiteurs et habitants, un point de vue décomplexé sur le quartier. En effet, le quartier est jalonné d’espace de jeux, reflet de l’importance de la place de l’enfant et héritage de la période d’expérimentation pédagogique à la création du quartier. Le parcours que nous proposons met en valeurs les différents éléments du territoire qui ont participé à son façonnement mais qui aujourd’hui souffre du passage du temps ou des incivilités. Des lieux que l’on peut associer à de nouveau programme. [ 93 ]



[ 95 ]


[ 96 ]


Plus grande surface pietonne de Grenoble, le quartier de la Villeneuve était le lieu idéal pour questionner la place de l’enfant dans la ville. La stratégie de ville récréative permet de capter l’économie de temps libre récréatif pour réanimer les lieux et ainsi préfigurer par des actions simples de nouvelles activités. L’itinéraire sert également de publicité pour attirer les grenoblois par la nouvelle image que dégage les lieux. De plus nous avons pensé ce parcours complémentaire avec l’offre des autres grands parcs de Grenoble. Parcours sportif au parc des Champs Elysées, et pratiques citadines et événementiel pour Mistral. Cette mise en réseau des différents parcours permet d’avoir une plus grande portée et de cibler un public spécifique. Ainsi la création du parcours ludique est l’occasion de mettre en réseau tous les points d’impulsion du parc, tout en redynamisant certain lieu qu’il traverse comme la place des géants. Ce parcours donne au final l’image d’un quartier réactualisé avec un parc en position d’être attracteur métropolitain. [ 97 ]


Une aire de jeux au cœur du parc


Le sentier des Géants Actuellement, la plus grande aire de jeux du quartier de Villeneuve se situe au cœur du parc Jean Verlhac. Elle est aménagée dès les premières années de vie du parc, avec un assemblage de modules colorés et une cabane en bois. Le mythique toboggan emblème et repère de cette aire de jeux n’arrive que plus tard, tout comme les sculptures en bois et acier

photo d’époque fond J. Parent

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1 1 1 2

3

4

5

6

7

8

25m 0 1. Trois jeux sculptures sur l’environnement 2. Tourniquet 3. Structure d’escalade 4. Poutre 5. Fleur d’équilibre 6. Trampoline 7. Sphère 8. Toboggan [100]


proposant des jeux sur l’environnement et le monde. Aujourd’hui cette aire de jeux très fréquentée et en cours de projet par la Ville, qui souhaite investir dans de nouveaux jeux et une clôture pour sécuriser l’espace des scooters. Il est vrai que l’on ne comprend pas bien la fréquentation de ce lieu, qui présente peu de qualité d’usage pour les enfants. La plupart des jeux sont en mauvais état, et sur les 11 présents seulement trois sont utilisés par les enfants, le toboggan, la structure d’escalade et le trampoline. Néanmoins, son emplacement, sa forme et le fait qu’elle soit à l’ombre, en font un endroit du parc très agréable. L’espace est délimité par les pas de géants, représenté par des blocs béton plantés et les collines, deux éléments qui matérialisent la trame géométrique et géographique pensée par Corajoud. Les alignements de Tilleuls permettent à l’espace d’être ombragé. Le collège Lucie Aubrac s’est construit par la suite, l’amphithéâtre [101]


7m

[

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à proximité fait de cette partie du parc, un lieu à caractère événementiel. L’activité menée une après-midi sur ce lieu nous a permis d’en comprendre le fonctionnement et de réajuster notre intervention. Nous avons fini par définir trois objectifs, proposer une installation pour les plus de huit ans, agrandir la surface de l’aire de jeux, et enfin restructurer l’aménagement de l’aire de jeux qui semble avoir subi une accumulation d’objets sans pensée générale. Les bancs tournent le dos aux jeux des enfants et les différentes matérialités du sol rendent l’espace confus. L’idée d’agrandir l’aire sur le pré entre la petite colline et les pas de géant a été abandonnéeen effet c’est un lieu aux pratiques déjà ancrées qu’il serait malvenue de changer (pique-nique, roulade, détente…). Le choix c’est donc portée sur la colline boisée de conifères. Le postulat de départ était de travailler sur la [103]


perception encore fragmentaire de l’espace par l’enfant ainsi que l’intégration de l’installation dans le paysage du parc. Le principe de l’installation est de jouer avec les articulations entre les différents modules créés, parce que l’enfant n’arrive pas encore à synthétiser l’espace qu’il découvre. Il en reconnait des morceaux mais il comprend difficilement de quelle manière ils s’organisent et s’attachent entre eux. L’installation reprend deux concepts de l’univers enfantin, la cabane et la maison pour proposer un espace d’éveil, d’évasion et de sociabilisation pour les enfants. L’imaginaire de la cabane et de la maison sont très fort. Les enfants jouent à habiter ; habitent pour jouer. Jouer à vivre différemment. Jouer à Elévation

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0

7m

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être un autre, jouer avec les autres. Bousculer les habitudes et les repères pour plonger dans un monde nouveau, réservant des surprises excitantes et permettant d’espérer la création d’un univers où pourront naître d’autres productions imaginaires et d’autres manières d’être avec les autres et au monde. Les cabanes n’ont pas besoin d’être suspendus aux arbres puisqu’elles sont dans leur couronne, le support reste neutre et naturel. Une plateforme au centre de l’installation positionnée au niveau du chemin qui traverse la colline, sert d’entrée et de poste de surveillance pour les parents. Cette plateforme est divisée en deux par un muret symbolique en bardage bois. Deux passages à travers ce muret permettent de pénétrer dans le jeu, un toboggan et une porte, de l’autre côté se trouve un filet de jeu. L’exploration est libre, les entrées multiples même si leur accès (échelle-mur d’escalade) est limité par leur niveau de difficulté aux enfants d’un certain âge. C’est une mise en scène de l’espace que l’enfant peut expérimenter à son gré. Les enfants peuvent choisir d’y monter ou non, de la [107]


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Voler

Grimper Se cacher

Passerelle

Grimper

Glisser Surveiller

Sauter Escalader

Via ferrata Observer

Jouer Ă ...

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traverser, ou de la suivre. Cette mise en situation aborde les notions du dedans-dehors mais également de dessus-dessous. Cette installation permet également de se cacher ou de se montrer, c’est un monde que l’enfant peut gérer sans parent, parce qu’il est à côté mais pas avec eux. Le support est neutre pour accueillir l’imaginaire des enfants. La conception de jeux de plein air pour primaire doit prendre en compte que les enfants d’âge préscolaire se distinguent de leurs homologues plus jeunes physiquement, socialement et cognitivement. La principale différence dans les modes jeu est la capacité des enfants à jouer à « faire semblant » en se basant sur l’interaction verbale. Le jeu de rôle auquel ces enfants jouent peut durer pendant des heures, voire des jours, si les circonstances sont adaptées. Comme nous l’avons vu dans la référence sur les terrains d’aventure londonien, l’idée n’est pas de figer l’installation, mais qu’elle soit le support de l’imaginaire et du jeu des enfants jour après jour. Un enfant se lasse très vite, si le jeu fait référence [111]


à un château ou un bateau de pirate, il se peut que celui-ci n’est pas envie d’être un pirate toute l’année. Finalement, cette installation permet de combler un manque, celle de la séparation des fratries mais également en venant s’inscrire dans la pente au millieu des arbres, proposer un espace ludique comme objet architectural et paysager. [112]


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Poteau rondin x4 -700x D15cm Tasseaux x7 - 128x8x8cm Tasseaux x60 - 200x5x5cm Tasseaux x2 - 140x9x9cm Plancher x59 - 129x11x2.5cm Bardage x24 - 200x11x2.5cm Poutre x4 - 195x9x17cm Garde corps x2 - 750x9x17cm Poutre x2 - 700x9x17cm Contrefiche x2 - 700x9x17cm [114]


Assemblage d’un module: l’observatoire cm

160

130cm

x4

200cm 150cm

1. Scellement des 4 poteaux rondin dans le sol. Sur une base carrée de 160cm.

2. Fixation simple par boulon des 4 poutres moisées à 130cm du haut des poteaux. [115 ]


x2

x8

x2

3. Fixation des pannes par ĂŠquerres renforcĂŠes. 4. Fixation des contrefiches aux gardes-corps par pointes et rondin par boulonnage Assemblage par tenon-mortaise du support bardage [116]


x218

5. Fixation du bardage et plancher par 4 pointes. [117]


Un nouvel ĂŠquipement pour Grenoble


Skate park en projet Les enfants plus âgés sont souvent oubliés dans la construction d'espaces ludiques. S'ils sont conçus pour répondre aux besoins des enfants plus âgés, les terrains multisports de jeux peuvent influencer positivement l'activité physique, l'interaction sociale et le sentiment d'appartenance à une communauté. Ils peuvent également conduire à une diminution du vandalisme. Cependant ces terrains multisports sont déjà très nombreux dans le quartier, et correspondent à une tranche d’âge des 12-15 ans. Les adolescents de plus de 16 ans sont regroupés sur les bancs et sont assez mal vu dans le quartier, raison pour laquelle on trouve très peu de banc dans le parc Jean Verlhac. Pour autant, ils ont besoin d’espaces gratuits pour pouvoir se rencontrer, et se construire.

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0

100m

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-1.6m

+.5m

14째 +1.5m

-1.8m

-.6m -2.7m

20째

0

10m

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Piscine des Iris

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Skate park

0

100m

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Les adolescents disent que leurs activités favorites dans les espaces de jeu et les terrains de jeu sont les jeux de balançoires, d’escalade, les parcours de fitness de plein air et les terrains de jeux de ballon. Les activités difficiles et un peu audacieuses sont les plus populaires. Les adolescentes ont tendance à préférer les activités qui font moins « suer » comme les tourniquets, les pyramides de cordes et les jeux à bascule. Cependant un terrain de jeu à une connotation enfantine. 7m

1m

Nous proposons l’installation d’un équipement sportif inédit pour Grenoble, celui d’un skate park, l’enjeu du projet est de garantir une surface praticable, tout en en y ajoutant une réflexion architecturale, urbaine et paysagère. Je remercie tout particulièrement Vincent Mermet du skate couvert de Grenoble pour sa relecture des plans. Les espacements, juxtapositions des modules ainsi que leurs inclinaisons étant très compliqués à appréhender, sans connaissance de type de surface et sans pratiquer ce sport.

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L’équipement vient s’inscrire dans la trame des collines de Corajoud, derrière la piscine des Iris, sur un terrain multi-sport en stabilisé. La surface de glisse se composée deux parties creusées, et d’une partie composée de quatre modules de saut. En son centre une butte permet de se poser en hauteur offrant un meilleur point de vue sur les modules, tout en étant protégé des chutes. Sa surface est de 1000m², à 130euros du m² (modules compris) pour une construction en béton, on peut considérer le budget pour la construction de cet équipement à 130 000euros. La forme de la surface de glisse a été pensée pour limiter au maximum sa présence dans le paysage du parc. Malgré la surface de béton ajouté, la butte brise la vue d’ensemble de l’équipement et permet une intégration plus grande. De plus, cet équipement sportif devient souvent un support de l’art urbain, il faut donc l’imaginer coloré. [127]


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4. Le bâtiment 40 en projet, pour réactiver les espaces du vivre ensemble. Une approche active dans le vécu de l’habiter.

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école maternelle

parking silo

voie de service

rue intérieure

équipement

parc

Coupe schematique du quartier de l’Arlequin. (1*)

Perspective du projet de la rue-galerie, H.Ciriani 1968-1969. (1*)

Galerie d’Arlequin -Photo M. Desjardins et C. Dufresnes- (1*)

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a. L’architecture du vivre ensemble. La Villeneuve fut conçue par la municipalité de Grenoble pour devenir un modèle urbain novateur. Un nouveau cadre spatial et architectural dans lequel les citoyens redécouvrent la vie collective, favorisant le brassage social et évitant la ségrégation sociale. Dans l’esprit des concepteurs du projet les pratiques sociales pouvaient être influencées par les formes architecturales. Différents dispositifs spatiaux furent conçus afin de favoriser les circulations et les rencontres.

voisinage» correspondant aux trois «criques». La crique nord, à l’origine pensée comme une zone de voisinage, on y retrouve une grande percée sur le parc. La crique centrale, commerciale, accueille le patio et deux cafés/restaurants associatifs, ainsi que le marché et quelques commerces. La crique sud est moins lisible que les autres, car elle ne se situe pas dans le creux de la structure. Le parc vient à sa rencontre, à l’intérieur jeux et parking s’entremèlent.

En premier, les grandes dimensions du bâtiment et sa forme compacte permettent d’articuler, des fonctions urbaines différentes (logements, équipements, circulation... ) dans le but de favoriser une vie sociale intense. La séparation des circulations pietonne et automobile, montre la volonté de mettre en avant les interractions sociales au sein du quartier. De cette séparation, et de la forme de la mégastructure en découle trois «zones de

Sous tout le linéaire de la mégastructure se développe la rue galerie piétonne rendue possible par les piliers qui soutiennent le volume construit. La galerie était conçue par les architectes pour devenir l’inversion du principe de la rue-corridor. Les édifices qui délimitent la rue traditionnelle sont fusionnés en un bâtiment linéaire la recouvrant : «La rue reçoit un plafond et ses parois latérales sont évidées pour permettre l’adossement des équipements» [131 ]


Imbrication des logements.

La coursive: un espace pour socialiser. (2*)

Espaces collectifs dans la coursive. (2*)

Coupe schematique du bâtiment: les logements traversÊs par le grand paysage.

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écrit l’architecte en chef G. Loiseau. Promise pour être le vecteur principal de la vie sociale du quartier, la galerie devait concentrer le flux de circulation des habitants et accueillir les entrées des logements et équipements, afin de favoriser la convivialité. Les entrées du logement, se trouvent au niveau de la mezzanine. Au niveau de la galerie, il n’y a ni mur, ni porte pour fermer les halls, les montées sont nues et directes, escaliers et ascenseurs débouchent directement de la rue aux logements. Le hall à proprement parlé se situe au niveau de la mezzanine avec les boîtes aux lettres, celle-ci étant séparée de la rue symboliquement par un étage. Dans un espace complètement public, les entrées desservent en moyenne cent logements. Les montées sont divisées, il y a deux ascenseurs l’un pour monter aux coursives paires, l’autre impaires, tout est accessible et public. Dans les étages, la coursive est le dispositif spatial choisi pour favoriser les interactions entre voisins. Les architectes optent pour un système en décalé des coursives et des demi-niveaux pour densifier au maximum le bâtiment et améliorer l’éclairage. L’imbrication des logements autour de la coursive est réalisée avec un module de trois logements: deux duplex et un logement de plain-

pied. Cette imbrication complexe à appréhender, permet d’avoir des logements traversant avec une grande qualité d’éclairage et de paysage. L’éclairage naturel de la coursive, en revanche, est limité aux ouvertures en hauteur dans les angles des bâtiments ainsi qu’aux montées. La coursive de 1,4 mètre de largeur, se dilate dans ces angles afin de chercher un rapport avec le grand paysage. La coursive a été pensée pour devenir un prolongement du logement, elle était l’artère qui conduit la convivialité jusqu’au seuil du logement. Les premiers habitants étaient empreints de la philosophie des architectes et la coursive portait en elle des espaces collectifs, où les voisins se rencontraient, les enfants jouaient et tous mangeaient ensemble. Elle assumait son rôle de condensateur social que l’on retrouve dans le socialisme utopique. Le logement était conçu avec des solutions techniques très innovantes pour l’époque (les cloisons amovibles, les fenêtres hautes avec panneaux en aluminium, les deux étages pour avoir une double exposition…) afin d’améliorer le cadre de vie des habitants. C’était un projet de ville, une machine à habiter démesurée, pourtant une attention toute particulière avait été portée pour ménager les relations humaines. [133]


L’espace des logements est généreux et bien eclairé.

La rue galerie: une forêt de poteaux en rez-de-ville.

Les espaces plus généreux de la coursive sont sans usage.

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Une architecture aujourd’hui dévalorisée Les difficultés économiques et sociales des résidents ont modifié leurs pratiques quotidiennes et leur rapport avec l’architecture qu’ils habitent. Les grandes dimensions des bâtiments et leurs densités concentrent les difficultés des habitants au lieu d’accueillir la diversité des fonctions urbaines. L’absence des échanges avec la ville a isolé les équipements présents, dont la majorité ont fermé. Les codes couleurs demeurent impénétrables pour les étrangers aux quartiers, car celles-ci se répètent, brouillant les repères. Les halls d’entrée n’en sont pas vraiment. A l’origine du projet, c’est la rue galerie qui était mise en avant, les entrées aux logements étaient comme dérobées à la vue des passants, seuls les initiés pouvaient les remarquer. Aujourd’hui, le fait qu’il n’y est pas de réelle entrée vers son logement est un point faible. En effet, sans entrée visible, on perd l’identité de son chez-soi, le fait de pas avoir d’adresse compréhensible connote négativement son logement, et rend l’apport de visiteur étranger au quartier impossible.

Les ascenseurs pairs et impairs divisent le vécu des habitants en deux mondes parallèles qui vivent les uns au-dessus des autres, sans pouvoir se rencontrer. Le hall se distingue de la façade en béton par sa matérialité, mais n’est pas clairement identifié pour autant, les adresses ne sont pas claires. Au-dessus, la coursive n’est plus l’artère de socialité pensée mais un couloir sombre et monotone qui rend le chemin jusque chez soi triste. L’absence d’ouverture sur l’extérieur provoque un sentiment d’inconfort et perturbe l’orientation. Le logement semble être la seule partie du système qui est bien vieilli, même si l’isolation acoustique et thermique pourrait être améliorée aujourd’hui. Les habitants apprécient les surfaces généreuses, l’organisation des espaces, la double exposition et la vue sur les massifs qui les entoure.

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Le choix de la morphologie du grand ensemble s’est porté sur une mégastructure et a mis le quartier en rupture avec les solutions jusqu’alors adoptées en France. Le Mirail à Toulouse, réalisation antérieure de quelques années à la Villeneuve, est une exception dans laquelle on privilègie la dispersion géométrique des blocs parallélipédiques isolés sur un espace libre: de façon schématique, des dominos sur un plateau! Croquis de la conception de Toulouse Le Mirail. (4*)

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b. Du Mirail à Toulouse à la Villeneuve de Grenoble Au Mirail comme à la Villeneuve, on retrouve le concept de rue centrale. Ce projet est pensé à partir du vide, de l’espace libre, la «zone verte existante avant les travaux», et donc dans le négatif du terrain que désigne le plan «verdure», où l’habituel «fond» (le site) s’inverse en forme. En théorie la trame géométrique du parc (comme à la Villeneuve, le parc repose sur une trame) son relié à cinq carrés: les châteaux. Les entrelacements d’activités, de temporalités, de niveaux, de lignes de points, construisent une complexité manifeste à Toulouse, dans le plan masse on retrouve les trois expressions linéaire: voitures, piétons et verdure, qui vont se superposer et proposer la construction d’un «environnement». Le traitement complet et simultané des bâtiments et de leur espacement, et la définition de l’espace public était la grande ambition de Toulouse Le

S’approprier les concepts avant d’agir Mirail, non pas à l’échelle d’un quartier mais à celui d’un territoire. Le Mirail marque les débuts d’une conception théorique de l’architecture, la volonté de transgresser la demande réelle, de faire obéir le projet à la théorie; chose qui nous a inspiré dans notre travail.

Le Mirail en coupe. (5*)

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Villeneuve de Grenoble

Legende:

Mirail de Toulouse

école commerces

equipement sportif foyer des personnes agées

emplois

silos

maison médical

point culturel (musée, theatre,...) [138]


Le Mirail et la Villeneuve: comparaison de l’échelle humaine en coupe et en façade.

Mirail Période: 1962-1972 Surface: 993,545 Ha HAB : 11 000 (toute La Villeneuve) Architectes: Candilis, Josic, Woods, Dony, Piot Hauteur max des galeries : 4,30 m Hauteur max des batiments : 48 m

Villeneuve Periode: 1968-1973 (Arlequin) Surface: 104 Ha (Baladin, Arlequin, V.O) HAB : 23 000 (tout le quartier en 1972) Architectes: Equipe Villeneuve Hauteur max des galeries : 7 m Hauteur max des batiments : 41 m [139]


Croquis du Narkomfin complexe.


Narkomfin Complexe: une utopie très influente Le complexe communautaire du Narkomfin a été créé par les architectes constructivistes Moisei Ginzburg et Ignaty Milinis dans le 1929 à Moscou et conçu comme «condensateur social». La nouvelle architecture se développe à partir d’un programme politique précis, issu du socialisme soviétique qui souhaite changer le cadre de vie de la population. Les Moscovites devaient devenir dans ce bâtiment, des citoyens socialistes soviétiques modèles. Les nouvelles formes architecturales devaient éclairer l’esprit des jeunes. L’architecture et ses dispositifs spatiaux représentent les modalités pour développer un nouveau cadre de vie collective. Tout comme le projet de la Villeneuve qui répondait au programme politique: changer la ville pour changer la vie. La forme du Narkomfin rappelle celui des grands-ensembles. On y retrouve cependant, des principes architecturaux innovants. Pour beaucoup d’architectes modernes, comme Le Corbusier et Pingusson l’œuvre devient une

étape essentielle des voyages en Russie. Le nouveau dispositif spatial est une coursive extérieure. Ce système se retrouve aujourd’hui dans l’habitat collectif ou plus communément dans l’hôtellerie. L’immeuble se compose de deux parties qui correspondent à des fonctions urbaines différentes: l’habitat et les espaces collectifs, reliés par une passerelle. La mixité des fonctions urbaines se retrouve aussi à la Villeneuve, où les logements, les équipements et la circulation cohabitent dans une même structure. Le but commun aux deux projets étant d’influencer la vie des habitants en favorisant les interactions sociales et les activités collectives. Au niveau des logements, le Narkomfin innove pour l’époque avec des triplex et duplex qui se développent autour la coursive. Ces typologies seront reprises après par Le Corbusier dans l’Unité d’Habitation mais aussi à la Villeneuve pour rentabiliser la surface disponible et garantir aux logements traversant une qualité de luminosité. [141 ]


E

D

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E F

F D

E

G F D

G

E

Coupe d’imbrication des duplex et triplex. (6*)

Plans des duplex et triplex. (6*)

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Plans de la typologie d’appartement G. (6*)

Les logements à Narkomfin représentent une tentative plus poussée de matérialiser les principes socialistes dans l’espace habiter. Tous les attributs de la vie bourgeoise sont passés au filtre des plans. On insista donc sur l’espace minimal, en demandant aux résidents d’utiliser les espaces communs pour leurs besoins quotidiens, et ainsi pousser aux échanges entre voisins afin d’établir une éthique sociale communautaire. [143]


Perspective sud-est de l’Hotel Latitude 43, sans date, G.H. Pingusson. (7*)


Latitude 43: un modèle de coursive innovant. L’hôtel Latitude 43 est réalisé par Georges Henri Pingusson en 1932, dans le golfe de SaintTropez et Sainte-Maxime. Le système de distribution des chambres dans l’hôtel est une coursive, qui se différencie par un décalage d’un demi-niveau par rapport à l’étage qu’elle dessert. Ces 8 marches de différence permettent soit aux chambres ou au couloir de bénéficier d’une double orientation. A la Villeneuve, les architectes projettent l’imbrication des logements sur le même principe. La coursive est décalée par rapport aux deux duplex qui se développent autour. Le deminiveau de 2,5m, permet de créer un troisième logement au niveau de la coursive. La coursive étant enfermée au coeur du bâtiment, l’éclairage naturel devient donc plus complexe et est réduit aux angles du bâtiment. Cependant, dans l’hôtel de Saint Tropez la coursive est lieu de passage, et non un lieu de vie sociale. Pingusson continuera à défendre ce dispositif spatial même si des critiques seront

Coupe transversale du bâtiment, G.H. Pingusson. (7*)

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Croquis de la chambre avec une double orientation. (7*)

Coupe schématique de l’éclairage fait sur les escaliers. (7*)

Coupe schématique de l’éclairage fait dans la chambre. (7*)

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faites: la coursive est trop longue le personnel qui perd en efficacité. En 1976, il rédige un Manifeste pour la “défense la coursive”, un dispositif pour lui rationnel, sûr, rentable, économique, esthétique et source d’une vie sociale active. Il explique préférer ce système de distribution aux cages des escaliers qui «coupent» la façade par leur verticalité qui dépersonnalise et symbolise l’aliénation des hommes. Dans ces deux bâtiments étudiés on retrouve des volontés similaires même si à des degrés différents. Le bâtiment communautaire traduit,avec de nouvelles formes architecturales, un programme politique précis, celui du socialisme russe et il représente une source d’inspiration pour beaucoup d’architectes du Mouvement moderne à l’époque en Europe, dans lesquels, on peut citer Pingusson et les villes radieuses du Corbusier. Plan des chambres liées à la coursive par 8 marches. (7*)

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UnitÊ d’Habitation et la distribution verticale, Le Corbusier. (8*)


L’Unité d’habitation: la cellule avec ses «prolongements». L’Unité d’habitation de Marseille (19471952) représente la conclusion d’un programme de recherche mené sur le logement et les questions urbaines depuis près d’un quart de siècle. Le programme se voulait autosuffisant sur tous les aspects de la vie quotidienne hors travail. Mais loin de le donner comme la formulation spatiale d’une utopie sociale, Le Corbusier la défendait comme une réponse pragmatique adaptée aux problèmes et aux questions relatives à l’habitat, qui se posaient à la société recherché dans la France en ce moment d’après-guerre. L’Unité d’habitation est entièrement conçue sur la base du Modulor (4.19 m). Dans le plan ciaprès, on trouve le dessin d’une cellule; elles sont couplées deux à deux autour de deux gaines qui traversent tout le bâtiment. Dans ce projet, la couleur est convoquée pour structurer l’architecture intérieure de la cellule. La polychromie est utilise en fonction de la nature des différents espaces, selon leurs

usages et leurs rapports avec la lumière naturelle. Les façades sont composées d’éléments en béton préfabriqués et posés en porte-à-faux sur la structure principale du bâtiment, coulée sur place. L’orientation de la barre, met en avant depuis les loggias la vue sur les collines de Marseille, et à l’ouest la Méditerranée. L’expression «Unité d’habitation» désigne avant tout une nouvelle unité de vie de sociabilité, et urbaine. A proximité des cellules se trouvent les «services communs» ou «prolongements du logis». Cette distinction indique la double aspiration du projet: entre logique communautaire (laverie, espace de stockage,...), et modèle hôtelier (boutique, restaurant-cafétéria, équipement sportif,...). Le Corbusier voulait établir autour de la cellule un système d’équipements: le «village vertical», une pensée qui visait bien au-delà, appliquée dans son concept de «ville radieuse». [149 ]


Coupes schématiques de l’imbrication des logements. (8*)

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Axonomètrie logement (8*)

Le Corbusier menait une lutte impitoyable contre l’ornementation et la décoration colorée académique. Dans son rationalisme, la rhétorique de l’ordre, de la pureté et de la vérité s’inscrivent sur une surface blanche, pure et aveuglante; le blanc représente l’idéal de la simplicité authentique des traditions et des cultures du passé : « Le lait de chaux est attaché au gîte de l’homme depuis la naissance de l’humanité. » Mais il ne s’agit toujours pour lui de blanc en tant que mythe, couleur spirituelle de l’époque moderne. La plupart des bâtiments de Le Corbusier arborent pourtant de nombreux détails colorés. Dans le purisme, manifeste écrit avec Amédée Ozenfant en 1920, il présente la couleur comme posant problème. Elle possède des «propriétés de choc» émotionnel et d’autre part il la voit comme un « véritable camouflage architectural», en conséquence il décide de la maîtriser, de l’organiser et de la classifier. Le Corbusier voit la couleur comme un tout, intégrée dans trois gammes strictement limitées : la grande gamme, la gamme dynamique et la gamme de transition. La gamme dynamique est constituée d’éléments de perturbation : jaune citron, vermillon et [151]


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autres couleurs qualifiées de « mouvementée et trépidantes ». Cette gamme est utilisée pour animer l’architecture du village vertical dont la Cité Radieuse de Marseille et la maison du Brésil de la Cité universitaire de Paris sont des exemples. Ces grandes machines à habiter bénéficient des derniers progrès techniques et des couleurs éclatantes des deux groupes harmoniques (achromatique et chromatique). En plus de faire appel au nombre d’or, Le Corbusier décline le système polychrome des temples anciens de la Grèce antique : l’ampleur des surfaces blanches et lumineuses est soulignée par le jeu des couleurs saturées. Le Corbusier fut l’un des premiers à mettre en œuvre des structures béton et a y associer une polychromie réalisée à l’époque avec des peintures minérales au silicate. Sa position reste claire, la couleur ne doit pas cacher les proportions spatiale réelles, ni être utilisées comme élément décoratif. La forme reste dominante sur la couleur, afin que celleci puisse fonctionner exclusivement de manière psychologique pour modifier l’espace.

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Coupe et croquis de la coursive de l’immeuble. (10*)

Croquis du complexe INCIS, corso Taranto 80, Torino.

Le projet se développe dans la «E7», une de 24 zones de Turin, investies par un plan d’urbanisation, après l’adoption de la loi 167 sur les logements sociaux en 1963. Les années 60 sont caractérisées par une croissance démographique très élevée. La population ayant doublé, le besoin de nouveaux logements se fait pressante. En 1969, et en seulement trois ans, deux tiers du plan d’urbanisation de la zone sont comblé et accueillent 6700 habitants. La situation du quartier, dans la banlieue nord ouest de la ville, n’est pas facile: la densité est [154]


CASA INCIS, aujourd’hui ATC, Corso Taranto 80, Torino très élevée et les services sont absents. Dans ce contexte, l’ensemble INCIS est réalisé entre 1973 et 1975. Le projet est défini quelques années avant par les architectes Pietro Barucci et Sara Rossi, de formation romaine. L’un assistant de Adalberto Libera et architecte des logements Tuscolano I (1950-1951), l’autre élève de Bruno Zevi et collaboratrice de la revue «Architettura cronache e storia». Le programme prévoyait 80 appartements avec des espaces communautaires à l’étage. Le système distributif est l’élément fondamental du projet : 10 étages desservis par 1 seule montée verticale et seulement 4 coursives pour accéder aux 80 logements. Un bâtiment très innovant et plutôt caché sur la scène architecturale italienne de l’époque, inspiré de l’hôtel Latitude 43. L’objectif des architectes est évident: réduire au minimum les cheminements et garder le cœur du bâtiment public avec des activités collectives aux différents étages (salles pour

réunions ou fêtes, laverie, école maternelle..). La distribution verticale garde une âme publique pour 300 personnes qui donne à l’immeuble une certaine vitalité par rapport au quartier et favorise la naissance des micro-entrepreneurs. L’imbrication des logements duplex autour de la coursive, est intéressant. Une architecture, qui finalement, s’appuie sur les mêmes principes architecturaux et sociaux qu’à la Villeneuve, mais avec une vision d’ensemble moins utopique. Les logements ATC représentent un autre exemple de «grand» ensemble où il y a une vraie recherche sur la qualité d’usage et de vie pour les habitants.

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Croquis H. Ciriani source internet

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Le nouveau urbanisme et la question du logement social A l’époque, les exemples dont nous avons parlé ont été des instruments du nouvel urbanisme: un urbanisme de dalle qui préfère la séparation totale entre cheminements piétons et circulation automobile, un sol «artificiel». Un «éclatement» de la rue sur plusieurs niveaux selon sa fonction: liaison dynamique entre parties à rejoindre ou espace de flânerie quasi statique. Ces références étudiées sont le résultat d’une période politique et démographique spécifique, qui a poussé les architectes a se questionner et a chercher de nouvelles réponses architecturales au logement social. Et aujourd’hui? Comme attirer le gens à vivre dans ces grands ensembles, alors que leur idéal est une villa ? Des grands ensembles, conçus sur un idéal de société jamais atteint, et qui aujourd’hui accumulent les erreurs d’attributions des logements. Dans l’habitat social on peut garder une dimension expérimentale, tant sur l’espace

intérieur du logement que sur l’espace urbain. Les années 1970-1980 ont concentré le “laboratoire” du logement social avec les cités nouvelles. Les années 2000 confirment non seulement la tendance, mais élargissent l’offre d’habitat en revenant sur le principe de mixité. Aujourd’hui s’ajoute l’évolution des modèles familiaux et professionnels, ainsi que la mutation des villes en métropole et le nouvel enjeu de l’habitat “durable”.

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c. Une architecture pour re-vivre ensemble La Villeneuve représente un territoire difficile à explorer pour un jeune architecte, mais en même temps très fascinant. Le projet repose sur notre formation d’origine et sur les connaissances acquises au premier semestre. Nous avions développé un projet de réhabilitation du 30/40, basé sur l’agriculture urbaine. L’Arlequin est une machine à habiter à la mécanique complexe. L’attention aux détails, ainsi que sa logique nous à poussé a proposer de nouveaux scénarii pour ce bâtiment qui aujourd’hui n’arrive plus à assumer le rôle pour lequel il a été créé. Le projet change totalement du premier semestre car la stratégie est de repartir des volontés à l’origine du quartier, ce qu’on appelle aujourd’hui: le vivre-ensemble. Par le biais du quartier de la Villeneuve, nous avons pu toucher à une thématique polémique, celle du logement social, ainsi que nous confronter à la réhabilitation d’un

patrimoine architectural classé du XXe siècles. Le projet a pour ambition de réactiver les espaces de sociabilité (galerie-coursives d’origine) c’est-à-dire, les espaces intermédiaires, ceux qui concentrent toutes les interactions sociales, des liaisons aux seuils, dans le but de retrouver une qualité de vie.

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La réhabilitation urbaine est toujours un sujet sensible, car les opinons sont souvent très tranchées. L’enjeu est de redonner vie à des bâtiments qui étaient innovants mais qui aujourd’hui sont dévalorisés et affaiblis par le passage du temps. Les architectes sont souvent confrontées à la commande, qui impose la

TERRITORIALE: Interactions sociaux

SECTORIELLE: Entrepreneuriat culturel et créatif

EXPERIMENTALE: Recherche et expérimentation Le trois dimensions du projet de la coursive Boutaric.

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La coursive Boutaric réhabilitation thermique de ces bâtiments, sans pouvoir penser à la reconversion de certains de leurs dispositifs spatiaux. Le projet de rénovation de la Villeneuve s’inscrit dans cette direction, en particulier, sur le dispositif de la coursive, où les peintures ont été refaites sans grande amélioration. Aujourd’hui, la coursive est source de problèmes pour les habitants. Dans le quartier de Grésilles à Dijon, l’immeuble Boutaric, réalisé dans les années 60, accueille un exemple de coursives «actives». Des acteurs se sont associés pour mettre en avant l’art et la culture, comme porteur des dynamiques essentielles pour faire converger le développement humain, social, territorial et économique. Le projet unifie: la réhabilitation urbaine, l’entrepreneuriat culturel et créatif, la démarche artistique et le lien social, la coopération et la mutualisation, la recherche et le développement. La coursive devient le lieu où les mettre en place et le point de départ d’un processus de

rénovation de l’immeuble et du quartier. Elle est réactivée par le biais des auto-entrepreneurs et des artistes-artisans afin de créer une petite économie locale et favoriser les interactions sociales. Elle assume, en même temps, une connotation sociale et économique. En plus, au niveau territorial, toutes les activités et services proposés permettent de valoriser le quartier en réhabilitation et d’améliorer le cadre de vie des habitants, qui sont une partie active du projet. La coursive redevient le vecteur social et de nouveaux usages émergent. Le projet sur la Villeneuve, se propose de travailler autour de la coursive afin de créer des espaces appropriables par les associations du quartier et les habitants.

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Plan niveau Mezzanine Hypothèse 2.

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20 m

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Repenser les espaces intermédiaires: du sol au logement L’amélioration du cadre de vie des habitants commence par la prise en compte de leurs besoins quotidiens. Les entrées ne sont pas donc suffisantes par rapport aux nombres de logements desservis. La crique Nord compte seulement quatre entrées, cela rends confus l’attribution des adresses, et détériore le sentiment d’appartenance à son habitat. La première étape du travail repose sur l’addition de quatre nouvelles entrées prisent sur les escaliers de secours. L’analyse a souligné une distribution verticale complexe qui limite les interactions et perturbe les visiteurs. Le projet vise à les améliorer, en créant un seul ascenseur qui dessert les coursives paires et impaires. Dans l’idée que les habitants de coursives différentes mais vivant l’un au dessus de l’autre, puissent se rencontrer plus facilement. Dans un même temps, la multiplication des entrées, permettra d’avoir des halls d’une échelle plus humaine. La distribution verticale manque de qualité spatiale,

elle est réduite à ses éléments constitutifs. L’espace est public, traversable et non définie, il n’y a pas de hall d’entrée. Le projet se propose de dessiner ses limites en RDC afin de garantir aux habitants une vrai entrée pour chez eux. Une

0

50m

Plan de la crique Nord: la multiplication des entrée.

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SchĂŠmas distribution existante (paire en orange-impaire en rouge)

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entrée visible pour leur bâtiment, depuis la rue, pour les visiteurs. La continuité de la galerie est préservée, la trame des poteaux permettant d’inscrire la forme et les dimension des halls en harmonie avec l’existant.

Schémas distribution du projet.

De nouveaux usages et espaces partagés pour les habitants voient le jour: les locaux vélos, fermés par des grilles métalliques ajourées rappelant celles présentes dans la galerie. La boîte aux lettres fonctionne comme un signal, celui qui vous prévient que vous venez de quitter l’espace public, la rue, pour celui de l’habitat. A la Villeneuve, l’espace des boîtes aux lettres est un seuil, celui des logements, puisqu’il n’y a pas de porte, l’escalier et le repère visuel des boites aux lettres signale le changement de lieu, le changement de statut. Cette spécificité induite par les choix très radicaux à la construction de l’Arlequin, ne fonctionne plus aujourd’hui. C’est devant sa boîte aux lettres que l’on rencontre ses voisins, en attendant l’ascenseur et en le prenant ensemble que les liens s’établissent, hors la configuration spatiale à l’Arlequin n’invite pas au dialogue. L’espace est indéfini, grand, vide, c’est un entre-deux au sens [165]


Rez de chaussĂŠe

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20 m

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bancal, qui met mal à l’aise. Durant l’atelier sur l’habitat de la semaine de la coconstruction, le problème de lisibilité de l’espace est ressorti à maintes reprises: «on ne se repère pas, les adresses ne sont pas visibles, l’affichage ne fonctionne pas»; Nous avons fait le choix de mettre cet élément de la vie quotidienne, assez anodin, et que l’on ne remarque plus, en avant. Ce sera l’élément qui viendra faire appel, en débord, il sera visible par tous depuis la rue.

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Ré-activer les espaces de socialité Le projet s’inscrit dans les espaces de frictions, de rencontres, et tente de les réactiver, soit en proposant des espaces supplémentaires à partager entre les habitants d’une même coursive, soit pour des activités avec un public plus large (associatif). Le projet se décline sous la forme de deux hypothèse spatiales, avec une stratégie commune ré-activer les espaces du vivre-ensemble dans les espaces vacants, tout en créant une façade plus dynamique.

Hypothèse 1: Grande ouverture

Hypothèse 2: Petites interventions [169 ]


Plan du Rez-de-chaussée. hypothèse 1

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20 m

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La grande ouverture L’ hypothèse 1 place les espaces partagés au niveau de la coursive 3. Les nouveaux espaces sont regroupés au centre du bâtiment afin de créer un effet visuel fort. Au niveau de la galerie, le hall existant est agrandi et divisé en deux montées, l’une publique montant directement à l’étage des activités et l’autre plus intime pour les habitants. Les deux montées sont parallèles et se rencontrent seulement au niveau de la coursive 3 pour permettre à tous d’accéder à ces espaces. L’espace boites aux lettres, en mezzanine, sort du bâtiment, et marque l’entrée vers les logements. L’escalier en façade matérialise la connexion entre la coursive et la rue, coursive qui devient à son tour rue publique. Cette hypothèse prend en compte une étude sur la structure mixte du bâtiment. Du RDC jusqu’en mezzanine se sont des piliers qui soutiennent la dalle, alors qu’en étages se sont des murs porteurs. Hypothèse 1 - essais polychromie façade

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Mezzanine

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20 m

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Dans cette hypothèse, deux propositions sont faites en fonction de la structure, si l’on conserve les murs porteurs ou si on les substitue aux poteaux. -En gardant les murs porteurs, les activités se développent sur une trame rigide. La desserte est centrale, montée publique et privée se rejoignent. L’espace de la montée publique s’arrête à l’étage de la coursive trois et l’espace au-dessus est récupéré pour agrandir les studios existants en T1. La continuité de la coursive est préservée pour permettre l’accès direct aux logements et gérer la circulation entre les nouveaux espaces. L’organisation des espaces est pensée par rapport aussi aux hauteurs sous plafonds. Côté ville, qui est plus haut, accueillera des grandes salles polyvalentes sur deux étages, côté parc, des petites ateliers sont pensés. Les différentes activités modifient la perception des façades de l’Arlequin. Aujourd’hui sur le bâtiment 30/40 les façades côté parc et ville sont identiques. Le projet vise à les différentier afin d’instaurer une dynamique, et une façade en finesse vers le parc. Nous souhaitons garder les couleurs d’origine, celle-ci font partie des

Structure en murs porteurs.

Structure en poteaux.

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Plan hypothèse 1 proposition 1

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10 m

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éléments qui donne leur cachet au lieu. Les panneaux en aluminium colorés qui soulignent encore plus la verticalité du bâtiment laissent la place aux nouveaux éléments horizontaux en façade, où les couleurs assument des fonctions différentes. Le rouge fait émerger la coursive en façade, le bleu les espaces partagés, par des peintures sur le mur, des bande marquant l’étage ou des ajouts (balcons, fenêtres…). L’idée est de casser l’image mentale de la muraille en venant l’animer avec des espaces publics. -La seconde proposition s’appuie sur les poteaux du RDC. En reprenant les murs porteurs par des poteaux, on développe des activités de manière plus libre. Les espaces créés glissent dans le bâtiment et l’espace est rythmé par le jeu des boites vitrées qui accueillent les activités sur des étages différents. En façade la proposition permet d’alléger le bâtiment grâce à une trouée. A ce niveau, les différentes terrasses proposent une immersions dans le grands paysages sans limite.

Coupe hypothèse 1 proposition 1

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Plan hypothèse1 proposition 2

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10 m

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Quels sont les espaces partagés les plus courants ? La liste ci-après n’est pas exhaustive, mais reprend des fonctions d’espace souvent partagés au sein d’habitats participatifs :

Coupe hypothèse1 proposition 2

une salle commune avec cuisine équipée, un espace extérieur « récréatif et convivial », une buanderie équipée, un atelier de bricolage et ses outils, une bibliothèque, une salle multi-activités, une chambre d’amis, un appartement pour visiteurs, des bureaux partagés, une salle d’activités (danse, théâtre, musique), une salle de projection multimédia, une salle musicale insonorisée, une crèche parentale et/ou une ludothèque, un local associatif ouvert avec des services… [177]


Etude design faรงade

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Façade hypothèse 1 - proposition 2

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Plan coursive 4.

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10 m

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Hypothèse 2: Les Petites interventions

Hypothèse 2 - Essais polychromie façade

La deuxième hypothèse prévoit une intervention complètement différente: elle repose sur des petites interventions au niveau de la coursive, de la distribution verticale et du logement. Nous pouvons la considérer comme une séance d’acupuncture qu’en ménageant des petites places et ambiances cela va améliorer la totalité du bâtiment. Le nouveau programme pour les activités vont s’appuyer sur une greffe au niveau de l’angle du bâtiment. La montée qui part du nouveau hall, arrive directement sur la coursive (fonctionnement identique à l’actuel) et l’activité se développe dans l’espace ajoutée pris dans le vide de l’angle. Les plus généreuses en surface sont les activités publique, ce sont des salles polyvalentes, leur aménagement doit pouvoir s’adapter à toutes les possibilités. Le choix s’est porté sur des panneaux coulissants, le point d’eau et l’espace de stockage dans un des angles. Les studios sont transformés en salon partagés [181 ]


Faรงade (une des options).

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entre les habitants de la coursive, salle d’étude, chambre d’ami, salle de prière ou de thé, leur appropriation reste libre. Une porte de séparation a été aménagé entre l’espace associatif, et la coursive privée, elle sert également de coupe-feu. On retrouve le concept de petites interventions dans les nouvelles façades, les typologies d’activités y sont représentés. Ces éléments ajoutés sont mis en évidence par la couleur des panneaux en aluminium perforé coulissant, permettant également de gérer au sein des activités, l’intensité lumineuse. La seconde proposition de façade, uniformise le visuel, en changeant tous les gardes corps des loggias.

Etude des ouvertures de la coursive

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Coupe hypothése 2.

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Transformer le T5: la collocation à la Villeneuve

La création de l’activité dans l’angle permet de réaménager les T5 au-dessus. Sur le principe de la colocation on développe un nouveau T5, en inversant l’orientation: côte nuit au nord, et les pièces à vivre au Sud, pour avoir une meilleure exposition au soleil. On arrive dans le logement par la coursive, qui est un demi-niveau plus bas que le plan, on vient créer une double hauteur permettant d’avoir une éclairage naturelle de la partie nuit et entrée du logement. Au dessus de l’activité, une loggia et une chambre double sont créés. Au-delà de cette chambre il y aura 4 chambres, une cuisine et un grand salon permettant de grands repas tous ensemble et un espace très convivial à partager.

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0

Plant T5 - 1/2 niveau supérieur à la coursive

10 m

Plant T5 - 1 niveau supérieur à la coursive

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Offrir des équipements avec une réelle qualité d’usage

Ré-enchanter le chemin de son logement

Un parc comme attracteur métropolitain [

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Conclusion

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Finalement, c’est par les lieux de rencontre que le quartier apparait, chacun de ces fragments d’interfaces entrant en résonance en les considérants comme un tout. Bailly disait que l’on écrit la ville avec ses pieds, et nous avons taché de démontrer que c’est dans l’espace partagé habitable et désirable que l’espace privé prends son sens. Nous souhaitions travailler sur l’image du quartier, est finalement c’est en ré-enchantant les chemins du quotidien que nous proposons aujourd’hui ces projets pour un quartier plus humain. [191]


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Bibliographie

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Sources: (1*) Jacques Joly. «Formes Urbaines et Pouvoir Local : Le cas de Grenoble des années 60 et 70». Press universitaires du Mirail, 1995. (Fig. VII, XII, XIII, XVI, XVIII, XIX). (2*) Hubert Knapp. « Mon quartier c’est ma vie, trois chroniques des maisons et des rues. II l’Arlequin ou l’auberge espagnol». TF1 et Euroscop,1978. (3*) Dominique Hayer. « Fabriquer la ville autrement, Jean Paul Baietto (1940-1988): Portrait d’un amenager urbain». Edition du Moniteur, 2005. (p. 82-83). (4*) Bénédicte Chaljub.«Candilis, Josic, Woods». Infolio Edition Paris, 2010. (5*) Rémi Papillault. « Le Team X, le batiment et les théories qui les font naitre: Toulouse-Le Mirail et la cellule de l’habitat». AARP, consulté le 28.05.2015; Disponible sur: http://atelier-rp.org/post/2009/05/team-X (6*) Victor A.Buchli.« Résistance (la) du narkomfin: un immeuble communautaire de Moscou face à l’état et à la politique de la «bonne économie domestique ». Faces, 1994, été, n.32, p.38-46. (7*) Armelle Lavalou, Thierry Champalle. «La folle histoire du Latitude 43». Editions du Linteau,2012. (p.48, 60, 74, 75, 80). (8*) A.Ruegg, J.L. Bonillo, R.Tropeano, J.M;Drut. « La cellule Le Corbusier. L’Unité d’habitat de Marseille». Edition Imbernon, 2013. ( p. 5-7, 16 et planche 11). (9*) Le Corbusier. «Manière de penser l’urbanisme». Denoel, 1977. ( p. 143-144). (10*) Casa INCIS, oggi ATC, in corso Taranto 80 a Torino. Divisare, 19 Novembre 2009, consulté le 30.05.2015. Disponible sur: http://divisare.com/projects/113026-Pietro-Barucci-Sara-Rossi-Casa-INCIS-oggi-ATC-in-Corso-Taranto-80-a-Torino-1966-75-

[194]


Bibliographie - Audas (N.), 2011, La dynamique affective envers les lieux urbains : la place des temporalités individuelles et urbaines, thèse de doctorat, Tours, Université François Rabelais, 505p - Victor A.Buchli.« Résistance (la) du narkomfin: un immeuble communautaire de Moscou face à l’état et à la politique de la «bonne économie domestique ». Faces, 1994, été, n.32. - Bénédicte Chaljub.«Candilis, Josic, Woods». Infolio Edition Paris, 2010. - Armelle Lavalou, Thierry Champalle. «La folle histoire du Latitude 43». Editions du Linteau,2012. - Jacques Joly. «Formes Urbaines et Pouvoir Local : Le cas de Grenoble des années 60 et 70». Press universitaires du Mirail, 1995. - J.F. Parent, J. Joly. « Paysage et politique de la ville». Edition PUG, 1988. - Dominique Rouillard. «Dix-neuf-cent-Soixant (1960)». Le Moniteur architecture, 1999, decembre, n.103. - Jacques Sbriglio. «Le Corbusier : Habiter : de la villa Savoye à l’Unité d’habitation de Marseille». Cité de l’architecture et du patrimoine Arles, Actes Sud, 2009. Sitographie - http://divisare.com/projects/113026-Pietro-Barucci-Sara-Rossi-Casa-INCIS-oggi-ATC-in-Corso-Ta ranto-80-a-Torino-1966-75- - https://www.archires.archi.fr/node/.467894. Consulté 23.05.2015 - http://www.la-coursive.fr/. Consulté 30.05.2015 . Filmographie - Hubert Knapp. « Mon quartier c’est ma vie, trois chroniques des maisons et des rues. II l’Arlequin ou l’auberge espagnol». TF1 et Euroscop,1978. [195]



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