Abrégé n74 bd

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Le magazine du réseau bio de Champagne-Ardenne

N°74 | hiver 2016

Cuisiniers à la ferme page 10

&

DOSSIER : Etude filières bovine et ovine dans les Ardennes page 12

Portrait de producteurs

Rencontre avec

Francis PORTIER page 8

Salon Bio et Nature de la Fête de la Grue page 11


sommaire

Actualités 4 5 6

Actualités bio nationales

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Actualités bio régionales

Rencontre avec Francis PORTIER

Vie du réseau régional

Portrait 8

Rencontre avec Francis PORTIER

Grand format 10 11 12 14 15

Cuisiniers à la ferme Le Salon Bio et Nature de la Fête de la Grue Dossier : Etude filières bovine et ovine dans les Ardennes Autour de la bio La bio vue par : Dominique STEVENOT

Pratique 16

Agenda, formations, annonces L’ABrégé est le magazine d’information du réseau bio de Champagne-Ardenne réalisé par la FRAB Champagne-Ardenne : Complexe agricole du Mont Bernard, 51000 CHÂLONS-EN-CHAMPAGNE Tél. : 03 26 64 96 81 - Site web : http://www.biochampagneardenne.org/

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L’ABrégé N°74| Hiver 2016

Vous souhaitez devenir annonceur dans l’ABrégé ?

Directeur de publication : Sylvie CORPART Présidente de la FRAB Champagne-Ardenne Ont participé à ce numéro : Producteurs : Sylvie CORPART / Francis PORTIER / Solange MERIC / FRAB : Céline BARRERE / Joël BOURDERIOUX Sébastien DUSOIR / Gwladys FONTANIEU Bastien GUICHETEAU / Samuel MARTIN / Léo TYBURCE Claire VIDIE GAB : Marion ANDREAU / Mathilde COUTURIER / Samuel MARTIN Création graphique et mise en page : Sébastien DUSOIR, chargé de communication Crédits Photos : © FRAB Champagne-Ardenne Impression : Imprimerie Morault, imprimé sur papier recyclé avec des encres végétales en 400 exemplaires. Edition : décembre 2016 ISSN : 1967-7537

Il vous est possible de vous faire connaître et de promouvoir vos produits ou services directement auprès des opérateurs régionaux de l’agriculture biologique, en insérant un encart publicitaire dans l’ABrégé. Pour plus d’informations, contactez Sébastien au 03 26 64 90 29 ou par e-mail : s.dusoir@biochampagneardenne.org

S’abonner L’ABrégé est envoyé gratuitement aux adhérents et sympathisants du Réseau bio : GAB, FRAB et Association des Champagnes Biologiques. Si vous n’êtes ni adhérent, ni sympathisant, et que vous souhaitez recevoir l’ABrégé, vous avez deux possibilités pour vous abonner : • version papier : 12 € pour 4 numéros; • version électronique au format pdf : 6 € pour 4 numéros.

Membres du réseau FNAB

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EDITO de : Sylvie

CORPART, Présidente de la FRAB

Grand Est, aides, changement d’échelle de la bio, ... Notre réseau mobilisé sur tous les fronts en cette fin d’année

A

lors que « Bio en Grand Est » prend forme, avec un programme d’action commun fortement axé sur les filières, nous multiplions en cette fin d’année les réunions politiques et les actions pour inscrire la bio dans le nouveau paysage régional. La Région vient de dévoiler sa nouvelle stratégie agricole, dont les tenants font la part belle à la « compétitivité » agricole et au progrès technologique à tout va, sans interroger les limites du modèle agricole dominant et son rôle dans la crise agricole que nous traversons. Au contraire, la bio et ses filières en sont rendues là aujourd’hui en se positionnant sur un projet agricole alternatif, basé sur la coopération et sur l’équitabilité plus que la concurrence et la dérégulation. C’est sur cette base que nous souhaitons être intégrés à part entière dans la nouvelle politique agricole régionale. C’est aussi sur cette base que nous abordons le débat majeur du « changement d’échelle » de la bio. Avec une progression à deux chiffres, tant du côté production que consommation, nous sommes de nouveau à un tournant de notre histoire. De nouveaux opérateurs et distributeurs, syndicats, OPA… - qui ont soit dit en passant toujours lutté pour cantonner la bio dans sa marginalité-, se positionnent tous sur le segment porteur de la bio….quitte à reproduire les mêmes écueils qu’en conventionnel ?

Le changement d’échelle de la bio correspond à ce que notre réseau a toujours porté, comme une ambition de transformation profonde de la société, mais présente aussi un risque majeur, si ce changement profond signifie dérive de la bio en termes de modèles de production et de contractualisation. Réaffirmons ici l’essentiel, comme base de notre travail sur le changement d’échelle : l’agriculture biologique n’est pas qu’un cahier des charges mais porte bien des valeurs de progrès, agricoles, environnementales mais aussi alimentaires et sociétales. L’autonomie des producteurs et l’équité des filières est au cœur de son projet politique, qui doit plus que jamais être réaffirmé et partagé par tous les acteurs qui développent la bio dans le cadre du changement d’échelle, afin de valoriser toutes les dimensions de l’agriculture biologique, à savoir la rémunération économique mais aussi les valeurs environnementales et sociales. C’est désormais sur le terrain des valeurs que s’engage ce nouveau tournant de notre histoire, sans quoi la bio deviendra un simple label environnemental ou une «diversification» agricole comme une autre.

Depuis 1998, la FRAB édite l’ABrégé : le magazine d’information régional du réseau bio, destiné aux producteurs bio de la région. Il présente l’actualité départementale, régionale et nationale, sur les filières, le développement, les politiques agricoles, les actions de la FRAB Champagne-Ardenne et les évènements. Portraits, dossiers, agenda et petites annonces viennent enrichir son contenu. L’ABrégé doit être un outil d’échange d’information au sein du réseau bio de Champagne-Ardenne. C’est pourquoi, en tant qu’adhérent ou sympathisant, vous avez la possibilité de participer à sa rédaction, en proposant des sujets qui vous intéressent, en nous tenant informés d’initiatives intéressantes près de chez vous, ou même en rédigeant un article ! L’ABrégé N°74|Hiver 2016

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Actualités bio nationales

POLITIQUE

LES TWEETS DE LA BIO

L’ITAB PUBLIE UN RAPPORT COMPLET SUR LES MULTIPLES BÉNÉFICES DE L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE Natacha Sautereau (ITAB*) et Marc Benoît (INRA*) ont présenté le 25 novembre à Paris les résultats d’une étude sur les externalités de l’agriculture biologique et leur chiffrage économique, commandée un an plus tôt par Stéphane Le Foll. Le ministre de l’Agriculture souhaitait avec ce travail justifier une plus grande reconnaissance des aménités de ce mode de production. Et en conséquence, un soutien financier plus important avec la Pac post-2020.

L’AB génère des aménités sur les volets emploi, environnement et santé

À partir de quelques 300 références bibliographiques, l’étude liste trois volets d’externalités générées par la bio : Emploi : Pour les deux tiers des productions agricoles, l’AB nécessite davantage d’unités de travail annuel (UTA) par hectare. En réduisant le budget alloué au chômage, ce mode de production ferait gagner à la société entre 19 et 37 € par hectare de grandes cultures. Environnement : Le non-recours aux engrais et pesticides de synthèse limite la pollution de l’eau, et ainsi, évite le coût de traitement et d’évitement, de 20 à 46 € par hectare de grandes cultures. L’AB permet également de stocker davantage de carbone dans le sol, de favoriser la biodiversité et de réduire la consommation de ressources non renouvelables, mais est davantage consommatrice de surfaces que l’agriculture conventionnelle. Santé : L’agriculture biologique réduit les risques de cancer et d’apparition d’antibiorésistance, bien que ces aménités soient plus difficiles à évaluer.

Changer de politique agricole pour préserver le capital naturel La FNAB avait déjà mis en évidence cette problématique des externalités positives et négatives des systèmes de productions agricoles lors du débat public de son AG en avril dernier. L’enjeu? Que l’argent des contribuables rémunère - via la PAC - des systèmes qui produisent des services environnementaux et sociaux utiles pour toute la collectivité. En avril dernier, Jean-Christophe Bureau avait détaillé la note collective réalisée pour le Conseil d’analyse économique du Premier ministre en recommandant de

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LEBLOGDELABIO @LEBLOGDELABIO

Produits #bio: Vers une année 2016 record pour la #consommation en #France - http://buff.ly/2fRjln9 via @20minutes 14 nov. 2016

BRIGITTE ALLAIN @BRIGITTEALLAIN

Mon amendement Manger #bio et #MangerLocal dans les cantines est adopté... Pour de bon ! @AssembleeNat 23 nov. 2016

FNAB@FNAB_BIO

Révision du règlement #bio européen: les professionnels @ChambagriFrance @synabio @lacoopagricole @fnab_ bio en accord avec @SLeFoll 29 nov. 2016

Suivez la FRAB sur Twitter : @biochampardenne https://twitter.com/biochampardenne

cibler plus directement la performance environnementale en remplaçant les aides indifférenciées et l’éco-conditionnalité par une rémunération des aménités, qui pourrait être différenciée géographiquement. Il s’agirait dès lors de faire de la préservation du capital naturel un axe central de la politique agricole. Aujourd’hui, l’ITAB et l’INRA confirment que la bio produit des externalités positives notamment pour la biodiversité, la qualité des eaux, de l’air, des émissions de GES comme de la fertilité des sols (moindres dégradations des qualités physiques, chimiques et biologiques). Les productrices-eurs bio de la FNAB se saisiront du rapport pour alimenter les discussions avec leurs homologues européens au sein du Farmers Group d’IFOAM EU. Le Ministre Stéphane Le Foll a déclaré qu’il soutiendrait les aménités de la bio dans le cadre de la PAC 2020. En effet, il ne faut plus attendre pour faire des choix pour les futures générations d’agricultrices et d’agriculteurs.

Pour aller plus loin :

- page de l’événement : http://www.itab.asso.fr/actus/2016-amenites-ab.php - Rapport complet : http://www.itab.asso.fr/downloads/amenites/amenitesab-rapport-nov2016.pdf

* Institut technique de l’agriculture biologique/ Institut national de la recherche agronomique


Actualités bio régionales

EN RÉGION

LES CHIFFRES DE LA BIO

OÙ (N’) EN EST-ON (PAS) SUR LES AIDES BIO ? par Léo TYBURCE @: l.tyburce@biochampagneardenne.org

La FRAB continue de se mobiliser sur ce dossier, désormais aux côtés de nos collègues Lorrains et Alsaciens. Voici un petit point d’actualité qui fera l’objet d’une prochaine note technique détaillée :

Retrouvez la brochure de l’Observatoire de l’Agriculture Biologique en ChampagneArdenne (Edition 2016, chiffres 2015), en ligne sur le site l’observatoire : http://biochampagneardenne-observatoire.org/

Aide au maintien et « grille de critère »

Le réseau défend l’idée d’une aide au maintien adaptée, pour rémunération des services environnementaux. Ainsi, nous défendons l’idée que cette aide doit principalement être versée aux systèmes 100% bio, considérant qu’à l’issue des 5 ans d’aide à la conversion, une ferme a théoriquement pu convertir l’ensemble de son système : la conversion bio doit être progressive mais continue, elle ne vise pas à faire coexister sur du long terme un système bio et conventionnel. Malheureusement, les services de l’Etat et de la région sont quant à eux obnubilés par la date de conversion plus que par la cohérence du système de production pour accorder l’aide au maintien : ainsi, la MAB ne serait pas prioritaire pour les engagés depuis +10 ans. Nous n’avons pas plus d’information à ce jour sur cette grille de critère, si ce n’est que nous sommes restés en désaccord majeur sur ce point.

Paiement des aides 2015 et 2016 ?

Si les ATR 2015 ont été versées dans l’année, les aides 2015 devaient être initialement soldées d’ici la fin de l’année 2016. Mais un problème important d’instruction au niveau national (mise en œuvre des outils d’instruction de paiement…) a bloqué ce processus pour décaler à mars 2017 l’instruction finale des dossiers 2015, soit 2 ans de retard! De plus, alors que la trésorerie des producteurs est sous haute tension, nous apprenons que les ATR 2016 ne devraient être versés qu’en mars 2017 ! Quant au solde 2016, nous pouvons supposer qu’il sera versé en fin 2017...

Montant 2017 : que fait on ? que dit on aux porteurs de projet ?

Les montant de plafonds 2017 devraient être définis pour la prochaine « CRAEC » de février 2017. Mais comme personne n’a de vues réelles sur la consommation des maquettes et sur les compléments financiers accordés (ciaprès), quel discours cohérent avoir auprès des porteurs de projets ? Alors que les conversions 2017 se préparent déjà aujourd’hui, concrètement, on fait quoi, on dit quoi aux porteurs de projets ?

De bonnes nouvelles quand même

Les agences de l’eau interviennent de façon de plus en plus importante pour suppléer des défaillances de financement Etat/Région. Pour mémoire, elles devraient intervenir à hauteur de près de 3,5M € en 2015, venant alléger d’autant l’enveloppe FEADER et Etat (20M € jusqu’en 2020). En 2016, L’Agence de l’Eau Seine Normandie a même décidé de dézoner son intervention à l’ensemble de son territoire. Les règles d’application ne sont pas encore connue (plafonds, prise en charge de l’aide au maintien…?), mais cette nouvelle va d’ores et déjà faire un nouvel appel d’air dans nos enveloppes plus que tendues. Enfin, au niveau national, le gouvernement a débloqué 50M € supplémentaires pour les aides bio et MAEC 2015 et 2016. Nous serons vigilants ici à ce qu’une partie conséquente de cette enveloppe soit bien dédiée aux aides bio.

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L’ABrégé N°74|Hiver 2016

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vie du réseau bio régional BIO EN GRAND EST LE GROUPEMENT “BIO EN GRAND EST” S’ORGANISE par Léo TYBURCE @: l.tyburce@biochampagneardenne.org

Le Conseil d’administration de Bio en Grand Est est composé de 6 administrateurs par ancienne région, soit 18 administrateurs au total. Lors du dernier CA qui s’est tenu le 10 octobre dernier en Lorraine, les administrateurs ont posé les grands jalons de notre programme d’action commun :

• Conversion, installation-transmission : Les 3 régions ont toutes mis en oeuvre des “pôles de conversion”, le plus récent

étant celui de Champagne-Ardenne. La FRAB a donc beaucoup à gagner à s’inspirer des bonnes pratiques des autres pôles de conversion, notamment du pôle Alsacien. Au niveau commun, nous souhaitons pouvoir harmoniser progressivement nos fonctionnements, même si chaque pôle reste encore à son échelle pour plus de proximité. En matière d’installation-transmission, la Lorraine a aussi un historique intéressant dont nous pourrions nous inspirer. Nos actions d’intervention au sein des stages 21h avec le collectif Civam/Ardear/Terres de Liens gagneraient enfin à être étendues sur tout le Grand Est.

• Les filières sont au cœur du programme Grand Est : grandes cultures, élevage (bovin lait, bovins viandes, volailles de

chair, pondeuse…), restauration collective et liens avec l’aval (y compris les distributeurs et les GMS), cultures spéciales (Arboriculture, maraîchage, viticulture…)... Un programme harmonisé est en train d’être déposé au Conseil Régional pour nos actions 2017. Il prévoit de plus en plus de projets communs au sein du Grand Est, avec notamment des référents filières bien identifiés pour partager notre expertise (la FRAB étant par exemple référente pour les grandes cultures, les bovins lait ou encore la restauration collective à l’échelle du Grand Est), et des actions qui se déroulent toujours à l’échelle des anciennes régions.

• La communication fait également pleinement partie de notre projet Grand Est, avec un plan de communication Grand Est en émergence.

• L’observatoire de la Bio va également être harmonisé, avec l’acquisition en commun d’un outil plus performant. • En 2017, les cellules Eau de chacun de nos GRAB construiront également un plan d’action harmonisé. Enfin, et c’est là le principal travail de bio en Grand Est à ce jour, à savoir la représentation des intérêts des producteurs bio : nous sommes désormais présents et actifs dans l’ensemble des commissions régionales et de l’Etat pour représenter les producteurs bio : COREAMER, COREDEF, CRAEC, PCAE, CRIT*... et bientôt l’ensemble des commissions filières de la région (viticulture, cultures spécialisées, élevage, grandes cultures). *COREAMER (Commission régionale de l’économie agricole et du monde rural), COREDEF(Comité Recherche Développement Formation), CRAEC (Commission Régionale AgroEnvironnementale et Climatique), PCAE (Plan de Compétitivité et d’Adaptation des Exploitations Agricoles), CRIT (Comité Régional Installation Transmission)

AGROBIO ARDENNES JOURNÉE ROBIO

par Marion ANDREAU @: agrobio08@biochampagneardenne.org

Le GAB, en partenariat avec la Chambre d’Agriculture et la FRAB a organisé une rencontre pour 10 éleveurs ardennais chez des agriculteurs bio lorrains équipés en robot de traite. Réduire la pénibilité du métier est une question centrale en agriculture. Si le robot est une bonne solution sur ce plan-là, cela implique en AB de réussir à maintenir un bon niveau de pâturage et de maîtriser les consommations de concentrés (même autoproduits). Dans les cas visités, les fermes avaient un bon niveau de production (autour de 6500 l /VL). Cette année, les conditions climatiques se sont avérées assez difficiles pour le pâturage (prairies humides au printemps, séchantes l’été) impliquant d’affourager toute l’année. Cependant, les résultats technico-économiques restent bons (EBE/ha : 891 € pour la 1ère année et 824 € pour la 2ème) et les éleveurs considérent avoir bien amélioré leur confort de travail.

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vie du réseau bio régional GAB 52

GAB 10 STAGES 21H

par Samuel MARTIN

RETOUR SUR LES FERMES BIO OUVERTES DE L’AUTOMNE EN HAUTE-MARNE

@: gab10@biochampagneardenne.org

par Mathilde COUTURIER @: gab52@biochampagneardenne.org

Ce sont 6 interventions en stage 21h que le réseau bio, en partenariat avec l’ARDEAR, le CIVAM et Terre de Liens ont réalisées depuis le début de l’année au niveau du Point Accueil Installation de l’Aube. Il s’agit d’une intervention de deux heures et demi sur la thématique de l’agroécologie. Elle s’articule autour d’un temps de réflexion avec les stagiaires sur leur vision de l’agroécologie et d’un temps de présentation et d’échange avec un paysan sur les pratiques mises en place sur sa ferme qui relèvent de l’agroécologie. Les jeunes apprécient ces interventions et particulièrement les discussions avec l’agriculteur présent. Elles apportent du concret et de l’expérience. Il est important que nos structures soient représentées dans ce parcours à l’installation et il est important de maintenir la mobilisation des paysans pour venir témoigner. Merci aux producteurs ayant déjà participé à ces stages.

2 Fermes Bio Ouvertes ont eu lieu en octobre en Haute-Marne organisées en partenariat entre la cellule Eau de la FRAB, le GAB et la Chambre d’Agriculture. Agriculteurs bio, conventionnels et aussi scolaires étaient au rendez-vous pour découvrir les fermes bio et échanger sur les pratiques alternatives. En octobre, une cinquantaine de personnes ont ainsi pu découvrir la ferme en polyculture-élevage d’Alain Cordival à Champigny-les-Langres : un bel exemple de système autonome puisque toutes les surfaces, prairies comme cultures sont destinées à l’alimentation des 60 vaches Simmental.

AGROBIO 51

En novembre, c’est une des fermes du RFT* de la FRAB, l’EARL du Milcignoux à Liffol-lePetit qui nous présentait son système polyculture-élevage lait et viande : l’occasion de parler de la commercialisation des produits bio puisque Lionnel Caudy développe la vente directe de viande, de lentilles et de pommes de terre sur son exploitation. En décembre, c’était au tour de Philippe COLLIN à Colombey-les-Choiseul, d’ouvrir sa ferme céréalière en deuxième année de conversion. Ce sont une douzaine de personnes qui ont pu discuter techniques en faisant le tour des champs avec Frédéric BERHAUT, technicien à la Chambre. Ce fut également l’occasion de discuter méthanisation car Philippe a un méthaniseur depuis 2010 qui est aujourd’hui nourri uniquement des déchets d’industries agr-alimentaires. Plein de projets sont à l’étude sur la ferme, affaire à suivre !

DE L’ORTIE DANS LA MARNE par Samuel MARTIN

@: agrobio51@biochampagneardenne.org

David Collot est agriculteur à Villeneuve Saint Vistre. Il produit des légumes et depuis 5 ans il cultive également de l’ortie bio, sur 4,5 ha. Il s’est intéressé à l’utilisation des plantes pour soigner les plantes suite à une formation d’Eric Petiot qui a été une vraie révélation. Il a choisi de travailler et d’approfondir ses connaissances sur l’ortie afin de l’utiliser en pesticide naturel sur ses légumes, diminuer ses charges et rechercher l’autonomie. Il a beaucoup investi dans la recherche et l’expérimentation sur la confection de purins lui donnant aujourd’hui la possibilité de le commercialiser. David observe de très bons résultats sur la culture des haricots, le sclérotinia de l’endive, ou encore sur le traitement des semences stimulant le développement racinaire. Il ne s’arrête pas à l’ortie ; il cultive et mène ses recherches sur d’autres PPAM (consoude, sauge, romarin, tanaisie,...). David prône l’expérimentation par les paysans pour les paysans. L’ABrégé N°74|Hiver 2016

*Réseau des Fermes Témoins

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portrait de producteur Charleville-Mézières

Rencontre avec

Grandchamp

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FRANCIS

Reims

PORTIER

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Troyes

Apiculteur et arboriculteur bio à GRANDCHAMP (08) Pouvez-vous nous présenter votre parcours en quelques mots ?

Francis PORTIER : “ Je n’ai pas commencé ma carrière dans l’agriculture, loin de là, avant j’étais conducteur de travaux chez France Télécom à Reims puis à Charleville-Mézières. Je suis devenu exploitant double actif en 1997, pour conserver des terres héritées et aussi pour pouvoir vendre mes produits, à l’époque c’était essentiellement du cidre. Puis petit à petit, je me suis investi davantage dans cette voie en développant ma gamme de produits. En 1997, j’ai demandé un temps partiel (80 %) pour me consacrer à cette nouvelle activité, j’étais à mi-temps de 2000 à 2005 et en disponibilité de 2005 à 2015. Depuis 2005, je suis à temps plein sur la ferme. Je me suis intéressé à l’apiculture, un peu plus tard. C’est parti d’un constat : j’avais très peu d’abeilles autour de mes arbres fruitiers et donc des problèmes de pollinisation. Après ma formation apicole, c’est devenu une passion : j’ai commencé avec 3 ruches, je me suis investi dans une association, je suis devenu agent sanitaire apicole et suite à une demande d’aide MAE (Mesure AgriEnvironnementale) apicole, je suis passé à 75 ruches. Actuellement, j’ai 90 ruches sur tout le territoire de Grandchamp. Mon activité arboricole s’est développée progressivement (essentiellement des pommiers), j’ai planté 3,5 hectares pour avoir une surface minimale en installation (obligatoire pour la MSA). Maintenant, j’en suis à 5,5 hectares, je vends mes fruits en direct et la réduction de temps de travail chez France Télécom correspond à mon investissement dans la transformation. ”

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Chaumont

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Pourquoi avoir fait le choix de l’AB ? Ce passage a-t’il été compliqué ?

FP : “ En 2009, je suis passé en bio car je me suis intéressé à ce que les autres agriculteurs touchaient comme aides, et celles de la PAC notamment. J’ai demandé à la DDT pourquoi j’avais si peu d’aides en arboriculture : ils m’ont répondu que la solution pour mon cas était un passage en bio, donc c’est un peu grâce à la DDT que je suis passé en bio ! (Rires). Et effectivement, ce passage, après une période de conversion de 3 ans a été simple. Du moins, d’un point de vue technique car ma façon de travailler était déjà bio : je travaille avec la nature et je n’ai jamais utilisé de produits chimiques de synthèse. Pour l’aspect réglementaire, j’ai été un peu dérouté au départ mais maintenant je suis rodé, même si ce n’est pas toujours évident. ”

Comment fonctionne votre ferme ?

FP : “ Sur la partie apicole, j’ai beaucoup de travail de mi-avril à septembre notamment avec le nourrissement automnal des abeilles en vue de leur préparation à un bon hivernage. En avril/mai, je me consacre à l’élevage des essaims. Et je récupère en plus des essaims chez des clients car je fais de la prestation (nettoyage de printemps, récoltes, conseil, ...). La récolte du miel commence fin mai, j’en fais 3 chez moi et 2 chez mes clients. J’ai optimisé ce travail en investissant dans une miellerie mobile avec une camionnette spécialement aménagée. Pour la partie arboricole, je commence par la taille en mars, puis les récoltes s’enchaînent avec : les cerises et les petits fruits en juin, les mirabelles et les reines-claudes en août, les quetsches en septembre et je termine avec les pommes en octobre et le cidre début novembre.


La ferme aux abeilles 90 ruches SAU : 5,5 ha en arboriculture :

cerises, mirabelles, quetsches, reine-claude, châtaignes, pomme, poires, noix, coings. Productions : Farine, fruits frais, petits fruits, confitures, gelées, plantes à parfum aromatiques et médicinales, tisanes, huiles, produits de la ruche (miel, pollen, propolis,...), jus de fruits, cidres, vins et vinaigre de fruits. Passage en bio : 2009 Installation : 1997 UTH : 1

J’ai mis en place de l’agroforesterie, entre les rangées d’arbres, j’ai semé des cultures mellifères : du sarrasin, des phacélies (engrais verts), des tournesols et de la bourrache. C’est vraiment très intéressant : par exemple la phacélie peut générer jusqu’à 400 kg de miel à l’hectare. Je fais des rotations de ces cultures ; la saison prochaine, je vais semer du trèfle d’Alexandrie, qui est également très mellifère. De plus, toutes ces cultures sont certifiées AB. Je transforme en farine le sarrasin et je vends les graines des tournesols. Il y a aussi des acacias entre les arbres ; mais cette année, ça n’a pas du tout marché car la floraison est courte et avec la pluie, ils n’ont pas été butinés. ”

Quels sont vos débouchés pour vos produits ?

FP : “ Je vends tous mes produits en direct à la ferme. Parfois, je livre des commandes à des associations ou à des restaurants voisins comme l’Auberge de l’Abbaye à Signy l’abbaye. ”

On vous demande souvent comment votre miel peut être bio ?

FP : “ Dans l’esprit des gens, le miel c’est naturel donc c’est bio, or c’est faux. Je leur explique évidemment les rayons de butinage, que mon miel de printemps est déclassé car il y a du colza traité aux alentours. Les gens ignorent aussi les différences entre apiculture bio et non bio : pour le traitement du varroa, le nourrissement,... Sur ces deux exemples, je leur présente les alternatives que j’utilise : les traitements aux huiles essentielles bio contre le varroa et le sucre bio de nourrissement que je fais moi-même. J’explique également que les abeilles recherchent de la L’ABrégé N°74|Hiver 2016

diversité dans les pollens. Des études montrent que leur système immunitaire est renforcé avec cette diversification pollinique. Elles sont mieux protégées, elles ont moins de problème de varroa et moins de stress. Le stress est le problème des ruches, c’est une accumulation de plusieurs facteurs et pathologies qui crée les désertions. Bref, il y a beaucoup de pédagogie à faire, c’est aussi pourquoi j’ouvre ma ferme. ”

Que pensez-vous de l’AB en général ?

FP : “ J’apprécie beaucoup l’état d’esprit des producteurs qui sont en bio, je les trouve en général plus décontractés, moins fixés sur les rendements et naturellement beaucoup moins critiques sur la défense de l’environnement. Avec le projet “Ruchez-vous” (projet d’installation de ruches chez des producteurs bio du département initié par Agrobio 08), j’ai rencontré différents agriculteurs bio et ça a été pour moi très enrichissant. Pour les consommateurs, mon passage en bio n’a pas changé grand chose, ça les rassure certes mais les gens viennent chez moi plus pour le côté artisanal et local. ”

Quels sont vos projets ?

FP : “ Prochainement, je vais faire du foin, qui sera certifié, à destination des particuliers (pour des lapins, chevaux, ânes, chèvres,...). Cela me permettra aussi d’alléger mon travail dans les vergers. Enfin, mon projet serait d’avoir plus de miel car cette année a été particulièrement mauvaise. Je pourrais ainsi développer des nouveaux produits comme le vin d’abeille et le confimiel : confiture dans laquelle on remplace le sucre par du miel mais cette recette nécessite vraiment plus de miel. ”

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Le réseau bio Champagne-Ardenne en action RESTAURATION COLLECTIVE BIO

Chargée de mission : Claire VIDIE

@: c.vidie@biochampagneardenne.org

Cuisiniers à la Ferme Le 21, 28 septembre et 5 octobre derniers, la FRAB a organisé, en partenariat avec MBCA (Manger Bio en ChampagneArdenne), l’événement Cuisiniers à la Ferme. Eric et Virginie Zins de la SCEA Zins, Frédéric Moniot et Christophe Tovissen du GAEC du Mont Fosse, Sylvain et Nathalie Pienne de l’EARL Saint-Charles et Virginie et Christophe Vauthier de l’EARL de la Basse Cour ont accueilli au total une cinquantaine de personnes sur leurs fermes. Ont répondu présents, des chefs cuisiniers, mais également des gestionnaires, diététiciens ou encore des élus.

Chez Eric et Virginie ZINS, à la SCEA Zins – 21 septembre 2016

Pour la première édition de l’année, Eric et Virginie nous ont accueillis à Binarville. L’après-midi s’est déroulée en deux temps. La première partie a permis aux participants de discuter de leur démarche d’introduction de SCEA Zins produits bio et locaux et d’échanger également sur l’agriBovins viande, culture biologique de manière générale. Eric a présenté la race limousine ferme et son historique. L’après-midi s’est suivie d’une visite 5 UTH 259 ha des bâtiments et des prairies. Eric et Virginie ont ainsi pu Vente en filière longue via répondre aux interrogations des participants sur l’agriculture UNEBIO (75%) et en vente directe (25%) biologique et l’élevage, les conditions de travail ou encore leur motivation pour ce choix de production.

Chez Frédéric MONIOT et Christophe TOVISSEN au GAEC du Mont Fosse – 28 septembre 2016 Au sein du GAEC du Mont Fosse, à Rouvroy-sur-Audry, ce sont plus de 160 000 litres de lait qui sont transformés chaque année et vendus par divers débouchés : magasins, marchés ou encore restauration GAEC collective via MBCA. C’était l’occasion pour Frédéric de présenter du Mont Fosse Bovins lait, leur travail, leur quotidien, ou encore le fonctionnement d’une race Prim’Holstein 6 UTH ferme en agriculture biologique, répondant ainsi aux attentes 293 ha des participants. La journée s’est terminée par une dégustation Atelier de transformation de yaourts bio locaux. Moment qui a également permis aux participants d’échanger sur leurs démarches d’introduction de produits bio locaux.

Chez Sylvain et Nathalie PIENNE, à l’EARL Saint-Charles – 05 octobre 2016 A Breban, Nathalie et Sylvain possèdent un atelier de poules pondeuses bio depuis 2002. A ce jour, l’atelier compte 4100 poules, et les œufs sont vendus majoritairement en filière longue (60%). En ce qui concerne la filière courte (40%), les œufs sont vendus dans divers types de magasins et en restauration collective via MBCA. Après une rapide description de sa ferme et de l’historique, Sylvain nous a fait découvrir EARL Saint-Charles le poulailler, les jardins d’hiver et également le centre de Poules pondeuses conditionnement. L’après-midi s’est terminée par un temps d’échange sur les leviers et les freins 3 UTH 135 ha à l’introduction de produits bio locaux en restauration collective. Sylvain nous a partagé sa vision Centre de conditionnement sur cette question, ce qui a pu apporter un autre regard aux participants. A défaut de goûter les œufs sur place, chacun a pu repartir avec une boîte !

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Chez Virginie et Christophe VAUTHIER, à l’EARL de la Basse Cour – 16 novembre 2016 A l’occasion du dernier Cuisinier à la Ferme, Christophe et Virginie nous ont accueillis à Naives-en-Blois. Cette après-midi était organisée par la FRAB Champagne-Ardenne, en partenariat avec MBCA, Paysan Bio Lorrain et le CGA de Lorraine.Les participants ont découvert cette ferme biologique qui élève des volailles de chair (pintades, poulets, chapons et dindes) et des poules pondeuses. Les producteurs abattent sur place, EARL de la Basse découpent et préparent les colis à la ferme. Ils fabriquent sur Cour place leurs aliments en produisant une partie des cultures et Volailles de chair et poules en achetant le complément aux producteurs voisins. Chrispondeuses 6 UTH tophe nous a présenté la ferme, leur cheminement et leurs 70 ha projets. Il a conclu en précisant que leur ferme de 70 ha fait Abattoir Atelier de découpe vivre 5 personnes et ils prévoient l’embauche d’une autre personne. Cela a permis aux participants Usine d’aliments d’entendre la vision d’un producteur sur l’importance du débouché de la restauration collective. Merci encore aux producteurs pour leur accueil chaleureux ! Ce type d’événement sera reconduit dès 2017, donc n’hésitez pas à vous inscrire aux prochains Cuisiniers à la Ferme.

COMMUNICATION

Chargé de communication : Sébastien DUSOIR @: s.dusoir@biochampagneardenne.org

Salon Bio et Nature de la Fête de la Grue A l’occasion de la 9ème Fête de la Grue organisée par la LPO ChampagneArdenne, la FRAB a organisé un salon Bio et Nature le dimanche 23 octobre 2016 à Der Nature (locaux de la LPO à la Ferme des Grands Pars)

Salon bio et nAture

9ème Fête de la Grue

Le retour du salon bio à la fête de la Grue

Après 2 ans d’absence du salon à la Fête de la Grue, la FRAB Champagne-Ardenne a repris l’organisation de l’événement avec le soutien et l’investissement des producteurs, et particulièrement celui de Pierre FERTE, apiculteur bio marnais. Cette année de reprise fut l’occasion de mettre en place quelques nouveautés : le salon s’est déroulé sur une seule journée, l’entrée était libre et une navette gratuite en calèche entre le parking et le salon était proposée aux visiteurs. Les objectifs de cette journée étaient de valoriser et d’informer sur toute la filière bio et locale, le bien-être, l’artisanat, l’environnement et le secteur associatif.

Une réussite

Le public a répondu présent à cette nouvelle formule, et ce sont près de 2000 visiteurs, intéressés par le bien-être, les produits de qualité et respectueux de l’environnement qui sont venus rencontrer la trentaine d’exposants et profiter des animations, des dégustations et de la restauration proposées sur le salon. La presse locale a fortement relayé l’événement.

Edition 2017

Ce succès a encouragé les organisateurs et les partenaires à reconduire et faire grandir l’événement en octobre 2017. La plupart des exposants ont d’ores et déjà réservé leur journée pour y participer de nouveau. Si vous souhaitez exposer l’année prochaine au salon, vous pouvez contacter : Sébastien DUSOIR à la FRAB : 03 26 64 90 29 ou par mail : s.dusoir@biochampagneardenne.org

L’ABrégé N°74|Hiver 2016

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Dossier

ETUDE DES FILIÈRES BOVINES ET OVINES BIOLOGIQUES DANS LES ARDENNES Chargée de mission : Gwladys FONTANIEU Chargée d’étude : Sybille MORINET

@: g.fontanieu@biochampagneardenne.org @: s.morinet@biochampagneardenne.org

Contexte de l’étude Sur les bassins hydrographiques Rhin-Meuse (en hachuré bleu sur la carte) et Seine-Normandie (la partie non hachurée bleu sur la carte) et plus précisément sur les Ardennes, plusieurs captages sont classés prioritaires pour cause de dégradation de la ressource en eau par des pollutions d’origine agricole (pesticides et nitrates). Le constat de ces pollutions diffuses nécessite la mise en œuvre d’actions permettant la reconquête de la qualité de l’eau. L’agriculture biologique possède un rôle majeur dans la protection de la ressource en eau de par son cahier des charges qui favorise les pratiques agricoles extensives, le maintien des prairies et interdit l’utilisation des pesticides et engrais de synthèse. L’élevage est prédominant sur le département des Ardennes, de par le relief marqué de ce territoire et l’abondance de pâtures. Les fermes d’élevage se situent en très grande majorité sur le nord du département correspondant aux petites régions agricoles des Ardennes, des Crêtes pré-ardennaises, de l’Argonne et de la Thiérache (en beige sur la carte). Dans ce département, l’agriculture biologique ne représente que 5.1 % des exploitations agricoles, soit 3.3% de la SAU des Ardennes. Afin de développer l’agriculture biologique sur les Aires d’Alimentation de Captage (AAC), il est nécessaire de trouver des débouchés locaux pour les fermes bio et les fermes conventionnelles qui souhaitent s’engager sur cette voie.

Objectifs Soutenue par les agences de l’eau Rhin-Meuse et Seine-Normandie, la FRAB Champagne-Ardenne a donc réalisé sur 2016 une étude des filières biologiques bovines et ovines ardennaises afin de mieux connaître ces filières, d’identifier leur potentiel de développement et aider à leur structuration territorialisée pour la protection de l’eau.

Méthodologie Tout d’abord, un état des lieux de ces filières en bio a été dressé : étude des éleveurs biologiques et positionnement des opérateurs avals sur des questions d’approvisionnement en produits biologiques locaux. Puis, nous avons cherché à mieux connaître ces filières conventionnelles dans une démarche prospective (éleveurs conventionnels sur les AAC prioritaires,

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PRODUCTEURS CONVENTIONNELS 36% bovin mixte 35% bovin allaitant 24% bovin laitier 4% bovin – ovin 1% ovin

167,3 ha de SAU 100,1 ha de STH 1,9 UTH par exploitation

PRODUCTEURS BIOLOGIQUES 32% bovin laitier 25% bovin allaitant 128 ha de SAU 98 ha de STH 19% bovin mixte 2,2 UTH par 19% bovin – ovin exploitation 5% ovin

PRODUCTION Production laitière : 555 500L de lait / exploitation

Production laitière : 284 000L de lait / exploitation 4 940L de lait / vache

8 200L de lait / vache Cheptel bovin lait : 71 vaches laitières, 28 génisses, 34 bœufs (75% des fermes) Cheptel bovin viande : 64 vaches allaitantes, 25 génisses, 30 bœufs (45% des fermes) Cheptel bovin mixte : 39 vaches allaitantes, 61 vaches laitières, 35 génisses, 36 bœufs (70% des fermes) Cheptel ovin : 100 agneaux, 96 brebis

Cheptel bovin lait : 63 vaches laitières, 19 génisses, 16 bœufs (70% des fermes) Cheptel bovin viande : 40 vaches allaitantes, 15 génisses, 10 bœufs (< 50% des fermes) Cheptel ovin : 110 agneaux, 78 brebis

DéBOUCHéS Débouchés lait : • Laiteries pour presque 100% des fermes Débouchés viande : • 33% en coopératives • 45% à des marchands de bestiaux • 12% à des boucheries, abattoirs • 7% en vente directe Sur les AAC de l’étude : • 3% de producteurs bio • 6.7% de producteurs intéressés par le bio

Lait bio : • Bonne valorisation du lait bio. • Vente directe peu développée. Viande bovine bio : • Valorisation financière correcte mais un peu juste pour les producteurs. • Valorisation difficile des veaux de 15 jours et des broutards. • Vente directe en fort développement induisant une dépendance aux outils locaux. Viande ovine bio : • Bonne valorisation des agneaux de bergerie contrairement aux agneaux d’herbe et aux brebis. • Forte importance de la vente directe. • Pas de valorisation de la laine.


opérateurs 100% conventionnels). L’étude des producteurs et opérateurs de aval, bio et conventionnels, nous a permis de proposer des actions à mettre en place pour favoriser le dévelopOPéRATEURS pement de ces productions 30 opérateurs (collecteurs, transformateurs, distributeurs) dont 30% biologiques, 53% mixtes et 17% conventionnels biologiques sur le territoire.

Lait : Les collecteurs sont prêts à se pencher sur de nouvelles candidatures d’exploitations bio et cherchent à optimiser leur collecte.

Résultats Les données sont issues d’un échantillon de 135 fermes conventionnelles, de 56 fermes biologiques et 30 opérateurs. Les données peuvent être parfois partielles. Données à ne pas utiliser sans l’accord préalable de la FRAB Champagne-Ardenne.

Bovins et ovins viande : • Les abattoirs cherchent plus de bêtes bio à abattre afin d’optimiser le fonctionnement de leurs chaînes de découpe. • Certaines productions bio comme les vaches allaitantes, les veaux et les agneaux manquent encore. La saisonnalité est un problème impactant sur ces filières. Certaines structures, notamment des distributeurs, seraient intéressées de travailler davantage avec des agriculteurs mais les connaissent peu et ont peu de temps pour les démarcher 5 opérateurs conventionnels rencontrés dont 2 opérateurs prêts à réfléchir à insérer des produits bio dans leur production La majorité des opérateurs est intéressée par une augmentation de l’insertion de produits bio et locaux dans leurs structures

Pistes d’action Suite aux opportunités et aux difficultés rencontrées par les producteurs et par les opérateurs du territoire, nous nous proposons de travailler à la consolidation de ces filières biologiques selon trois axes :

• Axe 1 : Développer de nouveaux débouchés Au vu des problèmes importants de valorisation des veaux mâles laitiers et bien que la problématique soit nationale, il est envisagé d’amorcer une réflexion sur une filière veau biologique à l’échelle des Ardennes. Concernant l’absence de valorisation de la laine, il est envisagé de mutualiser nos connaissances et nos réflexions avec les acteurs du territoire qui travaillent d’ores et déjà sur ce sujet.

• Axe 2 : Rendre les produits bio locaux plus visibles via des actions de promotion et de communication auprès des consommateurs, en particulier sur la filière ovine ; également auprès des opérateurs conventionnels pour les sensibiliser au développement d’une activité biologique. Nous amorçons une réflexion sur l’organisation d’événementiel (« quinzaine des produits bio locaux » et opérations promotionnelles ponctuelles) pour faire connaître ces produits à un large public.

• Axe 3 : Mettre en lien des acteurs de l’amont et de l’aval Nous envisageons de recréer du lien entre producteurs et opérateurs par le biais de journées d’échanges, de forum, etc. Nous proposons également d’engager une réflexion collective autour des outils d’abattage locaux et de leur optimisation. Nous souhaitons associer pleinement à ces démarches les collectivités ardennaises afin que le développement de la bio s’inscrive dans leurs politiques publiques. Ces pistes d’actions sont en cours de discussion. Ainsi, sur 2017, nous prévoyons la sélection des actions à développer (faisabilité et pertinence de l’action, notamment vis-à-vis de la préservation de la ressource en eau), une communication élargie autour du projet en particulier auprès des acteurs en lien avec les AAC prioritaires, et la mise en place de certaines actions sélectionnées. Que vous soyez un producteur, une collectivité ou un opérateur, et si vous souhaitez nous faire part de vos réflexions sur les actions envisagées, nous vous encourageons à nous communiquer vos idées : Gwladys FONTANIEU – g.fontanieu@biochampagneardenne.org – 03 52 83 00 31

Pour finir, un grand merci à Sibylle MORINET, étudiante à PURPAN (Toulouse) qui a réalisé son stage de fin d’étude à la FRAB sur ce sujet pendant 6 mois. Nous lui souhaitons le meilleur pour la suite et une bonne continuation !

L’ABrégé N°74|Hiver 2016

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Autour de la bio à lire

à voir

10 clés pour réussir sa conversion en bio

Karim Riman, Barbara Mayer Soula, Gabriel Guet, Eliette Girard

Ce guide passe en revue tous les conseils pratiques, recommandations, retours d’expérience et témoignages, classés en dix clés, dont l’objectif est de vous apporter une méthodologie qui vous permettra de réussir dans les circuits courts. Prix : 19,00 € Parution : 2016 Editeur : France Agricole

Les Seigneurs de la terre - Tome 2 To bio or not to bio Scénariste: Fabien Rodhain /Dessinateur: Luca Malisan

2000. Bien qu’Anne soit enceinte, Florian ne lâche pas son rêve : suivre l’appel de la Terre et monter une ferme en agriculture biologique. Mais c’est là que les ennuis commencent… Son père, Président de la plus grosse coopérative de la région, compte bien utiliser son réseau pour lui mettre des bâtons dans les roues. Prix : 13.90 € Parution : 2016 Editeur : GLENAT

Qu’est-ce qu’on attend ? Marie-Monique Robin

Qui croirait que la championne internationale des villes en transition est une petite commune française ? C’est pourtant Rob Hopkins, fondateur du mouvement des villes en transition, qui le dit. Qu’est ce qu’on attend ? raconte comment une petite ville d’Alsace de 2 200 habitants s’est lancée dans la démarche de transition vers l’aprèspétrole en décidant de réduire son empreinte écologique. Date de sortie : 23 novembre 2016 Durée : 1h 59min

Les VRAIES idées FAUSSES sur LA BIO

“Les pesticides autorisés en bio et les pesticides de synthèse, c’est pareil !” L’agriculture biologique a émergé par conviction que le modèle agricole s’orientait excessivement vers l’intensification et l’artificialisation des pratiques. Les systèmes agricoles bio s’affranchissent des produits de synthèse et reposent avant tout sur une approche agro-écologique, c’est-à-dire qu’ils s’appuient sur les processus naturels des écosystèmes. Plus concrètement, cela se traduit par la gestion de la fertilité du sol, l’aménagement paysager, la diversité des cultures produites… Lorsque l’utilisation des processus écologiques et autres pratiques agronomiques ne suffisent pas, des techniques mécaniques et thermiques viennent en renfort pour gérer les adventices, tandis que des préparations dont des pesticides à base de composés naturels, peuvent être utilisés pour la gestion des insectes et maladies (bouillie bordelaise, huiles essentielles…). Ces pesticides sont peu utilisés : leur usage est globalement restreint à la production des fruits et

légumes (viticulture comprise). Ces pesticides peuvent user de toxicité. Ils ne sont donc pas inertes mais ils ont un moindre impact sur l’environnement et sont moins retrouvés dans les produits alimentaires. Ils sont d’origine naturelle, aussi ils ont une place dans la nature à la différence des produits de synthèse (artificiels) à l’origine des problèmes actuels. L’agriculture biologique et les acteurs qui la promeuvent sont engagés dans une démarche d’amélioration continue des pratiques de production et cherche pour cela à s’affranchir tant que possible d’intrants agricoles, sinon à les substituer par des préparations les plus douces possibles. Le réseau FNAB s’attache à préserver cette éthique dans le développement de l’AB et à sa traduction dans la règlementation. Il convient maintenant de se faire sa propre idée en se rendant chez des producteurs bio, et de se référer aux études* environnementales et sanitaires réalisées.

* L’étude Bionutrinet Santé menée par une équipe scientifique révèle dans ses premiers résultats un meilleur état de santé chez les consommateurs de produits bio toute chose égale

par ailleurs. Que choisir (n° d’octobre 2016) : des résidus de pesticides (en moyenne 5 à 7) ont été trouvés dans tous les échantillons conventionnels sauf un, mais aucun dans 30 des 36 échantillons bio, les résidus trouvés dans les 6 autres étant présents à l’état de traces correspondant à une contamination. Les travaux du FIBL révèlent que les sols bio accueillent davantage de biodiversité que les sols conventionnels. Le CNRS démontre un moindre impact de l’AB sur la qualité de l’eau et préconise sa généralisation pour atteindre un bon état de qualité de l’eau.

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LA BIO VUE PAR :

Dominique STEVENOT, consom’actrice bio FAGNIÈRES (51)

J

e suis consommatrice de produits bio depuis une dizaine d’années. Au départ de quelques produits d’épicerie trouvés, je l’avoue, dans les chaînes discount puis dans l’hypermarché voisin. Puis je suis devenue cliente du magasin Biocoop de Châlons-en-Champagne, où je me rendais environ une fois par mois (j’habite à l’opposé dans l’agglomération…) et occasionnellement des 2 producteurs de légumes bio et du boulanger sur le marché. Mais ma consommation de produits bio a surtout pris un grand tournant lorsqu’une antenne de l’AMAP de Champagne-Ardenne a été créée à Châlons il y a 3 ans (devenue depuis indépendante sous le nom de l’AMAP du Mau Bio). J’ai commencé tout doucement par le panier de légumes pendant un an, puis j’ai goûté et vite adopté les poulets, lentillons et pâtes, pour enfin cette année acheter tous les produits proposés par l’AMAP : du miel aux yaourts et fromage de chèvre, en passant par les herbes aromatiques… Bref je suis devenue accro à tel point que je tanne mes camarades engagés au sein du collectif de l’AMAP pour élargir encore le cercle de produits proposés au sein de notre association ! Maintenant je pense que mon alimentation est à 90 ou 95% bio, mais le changement concerne aussi mon mode

L’ABrégé N°74|Hiver 2016

d’achat complètement inversé : je ne vais plus qu’une fois par mois dans mon supermarché pourtant tout proche, pour faire de petites emplettes la plupart du temps non alimentaires et tout le reste de mes achats est produit localement ou acheté dans des petites structures locales et à échelle humaine. C’est ce point qui est pratiquement aussi important pour moi que la qualité du produit : la qualité humaine dans l’échange avec le vendeur ou le producteur, mais aussi avec les autres « clients » : que ce soit à la biocoop, au marché ou lors des distributions de l’AMAP où les clients sont devenus des «consomm’acteurs». Seul point noir dans ma vie toute bio : ne trouvant pas d’établissements qui utilisent principalement des ingrédients bio et qui valorisent davantage les légumes à la viande, je ne vais plus au restaurant à Châlons…

Pour plus d’informations :

www.facebook.com/pages/AMAP-Champagne-Ardenneantenne-de-Châlons-en-Champagne

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séminaire

“Accompagner la transition agricole des territoires”

à Paris, les 19 et 20 janvier 2017 programme et inscription (obligatoire) : http://www.eauetbio.org/evenements/seminaire-janv-17-transition-agricoleterritoires/

Agenda

Assemblée générale de la FRAB

Retrouvez tous les événements du réseau bio en région ici :

à Chalons-en-Champagne (51)

Débat FNAB

mardi 28 mars 2016 Informations à venir

Changement d’échelle de la bio : une chance pour les productrices et producteurs du réseau FNAB en Grand Est?

à Nancy (54) mardi 24 janvier 2017 Constats, enjeux et conséquences pour les actions syndicales et de développement du réseau à l’échelle nationale, régionale et locale. Débat en présence de Stéphanie PAGEOT, Présidente de la FNAB et d’administrateurs du CA de la FNAB Evénement ouvert à tous les adhérents du réseau en Grand Est

Assemblée générale du GAB 10 à la maison des associations de Troyes (10)

lundi 30 janvier 2017 à 14h Assemblée générale du GAB 52 à Chaumont (52)

mercredi 08 février 2017 à 9h30 Assemblée générale de la FNAB en Alsace (Strasbourg ou Mulhouse)

mardi 4 et mercredi 5 avril 2017

Formations Prochaines formations organisées par le réseau bio :

Initiation à la viticulture biodynamique

Mettre en place un atelier volaille en bio

26, 27 janvier et 30 mai 2017

à Breban (51)

Dans la Marne (51)

Lundi 12 décembre 2016 Formation sur les légumes à forte valeur ajoutée Mettre en place un atelier porc en bio

6 et 7 février 2017

à Brugny-Vaudancourt (51)

à Chalons-en-Champagne (51)

Mardi 13 décembre 2016 Prévenir les maladies du bois en modifiant son mode de taille dans l’aube (10)

Vendredi 6 janvier 2017 Formation technique sur les cultures d’été sous serre à Chalons-en-Champagne (51)

9 et 10 janvier 2017

Annonces Recherche fermes pour accueillir la Fête du Lait Bio

La Fête du Lait Bio se prépare dès aujourd’hui pour la prochaine édition :

dimanche 4 juin 2017

Grand

Est

Nous recherchons dès maintenant des fermes (la vente directe et l’accueil du public sont un plus) qui pourront accueillir l’événement. L’organisation de l’événement nécessite un investissement de la part des producteurs accueillants. Le réseau se mobilise pour appuyer toutes les initiatives. Si cet événement vous intéresse merci de bien vouloir vous faire connaître auprès de votre GAB et de la FRAB avant fin janvier.

Magazine réalisé avec le soutien de :

Pour tout complément d’information, contactez : Sébastien DUSOIR :

03 26 64 90 29 ou s.dusoir@biochampagneardenne.org


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