Protection des animaux et agriculture

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PROTECTION DES ANIMAUX ET AGRICULTURE

LE BIEN-ÊTRE DES ANIMAUX NOUS CONCERNE TOUS

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


Protection des animaux et agriculture: le bien-être des animaux nous concerne tous

1.

Les contraintes autour de la détention d’animaux de rente 3

2.

Agriculture et détention d’animaux de rente 7

2.1 Domestication

7

2.2 L’histoire de la détention d’animaux de rente

8

La demande de viande et autres produits de pro-

2.3 Les relations entre l’être humain et l’animal

10

venance animale est en constante augmentation.

2.4 L’élevage d’animaux de rente : éthiquement justifié ?

12

Bien au-delà du «riche Occident», elle s‘étend

3.

aussi aux pays autrefois pauvres et amène du

3.1 Le bien-être des animaux malgré les périodes de restriction

14

souci à beaucoup de personnes. Car derrière

3.2 Des décennies perdues

14

la démocratisation mondiale de la consomma-

4.

tion de viande, de produits laitiers et d‘œufs se cachent une production animale intensive, des

4.1 Développement de la législation sur la protection des animaux de 1981 à 2011

17

détentions cruelles en masse, des animaux sélec-

4.2 Évaluation de la nouvelle loi sur la protection des animaux (LPA)

20

tionnés à l‘extrême, des transports causant des

4.3 Évaluation de la nouvelle ordonnance sur la protection des animaux (OPAn)

21

4.4 Application

22

5.

23

souffrances aux animaux, des méthodes d‘abattage brutales et des régimes fourragers désastreux d’un point de vue écologique, éthique et

La détention d’animaux de rente en Suisse au XXe siècle 14

La législation sur la protection des animaux 17

Politique agricole

5.1 Développements de 1951 à 2011

23

5.2 Loi sur l’agriculture et paiements directs

26

5.3 Promotion du bien-être des animaux

26

plus seulement soulevées par les éthiciens et les

5.4 L’importance du bien-être des animaux pour les contribuables et les consommateurs

28

activistes des droits des animaux, mais aussi par

6.

une large part de la population, particulièrement

6.1 Développement de 1972 à 2011

29

les jeunes qui adoptent une alimentation végé-

6.2 Information et conseil

33

tarienne voire végétalienne. Ce comportement

6.3 Le commerce de détail mise sur des produits issus d’une détention respectueuse des animaux 34

sanitaire. Les questions fondamentales quant à la légitimité éthique d’exploiter des animaux ne sont

éthiquement conséquent est répliqué par des critiques, car les détentions ne sont pas toutes pareilles. Des détentions paysannes, adaptées aux

Information, marché et consommation 29

6.4 Une gastronomie hésitante

34

7.

35

Des importations conformes à la protection des animaux

7.1 Les possibilités légales et de l’économie privée

35

ne seraient pas un problème contrairement aux

7.2 Les différences dans l’importance du bien-être des animaux en Suisse et dans l’UE

36

élevages en masse. À l’avenir, elles pourraient

8.

contribuer à alimenter durablement la popula-

8.1 Généralités

39

tion et protéger les ressources mondiales.

8.2 Les problèmes de protection des animaux chez les bovins

40

espèces et aux endroits où elles sont pratiquées,

Ce qu’il reste à faire pour le bien-être des animaux en Suisse 39

Cette brochure renseigne les personnes in-

8.3 Les problèmes de protection des animaux chez les porcs

43

téressées à la protection des animaux quant au

8.4 Les problèmes de protection des animaux chez la volaille

45

développement, à l’importance et aux problèmes

8.5 Les problèmes de protection des animaux chez les moutons, chèvres et lapins

48

8.6 Les problèmes de protection des animaux chez les chevaux

49

8.7 Les problèmes de protection des animaux dans les transports

49

8.8 Les problèmes de protection des animaux dans les abattoirs

50

8.9 Les autres aspects de la détention d’animaux de rente

51

8.10 Le gaspillage des ressources

54

9.

56

de la détention des animaux de rente. Elle sert donc à se forger une opinion personnelle. Car la détention des animaux de rente nous concerne tous. Cette documentation souhaite également rendre compte du développement de la protection des animaux de rente au cours des dernières années et indiquer dans quels domaines il est encore impératif d‘intervenir en faveur du bienêtre des animaux, tant en Suisse que sur le plan international. Dr Hansuli Huber, ing. agr. dipl. ETHZ Directeur de la Section technique Protection Suisse des Animaux PSA

2

Des mesures pour améliorer le bien-être des animaux

9.1 Généralités

56

9.2 La responsabilité individuelle

56

9.3 Le rôle des consommateurs

57

9.4 Le rôle de l’agriculture et de l’économie alimentaire

57

9.5 Le rôle de l’État

59

9.6 Le rôle de la politique internationale

61

Glossaire / Impressum

63

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1. Les contraintes autour de la détention d’animaux de rente Dans le monde occidental «saturé» de

byistes, d’un approvisionnement de den-

tinier dans beaucoup de pays en dehors

nourriture depuis des décennies, l’élevage

rées alimentaires avantageux et sûr jus-

de l’Europe d’hormones et d’antibiotiques

intensif, désormais pratiqué au niveau

tifie de moins en moins des conditions

pour augmenter la productivité, et la qua-

mondial, est de plus en plus critiqué. Les

de détention des animaux de rente né-

lité des denrées alimentaires bon mar-

questions fondamentales quant à la légi-

gligeant leur protection. Les ONG et les

ché issues de fabriques d’animaux. Les

timité éthique d’exploiter des animaux

médias mentionnent souvent la consom-

transports d’animaux de boucherie dans

ne sont plus seulement soulevées par les

mation élevée de produits de provenance

l’Union Européenne et les exportations

éthiciens et les activistes des droits des

animale, en augmentation au niveau

d’agneaux d’Australie et de Nouvelle-Zé-

animaux, mais aussi par une large part de

mondial, comme la cause de nombreux

lande vers les pays arabes et d’Asie du

la population, particulièrement les jeunes

problèmes écologiques et sanitaires, ainsi

Sud-Est sont devenus synonymes de souf-

qui adoptent une alimentation végéta-

que de la famine. L’alimentation purement

frances animales. Les conséquences néga-

rienne voire végétalienne.

végétarienne prend de plus en plus racine:

tives de la production animale sur l’envi-

Le rapport entre l’être humain et

elle est considérée comme la solution aux

ronnement et sur la nature se retrouvent

l’animal change à vue d’œil. La distinc-

problèmes alimentaires de la population

également dans le viseur de la critique,

tion entre les animaux de compagnie et

mondiale croissante.

comme les pics régionaux de produc-

les animaux de rente, autrefois nette, de-

Les formes de détentions dans des es-

tion de lisier, pouvant entraîner des ex-

vient plus floue autant chez la population

paces limités et peu stimulants, le trans-

cès d’azote et de phosphore dans les sols

citadine que la population rurale. L’ani-

port et le commerce transnational ou car-

ou des émissions d’ammoniac, ainsi que

mal se rapproche de l’être humain et les

rément transcontinental d’animaux d’éle-

de CO2 et de méthane ayant un effet sur

détenteurs d’animaux sont de plus en plus

vage et de boucherie, les sélections ex-

le climat. La façon de cultiver les four-

prêts à fournir l’investissement matériel

trêmes pour la performance, parfois liées

rages riches en énergie et la taille des sur-

et émotionnel nécessaire dans ce sens. Il

à des composants du fourrage contraires

faces labourées dans ce dessein sont éga-

ne s’agit pas d’humaniser l’animal, ce qui

à la protection des animaux, compro-

lement contestées, de même que le com-

n’est pas souhaitable, mais d’atteindre

mettent le bien-être des animaux et leur

merce international du fourrage concen-

une nouvelle forme de cohabitation, entre

état de santé. Dans notre pays, de plus

tré. La production excessive de viande et

l’être humain et l’animal, plus consciente

en plus de personnes remettent en ques-

d’autres produits de provenance animale

et responsable.

tion l’énorme extension de la production

dans certains pays est également criti-

animale à travers le monde, l’emploi rou-

quée: le commerce mondial des excédents

L’argument, prôné par certains lob-

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

3


autrefois pauvres, et avec elle, la détention

en masse, sans égard vis-à-vis du bien-

d’animaux de rente. Au niveau mondial,

être des animaux. Autour des métropoles

un milliard de paysans vivent de l’élevage,

d’Asie, d’Inde, des États arabes et du Bré-

dont la moitié dans des pays pauvres. Ces

sil, les poulaillers pour l’engraissement

exploitations détiennent 1,4 milliard de

ont poussé comme des champignons. Ils

bovins ainsi qu’un milliard de porcs. Si

«abritent» des centaines de milliers d’ani-

l’on plaçait ces animaux les uns à côté

maux, suivant l’exemple de l’Occident. Les

des autres, il en résulterait une ceinture

cultures fourragères nécessaires à ces dé-

qui ferait soixante fois le tour de la Terre!

tentions intensives (maïs, soja et céréales)

De plus, on élève 68 milliards de poulets.

accaparent actuellement environ 15 % de

La Chine construit actuellement la plus

la surface agricole utile mondiale. À titre

grande détention d’animaux de rente du

de comparaison, les cultures destinées à

monde. Dans ce pays, la consommation

nourrir directement les êtres humains (cé-

de viande a quadruplé depuis 1970, pour

réales, pommes de terre, légumes, fruits,

atteindre aujourd’hui 62 kilogrammes par

etc.) nécessitent environ 20 % de la sur-

habitant et par an. La consommation de

face agricole disponible.

viande annuelle en Chine pourrait couvrir

La grande partie des terres agricoles

la demande suisse de viande pour environ

mondiales, comme en Suisse, ne sont pas

200 ans ! C’est la remarquable demande de

cultivables. Cependant, elles peuvent être

produits laitiers dans les pays asiatiques et

utilisées pour mettre en pâture des ani-

en Russie qui a causé la forte augmenta-

maux de rente consommant des four-

tion de détentions d’animaux producteurs

rages grossiers. Si malgré tout on labou-

exportés, bradant parfois les prix, fait de

de lait. La consommation de viande a éga-

rait ces sols, ils libéreraient de grandes

la concurrence aux paysans et aux mar-

lement doublé dans les «pays en voie de

quantités de CO2 et le danger existe qu’en

chés des pays qui reçoivent ces marchan-

développement» depuis 1970, pour se si-

quelques années la couche d’humus fer-

dises et crée de fortes dépendances.

tuer actuellement à 30 kilogrammes par

tile soit dégradée par l’érosion, empêchant

habitant et par an.

tant la culture que le pâturage. Du point

Production en masse dans des fabriques d’animaux à travers le monde

À l’exception de la Suisse et de quelques pays d’Europe occidentale, la

Cette demande généralisée de pro-

de vue écologique et de celui de l’alimen-

consommation de viande, de lait et d’œufs

duits de provenance animale est satis-

tation humaine, la mise en pâture est rai-

augmente presque dans tous les pays de-

faite principalement par une production

sonnable, car les bovins, les ovins et les

puis des années, notamment dans les pays

animale industrielle dans des détentions

caprins transforment le fourrage des prés

Les terres agricoles au niveau mondial:

50 % des denrées alimentaires produites

car les stocks mondiaux de phosphate

5 milliards d’hectares, dont 3,5 milliards

dans le monde entier sont «dilapidées»

(un engrais important) tirent à leur fin

sont des herbages permanents. Dans le

(pertes dues au stockage, aux prescrip-

et parce que les terres agricoles, notam-

monde, la terre agricole utile à disposi-

tions de qualité et de «fraîcheur», etc.).

ment en Afrique, en Amérique du Sud, en

tion de chaque personne correspond à 72

Cela signifie que l’on produit bien assez

Asie du Sud-Est et en Australie sont ra-

ares, dont seulement 20 sont cultivables.

pour rassasier toutes les personnes de la

chetées par des investisseurs privés de

En Suisse, chaque personne dispose de

planète.

Chine, d’Inde, des pays du Golfe, des USA

14 ares de surface agricole utile, dont 6

À l’avenir, les terres agricoles dispo-

et d’Europe. On estime que ces derniers

sont cultivables. Sur ces 14 ares, on pro-

nibles pour produire des denrées alimen-

ont déjà acheté ou loué une quantité de

duit 60 % des calories alimentaires néces-

taires et pour la détention d’animaux di-

terres supérieure à toute la surface agri-

saires à la population suisse; si l’on en dé-

minueront, en raison de méthodes d’ex-

cole utile d’Europe, afin de mettre en

duit les «inputs» importés, p. ex. les en-

ploitation et de culture (p. ex., l’érosion

place de grandes monocultures, à négo-

grais chimiques et les fourrages concen-

des couches fertiles du sol ou leur salini-

cier en fonction du marché mondial (spé-

trés, ce pourcentage descend à 50 %. La

sation), et de la demande croissante en

culatif). A l’avenir, dans la lancée de ce

Suisse doit donc importer environ 40 % de

surfaces pour la production d’énergie et

développement, les prix des denrées ali-

ses calories alimentaires.

des changements climatiques. De plus,

mentaires et des fourrages grimperont

La croissance démographique pro-

l’approvisionnement alimentaire de la

sur le marché mondial.

nostiquée d’ici 2050: des 7 milliards ac-

population mondiale est également mis

tuels à 9 milliards. Aujourd’hui, 1 milliard

en danger par le manque d’eau, de plus

Pour info: 1 are = 100 m2,

de personnes sont sous-alimentées, mais

en plus prononcé dans les régions arides,

1 hectare = 100 ares = 10 000 m2

4

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en lait et en viande. Ce qui est probléma-

tations vers les marchés des pays arabes et

tique par contre, c’est l’exploitation ex-

d’Asie du Sud-Est, mais aussi vers l’Amé-

cessive des steppes par un nombre trop

rique du Nord et l’Europe. La Suisse se

élevé d’animaux en pâture, telle qu’elle

procure la moitié de la viande d’agneau

est pratiquée en Asie et dans certaines ré-

qu’elle consomme dans ces deux pays, et

gions d’Afrique. En effet, cela compromet

tout particulièrement les parties nobles. Au niveau mondial, l’engraissement

la fertilité et le rendement des sols à long terme, désertifiant les steppes.

d’animaux et la production de lait et

Les régions de l’UE pratiquant la pro-

d’œufs sont généralement dominés par

duction animale intensive, comme le

des industries agroalimentaires. L’éthique,

nord-ouest de l’Allemagne, les Pays-Bas,

la protection des animaux, l’écologie et la

la Belgique, le Danemark, la Bretagne et

protection du climat n’y jouissent d’au-

la Plaine du Pô, comme les Etats-Unis et

cune importance. Le seul but est une pro-

certains pays d’Amérique latine, le Brésil

duction en grande quantité et la moins

en tête, produisent d’énormes excédents

chère possible de viande, de lait et d’œufs.

contrairement à l’agriculture suisse. De

Les petites et moyennes exploitations

cette façon, elles forcent l’exportation de

agricoles, leurs formes de détention tra-

viande de volaille, de porc et de bœuf par

ditionnelles et leur exploitation des pâtu-

tous les moyens. La production de volaille

rages sont rationnalisées ou démantelées.

est la plus répandue et industrialisée. Elle

Les exportations bon marché de l’UE, des

a quintuplé au cours des trente dernières

États-Unis et du Brésil mettent désormais

années, pour atteindre aujourd’hui les 93

en danger une grande partie de l’élevage

millions de tonnes annuelles. En effet, la

suisse, encore calqué sur le modèle pay-

on constate un meilleur approvisionne-

consommation du poulet, contrairement

san, et causent la perte du travail et du

ment en denrées alimentaires et la démo-

à celle du porc et du bœuf, n’est pas sou-

revenu de millions de petits paysans dans

cratisation de la consommation de pro-

mise aux restrictions liées aux convic-

le monde entier, notamment dans les pays

duits de provenance animale, parallèle-

tions religieuses. De plus, cette viande

en développement et dans les pays émer-

ment à une réjouissante amélioration de

peut, maintenant, être vendue meilleur

gents. En conséquence à cela, l’approvi-

l’économie de plusieurs pays autrefois

marché que toutes les autres sortes. En

sionnement alimentaire de ces pays dé-

pauvres.

effet, aujourd’hui, les poulets d’engraisse-

pend de plus en plus des marchés agroali-

Aujourd’hui, ce sont surtout les grands

ment croissent incroyablement vite – ils

mentaires internationaux, en partie gérés

producteurs d’excédents d’exportation

mettent deux fois moins de temps qu’au-

par la spéculation.

dans l’UE, les Etats-Unis, la Chine et le

paravant pour atteindre leur poids d’abattage. À l’étranger, ils sont détenus dans des halles contenant jusqu’à 100 000 animaux et un abattoir «turbo» moderne tue plus de 10 000 poulets par heure. D’après les experts, d’ici 2020, les marchés croissants d’Amérique latine, d’Asie et d’Europe de l’est feront en sorte que la production de viande de volaille dépassera

Elle a quintuplé en l’espace de trente ans: la production de poulet détient le record du monde de la croissance

Brésil, ainsi que des pays du Tiers-Monde

Trois faits justifient la critique envers la prolifération massive des détentions animales et la production animale intensive sévissant au niveau mondial, ainsi qu’envers leurs effets négatifs manifestes pour l’être humain, l’environnement et les animaux. Rappelons-les:

celle de porc qui est actuellement en tête

en plein essor, qui demandent la grande partie du fourrage céréalier et protéique destiné aux animaux de rente. Cela dépasse les vieilles conceptions idéologiques des années 1980, encore colportées aujourd’hui, selon lesquelles la Suisse nourrit son bétail avec les céréales des pauvres de ce monde. En outre aujourd’hui, la détention des animaux de rente s’amasse de

de la production mondiale, et qu’elle se si-

1.

tuera à 120 millions de tonnes annuelles.

ment émergents sont de plus en plus

Il faut donc en tirer des conclusions

Pourtant, les marges de bénéfice de la pro-

«friands» de produits de provenance ani-

correctes en ce qui concerne notre pays et

duction animale intensive sont extrême-

male. Cela revient à imiter le modèle ali-

notre approvisionnement en denrées ali-

ment basses. En Allemagne, une entre-

mentaire occidental et correspond exac-

mentaires. La Suisse devra décider si elle

prise d’engraissement de volaille gagne à

tement au développement qui a eu lieu

souhaite laisser tomber son agriculture et

peine dix centimes par poulet.

en Suisse après la deuxième guerre mon-

la production interne de denrées alimen-

La Nouvelle-Zélande et l’Australie, de

diale. À cette époque, la viande était le

taires pour se tourner de plus en plus vers

leur côté, ont surtout relancé la produc-

symbole du bien-être et est devenue tou-

des importations bon marché issues, par

tion de viande d’agneau, par leurs expor-

jours plus accessible. Au niveau mondial,

exemple, de fabriques d’animaux, ou si

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

Les sociétés et les pays économique-

plus en plus à l’extérieur de l’Occident.

5


elle souhaite investir dans une agriculture

2. Si l’on remet en question la détention

male issus de la production de fourrage et

indigène proche de la nature et respec-

des animaux de rente d’un point de vue

de denrées alimentaires. Les poulets, en

tueuse des animaux, produisant des den-

éthique, il ne faut pas oublier que la do-

revanche, sont les animaux de rente qui

rées un peu plus chères. Cela ne chan-

mestication et la sélection des animaux

transforment le plus efficacement les cé-

gera en rien la tendance mondiale actuelle

qui l’a accompagnée ont constitué l’un

réales en œufs et en viande. Le fumier et

visant à étendre massivement la produc-

des grands exploits culturels de l’huma-

le lisier des animaux améliorent la crois-

tion animale intensive. La Suisse pour-

nité. Détenir des animaux d’une façon ré-

sance des végétaux et le rendement des

rait arrêter ses détentions animales sans

gulière a apporté une meilleure sécurité

sols. De cette façon, chaque unité de sur-

que cela exerce une quelconque influence

d’approvisionnement, a relancé la pro-

face assure une récolte nettement meil-

sur le développement du climat ou sur la

ductivité agricole, a permis de coloniser

leure et cela permet de nourrir un plus

consommation de fourrages.

des régions et d’utiliser des sols peu ou

grand nombre de personnes. Cette inte-

pas du tout adaptés à la culture.

raction mesurée entre les sols, les plantes

La surface agricole mondiale disponible est en recul à cause d’une exploita-

Même en Suisse, le climat et la météo-

et les animaux de rente, développée et

tion inappropriée (érosion, salinisation),

rologie limitent les possibilités de culti-

constamment améliorée durant des mil-

les surfaces cultivables sont utilisées pour

ver, conjointement à la configuration du

lénaires, constitue une des plus grandes

la production lucrative d’énergie, et la de-

terrain, escarpé, en zones montagneuses

performances de l’humanité. Fondamen-

mande en aliments (de provenance ani-

et collinaires. Cela limite donc les cultures

talement d’un point de vue éthique, on

male) augmente parallèlement à la popu-

destinées à l’alimentation directe des êtres

peut – et il faut – remettre en question

lation mondiale et à une embellie écono-

humains. Par contre, ce qui pousse bien

l’exploitation et l’abattage d’animaux.

mique. Les surfaces exploitables de cette

sur les prés et pâturages alpins, ce sont

Cependant, c’est un fait que la détention

planète deviennent dès lors un bien pré-

les graminées, les trèfles et les herbages,

d’animaux, si elle est pratiquée conformé-

cieux. À l’avenir, les denrées alimentaires

dont l’être humain ne peut pas se nour-

ment aux espèces et aux endroits, contri-

seront plus chères au niveau mondial. La

rir mais qui fournissent des aliments de

bue à résoudre les problèmes alimentaires

Chine, les pays arabes riches et les inves-

grande qualité aux bovins, aux chèvres,

et climatiques. Aujourd’hui, elle procure

tisseurs occidentaux achètent des terrains

aux moutons, aux chevaux et aux lapins

de la nourriture et un revenu à des mil-

à tour de bras, surtout en Afrique. Par ces

et donc indirectement à l’être humain. Les

liards de personnes.

prémisses, au cours des cinquante pro-

porcs sont omnivores: ils peuvent brou-

chaines années, la Suisse ferait bien de

ter de jeunes herbes, mais leur force ré-

3. Au cours des années 1960, 1970 et en

veiller à sa propre agriculture et à un ap-

side en la transformation de toute sorte

partie encore dans les années 1980, la po-

provisionnement sûr de sa population.

de restes de provenance végétale ou ani-

litique agricole suisse, le conseil et la recherche agricoles, et de nombreux paysans ont misé sur la production animale intensive, douteuse sur le plan éthique et écologique. Ils se sont donc complètement détournés des formes de détention recommandées et pratiquées auparavant. Cependant, contrairement aux autres pays, une forte réaction s’était déjà manifestée en Suisse dès la fin des années 1970. Elle misait dès le début sur un retour à une consommation responsable et sur une demande de produits naturels et issus de détentions respectueuses des animaux. Depuis les années 1990, de larges groupes de population font pression pour un changement de cap dans la politique agricole. Entre-temps, des situations ont donc pu être corrigées et améliorées.

La Chine, les pays arabes riches et les investisseurs occidentaux achètent des terres à tour de bras, principalement en Afrique.

6

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2. Agriculture et détention d’animaux de rente 2.1 Domestication

males ont été domestiquées simultané-

nées 1980, des porcs et des poulets haute-

Chasser les animaux, les tuer et les man-

ment, mais indépendamment les unes des

ment sélectionnés en détentions conven-

ger, est accepté par l’être humain depuis

autres dans plusieurs endroits du monde ;

tionnelles ont pu être transférés de l’étable

des centaines de milliers d’années. Mais ce

le porc: au Proche Orient, en Europe et

à de spacieux enclos «sauvages» en plein

n’est qu’après la dernière époque glaciaire

en Chine. Cependant, parmi les milliers

air. Contre toute attente, ils se sont par-

qu’ont commencé la détention et l’exploi-

d’espèces animales vivant sur cette Terre,

faitement accommodés à leur nouvelle vie

tation régulières d’animaux domestiques.

seule une douzaine s’est laissée domesti-

en plein air et ont pu se reproduire sans

La plupart des animaux de compagnie et

quer au-delà d’un apprivoisement super-

problème.

de rente qui nous sont familiers ont été

ficiel et transformer en animaux domes-

La domestication a mené à une vraie

domestiqués dans un laps de temps al-

tiques; en dehors du chien et du chat, fi-

symbiose entre l’être humain et l’animal.

lant de six à dix mille ans avant notre

gurent le bovin, la chèvre, le mouton, la

Après avoir cohabité durant des millé-

époque, à deux exceptions près. Le lapin

poule et la dinde, le cochon, le cheval et

naires, ils s’échangent même des bacté-

n’a atteint le statut d’animal domestique

l’âne. L’affinité de ces animaux pour l’être

ries et des virus, devenus désormais des

qu’au Moyen-Âge, grâce aux efforts de

humain tient presque du miracle, car les

accompagnateurs permanents des popu-

quelques moines. D’autre part, de nou-

tentatives d’apprivoiser d’autres espèces

lations qui vivent en contact étroit avec

velles découvertes de squelettes de chiens

n’ont jamais manqué au cours des mil-

leurs animaux domestiques. C’est ce qu’on

dans des grottes de la Dordogne et en

lénaires jusqu’à l’époque moderne. Mais

dû amèrement constater les royaumes

Europe de l’Est indiquent que le chien

elles ont toutes échouées. Même le zèbre,

des Incas et des Aztèques, très dévelop-

était probablement déjà un fidèle com-

un parent très proche du cheval, ne s’est

pés, dont l’organisme ne disposait pas

pagnon de l’être humain il y a vingt à

jamais laissé domestiquer.

des défenses contre ces germes, au XVe

trente mille ans, l’aidant à chasser. On

Malgré la détention depuis plusieurs

et au XVIe siècle. Les méthodes modernes

spécule même que c’est cette collabora-

millénaires sous la protection de l’être hu-

de recherche dans l’Histoire ont démon-

tion fructueuse dans la chasse qui a per-

main et de la sélection parfois extrême de

tré que ces populations n’ont succombé

mis à l’Homo sapiens, venu du sud, de

l’époque moderne, les bovins, les porcs et

ni aux armes supérieures ni à la préten-

prendre la domination de l’Europe et de

les poulets ont maintenu la plupart des

due technique de guerre des conquista-

causer l’extinction de son prédécesseur,

exigences biologiques et éthologiques de

dors espagnols, mais qu’elles ont surtout

l’homme de Neandertal. Il est surprenant

leurs ancêtres sauvages. C’est ainsi qu’en

été les victimes des germes véhiculés par

de constater que plusieurs espèces ani-

Grande-Bretagne et en Suède, dans les an-

les européens.

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7


L’exploitation de prairies, pâturages

des nombreux jours de jeûne sans viande

animales en Europe (centrale). Ceux qui se

et champs pour la détention animale – et

prescrits par l’Église, jusqu’à 150 l’an, ce

réjouissent des marguerites et des ancolies

aussi des forêts, jusqu’à la fin du Moyen-

taux implique une consommation quoti-

dans les prairies fleuries ne savent sou-

Âge – s’est répandue et a enrichi les lieux

dienne énorme. À l’opposé, la classe infé-

vent pas que ces espèces ne sont arrivées

concernés de flore et de faune, car elle

rieure ne pouvait que rêver de viande et de

chez nous qu’au Moyen-Âge. Les pintades

a créé de nouveaux habitats et donc des

poisson. L’idée de pays de Cocagne n’est

et les dindes ont été amenées chez nous

niches pour d’autres espèces végétales et

pas née par hasard à cette période.

par les «découvertes» espagnoles et portu-

animales. Malheureusement, aujourd’hui,

À la fin du XVe siècle, les nobles et

gaises. Lorsque des Pères pèlerins anglais

l’agriculture intensive agit justement

les communes réclamaient l’exploitation

se sont rendus en Amérique avec le «May-

dans le sens contraire. Les possibilités et

des forêts, déjà très amenuisées et la dis-

flower», au XVIIe siècle, ils avaient aussi

les modes de vie de l’être humain se sont

ponibilité du combustible et du matériau

quelques dindes à bord parmi d’autres ani-

également multipliés grâce à la déten-

de construction principal de l’époque: le

maux domestiques. Lorsqu’ils arrivèrent

tion animale; de chasseurs et cueilleurs

bois. C’est ainsi que de grandes étendues

de l’autre côté de l’océan, ils furent surpris

à paysans, bergers ou nomades, du pur et

de pâturage ont été perdues en Europe

de constater que les dindes sauvages peu-

simple approvisionnement au commerce

centrale, car à cette époque-là, le bétail

plaient le continent par millions.

et à l’échange de biens, possible aussi sur

se tenait également en forêt. C’est à cette

Au début du XIXe siècle, la consom-

de grandes distances grâce aux animaux

même époque qu’est né le concept de sé-

mation moyenne de viande dans les pays

de somme. La détention du bétail et la

paration des forêts et des terres agricoles

d’Europe occidentale se situait à 30 ki-

production d’engrais de ferme qui y est

qui aujourd’hui va de soi. Pour compen-

logrammes annuels par personne. Dès la

liée ont permis de nourrir davantage de

ser cela, il a fallu se procurer de nouvelles

moitié du siècle, ce chiffre n’a cessé de

personnes et de produire des excédents.

terres cultivables, en asséchant des zones

croître. En 1845 on développa la techno-

De cette manière, il a été possible d’établir

inondables, des marais, des tourbières

logie pour mettre la viande en conserve

des commerces, de fonder des villes et de

ou des bords de mer. Une autre consé-

et entre 1855 et 1860 on mit au point la

répartir le travail parmi les êtres humains,

quence de la perte de terrains de pâture a

production du lait en poudre et condensé,

ainsi que d’établir une administration, des

été l’augmentation des détentions du bé-

ce qui permit de constituer de meilleurs

sciences et des arts. Sans la domestication

tail dans les étables. Toutefois, des trai-

stocks et assura l’approvisionnement.

et l’élevage régulier, l’humanité n’aurait

tés médicaux déconseillaient de se nour-

Comme effet secondaire, cela changea la

pas pu suivre ce développement.

rir de viandes d’animaux détenus de cette

manière de mener la guerre – puisqu’il

façon et recommandaient, pour des rai-

était désormais possible de planifier l’ap-

2.2 L’histoire de la détention d’animaux

sons sanitaires et de qualité, de se nour-

provisionnement des armées. En 1822, le

rir de viande d’animaux élevés en liberté.

Royaume-Uni, le pays le plus puissant et

Les anciennes cultures romaines et

Par contre, la détention à l’étable a pro-

le plus avancé et influent du monde au

grecques appréciaient les terres culti-

duit du lisier et du fumier qui ont pu être

XIXe siècle, sur le plan politique, culturel

vées de céréales, de fruits, d’olives et de

épandus sur les champs et augmenter le

et technique, promulgua la première loi

vignes. Seuls les moutons signifiaient leur

rendement des cultures. Les exploitations

sur la protection des animaux de l’époque

importance comme animaux de rente.

agricoles ont commencé à se spécialiser

moderne. La première association végéta-

À l’opposé, les peuples germaniques du

dans la culture maraîchère, céréalière ou

rienne fut fondée à Manchester en 1847.

nord préféraient la nature, les forêts et la

dans l’élevage et sont passées de la pure

En 1860, la Grande-Bretagne fut à nou-

chasse. Ils comptaient davantage sur la

autarcie à l’échange et la vente de pro-

veau le premier pays du monde qui mit en

détention animale que les peuples méri-

duits. Sans campagne, pas de ville: encore

vigueur une loi contre l’escroquerie ali-

dionaux. À la fin de l’époque romaine,

jusqu’en 1900, des troupeaux de chèvres

mentaire. On peut constater que la qua-

l’influence des coutumes septentrionales

étaient conduits de Fluntern au «Dörfli»

lité des denrées alimentaires n’a jamais

a augmenté dans toute l’Europe et par

zurichois, où les citadines pouvaient s’es-

été au beau fixe, même pas au «bon vieux

cela, l’importance de la viande. Au IXe

sayer à les traire, moyennant une rétri-

temps».

siècle, le roi des Francs Lothar avait dé-

bution. Les jours de marché, les paysans

Vers 1800, l’élevage était encore re-

crété qu’un guerrier qui tuerait un évêque

acheminaient leurs denrées à Zurich par

lativement insignifiant en Suisse. Il n’y

ne doive pas seulement quitter les armes,

la voie terrestre ou par bateau, sur les fa-

avait que de grands troupeaux de bo-

mais qu’il doive également vivre sans

meuses «Seeschwalben».

vins et d’ovins. Cela changea complète-

viande. Les chroniqueurs du Moyen-Âge

Depuis l’époque romaine à travers le

ment dans la deuxième moitié du XIXe

parlent d’énormes taux de consommation

Moyen-Âge et jusqu’à l’époque moderne,

siècle. Les possibilités croissantes d’écou-

de viande, jusqu’à 100 kilogrammes par

le flux des marchés a amené de nom-

ler la marchandise à l’intérieur du pays et

personne dans la classe supérieure. Au vu

breuses nouvelles espèces végétales et

à l’étranger et les conditions climatiques

8

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


et topographiques favorables ont permis de développer la détention animale au détriment de la culture céréalière. Jusqu’à la première guerre mondiale, grâce aux possibilités de transports ferroviaires et maritimes, une meilleure fertilité des assolements et au doublement de la surface cultivable au niveau mondial, les céréales devinrent extrêmement avantageuses sur les marchés mondiaux. Par conséquent, la culture céréalière indigène collapsa pratiquement à la fin du XIXe siècle. À ce temps-là, comme durant la période entre les deux guerres, la Suisse importait quelque 800 000 tonnes de céréales, c’està-dire environ la même quantité qu’aujourd’hui mais pour la moitié d’habitants et pour beaucoup moins d’animaux de rente. Vers la fin du XIXe siècle, la production laitière suisse a acquis la grande importance économique, qu’elle revêt encore aujourd’hui au sein de l’agriculture indigène. Les facteurs déclencheurs

Nombre d’animaux de rente en Suisse (en milliers) Bovins Année Vaches total Porcs Chevaux Mouton Chèvres Volaille 1850 501 885 339 104 451 348 – 1900 744 1354 542 123 259 382 – 1950 858 1530 908 134 192 165 6300 1960 940 1746 1351 100 227 90 5975 1970 896 1907 1753 53 291 66 5919 1980 875 2031 2205 45 354 80 6146 1990 795 1855 1787 45 395 68 5822 2000 714 1588 1498 50 421 62 6789 2010 700 1591 1589 62 434 87 8944 GVE* 76 % 13 % 3 % 3 % 1 % 4% *Unités de gros bétail

Nombre de détenteurs d’animaux de rente en Suisse Année 1985 2000 2005 2010

Animaux 88 600 60 000 54 400 50 000

Bovins 71 800 50 800 45 400 41 100

Porcs 36 000 15 300 11 800 8800

Chevaux 12 600 10 700 10 300 9600

Moutons Chèvres 14 000 9800 12 600 7100 11 200 6600 9800 7000

Volaille 41 700 20 700 17 100 13 500

Lapins 6000 6000 4500 3300

furent, entre autres, le développement du chocolat au lait, du lait condensé et la production de fromages au moyen de présure, qui permit de multiplier les sortes de fromages et de diffuser les fromageries à l’extérieur de la zone de montagne. Le fromage, le chocolat au lait et le lait

Total des exploitations agricoles en Suisse en 2012: 59  000 35 000 dans les régions de plaines et de collines 24 000 dans la zone de montagnes 41 000 exploitations professionnelles 18 000 exploitations non professionnelles 38 000 spécialisées dans la détention d’animaux Taille moyenne environ 18 ha Nombre d’exploitations bio environ 6000 Chaque jour disparaissent en moyenne 5 à 6 exploitations Surface agricole utile en Suisse (prairies, pâturages, champs et cultures permanentes):1,1 million ha, plus 455 000 ha de pâturages alpins et jurassiens

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

Abattages en Suisse Année 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2007

Gros bétail 65 000 100 000 165 000 231 000 259 000 185 000 210 000

Vaches 111 000 142 000 198 000 237 000 211 000 169 000 151 000

Veaux 470 000 522 000 444 000 408 000 319 000 300 000 253 000

Porcs 740 000 1,4 mio. 2,3 mio. 3,4 mio. 3,3 mio. 2,6 mio. 2,8 mio.

S’y ajoute l’abattage annuel de quelque 2 millions de poules pondeuses et d’environ 40 millions de poulets et de dindes d’engraissement.

condensé devinrent rapidement d’impor-

leurs collègues suisses. La génétique re-

tants produits suisses d’exportation. L’éle-

vint en Suisse sous la forme de sperme,

vage bovin suisse fleurit. Le bétail sélec-

conformément aux temps, et y fit explo-

tionné était vendu dans tous les pays

ser la production laitière.

d’Europe – les êtres humains ainsi que

Depuis que Nestlé, grand acheteur au-

leur bétail devaient parfois faire le par-

près des producteurs de lait, a délocalisé

cours à pied! – ainsi qu’en Amérique du

sa production de lait condensé à l’étran-

Nord. Aujourd’hui, on peut à peine ima-

ger dans les années 1930, la surproduc-

giner ce que ces animaux ont dû endurer.

tion de lait a entraîné l’effondrement des

Ironie du sort: moins d’un siècle plus tard,

prix et la ruine de nombreuses exploita-

dès les années 1970, les éleveurs de bétail

tions paysannes. Suite à la crise écono-

brun et tacheté étrangers avaient rattrapé

mique mondiale, les exploitations de bé-

9


tail laitier sont tombées sous le feu de la

des animaux. Aujourd’hui, un paysan ac-

rées alimentaires extrêmement ample et

critique. «Il est vrai que ces économies pu-

complit ce travail en moins d’une heure,

avantageux. Heureusement, l’approvi-

rement axées sur la culture des surfaces

à l’aide de son tracteur et d’une charrue

sionnement sûr et suffisant d’aliments,

en herbage ne sont plus de vraies exploi-

à trois socs!

préoccupation principale de la plupart

tations paysannes. Leur activité s’épuise

À partir des années 1960, la haute

des êtres humains de cette planète de-

dans l’affourragement, la traite, la pâture,

conjoncture qui s’est mise en place a

puis la nuit des temps, jusqu’à il y a un

l’épandage d’engrais, la fenaison. Ce n’est,

rendu à la Suisse le plein emploi, ainsi

siècle également en Europe occidentale,

bien entendu, pas une économie agricole

qu’une pénurie de main-d’œuvre et des

est désormais devenu une évidence pour

saine» jugeait l’ancien politicien agricole

salaires fortement à la hausse. La de-

un nombre de plus en plus élevé de per-

et Conseiller national Roman Abt, de fa-

mande de produits de provenance ani-

sonnes.

çon rude et marquée par une idéologie

male a augmenté en parallèle. En même

dans l’esprit du temps. Depuis lors, dans

temps, la mécanisation, la rationalisation

ce pays on n’a cessé de chanter l’hymne à

et les connaissances scientifiques, tech-

2.3 Les relations entre l’être humain et l’animal

l’autosuffisance paysanne et à l’exploita-

niques et biologiques ont envahi l’agri-

L’idée très répandue, fausse et pessimiste,

tion familiale. La culture des champs a été

culture et l’élevage. Par conséquent, les

selon laquelle autrefois tout allait mieux,

forcée par le «Plan Wahlen», pour le bien

denrées alimentaires ont pu être offertes

peut être résolument contrée par le bien-

de la population, après la très mauvaise

à des prix de plus en plus avantageux.

être et l’approvisionnement alimentaire,

situation de l’approvisionnement durant

Bien que les familles aient commencé à

mais aussi par des faits concernant les re-

la deuxième guerre mondiale.

consommer davantage, les dépenses bud-

lations entre l’être humain et l’animal. La

Au milieu du XXe siècle, ce fut la fin

gétaires pour les denrées alimentaires ont

manière de s’y prendre avec les animaux

des bœufs et des chevaux de trait, em-

diminué rapidement, de 30 % en 1950 à

a toujours suivi le «droit» du plus fort et

ployés depuis des millénaires dans l’agri-

14 % en 1975, puis aux 7 % actuels, suite

l’écart entre l’être humain et l’animal.

culture, les tracteurs ayant pris la relève

aux grands progrès dans la productivité

Elle était caractérisée par l’abus, les idéo-

dans les lourds travaux des champs. Il fal-

agricole!

logies et par des prédilections et des pres-

lait deux personnes et presque 40 heures

Ce développement serait impen-

criptions irrationnelles propres à chaque

de travail pour labourer un champ d’une

sable sans l’élevage et l’intensification de

culture. Les anciens Égyptiens vénéraient

pause – l’unité de mesure agricole la plus

l’agriculture. Nous profitons encore au-

les chats et abhorraient les chiens, tandis

utilisée à l’époque, correspondant selon

jourd’hui, quotidiennement, des consé-

que les Perses dressaient des monuments

les régions, à environ 3 500 mètres car-

quences positives de cela, à savoir de la

aux chiens et les inhumaient comme des

rés – en se servant d’une charrue tirée par

sécurité alimentaire et d’un choix de den-

être humains, mais considéraient les chats comme des bêtes du diable et des hors la loi. Les Grecs anciens et les Romains effectuaient des expériences cruelles sur des animaux vivants. Dans les arènes de Rome, la plus grande ville du monde connue à l’époque, ont été lâché, les uns contre les autres, quelques 200 000 prisonniers de guerre, criminels et gladiateurs, et des millions d’animaux domestiques et sauvages, en faisant des carnages, juste pour le divertissement. Au Moyen-Âge, dans beaucoup de régions d’Europe, on détenait des veaux, des agneaux et des brebis dans l’obscurité durant toute leur vie. Les livres de cuisine recommandaient de clouer la palmure des oies, afin qu’elles engraissent plus vite, ou de battre à mort les veaux et les porcelets avec des cordes pour obtenir une chair plus tendre. De

Les Égyptiens anciens honoraient les chats – contrairement aux Persans

10

tout temps, l’être humain s’est montré sans cœur envers les animaux. Il n’a pas fallu attendre l’homme «moderne» pour

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tourmenter les espèces animales par son style de vie et en condamner plusieurs à l’extinction. Nos ancêtres ont éradiqué plusieurs espèces animales: en Suisse, par exemple, au Moyen-âge le bison d’Europe et au XIXe siècle, le castor et l’ours. Même le «bon sauvage» reste simplement un idéal romantique occidental en ce qui concerne la relation entre l’être humain et l’animal. On a rapporté que les Indiens d’Amérique du Nord pratiquaient d’absurdes massacres de bisons, en les faisant se précipiter dans des gorges et qu’ils encourageaient leurs enfants à capturer des oiseaux, leur casser les pattes ou les ailes et à jouer avec eux. Des peuplées nomades saignaient leurs bovins vivants ou coupaient la graisse de la queue de leurs moutons pour en faire des friandises. La pratique de prier avant de tuer un animal ou de lui «demander pardon», colportée

Le cheval était un outil de travail et un martyr de guerre jusqu’au XXe siècle bien entamé

par les Inuit ou autres «peuples de la nature» et comparable aux us et coutumes

des animaux de boucherie à travers l’UE.

Dans la conscience de beaucoup de per-

de nos chasseurs face au gibier abattu,

Mais dans nos pays, à la fin du Moyen-

sonnes, il n’y a plus de séparation nette

correspond plutôt à un geste sentimen-

âge, on en faisait de même, notamment

entre les animaux de compagnie et les

tal et voué à s’assurer la bienveillance

par des convois d’animaux de bouche-

animaux de rente. Certes, l’exploitation

d’une puissance supérieure réprobatrice

rie, avec des bovins de Hongrie vers les

de bovins, porcs et poulets n’est généra-

qu’à l’expression sincère et consciente

riches villes marchandes du sud de l’Alle-

lement pas remise en question, mais au-

d’amour et d’équité vis-à-vis des autres

magne ou du Danemark vers la Hollande.

jourd’hui, il y a un large consensus sur le

créatures. Tant les «peuples de la nature»

Les animaux devaient parcourir des cen-

fait que si c’est normal que ces animaux

que les cultures «civilisées», ont éradi-

taines, parfois des milliers de kilomètres

soient élevés, détenus et abattus, ils ont

qué des espèces animales sans scrupules

à pied. Comme dans le Far West, où les

au moins le droit d’être ménagés le plus

et sans égard envers les relations écolo-

bovins d’engraissement, la plupart du

possible et d’être détenus conformément

giques et ont fait souffrir et exploité des

temps redevenus sauvages, étaient ache-

à leur espèce.

animaux sans égard en ce qui concerne

minés du Texas au nord, vers les sta-

Jusqu’à présent, les êtres humains ont

la conscience, la morale, l’éthique ou une

tions de chargement, pour être amenés

protégé les animaux de façon sélective.

quelconque prescription religieuse.

aux énormes abattoirs de Chicago. Ceux

La première loi sur la protection des ani-

C’est avec le cheval que l’être humain

qui croient que les animaux avaient une

maux au monde, promulguée en Grande-

a été le plus mauvais. Jusqu’au XXe siècle

meilleure vie, autrefois, devrait savoir que

Bretagne au début du XIXe siècle, ne

bien entamé, cet animal était un outil de

l’étourdissement avant l’abattage est une

concernait que les chevaux. Les députés

travail et une machine de guerre: toute sa

pratique récente à peine centenaire, en-

qui souhaitèrent étendre la protection aux

vie sous terre dans des houillères, forcé au

core inconnue de nos jours, dans de nom-

ânes furent la cible de moqueries et res-

travail et aveuglé, attaché à des roues de

breux pays et cultures.

tèrent en minorité. Aujourd’hui, cela peut

moulin et à des pompes, tournant en rond

Il y a peu d’éléments qui laissent pré-

faire sourire. Mais le racisme spécifique

tous les jours, des années durant, tirant des

sumer que les animaux de rente avaient

existe toujours. En Inde, ce ne sont pas

bus et des calèches sur les pavés durs de

une meilleure vie autrefois. Fondamen-

les vaches en général qui sont protégées

Londres, Paris, Berlin et New York ou à la

talement, on peut retenir que le rapport

et «sanctifiées», mais seulement les zébus

campagne, tirant des bateaux de charge le

entre l’être humain et les animaux au-

de la race indienne pure (parfois quand

long de canaux et de rivières, ruisselant de

jourd’hui, du moins en Suisse, est plus

même aussi leurs «hybrides»).

sueur sur les champs, devant la charrue.

étroit qu’il ne l’était il y a un quart de

Les autorités suisses et les professeurs

Aujourd’hui, on s’indigne, à juste titre,

siècle, avant que la législation sur la pro-

universitaires soutiennent que remplacer

contre les transports trop longs et inutiles

tection des animaux n’entre en vigueur.

les chiens et les chats par des souris et

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

11


il y a moins d’animaux qui sont exploités, détenus d’une façon non conforme à leur espèce, transportés et tués brutalement. Une personne qui s’alimente de façon végétarienne durant quatre-vingts ans évite d’élever, de tuer et de faire souffrir environ un millier d’animaux (poulets d’engraissement, bovins, veaux et porcs), si l’on se réfère à la consommation moyenne suisse actuelle. D’un point de vue purement quantitatif, on atteindrait le même effet si les gens mangeaient moins de viande. Si trois millions de Suisses renonçaient à deux repas à base de viande par semaine, le nombre d’animaux de rente détenus et tués baisserait autant que si 900 000 Suisses devenaient végétariens. Selon l’optique d’une

«Ethiquement» acceptable comme animal de laboratoire, de par son image de nuisible?

politique réaliste de protection des animaux, les deux stratégies, le végétarisme et la diminution de la consommation de viande sont efficaces, bien que l’expé-

des rats dans l’expérimentation animale

mais en même temps, elle admet l’impor-

rience montre qu’il est plus facile d’inciter

est une mesure de protection des animaux

tation de produits issus de la souffrance

les gens à diminuer la consommation de

au sens du principe légal des 3R: replace

animale, comme le foie gras, les cuisses

viande plutôt que d’y renoncer. En Suisse,

(remplacer), reduce (réduire), refine (raffi-

de grenouilles et la viande provenant de

le recul de la consommation de viande au

ner). Les industries pharmaceutiques sont

fabriques d’animaux, transportés sans

cours des 25 dernières années est consi-

plus honnêtes et conformes aux connais-

ménagement. Tout cela, pour des raisons

dérable: de 72 à 53 kilogrammes par per-

sances actuelles, car elles admettent sans

d’argent et de politique.

sonnes. Cela ne signifie probablement pas que les gens renoncent à la viande, mais

détour que les rats ne sont pas en reste

2.4 L’élevage d’animaux de rente : éthiquement justifié ?

plutôt qu’ils en mangent moins. Et cela

lution biologique et la capacité de supporter la douleur et la souffrance. Dans l’ex-

Incontestablement, la décision d’être vé-

portion de végétariens chez les jeunes

périmentation animale, on préfère utiliser

gétarien et encore plus végétalien, mé-

semble être au-dessus de la moyenne,

des rongeurs plutôt que des chiens ou des

rite du respect, car il s’agit d’une déci-

tandis que la génération de la guerre et

chats pour des questions de coûts, mais

sion éthique personnelle visant à réduire

celle des grands-parents, chez lesquelles

aussi parce que la société s’oppose moins

la souffrance animale. En dehors de cela,

la consommation de viande semble rester

à l’utilisation de ces animaux, perçus

on peut se poser la question si le végé-

majoritairement positive, contribuent de

comme «nuisibles» et parce que les ani-

tarisme ou le végétalisme constituent la

moins en moins à la consommation totale.

maliers s’y attachent moins. Au sein de

seule mesure éthique qui puisse diminuer

Cependant, même si les organisations

l’UE, la protection des animaux de rente

la souffrance des animaux ou s’il ne faut

de végétariens et celles de protection des

est également très sélective: jusqu’à pré-

pas d’autres stratégies complémentaires

animaux réussissaient à faire augmenter

sent, il n’y avait pas de directives contrai-

de protection.

la proportion de personnes végétariennes,

face aux chiens, en ce qui concerne l’évo-

changera encore à l’avenir, car la pro-

gnantes en matière de protection des ani-

En effet, la protection des animaux et

les abattoirs suisses ne seraient pas dé-

maux pour la détention de vaches, bœufs,

le végétarisme ont des racines différentes.

mantelés. Cela, également à cause des vé-

moutons, chèvres, chevaux et dindes. En-

De plus, de manière générale, ces deux

gétariens. Certes, ils ne mangent pas de

core moins cohérente est la législation fé-

idéologies sont traditionnellement fédé-

viande, mais ils consomment des œufs

dérale en matière de protection des ani-

rées dans des organisations qui ne visent

et des produits laitiers. Une consomma-

maux et d’agriculture: dans notre pays,

pas les mêmes objectifs. Les végétariens

tion moyenne de 180 œufs par personne

elle promulgue, à juste titre, des prescrip-

et les végétaliens pratiquants contribuent,

et par année implique qu’un végétarien

tions quant à l’éthique et à la protection

certes, à diminuer la souffrance due à

exploite 50 poules pondeuses de haute

des animaux à l’intention des détenteurs,

l’exploitation d’animaux, car grâce à eux,

performance, dans un laps de temps de

12

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


80 ans. En plus, ces personnes endossent également la responsabilité de la mort de 50 poussins mâles, triés et tués immédiatement après l’éclosion, car on sait qu’il n’est pas rentable de les engraisser. Puisqu’une vache ne donne du lait que si elle vêle chaque année et que seul un veau sur deux est une femelle que l’on peut élever comme vache laitière, le mode de vie végétarien n’implique pas seulement l’abattage, tôt ou tard, des vaches laitières, mais aussi l’engraissement et l’abattage des taurillons. Le mode de vie végétarien ou végétalien ne donne pas une solution satisfaisante au destin de millions d’animaux de rente qui naissent actuellement et naîtront dans vingt ou trente ans, qui seront élevés et finalement abattus. L’éthique et le fairplay demandent de s’occuper de tous les animaux qui existent. Il est donc néces-

En Suisse, les chiens et les chats mangent approximativement 60 000 tonnes de viande

saire que les organisations de protection des animaux se penchent sur des concepts

à l’échelle mondiale! Car le pire pour un

tels que la détention des animaux de rente

animal n’est probablement pas qu’on le

– dont ne fait pas seulement partie la dé-

tue à la fin de sa vie – pourvu que cela

tention de bovins, porcs et poulets, mais

se passe rapidement, avec ménagement et

aussi l’exploitation d’animaux de labora-

après étourdissement. Le pire est une vie

toire, d’animaux sauvages et, malheureu-

non conforme à son espèce et chargée de

sement, aussi d’animaux de compagnie –

souffrances, douleurs et frustrations. C’est

et qu’ils s’engagent contre la consomma-

exactement cela qu’on impose systémati-

tion excessive de produits de provenance

quement aux animaux détenus en masse

animale. C’est un péché contre la créa-

à travers le monde.

tion que de refuser l’aide et la protection

Jusqu’à présent, la consommation de

aux animaux et d’accepter qu’ils conti-

viande de la part des animaux domes-

Consommation de produits de provenance animale

nuent à être détenus en batterie, trans-

tiques carnivores tels que chiens et chats,

Suisse: environ 170 kg/par personne et

portés cruellement, castrés sans anesthé-

dont la détention est à la hausse, n’a ab-

par année

sie et tués sans étourdissement préalable,

solument pas été thématisée d’un point de

(53 kg de viande; 180 œufs; 110 kg de

vue éthique. La seule demande de viande

produits laitiers)

pour nourrir les 13 millions d’animaux de

Consommation de viande en Suisse: 53

Proportion de personnes végétariennes

compagnie en Allemagne devrait se situer

kg/par personne et par année; dont 50 %

à quelque 900 000 tonnes annuelles, cor-

à l’extérieur du ménage (gastronomie,

Étude de Proviande (2006): 5 % de végé-

respondant à peu près à la production

take-away); 13 kg proviennent de l’impor-

tariens en Suisse

annuelle de viande de l’Autriche. Environ

tation, souvent de détentions en masse;

Étude nationale sur l’alimentation, Max

200 millions d’animaux de compagnie

part de produits labellisés selon la caté-

Rubner Institut, Allemagne (2007): 1,6

vivent dans l’UE. En Suisse, les chiens

gorie de viande

% de végétariens en moyenne; 2,2 % de

et les chats mangent 60 000 tonnes de

10–50 %, dont 4 % de viande bio

femmes, seulement 0,1 % de végétaliens

viande par année, selon les estimations.

Consommation internationale de viande

Statistique autrichienne (2007): 1,4 % de

Toutefois, les chiens et les chats mangent

(par personne et par année): moyenne

végétariens et 3.9 % de végétariennes

surtout de la viande qui ne peut pas être

mondiale 40  kg, pays en développement

Étude sur les végétariens dans le

utilisée autrement, par exemple des sous-

environ 30 kg; Allemagne

Royaume-Uni (1995), resp. aux USA

produits de boucherie.

62 kg; France 72 kg; Espagne 80 kg; USA

(2009): 5 %, resp. 3 % de végétariens

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

110 kg

13


3. La détention d’animaux de rente en Suisse au XXe siècle 3.1 Le bien-être des animaux malgré les périodes de restriction

moment dans une étable chaude». Ainsi

vertes étaient courantes. La plupart des

il écrivit, une bonne fois pour toutes, aux

bovins sortaient à l’abreuvoir deux fois

paysans et aux étudiants.

par jour, même en hiver. En ce temps-là,

Un regard rétrospectif sur la première

Le bien-être des animaux a été respecté

il existait déjà des exploitations qui déte-

moitié du XXe siècle indique qu’il y eut

même en temps de guerre. La «Schweize-

naient des milliers de poules pondeuses.

un temps (encore que court) en Suisse,

rische Landwirtschaftliche Zeitung» du

Elles étaient distribuées par petits groupes

où le bien-être des animaux allait de soi

8.9.1944 a soutenu ce qui suit, dans un ar-

dans plusieurs poulaillers sur un pré vert.

dans la détention animale agricole. Oui,

ticle sur l’influence du bien-être des ani-

L’ainsi dit système suédois, un procédé de

il a été exigé par des responsables du

maux sur la production de lait: «En fait,

réhabilitation sanitaire confirmé, était ap-

monde paysan de façon véhémente et de

cela paraît presque grotesque de parler de

pliqué pour assurer la santé des troupeaux

leur propre initiative, pas en grinçant des

protection des animaux en ce moment, où

de truies reproductrices. Cela consistait à

dents comme aujourd’hui, en réaction à la

des milliers de précieuses vies humaines

les détenir en plein air, sous des cabanes.

pression populaire. À l’époque, la respon-

finissent misérablement dans des camps

La plupart du temps, les porcs d’engrais-

sabilité vis-à-vis des animaux comptait

de déportation. En tout cas, ces atroci-

sement avaient également la possibilité de

même si l’économie allait mal. Durant les

tés formeront une honteuse tache dans

sortir en plein air. Parmi les agronomes

années de crises des années 1920 et 1930,

l’Histoire, ineffaçable aux yeux de notre

et les vétérinaires, le dicton suivant était

Ernst Laur (1871–1964), professeur d’éco-

culture et civilisation actuelles. Oui, l’aide

courant: «Là où le soleil n’arrive pas, ar-

nomie agraire à l’ETH de Zurich et pre-

aux réfugiés dans le besoin est la néces-

rive le vétérinaire.»

mier directeur de l’Union des paysans mit

sité la plus urgente à l’heure actuelle. Mais

en évidence l’importance de sortir les ani-

nos animaux domestiques dépendent éga-

3.2. Des décennies perdues

maux de rente au pâturage. Par exemple,

lement de notre bonne volonté. L’être hu-

Au milieu du siècle, la recherche, les ins-

il soutenait que l’air, la lumière et le mou-

main a ravi la liberté de ces animaux, les

titutions de conseil et les paysans ont

vement étaient incontournables pour une

a apprivoisés et les a mis à son service. Ils

commencé à ne plus tenir compte du sa-

détention porcine économiquement ren-

sont à sa merci et leur grâce dépend de

voir-faire et des expériences en matière

table. «Si les animaux sont habitués à être

lui. C’est donc également un devoir que de

de détention des animaux. La détention

gardés à l’air libre, il ne faut pas craindre

veiller à leur bien-être avec la meilleure

en plein air, auparavant encouragée, était

de les faire sortir l’hiver, mais il faut faire

des volontés.»

désormais diabolisée, les sorties ont été

en sorte qu’ils puissent s’abriter à tout

14

Dans les années 1950, les étables ou-

condamnées et les animaux de rente ont

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


été parqués dans des étables de plus en

Ce développement matérialiste a eu pour

La science agronomique, les institu-

plus à l’étroit. L’état sanitaire des popula-

effet que la viande de volaille, aupara-

tions de conseil et les paysans sont encore

tions porcines fut maintenu par un moyen

vant très chère, soit désormais la viande

très performants dans la production de

qui devenait à la mode, le procédé SPF

la meilleur marché et que les prix des œufs

denrées alimentaires. La rationalisation

(specific pathogen free), remplaçant la

ait aussi massivement baissé, du moins en

(p. ex. la spécialisation sur une branche

détention en plein air et sous des abris.

ce qui concerne la rémunération des pay-

bien précise comme l’engraissement des

Les truies en gestation proches du terme

sans. Dans les années 1930, un paysan

bovins, l’élevage de vaches laitières ou de

étaient délivrées par césarienne et les

suisse pouvait acheter une vache grâce

poules pondeuses, ainsi que l’introduc-

porcelets étaient élevés dans un milieu le

au produit annuel de la vente des œufs

tion de formes de détention économisant

plus aseptique possible. L’entreprise Ovo-

de cinq ou six poules. Aujourd’hui, il lui

la place et le travail), la mécanisation et

maltine introduisit la détention en cages

faudrait au moins cent fois plus de poules

l’intensification (p. ex. les progrès dans

en batterie, déjà développée aux USA et

pour le même revenu.

la production de fourrages et dans l’af-

considérée comme dernier cri, pour sa

La performance a augmenté de façon

fourragement, ainsi que l’introduction de

production d’œufs. Dès les années 1960,

incroyable tant dans les champs que dans

l’élevage unilatéral) ont considérablement

cette méthode s’imposa de plus en plus

les étables. Depuis 1960, la production de

fait baisser les coûts de production des

auprès des aviculteurs «modernes», bien

pommes de terre à l’hectare a doublé pour

produits de provenance animale. Grâce

qu’il fût considérablement plus cher de se

atteindre 400 tonnes, celle de blé a tri-

aux progrès techniques et scientifiques

procurer de tels poulaillers que de conti-

plé pour se situer à 7,6 tonnes. En l’es-

dans l’agriculture, il est aujourd’hui pos-

nuer avec les formes de détentions en

pace de quelques décennies, la production

sible de nourrir 4,5 personnes avec un

plein air d’avant, plus respectueuses des

moyenne par vache est passée de 4 000 à

hectare de terre arable. En 1975, lorsque

animaux. Cela faisait gagner du temps et

presque 8 000 litres par année. Comme

le rapport du «Club de Rome» était consi-

permettait «d’abriter» nettement plus de

les poulets et les dindes d’engraissement,

déré comme un Évangile, ce chiffre n’at-

poulets, pour le même effort en matière

les porcs produisent aussi de plus en plus

teignait que 2,8 personnes et en 1950 à

de travail.

de viande, si bien qu’aujourd’hui 57  % de

peine 1,8. On calcule que, si la population

L’élevage sélectif par hybridation des

la carcasse est constituée de parties ainsi

mondiale continue à croître, en 2050, un

poulets s’est établi avec l’apparition des

dites «nobles», c’est-à-dire de la chair pri-

hectare de terre arable devra nourrir 5,5

cages en batterie. Jusqu’alors, les poules

sée et de deux côtelettes en plus.

à 6 personnes.

étaient détenues pour pondre des œufs

Entre 1950 et 1980, le cheptel porcin

En Suisse, entre 1965 et 1985, l’adop-

et les poulets mâles étaient engraissés

de Suisse a augmenté de deux fois et demie

tion de modèles d’élevage provenant de

jusqu’à l’âge de trois ou quatre mois. La

pour se situer à 2,2 millions d’animaux.

l’étranger et le passage d’une détention

nouvelle méthode d’élevage a marqué la

Dans le même laps de temps, la popula-

fin de l’exploitation duale des poulets,

tion bovine a augmenté d’un tiers, dépas-

vieille de quelque huit mille ans. On se

sant les 2 millions d’animaux. Par cela, le

concentra désormais sur des lignées spé-

nombre des deux espèces animales les plus

cifiquement aptes à l’engraissement et on

importantes du point de vue économique

engraissa les mâles et les femelles sans

a atteint un maximum historique. Mais la

distinction. En effet, les deux sexes pro-

production de lisier a aussi augmenté. Les

duisaient une bonne quantité de chair à

conséquences écologiques et économiques

la poitrine et aux cuisses, très convoitée,

de cette croissance disproportionnée ne se

atteignaient leur taille pour la boucherie

sont pas fait attendre. L’épandage de l’en-

déjà après six semaines et consommaient

grais de ferme, à l’époque non réglementé

moins de fourrage par kilo de viande pro-

et quantitativement très important, no-

duite. Les lignées de poules pondeuses

tamment dans les régions à forte concen-

se sont distinguées par leur production

tration de bétail comme la Suisse centrale,

d’œufs très élevée. Auparavant, une poule

a porté atteinte à certains lacs et a mené au

pondait 150 à 180 œufs, tandis qu’une

collapse de leurs écosystèmes. Leur assai-

poule moderne, sélectionnée, produit 300

nissement a demandé une somme d’argent

œufs par année. Puisqu’il n’est pas ren-

des contribuables très élevée, comme l’uti-

table d’engraisser les mâles fluets des

lisation de l’excédent de la production lai-

races pondeuses, ceux-ci sont tués après

tière. Depuis lors, les populations de bétail

un jour d’existence. Dans la seule Europe,

ont été ramenées au 1,6 million de bovins

cela concerne 500 millions de poussins.

et 1,6 million de porcs actuellement.

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

La performance de la volaille a été augmentée de façon extrême par la génétique; c’est désormais la viande la moins chère

15


d’animaux paysanne à des formes de pro-

puis les années 1960. La brutale réalité de

Les éleveurs bovins suisses, autrefois

duction animale industrielles a profité

plusieurs générations de truies reproduc-

fiers à juste titre, perdirent leurs liens avec

principalement aux bouchers, aux com-

trices a consisté en une courroie étroite-

leurs animaux et se laissèrent convaincre

merces de détail et aux consommateurs.

ment fixée à la poitrine ou à passer toute

en peu de temps par les prétendus avan-

Auparavant, la viande quotidienne n’était

leur vie dans une cage métallique dans

tages de la détention permanente à l’étable,

réservée qu’à quelques riches. En peu de

laquelle l’animal ne pouvait même pas

à l’attache et par les dresse-vaches électri-

temps, elle est devenue accessible à tout le

se retourner! Leurs petits, les porcs d’en-

fiés. Ils enterrèrent leurs convictions quant

monde et est désormais une évidence. Ce-

graissement, n’ont pas eu la vie plus fa-

à la zootechnie et ses objectifs, et se mirent

pendant, alors que la détention d’animaux

cile. Peu après la naissance, on leur arra-

à importer de plus en plus de génétique.

était au zénith et que les produits laitiers,

chait les canines, de façon routinière, et

La race originale fribourgeoise, tachetée

la viande et les œufs devenaient toujours

on leur coupait la queue, les mâles étaient

noire, a complètement disparue. Les races

meilleur marché, ceux qui en faisaient

castrés – tout cela sans anesthésie! Ils vé-

polyvalentes comme la Simmental «origi-

les frais étaient les animaux de rente. Car

gétaient par groupes de dix, dans des sta-

nale» et la vache brune, élevées tant pour le

les formes de détention qui épargnaient

bulations sombres et sans litière, sur des

lait que pour la viande, représentent désor-

de l’espace et du travail, promues par la

dalles de béton perforées, couchés sur

mais des minorités; les descendantes des

science et les institutions de conseil, ainsi

leurs excréments et leur urine, en atten-

laitières US-Holstein (rouges et noires) et

que l’élevage unilatéral ont masqué l’es-

dant la boucherie. À l’époque, on était au

des Brownswiss, par contre, se sont im-

sence et la biologie des animaux. Leurs né-

moins honnête: dans les années 1970, des

posées. On a commencé à détenir les bo-

cessités ont été réduites à la nourriture et

représentants de la Station de testage pour

vins d’engraissement dans des stabula-

à l’eau: moins que ce que l’on accorde à

l’engraissement de Sempach ont défini

tions économiques en espace et sur cail-

une plante, puisqu’à l’époque, les porcs et

cette méthode de détention sur caillebo-

lebotis, comme les porcs. On en est arrivé

les poulets ont même été privés de la lu-

tis comme «dure», devant des visiteurs; on

à compresser jusqu’à quinze bovins d’en-

mière du jour!

savait donc ce qu’on faisait aux animaux.

graissement de 500 kilogrammes sur 30

Les porcs ont été durement frappés.

Dix ans plus tard, lorsque cette cruauté

mètres carrés, correspondant à la surface

Alors que dans la première moitié du XXe

envers les animaux essuyait de plus en

moyenne d’une pièce d’habitation. On a

siècle les truies reproductrices pouvaient

plus les critiques de l’opinion publique, les

imposé la muselière aux veaux, afin qu’ils

encore s’ébattre en groupe sur les pâtu-

fonctionnaires de la branche soutenaient

ne mangent pas un seul brin d’herbe et que

rages, et que les porcs d’engraissement

cyniquement qu’il ne manquait rien à ces

leur viande reste belle blanche. Ils végé-

pouvaient sortir régulièrement en plein

cochons et qu’en fin de compte, ils en-

taient, isolés, dans des caissons à claire-

air, ils ont été complètement enfermés de-

graissaient bien.

voie en bois, d’où ils ne sortaient que pour aller à l’abattoir. Au cours des décennies entre 1960 et 1980, la plupart des paysans suisses cessèrent presque entièrement la détention des animaux en pâture, en plein air ou avec la possibilité de sortir régulièrement, pratique qui était courante durant la première moitié du siècle. L’animal devint la plupart du temps un simple facteur de production, la relation entre l’être humain et l’animal fut réduite au minimum. En même temps, la plupart des fonctionnaires agricoles refusèrent, des décennies durant, de reconnaître le bien-fondé des études scientifiques et des connaissances pratiques quant aux conséquences négatives de la production animale intensive sur la santé et le bien-être des animaux qui s’amoncelaient depuis la fin des années 1970. Ils

Les truies ne peuvent plus se mouvoir dans les stabulations

16

renièrent également la pensée idéologique en faveur de la protection des animaux de leur premier secrétaire agricole.

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


4. La législation sur la protection des animaux 4.1 Le développement de la législation sur la protection des animaux de 1981 à 2011

cée du monde. Afin d’amortir les conséconformes existantes disposent d’un délai

1989 La PSA organise, à Bâle, le premier

En Suisse, la cruauté envers les animaux

de dix ans pour se mettre à la page.

congrès international contre l’ingénierie

des tortues dans toute la Suisse.

quences économiques, les détentions non

génétique sur les animaux. Elle demande

de rente a rapidement mis en mouvement des forces d’opposition efficaces, contrai-

1985 Les organisations de protection des

que la zootechnie garantisse la dignité de

rement aux pays étrangers, l’UE en tête.

animaux commencent à thématiser les

la créature. En 1992, l’exigence de la PSA

Dans ces pays, la production animale in-

déficits de l’ordonnance sur la protection

quant à la dignité de la créature est ins-

tensive n’est toujours pas sérieusement

des animaux. La Confédération est enfin

crite dans la Constitution fédérale. Depuis

remise en question par les politiques et la

forcée à agir à coups de pétitions et d’in-

2008, elle se trouve également dans la loi

protection des animaux de rente n’a pas

terventions parlementaires. On conteste

fédérale sur la protection des animaux.

la part belle. Les protecteurs suisses des

certaines lacunes, des termes juridiques

animaux s’allièrent aux paysans et aux

vagues et des prescriptions quantitatives

1990 Le Conseil fédéral complète l’or-

consommateurs responsables pour dé-

insuffisantes en matière de détention ani-

donnance sur la protection des animaux

fendre la protection des animaux de rente

male. L’application reste un sujet perma-

par des prescriptions quant à la protec-

sur le plan législatif.

nent. Les contrôles laxistes ou inexistants

tion des lapins.

dans certains cantons sont fortement cri-

1981 La législation fédérale sur la pro-

tiqués, comme la surveillance insuffi-

1991 Le délai transitoire pour l’exécu-

tection des animaux entre en vigueur. Elle

sance par l’OVF et le formalisme des auto-

tion des prescriptions concernant la pro-

interdit désormais les cages en batterie

rités dans une «protection millimétrée des

tection des animaux arrive à échéance.

pour l’élevage des poulets et réglemente

animaux», aux frais d’une protection qua-

Les éleveurs de poules pondeuses sont

de façon complète la détention des ani-

litative, par exemple en ce qui concerne

ceux qui ont appliqué les nouvelles dis-

maux de rente, de compagnie, de labora-

l’éclairage, le mouvement et l’occupation

positions de la manière la plus consé-

toire et sauvages. Elle suscite donc l’atten-

des animaux.

quente. Toutes les cages en batterie ont

tion sur le plan international. Aujourd’hui

disparu avant l’échéance du délai tran-

encore, après la révision complète de

1988 Une action de la PSA, par des cartes

sitoire. La nouvelle forme de détention

2008, elle constitue la législation sur la

postales adressées au Conseil fédéral, per-

qui s’impose désormais est celle en vo-

protection des animaux la plus avan-

met l’interdiction les produits provenant

lière, développée par ETH de Zurich. C’est

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

17


la forme de détention la plus intéressante

du Conseil des États s’occupent de façon

donnance sur la protection des animaux

du point de vue économique et de la pro-

approfondie de la législation sur la pro-

(»les animaux oubliés»). Deux autres pé-

tection des animaux. Au niveau européen,

tection des animaux, en entendant égale-

titions pour réglementer les sélections

elle constitue désormais la solution alter-

ment des représentants de la PSA. Les cri-

extrêmes et pour interdire la castration

native à la détention en cage. Les poules

tiques objectives de la protection des ani-

des porcelets sans anesthésie suivront.

disposent de litière pour picorer, gratter

maux sont en grande partie confirmées et

La Confédération satisfera ces exigences

et prendre des bains de poussière, de nids

la CG réclame une révision de la loi et de

dans le cadre de la révision sur la législa-

protégés pour pondre leurs œufs, et d’es-

l’ordonnance d’application.

tion sur la protection des animaux entre 2003 et 2008.

paces de repos et de retrait.

1996 La PSA lance une pétition en faveur 1993/1994 En conséquence à la cri-

de prescriptions concrètes également pour

1997 Le Conseil fédéral stoppe le projet de

tique permanente à l’application de la

la protection des chevaux, des chèvres et

révision de la loi sur la protection des ani-

protection des animaux, les Commis-

des moutons. Jusqu’à ce moment, ces ani-

maux et, à sa place, met en vigueur l’or-

sions de gestion du Conseil National et

maux n’étaient pas mentionnés dans l’or-

donnance sur la protection des animaux,

Le chemin vers la loi sur la protection des animaux

borer un article constitutionnel en faveur de la protection des animaux.

1961 La PSA lance une pétition en faveur d’une loi fédérale sur la protection des animaux et cherche des alliés au Parlement.

1973 la percée: La majorité écrasante du peuple et des cantons approuve le nouvel article constitutionnel en faveur de la protection des animaux: 1 041 282 de oui contre 198 866 de non.

1975 Le jeune Suisse de l’étranger Mark M. Rissi tourne le long métrage «De Grotzepuur», avec Schaggi Streuli, Ines Torelli, Jörg Schneider et Walo Lüönd. Ce film, cofinancé par la PSA, montre pour la première fois des poulets en batterie, des veaux d’engraissement attachés et muselés et des cages à porcelets au grand public, choqué par ces visions. Il a contribué à présenter le thème des fabriques d’animaux à l’opinion publique et à faire reconnaître la nécessité d’une loi sur la protection des animaux à un large cercle de la population.

1963 Le Conseil fédéral approuve la pétition et un projet de loi formulé par la PSA et des spécialistes. Le conseiller national Walter Degen, vétérinaire cantonal de Bâle Campagne, y rajoute une motion en faveur d’une loi sur la protection des animaux, cosignée par 41 conseillers. 1965 Paraît le livre «Animal Machines» de l’Anglaise Ruth Harrison. Il relance la demande en faveur d’une loi sur la protection des animaux. Le livre montre d’une manière impressionnante et sans ménagement le développement erroné de la détention animale dans l’agriculture.

1974 Le Conseiller fédéral Ernst Brugger instaure une commission extraparlementaire chargée d’élaborer une loi sur la protection des animaux, à nouveau sous la direction du Prof. Andreas Nabholz. Le directeur de la PSA, Hans-Peter Haering, compte également parmi ses membres. MM. Nabholz et Haering font pression en faveur d’une législation progressiste et complète sur la protection des animaux. Cette lutte commune en faveur d’une protection légale des animaux débouchera sur une amitié qui durera toute leur vie.

1978 Le Parlement promulgue la première loi fédérale sur la protection des animaux. La «Ligue contre la vivisection» s’y oppose par référendum, alors que la PSA et les vétérinaires la soutiennent, avec certaines réserves. En décembre de la même année, le peuple et les cantons l’approuvent par 78 % de oui.

1967 La PSA publie le rapport «Nutztierhaltung ohne Gesetz» (Détention d’animaux de rente sans loi), dénonçant les conditions des étables suisses, contraires à la protection des animaux et faisant pression en faveur d’une loi sur la protection des animaux. 1971 Une commission dirigée par le directeur de l’Office vétérinaire fédéral, le Prof. Andreas Nabholz, commence à éla-

18

1977 D’éminentes personnalités comme le Prix Nobel Konrad Lorenz, le Prof. Heini Hediger, directeur d’un zoo, et l’essayiste et chercheur en zoologie Bernhard Grzimek ont soutenu la PSA dans sa lutte pour une loi progressiste sur la protection des animaux.

Deux locomotives devant la loi sur la protection des animaux: le Prof. Dr Andreas Nabholz et M. Hans-Peter Haering

1979 Les autorités fédérales entament les travaux pour une ordonnance sur la protection des animaux. Elle constituera le texte d’application de la loi fédérale.

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


réélaborée, suite aux fortes critiques des détenteurs d’animaux et des milieux de la protection des animaux dans le cadre de la consultation. L’ordonnance apporte des améliorations, notamment en faveur des animaux de rente, telles que la détention des veaux en groupes (à l’exception de la détention dans des igloos individuels), l’interdiction des sols en caillebotis et de détenir les truies à l’attache ou dans des caissons à claire-voie. Le délai transitoire pour transformer les stabulations existantes varie entre cinq et dix ans.

1999 Les changements dans la relation entre l’être humain et l’animal conduisent la PSA, la Société Cynologique Suisse (SCS) et la Société des vétérinaires suisses (SVS) à lancer l’initiative populaire «Les animaux ne sont pas des choses!». En l’an 2000, l’initiative est retirée, après que le Parlement ait adapté la législation en conséquence, suite à une initiative parlementaire du Conseiller aux États Dick Marty.

2000 Depuis cette année, les nouvelles

La lutte pour améliorer la loi sur la protection des animaux continue – pour tous les animaux!

connaissances de la médecine vétérinaire, de l’éthologie et du droit ainsi que les

lacunes patentes quant aux animaux de

la formation des détenteurs d’animaux et

changements dans la relation entre l’être

compagnie et à la technologie génétique

ne propose quasiment aucune améliora-

humain et l’animal montrent de plus en

appliquée aux animaux, tout comme dans

tion matérielle en faveur des animaux.

plus clairement qu’il est urgent d’interve-

les sélections extrêmes où il y a déjà un

De plus, le Conseil fédéral veut abroger

nir au niveau de la loi sur la protection des

consensus en faveur de l’interdiction. Ce-

une partie des prescriptions concernant

animaux: tout n’est pas réglé par de seules

pendant, les autorités manquent du sou-

l’étourdissement des mammifères. Cette

adaptations de l’ordonnance. Il y a des

tien nécessaire pour l’ancre dans la loi

prescription remonte à l’initiative popu-

sur la protection des animaux. Le chan-

laire de la PSA, approuvée par le peuple

gement du statut juridique des animaux,

et les cantons en 1893.

approuvé par le Parlement, va également dans ce sens.

2002 La PSA lance l’initiative populaire «Oui à la protection des animaux!». Elle

Il est temps de mieux protéger les animaux! Soutenez l’initiative populaire «Pour une protection des animaux moderne (Protection des animaux – OUI!)»

Protection suisse des animaux Psa

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

2001 Une commission extraparlemen-

comprend un catalogue complet et dé-

taire désignée par le Conseil fédéral dans

taillé d’exigences en faveur de la protec-

laquelle siègent également des représen-

tion des animaux. Suite à cette initiative

tants de la protection des animaux et de

et à des protestations massives, le Conseil

la société des vétérinaires, demande une

fédéral retire la proposition d’abroger

révision complète de la loi sur la protec-

l’obligation générale d’étourdir les ani-

tion des animaux, désormais vieille de

maux avant de les abattre. Il est désor-

vingt ans. Le Conseil fédéral met donc

mais exclu que l’on puisse réintroduire

en consultation un message en faveur

la manière d’abattre un animal en l’égor-

d’une nouvelle loi sur la protection des

geant, sans l’étourdir au préalable. Le Par-

animaux. La PSA critique le projet avec

lement décide de reporter d’une année les

véhémence, car il met l’accent surtout sur

consultations en vue d’une nouvelle loi

19


sit des animaux de boucherie à travers la Suisse dans l’ordonnance sur la protection des animaux. Après que la PSA ait critiqué, des années durant, les prescriptions obsolètes concernant la protection des animaux lors de l’abattage, le Conseil fédéral a mis en vigueur une ordonnance départementale dotée de prescriptions importantes concernant les animaux de boucherie.

2011 Le Parlement rejette une motion visant à abolir l’interdiction du fil barbelé sur les pâturages à chevaux de l’ordonnance sur la protection des animaux, ainsi qu’une intervention ayant l’objectif de subventionner les exportations de bétail. Le Conseil fédéral présente une mini ré-

Interdite depuis 2010: la castration des porcelets sans anesthésie

vision de la loi sur la protection des animaux au Parlement. L’expérimentation animale devra être déclarée de manière plus transparente, le commerce de four-

sur la protection des animaux, afin que

«Avocat de la protection des animaux,

rures de chats et de chiens totalement in-

cette affaire puisse être traitée parallèle-

oui!». Elle la déposera en été 2007, dotée

terdit, l’emploi de «moyens auxiliaires»

ment à l’initiative de la PSA.

de quelque 140 000 signatures valables.

avec les animaux sera réglementé. De

2003 La PSA soumet l’initiative popu-

2008 La nouvelle législation sur la pro-

tion des animaux, délibérées ou par négli-

laire «Oui à la protection des animaux!»,

tection des animaux, entièrement rééla-

gence, pourront être signalées. En 2012,

avec quelque 120 000 signatures. Le Par-

borée, entre en vigueur. Elle prévoit, entre

le Parlement approuve ces améliorations

lement entame les consultations quant à

autres, de limiter à six heures le temps de

en faveur de la protection des animaux.

la nouvelle loi sur la protection des ani-

transport des animaux, d’interdire les sé-

De plus, il adopte l’interdiction de détenir

maux. Les organisations de protection des

lections extrêmes et la castration des por-

des dauphins et promeut l’interdiction de

animaux sont consultées à plusieurs re-

celets sans anesthésie. Elle contient éga-

transporter les animaux de boucherie au

prises et accompagnent intensivement le

lement des prescriptions concrètes quant

niveau de la loi. Le commerce des chiens

processus législatif.

à la protection des chèvres, des moutons

par colportage sera également interdit.

plus, les infractions à la loi sur la protec-

et des chevaux. Jusqu’ici, ces animaux de

2005 La PSA peut désormais retirer l’ini-

rente n’étaient pas protégés légalement.

tiative populaire «Oui à la protection des

La formation, le perfectionnement et l’in-

animaux!», car le Conseil des États et le

formation des détenteurs d’animaux sont

4.2 Évaluation de la nouvelle loi sur la protection des animaux (LPA)

National ont retouché des domaines par-

désormais ancrés dans la législation.

La nouvelle LPA comporte toute une série

ticuliers de la loi sur la protection des ani-

d’améliorations en faveur des animaux,

maux, contre l’avis du Conseil fédéral. De

2010 Le peuple et les Cantons refusent

par exemple:

plus, le Conseil fédéral promet aux orga-

l’initiative pour l’avocat de la protection

• L’interdiction de castrer les porcelets

nisations de protection des animaux de

des animaux par 77 % de voix négatives.

combler certaines lacunes lors de la ré-

Les organisations de protection des ani-

vision de l’ordonnance sur la protection

maux, les paysans et les vétérinaires se

des animaux (concernant les moutons, les

sont battus durant quatre ans contre la

chèvres, les chevaux et les poissons) et de

condescendance du Conseil fédéral sou-

faire aboutir des améliorations matérielles

mis à la pression de l’UE en matière de

• Des prescriptions quant à la zootechnie

en faveur des animaux en général.

transit des animaux de boucherie à tra-

et l’interdiction des sélections extrêmes

vers la Suisse. Désormais, le Conseil fédé-

• L’encouragement de la recherche en fa-

2006 La PSA lance l’initiative populaire

20

ral a inscrit l’interdiction totale du tran-

sans anesthésie depuis 2010 • La limitation du transport d’animaux à un maximum de six heures • L’interdiction d’importer des fourrures de chats et de chiens

veur de la protection des animaux

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


• La protection de la «dignité de l’ani-

dispositions concrètes.

Moins de souffrance

Cependant, la nouvelle législation en

La formation et l’information spécifiques

matière de protection des animaux n’a

des détenteurs sont également bienve-

• De nouveaux instruments d’exécution:

pas été le grand bond en faveur des ani-

nues, tout comme la meilleure protection

une meilleure formation et information

maux de rente qu’avait représenté en son

des animaux élevés en liberté, l’exigence

des détenteurs d’animaux, des trans-

temps, l’interdiction des cages en batterie

concernant les contacts sociaux et la dé-

porteurs d’animaux et du personnel

dans l’aviculture. Notre société aurait pu

tention en groupes, ainsi que la protection

des abattoirs; des services cantonaux

se permettre un progrès plus conséquent

contre le bruit excessif. Enfin, il a égale-

de protection des animaux; l’interdic-

pour réparer la situation des animaux de

ment été possible de réglementer la plu-

tion de détenir certains animaux, va-

rente, exploités sans égard quant à leurs

part des interventions douloureuses afin

lable pour toute la Suisse; Elle fixe des

besoins, des décennies durant. Mais une

de ménager la souffrance des animaux,

objectifs et des mandats de prestation;

fois de plus, les lobbys agricoles ont ba-

par exemple dans les opérations consis-

finalement, elle prolonge les délais de

layé ces réflexions par une campagne

tant à arracher les dents et à couper la

prescription.

contre la protection des animaux.

queue des porcelets, à poser des anneaux

mal», y compris l’interdiction de la sodomie

nasaux aux porcs, à castrer les jeunes ani-

De l’eau pour tous les animaux de rente

maux, à couper le bec et à rogner les ailes

originale du point de vue de la protection des animaux, à cause du découra-

La nouvelle OPAn est plus sévère que la

tions douloureuses, les animaux de rente

gement du Conseil fédéral et de certains

précédente et apporte au moins plusieurs

suisses sont désormais les mieux protégés

parlementaires qui souhaitaient y mettre

améliorations de détail en faveur de la

au monde.

un frein. Les animaux auraient mérité une

plupart des animaux. Par exemple, le droit

meilleure loi. Par exemple, il n’a pas été

à l’eau pour tous les animaux. Jusqu’à

Combler les lacunes

possible d’y ancrer:

présent, les porcs et les veaux d’engrais-

Les chanceux de la révision de l’ordon-

• L’interdiction d’effectuer des expé-

sement, nourris avec des produits liquides

nance sont les moutons, les chèvres, les

riences très invasives sur des animaux

et riches en sel, dérivés de la production

dindes et les chevaux. Jusqu’à la révision,

et à des buts expérimentaux douteux du

fromagère, ne recevaient pas d’eau – avec

il n’y avait pas encore de prescriptions de

point de vue éthique (cosmétique, pro-

des conséquences sanitaires désastreuses

protection concrètes et contraignantes les

duits de nettoyage, biens de luxe, tabac)

et un taux de mortalité très élevé, notam-

concernant. Le Conseil fédéral en a dé-

ment chez les veaux.

sormais stipulées quelques-unes. Depuis

Dans son ensemble, la révision est peu

• La sortie régulière en plein air pour tous les animaux de rente

à la volaille. Du point de vue des interven-

2010, les 76 000 chèvres et les 450 000

• Une détention des animaux sauvages et de laboratoire conforme à leurs espèces • Que l’on interdise les importations contraires à la protection des animaux et que l’on déclare le type de détention

4.3 Évaluation de la nouvelle ordonnance sur la protection des animaux (OPAn) La volonté du Conseil fédéral de prendre en compte un degré plus élevé de protection au niveau de la loi, décidé par le Parlement, mais aussi des connaissances de la science et de la pratique, s’observe dans la nouvelle OPAn. Plusieurs espèces animales en profitent, si l’on compare à la situation d’avant 2008. Par exemple, les quelque sept millions d’animaux de compagnie, ainsi que les chevaux, les chèvres, les moutons, les dindes et les poissons. Ces espèces animales, jusqu’ici «oubliées» par l’OPAn, sont désormais protégées par des

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

Jusqu’en 2008, il n’y avait aucune prescription concernant les moutons dans l’ordonnance sur la protection des animaux

21


moutons vivant en Suisse peuvent se

leur administrant fréquemment des anti-

coucher sur de la litière. Cette dernière

biotiques. Dès l’automne 2013, l’immu-

Transport d’animaux et abattage

est une nécessité fondamentale de tous

nité naturelle des veaux doit être renfor-

La nouvelle OPAn a amélioré les condi-

les animaux de ferme, prouvée scientifi-

cée par une alimentation conforme à leur

tions de transport des animaux de rente,

quement. Pour sa part, la volaille néces-

espèce, plus riche en fibres, à base de foin,

notamment en limitant le temps de trans-

site la litière pour picorer, gratter et pour

d’ensilage et d’herbe, ce qui augmente

port à un maximum de six heures: une

prendre des bains de poussière mais, par

aussi l’apport de fer. Les consommateurs

première mondiale. Toutefois, il reste en-

sa nature, se repose sur des perchoirs. Ce-

devront donc définitivement dire adieu

core des questions à clarifier. Par exemple,

pendant, le Conseil fédéral n’accorde la

à la viande de veau claire. En revanche,

il manque une définition claire du mo-

litière que de façon sélective à nos ani-

ils auront la garantie que la viande ro-

ment à partir duquel les animaux ne sont

maux de rente. Deux des trois malchan-

sée qu’ils achèteront à l’avenir provien-

plus transportables et qu’ils devraient être

ceux de la révision, soit les porcs et les

dra de veaux sains et que l’emploi d’anti-

abattus sur place ou dans l’abattoir le plus

bovins d’engraissement, doivent conti-

biotiques dans l’engraissement des veaux

proche, au lieu d’être encore charriés à

nuer à vivre dans des caissons nus et

diminuera.

travers le pays. La question du transport

étroits, sans litière et sans la possibilité

Les porcs pourront enfin respirer un

des femelles en gestation est également

de sortir en plein air. Les vaches non plus

peu, au moins en été. Jusqu’à mainte-

restée sans réponse. Dans notre pays, cela

n’ont pas joui d’améliorations remar-

nant, lors des journées chaudes, ils souf-

est malheureusement encore permis, tan-

quables. On peut continuer à leur faire

fraient de la chaleur excessive, puisque

dis que l’UE interdit de transporter les

passer la plupart de leur vie à l’étable, à

leur peau ne transpire pas et que, dans les

femelles gravides au cours du dernier

l’attache, et même le dresse-vaches reste

porcheries, ils ne peuvent pas se souiller

dixième de la gestation.

légal, dans les étables existantes.

comme à l’air libre. Les éleveurs devront

Une réussite importante en faveur des

désormais veiller à leur procurer des pos-

animaux a été atteinte dans le domaine

La fin des veaux nourris incorrectement?

sibilités de se rafraîchir. À ce propos, un

de l’abattage. En automne 2010, les pres-

moyen qui a fait ses preuves est la douche

criptions en vigueur jusqu’alors, complè-

Les veaux d’engraissement et les amis

pour cochons, que l’animal peut déclen-

tement obsolètes, ont enfin été adaptées à

de la viande de veaux ont de meilleurs

cher par une pression du groin, lorsqu’il

l’état actuel des connaissances.

jours devant eux. Jusqu’à présent, l’état

ressent le stress de la chaleur.

sanitaire des veaux d’engraissement, sou-

4.4. Application

vent déficient à cause de leur alimenta-

Nonobstant le net rejet de l’initiative pour

tion non naturelle, devait être amélioré en

l’avocat des animaux par le peuple et les cantons, en 2010, la PSA remarque la volonté de nombreux offices de vétérinaires cantonaux d’améliorer l’application. De toute évidence, les nouveaux instruments d’exécution semblent être efficaces. En même temps, la volonté politique d’instaurer des contrôles et des sanctions adéquates semble être plus marquée. Les organisations de protection des animaux remarquent également avec satisfaction les premières tentatives d’établir périodiquement des rapports nationaux de la protection des animaux. Elles apprécient également les travaux en cours pour réglementer les sélections extrêmes du point de vue de la protection, ainsi que le premier audit de l’exécution de la protection des animaux, établi sur mandat de l’OVF et publié en été 2011 – bien que la PSA y

Unique au monde: le transport d’animaux limité à un maximum de six heures

22

ait détecté de graves lacunes dans la manière d’examiner.

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


5. Politique agricole 5.1 Développements de 1951 à 2011

animaux sans posséder de terrains ni pro-

mis de construire ne seront plus octroyés

duire du fourrage), a suscité l’opposition

qu’aux exploitations disposant de terrains

1951 Le Parlement promulgue une nou-

des milieux paysans, des consommateurs

à cultiver. Les exploitations trop grandes

velle loi fédérale sur l’agriculture. Ses ob-

et de la protection des animaux.

et celles qui ne sont pas liées à des terrains devront être démantelées. La Suisse essaie

jectifs, compréhensibles après les amères expériences faites durant la deuxième

1979 On introduit le contingentement

donc de mettre un verrou à la détention

guerre mondiale, sont d’encourager une

laitier, afin de contenir la surproduction.

d’animaux en masse.

paysannerie saine et de favoriser la production de denrées alimentaires aptes à

1980 a marqué la fondation de l’Asso-

1985 Les conséquences écologiques né-

approvisionner la population, même en

ciation suisse pour la défense des petits

gatives de la production végétale et ani-

temps de crise.

et moyens paysans (Kleinbauernvereini-

male intensive se font de plus en plus sen-

gung VKMB). Elle a collaboré de plus en

tir. L’opinion publique les critique tou-

1970 Les progrès scientifiques et tech-

plus souvent avec la PSA au cours des

jours plus fortement. Par conséquent, la

niques, les énormes importations de four-

décennies suivantes: pour une détention

VKMB lance «l’initiative en faveur des pe-

rages concentrés, les croisements avec des

d’animaux paysanne et conforme aux

tits paysans».

races laitières étrangères et l’augmenta-

espèces, contre les fabriques d’animaux

tion du rendement des vaches qui en a ré-

et contre le changement structurel forcé

1989 L’initiative en faveur des petits

sulté, ainsi que les prix établis par l’État et

(la «mort de la paysannerie»). Cependant,

paysans est rejetée de justesse, par 51 %

la garantie de reprise du lait, de la viande

entre 1951 et 2011, le nombre d’exploi-

de voix négatives. Ce signal d’alerte inat-

et des produits des cultures ont causé

tations agricoles a chuté de 200  000 à

tendu éveille le Conseil fédéral et l’admi-

chaque année des surproductions (une

60  000.

nistration, et contribue à poser des jalons

surproduction laitière, des «montagnes

en faveur d’une nouvelle politique agri-

de beurre») et ont demandé de coûteuses

1981 La législation sur la protection

mesures de valorisation des excédents.

des animaux entre en vigueur. On pose

Cette situation, accompagnée du fait que

des limites à l’engraissement. Un pay-

1990 La PSA se dresse contre l’appli-

des exploitations d’engraissement à large

san ne pourra désormais plus engrais-

cation de la génétique aux animaux de

échelle ont vu le jour (les «fabriques d’ani-

ser plus de 1000 porcs ou de 12 000 pou-

rente, notamment contre la production

maux», des installations engraissant des

lets, par exemple, et les nouveaux per-

d’animaux transgéniques et l’utilisation

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

cole.

23


mais seront l’affaire du marché. Ce sont désormais les lois du marché faisant appel à l’offre et à la demande et le pouvoir de marché qui entrent en jeu et qui font baisser les prix à la production, parfois de façon sensible. En 1993, un paysan gagnait encore 1,08 franc par litre de lait, tandis qu’aujourd’hui, après la levée du contingentement laitier, il ne perçoit plus que 60 centimes! En contrepartie, les subventions agricoles liées au marché interne et à l’exportation, auparavant gigantesques, sont progressivement supprimées, pour reverser aux paysans une partie de l’argent rendu ainsi disponible, sous la forme de paiements directs d’ordre général. À côté de cela, les paysans ont la possibi-

Les étables particulièrement respectueuses des animaux bénéficient de crédits plus élevés

lité de fournir des prestations supplémentaires volontaires en faveur de l’écologie ou du bien-être des animaux (agriculture bio, surfaces de compensation écologique

de l’hormone de croissance modifiée gé-

l’engraissement des bovins et des porcs.

telles que des haies, des vergers à haute

nétiquement rBST (somatotropine bovine

La critique principale à cela: de mau-

tige ou des prairies extensives, élevage des

recombinante) pour augmenter la perfor-

vaises conditions de détention peuvent

animaux de rente en liberté). Ils peuvent

mance des vaches. Cette hormone est em-

être masquées par ces «fourrages aux an-

les faire valoir pour des paiements directs

ployée à large échelle dans la production

tibiotiques» et cette pratique favorise la

écologiques. Les paiements directs, éco-

laitière aux Etats-Unis, depuis 1993, mais

résistance des agents pathogènes aux an-

logiques et d’ordre général sont liés aux

n’est pas autorisée en Suisse et dans les

tibiotiques. Les programmes importants

prestations écologiques requises (PER).

États européens. La PSA demande que les

de labellisation ont exclu l’emploi d’AML.

Cela signifie que chaque paysan qui per-

animaux transgéniques soient interdits et

La PSA demande leur interdiction sur tout

çoit cet argent s’engage à:

formule l’idée d’encourager les méthodes

le territoire national, à l’instar de l’inter-

• détenir ses animaux de rente dans le

de détention respectueuses des animaux

diction d’utiliser des hormones dans l’en-

de rente par les paiements directs. Ces de-

graissement des animaux, décrétée en

• présenter un bilan de fumure équilibré

mandes sont contenues dans l’initiative

Suisse dans les années 1980 et, plus tard,

• maintenir une proportion appropriée de

«Paysans et consommateurs», lancée par

également dans l’UE.

respect des animaux

surfaces de compensation écologique • veiller à l’assolement régulier

des ONG telles que le WWF, Pro Natura, la VKMB et KAGfreiland, ainsi que les partis

1995 Le peuple et les cantons ap-

• protéger le sol de façon appropriée

politiques comme le PS et la AdI.

prouvent un nouvel article constitution-

• choisir et employer les produits phyto-

nel sur l’agriculture, prescrivant le sys-

sanitaires de façon ciblée

1992 L’initiative «Paysans et consomma-

tème des paiements directs actuels et

teurs» est déposée. Elle demande une nou-

davantage de prestations écologiques et

Dans l’élaboration du système des paie-

velle politique agricole et que soient in-

en faveur de la protection des animaux.

ments directs, la PSA soutient l’exigence

troduits des paiements directs d’ordre gé-

Cette réussite permettra à la PSA, aux or-

d’encourager les systèmes de stabula-

néral et écologiques.

ganisations environnementales et à l’As-

tions particulièrement respectueux des

sociation suisse pour la défense des petits

animaux (SST) et les sorties régulières en

1993 La PSA établit un rapport de fond

et moyens paysans de retirer l’initiative

plein air des animaux de rente (SRPA).

sur la pratique, répandue, d’enrichir le

«Paysans et consommateurs».

Elle est appuyée par l’Union suisse des

fourrage d’auxiliaires de stimulation de la

L’ancienne politique agricole a donc

paysans dans cette démarche. Ces pro-

production à base d’antibiotiques (AML).

vécu. Les prix du lait, de la viande, des

grammes d’encouragement suivent la de-

Cela correspond à plusieurs tonnes an-

œufs et des produits de provenance vé-

mande des consommateurs qui souhaitent

nuelles, principalement dans l’élevage et

gétale ne seront plus garantis par l’État

des produits respectueux des animaux

24

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


(programmes de labellisation). Par consé-

2003 Le Conseil fédéral met en vigueur

revendeurs de clôtures s’engagent à re-

quent, de plus en plus d’animaux de rente

l’ordonnance relative à la déclaration de

noncer à proposer ce produit s’il est des-

ont la possibilité de sortir ou sont détenus

produits agricoles issus de modes de pro-

tiné aux pâturages. Une brochure de la

sur le pâturage.

duction interdits en Suisse. Il faudra dé-

PSA sur les clôtures destinées aux pâtu-

clarer, entre autres, les œufs importés pro-

rages est distribuée à large échelle aux

1998 Dans le cadre des mesures d’amé-

venant de poules détenues en batterie et

détenteurs d’animaux. À la suite de cela,

lioration structurelle dans l’agriculture,

la viande d’animaux auxquels on a admi-

plusieurs communes suisses interdisent la

le Conseil fédéral décide d’augmenter de

nistré des AML ou des hormones pour en

pose de ce système de clôture contraire à

20 % les crédits à l’investissement des-

augmenter le rendement. Depuis 2012, il

la protection des animaux. La PSA sou-

tinés aux nouveaux systèmes de sta-

faut également déclarer la viande impor-

tient des actions vouées à remplacer le fil

bulations particulièrement respectueux

tée provenant de lapins élevés en batterie.

barbelé sur les pâturages.

des animaux, par rapport aux systèmes

La loi sur le génie génétique entre en vi-

conventionnels. De cette façon, il s’ap-

gueur et interdit l’utilisation d’animaux

2009 Le contingentement laitier est levé.

proche de la demande de la PSA, consis-

de rente génétiquement modifiés dans

La PSA avait clamé au préalable avec vé-

tant à n’octroyer des crédits à l’investis-

l’agriculture. Les vertébrés génétiquement

hémence: les vaches seraient encore plus

sement qu’aux systèmes de stabulations

modifiés ne peuvent être produits et mis

forcées à la performance et l’utilisation

conformes aux principes SST/SRPA. L’or-

en circulation qu’à des fins de recherche,

de fourrages concentrés augmenterait. Le

donnance sur les améliorations structu-

de thérapie et de diagnostic sur des êtres

prix du lait payé aux producteurs chute

relles entre en vigueur en 1999. Plus de

humains ou des animaux.

à 60 centimes. On produit beaucoup trop

90 % des étables subventionnées au cours

de lait conventionnel et on administre de

des dernières années sont des installations

2005 La PSA dépose une pétition comp-

plus en plus de fourrages concentrés im-

SST.

tant 90   000 signatures contre les fa-

portés.

briques d’animaux, avec l’Association

La PSA obtient l’augmentation des

1999 La politique agricole range la com-

suisse pour la défense des petits et moyens

contributions destinées à encourager les

pétitivité (démantèlement de la protection

paysans. En conséquence de cela, le Par-

détentions de lapins en groupes et parti-

douanière et concurrence accrue de l’im-

lement prescrit des limites maximales aux

culièrement respectueuses des animaux.

portation) au même niveau que la mul-

élevages.

tifonctionnalité de l’agriculture (produc-

Le peuple et les cantons approuvent

2010 L’exigence du Conseil fédéral de

tion de denrées alimentaires naturelles et

l’initiative «sans OGM», du Groupe suisse

conclure un accord complet de libre-

respectueuses des animaux; ménagement

de travail sur le génie génétique (SAG),

échange avec l’UE dans le domaine agri-

des bases vitales naturelles telles que l’air,

dont la PSA fait partie. On impose un

cole est accueilli de façon différenciée. Les

le sol et les eaux). Par la suite, cette tâche

moratoire à l’utilisation d’organismes gé-

réactions vont de l’approbation sans ré-

additionnelle minera fortement les presta-

nétiquement modifiés dans l’agriculture

serve du côté des représentants du mar-

tions écologiques de l’agriculture.

(cultures, fourrages).

ché et des importateurs à un «oui, mais»

Le Conseil fédéral stipule l’interdic-

de l’Alliance agraire, jusqu’au rejet par la

tion d’utiliser des AML. La Suisse est donc

2006 La PSA découvre l’exigence du

plupart des organisations paysannes. La

le deuxième pays au monde à barrer la

Conseil fédéral lequel, à l’occasion de

PSA mène une recherche sur les condi-

route aux AML, après la Suède, qui avait

la révision de l’ordonnance concernant

tions de détention dans l’UE, afin de se

déjà interdit les antibiotiques alimentaires

l’importation, le transit et l’exporta-

faire une opinion propre et de les com-

dix ans auparavant. L’UE ne les interdira

tion d’animaux et de produits animaux

parer à la situation en Suisse. Elle ar-

qu’en 2009.

(OITE), souhaite à nouveau permettre le

rive à la conclusion que, du point de vue

transit d’animaux de boucherie. Sept ini-

de la protection des animaux, l’accord

2001 La PSA obtient que les paiements

tiatives de Cantons et une parlementaire

de libre-échange avec l’UE doit être re-

directs destinés à encourager la sortie ré-

sont déposées en conséquence de cela, si

jeté car, entre autres, il ferait augmenter

gulière des animaux de rente (les contri-

bien que le Conseil fédéral ne peut faire

les importations de produits issus de fa-

butions SRPA) ne soient plus versés pour

autrement que d’inscrire l’interdiction de

briques d’animaux et concurrencerait les

favoriser certaines races de poulets à l’en-

transit pour tous les animaux destinés aux

denrées indigènes, produites dans le souci

graissement ultrarapide, mais qu’ils soient

abattoirs dans l’ordonnance sur la protec-

du bien-être des animaux.

liés à une durée minimale de l’engraisse-

tion des animaux en 2010.

L’Alliance agraire et la PSA s’engagent en faveur d’une stratégie conséquente

ment; de plus, le montant des contributions en faveur des détentions de poulets

2008 La PSA démarre la campagne «En

vouée à la qualité, tant dans la politique

en plein air est augmenté.

finir avec le fil barbelé». Tous les grands

agricole, par la nouvelle orientation des

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

25


paiements directs, que sur le marché. La

sormais octroyés qu’aux projets de sta-

rants (80 % du montant global). Les be-

seule chance de l’agriculture suisse, à long

bulations respectueuses des animaux. En

soins et les attentes des contribuables et

terme, est une production de qualité, se

automne 2012, le Parlement a délibéré et

des consommateurs ont changé. Les nou-

distinguant clairement de la production

s’est décidé au sujet de la nouvelle loi sur

velles connaissances et les expériences

intensive prônée au niveau mondial. La

l’agriculture et sur la nouvelle orientation

faites avec le système actuel suggèrent

promotion des aspects écologiques et in-

du système des paiements directs.

d’accorder plus d’importance aux prestations écologiques qu’aux paiements di-

hérents au bien-être des animaux, ac-

rects généraux, à l’avenir. En automne

suffisante, et d’un nombre croissant de

5.2 Loi sur l’agriculture et paiements directs

consommateurs sensibilisés, confèrent de

L’introduction des paiements directs, dans

qu’une proportion relativement restreinte

bonnes conditions de départ à la Suisse.

les années 1990, a marqué un changement

des 2,5 milliards de francs versés annuel-

radical dans la politique agricole. C’était

lement comme paiements directs soit des-

2011 Lors de la consultation sur la poli-

judicieux et nécessaire que l’on change de

tinée aux intérêts des consommateurs, de

tique agricole 2014–2017 (PA 2014–17),

système. Les paiements directs ont contri-

la protection des animaux, de l’environ-

le Conseil fédéral propose d’organiser le

bué à faire en sorte qu’on s’éloigne du di-

nement et de l’agriculture biologique.

système des paiements directs d’une façon

rigisme économique pour s’orienter vers

De plus, les recherches de la plate-forme

complètement nouvelle. Les paiements di-

l’économie de marché et ont procuré les

agricole au cours des années 2005 à 2007

rects généraux pour la détention d’ani-

premiers résultats mesurables dans le do-

ont abouti à des résultats indiquant que

maux devront être rayés. La PSA exige

maine écologique et du bien-être des ani-

plusieurs paiements écologiques, notam-

que le bien-être des animaux soit encou-

maux. Les PER sont une condition sensée,

ment ceux qui étaient destinés aux pro-

ragé davantage et de façon conséquente,

apte à maintenir les paiements directs.

grammes d’encouragement SST/SRPA, ne

tuellement soutenue encore de façon in-

2007, même l’OCDE a critiqué le fait

couvraient de loin pas les efforts des agri-

que la déclaration des produits issus de

Cependant, le manque notoire de

méthodes de production interdites soit

contrôles et de sanctions entame la

améliorée, que les effectifs maximaux de

confiance dans les paiements directs. Une

Par conséquent, les paiements directs

bétail continuent à être régulés, que les

partie considérable des contrôles aux dé-

prévus par la PA 2014–17 doivent, certes,

subventions aux marchés de bétail publics

tentions d’animaux est annoncée au pré-

être reconduits, mais ils doivent être ver-

soient supprimés. Elle formule également

alable. Souvent, la protection qualitative

sés en lien avec des prestations.

la condition que les crédits à l’investis-

des animaux ne peut donc pas être éva-

sement et autres mesures en faveur des

luée correctement, ce qui constitue un

améliorations structurelles ne soient dé-

avantage pour les détenteurs qui contre-

5.3 Promouvoir le bien-être des animaux

viennent à la protection des animaux.

La politique agricole essaie d’encoura-

Ceci, bien que les PER stipulent de ma-

ger le bien-être des animaux d’abord par

nière claire et nette que la détention res-

deux mesures incitatives: des crédits à

pectant les animaux constitue une condi-

l’investissement 20 % plus élevés pour les

tion à l’octroi des paiements directs. L’été

projets de nouvelles étables particulière-

2011, une décision du Tribunal fédéral a

ment respectueuses des animaux (SST),

encouragé les détenteurs irrespectueux

par exemple des stabulations libres pour

des animaux et a trahi les contribuables.

vaches, et des paiements directs pour les

En effet, cette décision du Tribunal fédé-

paysans qui s’engagent à satisfaire les

ral laisse entendre qu’un paysan qui gère

prescriptions du programme visant le

une installation d’engraissement de porcs

bien-être des animaux par des sorties ré-

sur caillebotis, admise légalement, mais

gulières en plein air (SRPA) et la stabu-

qui néglige ses porcs au point de les lais-

lation particulièrement respectueuse des

ser mourir, n’aurait rien à craindre quant

animaux (SST).

Des contrôles inopinés garantiraient des paiements directs crédibles

26

culteurs concernés.

à d’éventuelles retenues sur les paiements

L’idée fondamentale des paiements

directs. De larges couches de la popula-

directs écologiques et liés au bien-être

tion y voient, avec raison, un gaspillage

des animaux – encourager les prestations

de l’argent des contribuables.

concrètes et souhaitées par la société par

De nombreux milieux externes à

des prestations – s’est avérée judicieuse

l’agriculture ont remis en question le sys-

également pour les SST et les SRPA. En ef-

tème des paiements directs, car les paie-

fet, on a pu faire bouger les choses en fa-

ments directs généraux sont prépondé-

veur de plusieurs catégories d’animaux et

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


améliorer ainsi l’état sanitaire et le bien-

concrètes et détectables, précisées pour

également la qualité des produits, la sécu-

être des animaux.

chaque catégorie d’animaux détenue dans

rité des denrées alimentaires (les installa-

Ce dernier n’est pas toujours une pres-

les fermes suisses, soit environ deux dou-

tions de porcs d’engraissement SST/SRPA

tation commercialisable, récompensée par

zaines. Les formes de détention respec-

présentent moins de germes pathogènes

les labels et la demande correspondante

tueuses des animaux sont plus chères que

résistants aux antibiotiques) et l’état sani-

des consommateurs. Aucune catégorie

celles qui se limitent à se conformer à la

taire des animaux (p. ex. moins de bles-

d’animaux, parmi les 25 exploitées dans

loi. Elles demandent davantage de travail,

sures à la peau des bovins et des porcs

l’agriculture, ne se voit distinguée d’un la-

ainsi qu’une infrastructure additionnelle

SST/SRPA; un taux de mortalité inférieur

bel lié à leur bien-être. Il n’y a absolument

(espaces de sortie, installations conformes

chez les poulets élevés en plein air). La dé-

aucun label de ce type, par lequel il serait

au comportement) et des coûts de mainte-

tention de bovins, chèvres et moutons au

possible d’encourager une meilleure dé-

nance (de la litière au lieu de sols en béton

pâturage, encouragée par le programme

tention des animaux grâce aux avantages

nu et dur). En même temps, les recettes di-

SRPA, diminue les émissions d’ammoniac

du marché et à la demande des consom-

minuent, comme, par exemple, lorsqu’on

et de CO2.

mateurs. Cela vaut pour presque tous les

choisit une race de poulets élevés en plein

Puisqu’elles couvrent une partie de

jeunes animaux et les animaux d’élevage,

air qui poussent plus lentement et pro-

l’engagement supplémentaire, les contri-

les truies, les chèvres, les moutons et les

duisent moins de viande.

butions SST et SRPA incitent les pay-

chevaux.

Les programmes SST/SRPA ont apporté

sans à fournir les prestations en faveur

Pour cela, au milieu des années 1990,

des améliorations tangibles au bien-être et

du bien-être des animaux souhaitées par

la Confédération a introduit des pro-

à l’état sanitaire des animaux, comme le

la société. Des détenteurs d’animaux mo-

grammes d’encouragement en faveur des

démontrent les examens des vaches lai-

tivés et dont les exploitations présentent

formes de détention particulièrement res-

tières et des porcs d’engraissement effec-

les caractéristiques favorables aux pro-

pectueuses des animaux. Afin de com-

tués par l’OVF et de l’OFAG. Les effets les

grammes SST/SRPA constituent une pré-

pléter les possibilités limitées du mar-

plus remarquables en ce qui concerne le

misse idéale pour cette reconversion. Cela

ché, les agriculteurs peuvent participer à

bien-être et l’état sanitaire des animaux

signifie que leur système de stabulation

des programmes étatiques en faveur du

sont toujours constatés dans les exploita-

ne demande que de légères adaptations

bien-être des animaux, sur une base vo-

tions qui combinent les programmes SST

ou que ces exploitants prévoient une nou-

lontaire. Les autorités, les paysans et les

et SRPA. Les prescriptions qualitatives des

velle construction. Cela implique égale-

milieux de protection des animaux sont

programmes SST et SRPA ont largement

ment qu’il existe un label pour leur ca-

unanimes: les programmes SST et SRPA

fait leurs preuves et garantissent un bien-

tégorie d’animaux dans le commerce de

sont efficaces et apportent des prestations

être acceptable aux animaux.

détail ou dans la filière gastronomique. La

appréciables au bien-être des animaux,

Ces prescriptions améliorent en partie

plupart des exploitations qui participent actuellement aux programmes SST/SRPA,

Développement des programmes d’encouragement en faveur du bien-être des animaux SST et SRPA de 1996 à 2009

présentent deux de ces prémisses ou car-

CHF 180

guant le bien-être des animaux, ni de pro-

161

CHF 160 144

163

153

rément les trois. Cependant, il n’y a aucun label distinduits correspondants sur le marché pour environ la moitié des catégories d’animaux. Dans ces cas, il n’y a donc aucune

CHF 140

synergie entre le marché et les programmes

CHF 120

SST/SRPA ou la politique agricole. La mo-

SRPA montant total/an

tivation à se reconvertir dépend donc ex-

CHF 100

clusivement du montant des contributions

SST montant total/an

CHF 80 CHF 60

47

50

56

SST/SRPA. Si d’autres conditions d’exploi-

60

tation défavorables s’y ajoutent, la plupart des contributions SST/SRPA actuelles seront trop basses pour constituer une réelle

CHF 40

motivation sur le plan économique. La stagnation de la participation aux pro-

CHF 29

grammes SST/SRPA qui s’observe depuis 2006 dérive de cette réalité.

CHF 0 1996

2004

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

2006

2008

2009

27


Participation aux programmes d’encouragement du bien-être des animaux SST et SRPA Catégorie d’animaux SST (% de toutes les UGB) SRPA (% de toutes les UGB) 2004 2006 2008 2009 2004 2006 2008 2009 Vaches laitières 23 27 32 34 73 77 79 79 Bovins > 1 ans 29 33 36 39 69 73 75 74 Taureaux > 1 ans 30 36 38 51 56 57 Génisses 4-12 mois 29 32 35 60 63 66 Taurillons 4-12 mois 11 13 15 * 28 31 33 * Vaches allaitantes 80 84 85 93 94 95 Bovins d’engraissement (de plus de 4 mois) 59 60 61 46 48 50 Total Bovins 30 35 39 40 70 73 76 76 Chèvres 27 30 32 33 69 72 73 75 Lapins 16 45 41 30 4 3 4 3 Truies 55 58 66 64 53 59 66 66 Porcs d’engraissement 64 64 64 64 57 60 63 50 Total Porcs 61 62 65 64 57 60 63 50 Poules pondeuses 78 81 86 86 62 65 69 69 Poulets 85 88 88 88 10 9 10 11 Cheveaux 13** 83 84 84 84 Moutons *** 80 82 84 84 * 2009: changement des catégories ** Les chevaux SST ont été introduits en 2009 *** Il n’y a pas de programme SST pour les moutons

5.4 L’importance du bien-être des animaux pour les contribuables et les consommateurs

constitue l’aspect le plus important se-

personnes interpellées reposent sur des

lon les personnes interrogées. Selon les

faits authentiques: des millions d’ani-

résultats de l’enquête 2009, le soutien

maux de rente ne profitent pas encore des

et l’encouragement des détentions res-

conditions de détention SST/SRPA et sont

Les attentes de la population constituent

pectueuses des animaux se trouvent en

élevés selon les prescriptions minimales

un aspect fondamental dans la question

tête des attentes concernant l’utilisation

de l’ordonnance sur la protection des ani-

d’encourager le bien-être des animaux,

de l’argent public dans l’agriculture. Le

maux. Ces dernières ne garantissent pas

outre les bases professionnelles de la dé-

souhait que les détentions respectueuses

une détention respectueuse des animaux,

tention animale et les conditions écono-

des animaux soient encouragées par des

elles fixent juste des limites à la cruauté

miques. La population n’achète pas que

paiements directs spécifiques a augmenté

envers les animaux.

des produits, élaborés ou non, issus de la

au cours des dernières années. Aux yeux

En premier lieu, les consommateurs

paysannerie: elle subvient également aux

de la population, la détention conforme

et les contribuables se soucient incon-

besoins de cette dernière par les impôts.

aux espèces animales constitue la tâche la

testablement de l’éthique de l’élevage. En

Sans consommateurs ni contribuables:

plus importante de l’agriculture. L’entre-

plus de cela, les intérêts personnels ont

pas d’agriculture!

tien du paysage, l’assurance de l’approvi-

leur importance. En particulier, la relation

Selon une enquête de Coop Isopublic

sionnement en temps de crise, le maintien

entre le bien-être des animaux et leur état

(2009), 87 % des personnes interrogées

du mode de vie paysan et la colonisation

sanitaire (zoonoses/épizooties, adminis-

considèrent que la protection des ani-

des régions isolées sont considérés comme

tration de médicaments), étayée scienti-

maux de rente est importante, voire très

moins importants.

fiquement, ainsi que la qualité et la sécurité des produits. Un autre argument de

importante. 73 % d’entre elles veillent à

Prendre au sérieux les contribuables

poids en faveur du bien-être des animaux

de celles-ci, cette viande est qualitativement meilleure.

acheter de la viande labellisée. Pour 65 %

est l’effet positif des sorties régulières au

Si la politique agricole veut prendre au

pâturage sur le climat et sur la diminution

Une enquête Univox de l’ETH sur le

sérieux les exigences des consommateurs

des émissions d’ammoniac.

thème «agriculture» (depuis 2009, c’est

et des contribuables, elle devra, à l’ave-

l’OFAG qui est le mandant) indique que,

nir, accorder davantage d’importance au

depuis 1995, le bien-être des animaux

bien-être des animaux. Les exigences des

28

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


6. Information, marché et consommation 6.1 Développement de 1972 à 2011 1972 L’organisation KAGfreiland est

d’élevages au sol et en liberté sont spé-

nelle et adressent des mots durs aux pion-

cialement promus et commercialisés, les

niers de l’élevage de vaches mères et à la

exploitations les produisant sont contrô-

PSA. Cette position négative de plusieurs

lées par la PSA.

organisations paysannes et de certains fonctionnaires à l’encontre de la produc-

fondée, sous le nom de «KonsumentenArbeitsgruppe zur Förderung tierfreundli-

1980 La PSA et la Société zurichoise de

tion issue de détentions respectueuses

cher und umweltgerechter Nutzung von

protection des animaux créent la Fonda-

des animaux et des activités qui lui sont

Haustieren» (groupe de travail pour les

tion MUT (mensch-, umwelt- und tierge-

propres perdurera jusqu’après l’an 2000.

consommateurs, encourageant l’exploi-

recht: équitable pour l’être humain, pour

tation des animaux domestiques respec-

l’environnement et pour les animaux). Au

1985 La consommation de viande atteint

tueuse de l’animal et de l’environnement).

cours des années qui suivent, elles la sou-

son maximum historique en Suisse: plus de

Dès 1973, elle commercialise des œufs

tiennent dans le cadre de plusieurs pro-

70 kilogrammes par personne. La PSA pu-

suisses produits par des poules élevées en

jets de stabulations exemplaires, respec-

blie «Unser täglich Fleisch» (notre viande

liberté. En 1974, la première viande KAG

tueuses des animaux, par des prêts sans

quotidienne), plaidant en faveur d’exploi-

arrive sur le marché. C’est la naissance des

intérêt.

tations paysannes plus respectueuses des

produits issus de détentions respectueuses

animaux et contre la consommation ex-

des animaux. Au cours des décennies sui-

1984 La PSA soutient l’Association

cessive de viande et les fabriques d’ani-

vantes, la PSA collabore étroitement avec

suisse des détenteurs de vaches nour-

maux. Depuis lors, la consommation de

KAGfreiland.

rices et mères (ASVNM), fondée en 1980,

viande a diminué, pour se situer à 53 kilo-

comme solution alternative, respectueuse

grammes, dont 12 sont importés.

1976 Afin de faire comprendre que la

des animaux, à la production de viande de

La PSA ouvre un service de conseil sur

protection des animaux n’est pas seule-

veau blanche. Cette dernière se heurte à la

la détention d’animaux respectueuse des

ment une question de prescriptions et de

protection des animaux. La PSA contribue

espèces, voué à promouvoir plus de bien-

lois, mais qu’elle est aussi liée au com-

à faire connaître son label «Naturabeef».

être aux animaux dans l’agriculture.

portement des consommateurs, la PSA et

Des organisations paysannes et des repré-

la revue «Annabelle» démarrent l’action

sentants de l’OFAG craignaient que les dé-

1986 La PSA démarre un projet pour

«Herz statt Portemonnaie» (du cœur au

tentions d’animaux labellisées naissantes

tester la détention des lapins reproduc-

lieu du porte-monnaie). Des œufs issus

ne discréditent la production convention-

teurs et d’engraissement en groupes,

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

29


avec la collaboration de l’école d’agricul-

Les septante filiales de K3000 sont

à base de tortue, les ailerons de requin et

ture de Bäregg et une douzaine de pay-

adaptées et disposent désormais d’une

le homard. Une action de cartes postales

sans de l’Emmental. Jusqu’alors, les la-

large offre d’œufs de détentions respec-

adressées au Conseil fédéral mène à l’in-

pins étaient généralement détenus indivi-

tueuses des animaux et de viande label-

terdiction des produits à base de tortue.

duellement dans des réduits étroits ou des

lisée. La PSA en contrôle les exploita-

cages. Le projet mené dans l’Emmental a

tions, environ un millier. Le label «Gour-

1989 La PSA organise le premier congrès

été un phare: aujourd’hui, en Suisse, en-

met mit Herz/Agri-Natura», comme les

suisse contre le génie génétique sur les

viron un tiers des lapins vivent dans des

programmes de Coop, Migros et d’autres

animaux à Bâle, auquel l’auteur américain

détentions en groupes.

commerçants au détail qui lui succèdent,

et défenseur des consommateurs Jeremy

repose sur trois piliers. D’abord, la déten-

Rifkin prononce un chaleureux plaidoyer

1987 La PSA et la Fondation MUT sou-

tion respectueuse des animaux, disposant

en faveur de l’intégrité des animaux. La

haitent s’engager davantage en faveur de

de plus de place, de structures conformes

PSA exige que l’élevage garantisse la di-

la commercialisation de produits issus de

au comportement des animaux et per-

gnité de la créature. En 1992, cette exi-

détentions d’animaux respectueuses des

mettant le plus possible de sorties à l’air

gence est introduite dans la Constitution

espèces dans le commerce de détail. Elles

libre. Deuxièmement, le traitement ména-

fédérale et se trouve désormais également

obtiennent la collaboration de l’Associa-

geant les animaux (lors des transports et

dans la loi sur la protection des animaux.

tion des consommateurs de Zurich (K3000)

de l’abattage). Finalement, l’interdiction

et de l’union de coopératives agricoles fe-

d’utiliser des fourrages enrichis d’antibio-

1991 Les détenteurs de poulets ont mis

naco, sous le label «Gourmet mit Herz/

tiques. Pour des raisons pragmatiques, ces

en pratique l’interdiction des cages en

Agri-Natura». Au début, les milieux agri-

exigences ont toujours été valables pour

batterie de manière conséquente. Après

coles critiquèrent durement cette collabo-

toutes les catégories d’animaux. Une par-

la disparition des détentions en cages,

ration, contrariés que justement la plus

tie de ces exigences en matière de protec-

les consommateurs suisses ont de plus en

grande coopérative agricole perçoive les

tion des animaux, touchant à l’économie

plus accès à des œufs issus de détentions

signes de son temps et collabore avec la

privée, ne sont entrées que plus tard dans

respectueuses des animaux.

PSA. Cependant, les milieux progressistes

la législation sur la protection des ani-

avaient réalisé depuis longtemps qu’une

maux, par les programmes d’encourage-

1992 La PSA commence à publier ré-

part de plus en plus importante de la po-

ment SST/SRPA, en 1995, ou par l’inter-

gulièrement du matériel d’information à

pulation n’était plus d’accord de consom-

diction des AML, en 1999.

l’attention des détenteurs d’animaux de

mer simplement des produits provenant

rente. Elle démarre la série de manifesta-

de l’agriculture, mais qu’elle manifestait

1988 La PSA entame la campagne «Des

tions «Journées sur les animaux de rente»,

également ses attentes, en particulier en

délices de la salle de torture», avec l’artiste

adressées aux milieux de la protection des

ce qui concernait la nature, l’environne-

Tomi Ungerer. Il en va des produits issus

animaux, aux paysans, aux consultants,

ment et la protection des animaux dans

de la souffrance animale comme le foie

aux consommateurs, aux autorités et aux

la production de viande, de lait et d’œufs.

gras, les cuisses de grenouille, les produits

scientifiques. Elle se manifestera, au fil des ans, par des thèmes tels que l’élevage en liberté, les vaches à cornes, la castration des porcelets, les transports d’animaux, l’abattage et la consommation.

1993 La PSA effectue des recherches au sujet des transports d’animaux et des conditions dans les abattoirs. Elle détecte des dysfonctionnements considérables. Après des discussions intensives, elle fonde la Communauté d’intérêts pour des transports d’animaux et des abattoirs conformes à la protection des animaux (IGTTS), avec des représentants engagés de la branche, des scientifiques et

Tomi Ungerer a soutenu la campagne contre les «Délices de la salle de torture»

30

les autorités. Au cours des quinze années qui suivent, cette dernière forme plus de 2000 chauffeurs et collaborateurs d’abat-

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


toirs dans des cours de protection des animaux sur mesure.

1994 Coop intègre la PSA dans l’élaboration de son programme de labellisation «Naturaplan Porc» et lui confie le contrôle des exploitations mandataires. Le label sera renommé plus tard «Coop Naturafarm». Aujourd’hui, Naturafarm et Naturaplan sont les labels les plus connus en Suisse. La PSA a reçu la tâche de contrôler les programmes Naturaplan Porc, Naturaplan Poulet et Naturaplan Veau, de même que la surveillance des transports d’animaux et des abattoirs.

1995 Le Service de contrôle de la PSA pour une détention des animaux de rente

Mark Rissi et Eric Gysling ont produit l’émission TIERREPORT, qui a grandement contribué à informer les consommateurs

conforme aux espèces est la première institution de contrôle accréditée par la Confédération. Une dizaine de contrôleurs, paysans, agronomes et vétérinaires y sont employés. Ils sont chargés

la Télévision suisse diffuse l’émission sur

duits issus de détentions respectueuses

de contrôler plus de mille exploitations

la protection des animaux «Tierreport»,

des animaux. Les pièces maîtresses de la

labellisées, plusieurs transports hebdoma-

produite par Mark M. Rissi et modérée

campagne sont les portails www.manger

daires d’animaux et une douzaine d’abat-

par Erich Gysling. Elle atteint des millions

avecducoeur.ch et www.essenmitherz.ch.

toirs en Suisse.

de téléspectateurs et reçoit plusieurs dis-

Ils diffusent de larges notions quant à la

La PSA et la Stiftung für Konsumen-

tinctions. La protection des animaux est

consommation de produits de provenance

tenschutz (Fondation pour la protection

le centre de l’attention de 18 émissions.

animale et énumèrent les labels, restau-

des consommateurs) mènent un boycott

Outre les problèmes en matière de pro-

rants et boulangeries recommandables.

de la viande, intitulé «Boykottlets» du-

tection des animaux, on y diffuse égale-

rant une semaine. Les reportages, ample-

ment des cas exemplaires et on met l’ac-

2005 Premier classement des commer-

ment diffusés dans la presse, font chuter

cent sur le lien entre le comportement des

çants au détail en ce qui concerne la pro-

les ventes de viande. Ensuite, la branche

consommateurs et le bien-être des ani-

tection des animaux. Une enquête permet

de la viande se montre plus ouverte quant

maux. Peu d’autres émissions ont suscité

à la PSA de dresser un tableau des «pres-

aux améliorations en matière de protec-

un écho pareil parmi les téléspectateurs.

tations en matière de protection des ani-

tion des animaux.

maux» des commerces de détail les plus

La PSA obtient la possibilité de pré-

1999 Au cours d’une «semaine du veau»,

importants. On examine et évalue la pro-

senter ses revendications à la séance du

la PSA et la Fondation pour la protec-

portion de viande, d’œufs et de fromages

comité directeur et à l’assemblée des dé-

tion des consommateurs pointent du

indigènes, celle de produits labellisés et

légués de l’Union professionnelle suisse

doigt l’alimentation erronée administrée

bio et l’offre de «délices» comme le foie

de la viande. Par la suite, l’Union sou-

aux veaux d’engraissement pour pro-

gras et les cuisses de grenouille chez les

tient les exigences de la PSA lors de la

duire de la viande claire. En réaction à

commerçants au détail. Coop arrive en

révision de la législation sur la protection

cela, la branche des bouchers déclare re-

tête du classement.

des animaux.

noncer aux déductions sur la viande de veau rosée.

1996 Migros et Coop s’engagent à ne

2007 Migros et les paysans IP-Suisse confèrent au Service de contrôle de la PSA

plus proposer d’œufs produits en cage en

2003 La PSA démarre l’action «Manger

le mandat de surveiller les transports de

batterie. Coop retire les cuisses de gre-

avec du cœur». Son objectif consiste à

leurs animaux labellisés.

nouille et le foie gras de son assortiment.

convaincre les consommateurs, le com-

La PSA fonde un centre de compé-

merce de détail et la branche de la gas-

tences pour des transports d’animaux et

tronomie quant aux avantages des pro-

des abattoirs conformes à la protection

1998 Pendant trois ans, de 1995 à 1998,

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

31


part de marché de 50 à 75 %. Le chiffre

de lapins respectueuse des animaux, en

d’affaires au niveau suisse est estimé à

groupes, au niveau national.

plus de 1,5 milliard de francs. Coop est à nouveau le «champion suisse de la protec-

2010 Coop décide de proposer unique-

tion des animaux», mais désormais suivie

ment de la viande indigène de lapins dé-

de près par Migros, laquelle a amplement

tenus en groupes et attribue au Service de

comblé le retard en matière de produits

contrôle de la PSA le mandat de surveil-

issus de détentions respectueuses des ani-

ler ces détentions SST, ainsi que les trans-

maux, par sa collaboration avec IP-Suisse

ports et l’abattage de leurs lapins.

et en ayant repris le label «Terra-Suisse».

La PSA lance un concours parmi les apprentis cuisiniers. Outre les questions

La PSA exige et encourage une détention des lapins respectueuse des animaux

2008 Une part importante des œufs et des

quant à la protection des animaux et les

produits à base d’œufs importés (œufs li-

denrées alimentaires, les candidats de-

quides), parmi lesquels certains provenant

vaient présenter un menu à base de pro-

de détentions en cages en batterie, font

duits issus de détentions respectueuses

partie de la demande des boulangeries et

des animaux et un menu végétarien. Ces

confiseries. La PSA distingue dès lors les

recettes constituent la base du livre de

commerces qui utilisent exclusivement

cuisine respectueux des animaux «Man-

des œufs suisses provenant de détentions

ger avec du cœur», que la PSA a publié

respectueuses des animaux. Elle décerne

en 2012.

un document et les indique sur le portail www.mangeravecducoeur.ch.

La PSA analyse les labels à la loupe, avec le WWF et la Fondation pour la protection des consommateurs, et participe à

des animaux (Kompetenzzentrum für

Alors que la viande labellisée gagne

tierschutzkonforme Tiertransporte und

de plus en plus d’importance auprès des

Schlachthöfe, KTTS). Il est chargé de rele-

grands distributeurs suisses, la branche

ver les problèmes inhérent à la protection

de la gastronomie continue à rechigner.

2011 La PSA publie son troisième clas-

des animaux dans ces domaines d’acti-

Peu de restaurants ont de l’égard vis-à-

sement des commerçants au détail en

vités, se basant sur des critères scienti-

vis du bien-être des animaux et proposent

matière de protection des animaux, après

fiques, et de collaborer avec les milieux

des produits issus de détentions respec-

ceux de 2005 et de 2007. Cette fois, Coop

intéressés de l’économie, du commerce de

tueuses. La PSA arrive à cette conclusion

et Migros sont confrontées aux nou-

détail, des organisations de la branche et

après une enquête auprès de restaurateurs

veaux: Lidl et Aldi. Coop et Migros ont

des autorités, afin d’y trouver des solu-

de toute la Suisse.

fait de nouveaux progrès dans l’assor-

tions et de les mettre en application.

établir le guide des labels du WWF.

timent respectueux des animaux, tan-

On effectue le deuxième classement

2009 La PSA lance une pétition pour que

dis qu’on ne constate pratiquement pas

des commerces de détail en matière de

McDonald’s Suisse adopte une politique

d’efforts remarquables chez Aldi et Lidl,

protection des animaux. Au cours des

d’approvisionnement respectueuse des

à l’exception de l’assortiment d’œufs. À

deux années écoulées, les produits issus

animaux. En conséquence de cela, McDo-

la suite de cela, la PSA cherche le dia-

de détentions respectueuses des animaux

nald’s se tourne vers les œufs de poules

logue avec tous les commerçants de dé-

ont progressé chez les deux grands dis-

élevées en liberté et vers la viande de bo-

tail de Suisse, parmi lesquels Spar, Volg,

tributeurs, en dépit de la mentalité «être

vins élevés au pâturage ou avec la possi-

Aldi et Lidl, afin de promouvoir l’offre de

radin, c’est bien» qui s’impose, des im-

bilité de sortir. Ainsi, la plus grande en-

produits issus de détentions respectueuses

portations bon marché et de l’apparition

treprise gastronomique du pays, du point

des animaux.

des lignes «budget» dans le commerce

de vue du chiffre d’affaires, donne le bon

Coop attribue le mandat de surveiller

de détail. La PSA peut montrer de bons

exemple en matière de protection des ani-

les élevages de poules pondeuses en liberté

signes aux consommateurs. En effet, pour

maux.

Naturafarm au Service de contrôle de la

nombre d’entre eux, le bien-être des ani-

KAGfreiland découvre des importa-

PSA, ainsi que d’effectuer les contrôles

maux n’est visiblement pas qu’une ques-

tions de viande de lapins détenus de fa-

par échantillonnage chez les détenteurs

tion de mode passagère. Les œufs pro-

çon contraire à la protection des animaux

de vaches mères (Label «Naturabeef»).

venant d’élevages en liberté et la viande

et fait en sorte que la viande de lapin im-

La PSA débute le contrôle des abattoirs

labellisée ne sont désormais plus des pro-

portée et produite dans des cages en batte-

où l’on emmène les animaux IP labelli-

duits de niche. Chez certains commer-

rie soit déclarée. À la suite de cela, la PSA

sés «TerraSuisse», sur mandat de Migros

çants de détail, ils constituent parfois une

s’engage afin de promouvoir la détention

et d’IP-Suisse.

32

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


Dans les restaurants gastronomiques

sorties et de pâturages. Depuis lors, nous

la fin des années 1980, la PSA a parti-

on continue à servir de la viande issue

avons pu proposer quelque 500 000 exem-

cipé à créer les installations d’engraisse-

de détentions en masse. C’est ce que dé-

plaires de nos publications aux milieux

ment en liberté avec des animaux de races

montre une enquête de la PSA auprès de

intéressés.

à croissance lente, auparavant inconnues en Suisse.

cette branche. Comparé aux commerces

La PSA n’a pas craint de s’adresser à

de détail, leur proportion de viande label-

des professionnels (paysans, vétérinaires

Il y a 25 ans, on ne pouvait pas se

lisée est basse, se situant entre 35 et 50 %,

et scientifiques) pour élaborer des direc-

baser sur des résultats scientifiques pour

selon le type de viande.

tives quant à la détention et au transport

beaucoup de problèmes pratiques de la

Tous les grands importateurs d’œufs

respectueux des animaux et à la manière

détention d’animaux labellisés, si bien

s’engagent auprès de la PSA à renoncer

d’abattre des bovins, des porcs et des pou-

qu’il fallait développer des solutions avec

à importer des œufs provenant des cages

lets avec ménagement. De plus, elle a ins-

les paysans et les consultants, tant pour

en batterie. La PSA compte beaucoup sur

titué un service de conseil sur la déten-

aménager des pâturages à poulets, pour

cette convention, car l’interdiction des

tion d’animaux de rente conforme aux

détenir les porcs en liberté ou pour lo-

cages en batterie au niveau de l’UE n’est

espèces. Ce dernier a la tâche de rensei-

ger de jeunes animaux dans des stabula-

pas encore mise en application en 2012

gner les agriculteurs quant aux formes

tions froides. La PSA a permis de clarifier

et l’UE admet des variantes contraires à

de détention respectueuses des animaux

de nombreux thèmes concernant les ani-

la protection des animaux, interdites en

et d’expliquer aux consommateurs l’in-

maux de rente d’un point de vue scienti-

Suisse, comme la détention des poules en

fluence des achats sur la manière de dé-

fique, par exemple l’élevage des porcs en

petits groupes.

tenir les animaux. Les expériences avec

liberté, le comportement des dindes et des

La PSA organise un sommet sur les

ce service ont permis à la PSA d’en dé-

poulets d’engraissement en liberté ou le

veaux, afin d’améliorer la détention et

velopper d’autres, au sujet des animaux

rôle des caillebotis dans l’élevage porcin

l’affourragement des veaux et d’en finir

de compagnie, des animaux sauvages et

et bovin du point de vue de la protection

avec le critère «de qualité» contre-produc-

des animaux de laboratoire, ainsi qu’un

des animaux. Ce savoir-faire a pu être mis

tif de la couleur de la viande.

conseil vétérinaire. Elle a également

en pratique dans le cadre des programmes

La PSA avance une campagne sur la

fondé un service de contrôle pour la dé-

de labellisation.

volaille, planifiée pour 2012, après avoir

tention des animaux de rente conforme

constaté des conditions problématiques

aux espèces.

La détention d’animaux labellisés a également été le déclencheur dans la re-

dans les installations d’engraissement de

La détention d’animaux labellisés a

cherche des méthodes d’anesthésie pra-

poulets et de dindes allemandes et que

parfois demandé des réformes dans les ex-

ticables lors de la castration des porce-

leurs produits bon marché, contraires à

ploitations et de nouvelles formes de sta-

lets, et des améliorations dans le trans-

la protection des animaux, étaient livrés

bulations. Au milieu des années 1980, la

port d’animaux et dans les abattoirs. La

également en Suisse.

PSA, en collaboration avec les détenteurs

PSA participe à la «Communauté d’inté-

de volaille intéressés, a développé l’aire à

rêts pour des transports d’animaux et des

6.2 Information et conseil

climat extérieur pour enrichir l’élevage de

abattoirs conformes à la protection des

Pour la protection des animaux, cela a

poulets en liberté. Cet aménagement per-

animaux» depuis sa fondation, en 1993,

rapidement été clair: la détention res-

met aux poulets de sortir dans un espace

en mettant à disposition ses spécialistes

pectueuse des animaux ne tombe pas

protégé même par mauvais temps ou en

pour la formation des chauffeurs et des

du ciel et peut poser des problèmes tant

hiver, afin de jouir de l’air frais, de la lu-

collaborateurs dans les abattoirs.

aux animaux qu’à l’être humain. Il s’agit

mière et du climat natu-

d’autres problèmes par rapport à la déten-

rels. Ces «espace de sor-

FEUILLE D’INFORMATION PSA

tion d’animaux conventionnelle. La PSA

tie par mauvais temps»

S de la StabulationS économiqueS et reSpectueuSe

publie donc des brochures depuis le dé-

sont désormais le stan-

but des années 1990, entre autres quant

dard dans les détentions

à la détention de poulets et de porcs, à la

de poules pondeuses et

sélection, à la manière d’éviter des acci-

de poulets d’engraisse-

dents avec des animaux de rente ou au

ment en Suisse et com-

sujet du confort des animaux. Elle publie

mencent à prendre pied

également des séries de feuilles d’infor-

également

mations quant à des formes de stabula-

ger. Suite à un voyage

tions économiquement avantageuses et

d’études en France avec

respectueuses des animaux, ainsi que des

des professionnels de

dépliants montrant l’aménagement de

l’élevage de volaille, à

à

l’étran-

vie animale

FEUILLE D’INFORMATION Stabulation onS économiqueS

et reSpectueuSeS de la vie

PSA

animale

tKS 1.11

Taureaux reproducteurs dans des boxes à 3 aires

à l’engrais», explique n’a rien à voir avec une garde de taureaux «Détenir des taureaux reproducteurs d’Altikon (ZH). l’agriculteur Samuel Herrmann du Forenhof Swissgenetics. Les taureaux et 90 taureaux reproducteurs pour Samuel Herrmann détient entre 70 mois. A Mülligen, les dans sa ferme à l’âge de 14 à 18 arrivent (AG) Mülligen de d’IA station de la taureaux soient testés sur la été prélevées. Jusqu’à ce que les semences qui seront utilisées ont l’exploitation, pendant en quelque sorte en attente dans base de leur descendance, ils restent taureaux reproducteurs en Aujourd’hui, le Forenhof détient ses quatre bonnes années en moyenne. individuellement dans étaient précédemment souvent détenus groupes essentiellement alors qu’ils

tKS 1.1

Construction d’une aire d’alimentation annexée à une étabFEUrILLE le existante pou FOR MATION PSA vachD’IN es laiti ères StabulationS économiqueS

et reSpectueuSeS de la vie

animale

tKS 7.2

Garde de lapins d’engraissem ent en groupes

un box.

La ferme vue de l’est. A gauche, la grange, à droite l’aire d’affourag ement séparée.

Affourager les vaches en plein

ouvert. dans une simple stabulation à front Les taureaux reproducteurs sont logés

Les taureaux ont besoin de beaucoup d’espace ouvert pour des bovins d’élevage, des vaches allaiaussi s’agir d’une stabulation à front aire

Il pourrait de chaque côté, une il comporte un couloir central avec, tantes ou des taureaux à l’engrais: profitent de davantage de repos couverte. Mais les animaux d’exercice non couverte et une surface ont besoin d’espace pour Les grands et puissants taureaux d’espace que des taureaux à l’engrais. 6 taureaux sont systéDans les boxes à trois aires du Forenhof, pouvoir s’éviter les uns les autres. en une surface de repos sur plan subdivisé est boxes 14 des matiquement côté à côte. Chacun couverte. Les boxes non couverte et une aire d’alimentation 2 2 incliné à l’arrière, une aire d’exercice tout à sa disposition, 4,5 m chaque animal a donc 11 m en ont 13 m de profond et 5 de large; lourds taureaux reprode pour animaux des sur la protection 2 de plus que ne l’exige l’ordonnance d’aire d’exercice non cou2 de surface de repos, 2,50 m /animal ducteurs. Il y a 6,25 m /animal couverte. 2 verte et 2,25 m /animal d’aire d’alimentation

air

Il est inutile de démolir les stabulations existantes qui ont été bien construite adjoindre également une s. Parfois, on peut y aire d’alimentation en plein air et un local de une étable à stabulation traite. Il en résulte ainsi libre adaptée aux animaux et favorable sur le plan vail. de l’économie du tratra Roland Werner du Waldhof à Wäldi (TG) a été l’un des premiers à avoir eu ses vaches en plein air le courage d’alimenter toute l‘année durant. «Je suis convaincu que cela ne sous nos latitudes, au pose pas de problèmes moins jusqu’à 1000 mètres d’altitude», lance l’agriculte transformé son étable à stabulation entravée ur. En 1995, il a en étable à stabulation libre dotée d‘une aire de promenade et d’une aire d’affouragement.

Construire un couloir d’alimenta

tion séparé

L’agriculteur a poursuivi deux objectifs lorsqu’il a conçu son projet. L’étable devait être écono économique et les animaux devaient s’y sentir à l’aise. «A l’époque, les architecte s spécialisés Les lapins en bâtibâtiveulent pouvoir faire des bonds… ments agricoles construisa et se reposer également ient d’autres étables», . constate Roland Werner. Par là, il entend des Au lieu de détenir les lapins étables fermées où tout en cages, on peut leur était placé sous un aménager une stabulation maison comportan plusieurs même toit. Werner voulait sur le modèle d’une étages et chambres. Ce toutefois construire Le tnouveau mode de garde permet rentable comme l’ont couloir d’alimenta aussi un engraissement démontré des pionniers tion. suisses en la matière. «Le lapin est un animal 1 exigeant. Plus on a de 1 connaissances à son conscients du peu de sujet, plus nous serons choses que nous savons», lance Felix Näf pour expliquer tant dans ces animaux laineux et bondissants. ce qui le fascine A la ferme de ses parents, 200 lapins quand il était il élevait enfant. Il a fait de ce hobby déjà près de précoce une branche d’exploitat de bonnes perspectives d’avenir et collabore avec ion jouissant des paysans de la région dans ce secteur.

De nombreuses Feuilles d’information de la PSA peuvent être téléchargées depuis www.protection-animaux.com

Piètres conditions de garde

à l’étranger

Dès 1999 déjà, le grand distributeur Coop a misé sur la viande de lapin tueuse des animaux. La issue de garde respecdemande s’est amplifiée lorsque les grands distributeu imposé un arrêt volontaire rs suisses se sont des importations de viande de lapin à la fin 2008. conditions de garde en Ce sont les mauvaises France et dans les Etats de l’Est qui furent à l’origine Livrer aux grands distributeu de cette décision. rs suffisamment de viande est une chance et un défi issue de garde respectueu pour la détention agricole se des animaux de lapins pratiquée en Suisse.

1

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

33


6.3 Le commerce de détail mise sur des produits de détentions respectueuses des animaux

les labels les plus conséquents et les plus connus actuellement, grâce à «Natura-

6.4 Une gastronomie hésitante

plan» (bio) et «Naturafarm» (détention res-

La plupart des quelque 20  000 restau-

Lorsque KAGfreiland et la Protection

pectueuse des animaux). Migros a changé

rants, cantines du personnel et fast-foods

plusieurs fois les dénominations des la-

de Suisse utilisent peu de produits issus

Suisse des Animaux PSA ont commencé à

bels et leurs exigences, mais a désormais

de détentions respectueuses des animaux.

commercialiser des œufs suisses de poules

trouvé sa place, sa constance et sa crédi-

Ils proposent plutôt de la viande suisse

élevées au sol et en liberté, dans les an-

bilité grâce à «TerraSuisse» et à la colla-

conventionnelle ou, encore plus souvent,

nées 1970, personne n’aurait prédit un

boration avec les paysans IP. La viande

de la viande et des œufs importés. Sou-

développement pareil des produits issus

de veau labellisée de Coop (Naturafarm)

vent, les tenanciers ne sont pas correc-

de détentions respectueuses des animaux.

pose des exigences nettement plus hautes

tement informés quant aux conditions

Au début des années 1990, les «experts»

que celle de Migros (TerraSuisse): Coop

de détentions des animaux et aux labels

prédisaient un chiffre d’affaires de 2 à 5 %

exige la sortie en plein air ou la déten-

suisses et étrangers. Cette constatation,

et la plupart des fonctionnaires de l’agri-

tion de vaches mères, tandis que Migros

qui fait l’effet d’une douche froide, est le

culture étaient très sceptiques à l’égard

vend de la viande de veau labellisée sans

bilan d’une enquête menée par la Protec-

de ces produits. Certaines associations

qu’il soit obligatoire de faire sortir les ani-

tion Suisse des Animaux PSA en 2008.

paysannes ont diffamé les programmes

maux. Elle demande donc à peine plus que

En 2011, la PSA a écrit à quelque trois

de labellisation en faveur de la protec-

les prescriptions légales suisses en matière

cents restaurants renommés et gastro-

tion des animaux, bien que ceux-ci per-

de protection des animaux. La viande de

nomiques dans toute la Suisse, pour de-

mettent la survie de milliers de paysans,

bœuf de Coop se base sur la détention des

mander des renseignements quant à leur

améliorent l’image des paysans suisses et

vaches mères (Naturabeef), exemplaire.

utilisation de viande suisse labellisée et

de leur contact avec les animaux d’une

Migros souhaite poser les mêmes exi-

d’œufs de poules en liberté. À la question

manière générale, intéressent des millions

gences, par le programme de bovins au

de l’approvisionnement en viande, œufs

de consommateurs et génèrent annuelle-

pâturage lancé en 2010. Les proportions

et fromages, ces restaurants mentionnent

ment plus de 2,5 milliards de francs de

de viande de bœuf et de porc labellisées

la qualité comme premier critère, suivie

chiffre d’affaires.

de Migros sont plus élevées que celle de

par la provenance (Suisse) et le bien-être

La demande de produits issus de dé-

Coop. Cette dernière présente les propor-

des animaux. Du point de vue de la pro-

tentions respectueuses des animaux par

tions les plus élevées dans l’assortiment

tection des animaux, il est réconfortant

les consommateurs et des commerçants

d’œufs labellisés (œufs suisses bio et de

de constater que, par la suite, la part de

de détail, notamment l’encouragement

poules en liberté ou avec la possibilité de

viande bio a augmenté à 38 %, celle de

des formes de détentions particulière-

sortir: 57 %) et la part la plus faible d’œufs

fromages bio à 26 % et celle d’œufs de

ment respectueuses des animaux par les

importés: 10 %. Par contre, chez Migros,

poules en liberté à 24 %. La viande label-

paiements directs spécifiques, détermine

la part d’œufs suisses labellisés bio et de

lisée aurait une part plus importante dans

le bien-être des animaux dans les étables

poules en liberté ou avec la possibilité de

les restaurants gastronomiques, si elle

suisses au même titre que la législation

sortir est de 41 %. La part d’œufs importés

était plus facile à se procurer (29 %), si

en matière de protection des animaux et

y est de 22 %.

elle était de meilleure qualité par rapport

que la politique agricole. La condition de

Au cours des dernières années,

la PSA pour un label crédible quant au

l’exemple des grands distributeurs et la

était plus avantageuse (24 %) et si la clien-

respect des animaux stipule que soient

demande plus importante de produits pro-

tèle en demandait davantage (19 %). La

satisfaites au moins les prescriptions du

venant de détentions respectueuses des

part de clients qui, pour une offre compa-

programme fédéral SST (systèmes de sta-

animaux ont motivé d’autres commerces

rable, choisiraient des menus respectueux

bulation particulièrement respectueux des

de détail à proposer davantage de pro-

des animaux et plus chers a été estimée

animaux) et SRPA (sorties régulières en

duits labellisés. Par exemple, Manor, Volg

à 52 % en moyenne. Selon les établisse-

plein air).

et Spar. Même les nouveaux venus d’Al-

ments gastronomiques, il y a donc un po-

Les grands distributeurs Coop et Mi-

lemagne, Aldi et Lidl, semblent désormais

tentiel considérable parmi la clientèle, en

gros ont été des moteurs importants du

convaincus d’élargir leur assortiment de

ce qui concerne les produits respectueux

développement des labels. Leur engage-

cette façon.

des animaux; étonnamment, ce potentiel

ment a permis que les œufs de poules

à la viande conventionnelle (28 %), si elle

n’est pas exploité.

en liberté et la viande labellisée passent du statut de produits de niche à celui de produits standards au tournant du millénaire. Dans les années 1990, Coop a placé

34

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


7. Des importations conformes à la protection des animaux La PSA est d’avis que, du point de vue

ou des détentions d’animaux, d’une an-

à peine, par crainte de répercussions de

historique, le démantèlement des douanes

née à l’autre. De plus, les facteurs qui ne

l’étranger:

et l’extension du libre-échange des biens,

peuvent pas être influencés par l’être hu-

marchandises et services ont apporté un

main (climat, météo, qualité du sol, appa-

«Dans le respect des engagements inter-

plus au progrès économique, au dévelop-

rition d’épizooties et zoonoses, etc.) ont

nationaux, le Conseil fédéral édicte des

pement et au bien-être. En tant que petit

un rôle important dans la production ali-

dispositions relatives à la déclaration des

pays dépourvu de ressources, la Suisse a

mentaire. Un paysan est lié à sa terre, tan-

produits issus de modes de production in-

toujours encouragé ce développement et

dis que les entreprises peuvent s’implanter

terdits en Suisse; il relève les droits de

en a profité. Par contre, la PSA est d’avis

(presque) où elles veulent.

douane de ces produits ou en interdit l’im-

que les conséquences positives du libre

portation. Sont interdits au sens de l’al. 1 les modes de production qui ne sont pas

aux biens et aux services des secteurs se-

7.1 Les possibilités légales et de l’économie privée

condaires et tertiaires, et qu’elles ne re-

La face brutale du libre-échange des

la santé des être humains, des animaux ou

posent que de façon très limitée, voire pas

denrées alimentaires se montre dans le

des végétaux ou à la protection de l’envi-

du tout, sur le commerce mondial de den-

manque de garde-fous au niveau social,

ronnement.»

rées alimentaires et de matières premières.

écologique et de la protection des ani-

(Art. 18 de la Loi fédérale sur l’agriculture)

En effet, jusqu’à présent, il s’est avéré que

maux. En conséquence de cela, des pro-

le libre-échange a créé plus de perdants

duits importés se heurtant à la protection

La PSA est d’avis que chaque pays doit

que de gagnants, entraînant avec soi des

des animaux se ruent de plus en plus sur

avoir la possibilité d’assurer la contribu-

dépendances non souhaitées et ouvrant

le marché suisse. Notre pays importe an-

tion la plus haute possible à l’alimentation

les portes à la spéculation alimentaire.

nuellement 110 000 tonnes de viande –

de sa population, dans le respect de l’éco-

commerce sont à rapporter premièrement

conformes à la protection de la vie ou de

Il en résulte notamment des diffé-

presque un quart de la demande interne

logie et de la protection des animaux. Les

rences fondamentales en ce qui concerne

– dont, par exemple 45 000 tonnes de

importations devraient se limiter d’abord

les conditions et les lieux de production

poulets et de dindes, la plupart du temps

à compléter l’offre interne et l’approvi-

agricoles et des secteurs secondaires et

produits dans des types de détention in-

sionnement, par exemple là où ce dernier

tertiaires. Contrairement à une fabrique

terdits en Suisse. Certes, le législateur a

présente des carences à cause des condi-

ou à une entreprise de services, on ne

créé des instruments pour lutter contre ces

tions climatiques ou d’autres facteurs. La

peut pas faire surgir de terre des champs

abus, mais le Conseil fédéral les applique

protection des animaux s’arrête à la fron-

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

35


tière. La PSA s’engage donc pour des im-

à caractère paysan dans les pays expor-

de produits à base d’œufs produits en bat-

portations conformes à la protection des

tateurs en profitent également.

terie, à l’avenir.

animaux. Dans le cas contraire, la Suisse

La PSA a montré comment cela

Dans les magasins, heureusement, la

soutiendrait et encouragerait des pra-

marche avec l’exemple des œufs. En

majorité écrasante des consommateurs

tiques contraires à la protection des ani-

Suisse, depuis 1991, on ne trouve plus

achète des œufs suisses. Cependant, l’im-

maux, des détentions d’animaux en masse

que des œufs d’élevages au sol ou en li-

portation d’œufs est toujours de quelque

et des transports cruels à l’étranger. En

berté, mais l’importation d’œufs de poules

770 millions d’œufs par année. Les rai-

même temps, elle concurrencerait les ef-

détenues en cages en batterie est encore

sons de cette augmentation résident dans

forts que l’on fait dans notre pays en fa-

légale. Cela est incompréhensible. Déjà

la branche de la gastronomie, dans les

veur de la protection des animaux.

au milieu des années 1990, les milieux

boulangeries-pâtisseries et dans les fabri-

La PSA ne souhaite pas prescrire des

de la protection des animaux ont pu

cants de produits à base d’œufs et de repas

menus, des listes de commissions ni in-

convaincre les grands distributeurs Mi-

prêts à être consommés, où malheureuse-

terdire une consommation modérée de

gros et Coop à renoncer à importer des

ment le prix est encore trop souvent plus

viande. Cependant, elle s’engage afin

œufs produits en batterie. Par la suite,

important que la qualité suisse et le bien-

que les animaux soient détenus confor-

tous les commerçants de détail ont suivi

être des animaux.

mément à leur espèce et qu’ils soient

cet exemple. Cependant, l’importation

La PSA compte beaucoup sur ces

transportés et abattus avec ménagement,

d’œufs de poules en batterie a continué

conventions, car l’interdiction de pro-

puisqu’ils sont utilisés à des fins alimen-

sur une large échelle comme auparavant,

duire des œufs en batterie au sein de l’UE,

taires et donnent leur vie pour cela. Ce

sous la forme de produits à base d’œufs,

prévue pour 2012, ne sera pas appliquée.

principe vaut pour les animaux en Suisse

comme les œufs liquides utilisées dans les

Quelque 60 à 80 millions de poules pon-

et à l’étranger. Les consommateurs pro-

produits élaborés. On peut donc partir du

deuses, soit environ 20 % de l’effectif

fitent également des standards écolo-

principe que, jusqu’en 2010, on a encore

européen, continueront à végéter dans

giques et en matière de protection des

importé annuellement 40 à 80 millions

ce système de détention cruel. Des pays

animaux au niveau du commerce inter-

d’œufs de poules en batterie en Suisse. En

comme l’Espagne, le Portugal, la Grèce,

national. En effet, ils sont régulièrement

2011, la Protection Suisse des Animaux

la République Tchèque et la Pologne sont

confrontés à la peu réjouissante réalité de

PSA a conclu une convention avec 26 en-

à la traîne dans l’exécution de cette inter-

certains produits importés, issus de déten-

treprises, parmi lesquelles tous les grands

diction. Il est encore plus important de sa-

tions d’animaux en masse, souvent pro-

importateurs et le géant de la branche

voir que l’UE admettra des solutions alter-

blématiques du point de vue de la sécurité

Lüchinger + Schmid SA. Ces entreprises

natives contraires à la protection des ani-

et de la qualité. Les détentions d’animaux

s’engagent à ne plus importer d’œufs ni

maux, telles que les détentions de poules en petits groupes. Cette forme de détention correspond, à quelques retouches alibi près, à la cage en batterie traditionnelle (cf. photo). La Suisse a testé ces systèmes dans les années 1990 du point de vue pratique et de la conformité à la protection des animaux et les avait interdits, à juste titre.

7.2 Les différences dans l’importance du bien-être des animaux en Suisse et dans l’UE Les trois différences suivantes sont particulièrement intéressantes:

1. La législation suisse prévoit des prescriptions concrètes et détaillées et des critères minimaux pour tous les animaux de

Dans l’UE, la détention en cage est encore très répandue

36

rente; par contre, dans l’UE, il manque des directives, entre autres, quant à la détention des vaches, des bovins d’engraisse-

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


ment, des dindes, des autruches et d’autres

Ci-après, nous indiquons les différences

n’est pas prescrite, tandis qu’elle est obli-

espèces de volaille (hormis les poulets),

principales entre les prescriptions suisses

gatoire en Suisse. En Suisse, il est inter-

des moutons, des chèvres et des che-

et européennes en matière de protection

dit de couper le bec, tandis que cela est

vaux. Dans l’UE, des millions d’animaux

des animaux:

admis dans l’UE. Des cages aménagées et des grandes cages sont toujours admises

de rente sont donc sans protection légale.

dans l’UE, malgré que la détention en bat-

en Suisse, les systèmes de détention et les

Vaches, bovins d’engraissement, dindes, autruches et autres espèces de volaille (hormis les poulets), moutons, chèvres et chevaux: en Suisse, il

aménagements pour étables doivent être

y a des prescriptions concrètes et détail-

ces formes de détention ont été utilisées

testés et autorisés quant à leur conformité

lées; par contre, dans l’UE, des directives

et sont interdites parce qu’elles se sont

en matière de protection des animaux et

contraignantes manquent.

avérées contraires à la protection des ani-

2. L’UE ne prescrit aucun examen quant à la protection des animaux. Par contre,

terie soit interdite depuis 2012; les œufs issus de ces détentions doivent être déclarés comme «œufs de cage». En Suisse,

maux.

d’aptitude avant d’être commercialisés. Tout le monde en profite: les paysans qui

Veaux: en Suisse, les veaux doivent être

les achètent et, bien sûr, les animaux qui

détenus en groupes dès l’âge de deux se-

Poulets d’engraissement: en Suisse,

y sont détenus.

maines; dans l’UE, dès l’âge de huit se-

la lumière du jour et au moins 8 heures

maines. Dans l’UE, la détention en groupes

d’obscurité sont obligatoires, tandis que

3. En Suisse, la plupart des interventions

n’est prévue que pour les grandes déten-

dans l’UE les poulaillers peuvent être

douloureuses est interdite, tandis que

tions, tandis que les petites exploita-

éclairés artificiellement et soumis à des

dans l’UE, par exemple, on peut castrer

tions avec 6 veaux au maximum peuvent

programmes alternant lumière et obscu-

les jeunes taurillons, boucs, porcelets etc.

continuer à les détenir seuls; en Suisse,

rité. En Suisse, les surfaces surélevées pour

sans anesthésie. En Suisse, les pratiques

les igloos individuels avec possibilité de

se retirer et se reposer sont prescrites, tan-

consistant à rogner le bec de la volaille et

sortir sont admis. Les places de repos cou-

dis que dans l’UE, les poulets d’engraisse-

à couper la queue aux animaux, ainsi qu’à

vertes de litière ne sont prescrites qu’en

ment doivent se reposer sur le sol crotté du

arracher les dents aux porcelets, sont en

Suisse. Dans l’UE, les veaux peuvent être

poulailler. La densité maximale est de 30

partie autorisées mais fortement limitées.

détenus sur caillebotis.

kg/m2, en Suisse, mais de 42 kg/m2 dans l’UE; selon les prescriptions européennes

Tant les cinq directives de l’UE concer-

Porcs: dans l’UE, les cages à porcelets

un éleveur suisse pourrait augmenter son

nant la protection des animaux de rente

à plusieurs étages sont admises, tandis

effectif d’une fois et demie.

(protection des animaux dans les éle-

qu’elles sont interdites en Suisse. Il en va

vages; protection des veaux, des porcs,

de même pour la castration sans anesthé-

des poules pondeuses, des poulets d’en-

sie. En Suisse, dès 2018, les porcs d’en-

graissement) que la nouvelle législation

graissement auront plus de place: 0,9 m2

suisse en matière de protection des ani-

au lieu de 0,65 m2 (la surface dont ils dis-

maux n’établissent pas de standards pour

posent dans l’UE). La litière n’est prescrite

une protection optimale. Elles se bornent

ni en Suisse ni dans l’UE. Les truies vivent

à définir, par des prescriptions concrètes

dans de meilleures conditions en Suisse.

la limite de la cruauté envers les animaux.

Dans l’UE, les truies allaitantes ou en ges-

Ceux qui ne satisfont pas ces exigences

tation peuvent être isolées durant 4 se-

sont amendables, mais ceux qui les satis-

maines après la fertilisation. En Suisse, les

font ne détiennent pas encore leurs ani-

truies allaitantes peuvent se mouvoir li-

maux dans des conditions de détentions

brement et celles qui sont en gestation ne

respectueuses. D’une manière générale, il

peuvent être isolées que pendant 10 jours

faut admettre qu’en Suisse, la limite à la

au maximum. En Suisse, il est interdit de

souffrance des animaux est définie de fa-

couper la queue et d’arracher les dents aux

çon plus restrictive, ce qui signifie que les

porcelets, tandis que cela se fait dans l’UE

prescriptions minimales suisses, dans leur

(certes, pas de façon routinière, mais dans

ensemble, apportent davantage aux ani-

des cas motivés).

maux.

Poules pondeuses: dans l’UE, la litière pour que les poules puissent gratter, picorer et prendre des bains de poussière

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

Dans l’UE, les porcs vivent beaucoup plus «salement»

37


de standards qui dépassent les prescriptions légales minimales. En 2009, la PSA a donc mené une enquête, dans les pays de l’UE, au sujet des formes de détention particulièrement respectueuses des animaux (pâturage; détention avec possibilité de sortir et élevage en liberté; élevages bio). Nous avons approché des organisations nationales d’agriculture biologique et de labellisation, des autorités agricoles, des scientifiques et des organisations de protection de animaux, les priant d’évaluer la diffusion des pâturages et des sorties des bovins, des porcs et des poulets. L’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL) a également fourni des renseignements importants quant à la détention d’animaux bio-

La Suisse est à la pointe dans toute l’Europe en matière de formes de détention respectueuses des animaux

logiques dans les pays de l’UE. Ensuite, les 20 résultats évaluables, provenant de 9 pays de l’UE, ont été comparés à la diffusion des formes de détention SST et SRPA

En conclusion: bien que la législation

sévères que les européennes (lorsque ces

en Suisse, comme les renseignements du

suisse en matière de protection des ani-

dernières existent: par exemple celles qui

FiBL et ceux de dix organisations biolo-

maux ne contienne que le strict minimum

concernent les veaux, les porcs, les poules

giques nationales quant à la diffusion de

et des prescriptions qui définissent la li-

pondeuses, les poulets d’engraissement).

l’élevage bio dans l’UE et dans les États membres de l’UE.

mite de la cruauté envers les animaux, sans

Les standards de protection des ani-

en garantir la détention respectueuse, les

maux de rente d’un pays se définissent en

Il en ressort que la Suisse est à la pointe

animaux de rente suisse sont mieux pro-

premier lieu par sa législation. Cependant,

ou qu’elle partage la première place en ce

tégés légalement - avec plusieurs impor-

l’exemple de la Suisse montre que la de-

qui concerne la détention respectueuse

tantes exceptions - que leurs congénères

mande du marché (viande labellisée, œufs

des animaux, pratiquement pour toutes

européens. D’une part, la Suisse stipule

de poules en liberté) et les programmes

les espèces considérées. La Suisse est de

des prescriptions concrètes et détaillées

étatiques d’encouragement contribuent

loin le pays d’Europe qui présente la plus

pour tous les animaux de rente; d’autre

grandement à affiner et influencer la pra-

grande quantité de formes de détention

part, les prescriptions suisses sont plus

tique de la détention d’animaux en faveur

respectueuses des animaux.

Diffusion des formes de détention particulièrement respectueuses des animaux CH

A

NL

F

Pâturage des vaches laitières

80

20-40

60-80

10

FIN

GB

DK

B

80* 20-40

S

Sorties bétail à l’engraissement

50

5-10

80

10

Sorties truies portantes

66

<5

<5

<5

5 -10

Sorties porcs à l’engraissement

<5

<5

D

60-80*

80

40-60

80

60-80 60-80 20-40

80*

5-10

60-80* 60-80

80 10-20

60-80 40-60 60-80

5-10

<5 40-60

62

<5

5 -10

5-10

Dét. en plein air poules pondeuses 69

20-40

10-20 10-20 20-40

10-20

Dét. groupe truies portantes

20-40

60-80 10-20

40-60

100

80

5-10

5-10

10-20 40-60 5

100

<5

<5

<5

IRL

PL

<5

5-10

EST

<5

<5

<5

5-10

<5

20-40 20-40

20-40

<5

5-10

40-60 20-40

20-40 40-60

80

* Ces valeurs élevées en Suède et en Finlande ne concernent que la période de végétation. En hiver, les animaux sont à l’étable. En Suisse, les vaches peuvent aussi sortir régulièrement en plein air l’hiver dans le cadre du programme SRPA. La part des animaux bio dans la population globale a été estimée à moins de 1% par les organisations bio de Turquie, Ukraine, Lettonie, Lituanie, Islande, Belgique, Finlande, Estonie, Allemagne et Autriche pour presque toutes les catégories. Des parts plus élevées sont notamment indiquées pour le bétail laitier en Autriche (16%), Danemark (10%), Estonie et Allemagne (3% chacun), pour les porcs à l’engraissement en Grèce (5%), GrandeBretagne (3%) et Danemark (3%), pour les poules pondeuses en Allemagne (4%) et aux Pays-Bas (4%) ainsi que pour les poules à l’engraissement en France (12%) et en Belgique (5%). Pour comparaison, la part des œufs bio vendus en Suisse est de 17%, celle de la viande bio de 2%.

38

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


8. Ce qu’il reste à faire pour le bien-être des animaux en Suisse 8.1 Généralités

au fait qu’aujourd’hui, de plus en plus de

qu’il faut interdire de détenir des porcs

Comparée aux législations précédentes en

vaches, de porcs et de poulets peuvent

d’engraissement de 100 kilogrammes sur

matière de protection des animaux, celle

sortir à l’air libre, ce qui était encore im-

une surface de moins d’un mètre carré,

de 2008 a apporté des améliorations en

pensable à la fin des années 1980.

sans litière et sans la possibilité de sortir.

faveur des animaux de rente. La Suisse

Les paysans suisses et les branches

De la même façon, 86 % des personnes

garantit donc un niveau de protection

annexes, y compris la gastronomie et

interrogées sont de ce même avis quant à

des animaux plus élevé que les pays eu-

les commerces de détail, tirent profit des

la détention des bovins d’engraissement

ropéens. Toutefois, il faut considérer que

améliorations dans la protection des ani-

de 500 kilogrammes sur moins de quatre

les prescriptions et les stricts minimums

maux. L’image des paysans et des produits

mètres carrés, dans les mêmes conditions

concernant par exemple la demande d’es-

de provenance animale qu’ils commer-

que les porcs. 90 % des personnes inter-

pace, ne garantissent pas une détention

cialisent jouissent fortement de la faveur

rogées souhaitent interdire que les vaches

d’animaux optimale. Elles définissent

des consommateurs et des contribuables.

laitières soient détenues à l’attache du-

simplement les limites de la cruauté en-

L’argument de qualité «bien-être des ani-

rant 270 jours par année. 89 % d’entre

vers les animaux qui peuvent être officiel-

maux» est toujours décisif pour que les

elles sont pour l’interdiction du dresse-

lement poursuivies et sanctionnées.

acheteurs acceptent les prix élevés des

vaches électrifié dans les étables à vaches

produits suisses.

laitières.

Rétrospectivement, la combinaison des programmes de labellisation et des

Maintenant, une grande partie des

La réalité est tout autre: les formes de

paiements directs spécifiques aptes à en-

gens croient, à tort, que les détentions

détentions susmentionnées, rejetées par

courager les formes de détention parti-

animales labellisées sont la règle en

l’opinion publique, sont légales en Suisse.

culièrement respectueuses des animaux,

Suisse et que le dresse-vaches, la déten-

Dans notre pays, des millions d’animaux

ont apporté davantage au bien-être des

tion des vaches à l’attache et la déten-

de rente ne peuvent toujours pas sortir

animaux que les prescriptions légales,

tion des bovins et des porcs d’engraisse-

régulièrement à l’air libre et ne disposent

constamment combattues par les paysans

ment dans des stabulations étroites, sans

pas de stabulations respectueuses des ani-

et les milieux de la protection des ani-

litière et sans la possibilité de sorties en

maux!

maux. Les améliorations dans le bien-être

plein air, sont des pratiques interdites de-

animal, sont clairement dues au marché

puis longtemps. Une enquête que la PSA

et aux mesures de la politique agricole

a mené en 2008 montre que plus de 90

susmentionnées. On pense, en particulier,

% des personnes interrogées considèrent

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

39


8.2 Les problèmes de protection des animaux chez les bovins

leur mère à la naissance. La relation na-

soient tués juste après leur naissance. Cela

turelle entre la mère et sa progéniture ne

se produit déjà en Nouvelle-Zélande et, en

peut pas avoir lieu. Cela est effectué à

partie, en Irlande et en Italie, et est pra-

un moment où le lien individuel entre la

tique courante au niveau mondial pour

Veaux

vache et le veau est encore relativement

une autre espèce animale, notamment

Pas de possibilités de sortir et pratiquement aucune détention au pâturage: la plupart des veaux – carrément 9

faible, car la reconnaissance réciproque et

les poulets mâles des poules pondeuses à

indubitable, olfactive, optique et visuelle

haute performance.

animaux sur 10 dans l’engraissement – ne

paré de la mère une semaine après la nais-

peuvent pas sortir à l’air libre, bien que le

sance, les deux animaux montrent de plus

mouvement, l’air frais et le soleil fassent

forts symptômes d’abandon, tels que l’agi-

Une qualité insuffisante de la litière:

du bien aux jeunes animaux et qu’il soit

tation, la recherche et l’appel de l’autre.

au lieu de la litière, du sable ou d’autres

demande plusieurs jours. Si le veau est sé-

avéré que les veaux qui peuvent sortir à

Bovins d’élevage et d’engraissement

matériaux appropriés pour permettre aux

Alimentation erronée dans l’engraissement: théoriquement, la législation

animaux de se coucher, l’emploi de ta-

moins de soins médicaux. À l’exception de la détention de vaches mères, on ne

en matière de protection des animaux a

ces structures ne correspondent pas aux

trouve pratiquement plus de veaux au pâ-

mis un terme à la production de viande

besoins des bovins et se salissent rapi-

turage, bien que cette forme de détention

blanche de veau en 1981 déjà, en pres-

dement, devenant glissantes. Des expé-

soit la plus naturelle pour les bovins.

crivant du fourrage grossier et du fer en

riences qui permettent aux animaux de

suffisance et en interdisant d’administrer

choisir montrent qu’ils évitent ces tapis,

Aucun contact social: la détention indi-

des rations provoquant l’anémie. Cepen-

préférant toujours la litière.

viduelle dans des igloos d’à peine 3 mètres

dant, on continue à alimenter les veaux

carrés de surface au sol constitue l’excep-

de façon erronée, afin de produire de la

tion légale à la détention en groupes, re-

viande la plus claire possible, avec des

Presque aucune liberté de mouvements: des animaux atteignant 500 kilo-

commandée. Elle apporte quelques avan-

conséquences négatives sur la santé de

grammes n’ont que 3 mètres carrés à dis-

tages sanitaires en faveur des veaux,

l’animal.

position, selon les prescriptions. Cela si-

l’air libre sont plus sains et demandent

par rapport à la détention permanente à

pis en gomme dure est admis, bien que

gnifie qu’on pourrait détenir 8 à 10 bovins

Un moment problématique pour la commercialisation: les marchands

d’engraissement dans une pièce d’habita-

de poussières, de gaz nocifs et de germes dans l’air. Toutefois, le contact social inné

achètent les veaux destinés à l’engraisse-

juste pour se coucher, mais pas pour se

et le besoin de mouvement sont impos-

ment à un âge où les animaux sont en

mouvoir, comme le demandent les exi-

sibles. Une proportion considérable des

train de terminer la protection contre les

gences comportementales de cette espèce

veaux élevés en Suisse vit dans ce type

maladies, acquise à travers le lait mater-

animale. Dans cette étroitesse oppressante,

de détentions contraires à la protection

nel, mais n’ont pas encore fini de dévelop-

les jeunes animaux se dérangent constam-

des animaux.

per leur propre système immunitaire (»la-

ment, ceux qui sont couchés sont contraints

l’étable: de l’air frais, du soleil et moins

tion de taille moyenne! Cette place suffit

cune immunitaire»). À cela s’ajoutent la

de se lever et les animaux de rang inférieur

Impossible de jouer ni de courir: la dé-

promiscuité entre animaux provenant de

sont évincés sans ménagement. Une partie

tention des veaux en groupes, fondamen-

plusieurs exploitations, la détention dans

des bovins d’engraissement et, surtout de

talement respectueuse de l’animal, met

des espaces parfois réduits, sans possibilité

ceux d’élevage, sont détenus à l’attache.

une surface d’à peine 1,5 mètre carré par

de sortir à l’air libre et l’alimentation erro-

Ces animaux doivent rester attachés à la

animal, pour des veaux pouvant atteindre

née. Tout cela contribue à susciter l’admi-

mangeoire durant 275 jours par année et,

160 kilogrammes. Ces animaux, très por-

nistration d’antibiotiques, souvent dispro-

les 90 jours restants, ils ne peuvent se

tés sur le jeu et le mouvement, doivent

portionnée, aux veaux d’engraissement.

mouvoir librement que pendant deux ou trois heures par jour. On prive en perma-

donc croître dans un espace extrêmement limité.

Abattage après la naissance: les veaux

nence ces animaux de la liberté de mouve-

issus des élevages laitiers à haute perfor-

ment, mais aussi du comportement social

Élevage sans mère: depuis cent ans,

mance ne se prêtent pas à être engraissés,

naturel et des soins corporels.

partout où l’on élève des veaux de façon

car ils ne produisent pas assez de viande.

professionnelle (en Suisse comme dans

Ce ne sera plus qu’une question de temps,

Pas de sortie ni de pâturage: alors

l’UE, en Amérique du Nord et du Sud et

avant que même en Suisse, une partie des

qu’environ trois quarts des bovins d’éle-

en Asie, à l’exception de la détention de

descendants des vaches laitières à haute

vage peuvent sortir et se rendre au pâtu-

vaches mères), les veaux sont séparés de

performance, notamment les mâles, ne

rage, environ la moitié des bovins d’en-

40

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


graissement ne peuvent pas sortir à l’air libre et passent leur vie dans des stabulations étroites, jusqu’au jour où on les conduit à l’abattoir.

Vaches Un comportement social limité: la détention de vaches mères est pratiquée en Suisse depuis le début des années 1980. Aujourd’hui on compte quelque 90 000 individus. Cette forme de détention satisfait amplement le comportement social des bovins. Par contre, quelque 600 000 vaches laitières doivent en partie supporter des réserves considérables lors de l’achat. D’une part, parce que 2 vaches sur 3 ne peuvent pas se mouvoir librement dans un troupeau, étant donné qu’elles sont détenues à l’attache, souvent aussi sous le dresse-vaches électrifié. D’autre part, parce que l’élevage des petits et, par

Interdit seulement lors d’une nouvelle construction: le dressevaches, un instrument cruel

conséquent, la relation entre la mère et le veau disparaît et que la sélection des

Le dresse-vaches: on estime que

90 % des bovins sont écornés très jeunes.

vaches pratiquée par l’être humain est

quelque 300 000 vaches sont encore sou-

L’anesthésie est prescrite légalement et

élevée. De nombreux animaux quittent

mises à ces «instruments de torture», bien

contraignante, comme l’interdiction de

le troupeau précocement, en raison d’une

qu’une étude de l’Office vétérinaire fé-

certaines pratiques d’écornage. Chez les

prestation défaillante ou de maladie. Les

déral soit arrivée à la conclusion, il y a

bovins et les chèvres, les cornes sont im-

relations d’amitiés qui, dans des condi-

quinze ans déjà, que cela n’est pas compa-

portantes dans la communication, pour

tions naturelles, peuvent durer toute la

tible avec les principes de législation sur

établir les rangs et pour les soins corpo-

vie et se construisent essentiellement

la protection des animaux et qu’il s’agit,

rels. L’écornage est pratiqué pour faciliter

entre mères et filles, sont constamment

par conséquent, d’une pratique cruelle.

le travail des êtres humains (danger d’ac-

rompues. De plus, la structure des âges

Cependant, son emploi reste légal. Il est

cidents) ou pour adapter les animaux au

tend à maintenir artificiellement des ani-

juste interdit d’en poser dans une nouvelle

système de détention.

maux jeunes, car les vaches actuelles à

étable. Le dresse-vaches est un câble élec-

haute performance s’épuisent rapidement.

trifié qui passe au-dessus des animaux,

En Suisse, elles ne produisent du lait que

les forçant à reculer d’un pas au moment

Haute performance laitière et alimentation contraire à l’espèce: l’optimisa-

pendant trois ans, en moyenne.

où ils bombent le dos pour déféquer ou

tion de l’affourragement et des décennies

pour uriner, afin que leur place se salisse

de croisements avec des races laitières

Presque pas de mouvement: 65 % des

moins. La vie de ces vaches attachée, déjà

augmentent la production moyenne de

vaches laitières sont détenues à l’attache,

contraintes dans un espace étriqué, est li-

lait d’année en année. Aujourd’hui, une

où les mouvements sont, par définition,

mitée ultérieurement et la fertilité des ani-

vache à aptitude mixte, comme celles de

limités. Environ 120 000 d’entre elles ne

maux en souffre.

la race brune originale suisse, produit en moyenne 6000 kilogrammes de lait par

peuvent pas sortir régulièrement en plein air. Elles sont attachées à la crèche pen-

Écornage: la plupart des races de vaches

année (lactation), tandis qu’un bovin des

dant 275 jours par année et, les 90 jours

laitières détenues en Suisse (brunes et

lignées laitières sélectionnées Brown-

restants, elles ne peuvent bouger que du-

tachetées) sont naturellement dotées de

Swiss, soumis à des croisements impor-

rant deux à trois heures par jour. On prive

cornes, comme chez la plupart des races

tants, en produit en moyenne 7000 kilo-

en permanence ces vaches de leur liberté

de chèvres laitières indigènes. Les races

grammes. L’augmentation la plus impor-

de mouvement, mais aussi du comporte-

génétiquement dépourvues de cornes sont

tante dans la production laitière s’ob-

ment social naturel et des soins corporels.

d’importantes productrices de viande, de

serve chez les bovins Holstein: de 6400

L’espace vital qui leur est accordé ne me-

plus en plus présentes dans les détentions

à 7400 kilogrammes de 1991 à 2001 et à

sure que 110 centimètres sur 185.

de vaches mères. Aujourd’hui, plus de

8400 kilogrammes par lactation en 2010;

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

41


4,1 (3,8/3,3) lactations, pour une performance de 27 100 kilogrammes (26 000 kg/ 26 400 kg) (2008) au cours de sa vie. À titre de comparaison, il y a cinquante ans, les vaches étaient utilisées en moyenne pour 6 lactations, donc elles mettaient au monde 6 veaux et on pouvait les traire durant 6 ans. Aujourd’hui, il y a encore quelques individus qui montrent le potentiel qui se trouve dans chaque vache. La vache «Morchel» de la famille Studach, à Mörschwil, par exemple. En 2011, à sa 21e année de service elle avait produit 184 000 kilogrammes de lait. Ou «Jerry Adoravon», née en 1990, appartenant à la famille Eicher, d’Engelburg. En 2011, elle avait produit la quantité cumulée record de 168 000 kilogrammes de lait.

Les erreurs de la sélection

Les causes principales de décès chez les vaches (race brune, 2008) sont la fertilité défaillante (27 %), les maladies des mamelles (21 %), les maladies des sabots

en Suisse, les animaux très performants

formés en cochons, du point de vue de

ou des membres (17 %), une performance

ne dépassent pas les 12 000 kilogrammes.

l’alimentation. Même le Conseil fédéral

insuffisante (12 %), des accidents (6 %),

L’alimentation et la détention de ces

ne se sent plus tout à fait à l’aise avec

des troubles du métabolisme (5 %) et des

vaches à haute performance sont extrê-

ce développement. Dans son message au

difficultés à vêler (5 %). Les autres causes

mement difficiles et posent des exigences

sujet de la politique agricole 2014–2017,

se montent à 7 %. En Allemagne voisine,

élevées de travail, stabulation et d’affour-

il s’est exprimé comme suit: «En matière

le taux moyen de lactation se trouve déjà

ragement. Si celles-ci ne sont pas satis-

d’alimentation des ruminants, la tendance

à 2,5 et dans les USA au-dessous de 2 lac-

faites, des maladies liées à la performance

est à une utilisation accrue des aliments

tations. Cette tendance de la durée d’ex-

s’accumulent rapidement, par exemple des

concentrés. La production suisse de lait

ploitation à la baisse, due à un état sani-

mastites, des maladies du métabolisme,

et de viande risque ainsi de perdre à long

taire défaillant, fait pression sur les coûts

la boiterie et des troubles du comporte-

terme un avantage concurrentiel straté-

et le rendement de la production laitière.

ment. À cause de la performance laitière,

gique. […] La comparaison de systèmes

L’élevage à haute performance, unilatéral,

les vaches sont également plus grandes.

de Hohenrain montre que la production

a comporté une certaine mentalité de gas-

Par conséquent, les places dans les sta-

de lait reposant sur une faible utilisation

pillage. Chaque année, il faut élever da-

bulations à l’attache et dans les stabula-

d’aliments concentrés et une proportion

vantage de jeunes vaches et abattre da-

tions libres sont souvent trop petites et les

forte de pâturages obtient, pour la plupart

vantage d’individus âgés, puisque la durée

agriculteurs doivent conclure des inves-

des indicateurs écologiques, de meilleurs

de l’utilisation diminue.

tissements financiers considérables pour

résultats par kilo de lait que la stabula-

les agrandir. À cause de leurs mamelles

tion qui recourt beaucoup aux aliments

disproportionnées, ces vaches peuvent à

concentrés.»

peine se déplacer. Puisque la production

Expositions de bétail et styliste pour animaux: ces rencontres traditionnelles sont indissociables de la vie des éleveurs

laitière, même avec les meilleurs fourrages

Moins de lactations: en raison d’une sé-

et constituent une vitrine très appréciée

de base (foin, herbe, ensilage) ne dépasse

lection plus sévère pour atteindre des per-

de l’élevage. Du point de vue de la pro-

pas les 6000 à 7000 kilogrammes par an-

formances laitières toujours plus élevées

tection des animaux, il n’y a rien à redire

née, ces vaches à haute performance de-

et de l’apparition de maladies dues à la

à cela. Par contre, certains excès, comme

mandent proportionnellement beaucoup

performance, à la détention et à l’alimen-

le styling de plus en plus apprêté, le fait

de fourrage concentré. En moyenne, les

tation, la quantité de lactations par vache

de sceller les trayons, ainsi que l’adminis-

vaches suisses reçoivent 650 kilogrammes

baisse constamment. Une vache brune

tration (illégale) d’analgésiques sont des

de fourrage concentré. Les bovins, des

moyenne (tachetée/Holstein) n’atteint

effets secondaires absolument douteux.

herbivores idéaux et optimaux, sont trans-

plus que l’âge de 6,7 (6,2/6,3) ans et donne

42

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


8.3 Les problèmes de protection des animaux chez les porcs

Truies

Porcelets sevrés

porcelets nouveaux-nés, qui apprécient la

Sevrage précoce: dans la nature, la truie

chaleur et le confort, les truies allaitantes

et les porcelets restent ensemble durant

souffrent lorsque les températures sont

plusieurs mois, en relâchant petit à pe-

élevées car, durant la production de lait,

tit la liaison, jusqu’à ce que la mère, peu

leur corps se réchauffe considérablement.

avant la naissance de la nouvelle portée,

Les exigences de la truie et de ses petits en

ne veuille plus rien savoir de ses petits.

ce qui concerne la température diffèrent

Dans les détentions, pour des raisons éco-

de presque 15 degrés. Pourtant, ils doivent

nomiques, la séparation intervient de fa-

vivre dans le même espace. Afin de les sa-

çon artificielle et abrupte, par l’être hu-

tisfaire correctement et d’éviter le stress

main; en Suisse, généralement lorsque les

thermique, il faut veiller à aménager des

porcelets ont cinq semaines, à l’étranger,

niches chauffées pour les porcelets et faire

parfois déjà après deux ou trois semaines.

en sorte que la truie puisse sortir à l’air

La relation naturelle entre mère et progé-

libre. De plus, de cette façon, la stabula-

niture cesse. Plus tôt on sèvre les porce-

tion prévue pour l’allaitement reste plus

lets, plus difficile est leur élevage. Des er-

propre, car les porcs préfèrent aménager

reurs dans la détention ou dans l’alimen-

leurs toilettes à l’extérieur. Cependant,

tation peuvent rapidement avoir des effets

aujourd’hui seulement 6 % des truies al-

négatifs sur leur santé et leur bien-être.

laitantes peuvent sortir en plein air.

Pas assez de sorties et presque pas de pâturage: un tiers des truies en gestation

Pas de possibilité de sortir: seulement

sont détenues en permanence à l’étable et

un porcelet sevré sur vingt peut sortir en

Des boxes pour s’alimenter contraires à la protection des animaux: dans ce

liberté, bien que le mouvement, l’air frais

genre de boxes, les truies en gestation

turage des porcs a pratiquement disparu,

et le soleil fassent du bien aux jeunes ani-

doivent se nourrir et se coucher dans le

bien que cela corresponde parfaitement à

maux.

même espace. Celui-ci n’est pas suffisam-

la nature de cet animal. Les cochons pro-

ment couvert de litière et oblige chaque

fitent bien de l’herbe fraîche. De plus, la

Du mouvement et des occupations en insuffisance: on peut détenir trois por-

animal à rester couché à une place déter-

liberté de mouvement est très importante

minée, étriquée. L’espace est trop réduit

pour la condition physique et, donc, pour

celets sur un mètre carré, sans que l’ap-

pour que l’animal puisse se mouvoir libre-

l’état sanitaire des truies, fortement solli-

port de litière pour se coucher, fouiller,

ment et il n’y a aucune possibilité de sor-

citées par les grossesses et les naissances

s’occuper et mâcher soit obligatoire. Plus

tir en plein air. Les truies ne peuvent pas

régulières de portées nombreuses.

d’un tiers des porcelets sont encore déte-

s’éviter les unes les autres ou se retirer, par

nus de cette façon restrictive. Ces limita-

exemple lors des combats pour établir les

tions massives à la liberté de mouvement

rangs. On estime que 20 % des truies en

Des installations qui ne tiennent pas compte du comportement: les porcs

à un animal qui demande beaucoup d’oc-

gestation sont encore détenues dans ces

ne transpirent pas, ils souffrent donc

cupation peuvent causer des troubles du

conditions minimalistes.

des hautes températures estivales. La lé-

Des exigences différentes en ce qui concerne les températures et aucune possibilité de sortir: contrairement aux

comportement et des blessures.

Les porcelets sont déjà séparés de leur mère à l’âge de cinq semaines

n’ont pas de possibilité de sortir. Le pâ-

gislation sur la protection des animaux exige qu’ils aient la possibilité de se ra-

Protection contre le froid lorsque l’animal est couché: en hiver, les porcelets

Détention des truies non gravides dans des caissons: cette forme de détention n’est, certes, admise que pendant

ils peuvent se souiller, ce qui les rafraî-

sevrés peuvent souffrir du froid dans des

un temps limité, entre une gestation et

chit bien, et lorsqu’ils peuvent sortir, on

porcheries non protégées, ce qui s’observe

la suivante. Cependant, durant ce temps,

peut leur aménager une douche. Ils ap-

par le fait que les animaux se regroupent

le comportement de l’animal se limite à

prennent rapidement à déclencher une

en tas. Il leur faut donc une niche proté-

s’alimenter, se coucher et se lever. La so-

courte douche, par une pression du groin

gée et bien dotée de litière.

lution alternative est la détention indivi-

sur un bouton. Puisque les porcs adultes

duelle dans une stabulation ou la déten-

sont moins flexibles que les jeunes, leur

tion en groupes.

entretien corporel demande une structure

fraîchir. Lorsqu’ils sont élevés en liberté,

pour se frotter, se gratter le dos, les flancs

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

43


et l’arrière-train. Fouiller constitue l’une

par les nombreux porcelets à allaiter, il est

porcelets, un autre détient des verrats et

des nécessités comportementales fonda-

presque impossible de les nourrir confor-

s’occupe de faire couvrir les truies ou le

mentales des porcs, mais cela leur est pra-

mément à leur performance. Après le se-

fait par insémination artificielle, un autre

tiquement impossible en détention, ex-

vrage des porcelets, on les féconde im-

encore détient les truies en gestation et

cepté dans les élevages en liberté. L’amé-

médiatement à nouveau, si bien que leur

un quatrième élève les porcelets sevrés.

nagement d’une place de fouissement

organisme doit constamment faire un

Par conséquent, les truies et les porcelets

contribue à satisfaire ce besoin.

immense effort reproductif. Le tribut, ce

doivent être transportés beaucoup plus

sont les animaux qui le paient: générale-

souvent. Du point de vue de la protec-

D’importantes portées et un temps d’exploitation court, à cause d’une sélection extrême de la performance:

ment, les truies, complètement amaigries

tion des animaux, le transport routinier

et épuisées, sont emmenées à l’abattoir

des truies en gestation est particulière-

déjà après cinq portées, à l’âge de trois

ment problématique.

l’accouplement avec des truies très fertiles

ans seulement, très jeune pour des porcs.

donne de plus en plus de porcelets par

De cette façon, chaque année il faut élever

Porcs d’engraissement

portée, parfois même plus qu’elles n’ont

un nombre considérable de jeunes truies

de mamelles. La nature a déterminé un

et abattre les anciennes.

Une stabulation de qualité insuffisante: au lieu de la litière ou d’autres ma-

ordre de tétées pour les porcelets, s’ins-

tériaux appropriés pour que les animaux

taurant peu après la naissance. À chaque

Des transports extrêmes: autrefois, un

puissent se coucher, les sols durs, en bé-

porcelet «appartient» donc une mamelle.

paysan détenait des truies et engraissait

ton perforé, sont admis. Ces derniers ne

Les grandes portées produites par la sé-

leurs progénitures. Depuis plus de trente

correspondent absolument pas aux exi-

lection sèment le trouble parmi les por-

ans, cette branche s’est spécialisée. D’une

gences des porcs, car ces animaux amé-

celets. Les éleveurs ont donc le travail

part, il y a des éleveurs qui détiennent

nagent des niches avec la paille. Les sols

supplémentaire de trouver des nourrices

des truies qui produisent des porcelets.

se salissent rapidement, deviennent glis-

pour les petits surnuméraires ou les allai-

D’autre part, il y a des installations d’en-

sants et causent des marques de pression

ter artificiellement, séparés de leur mère.

graissement qui achètent ces porcelets et

et des éraflures aux animaux. Environ 40

Aujourd’hui, les truies mettent bas deux

les engraissent. Depuis environ dix ans

% des porcs d’engraissement ne disposent

porcelets de plus qu’il y a 25 ans. Mais

il y a un procédé encore plus spécialisé,

toujours pas de places conformes à leur

après quatre semaines, cet avantage se ré-

la «production de porcelets basée sur la

espèce pour se coucher.

duit déjà à un seul porcelet. Cela signifie

division du travail», dans laquelle le do-

que la mortalité parmi les petits est éle-

maine de l’élevage porcin est encore sub-

Impossible de se mouvoir: on ne pres-

vée. Les truies sont fortement sollicitées

divisé: un paysan gère la production de

crit que 0,9 mètre carré de surface pour des porcs d’engraissement atteignant 105 kilogrammes. Cela signifie qu’on pourrait engraisser légalement 10 porcs sur une place de stationnement d’un parking conventionnel. Cette surface suffit tout juste pour se coucher, mais pas pour se mouvoir comme l’espèce le demande. Environ 40 % des porcs sont encore engraissés dans des conditions aussi étriquées.

Pas de sortie: 40 % des porcs d’engraissement ne quittent la porcherie que le jour de l’abattage. Autrement, ils sont détenus dans des conditions les empêchant de sortir en plein air, dans des stabulations étriquées et nues.

Castration: depuis le 1er janvier 2010, les porcelets mâles ne peuvent plus être cas-

Détention légale de porcs d’engraissement sur caillebotis, sans litière et sans sortie en plein air

44

trés sans anesthésie. C’est une première mondiale. Cependant, des recherches montrent qu’environ 10 % des porcelets

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


ne sont pas anesthésiés correctement, ce qui contrevient aux exigences de la législation en matière de protection des animaux. Il serait mieux d’éviter de castrer les porcelets et d’engraisser de jeunes verrats.

Croissance rapide: pour des raisons économiques, afin de produire de la viande de porc bon marché, on élève de plus en plus d’animaux qui poussent rapidement et qui accumulent du muscle. Au cours de l’engraissement, les porcs prennent un kilo par jour en moyenne. Il y a donc le danger que les os, les articulations et les tendons soient sollicités outre mesure. Cela est très douloureux pour les animaux. En conséquence à cela, ils bougent moins et ne peuvent plus profiter d’une détention respectueuse des animaux, en liberté ou qui leur donne la possibilité de sortir. Les

Une prairie à volaille exemplaire

croisements avec des races étrangères à croissance très rapide donnent également

mal diminue de façon inversement pro-

des viandes de qualité moindre au jam-

portionnelle à la taille. Les paysans sont

bon, similaires au syndrome PSE (de la

donc en train de se tirer une balle dans le

viande pale/claire, soft/molle, exudative/

pied, car l’entretien, la surveillance et la

exsudative).

relation entre l’être humain et l’animal, outre le type de détention, constituent les

8.4 Les problèmes de protection des animaux chez la volaille Poulets d’élevage, élevage des souches parentales

La taille limite des porcheries est atteinte: la Confédération admet des por-

facteurs d’influence les plus importants,

Peu de sorties à l’air libre: les parents

tant sur le bien-être des animaux que sur

des poules destinées à la ponte des œufs

cheries pouvant élever jusqu’à 1500 ani-

la rentabilité économique. Puisque les im-

et à l’engraissement sont généralement

maux. En cas de permis exceptionnel,

missions et les odeurs augmentent pro-

détenus dans des poulaillers fermés. Seu-

même davantage. Des recherches scienti-

portionnellement au nombre d’animaux,

lement un tiers des poules et des coqs

fiques montrent que les grandes exploita-

les grandes exploitations tendent à déte-

peuvent passer toute l’année à l’air frais,

tions de plus de 2000 porcs présentent de

nir les porcs d’une manière contre nature,

dans une aire à climat extérieur (jardins

plus en plus de problèmes sanitaires. En

dans des porcheries fermées, sans la pos-

d’hiver) et au soleil. 83 % des animaux

cas d’épidémie, il faut éliminer beaucoup

sibilité de sortir à l’air libre.

parents n’iront jamais au pâturage.

d’animaux (»risque d’agrégation»). Le de l’effectif. Chez les porcs, comme chez

Des coqs aux éperons et aux orteils coupés: ces interventions sont légales et

d’autres catégories d’animaux, l’investis-

sont pratiquées, entre autres, pour proté-

sement pour la prise en charge par ani-

ger les poules lors de l’accouplement. Tou-

bien-être des animaux dépend de la taille

tefois, cette mesure constitue une adaptation douteuse de l’animal aux conditions de détention dictées par l’être humain.

Résultats de l’institut d’examen des installations d’engraissement de Sempach Année

Augmentation des journées d’engraissement 1980 800 g 2010 930 g

Proportion des parties nobles 52 % 57 %

Elle est due, par exemple à la proportion relativement élevée de coqs dans les ef-

Valorisation du fourrage* 3,0 2,5

fectifs d’animaux parents ou au surpoids des coqs et des dindons mâles dans les lignées d’engraissement, imposé par les conditions de sélection.

* kg de fourrage par kg de croissance

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45


des espèces actuelles de poules pondeuses hybrides, devrait être engraissé trois fois plus longtemps, soit 18 semaines, afin d’atteindre le poids d’un hybride d’engraissement, au moment d’être abattu. Il nécessiterait également cinq fois plus de fourrage, comme l’a montré une récente étude allemande. Ainsi, l’engraissement des poulets sélectionnés pour une haute performance dans la ponte n’est pas rentable et est inefficace du point de vue de l’utilisation du fourrage. Par conséquent, en Suisse et partout dans le monde, les poussins mâles des lignées pondeuses sont triés et tués juste après l’éclosion. Il sera peut-être bientôt possible de déterminer le sexe des poussins déjà dans l’œuf. Cela éviterait de couver les œufs conte-

Une poule pondeuse (à gauche) et un poulet d’engraissement (à droite), les deux à l’âge de 29 jours

nant des poussins mâles et on pourrait renoncer à la perversion de faire naître des poussins d’un jour.

Rognage du bec chez les poussins destinés à la ponte: à la différence des

constituent un produit de niche, dans le

Presque pas de sortie à l’air libre:

portefeuille de ces grandes entreprises, si

la plupart des poulettes élevées durant

poulets au bec coupés, qui raccourcit une

bien que l’approvisionnement peut repré-

quatre mois pour devenir des poules pon-

partie considérable du bec, cette opération

senter un problème chez les multiplica-

deuses, soit 80 % d’entre elles, n’ont pas

consiste à éliminer le bout non innervé

teurs suisses responsables. Les dindons

accès au pâturage. Pourtant, du mouve-

du bec. Cependant, cela donne des résul-

«turbo» prennent quelque 150 grammes

ment en liberté serait bon pour leur santé

tats différents, dépendant de la qualité du

de poids par jour et croissent dès lors

et améliorerait leur condition physique.

travail et de la personne qui l’effectue. Si

deux fois plus vite que les dindes. Les

l’on coupe le bec dans la partie innervée,

poulets «turbo» prennent 50 grammes par

Poules pondeuses

l’intervention est douloureuse et l’animal

jour et poussent quatre fois plus rapide-

En Suisse, toutes les poules pondeuses dis-

souffrira durant toute sa vie de douleurs

ment que les poulettes. Les dindons et les

posent de places surélevées pour se repo-

fantômes, comme les personnes à qui on

poulets «turbo» doivent être tués jeunes.

ser, de nids protégés pour pondre et de

a amputé des membres.

Si on les laissait vieillir, ils ne pourraient

litière pour picorer, gratter et prendre des

presque plus se mouvoir, à cause de leur

bains de poussière. Presque 90 % d’entre

Importation des problèmes de protection et de santé des animaux: la sé-

énorme poids et des douleurs dont ils

elles ont accès en permanence à une aire à

souffriraient en se déplaçant. Le taux de

climat extérieur, et 70 % peuvent sortir au

lection des poulets est désormais dans les

mortalité grimperait à 30  %, comme l’ont

pâturage. Du point de vue international, la

mains de deux multinationales de l’éle-

montré des recherches!

détention des poules pondeuses en Suisse est celle qui s’approche davantage des be-

vage. Celle des poules pondeuses est dans les mains de trois groupes internationaux.

Couvée et poulettes

soins des animaux. Mais elle a également

La Suisse ne pratique plus sa propre sé-

On tue les mâles chez les poules pondeuses: il y a encore soixante ans dans

atteint un niveau assez élevé par rapport

lection de volaille domestique depuis de nombreuses décennies: elle compte de

une exploitation «à aptitude mixte», on

maux, tels que les bovins et les porcs.

plus en plus sur les animaux sélectionnés

détenait des poules pour la ponte et des

importés. La plupart de ces lignées sont sé-

coqs pour l’engraissement. Aujourd’hui,

Poussière et substances nuisibles:

lectionnées pour de hautes performances,

la situation a changé: on engraisse des

plusieurs aspects de la gestion et de la dé-

tandis que l’on n’accorde presque aucune

mâles et des femelles descendant de li-

tention provoquent l’accumulation, par-

importance à la santé, au comportement

gnées d’engraissement spécialisées. Ces

fois élevée, de poussières et de substances

et au bien-être des animaux. Les lignées

espèces poussent plus rapidement et pro-

nuisibles dans l’air du poulailler. Il peut

appropriées pour la détention à l’air libre

duisent davantage de muscle. Un mâle

s’agir de densités d’occupation élevées,

46

aux standards de détention d’autres ani-

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du type de litière ou de systèmes d’aération ou d’évacuation des déjections défaillants. Cela nuit aux poulets et cause des maladies des voies respiratoires chez les êtres humains et les animaux.

Qualité du nid insuffisante: les poules préfèrent clairement des nids couverts de litière, par exemple en paille, pour pondre. La ponte des œufs est associée à la préparation du nid. C’est un comportement inné. Les poules ne peuvent exprimer ce comportement que dans un matériau qu’elles peuvent remanier. Cependant, plus de 95 % des nids ne satisfont pas ces conditions, puisqu’ils sont constitués de coques en matière plastique ou en résine synthétique.

Éclairage: la plupart des oiseaux, parmi lesquels également les poulets et les

La vie sous la lumière artificielle. Cela engendre des troubles nerveux

dindes, ont un spectre de vision différent voir le rayonnement UV et le papillote-

La limite dans la taille des poulaillers est atteinte: en Suisse, on admet des pou-

ment (par une fréquence de 100 Hertz)

laillers pouvant héberger jusqu’à 18 000

des tubes fluorescents. Ils perçoivent ce

poulettes ou poules pondeuses. Puisque

dernier comme une alternance continue

même dans les meilleurs aménagements,

de clair et obscur, rapide comme l’éclair,

permettant la sortie et le pâturage (no-

qui peut engendrer de la nervosité et des

tamment en ce qui concerne la protection

Presque pas de pâture pour les poulets d’engraissement: seulement un

troubles du comportement. La lumière na-

contre les oiseaux prédateurs), les poules

poulet d’engraissement sur dix peut sor-

turelle, non tamisée, est la meilleure éga-

ne s’éloignent jamais de plus de 100 à 150

tir au pâturage. La raison de cela réside

lement pour les poulets, mais de nom-

mètres du poulailler – ou de l’arbre qui leur

dans le fait que les lignées d’engraisse-

breux poulaillers sont encore mal lotis en

sert de dortoir, dans la nature – cette valeur

ment conventionnelles ne peuvent pas

ce qui concerne l’ensoleillement de leurs

fixe la limite supérieure supportable pour

profiter du pâturage à cause de symp-

espaces.

une détention en plein air, du point de vue

tômes dus à la sélection à outrance. Ils ne

de celui des êtres humains. Ils arrivent à

éthologique et écologique. De plus grandes

Utilisées et vite jetées: aujourd’hui, les

unités surchargeraient d’excréments les

poules pondeuses sont abattues après tout

sols autour du poulailler. De plus, le pâtu-

juste 14 mois de service et quelque 350

rage serait surpeuplé et surexploité et un

œufs pondus – c’est-à-dire au jeune âge

nombre plus élevé d’animaux resterait à

d’un an et demi. Ceci, bien qu’elles se re-

l’intérieur. Un «élevage en liberté» de ce

mettraient à pondre chaque année, après

genre serait également douteux vis-à-vis

une pause annuelle de plusieurs semaines,

des consommateurs.

associée au renouvellement du plumage. Pour un total de quelque 1500 œufs, du-

Maladies professionnelles: les poules

rant l’ensemble de leur carrière. La perfor-

pondeuses produisent toujours davan-

mance baisse, certes, de quelque 20 % par

tage d’œufs et des œufs de plus en plus

année, mais la taille des œufs augmente.

gros au cours de l’année d’exploitation

Cette durée d’exploitation extrêmement

et cela les soumet à une sollicitation ex-

courte demande l’élevage d’un nombre

trême de leur métabolisme. Des maladies

considérable de poulettes et l’abattage

spécifiques aux poules pondeuses à haute

d’autant de poules pondeuses «âgées».

performance apparaissent, telles que des

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inflammations de l’oviducte et des ostéomalacies (ramollissement des os).

Poulets et dindes d’engraissement

Essais d’engraissement de poulets UFA-Bühl 1965: 59 jours d’engraissement pour atteindre 1,6 kg; 26 g de prise de poids par jour; valorisation du fourrage: 2,3 kg de fourrage par kilo de croissance 2008: 38 jours d’engraissement pour atteindre 2,3 kg; 60 g de prise de poids par jour; valorisation du fourrage: 1,7 kg de fourrage par kilo de croissance. Les races actuelles demandent donc nettement moins de fourrage pour être engraissées, mais les mélanges de fourrages actuels sont nettement plus riches du point de vue nutritionnel.

47


conviennent donc pas à un élevage en li-

mis en Suisse. Puisque l’investissement

de hobby. La viande de canard, d’oie, de

berté crédible. Par contre, les races adap-

pour la prise en charge par animal dimi-

pintade, de faisan, de caille et de colombe

tées à l’élevage en liberté, à la croissance

nue de façon inversement proportionnelle

consommées en Suisse provient générale-

normale, doivent être engraissées pen-

à la taille, celle-ci représente le maximum

ment de l’importation et, pour la plupart,

dant un temps environ 50 % plus long,

absolu. Car l’entretien, la surveillance et

de détentions douteuses du point de vue

si bien que les coûts de production et les

la relation entre l’être humain et l’animal,

de la protection des animaux.

prix à la vente seraient considérablement

outre le type de détention, constituent les

plus élevés. La situation semble être meil-

facteurs d’influence les plus importants,

leure pour les dindes: 95  % des animaux

tant sur le bien-être des animaux que sur

ont accès au pâturage. C’est également ré-

la rentabilité économique.

jouissant que l’aire à climat extérieur, le

8.5 Les problèmes de protection des animaux chez les moutons, les chèvres et les lapins

jardin d’hiver, se répande tant pour les

»Maladies professionnelles»: les li-

poules pondeuses que pour les poulets

gnées de volaille d’engraissement sont sé-

Moutons

d’engraissement: 89 % des poulets d’en-

lectionnées pour la croissance rapide de la

En Suisse, la détention des moutons est

graissement et 95 % des dindes disposent

musculature de la poitrine et de la cuisse.

pratiquée de façon assez extensive et au

d’une aire à climat extérieur.

Le développement musculaire devance le

pâturage. Quelque 80 % des moutons dé-

développement du squelette, les os et les

tenus à la ferme peuvent sortir au pâtu-

Peu de place: il est permis de détenir 30

tendons, qui sont donc sollicités outre me-

rage. Deux particularités importantes du

kilogrammes d’animaux (quelque 17 in-

sure par le poids et la force des muscles.

point de vue de la protection des animaux

dividus, pour un poids final moyen de 1,8

Tandis que les poulettes volent et peuvent

caractérisent la détention ovine: environ

kg) par mètre carré de poulailler. Contrai-

voleter sans problèmes un mètre ou un

un tiers du cheptel ovin appartient à des

rement aux poules pondeuses, les poulets

mètre et demi en hauteur, la volaille d’en-

exploitations non agricoles et plus de la

d’engraissement conventionnels restent

graissement devient inerte à mesure que

moitié des moutons est estivée à l’alpage.

presque exclusivement au sol durant la

les semaines passent et reste la plupart du

Dans ces deux formes de détention, la

journée. La densité d’animaux est donc

temps au sol, ce qui n’est pas conforme à

surveillance par les autorités est moins

élevée.

la nature des poulets. Cela, aussi parce que

conséquente que dans les fermes agri-

chaque mouvement surcharge ces ani-

coles. De plus, les prescriptions en matière

La limite dans la taille des poulaillers est atteinte: des poulaillers hébergeant

maux trop sélectionnés, au point de leur

de protection des animaux, notamment en

causer des douleurs. D’autres «maladies

ce qui concerne la protection contre les

18 000 poulets d’engraissement sont ad-

professionnelles» des poulets d’engraisse-

intempéries, l’accès à l’eau et la surveil-

ment à croissance rapide sont le collap-

lance des troupeaux sont plus permissives

sus cardiovasculaire aigu, des œdèmes et

sur l’alpage qu’en plaine.

la stéatose hépatique. Comparés aux poulets d’engraissement qui se développent

Il est permis de couper la queue: on

normalement en liberté, les poulets d’en-

coupe la queue aux moutons pour éviter

graissement «turbo» présentent une mor-

que l’arrière-train se salisse, par exemple

talité presque deux fois plus haute.

lorsqu’ils changent rapidement de mode alimentaire. Cette intervention est indubi-

Canards, oies, pintades, faisans, cailles, colombes

tablement douloureuse. De plus, un meil-

La législation en matière de protection des

tion peuvent diminuer le risque de salis-

animaux régule la détention de ces es-

sures.

leur entretien et une meilleure alimenta-

pèces animales en Suisse. Toutefois, dans

Une grande partie des moutons sortent au pâturage

48

notre pays il n’y a presque pas de déten-

Chèvres

tions professionnelles et basées sur le rendement économique de ces espèces. Font

La détention à l’attache est très répandue: environ deux tiers des chèvres

exception quelques élevages de cailles,

ne peuvent pas vivre en groupes ou dans

satisfaisant des prescriptions légales net-

des étables à stabulation libre, ce qui cor-

tement plus strictes que les exploitations

respondrait à leur nature; elles sont dé-

à l’étranger, où la détention en cages est

tenues à l’attache, individuellement. Leur

encore admise, par exemple. La plupart

vie sociale très développée en souffre,

de ces espèces vivent dans des détentions

tout comme leur comportement deman-

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


dant beaucoup de mouvement, notamment pendant la période où elles sont détenues à l’étable, d’octobre à avril. Les

8.6 Les problèmes de protection des animaux chez les chevaux

Les transports d’animaux augmentent: pour de nombreux animaux, les itinéraires se sont rallongés, car en Suisse,

La détention individuelle est très répandue: une grande partie des chevaux

on tend de plus en plus à concentrer les

vont mieux durant la saison de végétation, lorsque trois quarts d’entre elles

se trouvent dans des détentions non agri-

entreprises «plus performantes», pour des

peuvent aller au pâturage.

coles. De manière générale, les chevaux

raisons économiques. La compartimen-

détenus dans des fermes devraient aller

tation du travail et la spécialisation pro-

chèvres sont des animaux curieux. Elles

abattoirs dans un petit nombre de grandes

Écornage: la plupart des races de chèvres

mieux, car ils ont plus de place et des

gressive dans la détention des animaux de

laitières indigènes sont naturellement

pâturages. Il est en effet réjouissant de

rente relancent également le commerce et

pourvues de cornes. Comme chez les bo-

constater que quelque 80 % des chevaux

le transport des animaux. Aujourd’hui, la

vins, on décorne également de plus en

détenus dans l’agriculture peuvent sortir

plupart des animaux destinés à l’engrais-

plus les caprins, sous anesthésie et par des

et se rendre au pâturage, mais la déten-

sement sont vendus jeunes. Des exploita-

méthodes bien définies. Les cornes sont

tion individuelle de juments et de hongres

tions spécialisées dans la multiplication

importantes pour la communication, pour

est encore très répandue. Un seul cheval

les vendent à d’autres, spécialisées dans

établir les rangs hiérarchiques et pour les

adulte sur huit vit en groupe, conformé-

l’engraissement. Les poules pondeuses

soins corporels, tant pour les bovins que

ment à son espèce.

sont transportées trois fois au cours de leur vie: en tant que poussines, de l’ins-

pour les chèvres. L’écornage est pratiqué pour faciliter le travail des êtres humains

Relation et moyens auxiliaires: la ma-

tallation de couvée à celle d’élevage, puis

(danger d’accidents) ou pour adapter les

nière de former et de solliciter l’animal

à l’exploitation qui s’occupe de la ponte,

animaux au système de détention.

lorsqu’on le monte, de même que l’uti-

à tout juste quatre mois. À l’âge d’envi-

lisation de moyens tels que des brides et

ron 18 mois, après avoir pondu 350 œufs,

Lapins

des rênes auxiliaires peuvent avoir une

elles sont emmenées à l’abattoir.

La détention individuelle est très répan-

grande influence sur le bien-être et sur

due, les sorties en plein air sont rares: la

l’état sanitaire des chevaux. Jusqu’à pré-

plupart des lapins vivant en Suisse appar-

sent, l’Ordonnance sur la protection des

Transport d’animaux en gestation avancée: c’est incompréhensible que la

tiennent à des sélectionneurs qui les pré-

animaux ne règle absolument pas ces

législation sur la protection des animaux

sentent à des expositions, ou à des mé-

questions sensibles.

admette le transport de ces animaux, qui

nages privés, comme animaux de compa-

se trouvent dans une phase très difficile

économiques préfèrent la détention indi-

8.7 Les problèmes de protection des animaux dans les transports

viduelle, encore légale. Seulement 26 %

La Suisse est dotée de la législation la plus

des lapins sont détenus en groupes, selon

stricte au monde, en matière de transports

leur nature, dans des stabulations libres

d’animaux. Elle prescrit l’obligation de

bien structurées. La détention avec pos-

former les transporteurs, une durée maxi-

sibilité de sortir est pratiquement inexis-

male de six heures de transport et des dis-

tante, ne concernant que 2 % de lapins.

positions concrètes quant aux moyens de

Toutefois, il faut préciser que la détention

transport et au comportement à adop-

professionnelle de lapins en liberté s’ac-

ter avec les animaux à transporter. Pour

compagne parfois d’un taux de mortalité

des raisons de protection des animaux, le

de 30 à 40 %, ce qui pose un grand point

transit d’animaux de boucherie provenant

d’interrogation quant au bien-fondé de

de l’UE à travers la Suisse est interdit. En

cette forme de détention, du point de vue

Suisse, on conduit annuellement quelque

de la protection des animaux.

3 millions de veaux, vaches et autres bo-

gnie. Comme ces deux catégories de détenteurs, les éleveurs de lapins à des buts

de leur vie. En particulier, l’apparition de

vins, de porcs, de moutons et de chèvres, ainsi que 45 millions de poulets à l’abattoir. Si l’on y ajoute les transports d’animaux d’élevage et des jeunes, on arrive à environ 60 millions par année. Chaque jour ouvrable, presque un quart de million d’animaux est donc en route.

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

Une vie de cheval comme il se doit: en groupe, sur le pâturage et avec la possibilité de sortir librement

49


vitesses, il est de plus en plus difficile d’emmener les animaux dans les installations en les ménageant et, surtout, de vérifier que chaque animal ait été correctement étourdi. Des études récentes au niveau européen montrent que dans les installations d’étourdissement électrique sur restrainer et par des fréquences d’abattage de 600–700 porcs par heure, les animaux sont conduits au couloir d’amenée par l’utilisation régulière d’instruments électriques d’aide à l’acheminement, très douloureux et contraires à la protection des animaux. Après l’étourdissement électrique ou au gaz, les animaux doivent être saignés au plus vite, avant qu’ils ne se réveillent. À ces fréquences de travail extrêmes, il ne reste que six secondes pour

Dernier train pour les porcs

que le travailleur puisse saigner correctement les animaux, à l’aide d’un couteau de saignée! Par conséquent, 1 % des animaux n’est pas saigné correctement et est

la spécialisation dans la production de

taille. Cela comporte des avantages et des

conduit en plein état de conscience dans

porcelets a fait augmenter les transports

inconvénients. Un nombre restreint de

la phase d’élaboration suivante (échau-

de truies en gestation avancée.

grands abattoirs permet d’appliquer plus

doir!). C’est un scénario d’horreur qui peut

rapidement le savoir-faire et les expé-

concerner, selon les experts, quelque 2,5

Transport dans des véhicules à trois étages: ces véhicules circulent désormais

riences, et d’investir dans de meilleures

millions de porcs, des environ 250 mil-

installations; ils peuvent engager du per-

lions qui sont tués dans l’UE.

aussi en Suisse. La faible hauteur des com-

sonnel bien formé et être surveillés de fa-

partiments limite la place disponible pour

çon plus aisée. Par contre, les transports

Abattage de la volaille: l’étourdisse-

les animaux et rend l’aération difficile. En

augmentent, il faut emmener davantage

ment de la volaille dans un bassin traversé

été, c’est difficile de les rafraîchir. Le char-

d’animaux, selon les tranches horaires,

par du courant électrique, pratiqué au ni-

gement et le déchargement des animaux

les parquer dans des stabulations d’at-

veau mondial depuis des décennies, pré-

est plus compliqué et, surtout, plus long,

tente et finalement, les conduire dans les

sente d’énormes problèmes de protection

si bien que la durée des transports aug-

installations adéquates pour les étourdir.

des animaux, d’abord par le fait que les

mente au détriment des animaux.

Cela demande une technique bien rôdée,

animaux destinés à être tués sont pendus

de l’organisation et une bonne surveil-

par les pieds. De plus la garantie que ces

8.8 Les problèmes de protection des animaux dans les abattoirs

lance.

animaux soient étourdis est insuffisante,

La fréquence d’abattage augmente:

à maintenir la tête et le cou en dehors

En 2010, la Confédération a promulgué de

en Suisse on travaille à des fréquences

de l’eau. À cause de la fréquence d’abat-

nouvelles prescriptions modernes, quant à

d’étourdissement et d’abattage inférieures

tage, extrêmement élevée, il n’est pas pos-

la manière de tuer les animaux dans les

à celles des grands abattoirs de l’UE et des

sible de contrôler et de trier les poulets

abattoirs. De cette façon, beaucoup d’ani-

USA, selon les heures et les lignes d’abat-

qui n’ont pas été correctement étourdis.

maux finiront leur vie sous de meilleurs

tage, notamment en ce qui concerne les

En Suisse, cette méthode obsolète et po-

auspices.

porcs et les poulets. Cependant, cette fré-

sant des problèmes quant à la protection

quence a quadruplé au cours des cin-

des animaux est admise. L’étourdissement

car certains poulets réussissent toujours

Concentration des abattoirs: plus de

quante dernières années. Actuellement,

de la volaille dans des installations mo-

90 % des vaches, veaux et autres bovins,

certains abattoirs suisses spécialisés tuent

dernes, au gaz, constitue une méthode

porcs, chèvres, moutons, poulets et dindes

8000 poulets et 300 porcs par heure. À

plus sûre, ménageant les animaux. Bell

de toute la Suisse sont tués dans une dou-

l’étranger, ce sont parfois même 12 000

SA dispose de ce type d’installation depuis

zaine d’abattoir de moyenne ou grande

poulets et 700 porcs par heure. À de telles

2011, après conseil de la PSA.

50

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


8.9 Les autres aspects de la détention d’animaux de rente

mère et enfant, d’une grande importance chez tous les animaux de rente, est désormais presque impossible. Il y a encore peu

Le contact entre l’être humain et l’animal

d’examens scientifiques quant aux consé-

Le nombre d’animaux par exploitation

pement des jeunes. Cependant, des expé-

augmente et des installations permettant

riences pratiques indiquent que l’élevage

d’économiser le travail ont été introduites,

artificiel ou la séparation rapide et pré-

par exemple les systèmes de traite robo-

maturée de la mère et du petit ont des

tisés. Par conséquent, le contact avec les

conséquences et que, chez les veaux et

animaux diminue. Mais il est plus diffi-

les porcelets, cela les mène à se téter réci-

cile d’établir un contact entre chaque ani-

proquement. Les formes de détention qui

mal et l’être humain également dans les

favorisent les relations sociales naturelles,

détentions extensives comme les stabula-

comme le concept génial de la porcherie

tions libres, l’engraissement au pâturage

familiale, conçue par un comportemen-

et la détention de vaches mères. Le net-

taliste zurichois, le regretté Alex Stolba,

toyage des vaches à la brosse et à l’étrille

n’ont pas pu prendre pied, à l’exception de

est désormais relégué au passé. Beaucoup

la détention des vaches mères. Au vu des

d’animaux ne sont plus habitués à être

nouvelles orientations de l’agriculture, en

attachés et à être conduits à l’attache. Ce-

faveur d’une meilleure protection des ani-

pendant, il faut bien trier les bovins et

maux, la science et la pratique sont solli-

les attacher pour les conduire aux exa-

citées à chercher des solutions pour mieux

mens vétérinaires, aux vaccinations, aux

prendre en compte le comportement so-

soins des sabots, les changer d’étable ou

cial des animaux de rente.

quences sur les mères et sur le dévelop-

La façon dont un paysan approche ses bêtes en dit beaucoup sur la détention Les résultats comptables indiquent que les différences économiques entre les exploitations bien ou mal gérées sont

les transporter.

Rentabilité

plus importantes que celles des exploi-

animaux et celle dont ces derniers réa-

Aucun autre thème que l’économie ne

tations pratiquant des formes de déten-

gissent en dit beaucoup sur la qualité de la

donne autant de sujets de discussion entre

tion d’animaux différentes. Les évalua-

détention. Un contact positif permet gé-

les paysans et les milieux de protection

tions annuelles de l’UFA sur des cen-

néralement à l’animal de rester plus tran-

des animaux. Dans les faits, il s’agit d’y

taines d’installations d’engraissement et

quille, détendu et confiant. L’observation

regarder de façon différenciée. La for-

d’élevage porcins montrent que le pre-

attentive et les soins constituent les fac-

mule simpliste des lobbys agricoles, «pro-

mier quart des paysans gagne presque le

teurs de réussite sanitaire et économique

tection des animaux = augmentation des

double du dernier, indépendamment des

d’une détention – mais aussi ceux que l’on

coûts», est fausse et un peu courte. En

systèmes de détention. Les économistes

sous-estime le plus souvent!

effet, les produits provenant d’animaux

mentionnent toujours un facteur princi-

La façon dont un paysan approche ses

détenus conformément à leurs espèces

pal: la meilleure gestion. La détention de

Une vie sociale limitée

ont un meilleur prix sur le marché et la

vaches mères donne un tableau similaire.

Le comportement social inné des ani-

Confédération soutient ces formes de dé-

25 % de paysans au top gagnent 2 700

maux de rente est très limité par les exi-

tention depuis 1996 par des contributions

francs par vache et par année, tandis que

gences dues à la technique de production.

annuelles (bien que minimes). L’argument

les 25 % mauvais élèves ne gagnent que

Les groupes sociaux naturels se com-

que les animaux doivent être bien traités

1 200 francs! Ici aussi, la gestion, c’est-à-

posent généralement de mâles d’âges dif-

lorsqu’ils fournissent des prestations im-

dire le facteur humain, joue le rôle le plus

férents, de femelles adultes, de juvéniles

portantes est également faux. En effet, la

important. Parallèlement, les entreprises

et de petits. De plus, chez les bovins et les

performance est innée. Un animal à haute

qui gagnent bien n’essuient que 2 % de

porcs, les mères et les filles vivent par-

performance produit beaucoup de lait ou

pertes chez les veaux, contre 15 % chez

fois ensemble durant toute leur vie. Par

d’œufs ou croît rapidement, en produi-

les mauvaises!

contre, dans l’engraissement et la produc-

sant donc beaucoup de viande, qu’il le

En ce qui concerne plusieurs catégo-

tion d’œufs, on détient toujours des ani-

veuille ou non, qu’il soit enfermé ou en

ries d’animaux, il faut constater que la

maux du même âge. De plus, les animaux

liberté. Des recherches de l’ETH de Zurich

protection des animaux rend, certes, la

de rente sont souvent isolés très tôt ou

montraient déjà dans les années 1980 que

production plus chère, par des coûts d’in-

croissent carrément sans mère. Dans la

même des poules en batterie gravement

vestissement plus élevés ou pour un sur-

plupart des cas, la relation naturelle entre

blessées pondaient leur œuf quotidien!

plus de travail. La détention en volière,

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

51


alternative respectueuse des animaux aux

les sorties au pâturage aux 90 sorties an-

pointe de l’iceberg. Certes, les factures du

cages en batterie, a entraîné des coûts de

nuelles, légalement prescrites, fait baisser

vétérinaire et le prix des médicaments ap-

production 10–15 % plus élevés. Des coûts

les recettes du lait de 7 centimes le kilo-

paraissent dans la comptabilité et sautent

supplémentaires très élevés se constatent

gramme, comparé aux vaches qui sont au

aux yeux du paysan. Mais le lait qui se perd

dans l’engraissement des poulets en liberté.

pâturage du printemps à l’automne. Les ex-

durant la période du traitement et la pro-

Le pâturage, la densité inférieure dans le

ploitations au pâturage présentent un po-

duction laitière moindre des vaches concer-

poulailler et l’utilisation d’hybrides à crois-

tentiel d’économie de plusieurs centaines de

nées, en conséquence de la maladie et du

sance lente, pour une durée supplémen-

francs par vache, par rapport aux exploi-

traitement, pèsent beaucoup plus lourd sur

taire de l’engraissement d’environ 50 %,

tations qui maintiennent et fourragent les

la balance. Une meilleure santé animale

font considérablement augmenter les coûts

vaches à l’étable. La détention au pâturage

ne signifie donc pas seulement moins de

de production, comparés à ceux des déten-

et les stabulations libres permettent de di-

coûts de vétérinaire, mais surtout de meil-

tions conventionnelles.

minuer le temps de travail. De plus, les sta-

leures performances, moins de perte de per-

Dans l’élevage et l’engraissement des

bulations libres avec salle de traite peuvent

formance, moins de décès, une meilleure

porcs et dans l’engraissement des bovins,

également faire diminuer la charge de tra-

exploitation des bâtiments et des installa-

les coûts d’investissement diffèrent peu

vail due à la traite. On y constate moins de

tions, moins de coûts de fourrage, de récu-

d’une forme de détention à l’autre, à l’ex-

postures défavorables par rapport à la traite

pération, de travail et de soins.

ception de l’engraissement au pâturage,

dans les étables à l’attache.

La protection des animaux est sou-

possible sans construire des étables chères.

Des expériences dans le pays et à

vent vue en lien avec de grands projets de

Par contre, les formes de détentions res-

l’étranger montrent que la pâture régu-

construction ou de réaménagement et, par

pectueuses des animaux prévoyant de la

lière et l’élevage en liberté favorisent la

conséquent, avec des centaines de mil-

litière et la possibilité de sortir génèrent

fertilité et l’état sanitaire des animaux (p.

liers de francs d’investissements. De plus,

parfois un surplus de travail. Pour cette

ex. ils réduisent les problèmes aux sabots,

les étables existantes ne sont pas toutes

raison, les suppléments de prix pour les

les mastites, les maladies aux membres) et

amorties et les détenteurs d’animaux ne

produits bio et labellisés et les contribu-

rallongent leur durée de vie. Il en découle

disposent pas tous d’un matelas financier

tions étatiques SST/SRPA sont justifiés.

un important potentiel d’économie, si l’on

épais. La protection des animaux n’est-

En revanche, dans la détention de

considère que les mastites et les troubles de

elle donc que pour les paysans riches?

vaches laitières, les mesures de protection

la fertilité coûtent chaque année un demi

Absolument pas! Il ne doit pas toujours

des animaux ont grandement contribué à

milliard de francs de pertes aux 40 000 pro-

s’agir de transformations coûteuses. La

faire baisser les coûts de production. Une

ducteurs laitiers suisses.

bonne volonté et le talent permettent de

modélisation de l’ETH a indiqué que limiter

Les coûts vétérinaires ne sont que la

faire beaucoup et à moindres frais pour le bien-être des animaux: • Un affourragement optimal (en qualité, régularité, fréquence) et de l’eau propre et fraîche en permanence (p. ex. dans l’engraissement des veaux!) • De la lumière et de l’air (éviter les gaz nocifs, la poussière, les courants d’air; beaucoup d’air frais par les fenêtres ou les portes ouvertes; maintenir les parois et le plafond propres; évacuer le fumier; prévenir la surchauffe et l’hypothermie) • Soins (sabots et pelage; état sanitaire), parler aux animaux, surveiller les installations (danger d’accident et de blessures) • Veiller à mettre de la litière ou à aménager des surfaces pour que les animaux puissent se coucher (les animaux se re-

La détention en stabulation libre est bonne pour les animaux et réduit le travail

52

posent durant 12 heures!), leur donner des possibilités de s’occuper • Du mouvement (les sortir à l’air libre)

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


De nombreux paysans et consultants agri-

d’environ 20 % de toutes les émissions de

coles insistent pour que la main-d’œuvre

gaz à effet de serre. Le libre-échange faci-

Importance pour l’environnement

humaine soit remplacée par des tech-

lite la production et le transport de four-

On part du principe que la détention mon-

niques et des machines coûteuses. Cela

rages concentrés au niveau mondial, ce

diale d’animaux de rente est responsable

est tout à fait plausible, mais les limites

qui exerce aussi un effet sur le climat. Au

d’environ 15 % des émissions anthro-

économiques à cela sont souvent négli-

cours de dix dernières années, la Suisse

piques de CO2. Sur l’ensemble des bovins

gées. Par exemple, cela n’a pas beaucoup

a importé de plus en plus de fourrages

et des porcs élevés dans le monde entier,

de sens de remplacer de la main-d’œuvre

concentrés, produits dans des régions pro-

seul un sur mille se trouve en Suisse. L’in-

bon marché par une technique coûteuse.

blématiques en ce qui concerne la pro-

fluence de la détention animale suisse sur

Plus le paysan investit dans de la tech-

tection de l’environnement et du climat.

le climat mondial est donc modeste. Si la

nique, par exemple dans la production

De plus, utiliser les steppes et autres sur-

détention d’animaux était interdite dans

laitière, plus il devra augmenter la per-

faces herbeuses naturelles à des fins de

notre pays, cela ne ferait diminuer que de

formance de ses vaches pour répartir les

cultures peut s’avérer un phénomène de

0,015 % les émissions globales de CO2.

coûts élevés sur les kilogrammes de lait

brève durée, car les cultures qu’on y pra-

Dans son ensemble, la Suisse est mo-

produits. Une installation de traite auto-

tique, généralement des monocultures, ne

dérément «occupée» par des animaux et

matisée engendre donc des surcoûts de

ménagent pas les sols. Il faut donc s’at-

n’est pas surpeuplée, contrairement à ce

plusieurs dizaines de milliers de francs par

tendre à ce que la mince couche d’humus

que l’on prétend parfois. Notre 1,3 mil-

an, comparée à une salle de traite en épi

fertile soit emportée par l’érosion et que

lion d’unités de gros bétail (UGB) se répar-

avec trayeur. On peut se demander à bon

ces terrains ne puissent plus être utilisés ni

tissent sur 1,1 million d’hectares de sur-

droit si cet argent n’est pas mieux investi

pour la culture ni pour la pâture.

face agricole, ce qui correspond à une oc-

dans le travail d’une personne qui trait les

Il faut faire la distinction entre la produc-

cupation de 1,2 UGB/ha. À titre de com-

vaches et s’en occupe – ce que le robot ne

tion animale industrielle et la détention

paraison, les Pays-Bas ont une densité de

sait pas faire!

d’animaux paysanne, adaptée à la station

3,5, le Danemark de 1,6 et l’Allemagne de

et respectueuse des espèces. Cette dernière

1,1 UGB/ha. Cependant, même en Suisse,

Protection du climat

compte sur des animaux consommant des

la détention d’animaux est parfois problé-

La production animale industrielle, repo-

fourrages grossiers, tels que les bovins, les

matique en ce qui concerne l’environne-

sant sur la détention d’animaux en masse,

moutons, les chèvres et les chevaux et ne

ment. En sont concernés les cours d’eau,

a une influence incontestée sur le climat.

fait que peu d’usage de fourrage concen-

l’air et les sols dans les cantons qui ont

Transformer des pâturages en champs

trés. Ces manières de détenir les animaux,

permis d’augmenter leurs effectifs de bé-

cultivés, soit pour alimenter directement

au pâturage, dans des conditions proches

tail, au cours des dernières années, bien

les êtres humains, soit pour fourrager des

de l’état naturel, n’influencent pas le cli-

animaux, de même que produire et ap-

mat. Au contraire, elles permettent de

pliquer aux sols des engrais azotés syn-

fixer du CO2 dans l’humus du sol. Les ru-

thétiques, libère de grandes quantités de

minants au pâturage ne concurrencent

CO2 et de monoxyde d’azote dans l’at-

pas l’être humain du point de vue des res-

mosphère. Ces deux gaz ont un effet no-

sources alimentaires, car ils exploitent des

toire sur le climat. La tendance mondiale

surfaces enherbées en permanence, sou-

à étendre les surfaces cultivables, no-

vent pas cultivables. De ces herbages que

tamment dans des stations qui n’y sont

l’être humain ne peut pas digérer, ils pro-

pas appropriées, exerce dès lors un effet

duisent du lait et de la viande. Une dé-

considérable sur le climat. Or, ces cultures

tention d’animaux paysanne basée sur un

servent souvent à produire des fourrages

pâturage réglé et une gestion naturelle par

industriels, afin de nourrir des fabriques

des exploitations bio et IP constitue donc

d’animaux.

une partie de la solution aux problèmes

Le défrichement des forêts tropicales

climatiques, contrairement aux déten-

à des fins de pâturage et le changement

tions d’animaux en masse qui les créent.

d’utilisation de certaines surfaces her-

La Suisse, où la proportion de prairies,

beuses et autres surfaces de pâturage ex-

pâturages et zones d’alpage est élevée et

tensif, telles que des steppes, des savanes,

où moins un tiers de la surface agricole

des pampas, pour gagner des terrains

utile est cultivable, possède les meilleures

cultivables (entre autres pour y cultiver

conditions pour cela.

du soja et des céréales) sont responsables

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

Défricher pour créer des pâturages et planter pour produire du fourrage…

53


tonnes de fourrage protéique. Certes, la demande suisse en soja ne représente que 0,3 % de la quantité commercialisée sur le plan mondial, tandis que l’UE et la Chine, à elles seules, se servent de 60  %, soit 200 fois plus. Cependant, c’est inquiétant que la culture de végétaux fourragers ne soit plus encouragée en Suisse, d’autant plus que les nouvelles variétés de soja se prêtent bien à être cultivées dans nos régions climatiques. Au lieu de cela, les importations de fourrages protéiques ont triplé, celles de soja ont carrément décuplé. Les raisons de cela sont multiples et dépendent, entre autres, de l’augmentation de la performance des animaux de rente, de l’extension de la production laitière et de viande, de la diminution de la proportion de fa-

Beaucoup d’animaux, cela signifie beaucoup de lisier: mauvais pour les eaux souterraines et pour le climat

rines de poisson dans les rations (afin de contenir la surpêche au niveau mondial), de l’interdiction des farines animales depuis la crise de la vache folle (BSE) et de

que la densité d’animaux sur leur terri-

la tendance croissante à administrer des

l’interdiction de nourrir les porcs avec des

toire soit déjà élevée. En particulier, il y a

fourrages concentrés à des animaux qui

reste de repas, en vigueur depuis 2011,

des régions du canton de Lucerne où les

consomment des fourrages grossiers, en

ainsi que des prix des fourrages importés,

animaux sont particulièrement concen-

particulier pour la production laitière et

actuellement relativement bas.

trés et, par conséquent la production de

la production de viande de bœuf, est ex-

lisier est élevée. Il en va de même pour les

trêmement douteuse.

8.10 Le gaspillage des ressources

cantons d’Appenzell Rhodes-Intérieures,

En Suisse, au milieu des années 1970,

St Gall, Thurgovie, Zoug, Obwald, Nid-

les importations et l’administration de

En Suisse, comme dans d’autres pays,

wald et Fribourg, avec 2 UGB/ha et plus.

fourrages concentrés ont atteint le record

on gaspille encore beaucoup trop de res-

Par contre, dans tous les autres cantons, la

absolu. On en importait environ 1,5 mil-

sources dans la production et la distribu-

densité du bétail est inférieure à 1,0 UGB/

lion de tonnes, plus les 500 000 tonnes

tion des denrées alimentaires. Cela com-

ha. Dans les régions à la densité élevée de

qui étaient produites dans le pays, c’est-

mence dans les étables. En particulier, la

bétail, l’engrais de ferme épandu en excès

à-dire qu’environ 2 millions de tonnes

courte durée de la performance maximale

peut charger les eaux souterraines ou de

de fourrages concentrés ont fini dans

raccourcit également la vie de vaches,

surface en nitrate et phosphore et dégager

les mangeoires. Vingt ans plus tard, on

porcs et poules. Par conséquent, il faut

davantage d’ammoniac dans l’air.

n’en importait plus que 350 000 tonnes.

élever chaque année plus d’animaux, pour

Entre-temps, l’importation de fourrages

remplacer les générations précédentes, qui

Emploi de fourrages concentrés

protéiques, tels que le soja, a augmenté

sortent de scène de plus en plus jeunes. Il

chaque année. Aujourd’hui, leur quan-

faut donc plus de fourrage, plus d’espace,

Administrer des céréales, du maïs, du soja,

tité correspond presque au triple d’il y a

plus d’énergie et plus de travail, pour un

des pommes de terre, des raves et autres

quinze ans: environ 1 million de tonnes!

gaspillage d’animaux toujours plus élevé!

produits similaires au bétail n’est pas

Ces fourrages sont produits à l’étran-

mauvais en soi. La volaille, par exemple,

ger, sur une surface globale de quelque

profite des céréales mieux que tous les

250 000 hectares, ce qui correspond en-

Des denrées alimentaires dans les ordures

autres animaux de rente, les transformant

viron à la surface du canton du Tessin.

On parle à peine du fait que 30 à 50  %

en œufs et en viande. La production vé-

Le développement des céréales indi-

des denrées alimentaires produites dans

gétale destinée à l’alimentation humaine

gènes destinées au fourrage a suivi un

le monde finissent à la poubelle, au lieu

génère de grandes quantités de «déchets»

destin inverse. La quantité de 800  000

de nourrir des êtres humains. Cela signi-

que des animaux, en particulier les co-

tonnes, produite en 1995, est descendue

fie qu’il est déjà possible de nourrir toute

chons, peuvent consommer. Par contre,

aux 550 000 tonnes actuelles, dont 70 000

l’humanité avec les denrées alimentaires

54

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


produites aujourd’hui, cela également en

tonnes de viande. Cela génère 220 000

carcasses sont destinées aux pays asia-

l’an 2050 – bien que l’on suppose qu’à ce

tonnes de sous-produits de provenance

tiques. On observe des situations analo-

moment-là, un hectare de terre agricole

animale, qui sont désormais jetés et inci-

gues – des importations de viande limi-

devra nourrir 5,5 personnes, au lieu des

nérés dans leur grande majorité, après les

tées aux parties nobles – pour la viande

4,5 actuelles.

expériences de la BSE et l’interdiction de

de bœuf et de poulet. Entre-temps, la de-

Dans les pays pauvres, le problème

nourrir les animaux de rente avec des fa-

mande croissante de parties nobles de la

du gaspillage est dû surtout au mauvais

rines animales. Bien sûr, on ne remet pas

part des consommateurs suisses, au pou-

stockage, notamment des céréales, si bien

en question le principe d’éviter le canni-

voir d’achat élevé, pose un problème de

qu’il y a trop de perte par avarie. Chez

balisme, c’est-à-dire qu’on ne donne pas

fond, car la valorisation des autres par-

nous, la mentalité de jeter commence

la farine d’un animal d’une certaine es-

ties des animaux élevés et abattus dans le

dans les champs et à l’étable, lorsque l’on

pèce à des animaux de la même espèce,

pays et de plus en plus difficile.

trie les pommes de terre, les pommes, les

ce qui se passait encore jusqu’en 1990.

Les parties «de moindre valeur»

salades ou les œufs trop gros ou trop pe-

Cependant, le gaspillage extrême de la

doivent être déclassées et vendues ou ex-

tits. Le commerce fixe également des cri-

ressource «sous-produits de provenance

portées au-dessous de leur valeur réelle, si

tères qui n’ont rien à voir avec la valeur

animale» devrait stimuler à réfléchir à

bien que les bouchers doivent vendre net-

nutritive des produits. Ainsi, en Suisse

une utilisation plus intelligente que l’in-

tement plus chères les parties nobles des

on évacue encore une partie des poules

cinération! Car l’interdiction de fourra-

animaux indigènes, afin de rentrer dans

pondeuses abattues dans des installations

ger avec des farines animales a contri-

leurs frais. Ils perdent donc de la com-

pour la production de biogaz, bien que

bué à faire augmenter l’importation de

pétitivité face à l’importation. De plus,

leur viande soit tendre. Cette quantité de

fourrages concentrés, douteuse du point

à cause de cette demande unilatérale de

viande de volaille permettrait de nourrir

de vue écologique, au cours des dix der-

parties nobles, il faut engraisser et abattre

toute la ville de Winterthur. Un exemple

nières années.

davantage d’animaux. La sélection essaie d’y faire face en misant sur des lignées

particulièrement crapuleux des «exigences de qualité» douteuses est le diktat

La demande de parties nobles

avec davantage de parties nobles, ce qui

des bouchers suisses quant à la couleur de

La Suisse se procure à peu près la moitié

génère rapidement des effets négatifs sur

la viande de veaux, qui a duré plusieurs

de la viande de mouton qu’elle consomme

le bien-être et l’état sanitaire des porcs et

décennies. En Suisse, selon les organisa-

en Australie et en Nouvelle-Zélande. Il

des poulets.

tions de protection des consommateurs,

s’agit sans exception, de parties nobles.

plus de 2 millions de tonnes de denrées

Pour cela, plus de 2 millions de moutons

alimentaires ne sont pas utilisées, c’est-

doivent être abattus dans les pays de pro-

à-dire quelque 300 kilogrammes par per-

venance. Les parties moins nobles de ces

sonne. Il semble que les ménages, à eux seuls, jettent 700 000 tonnes de denrées alimentaires aux ordures! L’offre gigantesque et la «manie du frais» sont responsables des grandes quantités d’aliments qui sont jetées. La chercheuse en matière de déchets, Felicitas Schneider, dans ses recherches sur les ménages en Autriche, a découvert que les utilisateurs finaux jettent chaque année des denrées alimentaires pour une valeur de 400 euros, dont parfois des produits encore parfaitement emballés et pouvant être conservés!

Sous-produits de provenance animale Lorsqu’on abat un porc, un tiers de la carcasse finit aux ordures. Lorsqu’il s’agit d’une vache, c’est carrément la moitié. En Suisse, on produit annuellement 450 000

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

Une partie des poules pondeuses est simplement incinérée après l’abattage

55


9. Des mesures pour améliorer le bien-être des animaux 9.1 Généralités

laitières sont poussées à des performances

tention particulièrement respectueuses

Celles et ceux qui observent la façon dont

toujours plus hautes et les truies mettent

des animaux: elle ne fixe que la limite

les paysans détiennent leurs animaux, de

au monde plus de porcelets qu'elles n'ont

entre ce qui est admis et ce qui est interdit.

nos jours, seront étonnés. On ne trouvera

de mamelles. Des stabulations dénudées

Un moyen qui s'est avéré efficace

plus les poules sur le tas de fumier, telles

pour engraisser des bovins et des porcs,

pour améliorer le bien-être des animaux

que les décrivait Gotthelf. Les détentions

sans paille pour se coucher et sans la pos-

dans l'agriculture consiste en une combi-

d'animaux ont énormément augmenté par

sibilité de sortir en plein air sont légales.

naison d'économie de marché et de me-

rapport au passé, et les installations tech-

Et la politique (agricole) veut ouvrir les

sures étatiques. En particulier, faire en

niques telles que les trayeuses robotisées

frontières à toujours plus de denrées ali-

sorte que les consommateurs demandent

et le fourragement contrôlé par ordinateur

mentaires produites dans des conditions

davantage de produits labellisés et pro-

ont fait leur entrée. Certes, des formes de

interdites chez nous et dans des déten-

mouvoir les formes de détention particu-

détention telles que la stabulation libre,

tions d'animaux en masse. De cette ma-

lièrement respectueuses des animaux par

la sortie et le pâturage se sont amplement

nière, elle met sous forte pression les ef-

des paiements directs spécifiques.

répandues entre-temps et ne constituent

forts qui se font en faveur du bien-être des

plus les cas exceptionnels qu'elles étaient

animaux dans notre pays.

9.2 Responsabilité individuelle

encore il y a vingt ans. Entre-temps, des

Il est donc toujours urgent d'interve-

parties importantes de l'agriculture et de

nir en ce qui concerne le bien-être des

La protection des animaux demande

l'élevage suisses se distinguent positive-

animaux. À l'avenir, les milieux de la pro-

d'abord des personnes responsables, puis,

ment des pratiques des autres pays.

tection des animaux ne doivent pas miser

mais seulement en un second temps, le

Toutefois, au royaume des aveugles,

trop fort sur la législation en la matière.

soutien de l'État. On peut placer la protec-

les borgnes sont rois. Dans notre pays, des

Cette dernière a été complètement révi-

tion des animaux sous ordonnance, mais

millions d'animaux vivent toujours dans

sée il y a quelques années seulement et

afin que les prescriptions soient réelle-

des étables étriquées sans la possibilité de

de nombreux délais transitoires courent

ment efficaces en faveur des animaux,

sortir en plein air. Les veaux sont tou-

jusqu'en 2018. La volonté politique en fa-

elle doit être vécue au quotidien par les

jours fourragés pour produire de la viande

veur d'une révision totale est donc mi-

paysans et les consommateurs.

claire, si bien qu'ils doivent être traités

nime. De plus, il faut considérer que la

Il ne s'agit pas de renoncer à la

aux antibiotiques plus souvent que les

législation en matière de protection des

consommation, mais de consommer de

autres catégories d'animaux. Les vaches

animaux ne prescrit pas de formes de dé-

façon responsable. S'il faut manger des

56

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


Que puis-je faire? 1. M’informer au sujet de la détention animale et de l’agriculture, p. ex. sur www.protection-animaux.com et www. mangeravecducoeur.ch. Discuter avec des amis sur la protection des animaux et sur la consommation. 2. Adopter un mode de vie végétarien ou ne consommer de la viande que modérément, c’est-à-dire pas quotidiennement – les physiologistes de la nutrition recommandent d’en consommer 1 à 2 fois par semaine. Par contre, miser sur la qualité (en ce qui concerne le fourrage, la protection des animaux, la détention paysanne, les transports, la sélection), prêter attention aux produits régionaux et Suisses dotés de labels contrôlés et crédibles.

9.3 Le rôle des consommateurs

d'autre choix que de faire preuve de

Les consommateurs doivent connaître

alimentaire et le commerce et leur ma-

l'interdépendance entre leurs achats et le

nière correcte d'agir. Cela explique aussi

bien-être des animaux dans les fermes.

la sensibilité élevée en ce qui concerne la

Seul un consommateur averti peut réflé-

sécurité et la qualité des denrées alimen-

chir à ses achats et peut être prêt à payer

taires et la «scandalisation» médiatique

un prix plus élevé pour des produits is-

immédiate lors d'irrégularités et de pro-

sus d'une détention respectueuse des ani-

blèmes. Des contrôles crédibles, accom-

maux.

pagnés de sanctions lorsque celles-ci sont

confiance envers les paysans, l'industrie

Le consommateur suisse a une res-

nécessaires, sont également importants,

ponsabilité vis-à-vis des animaux, au vu

avec l'information aux consommateurs

de sa haute consommation de produits de

et les déclarations.

provenance animale (quelque 170 kilodépenses réduites des ménages suisses

9.4 Le rôle de l'agriculture et de l'économie alimentaire

pour l'alimentation: 7 % du budget du

Ceux qui gagnent de l'argent avec des

ménage. Même un ménage de quatre per-

animaux et des produits de provenance

sonnes ne dépense plus au-delà de 10 %.

animale, que ce soient des paysans, des

œufs, des produits laitiers et de la viande,

Pour un revenu mensuel de 5 000 francs,

transporteurs, des bouchers, des com-

il faut au moins garantir une détention

cette proportion monte à 13 %. Il y a cin-

merces de détail, des professionnels de la

décente et des traitements qui ménagent

quante ans, cette proportion était encore

gastronomie ou des importateurs, ont un

les animaux. Les conditions économiques

de 30 % et plus. Du point de vue interna-

devoir éthique clair envers les animaux.

ne doivent pas être perdues de vue. D'une

tional, la Suisse est à la pointe. En Alle-

Ils doivent en tenir compte dans leur en-

part, les paysans respectueux des ani-

magne, le ménage moyen dépense 14 %

vironnement de travail et dans la mesure

maux veulent aussi vivre de leur élevage

de son budget pour les denrées alimen-

de leurs possibilités. La PSA coince régu-

et, d'autre part, même des consomma-

taires, bien que leurs prix, en Allemagne,

lièrement des paysans et des représentants

teurs très motivés par la protection des

soient plus bas qu'en Suisse.

de la branche alimentaire sur cet aspect.

animaux ne peuvent pas dépenser sans limites pour leur alimentation.

grammes par an), ainsi qu'en raison des

Par sa demande, le consommateur a

Les étables et les installations se trouvent

un rôle très important, mais également

souvent déjà en place au moment où l'on

Cette vision pragmatique n'exclut pas

difficile, car il lui manque désormais tout

remet une ferme et ne sont pas encore

que la PSA s'engage fortement afin de ré-

rapport avec l'élevage et l'élaboration des

amorties. Pour cette raison – afin d'évi-

duire la consommation de produits de pro-

denrées alimentaires. Cet «éloignement»

ter des cas extrêmes – le législateur doit

venance animale et en faveur de l'alimen-

est de plus en plus marqué et semble être

toujours fixer des délais transitoires pour

tation végétarienne et végétalienne. Em-

irréversible. Les consommateurs n'ont

que les étables existantes soient adaptées,

Qualité des produits et bien-être des animaux

stockage correct, le refroidissement et la

et encourager des solutions alternatives aux produits de provenance animale – ne

Contrairement aux vaches nourries aux

la qualité de la viande. Les porcs bien dé-

constitue aucunement une contradiction

fourrages concentrés et détenues uni-

tenus donnent une viande légèrement

ni un manque de cohérence. C'est plutôt

quement à l’étable, les vaches qui sortent

rouge, de haute qualité, grâce au mouve-

une nécessité des organisations de protec-

au pâturage produisent du lait riche en

ment. Il en est de même pour les veaux

tion des animaux qui sont jugées sur la

acides gras insaturés omega-3, p. ex. de

nourris et détenus conformément à leur

base des objectifs qu'elles atteignent dans

l’acide linoléique, qui se retrouve égale-

espèce.

les améliorations concrètes en faveur des

ment dans le fromage fabriqué à partir de

Les poules élevées en plein air

animaux – à l'étable, dans les transports

ce lait. Leur viande est également meil-

pondent des œufs contenant jusqu’au

et à l'abattoir. La vraie protection des ani-

leure du point de vue physiologique et nu-

double de caroténoïdes par rapport à

maux va au delà des sermons et des stig-

tritionnel et, en outre, elle est plus tendre.

celles qui sont élevées dans des poulail-

matisations moralistes pour se donner une

C’est ce que montre une comparaison ré-

lers. La viande des poulets élevés en plein

bonne conscience!

cente entre détentions à l’étable et au

air présente une meilleure qualité organo-

pâturage de l’ETH de Zurich. Bien sûr, le

leptique et est plus juteuse.

prunter ces deux chemins – une consommation acceptable de produits issus de détentions respectueuses des animaux

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

durée du stockage influencent également

57


tion de l'offre respectueuse du bien-être

tout est à construire en ce qui concerne

des animaux soient entamées.

le bien-être des animaux. En 2008, les

On peut se demander si la clientèle et

Suisses ont dépensé plus de 13 milliards

les entreprises sont vraiment servies par

de francs pour manger au restaurant. Se-

la multiplication actuelle des lignes de

lon une étude de l'institut amPuls Mar-

produits ou si cette dernière ne renché-

ket Research de 2009, la viande est tou-

rit pas simplement les produits. D'une fa-

jours l'élément le plus important des me-

çon générale, on peut admettre que les

nus consommés au restaurant. Un quart

prix des produits suisses, notamment des

des mets à base de viande consommés au

produits labellisés, soient plus élevés que

restaurant contient du porc, qui consti-

dans l'UE. Cela également parce que les

tue donc la viande la plus appréciée au

exigences suisses en matière d'écologie et

bistrot, suivie de près du bœuf, avec une

de bien-être des animaux sont plus éle-

proportion de 23 %. La volaille suit une

vées. Cependant, la part qui revient aux

tendance variable et se situe actuellement

producteurs pour couvrir les coûts est jus-

à 18 %.

tement de plus en plus basse dans le do-

Trois entreprises gastronomiques se

maine de la viande et des œufs. Cela si-

distinguent en ce qui concerne l'utilisa-

gnifie que les paysans reçoivent de moins

tion de viande issue de détentions res-

en moins de ce que le consommateur paie.

pectueuses des animaux. McDonald’s, le

Même si les éleveurs vendaient leurs ani-

numéro un de la gastronomie suisse en

maux aux abattoirs à des prix européens,

ce qui concerne son chiffre d'affaires, de-

le prix de la viande du pays dans les com-

puis février 2010 propose uniquement de

lorsqu'il promulgue de nouvelles prescrip-

merces serait plus élevé qu'à l'étranger.

la viande de bœuf suisse provenant de dé-

tions quant au bien-être des animaux. Ces

L'optimisation des coûts de la viande, du

tentions avec sorties régulières en plein

délais peuvent aller jusqu'à dix ans. Ce-

lait et des œufs sur le dos des paysans se

air (SRPA), après recommandation de la

pendant, la gestion, le soin des animaux,

répercute rapidement sur le bien-être des

Protection Suisse des Animaux PSA. En

leur observation et le contact que l'on en-

animaux, sur la qualité des produits et sur

2009, McDonald’s Suisse a acheté 3900

tretient avec eux, ainsi que les sorties au

leur sécurité. D'autre part, les consomma-

tonnes de bœuf aux paysans suisses, cor-

pâturage, sont des aspects qui peuvent

teurs, au niveau de leur porte-monnaie,

respondant à 4,5 % du bœuf consommé

être réglés sans grands investissements.

ne remarquent quasiment rien de ces éco-

en Suisse. Migros, le deuxième acteur

Ils peuvent donc être pris en compte par

nomies contreproductives. Selon les com-

de la gastronomie suisse, propose de la

tout détenteur d'animaux responsable, in-

merces de détail, les œufs, la viande et

viande labellisée depuis un peu plus long-

dépendamment de la situation de son in-

les produits laitiers sont parfois vendus à

temps dans ses restaurants. Les restau-

frastructure et de ses finances.

De la viande issue de détentions permettant la sortie régulière en plein air: McDonald’s

des prix très différents, même en dehors

rants de Coop, numéro six de la gastrono-

Les anciens moteurs du dévelop-

des actions. Cela signifie qu'il y a encore

mie suisse, misent de façon conséquente

pement des produits respectueux du

des possibilités de rendement dans ce do-

sur la viande labellisée. Ils n'utilisent que

bien-être des animaux, Migros et Coop,

maine.

du bœuf et du porc Coop Naturafarm et du veau bio.

semblent désormais piétiner. Leur stra-

Tandis que Migros et Coop proposent

tégie de présenter une offre aussi vaste

un assortiment de produits respectueux

La fondation «Goût Mieux» distingue

que possible fait de la concurrence aux

du bien-être des animaux relativement

65 restaurants qui se sont engagés à s'ap-

produits respectueux des animaux. Ces

étoffé, la plupart des autres commerces

provisionner de façon conséquente, de

derniers ne constituent désormais plus

de détail peuvent encore faire des efforts

produits bio et provenant de détentions

qu'une offre parmi d'autres, entre les

dans ce sens. Par exemple, peu de com-

respectueuses des animaux (www.gout-

lignes de produits avantageux et la pa-

merces proposent des poulets d'élevages

mieux.ch). L'action «Manger avec du

noplie de spécialités (Heidi, Anna’s Best,

en liberté, des lapins ou de la viande

cœur» de la Protection Suisse des Ani-

Betty Bossi, Pro Montagna, Jamie Oliver),

d'agneau labellisés. Par contre, hélas, de

maux PSA indique environ 120 restau-

jusqu'aux offres Premium et aux lignes de

plus en plus de viande importée, produite

rants qui proposent régulièrement des

produits pour enfants. Par conséquent, la

dans des détentions en masse interdites

menus végétariens ou avec des produits

publicité en faveur des produits respec-

chez nous, dans lesquelles, force est de

issus de détentions respectueuses des ani-

tant les animaux diminue. Il y a donc le

constater que le mot «contrôle» est in-

maux (www.mangeravecducoeur.ch).

danger que la créativité et la crédibilité de

connu.

Migros et Coop du point de vue de la ges-

58

Dans la branche gastronomique,

Par contre, la majorité des 20 000 et plus restaurants, cantines du personnel et

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


fast-food de Suisse n'utilise que peu de

labellisés ou parce que le marché sus-

PSA souhaite dès lors tendre vers une

produits provenant de détentions respec-

cite des comportements et des pratiques

«Suisse, pays des élevages en liberté» et a

tueuses des animaux. Ils ne proposent que

contraires à la protection des animaux,

élaboré un catalogue de mesures de poli-

de la viande et des œufs suisses conven-

comme lors des importations bon mar-

tique agricole à cet égard.

tionnels ou, le plus souvent, importés. La

ché de produits issus de détentions ani-

plupart du temps, les tenanciers ne sont

males en masse ou de denrées comme le

pas renseignés quant aux conditions de

foie gras et les cuisses de grenouille. Dans

1. Mesure: une stratégie qualitative conséquente

détention des animaux en Suisse et à

ces cas, l'État peut interdire certaines im-

La PSA demande depuis vingt-cinq ans

l'étranger et aux différents labels pour le

portations, exiger une déclaration de pro-

une stratégie de qualité conséquente en

bien-être des animaux.

tection des animaux pour les denrées ali-

matière d'agriculture et s'engage à mettre

Il semble que, dans le domaine gas-

mentaires ou promouvoir des systèmes de

sur pied et en application des programmes

tronomique, le prix est toujours prioritaire

détention respectueux des animaux, leur

de labellisation en faveur du bien-être

par rapport à la qualité. Pourtant, les ma-

permettant la sortie.

des animaux et dans l'information des

tières premières ne font presque pas la dif-

Un tel engagement de l'État en faveur

consommateurs à ce sujet. Il est désor-

férence en ce qui concerne le prix: le coût

du bien-être des animaux est légitimé par

mais important que la politique agricole

d'un œuf d'élevage en liberté ne consti-

la grande importance que la population

soit basée sur une stratégie de qualité,

tue que 4  % du prix d'un tiramisu de CHF

suisse accorde à la détention respectueuse

afin de viser des stratégies, de compléter

6.60. Le prix de la viande convention-

des animaux de rente. Pour cette exigence

les défaillances du marché et de se profi-

nelle suisse représente 33  % d'un menu

qu'elle impose à sa paysannerie, la po-

ler sur un marché agricole international

avec steak, pommes frites et légumes à

pulation est largement disposée à investir

en ouverture. Mener une stratégie timide

CHF 23, celui de la viande labellisée ou

une part élevée de l'argent de ses impôts.

comme celle menée jusqu'à présent – la

provenant d'une détention respectueuse

La détention des animaux de rente n'est

politique agricole encourage un peu de

des animaux représente 37 %, soit à peine

pas seulement le secteur financier le plus

qualité par-ci, un peu de quantité par-là

un franc de plus. Le porte-monnaie du

important de l'économie alimentaire: elle

– est inefficace et n'a pas de sens dans un

client ne verra pas de différence si le te-

exerce un effet sur la qualité des produits

pays aussi petit que la Suisse.

nancier utilise des produits un peu plus

laitiers, de la viande et des œufs, ainsi

À une époque où les terres agricoles

chers, mais respectueux des animaux. Par

que sur celle de l'air, des sols et de l'eau.

se font de plus en plus rares et que la

contre, cela apporte beaucoup aux ani-

La détention des animaux de rente influe

demande de denrées alimentaires et de

maux et à la qualité du repas!

également sur l'approvisionnement en

produits de provenance animale aug-

Puisque presque la moitié de la viande

denrées alimentaires, le cadre paysager,

mente, notamment dans les pays autre-

consommée en Suisse est écoulée par les

l'utilisation des terres agricoles et l'ex-

restaurants, il est très important que la

ploitation des ressources et de l'énergie,

branche de la gastronomie prenne enfin

ainsi que sur les émissions de gaz à effet

ses responsabilités vis-à-vis des animaux

de serre. D'après les expériences et dans

et de leur bien-être. Il y a assez de clients

l'état actuel des connaissances scienti-

qui feront honneur à ces efforts. À l'occa-

fiques, on peut affirmer que les déten-

sion d'une enquête que la PSA a menée en

tions paysannes respectueuses du bien-

2011 auprès des milieux de la gastrono-

être des animaux exercent un effet positif

mie, même les restaurateurs ont estimé le

sur tous ces aspects. Les détentions d'ani-

potentiel du bien-être des animaux à

maux en masse et les fabriques d'animaux

50 %.

produisent des denrées momentanément bon marché, mais pour lesquelles l'être

9.5 Le rôle de l'État

humain, les animaux et l'environnement

L'État doit être plus actif pour stopper les

paient le prix fort sur le long terme, par

abus et les pratiques contraires à la pro-

des scandales alimentaires répétés, des

tection des animaux, poursuivre les in-

dégâts environnementaux ou des cruau-

fractions et les sanctionner. De plus, il

tés envers les animaux. Par contre, tout

doit intervenir dans le cas d'échec sur

le monde profite des mesures en faveur

le marché, c'est-à-dire là où le marché

du bien-être des animaux: les paysans,

et les consommateurs seuls ne peuvent

les consommateurs et les contribuables –

pas exercer une influence. Par exemple

mais aussi l'environnement!

parce qu'il manque une offre de produits

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

La Protection Suisse des Animaux

Les prix suisses ne sont justifiés que par des exigences élevées quant à la qualité et au bien-être des animaux

59


fois pauvres, l'approvisionnement à long

versés chaque année par les paiements di-

terme de la population indigène par les

rects sont investis pour le bien-être des

3. Mesure: des contrôles et des sanctions conséquents

paysans suisses doit être revalorisé. Les

animaux. Par conséquent, des millions

Une décision du Tribunal fédéral tombée

nécessités des consommateurs, aussi bien

d'animaux de rente doivent continuer à

en été 2011 a permis de verser les paie-

en matière de qualité que de durabilité des

vivre toute leur existence dans des étables

ments directs à un paysan de Thurgovie

produits, doit à nouveau être au centre de

étriquées, sans avoir de surfaces appro-

qui, entre autres, a maltraité un cheval au

l'attention.

priées pour se coucher et sans la possibi-

point de le faire mourir. Le Canton avait

lité de sortir en plein air. La PSA demande

refusé une partie des paiements directs.

2. Mesure: des paiements directs qui ciblent les objectifs

donc que les paiements directs soient ver-

Cette décision scandaleuse du Tribunal

sés autrement: les contributions géné-

fédéral fait la part belle à ceux qui com-

Les 2.8 milliards de francs versés chaque

rales destinées à la détention d'animaux

mettent des cruautés envers les animaux

année sous la forme de paiements directs

doivent être rayées, au profit de contribu-

et doit être revue au plus vite. La PSA

ne doivent pas continuer à être distribués

tions incitatives en faveur des systèmes

exige que les personnes contrevenant à

par le principe de l'arrosoir. Ils doivent

de stabulation respectueux des animaux

la protection des animaux ne soient pas

être octroyés en fonction des objectifs

et des possibilités de sorties régulières en

seulement frappées de la sanction justifiée

atteints par les paysans. L'écologie et le

plein air. L'objectif de cela consiste à per-

par leurs infractions, mais qu'elles soient

bien-être des animaux doivent être mieux

mettre à tous les animaux de sortir à l'air

également privées des paiements directs

encouragés. C'est la question centrale de

libre!

ou d'une partie de ceux-ci, puisqu'elles

la stratégie de qualité sur laquelle il faut

De plus, la PSA demande que l'on

ne satisfont pas les exigences. Rayer les

mettre le cap. Les contributions destinées

mette sur pied un programme de pâturage

paiements directs ne constitue pas une

aux exploitations bio et soucieuses du

en faveur des animaux consommant du

punition. Le paysan inculpé n'a simple-

bien-être des animaux doivent être diri-

fourrage grossier, afin de s'écarter des ani-

ment pas droit à une partie des paiements,

gées afin de compléter le marché. Les pro-

maux sélectionnés pour la haute perfor-

puisqu'il n'a pas fourni la prestation de-

grammes de labellisation doivent être ci-

mance et des excès de fourrages concen-

mandée en ce qui concerne la protection

blés et étoffés. De cette manière, le marché

trés liés à leur exploitation. Entre-temps,

des animaux (ou, dans le cas extrême,

et les encouragements étatiques se com-

même le Conseil fédéral l'a reconnu: «En

n'en a fourni aucune). De plus, la PSA

plètent de façon optimale. La Suisse ne

matière d’alimentation des ruminants, la

exige davantage de contrôles inopinés

peut se profiler et réussir dans un marché

tendance est à une utilisation accrue des

des détentions d'animaux.

agricole et alimentaire ouvert que par la

aliments concentrés. La production suisse

qualité et le bien-être des animaux. Les

de lait et de viande risque ainsi de perdre

contributions bio et en faveur du bien-

à long terme un avantage concurrentiel

être des animaux, définies selon les objec-

stratégique.» (Message concernant la «Po-

4. Mesure: encourager les paysans respectueux des animaux

tifs, permettent à nos paysans de produire

litique agricole 2014–17»)

Aujourd'hui, la Confédération promeut

de façon moderne, efficace, naturelle et respectueuse des animaux.

Le Conseil fédéral souhaite dès lors

des étables peu économiques et probléma-

encourager les exploitations qui couvrent

tiques en ce qui concerne la protection des

L'agriculture biologique est une mé-

largement leur demande en fourrage par

animaux, pas des crédits à l'investisse-

thode permettant d'économiser l'énergie

les herbages, le foin, le regain et l'ensi-

ment. Il s'agit d'étables à l'attache pour

et les ressources en ménageant l'environ-

lage d'herbe. Les exploitations qui admi-

vaches et bovins d'élevage ou d'étables

nement. L'agriculture organique et biolo-

nistrent peu de fourrages concentrés et

sans litière et sans possibilité de sortir

gique, la méthode bio la plus répandue

qui comptent principalement sur le pâtu-

pour le bétail d'engraissement. La PSA

au monde, a été développée en Suisse.

rage sont plus respectueuses des animaux

exige donc qu'à l'avenir, les crédits à l'in-

Notre pays a donc un rôle de pionnier en

et plus écologiques. La détention au pâtu-

vestissement ne soient octroyés qu'aux

la matière. À une époque où les ressources

rage assure des avantages à l'être humain,

projets d'étables respectueuses des ani-

se font rares, l'agriculture biologique re-

aux animaux et à l'environnement. Elle

maux. Les constructions ou transforma-

vêt un rôle important pour l'alimentation

contribue grandement à protéger l'envi-

tions d'étables destinées à la détention de

mondiale.

ronnement et le climat. Elle fournit éga-

vaches ou de chèvres à cornes, demandant

Bien que le bien-être des animaux soit

lement de meilleurs produits (p. ex. plus

plus de place, doivent être soutenues par

l'exigence la plus importante des contri-

d'acides gras CLA et Omega-3 dans le lait

des contributions et des crédits à l'inves-

buables vis-à-vis des paysans et de la po-

et la viande). Finalement, les animaux

tissement proportionnellement plus éle-

litique agricole, le Conseil fédéral ne l'a

sont plus sains et ont une durée de vie

vés.

encouragé que timidement jusqu'à pré-

plus longue, il y a moins de défaillances

sent. Seuls 9 % des 2.8 milliards de francs

et de décès dus aux conditions sanitaires.

60

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


5. Mesure: pas de fabriques d'animaux Une stratégie de qualité crédible auprès des consommateurs, des contribuables et des milieux de la protection des animaux, ainsi que l'acceptation de l'ensemble du système des paiements directs dépendent en grande partie de l'attitude de la Confédération. En effet, c'est celleci qui décide si elle tient à maintenir des détentions d'animaux paysannes ou si elle préfère se tourner vers les détentions en masse (fabriques d'animaux), selon le modèle étranger, comme l'ont souhaité à plusieurs reprises certains représentants du monde agricole par le passé. D'autant plus que le bien-être des animaux dépend également de la taille de l'effectif. Ainsi, au-delà d'une certaine limite, il n'est plus possible de pratiquer l'élevage de volaille en liberté. Chez les porcs et d'autres caté-

Les paysans agissant dans le respect des animaux doivent être encouragés en Suisse

gories d'animaux, l'effort consacré à l'assistance diminue rapidement si la taille

n'ont de tétines. Par conséquent certains

rive constamment que les consommateurs

de l'effectif augmente. Les soins, la sur-

porcelets sont surnuméraires, délaissés,

soient submergés de denrées étrangères,

veillance et le contact entre l'être hu-

et les troubles sanitaires augmentent,

produites dans des conditions contraires à

main et l'animal constituent les facteurs

tant chez la truie (surexploitation!) que

la protection des animaux. Actuellement,

les plus importants du bien-être des ani-

chez les porcelets (élevage artificiel; sur-

l'urgence se situe, en particulier, dans

maux, ainsi que de la rentabilité écono-

numéraires). La sélection unilatérale en

le domaine des importations de volaille

mique, à côté du type de détention. La

faveur d'une production laitière extrême-

(poulets, dindes), tant en ce qui concerne

PSA demande que les limites maximales

ment élevée a pour conséquence qu'il est

la quantité, quelque 45 000 tonnes, que le

actuelles pour les exploitations soient

considéré de moins en moins rentable de

non respect de la protection des animaux

maintenues et que l'on n'accorde plus

respecter la période de finition des veaux

et le potentiel de danger (résistance aux

d'exceptions, à l'avenir, par exemple pour

femelles qui ne seront pas sélectionnés.

antibiotiques; apparition de salmonelles

des installations d'engraissement indus-

On entendra bientôt des appels à tuer les

dans les poulaillers).

triel des porcs.

veaux nouveaux-nés, comme on fait déjà

6. Mesure: en finir avec les sélections extrêmes

s'épargner la période de finition, non ren-

9.6 Le rôle de la politique internationale

table. À l'avenir, la Confédération ne doit

La Suisse importe environ 40 % des ca-

La Confédération encourage les sélec-

plus encourager de telles dérives de l'éle-

lories qu'elle consomme, dont 120  000

tions indigènes. Cela est sensé et incon-

vage, sans égard vis-à-vis des principes

tonnes de viande par an, correspondant

testé. Cependant, les sélections unilaté-

éthiques, facilitant la prédisposition des

environ à un quart de la consommation

rales en vue d'augmenter énormément

animaux à la maladie et affaiblissant leur

globale, tandis que de nombreux pays de

une performance ont conduit à des li-

résilience, par l'argent des impôts!

l'UE augmentent massivement leurs dé-

en Nouvelle-Zélande et en Italie, pour

tentions d'animaux. Le Danemark produit

gnées de poulets et de dindes d'engrais-

donc presque 4 fois plus, l'Irlande 3 fois

peuvent plus se mouvoir correctement.

7. Mesure: interdire les importations contraires à la protection des animaux

Leur croissance musculaire excessive et

À l'avenir, la Confédération doit main-

tuation de la viande de porc est particu-

unilatérale leur cause des douleurs conti-

tenir ouverte la possibilité d'interdire les

lièrement frappante: le Danemark produit

nuelles. Dans l'élevage porcin, des truies

importations de produits éthiquement

6 fois plus, les Pays-Bas et la Belgique

très fertiles mettent au monde de plus en

douteux ou au moins, d'exiger une dé-

2,5 fois plus qu'ils ne consomment. Cette

plus de porcelets – parfois plus qu'elles

claration conséquente. Aujourd'hui, il ar-

production excessive est clairement effec-

sement qui ne se comportent plus dune façon conforme à leurs espèces et qui ne

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

plus, les Pays-Bas et la Belgique le double de la viande dont ils ont besoin. La si-

61


dans le monde – en Russie, à Hongkong, en Arabie Saoudite et même en Afrique, au Ghana et au Benin. En même temps, l'UE importait 700 000 tonnes de volaille, principalement du Brésil et de Thaïlande. Le marché de la viande de volaille est en pleine explosion au niveau mondial. Les experts partent du principe qu'au plus tard en 2020, on produira plus de 120 millions de tonnes (aujourd'hui: 95 millions de tonnes) et que la production de viande de volaille dépassera celle de viande de porc, en ce qui concerne la quantité. Les experts considèrent avec inquiétude le développement mondial de la production animale intensive. Afin de nourrir les 9 milliards de personnes qui peupleront le monde à l'avenir, il ne faut pas en-

L’augmentation des détentions animales sur le plan mondial fait grimper les prix du fourrage

courager les grandes exploitations, mais plutôt les petits paysans. C'est ce qu'affirment les experts agricoles, comme la task-force de l'ONU contre la faim dans

tuée au détriment du bien-être des ani-

tiques soit devenue une pratique courante

le monde. Il faut donner la possibilité aux

maux, de l'écologie et de la qualité et de

et nécessaire dans ces installations d'en-

petits paysans d'augmenter leur producti-

la sécurité des produits. Afin que ces ins-

graissement de volaille. Une étude man-

vité de façon écologiquement soutenable.

tallations industrielles d'engraissement

datée par le ministère de la protection des

En 2011, des représentants de ce groupe

d'animaux fonctionnent, il faut importer

consommateurs du Land de Rhénanie-

ont fait consigner dans le procès-verbal

des quantités gigantesques de fourrages

du-Nord – Westphalie, en 2011, montre

qu'il ne faut pas une nouvelle révolu-

concentrés depuis l'autre côté de l'Océan.

qu'on a administré des substances anti-

tion verte, plutôt une révolution toujours

Entre-temps, l'Allemagne se lance éga-

microbiennes dans 83  % des processus

verte. Il est très important de renforcer les

lement à côté de ces producteurs «tradi-

d'engraissement. Globalement, 96 % des

femmes et leur égalité des droits, car elles

tionnels» d'excédents. En l'espace de cinq

animaux provenant des exploitations

accomplissent 60 à 80 % du travail agri-

ans, son exportation de viande et de pro-

examinées ont été traités aux antibio-

cole au niveau mondial.

duits carnés a augmenté de 60  %. Outre

tiques. Parfois, ils recevaient jusqu'à 8 ad-

Mais ce sont justement les petits pay-

le développement de l'engraissement de

ministrations d'antibiotiques, avec trois

sans et l'agriculture paysanne qui se

la volaille, la production de porc a égale-

principes actifs différents, déjà à l'âge de

trouvent sous pression, partout dans le

ment fortement augmenté. L'Allemagne a

moins de six semaines!

monde, à cause des exportations des excé-

augmenté son degré d'approvisionnement

Il n'y a pas de raison de croire que

dents des USA, de l'UE et du Brésil. Ainsi,

interne en viande de 94 %, en 2000, aux

dans d'autres pays, pratiquant la déten-

au Cameroun, le marché interne de la vo-

115 % actuels. Cela a été possible, comme

tion d'animaux en masse de façon com-

laille a collapsé en 2000, alors qu'il fonc-

chez les autres producteurs d'excédents,

parable, la situation sanitaire et des trai-

tionnait parfaitement, après que l'UE a

grâce à l'importation massive de four-

tements médicamenteux suscitent moins

inondé le pays avec ses parties de volaille

rages concentrés, parfois génétiquement

d'inquiétudes.

bon marché. En 2008/09, la production

manipulés, provenant du Brésil, d'Argen-

Le marché de la volaille dans l'UE

allemande de poulets, en plein essor, a

tine et des USA, ainsi qu'en développant

montre la face négative du libre-échange,

renversé le marché français de la volaille.

les détentions d'animaux en masse.

à savoir le va-et-vient de denrées alimen-

En réponse à cela, la France et d'autres

En Allemagne, une installation d'en-

taires, douteux sur le plan écologique et

pays de l'Union ont renforcé leurs ins-

graissement doit produire 550 000 pou-

la destruction des structures paysannes

tallations industrielles d'engraissement

lets, afin de générer un revenu de quelque

régionales. En 2011, les exportations ont

de volaille. Tous les producteurs d'excé-

50 000 euros par an, car elle ne gagne

atteint le record, avec environ 1,3 mil-

dents, parmi lesquels l'UE, cherchent fé-

que 10 centimes par animal! Ce n'est pas

lion de tonnes. La viande, surtout les

brilement des créneaux pour écouler leur

étonnant que l'administration d'antibio-

cuisses et les ailes, était écoulée partout

marchandise partout dans le monde. Les

62

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


accords de libre-échange tant souhai-

d'actualité. Après la crise immobilière et

de plus en plus régulièrement dans les

tés, par exemple entre l'UE et la Suisse

des banques, de plus en plus d'experts

ordres du jour des politiques nationales

ou l'Inde, devraient être considérés éga-

conseillent les investisseurs de garder des

et internationales. Cela aussi afin de

lement sous cet aspect. Pour l'Inde, un

matières premières agricoles dans leur

faire le contrepoids aux négociations de

accord de libre-échange avec l'UE signi-

portfolio. Des milliards sont désormais

l'OMC, dont l'objectif majeur est le libre

fie la disparition de 150 milliards d'euros

impliqués dans les matières premières et

commerce mondial dans le domaine des

de droits de douane, soit 11 % du bud-

dans leur commercialisation, ce qui al-

denrées alimentaires – dépourvu de tout

get interne! Des millions de petits pay-

lèche les spéculateurs. En savent quelque

garde-fou en ce qui concerne l'écologie,

sans indiens et de petits commerçants ou

chose les organisations humanitaires: en

la protection des animaux et le domaine

de commerçants de rue craignent que les

2011, lors des inondations au Pakistan,

social. Ces accords ne favorisent, unilaté-

importations de l'UE et les chaînes com-

bien qu'il y ait eu assez de blé, les spé-

ralement, que les pays producteurs d'ex-

merciales de l'UE ne les écrasent.

culateurs avaient tellement fait grimper

cédents et exportateurs, au détriment des

Les terres agricoles et les ressources

son prix dans les bourses mondiales des

petits et moyens paysans et d'une déten-

sont limitées, les changements clima-

matières premières que l'argent mis à dis-

tion d'animaux de rente à caractère pay-

tiques – d'origine naturelle ou anthro-

position ne suffisait même pas à acheter

san et respectueuse des espèces. l

pique – menacent et la demande de den-

la moitié de la quantité de blé nécessaire!

rées alimentaires augmente. Au cours des

Il faut donc se réjouir que la question

prochaines années, le thème de la sécurité

de la sécurité de l'approvisionnement et

de l'approvisionnement reviendra donc

de la souveraineté alimentaire revienne

Glossaire

sive et le déclin des matières premières et des combustibles fossiles dès 2000 PER Prestations écologiques requises. Conditions fondamentales qu’un paysan doit respecter dans la culture et la détention d’animaux pour obtenir les paiements directs Principe des 3R Concept qui s’adresse à la responsabilité individuelle des chercheurs pour contenir l’expérimentation sur des animaux (reduce/réduire, refine/raffiner, replace/remplacer) rBST Hormone de croissance produite artificiellement, régulièrement injectée aux bovins, en particulier dans les USA, afin d’augmenter la production de lait et de viande. Interdite en Suisse. SST Programme étatique pour encourager les systèmes de stabulation particulièrement respectueux des animaux

SPF Concept d’assainissement contre la transmission de maladies porcines (specific pathogen free (libre d’agents pathogènes spécifiques)), se distinguant par la détention aseptique des truies et par la césarienne remplaçant la naissance naturelle des porcelets SRPA Programme étatique apte à promouvoir les sorties régulières des animaux de rente en plein air UGB Unité de gros bétail: clé de calcul pour comparer les différentes espèces d’animaux de rente; 1 UGB correspond à une vache laitière, à 6 chèvres, moutons ou porcs ou à 100 poules pondeuses Viande PSE Viande de qualité moindre, notamment de porc (pale/claire, soft/ molle, exudative/exsudative)

Auteur Dr Hansuli Huber, ing. agr. dipl. ETH Directeur de la section technique Protection Suisse des Animaux PSA

Photos

Are 100 mètres carrés AML auxiliaires de stimulation de la production à base d’antibiotiques («antibiotique alimentaires») ETH-Zurich École polytechnique fédérale de Zurich Hectare 100 ares LPA Loi fédérale sur la protection des animaux Lactation, quantité de lait standardisée sur 305 jours, produite par une vache en une année OFAG Office fédéral de l’agriculture OPAn Ordonnance sur la protection des animaux (dispositions d’exécution) OVF Office vétérinaire fédéral Rapport du «Club de Rome» Dans les années 1970, ce livre prophétisait (de façon erronée) une surpopulation mas-

Éditeur Protection Suisse des Animaux PSA Dornacherstrasse 101, case postale 4008 Bâle Tél. 061 365 99 99 Fax 061 365 99 90 CCP 40-33680-3 sts@tierschutz.com www.protection-animaux.com

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

Traduction Walter Rosselli

123RF, Lydia Baumgarten, Michael Götz, iStockphoto, KAGfreiland, Keystone, Barbara Marty, Reuters, Mark Rissi, Franz J. Steiner, Simon Templar, tierschutzbilder.de

Graphisme die zwei bâle

63


1’/1.2013

Libre-échange et protection des animaux – une comparaison Suisse-UE

Le confort des animaux – exemples du terrain

Le bien-être des animaux reste-t-

augmentent souvent considéra-

il sur le carreau lors d’un accord de

blement le confort des animaux.

libre-échange? En comparant les

LIBRE-ÉCHANGE ET PROTECTION DES ANIMAUX

formes de détention pratiquées en

UNE COMPARAISON SUISSE–UE

Suisse et dans l’UE, on est plutôt

De petites interventions à l’étable

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17’/1.07/die zwei

Il vaut la peine de prévenir à

Les différences en matière de pro-

l’étable, sur l’alpage et sur les

tection des animaux entre la Suisse

pâturages, ainsi que lors du

et l’UE dans le domaine des déten-

causes d’accidents.

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et reSpectueuSeS

Garde de lapins en groupes

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la grange, à droite l’aire d’affoura Affourager les vaches gement séparée. en plein air Il est inutile de démolir les stabulati adjoindre égaleme ons nt une aire d’alimen existantes qui ont été bien une étable à construites. Parfois, tation en plein stabulation libre on peut y adaptée aux animaux air et un local de traite. vail. Il en résulte ainsi et favorable sur Roland Werner le plan de l’économ du Waldhof à ie du tratra Wäldi (TG) a ses vaches en été l’un des premiers plein air toute l‘année durant. à avoir sous nos latitudes eu le courage «Je suis convainc , au moins jusqu’à d’alimenter u que cela ne transformé son 1000 mètres pose pas de problèm étable à stabulati d’altitude», lance es on entravée en étable à stabulati l’agriculteur. En 1995, il a on libre dotée «Détenir des taureaux n’a rien à voird‘une avec aire une garde de taureaux à l’engrais», explique promenareproducteurs de et d’une aire de d’affoura l’agriculteur Samuel Herrmann du Forenhof d’Altikon (ZH). gement.

Taureaux reproducteurs dans des boxes à 3 aires Construire un couloir

Feuilles d’information PSA, Animaux de rente (bovins, porcs, chevaux, volaille, chèvres, moutons et lapins) Informatifs, didactiques et enrichis de nombreux exemples issus de la pratique au sujet de: • Étables conformes aux animaux pour des coûts avantageux • Soins et manière d’interagir avec les animaux

tation séparé Samuel Herrmann détient 70 d’alimen et 90 taureaux reproducteurs pour Swissgenetics. Les taureaux L’agricul teur entre a poursuivi deux objectifs de la station d’IA de Mülligen (AG) arrivent dans sa ferme à l’âge de 14 à 18 mois. A Mülligen, les a conçu lorsqu’il son projet. devait être semences quimique seront ontL’étable été prélevées. Jusqu’à ce que les taureaux soient testés sur la et utilisées éconoles animaux devaient s’y sentirsorte en attente dans l’exploitation, pendant base de leur«A descendance, l’époque, lesils restent en quelque architectes spécialis à l’aise. quatre nt. bonnes années en moyenne. Aujourd’hui, leésForenhof ments en bâti- détient ses taureaux reproducteurs en agricoles reposer égaleme construisaient bonds… et se d’autres groupes essentiellement alors qu’ils étaient précédemment constate Roland étables»,souvent détenus individuellement dans pouvoir faire des d’une veulent Werner. lapins modèle le Les Par là, il entend on surfermées unune box.stabulati étables des r où ement tout était placé leur aménage un engraiss aussi même sous un toit. Werner voulait en cages, on peut Ce mode de garde permet lapins les s. toutefois construir Au lieu de détenir étages et chambre e Le nouveau couloir matière. ant plusieurs plus nous serons s suisses en la d’alimentation. maison comport à son sujet, é des pionnier ances fascine démontr le connaiss l’ont r ce qui . Plus on a de rentable comme pour explique de lance Felix Näf un animal exigeant élevait déjà près «Le lapin est que nous savons», t ses parents, il ation jouissan peu de choses A la ferme de conscients du et bondissants. une branche d’exploit secteur. animaux laineux ce hobby précoce tant dans ces Il a fait de ce la région dans il était enfant. des paysans de collabore avec 200 lapins quand ives d’avenir et de bonnes perspect respec de garde respecr de lapin issue sur la viande s de garde à l’étrange suisses se sont distributeurs Piètres condition grand distributeur Coop a misé es le lorsque les grands Ce sont les mauvais . s’est amplifiée Dès 1999 déjà, à la fin 2008. . La demande cette décision viande de lapin à l’origine de tueuse des animaux importations de volontaire des de l’Est qui furent euse des animaux imposé un arrêt et dans les Etats de garde respectu garde en France de viande issue e en Suisse. 1 conditions de suffisamment de lapins pratiqué distributeurs Livrer aux grands la détention agricole Les taureaux reproducteurs sont logés dans une simple stabulation à front ouvert. et un défi pour est une chance

1

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Les taureaux ont besoin de beaucoup d’espace Il pourrait aussi s’agir d’une stabulation à front ouvert pour des bovins d’élevage, des vaches allaitantes ou des taureaux à l’engrais: il comporte un couloir central avec, de chaque côté, une aire d’exercice non couverte et une surface de repos couverte. Mais les animaux profitent de davantage d’espace que des taureaux à l’engrais. Les grands et puissants taureaux ont besoin d’espace pour pouvoir s’éviter les uns les autres. Dans les boxes à trois aires du Forenhof, 6 taureaux sont systématiquement côté à côte. Chacun des 14 boxes est subdivisé en une surface de repos sur plan incliné à l’arrière, une aire d’exercice non couverte et une aire d’alimentation couverte. Les boxes ont 13 m de profond et 5 de large; chaque animal a donc 11 m2 en tout à sa disposition, 4,5 m2 de plus que ne l’exige l’ordonnance sur la protection des animaux pour de lourds taureaux reproducteurs. Il y a 6,25 m2/animal de surface de repos, 2,50 m2/animal d’aire d’exercice non couverte et 2,25 m2/animal d’aire d’alimentation couverte.

1

tKS 1.1

Construction d’u ne d’alimentation ann aire exé N PSA le existante pour vac e à une étabbhes laitières

La ferme vue StabulationS économiqueS etde reSpectueuSeS l’est. A gauche,de la vie animale

64

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