PROTECTION DES ANIMAUX ET AGRICULTURE
LE BIEN-ÊTRE DES ANIMAUX NOUS CONCERNE TOUS
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
Protection des animaux et agriculture: le bien-être des animaux nous concerne tous
1.
Les contraintes autour de la détention d’animaux de rente 3
2.
Agriculture et détention d’animaux de rente 7
2.1 Domestication
7
2.2 L’histoire de la détention d’animaux de rente
8
La demande de viande et autres produits de pro-
2.3 Les relations entre l’être humain et l’animal
10
venance animale est en constante augmentation.
2.4 L’élevage d’animaux de rente : éthiquement justifié ?
12
Bien au-delà du «riche Occident», elle s‘étend
3.
aussi aux pays autrefois pauvres et amène du
3.1 Le bien-être des animaux malgré les périodes de restriction
14
souci à beaucoup de personnes. Car derrière
3.2 Des décennies perdues
14
la démocratisation mondiale de la consomma-
4.
tion de viande, de produits laitiers et d‘œufs se cachent une production animale intensive, des
4.1 Développement de la législation sur la protection des animaux de 1981 à 2011
17
détentions cruelles en masse, des animaux sélec-
4.2 Évaluation de la nouvelle loi sur la protection des animaux (LPA)
20
tionnés à l‘extrême, des transports causant des
4.3 Évaluation de la nouvelle ordonnance sur la protection des animaux (OPAn)
21
4.4 Application
22
5.
23
souffrances aux animaux, des méthodes d‘abattage brutales et des régimes fourragers désastreux d’un point de vue écologique, éthique et
La détention d’animaux de rente en Suisse au XXe siècle 14
La législation sur la protection des animaux 17
Politique agricole
5.1 Développements de 1951 à 2011
23
5.2 Loi sur l’agriculture et paiements directs
26
5.3 Promotion du bien-être des animaux
26
plus seulement soulevées par les éthiciens et les
5.4 L’importance du bien-être des animaux pour les contribuables et les consommateurs
28
activistes des droits des animaux, mais aussi par
6.
une large part de la population, particulièrement
6.1 Développement de 1972 à 2011
29
les jeunes qui adoptent une alimentation végé-
6.2 Information et conseil
33
tarienne voire végétalienne. Ce comportement
6.3 Le commerce de détail mise sur des produits issus d’une détention respectueuse des animaux 34
sanitaire. Les questions fondamentales quant à la légitimité éthique d’exploiter des animaux ne sont
éthiquement conséquent est répliqué par des critiques, car les détentions ne sont pas toutes pareilles. Des détentions paysannes, adaptées aux
Information, marché et consommation 29
6.4 Une gastronomie hésitante
34
7.
35
Des importations conformes à la protection des animaux
7.1 Les possibilités légales et de l’économie privée
35
ne seraient pas un problème contrairement aux
7.2 Les différences dans l’importance du bien-être des animaux en Suisse et dans l’UE
36
élevages en masse. À l’avenir, elles pourraient
8.
contribuer à alimenter durablement la popula-
8.1 Généralités
39
tion et protéger les ressources mondiales.
8.2 Les problèmes de protection des animaux chez les bovins
40
espèces et aux endroits où elles sont pratiquées,
Ce qu’il reste à faire pour le bien-être des animaux en Suisse 39
Cette brochure renseigne les personnes in-
8.3 Les problèmes de protection des animaux chez les porcs
43
téressées à la protection des animaux quant au
8.4 Les problèmes de protection des animaux chez la volaille
45
développement, à l’importance et aux problèmes
8.5 Les problèmes de protection des animaux chez les moutons, chèvres et lapins
48
8.6 Les problèmes de protection des animaux chez les chevaux
49
8.7 Les problèmes de protection des animaux dans les transports
49
8.8 Les problèmes de protection des animaux dans les abattoirs
50
8.9 Les autres aspects de la détention d’animaux de rente
51
8.10 Le gaspillage des ressources
54
9.
56
de la détention des animaux de rente. Elle sert donc à se forger une opinion personnelle. Car la détention des animaux de rente nous concerne tous. Cette documentation souhaite également rendre compte du développement de la protection des animaux de rente au cours des dernières années et indiquer dans quels domaines il est encore impératif d‘intervenir en faveur du bienêtre des animaux, tant en Suisse que sur le plan international. Dr Hansuli Huber, ing. agr. dipl. ETHZ Directeur de la Section technique Protection Suisse des Animaux PSA
2
Des mesures pour améliorer le bien-être des animaux
9.1 Généralités
56
9.2 La responsabilité individuelle
56
9.3 Le rôle des consommateurs
57
9.4 Le rôle de l’agriculture et de l’économie alimentaire
57
9.5 Le rôle de l’État
59
9.6 Le rôle de la politique internationale
61
Glossaire / Impressum
63
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
1. Les contraintes autour de la détention d’animaux de rente Dans le monde occidental «saturé» de
byistes, d’un approvisionnement de den-
tinier dans beaucoup de pays en dehors
nourriture depuis des décennies, l’élevage
rées alimentaires avantageux et sûr jus-
de l’Europe d’hormones et d’antibiotiques
intensif, désormais pratiqué au niveau
tifie de moins en moins des conditions
pour augmenter la productivité, et la qua-
mondial, est de plus en plus critiqué. Les
de détention des animaux de rente né-
lité des denrées alimentaires bon mar-
questions fondamentales quant à la légi-
gligeant leur protection. Les ONG et les
ché issues de fabriques d’animaux. Les
timité éthique d’exploiter des animaux
médias mentionnent souvent la consom-
transports d’animaux de boucherie dans
ne sont plus seulement soulevées par les
mation élevée de produits de provenance
l’Union Européenne et les exportations
éthiciens et les activistes des droits des
animale, en augmentation au niveau
d’agneaux d’Australie et de Nouvelle-Zé-
animaux, mais aussi par une large part de
mondial, comme la cause de nombreux
lande vers les pays arabes et d’Asie du
la population, particulièrement les jeunes
problèmes écologiques et sanitaires, ainsi
Sud-Est sont devenus synonymes de souf-
qui adoptent une alimentation végéta-
que de la famine. L’alimentation purement
frances animales. Les conséquences néga-
rienne voire végétalienne.
végétarienne prend de plus en plus racine:
tives de la production animale sur l’envi-
Le rapport entre l’être humain et
elle est considérée comme la solution aux
ronnement et sur la nature se retrouvent
l’animal change à vue d’œil. La distinc-
problèmes alimentaires de la population
également dans le viseur de la critique,
tion entre les animaux de compagnie et
mondiale croissante.
comme les pics régionaux de produc-
les animaux de rente, autrefois nette, de-
Les formes de détentions dans des es-
tion de lisier, pouvant entraîner des ex-
vient plus floue autant chez la population
paces limités et peu stimulants, le trans-
cès d’azote et de phosphore dans les sols
citadine que la population rurale. L’ani-
port et le commerce transnational ou car-
ou des émissions d’ammoniac, ainsi que
mal se rapproche de l’être humain et les
rément transcontinental d’animaux d’éle-
de CO2 et de méthane ayant un effet sur
détenteurs d’animaux sont de plus en plus
vage et de boucherie, les sélections ex-
le climat. La façon de cultiver les four-
prêts à fournir l’investissement matériel
trêmes pour la performance, parfois liées
rages riches en énergie et la taille des sur-
et émotionnel nécessaire dans ce sens. Il
à des composants du fourrage contraires
faces labourées dans ce dessein sont éga-
ne s’agit pas d’humaniser l’animal, ce qui
à la protection des animaux, compro-
lement contestées, de même que le com-
n’est pas souhaitable, mais d’atteindre
mettent le bien-être des animaux et leur
merce international du fourrage concen-
une nouvelle forme de cohabitation, entre
état de santé. Dans notre pays, de plus
tré. La production excessive de viande et
l’être humain et l’animal, plus consciente
en plus de personnes remettent en ques-
d’autres produits de provenance animale
et responsable.
tion l’énorme extension de la production
dans certains pays est également criti-
animale à travers le monde, l’emploi rou-
quée: le commerce mondial des excédents
L’argument, prôné par certains lob-
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
3
autrefois pauvres, et avec elle, la détention
en masse, sans égard vis-à-vis du bien-
d’animaux de rente. Au niveau mondial,
être des animaux. Autour des métropoles
un milliard de paysans vivent de l’élevage,
d’Asie, d’Inde, des États arabes et du Bré-
dont la moitié dans des pays pauvres. Ces
sil, les poulaillers pour l’engraissement
exploitations détiennent 1,4 milliard de
ont poussé comme des champignons. Ils
bovins ainsi qu’un milliard de porcs. Si
«abritent» des centaines de milliers d’ani-
l’on plaçait ces animaux les uns à côté
maux, suivant l’exemple de l’Occident. Les
des autres, il en résulterait une ceinture
cultures fourragères nécessaires à ces dé-
qui ferait soixante fois le tour de la Terre!
tentions intensives (maïs, soja et céréales)
De plus, on élève 68 milliards de poulets.
accaparent actuellement environ 15 % de
La Chine construit actuellement la plus
la surface agricole utile mondiale. À titre
grande détention d’animaux de rente du
de comparaison, les cultures destinées à
monde. Dans ce pays, la consommation
nourrir directement les êtres humains (cé-
de viande a quadruplé depuis 1970, pour
réales, pommes de terre, légumes, fruits,
atteindre aujourd’hui 62 kilogrammes par
etc.) nécessitent environ 20 % de la sur-
habitant et par an. La consommation de
face agricole disponible.
viande annuelle en Chine pourrait couvrir
La grande partie des terres agricoles
la demande suisse de viande pour environ
mondiales, comme en Suisse, ne sont pas
200 ans ! C’est la remarquable demande de
cultivables. Cependant, elles peuvent être
produits laitiers dans les pays asiatiques et
utilisées pour mettre en pâture des ani-
en Russie qui a causé la forte augmenta-
maux de rente consommant des four-
tion de détentions d’animaux producteurs
rages grossiers. Si malgré tout on labou-
exportés, bradant parfois les prix, fait de
de lait. La consommation de viande a éga-
rait ces sols, ils libéreraient de grandes
la concurrence aux paysans et aux mar-
lement doublé dans les «pays en voie de
quantités de CO2 et le danger existe qu’en
chés des pays qui reçoivent ces marchan-
développement» depuis 1970, pour se si-
quelques années la couche d’humus fer-
dises et crée de fortes dépendances.
tuer actuellement à 30 kilogrammes par
tile soit dégradée par l’érosion, empêchant
habitant et par an.
tant la culture que le pâturage. Du point
Production en masse dans des fabriques d’animaux à travers le monde
À l’exception de la Suisse et de quelques pays d’Europe occidentale, la
Cette demande généralisée de pro-
de vue écologique et de celui de l’alimen-
consommation de viande, de lait et d’œufs
duits de provenance animale est satis-
tation humaine, la mise en pâture est rai-
augmente presque dans tous les pays de-
faite principalement par une production
sonnable, car les bovins, les ovins et les
puis des années, notamment dans les pays
animale industrielle dans des détentions
caprins transforment le fourrage des prés
Les terres agricoles au niveau mondial:
50 % des denrées alimentaires produites
car les stocks mondiaux de phosphate
5 milliards d’hectares, dont 3,5 milliards
dans le monde entier sont «dilapidées»
(un engrais important) tirent à leur fin
sont des herbages permanents. Dans le
(pertes dues au stockage, aux prescrip-
et parce que les terres agricoles, notam-
monde, la terre agricole utile à disposi-
tions de qualité et de «fraîcheur», etc.).
ment en Afrique, en Amérique du Sud, en
tion de chaque personne correspond à 72
Cela signifie que l’on produit bien assez
Asie du Sud-Est et en Australie sont ra-
ares, dont seulement 20 sont cultivables.
pour rassasier toutes les personnes de la
chetées par des investisseurs privés de
En Suisse, chaque personne dispose de
planète.
Chine, d’Inde, des pays du Golfe, des USA
14 ares de surface agricole utile, dont 6
À l’avenir, les terres agricoles dispo-
et d’Europe. On estime que ces derniers
sont cultivables. Sur ces 14 ares, on pro-
nibles pour produire des denrées alimen-
ont déjà acheté ou loué une quantité de
duit 60 % des calories alimentaires néces-
taires et pour la détention d’animaux di-
terres supérieure à toute la surface agri-
saires à la population suisse; si l’on en dé-
minueront, en raison de méthodes d’ex-
cole utile d’Europe, afin de mettre en
duit les «inputs» importés, p. ex. les en-
ploitation et de culture (p. ex., l’érosion
place de grandes monocultures, à négo-
grais chimiques et les fourrages concen-
des couches fertiles du sol ou leur salini-
cier en fonction du marché mondial (spé-
trés, ce pourcentage descend à 50 %. La
sation), et de la demande croissante en
culatif). A l’avenir, dans la lancée de ce
Suisse doit donc importer environ 40 % de
surfaces pour la production d’énergie et
développement, les prix des denrées ali-
ses calories alimentaires.
des changements climatiques. De plus,
mentaires et des fourrages grimperont
La croissance démographique pro-
l’approvisionnement alimentaire de la
sur le marché mondial.
nostiquée d’ici 2050: des 7 milliards ac-
population mondiale est également mis
tuels à 9 milliards. Aujourd’hui, 1 milliard
en danger par le manque d’eau, de plus
Pour info: 1 are = 100 m2,
de personnes sont sous-alimentées, mais
en plus prononcé dans les régions arides,
1 hectare = 100 ares = 10 000 m2
4
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
en lait et en viande. Ce qui est probléma-
tations vers les marchés des pays arabes et
tique par contre, c’est l’exploitation ex-
d’Asie du Sud-Est, mais aussi vers l’Amé-
cessive des steppes par un nombre trop
rique du Nord et l’Europe. La Suisse se
élevé d’animaux en pâture, telle qu’elle
procure la moitié de la viande d’agneau
est pratiquée en Asie et dans certaines ré-
qu’elle consomme dans ces deux pays, et
gions d’Afrique. En effet, cela compromet
tout particulièrement les parties nobles. Au niveau mondial, l’engraissement
la fertilité et le rendement des sols à long terme, désertifiant les steppes.
d’animaux et la production de lait et
Les régions de l’UE pratiquant la pro-
d’œufs sont généralement dominés par
duction animale intensive, comme le
des industries agroalimentaires. L’éthique,
nord-ouest de l’Allemagne, les Pays-Bas,
la protection des animaux, l’écologie et la
la Belgique, le Danemark, la Bretagne et
protection du climat n’y jouissent d’au-
la Plaine du Pô, comme les Etats-Unis et
cune importance. Le seul but est une pro-
certains pays d’Amérique latine, le Brésil
duction en grande quantité et la moins
en tête, produisent d’énormes excédents
chère possible de viande, de lait et d’œufs.
contrairement à l’agriculture suisse. De
Les petites et moyennes exploitations
cette façon, elles forcent l’exportation de
agricoles, leurs formes de détention tra-
viande de volaille, de porc et de bœuf par
ditionnelles et leur exploitation des pâtu-
tous les moyens. La production de volaille
rages sont rationnalisées ou démantelées.
est la plus répandue et industrialisée. Elle
Les exportations bon marché de l’UE, des
a quintuplé au cours des trente dernières
États-Unis et du Brésil mettent désormais
années, pour atteindre aujourd’hui les 93
en danger une grande partie de l’élevage
millions de tonnes annuelles. En effet, la
suisse, encore calqué sur le modèle pay-
on constate un meilleur approvisionne-
consommation du poulet, contrairement
san, et causent la perte du travail et du
ment en denrées alimentaires et la démo-
à celle du porc et du bœuf, n’est pas sou-
revenu de millions de petits paysans dans
cratisation de la consommation de pro-
mise aux restrictions liées aux convic-
le monde entier, notamment dans les pays
duits de provenance animale, parallèle-
tions religieuses. De plus, cette viande
en développement et dans les pays émer-
ment à une réjouissante amélioration de
peut, maintenant, être vendue meilleur
gents. En conséquence à cela, l’approvi-
l’économie de plusieurs pays autrefois
marché que toutes les autres sortes. En
sionnement alimentaire de ces pays dé-
pauvres.
effet, aujourd’hui, les poulets d’engraisse-
pend de plus en plus des marchés agroali-
Aujourd’hui, ce sont surtout les grands
ment croissent incroyablement vite – ils
mentaires internationaux, en partie gérés
producteurs d’excédents d’exportation
mettent deux fois moins de temps qu’au-
par la spéculation.
dans l’UE, les Etats-Unis, la Chine et le
paravant pour atteindre leur poids d’abattage. À l’étranger, ils sont détenus dans des halles contenant jusqu’à 100 000 animaux et un abattoir «turbo» moderne tue plus de 10 000 poulets par heure. D’après les experts, d’ici 2020, les marchés croissants d’Amérique latine, d’Asie et d’Europe de l’est feront en sorte que la production de viande de volaille dépassera
Elle a quintuplé en l’espace de trente ans: la production de poulet détient le record du monde de la croissance
Brésil, ainsi que des pays du Tiers-Monde
Trois faits justifient la critique envers la prolifération massive des détentions animales et la production animale intensive sévissant au niveau mondial, ainsi qu’envers leurs effets négatifs manifestes pour l’être humain, l’environnement et les animaux. Rappelons-les:
celle de porc qui est actuellement en tête
en plein essor, qui demandent la grande partie du fourrage céréalier et protéique destiné aux animaux de rente. Cela dépasse les vieilles conceptions idéologiques des années 1980, encore colportées aujourd’hui, selon lesquelles la Suisse nourrit son bétail avec les céréales des pauvres de ce monde. En outre aujourd’hui, la détention des animaux de rente s’amasse de
de la production mondiale, et qu’elle se si-
1.
tuera à 120 millions de tonnes annuelles.
ment émergents sont de plus en plus
Il faut donc en tirer des conclusions
Pourtant, les marges de bénéfice de la pro-
«friands» de produits de provenance ani-
correctes en ce qui concerne notre pays et
duction animale intensive sont extrême-
male. Cela revient à imiter le modèle ali-
notre approvisionnement en denrées ali-
ment basses. En Allemagne, une entre-
mentaire occidental et correspond exac-
mentaires. La Suisse devra décider si elle
prise d’engraissement de volaille gagne à
tement au développement qui a eu lieu
souhaite laisser tomber son agriculture et
peine dix centimes par poulet.
en Suisse après la deuxième guerre mon-
la production interne de denrées alimen-
La Nouvelle-Zélande et l’Australie, de
diale. À cette époque, la viande était le
taires pour se tourner de plus en plus vers
leur côté, ont surtout relancé la produc-
symbole du bien-être et est devenue tou-
des importations bon marché issues, par
tion de viande d’agneau, par leurs expor-
jours plus accessible. Au niveau mondial,
exemple, de fabriques d’animaux, ou si
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Les sociétés et les pays économique-
plus en plus à l’extérieur de l’Occident.
5
elle souhaite investir dans une agriculture
2. Si l’on remet en question la détention
male issus de la production de fourrage et
indigène proche de la nature et respec-
des animaux de rente d’un point de vue
de denrées alimentaires. Les poulets, en
tueuse des animaux, produisant des den-
éthique, il ne faut pas oublier que la do-
revanche, sont les animaux de rente qui
rées un peu plus chères. Cela ne chan-
mestication et la sélection des animaux
transforment le plus efficacement les cé-
gera en rien la tendance mondiale actuelle
qui l’a accompagnée ont constitué l’un
réales en œufs et en viande. Le fumier et
visant à étendre massivement la produc-
des grands exploits culturels de l’huma-
le lisier des animaux améliorent la crois-
tion animale intensive. La Suisse pour-
nité. Détenir des animaux d’une façon ré-
sance des végétaux et le rendement des
rait arrêter ses détentions animales sans
gulière a apporté une meilleure sécurité
sols. De cette façon, chaque unité de sur-
que cela exerce une quelconque influence
d’approvisionnement, a relancé la pro-
face assure une récolte nettement meil-
sur le développement du climat ou sur la
ductivité agricole, a permis de coloniser
leure et cela permet de nourrir un plus
consommation de fourrages.
des régions et d’utiliser des sols peu ou
grand nombre de personnes. Cette inte-
pas du tout adaptés à la culture.
raction mesurée entre les sols, les plantes
La surface agricole mondiale disponible est en recul à cause d’une exploita-
Même en Suisse, le climat et la météo-
et les animaux de rente, développée et
tion inappropriée (érosion, salinisation),
rologie limitent les possibilités de culti-
constamment améliorée durant des mil-
les surfaces cultivables sont utilisées pour
ver, conjointement à la configuration du
lénaires, constitue une des plus grandes
la production lucrative d’énergie, et la de-
terrain, escarpé, en zones montagneuses
performances de l’humanité. Fondamen-
mande en aliments (de provenance ani-
et collinaires. Cela limite donc les cultures
talement d’un point de vue éthique, on
male) augmente parallèlement à la popu-
destinées à l’alimentation directe des êtres
peut – et il faut – remettre en question
lation mondiale et à une embellie écono-
humains. Par contre, ce qui pousse bien
l’exploitation et l’abattage d’animaux.
mique. Les surfaces exploitables de cette
sur les prés et pâturages alpins, ce sont
Cependant, c’est un fait que la détention
planète deviennent dès lors un bien pré-
les graminées, les trèfles et les herbages,
d’animaux, si elle est pratiquée conformé-
cieux. À l’avenir, les denrées alimentaires
dont l’être humain ne peut pas se nour-
ment aux espèces et aux endroits, contri-
seront plus chères au niveau mondial. La
rir mais qui fournissent des aliments de
bue à résoudre les problèmes alimentaires
Chine, les pays arabes riches et les inves-
grande qualité aux bovins, aux chèvres,
et climatiques. Aujourd’hui, elle procure
tisseurs occidentaux achètent des terrains
aux moutons, aux chevaux et aux lapins
de la nourriture et un revenu à des mil-
à tour de bras, surtout en Afrique. Par ces
et donc indirectement à l’être humain. Les
liards de personnes.
prémisses, au cours des cinquante pro-
porcs sont omnivores: ils peuvent brou-
chaines années, la Suisse ferait bien de
ter de jeunes herbes, mais leur force ré-
3. Au cours des années 1960, 1970 et en
veiller à sa propre agriculture et à un ap-
side en la transformation de toute sorte
partie encore dans les années 1980, la po-
provisionnement sûr de sa population.
de restes de provenance végétale ou ani-
litique agricole suisse, le conseil et la recherche agricoles, et de nombreux paysans ont misé sur la production animale intensive, douteuse sur le plan éthique et écologique. Ils se sont donc complètement détournés des formes de détention recommandées et pratiquées auparavant. Cependant, contrairement aux autres pays, une forte réaction s’était déjà manifestée en Suisse dès la fin des années 1970. Elle misait dès le début sur un retour à une consommation responsable et sur une demande de produits naturels et issus de détentions respectueuses des animaux. Depuis les années 1990, de larges groupes de population font pression pour un changement de cap dans la politique agricole. Entre-temps, des situations ont donc pu être corrigées et améliorées.
La Chine, les pays arabes riches et les investisseurs occidentaux achètent des terres à tour de bras, principalement en Afrique.
6
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
2. Agriculture et détention d’animaux de rente 2.1 Domestication
males ont été domestiquées simultané-
nées 1980, des porcs et des poulets haute-
Chasser les animaux, les tuer et les man-
ment, mais indépendamment les unes des
ment sélectionnés en détentions conven-
ger, est accepté par l’être humain depuis
autres dans plusieurs endroits du monde ;
tionnelles ont pu être transférés de l’étable
des centaines de milliers d’années. Mais ce
le porc: au Proche Orient, en Europe et
à de spacieux enclos «sauvages» en plein
n’est qu’après la dernière époque glaciaire
en Chine. Cependant, parmi les milliers
air. Contre toute attente, ils se sont par-
qu’ont commencé la détention et l’exploi-
d’espèces animales vivant sur cette Terre,
faitement accommodés à leur nouvelle vie
tation régulières d’animaux domestiques.
seule une douzaine s’est laissée domesti-
en plein air et ont pu se reproduire sans
La plupart des animaux de compagnie et
quer au-delà d’un apprivoisement super-
problème.
de rente qui nous sont familiers ont été
ficiel et transformer en animaux domes-
La domestication a mené à une vraie
domestiqués dans un laps de temps al-
tiques; en dehors du chien et du chat, fi-
symbiose entre l’être humain et l’animal.
lant de six à dix mille ans avant notre
gurent le bovin, la chèvre, le mouton, la
Après avoir cohabité durant des millé-
époque, à deux exceptions près. Le lapin
poule et la dinde, le cochon, le cheval et
naires, ils s’échangent même des bacté-
n’a atteint le statut d’animal domestique
l’âne. L’affinité de ces animaux pour l’être
ries et des virus, devenus désormais des
qu’au Moyen-Âge, grâce aux efforts de
humain tient presque du miracle, car les
accompagnateurs permanents des popu-
quelques moines. D’autre part, de nou-
tentatives d’apprivoiser d’autres espèces
lations qui vivent en contact étroit avec
velles découvertes de squelettes de chiens
n’ont jamais manqué au cours des mil-
leurs animaux domestiques. C’est ce qu’on
dans des grottes de la Dordogne et en
lénaires jusqu’à l’époque moderne. Mais
dû amèrement constater les royaumes
Europe de l’Est indiquent que le chien
elles ont toutes échouées. Même le zèbre,
des Incas et des Aztèques, très dévelop-
était probablement déjà un fidèle com-
un parent très proche du cheval, ne s’est
pés, dont l’organisme ne disposait pas
pagnon de l’être humain il y a vingt à
jamais laissé domestiquer.
des défenses contre ces germes, au XVe
trente mille ans, l’aidant à chasser. On
Malgré la détention depuis plusieurs
et au XVIe siècle. Les méthodes modernes
spécule même que c’est cette collabora-
millénaires sous la protection de l’être hu-
de recherche dans l’Histoire ont démon-
tion fructueuse dans la chasse qui a per-
main et de la sélection parfois extrême de
tré que ces populations n’ont succombé
mis à l’Homo sapiens, venu du sud, de
l’époque moderne, les bovins, les porcs et
ni aux armes supérieures ni à la préten-
prendre la domination de l’Europe et de
les poulets ont maintenu la plupart des
due technique de guerre des conquista-
causer l’extinction de son prédécesseur,
exigences biologiques et éthologiques de
dors espagnols, mais qu’elles ont surtout
l’homme de Neandertal. Il est surprenant
leurs ancêtres sauvages. C’est ainsi qu’en
été les victimes des germes véhiculés par
de constater que plusieurs espèces ani-
Grande-Bretagne et en Suède, dans les an-
les européens.
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
7
L’exploitation de prairies, pâturages
des nombreux jours de jeûne sans viande
animales en Europe (centrale). Ceux qui se
et champs pour la détention animale – et
prescrits par l’Église, jusqu’à 150 l’an, ce
réjouissent des marguerites et des ancolies
aussi des forêts, jusqu’à la fin du Moyen-
taux implique une consommation quoti-
dans les prairies fleuries ne savent sou-
Âge – s’est répandue et a enrichi les lieux
dienne énorme. À l’opposé, la classe infé-
vent pas que ces espèces ne sont arrivées
concernés de flore et de faune, car elle
rieure ne pouvait que rêver de viande et de
chez nous qu’au Moyen-Âge. Les pintades
a créé de nouveaux habitats et donc des
poisson. L’idée de pays de Cocagne n’est
et les dindes ont été amenées chez nous
niches pour d’autres espèces végétales et
pas née par hasard à cette période.
par les «découvertes» espagnoles et portu-
animales. Malheureusement, aujourd’hui,
À la fin du XVe siècle, les nobles et
gaises. Lorsque des Pères pèlerins anglais
l’agriculture intensive agit justement
les communes réclamaient l’exploitation
se sont rendus en Amérique avec le «May-
dans le sens contraire. Les possibilités et
des forêts, déjà très amenuisées et la dis-
flower», au XVIIe siècle, ils avaient aussi
les modes de vie de l’être humain se sont
ponibilité du combustible et du matériau
quelques dindes à bord parmi d’autres ani-
également multipliés grâce à la déten-
de construction principal de l’époque: le
maux domestiques. Lorsqu’ils arrivèrent
tion animale; de chasseurs et cueilleurs
bois. C’est ainsi que de grandes étendues
de l’autre côté de l’océan, ils furent surpris
à paysans, bergers ou nomades, du pur et
de pâturage ont été perdues en Europe
de constater que les dindes sauvages peu-
simple approvisionnement au commerce
centrale, car à cette époque-là, le bétail
plaient le continent par millions.
et à l’échange de biens, possible aussi sur
se tenait également en forêt. C’est à cette
Au début du XIXe siècle, la consom-
de grandes distances grâce aux animaux
même époque qu’est né le concept de sé-
mation moyenne de viande dans les pays
de somme. La détention du bétail et la
paration des forêts et des terres agricoles
d’Europe occidentale se situait à 30 ki-
production d’engrais de ferme qui y est
qui aujourd’hui va de soi. Pour compen-
logrammes annuels par personne. Dès la
liée ont permis de nourrir davantage de
ser cela, il a fallu se procurer de nouvelles
moitié du siècle, ce chiffre n’a cessé de
personnes et de produire des excédents.
terres cultivables, en asséchant des zones
croître. En 1845 on développa la techno-
De cette manière, il a été possible d’établir
inondables, des marais, des tourbières
logie pour mettre la viande en conserve
des commerces, de fonder des villes et de
ou des bords de mer. Une autre consé-
et entre 1855 et 1860 on mit au point la
répartir le travail parmi les êtres humains,
quence de la perte de terrains de pâture a
production du lait en poudre et condensé,
ainsi que d’établir une administration, des
été l’augmentation des détentions du bé-
ce qui permit de constituer de meilleurs
sciences et des arts. Sans la domestication
tail dans les étables. Toutefois, des trai-
stocks et assura l’approvisionnement.
et l’élevage régulier, l’humanité n’aurait
tés médicaux déconseillaient de se nour-
Comme effet secondaire, cela changea la
pas pu suivre ce développement.
rir de viandes d’animaux détenus de cette
manière de mener la guerre – puisqu’il
façon et recommandaient, pour des rai-
était désormais possible de planifier l’ap-
2.2 L’histoire de la détention d’animaux
sons sanitaires et de qualité, de se nour-
provisionnement des armées. En 1822, le
rir de viande d’animaux élevés en liberté.
Royaume-Uni, le pays le plus puissant et
Les anciennes cultures romaines et
Par contre, la détention à l’étable a pro-
le plus avancé et influent du monde au
grecques appréciaient les terres culti-
duit du lisier et du fumier qui ont pu être
XIXe siècle, sur le plan politique, culturel
vées de céréales, de fruits, d’olives et de
épandus sur les champs et augmenter le
et technique, promulgua la première loi
vignes. Seuls les moutons signifiaient leur
rendement des cultures. Les exploitations
sur la protection des animaux de l’époque
importance comme animaux de rente.
agricoles ont commencé à se spécialiser
moderne. La première association végéta-
À l’opposé, les peuples germaniques du
dans la culture maraîchère, céréalière ou
rienne fut fondée à Manchester en 1847.
nord préféraient la nature, les forêts et la
dans l’élevage et sont passées de la pure
En 1860, la Grande-Bretagne fut à nou-
chasse. Ils comptaient davantage sur la
autarcie à l’échange et la vente de pro-
veau le premier pays du monde qui mit en
détention animale que les peuples méri-
duits. Sans campagne, pas de ville: encore
vigueur une loi contre l’escroquerie ali-
dionaux. À la fin de l’époque romaine,
jusqu’en 1900, des troupeaux de chèvres
mentaire. On peut constater que la qua-
l’influence des coutumes septentrionales
étaient conduits de Fluntern au «Dörfli»
lité des denrées alimentaires n’a jamais
a augmenté dans toute l’Europe et par
zurichois, où les citadines pouvaient s’es-
été au beau fixe, même pas au «bon vieux
cela, l’importance de la viande. Au IXe
sayer à les traire, moyennant une rétri-
temps».
siècle, le roi des Francs Lothar avait dé-
bution. Les jours de marché, les paysans
Vers 1800, l’élevage était encore re-
crété qu’un guerrier qui tuerait un évêque
acheminaient leurs denrées à Zurich par
lativement insignifiant en Suisse. Il n’y
ne doive pas seulement quitter les armes,
la voie terrestre ou par bateau, sur les fa-
avait que de grands troupeaux de bo-
mais qu’il doive également vivre sans
meuses «Seeschwalben».
vins et d’ovins. Cela changea complète-
viande. Les chroniqueurs du Moyen-Âge
Depuis l’époque romaine à travers le
ment dans la deuxième moitié du XIXe
parlent d’énormes taux de consommation
Moyen-Âge et jusqu’à l’époque moderne,
siècle. Les possibilités croissantes d’écou-
de viande, jusqu’à 100 kilogrammes par
le flux des marchés a amené de nom-
ler la marchandise à l’intérieur du pays et
personne dans la classe supérieure. Au vu
breuses nouvelles espèces végétales et
à l’étranger et les conditions climatiques
8
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
et topographiques favorables ont permis de développer la détention animale au détriment de la culture céréalière. Jusqu’à la première guerre mondiale, grâce aux possibilités de transports ferroviaires et maritimes, une meilleure fertilité des assolements et au doublement de la surface cultivable au niveau mondial, les céréales devinrent extrêmement avantageuses sur les marchés mondiaux. Par conséquent, la culture céréalière indigène collapsa pratiquement à la fin du XIXe siècle. À ce temps-là, comme durant la période entre les deux guerres, la Suisse importait quelque 800 000 tonnes de céréales, c’està-dire environ la même quantité qu’aujourd’hui mais pour la moitié d’habitants et pour beaucoup moins d’animaux de rente. Vers la fin du XIXe siècle, la production laitière suisse a acquis la grande importance économique, qu’elle revêt encore aujourd’hui au sein de l’agriculture indigène. Les facteurs déclencheurs
Nombre d’animaux de rente en Suisse (en milliers) Bovins Année Vaches total Porcs Chevaux Mouton Chèvres Volaille 1850 501 885 339 104 451 348 – 1900 744 1354 542 123 259 382 – 1950 858 1530 908 134 192 165 6300 1960 940 1746 1351 100 227 90 5975 1970 896 1907 1753 53 291 66 5919 1980 875 2031 2205 45 354 80 6146 1990 795 1855 1787 45 395 68 5822 2000 714 1588 1498 50 421 62 6789 2010 700 1591 1589 62 434 87 8944 GVE* 76 % 13 % 3 % 3 % 1 % 4% *Unités de gros bétail
Nombre de détenteurs d’animaux de rente en Suisse Année 1985 2000 2005 2010
Animaux 88 600 60 000 54 400 50 000
Bovins 71 800 50 800 45 400 41 100
Porcs 36 000 15 300 11 800 8800
Chevaux 12 600 10 700 10 300 9600
Moutons Chèvres 14 000 9800 12 600 7100 11 200 6600 9800 7000
Volaille 41 700 20 700 17 100 13 500
Lapins 6000 6000 4500 3300
furent, entre autres, le développement du chocolat au lait, du lait condensé et la production de fromages au moyen de présure, qui permit de multiplier les sortes de fromages et de diffuser les fromageries à l’extérieur de la zone de montagne. Le fromage, le chocolat au lait et le lait
Total des exploitations agricoles en Suisse en 2012: 59 000 35 000 dans les régions de plaines et de collines 24 000 dans la zone de montagnes 41 000 exploitations professionnelles 18 000 exploitations non professionnelles 38 000 spécialisées dans la détention d’animaux Taille moyenne environ 18 ha Nombre d’exploitations bio environ 6000 Chaque jour disparaissent en moyenne 5 à 6 exploitations Surface agricole utile en Suisse (prairies, pâturages, champs et cultures permanentes):1,1 million ha, plus 455 000 ha de pâturages alpins et jurassiens
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
Abattages en Suisse Année 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2007
Gros bétail 65 000 100 000 165 000 231 000 259 000 185 000 210 000
Vaches 111 000 142 000 198 000 237 000 211 000 169 000 151 000
Veaux 470 000 522 000 444 000 408 000 319 000 300 000 253 000
Porcs 740 000 1,4 mio. 2,3 mio. 3,4 mio. 3,3 mio. 2,6 mio. 2,8 mio.
S’y ajoute l’abattage annuel de quelque 2 millions de poules pondeuses et d’environ 40 millions de poulets et de dindes d’engraissement.
condensé devinrent rapidement d’impor-
leurs collègues suisses. La génétique re-
tants produits suisses d’exportation. L’éle-
vint en Suisse sous la forme de sperme,
vage bovin suisse fleurit. Le bétail sélec-
conformément aux temps, et y fit explo-
tionné était vendu dans tous les pays
ser la production laitière.
d’Europe – les êtres humains ainsi que
Depuis que Nestlé, grand acheteur au-
leur bétail devaient parfois faire le par-
près des producteurs de lait, a délocalisé
cours à pied! – ainsi qu’en Amérique du
sa production de lait condensé à l’étran-
Nord. Aujourd’hui, on peut à peine ima-
ger dans les années 1930, la surproduc-
giner ce que ces animaux ont dû endurer.
tion de lait a entraîné l’effondrement des
Ironie du sort: moins d’un siècle plus tard,
prix et la ruine de nombreuses exploita-
dès les années 1970, les éleveurs de bétail
tions paysannes. Suite à la crise écono-
brun et tacheté étrangers avaient rattrapé
mique mondiale, les exploitations de bé-
9
tail laitier sont tombées sous le feu de la
des animaux. Aujourd’hui, un paysan ac-
rées alimentaires extrêmement ample et
critique. «Il est vrai que ces économies pu-
complit ce travail en moins d’une heure,
avantageux. Heureusement, l’approvi-
rement axées sur la culture des surfaces
à l’aide de son tracteur et d’une charrue
sionnement sûr et suffisant d’aliments,
en herbage ne sont plus de vraies exploi-
à trois socs!
préoccupation principale de la plupart
tations paysannes. Leur activité s’épuise
À partir des années 1960, la haute
des êtres humains de cette planète de-
dans l’affourragement, la traite, la pâture,
conjoncture qui s’est mise en place a
puis la nuit des temps, jusqu’à il y a un
l’épandage d’engrais, la fenaison. Ce n’est,
rendu à la Suisse le plein emploi, ainsi
siècle également en Europe occidentale,
bien entendu, pas une économie agricole
qu’une pénurie de main-d’œuvre et des
est désormais devenu une évidence pour
saine» jugeait l’ancien politicien agricole
salaires fortement à la hausse. La de-
un nombre de plus en plus élevé de per-
et Conseiller national Roman Abt, de fa-
mande de produits de provenance ani-
sonnes.
çon rude et marquée par une idéologie
male a augmenté en parallèle. En même
dans l’esprit du temps. Depuis lors, dans
temps, la mécanisation, la rationalisation
ce pays on n’a cessé de chanter l’hymne à
et les connaissances scientifiques, tech-
2.3 Les relations entre l’être humain et l’animal
l’autosuffisance paysanne et à l’exploita-
niques et biologiques ont envahi l’agri-
L’idée très répandue, fausse et pessimiste,
tion familiale. La culture des champs a été
culture et l’élevage. Par conséquent, les
selon laquelle autrefois tout allait mieux,
forcée par le «Plan Wahlen», pour le bien
denrées alimentaires ont pu être offertes
peut être résolument contrée par le bien-
de la population, après la très mauvaise
à des prix de plus en plus avantageux.
être et l’approvisionnement alimentaire,
situation de l’approvisionnement durant
Bien que les familles aient commencé à
mais aussi par des faits concernant les re-
la deuxième guerre mondiale.
consommer davantage, les dépenses bud-
lations entre l’être humain et l’animal. La
Au milieu du XXe siècle, ce fut la fin
gétaires pour les denrées alimentaires ont
manière de s’y prendre avec les animaux
des bœufs et des chevaux de trait, em-
diminué rapidement, de 30 % en 1950 à
a toujours suivi le «droit» du plus fort et
ployés depuis des millénaires dans l’agri-
14 % en 1975, puis aux 7 % actuels, suite
l’écart entre l’être humain et l’animal.
culture, les tracteurs ayant pris la relève
aux grands progrès dans la productivité
Elle était caractérisée par l’abus, les idéo-
dans les lourds travaux des champs. Il fal-
agricole!
logies et par des prédilections et des pres-
lait deux personnes et presque 40 heures
Ce développement serait impen-
criptions irrationnelles propres à chaque
de travail pour labourer un champ d’une
sable sans l’élevage et l’intensification de
culture. Les anciens Égyptiens vénéraient
pause – l’unité de mesure agricole la plus
l’agriculture. Nous profitons encore au-
les chats et abhorraient les chiens, tandis
utilisée à l’époque, correspondant selon
jourd’hui, quotidiennement, des consé-
que les Perses dressaient des monuments
les régions, à environ 3 500 mètres car-
quences positives de cela, à savoir de la
aux chiens et les inhumaient comme des
rés – en se servant d’une charrue tirée par
sécurité alimentaire et d’un choix de den-
être humains, mais considéraient les chats comme des bêtes du diable et des hors la loi. Les Grecs anciens et les Romains effectuaient des expériences cruelles sur des animaux vivants. Dans les arènes de Rome, la plus grande ville du monde connue à l’époque, ont été lâché, les uns contre les autres, quelques 200 000 prisonniers de guerre, criminels et gladiateurs, et des millions d’animaux domestiques et sauvages, en faisant des carnages, juste pour le divertissement. Au Moyen-Âge, dans beaucoup de régions d’Europe, on détenait des veaux, des agneaux et des brebis dans l’obscurité durant toute leur vie. Les livres de cuisine recommandaient de clouer la palmure des oies, afin qu’elles engraissent plus vite, ou de battre à mort les veaux et les porcelets avec des cordes pour obtenir une chair plus tendre. De
Les Égyptiens anciens honoraient les chats – contrairement aux Persans
10
tout temps, l’être humain s’est montré sans cœur envers les animaux. Il n’a pas fallu attendre l’homme «moderne» pour
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
tourmenter les espèces animales par son style de vie et en condamner plusieurs à l’extinction. Nos ancêtres ont éradiqué plusieurs espèces animales: en Suisse, par exemple, au Moyen-âge le bison d’Europe et au XIXe siècle, le castor et l’ours. Même le «bon sauvage» reste simplement un idéal romantique occidental en ce qui concerne la relation entre l’être humain et l’animal. On a rapporté que les Indiens d’Amérique du Nord pratiquaient d’absurdes massacres de bisons, en les faisant se précipiter dans des gorges et qu’ils encourageaient leurs enfants à capturer des oiseaux, leur casser les pattes ou les ailes et à jouer avec eux. Des peuplées nomades saignaient leurs bovins vivants ou coupaient la graisse de la queue de leurs moutons pour en faire des friandises. La pratique de prier avant de tuer un animal ou de lui «demander pardon», colportée
Le cheval était un outil de travail et un martyr de guerre jusqu’au XXe siècle bien entamé
par les Inuit ou autres «peuples de la nature» et comparable aux us et coutumes
des animaux de boucherie à travers l’UE.
Dans la conscience de beaucoup de per-
de nos chasseurs face au gibier abattu,
Mais dans nos pays, à la fin du Moyen-
sonnes, il n’y a plus de séparation nette
correspond plutôt à un geste sentimen-
âge, on en faisait de même, notamment
entre les animaux de compagnie et les
tal et voué à s’assurer la bienveillance
par des convois d’animaux de bouche-
animaux de rente. Certes, l’exploitation
d’une puissance supérieure réprobatrice
rie, avec des bovins de Hongrie vers les
de bovins, porcs et poulets n’est généra-
qu’à l’expression sincère et consciente
riches villes marchandes du sud de l’Alle-
lement pas remise en question, mais au-
d’amour et d’équité vis-à-vis des autres
magne ou du Danemark vers la Hollande.
jourd’hui, il y a un large consensus sur le
créatures. Tant les «peuples de la nature»
Les animaux devaient parcourir des cen-
fait que si c’est normal que ces animaux
que les cultures «civilisées», ont éradi-
taines, parfois des milliers de kilomètres
soient élevés, détenus et abattus, ils ont
qué des espèces animales sans scrupules
à pied. Comme dans le Far West, où les
au moins le droit d’être ménagés le plus
et sans égard envers les relations écolo-
bovins d’engraissement, la plupart du
possible et d’être détenus conformément
giques et ont fait souffrir et exploité des
temps redevenus sauvages, étaient ache-
à leur espèce.
animaux sans égard en ce qui concerne
minés du Texas au nord, vers les sta-
Jusqu’à présent, les êtres humains ont
la conscience, la morale, l’éthique ou une
tions de chargement, pour être amenés
protégé les animaux de façon sélective.
quelconque prescription religieuse.
aux énormes abattoirs de Chicago. Ceux
La première loi sur la protection des ani-
C’est avec le cheval que l’être humain
qui croient que les animaux avaient une
maux au monde, promulguée en Grande-
a été le plus mauvais. Jusqu’au XXe siècle
meilleure vie, autrefois, devrait savoir que
Bretagne au début du XIXe siècle, ne
bien entamé, cet animal était un outil de
l’étourdissement avant l’abattage est une
concernait que les chevaux. Les députés
travail et une machine de guerre: toute sa
pratique récente à peine centenaire, en-
qui souhaitèrent étendre la protection aux
vie sous terre dans des houillères, forcé au
core inconnue de nos jours, dans de nom-
ânes furent la cible de moqueries et res-
travail et aveuglé, attaché à des roues de
breux pays et cultures.
tèrent en minorité. Aujourd’hui, cela peut
moulin et à des pompes, tournant en rond
Il y a peu d’éléments qui laissent pré-
faire sourire. Mais le racisme spécifique
tous les jours, des années durant, tirant des
sumer que les animaux de rente avaient
existe toujours. En Inde, ce ne sont pas
bus et des calèches sur les pavés durs de
une meilleure vie autrefois. Fondamen-
les vaches en général qui sont protégées
Londres, Paris, Berlin et New York ou à la
talement, on peut retenir que le rapport
et «sanctifiées», mais seulement les zébus
campagne, tirant des bateaux de charge le
entre l’être humain et les animaux au-
de la race indienne pure (parfois quand
long de canaux et de rivières, ruisselant de
jourd’hui, du moins en Suisse, est plus
même aussi leurs «hybrides»).
sueur sur les champs, devant la charrue.
étroit qu’il ne l’était il y a un quart de
Les autorités suisses et les professeurs
Aujourd’hui, on s’indigne, à juste titre,
siècle, avant que la législation sur la pro-
universitaires soutiennent que remplacer
contre les transports trop longs et inutiles
tection des animaux n’entre en vigueur.
les chiens et les chats par des souris et
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
11
il y a moins d’animaux qui sont exploités, détenus d’une façon non conforme à leur espèce, transportés et tués brutalement. Une personne qui s’alimente de façon végétarienne durant quatre-vingts ans évite d’élever, de tuer et de faire souffrir environ un millier d’animaux (poulets d’engraissement, bovins, veaux et porcs), si l’on se réfère à la consommation moyenne suisse actuelle. D’un point de vue purement quantitatif, on atteindrait le même effet si les gens mangeaient moins de viande. Si trois millions de Suisses renonçaient à deux repas à base de viande par semaine, le nombre d’animaux de rente détenus et tués baisserait autant que si 900 000 Suisses devenaient végétariens. Selon l’optique d’une
«Ethiquement» acceptable comme animal de laboratoire, de par son image de nuisible?
politique réaliste de protection des animaux, les deux stratégies, le végétarisme et la diminution de la consommation de viande sont efficaces, bien que l’expé-
des rats dans l’expérimentation animale
mais en même temps, elle admet l’impor-
rience montre qu’il est plus facile d’inciter
est une mesure de protection des animaux
tation de produits issus de la souffrance
les gens à diminuer la consommation de
au sens du principe légal des 3R: replace
animale, comme le foie gras, les cuisses
viande plutôt que d’y renoncer. En Suisse,
(remplacer), reduce (réduire), refine (raffi-
de grenouilles et la viande provenant de
le recul de la consommation de viande au
ner). Les industries pharmaceutiques sont
fabriques d’animaux, transportés sans
cours des 25 dernières années est consi-
plus honnêtes et conformes aux connais-
ménagement. Tout cela, pour des raisons
dérable: de 72 à 53 kilogrammes par per-
sances actuelles, car elles admettent sans
d’argent et de politique.
sonnes. Cela ne signifie probablement pas que les gens renoncent à la viande, mais
détour que les rats ne sont pas en reste
2.4 L’élevage d’animaux de rente : éthiquement justifié ?
plutôt qu’ils en mangent moins. Et cela
lution biologique et la capacité de supporter la douleur et la souffrance. Dans l’ex-
Incontestablement, la décision d’être vé-
portion de végétariens chez les jeunes
périmentation animale, on préfère utiliser
gétarien et encore plus végétalien, mé-
semble être au-dessus de la moyenne,
des rongeurs plutôt que des chiens ou des
rite du respect, car il s’agit d’une déci-
tandis que la génération de la guerre et
chats pour des questions de coûts, mais
sion éthique personnelle visant à réduire
celle des grands-parents, chez lesquelles
aussi parce que la société s’oppose moins
la souffrance animale. En dehors de cela,
la consommation de viande semble rester
à l’utilisation de ces animaux, perçus
on peut se poser la question si le végé-
majoritairement positive, contribuent de
comme «nuisibles» et parce que les ani-
tarisme ou le végétalisme constituent la
moins en moins à la consommation totale.
maliers s’y attachent moins. Au sein de
seule mesure éthique qui puisse diminuer
Cependant, même si les organisations
l’UE, la protection des animaux de rente
la souffrance des animaux ou s’il ne faut
de végétariens et celles de protection des
est également très sélective: jusqu’à pré-
pas d’autres stratégies complémentaires
animaux réussissaient à faire augmenter
sent, il n’y avait pas de directives contrai-
de protection.
la proportion de personnes végétariennes,
face aux chiens, en ce qui concerne l’évo-
changera encore à l’avenir, car la pro-
gnantes en matière de protection des ani-
En effet, la protection des animaux et
les abattoirs suisses ne seraient pas dé-
maux pour la détention de vaches, bœufs,
le végétarisme ont des racines différentes.
mantelés. Cela, également à cause des vé-
moutons, chèvres, chevaux et dindes. En-
De plus, de manière générale, ces deux
gétariens. Certes, ils ne mangent pas de
core moins cohérente est la législation fé-
idéologies sont traditionnellement fédé-
viande, mais ils consomment des œufs
dérale en matière de protection des ani-
rées dans des organisations qui ne visent
et des produits laitiers. Une consomma-
maux et d’agriculture: dans notre pays,
pas les mêmes objectifs. Les végétariens
tion moyenne de 180 œufs par personne
elle promulgue, à juste titre, des prescrip-
et les végétaliens pratiquants contribuent,
et par année implique qu’un végétarien
tions quant à l’éthique et à la protection
certes, à diminuer la souffrance due à
exploite 50 poules pondeuses de haute
des animaux à l’intention des détenteurs,
l’exploitation d’animaux, car grâce à eux,
performance, dans un laps de temps de
12
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
80 ans. En plus, ces personnes endossent également la responsabilité de la mort de 50 poussins mâles, triés et tués immédiatement après l’éclosion, car on sait qu’il n’est pas rentable de les engraisser. Puisqu’une vache ne donne du lait que si elle vêle chaque année et que seul un veau sur deux est une femelle que l’on peut élever comme vache laitière, le mode de vie végétarien n’implique pas seulement l’abattage, tôt ou tard, des vaches laitières, mais aussi l’engraissement et l’abattage des taurillons. Le mode de vie végétarien ou végétalien ne donne pas une solution satisfaisante au destin de millions d’animaux de rente qui naissent actuellement et naîtront dans vingt ou trente ans, qui seront élevés et finalement abattus. L’éthique et le fairplay demandent de s’occuper de tous les animaux qui existent. Il est donc néces-
En Suisse, les chiens et les chats mangent approximativement 60 000 tonnes de viande
saire que les organisations de protection des animaux se penchent sur des concepts
à l’échelle mondiale! Car le pire pour un
tels que la détention des animaux de rente
animal n’est probablement pas qu’on le
– dont ne fait pas seulement partie la dé-
tue à la fin de sa vie – pourvu que cela
tention de bovins, porcs et poulets, mais
se passe rapidement, avec ménagement et
aussi l’exploitation d’animaux de labora-
après étourdissement. Le pire est une vie
toire, d’animaux sauvages et, malheureu-
non conforme à son espèce et chargée de
sement, aussi d’animaux de compagnie –
souffrances, douleurs et frustrations. C’est
et qu’ils s’engagent contre la consomma-
exactement cela qu’on impose systémati-
tion excessive de produits de provenance
quement aux animaux détenus en masse
animale. C’est un péché contre la créa-
à travers le monde.
tion que de refuser l’aide et la protection
Jusqu’à présent, la consommation de
aux animaux et d’accepter qu’ils conti-
viande de la part des animaux domes-
Consommation de produits de provenance animale
nuent à être détenus en batterie, trans-
tiques carnivores tels que chiens et chats,
Suisse: environ 170 kg/par personne et
portés cruellement, castrés sans anesthé-
dont la détention est à la hausse, n’a ab-
par année
sie et tués sans étourdissement préalable,
solument pas été thématisée d’un point de
(53 kg de viande; 180 œufs; 110 kg de
vue éthique. La seule demande de viande
produits laitiers)
pour nourrir les 13 millions d’animaux de
Consommation de viande en Suisse: 53
Proportion de personnes végétariennes
compagnie en Allemagne devrait se situer
kg/par personne et par année; dont 50 %
à quelque 900 000 tonnes annuelles, cor-
à l’extérieur du ménage (gastronomie,
Étude de Proviande (2006): 5 % de végé-
respondant à peu près à la production
take-away); 13 kg proviennent de l’impor-
tariens en Suisse
annuelle de viande de l’Autriche. Environ
tation, souvent de détentions en masse;
Étude nationale sur l’alimentation, Max
200 millions d’animaux de compagnie
part de produits labellisés selon la caté-
Rubner Institut, Allemagne (2007): 1,6
vivent dans l’UE. En Suisse, les chiens
gorie de viande
% de végétariens en moyenne; 2,2 % de
et les chats mangent 60 000 tonnes de
10–50 %, dont 4 % de viande bio
femmes, seulement 0,1 % de végétaliens
viande par année, selon les estimations.
Consommation internationale de viande
Statistique autrichienne (2007): 1,4 % de
Toutefois, les chiens et les chats mangent
(par personne et par année): moyenne
végétariens et 3.9 % de végétariennes
surtout de la viande qui ne peut pas être
mondiale 40 kg, pays en développement
Étude sur les végétariens dans le
utilisée autrement, par exemple des sous-
environ 30 kg; Allemagne
Royaume-Uni (1995), resp. aux USA
produits de boucherie.
62 kg; France 72 kg; Espagne 80 kg; USA
(2009): 5 %, resp. 3 % de végétariens
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
110 kg
13
3. La détention d’animaux de rente en Suisse au XXe siècle 3.1 Le bien-être des animaux malgré les périodes de restriction
moment dans une étable chaude». Ainsi
vertes étaient courantes. La plupart des
il écrivit, une bonne fois pour toutes, aux
bovins sortaient à l’abreuvoir deux fois
paysans et aux étudiants.
par jour, même en hiver. En ce temps-là,
Un regard rétrospectif sur la première
Le bien-être des animaux a été respecté
il existait déjà des exploitations qui déte-
moitié du XXe siècle indique qu’il y eut
même en temps de guerre. La «Schweize-
naient des milliers de poules pondeuses.
un temps (encore que court) en Suisse,
rische Landwirtschaftliche Zeitung» du
Elles étaient distribuées par petits groupes
où le bien-être des animaux allait de soi
8.9.1944 a soutenu ce qui suit, dans un ar-
dans plusieurs poulaillers sur un pré vert.
dans la détention animale agricole. Oui,
ticle sur l’influence du bien-être des ani-
L’ainsi dit système suédois, un procédé de
il a été exigé par des responsables du
maux sur la production de lait: «En fait,
réhabilitation sanitaire confirmé, était ap-
monde paysan de façon véhémente et de
cela paraît presque grotesque de parler de
pliqué pour assurer la santé des troupeaux
leur propre initiative, pas en grinçant des
protection des animaux en ce moment, où
de truies reproductrices. Cela consistait à
dents comme aujourd’hui, en réaction à la
des milliers de précieuses vies humaines
les détenir en plein air, sous des cabanes.
pression populaire. À l’époque, la respon-
finissent misérablement dans des camps
La plupart du temps, les porcs d’engrais-
sabilité vis-à-vis des animaux comptait
de déportation. En tout cas, ces atroci-
sement avaient également la possibilité de
même si l’économie allait mal. Durant les
tés formeront une honteuse tache dans
sortir en plein air. Parmi les agronomes
années de crises des années 1920 et 1930,
l’Histoire, ineffaçable aux yeux de notre
et les vétérinaires, le dicton suivant était
Ernst Laur (1871–1964), professeur d’éco-
culture et civilisation actuelles. Oui, l’aide
courant: «Là où le soleil n’arrive pas, ar-
nomie agraire à l’ETH de Zurich et pre-
aux réfugiés dans le besoin est la néces-
rive le vétérinaire.»
mier directeur de l’Union des paysans mit
sité la plus urgente à l’heure actuelle. Mais
en évidence l’importance de sortir les ani-
nos animaux domestiques dépendent éga-
3.2. Des décennies perdues
maux de rente au pâturage. Par exemple,
lement de notre bonne volonté. L’être hu-
Au milieu du siècle, la recherche, les ins-
il soutenait que l’air, la lumière et le mou-
main a ravi la liberté de ces animaux, les
titutions de conseil et les paysans ont
vement étaient incontournables pour une
a apprivoisés et les a mis à son service. Ils
commencé à ne plus tenir compte du sa-
détention porcine économiquement ren-
sont à sa merci et leur grâce dépend de
voir-faire et des expériences en matière
table. «Si les animaux sont habitués à être
lui. C’est donc également un devoir que de
de détention des animaux. La détention
gardés à l’air libre, il ne faut pas craindre
veiller à leur bien-être avec la meilleure
en plein air, auparavant encouragée, était
de les faire sortir l’hiver, mais il faut faire
des volontés.»
désormais diabolisée, les sorties ont été
en sorte qu’ils puissent s’abriter à tout
14
Dans les années 1950, les étables ou-
condamnées et les animaux de rente ont
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
été parqués dans des étables de plus en
Ce développement matérialiste a eu pour
La science agronomique, les institu-
plus à l’étroit. L’état sanitaire des popula-
effet que la viande de volaille, aupara-
tions de conseil et les paysans sont encore
tions porcines fut maintenu par un moyen
vant très chère, soit désormais la viande
très performants dans la production de
qui devenait à la mode, le procédé SPF
la meilleur marché et que les prix des œufs
denrées alimentaires. La rationalisation
(specific pathogen free), remplaçant la
ait aussi massivement baissé, du moins en
(p. ex. la spécialisation sur une branche
détention en plein air et sous des abris.
ce qui concerne la rémunération des pay-
bien précise comme l’engraissement des
Les truies en gestation proches du terme
sans. Dans les années 1930, un paysan
bovins, l’élevage de vaches laitières ou de
étaient délivrées par césarienne et les
suisse pouvait acheter une vache grâce
poules pondeuses, ainsi que l’introduc-
porcelets étaient élevés dans un milieu le
au produit annuel de la vente des œufs
tion de formes de détention économisant
plus aseptique possible. L’entreprise Ovo-
de cinq ou six poules. Aujourd’hui, il lui
la place et le travail), la mécanisation et
maltine introduisit la détention en cages
faudrait au moins cent fois plus de poules
l’intensification (p. ex. les progrès dans
en batterie, déjà développée aux USA et
pour le même revenu.
la production de fourrages et dans l’af-
considérée comme dernier cri, pour sa
La performance a augmenté de façon
fourragement, ainsi que l’introduction de
production d’œufs. Dès les années 1960,
incroyable tant dans les champs que dans
l’élevage unilatéral) ont considérablement
cette méthode s’imposa de plus en plus
les étables. Depuis 1960, la production de
fait baisser les coûts de production des
auprès des aviculteurs «modernes», bien
pommes de terre à l’hectare a doublé pour
produits de provenance animale. Grâce
qu’il fût considérablement plus cher de se
atteindre 400 tonnes, celle de blé a tri-
aux progrès techniques et scientifiques
procurer de tels poulaillers que de conti-
plé pour se situer à 7,6 tonnes. En l’es-
dans l’agriculture, il est aujourd’hui pos-
nuer avec les formes de détentions en
pace de quelques décennies, la production
sible de nourrir 4,5 personnes avec un
plein air d’avant, plus respectueuses des
moyenne par vache est passée de 4 000 à
hectare de terre arable. En 1975, lorsque
animaux. Cela faisait gagner du temps et
presque 8 000 litres par année. Comme
le rapport du «Club de Rome» était consi-
permettait «d’abriter» nettement plus de
les poulets et les dindes d’engraissement,
déré comme un Évangile, ce chiffre n’at-
poulets, pour le même effort en matière
les porcs produisent aussi de plus en plus
teignait que 2,8 personnes et en 1950 à
de travail.
de viande, si bien qu’aujourd’hui 57 % de
peine 1,8. On calcule que, si la population
L’élevage sélectif par hybridation des
la carcasse est constituée de parties ainsi
mondiale continue à croître, en 2050, un
poulets s’est établi avec l’apparition des
dites «nobles», c’est-à-dire de la chair pri-
hectare de terre arable devra nourrir 5,5
cages en batterie. Jusqu’alors, les poules
sée et de deux côtelettes en plus.
à 6 personnes.
étaient détenues pour pondre des œufs
Entre 1950 et 1980, le cheptel porcin
En Suisse, entre 1965 et 1985, l’adop-
et les poulets mâles étaient engraissés
de Suisse a augmenté de deux fois et demie
tion de modèles d’élevage provenant de
jusqu’à l’âge de trois ou quatre mois. La
pour se situer à 2,2 millions d’animaux.
l’étranger et le passage d’une détention
nouvelle méthode d’élevage a marqué la
Dans le même laps de temps, la popula-
fin de l’exploitation duale des poulets,
tion bovine a augmenté d’un tiers, dépas-
vieille de quelque huit mille ans. On se
sant les 2 millions d’animaux. Par cela, le
concentra désormais sur des lignées spé-
nombre des deux espèces animales les plus
cifiquement aptes à l’engraissement et on
importantes du point de vue économique
engraissa les mâles et les femelles sans
a atteint un maximum historique. Mais la
distinction. En effet, les deux sexes pro-
production de lisier a aussi augmenté. Les
duisaient une bonne quantité de chair à
conséquences écologiques et économiques
la poitrine et aux cuisses, très convoitée,
de cette croissance disproportionnée ne se
atteignaient leur taille pour la boucherie
sont pas fait attendre. L’épandage de l’en-
déjà après six semaines et consommaient
grais de ferme, à l’époque non réglementé
moins de fourrage par kilo de viande pro-
et quantitativement très important, no-
duite. Les lignées de poules pondeuses
tamment dans les régions à forte concen-
se sont distinguées par leur production
tration de bétail comme la Suisse centrale,
d’œufs très élevée. Auparavant, une poule
a porté atteinte à certains lacs et a mené au
pondait 150 à 180 œufs, tandis qu’une
collapse de leurs écosystèmes. Leur assai-
poule moderne, sélectionnée, produit 300
nissement a demandé une somme d’argent
œufs par année. Puisqu’il n’est pas ren-
des contribuables très élevée, comme l’uti-
table d’engraisser les mâles fluets des
lisation de l’excédent de la production lai-
races pondeuses, ceux-ci sont tués après
tière. Depuis lors, les populations de bétail
un jour d’existence. Dans la seule Europe,
ont été ramenées au 1,6 million de bovins
cela concerne 500 millions de poussins.
et 1,6 million de porcs actuellement.
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
La performance de la volaille a été augmentée de façon extrême par la génétique; c’est désormais la viande la moins chère
15
d’animaux paysanne à des formes de pro-
puis les années 1960. La brutale réalité de
Les éleveurs bovins suisses, autrefois
duction animale industrielles a profité
plusieurs générations de truies reproduc-
fiers à juste titre, perdirent leurs liens avec
principalement aux bouchers, aux com-
trices a consisté en une courroie étroite-
leurs animaux et se laissèrent convaincre
merces de détail et aux consommateurs.
ment fixée à la poitrine ou à passer toute
en peu de temps par les prétendus avan-
Auparavant, la viande quotidienne n’était
leur vie dans une cage métallique dans
tages de la détention permanente à l’étable,
réservée qu’à quelques riches. En peu de
laquelle l’animal ne pouvait même pas
à l’attache et par les dresse-vaches électri-
temps, elle est devenue accessible à tout le
se retourner! Leurs petits, les porcs d’en-
fiés. Ils enterrèrent leurs convictions quant
monde et est désormais une évidence. Ce-
graissement, n’ont pas eu la vie plus fa-
à la zootechnie et ses objectifs, et se mirent
pendant, alors que la détention d’animaux
cile. Peu après la naissance, on leur arra-
à importer de plus en plus de génétique.
était au zénith et que les produits laitiers,
chait les canines, de façon routinière, et
La race originale fribourgeoise, tachetée
la viande et les œufs devenaient toujours
on leur coupait la queue, les mâles étaient
noire, a complètement disparue. Les races
meilleur marché, ceux qui en faisaient
castrés – tout cela sans anesthésie! Ils vé-
polyvalentes comme la Simmental «origi-
les frais étaient les animaux de rente. Car
gétaient par groupes de dix, dans des sta-
nale» et la vache brune, élevées tant pour le
les formes de détention qui épargnaient
bulations sombres et sans litière, sur des
lait que pour la viande, représentent désor-
de l’espace et du travail, promues par la
dalles de béton perforées, couchés sur
mais des minorités; les descendantes des
science et les institutions de conseil, ainsi
leurs excréments et leur urine, en atten-
laitières US-Holstein (rouges et noires) et
que l’élevage unilatéral ont masqué l’es-
dant la boucherie. À l’époque, on était au
des Brownswiss, par contre, se sont im-
sence et la biologie des animaux. Leurs né-
moins honnête: dans les années 1970, des
posées. On a commencé à détenir les bo-
cessités ont été réduites à la nourriture et
représentants de la Station de testage pour
vins d’engraissement dans des stabula-
à l’eau: moins que ce que l’on accorde à
l’engraissement de Sempach ont défini
tions économiques en espace et sur cail-
une plante, puisqu’à l’époque, les porcs et
cette méthode de détention sur caillebo-
lebotis, comme les porcs. On en est arrivé
les poulets ont même été privés de la lu-
tis comme «dure», devant des visiteurs; on
à compresser jusqu’à quinze bovins d’en-
mière du jour!
savait donc ce qu’on faisait aux animaux.
graissement de 500 kilogrammes sur 30
Les porcs ont été durement frappés.
Dix ans plus tard, lorsque cette cruauté
mètres carrés, correspondant à la surface
Alors que dans la première moitié du XXe
envers les animaux essuyait de plus en
moyenne d’une pièce d’habitation. On a
siècle les truies reproductrices pouvaient
plus les critiques de l’opinion publique, les
imposé la muselière aux veaux, afin qu’ils
encore s’ébattre en groupe sur les pâtu-
fonctionnaires de la branche soutenaient
ne mangent pas un seul brin d’herbe et que
rages, et que les porcs d’engraissement
cyniquement qu’il ne manquait rien à ces
leur viande reste belle blanche. Ils végé-
pouvaient sortir régulièrement en plein
cochons et qu’en fin de compte, ils en-
taient, isolés, dans des caissons à claire-
air, ils ont été complètement enfermés de-
graissaient bien.
voie en bois, d’où ils ne sortaient que pour aller à l’abattoir. Au cours des décennies entre 1960 et 1980, la plupart des paysans suisses cessèrent presque entièrement la détention des animaux en pâture, en plein air ou avec la possibilité de sortir régulièrement, pratique qui était courante durant la première moitié du siècle. L’animal devint la plupart du temps un simple facteur de production, la relation entre l’être humain et l’animal fut réduite au minimum. En même temps, la plupart des fonctionnaires agricoles refusèrent, des décennies durant, de reconnaître le bien-fondé des études scientifiques et des connaissances pratiques quant aux conséquences négatives de la production animale intensive sur la santé et le bien-être des animaux qui s’amoncelaient depuis la fin des années 1970. Ils
Les truies ne peuvent plus se mouvoir dans les stabulations
16
renièrent également la pensée idéologique en faveur de la protection des animaux de leur premier secrétaire agricole.
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
4. La législation sur la protection des animaux 4.1 Le développement de la législation sur la protection des animaux de 1981 à 2011
cée du monde. Afin d’amortir les conséconformes existantes disposent d’un délai
1989 La PSA organise, à Bâle, le premier
En Suisse, la cruauté envers les animaux
de dix ans pour se mettre à la page.
congrès international contre l’ingénierie
des tortues dans toute la Suisse.
quences économiques, les détentions non
génétique sur les animaux. Elle demande
de rente a rapidement mis en mouvement des forces d’opposition efficaces, contrai-
1985 Les organisations de protection des
que la zootechnie garantisse la dignité de
rement aux pays étrangers, l’UE en tête.
animaux commencent à thématiser les
la créature. En 1992, l’exigence de la PSA
Dans ces pays, la production animale in-
déficits de l’ordonnance sur la protection
quant à la dignité de la créature est ins-
tensive n’est toujours pas sérieusement
des animaux. La Confédération est enfin
crite dans la Constitution fédérale. Depuis
remise en question par les politiques et la
forcée à agir à coups de pétitions et d’in-
2008, elle se trouve également dans la loi
protection des animaux de rente n’a pas
terventions parlementaires. On conteste
fédérale sur la protection des animaux.
la part belle. Les protecteurs suisses des
certaines lacunes, des termes juridiques
animaux s’allièrent aux paysans et aux
vagues et des prescriptions quantitatives
1990 Le Conseil fédéral complète l’or-
consommateurs responsables pour dé-
insuffisantes en matière de détention ani-
donnance sur la protection des animaux
fendre la protection des animaux de rente
male. L’application reste un sujet perma-
par des prescriptions quant à la protec-
sur le plan législatif.
nent. Les contrôles laxistes ou inexistants
tion des lapins.
dans certains cantons sont fortement cri-
1981 La législation fédérale sur la pro-
tiqués, comme la surveillance insuffi-
1991 Le délai transitoire pour l’exécu-
tection des animaux entre en vigueur. Elle
sance par l’OVF et le formalisme des auto-
tion des prescriptions concernant la pro-
interdit désormais les cages en batterie
rités dans une «protection millimétrée des
tection des animaux arrive à échéance.
pour l’élevage des poulets et réglemente
animaux», aux frais d’une protection qua-
Les éleveurs de poules pondeuses sont
de façon complète la détention des ani-
litative, par exemple en ce qui concerne
ceux qui ont appliqué les nouvelles dis-
maux de rente, de compagnie, de labora-
l’éclairage, le mouvement et l’occupation
positions de la manière la plus consé-
toire et sauvages. Elle suscite donc l’atten-
des animaux.
quente. Toutes les cages en batterie ont
tion sur le plan international. Aujourd’hui
disparu avant l’échéance du délai tran-
encore, après la révision complète de
1988 Une action de la PSA, par des cartes
sitoire. La nouvelle forme de détention
2008, elle constitue la législation sur la
postales adressées au Conseil fédéral, per-
qui s’impose désormais est celle en vo-
protection des animaux la plus avan-
met l’interdiction les produits provenant
lière, développée par ETH de Zurich. C’est
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
17
la forme de détention la plus intéressante
du Conseil des États s’occupent de façon
donnance sur la protection des animaux
du point de vue économique et de la pro-
approfondie de la législation sur la pro-
(»les animaux oubliés»). Deux autres pé-
tection des animaux. Au niveau européen,
tection des animaux, en entendant égale-
titions pour réglementer les sélections
elle constitue désormais la solution alter-
ment des représentants de la PSA. Les cri-
extrêmes et pour interdire la castration
native à la détention en cage. Les poules
tiques objectives de la protection des ani-
des porcelets sans anesthésie suivront.
disposent de litière pour picorer, gratter
maux sont en grande partie confirmées et
La Confédération satisfera ces exigences
et prendre des bains de poussière, de nids
la CG réclame une révision de la loi et de
dans le cadre de la révision sur la législa-
protégés pour pondre leurs œufs, et d’es-
l’ordonnance d’application.
tion sur la protection des animaux entre 2003 et 2008.
paces de repos et de retrait.
1996 La PSA lance une pétition en faveur 1993/1994 En conséquence à la cri-
de prescriptions concrètes également pour
1997 Le Conseil fédéral stoppe le projet de
tique permanente à l’application de la
la protection des chevaux, des chèvres et
révision de la loi sur la protection des ani-
protection des animaux, les Commis-
des moutons. Jusqu’à ce moment, ces ani-
maux et, à sa place, met en vigueur l’or-
sions de gestion du Conseil National et
maux n’étaient pas mentionnés dans l’or-
donnance sur la protection des animaux,
Le chemin vers la loi sur la protection des animaux
borer un article constitutionnel en faveur de la protection des animaux.
1961 La PSA lance une pétition en faveur d’une loi fédérale sur la protection des animaux et cherche des alliés au Parlement.
1973 la percée: La majorité écrasante du peuple et des cantons approuve le nouvel article constitutionnel en faveur de la protection des animaux: 1 041 282 de oui contre 198 866 de non.
1975 Le jeune Suisse de l’étranger Mark M. Rissi tourne le long métrage «De Grotzepuur», avec Schaggi Streuli, Ines Torelli, Jörg Schneider et Walo Lüönd. Ce film, cofinancé par la PSA, montre pour la première fois des poulets en batterie, des veaux d’engraissement attachés et muselés et des cages à porcelets au grand public, choqué par ces visions. Il a contribué à présenter le thème des fabriques d’animaux à l’opinion publique et à faire reconnaître la nécessité d’une loi sur la protection des animaux à un large cercle de la population.
1963 Le Conseil fédéral approuve la pétition et un projet de loi formulé par la PSA et des spécialistes. Le conseiller national Walter Degen, vétérinaire cantonal de Bâle Campagne, y rajoute une motion en faveur d’une loi sur la protection des animaux, cosignée par 41 conseillers. 1965 Paraît le livre «Animal Machines» de l’Anglaise Ruth Harrison. Il relance la demande en faveur d’une loi sur la protection des animaux. Le livre montre d’une manière impressionnante et sans ménagement le développement erroné de la détention animale dans l’agriculture.
1974 Le Conseiller fédéral Ernst Brugger instaure une commission extraparlementaire chargée d’élaborer une loi sur la protection des animaux, à nouveau sous la direction du Prof. Andreas Nabholz. Le directeur de la PSA, Hans-Peter Haering, compte également parmi ses membres. MM. Nabholz et Haering font pression en faveur d’une législation progressiste et complète sur la protection des animaux. Cette lutte commune en faveur d’une protection légale des animaux débouchera sur une amitié qui durera toute leur vie.
1978 Le Parlement promulgue la première loi fédérale sur la protection des animaux. La «Ligue contre la vivisection» s’y oppose par référendum, alors que la PSA et les vétérinaires la soutiennent, avec certaines réserves. En décembre de la même année, le peuple et les cantons l’approuvent par 78 % de oui.
1967 La PSA publie le rapport «Nutztierhaltung ohne Gesetz» (Détention d’animaux de rente sans loi), dénonçant les conditions des étables suisses, contraires à la protection des animaux et faisant pression en faveur d’une loi sur la protection des animaux. 1971 Une commission dirigée par le directeur de l’Office vétérinaire fédéral, le Prof. Andreas Nabholz, commence à éla-
18
1977 D’éminentes personnalités comme le Prix Nobel Konrad Lorenz, le Prof. Heini Hediger, directeur d’un zoo, et l’essayiste et chercheur en zoologie Bernhard Grzimek ont soutenu la PSA dans sa lutte pour une loi progressiste sur la protection des animaux.
Deux locomotives devant la loi sur la protection des animaux: le Prof. Dr Andreas Nabholz et M. Hans-Peter Haering
1979 Les autorités fédérales entament les travaux pour une ordonnance sur la protection des animaux. Elle constituera le texte d’application de la loi fédérale.
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
réélaborée, suite aux fortes critiques des détenteurs d’animaux et des milieux de la protection des animaux dans le cadre de la consultation. L’ordonnance apporte des améliorations, notamment en faveur des animaux de rente, telles que la détention des veaux en groupes (à l’exception de la détention dans des igloos individuels), l’interdiction des sols en caillebotis et de détenir les truies à l’attache ou dans des caissons à claire-voie. Le délai transitoire pour transformer les stabulations existantes varie entre cinq et dix ans.
1999 Les changements dans la relation entre l’être humain et l’animal conduisent la PSA, la Société Cynologique Suisse (SCS) et la Société des vétérinaires suisses (SVS) à lancer l’initiative populaire «Les animaux ne sont pas des choses!». En l’an 2000, l’initiative est retirée, après que le Parlement ait adapté la législation en conséquence, suite à une initiative parlementaire du Conseiller aux États Dick Marty.
2000 Depuis cette année, les nouvelles
La lutte pour améliorer la loi sur la protection des animaux continue – pour tous les animaux!
connaissances de la médecine vétérinaire, de l’éthologie et du droit ainsi que les
lacunes patentes quant aux animaux de
la formation des détenteurs d’animaux et
changements dans la relation entre l’être
compagnie et à la technologie génétique
ne propose quasiment aucune améliora-
humain et l’animal montrent de plus en
appliquée aux animaux, tout comme dans
tion matérielle en faveur des animaux.
plus clairement qu’il est urgent d’interve-
les sélections extrêmes où il y a déjà un
De plus, le Conseil fédéral veut abroger
nir au niveau de la loi sur la protection des
consensus en faveur de l’interdiction. Ce-
une partie des prescriptions concernant
animaux: tout n’est pas réglé par de seules
pendant, les autorités manquent du sou-
l’étourdissement des mammifères. Cette
adaptations de l’ordonnance. Il y a des
tien nécessaire pour l’ancre dans la loi
prescription remonte à l’initiative popu-
sur la protection des animaux. Le chan-
laire de la PSA, approuvée par le peuple
gement du statut juridique des animaux,
et les cantons en 1893.
approuvé par le Parlement, va également dans ce sens.
2002 La PSA lance l’initiative populaire «Oui à la protection des animaux!». Elle
Il est temps de mieux protéger les animaux! Soutenez l’initiative populaire «Pour une protection des animaux moderne (Protection des animaux – OUI!)»
Protection suisse des animaux Psa
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
2001 Une commission extraparlemen-
comprend un catalogue complet et dé-
taire désignée par le Conseil fédéral dans
taillé d’exigences en faveur de la protec-
laquelle siègent également des représen-
tion des animaux. Suite à cette initiative
tants de la protection des animaux et de
et à des protestations massives, le Conseil
la société des vétérinaires, demande une
fédéral retire la proposition d’abroger
révision complète de la loi sur la protec-
l’obligation générale d’étourdir les ani-
tion des animaux, désormais vieille de
maux avant de les abattre. Il est désor-
vingt ans. Le Conseil fédéral met donc
mais exclu que l’on puisse réintroduire
en consultation un message en faveur
la manière d’abattre un animal en l’égor-
d’une nouvelle loi sur la protection des
geant, sans l’étourdir au préalable. Le Par-
animaux. La PSA critique le projet avec
lement décide de reporter d’une année les
véhémence, car il met l’accent surtout sur
consultations en vue d’une nouvelle loi
19
sit des animaux de boucherie à travers la Suisse dans l’ordonnance sur la protection des animaux. Après que la PSA ait critiqué, des années durant, les prescriptions obsolètes concernant la protection des animaux lors de l’abattage, le Conseil fédéral a mis en vigueur une ordonnance départementale dotée de prescriptions importantes concernant les animaux de boucherie.
2011 Le Parlement rejette une motion visant à abolir l’interdiction du fil barbelé sur les pâturages à chevaux de l’ordonnance sur la protection des animaux, ainsi qu’une intervention ayant l’objectif de subventionner les exportations de bétail. Le Conseil fédéral présente une mini ré-
Interdite depuis 2010: la castration des porcelets sans anesthésie
vision de la loi sur la protection des animaux au Parlement. L’expérimentation animale devra être déclarée de manière plus transparente, le commerce de four-
sur la protection des animaux, afin que
«Avocat de la protection des animaux,
rures de chats et de chiens totalement in-
cette affaire puisse être traitée parallèle-
oui!». Elle la déposera en été 2007, dotée
terdit, l’emploi de «moyens auxiliaires»
ment à l’initiative de la PSA.
de quelque 140 000 signatures valables.
avec les animaux sera réglementé. De
2003 La PSA soumet l’initiative popu-
2008 La nouvelle législation sur la pro-
tion des animaux, délibérées ou par négli-
laire «Oui à la protection des animaux!»,
tection des animaux, entièrement rééla-
gence, pourront être signalées. En 2012,
avec quelque 120 000 signatures. Le Par-
borée, entre en vigueur. Elle prévoit, entre
le Parlement approuve ces améliorations
lement entame les consultations quant à
autres, de limiter à six heures le temps de
en faveur de la protection des animaux.
la nouvelle loi sur la protection des ani-
transport des animaux, d’interdire les sé-
De plus, il adopte l’interdiction de détenir
maux. Les organisations de protection des
lections extrêmes et la castration des por-
des dauphins et promeut l’interdiction de
animaux sont consultées à plusieurs re-
celets sans anesthésie. Elle contient éga-
transporter les animaux de boucherie au
prises et accompagnent intensivement le
lement des prescriptions concrètes quant
niveau de la loi. Le commerce des chiens
processus législatif.
à la protection des chèvres, des moutons
par colportage sera également interdit.
plus, les infractions à la loi sur la protec-
et des chevaux. Jusqu’ici, ces animaux de
2005 La PSA peut désormais retirer l’ini-
rente n’étaient pas protégés légalement.
tiative populaire «Oui à la protection des
La formation, le perfectionnement et l’in-
animaux!», car le Conseil des États et le
formation des détenteurs d’animaux sont
4.2 Évaluation de la nouvelle loi sur la protection des animaux (LPA)
National ont retouché des domaines par-
désormais ancrés dans la législation.
La nouvelle LPA comporte toute une série
ticuliers de la loi sur la protection des ani-
d’améliorations en faveur des animaux,
maux, contre l’avis du Conseil fédéral. De
2010 Le peuple et les Cantons refusent
par exemple:
plus, le Conseil fédéral promet aux orga-
l’initiative pour l’avocat de la protection
• L’interdiction de castrer les porcelets
nisations de protection des animaux de
des animaux par 77 % de voix négatives.
combler certaines lacunes lors de la ré-
Les organisations de protection des ani-
vision de l’ordonnance sur la protection
maux, les paysans et les vétérinaires se
des animaux (concernant les moutons, les
sont battus durant quatre ans contre la
chèvres, les chevaux et les poissons) et de
condescendance du Conseil fédéral sou-
faire aboutir des améliorations matérielles
mis à la pression de l’UE en matière de
• Des prescriptions quant à la zootechnie
en faveur des animaux en général.
transit des animaux de boucherie à tra-
et l’interdiction des sélections extrêmes
vers la Suisse. Désormais, le Conseil fédé-
• L’encouragement de la recherche en fa-
2006 La PSA lance l’initiative populaire
20
ral a inscrit l’interdiction totale du tran-
sans anesthésie depuis 2010 • La limitation du transport d’animaux à un maximum de six heures • L’interdiction d’importer des fourrures de chats et de chiens
veur de la protection des animaux
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
• La protection de la «dignité de l’ani-
dispositions concrètes.
Moins de souffrance
Cependant, la nouvelle législation en
La formation et l’information spécifiques
matière de protection des animaux n’a
des détenteurs sont également bienve-
• De nouveaux instruments d’exécution:
pas été le grand bond en faveur des ani-
nues, tout comme la meilleure protection
une meilleure formation et information
maux de rente qu’avait représenté en son
des animaux élevés en liberté, l’exigence
des détenteurs d’animaux, des trans-
temps, l’interdiction des cages en batterie
concernant les contacts sociaux et la dé-
porteurs d’animaux et du personnel
dans l’aviculture. Notre société aurait pu
tention en groupes, ainsi que la protection
des abattoirs; des services cantonaux
se permettre un progrès plus conséquent
contre le bruit excessif. Enfin, il a égale-
de protection des animaux; l’interdic-
pour réparer la situation des animaux de
ment été possible de réglementer la plu-
tion de détenir certains animaux, va-
rente, exploités sans égard quant à leurs
part des interventions douloureuses afin
lable pour toute la Suisse; Elle fixe des
besoins, des décennies durant. Mais une
de ménager la souffrance des animaux,
objectifs et des mandats de prestation;
fois de plus, les lobbys agricoles ont ba-
par exemple dans les opérations consis-
finalement, elle prolonge les délais de
layé ces réflexions par une campagne
tant à arracher les dents et à couper la
prescription.
contre la protection des animaux.
queue des porcelets, à poser des anneaux
mal», y compris l’interdiction de la sodomie
nasaux aux porcs, à castrer les jeunes ani-
De l’eau pour tous les animaux de rente
maux, à couper le bec et à rogner les ailes
originale du point de vue de la protection des animaux, à cause du découra-
La nouvelle OPAn est plus sévère que la
tions douloureuses, les animaux de rente
gement du Conseil fédéral et de certains
précédente et apporte au moins plusieurs
suisses sont désormais les mieux protégés
parlementaires qui souhaitaient y mettre
améliorations de détail en faveur de la
au monde.
un frein. Les animaux auraient mérité une
plupart des animaux. Par exemple, le droit
meilleure loi. Par exemple, il n’a pas été
à l’eau pour tous les animaux. Jusqu’à
Combler les lacunes
possible d’y ancrer:
présent, les porcs et les veaux d’engrais-
Les chanceux de la révision de l’ordon-
• L’interdiction d’effectuer des expé-
sement, nourris avec des produits liquides
nance sont les moutons, les chèvres, les
riences très invasives sur des animaux
et riches en sel, dérivés de la production
dindes et les chevaux. Jusqu’à la révision,
et à des buts expérimentaux douteux du
fromagère, ne recevaient pas d’eau – avec
il n’y avait pas encore de prescriptions de
point de vue éthique (cosmétique, pro-
des conséquences sanitaires désastreuses
protection concrètes et contraignantes les
duits de nettoyage, biens de luxe, tabac)
et un taux de mortalité très élevé, notam-
concernant. Le Conseil fédéral en a dé-
ment chez les veaux.
sormais stipulées quelques-unes. Depuis
Dans son ensemble, la révision est peu
• La sortie régulière en plein air pour tous les animaux de rente
à la volaille. Du point de vue des interven-
2010, les 76 000 chèvres et les 450 000
• Une détention des animaux sauvages et de laboratoire conforme à leurs espèces • Que l’on interdise les importations contraires à la protection des animaux et que l’on déclare le type de détention
4.3 Évaluation de la nouvelle ordonnance sur la protection des animaux (OPAn) La volonté du Conseil fédéral de prendre en compte un degré plus élevé de protection au niveau de la loi, décidé par le Parlement, mais aussi des connaissances de la science et de la pratique, s’observe dans la nouvelle OPAn. Plusieurs espèces animales en profitent, si l’on compare à la situation d’avant 2008. Par exemple, les quelque sept millions d’animaux de compagnie, ainsi que les chevaux, les chèvres, les moutons, les dindes et les poissons. Ces espèces animales, jusqu’ici «oubliées» par l’OPAn, sont désormais protégées par des
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
Jusqu’en 2008, il n’y avait aucune prescription concernant les moutons dans l’ordonnance sur la protection des animaux
21
moutons vivant en Suisse peuvent se
leur administrant fréquemment des anti-
coucher sur de la litière. Cette dernière
biotiques. Dès l’automne 2013, l’immu-
Transport d’animaux et abattage
est une nécessité fondamentale de tous
nité naturelle des veaux doit être renfor-
La nouvelle OPAn a amélioré les condi-
les animaux de ferme, prouvée scientifi-
cée par une alimentation conforme à leur
tions de transport des animaux de rente,
quement. Pour sa part, la volaille néces-
espèce, plus riche en fibres, à base de foin,
notamment en limitant le temps de trans-
site la litière pour picorer, gratter et pour
d’ensilage et d’herbe, ce qui augmente
port à un maximum de six heures: une
prendre des bains de poussière mais, par
aussi l’apport de fer. Les consommateurs
première mondiale. Toutefois, il reste en-
sa nature, se repose sur des perchoirs. Ce-
devront donc définitivement dire adieu
core des questions à clarifier. Par exemple,
pendant, le Conseil fédéral n’accorde la
à la viande de veau claire. En revanche,
il manque une définition claire du mo-
litière que de façon sélective à nos ani-
ils auront la garantie que la viande ro-
ment à partir duquel les animaux ne sont
maux de rente. Deux des trois malchan-
sée qu’ils achèteront à l’avenir provien-
plus transportables et qu’ils devraient être
ceux de la révision, soit les porcs et les
dra de veaux sains et que l’emploi d’anti-
abattus sur place ou dans l’abattoir le plus
bovins d’engraissement, doivent conti-
biotiques dans l’engraissement des veaux
proche, au lieu d’être encore charriés à
nuer à vivre dans des caissons nus et
diminuera.
travers le pays. La question du transport
étroits, sans litière et sans la possibilité
Les porcs pourront enfin respirer un
des femelles en gestation est également
de sortir en plein air. Les vaches non plus
peu, au moins en été. Jusqu’à mainte-
restée sans réponse. Dans notre pays, cela
n’ont pas joui d’améliorations remar-
nant, lors des journées chaudes, ils souf-
est malheureusement encore permis, tan-
quables. On peut continuer à leur faire
fraient de la chaleur excessive, puisque
dis que l’UE interdit de transporter les
passer la plupart de leur vie à l’étable, à
leur peau ne transpire pas et que, dans les
femelles gravides au cours du dernier
l’attache, et même le dresse-vaches reste
porcheries, ils ne peuvent pas se souiller
dixième de la gestation.
légal, dans les étables existantes.
comme à l’air libre. Les éleveurs devront
Une réussite importante en faveur des
désormais veiller à leur procurer des pos-
animaux a été atteinte dans le domaine
La fin des veaux nourris incorrectement?
sibilités de se rafraîchir. À ce propos, un
de l’abattage. En automne 2010, les pres-
moyen qui a fait ses preuves est la douche
criptions en vigueur jusqu’alors, complè-
Les veaux d’engraissement et les amis
pour cochons, que l’animal peut déclen-
tement obsolètes, ont enfin été adaptées à
de la viande de veaux ont de meilleurs
cher par une pression du groin, lorsqu’il
l’état actuel des connaissances.
jours devant eux. Jusqu’à présent, l’état
ressent le stress de la chaleur.
sanitaire des veaux d’engraissement, sou-
4.4. Application
vent déficient à cause de leur alimenta-
Nonobstant le net rejet de l’initiative pour
tion non naturelle, devait être amélioré en
l’avocat des animaux par le peuple et les cantons, en 2010, la PSA remarque la volonté de nombreux offices de vétérinaires cantonaux d’améliorer l’application. De toute évidence, les nouveaux instruments d’exécution semblent être efficaces. En même temps, la volonté politique d’instaurer des contrôles et des sanctions adéquates semble être plus marquée. Les organisations de protection des animaux remarquent également avec satisfaction les premières tentatives d’établir périodiquement des rapports nationaux de la protection des animaux. Elles apprécient également les travaux en cours pour réglementer les sélections extrêmes du point de vue de la protection, ainsi que le premier audit de l’exécution de la protection des animaux, établi sur mandat de l’OVF et publié en été 2011 – bien que la PSA y
Unique au monde: le transport d’animaux limité à un maximum de six heures
22
ait détecté de graves lacunes dans la manière d’examiner.
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
5. Politique agricole 5.1 Développements de 1951 à 2011
animaux sans posséder de terrains ni pro-
mis de construire ne seront plus octroyés
duire du fourrage), a suscité l’opposition
qu’aux exploitations disposant de terrains
1951 Le Parlement promulgue une nou-
des milieux paysans, des consommateurs
à cultiver. Les exploitations trop grandes
velle loi fédérale sur l’agriculture. Ses ob-
et de la protection des animaux.
et celles qui ne sont pas liées à des terrains devront être démantelées. La Suisse essaie
jectifs, compréhensibles après les amères expériences faites durant la deuxième
1979 On introduit le contingentement
donc de mettre un verrou à la détention
guerre mondiale, sont d’encourager une
laitier, afin de contenir la surproduction.
d’animaux en masse.
paysannerie saine et de favoriser la production de denrées alimentaires aptes à
1980 a marqué la fondation de l’Asso-
1985 Les conséquences écologiques né-
approvisionner la population, même en
ciation suisse pour la défense des petits
gatives de la production végétale et ani-
temps de crise.
et moyens paysans (Kleinbauernvereini-
male intensive se font de plus en plus sen-
gung VKMB). Elle a collaboré de plus en
tir. L’opinion publique les critique tou-
1970 Les progrès scientifiques et tech-
plus souvent avec la PSA au cours des
jours plus fortement. Par conséquent, la
niques, les énormes importations de four-
décennies suivantes: pour une détention
VKMB lance «l’initiative en faveur des pe-
rages concentrés, les croisements avec des
d’animaux paysanne et conforme aux
tits paysans».
races laitières étrangères et l’augmenta-
espèces, contre les fabriques d’animaux
tion du rendement des vaches qui en a ré-
et contre le changement structurel forcé
1989 L’initiative en faveur des petits
sulté, ainsi que les prix établis par l’État et
(la «mort de la paysannerie»). Cependant,
paysans est rejetée de justesse, par 51 %
la garantie de reprise du lait, de la viande
entre 1951 et 2011, le nombre d’exploi-
de voix négatives. Ce signal d’alerte inat-
et des produits des cultures ont causé
tations agricoles a chuté de 200 000 à
tendu éveille le Conseil fédéral et l’admi-
chaque année des surproductions (une
60 000.
nistration, et contribue à poser des jalons
surproduction laitière, des «montagnes
en faveur d’une nouvelle politique agri-
de beurre») et ont demandé de coûteuses
1981 La législation sur la protection
mesures de valorisation des excédents.
des animaux entre en vigueur. On pose
Cette situation, accompagnée du fait que
des limites à l’engraissement. Un pay-
1990 La PSA se dresse contre l’appli-
des exploitations d’engraissement à large
san ne pourra désormais plus engrais-
cation de la génétique aux animaux de
échelle ont vu le jour (les «fabriques d’ani-
ser plus de 1000 porcs ou de 12 000 pou-
rente, notamment contre la production
maux», des installations engraissant des
lets, par exemple, et les nouveaux per-
d’animaux transgéniques et l’utilisation
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
cole.
23
mais seront l’affaire du marché. Ce sont désormais les lois du marché faisant appel à l’offre et à la demande et le pouvoir de marché qui entrent en jeu et qui font baisser les prix à la production, parfois de façon sensible. En 1993, un paysan gagnait encore 1,08 franc par litre de lait, tandis qu’aujourd’hui, après la levée du contingentement laitier, il ne perçoit plus que 60 centimes! En contrepartie, les subventions agricoles liées au marché interne et à l’exportation, auparavant gigantesques, sont progressivement supprimées, pour reverser aux paysans une partie de l’argent rendu ainsi disponible, sous la forme de paiements directs d’ordre général. À côté de cela, les paysans ont la possibi-
Les étables particulièrement respectueuses des animaux bénéficient de crédits plus élevés
lité de fournir des prestations supplémentaires volontaires en faveur de l’écologie ou du bien-être des animaux (agriculture bio, surfaces de compensation écologique
de l’hormone de croissance modifiée gé-
l’engraissement des bovins et des porcs.
telles que des haies, des vergers à haute
nétiquement rBST (somatotropine bovine
La critique principale à cela: de mau-
tige ou des prairies extensives, élevage des
recombinante) pour augmenter la perfor-
vaises conditions de détention peuvent
animaux de rente en liberté). Ils peuvent
mance des vaches. Cette hormone est em-
être masquées par ces «fourrages aux an-
les faire valoir pour des paiements directs
ployée à large échelle dans la production
tibiotiques» et cette pratique favorise la
écologiques. Les paiements directs, éco-
laitière aux Etats-Unis, depuis 1993, mais
résistance des agents pathogènes aux an-
logiques et d’ordre général sont liés aux
n’est pas autorisée en Suisse et dans les
tibiotiques. Les programmes importants
prestations écologiques requises (PER).
États européens. La PSA demande que les
de labellisation ont exclu l’emploi d’AML.
Cela signifie que chaque paysan qui per-
animaux transgéniques soient interdits et
La PSA demande leur interdiction sur tout
çoit cet argent s’engage à:
formule l’idée d’encourager les méthodes
le territoire national, à l’instar de l’inter-
• détenir ses animaux de rente dans le
de détention respectueuses des animaux
diction d’utiliser des hormones dans l’en-
de rente par les paiements directs. Ces de-
graissement des animaux, décrétée en
• présenter un bilan de fumure équilibré
mandes sont contenues dans l’initiative
Suisse dans les années 1980 et, plus tard,
• maintenir une proportion appropriée de
«Paysans et consommateurs», lancée par
également dans l’UE.
respect des animaux
surfaces de compensation écologique • veiller à l’assolement régulier
des ONG telles que le WWF, Pro Natura, la VKMB et KAGfreiland, ainsi que les partis
1995 Le peuple et les cantons ap-
• protéger le sol de façon appropriée
politiques comme le PS et la AdI.
prouvent un nouvel article constitution-
• choisir et employer les produits phyto-
nel sur l’agriculture, prescrivant le sys-
sanitaires de façon ciblée
1992 L’initiative «Paysans et consomma-
tème des paiements directs actuels et
teurs» est déposée. Elle demande une nou-
davantage de prestations écologiques et
Dans l’élaboration du système des paie-
velle politique agricole et que soient in-
en faveur de la protection des animaux.
ments directs, la PSA soutient l’exigence
troduits des paiements directs d’ordre gé-
Cette réussite permettra à la PSA, aux or-
d’encourager les systèmes de stabula-
néral et écologiques.
ganisations environnementales et à l’As-
tions particulièrement respectueux des
sociation suisse pour la défense des petits
animaux (SST) et les sorties régulières en
1993 La PSA établit un rapport de fond
et moyens paysans de retirer l’initiative
plein air des animaux de rente (SRPA).
sur la pratique, répandue, d’enrichir le
«Paysans et consommateurs».
Elle est appuyée par l’Union suisse des
fourrage d’auxiliaires de stimulation de la
L’ancienne politique agricole a donc
paysans dans cette démarche. Ces pro-
production à base d’antibiotiques (AML).
vécu. Les prix du lait, de la viande, des
grammes d’encouragement suivent la de-
Cela correspond à plusieurs tonnes an-
œufs et des produits de provenance vé-
mande des consommateurs qui souhaitent
nuelles, principalement dans l’élevage et
gétale ne seront plus garantis par l’État
des produits respectueux des animaux
24
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
(programmes de labellisation). Par consé-
2003 Le Conseil fédéral met en vigueur
revendeurs de clôtures s’engagent à re-
quent, de plus en plus d’animaux de rente
l’ordonnance relative à la déclaration de
noncer à proposer ce produit s’il est des-
ont la possibilité de sortir ou sont détenus
produits agricoles issus de modes de pro-
tiné aux pâturages. Une brochure de la
sur le pâturage.
duction interdits en Suisse. Il faudra dé-
PSA sur les clôtures destinées aux pâtu-
clarer, entre autres, les œufs importés pro-
rages est distribuée à large échelle aux
1998 Dans le cadre des mesures d’amé-
venant de poules détenues en batterie et
détenteurs d’animaux. À la suite de cela,
lioration structurelle dans l’agriculture,
la viande d’animaux auxquels on a admi-
plusieurs communes suisses interdisent la
le Conseil fédéral décide d’augmenter de
nistré des AML ou des hormones pour en
pose de ce système de clôture contraire à
20 % les crédits à l’investissement des-
augmenter le rendement. Depuis 2012, il
la protection des animaux. La PSA sou-
tinés aux nouveaux systèmes de sta-
faut également déclarer la viande impor-
tient des actions vouées à remplacer le fil
bulations particulièrement respectueux
tée provenant de lapins élevés en batterie.
barbelé sur les pâturages.
des animaux, par rapport aux systèmes
La loi sur le génie génétique entre en vi-
conventionnels. De cette façon, il s’ap-
gueur et interdit l’utilisation d’animaux
2009 Le contingentement laitier est levé.
proche de la demande de la PSA, consis-
de rente génétiquement modifiés dans
La PSA avait clamé au préalable avec vé-
tant à n’octroyer des crédits à l’investis-
l’agriculture. Les vertébrés génétiquement
hémence: les vaches seraient encore plus
sement qu’aux systèmes de stabulations
modifiés ne peuvent être produits et mis
forcées à la performance et l’utilisation
conformes aux principes SST/SRPA. L’or-
en circulation qu’à des fins de recherche,
de fourrages concentrés augmenterait. Le
donnance sur les améliorations structu-
de thérapie et de diagnostic sur des êtres
prix du lait payé aux producteurs chute
relles entre en vigueur en 1999. Plus de
humains ou des animaux.
à 60 centimes. On produit beaucoup trop
90 % des étables subventionnées au cours
de lait conventionnel et on administre de
des dernières années sont des installations
2005 La PSA dépose une pétition comp-
plus en plus de fourrages concentrés im-
SST.
tant 90 000 signatures contre les fa-
portés.
briques d’animaux, avec l’Association
La PSA obtient l’augmentation des
1999 La politique agricole range la com-
suisse pour la défense des petits et moyens
contributions destinées à encourager les
pétitivité (démantèlement de la protection
paysans. En conséquence de cela, le Par-
détentions de lapins en groupes et parti-
douanière et concurrence accrue de l’im-
lement prescrit des limites maximales aux
culièrement respectueuses des animaux.
portation) au même niveau que la mul-
élevages.
tifonctionnalité de l’agriculture (produc-
Le peuple et les cantons approuvent
2010 L’exigence du Conseil fédéral de
tion de denrées alimentaires naturelles et
l’initiative «sans OGM», du Groupe suisse
conclure un accord complet de libre-
respectueuses des animaux; ménagement
de travail sur le génie génétique (SAG),
échange avec l’UE dans le domaine agri-
des bases vitales naturelles telles que l’air,
dont la PSA fait partie. On impose un
cole est accueilli de façon différenciée. Les
le sol et les eaux). Par la suite, cette tâche
moratoire à l’utilisation d’organismes gé-
réactions vont de l’approbation sans ré-
additionnelle minera fortement les presta-
nétiquement modifiés dans l’agriculture
serve du côté des représentants du mar-
tions écologiques de l’agriculture.
(cultures, fourrages).
ché et des importateurs à un «oui, mais»
Le Conseil fédéral stipule l’interdic-
de l’Alliance agraire, jusqu’au rejet par la
tion d’utiliser des AML. La Suisse est donc
2006 La PSA découvre l’exigence du
plupart des organisations paysannes. La
le deuxième pays au monde à barrer la
Conseil fédéral lequel, à l’occasion de
PSA mène une recherche sur les condi-
route aux AML, après la Suède, qui avait
la révision de l’ordonnance concernant
tions de détention dans l’UE, afin de se
déjà interdit les antibiotiques alimentaires
l’importation, le transit et l’exporta-
faire une opinion propre et de les com-
dix ans auparavant. L’UE ne les interdira
tion d’animaux et de produits animaux
parer à la situation en Suisse. Elle ar-
qu’en 2009.
(OITE), souhaite à nouveau permettre le
rive à la conclusion que, du point de vue
transit d’animaux de boucherie. Sept ini-
de la protection des animaux, l’accord
2001 La PSA obtient que les paiements
tiatives de Cantons et une parlementaire
de libre-échange avec l’UE doit être re-
directs destinés à encourager la sortie ré-
sont déposées en conséquence de cela, si
jeté car, entre autres, il ferait augmenter
gulière des animaux de rente (les contri-
bien que le Conseil fédéral ne peut faire
les importations de produits issus de fa-
butions SRPA) ne soient plus versés pour
autrement que d’inscrire l’interdiction de
briques d’animaux et concurrencerait les
favoriser certaines races de poulets à l’en-
transit pour tous les animaux destinés aux
denrées indigènes, produites dans le souci
graissement ultrarapide, mais qu’ils soient
abattoirs dans l’ordonnance sur la protec-
du bien-être des animaux.
liés à une durée minimale de l’engraisse-
tion des animaux en 2010.
L’Alliance agraire et la PSA s’engagent en faveur d’une stratégie conséquente
ment; de plus, le montant des contributions en faveur des détentions de poulets
2008 La PSA démarre la campagne «En
vouée à la qualité, tant dans la politique
en plein air est augmenté.
finir avec le fil barbelé». Tous les grands
agricole, par la nouvelle orientation des
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
25
paiements directs, que sur le marché. La
sormais octroyés qu’aux projets de sta-
rants (80 % du montant global). Les be-
seule chance de l’agriculture suisse, à long
bulations respectueuses des animaux. En
soins et les attentes des contribuables et
terme, est une production de qualité, se
automne 2012, le Parlement a délibéré et
des consommateurs ont changé. Les nou-
distinguant clairement de la production
s’est décidé au sujet de la nouvelle loi sur
velles connaissances et les expériences
intensive prônée au niveau mondial. La
l’agriculture et sur la nouvelle orientation
faites avec le système actuel suggèrent
promotion des aspects écologiques et in-
du système des paiements directs.
d’accorder plus d’importance aux prestations écologiques qu’aux paiements di-
hérents au bien-être des animaux, ac-
rects généraux, à l’avenir. En automne
suffisante, et d’un nombre croissant de
5.2 Loi sur l’agriculture et paiements directs
consommateurs sensibilisés, confèrent de
L’introduction des paiements directs, dans
qu’une proportion relativement restreinte
bonnes conditions de départ à la Suisse.
les années 1990, a marqué un changement
des 2,5 milliards de francs versés annuel-
radical dans la politique agricole. C’était
lement comme paiements directs soit des-
2011 Lors de la consultation sur la poli-
judicieux et nécessaire que l’on change de
tinée aux intérêts des consommateurs, de
tique agricole 2014–2017 (PA 2014–17),
système. Les paiements directs ont contri-
la protection des animaux, de l’environ-
le Conseil fédéral propose d’organiser le
bué à faire en sorte qu’on s’éloigne du di-
nement et de l’agriculture biologique.
système des paiements directs d’une façon
rigisme économique pour s’orienter vers
De plus, les recherches de la plate-forme
complètement nouvelle. Les paiements di-
l’économie de marché et ont procuré les
agricole au cours des années 2005 à 2007
rects généraux pour la détention d’ani-
premiers résultats mesurables dans le do-
ont abouti à des résultats indiquant que
maux devront être rayés. La PSA exige
maine écologique et du bien-être des ani-
plusieurs paiements écologiques, notam-
que le bien-être des animaux soit encou-
maux. Les PER sont une condition sensée,
ment ceux qui étaient destinés aux pro-
ragé davantage et de façon conséquente,
apte à maintenir les paiements directs.
grammes d’encouragement SST/SRPA, ne
tuellement soutenue encore de façon in-
2007, même l’OCDE a critiqué le fait
couvraient de loin pas les efforts des agri-
que la déclaration des produits issus de
Cependant, le manque notoire de
méthodes de production interdites soit
contrôles et de sanctions entame la
améliorée, que les effectifs maximaux de
confiance dans les paiements directs. Une
Par conséquent, les paiements directs
bétail continuent à être régulés, que les
partie considérable des contrôles aux dé-
prévus par la PA 2014–17 doivent, certes,
subventions aux marchés de bétail publics
tentions d’animaux est annoncée au pré-
être reconduits, mais ils doivent être ver-
soient supprimés. Elle formule également
alable. Souvent, la protection qualitative
sés en lien avec des prestations.
la condition que les crédits à l’investis-
des animaux ne peut donc pas être éva-
sement et autres mesures en faveur des
luée correctement, ce qui constitue un
améliorations structurelles ne soient dé-
avantage pour les détenteurs qui contre-
5.3 Promouvoir le bien-être des animaux
viennent à la protection des animaux.
La politique agricole essaie d’encoura-
Ceci, bien que les PER stipulent de ma-
ger le bien-être des animaux d’abord par
nière claire et nette que la détention res-
deux mesures incitatives: des crédits à
pectant les animaux constitue une condi-
l’investissement 20 % plus élevés pour les
tion à l’octroi des paiements directs. L’été
projets de nouvelles étables particulière-
2011, une décision du Tribunal fédéral a
ment respectueuses des animaux (SST),
encouragé les détenteurs irrespectueux
par exemple des stabulations libres pour
des animaux et a trahi les contribuables.
vaches, et des paiements directs pour les
En effet, cette décision du Tribunal fédé-
paysans qui s’engagent à satisfaire les
ral laisse entendre qu’un paysan qui gère
prescriptions du programme visant le
une installation d’engraissement de porcs
bien-être des animaux par des sorties ré-
sur caillebotis, admise légalement, mais
gulières en plein air (SRPA) et la stabu-
qui néglige ses porcs au point de les lais-
lation particulièrement respectueuse des
ser mourir, n’aurait rien à craindre quant
animaux (SST).
Des contrôles inopinés garantiraient des paiements directs crédibles
26
culteurs concernés.
à d’éventuelles retenues sur les paiements
L’idée fondamentale des paiements
directs. De larges couches de la popula-
directs écologiques et liés au bien-être
tion y voient, avec raison, un gaspillage
des animaux – encourager les prestations
de l’argent des contribuables.
concrètes et souhaitées par la société par
De nombreux milieux externes à
des prestations – s’est avérée judicieuse
l’agriculture ont remis en question le sys-
également pour les SST et les SRPA. En ef-
tème des paiements directs, car les paie-
fet, on a pu faire bouger les choses en fa-
ments directs généraux sont prépondé-
veur de plusieurs catégories d’animaux et
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
améliorer ainsi l’état sanitaire et le bien-
concrètes et détectables, précisées pour
également la qualité des produits, la sécu-
être des animaux.
chaque catégorie d’animaux détenue dans
rité des denrées alimentaires (les installa-
Ce dernier n’est pas toujours une pres-
les fermes suisses, soit environ deux dou-
tions de porcs d’engraissement SST/SRPA
tation commercialisable, récompensée par
zaines. Les formes de détention respec-
présentent moins de germes pathogènes
les labels et la demande correspondante
tueuses des animaux sont plus chères que
résistants aux antibiotiques) et l’état sani-
des consommateurs. Aucune catégorie
celles qui se limitent à se conformer à la
taire des animaux (p. ex. moins de bles-
d’animaux, parmi les 25 exploitées dans
loi. Elles demandent davantage de travail,
sures à la peau des bovins et des porcs
l’agriculture, ne se voit distinguée d’un la-
ainsi qu’une infrastructure additionnelle
SST/SRPA; un taux de mortalité inférieur
bel lié à leur bien-être. Il n’y a absolument
(espaces de sortie, installations conformes
chez les poulets élevés en plein air). La dé-
aucun label de ce type, par lequel il serait
au comportement) et des coûts de mainte-
tention de bovins, chèvres et moutons au
possible d’encourager une meilleure dé-
nance (de la litière au lieu de sols en béton
pâturage, encouragée par le programme
tention des animaux grâce aux avantages
nu et dur). En même temps, les recettes di-
SRPA, diminue les émissions d’ammoniac
du marché et à la demande des consom-
minuent, comme, par exemple, lorsqu’on
et de CO2.
mateurs. Cela vaut pour presque tous les
choisit une race de poulets élevés en plein
Puisqu’elles couvrent une partie de
jeunes animaux et les animaux d’élevage,
air qui poussent plus lentement et pro-
l’engagement supplémentaire, les contri-
les truies, les chèvres, les moutons et les
duisent moins de viande.
butions SST et SRPA incitent les pay-
chevaux.
Les programmes SST/SRPA ont apporté
sans à fournir les prestations en faveur
Pour cela, au milieu des années 1990,
des améliorations tangibles au bien-être et
du bien-être des animaux souhaitées par
la Confédération a introduit des pro-
à l’état sanitaire des animaux, comme le
la société. Des détenteurs d’animaux mo-
grammes d’encouragement en faveur des
démontrent les examens des vaches lai-
tivés et dont les exploitations présentent
formes de détention particulièrement res-
tières et des porcs d’engraissement effec-
les caractéristiques favorables aux pro-
pectueuses des animaux. Afin de com-
tués par l’OVF et de l’OFAG. Les effets les
grammes SST/SRPA constituent une pré-
pléter les possibilités limitées du mar-
plus remarquables en ce qui concerne le
misse idéale pour cette reconversion. Cela
ché, les agriculteurs peuvent participer à
bien-être et l’état sanitaire des animaux
signifie que leur système de stabulation
des programmes étatiques en faveur du
sont toujours constatés dans les exploita-
ne demande que de légères adaptations
bien-être des animaux, sur une base vo-
tions qui combinent les programmes SST
ou que ces exploitants prévoient une nou-
lontaire. Les autorités, les paysans et les
et SRPA. Les prescriptions qualitatives des
velle construction. Cela implique égale-
milieux de protection des animaux sont
programmes SST et SRPA ont largement
ment qu’il existe un label pour leur ca-
unanimes: les programmes SST et SRPA
fait leurs preuves et garantissent un bien-
tégorie d’animaux dans le commerce de
sont efficaces et apportent des prestations
être acceptable aux animaux.
détail ou dans la filière gastronomique. La
appréciables au bien-être des animaux,
Ces prescriptions améliorent en partie
plupart des exploitations qui participent actuellement aux programmes SST/SRPA,
Développement des programmes d’encouragement en faveur du bien-être des animaux SST et SRPA de 1996 à 2009
présentent deux de ces prémisses ou car-
CHF 180
guant le bien-être des animaux, ni de pro-
161
CHF 160 144
163
153
rément les trois. Cependant, il n’y a aucun label distinduits correspondants sur le marché pour environ la moitié des catégories d’animaux. Dans ces cas, il n’y a donc aucune
CHF 140
synergie entre le marché et les programmes
CHF 120
SST/SRPA ou la politique agricole. La mo-
SRPA montant total/an
tivation à se reconvertir dépend donc ex-
CHF 100
clusivement du montant des contributions
SST montant total/an
CHF 80 CHF 60
47
50
56
SST/SRPA. Si d’autres conditions d’exploi-
60
tation défavorables s’y ajoutent, la plupart des contributions SST/SRPA actuelles seront trop basses pour constituer une réelle
CHF 40
motivation sur le plan économique. La stagnation de la participation aux pro-
CHF 29
grammes SST/SRPA qui s’observe depuis 2006 dérive de cette réalité.
CHF 0 1996
2004
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
2006
2008
2009
27
Participation aux programmes d’encouragement du bien-être des animaux SST et SRPA Catégorie d’animaux SST (% de toutes les UGB) SRPA (% de toutes les UGB) 2004 2006 2008 2009 2004 2006 2008 2009 Vaches laitières 23 27 32 34 73 77 79 79 Bovins > 1 ans 29 33 36 39 69 73 75 74 Taureaux > 1 ans 30 36 38 51 56 57 Génisses 4-12 mois 29 32 35 60 63 66 Taurillons 4-12 mois 11 13 15 * 28 31 33 * Vaches allaitantes 80 84 85 93 94 95 Bovins d’engraissement (de plus de 4 mois) 59 60 61 46 48 50 Total Bovins 30 35 39 40 70 73 76 76 Chèvres 27 30 32 33 69 72 73 75 Lapins 16 45 41 30 4 3 4 3 Truies 55 58 66 64 53 59 66 66 Porcs d’engraissement 64 64 64 64 57 60 63 50 Total Porcs 61 62 65 64 57 60 63 50 Poules pondeuses 78 81 86 86 62 65 69 69 Poulets 85 88 88 88 10 9 10 11 Cheveaux 13** 83 84 84 84 Moutons *** 80 82 84 84 * 2009: changement des catégories ** Les chevaux SST ont été introduits en 2009 *** Il n’y a pas de programme SST pour les moutons
5.4 L’importance du bien-être des animaux pour les contribuables et les consommateurs
constitue l’aspect le plus important se-
personnes interpellées reposent sur des
lon les personnes interrogées. Selon les
faits authentiques: des millions d’ani-
résultats de l’enquête 2009, le soutien
maux de rente ne profitent pas encore des
et l’encouragement des détentions res-
conditions de détention SST/SRPA et sont
Les attentes de la population constituent
pectueuses des animaux se trouvent en
élevés selon les prescriptions minimales
un aspect fondamental dans la question
tête des attentes concernant l’utilisation
de l’ordonnance sur la protection des ani-
d’encourager le bien-être des animaux,
de l’argent public dans l’agriculture. Le
maux. Ces dernières ne garantissent pas
outre les bases professionnelles de la dé-
souhait que les détentions respectueuses
une détention respectueuse des animaux,
tention animale et les conditions écono-
des animaux soient encouragées par des
elles fixent juste des limites à la cruauté
miques. La population n’achète pas que
paiements directs spécifiques a augmenté
envers les animaux.
des produits, élaborés ou non, issus de la
au cours des dernières années. Aux yeux
En premier lieu, les consommateurs
paysannerie: elle subvient également aux
de la population, la détention conforme
et les contribuables se soucient incon-
besoins de cette dernière par les impôts.
aux espèces animales constitue la tâche la
testablement de l’éthique de l’élevage. En
Sans consommateurs ni contribuables:
plus importante de l’agriculture. L’entre-
plus de cela, les intérêts personnels ont
pas d’agriculture!
tien du paysage, l’assurance de l’approvi-
leur importance. En particulier, la relation
Selon une enquête de Coop Isopublic
sionnement en temps de crise, le maintien
entre le bien-être des animaux et leur état
(2009), 87 % des personnes interrogées
du mode de vie paysan et la colonisation
sanitaire (zoonoses/épizooties, adminis-
considèrent que la protection des ani-
des régions isolées sont considérés comme
tration de médicaments), étayée scienti-
maux de rente est importante, voire très
moins importants.
fiquement, ainsi que la qualité et la sécurité des produits. Un autre argument de
importante. 73 % d’entre elles veillent à
Prendre au sérieux les contribuables
poids en faveur du bien-être des animaux
de celles-ci, cette viande est qualitativement meilleure.
acheter de la viande labellisée. Pour 65 %
est l’effet positif des sorties régulières au
Si la politique agricole veut prendre au
pâturage sur le climat et sur la diminution
Une enquête Univox de l’ETH sur le
sérieux les exigences des consommateurs
des émissions d’ammoniac.
thème «agriculture» (depuis 2009, c’est
et des contribuables, elle devra, à l’ave-
l’OFAG qui est le mandant) indique que,
nir, accorder davantage d’importance au
depuis 1995, le bien-être des animaux
bien-être des animaux. Les exigences des
28
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
6. Information, marché et consommation 6.1 Développement de 1972 à 2011 1972 L’organisation KAGfreiland est
d’élevages au sol et en liberté sont spé-
nelle et adressent des mots durs aux pion-
cialement promus et commercialisés, les
niers de l’élevage de vaches mères et à la
exploitations les produisant sont contrô-
PSA. Cette position négative de plusieurs
lées par la PSA.
organisations paysannes et de certains fonctionnaires à l’encontre de la produc-
fondée, sous le nom de «KonsumentenArbeitsgruppe zur Förderung tierfreundli-
1980 La PSA et la Société zurichoise de
tion issue de détentions respectueuses
cher und umweltgerechter Nutzung von
protection des animaux créent la Fonda-
des animaux et des activités qui lui sont
Haustieren» (groupe de travail pour les
tion MUT (mensch-, umwelt- und tierge-
propres perdurera jusqu’après l’an 2000.
consommateurs, encourageant l’exploi-
recht: équitable pour l’être humain, pour
tation des animaux domestiques respec-
l’environnement et pour les animaux). Au
1985 La consommation de viande atteint
tueuse de l’animal et de l’environnement).
cours des années qui suivent, elles la sou-
son maximum historique en Suisse: plus de
Dès 1973, elle commercialise des œufs
tiennent dans le cadre de plusieurs pro-
70 kilogrammes par personne. La PSA pu-
suisses produits par des poules élevées en
jets de stabulations exemplaires, respec-
blie «Unser täglich Fleisch» (notre viande
liberté. En 1974, la première viande KAG
tueuses des animaux, par des prêts sans
quotidienne), plaidant en faveur d’exploi-
arrive sur le marché. C’est la naissance des
intérêt.
tations paysannes plus respectueuses des
produits issus de détentions respectueuses
animaux et contre la consommation ex-
des animaux. Au cours des décennies sui-
1984 La PSA soutient l’Association
cessive de viande et les fabriques d’ani-
vantes, la PSA collabore étroitement avec
suisse des détenteurs de vaches nour-
maux. Depuis lors, la consommation de
KAGfreiland.
rices et mères (ASVNM), fondée en 1980,
viande a diminué, pour se situer à 53 kilo-
comme solution alternative, respectueuse
grammes, dont 12 sont importés.
1976 Afin de faire comprendre que la
des animaux, à la production de viande de
La PSA ouvre un service de conseil sur
protection des animaux n’est pas seule-
veau blanche. Cette dernière se heurte à la
la détention d’animaux respectueuse des
ment une question de prescriptions et de
protection des animaux. La PSA contribue
espèces, voué à promouvoir plus de bien-
lois, mais qu’elle est aussi liée au com-
à faire connaître son label «Naturabeef».
être aux animaux dans l’agriculture.
portement des consommateurs, la PSA et
Des organisations paysannes et des repré-
la revue «Annabelle» démarrent l’action
sentants de l’OFAG craignaient que les dé-
1986 La PSA démarre un projet pour
«Herz statt Portemonnaie» (du cœur au
tentions d’animaux labellisées naissantes
tester la détention des lapins reproduc-
lieu du porte-monnaie). Des œufs issus
ne discréditent la production convention-
teurs et d’engraissement en groupes,
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
29
avec la collaboration de l’école d’agricul-
Les septante filiales de K3000 sont
à base de tortue, les ailerons de requin et
ture de Bäregg et une douzaine de pay-
adaptées et disposent désormais d’une
le homard. Une action de cartes postales
sans de l’Emmental. Jusqu’alors, les la-
large offre d’œufs de détentions respec-
adressées au Conseil fédéral mène à l’in-
pins étaient généralement détenus indivi-
tueuses des animaux et de viande label-
terdiction des produits à base de tortue.
duellement dans des réduits étroits ou des
lisée. La PSA en contrôle les exploita-
cages. Le projet mené dans l’Emmental a
tions, environ un millier. Le label «Gour-
1989 La PSA organise le premier congrès
été un phare: aujourd’hui, en Suisse, en-
met mit Herz/Agri-Natura», comme les
suisse contre le génie génétique sur les
viron un tiers des lapins vivent dans des
programmes de Coop, Migros et d’autres
animaux à Bâle, auquel l’auteur américain
détentions en groupes.
commerçants au détail qui lui succèdent,
et défenseur des consommateurs Jeremy
repose sur trois piliers. D’abord, la déten-
Rifkin prononce un chaleureux plaidoyer
1987 La PSA et la Fondation MUT sou-
tion respectueuse des animaux, disposant
en faveur de l’intégrité des animaux. La
haitent s’engager davantage en faveur de
de plus de place, de structures conformes
PSA exige que l’élevage garantisse la di-
la commercialisation de produits issus de
au comportement des animaux et per-
gnité de la créature. En 1992, cette exi-
détentions d’animaux respectueuses des
mettant le plus possible de sorties à l’air
gence est introduite dans la Constitution
espèces dans le commerce de détail. Elles
libre. Deuxièmement, le traitement ména-
fédérale et se trouve désormais également
obtiennent la collaboration de l’Associa-
geant les animaux (lors des transports et
dans la loi sur la protection des animaux.
tion des consommateurs de Zurich (K3000)
de l’abattage). Finalement, l’interdiction
et de l’union de coopératives agricoles fe-
d’utiliser des fourrages enrichis d’antibio-
1991 Les détenteurs de poulets ont mis
naco, sous le label «Gourmet mit Herz/
tiques. Pour des raisons pragmatiques, ces
en pratique l’interdiction des cages en
Agri-Natura». Au début, les milieux agri-
exigences ont toujours été valables pour
batterie de manière conséquente. Après
coles critiquèrent durement cette collabo-
toutes les catégories d’animaux. Une par-
la disparition des détentions en cages,
ration, contrariés que justement la plus
tie de ces exigences en matière de protec-
les consommateurs suisses ont de plus en
grande coopérative agricole perçoive les
tion des animaux, touchant à l’économie
plus accès à des œufs issus de détentions
signes de son temps et collabore avec la
privée, ne sont entrées que plus tard dans
respectueuses des animaux.
PSA. Cependant, les milieux progressistes
la législation sur la protection des ani-
avaient réalisé depuis longtemps qu’une
maux, par les programmes d’encourage-
1992 La PSA commence à publier ré-
part de plus en plus importante de la po-
ment SST/SRPA, en 1995, ou par l’inter-
gulièrement du matériel d’information à
pulation n’était plus d’accord de consom-
diction des AML, en 1999.
l’attention des détenteurs d’animaux de
mer simplement des produits provenant
rente. Elle démarre la série de manifesta-
de l’agriculture, mais qu’elle manifestait
1988 La PSA entame la campagne «Des
tions «Journées sur les animaux de rente»,
également ses attentes, en particulier en
délices de la salle de torture», avec l’artiste
adressées aux milieux de la protection des
ce qui concernait la nature, l’environne-
Tomi Ungerer. Il en va des produits issus
animaux, aux paysans, aux consultants,
ment et la protection des animaux dans
de la souffrance animale comme le foie
aux consommateurs, aux autorités et aux
la production de viande, de lait et d’œufs.
gras, les cuisses de grenouille, les produits
scientifiques. Elle se manifestera, au fil des ans, par des thèmes tels que l’élevage en liberté, les vaches à cornes, la castration des porcelets, les transports d’animaux, l’abattage et la consommation.
1993 La PSA effectue des recherches au sujet des transports d’animaux et des conditions dans les abattoirs. Elle détecte des dysfonctionnements considérables. Après des discussions intensives, elle fonde la Communauté d’intérêts pour des transports d’animaux et des abattoirs conformes à la protection des animaux (IGTTS), avec des représentants engagés de la branche, des scientifiques et
Tomi Ungerer a soutenu la campagne contre les «Délices de la salle de torture»
30
les autorités. Au cours des quinze années qui suivent, cette dernière forme plus de 2000 chauffeurs et collaborateurs d’abat-
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
toirs dans des cours de protection des animaux sur mesure.
1994 Coop intègre la PSA dans l’élaboration de son programme de labellisation «Naturaplan Porc» et lui confie le contrôle des exploitations mandataires. Le label sera renommé plus tard «Coop Naturafarm». Aujourd’hui, Naturafarm et Naturaplan sont les labels les plus connus en Suisse. La PSA a reçu la tâche de contrôler les programmes Naturaplan Porc, Naturaplan Poulet et Naturaplan Veau, de même que la surveillance des transports d’animaux et des abattoirs.
1995 Le Service de contrôle de la PSA pour une détention des animaux de rente
Mark Rissi et Eric Gysling ont produit l’émission TIERREPORT, qui a grandement contribué à informer les consommateurs
conforme aux espèces est la première institution de contrôle accréditée par la Confédération. Une dizaine de contrôleurs, paysans, agronomes et vétérinaires y sont employés. Ils sont chargés
la Télévision suisse diffuse l’émission sur
duits issus de détentions respectueuses
de contrôler plus de mille exploitations
la protection des animaux «Tierreport»,
des animaux. Les pièces maîtresses de la
labellisées, plusieurs transports hebdoma-
produite par Mark M. Rissi et modérée
campagne sont les portails www.manger
daires d’animaux et une douzaine d’abat-
par Erich Gysling. Elle atteint des millions
avecducoeur.ch et www.essenmitherz.ch.
toirs en Suisse.
de téléspectateurs et reçoit plusieurs dis-
Ils diffusent de larges notions quant à la
La PSA et la Stiftung für Konsumen-
tinctions. La protection des animaux est
consommation de produits de provenance
tenschutz (Fondation pour la protection
le centre de l’attention de 18 émissions.
animale et énumèrent les labels, restau-
des consommateurs) mènent un boycott
Outre les problèmes en matière de pro-
rants et boulangeries recommandables.
de la viande, intitulé «Boykottlets» du-
tection des animaux, on y diffuse égale-
rant une semaine. Les reportages, ample-
ment des cas exemplaires et on met l’ac-
2005 Premier classement des commer-
ment diffusés dans la presse, font chuter
cent sur le lien entre le comportement des
çants au détail en ce qui concerne la pro-
les ventes de viande. Ensuite, la branche
consommateurs et le bien-être des ani-
tection des animaux. Une enquête permet
de la viande se montre plus ouverte quant
maux. Peu d’autres émissions ont suscité
à la PSA de dresser un tableau des «pres-
aux améliorations en matière de protec-
un écho pareil parmi les téléspectateurs.
tations en matière de protection des ani-
tion des animaux.
maux» des commerces de détail les plus
La PSA obtient la possibilité de pré-
1999 Au cours d’une «semaine du veau»,
importants. On examine et évalue la pro-
senter ses revendications à la séance du
la PSA et la Fondation pour la protec-
portion de viande, d’œufs et de fromages
comité directeur et à l’assemblée des dé-
tion des consommateurs pointent du
indigènes, celle de produits labellisés et
légués de l’Union professionnelle suisse
doigt l’alimentation erronée administrée
bio et l’offre de «délices» comme le foie
de la viande. Par la suite, l’Union sou-
aux veaux d’engraissement pour pro-
gras et les cuisses de grenouille chez les
tient les exigences de la PSA lors de la
duire de la viande claire. En réaction à
commerçants au détail. Coop arrive en
révision de la législation sur la protection
cela, la branche des bouchers déclare re-
tête du classement.
des animaux.
noncer aux déductions sur la viande de veau rosée.
1996 Migros et Coop s’engagent à ne
2007 Migros et les paysans IP-Suisse confèrent au Service de contrôle de la PSA
plus proposer d’œufs produits en cage en
2003 La PSA démarre l’action «Manger
le mandat de surveiller les transports de
batterie. Coop retire les cuisses de gre-
avec du cœur». Son objectif consiste à
leurs animaux labellisés.
nouille et le foie gras de son assortiment.
convaincre les consommateurs, le com-
La PSA fonde un centre de compé-
merce de détail et la branche de la gas-
tences pour des transports d’animaux et
tronomie quant aux avantages des pro-
des abattoirs conformes à la protection
1998 Pendant trois ans, de 1995 à 1998,
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
31
part de marché de 50 à 75 %. Le chiffre
de lapins respectueuse des animaux, en
d’affaires au niveau suisse est estimé à
groupes, au niveau national.
plus de 1,5 milliard de francs. Coop est à nouveau le «champion suisse de la protec-
2010 Coop décide de proposer unique-
tion des animaux», mais désormais suivie
ment de la viande indigène de lapins dé-
de près par Migros, laquelle a amplement
tenus en groupes et attribue au Service de
comblé le retard en matière de produits
contrôle de la PSA le mandat de surveil-
issus de détentions respectueuses des ani-
ler ces détentions SST, ainsi que les trans-
maux, par sa collaboration avec IP-Suisse
ports et l’abattage de leurs lapins.
et en ayant repris le label «Terra-Suisse».
La PSA lance un concours parmi les apprentis cuisiniers. Outre les questions
La PSA exige et encourage une détention des lapins respectueuse des animaux
2008 Une part importante des œufs et des
quant à la protection des animaux et les
produits à base d’œufs importés (œufs li-
denrées alimentaires, les candidats de-
quides), parmi lesquels certains provenant
vaient présenter un menu à base de pro-
de détentions en cages en batterie, font
duits issus de détentions respectueuses
partie de la demande des boulangeries et
des animaux et un menu végétarien. Ces
confiseries. La PSA distingue dès lors les
recettes constituent la base du livre de
commerces qui utilisent exclusivement
cuisine respectueux des animaux «Man-
des œufs suisses provenant de détentions
ger avec du cœur», que la PSA a publié
respectueuses des animaux. Elle décerne
en 2012.
un document et les indique sur le portail www.mangeravecducoeur.ch.
La PSA analyse les labels à la loupe, avec le WWF et la Fondation pour la protection des consommateurs, et participe à
des animaux (Kompetenzzentrum für
Alors que la viande labellisée gagne
tierschutzkonforme Tiertransporte und
de plus en plus d’importance auprès des
Schlachthöfe, KTTS). Il est chargé de rele-
grands distributeurs suisses, la branche
ver les problèmes inhérent à la protection
de la gastronomie continue à rechigner.
2011 La PSA publie son troisième clas-
des animaux dans ces domaines d’acti-
Peu de restaurants ont de l’égard vis-à-
sement des commerçants au détail en
vités, se basant sur des critères scienti-
vis du bien-être des animaux et proposent
matière de protection des animaux, après
fiques, et de collaborer avec les milieux
des produits issus de détentions respec-
ceux de 2005 et de 2007. Cette fois, Coop
intéressés de l’économie, du commerce de
tueuses. La PSA arrive à cette conclusion
et Migros sont confrontées aux nou-
détail, des organisations de la branche et
après une enquête auprès de restaurateurs
veaux: Lidl et Aldi. Coop et Migros ont
des autorités, afin d’y trouver des solu-
de toute la Suisse.
fait de nouveaux progrès dans l’assor-
tions et de les mettre en application.
établir le guide des labels du WWF.
timent respectueux des animaux, tan-
On effectue le deuxième classement
2009 La PSA lance une pétition pour que
dis qu’on ne constate pratiquement pas
des commerces de détail en matière de
McDonald’s Suisse adopte une politique
d’efforts remarquables chez Aldi et Lidl,
protection des animaux. Au cours des
d’approvisionnement respectueuse des
à l’exception de l’assortiment d’œufs. À
deux années écoulées, les produits issus
animaux. En conséquence de cela, McDo-
la suite de cela, la PSA cherche le dia-
de détentions respectueuses des animaux
nald’s se tourne vers les œufs de poules
logue avec tous les commerçants de dé-
ont progressé chez les deux grands dis-
élevées en liberté et vers la viande de bo-
tail de Suisse, parmi lesquels Spar, Volg,
tributeurs, en dépit de la mentalité «être
vins élevés au pâturage ou avec la possi-
Aldi et Lidl, afin de promouvoir l’offre de
radin, c’est bien» qui s’impose, des im-
bilité de sortir. Ainsi, la plus grande en-
produits issus de détentions respectueuses
portations bon marché et de l’apparition
treprise gastronomique du pays, du point
des animaux.
des lignes «budget» dans le commerce
de vue du chiffre d’affaires, donne le bon
Coop attribue le mandat de surveiller
de détail. La PSA peut montrer de bons
exemple en matière de protection des ani-
les élevages de poules pondeuses en liberté
signes aux consommateurs. En effet, pour
maux.
Naturafarm au Service de contrôle de la
nombre d’entre eux, le bien-être des ani-
KAGfreiland découvre des importa-
PSA, ainsi que d’effectuer les contrôles
maux n’est visiblement pas qu’une ques-
tions de viande de lapins détenus de fa-
par échantillonnage chez les détenteurs
tion de mode passagère. Les œufs pro-
çon contraire à la protection des animaux
de vaches mères (Label «Naturabeef»).
venant d’élevages en liberté et la viande
et fait en sorte que la viande de lapin im-
La PSA débute le contrôle des abattoirs
labellisée ne sont désormais plus des pro-
portée et produite dans des cages en batte-
où l’on emmène les animaux IP labelli-
duits de niche. Chez certains commer-
rie soit déclarée. À la suite de cela, la PSA
sés «TerraSuisse», sur mandat de Migros
çants de détail, ils constituent parfois une
s’engage afin de promouvoir la détention
et d’IP-Suisse.
32
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
Dans les restaurants gastronomiques
sorties et de pâturages. Depuis lors, nous
la fin des années 1980, la PSA a parti-
on continue à servir de la viande issue
avons pu proposer quelque 500 000 exem-
cipé à créer les installations d’engraisse-
de détentions en masse. C’est ce que dé-
plaires de nos publications aux milieux
ment en liberté avec des animaux de races
montre une enquête de la PSA auprès de
intéressés.
à croissance lente, auparavant inconnues en Suisse.
cette branche. Comparé aux commerces
La PSA n’a pas craint de s’adresser à
de détail, leur proportion de viande label-
des professionnels (paysans, vétérinaires
Il y a 25 ans, on ne pouvait pas se
lisée est basse, se situant entre 35 et 50 %,
et scientifiques) pour élaborer des direc-
baser sur des résultats scientifiques pour
selon le type de viande.
tives quant à la détention et au transport
beaucoup de problèmes pratiques de la
Tous les grands importateurs d’œufs
respectueux des animaux et à la manière
détention d’animaux labellisés, si bien
s’engagent auprès de la PSA à renoncer
d’abattre des bovins, des porcs et des pou-
qu’il fallait développer des solutions avec
à importer des œufs provenant des cages
lets avec ménagement. De plus, elle a ins-
les paysans et les consultants, tant pour
en batterie. La PSA compte beaucoup sur
titué un service de conseil sur la déten-
aménager des pâturages à poulets, pour
cette convention, car l’interdiction des
tion d’animaux de rente conforme aux
détenir les porcs en liberté ou pour lo-
cages en batterie au niveau de l’UE n’est
espèces. Ce dernier a la tâche de rensei-
ger de jeunes animaux dans des stabula-
pas encore mise en application en 2012
gner les agriculteurs quant aux formes
tions froides. La PSA a permis de clarifier
et l’UE admet des variantes contraires à
de détention respectueuses des animaux
de nombreux thèmes concernant les ani-
la protection des animaux, interdites en
et d’expliquer aux consommateurs l’in-
maux de rente d’un point de vue scienti-
Suisse, comme la détention des poules en
fluence des achats sur la manière de dé-
fique, par exemple l’élevage des porcs en
petits groupes.
tenir les animaux. Les expériences avec
liberté, le comportement des dindes et des
La PSA organise un sommet sur les
ce service ont permis à la PSA d’en dé-
poulets d’engraissement en liberté ou le
veaux, afin d’améliorer la détention et
velopper d’autres, au sujet des animaux
rôle des caillebotis dans l’élevage porcin
l’affourragement des veaux et d’en finir
de compagnie, des animaux sauvages et
et bovin du point de vue de la protection
avec le critère «de qualité» contre-produc-
des animaux de laboratoire, ainsi qu’un
des animaux. Ce savoir-faire a pu être mis
tif de la couleur de la viande.
conseil vétérinaire. Elle a également
en pratique dans le cadre des programmes
La PSA avance une campagne sur la
fondé un service de contrôle pour la dé-
de labellisation.
volaille, planifiée pour 2012, après avoir
tention des animaux de rente conforme
constaté des conditions problématiques
aux espèces.
La détention d’animaux labellisés a également été le déclencheur dans la re-
dans les installations d’engraissement de
La détention d’animaux labellisés a
cherche des méthodes d’anesthésie pra-
poulets et de dindes allemandes et que
parfois demandé des réformes dans les ex-
ticables lors de la castration des porce-
leurs produits bon marché, contraires à
ploitations et de nouvelles formes de sta-
lets, et des améliorations dans le trans-
la protection des animaux, étaient livrés
bulations. Au milieu des années 1980, la
port d’animaux et dans les abattoirs. La
également en Suisse.
PSA, en collaboration avec les détenteurs
PSA participe à la «Communauté d’inté-
de volaille intéressés, a développé l’aire à
rêts pour des transports d’animaux et des
6.2 Information et conseil
climat extérieur pour enrichir l’élevage de
abattoirs conformes à la protection des
Pour la protection des animaux, cela a
poulets en liberté. Cet aménagement per-
animaux» depuis sa fondation, en 1993,
rapidement été clair: la détention res-
met aux poulets de sortir dans un espace
en mettant à disposition ses spécialistes
pectueuse des animaux ne tombe pas
protégé même par mauvais temps ou en
pour la formation des chauffeurs et des
du ciel et peut poser des problèmes tant
hiver, afin de jouir de l’air frais, de la lu-
collaborateurs dans les abattoirs.
aux animaux qu’à l’être humain. Il s’agit
mière et du climat natu-
d’autres problèmes par rapport à la déten-
rels. Ces «espace de sor-
FEUILLE D’INFORMATION PSA
tion d’animaux conventionnelle. La PSA
tie par mauvais temps»
S de la StabulationS économiqueS et reSpectueuSe
publie donc des brochures depuis le dé-
sont désormais le stan-
but des années 1990, entre autres quant
dard dans les détentions
à la détention de poulets et de porcs, à la
de poules pondeuses et
sélection, à la manière d’éviter des acci-
de poulets d’engraisse-
dents avec des animaux de rente ou au
ment en Suisse et com-
sujet du confort des animaux. Elle publie
mencent à prendre pied
également des séries de feuilles d’infor-
également
mations quant à des formes de stabula-
ger. Suite à un voyage
tions économiquement avantageuses et
d’études en France avec
respectueuses des animaux, ainsi que des
des professionnels de
dépliants montrant l’aménagement de
l’élevage de volaille, à
à
l’étran-
vie animale
FEUILLE D’INFORMATION Stabulation onS économiqueS
et reSpectueuSeS de la vie
PSA
animale
tKS 1.11
Taureaux reproducteurs dans des boxes à 3 aires
à l’engrais», explique n’a rien à voir avec une garde de taureaux «Détenir des taureaux reproducteurs d’Altikon (ZH). l’agriculteur Samuel Herrmann du Forenhof Swissgenetics. Les taureaux et 90 taureaux reproducteurs pour Samuel Herrmann détient entre 70 mois. A Mülligen, les dans sa ferme à l’âge de 14 à 18 arrivent (AG) Mülligen de d’IA station de la taureaux soient testés sur la été prélevées. Jusqu’à ce que les semences qui seront utilisées ont l’exploitation, pendant en quelque sorte en attente dans base de leur descendance, ils restent taureaux reproducteurs en Aujourd’hui, le Forenhof détient ses quatre bonnes années en moyenne. individuellement dans étaient précédemment souvent détenus groupes essentiellement alors qu’ils
tKS 1.1
Construction d’une aire d’alimentation annexée à une étabFEUrILLE le existante pou FOR MATION PSA vachD’IN es laiti ères StabulationS économiqueS
et reSpectueuSeS de la vie
animale
tKS 7.2
Garde de lapins d’engraissem ent en groupes
un box.
La ferme vue de l’est. A gauche, la grange, à droite l’aire d’affourag ement séparée.
Affourager les vaches en plein
ouvert. dans une simple stabulation à front Les taureaux reproducteurs sont logés
Les taureaux ont besoin de beaucoup d’espace ouvert pour des bovins d’élevage, des vaches allaiaussi s’agir d’une stabulation à front aire
Il pourrait de chaque côté, une il comporte un couloir central avec, tantes ou des taureaux à l’engrais: profitent de davantage de repos couverte. Mais les animaux d’exercice non couverte et une surface ont besoin d’espace pour Les grands et puissants taureaux d’espace que des taureaux à l’engrais. 6 taureaux sont systéDans les boxes à trois aires du Forenhof, pouvoir s’éviter les uns les autres. en une surface de repos sur plan subdivisé est boxes 14 des matiquement côté à côte. Chacun couverte. Les boxes non couverte et une aire d’alimentation 2 2 incliné à l’arrière, une aire d’exercice tout à sa disposition, 4,5 m chaque animal a donc 11 m en ont 13 m de profond et 5 de large; lourds taureaux reprode pour animaux des sur la protection 2 de plus que ne l’exige l’ordonnance d’aire d’exercice non cou2 de surface de repos, 2,50 m /animal ducteurs. Il y a 6,25 m /animal couverte. 2 verte et 2,25 m /animal d’aire d’alimentation
air
Il est inutile de démolir les stabulations existantes qui ont été bien construite adjoindre également une s. Parfois, on peut y aire d’alimentation en plein air et un local de une étable à stabulation traite. Il en résulte ainsi libre adaptée aux animaux et favorable sur le plan vail. de l’économie du tratra Roland Werner du Waldhof à Wäldi (TG) a été l’un des premiers à avoir eu ses vaches en plein air le courage d’alimenter toute l‘année durant. «Je suis convaincu que cela ne sous nos latitudes, au pose pas de problèmes moins jusqu’à 1000 mètres d’altitude», lance l’agriculte transformé son étable à stabulation entravée ur. En 1995, il a en étable à stabulation libre dotée d‘une aire de promenade et d’une aire d’affouragement.
Construire un couloir d’alimenta
tion séparé
L’agriculteur a poursuivi deux objectifs lorsqu’il a conçu son projet. L’étable devait être écono économique et les animaux devaient s’y sentir à l’aise. «A l’époque, les architecte s spécialisés Les lapins en bâtibâtiveulent pouvoir faire des bonds… ments agricoles construisa et se reposer également ient d’autres étables», . constate Roland Werner. Par là, il entend des Au lieu de détenir les lapins étables fermées où tout en cages, on peut leur était placé sous un aménager une stabulation maison comportan plusieurs même toit. Werner voulait sur le modèle d’une étages et chambres. Ce toutefois construire Le tnouveau mode de garde permet rentable comme l’ont couloir d’alimenta aussi un engraissement démontré des pionniers tion. suisses en la matière. «Le lapin est un animal 1 exigeant. Plus on a de 1 connaissances à son conscients du peu de sujet, plus nous serons choses que nous savons», lance Felix Näf pour expliquer tant dans ces animaux laineux et bondissants. ce qui le fascine A la ferme de ses parents, 200 lapins quand il était il élevait enfant. Il a fait de ce hobby déjà près de précoce une branche d’exploitat de bonnes perspectives d’avenir et collabore avec ion jouissant des paysans de la région dans ce secteur.
De nombreuses Feuilles d’information de la PSA peuvent être téléchargées depuis www.protection-animaux.com
Piètres conditions de garde
à l’étranger
Dès 1999 déjà, le grand distributeur Coop a misé sur la viande de lapin tueuse des animaux. La issue de garde respecdemande s’est amplifiée lorsque les grands distributeu imposé un arrêt volontaire rs suisses se sont des importations de viande de lapin à la fin 2008. conditions de garde en Ce sont les mauvaises France et dans les Etats de l’Est qui furent à l’origine Livrer aux grands distributeu de cette décision. rs suffisamment de viande est une chance et un défi issue de garde respectueu pour la détention agricole se des animaux de lapins pratiquée en Suisse.
1
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
33
6.3 Le commerce de détail mise sur des produits de détentions respectueuses des animaux
les labels les plus conséquents et les plus connus actuellement, grâce à «Natura-
6.4 Une gastronomie hésitante
plan» (bio) et «Naturafarm» (détention res-
La plupart des quelque 20 000 restau-
Lorsque KAGfreiland et la Protection
pectueuse des animaux). Migros a changé
rants, cantines du personnel et fast-foods
plusieurs fois les dénominations des la-
de Suisse utilisent peu de produits issus
Suisse des Animaux PSA ont commencé à
bels et leurs exigences, mais a désormais
de détentions respectueuses des animaux.
commercialiser des œufs suisses de poules
trouvé sa place, sa constance et sa crédi-
Ils proposent plutôt de la viande suisse
élevées au sol et en liberté, dans les an-
bilité grâce à «TerraSuisse» et à la colla-
conventionnelle ou, encore plus souvent,
nées 1970, personne n’aurait prédit un
boration avec les paysans IP. La viande
de la viande et des œufs importés. Sou-
développement pareil des produits issus
de veau labellisée de Coop (Naturafarm)
vent, les tenanciers ne sont pas correc-
de détentions respectueuses des animaux.
pose des exigences nettement plus hautes
tement informés quant aux conditions
Au début des années 1990, les «experts»
que celle de Migros (TerraSuisse): Coop
de détentions des animaux et aux labels
prédisaient un chiffre d’affaires de 2 à 5 %
exige la sortie en plein air ou la déten-
suisses et étrangers. Cette constatation,
et la plupart des fonctionnaires de l’agri-
tion de vaches mères, tandis que Migros
qui fait l’effet d’une douche froide, est le
culture étaient très sceptiques à l’égard
vend de la viande de veau labellisée sans
bilan d’une enquête menée par la Protec-
de ces produits. Certaines associations
qu’il soit obligatoire de faire sortir les ani-
tion Suisse des Animaux PSA en 2008.
paysannes ont diffamé les programmes
maux. Elle demande donc à peine plus que
En 2011, la PSA a écrit à quelque trois
de labellisation en faveur de la protec-
les prescriptions légales suisses en matière
cents restaurants renommés et gastro-
tion des animaux, bien que ceux-ci per-
de protection des animaux. La viande de
nomiques dans toute la Suisse, pour de-
mettent la survie de milliers de paysans,
bœuf de Coop se base sur la détention des
mander des renseignements quant à leur
améliorent l’image des paysans suisses et
vaches mères (Naturabeef), exemplaire.
utilisation de viande suisse labellisée et
de leur contact avec les animaux d’une
Migros souhaite poser les mêmes exi-
d’œufs de poules en liberté. À la question
manière générale, intéressent des millions
gences, par le programme de bovins au
de l’approvisionnement en viande, œufs
de consommateurs et génèrent annuelle-
pâturage lancé en 2010. Les proportions
et fromages, ces restaurants mentionnent
ment plus de 2,5 milliards de francs de
de viande de bœuf et de porc labellisées
la qualité comme premier critère, suivie
chiffre d’affaires.
de Migros sont plus élevées que celle de
par la provenance (Suisse) et le bien-être
La demande de produits issus de dé-
Coop. Cette dernière présente les propor-
des animaux. Du point de vue de la pro-
tentions respectueuses des animaux par
tions les plus élevées dans l’assortiment
tection des animaux, il est réconfortant
les consommateurs et des commerçants
d’œufs labellisés (œufs suisses bio et de
de constater que, par la suite, la part de
de détail, notamment l’encouragement
poules en liberté ou avec la possibilité de
viande bio a augmenté à 38 %, celle de
des formes de détentions particulière-
sortir: 57 %) et la part la plus faible d’œufs
fromages bio à 26 % et celle d’œufs de
ment respectueuses des animaux par les
importés: 10 %. Par contre, chez Migros,
poules en liberté à 24 %. La viande label-
paiements directs spécifiques, détermine
la part d’œufs suisses labellisés bio et de
lisée aurait une part plus importante dans
le bien-être des animaux dans les étables
poules en liberté ou avec la possibilité de
les restaurants gastronomiques, si elle
suisses au même titre que la législation
sortir est de 41 %. La part d’œufs importés
était plus facile à se procurer (29 %), si
en matière de protection des animaux et
y est de 22 %.
elle était de meilleure qualité par rapport
que la politique agricole. La condition de
Au cours des dernières années,
la PSA pour un label crédible quant au
l’exemple des grands distributeurs et la
était plus avantageuse (24 %) et si la clien-
respect des animaux stipule que soient
demande plus importante de produits pro-
tèle en demandait davantage (19 %). La
satisfaites au moins les prescriptions du
venant de détentions respectueuses des
part de clients qui, pour une offre compa-
programme fédéral SST (systèmes de sta-
animaux ont motivé d’autres commerces
rable, choisiraient des menus respectueux
bulation particulièrement respectueux des
de détail à proposer davantage de pro-
des animaux et plus chers a été estimée
animaux) et SRPA (sorties régulières en
duits labellisés. Par exemple, Manor, Volg
à 52 % en moyenne. Selon les établisse-
plein air).
et Spar. Même les nouveaux venus d’Al-
ments gastronomiques, il y a donc un po-
Les grands distributeurs Coop et Mi-
lemagne, Aldi et Lidl, semblent désormais
tentiel considérable parmi la clientèle, en
gros ont été des moteurs importants du
convaincus d’élargir leur assortiment de
ce qui concerne les produits respectueux
développement des labels. Leur engage-
cette façon.
des animaux; étonnamment, ce potentiel
ment a permis que les œufs de poules
à la viande conventionnelle (28 %), si elle
n’est pas exploité.
en liberté et la viande labellisée passent du statut de produits de niche à celui de produits standards au tournant du millénaire. Dans les années 1990, Coop a placé
34
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
7. Des importations conformes à la protection des animaux La PSA est d’avis que, du point de vue
ou des détentions d’animaux, d’une an-
à peine, par crainte de répercussions de
historique, le démantèlement des douanes
née à l’autre. De plus, les facteurs qui ne
l’étranger:
et l’extension du libre-échange des biens,
peuvent pas être influencés par l’être hu-
marchandises et services ont apporté un
main (climat, météo, qualité du sol, appa-
«Dans le respect des engagements inter-
plus au progrès économique, au dévelop-
rition d’épizooties et zoonoses, etc.) ont
nationaux, le Conseil fédéral édicte des
pement et au bien-être. En tant que petit
un rôle important dans la production ali-
dispositions relatives à la déclaration des
pays dépourvu de ressources, la Suisse a
mentaire. Un paysan est lié à sa terre, tan-
produits issus de modes de production in-
toujours encouragé ce développement et
dis que les entreprises peuvent s’implanter
terdits en Suisse; il relève les droits de
en a profité. Par contre, la PSA est d’avis
(presque) où elles veulent.
douane de ces produits ou en interdit l’im-
que les conséquences positives du libre
portation. Sont interdits au sens de l’al. 1 les modes de production qui ne sont pas
aux biens et aux services des secteurs se-
7.1 Les possibilités légales et de l’économie privée
condaires et tertiaires, et qu’elles ne re-
La face brutale du libre-échange des
la santé des être humains, des animaux ou
posent que de façon très limitée, voire pas
denrées alimentaires se montre dans le
des végétaux ou à la protection de l’envi-
du tout, sur le commerce mondial de den-
manque de garde-fous au niveau social,
ronnement.»
rées alimentaires et de matières premières.
écologique et de la protection des ani-
(Art. 18 de la Loi fédérale sur l’agriculture)
En effet, jusqu’à présent, il s’est avéré que
maux. En conséquence de cela, des pro-
le libre-échange a créé plus de perdants
duits importés se heurtant à la protection
La PSA est d’avis que chaque pays doit
que de gagnants, entraînant avec soi des
des animaux se ruent de plus en plus sur
avoir la possibilité d’assurer la contribu-
dépendances non souhaitées et ouvrant
le marché suisse. Notre pays importe an-
tion la plus haute possible à l’alimentation
les portes à la spéculation alimentaire.
nuellement 110 000 tonnes de viande –
de sa population, dans le respect de l’éco-
commerce sont à rapporter premièrement
conformes à la protection de la vie ou de
Il en résulte notamment des diffé-
presque un quart de la demande interne
logie et de la protection des animaux. Les
rences fondamentales en ce qui concerne
– dont, par exemple 45 000 tonnes de
importations devraient se limiter d’abord
les conditions et les lieux de production
poulets et de dindes, la plupart du temps
à compléter l’offre interne et l’approvi-
agricoles et des secteurs secondaires et
produits dans des types de détention in-
sionnement, par exemple là où ce dernier
tertiaires. Contrairement à une fabrique
terdits en Suisse. Certes, le législateur a
présente des carences à cause des condi-
ou à une entreprise de services, on ne
créé des instruments pour lutter contre ces
tions climatiques ou d’autres facteurs. La
peut pas faire surgir de terre des champs
abus, mais le Conseil fédéral les applique
protection des animaux s’arrête à la fron-
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
35
tière. La PSA s’engage donc pour des im-
à caractère paysan dans les pays expor-
de produits à base d’œufs produits en bat-
portations conformes à la protection des
tateurs en profitent également.
terie, à l’avenir.
animaux. Dans le cas contraire, la Suisse
La PSA a montré comment cela
Dans les magasins, heureusement, la
soutiendrait et encouragerait des pra-
marche avec l’exemple des œufs. En
majorité écrasante des consommateurs
tiques contraires à la protection des ani-
Suisse, depuis 1991, on ne trouve plus
achète des œufs suisses. Cependant, l’im-
maux, des détentions d’animaux en masse
que des œufs d’élevages au sol ou en li-
portation d’œufs est toujours de quelque
et des transports cruels à l’étranger. En
berté, mais l’importation d’œufs de poules
770 millions d’œufs par année. Les rai-
même temps, elle concurrencerait les ef-
détenues en cages en batterie est encore
sons de cette augmentation résident dans
forts que l’on fait dans notre pays en fa-
légale. Cela est incompréhensible. Déjà
la branche de la gastronomie, dans les
veur de la protection des animaux.
au milieu des années 1990, les milieux
boulangeries-pâtisseries et dans les fabri-
La PSA ne souhaite pas prescrire des
de la protection des animaux ont pu
cants de produits à base d’œufs et de repas
menus, des listes de commissions ni in-
convaincre les grands distributeurs Mi-
prêts à être consommés, où malheureuse-
terdire une consommation modérée de
gros et Coop à renoncer à importer des
ment le prix est encore trop souvent plus
viande. Cependant, elle s’engage afin
œufs produits en batterie. Par la suite,
important que la qualité suisse et le bien-
que les animaux soient détenus confor-
tous les commerçants de détail ont suivi
être des animaux.
mément à leur espèce et qu’ils soient
cet exemple. Cependant, l’importation
La PSA compte beaucoup sur ces
transportés et abattus avec ménagement,
d’œufs de poules en batterie a continué
conventions, car l’interdiction de pro-
puisqu’ils sont utilisés à des fins alimen-
sur une large échelle comme auparavant,
duire des œufs en batterie au sein de l’UE,
taires et donnent leur vie pour cela. Ce
sous la forme de produits à base d’œufs,
prévue pour 2012, ne sera pas appliquée.
principe vaut pour les animaux en Suisse
comme les œufs liquides utilisées dans les
Quelque 60 à 80 millions de poules pon-
et à l’étranger. Les consommateurs pro-
produits élaborés. On peut donc partir du
deuses, soit environ 20 % de l’effectif
fitent également des standards écolo-
principe que, jusqu’en 2010, on a encore
européen, continueront à végéter dans
giques et en matière de protection des
importé annuellement 40 à 80 millions
ce système de détention cruel. Des pays
animaux au niveau du commerce inter-
d’œufs de poules en batterie en Suisse. En
comme l’Espagne, le Portugal, la Grèce,
national. En effet, ils sont régulièrement
2011, la Protection Suisse des Animaux
la République Tchèque et la Pologne sont
confrontés à la peu réjouissante réalité de
PSA a conclu une convention avec 26 en-
à la traîne dans l’exécution de cette inter-
certains produits importés, issus de déten-
treprises, parmi lesquelles tous les grands
diction. Il est encore plus important de sa-
tions d’animaux en masse, souvent pro-
importateurs et le géant de la branche
voir que l’UE admettra des solutions alter-
blématiques du point de vue de la sécurité
Lüchinger + Schmid SA. Ces entreprises
natives contraires à la protection des ani-
et de la qualité. Les détentions d’animaux
s’engagent à ne plus importer d’œufs ni
maux, telles que les détentions de poules en petits groupes. Cette forme de détention correspond, à quelques retouches alibi près, à la cage en batterie traditionnelle (cf. photo). La Suisse a testé ces systèmes dans les années 1990 du point de vue pratique et de la conformité à la protection des animaux et les avait interdits, à juste titre.
7.2 Les différences dans l’importance du bien-être des animaux en Suisse et dans l’UE Les trois différences suivantes sont particulièrement intéressantes:
1. La législation suisse prévoit des prescriptions concrètes et détaillées et des critères minimaux pour tous les animaux de
Dans l’UE, la détention en cage est encore très répandue
36
rente; par contre, dans l’UE, il manque des directives, entre autres, quant à la détention des vaches, des bovins d’engraisse-
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
ment, des dindes, des autruches et d’autres
Ci-après, nous indiquons les différences
n’est pas prescrite, tandis qu’elle est obli-
espèces de volaille (hormis les poulets),
principales entre les prescriptions suisses
gatoire en Suisse. En Suisse, il est inter-
des moutons, des chèvres et des che-
et européennes en matière de protection
dit de couper le bec, tandis que cela est
vaux. Dans l’UE, des millions d’animaux
des animaux:
admis dans l’UE. Des cages aménagées et des grandes cages sont toujours admises
de rente sont donc sans protection légale.
dans l’UE, malgré que la détention en bat-
en Suisse, les systèmes de détention et les
Vaches, bovins d’engraissement, dindes, autruches et autres espèces de volaille (hormis les poulets), moutons, chèvres et chevaux: en Suisse, il
aménagements pour étables doivent être
y a des prescriptions concrètes et détail-
ces formes de détention ont été utilisées
testés et autorisés quant à leur conformité
lées; par contre, dans l’UE, des directives
et sont interdites parce qu’elles se sont
en matière de protection des animaux et
contraignantes manquent.
avérées contraires à la protection des ani-
2. L’UE ne prescrit aucun examen quant à la protection des animaux. Par contre,
terie soit interdite depuis 2012; les œufs issus de ces détentions doivent être déclarés comme «œufs de cage». En Suisse,
maux.
d’aptitude avant d’être commercialisés. Tout le monde en profite: les paysans qui
Veaux: en Suisse, les veaux doivent être
les achètent et, bien sûr, les animaux qui
détenus en groupes dès l’âge de deux se-
Poulets d’engraissement: en Suisse,
y sont détenus.
maines; dans l’UE, dès l’âge de huit se-
la lumière du jour et au moins 8 heures
maines. Dans l’UE, la détention en groupes
d’obscurité sont obligatoires, tandis que
3. En Suisse, la plupart des interventions
n’est prévue que pour les grandes déten-
dans l’UE les poulaillers peuvent être
douloureuses est interdite, tandis que
tions, tandis que les petites exploita-
éclairés artificiellement et soumis à des
dans l’UE, par exemple, on peut castrer
tions avec 6 veaux au maximum peuvent
programmes alternant lumière et obscu-
les jeunes taurillons, boucs, porcelets etc.
continuer à les détenir seuls; en Suisse,
rité. En Suisse, les surfaces surélevées pour
sans anesthésie. En Suisse, les pratiques
les igloos individuels avec possibilité de
se retirer et se reposer sont prescrites, tan-
consistant à rogner le bec de la volaille et
sortir sont admis. Les places de repos cou-
dis que dans l’UE, les poulets d’engraisse-
à couper la queue aux animaux, ainsi qu’à
vertes de litière ne sont prescrites qu’en
ment doivent se reposer sur le sol crotté du
arracher les dents aux porcelets, sont en
Suisse. Dans l’UE, les veaux peuvent être
poulailler. La densité maximale est de 30
partie autorisées mais fortement limitées.
détenus sur caillebotis.
kg/m2, en Suisse, mais de 42 kg/m2 dans l’UE; selon les prescriptions européennes
Tant les cinq directives de l’UE concer-
Porcs: dans l’UE, les cages à porcelets
un éleveur suisse pourrait augmenter son
nant la protection des animaux de rente
à plusieurs étages sont admises, tandis
effectif d’une fois et demie.
(protection des animaux dans les éle-
qu’elles sont interdites en Suisse. Il en va
vages; protection des veaux, des porcs,
de même pour la castration sans anesthé-
des poules pondeuses, des poulets d’en-
sie. En Suisse, dès 2018, les porcs d’en-
graissement) que la nouvelle législation
graissement auront plus de place: 0,9 m2
suisse en matière de protection des ani-
au lieu de 0,65 m2 (la surface dont ils dis-
maux n’établissent pas de standards pour
posent dans l’UE). La litière n’est prescrite
une protection optimale. Elles se bornent
ni en Suisse ni dans l’UE. Les truies vivent
à définir, par des prescriptions concrètes
dans de meilleures conditions en Suisse.
la limite de la cruauté envers les animaux.
Dans l’UE, les truies allaitantes ou en ges-
Ceux qui ne satisfont pas ces exigences
tation peuvent être isolées durant 4 se-
sont amendables, mais ceux qui les satis-
maines après la fertilisation. En Suisse, les
font ne détiennent pas encore leurs ani-
truies allaitantes peuvent se mouvoir li-
maux dans des conditions de détentions
brement et celles qui sont en gestation ne
respectueuses. D’une manière générale, il
peuvent être isolées que pendant 10 jours
faut admettre qu’en Suisse, la limite à la
au maximum. En Suisse, il est interdit de
souffrance des animaux est définie de fa-
couper la queue et d’arracher les dents aux
çon plus restrictive, ce qui signifie que les
porcelets, tandis que cela se fait dans l’UE
prescriptions minimales suisses, dans leur
(certes, pas de façon routinière, mais dans
ensemble, apportent davantage aux ani-
des cas motivés).
maux.
Poules pondeuses: dans l’UE, la litière pour que les poules puissent gratter, picorer et prendre des bains de poussière
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
Dans l’UE, les porcs vivent beaucoup plus «salement»
37
de standards qui dépassent les prescriptions légales minimales. En 2009, la PSA a donc mené une enquête, dans les pays de l’UE, au sujet des formes de détention particulièrement respectueuses des animaux (pâturage; détention avec possibilité de sortir et élevage en liberté; élevages bio). Nous avons approché des organisations nationales d’agriculture biologique et de labellisation, des autorités agricoles, des scientifiques et des organisations de protection de animaux, les priant d’évaluer la diffusion des pâturages et des sorties des bovins, des porcs et des poulets. L’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL) a également fourni des renseignements importants quant à la détention d’animaux bio-
La Suisse est à la pointe dans toute l’Europe en matière de formes de détention respectueuses des animaux
logiques dans les pays de l’UE. Ensuite, les 20 résultats évaluables, provenant de 9 pays de l’UE, ont été comparés à la diffusion des formes de détention SST et SRPA
En conclusion: bien que la législation
sévères que les européennes (lorsque ces
en Suisse, comme les renseignements du
suisse en matière de protection des ani-
dernières existent: par exemple celles qui
FiBL et ceux de dix organisations biolo-
maux ne contienne que le strict minimum
concernent les veaux, les porcs, les poules
giques nationales quant à la diffusion de
et des prescriptions qui définissent la li-
pondeuses, les poulets d’engraissement).
l’élevage bio dans l’UE et dans les États membres de l’UE.
mite de la cruauté envers les animaux, sans
Les standards de protection des ani-
en garantir la détention respectueuse, les
maux de rente d’un pays se définissent en
Il en ressort que la Suisse est à la pointe
animaux de rente suisse sont mieux pro-
premier lieu par sa législation. Cependant,
ou qu’elle partage la première place en ce
tégés légalement - avec plusieurs impor-
l’exemple de la Suisse montre que la de-
qui concerne la détention respectueuse
tantes exceptions - que leurs congénères
mande du marché (viande labellisée, œufs
des animaux, pratiquement pour toutes
européens. D’une part, la Suisse stipule
de poules en liberté) et les programmes
les espèces considérées. La Suisse est de
des prescriptions concrètes et détaillées
étatiques d’encouragement contribuent
loin le pays d’Europe qui présente la plus
pour tous les animaux de rente; d’autre
grandement à affiner et influencer la pra-
grande quantité de formes de détention
part, les prescriptions suisses sont plus
tique de la détention d’animaux en faveur
respectueuses des animaux.
Diffusion des formes de détention particulièrement respectueuses des animaux CH
A
NL
F
Pâturage des vaches laitières
80
20-40
60-80
10
FIN
GB
DK
B
80* 20-40
S
Sorties bétail à l’engraissement
50
5-10
80
10
Sorties truies portantes
66
<5
<5
<5
5 -10
Sorties porcs à l’engraissement
<5
<5
D
60-80*
80
40-60
80
60-80 60-80 20-40
80*
5-10
60-80* 60-80
80 10-20
60-80 40-60 60-80
5-10
<5 40-60
62
<5
5 -10
5-10
Dét. en plein air poules pondeuses 69
20-40
10-20 10-20 20-40
10-20
Dét. groupe truies portantes
20-40
60-80 10-20
40-60
100
80
5-10
5-10
10-20 40-60 5
100
<5
<5
<5
IRL
PL
<5
5-10
EST
<5
<5
<5
5-10
<5
20-40 20-40
20-40
<5
5-10
40-60 20-40
20-40 40-60
80
* Ces valeurs élevées en Suède et en Finlande ne concernent que la période de végétation. En hiver, les animaux sont à l’étable. En Suisse, les vaches peuvent aussi sortir régulièrement en plein air l’hiver dans le cadre du programme SRPA. La part des animaux bio dans la population globale a été estimée à moins de 1% par les organisations bio de Turquie, Ukraine, Lettonie, Lituanie, Islande, Belgique, Finlande, Estonie, Allemagne et Autriche pour presque toutes les catégories. Des parts plus élevées sont notamment indiquées pour le bétail laitier en Autriche (16%), Danemark (10%), Estonie et Allemagne (3% chacun), pour les porcs à l’engraissement en Grèce (5%), GrandeBretagne (3%) et Danemark (3%), pour les poules pondeuses en Allemagne (4%) et aux Pays-Bas (4%) ainsi que pour les poules à l’engraissement en France (12%) et en Belgique (5%). Pour comparaison, la part des œufs bio vendus en Suisse est de 17%, celle de la viande bio de 2%.
38
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
8. Ce qu’il reste à faire pour le bien-être des animaux en Suisse 8.1 Généralités
au fait qu’aujourd’hui, de plus en plus de
qu’il faut interdire de détenir des porcs
Comparée aux législations précédentes en
vaches, de porcs et de poulets peuvent
d’engraissement de 100 kilogrammes sur
matière de protection des animaux, celle
sortir à l’air libre, ce qui était encore im-
une surface de moins d’un mètre carré,
de 2008 a apporté des améliorations en
pensable à la fin des années 1980.
sans litière et sans la possibilité de sortir.
faveur des animaux de rente. La Suisse
Les paysans suisses et les branches
De la même façon, 86 % des personnes
garantit donc un niveau de protection
annexes, y compris la gastronomie et
interrogées sont de ce même avis quant à
des animaux plus élevé que les pays eu-
les commerces de détail, tirent profit des
la détention des bovins d’engraissement
ropéens. Toutefois, il faut considérer que
améliorations dans la protection des ani-
de 500 kilogrammes sur moins de quatre
les prescriptions et les stricts minimums
maux. L’image des paysans et des produits
mètres carrés, dans les mêmes conditions
concernant par exemple la demande d’es-
de provenance animale qu’ils commer-
que les porcs. 90 % des personnes inter-
pace, ne garantissent pas une détention
cialisent jouissent fortement de la faveur
rogées souhaitent interdire que les vaches
d’animaux optimale. Elles définissent
des consommateurs et des contribuables.
laitières soient détenues à l’attache du-
simplement les limites de la cruauté en-
L’argument de qualité «bien-être des ani-
rant 270 jours par année. 89 % d’entre
vers les animaux qui peuvent être officiel-
maux» est toujours décisif pour que les
elles sont pour l’interdiction du dresse-
lement poursuivies et sanctionnées.
acheteurs acceptent les prix élevés des
vaches électrifié dans les étables à vaches
produits suisses.
laitières.
Rétrospectivement, la combinaison des programmes de labellisation et des
Maintenant, une grande partie des
La réalité est tout autre: les formes de
paiements directs spécifiques aptes à en-
gens croient, à tort, que les détentions
détentions susmentionnées, rejetées par
courager les formes de détention parti-
animales labellisées sont la règle en
l’opinion publique, sont légales en Suisse.
culièrement respectueuses des animaux,
Suisse et que le dresse-vaches, la déten-
Dans notre pays, des millions d’animaux
ont apporté davantage au bien-être des
tion des vaches à l’attache et la déten-
de rente ne peuvent toujours pas sortir
animaux que les prescriptions légales,
tion des bovins et des porcs d’engraisse-
régulièrement à l’air libre et ne disposent
constamment combattues par les paysans
ment dans des stabulations étroites, sans
pas de stabulations respectueuses des ani-
et les milieux de la protection des ani-
litière et sans la possibilité de sorties en
maux!
maux. Les améliorations dans le bien-être
plein air, sont des pratiques interdites de-
animal, sont clairement dues au marché
puis longtemps. Une enquête que la PSA
et aux mesures de la politique agricole
a mené en 2008 montre que plus de 90
susmentionnées. On pense, en particulier,
% des personnes interrogées considèrent
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
39
8.2 Les problèmes de protection des animaux chez les bovins
leur mère à la naissance. La relation na-
soient tués juste après leur naissance. Cela
turelle entre la mère et sa progéniture ne
se produit déjà en Nouvelle-Zélande et, en
peut pas avoir lieu. Cela est effectué à
partie, en Irlande et en Italie, et est pra-
un moment où le lien individuel entre la
tique courante au niveau mondial pour
Veaux
vache et le veau est encore relativement
une autre espèce animale, notamment
Pas de possibilités de sortir et pratiquement aucune détention au pâturage: la plupart des veaux – carrément 9
faible, car la reconnaissance réciproque et
les poulets mâles des poules pondeuses à
indubitable, olfactive, optique et visuelle
haute performance.
animaux sur 10 dans l’engraissement – ne
paré de la mère une semaine après la nais-
peuvent pas sortir à l’air libre, bien que le
sance, les deux animaux montrent de plus
mouvement, l’air frais et le soleil fassent
forts symptômes d’abandon, tels que l’agi-
Une qualité insuffisante de la litière:
du bien aux jeunes animaux et qu’il soit
tation, la recherche et l’appel de l’autre.
au lieu de la litière, du sable ou d’autres
demande plusieurs jours. Si le veau est sé-
avéré que les veaux qui peuvent sortir à
Bovins d’élevage et d’engraissement
matériaux appropriés pour permettre aux
Alimentation erronée dans l’engraissement: théoriquement, la législation
animaux de se coucher, l’emploi de ta-
moins de soins médicaux. À l’exception de la détention de vaches mères, on ne
en matière de protection des animaux a
ces structures ne correspondent pas aux
trouve pratiquement plus de veaux au pâ-
mis un terme à la production de viande
besoins des bovins et se salissent rapi-
turage, bien que cette forme de détention
blanche de veau en 1981 déjà, en pres-
dement, devenant glissantes. Des expé-
soit la plus naturelle pour les bovins.
crivant du fourrage grossier et du fer en
riences qui permettent aux animaux de
suffisance et en interdisant d’administrer
choisir montrent qu’ils évitent ces tapis,
Aucun contact social: la détention indi-
des rations provoquant l’anémie. Cepen-
préférant toujours la litière.
viduelle dans des igloos d’à peine 3 mètres
dant, on continue à alimenter les veaux
carrés de surface au sol constitue l’excep-
de façon erronée, afin de produire de la
tion légale à la détention en groupes, re-
viande la plus claire possible, avec des
Presque aucune liberté de mouvements: des animaux atteignant 500 kilo-
commandée. Elle apporte quelques avan-
conséquences négatives sur la santé de
grammes n’ont que 3 mètres carrés à dis-
tages sanitaires en faveur des veaux,
l’animal.
position, selon les prescriptions. Cela si-
l’air libre sont plus sains et demandent
par rapport à la détention permanente à
pis en gomme dure est admis, bien que
gnifie qu’on pourrait détenir 8 à 10 bovins
Un moment problématique pour la commercialisation: les marchands
d’engraissement dans une pièce d’habita-
de poussières, de gaz nocifs et de germes dans l’air. Toutefois, le contact social inné
achètent les veaux destinés à l’engraisse-
juste pour se coucher, mais pas pour se
et le besoin de mouvement sont impos-
ment à un âge où les animaux sont en
mouvoir, comme le demandent les exi-
sibles. Une proportion considérable des
train de terminer la protection contre les
gences comportementales de cette espèce
veaux élevés en Suisse vit dans ce type
maladies, acquise à travers le lait mater-
animale. Dans cette étroitesse oppressante,
de détentions contraires à la protection
nel, mais n’ont pas encore fini de dévelop-
les jeunes animaux se dérangent constam-
des animaux.
per leur propre système immunitaire (»la-
ment, ceux qui sont couchés sont contraints
l’étable: de l’air frais, du soleil et moins
tion de taille moyenne! Cette place suffit
cune immunitaire»). À cela s’ajoutent la
de se lever et les animaux de rang inférieur
Impossible de jouer ni de courir: la dé-
promiscuité entre animaux provenant de
sont évincés sans ménagement. Une partie
tention des veaux en groupes, fondamen-
plusieurs exploitations, la détention dans
des bovins d’engraissement et, surtout de
talement respectueuse de l’animal, met
des espaces parfois réduits, sans possibilité
ceux d’élevage, sont détenus à l’attache.
une surface d’à peine 1,5 mètre carré par
de sortir à l’air libre et l’alimentation erro-
Ces animaux doivent rester attachés à la
animal, pour des veaux pouvant atteindre
née. Tout cela contribue à susciter l’admi-
mangeoire durant 275 jours par année et,
160 kilogrammes. Ces animaux, très por-
nistration d’antibiotiques, souvent dispro-
les 90 jours restants, ils ne peuvent se
tés sur le jeu et le mouvement, doivent
portionnée, aux veaux d’engraissement.
mouvoir librement que pendant deux ou trois heures par jour. On prive en perma-
donc croître dans un espace extrêmement limité.
Abattage après la naissance: les veaux
nence ces animaux de la liberté de mouve-
issus des élevages laitiers à haute perfor-
ment, mais aussi du comportement social
Élevage sans mère: depuis cent ans,
mance ne se prêtent pas à être engraissés,
naturel et des soins corporels.
partout où l’on élève des veaux de façon
car ils ne produisent pas assez de viande.
professionnelle (en Suisse comme dans
Ce ne sera plus qu’une question de temps,
Pas de sortie ni de pâturage: alors
l’UE, en Amérique du Nord et du Sud et
avant que même en Suisse, une partie des
qu’environ trois quarts des bovins d’éle-
en Asie, à l’exception de la détention de
descendants des vaches laitières à haute
vage peuvent sortir et se rendre au pâtu-
vaches mères), les veaux sont séparés de
performance, notamment les mâles, ne
rage, environ la moitié des bovins d’en-
40
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
graissement ne peuvent pas sortir à l’air libre et passent leur vie dans des stabulations étroites, jusqu’au jour où on les conduit à l’abattoir.
Vaches Un comportement social limité: la détention de vaches mères est pratiquée en Suisse depuis le début des années 1980. Aujourd’hui on compte quelque 90 000 individus. Cette forme de détention satisfait amplement le comportement social des bovins. Par contre, quelque 600 000 vaches laitières doivent en partie supporter des réserves considérables lors de l’achat. D’une part, parce que 2 vaches sur 3 ne peuvent pas se mouvoir librement dans un troupeau, étant donné qu’elles sont détenues à l’attache, souvent aussi sous le dresse-vaches électrifié. D’autre part, parce que l’élevage des petits et, par
Interdit seulement lors d’une nouvelle construction: le dressevaches, un instrument cruel
conséquent, la relation entre la mère et le veau disparaît et que la sélection des
Le dresse-vaches: on estime que
90 % des bovins sont écornés très jeunes.
vaches pratiquée par l’être humain est
quelque 300 000 vaches sont encore sou-
L’anesthésie est prescrite légalement et
élevée. De nombreux animaux quittent
mises à ces «instruments de torture», bien
contraignante, comme l’interdiction de
le troupeau précocement, en raison d’une
qu’une étude de l’Office vétérinaire fé-
certaines pratiques d’écornage. Chez les
prestation défaillante ou de maladie. Les
déral soit arrivée à la conclusion, il y a
bovins et les chèvres, les cornes sont im-
relations d’amitiés qui, dans des condi-
quinze ans déjà, que cela n’est pas compa-
portantes dans la communication, pour
tions naturelles, peuvent durer toute la
tible avec les principes de législation sur
établir les rangs et pour les soins corpo-
vie et se construisent essentiellement
la protection des animaux et qu’il s’agit,
rels. L’écornage est pratiqué pour faciliter
entre mères et filles, sont constamment
par conséquent, d’une pratique cruelle.
le travail des êtres humains (danger d’ac-
rompues. De plus, la structure des âges
Cependant, son emploi reste légal. Il est
cidents) ou pour adapter les animaux au
tend à maintenir artificiellement des ani-
juste interdit d’en poser dans une nouvelle
système de détention.
maux jeunes, car les vaches actuelles à
étable. Le dresse-vaches est un câble élec-
haute performance s’épuisent rapidement.
trifié qui passe au-dessus des animaux,
En Suisse, elles ne produisent du lait que
les forçant à reculer d’un pas au moment
Haute performance laitière et alimentation contraire à l’espèce: l’optimisa-
pendant trois ans, en moyenne.
où ils bombent le dos pour déféquer ou
tion de l’affourragement et des décennies
pour uriner, afin que leur place se salisse
de croisements avec des races laitières
Presque pas de mouvement: 65 % des
moins. La vie de ces vaches attachée, déjà
augmentent la production moyenne de
vaches laitières sont détenues à l’attache,
contraintes dans un espace étriqué, est li-
lait d’année en année. Aujourd’hui, une
où les mouvements sont, par définition,
mitée ultérieurement et la fertilité des ani-
vache à aptitude mixte, comme celles de
limités. Environ 120 000 d’entre elles ne
maux en souffre.
la race brune originale suisse, produit en moyenne 6000 kilogrammes de lait par
peuvent pas sortir régulièrement en plein air. Elles sont attachées à la crèche pen-
Écornage: la plupart des races de vaches
année (lactation), tandis qu’un bovin des
dant 275 jours par année et, les 90 jours
laitières détenues en Suisse (brunes et
lignées laitières sélectionnées Brown-
restants, elles ne peuvent bouger que du-
tachetées) sont naturellement dotées de
Swiss, soumis à des croisements impor-
rant deux à trois heures par jour. On prive
cornes, comme chez la plupart des races
tants, en produit en moyenne 7000 kilo-
en permanence ces vaches de leur liberté
de chèvres laitières indigènes. Les races
grammes. L’augmentation la plus impor-
de mouvement, mais aussi du comporte-
génétiquement dépourvues de cornes sont
tante dans la production laitière s’ob-
ment social naturel et des soins corporels.
d’importantes productrices de viande, de
serve chez les bovins Holstein: de 6400
L’espace vital qui leur est accordé ne me-
plus en plus présentes dans les détentions
à 7400 kilogrammes de 1991 à 2001 et à
sure que 110 centimètres sur 185.
de vaches mères. Aujourd’hui, plus de
8400 kilogrammes par lactation en 2010;
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
41
4,1 (3,8/3,3) lactations, pour une performance de 27 100 kilogrammes (26 000 kg/ 26 400 kg) (2008) au cours de sa vie. À titre de comparaison, il y a cinquante ans, les vaches étaient utilisées en moyenne pour 6 lactations, donc elles mettaient au monde 6 veaux et on pouvait les traire durant 6 ans. Aujourd’hui, il y a encore quelques individus qui montrent le potentiel qui se trouve dans chaque vache. La vache «Morchel» de la famille Studach, à Mörschwil, par exemple. En 2011, à sa 21e année de service elle avait produit 184 000 kilogrammes de lait. Ou «Jerry Adoravon», née en 1990, appartenant à la famille Eicher, d’Engelburg. En 2011, elle avait produit la quantité cumulée record de 168 000 kilogrammes de lait.
Les erreurs de la sélection
Les causes principales de décès chez les vaches (race brune, 2008) sont la fertilité défaillante (27 %), les maladies des mamelles (21 %), les maladies des sabots
en Suisse, les animaux très performants
formés en cochons, du point de vue de
ou des membres (17 %), une performance
ne dépassent pas les 12 000 kilogrammes.
l’alimentation. Même le Conseil fédéral
insuffisante (12 %), des accidents (6 %),
L’alimentation et la détention de ces
ne se sent plus tout à fait à l’aise avec
des troubles du métabolisme (5 %) et des
vaches à haute performance sont extrê-
ce développement. Dans son message au
difficultés à vêler (5 %). Les autres causes
mement difficiles et posent des exigences
sujet de la politique agricole 2014–2017,
se montent à 7 %. En Allemagne voisine,
élevées de travail, stabulation et d’affour-
il s’est exprimé comme suit: «En matière
le taux moyen de lactation se trouve déjà
ragement. Si celles-ci ne sont pas satis-
d’alimentation des ruminants, la tendance
à 2,5 et dans les USA au-dessous de 2 lac-
faites, des maladies liées à la performance
est à une utilisation accrue des aliments
tations. Cette tendance de la durée d’ex-
s’accumulent rapidement, par exemple des
concentrés. La production suisse de lait
ploitation à la baisse, due à un état sani-
mastites, des maladies du métabolisme,
et de viande risque ainsi de perdre à long
taire défaillant, fait pression sur les coûts
la boiterie et des troubles du comporte-
terme un avantage concurrentiel straté-
et le rendement de la production laitière.
ment. À cause de la performance laitière,
gique. […] La comparaison de systèmes
L’élevage à haute performance, unilatéral,
les vaches sont également plus grandes.
de Hohenrain montre que la production
a comporté une certaine mentalité de gas-
Par conséquent, les places dans les sta-
de lait reposant sur une faible utilisation
pillage. Chaque année, il faut élever da-
bulations à l’attache et dans les stabula-
d’aliments concentrés et une proportion
vantage de jeunes vaches et abattre da-
tions libres sont souvent trop petites et les
forte de pâturages obtient, pour la plupart
vantage d’individus âgés, puisque la durée
agriculteurs doivent conclure des inves-
des indicateurs écologiques, de meilleurs
de l’utilisation diminue.
tissements financiers considérables pour
résultats par kilo de lait que la stabula-
les agrandir. À cause de leurs mamelles
tion qui recourt beaucoup aux aliments
disproportionnées, ces vaches peuvent à
concentrés.»
peine se déplacer. Puisque la production
Expositions de bétail et styliste pour animaux: ces rencontres traditionnelles sont indissociables de la vie des éleveurs
laitière, même avec les meilleurs fourrages
Moins de lactations: en raison d’une sé-
et constituent une vitrine très appréciée
de base (foin, herbe, ensilage) ne dépasse
lection plus sévère pour atteindre des per-
de l’élevage. Du point de vue de la pro-
pas les 6000 à 7000 kilogrammes par an-
formances laitières toujours plus élevées
tection des animaux, il n’y a rien à redire
née, ces vaches à haute performance de-
et de l’apparition de maladies dues à la
à cela. Par contre, certains excès, comme
mandent proportionnellement beaucoup
performance, à la détention et à l’alimen-
le styling de plus en plus apprêté, le fait
de fourrage concentré. En moyenne, les
tation, la quantité de lactations par vache
de sceller les trayons, ainsi que l’adminis-
vaches suisses reçoivent 650 kilogrammes
baisse constamment. Une vache brune
tration (illégale) d’analgésiques sont des
de fourrage concentré. Les bovins, des
moyenne (tachetée/Holstein) n’atteint
effets secondaires absolument douteux.
herbivores idéaux et optimaux, sont trans-
plus que l’âge de 6,7 (6,2/6,3) ans et donne
42
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
8.3 Les problèmes de protection des animaux chez les porcs
Truies
Porcelets sevrés
porcelets nouveaux-nés, qui apprécient la
Sevrage précoce: dans la nature, la truie
chaleur et le confort, les truies allaitantes
et les porcelets restent ensemble durant
souffrent lorsque les températures sont
plusieurs mois, en relâchant petit à pe-
élevées car, durant la production de lait,
tit la liaison, jusqu’à ce que la mère, peu
leur corps se réchauffe considérablement.
avant la naissance de la nouvelle portée,
Les exigences de la truie et de ses petits en
ne veuille plus rien savoir de ses petits.
ce qui concerne la température diffèrent
Dans les détentions, pour des raisons éco-
de presque 15 degrés. Pourtant, ils doivent
nomiques, la séparation intervient de fa-
vivre dans le même espace. Afin de les sa-
çon artificielle et abrupte, par l’être hu-
tisfaire correctement et d’éviter le stress
main; en Suisse, généralement lorsque les
thermique, il faut veiller à aménager des
porcelets ont cinq semaines, à l’étranger,
niches chauffées pour les porcelets et faire
parfois déjà après deux ou trois semaines.
en sorte que la truie puisse sortir à l’air
La relation naturelle entre mère et progé-
libre. De plus, de cette façon, la stabula-
niture cesse. Plus tôt on sèvre les porce-
tion prévue pour l’allaitement reste plus
lets, plus difficile est leur élevage. Des er-
propre, car les porcs préfèrent aménager
reurs dans la détention ou dans l’alimen-
leurs toilettes à l’extérieur. Cependant,
tation peuvent rapidement avoir des effets
aujourd’hui seulement 6 % des truies al-
négatifs sur leur santé et leur bien-être.
laitantes peuvent sortir en plein air.
Pas assez de sorties et presque pas de pâturage: un tiers des truies en gestation
Pas de possibilité de sortir: seulement
sont détenues en permanence à l’étable et
un porcelet sevré sur vingt peut sortir en
Des boxes pour s’alimenter contraires à la protection des animaux: dans ce
liberté, bien que le mouvement, l’air frais
genre de boxes, les truies en gestation
turage des porcs a pratiquement disparu,
et le soleil fassent du bien aux jeunes ani-
doivent se nourrir et se coucher dans le
bien que cela corresponde parfaitement à
maux.
même espace. Celui-ci n’est pas suffisam-
la nature de cet animal. Les cochons pro-
ment couvert de litière et oblige chaque
fitent bien de l’herbe fraîche. De plus, la
Du mouvement et des occupations en insuffisance: on peut détenir trois por-
animal à rester couché à une place déter-
liberté de mouvement est très importante
minée, étriquée. L’espace est trop réduit
pour la condition physique et, donc, pour
celets sur un mètre carré, sans que l’ap-
pour que l’animal puisse se mouvoir libre-
l’état sanitaire des truies, fortement solli-
port de litière pour se coucher, fouiller,
ment et il n’y a aucune possibilité de sor-
citées par les grossesses et les naissances
s’occuper et mâcher soit obligatoire. Plus
tir en plein air. Les truies ne peuvent pas
régulières de portées nombreuses.
d’un tiers des porcelets sont encore déte-
s’éviter les unes les autres ou se retirer, par
nus de cette façon restrictive. Ces limita-
exemple lors des combats pour établir les
tions massives à la liberté de mouvement
rangs. On estime que 20 % des truies en
Des installations qui ne tiennent pas compte du comportement: les porcs
à un animal qui demande beaucoup d’oc-
gestation sont encore détenues dans ces
ne transpirent pas, ils souffrent donc
cupation peuvent causer des troubles du
conditions minimalistes.
des hautes températures estivales. La lé-
Des exigences différentes en ce qui concerne les températures et aucune possibilité de sortir: contrairement aux
comportement et des blessures.
Les porcelets sont déjà séparés de leur mère à l’âge de cinq semaines
n’ont pas de possibilité de sortir. Le pâ-
gislation sur la protection des animaux exige qu’ils aient la possibilité de se ra-
Protection contre le froid lorsque l’animal est couché: en hiver, les porcelets
Détention des truies non gravides dans des caissons: cette forme de détention n’est, certes, admise que pendant
ils peuvent se souiller, ce qui les rafraî-
sevrés peuvent souffrir du froid dans des
un temps limité, entre une gestation et
chit bien, et lorsqu’ils peuvent sortir, on
porcheries non protégées, ce qui s’observe
la suivante. Cependant, durant ce temps,
peut leur aménager une douche. Ils ap-
par le fait que les animaux se regroupent
le comportement de l’animal se limite à
prennent rapidement à déclencher une
en tas. Il leur faut donc une niche proté-
s’alimenter, se coucher et se lever. La so-
courte douche, par une pression du groin
gée et bien dotée de litière.
lution alternative est la détention indivi-
sur un bouton. Puisque les porcs adultes
duelle dans une stabulation ou la déten-
sont moins flexibles que les jeunes, leur
tion en groupes.
entretien corporel demande une structure
fraîchir. Lorsqu’ils sont élevés en liberté,
pour se frotter, se gratter le dos, les flancs
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
43
et l’arrière-train. Fouiller constitue l’une
par les nombreux porcelets à allaiter, il est
porcelets, un autre détient des verrats et
des nécessités comportementales fonda-
presque impossible de les nourrir confor-
s’occupe de faire couvrir les truies ou le
mentales des porcs, mais cela leur est pra-
mément à leur performance. Après le se-
fait par insémination artificielle, un autre
tiquement impossible en détention, ex-
vrage des porcelets, on les féconde im-
encore détient les truies en gestation et
cepté dans les élevages en liberté. L’amé-
médiatement à nouveau, si bien que leur
un quatrième élève les porcelets sevrés.
nagement d’une place de fouissement
organisme doit constamment faire un
Par conséquent, les truies et les porcelets
contribue à satisfaire ce besoin.
immense effort reproductif. Le tribut, ce
doivent être transportés beaucoup plus
sont les animaux qui le paient: générale-
souvent. Du point de vue de la protec-
D’importantes portées et un temps d’exploitation court, à cause d’une sélection extrême de la performance:
ment, les truies, complètement amaigries
tion des animaux, le transport routinier
et épuisées, sont emmenées à l’abattoir
des truies en gestation est particulière-
déjà après cinq portées, à l’âge de trois
ment problématique.
l’accouplement avec des truies très fertiles
ans seulement, très jeune pour des porcs.
donne de plus en plus de porcelets par
De cette façon, chaque année il faut élever
Porcs d’engraissement
portée, parfois même plus qu’elles n’ont
un nombre considérable de jeunes truies
de mamelles. La nature a déterminé un
et abattre les anciennes.
Une stabulation de qualité insuffisante: au lieu de la litière ou d’autres ma-
ordre de tétées pour les porcelets, s’ins-
tériaux appropriés pour que les animaux
taurant peu après la naissance. À chaque
Des transports extrêmes: autrefois, un
puissent se coucher, les sols durs, en bé-
porcelet «appartient» donc une mamelle.
paysan détenait des truies et engraissait
ton perforé, sont admis. Ces derniers ne
Les grandes portées produites par la sé-
leurs progénitures. Depuis plus de trente
correspondent absolument pas aux exi-
lection sèment le trouble parmi les por-
ans, cette branche s’est spécialisée. D’une
gences des porcs, car ces animaux amé-
celets. Les éleveurs ont donc le travail
part, il y a des éleveurs qui détiennent
nagent des niches avec la paille. Les sols
supplémentaire de trouver des nourrices
des truies qui produisent des porcelets.
se salissent rapidement, deviennent glis-
pour les petits surnuméraires ou les allai-
D’autre part, il y a des installations d’en-
sants et causent des marques de pression
ter artificiellement, séparés de leur mère.
graissement qui achètent ces porcelets et
et des éraflures aux animaux. Environ 40
Aujourd’hui, les truies mettent bas deux
les engraissent. Depuis environ dix ans
% des porcs d’engraissement ne disposent
porcelets de plus qu’il y a 25 ans. Mais
il y a un procédé encore plus spécialisé,
toujours pas de places conformes à leur
après quatre semaines, cet avantage se ré-
la «production de porcelets basée sur la
espèce pour se coucher.
duit déjà à un seul porcelet. Cela signifie
division du travail», dans laquelle le do-
que la mortalité parmi les petits est éle-
maine de l’élevage porcin est encore sub-
Impossible de se mouvoir: on ne pres-
vée. Les truies sont fortement sollicitées
divisé: un paysan gère la production de
crit que 0,9 mètre carré de surface pour des porcs d’engraissement atteignant 105 kilogrammes. Cela signifie qu’on pourrait engraisser légalement 10 porcs sur une place de stationnement d’un parking conventionnel. Cette surface suffit tout juste pour se coucher, mais pas pour se mouvoir comme l’espèce le demande. Environ 40 % des porcs sont encore engraissés dans des conditions aussi étriquées.
Pas de sortie: 40 % des porcs d’engraissement ne quittent la porcherie que le jour de l’abattage. Autrement, ils sont détenus dans des conditions les empêchant de sortir en plein air, dans des stabulations étriquées et nues.
Castration: depuis le 1er janvier 2010, les porcelets mâles ne peuvent plus être cas-
Détention légale de porcs d’engraissement sur caillebotis, sans litière et sans sortie en plein air
44
trés sans anesthésie. C’est une première mondiale. Cependant, des recherches montrent qu’environ 10 % des porcelets
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ne sont pas anesthésiés correctement, ce qui contrevient aux exigences de la législation en matière de protection des animaux. Il serait mieux d’éviter de castrer les porcelets et d’engraisser de jeunes verrats.
Croissance rapide: pour des raisons économiques, afin de produire de la viande de porc bon marché, on élève de plus en plus d’animaux qui poussent rapidement et qui accumulent du muscle. Au cours de l’engraissement, les porcs prennent un kilo par jour en moyenne. Il y a donc le danger que les os, les articulations et les tendons soient sollicités outre mesure. Cela est très douloureux pour les animaux. En conséquence à cela, ils bougent moins et ne peuvent plus profiter d’une détention respectueuse des animaux, en liberté ou qui leur donne la possibilité de sortir. Les
Une prairie à volaille exemplaire
croisements avec des races étrangères à croissance très rapide donnent également
mal diminue de façon inversement pro-
des viandes de qualité moindre au jam-
portionnelle à la taille. Les paysans sont
bon, similaires au syndrome PSE (de la
donc en train de se tirer une balle dans le
viande pale/claire, soft/molle, exudative/
pied, car l’entretien, la surveillance et la
exsudative).
relation entre l’être humain et l’animal, outre le type de détention, constituent les
8.4 Les problèmes de protection des animaux chez la volaille Poulets d’élevage, élevage des souches parentales
La taille limite des porcheries est atteinte: la Confédération admet des por-
facteurs d’influence les plus importants,
Peu de sorties à l’air libre: les parents
tant sur le bien-être des animaux que sur
des poules destinées à la ponte des œufs
cheries pouvant élever jusqu’à 1500 ani-
la rentabilité économique. Puisque les im-
et à l’engraissement sont généralement
maux. En cas de permis exceptionnel,
missions et les odeurs augmentent pro-
détenus dans des poulaillers fermés. Seu-
même davantage. Des recherches scienti-
portionnellement au nombre d’animaux,
lement un tiers des poules et des coqs
fiques montrent que les grandes exploita-
les grandes exploitations tendent à déte-
peuvent passer toute l’année à l’air frais,
tions de plus de 2000 porcs présentent de
nir les porcs d’une manière contre nature,
dans une aire à climat extérieur (jardins
plus en plus de problèmes sanitaires. En
dans des porcheries fermées, sans la pos-
d’hiver) et au soleil. 83 % des animaux
cas d’épidémie, il faut éliminer beaucoup
sibilité de sortir à l’air libre.
parents n’iront jamais au pâturage.
d’animaux (»risque d’agrégation»). Le de l’effectif. Chez les porcs, comme chez
Des coqs aux éperons et aux orteils coupés: ces interventions sont légales et
d’autres catégories d’animaux, l’investis-
sont pratiquées, entre autres, pour proté-
sement pour la prise en charge par ani-
ger les poules lors de l’accouplement. Tou-
bien-être des animaux dépend de la taille
tefois, cette mesure constitue une adaptation douteuse de l’animal aux conditions de détention dictées par l’être humain.
Résultats de l’institut d’examen des installations d’engraissement de Sempach Année
Augmentation des journées d’engraissement 1980 800 g 2010 930 g
Proportion des parties nobles 52 % 57 %
Elle est due, par exemple à la proportion relativement élevée de coqs dans les ef-
Valorisation du fourrage* 3,0 2,5
fectifs d’animaux parents ou au surpoids des coqs et des dindons mâles dans les lignées d’engraissement, imposé par les conditions de sélection.
* kg de fourrage par kg de croissance
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45
des espèces actuelles de poules pondeuses hybrides, devrait être engraissé trois fois plus longtemps, soit 18 semaines, afin d’atteindre le poids d’un hybride d’engraissement, au moment d’être abattu. Il nécessiterait également cinq fois plus de fourrage, comme l’a montré une récente étude allemande. Ainsi, l’engraissement des poulets sélectionnés pour une haute performance dans la ponte n’est pas rentable et est inefficace du point de vue de l’utilisation du fourrage. Par conséquent, en Suisse et partout dans le monde, les poussins mâles des lignées pondeuses sont triés et tués juste après l’éclosion. Il sera peut-être bientôt possible de déterminer le sexe des poussins déjà dans l’œuf. Cela éviterait de couver les œufs conte-
Une poule pondeuse (à gauche) et un poulet d’engraissement (à droite), les deux à l’âge de 29 jours
nant des poussins mâles et on pourrait renoncer à la perversion de faire naître des poussins d’un jour.
Rognage du bec chez les poussins destinés à la ponte: à la différence des
constituent un produit de niche, dans le
Presque pas de sortie à l’air libre:
portefeuille de ces grandes entreprises, si
la plupart des poulettes élevées durant
poulets au bec coupés, qui raccourcit une
bien que l’approvisionnement peut repré-
quatre mois pour devenir des poules pon-
partie considérable du bec, cette opération
senter un problème chez les multiplica-
deuses, soit 80 % d’entre elles, n’ont pas
consiste à éliminer le bout non innervé
teurs suisses responsables. Les dindons
accès au pâturage. Pourtant, du mouve-
du bec. Cependant, cela donne des résul-
«turbo» prennent quelque 150 grammes
ment en liberté serait bon pour leur santé
tats différents, dépendant de la qualité du
de poids par jour et croissent dès lors
et améliorerait leur condition physique.
travail et de la personne qui l’effectue. Si
deux fois plus vite que les dindes. Les
l’on coupe le bec dans la partie innervée,
poulets «turbo» prennent 50 grammes par
Poules pondeuses
l’intervention est douloureuse et l’animal
jour et poussent quatre fois plus rapide-
En Suisse, toutes les poules pondeuses dis-
souffrira durant toute sa vie de douleurs
ment que les poulettes. Les dindons et les
posent de places surélevées pour se repo-
fantômes, comme les personnes à qui on
poulets «turbo» doivent être tués jeunes.
ser, de nids protégés pour pondre et de
a amputé des membres.
Si on les laissait vieillir, ils ne pourraient
litière pour picorer, gratter et prendre des
presque plus se mouvoir, à cause de leur
bains de poussière. Presque 90 % d’entre
Importation des problèmes de protection et de santé des animaux: la sé-
énorme poids et des douleurs dont ils
elles ont accès en permanence à une aire à
souffriraient en se déplaçant. Le taux de
climat extérieur, et 70 % peuvent sortir au
lection des poulets est désormais dans les
mortalité grimperait à 30 %, comme l’ont
pâturage. Du point de vue international, la
mains de deux multinationales de l’éle-
montré des recherches!
détention des poules pondeuses en Suisse est celle qui s’approche davantage des be-
vage. Celle des poules pondeuses est dans les mains de trois groupes internationaux.
Couvée et poulettes
soins des animaux. Mais elle a également
La Suisse ne pratique plus sa propre sé-
On tue les mâles chez les poules pondeuses: il y a encore soixante ans dans
atteint un niveau assez élevé par rapport
lection de volaille domestique depuis de nombreuses décennies: elle compte de
une exploitation «à aptitude mixte», on
maux, tels que les bovins et les porcs.
plus en plus sur les animaux sélectionnés
détenait des poules pour la ponte et des
importés. La plupart de ces lignées sont sé-
coqs pour l’engraissement. Aujourd’hui,
Poussière et substances nuisibles:
lectionnées pour de hautes performances,
la situation a changé: on engraisse des
plusieurs aspects de la gestion et de la dé-
tandis que l’on n’accorde presque aucune
mâles et des femelles descendant de li-
tention provoquent l’accumulation, par-
importance à la santé, au comportement
gnées d’engraissement spécialisées. Ces
fois élevée, de poussières et de substances
et au bien-être des animaux. Les lignées
espèces poussent plus rapidement et pro-
nuisibles dans l’air du poulailler. Il peut
appropriées pour la détention à l’air libre
duisent davantage de muscle. Un mâle
s’agir de densités d’occupation élevées,
46
aux standards de détention d’autres ani-
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du type de litière ou de systèmes d’aération ou d’évacuation des déjections défaillants. Cela nuit aux poulets et cause des maladies des voies respiratoires chez les êtres humains et les animaux.
Qualité du nid insuffisante: les poules préfèrent clairement des nids couverts de litière, par exemple en paille, pour pondre. La ponte des œufs est associée à la préparation du nid. C’est un comportement inné. Les poules ne peuvent exprimer ce comportement que dans un matériau qu’elles peuvent remanier. Cependant, plus de 95 % des nids ne satisfont pas ces conditions, puisqu’ils sont constitués de coques en matière plastique ou en résine synthétique.
Éclairage: la plupart des oiseaux, parmi lesquels également les poulets et les
La vie sous la lumière artificielle. Cela engendre des troubles nerveux
dindes, ont un spectre de vision différent voir le rayonnement UV et le papillote-
La limite dans la taille des poulaillers est atteinte: en Suisse, on admet des pou-
ment (par une fréquence de 100 Hertz)
laillers pouvant héberger jusqu’à 18 000
des tubes fluorescents. Ils perçoivent ce
poulettes ou poules pondeuses. Puisque
dernier comme une alternance continue
même dans les meilleurs aménagements,
de clair et obscur, rapide comme l’éclair,
permettant la sortie et le pâturage (no-
qui peut engendrer de la nervosité et des
tamment en ce qui concerne la protection
Presque pas de pâture pour les poulets d’engraissement: seulement un
troubles du comportement. La lumière na-
contre les oiseaux prédateurs), les poules
poulet d’engraissement sur dix peut sor-
turelle, non tamisée, est la meilleure éga-
ne s’éloignent jamais de plus de 100 à 150
tir au pâturage. La raison de cela réside
lement pour les poulets, mais de nom-
mètres du poulailler – ou de l’arbre qui leur
dans le fait que les lignées d’engraisse-
breux poulaillers sont encore mal lotis en
sert de dortoir, dans la nature – cette valeur
ment conventionnelles ne peuvent pas
ce qui concerne l’ensoleillement de leurs
fixe la limite supérieure supportable pour
profiter du pâturage à cause de symp-
espaces.
une détention en plein air, du point de vue
tômes dus à la sélection à outrance. Ils ne
de celui des êtres humains. Ils arrivent à
éthologique et écologique. De plus grandes
Utilisées et vite jetées: aujourd’hui, les
unités surchargeraient d’excréments les
poules pondeuses sont abattues après tout
sols autour du poulailler. De plus, le pâtu-
juste 14 mois de service et quelque 350
rage serait surpeuplé et surexploité et un
œufs pondus – c’est-à-dire au jeune âge
nombre plus élevé d’animaux resterait à
d’un an et demi. Ceci, bien qu’elles se re-
l’intérieur. Un «élevage en liberté» de ce
mettraient à pondre chaque année, après
genre serait également douteux vis-à-vis
une pause annuelle de plusieurs semaines,
des consommateurs.
associée au renouvellement du plumage. Pour un total de quelque 1500 œufs, du-
Maladies professionnelles: les poules
rant l’ensemble de leur carrière. La perfor-
pondeuses produisent toujours davan-
mance baisse, certes, de quelque 20 % par
tage d’œufs et des œufs de plus en plus
année, mais la taille des œufs augmente.
gros au cours de l’année d’exploitation
Cette durée d’exploitation extrêmement
et cela les soumet à une sollicitation ex-
courte demande l’élevage d’un nombre
trême de leur métabolisme. Des maladies
considérable de poulettes et l’abattage
spécifiques aux poules pondeuses à haute
d’autant de poules pondeuses «âgées».
performance apparaissent, telles que des
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inflammations de l’oviducte et des ostéomalacies (ramollissement des os).
Poulets et dindes d’engraissement
Essais d’engraissement de poulets UFA-Bühl 1965: 59 jours d’engraissement pour atteindre 1,6 kg; 26 g de prise de poids par jour; valorisation du fourrage: 2,3 kg de fourrage par kilo de croissance 2008: 38 jours d’engraissement pour atteindre 2,3 kg; 60 g de prise de poids par jour; valorisation du fourrage: 1,7 kg de fourrage par kilo de croissance. Les races actuelles demandent donc nettement moins de fourrage pour être engraissées, mais les mélanges de fourrages actuels sont nettement plus riches du point de vue nutritionnel.
47
conviennent donc pas à un élevage en li-
mis en Suisse. Puisque l’investissement
de hobby. La viande de canard, d’oie, de
berté crédible. Par contre, les races adap-
pour la prise en charge par animal dimi-
pintade, de faisan, de caille et de colombe
tées à l’élevage en liberté, à la croissance
nue de façon inversement proportionnelle
consommées en Suisse provient générale-
normale, doivent être engraissées pen-
à la taille, celle-ci représente le maximum
ment de l’importation et, pour la plupart,
dant un temps environ 50 % plus long,
absolu. Car l’entretien, la surveillance et
de détentions douteuses du point de vue
si bien que les coûts de production et les
la relation entre l’être humain et l’animal,
de la protection des animaux.
prix à la vente seraient considérablement
outre le type de détention, constituent les
plus élevés. La situation semble être meil-
facteurs d’influence les plus importants,
leure pour les dindes: 95 % des animaux
tant sur le bien-être des animaux que sur
ont accès au pâturage. C’est également ré-
la rentabilité économique.
jouissant que l’aire à climat extérieur, le
8.5 Les problèmes de protection des animaux chez les moutons, les chèvres et les lapins
jardin d’hiver, se répande tant pour les
»Maladies professionnelles»: les li-
poules pondeuses que pour les poulets
gnées de volaille d’engraissement sont sé-
Moutons
d’engraissement: 89 % des poulets d’en-
lectionnées pour la croissance rapide de la
En Suisse, la détention des moutons est
graissement et 95 % des dindes disposent
musculature de la poitrine et de la cuisse.
pratiquée de façon assez extensive et au
d’une aire à climat extérieur.
Le développement musculaire devance le
pâturage. Quelque 80 % des moutons dé-
développement du squelette, les os et les
tenus à la ferme peuvent sortir au pâtu-
Peu de place: il est permis de détenir 30
tendons, qui sont donc sollicités outre me-
rage. Deux particularités importantes du
kilogrammes d’animaux (quelque 17 in-
sure par le poids et la force des muscles.
point de vue de la protection des animaux
dividus, pour un poids final moyen de 1,8
Tandis que les poulettes volent et peuvent
caractérisent la détention ovine: environ
kg) par mètre carré de poulailler. Contrai-
voleter sans problèmes un mètre ou un
un tiers du cheptel ovin appartient à des
rement aux poules pondeuses, les poulets
mètre et demi en hauteur, la volaille d’en-
exploitations non agricoles et plus de la
d’engraissement conventionnels restent
graissement devient inerte à mesure que
moitié des moutons est estivée à l’alpage.
presque exclusivement au sol durant la
les semaines passent et reste la plupart du
Dans ces deux formes de détention, la
journée. La densité d’animaux est donc
temps au sol, ce qui n’est pas conforme à
surveillance par les autorités est moins
élevée.
la nature des poulets. Cela, aussi parce que
conséquente que dans les fermes agri-
chaque mouvement surcharge ces ani-
coles. De plus, les prescriptions en matière
La limite dans la taille des poulaillers est atteinte: des poulaillers hébergeant
maux trop sélectionnés, au point de leur
de protection des animaux, notamment en
causer des douleurs. D’autres «maladies
ce qui concerne la protection contre les
18 000 poulets d’engraissement sont ad-
professionnelles» des poulets d’engraisse-
intempéries, l’accès à l’eau et la surveil-
ment à croissance rapide sont le collap-
lance des troupeaux sont plus permissives
sus cardiovasculaire aigu, des œdèmes et
sur l’alpage qu’en plaine.
la stéatose hépatique. Comparés aux poulets d’engraissement qui se développent
Il est permis de couper la queue: on
normalement en liberté, les poulets d’en-
coupe la queue aux moutons pour éviter
graissement «turbo» présentent une mor-
que l’arrière-train se salisse, par exemple
talité presque deux fois plus haute.
lorsqu’ils changent rapidement de mode alimentaire. Cette intervention est indubi-
Canards, oies, pintades, faisans, cailles, colombes
tablement douloureuse. De plus, un meil-
La législation en matière de protection des
tion peuvent diminuer le risque de salis-
animaux régule la détention de ces es-
sures.
leur entretien et une meilleure alimenta-
pèces animales en Suisse. Toutefois, dans
Une grande partie des moutons sortent au pâturage
48
notre pays il n’y a presque pas de déten-
Chèvres
tions professionnelles et basées sur le rendement économique de ces espèces. Font
La détention à l’attache est très répandue: environ deux tiers des chèvres
exception quelques élevages de cailles,
ne peuvent pas vivre en groupes ou dans
satisfaisant des prescriptions légales net-
des étables à stabulation libre, ce qui cor-
tement plus strictes que les exploitations
respondrait à leur nature; elles sont dé-
à l’étranger, où la détention en cages est
tenues à l’attache, individuellement. Leur
encore admise, par exemple. La plupart
vie sociale très développée en souffre,
de ces espèces vivent dans des détentions
tout comme leur comportement deman-
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dant beaucoup de mouvement, notamment pendant la période où elles sont détenues à l’étable, d’octobre à avril. Les
8.6 Les problèmes de protection des animaux chez les chevaux
Les transports d’animaux augmentent: pour de nombreux animaux, les itinéraires se sont rallongés, car en Suisse,
La détention individuelle est très répandue: une grande partie des chevaux
on tend de plus en plus à concentrer les
vont mieux durant la saison de végétation, lorsque trois quarts d’entre elles
se trouvent dans des détentions non agri-
entreprises «plus performantes», pour des
peuvent aller au pâturage.
coles. De manière générale, les chevaux
raisons économiques. La compartimen-
détenus dans des fermes devraient aller
tation du travail et la spécialisation pro-
chèvres sont des animaux curieux. Elles
abattoirs dans un petit nombre de grandes
Écornage: la plupart des races de chèvres
mieux, car ils ont plus de place et des
gressive dans la détention des animaux de
laitières indigènes sont naturellement
pâturages. Il est en effet réjouissant de
rente relancent également le commerce et
pourvues de cornes. Comme chez les bo-
constater que quelque 80 % des chevaux
le transport des animaux. Aujourd’hui, la
vins, on décorne également de plus en
détenus dans l’agriculture peuvent sortir
plupart des animaux destinés à l’engrais-
plus les caprins, sous anesthésie et par des
et se rendre au pâturage, mais la déten-
sement sont vendus jeunes. Des exploita-
méthodes bien définies. Les cornes sont
tion individuelle de juments et de hongres
tions spécialisées dans la multiplication
importantes pour la communication, pour
est encore très répandue. Un seul cheval
les vendent à d’autres, spécialisées dans
établir les rangs hiérarchiques et pour les
adulte sur huit vit en groupe, conformé-
l’engraissement. Les poules pondeuses
soins corporels, tant pour les bovins que
ment à son espèce.
sont transportées trois fois au cours de leur vie: en tant que poussines, de l’ins-
pour les chèvres. L’écornage est pratiqué pour faciliter le travail des êtres humains
Relation et moyens auxiliaires: la ma-
tallation de couvée à celle d’élevage, puis
(danger d’accidents) ou pour adapter les
nière de former et de solliciter l’animal
à l’exploitation qui s’occupe de la ponte,
animaux au système de détention.
lorsqu’on le monte, de même que l’uti-
à tout juste quatre mois. À l’âge d’envi-
lisation de moyens tels que des brides et
ron 18 mois, après avoir pondu 350 œufs,
Lapins
des rênes auxiliaires peuvent avoir une
elles sont emmenées à l’abattoir.
La détention individuelle est très répan-
grande influence sur le bien-être et sur
due, les sorties en plein air sont rares: la
l’état sanitaire des chevaux. Jusqu’à pré-
plupart des lapins vivant en Suisse appar-
sent, l’Ordonnance sur la protection des
Transport d’animaux en gestation avancée: c’est incompréhensible que la
tiennent à des sélectionneurs qui les pré-
animaux ne règle absolument pas ces
législation sur la protection des animaux
sentent à des expositions, ou à des mé-
questions sensibles.
admette le transport de ces animaux, qui
nages privés, comme animaux de compa-
se trouvent dans une phase très difficile
économiques préfèrent la détention indi-
8.7 Les problèmes de protection des animaux dans les transports
viduelle, encore légale. Seulement 26 %
La Suisse est dotée de la législation la plus
des lapins sont détenus en groupes, selon
stricte au monde, en matière de transports
leur nature, dans des stabulations libres
d’animaux. Elle prescrit l’obligation de
bien structurées. La détention avec pos-
former les transporteurs, une durée maxi-
sibilité de sortir est pratiquement inexis-
male de six heures de transport et des dis-
tante, ne concernant que 2 % de lapins.
positions concrètes quant aux moyens de
Toutefois, il faut préciser que la détention
transport et au comportement à adop-
professionnelle de lapins en liberté s’ac-
ter avec les animaux à transporter. Pour
compagne parfois d’un taux de mortalité
des raisons de protection des animaux, le
de 30 à 40 %, ce qui pose un grand point
transit d’animaux de boucherie provenant
d’interrogation quant au bien-fondé de
de l’UE à travers la Suisse est interdit. En
cette forme de détention, du point de vue
Suisse, on conduit annuellement quelque
de la protection des animaux.
3 millions de veaux, vaches et autres bo-
gnie. Comme ces deux catégories de détenteurs, les éleveurs de lapins à des buts
de leur vie. En particulier, l’apparition de
vins, de porcs, de moutons et de chèvres, ainsi que 45 millions de poulets à l’abattoir. Si l’on y ajoute les transports d’animaux d’élevage et des jeunes, on arrive à environ 60 millions par année. Chaque jour ouvrable, presque un quart de million d’animaux est donc en route.
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Une vie de cheval comme il se doit: en groupe, sur le pâturage et avec la possibilité de sortir librement
49
vitesses, il est de plus en plus difficile d’emmener les animaux dans les installations en les ménageant et, surtout, de vérifier que chaque animal ait été correctement étourdi. Des études récentes au niveau européen montrent que dans les installations d’étourdissement électrique sur restrainer et par des fréquences d’abattage de 600–700 porcs par heure, les animaux sont conduits au couloir d’amenée par l’utilisation régulière d’instruments électriques d’aide à l’acheminement, très douloureux et contraires à la protection des animaux. Après l’étourdissement électrique ou au gaz, les animaux doivent être saignés au plus vite, avant qu’ils ne se réveillent. À ces fréquences de travail extrêmes, il ne reste que six secondes pour
Dernier train pour les porcs
que le travailleur puisse saigner correctement les animaux, à l’aide d’un couteau de saignée! Par conséquent, 1 % des animaux n’est pas saigné correctement et est
la spécialisation dans la production de
taille. Cela comporte des avantages et des
conduit en plein état de conscience dans
porcelets a fait augmenter les transports
inconvénients. Un nombre restreint de
la phase d’élaboration suivante (échau-
de truies en gestation avancée.
grands abattoirs permet d’appliquer plus
doir!). C’est un scénario d’horreur qui peut
rapidement le savoir-faire et les expé-
concerner, selon les experts, quelque 2,5
Transport dans des véhicules à trois étages: ces véhicules circulent désormais
riences, et d’investir dans de meilleures
millions de porcs, des environ 250 mil-
installations; ils peuvent engager du per-
lions qui sont tués dans l’UE.
aussi en Suisse. La faible hauteur des com-
sonnel bien formé et être surveillés de fa-
partiments limite la place disponible pour
çon plus aisée. Par contre, les transports
Abattage de la volaille: l’étourdisse-
les animaux et rend l’aération difficile. En
augmentent, il faut emmener davantage
ment de la volaille dans un bassin traversé
été, c’est difficile de les rafraîchir. Le char-
d’animaux, selon les tranches horaires,
par du courant électrique, pratiqué au ni-
gement et le déchargement des animaux
les parquer dans des stabulations d’at-
veau mondial depuis des décennies, pré-
est plus compliqué et, surtout, plus long,
tente et finalement, les conduire dans les
sente d’énormes problèmes de protection
si bien que la durée des transports aug-
installations adéquates pour les étourdir.
des animaux, d’abord par le fait que les
mente au détriment des animaux.
Cela demande une technique bien rôdée,
animaux destinés à être tués sont pendus
de l’organisation et une bonne surveil-
par les pieds. De plus la garantie que ces
8.8 Les problèmes de protection des animaux dans les abattoirs
lance.
animaux soient étourdis est insuffisante,
La fréquence d’abattage augmente:
à maintenir la tête et le cou en dehors
En 2010, la Confédération a promulgué de
en Suisse on travaille à des fréquences
de l’eau. À cause de la fréquence d’abat-
nouvelles prescriptions modernes, quant à
d’étourdissement et d’abattage inférieures
tage, extrêmement élevée, il n’est pas pos-
la manière de tuer les animaux dans les
à celles des grands abattoirs de l’UE et des
sible de contrôler et de trier les poulets
abattoirs. De cette façon, beaucoup d’ani-
USA, selon les heures et les lignes d’abat-
qui n’ont pas été correctement étourdis.
maux finiront leur vie sous de meilleurs
tage, notamment en ce qui concerne les
En Suisse, cette méthode obsolète et po-
auspices.
porcs et les poulets. Cependant, cette fré-
sant des problèmes quant à la protection
quence a quadruplé au cours des cin-
des animaux est admise. L’étourdissement
car certains poulets réussissent toujours
Concentration des abattoirs: plus de
quante dernières années. Actuellement,
de la volaille dans des installations mo-
90 % des vaches, veaux et autres bovins,
certains abattoirs suisses spécialisés tuent
dernes, au gaz, constitue une méthode
porcs, chèvres, moutons, poulets et dindes
8000 poulets et 300 porcs par heure. À
plus sûre, ménageant les animaux. Bell
de toute la Suisse sont tués dans une dou-
l’étranger, ce sont parfois même 12 000
SA dispose de ce type d’installation depuis
zaine d’abattoir de moyenne ou grande
poulets et 700 porcs par heure. À de telles
2011, après conseil de la PSA.
50
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
8.9 Les autres aspects de la détention d’animaux de rente
mère et enfant, d’une grande importance chez tous les animaux de rente, est désormais presque impossible. Il y a encore peu
Le contact entre l’être humain et l’animal
d’examens scientifiques quant aux consé-
Le nombre d’animaux par exploitation
pement des jeunes. Cependant, des expé-
augmente et des installations permettant
riences pratiques indiquent que l’élevage
d’économiser le travail ont été introduites,
artificiel ou la séparation rapide et pré-
par exemple les systèmes de traite robo-
maturée de la mère et du petit ont des
tisés. Par conséquent, le contact avec les
conséquences et que, chez les veaux et
animaux diminue. Mais il est plus diffi-
les porcelets, cela les mène à se téter réci-
cile d’établir un contact entre chaque ani-
proquement. Les formes de détention qui
mal et l’être humain également dans les
favorisent les relations sociales naturelles,
détentions extensives comme les stabula-
comme le concept génial de la porcherie
tions libres, l’engraissement au pâturage
familiale, conçue par un comportemen-
et la détention de vaches mères. Le net-
taliste zurichois, le regretté Alex Stolba,
toyage des vaches à la brosse et à l’étrille
n’ont pas pu prendre pied, à l’exception de
est désormais relégué au passé. Beaucoup
la détention des vaches mères. Au vu des
d’animaux ne sont plus habitués à être
nouvelles orientations de l’agriculture, en
attachés et à être conduits à l’attache. Ce-
faveur d’une meilleure protection des ani-
pendant, il faut bien trier les bovins et
maux, la science et la pratique sont solli-
les attacher pour les conduire aux exa-
citées à chercher des solutions pour mieux
mens vétérinaires, aux vaccinations, aux
prendre en compte le comportement so-
soins des sabots, les changer d’étable ou
cial des animaux de rente.
quences sur les mères et sur le dévelop-
La façon dont un paysan approche ses bêtes en dit beaucoup sur la détention Les résultats comptables indiquent que les différences économiques entre les exploitations bien ou mal gérées sont
les transporter.
Rentabilité
plus importantes que celles des exploi-
animaux et celle dont ces derniers réa-
Aucun autre thème que l’économie ne
tations pratiquant des formes de déten-
gissent en dit beaucoup sur la qualité de la
donne autant de sujets de discussion entre
tion d’animaux différentes. Les évalua-
détention. Un contact positif permet gé-
les paysans et les milieux de protection
tions annuelles de l’UFA sur des cen-
néralement à l’animal de rester plus tran-
des animaux. Dans les faits, il s’agit d’y
taines d’installations d’engraissement et
quille, détendu et confiant. L’observation
regarder de façon différenciée. La for-
d’élevage porcins montrent que le pre-
attentive et les soins constituent les fac-
mule simpliste des lobbys agricoles, «pro-
mier quart des paysans gagne presque le
teurs de réussite sanitaire et économique
tection des animaux = augmentation des
double du dernier, indépendamment des
d’une détention – mais aussi ceux que l’on
coûts», est fausse et un peu courte. En
systèmes de détention. Les économistes
sous-estime le plus souvent!
effet, les produits provenant d’animaux
mentionnent toujours un facteur princi-
La façon dont un paysan approche ses
détenus conformément à leurs espèces
pal: la meilleure gestion. La détention de
Une vie sociale limitée
ont un meilleur prix sur le marché et la
vaches mères donne un tableau similaire.
Le comportement social inné des ani-
Confédération soutient ces formes de dé-
25 % de paysans au top gagnent 2 700
maux de rente est très limité par les exi-
tention depuis 1996 par des contributions
francs par vache et par année, tandis que
gences dues à la technique de production.
annuelles (bien que minimes). L’argument
les 25 % mauvais élèves ne gagnent que
Les groupes sociaux naturels se com-
que les animaux doivent être bien traités
1 200 francs! Ici aussi, la gestion, c’est-à-
posent généralement de mâles d’âges dif-
lorsqu’ils fournissent des prestations im-
dire le facteur humain, joue le rôle le plus
férents, de femelles adultes, de juvéniles
portantes est également faux. En effet, la
important. Parallèlement, les entreprises
et de petits. De plus, chez les bovins et les
performance est innée. Un animal à haute
qui gagnent bien n’essuient que 2 % de
porcs, les mères et les filles vivent par-
performance produit beaucoup de lait ou
pertes chez les veaux, contre 15 % chez
fois ensemble durant toute leur vie. Par
d’œufs ou croît rapidement, en produi-
les mauvaises!
contre, dans l’engraissement et la produc-
sant donc beaucoup de viande, qu’il le
En ce qui concerne plusieurs catégo-
tion d’œufs, on détient toujours des ani-
veuille ou non, qu’il soit enfermé ou en
ries d’animaux, il faut constater que la
maux du même âge. De plus, les animaux
liberté. Des recherches de l’ETH de Zurich
protection des animaux rend, certes, la
de rente sont souvent isolés très tôt ou
montraient déjà dans les années 1980 que
production plus chère, par des coûts d’in-
croissent carrément sans mère. Dans la
même des poules en batterie gravement
vestissement plus élevés ou pour un sur-
plupart des cas, la relation naturelle entre
blessées pondaient leur œuf quotidien!
plus de travail. La détention en volière,
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
51
alternative respectueuse des animaux aux
les sorties au pâturage aux 90 sorties an-
pointe de l’iceberg. Certes, les factures du
cages en batterie, a entraîné des coûts de
nuelles, légalement prescrites, fait baisser
vétérinaire et le prix des médicaments ap-
production 10–15 % plus élevés. Des coûts
les recettes du lait de 7 centimes le kilo-
paraissent dans la comptabilité et sautent
supplémentaires très élevés se constatent
gramme, comparé aux vaches qui sont au
aux yeux du paysan. Mais le lait qui se perd
dans l’engraissement des poulets en liberté.
pâturage du printemps à l’automne. Les ex-
durant la période du traitement et la pro-
Le pâturage, la densité inférieure dans le
ploitations au pâturage présentent un po-
duction laitière moindre des vaches concer-
poulailler et l’utilisation d’hybrides à crois-
tentiel d’économie de plusieurs centaines de
nées, en conséquence de la maladie et du
sance lente, pour une durée supplémen-
francs par vache, par rapport aux exploi-
traitement, pèsent beaucoup plus lourd sur
taire de l’engraissement d’environ 50 %,
tations qui maintiennent et fourragent les
la balance. Une meilleure santé animale
font considérablement augmenter les coûts
vaches à l’étable. La détention au pâturage
ne signifie donc pas seulement moins de
de production, comparés à ceux des déten-
et les stabulations libres permettent de di-
coûts de vétérinaire, mais surtout de meil-
tions conventionnelles.
minuer le temps de travail. De plus, les sta-
leures performances, moins de perte de per-
Dans l’élevage et l’engraissement des
bulations libres avec salle de traite peuvent
formance, moins de décès, une meilleure
porcs et dans l’engraissement des bovins,
également faire diminuer la charge de tra-
exploitation des bâtiments et des installa-
les coûts d’investissement diffèrent peu
vail due à la traite. On y constate moins de
tions, moins de coûts de fourrage, de récu-
d’une forme de détention à l’autre, à l’ex-
postures défavorables par rapport à la traite
pération, de travail et de soins.
ception de l’engraissement au pâturage,
dans les étables à l’attache.
La protection des animaux est sou-
possible sans construire des étables chères.
Des expériences dans le pays et à
vent vue en lien avec de grands projets de
Par contre, les formes de détentions res-
l’étranger montrent que la pâture régu-
construction ou de réaménagement et, par
pectueuses des animaux prévoyant de la
lière et l’élevage en liberté favorisent la
conséquent, avec des centaines de mil-
litière et la possibilité de sortir génèrent
fertilité et l’état sanitaire des animaux (p.
liers de francs d’investissements. De plus,
parfois un surplus de travail. Pour cette
ex. ils réduisent les problèmes aux sabots,
les étables existantes ne sont pas toutes
raison, les suppléments de prix pour les
les mastites, les maladies aux membres) et
amorties et les détenteurs d’animaux ne
produits bio et labellisés et les contribu-
rallongent leur durée de vie. Il en découle
disposent pas tous d’un matelas financier
tions étatiques SST/SRPA sont justifiés.
un important potentiel d’économie, si l’on
épais. La protection des animaux n’est-
En revanche, dans la détention de
considère que les mastites et les troubles de
elle donc que pour les paysans riches?
vaches laitières, les mesures de protection
la fertilité coûtent chaque année un demi
Absolument pas! Il ne doit pas toujours
des animaux ont grandement contribué à
milliard de francs de pertes aux 40 000 pro-
s’agir de transformations coûteuses. La
faire baisser les coûts de production. Une
ducteurs laitiers suisses.
bonne volonté et le talent permettent de
modélisation de l’ETH a indiqué que limiter
Les coûts vétérinaires ne sont que la
faire beaucoup et à moindres frais pour le bien-être des animaux: • Un affourragement optimal (en qualité, régularité, fréquence) et de l’eau propre et fraîche en permanence (p. ex. dans l’engraissement des veaux!) • De la lumière et de l’air (éviter les gaz nocifs, la poussière, les courants d’air; beaucoup d’air frais par les fenêtres ou les portes ouvertes; maintenir les parois et le plafond propres; évacuer le fumier; prévenir la surchauffe et l’hypothermie) • Soins (sabots et pelage; état sanitaire), parler aux animaux, surveiller les installations (danger d’accident et de blessures) • Veiller à mettre de la litière ou à aménager des surfaces pour que les animaux puissent se coucher (les animaux se re-
La détention en stabulation libre est bonne pour les animaux et réduit le travail
52
posent durant 12 heures!), leur donner des possibilités de s’occuper • Du mouvement (les sortir à l’air libre)
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
De nombreux paysans et consultants agri-
d’environ 20 % de toutes les émissions de
coles insistent pour que la main-d’œuvre
gaz à effet de serre. Le libre-échange faci-
Importance pour l’environnement
humaine soit remplacée par des tech-
lite la production et le transport de four-
On part du principe que la détention mon-
niques et des machines coûteuses. Cela
rages concentrés au niveau mondial, ce
diale d’animaux de rente est responsable
est tout à fait plausible, mais les limites
qui exerce aussi un effet sur le climat. Au
d’environ 15 % des émissions anthro-
économiques à cela sont souvent négli-
cours de dix dernières années, la Suisse
piques de CO2. Sur l’ensemble des bovins
gées. Par exemple, cela n’a pas beaucoup
a importé de plus en plus de fourrages
et des porcs élevés dans le monde entier,
de sens de remplacer de la main-d’œuvre
concentrés, produits dans des régions pro-
seul un sur mille se trouve en Suisse. L’in-
bon marché par une technique coûteuse.
blématiques en ce qui concerne la pro-
fluence de la détention animale suisse sur
Plus le paysan investit dans de la tech-
tection de l’environnement et du climat.
le climat mondial est donc modeste. Si la
nique, par exemple dans la production
De plus, utiliser les steppes et autres sur-
détention d’animaux était interdite dans
laitière, plus il devra augmenter la per-
faces herbeuses naturelles à des fins de
notre pays, cela ne ferait diminuer que de
formance de ses vaches pour répartir les
cultures peut s’avérer un phénomène de
0,015 % les émissions globales de CO2.
coûts élevés sur les kilogrammes de lait
brève durée, car les cultures qu’on y pra-
Dans son ensemble, la Suisse est mo-
produits. Une installation de traite auto-
tique, généralement des monocultures, ne
dérément «occupée» par des animaux et
matisée engendre donc des surcoûts de
ménagent pas les sols. Il faut donc s’at-
n’est pas surpeuplée, contrairement à ce
plusieurs dizaines de milliers de francs par
tendre à ce que la mince couche d’humus
que l’on prétend parfois. Notre 1,3 mil-
an, comparée à une salle de traite en épi
fertile soit emportée par l’érosion et que
lion d’unités de gros bétail (UGB) se répar-
avec trayeur. On peut se demander à bon
ces terrains ne puissent plus être utilisés ni
tissent sur 1,1 million d’hectares de sur-
droit si cet argent n’est pas mieux investi
pour la culture ni pour la pâture.
face agricole, ce qui correspond à une oc-
dans le travail d’une personne qui trait les
Il faut faire la distinction entre la produc-
cupation de 1,2 UGB/ha. À titre de com-
vaches et s’en occupe – ce que le robot ne
tion animale industrielle et la détention
paraison, les Pays-Bas ont une densité de
sait pas faire!
d’animaux paysanne, adaptée à la station
3,5, le Danemark de 1,6 et l’Allemagne de
et respectueuse des espèces. Cette dernière
1,1 UGB/ha. Cependant, même en Suisse,
Protection du climat
compte sur des animaux consommant des
la détention d’animaux est parfois problé-
La production animale industrielle, repo-
fourrages grossiers, tels que les bovins, les
matique en ce qui concerne l’environne-
sant sur la détention d’animaux en masse,
moutons, les chèvres et les chevaux et ne
ment. En sont concernés les cours d’eau,
a une influence incontestée sur le climat.
fait que peu d’usage de fourrage concen-
l’air et les sols dans les cantons qui ont
Transformer des pâturages en champs
trés. Ces manières de détenir les animaux,
permis d’augmenter leurs effectifs de bé-
cultivés, soit pour alimenter directement
au pâturage, dans des conditions proches
tail, au cours des dernières années, bien
les êtres humains, soit pour fourrager des
de l’état naturel, n’influencent pas le cli-
animaux, de même que produire et ap-
mat. Au contraire, elles permettent de
pliquer aux sols des engrais azotés syn-
fixer du CO2 dans l’humus du sol. Les ru-
thétiques, libère de grandes quantités de
minants au pâturage ne concurrencent
CO2 et de monoxyde d’azote dans l’at-
pas l’être humain du point de vue des res-
mosphère. Ces deux gaz ont un effet no-
sources alimentaires, car ils exploitent des
toire sur le climat. La tendance mondiale
surfaces enherbées en permanence, sou-
à étendre les surfaces cultivables, no-
vent pas cultivables. De ces herbages que
tamment dans des stations qui n’y sont
l’être humain ne peut pas digérer, ils pro-
pas appropriées, exerce dès lors un effet
duisent du lait et de la viande. Une dé-
considérable sur le climat. Or, ces cultures
tention d’animaux paysanne basée sur un
servent souvent à produire des fourrages
pâturage réglé et une gestion naturelle par
industriels, afin de nourrir des fabriques
des exploitations bio et IP constitue donc
d’animaux.
une partie de la solution aux problèmes
Le défrichement des forêts tropicales
climatiques, contrairement aux déten-
à des fins de pâturage et le changement
tions d’animaux en masse qui les créent.
d’utilisation de certaines surfaces her-
La Suisse, où la proportion de prairies,
beuses et autres surfaces de pâturage ex-
pâturages et zones d’alpage est élevée et
tensif, telles que des steppes, des savanes,
où moins un tiers de la surface agricole
des pampas, pour gagner des terrains
utile est cultivable, possède les meilleures
cultivables (entre autres pour y cultiver
conditions pour cela.
du soja et des céréales) sont responsables
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
Défricher pour créer des pâturages et planter pour produire du fourrage…
53
tonnes de fourrage protéique. Certes, la demande suisse en soja ne représente que 0,3 % de la quantité commercialisée sur le plan mondial, tandis que l’UE et la Chine, à elles seules, se servent de 60 %, soit 200 fois plus. Cependant, c’est inquiétant que la culture de végétaux fourragers ne soit plus encouragée en Suisse, d’autant plus que les nouvelles variétés de soja se prêtent bien à être cultivées dans nos régions climatiques. Au lieu de cela, les importations de fourrages protéiques ont triplé, celles de soja ont carrément décuplé. Les raisons de cela sont multiples et dépendent, entre autres, de l’augmentation de la performance des animaux de rente, de l’extension de la production laitière et de viande, de la diminution de la proportion de fa-
Beaucoup d’animaux, cela signifie beaucoup de lisier: mauvais pour les eaux souterraines et pour le climat
rines de poisson dans les rations (afin de contenir la surpêche au niveau mondial), de l’interdiction des farines animales depuis la crise de la vache folle (BSE) et de
que la densité d’animaux sur leur terri-
la tendance croissante à administrer des
l’interdiction de nourrir les porcs avec des
toire soit déjà élevée. En particulier, il y a
fourrages concentrés à des animaux qui
reste de repas, en vigueur depuis 2011,
des régions du canton de Lucerne où les
consomment des fourrages grossiers, en
ainsi que des prix des fourrages importés,
animaux sont particulièrement concen-
particulier pour la production laitière et
actuellement relativement bas.
trés et, par conséquent la production de
la production de viande de bœuf, est ex-
lisier est élevée. Il en va de même pour les
trêmement douteuse.
8.10 Le gaspillage des ressources
cantons d’Appenzell Rhodes-Intérieures,
En Suisse, au milieu des années 1970,
St Gall, Thurgovie, Zoug, Obwald, Nid-
les importations et l’administration de
En Suisse, comme dans d’autres pays,
wald et Fribourg, avec 2 UGB/ha et plus.
fourrages concentrés ont atteint le record
on gaspille encore beaucoup trop de res-
Par contre, dans tous les autres cantons, la
absolu. On en importait environ 1,5 mil-
sources dans la production et la distribu-
densité du bétail est inférieure à 1,0 UGB/
lion de tonnes, plus les 500 000 tonnes
tion des denrées alimentaires. Cela com-
ha. Dans les régions à la densité élevée de
qui étaient produites dans le pays, c’est-
mence dans les étables. En particulier, la
bétail, l’engrais de ferme épandu en excès
à-dire qu’environ 2 millions de tonnes
courte durée de la performance maximale
peut charger les eaux souterraines ou de
de fourrages concentrés ont fini dans
raccourcit également la vie de vaches,
surface en nitrate et phosphore et dégager
les mangeoires. Vingt ans plus tard, on
porcs et poules. Par conséquent, il faut
davantage d’ammoniac dans l’air.
n’en importait plus que 350 000 tonnes.
élever chaque année plus d’animaux, pour
Entre-temps, l’importation de fourrages
remplacer les générations précédentes, qui
Emploi de fourrages concentrés
protéiques, tels que le soja, a augmenté
sortent de scène de plus en plus jeunes. Il
chaque année. Aujourd’hui, leur quan-
faut donc plus de fourrage, plus d’espace,
Administrer des céréales, du maïs, du soja,
tité correspond presque au triple d’il y a
plus d’énergie et plus de travail, pour un
des pommes de terre, des raves et autres
quinze ans: environ 1 million de tonnes!
gaspillage d’animaux toujours plus élevé!
produits similaires au bétail n’est pas
Ces fourrages sont produits à l’étran-
mauvais en soi. La volaille, par exemple,
ger, sur une surface globale de quelque
profite des céréales mieux que tous les
250 000 hectares, ce qui correspond en-
Des denrées alimentaires dans les ordures
autres animaux de rente, les transformant
viron à la surface du canton du Tessin.
On parle à peine du fait que 30 à 50 %
en œufs et en viande. La production vé-
Le développement des céréales indi-
des denrées alimentaires produites dans
gétale destinée à l’alimentation humaine
gènes destinées au fourrage a suivi un
le monde finissent à la poubelle, au lieu
génère de grandes quantités de «déchets»
destin inverse. La quantité de 800 000
de nourrir des êtres humains. Cela signi-
que des animaux, en particulier les co-
tonnes, produite en 1995, est descendue
fie qu’il est déjà possible de nourrir toute
chons, peuvent consommer. Par contre,
aux 550 000 tonnes actuelles, dont 70 000
l’humanité avec les denrées alimentaires
54
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
produites aujourd’hui, cela également en
tonnes de viande. Cela génère 220 000
carcasses sont destinées aux pays asia-
l’an 2050 – bien que l’on suppose qu’à ce
tonnes de sous-produits de provenance
tiques. On observe des situations analo-
moment-là, un hectare de terre agricole
animale, qui sont désormais jetés et inci-
gues – des importations de viande limi-
devra nourrir 5,5 personnes, au lieu des
nérés dans leur grande majorité, après les
tées aux parties nobles – pour la viande
4,5 actuelles.
expériences de la BSE et l’interdiction de
de bœuf et de poulet. Entre-temps, la de-
Dans les pays pauvres, le problème
nourrir les animaux de rente avec des fa-
mande croissante de parties nobles de la
du gaspillage est dû surtout au mauvais
rines animales. Bien sûr, on ne remet pas
part des consommateurs suisses, au pou-
stockage, notamment des céréales, si bien
en question le principe d’éviter le canni-
voir d’achat élevé, pose un problème de
qu’il y a trop de perte par avarie. Chez
balisme, c’est-à-dire qu’on ne donne pas
fond, car la valorisation des autres par-
nous, la mentalité de jeter commence
la farine d’un animal d’une certaine es-
ties des animaux élevés et abattus dans le
dans les champs et à l’étable, lorsque l’on
pèce à des animaux de la même espèce,
pays et de plus en plus difficile.
trie les pommes de terre, les pommes, les
ce qui se passait encore jusqu’en 1990.
Les parties «de moindre valeur»
salades ou les œufs trop gros ou trop pe-
Cependant, le gaspillage extrême de la
doivent être déclassées et vendues ou ex-
tits. Le commerce fixe également des cri-
ressource «sous-produits de provenance
portées au-dessous de leur valeur réelle, si
tères qui n’ont rien à voir avec la valeur
animale» devrait stimuler à réfléchir à
bien que les bouchers doivent vendre net-
nutritive des produits. Ainsi, en Suisse
une utilisation plus intelligente que l’in-
tement plus chères les parties nobles des
on évacue encore une partie des poules
cinération! Car l’interdiction de fourra-
animaux indigènes, afin de rentrer dans
pondeuses abattues dans des installations
ger avec des farines animales a contri-
leurs frais. Ils perdent donc de la com-
pour la production de biogaz, bien que
bué à faire augmenter l’importation de
pétitivité face à l’importation. De plus,
leur viande soit tendre. Cette quantité de
fourrages concentrés, douteuse du point
à cause de cette demande unilatérale de
viande de volaille permettrait de nourrir
de vue écologique, au cours des dix der-
parties nobles, il faut engraisser et abattre
toute la ville de Winterthur. Un exemple
nières années.
davantage d’animaux. La sélection essaie d’y faire face en misant sur des lignées
particulièrement crapuleux des «exigences de qualité» douteuses est le diktat
La demande de parties nobles
avec davantage de parties nobles, ce qui
des bouchers suisses quant à la couleur de
La Suisse se procure à peu près la moitié
génère rapidement des effets négatifs sur
la viande de veaux, qui a duré plusieurs
de la viande de mouton qu’elle consomme
le bien-être et l’état sanitaire des porcs et
décennies. En Suisse, selon les organisa-
en Australie et en Nouvelle-Zélande. Il
des poulets.
tions de protection des consommateurs,
s’agit sans exception, de parties nobles.
plus de 2 millions de tonnes de denrées
Pour cela, plus de 2 millions de moutons
alimentaires ne sont pas utilisées, c’est-
doivent être abattus dans les pays de pro-
à-dire quelque 300 kilogrammes par per-
venance. Les parties moins nobles de ces
sonne. Il semble que les ménages, à eux seuls, jettent 700 000 tonnes de denrées alimentaires aux ordures! L’offre gigantesque et la «manie du frais» sont responsables des grandes quantités d’aliments qui sont jetées. La chercheuse en matière de déchets, Felicitas Schneider, dans ses recherches sur les ménages en Autriche, a découvert que les utilisateurs finaux jettent chaque année des denrées alimentaires pour une valeur de 400 euros, dont parfois des produits encore parfaitement emballés et pouvant être conservés!
Sous-produits de provenance animale Lorsqu’on abat un porc, un tiers de la carcasse finit aux ordures. Lorsqu’il s’agit d’une vache, c’est carrément la moitié. En Suisse, on produit annuellement 450 000
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
Une partie des poules pondeuses est simplement incinérée après l’abattage
55
9. Des mesures pour améliorer le bien-être des animaux 9.1 Généralités
laitières sont poussées à des performances
tention particulièrement respectueuses
Celles et ceux qui observent la façon dont
toujours plus hautes et les truies mettent
des animaux: elle ne fixe que la limite
les paysans détiennent leurs animaux, de
au monde plus de porcelets qu'elles n'ont
entre ce qui est admis et ce qui est interdit.
nos jours, seront étonnés. On ne trouvera
de mamelles. Des stabulations dénudées
Un moyen qui s'est avéré efficace
plus les poules sur le tas de fumier, telles
pour engraisser des bovins et des porcs,
pour améliorer le bien-être des animaux
que les décrivait Gotthelf. Les détentions
sans paille pour se coucher et sans la pos-
dans l'agriculture consiste en une combi-
d'animaux ont énormément augmenté par
sibilité de sortir en plein air sont légales.
naison d'économie de marché et de me-
rapport au passé, et les installations tech-
Et la politique (agricole) veut ouvrir les
sures étatiques. En particulier, faire en
niques telles que les trayeuses robotisées
frontières à toujours plus de denrées ali-
sorte que les consommateurs demandent
et le fourragement contrôlé par ordinateur
mentaires produites dans des conditions
davantage de produits labellisés et pro-
ont fait leur entrée. Certes, des formes de
interdites chez nous et dans des déten-
mouvoir les formes de détention particu-
détention telles que la stabulation libre,
tions d'animaux en masse. De cette ma-
lièrement respectueuses des animaux par
la sortie et le pâturage se sont amplement
nière, elle met sous forte pression les ef-
des paiements directs spécifiques.
répandues entre-temps et ne constituent
forts qui se font en faveur du bien-être des
plus les cas exceptionnels qu'elles étaient
animaux dans notre pays.
9.2 Responsabilité individuelle
encore il y a vingt ans. Entre-temps, des
Il est donc toujours urgent d'interve-
parties importantes de l'agriculture et de
nir en ce qui concerne le bien-être des
La protection des animaux demande
l'élevage suisses se distinguent positive-
animaux. À l'avenir, les milieux de la pro-
d'abord des personnes responsables, puis,
ment des pratiques des autres pays.
tection des animaux ne doivent pas miser
mais seulement en un second temps, le
Toutefois, au royaume des aveugles,
trop fort sur la législation en la matière.
soutien de l'État. On peut placer la protec-
les borgnes sont rois. Dans notre pays, des
Cette dernière a été complètement révi-
tion des animaux sous ordonnance, mais
millions d'animaux vivent toujours dans
sée il y a quelques années seulement et
afin que les prescriptions soient réelle-
des étables étriquées sans la possibilité de
de nombreux délais transitoires courent
ment efficaces en faveur des animaux,
sortir en plein air. Les veaux sont tou-
jusqu'en 2018. La volonté politique en fa-
elle doit être vécue au quotidien par les
jours fourragés pour produire de la viande
veur d'une révision totale est donc mi-
paysans et les consommateurs.
claire, si bien qu'ils doivent être traités
nime. De plus, il faut considérer que la
Il ne s'agit pas de renoncer à la
aux antibiotiques plus souvent que les
législation en matière de protection des
consommation, mais de consommer de
autres catégories d'animaux. Les vaches
animaux ne prescrit pas de formes de dé-
façon responsable. S'il faut manger des
56
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
Que puis-je faire? 1. M’informer au sujet de la détention animale et de l’agriculture, p. ex. sur www.protection-animaux.com et www. mangeravecducoeur.ch. Discuter avec des amis sur la protection des animaux et sur la consommation. 2. Adopter un mode de vie végétarien ou ne consommer de la viande que modérément, c’est-à-dire pas quotidiennement – les physiologistes de la nutrition recommandent d’en consommer 1 à 2 fois par semaine. Par contre, miser sur la qualité (en ce qui concerne le fourrage, la protection des animaux, la détention paysanne, les transports, la sélection), prêter attention aux produits régionaux et Suisses dotés de labels contrôlés et crédibles.
9.3 Le rôle des consommateurs
d'autre choix que de faire preuve de
Les consommateurs doivent connaître
alimentaire et le commerce et leur ma-
l'interdépendance entre leurs achats et le
nière correcte d'agir. Cela explique aussi
bien-être des animaux dans les fermes.
la sensibilité élevée en ce qui concerne la
Seul un consommateur averti peut réflé-
sécurité et la qualité des denrées alimen-
chir à ses achats et peut être prêt à payer
taires et la «scandalisation» médiatique
un prix plus élevé pour des produits is-
immédiate lors d'irrégularités et de pro-
sus d'une détention respectueuse des ani-
blèmes. Des contrôles crédibles, accom-
maux.
pagnés de sanctions lorsque celles-ci sont
confiance envers les paysans, l'industrie
Le consommateur suisse a une res-
nécessaires, sont également importants,
ponsabilité vis-à-vis des animaux, au vu
avec l'information aux consommateurs
de sa haute consommation de produits de
et les déclarations.
provenance animale (quelque 170 kilodépenses réduites des ménages suisses
9.4 Le rôle de l'agriculture et de l'économie alimentaire
pour l'alimentation: 7 % du budget du
Ceux qui gagnent de l'argent avec des
ménage. Même un ménage de quatre per-
animaux et des produits de provenance
sonnes ne dépense plus au-delà de 10 %.
animale, que ce soient des paysans, des
œufs, des produits laitiers et de la viande,
Pour un revenu mensuel de 5 000 francs,
transporteurs, des bouchers, des com-
il faut au moins garantir une détention
cette proportion monte à 13 %. Il y a cin-
merces de détail, des professionnels de la
décente et des traitements qui ménagent
quante ans, cette proportion était encore
gastronomie ou des importateurs, ont un
les animaux. Les conditions économiques
de 30 % et plus. Du point de vue interna-
devoir éthique clair envers les animaux.
ne doivent pas être perdues de vue. D'une
tional, la Suisse est à la pointe. En Alle-
Ils doivent en tenir compte dans leur en-
part, les paysans respectueux des ani-
magne, le ménage moyen dépense 14 %
vironnement de travail et dans la mesure
maux veulent aussi vivre de leur élevage
de son budget pour les denrées alimen-
de leurs possibilités. La PSA coince régu-
et, d'autre part, même des consomma-
taires, bien que leurs prix, en Allemagne,
lièrement des paysans et des représentants
teurs très motivés par la protection des
soient plus bas qu'en Suisse.
de la branche alimentaire sur cet aspect.
animaux ne peuvent pas dépenser sans limites pour leur alimentation.
grammes par an), ainsi qu'en raison des
Par sa demande, le consommateur a
Les étables et les installations se trouvent
un rôle très important, mais également
souvent déjà en place au moment où l'on
Cette vision pragmatique n'exclut pas
difficile, car il lui manque désormais tout
remet une ferme et ne sont pas encore
que la PSA s'engage fortement afin de ré-
rapport avec l'élevage et l'élaboration des
amorties. Pour cette raison – afin d'évi-
duire la consommation de produits de pro-
denrées alimentaires. Cet «éloignement»
ter des cas extrêmes – le législateur doit
venance animale et en faveur de l'alimen-
est de plus en plus marqué et semble être
toujours fixer des délais transitoires pour
tation végétarienne et végétalienne. Em-
irréversible. Les consommateurs n'ont
que les étables existantes soient adaptées,
Qualité des produits et bien-être des animaux
stockage correct, le refroidissement et la
et encourager des solutions alternatives aux produits de provenance animale – ne
Contrairement aux vaches nourries aux
la qualité de la viande. Les porcs bien dé-
constitue aucunement une contradiction
fourrages concentrés et détenues uni-
tenus donnent une viande légèrement
ni un manque de cohérence. C'est plutôt
quement à l’étable, les vaches qui sortent
rouge, de haute qualité, grâce au mouve-
une nécessité des organisations de protec-
au pâturage produisent du lait riche en
ment. Il en est de même pour les veaux
tion des animaux qui sont jugées sur la
acides gras insaturés omega-3, p. ex. de
nourris et détenus conformément à leur
base des objectifs qu'elles atteignent dans
l’acide linoléique, qui se retrouve égale-
espèce.
les améliorations concrètes en faveur des
ment dans le fromage fabriqué à partir de
Les poules élevées en plein air
animaux – à l'étable, dans les transports
ce lait. Leur viande est également meil-
pondent des œufs contenant jusqu’au
et à l'abattoir. La vraie protection des ani-
leure du point de vue physiologique et nu-
double de caroténoïdes par rapport à
maux va au delà des sermons et des stig-
tritionnel et, en outre, elle est plus tendre.
celles qui sont élevées dans des poulail-
matisations moralistes pour se donner une
C’est ce que montre une comparaison ré-
lers. La viande des poulets élevés en plein
bonne conscience!
cente entre détentions à l’étable et au
air présente une meilleure qualité organo-
pâturage de l’ETH de Zurich. Bien sûr, le
leptique et est plus juteuse.
prunter ces deux chemins – une consommation acceptable de produits issus de détentions respectueuses des animaux
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
durée du stockage influencent également
57
tion de l'offre respectueuse du bien-être
tout est à construire en ce qui concerne
des animaux soient entamées.
le bien-être des animaux. En 2008, les
On peut se demander si la clientèle et
Suisses ont dépensé plus de 13 milliards
les entreprises sont vraiment servies par
de francs pour manger au restaurant. Se-
la multiplication actuelle des lignes de
lon une étude de l'institut amPuls Mar-
produits ou si cette dernière ne renché-
ket Research de 2009, la viande est tou-
rit pas simplement les produits. D'une fa-
jours l'élément le plus important des me-
çon générale, on peut admettre que les
nus consommés au restaurant. Un quart
prix des produits suisses, notamment des
des mets à base de viande consommés au
produits labellisés, soient plus élevés que
restaurant contient du porc, qui consti-
dans l'UE. Cela également parce que les
tue donc la viande la plus appréciée au
exigences suisses en matière d'écologie et
bistrot, suivie de près du bœuf, avec une
de bien-être des animaux sont plus éle-
proportion de 23 %. La volaille suit une
vées. Cependant, la part qui revient aux
tendance variable et se situe actuellement
producteurs pour couvrir les coûts est jus-
à 18 %.
tement de plus en plus basse dans le do-
Trois entreprises gastronomiques se
maine de la viande et des œufs. Cela si-
distinguent en ce qui concerne l'utilisa-
gnifie que les paysans reçoivent de moins
tion de viande issue de détentions res-
en moins de ce que le consommateur paie.
pectueuses des animaux. McDonald’s, le
Même si les éleveurs vendaient leurs ani-
numéro un de la gastronomie suisse en
maux aux abattoirs à des prix européens,
ce qui concerne son chiffre d'affaires, de-
le prix de la viande du pays dans les com-
puis février 2010 propose uniquement de
lorsqu'il promulgue de nouvelles prescrip-
merces serait plus élevé qu'à l'étranger.
la viande de bœuf suisse provenant de dé-
tions quant au bien-être des animaux. Ces
L'optimisation des coûts de la viande, du
tentions avec sorties régulières en plein
délais peuvent aller jusqu'à dix ans. Ce-
lait et des œufs sur le dos des paysans se
air (SRPA), après recommandation de la
pendant, la gestion, le soin des animaux,
répercute rapidement sur le bien-être des
Protection Suisse des Animaux PSA. En
leur observation et le contact que l'on en-
animaux, sur la qualité des produits et sur
2009, McDonald’s Suisse a acheté 3900
tretient avec eux, ainsi que les sorties au
leur sécurité. D'autre part, les consomma-
tonnes de bœuf aux paysans suisses, cor-
pâturage, sont des aspects qui peuvent
teurs, au niveau de leur porte-monnaie,
respondant à 4,5 % du bœuf consommé
être réglés sans grands investissements.
ne remarquent quasiment rien de ces éco-
en Suisse. Migros, le deuxième acteur
Ils peuvent donc être pris en compte par
nomies contreproductives. Selon les com-
de la gastronomie suisse, propose de la
tout détenteur d'animaux responsable, in-
merces de détail, les œufs, la viande et
viande labellisée depuis un peu plus long-
dépendamment de la situation de son in-
les produits laitiers sont parfois vendus à
temps dans ses restaurants. Les restau-
frastructure et de ses finances.
De la viande issue de détentions permettant la sortie régulière en plein air: McDonald’s
des prix très différents, même en dehors
rants de Coop, numéro six de la gastrono-
Les anciens moteurs du dévelop-
des actions. Cela signifie qu'il y a encore
mie suisse, misent de façon conséquente
pement des produits respectueux du
des possibilités de rendement dans ce do-
sur la viande labellisée. Ils n'utilisent que
bien-être des animaux, Migros et Coop,
maine.
du bœuf et du porc Coop Naturafarm et du veau bio.
semblent désormais piétiner. Leur stra-
Tandis que Migros et Coop proposent
tégie de présenter une offre aussi vaste
un assortiment de produits respectueux
La fondation «Goût Mieux» distingue
que possible fait de la concurrence aux
du bien-être des animaux relativement
65 restaurants qui se sont engagés à s'ap-
produits respectueux des animaux. Ces
étoffé, la plupart des autres commerces
provisionner de façon conséquente, de
derniers ne constituent désormais plus
de détail peuvent encore faire des efforts
produits bio et provenant de détentions
qu'une offre parmi d'autres, entre les
dans ce sens. Par exemple, peu de com-
respectueuses des animaux (www.gout-
lignes de produits avantageux et la pa-
merces proposent des poulets d'élevages
mieux.ch). L'action «Manger avec du
noplie de spécialités (Heidi, Anna’s Best,
en liberté, des lapins ou de la viande
cœur» de la Protection Suisse des Ani-
Betty Bossi, Pro Montagna, Jamie Oliver),
d'agneau labellisés. Par contre, hélas, de
maux PSA indique environ 120 restau-
jusqu'aux offres Premium et aux lignes de
plus en plus de viande importée, produite
rants qui proposent régulièrement des
produits pour enfants. Par conséquent, la
dans des détentions en masse interdites
menus végétariens ou avec des produits
publicité en faveur des produits respec-
chez nous, dans lesquelles, force est de
issus de détentions respectueuses des ani-
tant les animaux diminue. Il y a donc le
constater que le mot «contrôle» est in-
maux (www.mangeravecducoeur.ch).
danger que la créativité et la crédibilité de
connu.
Migros et Coop du point de vue de la ges-
58
Dans la branche gastronomique,
Par contre, la majorité des 20 000 et plus restaurants, cantines du personnel et
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
fast-food de Suisse n'utilise que peu de
labellisés ou parce que le marché sus-
PSA souhaite dès lors tendre vers une
produits provenant de détentions respec-
cite des comportements et des pratiques
«Suisse, pays des élevages en liberté» et a
tueuses des animaux. Ils ne proposent que
contraires à la protection des animaux,
élaboré un catalogue de mesures de poli-
de la viande et des œufs suisses conven-
comme lors des importations bon mar-
tique agricole à cet égard.
tionnels ou, le plus souvent, importés. La
ché de produits issus de détentions ani-
plupart du temps, les tenanciers ne sont
males en masse ou de denrées comme le
pas renseignés quant aux conditions de
foie gras et les cuisses de grenouille. Dans
1. Mesure: une stratégie qualitative conséquente
détention des animaux en Suisse et à
ces cas, l'État peut interdire certaines im-
La PSA demande depuis vingt-cinq ans
l'étranger et aux différents labels pour le
portations, exiger une déclaration de pro-
une stratégie de qualité conséquente en
bien-être des animaux.
tection des animaux pour les denrées ali-
matière d'agriculture et s'engage à mettre
Il semble que, dans le domaine gas-
mentaires ou promouvoir des systèmes de
sur pied et en application des programmes
tronomique, le prix est toujours prioritaire
détention respectueux des animaux, leur
de labellisation en faveur du bien-être
par rapport à la qualité. Pourtant, les ma-
permettant la sortie.
des animaux et dans l'information des
tières premières ne font presque pas la dif-
Un tel engagement de l'État en faveur
consommateurs à ce sujet. Il est désor-
férence en ce qui concerne le prix: le coût
du bien-être des animaux est légitimé par
mais important que la politique agricole
d'un œuf d'élevage en liberté ne consti-
la grande importance que la population
soit basée sur une stratégie de qualité,
tue que 4 % du prix d'un tiramisu de CHF
suisse accorde à la détention respectueuse
afin de viser des stratégies, de compléter
6.60. Le prix de la viande convention-
des animaux de rente. Pour cette exigence
les défaillances du marché et de se profi-
nelle suisse représente 33 % d'un menu
qu'elle impose à sa paysannerie, la po-
ler sur un marché agricole international
avec steak, pommes frites et légumes à
pulation est largement disposée à investir
en ouverture. Mener une stratégie timide
CHF 23, celui de la viande labellisée ou
une part élevée de l'argent de ses impôts.
comme celle menée jusqu'à présent – la
provenant d'une détention respectueuse
La détention des animaux de rente n'est
politique agricole encourage un peu de
des animaux représente 37 %, soit à peine
pas seulement le secteur financier le plus
qualité par-ci, un peu de quantité par-là
un franc de plus. Le porte-monnaie du
important de l'économie alimentaire: elle
– est inefficace et n'a pas de sens dans un
client ne verra pas de différence si le te-
exerce un effet sur la qualité des produits
pays aussi petit que la Suisse.
nancier utilise des produits un peu plus
laitiers, de la viande et des œufs, ainsi
À une époque où les terres agricoles
chers, mais respectueux des animaux. Par
que sur celle de l'air, des sols et de l'eau.
se font de plus en plus rares et que la
contre, cela apporte beaucoup aux ani-
La détention des animaux de rente influe
demande de denrées alimentaires et de
maux et à la qualité du repas!
également sur l'approvisionnement en
produits de provenance animale aug-
Puisque presque la moitié de la viande
denrées alimentaires, le cadre paysager,
mente, notamment dans les pays autre-
consommée en Suisse est écoulée par les
l'utilisation des terres agricoles et l'ex-
restaurants, il est très important que la
ploitation des ressources et de l'énergie,
branche de la gastronomie prenne enfin
ainsi que sur les émissions de gaz à effet
ses responsabilités vis-à-vis des animaux
de serre. D'après les expériences et dans
et de leur bien-être. Il y a assez de clients
l'état actuel des connaissances scienti-
qui feront honneur à ces efforts. À l'occa-
fiques, on peut affirmer que les déten-
sion d'une enquête que la PSA a menée en
tions paysannes respectueuses du bien-
2011 auprès des milieux de la gastrono-
être des animaux exercent un effet positif
mie, même les restaurateurs ont estimé le
sur tous ces aspects. Les détentions d'ani-
potentiel du bien-être des animaux à
maux en masse et les fabriques d'animaux
50 %.
produisent des denrées momentanément bon marché, mais pour lesquelles l'être
9.5 Le rôle de l'État
humain, les animaux et l'environnement
L'État doit être plus actif pour stopper les
paient le prix fort sur le long terme, par
abus et les pratiques contraires à la pro-
des scandales alimentaires répétés, des
tection des animaux, poursuivre les in-
dégâts environnementaux ou des cruau-
fractions et les sanctionner. De plus, il
tés envers les animaux. Par contre, tout
doit intervenir dans le cas d'échec sur
le monde profite des mesures en faveur
le marché, c'est-à-dire là où le marché
du bien-être des animaux: les paysans,
et les consommateurs seuls ne peuvent
les consommateurs et les contribuables –
pas exercer une influence. Par exemple
mais aussi l'environnement!
parce qu'il manque une offre de produits
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
La Protection Suisse des Animaux
Les prix suisses ne sont justifiés que par des exigences élevées quant à la qualité et au bien-être des animaux
59
fois pauvres, l'approvisionnement à long
versés chaque année par les paiements di-
terme de la population indigène par les
rects sont investis pour le bien-être des
3. Mesure: des contrôles et des sanctions conséquents
paysans suisses doit être revalorisé. Les
animaux. Par conséquent, des millions
Une décision du Tribunal fédéral tombée
nécessités des consommateurs, aussi bien
d'animaux de rente doivent continuer à
en été 2011 a permis de verser les paie-
en matière de qualité que de durabilité des
vivre toute leur existence dans des étables
ments directs à un paysan de Thurgovie
produits, doit à nouveau être au centre de
étriquées, sans avoir de surfaces appro-
qui, entre autres, a maltraité un cheval au
l'attention.
priées pour se coucher et sans la possibi-
point de le faire mourir. Le Canton avait
lité de sortir en plein air. La PSA demande
refusé une partie des paiements directs.
2. Mesure: des paiements directs qui ciblent les objectifs
donc que les paiements directs soient ver-
Cette décision scandaleuse du Tribunal
sés autrement: les contributions géné-
fédéral fait la part belle à ceux qui com-
Les 2.8 milliards de francs versés chaque
rales destinées à la détention d'animaux
mettent des cruautés envers les animaux
année sous la forme de paiements directs
doivent être rayées, au profit de contribu-
et doit être revue au plus vite. La PSA
ne doivent pas continuer à être distribués
tions incitatives en faveur des systèmes
exige que les personnes contrevenant à
par le principe de l'arrosoir. Ils doivent
de stabulation respectueux des animaux
la protection des animaux ne soient pas
être octroyés en fonction des objectifs
et des possibilités de sorties régulières en
seulement frappées de la sanction justifiée
atteints par les paysans. L'écologie et le
plein air. L'objectif de cela consiste à per-
par leurs infractions, mais qu'elles soient
bien-être des animaux doivent être mieux
mettre à tous les animaux de sortir à l'air
également privées des paiements directs
encouragés. C'est la question centrale de
libre!
ou d'une partie de ceux-ci, puisqu'elles
la stratégie de qualité sur laquelle il faut
De plus, la PSA demande que l'on
ne satisfont pas les exigences. Rayer les
mettre le cap. Les contributions destinées
mette sur pied un programme de pâturage
paiements directs ne constitue pas une
aux exploitations bio et soucieuses du
en faveur des animaux consommant du
punition. Le paysan inculpé n'a simple-
bien-être des animaux doivent être diri-
fourrage grossier, afin de s'écarter des ani-
ment pas droit à une partie des paiements,
gées afin de compléter le marché. Les pro-
maux sélectionnés pour la haute perfor-
puisqu'il n'a pas fourni la prestation de-
grammes de labellisation doivent être ci-
mance et des excès de fourrages concen-
mandée en ce qui concerne la protection
blés et étoffés. De cette manière, le marché
trés liés à leur exploitation. Entre-temps,
des animaux (ou, dans le cas extrême,
et les encouragements étatiques se com-
même le Conseil fédéral l'a reconnu: «En
n'en a fourni aucune). De plus, la PSA
plètent de façon optimale. La Suisse ne
matière d’alimentation des ruminants, la
exige davantage de contrôles inopinés
peut se profiler et réussir dans un marché
tendance est à une utilisation accrue des
des détentions d'animaux.
agricole et alimentaire ouvert que par la
aliments concentrés. La production suisse
qualité et le bien-être des animaux. Les
de lait et de viande risque ainsi de perdre
contributions bio et en faveur du bien-
à long terme un avantage concurrentiel
être des animaux, définies selon les objec-
stratégique.» (Message concernant la «Po-
4. Mesure: encourager les paysans respectueux des animaux
tifs, permettent à nos paysans de produire
litique agricole 2014–17»)
Aujourd'hui, la Confédération promeut
de façon moderne, efficace, naturelle et respectueuse des animaux.
Le Conseil fédéral souhaite dès lors
des étables peu économiques et probléma-
encourager les exploitations qui couvrent
tiques en ce qui concerne la protection des
L'agriculture biologique est une mé-
largement leur demande en fourrage par
animaux, pas des crédits à l'investisse-
thode permettant d'économiser l'énergie
les herbages, le foin, le regain et l'ensi-
ment. Il s'agit d'étables à l'attache pour
et les ressources en ménageant l'environ-
lage d'herbe. Les exploitations qui admi-
vaches et bovins d'élevage ou d'étables
nement. L'agriculture organique et biolo-
nistrent peu de fourrages concentrés et
sans litière et sans possibilité de sortir
gique, la méthode bio la plus répandue
qui comptent principalement sur le pâtu-
pour le bétail d'engraissement. La PSA
au monde, a été développée en Suisse.
rage sont plus respectueuses des animaux
exige donc qu'à l'avenir, les crédits à l'in-
Notre pays a donc un rôle de pionnier en
et plus écologiques. La détention au pâtu-
vestissement ne soient octroyés qu'aux
la matière. À une époque où les ressources
rage assure des avantages à l'être humain,
projets d'étables respectueuses des ani-
se font rares, l'agriculture biologique re-
aux animaux et à l'environnement. Elle
maux. Les constructions ou transforma-
vêt un rôle important pour l'alimentation
contribue grandement à protéger l'envi-
tions d'étables destinées à la détention de
mondiale.
ronnement et le climat. Elle fournit éga-
vaches ou de chèvres à cornes, demandant
Bien que le bien-être des animaux soit
lement de meilleurs produits (p. ex. plus
plus de place, doivent être soutenues par
l'exigence la plus importante des contri-
d'acides gras CLA et Omega-3 dans le lait
des contributions et des crédits à l'inves-
buables vis-à-vis des paysans et de la po-
et la viande). Finalement, les animaux
tissement proportionnellement plus éle-
litique agricole, le Conseil fédéral ne l'a
sont plus sains et ont une durée de vie
vés.
encouragé que timidement jusqu'à pré-
plus longue, il y a moins de défaillances
sent. Seuls 9 % des 2.8 milliards de francs
et de décès dus aux conditions sanitaires.
60
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
5. Mesure: pas de fabriques d'animaux Une stratégie de qualité crédible auprès des consommateurs, des contribuables et des milieux de la protection des animaux, ainsi que l'acceptation de l'ensemble du système des paiements directs dépendent en grande partie de l'attitude de la Confédération. En effet, c'est celleci qui décide si elle tient à maintenir des détentions d'animaux paysannes ou si elle préfère se tourner vers les détentions en masse (fabriques d'animaux), selon le modèle étranger, comme l'ont souhaité à plusieurs reprises certains représentants du monde agricole par le passé. D'autant plus que le bien-être des animaux dépend également de la taille de l'effectif. Ainsi, au-delà d'une certaine limite, il n'est plus possible de pratiquer l'élevage de volaille en liberté. Chez les porcs et d'autres caté-
Les paysans agissant dans le respect des animaux doivent être encouragés en Suisse
gories d'animaux, l'effort consacré à l'assistance diminue rapidement si la taille
n'ont de tétines. Par conséquent certains
rive constamment que les consommateurs
de l'effectif augmente. Les soins, la sur-
porcelets sont surnuméraires, délaissés,
soient submergés de denrées étrangères,
veillance et le contact entre l'être hu-
et les troubles sanitaires augmentent,
produites dans des conditions contraires à
main et l'animal constituent les facteurs
tant chez la truie (surexploitation!) que
la protection des animaux. Actuellement,
les plus importants du bien-être des ani-
chez les porcelets (élevage artificiel; sur-
l'urgence se situe, en particulier, dans
maux, ainsi que de la rentabilité écono-
numéraires). La sélection unilatérale en
le domaine des importations de volaille
mique, à côté du type de détention. La
faveur d'une production laitière extrême-
(poulets, dindes), tant en ce qui concerne
PSA demande que les limites maximales
ment élevée a pour conséquence qu'il est
la quantité, quelque 45 000 tonnes, que le
actuelles pour les exploitations soient
considéré de moins en moins rentable de
non respect de la protection des animaux
maintenues et que l'on n'accorde plus
respecter la période de finition des veaux
et le potentiel de danger (résistance aux
d'exceptions, à l'avenir, par exemple pour
femelles qui ne seront pas sélectionnés.
antibiotiques; apparition de salmonelles
des installations d'engraissement indus-
On entendra bientôt des appels à tuer les
dans les poulaillers).
triel des porcs.
veaux nouveaux-nés, comme on fait déjà
6. Mesure: en finir avec les sélections extrêmes
s'épargner la période de finition, non ren-
9.6 Le rôle de la politique internationale
table. À l'avenir, la Confédération ne doit
La Suisse importe environ 40 % des ca-
La Confédération encourage les sélec-
plus encourager de telles dérives de l'éle-
lories qu'elle consomme, dont 120 000
tions indigènes. Cela est sensé et incon-
vage, sans égard vis-à-vis des principes
tonnes de viande par an, correspondant
testé. Cependant, les sélections unilaté-
éthiques, facilitant la prédisposition des
environ à un quart de la consommation
rales en vue d'augmenter énormément
animaux à la maladie et affaiblissant leur
globale, tandis que de nombreux pays de
une performance ont conduit à des li-
résilience, par l'argent des impôts!
l'UE augmentent massivement leurs dé-
en Nouvelle-Zélande et en Italie, pour
tentions d'animaux. Le Danemark produit
gnées de poulets et de dindes d'engrais-
donc presque 4 fois plus, l'Irlande 3 fois
peuvent plus se mouvoir correctement.
7. Mesure: interdire les importations contraires à la protection des animaux
Leur croissance musculaire excessive et
À l'avenir, la Confédération doit main-
tuation de la viande de porc est particu-
unilatérale leur cause des douleurs conti-
tenir ouverte la possibilité d'interdire les
lièrement frappante: le Danemark produit
nuelles. Dans l'élevage porcin, des truies
importations de produits éthiquement
6 fois plus, les Pays-Bas et la Belgique
très fertiles mettent au monde de plus en
douteux ou au moins, d'exiger une dé-
2,5 fois plus qu'ils ne consomment. Cette
plus de porcelets – parfois plus qu'elles
claration conséquente. Aujourd'hui, il ar-
production excessive est clairement effec-
sement qui ne se comportent plus dune façon conforme à leurs espèces et qui ne
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
plus, les Pays-Bas et la Belgique le double de la viande dont ils ont besoin. La si-
61
dans le monde – en Russie, à Hongkong, en Arabie Saoudite et même en Afrique, au Ghana et au Benin. En même temps, l'UE importait 700 000 tonnes de volaille, principalement du Brésil et de Thaïlande. Le marché de la viande de volaille est en pleine explosion au niveau mondial. Les experts partent du principe qu'au plus tard en 2020, on produira plus de 120 millions de tonnes (aujourd'hui: 95 millions de tonnes) et que la production de viande de volaille dépassera celle de viande de porc, en ce qui concerne la quantité. Les experts considèrent avec inquiétude le développement mondial de la production animale intensive. Afin de nourrir les 9 milliards de personnes qui peupleront le monde à l'avenir, il ne faut pas en-
L’augmentation des détentions animales sur le plan mondial fait grimper les prix du fourrage
courager les grandes exploitations, mais plutôt les petits paysans. C'est ce qu'affirment les experts agricoles, comme la task-force de l'ONU contre la faim dans
tuée au détriment du bien-être des ani-
tiques soit devenue une pratique courante
le monde. Il faut donner la possibilité aux
maux, de l'écologie et de la qualité et de
et nécessaire dans ces installations d'en-
petits paysans d'augmenter leur producti-
la sécurité des produits. Afin que ces ins-
graissement de volaille. Une étude man-
vité de façon écologiquement soutenable.
tallations industrielles d'engraissement
datée par le ministère de la protection des
En 2011, des représentants de ce groupe
d'animaux fonctionnent, il faut importer
consommateurs du Land de Rhénanie-
ont fait consigner dans le procès-verbal
des quantités gigantesques de fourrages
du-Nord – Westphalie, en 2011, montre
qu'il ne faut pas une nouvelle révolu-
concentrés depuis l'autre côté de l'Océan.
qu'on a administré des substances anti-
tion verte, plutôt une révolution toujours
Entre-temps, l'Allemagne se lance éga-
microbiennes dans 83 % des processus
verte. Il est très important de renforcer les
lement à côté de ces producteurs «tradi-
d'engraissement. Globalement, 96 % des
femmes et leur égalité des droits, car elles
tionnels» d'excédents. En l'espace de cinq
animaux provenant des exploitations
accomplissent 60 à 80 % du travail agri-
ans, son exportation de viande et de pro-
examinées ont été traités aux antibio-
cole au niveau mondial.
duits carnés a augmenté de 60 %. Outre
tiques. Parfois, ils recevaient jusqu'à 8 ad-
Mais ce sont justement les petits pay-
le développement de l'engraissement de
ministrations d'antibiotiques, avec trois
sans et l'agriculture paysanne qui se
la volaille, la production de porc a égale-
principes actifs différents, déjà à l'âge de
trouvent sous pression, partout dans le
ment fortement augmenté. L'Allemagne a
moins de six semaines!
monde, à cause des exportations des excé-
augmenté son degré d'approvisionnement
Il n'y a pas de raison de croire que
dents des USA, de l'UE et du Brésil. Ainsi,
interne en viande de 94 %, en 2000, aux
dans d'autres pays, pratiquant la déten-
au Cameroun, le marché interne de la vo-
115 % actuels. Cela a été possible, comme
tion d'animaux en masse de façon com-
laille a collapsé en 2000, alors qu'il fonc-
chez les autres producteurs d'excédents,
parable, la situation sanitaire et des trai-
tionnait parfaitement, après que l'UE a
grâce à l'importation massive de four-
tements médicamenteux suscitent moins
inondé le pays avec ses parties de volaille
rages concentrés, parfois génétiquement
d'inquiétudes.
bon marché. En 2008/09, la production
manipulés, provenant du Brésil, d'Argen-
Le marché de la volaille dans l'UE
allemande de poulets, en plein essor, a
tine et des USA, ainsi qu'en développant
montre la face négative du libre-échange,
renversé le marché français de la volaille.
les détentions d'animaux en masse.
à savoir le va-et-vient de denrées alimen-
En réponse à cela, la France et d'autres
En Allemagne, une installation d'en-
taires, douteux sur le plan écologique et
pays de l'Union ont renforcé leurs ins-
graissement doit produire 550 000 pou-
la destruction des structures paysannes
tallations industrielles d'engraissement
lets, afin de générer un revenu de quelque
régionales. En 2011, les exportations ont
de volaille. Tous les producteurs d'excé-
50 000 euros par an, car elle ne gagne
atteint le record, avec environ 1,3 mil-
dents, parmi lesquels l'UE, cherchent fé-
que 10 centimes par animal! Ce n'est pas
lion de tonnes. La viande, surtout les
brilement des créneaux pour écouler leur
étonnant que l'administration d'antibio-
cuisses et les ailes, était écoulée partout
marchandise partout dans le monde. Les
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PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
accords de libre-échange tant souhai-
d'actualité. Après la crise immobilière et
de plus en plus régulièrement dans les
tés, par exemple entre l'UE et la Suisse
des banques, de plus en plus d'experts
ordres du jour des politiques nationales
ou l'Inde, devraient être considérés éga-
conseillent les investisseurs de garder des
et internationales. Cela aussi afin de
lement sous cet aspect. Pour l'Inde, un
matières premières agricoles dans leur
faire le contrepoids aux négociations de
accord de libre-échange avec l'UE signi-
portfolio. Des milliards sont désormais
l'OMC, dont l'objectif majeur est le libre
fie la disparition de 150 milliards d'euros
impliqués dans les matières premières et
commerce mondial dans le domaine des
de droits de douane, soit 11 % du bud-
dans leur commercialisation, ce qui al-
denrées alimentaires – dépourvu de tout
get interne! Des millions de petits pay-
lèche les spéculateurs. En savent quelque
garde-fou en ce qui concerne l'écologie,
sans indiens et de petits commerçants ou
chose les organisations humanitaires: en
la protection des animaux et le domaine
de commerçants de rue craignent que les
2011, lors des inondations au Pakistan,
social. Ces accords ne favorisent, unilaté-
importations de l'UE et les chaînes com-
bien qu'il y ait eu assez de blé, les spé-
ralement, que les pays producteurs d'ex-
merciales de l'UE ne les écrasent.
culateurs avaient tellement fait grimper
cédents et exportateurs, au détriment des
Les terres agricoles et les ressources
son prix dans les bourses mondiales des
petits et moyens paysans et d'une déten-
sont limitées, les changements clima-
matières premières que l'argent mis à dis-
tion d'animaux de rente à caractère pay-
tiques – d'origine naturelle ou anthro-
position ne suffisait même pas à acheter
san et respectueuse des espèces. l
pique – menacent et la demande de den-
la moitié de la quantité de blé nécessaire!
rées alimentaires augmente. Au cours des
Il faut donc se réjouir que la question
prochaines années, le thème de la sécurité
de la sécurité de l'approvisionnement et
de l'approvisionnement reviendra donc
de la souveraineté alimentaire revienne
Glossaire
sive et le déclin des matières premières et des combustibles fossiles dès 2000 PER Prestations écologiques requises. Conditions fondamentales qu’un paysan doit respecter dans la culture et la détention d’animaux pour obtenir les paiements directs Principe des 3R Concept qui s’adresse à la responsabilité individuelle des chercheurs pour contenir l’expérimentation sur des animaux (reduce/réduire, refine/raffiner, replace/remplacer) rBST Hormone de croissance produite artificiellement, régulièrement injectée aux bovins, en particulier dans les USA, afin d’augmenter la production de lait et de viande. Interdite en Suisse. SST Programme étatique pour encourager les systèmes de stabulation particulièrement respectueux des animaux
SPF Concept d’assainissement contre la transmission de maladies porcines (specific pathogen free (libre d’agents pathogènes spécifiques)), se distinguant par la détention aseptique des truies et par la césarienne remplaçant la naissance naturelle des porcelets SRPA Programme étatique apte à promouvoir les sorties régulières des animaux de rente en plein air UGB Unité de gros bétail: clé de calcul pour comparer les différentes espèces d’animaux de rente; 1 UGB correspond à une vache laitière, à 6 chèvres, moutons ou porcs ou à 100 poules pondeuses Viande PSE Viande de qualité moindre, notamment de porc (pale/claire, soft/ molle, exudative/exsudative)
Auteur Dr Hansuli Huber, ing. agr. dipl. ETH Directeur de la section technique Protection Suisse des Animaux PSA
Photos
Are 100 mètres carrés AML auxiliaires de stimulation de la production à base d’antibiotiques («antibiotique alimentaires») ETH-Zurich École polytechnique fédérale de Zurich Hectare 100 ares LPA Loi fédérale sur la protection des animaux Lactation, quantité de lait standardisée sur 305 jours, produite par une vache en une année OFAG Office fédéral de l’agriculture OPAn Ordonnance sur la protection des animaux (dispositions d’exécution) OVF Office vétérinaire fédéral Rapport du «Club de Rome» Dans les années 1970, ce livre prophétisait (de façon erronée) une surpopulation mas-
Éditeur Protection Suisse des Animaux PSA Dornacherstrasse 101, case postale 4008 Bâle Tél. 061 365 99 99 Fax 061 365 99 90 CCP 40-33680-3 sts@tierschutz.com www.protection-animaux.com
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
Traduction Walter Rosselli
123RF, Lydia Baumgarten, Michael Götz, iStockphoto, KAGfreiland, Keystone, Barbara Marty, Reuters, Mark Rissi, Franz J. Steiner, Simon Templar, tierschutzbilder.de
Graphisme die zwei bâle
63
1’/1.2013
Libre-échange et protection des animaux – une comparaison Suisse-UE
Le confort des animaux – exemples du terrain
Le bien-être des animaux reste-t-
augmentent souvent considéra-
il sur le carreau lors d’un accord de
blement le confort des animaux.
libre-échange? En comparant les
LIBRE-ÉCHANGE ET PROTECTION DES ANIMAUX
formes de détention pratiquées en
UNE COMPARAISON SUISSE–UE
Suisse et dans l’UE, on est plutôt
De petites interventions à l’étable
LE CONFORT DES ANIMAUX EXEMPLES DU TERRAIN
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17’/1.07/die zwei
Il vaut la peine de prévenir à
Les différences en matière de pro-
l’étable, sur l’alpage et sur les
tection des animaux entre la Suisse
pâturages, ainsi que lors du
et l’UE dans le domaine des déten-
causes d’accidents.
Protection SuiSSe deS Anim AnimAux PSA
Protection SuiSSe deS AnimAux PSA
et reSpectueuSeS
Garde de lapins en groupes
de la vie animale
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d’engraissement FEUILLE D’INFORMATION PSA tKS 1.11
la grange, à droite l’aire d’affoura Affourager les vaches gement séparée. en plein air Il est inutile de démolir les stabulati adjoindre égaleme ons nt une aire d’alimen existantes qui ont été bien une étable à construites. Parfois, tation en plein stabulation libre on peut y adaptée aux animaux air et un local de traite. vail. Il en résulte ainsi et favorable sur Roland Werner le plan de l’économ du Waldhof à ie du tratra Wäldi (TG) a ses vaches en été l’un des premiers plein air toute l‘année durant. à avoir sous nos latitudes eu le courage «Je suis convainc , au moins jusqu’à d’alimenter u que cela ne transformé son 1000 mètres pose pas de problèm étable à stabulati d’altitude», lance es on entravée en étable à stabulati l’agriculteur. En 1995, il a on libre dotée «Détenir des taureaux n’a rien à voird‘une avec aire une garde de taureaux à l’engrais», explique promenareproducteurs de et d’une aire de d’affoura l’agriculteur Samuel Herrmann du Forenhof d’Altikon (ZH). gement.
Taureaux reproducteurs dans des boxes à 3 aires Construire un couloir
Feuilles d’information PSA, Animaux de rente (bovins, porcs, chevaux, volaille, chèvres, moutons et lapins) Informatifs, didactiques et enrichis de nombreux exemples issus de la pratique au sujet de: • Étables conformes aux animaux pour des coûts avantageux • Soins et manière d’interagir avec les animaux
tation séparé Samuel Herrmann détient 70 d’alimen et 90 taureaux reproducteurs pour Swissgenetics. Les taureaux L’agricul teur entre a poursuivi deux objectifs de la station d’IA de Mülligen (AG) arrivent dans sa ferme à l’âge de 14 à 18 mois. A Mülligen, les a conçu lorsqu’il son projet. devait être semences quimique seront ontL’étable été prélevées. Jusqu’à ce que les taureaux soient testés sur la et utilisées éconoles animaux devaient s’y sentirsorte en attente dans l’exploitation, pendant base de leur«A descendance, l’époque, lesils restent en quelque architectes spécialis à l’aise. quatre nt. bonnes années en moyenne. Aujourd’hui, leésForenhof ments en bâti- détient ses taureaux reproducteurs en agricoles reposer égaleme construisaient bonds… et se d’autres groupes essentiellement alors qu’ils étaient précédemment constate Roland étables»,souvent détenus individuellement dans pouvoir faire des d’une veulent Werner. lapins modèle le Les Par là, il entend on surfermées unune box.stabulati étables des r où ement tout était placé leur aménage un engraiss aussi même sous un toit. Werner voulait en cages, on peut Ce mode de garde permet lapins les s. toutefois construir Au lieu de détenir étages et chambre e Le nouveau couloir matière. ant plusieurs plus nous serons s suisses en la d’alimentation. maison comport à son sujet, é des pionnier ances fascine démontr le connaiss l’ont r ce qui . Plus on a de rentable comme pour explique de lance Felix Näf un animal exigeant élevait déjà près «Le lapin est que nous savons», t ses parents, il ation jouissan peu de choses A la ferme de conscients du et bondissants. une branche d’exploit secteur. animaux laineux ce hobby précoce tant dans ces Il a fait de ce la région dans il était enfant. des paysans de collabore avec 200 lapins quand ives d’avenir et de bonnes perspect respec de garde respecr de lapin issue sur la viande s de garde à l’étrange suisses se sont distributeurs Piètres condition grand distributeur Coop a misé es le lorsque les grands Ce sont les mauvais . s’est amplifiée Dès 1999 déjà, à la fin 2008. . La demande cette décision viande de lapin à l’origine de tueuse des animaux importations de volontaire des de l’Est qui furent euse des animaux imposé un arrêt et dans les Etats de garde respectu garde en France de viande issue e en Suisse. 1 conditions de suffisamment de lapins pratiqué distributeurs Livrer aux grands la détention agricole Les taureaux reproducteurs sont logés dans une simple stabulation à front ouvert. et un défi pour est une chance
1
• Le comportement des animaux de rente • Des aménagements d’étables conformes aux animaux Format A4, télécharger via www.protection-animaux.com/publications > ANIMAUX DE
Les taureaux ont besoin de beaucoup d’espace Il pourrait aussi s’agir d’une stabulation à front ouvert pour des bovins d’élevage, des vaches allaitantes ou des taureaux à l’engrais: il comporte un couloir central avec, de chaque côté, une aire d’exercice non couverte et une surface de repos couverte. Mais les animaux profitent de davantage d’espace que des taureaux à l’engrais. Les grands et puissants taureaux ont besoin d’espace pour pouvoir s’éviter les uns les autres. Dans les boxes à trois aires du Forenhof, 6 taureaux sont systématiquement côté à côte. Chacun des 14 boxes est subdivisé en une surface de repos sur plan incliné à l’arrière, une aire d’exercice non couverte et une aire d’alimentation couverte. Les boxes ont 13 m de profond et 5 de large; chaque animal a donc 11 m2 en tout à sa disposition, 4,5 m2 de plus que ne l’exige l’ordonnance sur la protection des animaux pour de lourds taureaux reproducteurs. Il y a 6,25 m2/animal de surface de repos, 2,50 m2/animal d’aire d’exercice non couverte et 2,25 m2/animal d’aire d’alimentation couverte.
1
tKS 1.1
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