SARA EL SAMMAN
LA TRAME BLANCHE un outil de transition écologique en milieu urbain MÉMOIRE DE FIN D'ÉTUDES PROMOTION 2020-2022
Le cas de Paris La Défense, Un quartier moderne en dissonance 1
« Nous proposons d’écouter le monde comme une vaste composition musicale – une composition dont nous serions en partie les auteurs. » - R. Murray Schaefer
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JETEZ UN COUP D’OREILLE ! EN LISANT MON MÉMOIRE, VOUS APERCEVREZ DES QR CODES, CE SONT DES INVITATIONS À UNE EXPLORATION SONORE VIRTUELLE. PRENEZ L'APPAREIL PHOTO DE VOTRE TÉLÉPHONE, SCANNEZ LE CODE ET PLONGEZ DANS LA DIMENSION ACOUSTIQUE DE MON MÉMOIRE
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TEXTE FONDATEUR La trame blanche: un outil de la transition écologique en milieu urbain Le cas de Paris La Défense, Un quartier moderne en dissonance FR Le son est un élément crucial de l'écosystème. C'est le langage que tous les êtres vivants parlent, entendent et ressentent. Il a le pouvoir de nous percer, de nous émouvoir et de nous relier à notre environnement. Créée par le compositeur canadien R. Murray Schafer, l'écologie acoustique désigne la relation qui existe entre le son, les êtres vivants et l'écosystème. C'est l'étude de l'influence du paysage sonore sur les caractères physiques d'un paysage et sur le comportement de ses habitants. Schafer a perçu les paysages sonores comme des compositions collaboratives auxquelles nous participons tous et dans lesquelles nous vivons, soulignant ainsi le rôle de l'écoute comme indicateur de l'état d'une communauté, d'un individu et d'un paysage. Par conséquent, en entendant les grincements, les rugissements et les cris qui remplissent le paysage sonore quotidien des villes, on peut déduire un sentiment de détresse présent parmi toutes les couches qui constituent les paysages urbains d'aujourd'hui. La voix humaine est la plus forte, nos oreilles n'écoutent plus et notre "musique" est écrasante au point que nous nous cachons derrière des murs pour éviter la cacophonie que nous créons. Des études mettent en évidence les effets néfastes de la pollution sonore sur le bien-être de tous les habitants des villes, humains ou non. Les sons mécaniques prennent le dessus sur tous les autres sons et toutes les espèces sont obligées de
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s'adapter. La modulation du chant des oiseaux, l'augmentation du stress et la perturbation de la sélection génétique sont autant d'exemples qui montrent la nécessité de trouver des solutions qui tiennent compte des effets du bruit humain sur la présence de la nature dans les écosystèmes urbains. Le confinement national dû à la pandémie du Covid19, malgré ses horribles incidences, a rendu les humains plus sensibles et attentifs à leur environnement. Les citadins ont commencé à apprécier le silence musical et à entendre la voix de la nature. Ce changement de perspective par rapport à la vie urbaine a mis encore plus en évidence la question de la pollution sonore. L'effet des paysages sonores sur le bien-être des gens a été souligné, d'où l'urgence d'y remédier. En outre, le son étant une composante essentielle de l'écosystème urbain, il est impératif d'aborder la notion de paysage sonore en traitant le sujet de la transition écologique en milieu urbain. Comment les ambiances sonores peuvent-elles jouer un rôle dans la préservation du vivant dans les milieux urbains ? Quel est le juste ton à adopter par un paysagiste afin de traiter la trame sonore ou blanche par un urbanisme sonore ? Cette notion de sensibilité acoustique a été introduite dans le paysage par plusieurs chercheurs, artistes, urbanistes et sociologues dont j'évoquerai les travaux afin de comprendre la complexité du paysage sonore et la manière dont il se
manifeste dans l'écosystème urbain. Cela me permettra d'intégrer ces différentes approches dans une méthodologie de conception paysagère qui tient compte de l'échelle humaine et crée un espace dans lequel la nature peut y prospérer. L'objectif est de démontrer la manière dont les paysages sonores s'intègrent dans le processus de conception du paysage. Il ne s'agit pas simplement de réduire les bruits indésirables, mais d'encourager une approche de la création d’espaces publics qui tienne compte des sons. L'idée ici est d'inverser la relation traditionnelle entre le son et la conception, où le son informe le design. Cette stratégie adoptée impliquerait l'extraction et la réinterprétation des indices sonores comme des plans pour le remodelage de l'espace et la transformation de l'expérience du paysage sonore pour les usagers et la nature. Sur le plan pratique, j'effectuerai cette recherche à Paris La Défense, le plus grand quartier d'affaires d'Europe, résultat de l'urbanisation et de la modernisation rapides qu'a connues Paris entre les années 1950 et 1970. C'est un quartier d'affaires moderne typique, une manifestation du rêve du Manhattanisme que tous les constructeurs de villes développées ont souhaité recréer. Cette obsession de la ville verticale, des immeubles de grande hauteur et des transports rapides en Île-de-France a abouti à la création d'une dalle surélevée qui est la cause principale des contraintes écologiques auxquelles Paris La Défense est confrontée aujourd'hui. Construit sur un réseau
enchevêtré d'infrastructures de circulation, principale cause de pollution sonore, les bruits mécaniques du trafic façonnent le paysage sonore ambiant du site. Bien que visuellement cachés, les bruits mécaniques des véhicules hantent l’espace public de La Défense. De plus, le rythme accéléré et rapide du mode de vie moderne qui anime le site, affecte son paysage sonore et crée un environnement nuisible à tous ses usagers, humains et non-humains. Le son, omniprésent, immatériel et immersif, est donc un outil écologique impératif pour ce paysage urbain. En quoi la trame blanche est-elle alors une solution aux contraintes écologiques du quartier moderne du cœur de Paris La Défense ? J'établirai un diagnostic et une analyse sonores afin de déchiffrer les couches acoustiques qui composent le site. Cela me permettra de comprendre comment le son se manifeste dans la morphologie unique de ce paysage gris, et donc d'explorer différentes stratégies sonores pouvant améliorer cette dimension de l'écosystème du site. Je conclurai enfin cette recherche par une proposition d'une stratégie avec les meilleurs outils de paysagistes à utiliser pour un aménagement éco-acoustique des espaces publics au cœur de La Défense. Mots-clés : trame blanche, trame sonore, paysage sonore, écologie acoustique, urbanisme sonore, design acoustique, Paris La Défense, ville moderne, pollution sonore.
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ABSTRACT
White infrastructure: a crucial tool for the transition to an environmentally sustainable future in urban areas The case of Paris La Defense, A modern district in dissonance
EN Sound is a crucial element of the ecosystem. It is the language that all living beings speak, hear and feel. It has the power to break through us, to move us and connect us to our environment. Coined by the Canadian composer R. Murray Schafer, acoustic ecology designates the relationship that exists between sound, living beings and the ecosystem. It is the study of the influence of the soundscape on the physical characters of a landscape and on the behavior of its inhabitants. Schafer perceived soundscapes as collaborative compositions that we all take part in and live within, further highlighting the role of listening as an indicator of the state of a community, of an individual and of a landscape. Therefore, by hearing the squeaks, roars and screams that fill the daily soundscape of cities, one can deduce a sense of distress present among all the layers that constitute today’s urban landscapes. The human voice is the loudest, our ears no longer listen and our "music" is overwhelming to the point that we hide behind walls to avoid the cacophony we create. Studies point to the harmful effects of noise pollution on the wellbeing of all city inhabitants, humans and non humans. Mechanical sounds are overpowering all other sounds and all species are forced to adapt. Modulation of bird songs, increased stress and disruption of genetic selection, are all examples that show the need to find solutions that take into account the effects of human noise on nature’s presence in urban ecosystems.
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The national lockdown due to the Covid19 pandemic, despite its horrific impacts, has made humans more sensitive and attentive to their environment. City dwellers began to appreciate the musical silence and to hear nature’s voice. This change of perspective with respect to city life has brought the issue of noise pollution even more to the fore. The effect of soundscapes on people’s wellbeing was emphasized, hence the urgency to address it. Furthermore, as sound is an essential component of the urban ecosystem, it is imperative to address the notion of the soundscape when dealing with the topic of transitioning to ecologically sustainable urban design methods. How can soundscapes play a role in the preservation of life in urban environments? What is the right tone to adopt by a landscape architect in order to treat white/sonic infrastructure from a sonic urbanism approach? This notion of acoustic sensitivity has been introduced in landscape by several researchers, artists, urban planners and sociologists whose work I will evoke in order to understand the complexity of the soundscape and the way it manifests itself in the urban ecosystem. This will allow me to integrate these different approaches into a landscape design methodology that takes into account the human scale and creates a space for nature to thrive in. The goal is to provide an overview on how soundscapes fit into the landscape design process. It is not simply a matter of reducing unwanted noise but of encouraging a sound-considered city design approach to placemaking. The idea here is to reverse
the traditional relationship between sound and design, where sound informs design and not the latter. This adopted strategy would entail the extraction and reinterpretation of sonic cues as blueprints for the reshaping of the space and the transformation of the soundscape experience for users and nature alike. In practice, I will be doing this research on Paris La Defense, the biggest business district in Europe, the result of the rapid urbanisation and modernisation that Paris witnessed in the years between the 1950s and the 1970s. It is a typical modern business district, a manifestation of the “Manhattanism” dream that all developed city makers wished to recreate. This obsession with vertical cities, high rise buildings and rapid transportation in Ile de France resulted in the creation of an elevated platform that is the main cause of the unmanageable ecological constraints that La Defense is faced with today. Built over an entangled network of circulation infrastructure, the main cause of noise pollution, traffic sounds shape the ambient soundscape of the site. Although visually hidden, the vehicular movements’ mechanical sounds haunt La Defense’s public square. Moreover, the accelerated and fast rhythm of the modern lifestyle that animates the site affects its soundscape and creates an environment that is harmful to all its users.
the ecological constraints of the modern district of Paris La Défense? I will establish a sound inventory and analysis in order to decipher the acoustic layers that make up the site. This will allow me to understand how sound is manifested within the unique morphology of this grey landscape and therefore to explore various sonic strategies that can improve this dimension of the site's ecosystem. I will finally conclude this research with a proposal of the adequate landscape architecture tools to use for an eco-acoustic redevelopment of the public spaces in the heart of La Défense. Keywords: white infrastructure, urban soundscapes, acoustic ecology, sonic urbanism, acoustic design, Paris La Defense, Modernisation, sound pollution.
Sound, omnipresent, intangible and immersive, is therefore an imperative ecological tool for this urban landscape. So how can white infrastructure be used as a solution to
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SOMMAIRE
INTRODUCTION
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A-LE CRI DES VILLES, UN APPEL A L'HARMONIE
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I-THÉORIE 3. Les sonographies: outils de comprehension de l'espace
1. La cacophonie étouffante des villes Urbanisation insensible et paysage sonore en dégradation Pollution sonore, source de mal-être pour les humains La résilience sonore de la nature en ville
C- RÉALISER UN URBANISME SONORE 1. Éliminer et apaiser - Traiter la pollution sonore Limitation bruit à la source Limitation des propagations Travailler sur les points atteints par le bruit Identification et preservation des zones calmes Sensibilisation des communautés
2. La trame blanche, une interface écologique Le son, immersion sensorielle pluridimensionelle L'écologie acoustique et les ambiances sonores Une trame en synergie avec toutes les trames écologiques
2. Faire rêver - Concevoir des ambiances sonores
B- LIRE LE PAYSAGE AVEC LES OREILLES 1. Les sonographies descriptives Cartographie de sons et soundmaps Graphes et diagrammes Visualisations en 3D 2. Les sonographies de perspectives Parcours commentés Cartes mentales Sondages et questionnaires
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Encourager l'écoute Modeler des ambiances sonores 3. Entendre, Imaginer, reproduire - Activer l'oreille de paysagiste Le son dirige le projet La "boîte à outils" sonique d'un paysagiste
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II- PRATIQUE A-PARIS LA DÉFENSE, UN URBANISME MODERNISTE A L'ÉPREUVE DE SA DISSONANCE ACOUSTIQUE 44 1. Comprendre le rythme de son histoire 2. Un quartier insulaire Un paysage hors-sol Un obstacle à la nature Une discordance sonore 3. Un rond-point invisible mais audible Des noeuds de routes - des sirenes et des klaxons Des transitions incertaines - Une dichotomie horizontale Une ambiance obsédante - Une dichotomie verticale 4. Un paysage en mouvement Mode de vie moderne bruyant Un quartier en reverberation 5. Des contraintes écologiques diverses Des composants non-durables Des espaces publiques artificiels Des chants distordus
B- DÉCHIFFRER LES COUCHES ACOUSTIQUES DE PARIS LA DÉFENSE
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1. Une experience sensorielle radicale 2. Une étude spatio-acoustique Visualiser l'espace acoustique Porter une lentille sonique 3. Jetez un coup d'oreille!
C- REFAÇONNER LE PAYSAGE ECO-ACOUSTIQUE DE PARIS LA DEFENSE
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1. Travailler les transitions 2. Equilibrer le centre 3. Preserver le silence et amplifier sa sonorité
CONCLUSION
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BIBLIOGRAPHIE
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REMERCIEMENTS
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“Au moment où j'écris ces lignes, j'assiste à un orchestre onirique composé de chants d'oiseaux, de stridulations d'insectes et de bruissements de feuilles d'arbres sous la douceur du vent. Si je ferme les yeux et que je laisse libre cours à mon imagination, je pourrais presque ignorer le bourdonnement silencieux de l'air conditionné. Ce son ambiant ne cesse de me ramener à la réalité, cependant je ne peux qu'apprécier ce silence musical qui a finalement trouvé sa voix...” - extrait de mon journal intime, le 1er confinement Covid19, le 12 Avril 2020, Beyrouth, Liban.
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INTRODUCTION
Le confinement national du Covid19, malgré ses horribles incidences qui se poursuivent jusqu'au jour où j'écris ce mémoire, a donné lieu à un débouchage d'oreilles pour tous les citadins autour du monde. Le silence nous a submergés et la nature a retrouvé sa voix. La cacophonie urbaine a été remplacée par des chants d’oiseaux et une prise en conscience collective de l'environnement sonore a eu lieu. L'urbanisation rapide, la modernisation et la mondialisation ont permis à une culture urbaine insensible de façonner les villes d'aujourd'hui. Placées en priorité et à la base du développement du milieu urbain, les infrastructures de circulation dirigent l'orchestre de la ville. Leur son dominant dicte le rythme de nos vies et laisse peu de place au chant de la nature. La pollution sonore se présente comme symptôme de la vie moderne, un symptôme longtemps ignoré malgré les effets nocifs sur la santé et la biodiversité en écosystèmes urbains. Avec la notion de qualité de l'environnement urbain, qui est de plus en plus mise en attention dans ces dernières années, et avec ce changement de perspective qui a eu lieu durant la pandémie, il est devenu crucial de remettre en question les politiques d'aménagement. En outre, le son étant un composant essentiel de l'écosystème urbain, il est impératif d'aborder la notion du paysage sonore lors du traitement du sujet de transition écologique et d’urbanisation durable. Comment les ambiances sonores peuvent-elles jouer un rôle dans la préservation du vivant dans les milieux urbains ?
Quel est le juste ton à adopter par un paysagiste pour prendre en compte la trame sonore ou blanche dans des projets urbains ? “La transition écologique est une évolution vers un nouveau modèle économique et social soutenable qui renouvelle nos façons de consommer, de produire, de travailler, de vivreensemble pour répondre aux grands enjeux environnementaux : le changement climatique, la raréfaction des ressources, le déclin massif de biodiversité et la multiplication des risques sanitaires environnementaux” (du site du Préfet de la Manche, 2017). Tous les enjeux présentés dans cette définition, de l’aspect socioéconomique et sanitaire à l’enjeu de biodiversité et de l'environnement, sont en relation avec les paysages sonores. Les stratégies de conception des villes ont évoluées de façon à intégrer les trames vertes et bleues dans leurs démarches de transition écologique. Mais ces approches du vivant, basées sur des données d'éléments visibles, ne suffisent pas à décrire l'entière réalité d'un écosystème. Cela souligne la nécessité d’un nouvel intrant: le son, qui permettra aux paysagistes une meilleure compréhension du paysage écologique. C'est là que la notion de trame blanche entre en scène. On se trouve aujourd’hui face à une réémergence de cette notion de pollution sonore d'où l'évocation de la notion de trame blanche figure dans l’Institut de l’Écologie et de l'Environnement de Paris (iEES) qui la définit comme une trame "formée de continuités écologiques silencieuses”, outil pour lutter contre la trame bruit qui fragmen-
-te la nature en ville. Je propose de la compléter comme suit: la trame blanche ou trame sonore, est une des trames naturelles qui contribuent aux continuités écologiques. Elle est composée des zones non affectées par la pollution sonore où tous les vivants, hommes et nature, peuvent communiquer facilement et coexister en équilibre acoustique. La notion de son dans le paysage a été premièrement introduite pour évoquer le bruit comme élément négatif. Depuis l'antiquité, jusqu'à aujourd'hui, le bruit est présenté comme nuisant à la nature. C'est seulement au XXe siècle que des études de bioacoustique, discipline scientifique qui étudie la production et la réception des signaux acoustiques chez les animaux, ont permis la mise en place d'études sonores écologiques. Les paysages acoustiques ou paysages sonores ont été définis par Bernie Krause, un musicien et bioacousticien Américain, dans les années 70, et remis à la mode chez les scientifiques dans les années 2010 notamment par la création de l'International Society of Ecoacoustics (ISE). Le concept d’écologie acoustique, élaboré par le musicologue et chercheur Canadien Raymond Murray Schafer, a introduit une couche spatiale à la bioacoustique en mettant en évidence l'interrelation sonore qui existe entre tous les êtres vivants et leurs environnements. Schafer condamne le mode de vie moderne qui pour lui est source d’un processus d'impérialisme sonore”. Il met en avant un ensemble de termes élaborés rendant plus accessible le discours du paysage sonore pour la conception spatiale, 11
spécifiquement urbaine, que Schafer a critiqué dans son livre Les paysages sonores, Toute l’histoire de notre environnement sonore à travers les âges (The tuning of the world, 1977). La notion de sensibilité acoustique a été introduite en paysage par plusieurs chercheurs, artistes, urbanistes et sociologues dont je vais évoquer les travaux afin de comprendre la complexité du paysage sonore et de la façon dont il se manifeste dans l'écosystème urbain. Cela me permettra alors d'intégrer ces notions dans une méthodologie de conception paysagère afin de redonner une dimension plus vivable aux espaces urbains et de redonner de la place à la nature afin qu’elle prospère. L'objectif de cette méthodologie est de fournir une vue d'ensemble de la manière selon laquelle le concept de paysage sonore s'intègre dans le processus de conception et d'aménagement du paysage urbain. Il ne s’agit pas simplement de réduire les bruits indésirables dans les zones urbaines, mais de soutenir la création d'espaces urbains dans lesquels le son est considéré comme un élément essentiel de l'aménagement du territoire. Paris La Défense, territoire qui prétend être l’avenir (comme il est proclamé sur les panneaux de ses sites en construction “Paris La Defense, l’avenir se construit aujourd’hui”) et qui se présente comme “laboratoire d'expérimentation" urbaine avec sa configuration unique, s'est avéré être un site idéal pour mes recherches sur les paysage sonores urbains. De plus, cette recherche se fait dans le cadre d’une commande de l'établissement public 12 12
de Paris La Défense de faire évoluer ses espaces paysagers et d’intégrer pleinement la biodiversité dans ses espaces verts et bâtis. Le quartier est aussi très attractif avec une prospérité financière et une dynamique urbaine forte qui attend des outils d’aménagement novateurs. C’est donc le moment propice d'intégrer la trame blanche dans ces considérations. La Défense est un quartier représentatif d’une ville moderne, en cours d'élargissement progressif et en développement constant au cours duquel l’humain est l’acteur central et l'écologie ne participe pas à la conception. Ceci est évident dans ce quartier par sa nature en dalle, placé au-dessus d’un réseau entrelacé d'infrastructures de circulation, la principale source de nuisance sonore. Les flux viaires sont privilégiés en premier niveau, les flux humains en second niveau et finalement les flux écologiques auxquels il ne reste que peu d'espace. C’est un paysage en mouvement découlant d'un axe autoroutier central où plusieurs autres trames viaires viennent se croiser, transportant avec eux un concert de sons mécaniques qui, bien qu'étant souterrains, se répercutent à tous les niveaux et perturbent alors le bien-être des humains et des êtres vivants. De plus, le coeur de Paris la Défense est localisé dans un anneau de bruit qui se présente comme obstacle sonore et qui contribue à la création d’une trame de bruit qui dégrade les trames écologiques existantes déjà fragiles. Cela fait donc de La Défense un site intéressant pour une étude des ambiances sonores à deux échelles: sur l'ensemble des réseaux d'infrastructures et à des échelles ponctuelles au niveau de la dalle.
En quoi la trame blanche est-elle une composante essentielle à la valorisation écologique du quartier moderne du cœur de Paris La Défense ? Ce mémoire sera divisé en deux grandes parties. La partie théorie et la partie pratique. La première partie de théorie vise à explorer les nuisances créées par le son en ville et de la dominance de la vue dans la conception urbaine. Cela me permettra de démontrer la dimension sonore dans un écosystème et donc de présenter la nécessité de l'intégration d’une trame blanche dans le processus d'aménagement des territoires. Suite à cela, des méthodes d’analyse et de projet de conception existants de son dans l’espace, par différents domaines, seront explorées.Cette partie sera ensuite conclue par une proposition de “boîte à outils” sonore pouvant être exploitée par un paysagiste pour faire un aménagement acoustique du territoire. Cette recherche sur le son, une fois établie, me permettra alors de développer, dans la seconde partie Pratique, un diagnostic sonore et spatial du cœur de Paris La Défense. Une exploration du site sera accompagnée par un diagnostic spatioacoustic sur les differents espaces publics sur la dalle. Cela me permettra d’identifier l'identité sonore du site au-delà du bruit. Finalement, une stratégie de trame blanche est proposée afin de transformer le paysage sonore du site, de facon à créer un confort acoustic à tout ces usagers. Les notions présentées servirons alors de pistes pour mon projet de TPFE, ou mes recherches seront appronfondis et concrètement explorées.
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I- THEORIE Inspirée par la ligne de pensée de R. Murray Schafer, le compositeur et environnementaliste canadien pionnier de la notion de paysages sonores, cette première partie va tendre le fil rouge de la conception industrielle à la conception acoustique. L’objectif est de poser les problèmes sonores auxquels nous faisons face aujourd’hui afin de montrer l'importance des ambiances sonores pour le bien-être du public, humains et non humains. Une transition écologique ne peut pas prendre place sans qu’il y ait une transition au sensible. L'enjeu est d'essayer de mieux comprendre ce qu'est la qualité sonore pour les habitants dans une ville durable et comment rendre le paysage sonore opérationnel au niveau paysager. Différents concepts sont alors mis en place concernant le paysage sonore pour appréhender, décrire et exprimer le monde à travers cette dimension immatérielle. Je vais créer les "lentilles" qui nous conduiront sur le chemin acoustique sonore “invisible” de mon site d'étude. Cette partie théorique sera conclue par une présentation d’une “boite à outils" de conception acoustique pour un paysagiste qui sera alors exploitée dans le protocole d’action de la partie pratique sur le cœur de Paris La Défense.
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A-LE CRI DES VILLES, UN APPEL À L'HARMONIE 1. LA CACOPHONIE ETOUFFANTE DES VILLES URBANISATION INSENSIBLE ET PAYSAGE SONORE EN DÉGRADATION Les villes d’aujourd’hui sont le résultat d’une urbanisation qui s'est développée à un rythme accéléré. L'humanité a enchaîné des transformations de forêts en terres agricoles, puis en zones industrielles et enfin en centres urbains. Des parcelles bâties ont été placées audessus des territoires qui abritaient auparavant un riche écosystème. Des routes sont déroulées avec des grands bras ouverts à la population rurale pour accéder aux nouvelles métropoles, dessinés sans conscience de l’existant. L’objectif moteur était de créer des figures géométriques uniformes, avec une règle et une tronçonneuse à la main, pour mettre en place ce que le monde moderne considérait être comme un embellissement. Cela a résulté par une urbanisation insensible très anthropocentrique au point de devenir inhumaine et non naturelle. Les écosystèmes urbains font face aujourd’hui à des contraintes écologiques, ce qui permet alors de mettre en question les méthodes adaptées pour la conception des villes du futur et du ménagement des villes d’aujourd’hui. Une récente remise en perspective de l’urbanisme a été encore plus évidente durant la pandémie du Covid19 de l'année 2020, où l'humanité s’est confrontée à un ennemi invisible qui l’a obligée à être attentive et sensible à son
environnement et à être consciente de la position de l’homme dans l'espace public. Pendant un petit moment au début du confinement, les oreilles des citadins ont été débouchées. Des ondes sonores, d’habitude inouïes, ont pu parvenir jusqu'à leurs oreilles. C'était le son de la nature qui reprenait sa voix. L'inouï a été entendu. Les gens ont pris conscience de son existence en eux et le silence a également été apprécié. Le silence était à la une de tous les journaux. La notion de paysage sonore a ré-émergée.
Il est impossible d'étudier les paysages sonores sans mentionner l'un des pionniers du concept du terme "soundscapes” (issue des mots sound "son" et landscape "paysage"), R. Murray Schafer, qui a commencé son exploration sonore autour du monde à travers son projet The World Soundscape Project à Vancouver. Un projet dans lequel il visait à étudier l'”esthétique acoustique” dans différentes régions du monde et à collecter des sons dans chacune d'elles. Cela a donné lieu à la création de son livre “bible” des études sonores: The Tuning of the World (1977) qui se traduit en français par Le Paysage Sonore, Toute l’histoire de notre environnement sonore à travers les âges (1991) dans lequel il présente des paysages sonores de plusieurs pays dans le but de tracer la frise de l'évolution du “son” et du “bruit” dans le monde; de la géophonie (ensemble des sons venant d’éléments naturels non vivants, comme le tonnerre ou la pluie, Bernie Krause), et la biophonie (ensemble des sons dus aux êtres vivants, à l’image du chant des oiseaux, Krause) pour enfin remonter l'envahissement progressif de l'anthropophonie (ensemble des sons liés aux activités humaine, Krause).
Nos paysages sonores d’aujourd’hui font face à un déséquilibre de voix. L'anthropogonie est dominante, même le silence est saturé de bruits ambiants mécaniques. La polyphonie urbaine conquise par les humains, perd sa valeur et se transforme en une mélodie mécanique typique sans identité culturelle ni écologique. Schafer qualifie cette évolution du paysage sonore par un passage du hi-fi au lo-fi. Ces termes proviennent de l’anglais «low fidelity» et «high fidelity» qui décrivent la fidélité d’un son reproduit par rapport à la réalité. Barry Truax un musicologue Canadian, a élaboré plus sur cette notion dans Communication Acoustique (Acoustic Communication, 1984) en expliquant que “les paysages sonores des villes contemporaines du monde entier présentent le même son principal: le trafic.” On parle alors du bruit. Des bruits mécaniques viennent encombrer le paysage sonore des villes et des terres agricoles. Brouillard phonique de gémissement, toussotements et pétarades….Klaxons et des sirènes Le trafic véhiculaire a été trouvé
responsable de 40% des nuisances sonores en milieu urbain où 13 % supplémentaires étaient aussi le résultat du son de trafic éloigné. Ces valeurs changent jusqu'à 30% et 23% respectivement durant la nuit, preuve que le bruit des infrastructures routières est la principale source de nuisances sonores (Rapport CidB, Juillet 2020). La forme urbaine dominante se traduit par une palette sonore nuisible qui affecte la présence des êtres vivants. Se balader en ville c’est s’exposer à un brouillard phonique qui oblige à marcher plus rapidement afin de se trouver un refuge à l'intérieur. Une exode urbaine commence à prendre place. Le confort acoustique l'emporte sur la vie urbaine. Le déséquilibre sonore du milieu urbain, l'écosystème inhumain des humains, a envahi non seulement l’espace physique, acoustique et temporel mais aussi l’espace psychologique de tous ces habitants.
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Plusieurs études et recherches ont été faites afin de montrer l’effet néfaste des nuisances sonores sur la santé et le bien être public ainsi que sur la présence de biodiversité en ville. POLLUTION SONORE, SOURCE DE MAL-ÊTRE POUR LES HUMAINS L’homme moderne passe la plupart de son temps en mouvement dans des trames de circulation, se déplaçant d’un bâtiment vers un autre tout en changeant de paysages muraux et en s'échappant de paysages ouverts exposés aux nuisances de la ville. Ironiquement, nos voies de circulation sont celles qui causent le plus de dégâts sonores dans les villes. Bruitparif, un centre d’évaluation technique de l’environnement sonore en Ile de France fondée en 2004, a noté que le bruit routier est responsable de 61 % des impacts sanitaires, suivi par le bruit ferré (22 %) et le bruit aérien (17 %) qui émettent des sons a un niveaux d'intensité beaucoup plus élevé que 68dB. Cela explique alors la tendance des citadins à fuir le monde qu’ils ont créé et ses perturbations. Face à la saturation de la ville en des bruits mécaniques ambiants, ils trouvent du mal a dormir sans se faire réveiller des sons d’un moteur ambiant, ou même de s'écouter dans leurs bureaux sans être interrompu par des klaxonnements du monde extérieur. Mais la pollution sonore ne consiste pas seulement à perturber la vie quotidienne des citadins. Elle est également à l'origine de nombreux problèmes physiologiques et
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psychologiques. Outre l'augmentation du risque de perte d'audition (2 milliards de personnes dans le monde, soit une personne sur quatre, souffrent de déficience auditive à des degrés divers d’ici à 2050 -Organisation Mondiale de la Santé OMS, mars 2021) les expositions au bruit dans l'environnement sont liées aussi à des effets de santé non auditifs, tels que des troubles du sommeil, des maladies cardiovasculaires. Les études de Bruitparif sur la pollution sonore dans l'agglomération parisienne expose l'impact du bruit sur la santé des franciliens et souligne que le bruit constitue un problème sérieux à la santé publique. Une étude réalisée sur l’Ile-de-France en février 2019, en collaboration avec l'OMS, mesure l’impact du son sur la santé. Se basant sur des données d’exposition aux nuisances sonores des voies de transport durant la journée (Lden) et la nuit (Ln) établie par Bruitparif, OMS expose qu’environ 66 000 années de vie en bonne santé sont perdues (en AVCI= Années de vie corrigées du facteur invalidité) chez les habitants de l'agglomération parisiennes. De plus, le Centre d'information sur le bruit (Cidb) en France expose que 80% des télétravailleurs affirment que la pollution sonore a des répercussions sur leurs comportements et dégrade leurs conditions de travail (octobre 2020). L’Institut de Recherche et de Coordination Acoustique/Musique (IRCAM) mentionne aussi
que 3 Français sur 4 déclarent que les sons du quotidien ont un effet important sur leur humeur. En effet, il est reconnu que le bruit “peut provoquer des troubles de l’apprentissage chez les élèves (gêne, stress) particulièrement dommageables chez des personnes fragilisées par la maladie.” Le bruit en tant que gène a conduit la société à réglementer sur la dimension sonore. Ainsi, une chaîne de plaintes des troubles sonores de 1628 jusqu'au début XXème est mise en évidence par Murray Schafer, qui a énuméré dans son livre les lois mises en place pour traiter la pollution sonore, qui était issue de chanson et de cris de rue ou de nuisances industrielles. Des lois ont aussi été mises en place pour contrôler le son la nuit et pour préserver le silence nocturne. Je vais compléter sa liste avec certaines des nouvelles lois qui existent aujourd'hui pour traiter le bruit. Depuis la fin des années 1980, des lois et réglementations sur le contrôle de l'intensité sonore et des nuisances sonores ont commencé à être de plus en plus impératives. La loi “bruit” ou “Royal”, mise en place le 31 décembre 1992 est la première loi qui prend en considération le bruit globalement dans un voisinage. Le Code de la Santé Publique mentionne aussi qu’ “aucun bruit particulier ne doit, par sa durée, sa répétition ou son intensité, porter atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l’homme, dans un lieu public ou privé” (article R. 1336-5 du Code de la santé publique). De plus, en 2002, une évaluation et gestion de bruit, dans les grandes agglomérations et à proximité des grandes infrastructures de transport a commencé à être mise en place
annuellement par la directive européenne. Bruitparif a publié en 2019 un Plan de Prévention de Bruit de L'environnement (PPBE) qui est basé principalement sur le bruit créé par les infrastructures routière mais qui prend en considération les nuisances sonores sur la nature en proposant des zones calmes à préserver. Il y a toujours un manque de dispositions légales contre la pollution sonore pour la biodiversité. Cependant, Natura 2000 mentionne l’importance de réduire le bruit pour la préservation de ses sites et l’Etat se lance de plus en plus dans des études concernant la pollution sonore et la biodiversité. De plus la CNB, Conseil National du Bruit, proclame l’importance d’ajouter des enjeux de bruits dans le PLU afin d'intégrer des solutions traitant les impacts du bruit dans l'aménagement des territoires, reconnaissant que réduire le bruit est donc source de repos et de tranquillité. C'est une première évocation "scientifique" de la relation entre aménagement urbain et ambiances acoustiques. Cepandant, il est important de mentionner que toutes ces lois présentes jusqu'à aujourd'hui perçoivent le paysage sonore du point de vue de l'environnement bâti. Il s'agit d'une question qui concerne la santé publique dans les espaces publics, plus précisément dans les écosystèmes urbains. Il est alors urgent de commencer à considérer tous les êtres vivants comme des acteurs de la fabrication des paysages urbains.
LE PPBE 2019 - 2024
DÉCRET n° 2012-343 9 mars 2012 relatif aux bruits ou tapages injurieux ou nocturnes troublant la tranquillité d'autrui CODE DE LA SANTÉ PUBLIQUE 1er septembre 2006
LA DIRECTIVE EUROPÉENNE 25 juin 2002
DÉCRET n° 95-22 9 janvier 1995 relatif à la limitation du bruit des aménagements et infrastructures de transports terrestres
LA LOI ROYAL 31 décembre 1992
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LA RÉSILIENCE SONORE DE LA NATURE EN VILLE “On se rend compte avec tristesse que l'homme moderne a oublié jusqu'au nom des oiseaux. "J'ai entendu un oiseau", me dit-on souvent en ville lors des promenades d'écoute. "Quel oiseau ? – Je ne sais pas." - R. Murray Schafer Outre le fait que la nature soit visuellement de moins en moins présente en milieu urbain, son son est oublié. La nature qui se bat pour sa place dans la ville est étouffée dans les interstices de celle-ci, où elle se trouve muselée et perd sa voix. La bioacoustique, discipline scientifique fondée par Bernie Krause qui consiste à écouter la biophonie pour étudier la nature, prouve l'importance des signaux acoustiques entre espèces pour la communication, le développement, la défense, etc. Le son a toujours été un intérêt environnemental dans le développement de pratique de protection, de paysage et de biodiversité, le son est utilisé de plus en plus comme outil de repérage d’animaux "sonores" comme les oiseaux, chauves souris et même les orthoptères. Meme si le bruit n'est toujours pas consideré comme un agent perturbateur directe de la biodiversité par la
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IPBES (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services), il est impossible de nier, qu'aujourd’hui, le bruit devient de plus en plus une inquiétude écologique. Les villes risquent de se retrouver en état de dysphonie, d’une absence de son non anthropiques, un terme employé par Krause pour désigner l'urgence des écosystèmes urbains face à la perte des sons sauvages. Le bruit anthropophonique est une préoccupation.
Ils ajoutent que quelques espèces arrivent à s’adapter en changeant de fréquence de chant. C'est l'Effet Lombard. D'autres modifient le temps d'émission de leurs ondes sonores dans la journée, on parle du décalage de l'horloge biologique. L'Effet Lombard
En ne pouvant pas s'entendre ou de trouver abri du bruit comme le font les humains, la nature est exposée constamment à des ondes sonores nuisantes et n'a aucun autre choix que de s’adapter et de subir le stress incontournable de la vie urbaine. Jérôme Sueur, un éco-acoustician au Musée National de l’Histoire Naturelle, et Thierry Aubin, directeur de recherche au Centre National de Recherches Scientifiques (CNRS), expliquent cela sur Radio France Culture dans une interview intitulée “La Nature Bientôt Silencieuse” (2019) en parlant d’une perte de biodiversité acoustique liée à une augmentation d'une perte de diversité. Ils expliquent que le bruit à basses fréquences des voitures dominant empêche les animaux qui communiquent avec ces même fréquences de s'entendre, engendrant alors leurs fuites. D'où la disparition d'espèces en milieu urbain et donc le silence de la nature. "En 50 ans, 50% des sons de la nature ont disparu" - Bernie Krause
Tout cela conduit alors à une homogénéisation et globalisation des paysages sonores. Les espèces qui bénéficient de ces transformations de paysages acoustiques vont finir par conquérir de plus en plus les espèces qui ne sont pas capables de s'adapter. Une remodélisation constante des écosystèmes urbains naturels provoque un stress important sur la faune et la flore.
Le rapport Bruit et Biodiversité, publié par Bruitparif en Mars 2020, démontre que la flore est aussi affectée par les nuisances sonores. Tout d'abord, d'une façon indirecte par la diminution de la diversité de la faune. Aussi, la flore ellemême émet des ondes sonores. Des études de bioacoustic végétale démêlent le rôle du son dans le comportement des plantes et des arbres. bien qu'ils communiquent par des ultrasons, ces derniers sont aussi affectés.
Pour une fois, la biophonie a dominé le paysage sonore urbain et les humains se sont sentis connectés à la nature, soulignant en outre que la nature apaise la ville et a un grand impact en retour sur le bien-être des citadins. Le paysage sonore détermine alors la présence de biodiversité en écosystèmes urbains. Une pression de la demande sociale en faveur d’un habitat de qualité et une réinvention du cadre de vie sont alors nécessaires.
Cepandant, les oiseaux sont les principaux organismes concernés dans les recherches des effets des sons anthropiques sur la faune. C’est pour cela que je me concentrerais principalement sur ces espèces en tant qu’indicateurs de biodiversité en ville.
La création d’un équilibre acoustique est impératif. Ayant établi les problèmes liés au son des villes, explorons les façons dont le son se manifeste au-delà de la notion de bruit.
De plus, le confinement a abouti à une diminution des activités humaines notamment de transports. Fanny Mietlicky, la présidente de Bruitparif exprime que "maintenant, on peut entendre les détails qui étaient masqués du paysage sonore, comme les chants des oiseaux". Elle ajoute qu’une baisse considérable de niveaux sonores a eu lieu depuis le 16 mars 2020. Cette baisse se situe "de cinq à dix décibels, entre trois et dix fois moins d'émissions sonores générées par l'activité humaine".
2. LA TRAME BLANCHE, UNE INTERFACE ÉCOLOGIQUE
Les paysagistes sont les médiateurs des flux écologiques, sociaux, économiques et physiques qui constituent les espaces non bâtis. Afin de pouvoir explorer la notion de trame sonore, en tant que paysagiste, il est nécessaire de comprendre la façon dont le son existe entre les êtres vivants et dans l’espace et de comprendre comment il fait partie intégrante de notre vie quotidienne.
LE SON, UNE IMMERSION SENSORIELLE PLURIDIMENSIONNELLE “La musique ainsi produite est au sens strict inouïe. Ce ne sont plus seulement les oreilles qui l’entendent mais tous les cœurs humains qui battent dans les artères de la métropole, emporter dans son rythme qui fait danser la vie”. - Henry Torgue L’expérience humaine de l’écoute vient avant celle de la vue, la tradition orale précède l’écriture. Aujourd’hui, l'ouïe vient après la vue. “L’oreille a en Occident, depuis la Renaissance avec l’invention de l’imprimerie et l’ apparition de la perspective en peinture, cédé à l’œil le rôle de premier récepteur de l’information” (M.Schafer, 33). Néanmoins, nous vivons activement dans une sonosphère. Un son, contrairement à la vue, ne peut pas être bloqué. “Les oreilles n’ont pas de paupières" (Pascal Quignard, La haine de la musique). Schafer affirme que l’œil projette vers l'extérieur alors que l’oreille attirée vers l'intérieur, ce qui fait de l'ouïe un sens très personnel, comme le toucher. Compositeur et directeur du laboratoire Ambiances Architecturales et Urbaines au CNRS et chercheur au Centre de Recherche sur l’Espace Sonore et l’environnement urbain (le CRESSON) à l'Ecole nationale supérieure d'architecture de Grenoble, Henry Torgue explique dans son livre Le sonore, l’imaginaire et la ville (2012) que la vue est le sens le plus évident
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avait pour but de faire écouter aux gens le silence. Il oblige à regarder au-delà des effets sonores qui contrôlent l'espace sonore et à entendre l'inouï qui façonne les paysages. Il met en avant l’importance d'écouter le bruit qui devient son quand on apprend à le connaître. Comme dans les films, le son est un “unificateur de temps” (Torgue, p.96) et connecteur entre le vivant et le visuel. Cette interrelation entre le physique et le sonore, met en avant le son comme un élément impératif de l'écosystème qui peut renseigner sur l'état et le bien-être de l’environnement, et déterminer la dynamique de pouvoir qu'y existe.
sur lequel on se base le plus et que “l’ouïe est vraiment le sens par lequel est ressentie l’immersion corporelle dans le milieu ambiant. Le sonore nous submerge, nous stresse ou nous apaise, réactivant toujours la conscience de notre échelle corporelle.” Il ajoute que l’homme est un "être au monde” immerger dans le sonore sous trois dimensions: la propriété, l'émotion et l'altérité, puisque “entendre c’est aussi s’ entendre”. Les sens introduisent l'être présent en tant que conscience active dans un contexte animé. Parce qu'à la fin, l'humain est un être sensible en exploration dans un monde multidimensionnel dans lequel le son intangible est le plus immersif et le plus réel, nourriture de l’imagination, un outil d'interprétation de notre environnement. De plus, “le sonore est un facteur de captation et d’expression des émotions à la fois au plan individuel et au plan collectif" (Henry Torgue, p.127). C’est un outil de communication de tout être vivant. On est en même temps récepteurs et émetteurs, compositeurs et spectateurs du paysage sonore (Schafer). La dimension paysagère est alors mise en évidence en tant que support de communication des êtres vivants. Dès qu’on est à l'extérieur, on est en dialogue avec le monde. On commence à parler du son en tant que dimension paysagère avec l'émergence du
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L'ÉCOLOGIE ACOUSTIQUE ET LES AMBIANCES SONORES terme “Paysage sonore” créé par Murray Schafer, traduit de l’anglais “Soundscape”, construit à partir du mot “landscape” (paysage) et qui insiste sur la concentration de la perception des sons. Ce terme est utilisé pour désigner tout aspect sonore qui façonne un paysage et est devenu un outil pour montrer l’interrelation entre le son et le visuel, et l’espace. De nombreux artistes ont utilisés ce terme pour attirer l'attention sur l'espace acoustique que nous avons appris à négliger par le biais du visuel. Des artistes comme John Cage, un compositeur américain, ont introduit la musicalité des paysages sonores quotidiens dans la salle de concert. Son œuvre la plus célèbre, 4'33' (1952)
"Si un bruit vous dérange, écoutez-le." - John Cage L'écologie acoustique, différente de la bioacoustique qui émerge les relations entre les organismes vivants et leur environnement sonore, est une étude mise en avant par Schafer avec le développement du concept de paysage sonore. Il la définit comme “l’étude des rapports entre les êtres vivants et leur environnement. L’écologie acoustique se définit donc comme l’étude des influences d’un environnement acoustique ou d’un paysage sonore sur les caractères physiques et le comportement des
êtres qui l’habitent. Elle a pour objectif de signaler les déséquilibres qui peuvent se révéler malsains ou dangereux.”
(configuration spatiale, propositions sensorielles diverses, etc.) et comme intériorité (ressenti personnel, sentiment collectif, etc.).
Le son ici est bien démontré comme étant une entité de l'écosystème. Schafer approche ainsi la ville comme composition musicale. En écoutant les proportions de présence de différents sons dans l'espace, nous pouvons déchiffrer les couches acoustique du paysage et comprendre les dynamiques de pouvoir qu’il comprend. C’est comme ça que l’éco-acoustique reconnaît que les sons peuvent être à la fois le sujet et les outils de la recherche écologique.
La perception d’une ambiance est définie par la morphologie d’un paysage, par ses usagers et par les activités qu’ils intègrent, où le son est signature des qualités de l’espace environnemental. Les ambiances sonores sont les manifestations des interactions qui habitent un paysage. La ville est un intermédiaire de communication acoustique. On parle de ville orchestre pour exprimer l’action de jouer ensemble qui l’anime. Analyser les ambiances sonores qui le façonnent permet alors une visualisation des interactions et des mouvements de l’écosystème urbain.
Augustin Berque, un géographe et philosophe français. désigne le milieu comme étant l'ensemble des relations fusionnelles, naturelles et vivantes qu’entretient un acteur social avec le monde. Cela pour dire qu' un écosystème sain s'effectue non seulement aux niveaux physique et écologique mais aussi social et psychologique. On parle alors de notion d’ambiance et de qualité de vie pour étudier l’aspect sensible et multisensoriel d’un écosystème. En 1980, l’ambiance entre dans le vocabulaire scientifique comme référence centrale pour qualifier les ressentis éprouvés par les occupants des espaces architecturaux et urbains. Jean Paul Thibaud, directeur de recherches du Centre National de Recherches Scientifiques (CNRS) et chercheur au CRESSON, définit l’ambiance comme: “un espace-temps éprouvé en termes sensibles”. Henry Torgue ajoute que l’ambiance se définit à la fois comme matérialité
“L’écoute donne mesure de l'échelle d’un paysage, du plan physique et du plan psychologique” - Henry Torgue Ces notions sont confrontées aujourd'hui à des problèmes de décloisonnement en milieu urbain. Ce domaine d'écologie acoustique s'entremêle dans la compréhension du paysage et doit être utilisé pour le concevoir et mis en question dans le milieu urbain. Le paysage sonore, autre que son rôle d’apaisement et de musicalité, doit être reconnu pour ses dimensions sociétales et anthropologiques. “Il ne s’agit plus de séparer l’homme et le monde mais d’envisager l’homme dans et avec le monde” - Henry Torgue
Les humains sont à la fois maîtres de la situation et exaspérés par les ondes sonores subies. Cependant, il ne s’agit pas de seulement repérer et travailler les bruit mais aussi de créer des ambiance sonore qui sont invitante, agréable et apaisante pour tous. UNE TRAME EN SYNERGIE AVEC TOUTES LES TRAMES ÉCOLOGIQUES “La vue est-elle souveraine dans l ’esthétique paysagère ? Le paysage sonore répète-t-il simplement le paysage visuel ou indique-t-il des éléments, des dimensions oubliées ou mésestimées dans le paysage moderne tel que vu?” - Jean-François Augoyard Au lieu de se cacher derrière des murs et protéger nos oreilles de l'extérieur hostile à tous êtres vivants, des nouveaux enjeux d'urbanité sensible doivent se poser. On doit apprendre à fermer les yeux et tendre l’oreille vers nos villes. Une remise en question de nos méthodes d’urbanisation est alors nécessaire. Il faut accompagner la transition écologique des villes par une transition au sensible, par une transition de bruit en son. La notion de trames écologiques constitue le noyau de la conception paysagère viable. On parle généralement de la trame verte et bleue qui se base principalement sur le visuel, des éléments physiques visibles. Leur dénomination est elle-même basée sur leur apparence dans le
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paysage et nous les traitons en fonction de leur spatialisation, des continuités et des noyaux. Nous les cartographions comme si toutes les zones étaient égales. Mais comme une image perd d’impact sans ses couleurs, une forêt est non vivante sans chants d'oiseaux ou ruissellement de vent. Une nouvelle approche paysagère devient nécessaire pour aborder le son en relation avec ces trames écologiques dans le but de créer des habitats de qualité acoustique humaine et naturelle. On a commencé à parler très récemment de la trame sonore pour qualifier le bruit dans le paysage. Romain Sordello, un ingénieur expert de biodiversité, introduit la notion de “trame son” dans son article Trame verte, trame bleue et toutes ces autres trames dont il faudrait aussi se préoccuper (2017) pour en parler de la relation du paysage sonore sur la qualité des trames verte et bleue. Il explique qu’une trame bruit engendre une fragmentation d’habitat sous forme de dégradation du paysage. Cependant, la gestion du bruit et le croisement d’une trame silencieuse avec tout autre trame écologique sont des outils de restauration de continuités écologiques. Afin de pouvoir intégrer cette trame immatérielle et incolore dans le monde du visuel, la terminologie de “blanche” lui est accordée. Je trouve intéressant de faire la référence aussi, de ce terme qui a été approprié à la trame de son, au bruit blanc, notion qui designe le son constituer
de toutes les fréquences sonores audibles par l’homme (entre 20hz et 20000hz-20khz) superposer aleatoirement où la densité spectrale de puissance est la même pour toutes les fréquences. La trame blanche sert à mieux intégrer le son dans le processus de création de paysage et est donc source de prospérité écologique, spécifiquement en milieu urbain qui souffre d’une dissonance nuisante. La trame blanche n'agissant pas seule doit être étudiée en relation avec tout élément de l'écosystème. Le son et le bruit existent en synergie avec tous les autres composants et trames qui constituent l'environnement. La Cibd mentionne cette interrelation aussi dans sa publication du guide Convergence des actions Bruit, Climat, Air, Energie pour une planification performante, en septembre 2006, en réponse à l'appel de l'ADEME (agence de la transition écologique en Ile-de-France) en mettant en relation les plans PCAET (Plan Climat Air-Énergie TerritoriaL) et PPBE.
«design sonore » dans les stratégies commerciales, mondialisation sonore, méthodes coopératives…” Le son peut être facilement utilisé et modifié pour accroître la biodiversité. Ainsi, en résolvant le problème de la pollution sonore et en remodelant le paysage sonore, les villes peuvent devenir des lieux de coexistence et le son se présente alors comme solution. Je vais explorer cette notion, de manière plus tangible, en examinant les méthodologies existantes de visualisation et de spatialisation de cette dimension invisible aussi que les projets réalisés sur la notion du son dans l’espace public. Cela me permettra de tirer des conclusions afin de créer une “boîte à outils" pour traiter le paysage sonore dans le domaine du paysage urbain. L'idée est finalement d'inverser la relation traditionnelle entre le son et la conception, où le son modèle le paysage et non l’inverse.
Selon le CRESSON, laboratoire d'expérimentation qui participe à l'étude de l'approche sensible sonore dans l'espace habité depuis 1979, la dimension sonore est “considérée comme une dimension essentielle des ambiances par ses multiples implications, la dimension phonique doit être interrogée au regard des enjeux contemporains : transition écologique, économie des territoires, densification urbaine, montée du
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LES PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DES ONDES SONORES Afin de cartographier le son dans l'espace, une connaissance de base du son est nécessaire Onde diffusée
Ondes diffractées
Onde refléchie
"Je suis depuis longtemps persuadé qu’un environnement acoustique reflète, lui aussi, les conditions qui le produisent et fournit de nombreuses informations sur le développement et les orientations d’une société." - R. Murray Schafer
Récepteur
Source Onde transmise Onde absorbée
AMPLITUDE Correspond à la pression acoustique qui se traduit par l'intensite du son, c'est le niveau sonore. FRÉQUENCE Elle correspond à l'hauteur du son (grave ou aigu).
LE TIMBRE Correspond à la qualité spécifique des sons, indépendante de leur hauteur, de leur intensité et de leur durée.
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B- LIRE LE PAYSAGE AVEC LES OREILLES
On a l’habitude de mesurer avec les yeux mais maintenant que nous savons comment l'écoute informe l'environnement, comment pouvons-nous lire le paysage avec les oreilles? La représentation est cruciale pour la description et la transmission des caractéristiques d’un espace sonore, ainsi que pour l’exploitation de ses particularités dans la démarche de projet. Les méthodes de cartographies peuvent servir de leviers aux concepteurs et aux acteurs de l'aménagement dans le cadre de projets urbains et de paysage. Il s’agit alors de créer des notations des paysages sonores, des sonographies, afin d’appréhender, collecter, représenter, analyser et critiquer les ambiances sonores urbaines. Visualiser l'ouïe est complexe parce qu'elle combine plusieurs dimensions : - La dimension acoustique, liée à la description physique des sources et signaux sonores.
- La dimension spatiale, qui analyse l’espace de la propagation des ondes sonores dans l’ espace naturel ou minéral. - Et la dimension auditive, liée aux récepteurs du son, humains et non humains. C’est la perception que chaque individu s’approprie et l'interprétation que chacun imagine. Cependant, je vais classer les différentes visualisations sonores trouvées dans les deux catégories suivantes: les sonographies descriptives (comprenant la dimension acoustique et spatiale) et les sonographies de perspectives (constitué de la dimension auditive). Ces sonogrophies sont toutes des outils expérimentaux et exploratoires. Autres que les méthodologies d'enregistrement et de prise de son, il n'y a pas nécessairement d'instructions spécifiques pour la façon dont le son est interprété visuellement.
1. LES SONOGRAPHIES DESCRIPTIVES CARTOGRAPHIES DE SONS OU SOUND MAPS Schafer a présenté ce type de cartographies, qui présentent une projection aérienne avec des informations sonores sur l’espace, comme des “sonographies aériennes”. Pour lui, ces sonographies sont nécessaires pour
les architectes, urbanistes et acousticiens et tout autres domaines pour leur lisibilité et facilité de compréhension. Il parle de la carte isobel qui consiste d’une carte de contour d'intensité sonore.
Contrairement à l'exemple de la carte de Shafer, celle-ci est basée sur une modélisation qui ne prend en compte que le bruit des infrastructures de transportation (routes, voies ferrées, trafic aérien) et non pas d'un point de vue piéton. JOUR
Bruitparif a également travaillé sur différentes cartes sonores de l'Ile-de-France, telles que les cartes de plaintes de bruit. Il est également important de mentionner les cartes des points noirs qui sont principalement utilisées par les aménageurs pour localiser les bâtiments fortement exposés à la pollution sonore due au trafic. Schafer a aussi introduit les cartes d'événements sonores. Ces sonographies mesurent la distribution et la récurrence des sons. La création de cette carte devrait être limitée à une période spécifique et les informations doivent être recueillies en marchant sur ou autour de l'endroit sélectionné (example dans la page suivante).
NUIT
Finalement, toute ces sonographies sont des outils expérimentaux et exploratoires. Autres que les méthodologies de prise de son, il n'y a pas nécessairement d'instructions spécifiques pour la façon dont le son est interprété visuellement. De nombreux artistes et fanatiques du son ont utilisé des cartographies sonores comme outils collaboratifs et interactifs pour se connecter à des lieux. Différentes manières de dessiner les cartes ont été explorées, dont certaines sont accompagnées d'enregistrements sonores.
Cette carte isobel du parc Stanley à Vancouver, en Colombie-Britannique, montre les niveaux sonores moyens à différents endroits. Similaire à cela, aujourd'hui on trouve des cartes d'intensité sonore sous forme de cartes thermiques. Bruitparif a créé des cartes stratégiques de bruit (CSB) disponibles en ligne. Il s'agit de cartes d'intensité sonore durant le jour et la nuit. https://carto.bruitparif.fr/ (2017)
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Une carte d'événements sonores
The Tuning of the World, p.265
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ChattyMap (anglais pour Carte Bavardes) POURCENTAGES DES SOURCES
EMOTIONS DES USAGERS
Cartophonies
http://goodcitylife.org/chattymaps/index.php
ChattyMap est une carte qui code en couleur les rues de Londres en fonction de leur source sonore dominante. En cliquant sur chaque rue, un diagramme du pourcentage des sources sonores apparaît, ce qui permet d'avoir une meilleure "vision" du paysage sonore à un endroit précis. De plus, la relation entre les paysages sonores et les émotions a également été cartographiée. Le site "Cartophonies", créé par Grégoire Chelkoff, un professeur à ENSA Grenoble et un des fondateur du CRESSON, explore l'expérience sonore contemporaine. Son objectif est de contribuer à la connaissance actuelle des milieux de vie. Il propose des fragments sonores situés, datés, commentés, classés, issus de diverses recherches dans plusieurs villes du monde. C'est un projet participatif qui explore la diversité des expériences auditives. Les cartographies sonores sont alors des outils cruciaux qui servent de base de compréhension du paysage sonore. Une répartition des données sonore sur l'espace permet d'informer sur le lieu et sur l'ambiance sonore qui l'englobe. Cela permet également aux concepteurs et aux aménageurs d'identifier des zones de qualités ou d'inconvénients acoustiques. Je me servirai alors de ses genres de sonographies comme base pour une compréhension de l'interrelation entre paysage sonore et paysase physique.
https://www.cartophonies.fr/
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GRAPHES ET DIAGRAMMES Principalement créés par des outils électroniques, les graphes donnent des informations techniques sur un paysage sonore. La relation entre l'intensité des sons (amplitude) ou la fréquence (hauteur) ou encore le moment de l'apparition d'un certain événement sonore est mise en évidence par ce type de sonographies. Ces derniers peuvent également être approfondis et utilisés comme outil pour montrer les échanges de sons se déroulant pendant une période donnée à un lieu précis. Un spectrogramme est une représentation visuelle du spectre des fréquences d'un signal tel qu'il varie dans le temps. Ce type de graphiques est très utilisé à des fins d'écologie acoustique. L'exemple suivant est tiré d'une conférence de Jérôme Sueur sur l'acoustique et la biodiversité (Université de Lille, Décembre 2019) dans laquelle il explique comment utiliser les spectogrammes pour déchiffrer un paysage sonore et identifier la présence de différentes faunes à l'endroit précis de l'enregistrement. Cette méthodologie est très utile pour l'identification des différentes sources sonores, sur une échelle de sons, à un lieu précis. Cela aide à déduire l'équilibre existant entre différentes sources sonores dans un lieu, et de le relier ensuite à la qualité de l'espace. Le spectogramme est aussi un super outil de visualisation d'événements sonores au cours du temps et
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peuvent alors amener une compréhension des relation entre source sonore et type de son.
Un graphe temporel des niveaux sonores par espèce
En regardant un spectogramme, on peut remarquer que les sons ambiants du trafic et des avions remplissent l'échelle des basses fréquences alors que ceux des oiseaux remplissent l'échelle des hautes fréquences. Ceci peut cependant être utilisé pour cartographier le changement de comportement des espèces et comprendre leurs distribution dans le paysage spatio-acoustic. The Tuning of the World, p.266
VISUALISATIONS EN 3D Visualiser le son dans son espace 3D est un excellent moyen pour plus précisement comprendre la façon dont la dimension sonore morphone l'espace physique, aussi que l'interrelation entre le son et l'espace physique. Esquis'Sons ! est un outil d'aide à la conception d'environnements sonores durables développé parle laboratoire CRESSON qui rend tangible la relation son/espace. Il sert d’esquisse sonore pour intègrer les principaux résultats de la phase de terrain dans une interface paramétrique utilisant les logiciels Rhinoceros, Max MSP et le plug-in Grasshopper, pour donner la possibilité d’entendre des scènes sonores générées à partir d’un modèle numérique de l’espace en 3 dimensions.
Les modélisations 3D peuvent être alors utilisées pour comprendre l'impact des ondes sonores à un point précis, en relation avec la morphologie du terrain, les matériaux, les densités végétales, etc. En émettant des radiations sonores multidirectionnelles d'un point source spécifique, on pourra comprendre les points et les surfaces sur lesquels l'onde sonore va bondir. Cela permet d'avoir une idée plus précise des points les plus affectés par les nuisances sonores et donc de localiser les points sonores nécessaires à traiter au niveau spatio-morphologique. Une projection 3D me servira dans mes études pour voir la façon dont le son est présent dans un site par rapport à l'espace dans lequel il est émis, les différences de niveaux, les bordures qu'il franchit, etc.
2. LES SONOGRAPHIES DE PERSPECTIVES "Notre perception de l’espace dépend autant de ce que nous entendons que de ce que nous voyons." - Max Neuhaus Le bruit étant une chose très subjective "un bruit pour quelqu'un est une musique pour un autre" (“one man’s noise is another man’s music”), il est alors impératif d'étudier les points de vue des différents usagers de l'espace. Cette approche nécessite la participation de la population locale à des promenades sonores et des enquêtes sociales. Les connaissances des locaux sont importantes pour fournir un contexte supplémentaire sur le site d'étude. Elle vise également à impliquer la perception de l'espace par tout usager pour une variété de points de vue. Schafer surnomme cette population de témoins auditifs (“earwitness”). PARCOURS COMMENTÉS Il s'agit d'un exercice d'écoute au cours duquel les participants doivent se promener dans l'espace, écouter la sonosphère qu'ils ont pénétrés et décrire ce qu'ils entendent et ressentent. La promenade est enregistrée et est ensuite utilisée pour la création d'une synthèse relative au site traversé.
https://www.esquissons.fr/ (2015-2021)
Expérimentation personnelle de visualizations 3D
Jean Paul Thibaud, inspiré par la notion de “soundwalking” (marche sonore) de R.Murray
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Schafer, qui consiste d'une promenade axée sur l'écoute de l'environnement, il propose la stratégie de parcours commentés. Il explique dans son article Les parcours commentés (2001), qu’il s’agit “d’accéder à l’expérience sensible du passant”. Outre le fait que cette méthode donne une variété de perspectives, Thibaud souligne que cet exercice est crucial pour ajouter une dimension spatiotemporelle qui rend visible l'ensemble des différentes expériences qu'un même lieu peut donner. Il s'agit d'une expérience où tous les sens sont activés et où les ambiances sonores sont mises en valeur. Jean-Paul Thibaud explore encore plus loin cette approche par la création de ce qu’il appel une traversée polyglotte. C’est un compte rendu, sonore ou écrit, de la traversée d'un site consistant à trier et sélectionner un certain nombre de données descriptives et de les organiser par rapport à la traversée. Elle peut prendre forme d'un enregistrement sonore pour créer un “montage sonore effectué à partir de plusieurs enregistrements de parcours commentés”. Cette méthodologie consiste à trier et sélectionner un certain nombre de données descriptives et de les organiser par rapport à la traversée.
C'est alors une methodologie nécessaire pour donner la parole aux habitants humains du paysage.
CARTES MENTALES Les cartes mentales peuvent servir de couche supplémentaire aux parcours commentés. Il permettent de prendre encore plus en considération le lieu que la personne traverse en exigeant qu'elle observe plus en écoutant et d'écrire et de dessiner ses ressentis.
Les parcours commentés ou la prise en considération des ressentis des personnes par un exercice d'écoute du paysage acoustique informe sur les ambiances sonores telles qu'elles sont perçues par différents usagers. Cartes mentales des parcours commentés effectués à Vauban en juin 2010 ( Élaboration d’une méthode de qualification du paysage sonore, Elise Geisler, 2013)
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Les cartes mentales permettent non seulement d'ajouter des couches supplémentaires à la dimension auditive, mais aussi de donner une vision de l'espace tel qu'il est perçu par ses habitants quand tous leurs sens sont exacerbés et la multidimensionnalité du paysage est perçu. SONDAGES ET QUESTIONNAIRES Cette méthodologie consiste à interroger les habitants et les usagers d'un site sur le paysage sonore du lieu: ce qu'ils entendent, comment cela les affecte et ce qu'ils en pensent. Ce type de sondages de l’auditif figure très souvent dans des études anthropologiques qui considèrent le son comme l'un des sens humains indicateur de la qualité de vie des citadins dans les villes. Un sondage sur le bien être de femmes en ville realisé en 2018, intitulé La Ville Pour Tou.te.s tou par Womenability, une association d’integration du genre dans les villes à Paris, utilise les sens pour étudier l’inclusivité des lieux. La partie "écouter la ville” montre que les femmes se sentent plus à l'aise dans les villes lorsqu'elles entendent des bruits de rassemblements amicales, d'enfants qui jouent ou même de chant d’oiseaux. Il a été souligné que le silence total n'est pas rassurant et suscite un sentiment d'insécurité. Cet exemple montre la manière dont les enquêtes peuvent être utilisées pour mettre en évidence des problèmes qui ne sont ni tangibles ni perçus. Les sondages peuvent aussi prendre forme d'activité ludique et collective.
http://pepason.fr/?p=608
Pepason (Pédagogies des Paysages Sonores, 2019) est une association de loi 1901 qui a créer un jeu intitulé "le paysage sonore". Ce jeu permet à un groupe d'enfants d'écouter un enregistrement sonore et de décrire leurs sentiments à l'aide d'images et de papier de couleurs pour en discuter après de ce qu'ils écoutent.
En plus d'informer les concepteurs de la ville sur les ambiances sonores, les sondages permettent de sensibiliser les gens au paysage sonore. Ils permettent aux gens d'activer leur sens de l'audition et de tendre l'oreille à la dimension sonore dans laquelle ils vivent. Après ayant établi les façons de percevoir cette relation entre le son et le bien-être en ville, je vais poursuivre en montrant une étude acoustique urbaine qui a très clairement décrit la relation entre les paysages sonores et les principes d’urbanisme.
http://pepason.fr/?p=608
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3. LES SONOGRAPHIES COMME OUTILS DE COMPREHENSION DE L'ESPACE Recomposing The City (Recomposer la ville) est un groupe de recherche collaboratif, basé à Londres et fondé en 2013, qui réunit des artistes, des architectes, des urbanistes et d'autres personnes pour étudier la relation entre le son et l'espace urbain. Ils publient en 2018 The Sound-Considered City: a guide for decision makers (la ville qui considère le son: un guide pour les décideurs) dans lequel une relation très appropriée entre le diagnostic sonore et la vie en ville est mise en évidence. Ils considèrent que les paysages sonores vont au-delà du bruit et montrent comment leur compréhension peut nous en dire beaucoup sur les espaces publics. Ils ont examiné les sons de chaque endroit de trois façons : - En utilisant le décibelmètre, ils ont établi les niveaux de bruit minimum et maximum - Ils ont ensuite pris des notes dans chaque lieu en indiquant à quel point il était agréable d'y tenir une conversation. - Ils ont également prêté une attention particulière à la qualité du son dans chaque lieu en effectuant un enregistrement de son de trois minutes et en prenant des notes. L'enregistrement a été reécouter après et les sons dominants on étés notés.
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Ces analyses ont également permis de comprendre la manifestation de ces principes clés de planification par le son: la santé et le bien-être, la connectivité, la sécurité, la vibrance, le tourisme, la croissance économique, l'espace partagé, la biodiversité et la création de lieux au public. C'est ce genre d'analyse que me serais intéressant alors à appliquer dans mon protocole d'action. À partir d'un diagnostic sur l'intensité sonore et d'une compréhension de l'équilibre sonore dans un espace public, utilisant leurs méthodologies de prise de son sur site, des jugement sur l'usage de ce dernier et du bien être de ces usagers sont rendus visible.
Pour conclure, cette recherche de sonographies m'a fourni un ensemble d'outils, visuels et sonores, à utiliser pour cartographier et visualiser le paysage acoustique, en plan, en coupe, en schéma, en activité ou en expérience participative. Des méthodologies de qualification des sons sont clarifiées où les ambiances sonores sont reliées à l'espace tangible. Des stratégies à appliquer au stade de la conception sont alors accessible et identifiable. L'étape suivante sera la conception, où les techniques de traitement sonore correspondantes, en fonction des qualités spatiales, sociales et culturelles d'un paysage sont misent en œuvre.
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C- RÉALISER UN URBANISME SONORE
Lorsqu'on parle de son, l'esprit se porte instinctivement sur la suppression du bruit. Cependant, il est également impératif de se pencher sur la création d'une ambiance, pour obtenir une image sonore complète. Connoté par Theatrum Mundi, une organisation et centre de recherche, basée à Londres et à Paris, dont le but est d'améliorer la compréhension des villes par l'éducation et la recherche, l'urbanisme sonore (Sonic Urbanism) implique un urbanisme qui ne s'intéresse pas seulement au bruit dans la ville, mais qui est informé par les pratiques, les concepts, la politique et l'esthétique de la fabrication de sons organisés. Theatrum Mundi s'intéressait depuis trois ans à cette notion et organise des colloques annuels ainsi que des publications explorant la notion du son en ville, ainsi que l'acte d'écouter. Bien qu’ils attaquent cette notion par une approche artistique, leurs projets donnent un aperçu de l'aspect social et politique du son et mettent en évidence la place indéniable du son dans les paysages urbains. C'est pour cela que j'emploierai le terme d’urbanisme sonore à travers mon mémoire pour désigner ce processus de projet basé sur le son. Dans cette partie, je présenterai quelques méthodologies existantes qui sont utilisées par les acousticiens, les urbanistes et les ingénieurs pour traiter la pollution sonore en ville.
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Je présenterai ensuite des projets dans lesquels des artistes, des architectes et des urbanistes ont réussi à façonner des ambiances sonores. Enfin, à partir de cette recherche sur les moyens existants de gérer le son, je présenterai un ensemble d'outils dont disposent les paysagistes et qu'ils peuvent utiliser pour créer des espaces publics durables sur le plan sonore.
1. ÉLIMINER ET APAISER Traiter la pollution sonore Éliminer le bruit permet de clarifier la lisibilité de l’espace: un signal est entendu. Cela permet alors aux usagers, humains et non humains, de se repérer. Cette approche est principalement appliquée par les ingénieurs et architectes qui reposent sur des stratégies concentrées sur l’aspect négatif du son, donc sur les sources de nuisances. Se basant sur des travaux de Bruitparif, du PPBE et du PLU bruit, on peut dire que les méthodologies les plus fréquentes sont les suivantes: LIMITATION BRUIT À LA SOURCE Cela consiste à traiter la source de bruit une fois identifiée. Par exemple, en ce qui concerne le trafic automobile, la méthode pour limiter la source serait de favoriser les infrastructures de transport public et de donner des alternatives à l'utilisation des voitures privées afin de diminuer leur nombre dans une zone précise.
En tant que paysagiste, traiter la source pourrait consister à trouver des moyens de diminuer la place de la voiture, par exemple, dans l'espace public. Que ce soit en réduisant la taille des rues et en élargissant les trottoirs, en rendant d'autres modes de transport plus accessibles ou simplement en cachant visuellement la source. LIMITATION DES PROPAGATIONS Cette méthode permet de considérer les matériaux utilisés et leur tendance à faire réfléchir le son. Le projet LOW NOISE ASPHALT, céer en 2017 dans le cadre du programme LIFE de la Commission européenne, avec la collaboration de la Ville de Paris, les entreprises Colas et Eurovia, ainsi que Bruitparif, propose un changement du revêtement des chaussés. Le produit consiste d'un enrobé phonique qui permet aux ondes sonores qui arrivent à leur surface d'être absorber en plupart au lieu que d'être émisent vers l'exterieur. Ce produit a été tester sur trois rue à Paris: la rue Lecourbe (15ème arrondissement), la rue Frémicourt (15ème) et la rue de Courcelles (8ème), et a bien été note comme éffectif. Une dimunition de 8.4 dB a eu lieux ce qui est équivalant, pour l'oreille humaine, à la moitier du niveau du bruit. Penser les matériaux et le minéral utilisés dans
un projet est donc crucial. Leurs textures et leurs capacités d'absorption ont un impact majeur sur le paysage sonore.
L'intégration de la végétation dans les projets de paysage en ville a un effet indéniable sur la pollution sonore. En outre, les paysagistes sont avant tout des modeleurs de terrain, c'est alors un outil imperatif pour l'atténuation du son dont l'integration participe aussi à la creation de paysages intéressants.
L'article 3 de la directive sur le bruit dans l'environnement (END) en Europe définit les zones calmes comme suit: une zone calme n'est pas une zone silencieuse, mais plutôt une zone qui n'est pas perturbée par des bruits ou des vibrations indésirables. Les zones calmes sont importantes non seulement parce qu'elles permettent à l'esprit humain de faire une pause dans la ville, mais aussi parce qu'elles permettent d'établir un lien entre le paysage et les êtres vivants.
Video du Le Monde: Plan B | Trop de bruit nuit à notre santé... et à tout l’écosystème
TRAVAILLER SUR LES POINTS ATTEINTS PAR LE BRUIT
IDENTIFICATION ET PRESERVATION DES ZONES CALMES
PLU Bruit, 2006
Il s'agit de repenser les récepteurs, comme les façades ou les espaces publics atteints par les nuisances sonores.
Ces zones sont la base du développement de la trame blanche et il est nécessaire de les préserver. Il faut alors: 1. Promouvoir les interventions de réduction de l’exposition aux bruits
Le PLU Bruit, créer par le Le Conseil National du Bruit (CNB) et l'Agence d’Urbanisme de la Région Grenobloise en 2006, conseil de protéger les espaces à proximité de nuisances sonores par l’utilisation d'écran ou d’un merlon. Ce dernier est choisi en fonction de la distance qui se trouve entre source et espace à protéger et du niveau du son à atténué. Le choix est entre l'utilisation d'un mur anti-bruits, d'une masse de végétation (de différentes strates) ou de jouer avec la topographie de facon à créer des barrieres pour les ondes de bruits.
2. Informer et impliquer les communautés affectées par le bruit. 3. Finalement, il est impirtant de penser à les relier afin de créer une continuité de zones calmes qui peuvent contribuer à la création de quartiers apaisants pour les habitants et un lieu plus sain.
https://landscape-water-conservation.extension.org/tips-for-usingplants-to-reduce-noise-in-the-landscape/ - 2019
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SENSIBILISATION DES COMMUNAUTÉS Il s'agit de créer des réunions communautaires pour sensibiliser les habitants au bruit ou encore de créer des activités pour mettre en avant la qualité du son dans une certaine zone calme à préserver. Il s'agit de sensibiliser à l'acte d'écouter. En matière d'urbanisme, cette démarche pourrait être renforcée par l'intégration de solutions au bruit dans les plans d'urbanisme comme le SCOT, les PLUie et les PACE.
Ces actions élaborées ci-dessus mettent l'importance sur la nécessité de choix des matériaux, le nivellement de l'espace et l'intégration de la population dans le traitement de nuisances en villes. Il est alors aussi important de prendre en considération le son dans nos pensées d'aménagement du paysage, au-delà de la notion d'accessibilité physique qui dirige les pensées sur les projets urbains d'aujourd'hui.
2. FAIRE RÊVER Concevoir des ambiances sonores L’écologie acoustique est la démarche scientifique qui sert de base au “design sonore”, une démarche artistique dont le but est de rétablir une importante culture auditive. Dans la vaste composition musicale qu’est le monde pour Murray Schafer, le designer sonore orchestre les sons, connaissant leurs provenance, occurrences, caractéristiques physiques, pour ne choisir que ceux qu’il faut encourager, multiplier etc. Cette discipline commence par l’acquisition de capacités spéciales d’écoute et d’éveil au monde sonore. L'une des premières choses sur lesquelles les artistes sonores se concentrent dans leurs installations sonores est l'acte d'écoute. ENCOURAGER L'ÉCOUTE, CRÉER UN DIALOGUE ENTRE HUMAIN ET NATURE "Le public est plus que l'humain" (traduit de l'anglais "The public is more than human") - John Bingham-Hall Les installations soniques d'art public servent d'excellentes études permettant aux paysagistes de comprendre l'effet du son sur les usagers d'un site et de s'inspirer de ces interactions. Les installations sonores soulignent l'importance du son pour la connexion entre l'homme, le lieu et la nature par le simple fait
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d'écouter. Cela peut être exploré dans des projets de paysage où les points d'ouïes peuvent être amplifiés grâce à un processus de conception basé sur le son. Deux projets d'installations acoustiques sont explorés dans les pages suivantes, Le Souffleur (Beyrouth, Liban) et Voi[e,x,s] Chapelle Charbon (Paris, France).
MODELER DES AMBIANCES SONORES De nombreux paysagistes, urbanistes et architectes ont intégrés la notion du son dans leurs projets, que ce soit en travaillant les formes du terrain et en façonnant le paysage sonore (Parc Buitenschot, Hoofddorp, les Pays-Bas) , en créant des zones de connexion physique et sonore avec la nature (Orgue de mer de Zadar, Croatia), ou en créant des éléments paysagers qui participent également au paysage sonore. (Jardin des réflexions, Paris La Défense, France) Je présenterai les trois projets mentionnés qui inspireront davantage ma boîte à outils sonore de paysagiste en conclusion.
LE SOUFFLEUR - Beyrouth, Liban (2019)
Le Souffleur est une intervention acoustique urbaine, conçue par le collectif Libanais District d Lab dont l'objectif principal est de créer des espaces actifs et inspirants dans la ville, en mettant en place des interventions relevant de l'"urbanisme tactique", qui vise à réactiver l'escalier Ain Mreisseh en tant qu'espace public dans la ville. L'objectif du projet est de faire renaître l'identité perdue de la mer, détachée du quartier, sur le plan sonore et visuel, en raison de l'urbanisation, à travers une
installation sur l'un des escaliers qui mène à la méditerranée. Le Souffleur se manifeste par une composition musicale comprenant la diffusion en direct du son des vagues du port d'Ain Mreisseh et des enregistrements sous-marins, visant à reconnecter cette partie de la ville à la mer par le son. De plus, un réseau de télépipelines ludique est installé, créant un lien sur les différents niveaux de l'escalier à travers le son et connectant
les habitants, tout en ajoutant un aspect ludique et une dimension sensorielle aux escaliers du quartier.
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Voi[e,x,s] Chapelle Charbon - Paris, France (2019)
Le dépôt ferroviaire parisien désaffecté Chapelle Charbon a commencé sa transformation en parc urbain. L'immensité du site, son silence, sa nature sauvage et son paysage industriel seront bientôt habités par les nouveaux sons de la vie publique. Theatrum Mundi, Cie MDPA - Alexandra Lacroix, et la compositrice Marta Gentilucci développent Voi[e,x,s] : un projet qui utilise cet espace exceptionnel comme une scène et comme un instrument, en collaborant avec ses futurs habitants pour rendre audibles leurs voix, leurs noms, afin d'interpréter le passé du site et ses nouvelles possibilités. .
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L'orgue de la mer - Zarda, Croatia (2015)
L'orgue de mer est un instrument de musique expérimental, qui joue une musique générée par le mouvement des vagues à travers une série de 35 tuyaux d'orgue construits sous un ensemble de grandes marches en marbre. Le mouvement et l'énergie de la mer, en termes de marées et de vents, étant imprévisibles, l'orgue de mer produit un son infiniment long, aléatoire et pourtant triste.
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Le dispositif a été réalisé par l'architecte Nikola Bašić dans le cadre du projet de réaménagement de la nouvelle côte de la ville (Nova rive) et le site a été ouvert au public le 15 avril 2005. Le projet est aujourd'hui un espace public touristique qui s'étale sur 22m le long de la mer
Parc Buitenschot - Hoofddorp, Les Pays-Bas (2013)
C'est un parc qui existe par la grâce du bruit au sol à basse fréquence causé par le décollage des avions. De par sa conception, le paysage du parc contribue à une réduction considérable du `
bruit, où des crêtes sont introduites de manière exactement perpendiculaire aux ondes sonores afin de les atténuer au mieux. L'objectif était également de donner une valeur ajoutée
récréative à la structure nervurée réduisant le bruit.
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3. ENTENDRE, IMAGINER, REPRODUIRE Activer l’oreille de paysagiste
Pour réaliser un urbanisme sonore, il s’agit d’élargir nos horizons au-delà des méthodes de conceptions traditionnelles et de penser la trame blanche en tant qu’outil détenant autant de pouvoir de transformer un écosystème que les trames verte et bleue. Ces trames, existantes en synergie, ne sont pas équivalentes. La réflexion s'étend à se demander quel peut être le rôle du son dans un environnement pauvre en trames verte et bleue. Je tiens à souligner ici que la trame blanche ne consiste pas seulement à ajouter de la végétation, de nombreuses autres stratégies existent pour créer des paysages sonores intéressants et sûrs acoustiquement. L'idée est de laisser les compréhensions du paysage sonore guider les décisions et les choix d’action, de programmes, de matériaux, sur un site. LE SON DIRIGE LE PROJET En tant que paysagistes, notre rôle est de servir de médiateurs des différentes couches qui composent un paysage. Il est donc accessible et important pour nous de créer un équilibre entre les êtres humains, la nature et l'environnement urbain. Une partie de notre mission consiste à intégrer la nature dans la jungle de béton dans laquelle nous vivons, à créer des espaces
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apaisants pour les citadins et à créer des lieux pour renforcer les liens entre les communautés. Les paysagistes disposent d'un ensemble d'outils élaborés pour y parvenir. Que ce soit avec des matériaux tangibles, en façonnant le monde physique lui-même, ou des decisions non matériels, en établissant un ensemble de programmation et de fonctions pour le paysage. Les paysagistes sont alors à la fois sculpteurs, cinéastes et, bien sûr, compositeurs. Ce dernier est une fonction importante que nous négligeons. La première étape pour une conception de paysage sonore consiste à comprendre l'impact qu'une simple décision de projet peut avoir sur le paysage sonore d'un lieu. Une nouvelle dimension peut donc être débloquée. La deuxième étape serait d'écouter attentivement tout et de se familiariser avec les paysages sonores, pour activer les oreilles. Le son devient alors visible, à travers les interactions des gens, l'animation du site et la morphologie d'un espace. Une fois que les "couvercles" invisibles des oreilles sont retirés et que l'oreille du paysagiste est activée, le son commence à contribuer inconsciemment à la réflexion paysagère. C'est à ce moment-là que des décisions de conception plus saines peuvent être prises. Laisser le son diriger le projet nous aide à percevoir et à concevoir le résultat final et l'impact que le projet peut avoir sur l'ambiance urbaine.
Cette approche donne alors la voix à la nature et à l'être humain et résulte par une création d'espaces viables et vivable pour ces deux habitants de l'écosystème urbain pour y communiquer et coexister en harmonie. Cette approche sera démontrée et explorée dans la deuxième partie pratique de ce mémoire et dans l'application du projet. LA "BOÎTE À OUTILS" SONIQUE D'UN PAYSAGISTE Sur la base des recherches précédentes sur les méthodologies d'analyse et de conception sonore, j'ai déduit l'ensemble des outils suivants qui peuvent être utilisés pour concevoir des paysages sonores. Il s'agit d'une liste d'éléments familiers aux paysagistes, qui ont le végétal et le minéral comme outils principaux et le terrain comme toile. Il s'agit de voir ces éléments par leurs qualités phoniques. Les principaux outils sont les suivants: - La topographie: Modeler la topographie d'un site en se basant sur les notions de propagations des ondes sonores. Cela consiste alors à utiliser le sol en tant que barrière sonore pour atténuer un son ou pour créer des zones calmes et protégées. - La couverture vegetale et les masses de plantation: travailler avec le nivellement peut
aussi être accompagné par des choix de végétation qui peut alors servir de barrière sonore, plus efficace, mais aussi de source de nouveaux sons naturels dans le paysage.
certains sons ou pour ajouter de la texture à un paysage sonore banal. Par example, les sons humains peuvent être amplifiés pour attirer davantage les usagers dans un espace et créer un environnement plus sûr.
- Le minéral: autre que le végétal, le minéral fait partie des projets de paysage. Les matériaux peuvent être utilisés pour atténuer les sons indésirables par l'utilisation de murs ou de matériaux à fort pouvoir d'absorption acoustique. Ils peuvent également être utilisés pour accentuer
- Le choix de programmation. répartissions des activités et l'organisation de l'espace: ce sont des outils puissants qui ont le pouvoir de determiner le type d'équilibre sonore que nous voulons avoir.
Pour conclure, les paysagistes ont le pouvoir de décider où les sons naturels peuvent dominer, où les sons humains peuvent prendre le dessus et où les deux peuvent exister en équilibre. Cet ensemble d'outils listé est donc utilisé pour amplifier les sons désirables, ou pour masquer et atténuer les sons indésirables, ou bien d'ajouter de nouvelles couleurs au paysage sonore.
Dynamic Soundscapes and Urban Shared-Spaces, Sara El Samman, Juin 2018
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II- PRATIQUE La partie précédente s’appuyait sur l’importance du son dans le paysage et son bénéfice en tant qu’outil de conception. Comment le son peut contribuer à la conception de projet de paysage urbain? Schafer critique “ le bruyant monde moderne” et le fait que la modernisation a connu une conquête du visuel sur le son. Les quartiers d'affaires modernistes à l'américaine, conçus en se basant sur des visions d’un monde vertical de richesse sont la meilleure preuve d'une telle affirmation. Paris La Défense, le plus grand quartier d'affaires d'Europe, se présente comme un paysage "extraterrestre". Avec sa typologie unique en dalle et son existence au sein d'une tresse d'infrastructures, il est intéressant d'explorer son paysage sonore. Cette partie consiste du protocole d’action sur le cœur de Paris La Défense. Je vais présenter ici un diagnostic sonore du site afin de mieux comprendre les couches acoustiques qui composent le site et d’élaborer des stratégies pour retravailler son paysage sonore. En se basant sur “la boite à outil” proposée dans la première partie du mémoire, je terminerai cette recherche par une proposition des outils les plus adéquats pour le réaménagement éco-acoustique des espaces publics sur la dalle de La Défense.
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A- Paris La Défense, un urbanisme moderniste à l'épreuve de sa dissonance acoustique "Avant d'effectuer ma première visite sur place, j'ignorais ce qu'était le site. Pour moi, c'était une "version moderne de la ville de Paris", ce que Paris aurait pu être si elle avait été détruite pendant la guerre. C'est une zone étrangère et intimidante isolée de tout. Évitant de faire des recherches plus profondes, je voulais que ma première visite soit du point de vue d'un usager régulier. C'est pourquoi j'ai choisi le premier dimanche ensoleillé après les longs hivers froids pour se lancer dans cette expérience. J'ai pris alors le RER A vers l'esplanade de La Défense. Le voyage s'est déroulé comme n'importe quel autre trajet quotidien. Il y avait toujours un confinement Covid, donc il n'y avait pas beaucoup de gens, et les gares n'était pas trop animées. J'étais juste très intriguée et excitée d'arriver à ma destination. Cependant, j'étais loin de me douter que La Défense m'atteingnerais avant que je le fais. Dès que le train a quitté Charles de Gaulle - Etoile, l'arrêt juste avant le mien, j'ai senti sa vitesse augmenter. J'avais l'impression d'être dans un vaisseau spatial fonçant dans un tunnel et s'éloignant dans l'espace. C'étais comme si je voyageais dans le futur, dans une autre dimension. La pression sonore augmentait de plus en plus jusqu'à ce que j'ai entendu le haut-parleur dire "La Défense". Un escalator après l'autre, je me suis retrouvé dans un grand espace ouvert, où l'on entendait le bruit des enfants qui jouaient et des gens qui
s'amusaient sous le soleil. En première réaction, j'ai été étonné par cette immense place où je pouvais circuler librement sans aucune contrainte physique. J'ai également été accueilli par une volée de pigeons errant autour de la Grande Arche, dont j'ai apprécié le bruit de leurs ailes tapant dans le ciel. Le paysage
sonore était presque harmonieux et il était agréable d'exister au sein de cette balance des sons humains et naturels. Malheuresement, ce sentiment ne s'est pas reproduit lors de mes autres visites qui ont eu lieux tout au long d'un processus de déconfinement. Mes oreilles ont été témoins du bruit du trafic qui re-colonisait lentement l'espace public."
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1. COMPRENDRE LE RYTHME DE SON HISTOIRE
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Peu d'aménagements urbains de l'agglomération parisienne ont autant divisé les opinions que le quartier d'affaires de La Défense. Certains s'émerveillent de La Défense avec sa collection de gratte-ciel rassemblés autour d'une grande place piétonne, tandis que d'autres n'y voient qu'une pauvre suite d'immeubles de bureaux monofonctionnels. Il est difficile de rester indifférent à ce site unique, dont le développement a été motivé par une demande croissante de grands espaces de bureaux et d'immeubles de
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grande hauteur en France après la Seconde Guerre mondiale, combinée au souhait de maintenir la ligne d'horizon historique du centre de Paris. La Défense vient créer alors, en 1958, une continuité à l'axe triomphal. Depuis sa création, le quartier d'affaires de La Défense est devenu l'un des pôles économiques majeurs de l'agglomération et jouit d'une renommée internationale. Il est desservi par l'un des pôles de transport les plus utilisés de la
région et des dizaines de milliers de personnes fréquentent quotidiennement ce quartier, qu'il s'agisse d'employés de bureau, de résidents ou de visiteurs. La forme urbaine de La Défense est basée sur la superposition des fonctions urbaines, une grande place piétonne surélevée sur l'axe historique et une forte densité par des immeubles de grande hauteur. Solidement ancrée dans sa relation étroite avec le centre de Paris, La Défense a longtemps été une extension ou un pendant moderne du centre historique.
Au départ, peu d'attention a été accordée à son territoire environnant. La décision de l'État français de construire La Défense sur les territoires des municipalités de banlieue de Puteaux et de Courbevoie a entraîné d'importantes démolitions. A partir de ce moment, le développement ultérieur de ce territoire a été conduit et éclipsé par ce pôle économique hors du centre de Paris.
En raison d'une forte croissance économique entre 1947 et 1973 en France, durant la période des "Trente Glorieuses", et d'un secteur tertiaire en plein essor, et après la Seconde Guerre mondiale qui a stoppee le developpement de Paris, La defense resulte du souhait d'une modernisation rapide et rattrapage du nouveau style de vie américain menant à une société de consommation. Les méthodes de construction industrielles modernes se sont développées en
réaction aux dommages de guerre et à une population croissante, ce qui a conduit à une période de construction massive de grands ensembles sur des terres agricoles. Cette croissance rapide et constante du paysage urbain de Paris la Défense persiste jusqu'à aujourd'hui. La Défense, avec ses formes urbaines particulières, est l'un des repères majeurs de l'agglomération parisienne, facilement identifiable. Alors que le concept de la dalle surélevée appliqué aux lotissements n'a pas résisté à l'épreuve du temps, dans le cas du quartier d'affaires dense de La Défense, il semble être plus approprié dans son rôle central. Des erreurs majeures ont été commises entre les années 1950 et 1970. Le territoire environnant a ete ignore et La Défense a été construite selon une décision purement descendante. Cependant, il convient de la considérer comme une expérience urbaine et architecturale avec des constructions uniques et la création d'un développement urbain moderne. Dans les années 1980 et 1990, le développement du site s'est concentré sur la construction de nouveaux immeubles de grande hauteur et a négligé l'échelle urbaine et les espaces publics. De plus, la typologie de l'espace rend compliquée l'intégration de mesures écologiques et sociales plus durables. c'est une des raisons pour lesquelles le son, intangible, omniprésent et ne nécessitant pas un minimum d'un mètre de sol compliqué à
intégrer sur dalle, peut contribuer à la création d'un espace public plus viable. Avec ses aspects sensibles, culturels, collectifs et écologiques, il est intéressant d'explorer cette notion sur cet écosystème urbain qui souffre aussi aujourd'hui d'une importante problématique de pollution sonore.
Cartographie du PPBE du Grand Paris
J'élaborerai les problématiques sonore du site au long de cette partie afin de demontrer l'ugence eco-acoustique auquel la defense fait face.
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2. UN QUARTIER INSULAIRE UN PAYSAGE HORS-SOL Malgré l'insistance sur l’appartenance de la Défense à l’axe triomphal, cette connexion reste que visuelle. Ce "balcon sur Paris" ne fait que tourner son dos au territoire dans lequel il est inscrit. Les infrastructures de circulation ne réussissent pas à intégrer le site dans son territoire et plusieurs autres facteurs, constituant le paysage de la Défense, contribuent à son insularité. Le site possède un territoire compliqué par sa structure topographique irrégulière. Il est surélevé
de trois côtés, il est en pente (de 2-3%) vers la Seine et monte en forte pente de Courbevoie vers Puteaux. En outre, La Défense a remodelé l'horizon de son territoire dont l'irrégularité est aussi évidente dès que l'on regarde la ligne d'horizon. Une silhouette verticale s'est imposée. Ce symbole de puissance socio-économique crée un paysage intimidant et non accueillant. La différence de pouvoir est bien présente dans la morphologie du quartier qui vient morceler trois communes, et fixer un nouveau paysage isolé, “au-dessus” de tout. Détachée de la morphologie initiale, la dalle vient défaire tout le reign naturel.
Une insularité à deux échelles CARTES TOPOGRAPHIQUES
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UN OBSTACLE À LA NATURE
Le site est inscrit dans un contexte très urbanisé, en méandre de la Seine, mais à proximité de plusieurs espaces verts à valeur écologique importante. Si on prolonge l'axe historique vers le côté ouest, on remarque que La Défense fait partie d'une continuité physique vers la forêt de Saint-Germain-en-Laye. Cela rappel de l'envie initiale des aménageurs de PLD de créer "une voie de chemin de fer pour relier Paris à la forêt, à travers la Défense" (Dictionnaire de la Défense, p. 164, Picon-Lefebvre, 2013).
Situé entre deux zones boisées, le site a le potentiel de servir de connecteur écologique. Mais ce lien physique, projeté ne se traduit désormais pas en un lien écologique. L'envie de connexion à la nature n'est que physique et infrastructurale. Le site agit aujourd'hui comme un obstacle à la nature. Malgré la présence de plusieurs petits espaces verts épars, le manque de végétation dense, en raison de l'incapacité de la dalle à supporter le poids, perturbe la circulation des faunes d'une forêt à l'autre. De plus l'effet réfléchissant des gratte-ciels et LES TRAMES VERTE ET BLEUE
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toutes les nuisances qui accompagne le boulevard circulaire ne font que repousser la faune. Paris La Défense est intimidante à la nature aussi. Seules certaines espèces sont capables d'exister dans cette jungle en acier et en béton. Paris La Défense crée alors son propre écosystème qui ne tient pas compte de la biodiversité qui habrite les trames verte et bleue.
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UNE DISCORDANCE SONORE Il suffit de regarder la carte des niveaux sonores de Bruitparif, sans aucun fond de carte, pour voir la forme de La Défense tracée par un anneau de bruit. Basée sur la modélisation de la pollution sonore des infrastructures de circulation, cette carte montre comment le site est non
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seulement déconnecté physiquement et écologiquement, mais aussi soniquement. Les nuisances du boulevard circulaire créent une couche supplémentaire de détachement. Cet écosystème unique résultant de la morphologie élevée, du paysage vertical et de la pauvreté écologique du site perturbe le paysage sonore qui marquait l'identité du territoire.
Paris La Défense est isolé dans sa propre sonosphère et forme pour elle-même une nouvelle symphonie où les humains et les machines sont les principaux compositeurs et où la nature est désaccordée. Le site est en discordance avec son contexte et a donc créé ses propres sonorités maîtresses dominés par des sons mécaniques.
3. UN ROND-POINT INVISIBLE MAIS AUDIBLE DES NOEUDS DE ROUTES “La dalle se distingue par la réalisation d’un sol artificiel, destiné à garantir la qualité de vie des habitants. Il s’agit de circuler et de consommer librement au soleil, dans un univers protégé du bruits et des nuisances de la circulation automobile” - Picon Lefebvre (Paris-ville moderne: Maine-Montparnasse et la Défense, 1950-1975, p.287, 2003)
Ces derniers couvert de superstructures à fonctions différentes mène à la création d'un paysage dessus-dessous où le bas est physiquement dominé par la voiture et le haut aussi, mais ce dernier subit une dominance principalement acoustique. On se trouve alors face à une dichotomie horizontale et verticale.
La seule fois que le son est évoqué dans l’histoire de la ville moderne de la Défense, c’est pour en parler de l'aspect nuisant que les concepteurs de la dalle espérer sera réglé. Je ne peux pas nier que l'objectif de créer un grand espace pour que les piétons puissent circuler librement sans être interrompus par les véhicules a été un succès. Mais le fait de cacher visuellement la source des perturbations ne nie pas la réalité de l'espace public qui est toujours niché au sein des noeuds d'infrastructures routières. Un vaste réseau d'autoroutes, de voies de bus et de rails de métro et de train. Tous ces éléments sont les principales sources de pollution sonore dans les zones urbaines. Il est vrai que cacher visuellement une source sonore peut donner l'impression que le son est plus faible, mais cela ne s'attaque pas aux vrai problèmes, qui sont: la domiance de la source, les espaces de transition incertains entre l'espace public et les routes, et la présence obsédante de ces infrastructures au sein du site.
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DICHOTOMIE HORIZONTALE - DES TRANSITIONS INCERTAINES Il existe deux types de connexions entre les limites de la dalle et les zones voisines inférieures de celle-ci. Bien que nombreux, ces points d'accès sont peu visibles depuis le site et ne sont pas mis en évidence. On remarque des typologies d'espace récurrentes sur ces limites. Il y a premièrement les zones de connexions physiques, que j'ai nommé comme espaces dynamiques de circulations (escaliers mécaniques et zone d'accès à la dalle.) Ces zones sont alors dominées par une présence humaine. Des sons de marche, de roulement, de mouvement accompagnent les sons véhiculaires des autoroutes à proximités.
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Deuxièmement, on retrouve des zones à connexions visuelles avec l'extérieur. Ce sont des espaces statiques qui font effet de balcon sur les autoroutes environnantes. Ces derniers sont généralement bordurés par des zones de plantations, zones de refuge pour les oiseaux sur site. Néanmoins, ces espaces sont quand même exposés aux clameurs véhiculaires provenant de l'extérieur. Ces zones de transition se trouvent principalement aux limites de l'espace public de la Défense et sont les plus dominée par les sons directes des infrastructures de circulation.
LES POINTS DE TRANSITIONS PHYSIQUES
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DICHOTOMIE VERTICALE - UNE AMBIANCE OBSEDANTE Dans les espaces publics protégés du contact directe avec l'anneau de bruits qui entoure le site, la présence physique et sonore des ventilateurs, des escaliers mécaniques et des accès aux stations de métro souterraines permet aux "ronds-points" d'interférer avec ce paysage interne. Les sons créés par ces derniers forment les sonorités de l'axe centrale. L'englobement des sons ambiants de ventilation façonne la sonosphère du paysage et les sons
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des escaliers mécaniques deviennent une habitude que les usagers ne remarquent plus malgré les niveaux élevés de ces derniers. Même à l'intérieur de ce couloir "protecteur" constitué de hautes surfaces vitrées, les klaxons et les sirènes des voitures ne manquent pas de pénétrer dans le paysage sonore intérieur. Tout comme des chants d'opéra entendu de loin, les sons aigus hantent l'espace public.
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LES ZONES DOMINÉES PAR LES SONS MÉCANIQUES
A partir de ces identification des tyologies et à la base d'enregistrements sur site et d'un exercise d'écoute active, voici les zones dans lesquelles j'ai remarqué une dominance des sons mécaniques par rapport aux autres. On peut remarquer que ces zones sont moins fréquentées pendant le week-end que pendant la semaine, ce qui est dû à la diminution de l'activité et des mouvements pendant la semaine. On peut remarquer que ces zones sont dispersées sur tout le site, aussi bien en bordure qu'au centre. Nous pouvons remarquer que ces zones sont disséminées sur tout le site, aussi bien en bordure qu'au centre. Cela montre comment l'infrastructure a participé à l'espace public et a un effet énorme sur l'ambiance sonore du lieu.
Un dimanche matin
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Un lundi midi
4. UN PAYSAGE EN MOUVEMENT UN MODE DE VIE BRUYANT La prédominance multidimensionnelle des véhicules a été bien établie dans la partie précédente, mais il existe un instrument véhiculaire supplémentaire qui participe à l'orchestre mécanique des transports et c'est la dalle ellemême. Les voitures et les trains qui passent à toute vitesse sous la superstructure font vibrer cette dernière et secouent tout l'espace public qui se déplace activement au-dessus d'elle. Cette vitesse souterraine s'accompagne, en plein air, d'un mode de vie paradoxalement harmonieuse. Des pieds qui courent, des vélos qui roulent, des trottinettes, des skateboards et tout autres moyens innovants de circulations douces contemporaines, des enfants qui jouent et des athlètes qui s'entraînent, des couches et des couches d'éléments en mouvement brouillent l'espace public. Durant la semaine, et même le week-end, à différentes heures de la journée, le paysage de Paris la Défense est toujours actif. Les vitesses changent, les usagers varient, mais la symphonie urbaine continue de jouer.
En outre, le paysage lui-même de La Défense est aussi dans un processus de transformation constante. Le quartier, en perpétuelle croissance, est toujours occupé par un chantier ou plusieurs. Son paysage sonore est toujours envahi par des bruits de construction de tous ses côtés et des battage difficile à ignorer.
Ce mélange de sons humains et mécaniques crée des moments de cacophonie dans le site, qui seront explorés ultérieurement.
Les habitants du site ne sont pas les seuls compositeurs. Les touristes, visiteurs, travailleurs et voyageurs contribuent à la création du paysage sonore. La nature chante aussi, surtout pendant le week-end, lorsque les humains posent leurs instruments et le silence devient plus audible.
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L'axe principal de la dalle, où la plupart des activités sont concentrées, peut être divisé en trois zones principales avec des identités paysagères différentes et des proportions différentes de minéral/végétal. Ce sont les zones qui sont dominées principalement par une présence humaine sonore et physique. Cela évolue en fonction de l'heure de la journée. Le son humain peut se transformer en bruit aux heures de pointe ou à midi en raison de l'importance des flux humains.
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UN QUARTIER EN RÉVERBÉRATION Le concert de la vie moderne prend place dans un paysage fait de béton, de verre et d'acier, autant de surfaces réverbérantes. Les voix des gens sont alors amplifiées et leurs mouvements frappent plus fort. Les pas des piétons créent des rythmes et les valises roulantes en ajoutent des percussions. Ces interactions entre le mouvement éphémère et l'espace physique forme la musicalité de la vie urbaine du site.
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LES ZONES DOMINÉES PAR LES SONS HUMAINS
Comme pour le son mécanique présenté dans la partie précédente, j'ai également cartographié les zones dans lesquelles les sons humains dominaient le paysage sonore le week-end et en comparaison à un jour de semaine. Cet exercice reflète mes observations, il montre comment les sons humains sont principalement concentrés dans l'axe central et occupent la plupart de l'espace public. Même pendant les week-ends, la dalle centrale était assez occupée par des familles et des personnes profitant de l'espace public. Mais le paysage sonore était plus agréable et plus équilibré où l'animation de l'espace est moins aléatoire et les gens font sont en mode de repos.
Un dimanche matin
Un lundi midi
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5. DES CONTRAINTES ÉCOLOGIQUES DIVERSES DES COMPOSANTS NON DURABLES L'insularité du sol de l'espace public et sa présence intriquée dans des nœuds de circulation diverses, accompagnée de ce mode de vie moderne à un rythme trop accéléré fait que la nature ne trouve pas suffisamment de place dans l'espace. La mise en œuvre de la dalle artificiel, hors toute pensée écologique, dans un temps d'aveuglement par la croissance économique a résultait dans la création de trames écologiques éparpillées, décomposées et non-efficace. La trame verte est non dense, peu diverse et englobée par un embellisage gris. La trame bleue est présente de manière aléatoire et n'est pas uniforme aux plusieurs échelles des espaces verts. La trame brune, faible, est perdue entre les murs et les pavés en béton. Jusqu'à aujourd'hui, le paysage est modifié en morceaux séparés et il manque une vision globale. Un bricolage paysager est bien évident et contribut alors à une fragmentaion des habitats. Néanmoins, nous pouvons noter une gradation uniforme des strates végétales, de la partie inférieure de la dalle, qui est marquée par un alignement de platanes, à la partie supérieure, sur le parvis minéral ouvert de la grande arche. Cela se traduit par des ambiances sonores différentes le long de l'axe
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Nous pouvons prédire que l'on entendra davantage de sons naturels et moins de bruits extérieurs dans la partie inferieur de l'esplanade, en raison des capacités des couvertures végétales à absorber et à déffracter les sons; en comparaison au couloir des surfaces en verre et en métal qui ont un effet de réflexion élevé, amplifiant encore tous les sons. DES ESPACES PUBLICS ARTIFICIELS
écosystème urbain. Comment cet équilibre de l'humain, du nonhumain et de la machine est-il façonné par les espaces publics? Je vais examiner les différentes typologies d'espaces mentionnées dans les parties précédentes, les zones de transition et les zones internes de la dalle, afin de comprendre les compositions et le caractère unique de la nature dans le site, à une échelle plus spécifique. Ce faisant, je mettrai en évidence le niveau de chants d'oiseaux entendus en semaine par
rapport au week-end, afin de comprendre comment l'espace physique affecte la présence de la biodiversité et donc la présence de sons naturels. Je soulignerai également les zones plus calmes qui ont été remarquées par rapport aux autres espaces publics de la dalle durant la semaine, lorsque le bruit est le plus présent. On remarque que la plupart de plantations sont dans des bac, hors sol et sont trop expose aux flux humains. Cela empêche un écosystème naturel sain de se développer et affecte donc la présence du paysage sonore naturel dans l'espace public.
En 1970, Le paysagiste américain moderniste Dan kiley, qui est très inspiré dans ces projets par le nôtre, conseille: “pourquoi chercher ailleurs ce que vous avez sur place?” Il présente alors son idée de créer une continuité au corridor de platane comme méthode de rattachement de la défense à l’axe historique de paris. Il était loin de s'en douter que cette approche n’est pas adaptée aux dalles. Les espaces publics et, mais pas nécessairement, végétalisés de Paris La Défense ont tous une logique de composition similaire, le résultat des trames scatérisées. Des priorités humaines plus élevées ont configuré ces paysages qui sont conçus pour servir la population dense qui remplit le site tous les jours. Étant en mouvement constant, les habitats éphémères de l'homme quotidien peuvent s'adapter aux paysages changeants du site, alors que la faune et la flore, existant à un rythme plus lent, ne peuvent pas prospérer et créer des habitats solides dans cet
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LES ESPACES DE TRANSITIONS
+++ -
++
+ + ++ +
+
+
-
ZONE CALME La présence moyenne de chants d'oiseaux entendus 68 durant la semaine + + + (- pas entendu)
La présence moyenne de chants d'oiseaux entendus durant le weekend + + + (- pas entendu)
-
++
-
-
++
+
-
-
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LES ESPACES INTERNES
++
-
+ + + La présence moyenne de chants d'oiseaux entendus 70 durant la semaine + + + (- pas entendu)
++
+++
+
-
La présence moyenne de chants d'oiseaux entendus durant le weekend + + + (- pas entendu)
+++ -
++
ZONE CALME
-
+++ +
+++ + ZONE CALME
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L'analyse suivante montre que les zones les plus calmes sont celles où le chant des oiseaux est le plus présent. Que ce soit dans une zone de transition ou à l'intérieur d'un mur, le chant des oiseaux a surtout été entendu dans les espaces qui présentent de grandes masses de végétation diversifiée, d'arbres et de couverture végétale, et qui ne sont pas accessibles aux piétons. (exemples 2, 15 et 16) Tous les autres espaces verts était morcelés par des passages piétons, du mobilier, donc de sons humains, ou bien d'une forte présence de sons mécaniques qu'un arbre singulier ne peut pas absorber en lui même. (exemple 4) Augmenter la présence de verdure et limiter l'accès des piétons à celle-ci peut donc aider à rétablir un équilibre entre les sons humains et naturels dans le paysage sonore.
A quoi ressemble le silence à La Défense?
DES CHANTS DISTORDUS La morphologie verticale, ancrée dans une zone de nuisances diverses, privilégie la présence des espèces les plus ubiquistes et anthropophiles ; et ce d’autant plus que l’intensité des usages ne cesse d’augmenter. Ainsi, les espèces volantes (oiseaux, papillons...), qui arrivent à s'affranchir des obstacles que constituent les bâtiments, sont les plus nombreux. Le chant des oiseaux est alors le meilleur indicateur de la prospérité de la biodiversité. En tendant l'oreille vers la nature, on peut écouter sa résilience. C'est pour cela que j'ai cartographier les zones où l'on entend le chant d'oiseaux en journée, le week-end et durant la semaine. Les résultats sont choquants. Les zones où j'ai entendu le chant des oiseaux un dimanche matin ont perdu ces ondes sonores le lundi suivant. Une grande diminution de la presence des oiseaux est observée en temps de flux humains élevés. Lq sur-intégration de ces derniers au sein des espaces verts a permis à une dominance des sons humains sur ces derniers. On peut remarquer sur les cartes de dominance de sons naturels (sur la page suivante) que les chants d'oiseaux ont surtout été entendus à la périphérie de la dalle pendant la semaine, loin de la cacophonie centrale.
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La zone marquée par (A) sur les plans suivants, est celle où les oiseaux ont été le plus entendu, elle est située en bordure d'un bâtiment au long d'une bande densément végétalisée. Bien qu'elle soit située à la limite entre la dalle et la route, les basses fréquences des véhicules ne perturbent pas les hautes fréquences des oiseaux.
Mesure du niveau sonore sur site
Cela est preuve de l'impact que la trame blanche a sur la présence de la biodiversité en écosystème urbain. C'est aussi la preuve des effets d'un choix de conception sur le paysage sonore d'un lieu. Pour aller plus loin, une étude de sonographie graphique de spectogramme suit.
LES ZONES DOMINÉES PAR LES SONS NATURELS SPECTOGRAM RÉALISÉ SUR LA ZONE A Malgré la présence de quelques klaxons, le fait que les sons ambiant routiers occupe les fréquences basses, les oiseaux ont plus de place pour s'entendre.
A
Un dimanche matin
A
Un lundi midi
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B- DÉCHIFFRER LES COUCHES ACOUSTIQUES DE PARIS LA DÉFENSE
La partie précédente m'a permis de comprendre l'équilibre, plutôt le déséquilibre sonore qui perturbe le site. Tout d'abord, la nuisance des infrastructures se manifeste partout. De plus, l'être humain domine l'espace public et les oiseaux ne trouvent pas de refuge. Cela crée un véritable problème écologique. Les habitats sont fragmentés, l'écosystème urbain du site est dans une position sonore très nuisible. Les enjeux acoustiques que présente le paysage sonore du cœur de Paris La Défense étant établi, je vais procéder ici par une traduction de ces pistes de l'inventaire sonore d'une façon plus spécifique et a une échelle plus précise afin de comprendre l'effet du paysage sonore sur l'expérience sensorielle et sonique des usagers. Tout d'abord, une compréhension globale du paysage sonore de Paris La Défense sera établie, où une superposition des différentes sources cartographiées précédemment sera analysée et projetée dans un espace 3d. Ceci sera ensuite ajouté à la carte des niveaux sonores du site qui est réalisée par Bruitparif, afin d'analyser la relation entre la pollution sonore et l'ambiance sonore. Ceci me conduira ensuite à une analyse plus ciblée sur des zones sur la dalle qui détiennent chacune une typologie d'espace et une palette de sons différente. Enfin, et afin de comprendre les ambiances sonores du point de vue des usagers, j'ai réalisé une enquête en utilisant des enregistrements sonores de la Defense à partir
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desquels j'ai demandé a des usagers et nonusagers du site de faire une visite sonore virtuelle et de jeter un coup d'oreille.
- Pendant ce temps, j'ai utilisé un dB mètre afin d'obtenir la moyenne, le minimum et le maximum des niveaux sonores, en dB, pendant ces 3 minutes.
Tout d'abord, l'inventaire du site a permis d'avoir une compréhension générale des principales sources sonores (l'humaine, la naturelle et la mécanique) et de leur distribution dans l'espace. Cette compréhension spatio-acoustique a été accompagnée par une enquête sur site.
- J'ai ensuite généré un spectogramme, à partir du même point de l'enregistrement, afin d'identifier les différents sons qui existent dans le paysage sonore tout en obtenant des informations sur leur fréquence et leur intensité. Cela m'a aidé à comprendre le dialogue invisible qui a lieu et à juger la source sonore dominante.
Les plans de dominance de chacune de ces sources sonore ont été créer en se basant sur l'écoute active et l'exploration sonore du site que j'ai effectuées au cours de mes multiples visites. Voici la méthodologie apliquée :
Applications IOS utilisées sur l'iphone 8
- J'ai tout d'abord écouté attentivement le paysage sonore en l'enregistrant avec un enregistreur professionnel pendant 3 minutes minimum, que j'ai réécouté plus tard pour plus de précision.
Tous mes inventaires et analyses qui seront élaborés dans cette partie sont tous basés sur les informations collectées à partir de ces techniques d'enregistrement que j'ai réalisées dans chacun des espaces publics existant sur la dalle de Paris La Défense.
1. UNE EXPERIENCE SENSORIELLE RADICALE L'expérience du paysage sonore à La Défense est basée sur l'échange équilibré entre les sources sonores suivantes. Ces sources forment l'identité sonore de La Défense.
UNE RÉPARTITION MOYENNE DES SOURCES SONORES EN FONCTION DE L'HEURE DE LA JOURNÉE
LA RÉPARTITION DES TYPES DE SONS DOMINANTS SUR LA DALLE
SONS MÉCANIQUES
Durant la semaine SONS HUMAINS
SONS NATURELS
Le weekend
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2. UNE ANALYSE SPATIO-ACOUSTIQUE VISUALISER L'ESPACE ACOUSTIQUE La localisation des sources sonores sur un plan ne permet pas de savoir combien une source sonore occupe de l'espace acoustique. En projetant ces informations dans un espace 3d et en générant des ondes sonores, on obtient une représentation
plus précise de l'atmosphère sonore. Les réflexions et rebonds sonores sur les surfaces du paysage permettent de mieux comprendre l'impact du son sur l'espace.
En localisant les zones ou la nature est entendu, les points d'ouïe, potentiels points de silence, peuvent être localiser.
LE SYSTÈME NERVEUX ACOUSTIQUE DE L'ESPACE
L'espace acoustique global 77
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PORTER UNE LENTILLE SONIQUE
Les niveaux sonores renseignent sur le confort de l'espace acoustique, où des valeurs élevées peuvent causer des problèmes physiques et psychologiques tant pour la nature que pour les humains, comme expliqué au début de ce mémoire. Alors que la source sonore peut donner un meilleur aperçu de l'ambiance sonore d'un lieu. La superposition de ces informations peut donc renseigner sur l'expérience globale du paysage spatio-acoustique. Je vais procéder ici à une analyse sonore plus spécifique de 4 des points d'ouïes localisés, correspondant chacune à une des principales typologies de l'espace public qui ont été identifiées dans la partie diagnostic précédente. Deux zones internes seront analysées : le parvis de la Grande Arche, une zone totalement minérale. Je prendrais aussi une autre zone sur l'esplanade, où un feuillage dense d'arbres définit l'espace et la végétation est plus présente, pour pouvoir établir une comparaison. Une zone de transition statique est choisie pour une analyse plus précise aussi afin d'étudier plus en avant son potentiel en tant que zone de calme. En outre, je me concentrerai également sur l'une des zones calmes en périphérie de l'axe principal pour comprendre les composants qui lui donnent son ambiance apaisante.
4 3 2
1
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1. SOUS LES PLATANES Le weekend
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Durant la semaine
Le weekend
Oiseaux
Durant la semaine
Des sons humains qui prennent toute l'échelle de fréquence Son ambiant monotone de construction
Ventilation
Ventilation
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2. LE PARVIS DE LA GRANDE ARCHE Le weekend
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Durant la semaine
Le weekend
Durant la semaine
cacophonie de bruit urbain
Ventilation et bruit ambient
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3. EN BORDURE DE LA DALLE Le weekend
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Durant la semaine
Le weekend
Oiseaux
Ventilation - sons ambient des voiries
Durant la semaine
Oiseaux et en blanc des interruptions de sons de l'activite humaine
Ventilation
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4. LA COURS DIDEROT Le weekend
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Durant la semaine
Le weekend
Durant la semaine
Oiseaux
Oiseaux2
Bruit ambiant aerien
bruit ambiant routier et aerien dominant
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Nous avons remarqué que le son humain occupait une gamme élevée de fréquences, ce qui rendait la communication plus difficile pour les oiseaux dont le chant se trouve dans la partie à de hautes fréquences aussi. Ceci nous informe qu'une zone de végétation dense n'est pas nécessairement le signe d'un écosystème riche. Le son joue donc un rôle majeur dans la présence de la biodiversité. Cela nous amène à nous interroger sur les limites qui devraient exister entre l'homme et la nature dans le paysage. Dans la zone complètement minéral du parvis aussi, on s'aperçoit une apparition d'oiseaux dès que la présence humaine très dense diminue. Cela donc implique la nécessite de créer une balance entre ces deux co-habitant de l'écosystème urbain. Cela a aussi été évident dans l'exemple de la zone de transition, en bordure de dalle, ou la transformation de l'espace en terrasse de restaurant durant la semaine a neutralise l'espace naturel. On remarque que malgré le haut niveau d'exposition aux sons mécaniques, de la biodiversité existé quand même. Le spectogramme informe que les sons d'infrastructure routiers occupent principalement la partie basse des fréquence, ce qui donne de l'espace acoustique aux oiseaux anthropiques de communiquer avec leurs chants à hautes fréquences.
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Finalement, en écoutant le paysage sonore de la zone "silencieuse" sur la cours Diderot, on remarque que le silence à la défense se caractérise par une présence de son ambiant lointain, d'une abondance d'oiseaux qui ajoute une ambiance apaisante et parfois de la présence d'un élément d'eau, comme une fontaine, qui amène un son doux d'eau, masquant tout autre bruit qui provient de l'extérieur. Cependant, les sons naturels attirent plus de faunes, créant alors un paysage sonore domine par les sons de la nature. Ces analyses spatio-acoustiques ciblées ont permis une compréhension objective de l'équilibre sonore idéal nécessaire à un paysage plus sûr et plus sain. Par la suite, il est impératif d'obtenir un aperçu des différentes perspectives et opinions que les utilisateurs ou les visiteurs du site ont sur le paysage sonore urbain de la défense.
JETEZ UN COUP D'OREILLE! Les niveaux sonores renseignent sur le confort de l'espace acoustique, où des valeurs élevées peuvent causer des problèmes physiques et psychologiques tant pour la nature que pour les humains, comme expliqué au début de ce mémoire. Alors que la source sonore peut donner un meilleur aperçu de l'ambiance sonore d'un lieu. La superposition de ces informations peut donc renseigner sur l'expérience globale du paysage spatio-acoustique. J'ai présenté dans la première partie théorique de mon mémoire de nombreuses méthodes de sonographies en perspective qui sont de merveilleux outils d'intégration communautaire dans le processus de conception acoustique. J'ai mis en place une enquête qui consistait en des enregistrements sonores du site et je l'ai envoyée à différents types de personnes, familières ou non avec la défense, comme une invitation à explorer l'espace sonore du site et à me décrire ce qu'elles entendent et ressentent. J'ai choisi 3 enregistrements avec des équilibres sonores différents afin de voir quels sont les sons qui sont sûrs, agréables et intéressants pour les gens. Voici les résultats de 15 formes remplis de personnes d'âges et de 'background' différents. Mais avant d'aborder les résultats du sondage sonore, voici ce que les personnes qui ont déjà visité la Défense mon décris qu'ils ont retenu de son paysage sonore.
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C- REFAÇONNER LE PAYSAGE ECO-ACOUSTIQUE DE PARIS LA DÉFENSE
Le paysage sonore de Paris la Défense présente une cacophonie déséquilibrée qui affecte le bien être de ces habitants et usagers et qui est non accueillante à la biodiversité qui l'habite. Les infrastructures percent l'espace acoustique et les usagers perturbent les flux naturels. Afin d'établir un équilibre acoustique et de créer un environnement sonore sûr, une réorganisation et une gestion de l'espace public est nécessaire. Le diagnostic sonore a mis en évidence de nombreux points différents qui peuvent être abordés par un paysagiste afin de créer une meilleure expérience de l'urbain. Tels que les matériaux, la relation et la proximité nature/ homme, l'introduction de nouveaux sons, comme l'eau, etc. Toutes ces idées contribuent à la création d'un équilibre sonore entre tous les flux urbains. J'ai élaboré trois stratégies pour traiter les différentes typologies analysées dans la section ci-dessus, sur la base de la carte des niveaux sonores et de la représentation aérienne 3D de l'espace acoustique.
B- Créer une balance être humain/nature au long du centre de la dalle pour une coexistance sonore avec le moin de degradation. C- Préserver les zones silencieuses et les amplifier afin de créer des noyaux de trame blanche pour la nature et l'homme aussi. L'idée est alors de réorganiser l'espace sur la dalle de façon à répondre aux enjeux de transition et de connexions entre les écotones sonores. Je procéderai aux cartographies des stratégies et proposerai simultanément les outils qui pourraient être utilisés pour appliquer ces stratégies. Ces stratégies seront alors explorées plus profondement dans mon projet de TPFE et constitueront la base de mes reflexions et decisions de conception.
Ces stratégies consistent à: A- Travailler les zones de transition, les zones de contact direct espace public/infrastructure routières afin d'attenuer le niveau sonore élevé des sons mecaniques et de diminuer leurs impacte sur l'espace public. 93
A- TRAVAILLER LES TRANSITIONS La carte des "points noirs" ci-dessous marque les points de transition les plus exposés à l'anneau de bruit routier. Ces points sont importants à traiter puisqu'ils constituent les portes d'entrée des ondes sonores mécaniques vers le site. La grande dominance des sons mécaniques dans ces zones la nécéssite l'utilisation d'outils d'atténuation et d'absorbtion des ondes sonores non désirés.
Sur la visualisation ci-dessous, on observe des zones de transitions où il y a de la présence de sons naturels, ces zones de transition sont alors a préserver, à amplifier et à repliquer sur des espaces similaires. La nature a trouver un peu d'espace acoustique pour exister a ces endroits là, le but est alors d'élargir cet espace fin de créer un confort acoustique plus équilibré pour la faune, la flore et les usagers humains.
Je propose à faire comme suit: Repenser les cheminements piétons afin de limiter les perturbations humaines dans les zones de confort de la "nature". Travailler la topographie afin de fortifier les bordures et d'atténuer les impactes des sons mecaniques et humains.
Voici quelques exemples: Une intégration de large surfaces végétalisées Intégration d'une barrière de bruit végétale ou minérale
Elargir l'espace végétalisé en créant des extensions végétales sur l'ensemble de la dalle.
Retraivailler le nivellement Eloigner les activités humaines de ces points
Intégration de point d'écoutes et de rencontre acoustique entre les oreilles des usagers et le chant de la nature. Les points noirs d'exposition à des niveaux sonores élevés
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Zone de transition statiques avec présence de sons naturels
B- ÉQUILIBRER LE CENTRE Cet enjeu consiste à trouver un équilibre entre les flux humains et naturels, en créant des zones à différents niveaux de connexion physique et sonore. Il s'agit de trouver une balance acoustique afin de permettre la coexistence et la non harmonie idéale, à différentes échelles spatiales et temporelles.
Outils et stratégies proposées: Réorganiser les usages et la programmation sur site afin d'équilibrer les zones de concentration piétonnes Travailler avec la topographie de l'espace et créer des zones de transition interne entre les écotones sonores humains et naturels Intégration de point d'écoutes et de rencontre acoustique entre les oreilles des usagers et le chant de la nature Créer des zones végétalisées non accessible par les piétons Repenser le revètement utilisé en se basant sur leurs sonorités. repenser les cheminements et les zones piétonnes
relier les noyaux silences et des connections de sons naturels 95
C- PRÉSERVER LE SILENCE ET AMPLIFIER SES SONORITÉS Ayant localiser les zones les plus silencieuses et les moins exposées à la cacophonie du site, le but est de les préserver et d'amplifier ce caractère non bruyant à de plus longues durées, même durant les journées où toute la dalle est activée.
Afin de faire cela, on peut: Repenser les limites et les accès à ces zones silencieuses Repenser les revetements et le minéral qui les constituent Intégrer de nouveaux sons apaisants en harmonie avec la sonorité du lieu Protéger ces zones dans leurs contexte à différentes échelles Sensibiliser les gens à l'importance de la préservation de ces zones
Le zones les moins expose au son du trafic 96
les zones silencieuses et apaisantes sur site
LA STRATEGIE DE TRAME BLANCHE DES ESPACES PUBLICS SUR LA DALLE DE PARIS LA DEFENSE
Les points noirs
Les points de présence de sons naturels
Les zones les moins exposes aux sons de traffic
Les zones les plus silencieuse et apaisantes
Circulation et présence des piétons à repenser
Connexion entre les points silencieux à créer 97
CONCLUSION : d'une strategie de trame blanche vers un urbanisme sonore Comme nous l'avons vu tout au long de cette recherche, la trame blanche fait inexorablement partie du paysage. Dans un premier temps, nous avons établi ses origines historiques et les cadres théoriques dans lesquels elle s'inscrit. C'est un outil incroyablement puissant et sensible, capable de cartographier un espace, mais aussi de donner des indicateurs sur sa salubrité et son harmonie. En écoutant, en observant et en contribuant au paysage sonore, de nouvelles couches de l'espace physique sont démêlées et une compréhension plus profonde et plus sensible de l'espace est faite. Le son en tant qu'élément de l'écosystème est donc crucial pour le développement des écosystèmes urbains d'aujourd'hui, qui sont confrontés à de nombreuses nuisances. N'étant pas confronté aux contraintes des surfaces ou de la profondeur du sol auxquelles font face les trames vertes et bleues, le son est un outil qui peut créer des écosystèmes sains s'il est pris en compte dans les processus de l'aménagement urbain dans un cadre de transition écologique. L'écologie acoustique met en relation la dimension sonore, l’espace physique et tout être vivant. Une étude sur les équilibres sonores, des sons mécaniques, humains et naturels, informe sur l’animation de l’espace physique et sur la
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qualité de l’ambiance sonore qui l’englobe. En lisant l'espace avec les oreilles, le paysagiste pourra refaçonner le paysage acoustique en modelant l’espace physique et en traitant les sources sonores. Le son urbain est généralement caractérisé en termes négatifs, il s'agit de bruit indésirable. Par contre, le son définit la viabilité et la vitalité des espaces publics, cependant , il ne s’agit pas de simplement traiter la pollution sonore, mais aussi de créer des ambiances urbaines à une échelle humaine. La notion de trame blanche vient donc ajouter une dimension sensorielle supplémentaire au monde tangible de la trame verte et bleue et s'avère être une trame écologique fonctionnant comme un lien entre toutes les autres trames. Dans un second temps, j’ai choisi Paris La Défense, un quartier moderniste qui a perdu toute échelle humaine et tout sens de l'identité de son territoire, qui se positionne comme un étranger dans son tissu urbain plus large, ce qui le rend physiquement et visuellement intimidant et peu invitant pour les habitants voisins et pour la biodiversité qui y vit. L’anneau de bruit qui l'entoure ajoute à son insularité une discordance sonore. Celle-ci, accompagnée du mode de vie moderne en mouvement constant et bruyant, grignote la nature et crée peu d'opportunités de silence. Le diagnostic sur le paysage sonore du
site a mis encore plus en évidence la délimitation physique entre les espaces minérales et végétales. La relation entre la morphologie et le bien-être acoustique sur le site a été accentué dans le protocole d’action effectué où le son a dirigé mon inventaire et le diagnostic sur le site. J’ai établi une compréhension spatio-acoustique des espaces publics sur la dalle de la Défense. Chaque observation sur site a été traduite par le paysage sonore. De suite, cela a permis l’identification de trois types de zones problématiques à l'évolution d’une trame blanche: les espaces de transitions entre la dalle et son dessous, l’axe central et les zones calmes internes protégées par les tours. Les accompagnements sonores ont permis une compréhension plus précise de la qualité acoustique de ces espaces. Les enquêtes sur terrain à différents moments de la semaine ont ajouté une nouvelle couche de compréhension et ont alors permis de mettre en évidence la relation entre les activités humaines et la présence biodiversité. La nature perdait sa voix en milieu de cacophonie urbaine. Les chants des oiseaux, qui manifestent la présence de biodiversité, trouvent plus de refuge au sein d’un milieu à haute exposition à des sons mécaniques que dans les espaces verts dominés par la présence humaine.
Suite à ces observations, trois principaux enjeux ont été tirer:
en harmonie avec tous les éléments de l'écosystème urbain.
- Repenser les transitions entre infrastructure et espace public, celle-ci peut se faire par une augmentation de la présence naturelle.
Ce n'est que le début d'une longue exploration sur les paysages sonores. Tout ceci sera approfondi dans mon projet TPFE où des recherches sonores plus spécifiques sur le site et son territoire seront analysées afin de transformer les espaces publics de Paris la Défense en un lieu durable de coexistence entre humains et nonhumains. Ayant principalement concentré, dans mes recherches, sur les espaces publics sur dalle, j'explorerai davantage, dans mon projet de TPFE la relation sonore, spatiale et écologique entre le site et son territoire afin de réintégrer l'île urbaine dans son contexte multidimensionnel avec une vision de transition écologique.
- Etablir une balance acoustique, et donc spatiale, au long de l’axe central de la dalle. - Préserver les zones silencieuses existantes en amplifiant leurs sonorités. Finalement, cette stratégie basée sur les emplacements des sources sonores rend l'idée de transition entre différentes écotones sonores intéressantes à explorer, qu'il s'agisse de travailler les interrelations sonores évoquées entre l’infrastructure et la superstructure, ou bien de travailler les points de rencontre et de transition entre les zones à différentes sonorités dominantes. Pour conclure, une stratégie de trame blanche nécessite une approche d'urbanisme sonore qui peut ensuite être adoptée pour répondre aux enjeux posés. Cependant, en façonnant le paysage de la dalle, se servant de la boite à outil de paysagiste proposée, le paysage sonore sera porteur d'une nouvelle palette de sons à jouer
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Tous les graphiques et illustrations de ce mémoire sont créés par l'auteur, sauf indication contraire.
REMERCIEMENTS Merci à ceux qui m'aident, m'orientent, me corrigent et me font évoluer, dont l'équipe pédagogique de l'ESAJ et spécifiquement les encadrants Benoit Barnoud, Anne Gaillard et Marc Claramunt. Je tiens tout particulièrement à remercier Marine Linglard pour ses conseils inestimables et son soutien constant le long de cette exploration du paysage sonore et de la trame blanche. Je tiens aussi à remercier Mario Hawat, avec qui j'ai eu de longues discussions autour du son et la musique qui m'ont ouvert les yeux - et les oreilles - sur la fascinante dimension sonore. Merci à mes parents et à ma famille pour leur soutien indéfectible durant ma scolarité. Enfin, merci à tous ceux qui m'ont prêté leur oreille pendant la production de ce travail, et qui ont partagé leurs sons avec moi au long de ce voyage.
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