43°58’54.83 1°16’19.18 // L'objet domestique Série de dix photographies. 15x20 et 20x27cm, numérique.
Terme emprunté au latin domesticus (« qui est lié au foyer ») dérivé de domus, « maison », le sens de ''domestique'' désigne ce qui est de la maison, lui appartient, ou se trouve à l'intérieur de la famille. Dans un lieu, une maison que l'on croit vide, un foyer dont on ne connaît pas l'histoire, une architecture à l'abandon, des traces de vies presque anonymes y perdurent pourtant.. J'ai tenté d'interroger le paradoxe d’un lieu inhabité confronté à la matière qu'il contient. Sous la forme d'une enquête silencieuse, les indices prélevés déploient un questionnement sur la mémoire au fil de la narration photographique. La condamnation des objets forcés à l'oubli, au milieu des vestiges, interroge la disparition des habitants qui semble si soudaine. Élaboré à partir des fragments, des bouts et des lambeaux d'objets restants le caractère mélancolique de ces « ruines récentes » est contrasté par une froideur descriptive. Cette apparente neutralité ne semble pourtant pas priver les objets de leur capacité évocatrice. Alors, les deux types de représentations mis en dialogue se révèlent être plus complexes, la qualité de lisibilité est trompeuse, ces images des restes entretiennent avec la réalité un rapport fragmentaire. Face au vide et à l’absence j’ai du reconstituer un témoignage à partir des choses rescapées et survivantes. Saisies dans le seul fait de leurs présences, ici, dans un état de désordre permanent. Les habitants ne sont pas hors cadre, ils ne sont simplement plus là. Je dois à « the blue room » d'Eugène Richards et à sa vision si juste, dégagé de fascination déplacée vis à vis des ruines américaines mon souhait de demeurer à l'abri du romantisme de la perte et de la nostalgie. Pour la radicalité de sa démarche j'apprécie, entre autre, le caractère rigoureux et protocolaire des images de Lewis Baltz et son traitement des rapports entre l'habitat et l'anonymat avec ce qu'ils portent comme enjeux politiques. Le rôle fondamental de la couleur dans l'oeuvre de William Eggleston est une manière de construire les images qui m'intéressent particulièrement. J'aime l'état d'incertitude du travail de Sophie Calle, son exploration de la frontière entre le réel et la fiction où la vérité s'y manifeste de façon parcellaire et incomplète.