Protection des animaux et élevage porcin

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PROTECTION DES ANIMAUX ET ELEVAGE PORCIN NECESSITE D’AGIR

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


Nécessité d’agir dans l’élevage porcin L’élevage porcin suisse a beaucoup évolué au cours des dernières décennies. La taille des exploitations a rapidement augmenté et les pratiques cruelles pour les animaux telles que la détention en logette ou la castration des porcelets sans élimination de la douleur ont été interdites. Environ la moitié des porcs sont maintenant détenus dans de meilleures conditions comme l’exige la législation sur la protection des animaux. Ils disposent de plus d’espace, de couches garnies de litière et de sorties en plein air. La demande de viande de porc provenant de ces formes de détention augmente. Désormais, presque tous les détaillants proposent ce type de viande labellisée. Toutefois, cette brochure montre aussi qu’il reste encore beaucoup à faire en matière de protection des animaux. En effet, le comportement et les besoins innés des porcs ne sont toujours pas respectés, ou trop peu, dans les pratiques actuelles de détention. Mais cette brochure ne se contente pas dénoncer des situations, elle expose aussi des solutions concrètes. Sa lecture fournit aussi une mine d’informations importantes sur l’élevage des porcs ainsi que des recommandations relatives à la consommation et aux labels courants de bien-être animal.

Contenu Généralités 3 Taille des exploitations et consommation 3 Alimentation 4 Aspects économiques 4 Évolution de la protection des animaux 5 Recours aux antibiotiques 6 International 7 Détention des animaux et production de viande dans le monde 7 Production de viande de porc dans le monde 8 Problèmes de protection des animaux 9 Espèce porcine en Suisse 9 Comportement des porcs 12 Élevage conventionnel et labellisé 14 Contrôles et surcoûts de l’élevage labellisé 15 Place des formes d’élevage conven­tionnel et respectueux des animaux 16 Préoccupations, demandes 17

Nous vous souhaitons une agréable lecture. Dr Hansuli Huber, sc. nat., ing. agr. dipl. EPF Cesare Sciarra, , ing. agr. dipl. EPF Editeur Protection Suisse des Animaux PSA Dornacherstrasse 101 case postale CH-4018 Bâle tél. 061 365 99 99 fax 061 365 99 90 CCP 40-33680-3 psa@protection-animaux.com www.protection-animaux.com

Auteurs Dr Hansuli Huber, sc. nat., ing. agr. dipl. EPF Directeur du domaine technique Protection Suisse des Animaux PSA Cesare Sciarra, dipl. ing. agr. EPF Service de contrôle de la Protection Suisse des Animaux PSA

Photos iStock, STS, Jan Peifer, Jakob Spring © 2019

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PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


Généralités Tailles des exploitations et consommation L’élevage porcin est notre quatrième filière agricole après la production végétale, l’économie laitière et l’engraissement des bovins. On ne comptait que 900 000 porcs en 1950 alors qu’ils étaient 2,2 millions dans les années 80. Depuis lors, le cheptel recule, ce qui diminue l’impact sur l’environnement. Aujourd’hui, les porcheries suisses comptent environ 1,4 million de porcs: 120 000 truies, 2600 verrats, 572 000 por-

de 3 mois, 3 semaines et 3 jours. Les por-

des entreprises et unions profession-

celets et 765 000 porcs à l’engrais et re-

celets sont généralement allaités pen-

nelles de la filière viande et de la filière

montes.

dant quatre à cinq semaines. Un por-

porcine, il faut s’attendre à un recul de

La taille moyenne des exploitations

celet de 25 kg environ devient un goret

la consommation de la viande de porc.

a doublé au cours des vingt dernières

qui sera ensuite engraissé pendant une

La très grande majorité estime que les

années, passant de 110 à 220 porcs. 220

centaine de jours dans une exploita-

exploitations conventionnelles et label-

porcs, cela fait beaucoup, mais ce n’est

tion d’engraissement jusqu’à ce qu’il

lisées coexisteront encore dans dix ans.

pas grand-chose à l’échelle internatio-

pèse 105 kg. Chaque année, 2,7 mil-

75 % des personnes interrogées sont

nale. Les principaux pays producteurs

lions de porcs sont abattus en Suisse,

d’avis que prévaudront les porcheries

de l’UE, les Pays-Bas et le Danemark dé-

ce qui correspond à 182 000 tonnes de

labellisées sur la base des programmes

tiennent en moyenne respectivement

viande prête à vendre. La consomma-

SST (système de stabulation particu-

2000 et 3000 porcs par exploitation. En

tion de porc par habitant est en baisse.

lièrement respectueux des animaux) et

Espagne, plusieurs exploitations gigan-

Elle était de 25,4 kg en 2007 et est encore

SRPA (sorties régulières en plein air).

tesques, qui produisent chacune 500

aujourd’hui de 22,5 kg. Mais la consom-

57 % pensent également que l’élevage

000 porcs à l’engrais par an, sont en

mation de porc occupe toujours la pre-

de porcs en plein air et au pâturage va

train de voir le jour. Tandis que les éle-

mière place, suivie avec 12 kg par la vo-

augmenter, sachant que 82 % voient

veurs de porc suisses produisent 95 % de

laille qui provient à 50 % de l’étranger,

dans la stabulation temporaire associée

la demande intérieure, les Néerlandais

tandis que 95 % de la viande de porc sont

au pâturage (truies) resp. dans les sor-

produisent le triple et les Danois même

d’origine suisse. Le bœuf arrive en troi-

ties sur sol naturel (porcs à l’engrais) le

le sextuple de leurs besoins. En effet, la

sième place avec une consommation

potentiel le plus important, et non dans

politique agricole de l’UE vise principa-

de 11,3 kg par habitant, dont 82 % sont

la détention permanente à l’extérieur.

lement une production à bas prix et une

produits en Suisse. La situation est dif-

Au vu du déclin de l’alpage des vaches

production excédentaire pour appro-

férente au niveau mondial où la produc-

laitières, 82 % des personnes interrogées

visionner leurs marchés domestiques

tion totale et la consommation de porc,

ont estimé que le nombre de porcs d’al-

et pour l’exportation – et non le bien-

en tête pendant des décennies, ont été

page diminuerait à l’avenir.

être des animaux et une production de

dépassées par la volaille. Cela tient au

La proportion de végétariens et de

qualité. Aux États-Unis, les élevages de

fait que la volaille est nettement moins

véganes purs et durs est encore relati-

porcs familiaux, autrefois typiques de

chère, que sa préparation est beaucoup

vement modeste. Une enquête repré-

la région agricole du Middle-West, ont

plus facile et qu’il n’existe pas de ta-

sentative de Proviande (2017) dévoile

été évincés voilà plusieurs décennies

bou quant à sa consommation comme

même que 96 % des Suisses âgés de

par des usines à cochons industrielles,

pour le porc (chez les musulmans) ou la

17 à 70 ans consomment de la viande,

propriétés d’investisseurs et de socié-

viande de bœuf (chez les hindous).

70 % trois à quatre fois par semaine et

tés. Elles comptent environ 2500 à 5000

Selon une enquête de la PSA réali-

20 % une à deux fois. Néanmoins, ces

truies et 50 000 à 250 000 porcs à l’en-

sée en août 2017 auprès des fédérations

chiffres indiquent que «notre viande

grais!

cantonales de paysans, des services can-

quotidienne» appartient maintenant au

tonaux de l’agriculture, des détaillants,

passé. La tendance est plutôt aux flexita-

La période de gestation d’un porc est

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3


riens qui ne consomment pas de viande

Lorsqu’un porc est abattu, un tiers

plusieurs fois par semaine. Les détail-

de la carcasse finit à la poubelle, la moi-

lants, les restaurateurs et les éleveurs de

tié pour une vache. En Suisse, 450 000

porcs seraient bien avisés de lire atten-

tonnes de viande sont produites chaque

tivement cette étude qui révèle que les

année. Cela représente 220 000 tonnes

Suisses sont tout à fait disposés à payer

de sous-produits animaux qui, après

davantage pour consommer des pro-

les expériences faites avec la vache folle

duits d’origine suisse labellisés, alors

(ESB) et l’interdiction totale d’alimen-

que seulement 13 % des personnes in-

ter les animaux de rente avec des farines

terrogées estimaient que l’on devrait

d’origine animale, sont aujourd’hui en

qualifier l’élevage porcin conventionnel

grande partie éliminés, c.-à-d. inciné-

de «conforme aux besoins de l’espèce»

rés. Bien sûr, il ne faut pas toucher à l’in-

1.

selon la législation standard sur la pro-

terdiction de cannibalisme qui consiste

rents morceaux de porc augmentent de-

tection des animaux.

à nourrir un animal avec de la farine

puis des décennies, alors que les prix à la

animale provenant de sa propre espèce,

production ont tendance à baisser.

Alimentation

Prix de vente en CHF Rôti Côtelettes Pour comparaison en € Escalope Pour comparaison en €

2007 2016 16.70 17.90 18.70 20.90 D: 5.40 A: 6.90 24.30 25.70 D: 6.80 A: 8.20

La PSA tire les conclusions suivantes: Les prix de vente au détail des diffé-

comme ce fut le cas jusqu’en 1990. Mais

Les porcs sont omnivores et vivent à

le gaspillage extrême actuel de la res-

2.

l’état sauvage de graines, de fruits, de

source «sous-produits animaux» de-

chers/commerce de détail) sont nette-

racines, de jeunes plantes, de baies

vrait être l’occasion de réfléchir à une

ment plus élevées en Suisse qu’à l’étran-

et de charognes. En porcherie, la ra-

alternative plus pertinente que l’inciné-

ger. Or, tout bien considéré, seulement

tion consiste de nos jours en un mé-

ration. D’autant plus que cette interdic-

environ 40 % de chaque franc dépensé

lange très élaboré de fourrage concen-

tion a contribué, ces dix dernières an-

en viande de porc reviennent en réalité

tré contenant comme ingrédients de

nées, à la forte augmentation des im-

aux producteurs.

base des céréales, du maïs et du soja.

portations écologiquement discutables

On leur donne également du petit-lait

de concentrés venus, par exemple,

3.

et d’autres sous-produits.

d’Amérique du Sud.

suisses pouvaient livrer gratuitement

La fabrication de denrées alimen-

Les marges des distributeurs (bou-

Même si les engraisseurs de porcs

leurs animaux, la viande de porc res-

taires d’origine végétale, p. ex. les cé-

Aspects économiques

terait beaucoup plus chère en magasin

réales ou les pommes de terre, im-

Les coûts de production des éleveurs de

qu’à l’étranger.

plique la production de 250 000 tonnes

porc suisses sont supérieurs à ceux de

de substances alimentaires impropres

leurs concurrents étrangers en raison

4.

à la consommation humaine. Les porcs

des prix plus élevés des aliments, du

«haut niveau de protection des ani-

comme excellents omnivores et recy-

coût supérieur du travail et des struc-

maux» est responsable des prix de vente

cleurs de déchets seraient justement

tures agricoles. Les prix à la production

relativement élevés de la viande de porc

prédestinés à leur consommation. Mais

sur le marché intérieur se sont établis

en Suisse est objectivement entière-

ces 250 000 tonnes permettraient pour-

l’an dernier autour de 3.80/kg de poids à

ment faux. Les éleveurs ne produisent

tant de ne rassasier qu’un tiers des

l’abattage, tandis que l’élevage labellisé

pas trop cher en Suisse et ne sont pas

porcs engraissés aujourd’hui. Les porcs

génère des prix environ 10 % plus éle-

responsables des prix de vente plus éle-

suisses consomment une quantité d’ali-

vés (Label/Naturafarm: 4.20/kg). Dans

vés des denrées alimentaires par rap-

ments concentrés trois fois supérieure.

l’UE, les prix à la production avoisinent

port à l’étranger.

Rien d’étonnant à ce que leurs impor-

2.0/kg et aux États-Unis même seule-

tations aient quadruplé au cours des

ment 1.0/kg.

Au vu de ces faits, affirmer que le

Pour pouvoir néanmoins gagner de

vingt dernières années pour atteindre

Toutefois, les prix de vente relati-

l’argent en élevant des porcs, les éle-

aujourd’hui près de 970 000 tonnes, soit

vement élevés en Suisse du porc chez

veurs tentent de réduire les coûts. Ils

près de 60 % de la demande totale, dont

le boucher et dans le commerce de dé-

agrandissent les exploitations et inten-

la moitié est constituée de sources de

tail n’ont pas leur origine dans des prix

sifient la production via la sélection des

protéines, comme le soja. Environ 45 %

à la production plus élevés, comme le

animaux. Si on parvient, par exemple, à

de ce 1,7 million de tonnes d’aliments

montre le tableau ci-dessous.

améliorer d’un dixième la valorisation

concentrés sont consommés par des

des aliments d’un porc, cela correspond

porcs, 30 % par des bovins (dont les 2/3

à une économie de 8 kg d’aliments pour

sont des vaches laitières) et 20 % par des

animaux et donc, de 5 francs suisses par

volailles.

animal. Les poulets d’engrais sont les

4

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seuls aujourd’hui à avoir une valorisation plus efficace que les porcs à l’engrais: pour prendre 1 kg, 1,6 kg d’aliments concentrés leur suffit. Le nombre de porcelets qu’une truie peut mettre au

Évolution de la protection des animaux

monde par portée ainsi que le nombre

Comparativement aux normes d’il y a

d’entre eux qui pourra être élevé est un

20 ans et à celles actuellement en vi-

Basse-Saxe, bastion allemand de l’éle-

autre moyen d’agir sur la réduction des

gueur dans l’Union européenne, les

vage du porc, un éleveur de truie per-

coûts. En 2000, on pouvait vendre par

éleveurs suisses de porcs peuvent

çoit 165 francs par animal pour ne pas

portée de grand porc blanc suisse moins

notamment faire état d’un certain

parquer des truies allaitantes dans la

de 11 porcelets. Aujourd’hui, on arrive

nombre d’améliorations en matière

logette interdite en Suisse. En Suisse,

à 13!

de protection des animaux. La déten-

un paysan qui loge ses truies dans

tion en groupe des truies gestantes

une porcherie spacieuse et, en plus

est ainsi devenue obligatoire, tandis

de cela, les laisse sortir en plein air

que la détention en logette, source de

ne reçoit que 90 francs! En Suisse, il

souffrance pour les animaux, reste au-

est interdit de couper les queues des

torisée dans l’UE, du moins dans les

porcelets. En Basse-Saxe, un éleveur

petites exploitations. Il est interdit en

de porcs perçoit 18 francs par animal

Suisse d’immobiliser des truies allai-

uniquement pour s’en abstenir.

Année 1980 2010 Prise de poids/jour 800 g 930 g Morceaux nobles 52 % 57 % Valorisation des aliments* 3 kg 2.5 kg * Aliment utilisé par kg pris

être animal par le Conseil fédéral. En

tantes et de castrer les porcelets mâles

Le Conseil fédéral, à l’instar du

Les efforts opérés en matière de sélec-

sans étourdissement ni élimination

commerce de détail, se flatte volon-

tion visant à réduire les coûts de pro-

de la douleur, interdiction exception-

tiers de ses actions en matière de

duction ont toutefois des inconvé-

nelle à l’échelle mondiale. En octobre

protection de l’environnement et du

nients sur le plan de la protection des

2018, les engraisseurs de porcs sont

bien-être des animaux, tout en ras-

animaux, comme signalé à partir de la

aussi passés d’une densité d’élevage de

surant les consommateurs et les éle-

page 9. La PSA est d’avis que de nom-

0,65 m² à 0,90 m² par porc à l’engrais.

veurs déstabilisés par sa prétendue

breuses solutions techniques visant à

La volonté généralement forte des

stratégie de qualité. Mais il contre-

réduire les coûts de production dans

éleveurs suisses de porcs de miser sur

vient lui-même à cette stratégie en

les exploitations n’ont souvent valu

des systèmes de stabulation respec-

imposant l’ouverture des frontières

aux animaux que des problèmes, des

tueux des animaux est aussi très bon

et l’augmentation des importations

douleurs et des souffrances, sans que

signe. Ces porcheries labellisées avec

de denrées alimentaires bon marché,

pour autant la majorité des éleveurs ait

plus d’espace, plus de litière et plus

très largement en dessous des normes

pu en profiter. La part qui leur revient

de sorties en plein air constituent une

suisses en matière de protection de

sur le franc que paie le consommateur

nette amélioration pour les animaux.

l’environnement et des animaux. Mal-

ne cesse de diminuer bien que les prix

Cependant, on a constaté au cours des

heureusement, ces «fake news» pro-

de la viande augmentent en magasin!

cinq ou six dernières années un léger

pagées par Berne et par la publicité

Si nous voulons que les animaux

recul de la proportion des systèmes

pour la viande produisent des effets

soient traités différemment, les fer-

de stabulation respectueux des ani-

dans la population. Un sondage ré-

miers doivent en contrepartie bé-

maux que l’on peut mesurer à l’aune

cent effectué auprès de 1000 citoyens

néficier davantage de ce que paie le

de la participation au programme fé-

par Demoscope pour le compte de la

consommateur et obtenir des prix

déral volontaire de protection des ani-

PSA a révélé que, au bas mot, 39 % es-

nettement supérieurs lorsqu’ils pra-

maux «sorties régulières en plein air»

timent que les porcs à l’engrais sont

tiquent un élevage paysan conforme

(SRPA). Ce chiffre a régressé d’environ

détenus dans des conditions respec-

aux besoins de l’espèce animale. Sans

55 % à un peu moins de 50 % des porcs

tueuses des animaux (contre 41 % qui

quoi, la voie pour un élevage industriel

élevés en Suisse. De l’avis de la PSA,

affirmaient le contraire). La principale

est aussi toute tracée dans ce pays, en

cela s’explique par le forcing effectué

raison invoquée était à 86 % les dispo-

dépit de la législation sur la protection

par le commerce de détail au cours de

sitions «strictes» en matière de protec-

des animaux et des programmes de

la dernière décennie pour avoir des

tion des animaux.

promotion du bien-être animal!

gammes de produits bons marché,

À l’instigation de l’Association

au détriment des produits labellisés

Suisse des producteurs de porcs, Suis-

de haute qualité, ainsi que par l’in-

seporcs, la taille maximale de cheptel

suffisance de la promotion du bien-

autorisée en Suisse a été portée il y a

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

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15 ans à 2000 animaux par exploitation. Cela a rendu un mauvais service

Recours aux antibiotiques

à la grande majorité des petits producteurs de porcs – une exploitation

Pionnière, la Suisse a été le deuxième

tation à l’autre. Alors qu’en moyenne

moyenne n’a que 220 porcs – alors

pays après la Suède à interdire dès 1998

18 % des exploitations utilisent des an-

que les grandes exploitations qui pro-

l’utilisation de stimulateurs de perfor-

tibiotiques à titre prophylactique chez

duisent à bas coûts exercent toujours

mance antimicrobiens (SPA). L’UE ne

les porcelets allaités, 42 % des exploi-

une pression concurrentielle sur les

s’est associée à l’interdiction qu’en

tations en RTPP y ont recours, soit plus

petites entreprises, ce qui contraint, ici

2008. En dehors de l’Europe, l’utilisa-

du double! La PSA désapprouve, par

aussi, de plus en plus de petits éleveurs

tion des SPA est très répandue et lé-

conséquent, la méthode RTPP pour

de porcs à jeter l’éponge. Néanmoins,

gale. On pratique même l’utilisation

des raisons de santé et de protection

les différences restent frappantes par

d’hormones pour augmenter les per-

des animaux.

rapport à l’UE où il n’y a plus, depuis

formances dans l’engraissement du

Selon des études menées par l’Uni-

longtemps, aucun petit éleveur de

porc dans certains pays comme le Bré-

versité de Zurich, une truie mère a

porcs dans les grands pays produc-

sil. En abandonnant les SPA en 1998,

été traitée avec des antibiotiques en

teurs dans lesquels des entreprises in-

l’agriculture suisse a permis d’écono-

moyenne 0,9 jour par an. Les antibio-

dustrielles règnent en maître.

miser des dizaines de milliers de kilo-

tiques sont essentiellement utilisés à

grammes d’antibiotiques.

des fins prophylactiques et thérapeu-

La sensibilité croissante de la so-

tiques en cas d’inflammations utérines

ciété s’agissant des germes résistants

et/ou mammaires, associées à une di-

a incité les paysans suisses également

minution de la lactation ainsi qu’à un

à réduire désormais l’utilisation pré-

mauvais état corporel avant la mise

ventive et thérapeutique des antibio-

bas. Les porcelets sevrés (gorets) ont

tiques dans l’élevage. La filière por-

été traités aux antibiotiques pendant

cine a lancé en 2016 le projet «Suis-

4,4 jours, du sevrage à la vente, et 86 %

Sano» qui vise par des mesures ciblées

des exploitations ont utilisé des anti-

l’amélioration de la santé des animaux

biotiques à titre prophylactique pour

et la diminution de la consommation

prévenir la diarrhée, fréquemment de

d’antibiotiques. La PSA se félicite de

la colistine, un antimicrobien de der-

ce projet. Elle est convaincue qu’une

nier recours. Les porcs à l’engrais ont

meilleure gestion de la santé et de l’hy-

été traités aux antibiotiques pendant

giène, mais aussi des améliorations des

4,8 jours en moyenne au cours de la

conditions de détention des animaux

période d’engraissement, 37 % des ex-

(plus d’espace, de litière, de sorties et

ploitations les utilisant à titre prophy-

de pâturage ou d’élevage en plein air)

lactique.

ainsi qu’une sélection axée sur la santé

L’Agence fédérale allemande pour

et la résistance des animaux plutôt que

l’évaluation des risques a établi un lien

sur les très hauts rendements peuvent

clair entre le nombre de porcs déte-

permettre d’améliorer considérable-

nus par exploitation et l’apparition de

ment le bien-être des porcs et de ré-

germes multirésistants (SARM). Alors

duire sensiblement le recours aux an-

que le SARM était détectable dans 28 %

tibiotiques.

des exploitations comptant moins de

La répartition du travail dans la pro-

500 porcs, ce pourcentage était de 67 %

duction de porcelets (RTPP), dans la-

dans les grandes exploitations comp-

quelle les exploitations se spécialisent

tant plus de 1000 animaux et de 71 %

dans la mise bas, l’élevage des porce-

dans les exploitations gigantesques

lets, la détention de truies gestantes

comptant 5000 animaux et plus! En

ou l’engraissement, est une pratique

revanche, seulement 13 % des exploi-

particulièrement extrême, très encline

tations biologiques présentaient un

à recourir massivement aux antibio-

SARM.

tiques. Elle entraîne des déplacements très fréquents des truies d’une exploi-

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PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


International Détention des animaux et production de viande dans le monde

ros/kg, soit environ un milliard d’euros.

Alors que la Suisse délocalise de plus

Dans plusieurs pays africains, la pro-

en plus sa production alimentaire à

duction locale s’est effondrée. L’Afrique

l’étranger, elle est devenue proportion-

du Sud porte maintenant plainte contre

nellement l’un des plus grands impor-

l’UE devant l’OMC. Qu’aurait-on pu

tateurs mondiaux de produits alimen-

faire avec ce milliard compensé par les

taires. Contrairement à l’UE, aux États-

contribuables européens, par exemple

Unis, au Brésil ou à l’Océanie, elle ne

pour développer l’élevage de volaille en

produit pas d’excédents de viande et

Afrique, combien d’emplois et de pers-

d’œufs, mais se limite à une produc-

pectives aurait-on pu créer que les Afri-

tion modérée. Près de 100 millions

cains viennent maintenant chercher

d’animaux meurent chaque année

en Europe? Même constat avec le lait:

à l’étranger pour notre approvision-

les excédents de lait de l’UE sont sou-

nement en fromages, viande et œufs,

vent transformés en lait en poudre qui

tendance à la hausse en raison de l’ac-

servent ensuite à fabriquer des produits

croissement de la population.

laitiers en Afrique. Ces produits sont

a compensé la différence au prix payé au producteur, qui est d’environ 2,2 eu-

Les Pays-Bas, qui ont une super-

moins chers dans les supermarchés afri-

ficie comparable mais sont deux fois

cains que les produits laitiers locaux, ce

plus peuplés que la Suisse, ont un degré

qui ne cesse de réduire les débouchés

d’autosuffisance en œufs de 300 % (CH:

des producteurs locaux.

55 %), en volaille de 220 % (CH: 55 %), en viande de porc de 300 % (CH: 95 %) et exportent les 2/3 de leurs produits laitiers (CH: 17 %). Bien entendu, les PaysBas doivent importer la majeure partie des aliments concentrés, nettement plus que la Suisse. La densité d’animaux de rente extrême dans le pays entraîne une surfertilisation des sols et oblige à exporter du lisier, par exemple en Allemagne! Mais ni ces importations élevées d’aliments pour animaux, ni la production très excédentaire, ni la production dévastatrice de lisier ne sont remis en question là-bas. D’ailleurs, en Suisse non plus où l’on importe en grande quantité des œufs et de la volaille des Pays-Bas. Alors que la Suisse doit importer plus de 100 000 tonnes de viande, l’UE produit, à elle seule, 6,5 millions de tonnes d’excédents. C’est 13 fois plus que la production totale de la Suisse. En 2015, l’UE a bradé 680 000 tonnes de volaille, soit 11 fois plus que la production totale suisse! – à 70 centimes le kilo en Afrique. Le contribuable de l’UE

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

Nombre d’animaux de rente dans le monde Milliards Part CH en % Bovins 1.0 0.1 Porcs 0.755 0.2 Volaille 20.0 0.03 Total 21.755 0.33 dont Chine 5.5 États-Unis 2.23 Indonésie 2.0 Brésil 1.36 Iran 0.93 Irak 0.75 Mexique 0.54 Russie 0.50 Pakistan 0.46 Malaisie 0.34 Vietnam 0.31

Production de viande dans le monde 1960 1980 2000 2010 2017

71 millions de tonnes 180 millions de tonnes 230 millions de tonnes 293 millions de tonnes 322 millions de tonnes*

* dont Suisse: 300 000 tonnes de production propre = 1 pour mille * dont 118 millions de tonnes de volaille 115 millions de tonnes de viande de porc 70 millions de tonnes de viande bovine 15 millions de tonnes de viande ovine/ caprine 4 millions de tonnes autres

Comparaison UE-CH des importations et exportations de viande Importations CH 110 000 t * 660 millions CHF UE 1.5 million de t *** 7.84 milliards Euro

Exportations 26 000 t ** 57 millions CHF 6.54 millions de t ****

* 50 000 t de volaille, 22 000 t de bœuf, 17 000 t d’abats, 7000 t d’agneau, 3000 t de cheval ** 19 000 t d’abats, 5000 t de porc/lard *** 900 000 t de volaille, surtout Brésil et Thaïlande **** 4,1 millions de t de porc (60%), surtout vers l’Asie, surtout la Chine, 1,6 million de t (25%), surtout vers l’Afrique du Sud, les Philippines, Hong Kong

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Production de viande de porc dans le monde entier

Les cinq plus grands entreprises

Il suffirait aux deux géants de la viande

d’abattage de porcs sont

de porc de l’UE, Danish Crown et Tönnies, d’abattre chaque jour ouvrable

La production et la consommation de viande de porc s’élèvent à environ

1. WH

Group (Chine, États-Unis,

30 minutes de plus pour couvrir tous

115 millions de tonnes dans le monde,

Pologne, Roumanie, Mexique) avec

les besoins de la Suisse. C’est pourquoi

dont 12 % arrivent sur le marché mon-

50 millions de porcs de boucherie

même si Bell et Micarna sont, vus d’ici, de grandes entreprises d’abattage et de

dial. Ces 14 millions de tonnes, qui font le tour du monde, représentent

2. Danish

Crown (Danemark, Alle-

boucherie, elles ne seraient plus guère

56 fois la production des éleveurs de

magne, Pologne, Suède, Grande-Bre-

compétitives sur le marché de la viande

porc suisses! Les principaux pays pro-

tagne) avec 21 millions

en cas d’ouverture des frontières. Les grands abattoirs industriels à

ducteurs sont la Chine (50 millions de tonnes), les États-Unis (10), l’Alle-

3. Tyson

magne (5,6) et l’Espagne (3,5). À titre de

20 millions

Foods (États-Unis) avec

à l’heure et par chaîne d’abattage, soit deux fois plus que les chaînes d’abat-

comparaison, la Suisse produit 250 000 tonnes par an. Le plus grand transformateur de

l’étranger abattent jusqu’à 500 porcs

4.

JBS S.A. (Brésil, États-Unis) avec

tage suisses. Il n’est plus possible à de telles vitesses de mise à mort de véri-

19 millions

fier sérieusement la sécurité de l’étour-

viande de porc est l’ancien groupe américain Smithfield qui a été vendu à

5. Tönnies

la Chine en 2014 et appartient main-

avec 17 millions.

(Allemagne, Danemark)

dissement. Cela signifie qu’éventuellement des centaines de porcs qui n’ont

tenant à WH Group. Son chiffre d’af-

pas été correctement étourdis sont in-

faires annuel devrait approcher les 13

détectables rapidement et peuvent

milliards de dollars. Rien qu’aux États-

saigner à mort ou même entrer dans le

Unis, Smithfield abat 113 000 porcs par

processus d’abattage alors qu’ils sont

jour. Smithfield exploite également

conscients!

des sites de production en Pologne et en Roumanie et devrait avoir perçu de l’UE 20 millions d’euros de subventions tandis que, dans ces pays, les petits éleveurs traditionnels de porcs et les petits abattoirs décentralisés ont dû mettre la clé sous le paillasson.

8

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


Problèmes de protection animale Espèce porcine en Suisse

chaine portée. Dans l’élevage porcin, la

chaud et confortables, les truies allai-

Les porcs sont des animaux qui ont un

séparation est opérée artificiellement

tantes souffrent des températures éle-

instinct familial prononcé, en particu-

et brusquement par l’homme pour des

vées, car elles génèrent nettement plus

lier les mères et les filles qui sont très

raisons économiques. En Suisse, cela se

de chaleur corporelle à cause de la lac-

proches l’une de l’autre durant leur vie.

produit généralement quand les porce-

tation. Par conséquent, les besoins de

Or, depuis une centaine d’années, l’éle-

lets ont entre quatre et cinq semaines;

chaleur des truies et de leurs bébés

vage porcin ne tient pratiquement plus

à l’étranger, parfois dès deux à trois

diffèrent presque de 15 degrés. Néan-

compte des caractéristiques sociales

semaines. Le comportement naturel

moins, ils doivent vivre dans la même

de ces animaux. Le concept de sta-

mère-petit est ainsi partiellement em-

porcherie. Pour prendre les deux en

bulation familiale du chercheur com-

pêché. Plus les porcelets sont sevrés tôt,

compte et éviter le stress dû à la cha-

portementaliste zurichois Alex Stolba,

plus leur élevage est compliqué et diffi-

leur ou au froid, il existe des nids chauf-

datant des années 1980, n’est malheu-

cile et plus ils tendent à présenter des

fés pour porcelets et des possibilités de

reusement jamais parvenu à s’impo-

troubles du comportement. Les erreurs

sorties en plein air pour la truie. Cela

ser. Même les exploitations qui pra-

de détention et d’alimentation peuvent

permettrait aussi de garder plus propre

tiquent à la fois l’élevage et l’engrais-

rapidement nuire à la santé, au bien-

le box d’allaitement, car les porcs pré-

sement, donc qui fonctionnent en cir-

être et au développement ultérieur.

fèrent faire leurs déjections à l’extérieur. Or il se trouve que seules 6 % des

cuit, se font de plus en plus rares, bien que la situation soit ici meilleure pour

Absence de sortie: seul un porcelet se-

truies allaitantes ont de nos jours la

la santé des animaux. Aujourd’hui, la

vré sur vingt a la possibilité de sortir,

possibilité de sortir.

détention des truies qui produisent

même si la liberté de mouvement, l’air

des porcelets pour l’engraissement

frais et le soleil leur feraient du bien.

ainsi que l’engraissement des porcs se

Box de couchage et d’affouragement non conforme à la protection des animaux pour truies gestantes: la logette

Mouvement et occupation insuffisants: la détention de trois porcelets

qui sert simultanément de mangeoire

sur un mètre carré est autorisée, mais

ne peut être qu’insuffisamment cou-

un renouvellement de la litière pour se

verte de litière et oblige chaque truie à

Déficits lors de la castration: selon

coucher ou pour fouir, avoir de l’occu-

se coucher dans une certaine position

des études menées par l’Université

pation et mastiquer ne sont pas obli-

à l’étroit. L’espace à l’arrière est trop

de Zurich ainsi que d’après les expé-

gatoires. Plus d’un tiers des porcelets

peu spacieux pour se déplacer libre-

riences du service de contrôle de la

sont encore détenus dans des condi-

ment et les truies n’ont aucune possi-

PSA, tous les porcelets castrés ne l’ont

tions aussi restrictives. Cette restric-

bilité de sortir à l’extérieur. Les truies

pas été dans le respect de la législa-

tion massive de la mobilité et de l’oc-

ne peuvent pas s’éviter ou se mettre

tion sur la protection des animaux qui

cupation des animaux peut entraîner

en retrait – p. ex. en cas de combats de

exige clairement un étourdissement

des troubles du comportement et des

hiérarchie. On estime que 10 à 20 %

correct et l’élimination de la douleur.

blessures.

des truies gestantes sont encore déte-

déroulent la plupart du temps dans différentes exploitations spécialisées.

Porcelets

nues aujourd’hui dans des conditions

Des mesures concrètes s’imposent de l’analgésique Metacam et l’étour-

Protection contre le froid pour le couchage: en hiver, les porcelets sevrés

dissement au gaz isoflurane. Lors de

peuvent geler lorsqu’ils sont au repos

l’anesthésie par injection, un étourdis-

dans des porcheries non isolées, ce

sement insuffisant a été constaté chez

dont témoigne le fait que les animaux

Détention en logette pour des truies vides: ce type de détention n’est auto-

un tiers des porcelets examinés.

s’entassent. Ils ont donc besoin d’un

risé que brièvement jusqu’à une nou-

nid à porcelets bien couvert de litière

velle saillie. Il inhibe totalement le

et bien protégé.

comportement normal des animaux,

concernant l’administration correcte

Sevrage précoce: dans la nature, les truies et les porcelets restent ensemble

contraires à la loi sur la protection des animaux.

condamnés à manger, rester allon-

pendant des mois. Le lien se distend

Truies

au fil du temps jusqu’au moment où la

La détention en box individuel ou en

mère ne veut plus rien savoir de ses pe-

Besoins thermiques différents et manque de sorties: tandis que les por-

tits juste avant la naissance de la pro-

celets nouveau-nés aiment être au

possibles.

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

gés et debout, pendant cette période. groupe représente des alternatives

9


naissance à 2 porcelets de plus qu’il y a 25 ans, mais au bout de quatre semaines cet avantage se réduit à un seul porcelet. Cela signifie en même temps que de plus en plus de porcelets sont chétifs et meurent dans la souffrance. Les truies allaitantes sont très sollicitées par les nombreux porcelets et il n’est presque plus possible de les nourrir pour fournir le rendement attendu. Immédiatement après le sevrage des porcelets, elles redeviennent gestantes, ce qui requiert de leur corps de fournir constamment d’énormes performances de reproduction et de lactation. Cela se fait au détriment des animaux. La plupart des truies, complètement émaciées et taries, sont em-

Trop peu de sorties: un tiers des truies

quand ils sont détenus en plein air ou

menées à l’abattage après cinq por-

gestantes sont détenues en perma-

sous la douche sur un parcours exté-

tées. Elles sont alors âgées d’à peine

nence dans la porcherie et n’ont au-

rieur. Ils apprennent vite à actionner le

3 ans, ce qui est encore jeune pour un

cune possibilité de sortir, alors que le

bouton-poussoir avec leur groin pour

porc. Cette «mentalité du gaspillage»

mouvement, l’air frais et le soleil sont

prendre une courte douche. Comme

entraîne un taux élevé d’élevage de

très importants pour la santé.

les porcs adultes sont peu souples, ils

jeunes truies, ce qui limite la marge de

ont besoin pour leur propreté de pou-

manœuvre économique des paysans.

Pas de pâturage: bien que les truies

voir se gratter le dos, les flancs et l’ar-

soient parfaitement capables de man-

rière-train. À l’exception de la déten-

Transport excessif: alors qu’il était

ger de l’herbe un peu haute, l’élevage

tion en plein air, pratiquement toutes

jadis d’usage qu’un paysan ait des

au pâturage est aujourd’hui pratique-

les autres formes de détention ne per-

truies et qu’il engraisse leurs petits, la

ment inexistant en Suisse, alors que

mettent pas de satisfaire l’un des be-

branche se spécialise depuis plus de

c’était encore la première option il y a

soins les plus essentiels des porcs qui

trente ans dans des éleveurs qui pro-

60 ans. La mise au pâturage régulière

consiste à fouir. L’installation d’un es-

duisent des porcelets avec des truies et

présenterait de nombreux avantages

pace pour fouir y remédie.

dans des engraisseurs qui les achètent

aux côtés de la stabulation: liberté de

et les engraissent. Depuis une quinzaine d’années, il existe une méthode

quilles, fertilité plus élevée, naissances

Grandes portées et courte durée d’utilisation due à un élevage axé sur le très haut rendement: l’accouplement

plus faciles, meilleure condition phy-

avec des verrats très prolifiques se tra-

de porcelets». La filière de l’élevage de

sique, moins de maladies respiratoires.

duit par un plus grand nombre de por-

porcs se subdivise entre un paysan qui

Il est tout à fait possible de mener ré-

celets par portée, parfois plus que le

se charge de l’activité de mise bas, un

gulièrement des truies reproductrices

nombre de mamelles disponibles. La

autre qui s’occupe de la saillie des truies

au pâturage sans anneau nasal qui fait

nature a fait en sorte que rapidement

par un verrat ou de l’insémination ar-

souffrir l’animal.

après la naissance, les porcelets se ré-

tificielle, un troisième qui détient les

partissent les mamelles et chaque

truies gestantes et un quatrième qui

Manque d’équipements adaptés au comportement des porcs: comme les

porcelet a son propre «téton». De si

élève des porcelets sevrés. Cela induit

grandes portées signifient plus d’ani-

des déplacements bien plus fréquents

porcs ne peuvent pas transpirer, ils

maux chétifs et la nécessité pour l’éle-

des truies et des porcelets. Le transport

souffrent des températures élevées en

veur de chercher des nourrices pour

systématique des truies en fin de ges-

été. La législation sur la protection des

les porcelets surnuméraires, ce qui a

tation est particulièrement probléma-

animaux exige qu’ils aient des possibi-

un surcoût important, ou de les élever

tique du point de vue de la protection

lités de se rafraîchir. Les porcs peuvent

complètement artificiellement et sans

des animaux.

le faire en se vautrant dans des bauges

mère. Aujourd’hui, les truies donnent

mouvement, base nutritionnelle économique, animaux confiants et tran-

10

encore plus spécialisée, appelée «répartition du travail dans la production

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


Porcs à l’engrais

Cela comporte le risque que les os,

tuent, conjointement au mode de dé-

Qualité insuffisante de la couche: les

les articulations et les tendons soient

tention, les facteurs décisifs à la fois

sols en béton dur et perforé sont égale-

trop sollicités, ce qui s’avère très dou-

pour le bien-être des animaux et pour

ment autorisés en lieu et place de la li-

loureux pour les animaux. En consé-

la rentabilité économique.

tière ou d’autres matériaux appropriés.

quence, ces animaux bougent peu et

Comme les émissions et les odeurs

Ces conditions ne répondent absolu-

ne peuvent même plus vraiment tirer

augmentent avec le nombre d’ani-

ment pas aux besoins des porcs – qui

parti de conditions de détention res-

maux, les grandes exploitations ont

se construisent des nids pour dormir

pectueuses de l’animal, avec parcours

tendance à adopter des conditions

avec de la paille. Les sols se salissent ra-

extérieur ou en plein air. En cas d’ac-

de détention peu naturelles dans des

pidement, deviennent glissants et pro-

couplement avec des lignées d’élevage

porcheries couvertes et fermées, sans

voquent fréquemment chez les porcs

étrangères à croissance très rapide, on

parcours extérieur. Le fait qu’un éle-

des meurtrissures et des écorchures.

constate des défauts de la qualité de

veur parle à ses animaux, la manière

Près de 40 % des animaux d’engraisse-

la viande de jambon, similaires à l’an-

dont il le fait et les réactions de ceux-ci

ment sont actuellement privés d’une

cien syndrome PSE («pale, soft, exu-

donnent souvent aux personnes exté-

couche conforme à leurs besoins.

dative: viande aqueuse). Si la propor-

rieures beaucoup d’informations sur

tion de morceaux de viande nobles et

la qualité de leur détention. Lorsque le

Pratiquement aucune liberté de mouvement: pour les porcs à l’engrais pe-

la croissance quotidienne continuent

contact est bon, les animaux sont gé-

d’augmenter, il existe un risque que la

néralement plus calmes, plus déten-

sant jusqu’à 105 kg, la loi ne prescrit que

qualité de la viande soit insatisfaisante

dus et plus confiants. L’observation at-

0,9 m², ce qui signifie que sur la surface

(molle et aqueuse) comme c’était le

tentive et les soins font partie des fac-

d’une place de parking moyenne on

cas dans les années 1980. En outre, les

teurs sanitaires et économiques clés

peut légalement engraisser dix porcs.

prises de poids extrêmement élevées,

de l’élevage – mais ce sont aussi les

Cet espace est juste suffisant pour se

comme pour les volailles à l’engrais, se

plus sous-estimés!

tenir couché, mais pas pour une mo-

répercutent sur les jeunes os et articu-

bilité adaptée à l’espèce. Néanmoins,

lations, de sorte que les porcs à l’en-

Transport et mise à mort: la majo-

près de 40 % des porcs sont engraissés

grais «très poussés» ont du mal à mar-

rité des porcs de boucherie peuvent

dans un espace aussi restreint.

cher, souffrent et cherchent souvent un

bénéficier de la durée légale maxi-

soulagement en s’asseyant comme un

male de six heures de transport. Tou-

chien sur leur arrière-train.

tefois, le service de contrôle de la PSA

Absence de parcours extérieur: 40 %

doit régulièrement déplorer des véhi-

des porcs à l’engrais ne quittent la por-

Limite atteinte de la taille de la porcherie: la Confédération autorise au-

cules surchargés ou des équipements

reste du temps, ils sont détenus sans accès à l’extérieur dans des box étroits

jourd’hui la construction de porche-

trop à l’étroit dans le véhicule, ils at-

et nus.

ries d’engraissement pouvant accueil-

teignent rapidement leur seuil de to-

lir jusqu’à 2000 animaux, et même

lérance à la chaleur dans le camion,

cherie que le jour de leur abattage. Le

inadéquats. Lorsque les porcs sont

Castration: depuis le 1er janvier 2010,

plus grandes avec une dérogation. Des

ce qui peut entraîner des morts par

la castration des porcelets mâles ne

études scientifiques montrent que les

hyperthermie. Dans les abattoirs,

peut être pratiquée qu’avec élimina-

grandes exploitations comptant 2000

des systèmes d’étourdissement élec-

tion de la douleur – une exception

porcs et plus présentent davantage de

triques et au gaz mal réglés ou mal uti-

mondiale jusqu’à présent. Il serait en-

problèmes de santé et un recours accru

lisés peuvent être à l’origine d’un pro-

core préférable de ne pas castrer les

aux antibiotiques. En cas d’épidémie,

blème de protection des animaux. La

porcelets et de pratiquer l’engraisse-

il faut éliminer un très grand nombre

phase initiale de l’étourdissement au

ment de jeunes verrats.

d’animaux («risque de concentra-

CO2 est aussi controversée, les porcs

tion»). Le bien-être animal dépend

ayant une grande aversion envers ce

Croissance rapide: pour des rai-

aussi de la taille du cheptel. Chez les

gaz. Constater sérieusement le bon

sons économiques de production

porcs, comme pour toutes les autres

étourdissement des porcs de bouche-

de viande de porc moins chère, l’éle-

catégories d’animaux, le suivi par ani-

rie à des fréquences d’abattage de 200

vage cherche à obtenir des animaux

mal diminue rapidement lorsque la

à 300 animaux par heure est extrême-

à croissance toujours plus rapide et

taille augmente. Généralement, les

ment exigeant.

produisant plus de masse musculaire.

éleveurs n’agissent pas ainsi dans leur

Pendant l’engraissement, les porcs

intérêt, car les soins, la surveillance

prennent en moyenne 1 kg par jour.

et la relation homme-animal consti-

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

11


Comportement des porcs

Dans

la

nature,

les

cochons

maintiennent leurs litières, leur nid de couchage, propres.

Dans chaque cochon domestique

mangent à une distance respectueuse

sommeille un sanglier. Ce qui peut pa-

les uns des autres. En porcherie,

Les truies en fin de gestation se sé-

raître à première vue surprenant a été

lorsque cette distance n’est pas respec-

parent du troupeau quelques jours

découvert dans les années 80 par des

tée sur l’aire d’alimentation, cela peut

avant la naissance et construisent dans

scientifiques européens, dont le cher-

provoquer des affrontements agres-

la nature une niche de touffes d’herbes,

cheur comportementaliste zurichois

sifs. Par conséquent, il est important

de brindilles et de feuilles dans un en-

trop tôt disparu, Alex Stolba. Ni la dé-

de disposer de suffisamment de lon-

droit protégé. C’est là qu’elles mettent

tention séculaire par l’homme, ni l’éle-

gues auges, de séparer les animaux par

leurs porcelets au monde. Avant que la

vage extrême axé sur le rendement des

des écrans ou d’avoir pour les truies

truie ne laisse téter ses porcelets, elle

temps modernes n’ont induit de chan-

des mangeoires individuelles. Les dis-

les regroupe d’un côté, puis se couche

gements fondamentaux dans leur com-

tributeurs automatiques de nourri-

avec précaution. Si une truie a trop

portement. C’est ce qu’ont démontré

ture dans lesquels les porcs peuvent se

peu d’espace dans son box de mise

de nombreuses années d’études sur

servir pendant la journée améliorent

bas ou si elle est physiquement affai-

des groupes de porcs domestiques re-

également le «confort alimentaire». Il

blie, elle peut écraser des porcelets.

lâchés dans la nature en Écosse et en

est également très important que les

La détention en logette des truies ges-

Suède.

grands porcs comme les petits puissent

tantes et allaitantes, qui était autre-

Comme tous nos animaux de rente,

«s’occuper» avec du fourrage grossier

fois très répandue, rend impossible

les porcs sont des êtres sociaux qui

ou d’autres matériaux appropriés pen-

toutes ces activités innées. Cela se tra-

vivent en groupes familiaux, qui éta-

dant la journée. S’ils ne peuvent pas

duit par une mise bas nettement plus

blissent et entretiennent des relations

exprimer cet instinct d’activité, ils di-

longue et plus compliquée ainsi que

stables et durables entre eux. Les porcs

rigent alors souvent leur attention vers

par de graves troubles du comporte-

sont des animaux actifs, qui aiment

les autres porcs et peuvent manifester

ment. Dans les box de mise bas en lo-

bouger, passent beaucoup de temps à

des troubles du comportement (mor-

gette, il y avait aussi plus d’inflamma-

l’extérieur à parcourir le terrain et, en

sures de la queue et des oreilles, voire

tions mammaires. Le Conseil fédéral a

quelque sorte, à le labourer pour trou-

cannibalisme).

décidé d’interdire la détention en lo-

ver des friandises. Les porcs sont en ef-

Les porcs cherchent des endroits

gette dans le secteur de mise bas à par-

fet programmés, et très motivés, pour

spéciaux pour se reposer la nuit et

tir du 1er juillet 2007, au vu des résul-

chercher pendant plusieurs heures leur

«construisent» des nids pour dormir.

tats d’études comparatives menées sur

nourriture et la préparer (fouir, masti-

Contrairement aux bovins qui sont très

de nombreuses années portant sur les

quer!), en dépit des rations alimen-

actifs et s’alimentent de temps à autre

logettes restrictives et les box de mise

taires aujourd’hui très élaborées et

pendant la nuit, les porcs, comme les

bas non-restrictifs. Cela tient aussi au

adaptées à leurs besoins.

volailles, dorment la nuit, mais sou-

fait que le nombre de porcelets sevrés

vent plus longuement. Une aire de re-

par truie, même avec une mise bas na-

pos recouverte de litière est «incon-

turelle, sans logette, n’est en moyenne

tournable» pour les porcs. Quand il fait

nullement inférieur. Une immobilisa-

froid, l’épaisseur de la litière doit être

tion n’est légale que pendant la phase

nettement plus importante que l’été.

de mise bas et seulement dans des cas

Pourtant, l’Ordonnance sur la protec-

particuliers.

12

tion des animaux ne prescrit explici-

Les chercheurs et les entreprises

tement de la litière que pour les truies

de construction de stabulations ont

gestantes et allaitantes.

commencé à développer des alterna-

L’avantage d’aires de repos recou-

tives il y a déjà 20 ans. Le box Schmid,

vertes de litière, y compris pour les

du nom de son inventeur, a été le pre-

porcs à l’engrais, réside, outre dans le

mier à arriver sur le marché au début

comportement des animaux, dans la

des années 90. Du point de vue de la

possibilité de construire des bâtiments

production et de la protection des ani-

plus simples et moins coûteux (por-

maux, ce box mérite aujourd’hui en-

cherie à climat extérieur, ventilation

core d’être qualifié de performance

naturelle). À condition d’avoir une por-

mondiale, surtout lorsqu’il est associé

cherie bien conçue pour eux et des pos-

à un parcours extérieur. À l’heure ac-

sibilités de se rafraîchir en été, les porcs

tuelle, l’éleveur de porcs peut choisir

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


parmi toute une gamme d’autres box de mise bas respectueux des animaux qui ont fait leurs preuves dans la pratique. Bien que la plupart des entreprises de construction de porcheries travaillent sérieusement, cela vaut la peine, comme pour toute construction de stabulation, d’aller voir personnellement les stabulations de collègues qui utilisent le système envisagé. Le système d’allaitement en groupe, quant à lui, ne s’est pas imposé. Pour gagner de la place et réduire le nombre de box d’allaitement individuels onéreux, on laisse les truies mettre bas en box individuel avant de les transférer avec tous leurs porcelets, tout juste

détention des truies taries en logettes a

plus est, les animaux maintiennent gé-

après deux semaines, dans un box col-

également été interdite à partir de 2007.

néralement plus propres les box avec

lectif, généralement avec trois autres

Depuis cette date, les truies ne peuvent

parcours extérieur.

truies et leur progéniture.

être détenues en logettes que pendant

Les porcs ont un corps compact

La détention individuelle des truies

la période de saillie et, au maximum,

qui ne leur permet pas de se nettoyer

taries en logettes était la forme de sta-

pendant dix jours. Pendant le reste de

comme le font les bovins (en se léchant

bulation choisie en Suisse et à l’étran-

la gestation, elles doivent être détenues

avec la langue, en se grattant avec les

ger depuis les années 1960. Or elle n’est

en groupes.

cornes). Les porcs ne se nettoient pas

Le marché propose aux éleveurs

et ne se soignent pas non plus les uns

empêche complètement des compor-

de truies une gamme complète de sys-

les autres. Pour cette raison, ils ont be-

tements naturels comme la liberté de

tèmes de stabulation en groupe respec-

soin de possibilités de se frotter et de

mouvement ou la vie sociale. Les lo-

tueux des animaux et qui ont fait leurs

se gratter.

gettes obligent également les porcs à

preuves. Cela va des box à deux ou trois

Des emplacements à l’ombre sont

agir contre leur nature, c.-à-d. à n’avoir

compartiments, pour des groupes de 4

aussi importants, car la peau des porcs

qu’un même endroit pour se coucher

à 8 truies en général, en passant par la

ressemble à la peau claire des humains

et faire leurs déjections. Normalement,

stabulation en grand groupe équipée

et est donc sujette aux coups de soleil

les porcs séparent systématiquement

d’un système d’alimentation par trans-

douloureux. Les porcs ne peuvent pas

ces deux endroits. Pour leur odorat ex-

pondeur sophistiqué jusqu’à la déten-

transpirer. Ils ont, par conséquent, be-

trêmement développé, le fait d’être en

tion en plein air toute l’année dans

soin de possibilités de se rafraîchir ap-

permanence sur leurs propres excré-

des cabanes. Tous les systèmes ont des

propriées, que ce soit des douches ou

ments les fait souffrir. Dans des condi-

avantages et des inconvénients. Néan-

des bauges. Même un tuyau ordinaire

tions aussi restrictives, rien étonnant à

moins, des systèmes mixtes de box de

fait l’affaire pour les asperger quand

ce qu’apparaissent fréquemment des

repos et d’alimentation sont générale-

les températures sont supérieures

troubles du comportement (mordille-

ment à proscrire pour des raisons de

a partir de 25 degrés. Par contre, les

ment des barreaux, aspiration d’air ou

protection des animaux, car ils offrent

porcs sont moins gênés par le froid

position en chien assis). L’arrière-main

tout simplement trop peu d’espace et

tant que leur couche est sèche et cou-

des truies se salit plus tôt. L’action mé-

de qualité aux animaux. Pour le bien-

verte d’une bonne litière. Ils adaptent

canique des barreaux de la logette pro-

être des animaux, il est important que

aussi leur comportement à leur conve-

voque souvent des callosités et des lé-

la couche de repos soit sèche, abritée

nance: allongés en rang d’oignons les

sions. En règle générale, la condition

des courants d’air, couverte de litière

uns près des autres ou chacun dans

physique de l’animal en souffre et les

et qu’elle dispose d’une quantité suffi-

son coin. S’ils sont entassés dans leur

animaux sont sujets à des dommages

sante de matières à manipuler. Les sor-

nid, cela indique en revanche que les

des membres.

ties en plein air ne doivent pas man-

mécanismes d’adaptation de l’animal

Le Conseil fédéral a réagi à ce bilan

quer non plus. Car comme le dit si bien

sont trop sollicités et que l’éleveur doit

négatif. Après la suppression de la sta-

le vieil adage: «là où le soleil n’entre

faire quelque chose contre le froid dans

bulation entravée des truies en 2002, la

pas, le vétérinaire vient souvent». Qui

l’aire de repos.

pas respectueuse des animaux, car elle

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

13


Élevage conventionnel et labellisé

plement, et sans distinction de la

Face à cela, quelques bons programmes

forme de production, la publicité pour

de labellisation suisses veillent à faire

Si les porcs pouvaient choisir, ils mène-

de la viande d’origine suisse. En consé-

la part belle à des formes de détention

raient, en dépit de tous les aléas et dan-

quence, de nombreux citoyens asso-

acceptables en termes de protection

gers, une vie libre dans des structures

cient des indications de provenance,

des animaux. Mais ils doivent réussir

semi-forestières, comme leurs parents

telles que Suisse Garantie, à des labels

à s’imposer jour après jour sur le mar-

sauvages. Malheureusement, la quan-

d’élevage respectueux des animaux et

ché et servir, à leurs dépens, de trem-

tité d’animaux requise aujourd’hui par

estiment qu’ils sont à peu près équiva-

plin à des produits qui ne respectent

notre consommation ne permet en au-

lents en Suisse.

même pas dans les grandes lignes des

cun cas de les détenir en plein air. Les

Le mécontentement est d’autant

dispositions rigoureuses de protec-

surfaces nécessaires dépasseraient la

plus vif lorsque l’on voit ensuite ap-

tion des animaux énoncées dans les

totalité des terres arables disponibles

paraître des images qui montrent des

programmes de labellisation. La PSA

en Suisse. Mais alors dans quelles

formes de détention encore autorisées

soutient de tels programmes de label-

conditions détenir les cochons dans

par la loi, voire qui font état de condi-

lisation qui certes, sont aussi très loin

notre pays?

tions qui ne répondent même pas aux

de ce qui serait l’habitat idéal pour

Aujourd’hui, les consommatrices

exigences minimales légales. En effet,

des truies, mais offrent néanmoins

et les consommateurs suisses ont sou-

même si la protection des animaux est,

aux animaux un environnement dont

vent une image idéalisée et passéiste

à bien des égards, bien plus avancée en

ils peuvent largement s’accommo-

de l’agriculture. Toutefois, leur vision

Suisse qu’à l’étranger, la détention des

der et impliquent pour les éleveurs

n’est généralement pas si éloignée des

animaux de rente destinés à la produc-

une quantité de travail raisonnable et

conditions qui seraient réellement le

tion de viande laisse encore beaucoup

des coûts supportables. Donc pas de

mieux adaptées aux besoins des es-

à désirer. Les exigences minimales de

conditions «paradisiaques», mais une

pèces. Nombre de gens ont, néan-

la législation suisse en matière de pro-

solution pragmatique praticable non

moins, une connaissance insuffisante

tection des animaux continuent d’au-

seulement pour quelques exploita-

des conditions réelles qui règnent dans

toriser, dans de nombreux domaines,

tions et peu d’animaux, mais en prin-

nos porcheries. La publicité faite par

des formes de détention qui sollicitent

cipe pour une grande partie des éle-

certaines entreprises et organisations

beaucoup trop les capacités d’adapta-

veurs de porcs au profit de nombreux

du secteur suggère aussi que la qualité

tion des animaux et se contentent de

animaux.

des conditions de détention des ani-

définir le seuil de cruauté envers les

Les directives pragmatiques de

maux de rente en Suisse est généra-

animaux punissable par le droit public,

ces labels ne sont pas élaborées de

lement très élevée. Des images d’ani-

et non des conditions de détention ap-

manière arbitraire. Toute une série

maux au bon air, même dans les pâtu-

propriées à l’espèce. C’est, malheureu-

d’études éthologiques ainsi que des ex-

rages et détenus dans des bâtiments

sement, aussi le cas des dispositions lé-

périences pratiques réalisées au cours

adaptés à leurs besoins font tout sim-

gales relatives à l’élevage de porcs.

des 40 dernières années ont permis

14

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


de savoir parfaitement où se situent

anciennes stabulations, leur superficie

comportement tels que les morsures

les limites de l’adaptabilité de ces ani-

peut être de 4,5 m² ou inférieure.

de la queue sont chose courante dans

maux intelligents. Ainsi, par exemple,

Il en va de même pour les porcs à

de tels systèmes, notamment parce

on a pu établir dans le cadre d’essais

l’engrais. Les animaux pesant jusqu’à

que les porcs sont presque totalement

en réduisant progressivement l’espace

110 kg disposent dans une porcherie

dépourvus de possibilités d’occupa-

de vie ou en supprimant et en ajou-

labellisée d’une aire de repos de 0,6 m²

tion adaptées dans ces porcheries. Les

tant divers éléments d’aménagement

avec litière. Cette taille est suffisante

moyens mis en œuvre dans ces exploi-

jusqu’à quel point les animaux pré-

pour permettre à tous les porcs de s’al-

tations pour essayer de satisfaire la né-

sentent encore une large gamme de

longer en même temps. La paille sert

cessité d’occupation prescrite par la loi

caractéristiques

comportementales

de matériau de construction pour le

sont totalement insuffisants.

importantes et à quel stade ils ne sont

nid et remplace partiellement la pos-

plus en mesure de le faire. L’exemple

sibilité de fouir et de mastiquer qu’ils

simple des box de mise bas sans immo-

auraient dans la nature. À cela vient

Contrôles et surcoûts de l’élevage labellisé

bilisation, c.-à-d. sans confiner la truie

s’ajouter environ 1 m² ou plus, avec

La PSA estime que des contrôles cré-

au moment la mise bas et pendant la

des équipements d’alimentation et un

dibles, indépendants et rigoureux, ef-

période d’allaitement ultérieure avec

parcours extérieur, ce qui offre aux ani-

fectués sans préavis, à des intervalles

ses porcelets, l’illustre parfaitement.

maux une séparation entre l’aire de re-

pas trop espacés et par des experts spé-

On a constaté que le nombre de porce-

pos et l’aire d’alimentation ainsi que

cialisés en élevage, sont absolument

lets écrasés par la mère ne varie pas si

davantage de stimuli sensoriels et cli-

indispensables pour garantir la mise

la truie dispose d’une surface plus ou

matiques. Cela n’est pas comparable

en œuvre de directives. Les consom-

moins illimitée ou si l’aire de mise bas

à une détention en plein air ou au pâ-

matrices et les consommateurs s’at-

est réduite à une superficie de 6,5 m² à

turage qui offre aux animaux un envi-

tendent au respect non seulement sur

7,5 m². En revanche, si l’on descend en

ronnement nettement plus diversifié.

le papier, mais aussi dans la porcherie,

dessous de 6 m², le nombre de porce-

Mais c’est néanmoins une solution qui

du produit qui leur est vendu.

lets écrasés augmente très rapidement.

n’amène pratiquement pas à observer

Dans la production labellisée, les

Lorsque la surface est inférieure à 6 m²,

de troubles du comportement dans de

contrôles qui répondent au moins aux

la truie ne parvient plus à grouper ses

telles porcheries.

exigences ci-dessus sont depuis long-

porcelets et à se laisser tomber sur le

La situation est tout à fait autre dans

temps la norme. Certains labels ap-

côté sans enterrer des porcelets sous

les porcheries classiques où la surface

pliquent ces principes de manière très

elle. Tous les meilleurs labels d’élevage

totale est de seulement 0,9 m² et qui

rigoureuse en tenant absolument à des

exigent pour cette raison des box de

sont dépourvues de litière. Les porcs

contrôles annuels, toujours inopinés.

mise bas d’au moins 6,5 m². La limite

s’y trouvent contraints, par manque

D’un autre côté, les élevages dont les

légale pour les nouvelles porcheries à

d’espace, de faire leurs déjections sur

produits ne portent que la mention

partir de 2005 est de 5,5 m². Dans les

leur «aire de repos». Les troubles du

Suisse Garantie ne sont soumis à aucun contrôle particulier. Les contrôles

Comparaison des exigences de surface et des paramètres comportementaux

des offices vétérinaires cantonaux sont

simplifiés pour l’engraissement des porcs

effectués en fonction de l’office vétérinaire compétent et de ses ressources

Espace Couche avec litière Parcours extérieur Castration seulement avec élimination de la douleur Construction de nid avec un matériau déformable Séparation aire de repos et de déjections Recherche de nourriture, fouissage Différents stimuli climatiques

Label (SST et m²/ SRPA rempli ) * 1.55 m² Oui Oui

AQ / SuisseGarantie 0.9 m² Non Non

UE

tendu, que les exigences légales mi-

0.65 m² Non Non

Oui

Oui

Non

Oui

Non

Non

Oui Oui Oui

Non Non Non

Non Non Non

* Certains labels vont au-delà de ces conditions minimales

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

humaines et ne concernent, bien ennimales et peuvent parfois se faire attendre pendant des années. Il ne faut pas oublier dans tout cela qu’une détention telle que la pratique la production labellisée apporte non seulement des améliorations significatives aux conditions de vie des animaux, mais donne également aux détenteurs des animaux plus de travail et leur coûte plus cher. Le temps de travail pour la litière et l’enlèvement du fumier augmente,

15


les coûts de la litière ne sont pas non

Chez les porcs, environ la moitié des

puis 2017, aux côtés des provenances

plus négligeables, les aliments sont

animaux est détenue dans des condi-

conventionnelles. Spar et son four-

plus onéreux et la construction des

tions plus strictes que les exigences

nisseur de la restauration TopCC dé-

bâtiments coûte plus cher, car il faut

minimales légales. Ils répondent aux

veloppent la part des porcs d’alpage

plus d’espace. Pour ces coûts supplé-

normes SST/SRPA et parfois même

et, depuis 2018, celle des porc élevés

mentaires, les consommatrices et les

aux exigences encore plus strictes des

en plein air. Lidl a lancé en 2018 son

consommateurs doivent être prêts à

labels.

propre label de viande de porc.

payer plus.

La PSA a publié un classement des

Pour la PSA, une chose est claire: si

détaillants en 2016 selon lequel la part

le consommateur souhaite acheter des

des ventes de viande de porc labellisée

produits à base de viande, sans pour

était la suivante: Coop: 66 %, Migros:

autant jeter par-dessus bord toutes les

57 %, Volg: 65 %, Manor: 80 %, Spar:

considérations éthiques, la seule véri-

En raison de la grande importance que

10 %, Lidl: 20 %, Aldi: 10 %, Denner:

table alternative consiste à acheter de

revêt la protection des animaux de

0 %. Toutefois, les ventes de viande

la viande labellisée d’origine suisse.

rente auprès de nombreux consom-

de porc labellisée stagnent chez les

mateurs, la part de l’élevage labellisé

grands distributeurs. Mais on constate

est élevée par rapport à d’autres pays.

depuis une légère évolution chez les

Place des formes d’élevage conventionnel et respectueux des animaux

Néanmoins, il est loin d’être la norme

«plus petits». Denner vend notam-

en Suisse.

ment du porc labellisé IP-Suisse de-

Les labels contrôlés de manière indépendante et inopinée par le service de contrôle de la PSA (Coop) Œufs et viande suisses provenant d’une détention respectueuse des animaux, avec sorties régulières ★★★

Production biodynamique selon les directives de Bio Suisse; sorties journalières ★★

Viande et œufs suisses issus d’un élevage biologique et respectueux des animaux, avec sorties et pâturage fréquentes ★★★

(Migros + IP-Suisse) Production Suisse intégrée; l’élevage respectueux des animaux avec sorties journalières ★★

Nettement plus stricte que les exigences légales, toute l’exploitation est biologique ★★

(Migros) Viande de bœuf issue d’un élevage respectueux des animaux avec pâturage et sorties ★★

(Migros) Viande de bœuf biologique suisse, selon directives de Bio Suisse et, de surcroît, pâturage fréquent et sorties tout au long de l’année ★★

Viande de veau et de bœuf suisse, issue d’un élevage sous la mère, en groupes, avec sorties journalières ★★

(Coop) Détention animale et production selon directives de Bio Suisse, nettement plus strictes que les exigences légales, respectueuses des animaux, avec sorties régulières ★★ (Lidl) Porcs suisses issus d’un élevage en groupe, respectueux des animaux, avec sorties régulières en plein air ★★★

★★★ Contrôles réguliers et inopinés de l’ensemble de la chaîne de

la production, autrement dit des fermes, des transports et des abattoirs, par des spécialistes du Service de contrôle PSA

16

Porc suisse issue d’une détention en plein air respectueuse des animaux, dans les pâturages et les terres arables ★★★ Porc suisse provenant de porcs élevés en alpage, avec détention en groupe respectueuse des animaux et parcours en plein air permanents et non pavés ★★★

★★ Contrôles réguliers et inopinés de protection des animaux pour

les transports et les abattoirs, par des spécialistes du Service de contrôle PSA

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


Préoccupations, demandes Si nous exploitons des animaux et les

Recherche

Sujets possibles de recherche sur les

tuons systématiquement pour notre

Des décisions politiques et écono-

porcs

alimentation, nous avons le devoir et

miques qui affectent l’avenir de l’éle-

• «Occupation» adaptée aux porcs:

la responsabilité de leur permettre au

vage sont prises en permanence – alors

aires pour fouir, vérification des

moins de mener une vie adaptée à leur

que les conséquences pour les princi-

«possibilités d’occupation» pro-

espèce! Et cela ne concerne pas seule-

paux concernés, les animaux, font ra-

blématiques utilisées aujourd’hui,

ment les paysans, mais la société dans

rement l’objet de discussions. Alors

fréquence et lutte contre les mor-

son ensemble.

que la Confédération, les associations et les milieux économiques dépensent

sures de la queue • Maintien de la propreté des aires de repos couvertes de litière (SST/

Paysans

quelque 200 millions de francs pour

Partant du fait que les éleveurs sont au

promouvoir la consommation de

début de la chaîne et au contact quo-

viande, de lait et d’œufs, le budget de

tidien des animaux, les éleveurs de

la recherche en matière de protection

conformes aux pratiques

porcs, leurs organisations devraient se

des animaux de rente est extrêmement

• Perfectionnement des box de

positionner clairement du côté de la

bas en Suisse. Or, une foule de ques-

mise bas respectueux des ani-

protection des animaux, dans l’idéal

tions concrètes importantes concer-

maux (ameublement, sorties (SST,

en reprenant les grandes orientations

nant les pratiques de l’élevage paysan,

SRPA))

des programmes SST et SRPA. Au lieu

mais aussi les transporteurs, les exploi-

d’appuyer sur le frein en interne, puis

tants d’abattoirs, les vétérinaires et les

de devoir se conformer, en maugréant,

conseillers, les agronomes ne sont pas

aux exigences relatives à la protection

clarifiées; sans parler de la recherche

stabulation Stolba, élevage de por-

animale des acheteurs, ils devraient

systématique sur la protection des

celets sous la mère

prendre les devants et proclamer des

animaux de rente. C’est incompréhen-

objectifs progressistes et des mesures

sible avec 60 millions d’animaux abat-

réalisables en la matière, puis indiquer

tus chaque année et le fait que, par

ce dont ils ont besoin pour les mettre

exemple, dans les années 1980 et 1990,

suppression du limage des dents

en œuvre. Les paysans deviendraient

l’EPFZ était encore pionnière de la re-

(morsure de la queue, problèmes

ainsi des ambassadeurs crédibles de

cherche appliquée en matière de pro-

de santé), sécurité insuffisante de

la protection animale et pourraient

tection des animaux.

l’étourdissement lors de la castra-

revendiquer, à juste titre, des prix décents pour les producteurs.

SRPA) • Possibilités de se rafraîchir

• Élevage en plein air des porcelets sevrés, des gorets (SRPA) • Perfectionnement du concept de

• Perfectionnement de l’élevage de porcs en plein air • Interventions: conséquences et

tion des porcelets • Engraissement de jeunes verrats (en groupes du même sexe)

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

17


Il faut également prendre des mesures

Commerce de détail et restauration

L’élevage de porcs respectueux des ani-

pour mettre au point des alternatives

ainsi que transporteurs et abattoirs

maux et les produits provenant d’éle-

au CO2 resp. en général pour le perfec-

Tandis que les paysans suisses doivent

vage en plein air et en libre parcours

tionnement des installations d’étour-

se mesurer quotidiennement à des at-

doivent devenir la norme. Il est incon-

dissement au gaz dans les abattoirs de

tentes élevées en matière de protec-

venant de gagner de l’argent avec de la

porcs, ainsi que pour l’électronarcose

tion des animaux de rente émanant de

viande de porc produite dans de mau-

souvent catastrophique dans la pra-

la société, pratiquement personne ne

vaises conditions d’élevage, voire en

tique.

s’émeut quand détaillants et restau-

maltraitant les animaux.

En plus de la protection des ani-

rateurs avancent l’argument de la li-

Il faut minimiser les transports de

maux de rente, la recherche en agro-

berté de choix des consommateurs en

porcs, encourager les exploitations

nomie devrait également se préoccu-

matière de protection des animaux, de

de reproduction et d’engraissement

per des conséquences du recul de la

l’environnement et des consomma-

qui fonctionnent en circuit fermé. Il

consommation de produits d’origine

teurs à propos d’importations à bas

faut systématiquement contrôler le

animale, notamment de viande. Le dé-

prix discutables, qui leur permettent

bon fonctionnement des installations

veloppement permanent de substituts

de gagner beaucoup d’argent. Le lien

d’étourdissement électrique et au gaz

de viande destinés aux flexitariens, vé-

entre les prix bas à la production et le

ainsi que le bon étourdissement de

gétariens et véganes devrait encore ac-

bien-être animal est rarement un su-

tous les animaux avant la saignée.

célérer cette tendance. Ce n’est pas pour

jet. Très peu de personnes savent pro-

Les exigences en matière de pro-

rien que les transformateurs de viande

bablement aujourd’hui la faible part

tection des animaux doivent être les

suisses et étrangers se constituent une

que touchent les paysans sur le franc

mêmes pour la viande de porc impor-

deuxième source de revenus avec la

que paie le consommateur. La pres-

tée que pour celle d’origine suisse.

production et la commercialisation de

sion exercée sur les prix est pourtant

produits végétariens et véganes. L’éle-

la voie toute tracée à l’élevage indus-

ONG et protection des consommateurs

vage en Suisse ne va pas continuer à se

triel et à des normes insuffisantes en

Les efforts déployés par les ONG sur

développer, mais aura tendance à dé-

matière de protection des animaux,

le marché sont souvent ingrats: l’in-

cliner. Les premiers concernés seront

comme le montre un coup d’œil à

vestissement est lourd et il faut avoir

les petites et moyennes exploitations,

l’étranger. Le fait qu’aujourd’hui, 40 %

de bonnes connaissances techniques,

souhaitables du point de vue social,

de la viande soient bradées en promo-

comprendre les liens économiques,

qui dépendent aujourd’hui fortement

tion en dit aussi long.

travailler dans les coulisses avec peu

de l’élevage, y compris de son déve-

Qui plus est, les responsables du

d’intérêt des médias, se voir reprocher

loppement interne. Il serait important

commerce de détail et de la restau-

des connivences avec les milieux éco-

de pouvoir leur proposer pour la pro-

ration se font applaudir à la moindre

nomiques. En outre, il est nécessaire

chaine génération d’autres options de

action en faveur du bien-être animal.

de bien comprendre qu’une agricul-

production attractives et faisant l’objet

Mais à l’avenir, la PSA souhaiterait

ture respectueuse de l’environnement

d’une demande.

plus de concret que de belles paroles.

et des animaux n’implique pas exclusivement la responsabilité des paysans, mais de toute la société. Cela est doublement difficile à une époque moralisatrice qui ne fait pas dans la nuance, où l’on aime bien montrer l’autre du doigt, tout en se campant confortablement dans le rôle de victime. On est aujourd’hui convaincu, jusque dans les organisations de protection des consommateurs, qu’un consommateur sur trois est très soucieux des prix et, par conséquent, n’est pas sensible aux labels, à l’écologie, au bien-être animal. À ceux-là viennent s’ajouter, dans le cas de la viande, environ 10 % de végétariens et véganes qui n’ont pas de demandes. Le sec-

18

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


teur de la restauration qui représente

suisses écologiques et respectueuses

50 % du volume des ventes de viande

des animaux.

est également peu soucieux de la qualité. En conséquence, les labels écolo-

2. Il

giques et de bien-être animal se dis-

teurs sensibles au prix qui ne dis-

putent une part de marché comprise

posent pas d’un revenu moyen/élevé

au maximum, selon les produits, entre

– mais aussi à tous les autres –, com-

20 et 40 % de la consommation totale.

ment ne pas alourdir davantage le bud-

Pour les entreprises, ce n’est pas un

get du ménage, même si les aliments

problème car elles font de l’argent avec

écologiques et respectueux des ani-

tout. Pour ceux d’entre nous qui sont

maux sont un peu plus chers. Il faut

soucieux de l’environnement et des

apprendre à acheter et à adapter sa fa-

animaux et qui défendent par convic-

çon de cuisiner, par exemple, à résis-

tion la stratégie de la qualité, cela se

ter à la tendance à ne consommer que

traduit selon la personnalité de chacun

des «morceaux nobles». C’est le cas

par une énorme frustration ou un défi

du concept «From nose to tail», «tout

de taille à relever.

est bon dans le cochon». Sans oublier,

Si tous les paysans suisses travaillaient de manière écologique et res-

faut montrer aux consomma-

bien sûr, des mesures renforcées pour

coût et, d’un autre côté, cela détourne

réduire le gaspillage alimentaire.

l’attention de la nécessité d’agir des ac-

pectueuse des animaux et étaient cen-

teurs en aval de la production. Il nous

sés gagner ainsi de l’argent, les ONG, y

3.

Tout le monde parle du secteur de

faut assurer ici une meilleure transpa-

compris la protection des consomma-

la restauration obnubilée par les prix,

rence et nous engager pour des prix

teurs, auraient du pain sur la planche.

mais il n’y a pas de mesures efficaces et

équitables pour les paysans qui tra-

Il serait nécessaire de poursuivre ré-

coordonnées pour s’y opposer. Pour-

vaillent en respectant l’environnement

solument l’objectif d’une agriculture

tant, un très grand du secteur montre

et les animaux.

productive, mais respectueuse de l’en-

comment cela pourrait aussi fonction-

vironnement et des animaux à grande

ner: SV Group collabore avec le WWF

échelle, et de ne pas se satisfaire de

et la PSA. L’important est de créer un

l’immense réservoir de consomma-

concept pour une offre de restauration

1.

teurs largués et sur lesquels on a fait

écologique et respectueuse des ani-

partiments et la répartition du travail

une croix, qui n’attendent que des im-

maux à grande échelle, par exemple,

dans la production de porcelets.

portations à bas coûts conformément

avec un regroupement de l’offre et un

2. Il

à l’interprétation défaitiste actuelle.

effet de levier passant par les grands

SRPA à 300 CHF/UGB pour les exploi-

fournisseurs de la restauration et par

tations porcines et à 350 CHF/UGB

la création de groupements d’achats

pour l’élevage en plein air et au pâtu-

de restaurants.

rage. Cela va de pair avec l’objectif de

Suggestions de la PSA

1.

Autorités et milieux politiques Il faut interdire les box à deux com-

faut porter les contributions

faire prévaloir la norme SRPA sur le

Il faut réactiver l’information et la

sensibilisation sur la relation entre le

4.

comportement d’achat et les condi-

– quand on les rend transparents – ne

3. L’ordonnance

tions de production dans les champs

jouent dans les magasins pratique-

male du cheptel doit être maintenue

et les stabulations. Des organisations

ment aucun rôle au niveau des prix

et les grandes exploitations de plus de

comme la FPC, le WWF et la PSA ont

à la consommation en partie élevés

2000 porcs ne doivent plus être autori-

eu des actions exemplaires sur ce su-

par rapport à l’étranger. Néanmoins,

sées

jet dans les années 90. Chacun est

même des médias économiques sé-

4. L’élevage

responsable de l’écologie et du bien-

rieux et, bien sûr, tous les acteurs du

le bien-être et la santé des animaux.

être animal. Il faut améliorer le niveau

commerce et tous ceux qui ont un

Cela signifie attacher plus d’impor-

d’information en baisse constante de

compte à régler avec les paysans, cri-

tance pour les truies au rendement to-

la population sur les conditions de

tiquent en permanence les prix élevés

tal et à la durée d’utilisation et réduire

production des denrées alimentaires

des producteurs suisses. D’un côté,

le nombre de porcelets par portée. Il

nationales et importées et, parallè-

cela pousse les paysans vers l’indus-

ne faut pas augmenter davantage les

lement, la demande et l’acceptation

trialisation de l’élevage et de l’agricul-

prises journalières de poids des porcs

des prix pour les denrées alimentaires

ture qui permet de produire à moindre

à l’engrais.

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

Les prix à la production en Suisse

marché suisse d’ici 2030. sur la taille maxi-

doit mettre au centre

19


1’/1.2019

Protection des animaux et agriculture

La protection des animaux ne s’arrête pas à la frontière

Cette brochure complète pré-

Qu’en est-il des produits d’impor-

sente l’évolution, l’importance

tation respectueux des animaux

et les problèmes de l’élevage.

et des normes internationales en matière de protection des ani-

PROTECTION DES ANIMAUX ET AGRICULTURE

LA PROTECTION DES ANIMAUX NE S’ARRÊTE PAS À LA FRONTIÈRE

LE BIEN-ÊTRE DES ANIMAUX NOUS CONCERNE TOUS

Format A4, 64 pages*

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

O

N

T

E

X

T

Le confort des animaux – exemples du terrain

Le rapport présente dans le

Des détails dans la stabulation

détail les besoins en matière

augmentent souvent considéra-

de protection des animaux:

blement le confort des animaux.

tation, sélection, gestion et

E

relation homme-animal Format A4, 16 pages*

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

Format A4, 20 pages*

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

Production laitière et protection des animaux – contexte

conditions de détention, alimen-

PRODUCTION LAITIERE ET PROTECTION DES ANIMAUX C

maux: une vérification des faits.

STANDARDS INTERNATIONAUX EN MATIÈRE DE PROTECTION DES ANIMAUX DE RENTE

LE CONFORT DES ANIMAUX EXEMPLES DU TERRAIN PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

1

Accord de libre-échange Suisse-Mercosur

STS-RECHERCHE SCHWEIZER TIERSCHUTZ STS

Des détenteurs d’animaux innovants de toute la Suisse montrent des exemples du terrain. Format A4, 24 pages*

Une évaluation approfondie

Conditions scandaleuses: ­Production alimentaire à ­l’étranger

en matière de protection des

Résumé des principales diffé-

animaux

rences entre pays étrangers et Suisse en matière de protection CONDITIONS SCANDALEUSES: PRODUCTION ALIMENTAIRE

ACCORD DE LIBRE-ÉCHANGE

SUISSE–MERCOSUR ÉVALUATION EN MATIÈRE DE PROTECTION DES ANIMAUX

A L’ETRANGER

des animaux, de contrôles et de sécurité alimentaire.

1

Format A4, 20 pages*

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

1

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

Format A5, 8 pages*

FEUILLE D’INFOR

StabulationS économ iqueS

MATION PSA

FEUILLE D’INFOR

MATION PSA

de la vie animale

Feuilles d’information PSA Animaux de rente (Bovins, cochons, chevaux, poules, chèvres, moutons et lapins)

tKS 3.3

Stabulation avec sou pâturage pour trui ille et es d’élevage

N AUX ANIMAUX

SOINS ET ENTRETIE

et reSpectueuSeS

Informatives, instructives et avec de nombreux exemples sur le terrain

3.9

ANIMAUX DE RENTE

pation pour

sur les sujets suivants:

Matériel d’occu porcs

r en tout pouvoir s’occupe La porcs doivent prescrit que les les (Art. 44 OPAn). n des animaux matériaux semblab § 1 de l’Ordonnance sur la protectio grossier ou d’autres L’Ordonnance Selon l’art. 24, pouvoir être la paille, du fourrage des matériaux semblables. temps avec de les matières doivent sont nommédomestiques, une cités de savoir ce que chaude journée SontPar question se pose pas toxiques. rente et des animaux d’été, les truies tel que StabulationS lation. et reSpectueuSeS grossierElles des animaux de qu’elles ne soient profitent pataugent lentemenéconomiqueS pleinement d’unde la vie animale sur la détention faut veiller à ce érés et le fourrage elles t dans la mare bain de boue et mangées. Il bois dépoussi foin. se couvrent d’une et progressent devant la stabules copeaux de mâchées, rongées couche terreuse de paille ou de la terre dans la boue de Chine, la litière, que les cubes brun clair. Elles de détrempée. Ce ainsi toutes roseaux les parts puis se entières ment faisant, se secouent ensuite rendent sous animaux tendent l’ensilage de plantes le tuyau duquel en faisant gicler la tête sous le le foin, l’herbe, de l’eau coule de filet d’eau et dans la souille. jouent avec cette Là, les humide fraîcheu r.

la méthode

• Stabulations économiques et respectueuses de la vie animale

FEUILLE D’INFORMATION PSA tKS 3.4

• Soins et entretien des animaux

M. UND D. FUHRER

Tout dépend de

Conditions proches de l’état naturel pour truies

• Comportement des animaux de rente

«Je ne perds pas de temps pour les saillies. Tout se passe automatiquement», lance Theo Koch de l’exploitation Mühlegghof, à Meggen. Du moins lorsque les truies taries sont au pâturage. Car le verrat est toute l’année dans le troupeau. Il ne s’active que lorsqu’une truie est en chaleurs, selon le détenteur; toutes ses truies sont saillies par monte naturelle. Cette exploitation bio ne connaît pas l’insémination artificielle. La souille, entre le pâturage et l’aire d’exercic extérieure. e D’un tuyau, de l’eau coule sur la souille.

• Stabulation respectueuse des animaux

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Format A4*

isionnée e, si elle est réapprov plafond est attractiv suspendue au paille ou de foin trop en hauteur. Une balle de facilement et n’est pas installée et sont ensuite régulièrement cailles dans les stalles ils bouchent les peuvent être répandu sont longs, plus du roseau haché la litière ne devrait plus les broyats De la paille ou . Cependant, lisier. De même plus. 1 des canaux à tous les animaux et déféquer encore accessibles à lors de la vidange les porcs à uriner des problèmes car elle incite tion, botis ou posent er en lieu d’occupa Les truies sur le pâturage de 1,8 ha. pas se transform

*À commander sur: www.protection-animaux.com/publications/ animaux_de_rente

Pâturage avec un épais tapis herbeux Toute l’année durant, les truies disposent d’un pâturage de 1.8 ha. Alors que l’hiver les truies ne sortent que pour se coucher au soleil, elles utilisent de toute évidence surtout la prairie, en été, pour manger de l’herbe et se vautrer dans leur bauge. «Une des truies aime les poires qui tombent des arbres au fond du pâturage et y séjourne presque en permanence», raconte l’agriculteur. Même s’il fait déjà plus frais le matin, à la mi-septembre, une truie va se vautrer dans la bauge et prend un rapide bain. Si l’on excepte les bauges et le secteur devant la porcherie, on voit un dense tapis herbeux bien brouté. Seuls subsistent carex et bistortes.

Les truies se sont aménagé des souilles.

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Protection Suisse des Animaux PSA · Dornacherstrasse 101 · case postale · CH-4018 Bâle Tél. 061 · www.protection-animaux.com 20 365 99 99 · Fax 061 365 99 90 · CCP 40-33680-3 · psa@protection-animaux.com PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


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