Rapport PSA: Les chiens Saint-Bernard à Zermatt

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SCHWEIZER TIERSCHUTZ STS

Les chiens Saint-Bernard à Zermatt Rapport sur la détention et «l'utilisation» de «SaintBernard pour des photos souvenirs» à Zermatt

Table des matières Point de la situation Enquêtes sur place Condensé des observations Appréciation des observations Hébergement/détention des chiens Soins/comportement avec les animaux Mise à contribution excessive de la capacité d'adaptation des animaux Mesures de sécurité hors du chenil

Tromperie du client sur le site Internet de la société Foto Fast

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Point de la situation Tant la Protection Suisse des Animaux PSA que sa section du Haut-Valais sont confrontées depuis des années aux plaintes concernant la détention et l'utilisation - contraires à la protection des animaux - de chiens Saint-Bernard utilisés à Zermatt pour faire des photos souvenirs. Il s'agit en l'occurrence de détentions de chiens et de prises de photos de deux commerces du lieu, soit Foto Fast AG et Alpine Photoshop GmbH.

Alpine Photoshop détient trois Saint-Bernard à poils courts sur la terrasse et dans le jardin situé devant un immeuble locatif (avec des places qui leur sont réservées pour dormir dans le garage sis à côté), à proximité du chemin de fer SunneggaRothorn. Foto Fast garde au total sept Saint-Bernard, dont cinq dans une maison destinée à la démolition dans le quartier de Zermatt dénommé Winkelmatten. Il s'agit de (selon les indications du détenteur des chiens): Baloo, Rüde, castrés, 2,5 ans ainsi que les chiennes Zoya (1 an), Biscuit (5 ans), Nana (5 ans) et Ginger (7 ans). Deux Saint-Bernard (Heidi, une chienne de 7 ans et Buddy, un mâle castré de 5 ans) vivent chez les détenteurs (Paulo et Iolanda de Carvalho), à domicile. Au cours des deux dernières années, les signalements sont devenus plus fréquents et des dossiers de plaintes ont été remplis - en particulier en ce qui concerne les chiens de Foto Fast. Les informations reçues se résument en observations et présomptions de forte négligence consistant à laisser les animaux enfermés à longueur de journées, sans eau ni nourriture; à cela s'ajoutent un abus journalier et une forte instrumentalisation sous forme de position assise, d'attente au froid pendant de longues heures pour la prise de photos, ainsi que la sous-occupation massive, car ces

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chiens ne bénéficieraient généralement pas de promenades ni de contacts sociaux. Les SaintBernard auraient présenté également un comportement agressif à plusieurs reprises, la dernière fois au début de cette année, lorsque l'un des chiens a mordu à mort un Yorkshire terrier. Le vétérinaire cantonal valaisan a ordonné sur ces entrefaites l'obligation du port de la muselière pour les animaux. Les chiens ne peuvent plus être emmenés à l'extérieur que sous muselière, tout comme pour la prise de photos sur les hauts de la montagne.

Enquêtes sur place En 2012 déjà, la Protection Suisse des Animaux PSA avait pris une photo sur place et avait établi un rapport sur les conditions de détention des chiens (www.tierreport.ch/2012/sendung07). A fin novembre 2014, la Protection Suisse des Animaux PSA a documenté une nouvelle fois la détention des chiens de Foto Fast ainsi que leur situation au lieu-dit Obere Tuftra à Winkelmatten. Les résultats de cette enquête (évaluation portant sur la maison et l'enclos depuis l'extérieur - l'accès nous ayant été refusé - et entretiens avec les détenteurs de chiens/propriétaires de Foto Fast) font partie de l'appréciation générale maintenant à disposition au sujet de la détention des animaux à Obere Tuftra. Du 26 janvier au 4 février 2015, des collaboratrices et collaborateurs de la Protection Suisse des Animaux PSA se sont rendus une nouvelle fois à Zermatt et ont observé pendant 10 jours les conditions de détention des chiens de Foto Fast dans le quartier du village Oberere Tuftra, ainsi que les séances photos avec les chiens sur les hauts de la montagne.

Condensé des observations Déroulement de la journée Le matin entre 07h30 et 08h30, au moins une personne se rend au chalet de l'Obere Tuftra, ouvre fenêtres et portes et nourrit les animaux. En règle générale, une deuxième personne arrive vers les 09h00. S'il reste du temps, les excréments sont évacués de l'enclos et de l'eau fraîche est prise dans la maison voisine au moyen de seaux. Puis, avant 9h00, les personnes conduisant les chiens se rendent généralement avec deux d'entre eux à proximité, à la gare aval du Matterhorn Glacier Express et montent à la montagne avec le train Au même moment, le propriétaire du commerce 3


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Foto Fast se met en route avec un chien (qu'il a pris avec lui depuis la maison, probablement) pour se rendre à l'un des trois sites sur les hauteurs. Tout est alors calme à la maison et dans l'enclos à Obere Tuftra, même si deux chiens au moins y sont restés qui, pendant 10 jours, n'ont jamais été observés dans une séance de prises de vue, ni dehors - à l'extérieur de l'installation. On peut fréquemment voir dans l'enclos l'un des chiens qui est resté là. Un autre, qui semble très craintif, peut être parfois aperçu brièvement dans la zone de l'entrée, mais il se retire rapidement. À part cela, il y a lieu de présumer qu'un troisième chien plus âgé réside encore dans la maison. Par mauvais temps, lorsqu'il n'y a pas de séances photos, on a pu observer que divers travaux étaient effectués à l'intérieur et autour de la maison à Obere Tuftra, le matin, pendant une à deux heures. Mais durant ces périodes, il n'a pas été possible d'observer des interactions d'une certaine durée avec les chiens. Alors que pendant les 10 jours sur place, aucun chien n'a été utilisé pour des prises de vue pendant trois jours et un seul pendant deux jours, il a été constaté deux fois seulement que l'un des animaux avait été emmené en promenade. À part cela, la réalité est que les chiens, les jours sans séances photos, ne bénéficient d'aucune sortie en plein air et doivent faire leurs besoins à la sortie du chenil. En conséquence, l'odeur d'urine est forte et désagréable tout autour de l'installation. L'après-midi, les chiens rentrent "du travail" avec leurs gardiens entre 15h00 et 16h00 pour regagner le chenil. Entre 18h00 et 19h30 le soir, la "maison des chiens" est fermée, fenêtres et volets sont clos, et les animaux restent à nouveau enfermés dans l'obscurité.

À l'extérieur de la maison et enclos du chenil À l'extérieur du chenil, ainsi qu'avant et après les prises de vue, les chiens sont emmenés avec un dispositif de laisse dénommé Halti, couplé à un système de lanières permettant de leur entraver le museau sur commande. La plupart du temps les chiens sont revêtus d'une couverture. Tous les chiens observés sont manifestement habitués aux trajets en cabine ou en train. Pendant le trajet d'environ une heure pour se rendre au site en question, leur comportement est calme et discret. Même pendant l'installation de l'équipement destiné aux prises de vue, les chiens attendent généralement leur utilisation en gardant leur calme.

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Pour les prises de vue, le système Halti précité est enlevé et remplacé par un collier et une laisse. Un petit tonneau leur est passé autour de cou, sans serrer. Les animaux attendent alors, soit sur une natte (non isolante), soit directement sur la piste enneigée (sans revêtement), des touristes qui aimeraient bien se faire photographier avec eux.

Séances photos En règle générale, les Saint-Bernard sont utilisés comme "modèles de photo" pendant quatre à six heures. Les séances respectives durent seulement quelques minutes - mais elles sont nettement contraignantes pour les chiens: rester patiemment sans mouvement en trois positions (assis, couché, debout) dans la neige froide fatigue rapidement les bêtes - ce qui était nettement visible. Au moins une fois par séance, les touristes (également les enfants) sont couchés à hauteur de tête à côté ou entre les chiens. Il a également été observé qu'un enfant posait à cheval sur le dos d'un chien.

Pauses / possibilités de se retirer Pendant les prises de vue, il est parfois permis aux chiens - en fonction de l'activité commerciale et non pas de leur besoin d'être à part - de se retirer pour un bref instant dans une tente qui a été apportée.

Appréciation des observations L'appréciation de la situation trouvée et des observations faites se fonde sur les prescriptions légales régissant la détention de chiens.

Hébergement/détention des chiens Électricité/eau: les observations portant sur la maison/l'installation permettent de conclure qu'il n'y a pas d'eau courante dans le bâtiment. De plus, il n'a pas été possible de constater que de la lumière est jamais éclairé la maison où les chambres. Comme il s'agit d'un objet voué à la démolition, on peut sans autre penser que tant l'électricité que l'eau ont été coupées. Les dispositions légales exigent que pour le contrôle de l'état de santé, respectivement en cas de maladie ou de blessure d'un animal, le propriétaire et/ou le vétérinaire puissent prendre sans délai 5


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les mesures nécessaires (art. 5 OPAn). Ceci nécessite aussi bien de l'eau courante que des conditions d'éclairage suffisantes. Chauffage: les chiens sont hébergés dans une maison en voie de démolition située à l'ombre, à l'orée de la forêt. Il faut admettre que - sans eau courante - le chauffage ne fonctionne pas non plus dans le bâtiment. Les chiens qui sont détenus dans des locaux non chauffés doivent avoir à disposition un abri calorifuge. Cet abri doit être aménagé de telle sorte que le chien puisse s'y mouvoir et s'y coucher conformément à son comportement et que l'espace intérieur puisse maintenir au chaud la température de son corps. Les Saint-Bernard ont à disposition des abris pour chiens à l'intérieur du bâtiment dans la maison d'Obere Tuftra. Mais la PSA n'a aucune information concernant la qualité de ces abris. Endroits de repos: en sus de l'abri protégé, des chiens détenus en plein air doivent également disposer d'endroits où ils peuvent se coucher, à l'abri des intempéries, adaptés aux conditions climatiques, et dotés d'un matériel de couchage approprié. Nous n'avons pu observer de tels endroits de repos ni en novembre 2014, ni dans le cadre des observations faites en janvier/février 2015. Dimensions minimales: selon les indications des propriétaires, les chiens disposent dans la maison d'une place d'environ 60 m2 La sortie et l'espace extérieur triangulaire, comportant pour une part de forts dénivelés, sont d'une surface d'à peine 42 m2. Du point de vue des surfaces, l'enclos à disposition remplit les exigences minimales selon ordonnance sur la protection des animaux, mais ne correspond pas à l'esprit ni au but des exigences légales concernant la possibilité de mouvement et la place destinée aux jeux et aux ébats. De l'avis de la PSA, l'installation en tant qu'hébergement pour chiens en plein air ne peut être considérée conforme ni à la loi, ni aux besoins des chiens; elle n'est même pas respectueuse des animaux. Alimentation/eau potable: les animaux sont alimentés chaque jour et reçoivent aussi de l'eau potable fraîche. Mais il faut bien admettre que lors de froids jours d'hiver, l'eau dans des récipients pour liquides, gamelles et seaux - également dans les locaux non chauffés à l'intérieur - gèle et n'est donc pas à disposition des animaux.

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Emission d'odeurs: comme les animaux doivent essentiellement faire leurs besoins dans l'enclos, l'odeur d'urine a donc été perçue fortement et elle est très désagréable tout autour de l'installation. La puanteur permanente qui en résulte laisse penser à des mesures d'hygiène lacunaires et grève le bien-être des chiens. Hygiène: sans eau courante, sans lumière suffisante à l'intérieur et sans revêtements de sols permettant une bonne hygiène, à notre avis les exigences légales en ce qui concerne les principes mentionnés sous art. 3, 4 et 5 OPAn régissant la détention, l'alimentation et les soins portés aux animaux ne sont pas remplies. Equipement pendant les séances photos: à titre de protection contre les intempéries et de moyen de se retirer, les chiens ont à disposition une tente (de 1,2 m de large, 2,1 de long et 0.95 de haut) et, en hiver, une natte isolante à l'intérieur de la tente. Les nattes non isolantes à l'extérieur de la tente sont petites et inadaptées pour la protection contre le froid. Une clôture emmenée sur place délimite les espaces respectifs, soit le lieu où les chiens peuvent se retirer, respectivement la tente, et le passage des gens. Ceci est judicieux et important lorsque les chiens sont laissés un court moment sans surveillance. L'eau est mise à disposition des chiens dans une cuvette.

Soins / comportement avec les animaux Deux hommes sont chaque jour avec les chiens à Obere Tuftra, et les mènent sur les hauteurs. Ce sont les mêmes qui effectuent les travaux dans la maison et l'enclos. Au total, les hommes passent entre une et deux heures et demie pour faire les travaux de nettoyage et de déblayage dans la maison et l'enclos, pour aller chercher de l'eau et de la nourriture. Il a été constaté que les hommes n'interagissent guère avec les chiens pendant les travaux. En conséquence, le besoin d'occupation et de contacts sociaux avec l'homme n'est pas satisfait. Le propriétaire de Foto Fast et des chiens se trouve plutôt rarement à Obere Tuftra et ne démontre généralement pas beaucoup d'empathie pour les chiens. En résumé, on peut dire, sur la base des observations faites, que sept chiens en tout sont pris en charge par trois personnes - une grande partie du temps disponible étant utilisée à la prise de photos. En d'autres termes, les autres chiens restant au chenil et dans le logement sont fort négligés. Ceci est également vrai lorsque les chiens ne vont pas du tout en montagne et doivent rester au chenil. 7


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Contacts sociaux: l'exigence de la loi imposant suffisamment de contacts sociaux avec les humains et, autant que possible, avec d'autres chiens (art.70, al. 1 OPAn), n'est de loin pas remplie selon les observations faites. Les contacts sociaux avec les personnes chargées de s'occuper des chiens sont, comme décrits ci-avant, très limités et insuffisants. Les contacts sociaux avec les congénères au chenil existent tous les jours, mais le besoin d'avoir d'autres contacts n'est cependant pas satisfait. Les contacts avec les touristes sont généralement fugitifs et superficiels et, la plupart du temps, sans interactions. Les contacts sociaux avec d'autres chiens de tiers sont évités autant que possible. Ceci est également imputable, le cas échéant, à la crainte de voir de nouveaux incidents de morsures ou d'agressivité démesurée - mais même pour cette raison, ce n'est pas tolérable. Si les chiens étaient détenus conformément aux règles de l'art, des comportements d'agressivité excessive et des morsures ne seraient probablement plus à l'ordre du jour. Des contacts sociaux pourraient permettre d'atténuer ces tendances. Mais si ces contacts continuent à être restreints, il pourrait en résulter d'autres modifications du comportement problématiques, pour ne pas dire dangereuses.

Mise à contribution excessive de la capacité d'adaptation des animaux ... Détention au chenil pendant 24 heures: "Une bonne journée de chien, c'est une journée synonyme de mouvement, mais aussi d'occupation suffisante." C'est en ces termes que débute une communication de l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires OSAV au sujet de l'occupation des chiens. Et de poursuivre: "Le manque d’occupation est une plaie pour les chiens, exactement comme le manque de contacts sociaux." Comme déjà mentionné plus haut, pendant les 10 jours d'observation de fin janvier/début février 2015, il a été constaté que deux des chiens vivant au chenil durant cette période n'ont pas été emmenés en promenade, ils n'ont eu aucune occupation et guère de contacts sociaux. Il est par ailleurs fort probable qu'un troisième chien soit également exposé à la même négligence. Les jours où il n'y a pas de séances photos, les autres deux chiens hébergés dans le chenil vivent également dans les mêmes mauvaises conditions. Les effets de conditions de détention insatisfaisantes peuvent s'observer dans le comportement de certains des chiens: le jeune chien timoré qui se retire le plus souvent dans la maison et n'a été vu que de temps à autre au chenil semble si submergé par les conditions de détention qu'il n'est pas en mesure d'établir des contacts sociaux avec les congénères vivant avec lui et avec les personnes 8


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qui s'en occupent. On peut constater le manque d'interaction sociale avec les congénères chez un autre chien encore. Celui-ci montre déjà des troubles du comportement comme se mordre la queue, se frotter contre la paroi du chenil/le mur extérieur et, aussi, des aboiements agressifs accompagnés de sauts, ce qui n'est plus le comportement normal d'un chien de garde. Manque de promenades et de possibilités de faire leurs besoins hors de l'installation: nous avons pu observer que les chiens n'ont été emmenés en promenade que deux fois en 10 jours (le 26.1.15 pour environ 1,5 heure et le 1.2.15 pour environ 30 minutes). Les chiens qui partent pour des séances photos ont donc, pendant leur trajet à pied les menant à la gare et au retour, deux fois par jour pendant 10 à 15 minutes, la possibilité de faire leurs besoins hors de l'installation du chenil. Ceci n'est pas assimilable à une promenade. Il manque manifestement et tout simplement à ces chiens le temps de renifler pendant des promenades plus longues, et de marquer leur territoire. Abstraction totalement faite du manque d'activité physique, les sens naturels et la grande capacité d'apprendre des animaux sont fortement négligés. En tout état de cause, les exigences légales selon art. 71, al. 1, 2 OPAn, qui stipule que les chiens doivent être sortis en fonction de leur besoin de mouvement chaque jour en plein air conformément à leurs besoins (et sans être tenus en laisse, autant que possible), ou - si cela s'avère impossible - doivent pouvoir se mouvoir tous les jours dans un enclos (le séjour au chenil n'étant pas considéré comme tel), n'ont été remplies que de façon très limitée pour deux, voire trois chiens, et pas du tout pour les autres trois chiens qui sont utilisés sur les hauteurs. En outre, les chiens sont nettement submergés par leurs conditions de détention et par la longue durée de retenue en enclos, avec des conséquences indéterminées, tant au plan physique que pour leur comportement et leur capacité d'adaptation. Ces mauvaises conditions de détention sont la source de nouvelles mises en danger pour l'homme et l'animal.

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Manque d'occupation/ennui au chenil: les jours sans occupation sont cruels pour les chiens. L'enclos du chenil est aménagé de telle sorte que les animaux n'ont guère la possibilité de jouer, creuser, courir ou s'ébattre. Manque d'occupation/ennui lors des séances photos: les séances de prises de vue en montagne ne doivent pas être assimilées à l'occupation et au mouvement prévus par la loi. Certes, l'excursion journalière pendant la saison constitue un changement par rapport au triste quotidien du chenil, mais les chiens n'ont alors ni suffisamment de mouvement, ni de possibilités de se retirer, ni pauses, sans parler de l'occupation ou des moyens de contacts sociaux. Les chiens sont menés à la laisse, resp. avec le dispositif Halti précité, lorsqu'ils quittent le chenil. Le fait d'attendre les clients tout comme le travail impliquant de rester dans certaines positions surmènent les chiens et cela n'a rien à voir avec une occupation telle que la veut le législateur. A cela s'ajoute que la capacité de concentration est plutôt brève chez cet animal et se perd après quelques minutes déjà. Un bon conditionnement et un entraînement à forte dose permettent d'obtenir une capacité de concentration de 30 à 60 minutes, au maximum. L'attente répétée, parfois longue, de l'arrivée de clients en étant assis ou couché sur la natte ou au bord de la piste ou sur celle-ci ne peut pas être considérée comme une phase de détente pour se créer une nouvelle énergie et concentration. De plus, le chien devrait pouvoir se retirer pendant 15 minutes au moins après chaque engagement (par ex. dans la tente emmenée sur place) et s'y reposer. Or ceci n'est de loin pas le cas, selon les observations faites. Mise à contribution excessive de la capacité d'adaptation lors des trajets en train: les trajets de la station aval jusqu'au Gornergrat, Riffelberg ou Trockener Steg durent, avec les changements, environ 45 à 60 minutes. En haute saison, l'exploitation est intensive et la place est restreinte dans les trains et les cabines. Pour les chiens, ceci peut être une situation déstabilisante, inquiétante. Le long trajet qu'ils effectuent coincés entre des chaussures de ski, des skis et des planches, exerce une contrainte sur eux. Ainsi l'argument du changement et de l'occupation procurés par les courses en train ne tient pas - au contraire, la capacité d'adaptation des chiens pourrait être mise à trop forte contribution dans cette situation.

Mesures de sécurité hors du chenil Après des incidents répétés de morsures et des signes d'agressivité excessive, le vétérinaire cantonal valaisan a ordonné en janvier 2015 une obligation de port de la muselière pour les SaintBernard de Foto Fast. Les chiens ne peuvent plus se rendre en montagne que munis d'un tel dispositif, qui peut être retiré pour les séances photos. Au lieu de la muselière, les chiens se déplacent avec le dispositif précité et dénommé Halt, qui est enlevé lors des prises de vue. Les chiens portent alors un collier et une laisse. Il a été constaté que les chiens, pendant leurs engagements en montagne, étaient attachés pendant des minutes soit au moyen du dispositif Halti avec lanières, soit simplement avec un collier et laisse, 10


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seuls et sans surveillance. Des enfants, d'autres chiens - n'importe qui - peuvent s'en approcher. Ce qui comporte en soi le risque d'autres incidents de morsures, plus graves encore. Pour empêcher ce risque, l'obligation de port de la muselière est le moyen adéquat. Sous l'angle de la protection des animaux, ni le port journalier de la muselière, ni celui du dispositif Halti assorti de lanières n'est défendable. Les deux systèmes limitent massivement les animaux dans leurs contacts sociaux et leur comportement naturel, et peut à nouveau entraîner un renforcement de l'agressivité et de tout autre mauvais comportement. Pendant les séances photos, les personnes en charge des chiens incitent les touristes, même les enfants, à se tenir à hauteur de tête des chiens. Des enfants prennent la pose assis sur le dos du chien, sans possibilité pour la personne en charge d'intervenir immédiatement. Pour la Protection des Animaux PSA, ceci est une violation évidente de l'obligation de diligence de la part du guide du chien. Un risque de blessure considérable pour l'homme et l'animal est ainsi accepté. Sans compter l'énorme instrumentalisation des chiens et l'atteinte à la dignité de cette créature. De plus, sur le plan pédagogique, il est extrêmement douteux de voir que l'on permette à des enfants de se mettre sans autre au niveau de la tête de si grands chiens, voire de s'asseoir sur leur dos. Ce comportement irréfléchi est irresponsable. Les poses pour les photos avec les chiens peuvent être vues sur Internet depuis cinq ans. Pourquoi le service vétérinaire cantonal n'est pas intervenu en conséquence depuis longtemps déjà, demeure une énigme. Compte tenu de la distance à laquelle se tient le guide du chien et photographe par rapport au touriste et à l'animal lors des prises de vue, il lui est impossible d'intervenir à temps et d'empêcher efficacement des incidents de morsures. Par ailleurs, comme cela a fait l'objet de fréquentes observations, la concentration et l'attention des chiens au cours de longues séances photos

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s'effacent après peu de temps, ce qui rend encore plus difficile au guide un appel et une obéissance rapides du chien.

Tromperie du client sur le site Internet de la société Foto Fast

Sur le site Internet de la société Foto Fast SA, il est mentionné (aussi en version anglaise) que les chiens Saint-Bernard vivent dans une "maison flambant neuve à Winkelmatten" et ont à disposition de "beaux locaux neufs dans un environnement magnifique", y compris un chauffage au sol. Ces fausses déclarations sont répandues depuis des années déjà. Elles furent relevées dans la première enquête de la PSA en 2012. Des touristes sont sciemment trompés avec de telles assertions. Ils ne soupçonnent donc pas que se cachent derrière ces propos une détention de chiens contrevenant à la protection des animaux, et des chiens maltraités, instrumentalisés outre mesure. Au vu des chiffres d'affaires élevés générés par les chiens (estimation: respectivement au moins 125'000.- francs/an en 2013 et 2014 - mais plutôt le double, probablement; soit depuis 2009 au moins 430'000.- francs, mais vraisemblablement bien plus), il est totalement incompréhensible que ces chiens fassent l'objet d'aussi mauvais traitements et détentions.

Bâle, fin février 2015

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Auteure

Dr Julika Fitzi, med. vet., Service spécialisé „Chiens“, Protection Suisse des Animaux PSA

En collaboration avec

Caroline Regenass, med.vet., Service de contrôle de la protection des animaux, Protection Suisse des Animaux PSA

Photos

© Protection Suisse des Animaux PSA

Editeur

Protection Suisse des Animaux PSA Dornacherstrasse 101, Case postale 4018 Bâle Tél. 061 365 99 99 sts@tierschutz.com ; www.protection-animaux.com 13


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