Chapitre 5 : Le déconstructivisme. ● La maison démontable ( one week), 1920, de et avec Buster Keaton. L’interprétation est un déterminisme de l’écriture. L’architecte est une machine à produire du sens, une machine à penser l’espace. ● Coop HIMMELBLAU, Londres 1973, Housing with flying roof, changing a daily reality. ● Coop HIMMELBLAU, Dresden, 1993-1998, UFA cinema center.
2. 1. 2. Le bâtiment se trouve dans la ville, le long d’un boulevard périphérique. La connection avec le voisinage est la clé de compréhension sur les conditions d’accès enjamber un espace. Il y a une deuxième peau de verre on y aperçoit les valeurs de circulations qui sont mise en périphérie une barre disloquée, un porte à faux, des dédoublements de peau,…un déséquilibre ! Un lieu chaotique où se confrontent des forces diverses. Ici, la barre = îlot // Le Corbusier mais le pilotis lui est enlevé et le sol est pleinement occupé. - construction cadrée - dé-assemblages de signes - jeu entre apparence et face cachée - référence au labyrinthe - contenu reconstruit à posteriori ● Cees NOOTEBOOM : le chant de l’être et du paraître. Le lecteur = véritable centre d’intérêt. E-E SCMITT : la secte des égoïstes. Enferme image de l’espace dans quelque chose de réducteur. PLATON : « l’apprentissage est essentiellement une réminescence d’un savoir antérieur. » ● Umberto ECCO, les limites de l’interprétation, 1990. Jusqu’où peut-on aller dans l’interprétation ? Quelles sont nos limites ? 1. Jusqu’où peut-on aller dans la démultiplication des sens ? 2. Y a-t-il une relation entre l’unité d’expression et l’unité du contenu, entre l’unité du contenu exprimé et l’unité de l’interprétation ? 3. L’interprétation, quoique spéculative, permet-elle de déboucher sur une valeur de sens ? Qu’est-ce que l’interprétation ? Une lecture :
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1. Qui fait référence à une antériorité (un contexte de références) bagage sémantique reliant des mots et des choses convention 2. Qui actionne un processus de traduction. 3. Qui procède par analogie. - sociologique - culturelle - linguistique 4. Qui modifie le lecteur et l’objet de la lecture - obligation d’interroger l’intertextualité - construction d’un contexte ambigu - démultiplication des sens - construction de « mondes » -
1. - élargissement - rapport au texte - rapport aux interprétations précédentes - association de sens 2. - connotations codifiées - connotations ouvertes - interprétations métaphoriques 3. - recherche d’une origine - construction d’un secret…parfois non concrétisé ● Zaha HADID, office and residential development, Hanfenstrasse Hamburg, 1989
Un grand récit qui unifie l’homme et la société sous la bannière du fonctionnalisme: - homme nouveau - besoins spécifiques - standards produits par l’industrie - normes convenues - métaphore du Modulor, du Dom-Ino,… Dé-construire Il y a une référence à une situation antérieure (constructivistes, classique). Les déconstructivistes exploitent le dessin pour traduire une nouvelle manière de concevoir une architecture. L’expérience spatiale est indispensable (vécu de l’espace chargé d’émotions). La prise en compte des informations perçues constitue la base même d’une remise en cause du réel. exprimer les contradictions qui secouent la société et la culture contemporaine. La condition post-moderniste explique l’apparition de l’architecture déconstructiviste :
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Morcellement du territoire de la connaissance : la science, la philosophie, l’éthique et la technique ne s’unissent plus dans un discours où se définit le destin et l’idéal de l’humanité. L’humanité est en marche vers son émancipation : conquête des droits de l’homme, évolution vers une société sans classe.
Francis BACON (1909-1992). Se détacher des formes figuratives…faire un diagramme : survenance d’une catastrophe, d’un chaos. Etapes : 1. Images virtuellement présentes (Innocent X, carcasses d’animaux,…) 2. Métamorphose de ces images en faisant intervenir le diagramme par une technique de brossage, de nettoyage et par un bon usage de couleurs, en introduisant une zone de brouillage. Marques qui sont faites au hasard su la toile mais un hasard manipulé, qui désigne un type de choix ou d’action sans probabilités. 3. Lorsque l’équilibre fragile entre ordre et désordre est atteint, quelque chose sort du diagramme, c’est la figure : une ressemblance non figurative. Introduction de possibilités de faits, démultiplication des figures, réactualisation du cadre. Ce cadre est artificiel, il est un moyen d’organiser l’espace mais aussi un observatoire décentré (cadre pour voir l’image et pour échappe au monde extérieur).
1. homme agenouillé dans l’herbe, 1952 2. peinture, 1950
Analyse : F. BACON, étude à partir du « portrait du Pape Innocent X » de VELASQUEZ, 1953.
Deux systèmes s’opposent : - regard assuré et regard absent - sourire amusé, cri angoissé - mains dégagées et souples, mains crispées sur l’accoudoir - sièges dans un décor stable, lignes en suspension qui isolent le personnage dans une « caverne noire »
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lignes souples des drapés, lignes brutales et dynamiques
Un moyen d’échapper à la figuration. - mise en question de la liaison arbitraire entre un signifiant et un signifié - travail de sape de l’unité apparente
La déconstruction théorique. ● Jacques DERRIDA (1930-2004) C’est dans ses travaux ( De la grammatologie, 1967 ) que se structure le mouvement déconstructiviste. Le fondement de ce mouvement est la mise en question du logocentrisme du texte, càd la mise en question de l’association arbitraire en un signifiant (mot employé pour désigner quelque chose) et un signifié (concept qu’on se fait du signifiant), car pour lui ce rapport n’existe pas en dehors du langage. Le langage est celui de la voix (F. De SAUSSURE) et non celui de l’écriture qui est considéré comme un outil de la représentation. Derrida propose une déconstruction de l’unité apparente. Il en résulte l’émergence de ses faisceaux de sens multiples, indéterminés, nouveaux, inachevés. 1. Valério ADAMI, study for a drawing after glass, 1975 2. Pierre ALECHINSKY, Central Park, 1965
● Gordon MATTA-CLARK (1943-1978) Précurseur du mouvement déconstructivste, c’est un utopiste. Son but est d’alerter les politiques et les architectes d’une situation de crise et son objectif est de transformer les comportements vis à vis d’un bâtiment. Le construit (enveloppe stable et protectrice) devient le site d’une expérience inédite, bouleversant toute logique architecturale. Splitting, Englewood,1974 Permet une deuxième lecture de l’édifice en le débarrassant de toutes ses connotations, à déconstruire la lecture archétypale, en le découpant.
Baroque office, Bruxelles, 1977 Vide attire le spectateur en mettant à l’épreuve sa propre intégrité physique.
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Les architectes déconstructivistes. Thème du déconstructivisme architectural : - Intervalle : des espaces de vide non comblés qui perturbent la compréhension - Instabilité (>< sédentarisation) - Décentrage : perte de repère - Fragmentation :déstabilisation - Expérimentation :se laisser affecter par l’espace - tension - superposition - rupture Les architectes de ce mouvement sont divisés en deux courants : les intellectuels (EISENMAN, TSCHUMI) et les expérimentalistes (GEHRY, le Coop HIMMELBLAU, MOOS, Zaha HADID, LIBESKIND…). Les intellectuels. ● Peter EISENMAN (1932 - ) S’intéresse aux connexions entre la linguistique et l’architecture. Sa théorie : - reniement du vocabulaire architectural académique : composition, centrage, continuité - déconstruction des principes de base : ordre, pureté, harmonie, unité et stabilité Ce rejet s’opère souvent par l’utilisation de notions inverses : désordre, mélange, imperfection, incohérence, et déséquilibre. Il y a lieu de produire une architecture symbolisant la capacité de l’Homme à dominer la connaissance en changeant la façon d’occuper l’espace. L’expérience est plus importante que la connaissance.
1. Werner center for the visuals arts,Ohio,1983-1989 Structure primaire // colonne vertébrale, grille de déconstruction sur laquelle s’opèrent décentrages, fragmentations. Pas d’harmonie : chaos et contradiction. 2. Guardolia house, Santa-Maria del mar, 1988 Structure tri-dimensionnelle en L, chaque positionnement est conservé sur le plan afin de déconstruire l’idée classique du centre. L’ensemble semble instable. 3. Memorial to the murdered Jews of Europe, Berlin, 1998-2005 Le sol est mis en mouvement (les hauteurs des socles sont différentes). La ballade dans la ville est comme un quadrillage.
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Aronoff center for design and art, Cincinnati, 1988-1996
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Mouvements imposés aux limites du terrain superpostions, dislocations Produire des tensions Formes sont difficiles à comprendre par la méthode classique de la perception l’espace. Il faut expérimenter et se laisser affecter par l’environnement. Idée de singularité Réel effort d’expérience Diagramme de mouvement en plusieurs séquences, sur base d’une ligne brisée La structure perd sa relation au niveau du sol perd son contact, perturbe les sensations
● Bernard TSCHUMI (1944 - ) L’architecture est à la fois action, espace, mouvement. Le pli comme stratégie du déconstructivisme architectural : - une architecture courbée, en perpétuel mouvement, une architecture de vagues et d’infinies extensions - un ensemble d’interstices fait de matières - un mécanisme fait de forces internes
Le parc de la Villette, Paris, 1982 Superposition de trois systèmes de points, lignes, surfaces : - Points de folies qui rassemblent les activités ponctuelles complémentaires ou conflictuelles : l’action (points sur un damier) - Lignes de circulation : le mouvement (niveaux de circulation) - Surfaces d’activité ou aire de jeu : l’entre-deux (plan « cadastral ») La superposition des trois systèmes indépendants crée une série de tensions soigneusement agencées. Les Folies sont l’expression du processus de transformation de notre société. L’architecture est l’ensemble des combinaisons et permutations possibles entre différentes catégories d’analyses (espace, mouvement,…). Elles sont composées sur base de principes où le jeu de la recomposition offre d’infinies possibilités.
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Les expérimentalistes. Déconstruction n’est pas seulement une théorie, c’est un évènement, un fait caractéristique de culture, une convergence. Héritage suprématiste ( MALEVITCH et LISSITZKY) : - Exclusion du monde tri-dimensionnel - Modification de la vision unique où l’espace infini n’est pas représenté mais capturé dans une surface blanche, où les éléments en place peuvent produire un tout selon une organisation cohérente. - Un texte avec des signes visuels entre lesquels se jettent des ponts. ● Frank O. GEHRY, maison personnelle, Santa Monica (Californie), 1978 Il transforme la maison traditionnelle avec des produits industriels simples et bon marché donne caractère éphémère, fantaisiste.
● Coop HIMMELBLAU, Musée de Groninger, Pays-Bas, 1994 Coffre imposant est déposé sur l’eauEspace se déployant négativement et positivement : volumes brisés volumes pleins ou volumes de lumières. Une architecture provocatrice, visant à l’apesanteur et qui est le reflet de la désolation de la réalité urbaine. Tous les rapports sont modifiés, on a une impression d’explosion : - labyrinthe - retraits des parois - décentralisation - instabilité (charges déportées et identité des choses mises en place est différente) On a une impression de quelque chose d’inachevé : par exemple une poutre qui ne s’appuie pas sur un « mur », qui pend et qui est accrochée à quelque chose en verre. Il y a opposition entre le signifiant et le signifié car la passerelle qui en est bien une ne répond pas aux critères habituels de la passerelle. Principes : - parois se détachent du corps principal - distances, interstices se créent - chaque élément instable semble s’appuyer sur des voisins pour trouver l ‘équilibre - des vues extérieures retenues par des résidus de l’explosion - des lignes qui mobilisent l’espace - des contrastes avec l’eau - des objets incongrus - des imprimés provenant d’un texte explosé qui raconte un récit dramatique
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● Eric Owen MOSS (1943 - ). 1. Samitaur 1, Culver city (Californie), 1990-1996 Signature du bâtiment industriel: instantané d’une experience spatiale. Culver city 2. The box, (Californie), 1990-1994 La forme est déstabilisée, portée par des plans tracés sur des diagonales , dénaturée dans ses angles, troublante dans son vécu interne. ● Zaha HADID (1950 - ) « l’intervalle ou l’entre deux » Processus du diagramme (stratégie pour arriver à une fin). Elle cherche à faire apparaître la figure, le projet. On va faire tout ce qu’il faut pour faire éclater le propos, ouvrir toutes les possibilités ( différent de KAHN). Music video pavillon, Groninger (PB), 1990 Elle se pose la question de comment occuper le sol, comment produire une nouvelle géométrie urbaine. La conjonction des idées de continuité et de distorsion met en exergue certains éléments : - élimination du centre - recherche du fondement dans le changement - création de paysage artificiel - élaboration d’une architecture inséparable de sa représentation Une architecture libre de toute pesanteur, plans décalés flottant dans un espace éthéré. Elle prend en compte les différentes facettes du contexte (programme, environnement). ● Daniel LIBESKIND, Musée juif à Berlin, 1993-1998
Deux références : - Walter BENJAMIN : « sens unique - SCOONBERG : « Moïse et Aaron », opéra inachevé Projet est donc prolongement de l’œuvre musicale ( « between the lines ») ligne brisée qui plie le bâtiment et lignes de surface qui saignent les parois de titane arbitrairement. Il est également orienté par : - catastrophe de l’extermination des juifs européens - les multiples traces des noms et adresses subsistants dans la ville
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Libeskind place le visiteur dans une position inconfortable : la promenade muséale prend des allures d’épreuves.Trois couloirs exprimant trois aspects de l’histoire juive : - continuité de la présence juive en Allemagne - exil hors de l’Allemagne - mort Analyse : Intervalles entre deux Instabilité Décentrage Fragmentation Expérimentation Tension Superposition Rupture ● avec le tissu urbain ● avec l’idée même de musée ● dans les modes d’accès (par le soussol)
Le déconstructivisme. La déconstruction (≠ destruction) est une forme méthodologique de remise en question de l’espace et de notre manière de le lire, de le déchiffrer. Les architectes déconstructivistes parlent un langage où est mise au défi notre capacité de saisir l’espace et de le structurer : il vole en éclat, se dilate, demande à être vu, s’étend à l’infini (trompe-l’œil).
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