De l’iconographie ou comment tenter de remedier aux lacunes de l’histoire officielle : Etude de certains aspects de l’occultation de l’homme noir dans le monde hispanique.
Mme BERTIN-ELISABETH Cécile Maître de Conférences à l’Université des Antilles et de la Guyane.
Si apprendre est un acte permanent 1 , les supports de la recherche et de l’enseignement connurent quant à eux des évolutions diverses, complémentaires ou profondément novatrices. La transmission du savoir s’avère à l’heure actuelle non plus uniquement basée sur le textuel, mais également sur l’iconographie, ne serait-ce que par l’évolution du monde contemporain avec l’audio-visuel et l’informatique. Ainsi, alors que nous nous interrogeons sur le rôle de l’ordinateur pour soutenir le développement de l’apprenant et sur les objectifs d’une nouvelle éducation pour le troisième millénaire ; la recherche, pour sa part, connaît des avancées épistémologiques conséquentes qui restent encore souvent à mettre en pratique. En France, des percées épistémologiques sont passées par l’histoire, car, comme le dit le Professeur Antoine Prost : « Historiquement, c’est par l’histoire que la société française s’est représentée à elle-même sa propre existence et qu’elle s’est analysée » 2 . L’histoire française eut au XXe siècle un impact considérable dans la recherche, avec la mise en exergue de méthodes et perspectives nouvelles, grâce en particulier à la fameuse « Ecole des Annales », qui en s’en prenant violemment à l’ « histoire des traités et des batailles », rejeta l’événementiel, repensa l’histoire, et eut recours aux sources non écrites. Depuis,
l’histoire
nouvelle élargit constamment le champ du document historique. A l’histoire positiviste fondée sur le document écrit, elle a substitué une histoire basée sur une multiplicité de documents, notamment iconographiques. Comme l’a expliqué Jacques Le Goff, l’ « histoire vit aujourd’hui une révolution documentaire » 3 . Or, l’iconographie apparaît comme l’un des témoins les plus évidents des sociétés passées, véritable miroir de l’histoire des mentalités et de l’imaginaire. Dans le cadre de cette ethno-histoire, qui plus encore que l’histoire
1
Se reporter par exemple au chapitre « Education permanente » de : Eduquer : une longue histoire de Pierre-André DUPUIS, Presses Universitaires de Strasbourg, 1990 ; ainsi qu’au triède éducatif proposé par Reine GOLDSTEIN dans : Analyser le fait éducatif, Lyon, Chronique sociale, 1998, p. 37. 2 « Histoire et sociologie », in : Sociétés contemporaines, Paris, L’Harmattan, 1990, p. 7, (n°1). 3 La nouvelle histoire, sous la direction de Jacques Le Goff, Bruxelles, Editions Complexe, p. 38.