Le christianisme paganisé

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Le Christianisme PaganisĂŠ


Le Christianisme PaganisĂŠ


De nos jours, la plupart des chrétiens ignorent tout de la manière dont l’Eglise est devenue ce qu’elle est actuellement et de combien de ses pratiques sont simplement le résultat de l’accumulation de traditions, ayant très peu de racines dans la parole voire aucune. Ce livre nous rend un grand service en épluchant les couches de la tradition pour arriver aux origines de ce que nous appelons aujourd’hui « l’Eglise ». Les chrétiens désireux d’être fidèles à la Bible, sans tenir compte de leurs traditions ou de leur forme d’église particulière pourront tirer de ce livre des enseignements bénéfiques. Dr. Howard Snyder Professeur d’Histoire et de Théologie de la mission, Asbury Theological Seminary; auteur de quatorze livres dont [la Communauté du Roi] Le livre Le christianisme paganisé contient une grande variété d’informations historiques intéressantes et utiles dont la plupart des chrétiens ou non chrétiens n’ont pas conscience. Ce livre retrace (partiellement ou intégralement) les racines païennes des pratiques actuelles de nos églises, ainsi que celles empruntées à des coutumes juives anciennes ou même parfois plus récentes. Dr. Robert Banks Erudit et théologien du Nouveau Testament; auteur de [Le concept de la communauté selon Paul] et de [La révision de l’éducation théologique] Pourquoi « pratiquons-nous l’église » telle que nous la pratiquons aujourd’hui? La plupart des gens pensent que les racines du cérémonial religieux chrétien peuvent être retracées jusqu’au 1er siècle. Mais il n’en est rien. Les choses qui nous sont chères, les bâtiments sacrés où l’on se rassemble, les tables sacramentelles, les liturgies cléricales, etc. étaient inconnues des assemblées de Paul. Le Christianisme paganisé scrute nos principales traditions d’églises et les documente en remontant à leur origine, bien postérieure au temps des apôtres. Vous êtes-vous jamais demandé pourquoi les gens se mettent sur leur trente-et-un pour se rendre à l’église le dimanche ? Le Christianisme paganisé développe la réponse à cette question ainsi qu’à de nombreuses autres qui taraudent l’esprit de certains. En lisant ce livre, vos yeux s’ouvriront sur le fait qu’en réalité, l’empereur (ecclésiastique) ne porte aucun vêtement. Jon Zens Editeur de [Chercher ensemble] C’est un livre important qui démontre que plusieurs des aspects pratiques de la vie, du ministère et de la structure de l’église contemporaine ont très peu de fondement biblique, voire aucun et s’inspirent en réalité d’une grande variété de modèles et d’idées non-chrétiens, dont la plupart sont opposés à la vie et à la croissance chrétiennes. De nombreux lecteurs considéreront ce livre comme une provocation extrême mais tous ceux que l’avenir de l’église préoccupe devraient le lire. Dave Norrington


Conférencier en études religieuses à Blackpool et au Fylde College, et auteur de [Prêcher ou ne pas prêcher.] Le Christianisme paganisé documente des domaines spécifiques où la vie de l’église contemporaine viole les principes bibliques. Que vous tombiez d’accord ou non avec les conclusions de l’auteur, vous ne pourrez pas remettre en question sa documentation C’est un travail d’érudit aboutissant à une conclusion explosive. Tout particulièrement pour ceux d’entre nous qui sommes ancrés dans le mouvement moderne des églises de cellules, il représente un outil de valeur qui nous obligera à reconsidérer le sens du terme ecclésia. Dr. Ralph W. Neighbour Auteur de [Où aller maintenant?]


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Frank Viola et George Barna



Dédicace A mes frères et sœurs tombés dans l’oubli à travers les âges qui ont courageusement franchi les limites sécuritaires du christianisme institutionnel au risque de leur vie. Vous avez fidèlement porté le flambeau, enduré la persécution, vu votre réputation ruinée, perdu votre famille, souffert la torture et versé votre sang pour préserver le témoignage immémorial que Jésus-Christ est le Chef de son Eglise, et que chaque chrétien est un prêtre, sacrificateur… un ministre… et un membre fonctionnel de la maison de Dieu. Ce livre vous est dédié.




SOMMAIRE Remerciements

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Préface

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Introduction: « Qu’est-il arrivé à l’Eglise? » by George Barna

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Chapitre 1: Avons-nous vraiment agi en conformité avec le Livre?

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Chapitre 2: Le bâtiment d’église: l’héritage du complexe de l’édifice

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Chapitre 3: Le déroulement du culte: les dimanches matins coulés dans le béton

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Chapitre 4: Le sermon : la vache la plus sacrée du protestantisme Chapitre 5: Le pasteur : voleur du fonctionnement de chaque membre Chapitre 6: Les costumes du dimanche : dissimuler le problème Chapitre 7: Les ministres de la musique : clergé de second-rang Chapitre 8: La dîme et les salaires du clergé : les points sensibles du portefeuille Chapitre 9: le baptême et la Sainte Cène : dilution des sacrements Chapitre 10: l’éducation chrétienne : bourrage de crâne Chapitre 11: Nouvelle approche du Nouveau Testament : La Bible n’est pas un puzzle

91 105 131 139 149 161 169 183

Chapitre 12: Une autre perspective sur le sauveur : Jésus, le Révolutionnaire Epilogue: L’étape suivante

199 207

Dernières pensées

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Synthèse des origines

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A propos des auteurs

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Personnages clés de l’Histoire de l’Eglise

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Notes

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« L'expérience fournit la preuve pénible que les traditions, une fois qu'elles prennent forme, sont d'abord considérées comme utiles, puis deviennent nécessaires. Par la suite, elles finissent trop souvent par devenir des idoles devant qui chacun doit se prosterner ou bien être puni. » J. C. Ryle « Toute vérité franchit trois étapes. D’abord elle est ridiculisée. Ensuite, elle subit une forte opposition. Puis, elle est considérée comme ayant toujours été une évidence. » Arthur Schopenhauer



Remerciements Peu après avoir quitté l’église institutionnelle pour commencer à me réunir avec des chrétiens à la façon du Nouveau Testament, j’ai cherché à comprendre comment l’église chrétienne en était arrivée à ce qu’elle est aujourd’hui. Pendant des années j’ai tenté de mettre la main sur un livre bien documenté qui retraçait les origines de toutes les pratiques non-biblique que nous, les chrétiens, observons chaque semaine.1 J’ai consulté un grand nombre de bibliographies et de références répertoriées dans les bibliothèques. J’ai également contacté des historiens et des érudits, en leur demandant s’ils avaient eu vent d’une telle œuvre. Ma quête se heurtait à une réponse régulière: Aucun livre de cette sorte n’a jamais été rédigé. Ainsi donc, dans un instant de folie, j’ai décidé de mettre la main à la charrue. A ma grande honte, je suis forcé d’admettre que j’aurais aimé que quelqu’un d’autre s’attelle à cet immense projet, quelqu’un comme un professeur sans enfants et sans poste ! Cela m’aurait évité un nombre incalculable d’heures de travail pénible et de nombreuses frustrations. Néanmoins, maintenant que le travail est terminé, je suis heureux d’avoir eu le privilège d’être un pionnier dans ce domaine par trop négligé. Certains pourront s’étonner que j’aie jugé bon de d’accorder autant de temps et d’énergie à documenter les origines de nos pratiques ecclésiales contemporaines. C’est pourtant simple. Le fait de comprendre la genèse de nos traditions d’églises peut très bien bouleverser le cours de l’histoire de l’Eglise. Comme l’a un jour dit le philosophe Søren Kierkegaard, « La vie ne se comprend que par un retour en arrière, mais on ne la vit qu’en avant. » Sans comprendre les erreurs du passé, nous sommes voués à un avenir lacunaire. C’est pour cette raison que je me suis décidé à une première tentative de mise en œuvre de ce projet himalayen. En publiant cette œuvre, mon espoir est aussi simple qu’il est sérieux : Que le Seigneur l’utilise comme un outil pour ramener son église à ses racines bibliques. Sur ces propos, je voudrais remercier Frank Valdez pour sa fervente perspicacité ainsi que pour son amitié indéfectible. Mike Biggerstaff, Dan Merillat, Phil Warmanen, Eric Rapp, et Scott Manning pour la relecture du manuscrit original; Howard Snyder pour ses remarques hors pair que seul un érudit pouvait formuler; Neil Carter pour sa ténacité volontaire à m’assister dans la recherche de tout ce qui se trouve sous le soleil; Chris Lee et Adam Parke pour les allers-retours répétés à la bibliothèque à trimballer des piles de bouquins poussiéreux pour mon étude; Dave Norrington pour son envoi périodique de précieuses orientations à travers l’Atlantique; Gene Edwards pour ses efforts pionniers et ses encouragements personnels; tous les professeurs de séminaires dont la liste des noms serait trop longue, pour avoir répondu à mes requêtes innombrables et insistantes, et Kim Miller ainsi que l’équipe de Tyndale, pour leur inestimables suggestions et la superbe édition. —Frank Viola 13



Ceux qui ne peuvent se rappeler le passé sont condamnés à le répéter. George Santayana Pourquoi transgressez-vous le commandement de Dieu au profit de votre tradition? Jésus-Christ en Matthieu 15:3, LSG

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Depuis sa publication initiale (la 1ière version anglaise, n.d.t.), « Le christianisme paganisé ? » a déclenché une onde de choc électrique. Cataclysmique même. Pendant les cinq premières années suivant sa publication, le débat au sujet de ce livre a enflammé l’univers des blogs. Il a été porté aux nues et diffamé. Salué et mis au pilori. Recommandé et critiqué. D’aucuns ont formulé l’intéressante observation qu’aucun livre n’avait jamais autant été commenté par des gens qui ne l’avaient jamais lu. Cependant, la plupart des lecteurs ont réagi positivement, par des commentaires tels que “Ce livre exprime ce que je ressens depuis de longues années à propos de l’église. Et il a donné à ce sentiment une envergure biblique et historique.” Il est intéressant de noter que George et moi-même avons reçu d’innombrables lettres au contenu identique de la part de pasteurs. Sans aucun doute, ce livre a touché une corde sensible. Ainsi que quelques nerfs. Etant donné le grand nombre de questions qui nous ont été adressées à propos du livre, nous avons créé une page FAQ où nous avons répondu à chaque question ou objection. Vous pouvez accéder à cette page sur : www.PaganChristianity.org. Voici cinq observations importantes avant de commencer à lire cette dernière édition: 1. Durant les quatre dernières années, « Le christianisme paganisé ? » a transformé la vision de l’église d’un grand nombre de chrétiens ainsi que leur façon de la pratiquer. Nombreux sont ceux qui nous ont dit que depuis la lecture du livre, ils ont trouvé la liberté de remettre en question les traditions ecclésiales communément admises et de les passer par le filtre des enseignements de Jésus et des apôtres. Par ailleurs, beaucoup de modèles organiques d’églises se sont désormais implantés dans le monde entier. Dans ces communautés, les croyants sont en train de découvrir l’expérience du corps de Christ et la signification du rassemblement sous la direction de Jésus. 2. « Le christianisme paganisé ? » n’a jamais été censé être un livre unilatéral. Il fait partie d’une conversation. La deuxième partie en représente la suite constructive, « Ré imaginer l’Eglise. » « Le christianisme paganisé ? » déconstruit, alors que « Réimaginer l’Eglise » construit. Ils représentent chacun une face opposée du même débat. Par conséquent, si l’on limitait notre lecture à ce seul livre, cela reviendrait à raccrocher en ayant entendu seulement la première partie d’une conversation. La deuxième partie de la discussion (Réimaginer l’Eglise) est celle ou des solutions viables et bibliques sont proposées. 3. Après quatre années de critique rigoureuse (et, parfois de présentation déformée), les arguments du livre se tiennent toujours. Malgré les nombreuses objections ayant été soulevées pour démolir « Le christianisme paganisé ? », il reste 16


encore à le réfuter de manière pertinente ou www.ptmin.org/answers.htm pour étayer cet argument.)

à

l’écarter

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4. George et moi avons rédigé ce livre motivés par un amour profond pour l’église. Nous l’avons également écrit à cause d’une vision qui brûle dans nos cœurs. C’est pourquoi le ton donné par le texte est censé provoquer notre réaction. Certains lecteurs peu habitués à cette façon d’écrire peuvent l’interpréter à tort comme étant une récrimination. Mais notre façon de vous défier était motivée par l’amour et issue de beaucoup de larmes ainsi que d’un cœur brisé, soupirant après la restauration de la maison de Dieu. 5. Lorsque vous lirez ce livre, vous remarquerez que certaines des présentations qui en ont été faites sont tendancieuses et inexactes. Par exemple, George et moi n’argumentons pas en faveur de l’ « église de maison » comme étant le modèle certifié d’une église. Au contraire, nous visons à une « expression organique de l’église », « une église organique » en somme, ce qui est différent d’une église de maison. Nous n’élevons aucune objection contre la prédication ou l’enseignement, au contraire, nous encourageons ces deux pratiques. Cependant, nous remettons en question le sermon moderne pour des raisons historiques, bibliques et pragmatiques. A l’identique, nous ne croyons pas qu’une pratique est mauvaise juste parce qu’elle a des racines païennes. Notre raisonnement est plutôt que l’on devrait se débarrasser des pratiques qui contredisent les enseignements de Jésus et des apôtres et garder ce qu’ils ont enseigné. « Le christianisme paganisé ? » n’a pas été écrit pour diviser le corps de Christ. Au contraire, George et moi avons écrit ce livre pour vous encourager à repenser votre pratique de l’église à la lumière des Ecritures et à rechercher le Seigneur en communauté par des moyens novateurs et créatifs, fidèles à la Bible et visant à le magnifier. J’ai publié d’autres livres constructifs conçus pour vous aider à atteindre ces objectifs. Notre prière est que ce livre commence à vous libérer pour expérimenter ce que Dieu a de meilleur et de plus élevé pour son église bien-aimée, ceci ayant toujours été son intention. Frank Viola Gainesville, Florida Juin 2011

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Préface Lorsque le Seigneur Jésus a marché sur cette terre, l’opposition majeure qu’il a rencontrée fut celle des deux grands partis religieux de son époque : les Pharisiens et les Sadducéens. Les Pharisiens ont rajouté des choses à la Bible. Ils obéissaient à la loi telle qu’elle était interprétée et appliquée par les scribes, experts de la loi qui vivaient pieusement et dans la discipline. En tant qu’interprètes officiels de la parole de Dieu, les Pharisiens étaient dotés du pouvoir de créer de la tradition. Ils collaient à la parole de Dieu des tartines de lois humaines qui étaient transmises aux générations ultérieures. Ce cortège de coutumes vénérables, souvent appelé « la tradition des anciens » est arrivé à jouir de la même considération que l’écriture sainte elle-même.1 L’erreur des Sadducéens allait dans l’autre sens. Ils escamotaient des parties entières de l’Ecriture, estimant que seule la loi de Moïse devait être observée.2 (Les Sadducéens niaient l’existence des esprits, des anges, de l’âme, de la vie après la mort et de la résurrection.3) Dès lors, il n’y a rien d’extraordinaire à ce que l’autorité de Jésus ait été vivement remise en question dès son entrée en scène dans l’histoire humaine. (Lire Marc 11:28). Il débordait du cadre de ces deux archétypes. Jésus était considéré avec suspicion à la fois par les Pharisiens et les Sadducéens. Cette suspicion n’a pas mis longtemps à virer à l’hostilité. Et autant les Pharisiens que les Sadducéens ont pris des mesures visant à mettre à mort le Fils de Dieu. L’histoire se répète de nos jours. Le christianisme contemporain est tombé simultanément dans les erreurs des Pharisiens et des Sadducéens. En premier lieu, le Christianisme contemporain est coupable de l’erreur des Pharisiens. C’est-à-dire qu’il a rajouté une tonne de traditions conçues par l’homme qui ont torpillé la direction vivante, vivifiante et fonctionnelle de Jésus-Christ dans son Eglise. Dans les traditions des Sadducéens, la majeure partie des pratiques du 1er siècle ont été supprimées du paysage chrétien. Mon livre Rethinking the Wineskin (revisiter l’outre à vin) exhume quelques unes des pratiques qui caractérisaient la vie de l’église du premier siècle. De telles pratiques sont aujourd’hui restaurées à petite échelle par ceux qui ont osé franchir le pas terrifiant de quitter le camp rassurant du christianisme institutionnel. Même ainsi, les Pharisiens et les Sadducéens nous enseignent de concert cette leçon trop souvent ignorée : il est nuisible de diluer l’autorité de la parole de Dieu que ce soit par addition ou par soustraction. Nous brisons tout autant les Ecritures en les ensevelissant sous une montagne de traditions humaines, qu’en ignorant leurs principes. 19


Dieu n’a pas omis de nous dévoiler les principes qui devraient dominer les pratiques de son Eglise. Permettez-moi d’illustrer ceci par une question : d’où tironsnous nos pratiques de vie chrétienne ? D’où vient notre modèle pour comprendre ce qu’est un chrétien de base. Tout cela ne se trouve-t-il pas dans la vie de Jésus-Christ telle que décrite dans le Nouveau Testament ? Ou bien allons-nous le chercher ailleurs ? Peut-être auprès d’un philosophe païen? Peu de chrétiens discuteraient le fait que Jésus-Christ est le modèle de la vie chrétienne tel qu’il est présenté dans le Nouveau Testament. Jésus-Christ est la vie chrétienne. De la même façon, lorsque Christ est ressuscité des morts et monté au ciel, il a donné naissance à son Eglise. Cette Eglise était lui-même sous une autre forme. C’est ici le sens de l’expression « corps de Christ. »4 Par conséquent, le Nouveau Testament nous présente une genèse de l’Eglise. Je pense que l’église du 1er siècle était l’église sous sa forme la plus pure, avant d’être souillée et corrompue. Ce qui ne signifie pas qu’elle était exempte de problèmes (les épîtres de Paul démontrent clairement qu’elle en avait). Cependant, les conflits que Paul traite sont inévitables lorsqu’un peuple déchu cherche à former une communauté soudée.5 L’église du 1er siècle était une entité organique. Il s’agissait d’un organisme vivant et respirant qui s’exprimait bien différemment de l’église d’aujourd’hui. Et cette expression révélait Jésus-Christ sur cette planète à travers son corps dont chaque membre remplissait sa fonction. Dans ce livre, je tente de démontrer combien cette manifestation était dénuée de tant de choses que nous avons adoptées aujourd’hui. Ces pratiques de l’église du 1er siècle étaient l’expression naturelle et spontanée de la vie divine qui animait les chrétiens primitifs. Et elles étaient solidement fondées sur les principes et les enseignements intemporels du Nouveau Testament. Par contraste, dans nombre d’églises contemporaines, une multitude de pratiques sont en conflit avec les principes et les enseignements bibliques. Si nous creusons plus profondément, nous sommes contraints de nous interroger : d’où viennent ces pratiques de l’église actuelle ? La réponse est dérangeante : la plupart sont empruntées aux coutumes païennes. Une telle déclaration court-circuite la pensée de beaucoup de chrétiens lorsqu’ils l’entendent. Mais il reste que ce fait est immuable et historique, comme ce livre s’appliquera à le démontrer. J’argumenterais donc, que, sur un plan théologique, historique et pragmatique, l’église du 1er siècle est la meilleure représentation du rêve de Dieu. la communauté bien-aimée qu’il désire créer, et recréer à chaque chapitre de l’Histoire de l’humanité. L’église du premier siècle nous enseigne la façon dont la vie divine s’exprime lorsqu’un groupe de personnes commence à vivre ensemble selon ses principes. Qui plus est, ma propre expérience des églises organiques confirme cette conclusion. (Une église organique est simplement une église née de la vie spirituelle au lieu d’avoir été édifiée par des institutions humaines et assemblée par des 20


programmes religieux. Les églises organiques, se caractérisent par la direction de l’Esprit, la participation libre aux réunions et la gouvernance non hiérarchisée. Ceci est en totale opposition avec les églises dirigées par un clergé et une institution.) Mon expérience aux Etats-Unis et outre-mer, est que lorsqu’un groupe de chrétiens commence à suivre ensemble la vie du Seigneur qui les habite, les traits caractéristiques de l’église du 1er siècle émergent naturellement. Ceci parce que l’église est véritablement un organisme. En tant que tel, elle possède un ADN qui produira toujours ces mêmes traits si tant est qu’elle puisse croître de façon naturelle. Il va de soi que les églises organiques présenteront des différences selon les cultures au sein desquelles elles évoluent. Mais si l’église adhère à la vie divine qui demeure en elle, elle ne produira jamais les pratiques non scripturaires dont traite ce livre.6 De telles pratiques sont des éléments étrangers que le peuple de Dieu a puisés chez ses voisins étrangers, ceci pouvant remonter jusqu’au IVème siècle. Ces éléments ont été adoptés, baptisés et qualifiés de « chrétiens. » Et c’est la raison pour laquelle l’église erre dans son état actuel, empêtrée dans des divisions sans fin, dans la passivité et le manque de transformation parmi le peuple de Dieu. En résumé, ce livre se consacre à exposer les traditions qui ont été épinglées sur le chemin de Dieu pour son église. L’argument qui nous anime est simple : nous cherchons à déblayer un grand nombre de débris dans le but de laisser la place au Seigneur Jésus-Christ. Nous formulerons également une allégation outrageuse : sous sa forme contemporaine et institutionnelle, l’église n’a aucun droit d’exister qu’il soit biblique ou historique. Bien entendu, cette allégation représente ma conviction, basée sur les preuves évidentes que je vais exposer dans ce livre A vous de décider si elle est valable ou pas. Cet ouvrage n’a pas la prétention d’être érudit, il est par conséquent non exhaustif. Un tel traitement de l’origine des pratiques de notre église contemporaine remplirait plusieurs volumes. Mais ils ne seraient lus que par très peu de gens. Même si ce volume est unique, il contient une grande quantité d’Histoire. Néanmoins, il n’explore pas chaque position historique. Au contraire, il se focalise sur la piste des pratiques essentielles qui définissent aujourd’hui le courant dominant du christianisme.7 C’est parce qu’il est si important de comprendre les racines des pratiques de notre église contemporaine que je souhaite que chaque chrétien cultivé puisse lire cette œuvre.8 Par conséquent, j’ai choisi de ne pas employer un jargon technique, mais d’écrire en langage courant. En même temps, chaque chapitre est parsemé de notes de bas de pages remplis de détails annexes et citant les sources. (Je souhaite que mes lecteurs sachent que je ne jette pas de la paille au vent ni ne brasse de l’air!)9 Les chrétiens réfléchis qui souhaitent vérifier mes dires et acquérir une compréhension plus profonde des 21


sujets abordés devraient lire les notes de bas de page. Ceux qui n’ont cure de ce genre de détails peuvent les ignorer. Les notes de bas de pages illustrent ou clarifient occasionnellement des affirmations mal comprises. Au final, je suis ravi d’avoir travaillé avec George Barna à cette édition révisée. Le flair peu commun de George en ce qui concerne les recherches de lectures en a étayé cette œuvre. Ce livre peut se placer au même niveau que le premier: Rethinking the Wineskin: The Practice of the New Testament Church (l’outre à vin revisitée : la pratique de l’église du Nouveau Testament.) Chacun de ces livres illustre une face opposée de la même pièce. Le fait d’utiliser la Bible pour illustrer la façon dont l’église primitive fonctionnait, Wineskin démontre sans conteste que ceux qui ont quitté le carcan du christianisme institutionnel pour prendre part à l’église organique ont le droit biblique d’exister. Ce livre que vous tenez dans vos mains passe ce cap et montre qu’ils ont également le droit historique d’exister. Il s’est développé une vision approfondie sur les pratiques de l’église, affirment ceux qui à travers les siècles ont cherché à être fidèles à la simplicité de la vie de l’église telle que la Bible l’expose, malgré la pression qui les poussait à être conformes à l’église institutionnelle. Frank Viola Gainesville, Florida Mai 2007

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"Mais il n’a pas d’habit du tout !" cria un petit enfant dans la foule. "Grands dieux ! entendez, c’est la voix de l’innocence" dit son père. Et chacun de chuchoter de l’un à l’autre : "Il n’a pas d’habit du tout." "Il n’a pas d’habit du tout !" cria à la fin le peuple entier. L’empereur frissonna, car il lui semblait bien que tout son peuple avait raison, mais il pensait en même temps qu’il fallait tenir bon jusqu’à la fin de la procession. Il se redressa encore plus fièrement, et les chambellans continuèrent à porter le manteau de cour et la traîne qui n’existait pas. Hans Christian Andersen

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Introduction: Qu’est-il arrivé à l’Eglise? Par George Barna Une fois arrivé au sommet de l’échelle, il n’y a peut-être rien de pire que de découvrir qu’on s’est trompé de mur. Joseph Campbell Nous vivons au milieu d’une révolution silencieuse de la foi. Des millions de chrétiens à travers le monde vivent selon des modes anciens et consensuels de « pratique d’église » qui remplacent des modes encore plus anciens. Ces modes plus anciens tirent leur racine des Ecritures Saintes et des principes éternels du Dieu vivant. Par conséquent, ce qui motive cette transition de l’ancien vers l’encore plus ancien n’est pas simplement le besoin de nous reconnecter à notre histoire ou de nous réclamer de nos racines. Cela naît d’un désir de revenir à notre Seigneur avec authenticité et plénitude. Il s’agit d’une aspiration à fusionner avec lui à travers sa parole, son Royaume et son Esprit. Le problème n’est pas le cœur des révolutionnaires. Une ample investigation démontre qu’ils cherchent à mieux connaître Dieu. Leur passion, c est d’être fidèle à sa Parole et plus en phase avec sa direction. Ils désirent ardemment faire de leur relation avec le Seigneur la plus grande priorité de leur vie. Ils sont fatigués des institutions, des dénominations et des routines qui empêchent une communication claire avec lui. Ils sont usés par les sempiternels programmes aux informations dénuées de vie qui ont pour effet de les martyriser et les culpabiliser. On les envoie accomplir des missions, on leur demande de mémoriser des histoires et des passages, et aussi de s’engager dans des pratiques simplistes : tout cela les épuise et ne les amène pas dans la présence de Dieu. Ces gens ont expérimenté les prémices de la réalité d’une connexion authentique avec Dieu. Ils n’en peuvent plus d’endurer les farces spirituelles proposées par les églises et autres ministères bien intentionnés. Dieu les attend. Ils le veulent, lui. Plus d’excuses. Mais cette révolution de la foi est mise au défi. Ceux qui s’y engagent savent ce qu’ils quittent, une forme de foi religieuse et dénuée de vie. Mais vers quoi se dirigent-ils ? Des églises de maison, des ministères de place de marché, des cybers églises, des rassemblements indépendants de louange communautaire et des communautés volontaires. Ces formes d’église sont toutes très fascinantes, mais représentent-elles réellement un pas en avant vers les desseins les plus élevés de Dieu ? Ou bien reproduit-on le même contenu sous des dehors différents ? Les mêmes rôles y sont-ils développés mais en y attachant de nouveaux titres, adoptés par des acteurs différents ? Notre société est-elle si éprise de changement que nous 25


avons oublié que l’église doit subir une transformation, et non un simple changement ? Alors que nous sommes aux prises avec de telles questions, nous avons beaucoup à apprendre de l’histoire du peuple de Dieu. Les disciples de Christ apprécient les histoires que Dieu nous a transmises dans sa Parole. Nous en apprenons beaucoup sur Dieu, sur la vie et la société, et aussi sur nous-mêmes en suivant le voyage du peuple de Dieu dans l’Ancien Testament et dans le Nouveau. Réfléchissez à ce que nous apprenons à travers Moïse et les Israélites dans leur quête de la terre promise Ou bien à travers un aperçu de l’ascension de David de simple berger à roi d’Israël après avoir mené de rudes combats. Ou encore à travers la situation critique des disciples de Jésus lorsqu’ils ont quitté leur travail pour suivre Jésus avant d’affronter le martyre. De même, on peut puiser beaucoup d’inspiration en contemplant les efforts fournis par les chrétiens de l’église primitive (nos ancêtres naturels et spirituels) dans leur ambition d’être la véritable église de Christ, rachetée par son sang Mais de quelle connaissance de l’histoire de l’église les chrétiens modernes et postmodernes pourraient-ils s’inspirer dans leurs tentatives actuelles pour honorer Dieu et être l’église? Il s’avère qu’ils en ont fort peu. Et en cela réside un réel problème. Les historiens ont longtemps maintenu que si nous oublions le passé, nous sommes condamnés à le répéter. Cet avertissement s’appuie sur des preuves solides. Malgré tout nous sommes souvent ignorants dans nos efforts persistants et bien intentionnés pour améliorer notre vie. L’histoire récente de l’église chrétienne américaine nous en fournit un bel exemple. Les changements majeurs dans les pratiques spirituelles au cours de la deuxième moitié du siècle dernier tiennent essentiellement de l’étalage de vitrine. Prenez une tendance : les méga-églises, les églises sensibles à ceux qui sont en recherche (seeker churches), les campus par satellite, les cours bibliques de vacances, les églises d’enfants, les ministères par groupes d’affinités (c.à.d. pour les célibataires, les femmes, les hommes, les jeunes mariés), la louange contemporaine, les projections sur écran géant, les dons par virement, les cellules, les sermons téléchargeables, les bulletins publiant des condensés de sermons, les cours Alpha. Dans tout ce qui a été mentionné, on a essayé de s’appuyer sur des stratégies marketing pour réussir les mêmes activités de différentes manières ou dans des lieux différents, ou encore dans des catégories globales de population. Toutes les difficultés rencontrées dans le cadre institutionnel à grande échelle ayant engendré ce genre d’efforts se rencontrent aussi invariablement dans des efforts moins importants ou divergents. Ce livre vous met au défi d’essayer de transformer la pratique de votre foi de façon significative. Il n’est pas simple d’altérer nos célébrations. Lorsque quelqu’un suggère des réformes notoires de certaines pratiques sacro-saintes, il se fait traiter d’hérétique de tous les côtés. De telles protestations sont pratique courante, principalement parce que les gens en savent si peu sur les vraies fondations de leur foi. 26


C’est là que ce livre entre en ligne de compte. Plutôt que de résister continuellement aux innovations méthodologiques, il est temps que le corps de Christ se connecte à la parole de Dieu et à l’histoire de l’église pour arriver à mieux comprendre ce qu’il est possible et conseillé de faire (et aussi ce qui est impossible et déconseillé.) Par expérience personnelle, les auteurs de ce livre peuvent vous dire qu’une telle exploration dessille les yeux: c’est le moins que l’on puisse dire. Si vous prenez le temps de chercher dans la parole de Dieu la plupart des pratiques courantes des églises conventionnelles, vous les y trouverez rarement. Si vous creusez plus profond et passez du temps à retracer l’histoire de ces pratiques, vous découvrirez vite que la plupart de nos coutumes religieuses proviennent de choix humains. En fait, vous avez de fortes chances d’identifier un canevas dans la façon dont « se pratique la vie d’église» de nos jours : nos agissements ne figurent probablement pas dans la Bible comme des pratiques de l’église primitive ! Etes-vous surpris d’apprendre que, la plupart du temps, nos pratiques dans les cercles religieux n’ont aucun précédent dans les Ecritures ? Cela inclut de nombreuses activités appartenant à la célébration du culte, la formation et l’ordination du clergé, les pratiques courantes du service parmi les enfants, les méthodes utilisées pour lever des fonds, l’usage de la musique dans les églises, et même la présence et la nature des bâtiments d’église. Il y a eu dans l’histoire trois périodes où une série de changements se sont opérés dans les pratiques chrétiennes courantes. L’époque de Constantin, les décennies englobant la Réforme protestante et le Réveil des XVIIIème et XIXème siècles. Toutefois comme vous allez le découvrir, ces changements ont été engendrés par des disciples de Christ passionnés mais souvent mal informés. Les croyants de ces périodes ont simplement mis la main à la charrue ce qui a suscité de nouvelles perspectives et des pratiques que les églises conservent depuis de nombreuses années. Tant d’années en fait, qu’on pense que leur origine est probablement biblique. Rien de surprenant si, ayant changé le modèle biblique de l’église, nous sommes devenus experts pour appuyer nos démarches en sortant des versets de leur contexte. Cela consiste à puiser dans les Ecritures des versets disparates et sans lien entre eux, souvent hors contexte, pour « prouver » que notre position cadre avec la Bible. En lisant ce livre, vous risquez d’être stupéfaits de découvrir combien de pratiques appréciées sont à côté de la plaque sur le plan biblique. La manière dont nous pratiquons notre foi a-t-elle vraiment de l’importance, du moment que les activités permettent aux gens d’aimer Dieu et de lui obéir ? La prépondérance des preuves montre que ces perspectives, ces règles, ces traditions, ces attentes, ces suppositions et ces pratiques empêchent souvent le développement de notre foi. Dans d’autres exemples, elles font office de barrières qui nous empêchent de rencontrer le Dieu vivant. La façon dont on pratique sa foi peut bel et bien affecter la foi elle-même. 27


Cela signifie-t-il que nous devons revenir à la Bible et faire exactement ce que les disciples faisaient entre 30 et 60 ans après J-C? Non. Les changements sociaux et culturels au cours des deux derniers millénaires ont rendu impossible l’imitation de certains modes de vie et efforts religieux de l’église primitive. Par exemple, on se sert de téléphones portables, on roule en voiture, et on a recours au chauffage central et à l’air conditionné. Les chrétiens du premier siècle ne possédaient aucune de ces commodités. Donc, adhérer aux principes du Nouveau Testament ne signifie pas reconstituer les évènements de l’église du 1er siècle. Il faudrait dans ce cas s’habiller comme les croyants du 1er siècle, en sandales et en toges ! Aussi, ce n’est pas parce qu’une pratique est empruntée à une culture qu’elle est mauvaise en soi, nous devons cependant avoir du discernement. Comme l’écrivain Frank Senn le note : « On ne peut pas éviter d’introduire notre culture dans l’église ; elle fait partie de nous. Mais à la lumière de la tradition, on doit faire le tri entre les influences culturelles qui contribuent à l’intégrité de l’adoration chrétienne et celles qui y portent atteinte. »10 Nous avons tout intérêt à scruter les Paroles de Dieu pour déterminer les principes essentiels et la philosophie de l’église primitive afin de restaurer ces éléments dans nos vies. Dieu nous a donné une grande liberté dans le choix des méthodes utilisées pour l’honorer et être en communion avec lui. Mais on ne peut pas pour autant faire ce que bon nous semble. Il faut de la prudence dans nos efforts pour être un peuple humble et obéissant qui cherche à être au centre de sa volonté. Notre but est d’être fidèle à son plan pour pouvoir devenir un peuple selon son cœur et une église qui répond parfaitement à son appel. Soyez donc prêts à un réveil brutal en découvrant à quel point vos pratiques religieuses actuelles sont hors-piste. Vous savez probablement que, de nos jours, les jets sont équipés de systèmes informatiques très sophistiqués qui les réorientent constamment en cours de trajet. Au cours d’un voyage entre Los-Angeles et NewYork, littéralement des milliers de corrections de trajet sont effectuées pour garantir l’atterrissage de l’avion sur la piste appropriée. Sans ces corrections de trajet, même une infime déviation de 1% par rapport au plan de vol d’origine ferait atterrir l’avion dans un comté différent! L’église contemporaine est comme un avion à réaction non équipé pour les corrections en plein vol. Un petit changement par-ci, une petite déviation par-là, une légère altération de ceci, une modification à peine perceptible de cela ; et avant même que vous le réalisiez, toute l’œuvre a été remaniée! Est-ce difficile à croire? Alors nous vous encourageons à vous investir vousmême dans le processus et à faire vos propres recherches Mon coauteur, Frank Viola, a passé de nombreuses années à suivre laborieusement la trace des données historiques déterminant la façon dont l’église est arrivée sur ce sentier tortueux. Les références de cet itinéraire vous sont fournies dans chaque chapitre. Si vous êtes sceptiques (et nous encourageons le bon scepticisme qui amène à faire des enquêtes et à trouver la vérité) alors engagez-vous à retrouver exactement ce qui s’est vraiment passé au cours du temps. C’est important ! Votre vie est un don de Dieu et 28


doit être vécue pour Dieu. De plus, l’église est l’une des plus grandes passions de Dieu. Il veille autant sur son bien-être que sur sa personnification sur terre. Il est donc très important de comprendre le chemin qui a mené l’église primitive à l’église contemporaine et de déterminer votre action en conséquence. Le but de tout bon auteur est d’apporter un changement positif et significatif. Ce livre n’est en rien différent. Nous désirons que vous soyez éclairés par la parole de Dieu et par l’histoire de l’église. Nous voulons vous voir réfléchir sérieusement, tout en restant biblique, sur la façon dont vous pratiquez votre foi avec d’autres chrétiens. Et nous souhaitons vous voir entraîner les autres à comprendre ce que Dieu vous amène à découvrir. Dans le défi que représente le fait vivre selon une vision biblique du monde, il y a la nécessité de faire concorder votre vie spirituelle avec les intentions de Dieu, comme cela nous est indiqué dans la Bible. Nous prions que ce livre vous aide à faire votre part en redressant le sentier tortueux de l’église contemporaine.

Approfondissements Quelques définitions Puisque vous lisez ce livre, nous avons jugé important que vous compreniez la façon dont nous allons employer les termes ci-dessous. Païen Nous employons ce terme pour désigner les pratiques et les principes qui ne sont ni chrétiens ni bibliques à l’origine. Dans certains cas, nous l’employons pour nous référer à ces personnages antiques qui adoraient les dieux de l’empire romain. Nous n’utilisons pas ce mot comme synonyme de mauvais, diabolique, pécheur ou mal. Une “pratique ou mentalité païenne” se réfère à une pratique ou un mode de pensée ayant été adopté par l’église, issu de son entourage culturel. Nous pensons que certaines des pratiques païennes sont neutres et peuvent être reprises pour la gloire de Dieu. Notre sentiment est que d’autres entrent en conflit direct avec les enseignements de Jésus et des apôtres et ne peuvent donc pas être perpétuées. L’église organique Le terme église organique ne se réfère pas à un modèle particulier d’église. (Nous croyons qu’il n’existe aucun modèle de perfection.) Au contraire, nous pensons que la vision que donne le Nouveau Testament de l’église est organique. Une église organique est une expression du corps de Christ vivante, animée de souffle, dynamique, comportant la participation mutuelle de chaque membre, centrée 29


sur Christ, et communautaire. Notez que dans ce livre notre but n’est pas de fournir une description complète de l’église organique mais d’en donner un bref aperçu lorsque c’est nécessaire. L’église institutionnelle Ce terme se réfère à un système religieux (et non à un groupe de personnes en particulier). Une église institutionnelle représente une entité qui fonctionne essentiellement comme une organisation existant au-delà, et indépendamment des membres qui la composent. Elle est davantage construite sur des programmes et des rituels que sur des relations. Elle est dirigée par des professionnels dédiés (« pasteurs » ou « clergé ») assistés par des volontaires (« laïques »). Nous employons également les termes d’église contemporaine, traditionnelle et moderne pour nous référer à l’église traditionnelle, d’église d’aujourd’hui, et d’église moderne pour nous référer à l’église institutionnelle de notre époque. L’église du Nouveau Testament, ou l’église du premier siècle Ces termes ne se réfèrent pas à une forme d’église particulière. Nous nous référons en fait, à l’église du premier siècle telle que décrite dans le Nouveau Testament. (Dans ce livre, église du premier siècle est synonyme d’église du Nouveau Testament.) Nous ne nous faisons pas les avocats d’un retour primitiviste à un modèle particulier de l’église primitive. Ce que nous croyons en réalité, c’est que notre pratique actuelle de l’église devrait être guidée par un retour aux principes spirituels de l’église du premier siècle, à ses pratiques organiques, à son esprit et à sa déontologie, ainsi qu’aux enseignements de Jésus et des apôtres. Biblique, ou scripturaire Ces termes sont premièrement et avant tout employés comme des citations sources et accessoirement comme des jugements de valeur. Biblique ou scripturaire se réfère au cas où une pratique trouve ses origines dans les écritures du Nouveau Testament. Les références à des pratiques non bibliques ou non scripturaires n’impliquent pas automatiquement qu’elles sont erronées. Ces termes peuvent se référer au fait qu’une certaine pratique n’apparaît pas dans le Nouveau Testament (auquel cas elle ne doit pas être considérée comme sacrée.) Mais ils peuvent également se référer à une pratique qui viole les principes ou les enseignements du Nouveau Testament. Le contexte déterminera dans quel sens ces termes sont utilisés. Nous n’approuvons certainement pas les doctrines du « silence des Ecritures » et du « principe régulateur », enseignant que si une pratique ne se trouve pas citée dans le Nouveau Testament, nous ne devrions donc pas la suivre.

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Le chemin des veaux11 Un jour, par le bois primitif, Un veau marche à la maison, comme tout bon veau se doit ; Mais il laisse une traînée toute éparpillée et de travers, Une traînée tordue comme tout bon veau se doit. Depuis lors trois cents ans se sont écoulés, Et, j'en déduis que le veau est mort. Mais il laissait toujours sa traînée, Et sur ce fait repose mon conte moral. La traînée est reprise le jour suivant Par un chien solitaire qui passait par là ; Et puis un sage bélier A suivi la traînée par-delà monts et vallées,, Traînant le troupeau derrière lui, aussi, Comme le font toujours les bons béliers Et depuis ce jour, au-delà de la colline et la clairière, Par ces vieux bois un chemin a été frayé. Et beaucoup d'hommes s'y blessent dedans et dehors, Et esquivé, et tourné, et plié Et des mots d'une juste colère y sont entendus Puisqu'il y avait un chemin si tordu. Mais toujours ils s'y aventurent, n'en riez pas. Les premières migrations de ce veau, dans ce sentier tortueux par le bois marchait de manière vacillante, Puisqu'il vacillait quand il marchait. Ce chemin de forêt est devenu une ruelle, 31


Qui pliée et tournée tourne encore ; Cette ruelle tordue est devenue une route, Là où beaucoup plus d'un pauvre cheval avec sa charge Travaillé fort sous le soleil brûlant, Et parcouru environ trois milles dans un. Et ainsi un siècle et une moitié Ils ont marché sur les traces de ce veau. Les années ont passé à toute vitesse, La route est devenue une rue de village ; Et ceci, avant que les hommes se soient rendus compte, La voie de communication achalandée d'une ville ; Et bientôt la rue centrale était celle D'une métropole renommée ; Et les hommes de deux siècles et une moitié Marchent sur les traces de ce veau. Chaque jour cent mille déroutés suivent le veau en zigzag; Et par son chemin tordu circule Le trafic d'un continent. Cent mille hommes ont été guidés Par un veau mort il y a près de trois siècles. Ils suivaient toujours sa manière tordue, Et perdaient cent ans par jour ; Une telle vénération est accréditée à un précédent bien établi. Une leçon morale que ceci pourrait enseigner, Si j'étais ordonné et ai appelé pour prêcher ; 32


Car les hommes sont enclins à marcher en aveugle Le long des chemins des veaux de l'esprit, Et à travailler de soleil en soleil Pour faire ce que d'autres hommes ont fait Ils suivent dans le sentier battu, Et dehors et dedans, et en avant et en arrière, Et poursuivent toujours leur cours détourné, Pour garder le chemin que d'autres ont tracé. Ils gardent en chemin le sillon sacré, Le long de ce que toutes leurs vies ils se déplacent. Mais comme les anciens dieux des bois sages rient, Qui ont vu le premier veau originel! O ! Beaucoup de choses ce conte pourrait enseigner— Mais je ne suis pas ordonné pour prêcher.

—Sam Walter Foss

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Chapitre 1

Avons-nous vraiment agi en conformité avec le Livre? La vie non examinée ne mérite pas d'être vécue. Socrate* « Nous faisons toutes choses par la parole de Dieu ! Le nouveau testament est notre guide pour la foi et la pratique ! Nous vivons… et nous mourrons… fidèles à ce livre ! » Paroles que clame la bouche du pasteur Farley pendant qu'il livre son sermon du dimanche matin. Winchester Spudchecker, un membre de l'église du pasteur Farley, les a entendues des dizaines de fois auparavant. Mais cette fois c'est différent. Engoncé dans son costume bleu, frissonnant sur le dernier banc de l'église avec son épouse, Trudy Spudchecker, Winchester fixe le plafond pendant que le pasteur Farley continue son discours sur « tout faire d'après le livre sacré. » Une heure avant que le pasteur Farley ait commencé son sermon, Winchester avait une dispute enflammée avec Trudy. C’était un incident fréquent lorsque Winchester, Trudy, et leurs trois filles, Felicia, Gertrude, et Zanobia, s'apprêtaient pour l'église du dimanche matin. Il revoit le déroulement de l'événement dans son esprit... « Truuuddyy ! Pourquoi les enfants ne sont-ils pas prêts ! ? Nous sommes toujours en retard ! Pourquoi ne sont-ils jamais prêts à l'heure? » hurle Winchester en regardant sa montre avec anxiété. La réponse de Trudy est classique. « S’il t’arrivait de penser à m'aider ça ne se produirait pas tout le temps ! Pourquoi ne pas commencer par me donner un coup de main dans cette maison ! ? » La dispute continue en ricochets jusqu'à ce que Winchester implique les enfants : « Zanobia Spudchecker ! … pourquoi n’as-tu pas assez de respect pour être prête à l'heure ! ? … Felicia, combien de fois dois-je t’avertir d'arrêter la Playstation avant 9 du matin! ? » A l’écho de cette dispute, Gertrude se met à pleurer. Revêtus de leurs habits du dimanche, la famille de Spudchecker se rend à l'église en roulant à un train d’enfer. (Winchester déteste être en retard et a déjà été verbalisé trois fois pour excès de vitesse depuis le début de l’année, toutes les trois un dimanche matin !) Alors qu'ils foncent à vive allure vers le bâtiment d'église, le silence dans la voiture est assourdissant. Winchester fulmine, hors de lui. Trudy boude. La tête 35


inclinée, les trois filles de Spudchecker essaient de préparer leurs esprits à une chose qu'elles détestent… une heure d’école de dimanche rasoir! Après s’être garés sur le parking de l'église, Winchester et Trudy sortent gracieusement de la voiture, arborant de larges sourires. Bras-dessus bras-dessous, ils saluent leurs amis membres de l'église, gloussant de plaisir et affichant une façade bonhomme. Felicia, Gertrude, et Zanobia suivent leurs parents le menton levé. Voici les souvenirs frais et néanmoins douloureux qui parcourent l'esprit de Winchester en ce dimanche matin, alors que le pasteur Farley continue son sermon. Plein d’auto contrition, quelques questions lui torturent la conscience : « Pourquoi suis-je tiré à quatre épingles pour ressembler à un bon chrétien alors que je viens d'agir comme un païen il y a tout juste une heure ? » … « Je me demande combien d'autres familles ont vécu une expérience pitoyable de ce genre ce matin ? Pourtant nous sentons tous bon et avons l'air plaisant devant Dieu. » Winchester est un peu secoué par ces pensées. De telles questions ne l’avaient jamais effleuré. Pendant qu'il jette un coup d'œil à l'épouse et aux enfants du pasteur Farley assis, propres et droits comme un « i », sur leur banc, Winchester réfléchit « Je me demande si le pasteur Farley a hurlé sur son épouse et ses enfants ce matin !? Humm… ». L'esprit de Winchester continue à s'emballer dans cette direction pendant qu'il observe le pasteur Farley marteler le pupitre et tenir sa Bible bien haute dans sa main droite. … « Nous, à l'Église de la Première Communauté du Nouveau Testament, nous faisons tout par ce livre ! TOUT ! C'est la parole de Dieu, et nous ne pouvons pas nous en éloigner… ne serait-ce que d’un millimètre ! » Une pensée qu'il n'a jamais eue auparavant le traverse soudain: « Je ne me rappelle pas avoir lu la bible que les chrétiens étaient censés s'habiller spécifiquement pour allez à l'église. Est ce conforme au livre ! ? » Cette pensée simple laisse place à un torrent d'autres questions épineuses. Alors que des groupes de pieux fidèles frigorifiés assis sur les bancs peuplent son horizon, l'esprit de Winchester s’inonde de questions nouvelles. Questions qu'aucun chrétien n'est censé poser. Des questions comme: « Est-ce agir selon le livre que de s’asseoir sur un siège non rembourré et de regarder de dos cinq rangées de personnes pendant 45 minutes? Pourquoi dépensons-nous autant d’argent pour entretenir ce bâtiment alors que nous n’y venons que deux fois par semaine pour quelques heures ? Pourquoi la moitié de l’assemblée est-elle à moitié assoupie quand le pasteur Farley prêche ? Pourquoi mes enfants détestent-ils l'école du dimanche ? Pourquoi passons-nous par ce même rituel attendu et soporifique chaque dimanche matin ? Pourquoi vais-je à l'église alors que je m’y m'ennuie à mourir et repars à vide, spirituellement parlant? Pourquoi dois-je porter chaque dimanche matin cette pénible cravate dont le seul effet semble être de bloquer l’afflux sanguin à mon cerveau ! ? » 36


Winchester se sent abject et sacrilège de penser de telles choses. Pourtant, ce qui se produit à l'intérieur de lui le pousse à remettre en question tout son passé de vie d’église. Ces pensées étaient restées enfouies dans son subconscient pendant des années. Aujourd'hui, elles refont surface. Aussi intéressant que cela puisse paraître, le genre de questions que Winchester se pose en ce jour n’affleure presque jamais à la conscience de la plupart des chrétiens. Pourtant, la stricte réalité est que les yeux de Winchester se sont ouverts à cet instant. Aussi effrayant que cela puisse paraître, la majorité des choses pratiquées dans nos églises modernes n'ont aucune base biblique. Alors que du haut de leur chaire les pasteurs clament qu’il faut rester « bibliques et conformes à la pure parole de Dieu, » leurs paroles les trahissent. Il est alarmant de constater que dans l'église du 1er siècle on trouve très peu de traces de ce que l’on observe aujourd'hui dans le christianisme moderne. Questions que nous ne pensons jamais à poser Socrate (470-399 B.C.) est considéré par certains historiens comme le père de la philosophie. De naissance et d’éducation athénienne, il avait coutume de parcourir la ville sans relâche en soulevant des questions et en analysant les points de vue populaires de son époque. Il pensait que la vérité se trouvait à force de dialogues et de constante remise en question pour chaque sujet. Cette méthode est connue sous le nom de dialectique ou « méthode socratique ». Il réfléchissait librement sur des questions que ses concitoyens Athéniens considéraient comme fermées à toute discussion. L’habitude de Socrate de bombarder inlassablement les gens de questions ardues et de les entraîner dans des dialogues scabreux au sujet des coutumes qu’ils avaient adoptées, finit par lui coûter la vie. Son incessante remise en question des traditions établies poussa les gouvernants d'Athènes à l'accuser de « corrompre la jeunesse. » En conséquence, il fut exécuté. Un message sans équivoque fut adressé à ses concitoyens: Tous ceux qui remettront en cause les coutumes acquises subiront le même sort!1 Socrate n’a pas été le seul provocateur à subir de sévères représailles pour son anticonformisme : Esaïe fut scié en deux, Jean Baptiste décapité et Jésus crucifié. Sans compter les milliers de chrétiens qui ont été torturés et martyrisés par l'église institutionnelle à travers les siècles parce qu'ils ont osé défier ses enseignements.2 En tant que chrétiens, nos dirigeants nous enseignent à croire en certaines idées et à nous comporter d’une certaine façon. C’est sûr, nous sommes aussi encouragés à lire la Bible. Mais nous sommes conditionnés à la lire à la lumière de la tradition chrétienne à laquelle nous appartenons. On nous enseigne à obéir à notre 37


dénomination (ou mouvement) et à ne jamais remettre en question ce qu'on y enseigne. (À cet instant, tous les cœurs rebelles applaudissent et projettent secrètement d’utiliser les paragraphes ci-dessus pour semer la confusion au sein de leurs églises. Si tu te sens concerné, cher cœur rebelle, tu n’as absolument rien compris à mon propos. Je n’approuve pas ta démarche. Suis mon conseil: Soit tu quittes ton église tranquillement, en refusant de semer la division, soit tu y restes dans la paix. L’écart est considérable entre la rébellion et la prise de position pour la vérité.) À dire vrai, nous chrétiens ne semblons jamais nous interroger sur ce que nous faisons et pourquoi nous le faisons. Au lieu de cela, nous suivons allègrement nos traditions religieuses, sans jamais chercher à connaître leur origine. La plupart des chrétiens qui prétendent faire respecter l'intégrité de la parole de Dieu n'ont jamais cherché à vérifier les bases scripturaires de leurs observances dominicales. Comment suis-je au courant ? Parce que s'ils le faisaient, ils en tireraient quelques conclusions très embarrassantes. Conclusions qui les contraindraient par motif conscience à abandonner leurs coutumes définitivement. Il est remarquable de constater que la pensée et la pratique ecclésiastiques contemporaines ont été influencées bien davantage par des événements historiques postbibliques que par des injonctions et des exemples du Nouveau Testament. Pourtant, la plupart des chrétiens sont inconscients de cette influence. Ils sont tout aussi inconscients du fait qu'elle a créé des traditions vénérées et radicales, de conception tout-à-fait humaine,3 qui nous ont été transmises systématiquement comme ‘chrétiennes.’4 Une invitation terrifiante Je vous invite maintenant à me suivre sur un chemin encore inexploré. C'est un voyage terrifiant où vous vous verrez obligés de poser des questions qui ne vous ont probablement jamais effleurées Questions épineuses. Questions tenaces. Questions même effrayantes. Et vous serez résolument confrontés à des réponses embarrassantes. Pourtant, ces réponses vous mettront en face de quelques unes des vérités les plus riches qu'un chrétien puisse découvrir. En lisant les pages suivantes, vous serez médusés d'apprendre à quel point les traditions que nous, chrétiens, pratiquons le dimanche à l'église n’ont été déterminées ni par Jésus-Christ, ni par les apôtres, ni par les Écritures. Elles ne sont pasnon plus dérivées du judaïsme. Après que les Romains ont détruit Jérusalem en l’an 70, le christianisme judaïque décrût en nombre et en puissance. Le christianisme païen prit le pas sur lui et la nouvelle foi commença à absorber la philosophie grécoromaine et ses rituels. Le christianisme judaïque survécut pendant cinq siècles dans de petits groupes de chrétiens syriaques appelés les Ebionites. Mais leur influence n’était pas très étendue. Selon Shirley J. Case « non seulement l’environnement social du mouvement chrétien était largement païen bien avant la fin du 1er siècle, 38


mais il avait coupé tous liens et contacts sociaux avec les Juifs de Palestine … Vers l’an 100, le christianisme était principalement devenu un mouvement religieux païen …cohabitant avec un environnement social païen ordinaire. 5 Aussi choquant que cela puisse paraître presque tout ce que nous faisons en tant qu’ "église" a été emprunté directement à la culture païenne de la période postapostolique. (La légende nous dit que Jean, le dernier apôtre survivant, est mort aux alentours de l’an 100.) Selon Paul F. Bradshaw, le christianisme du IVème siècle a « absorbé et christianisé des idées et des pratiques païennes, se considérant comme l’accomplissement de ce à quoi les religions antérieures s’étaient vaguement efforcées d’arriver. » 6 Alors qu’aujourd’hui, nous utilisons souvent le terme de païen pour décrire ceux qui clament n’appartenir à aucune sorte religion, pour les premier chrétiens, les païens étaient les polythéistes qui adoraient les dieux de l’Empire Romain. Le paganisme a prédominé dans l’Empire Romain jusqu’au IVème siècle et nombre de ses éléments ont été assimilés par les chrétiens pendant la première moitié du premier millénaire, particulièrement durant les ères constantinienne et post constantinienne (324-600) 7 . Deux des autres périodes desquelles notre église contemporaine a tiré ses pratiques sont la Réforme (au XVIème siècle) et le Renouveau (au XVIIIème et au XIXème siècle). Les chapitres deux à dix retraceront une pratique traditionnelle admise en matière d'église. Chaque chapitre racontera au fur et à mesure l'histoire des origines de cette pratique. Cependant, le principal sera l’explication la manière dont cette pratique a supplanté l'autorité pertinente de Jésus-Christ en tant que chef et a ainsi entravé le fonctionnement de son corps. Si vous êtes peu disposé à examiner sérieusement votre christianisme, ne lisez pas au delà de cette page. Passez immédiatement ce livre à une personne de bonne volonté ! Épargnez-vous l'ennui de voir votre vie chrétienne retournée sens dessus dessous. Cependant, si vous choisissez « de prendre la pilule rouge » et que l'on vous montre « où mène le trou du lapin »8 … si vous voulez connaître la véritable origine de vos pratiques chrétiennes … si vous êtes disposé à lever le rideau sur l'église moderne et à voir ses présupposés traditionnels férocement remis en question… alors vous trouverez cette œuvre troublante, instructive, et peut-être même transformatrice. Autrement dit, si vous appartenez à l'église institutionnelle et que vous prenez le Nouveau Testament au sérieux, ce que vous êtes sur le point de lire vous mènera forcément à une crise de conscience. Vous serez confronté à des faits historiques indubitables. D'autre part, si vous vous avérez justement faire partie de cette race rare de chrétiens qui se réunit avec d'autres en dehors du christianisme organisé, vous redécouvrirez que non seulement l'Écriture est de votre côté, mais que même l'Histoire vous cautionne. 39


Approfondissements 1. Je ne vois pas ce que les disputes de la famille Spudcheckers avant d'aller à l'église ont à voir avec l'église en elle-même-(à part frustrer Winchester et le rendre cynique à propos de tout ce qui se passe dans son église.) Pourquoi avezvous fait débuter le livre avec cette histoire? Vous avez raison - Ce sont ses soucis du dimanche matin de Winchester qui l'ont conduit à se poser des questions sur la routine religieuse qu'il pratiquait sans jamais y réfléchir. Cette histoire n'est qu'une façon humoristique d'illustrer à quel point de nombreux chrétiens vivent machinalement cette routine du dimanche matin sans jamais s'interroger sur le fondement de leurs actes. 2. Vous dites que l'église contemporaine a été beaucoup plus influencée par des événements historiques postbibliques que par les principes du Nouveau Testament, mais n'est-il pas vrai que les Evangiles, les Actes ou les épîtres de Paul contiennent peu de détails sur la pratique de l'église? Sur quels versets vous appuieriez-vous pour expliquer aux chrétiens ce qu'ils doivent faire lorsqu'ils se réunissent pour adorer? En fait, le Nouveau Testament comporte beaucoup de détails sur la façon de se réunir des premiers chrétiens. Par exemple, nous savons que les chrétiens de l’église primitive se réunissaient dans les maisons pour leurs réunions d'églises habituelles. (Actes 20:20; Romains 16:3, 5; 1 Corinthiens 16:19). Ils prenaient le repas du Seigneur comme un repas complet (1 Corinthiens 11:21-34). Leurs réunions d'église étaient ouvertes à la participation (1 Corinthiens 14:26; Hébreux 10:24-25). Chaque membre mettait à contribution ses dons spirituels (1 Corinthiens 12–14). Ils se considéraient vraiment comme une famille et agissaient dans cette optique (Galates 6:10; 1 Timothée 5:1-2; Romains 12:5; Ephésiens 4:15; Romains 12:13; 1 Corinthiens 12:25-26; 2 Corinthiens 8:12-15). Ils avaient une pluralité d'anciens qui supervisaient la communauté (Actes 20:17, 28-29; 1 Timothée1:5-7). Ceux-ci étaient établis et assistés par des ouvriers apostoliques itinérants (Actes 13-21; toutes les épîtres apostoliques). Ils étaient très unis et ne se séparaient pas eux-mêmes en différentes dénominations dans la même ville (Actes 8:1, 13:1, 8:22; Romains 16:1; 1 Thessaloniciens 1:1). Ils n'usaient pas de titres honorifiques (Matthieu 23:8-12). Ils ne s'organisaient pas de façon hiérarchique (Matthieu 20:25-28; Luc 22:25-26). Ce livre n'a pas pour but de documenter intégralement les racines bibliques de ces pratiques ni d'expliquer pourquoi il faudrait les imiter aujourd'hui. Il existe un livre sur le sujet : Paul’s Idea of Community de Robert Banks (Peabody, MA: Hendrickson, 1994). Moi(Frank) j'ai également abordé ce sujet de manière exhaustive dans le livre ‘Réimaginer l'Eglise’ (Editions l’Oasis).

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Chapitre 2

Le bâtiment d’église: l’héritage du complexe de l’édifice En remplaçant les religions anciennes, le christianisme est lui-même devenu religion. Alexander Schmemann, Prêtre de l’Eglise Orthodoxe orientale du vingtième siècle, enseignant et écrivain Il est hors de question que les chrétiens de l’ère apostolique aient bâti des édifices dédiés à l’adoration…Tout comme le Seigneur du monde est né dans une étable et est remonté au ciel du haut d’une colline, ainsi, jusqu’au IIIème siècle, ses apôtres et leurs successeurs ont prêché dans les rues, sur les marchés, dans les montagnes, sur les bateaux, dans les cryptes, sur les toits et dans le désert, ainsi que dans les maisons de leurs prosélytes. Mais depuis, combien de milliers d’églises et de chapelles coûteuses ont-elles été bâties et continuent-elles de l’être dans le monde entier pour honorer le rédempteur crucifié, qui au jour de son humiliation n’avait même pas où reposer la tête! Philip Schaff, Historien et théologien de l’église américaine du XIXème siècle Tout chrétien moderne entretient une liaison amoureuse avec la brique et le mortier. Le complexe de l'édifice est tellement enraciné dans notre pensée que lorsqu’ un groupe de croyants commence à se réunir, leur première pensée va vers l’acquisition un bâtiment. Comment un groupe chrétien peut-il légitimement se proclamer église sans un bâtiment ? (Ainsi pense-t-on.) L’« église » bâtiment est tellement liée au concept-même d’église que nous les assimilons inconsciemment. Il suffit d’écouter le langage employé par le chrétien moyen d’aujourd'hui: « Oh ! Chérie, as-tu vu cette belle église que nous venons juste de passer ? » « Dieu du ciel, Betsy, c’est la plus grande église que j'ai jamais vue ! Je me demande à combien se monte la facture d’électricité pour son entretien? » « Notre église est trop petite. Je deviens claustrophobe. Nous devrions élargir le balcon. » « Il fait frais dans l’église aujourd’hui, on se les gèle ici! » 41


« Nous sommes allés à l’église chaque dimanche cette année excepté celui où tante Rotunda a laissé tomber le four à micro-ondes sur son orteil. » Ou, que diriez-vous du langage du pasteur moyen: « N'est-il pas merveilleux d’être dans la maison de Dieu aujourd'hui? » « Nous devons faire preuve de révérence lorsque nous entrons dans le sanctuaire du Seigneur. » Ou, que diriez-vous de la mère qui dit à son enfant joyeux (sur un ton autoritaire), « efface ce sourire de ton visage, nous entrons dans l’Église maintenant ! Les bonnes manières sont de mise dans la maison de Dieu! » Pour parler franchement, ces pensées n’ont rien à voir avec le christianisme du Nouveau Testament. Elles reflètent plutôt l’idéologie des autres religions, principalement celle du judaïsme et du paganisme. Temples, prêtres, et sacrifices Le judaïsme primitif était centré sur trois éléments : Le temple, le sacerdoce, et le sacrifice. Lorsque Jésus est venu, il a mis fin à cela, en les personnifiant luimême. Il est le temple incarné en une maison nouvelle et pleine de vie, faite de pierres vivantes (sans la main de l’homme.) » Il est le prêtre ayant établi un nouveau sacerdoce. Il est le sacrifice parfait et final.1 En conséquence, le temple, le sacerdoce, et le sacrifice du judaïsme sont tous accomplis en la venue de Jésus-Christ.2 Christ représente l’achèvement définitif et la réalité de tout.3 Dans le paganisme Gréco-romain, ces trois éléments étaient également présents : Les païens avaient leurs temples, leurs prêtres, et leurs sacrifices.4 Seuls les chrétiens avaient éliminé tous ces éléments.5 On peut dire à juste titre que le christianisme fut la première religion ayant jamais émergé sans aucun temple. Dans l’esprit des premiers chrétiens ce sont les personnes qui constituent un endroit sacré et non l'architecture. Les premiers chrétiens avaient compris qu’ils formaient euxmêmes « collectivement » le temple et la maison de Dieu.6 Il est à remarquer que dans le NT nous ne trouvons nulle part les termes « église » (ekklesia), « temple, » ou « maison de Dieu » associés à un bâtiment. Aux oreilles d'un chrétien du Ier de siècle, appeler un bâtiment ekklesia (église) serait revenu à appeler votre femme gratte-ciel !7 La première mention de l'ekklesia (église) se rapportant à un endroit de réunion chrétien a été écrite autour de l’an 190 par Clément d'Alexandrie (150215).8Clément est la première personne à employer l'expression « aller à l’Église » ; ce concept était étranger aux croyants des premiers siècles.9 (Vous ne pouvez pas aller à quelque chose que vous êtes vous-mêmes !) Dans tout le Nouveau Testament, l'ekklesia se rapporte toujours à un ensemble de personnes, et non à un endroit.) Dans chacune de ses 114 apparitions dans le Nouveau Testament, le terme Ekklesia, se 42


réfère à une assemblée de personnes. Le terme anglais church est dérivé du grec kuriakon, qui signifie « appartenir au Seigneur ». Avec le temps, il a revêtu la signification « maison de Dieu » et s’est référé à un bâtiment.10 Néanmoins, la locution de Clément « aller à l’Église » ne se réfère pas à un bâtiment particulier pour le culte. Elle vise plutôt une maison privée dont les chrétiens du IIème siècle se servaient pour leurs réunions.11 Les chrétiens n'ont pas érigé de bâtiment particulier pour le culte avant l'ère de Constantin au IVème siècle. Gordon F. Snyder déclare, « Il n’y a aucune preuve littéraire ni indication archéologique qu’une maison de cette sorte se soit convertie en bâtiment d’église connu comme tel. De même, aucune église subsistant encore aujourd’hui n’a été bâtie avant l’ère constantinienne. » Dans un autre ouvrage Snyder écrit, « Les premières églises se réunissaient régulièrement dans les maisons. Jusqu’à l’an 300, nous n’avons connaissance d’aucun bâtiment érigé pour être une église.12Non plus avaient-ils une caste sacerdotale particulière, mise à part pour le service de Dieu. Au lieu de cela, chaque croyant s’identifiait comme prêtre de Dieu. Les premiers chrétiens ont également éliminé les sacrifices. Ils avaient compris que le sacrifice véritable et ultime (le Christ) était venu. Les seuls sacrifices qu'ils offraient étaient des sacrifices spirituels de louange et d’actions de grâce. (Lire Hébreux 13:15 et 1 Pierre 2:5) Lorsque le catholicisme romain s’est développé au IVème et VIème siècle, il a absorbé les pratiques religieuses du paganisme et du judaïsme. Il a établi une prêtrise professionnelle et érigé des bâtiments sacrés.13 Puis, il a transformé la dernière Cène du Seigneur en sacrifice mystérieux. Imitant les méthodes païennes, le catholicisme a adopté la pratique de brûler de l'encens et d’avoir des vierges sacrées (vestales.) 14 Les protestants ont abandonné l'utilisation sacrificielle de la Cène du Seigneur, l'encens, et les vestales. Mais ils ont maintenu la caste sacerdotale (le clergé) aussi bien que le bâtiment sacré. Des églises de maisons aux saintes cathédrales Les premiers chrétiens croyaient que Jésus est la présence même de Dieu et que le corps du Christ, l’Église, constitue un temple. Quand le Seigneur Jésus a parcouru la terre, il a fait des réflexions foncièrement négatives au sujet du temple juif.15 Ce qui a le plus exaspéré les Juifs a été sa déclaration que si le temple était détruit, il en rebâtirait un nouveau en trois jours ! (Lire Jean 2:19-21.) Le fait que le voile du temple se soit déchiré en deux lors que Jésus a expiré a été significatif. Même si Jésus désignait le temple dans son sens architectural, il parlait en fait de son corps. Jésus a dit qu'après que le temple soit détruit, il le relèverait dans trois jours. Il se référait manifestement au vrai temple, l’Église qu'il a relevée en lui-même le troisième jour. 43


Depuis que Christ est ressuscité, nous les chrétiens sommes devenus le temple de Dieu. A sa résurrection, Christ est devenu un « esprit qui communique la vie » (1 Corinthiens 15:45, Semeur) (ou « un esprit vivifiant »-SG). C’est pourquoi, il a pu élire domicile dans les croyants, en les faisant devenir sa maison. C’est pour cette raison que le Nouveau Testament réserve toujours le terme d’église (ekklesia) au peuple de Dieu. Il n’utilise jamais ce terme en référence à un bâtiment d’aucune sorte. L'acte par lequel Jésus a dégagé le temple était significatif du fait que « le culte du temple » du judaïsme était remplacé par lui-même. 16 Avec sa venue, le Père ne serait plus adoré sur une montagne ou un temple. Il serait plutôt adoré en esprit et en réalité.17 Lorsque le christianisme est né, il était la seule religion sur terre n’ayant aucun objet sacré, ni aucune personne ou espace consacré.18. Bien qu'entouré de synagogues juives et de temples païens, les premiers chrétiens étaient les seuls religieux sur terre à n’avoir érigé aucun bâtiment consacré au culte.19 La foi chrétienne a été engendrée dans les maisons, dehors dans les cours, le long des routes, et dans les salles de séjour.20 Pendant les trois premiers siècles, les chrétiens n'ont adopté aucun bâtiment particulier.21 Comme l’a affirmé un érudit, « le christianisme qui a conquis l'empire romain était un mouvement essentiellement concentré dans les maisons. »22 Certains ont argumenté que c'était du fait qu’ils n’étaient pas autorisés à ériger des bâtiments cultuels. Mais il n’en est rien.23 Les réunions de maison représentaient un choix réfléchi de la part des premiers chrétiens. Alors que les rassemblements chrétiens augmentaient en effectifs, ils transformèrent leurs maisons pour les adapter à leur nombre grandissant.24 L’une des trouvailles archéologiques les plus exceptionnelles est la maison de Doura-Europos en Syrie moderne. C’est la plus ancienne place de réunion chrétienne identifiable. Il s’agit simplement d’une maison privée remodelée en lieu de rassemblement chrétien, aux alentours de l’an de grâce 232.25 La maison de Doura-Europos consistait essentiellement en un bâtiment dont un mur avait été abattu entre deux chambres à coucher pour créer une grande salle de séjour.26 Grâce à cette modification, la maison pouvait accueillir environ soixante-dix personnes.27 Des maisons transformées comme celle de Doura-Europos ne peuvent légitimement être qualifiées de « bâtiments d'église. » Elles étaient simplement des maisons aménagées pour s’adapter à de plus grandes assemblées.28 De plus, ces maisons n’ont jamais été appelées « temples, » terme employé par les païens et les juifs pour leurs lieux sacrés. Les chrétiens n'ont commencé à apposer le terme de « temple » à leurs bâtiments qu’à partir du XVIème siècle.29

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La création des lieux et des objets sacrés Vers la fin des IIème et IIIème siècles un glissement s'est produit. Les chrétiens ont commencé à adopter la pratique païenne de révérer les morts.30 Leur objectif était d’honorer la mémoire des martyrs. Ainsi a commencé la prière pour les saints (qui plus tard s’est transformée en prière aux saints).31 Les chrétiens empruntèrent aux païens la pratique des repas en l'honneur des morts.32 L'enterrement chrétien et les hymnes funèbres proviennent directement du paganisme du IIIème siècle.33 Les chrétiens du IIIème siècle se servaient de deux endroits pour leurs réunions : Leurs maisons privées et le cimetière. 34 Ils se réunissaient dans le cimetière parce qu'ils souhaitaient rester proches de leurs frères morts.35 Leur croyance était que partager un repas dans le cimetière d'un martyr avait pour but de le commémorer et de célébrer un culte en sa compagnie.36 Etant donné que les corps des « saints » martyrs reposaient là, les lieux d'enterrement chrétiens devinrent des « lieux saints. » Les chrétiens ont alors commencé à y édifier de petits monuments, particulièrement en surplomb des tombes de saints célèbres.37 Le fait d’ériger un sanctuaire au-dessus d'un tombeau et de le qualifier de « saint » était également une pratique païenne.38 A Rome, les chrétiens ont commencé à décorer de symboles chrétiens les catacombes (lieux funéraires souterrains).39 C’est ainsi que l'art est venu s’associer aux lieux sacrés. Clément d'Alexandrie (150-215) a été l’un des premiers chrétiens à préconiser l’art visuel dans le culte. (Chose curieuse, la croix en tant que référence artistique à la mort du Christ ne se retrouve pas avant la période de Constantin.40 Le crucifix, représentation artistique du sauveur en croix, n’a fait son apparition qu’au Vème siècle.41 La coutume du « signe de croix » remonte au IIème siècle.)42 Aux environs du IIème siècle, les chrétiens ont commencé à vénérer les os des saints, les considérant comme saints et sacrés. Ce qui, par la suite, a donné naissance à la collecte de reliques.43 Le culte des morts représentait la force de rassemblement communautaire la plus puissante de l'empire romain. A présent, les chrétiens l'absorbaient dans leur propre foi 44 La fin du IIème siècle amena également un glissement dans la perception de la Cène du Seigneur. Celle-ci passa d'un repas complet à une cérémonie révérencieuse appelée la Sainte Communion. (Pour plus d’information sur cette transition, lire le chapitre 9.) Autour du IVème siècle, cette tendance a mené à des pratiques ridicules. La coupe et le pain devaient inspirer un sentiment de crainte et de mystère. A tel point que les églises de l'Est plaçaient un dais au-dessus de l'autel où étaient placés le pain et la coupe. (Au XVIème siècle, des barrières de protection furent placées autour de l’autel.45 Ces barrières signifiaient que l’autel était consacré et que seules des personnes consacrées pouvaient s’en servir, c.à.d. le clergé!)46

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Ainsi vers le IIIème siècle, non seulement les chrétiens sanctifiaient des endroits, mais ils avaient également des objets sacrés. (Ils développeraient bientôt un sacerdoce sacré.) Tout bien considéré, les chrétiens du IIème et du IIIème siècle ont commencé à assimiler la mentalité magique qui caractérise la pensée païenne.47 Tous ces facteurs ont préparé un terrain chrétien pour l'homme qui créerait des bâtiments d'église. Constantin, le Père du bâtiment d’église Alors que l’empereur Constantin (env 285–337) est souvent loué pour avoir accordé aux chrétiens la liberté de culte et l’expansion de leurs privilèges, son histoire remplit une page sombre de l’Histoire du Christianisme. Par exemple, les bâtiments d’église ont commencé avec lui.48 L'histoire est étonnante. Au temps où Constantin est entré en scène, le climat était mûr pour que les chrétiens émergent enfin de leur statut minoritaire et méprisé. La tentation d'être accepté était simplement trop grande pour y résister et il y a eu ce qu’on peut appeler un effet boule de neige constantinien. En l’an 312 de notre ère, Constantin est devenu le César de l’Empire occidental.49 Vers l’an 324, il est devenu empereur de tout l’Empire Romain. Peu après, il a commencé à ordonner la construction de bâtiments d’église, favorisant ainsi la popularité et l'acceptation du christianisme. Si les chrétiens possédaient leurs propres édifices sacrés, à l’instar des juifs et des païens, leur foi serait considérée comme légitime. Il est important de comprendre la pensée de Constantin, car elle explique son enthousiasme à l’idée de l’établissement de bâtiments d’église. La pensée de Constantin était dominée par la superstition et la magie païennes. Même après être devenu empereur, il a permis aux anciennes institutions païennes de rester inchangées.50 Après sa conversion au christianisme, Constantin n'a jamais abandonné le culte du soleil. Il a gardé le soleil sur ses pièces de monnaie et a fait ériger une statue du dieu-soleil figurant sa propre image dans le forum de Constantinople (sa nouvelle capitale). Constantin a également fait dresser une statue de la déesse mère Cybèle. (Bien qu'il la présentât dans une position de prière chrétienne.)51 Les historiens continuent à débattre de l’authenticité de la foi de Constantin. Le fait qu'on rapporte qu'il a fait exécuter son fils aîné, son neveu, et son beau-frère ne joue pas en faveur de sa conversion.52 Mais notre propos n’est pas d’approfondir ce sujet épineux ici. En l’an 321, Constantin a décrété que le dimanche serait un jour de repos, un jour férié.53 Il s'avère que l'intention de Constantin derrière ce décret était d'honorer le dieu Mithra, le Soleil Invincible 54 (Il a défini le dimanche comme étant« le jour du soleil (Ndt : sun day en anglais. ») Pour attester davantage de son affinité avec le culte du soleil, des excavations à Saint Pierre de Rome ont mis à jour une mosaïque du Christ à l’image du Soleil Invincible.55 46


Quasiment jusqu’au jour de sa mort, Constantin « a fonctionné comme un grand prêtre du paganisme. »56 En fait, il a maintenu le titre païen de Pontifex Maximus, (Souverain Pontife) qui signifie « chef des prêtres païens ! »57 (Au XVIème siècle, ce même titre est devenu le titre honorifique du pape catholique !)58 Le 11 mai 330, Constantin à consacré Constantinople comme sa nouvelle capitale, et l’a adornée de trésors récupérés dans les temples païens. 59 Et il a employé des formules magiques païennes pour la protection des récoltes et la guérison des maladies.60 En outre, tous les indices historiques tendent à démontrer que Constantin était un égocentrique. En faisant construire l’église des apôtres il a fait ériger des monuments aux douze apôtres. Ces douze monuments entouraient un tombeau unique, situé au centre. Ce tombeau lui était réservé, faisant ainsi de lui le 13ième apôtre et chef des autres ! Ainsi Constantin a non seulement perpétué la pratique païenne d'honorer les morts mais il a également cherché à y figurer parmi les plus importants.61 Constantin a également renforcé la notion païenne du caractère sacré des objets et des endroits.62 En grande partie en raison de son influence, le trafic de reliques est devenu commun dans l’Église.63 Vers le IVè siècle, l’obsession des reliques était devenue telle que certains dirigeants chrétiens se sont insurgés contre elle en la présentant comme, « une observance païenne accréditée dans les églises sous couvert de religion… une œuvre idolâtre. » »64 Constantin est également connu pour avoir ajouté à la foi chrétienne le concept du lieu saint, basé sur le modèle du sanctuaire païen. En raison de l'aura conférée par le « caractère sacré » que les chrétiens du IVè siècle attribuaient à la Palestine, celle-ci a été reconnue comme « terre sainte » vers le VIème siècle.65 Encore plus sidérant, après sa mort, Constantin a été proclamé « divin. » (C’était la coutume pour tous les empereurs païens morts avant lui.)66 Le sénat l'a déclaré dieu païen au jour de sa mort.67 Et personne ne s’y est opposé. A ce propos, il nous faut ajouter un mot au sujet de la mère de Constantin, Helena. Cette femme était reconnue pour son obsession des reliques. Vers l’an 326 de notre ère, Helena a fait un pèlerinage en terre sainte.68 En 327 ap.J.C. à Jérusalem, elle est censée avoir trouvé la croix et les clous employés pour crucifier Jésus.69 On rapporte que Constantin a propagé l'idée que les morceaux de bois de la croix du Christ possédaient des pouvoirs spirituels.70 Indubitablement, le côté magique païen travaillait l’esprit de l'empereur Constantin. Voilà le Père du bâtiment d'église! Le programme de construction de Constantin Après le voyage d’Helena vers Jérusalem en 327 ap. J.C., Constantin érigea les premiers bâtiments d'églises dans tout l'empire romain, dont certains au tribut des 47


finances publiques.71 Ce faisant, il suivait les traces des païens qui construisaient des temples pour honorer Dieu.72 Chose intéressante, il a attribué à ces bâtiments des noms de saints tout comme les païens qui appelaient leurs temples du nom de leurs dieux. Les premiers ont été construits sur les cimetières où les chrétiens organisaient des agapes pour les saints défunts.73 C'est-à-dire qu’il a construit au-dessus des saints décédés.74 Pour quelle raison? Parce que depuis au moins un siècle les lieux de sépulture des saints étaient considérés comme des « lieux sacrés. »75 Parmi les plus grands bâtiments, plusieurs ont été construits sur les tombes de martyrs76 Cette pratique était basée sur l'idée que les martyrs possédaient les mêmes pouvoirs autrefois attribués aux dieux du paganisme.77 Les chrétiens ont complètement adopté cette vision des choses. « Les lieux sacrés » chrétiens les plus célèbres étaient : Saint-Pierre, sur la colline du Vatican (construit sur le prétendu tombeau de Pierre), Saint-Paul Hors des Murs (présumé tombeau de Paul), l’éblouissante et étonnante église du SaintSépulcre à Jérusalem (au-dessus du supposé tombeau de Christ), et l’Église de la Nativité à Bethléem (au-dessus de la caverne où prétendument Jésus est né). Constantin a construit neuf églises à Rome et plusieurs autres à Jérusalem, Bethléem, et Constantinople.78 Explorons les premières églises Puisque l’église (le bâtiment) était considérée comme sacrée, les fidèles devaient subir un rituel de purification avant d'y entrer. Ainsi au IVème siècle, des fontaines étaient érigées dans la cour où les chrétiens pouvaient se laver avant d’entrer dans le bâtiment.79 Les églises de Constantin s’élevaient en de spacieux et magnifiques édifices, réputés « dignes d'un empereur. » Leur splendeur poussait ses contemporains païens à dire que ces « immenses bâtiments imitaient » la structure des temples païens.80 Constantin a même utilisé l’art païen pour décorer les nouvelles églises!81 Les églises de Constantin ont été structurées exactement comme des basiliques.82 La basilique était le bâtiment d’état ordinaire,83 elle était conçue sur le modèle des temples païens grecs.84 Les basiliques jouaient le même rôle que les amphithéâtres d’universités de nos jours. Ils étaient idéaux pour les foules passives et docilement assises pour assister à une prestation. C'est l'une des raisons pour lesquelles Constantin a choisi ce modèle de bâtiment.85 Il l'a également favorisé en raison de sa fascination pour le culte du soleil. Les basiliques étaient conçues de façon à ce que le soleil illumine le prédicateur lorsqu’il faisait face à l’assemblée. 86 A l’instar des temples grecs et romains, la façade des basiliques chrétiennes était orientée vers l'est.87 48


Explorons l'intérieur de la basilique chrétienne. Elle reproduit exactement la basilique romaine à l’usage des magistrats et des dirigeants romains. Les basiliques chrétiennes possédaient une estrade, surélevée de plusieurs marches, où le clergé officiait. Une balustrade ou un écran séparait également le clergé des laïcs.88 L'autel, une table ou un coffre avec un couvercle se trouvait au centre du bâtiment.89 On le considérait comme l'endroit le plus saint dans le bâtiment pour deux raisons. D'abord, il contenait souvent les reliques des martyrs.90 (Après le Vème siècle, la présence d'une relique dans l'autel de l'église était essentielle pour rendre l’église légitime.) 91 Ensuite, sur l'autel reposait l'eucharistie (le pain et la coupe). L’eucharistie, à présent considérée comme un sacrifice sacré, était offerte sur l'autel. A part le clergé (considéré comme « saint », personne ne pouvait recevoir l'eucharistie dans l’enceinte cerclée de balustrades de l'autel.92 Devant l'autel se trouvait le siège de l'évêque appelée cathedra.93 Le terme ex cathedra dérive de ce siège. Ex cathedra signifie « du haut de la chaire. »94 Le siège de l'évêque, ou « le trône » comme on l’appelait, était le plus grand et le plus élaboré du bâtiment. Il se substituait au siège du juge dans la basilique romaine,95 et était entouré par deux rangées de chaises réservées aux anciens.96 Le sermon était prêché du haut de la chaire de l'évêque.97 La puissance et l'autorité reposaient sur ce siège, recouvert d’une toile de lin blanc. Les aînés et les diacres s’asseyaient de chaque côté en demi-cercle.98 L'architecture de la basilique était empreinte d’une distinction hiérarchique flagrante. Il est intéressant de voir que la plupart des bâtiments d'église modernes possèdent des sièges particuliers pour le pasteur et son équipe, situés sur l’estrade derrière le pupitre. (Tout comme le trône de l'évêque, le siège du pasteur est habituellement le plus grand de tous !) On voit là clairement une transposition de la basilique païenne. En outre, Constantin n'a pas procédé à une destruction massive des temples païens, ni ne les a fait fermer.99 En certains endroits, des temples païens existants ont été dépouillés de leurs idoles et convertis en édifices chrétiens. 100 Les chrétiens ont employés les matériaux ainsi extirpés pour construire de nouvelles églises sur les sites mêmes de ces temples.101 Influences majeures sur le culte L’avènement du bâtiment d’église a apporté des changements significatifs au culte chrétien. Etant donné que l'empereur était le « laïque » numéro un dans l’Église, une simple cérémonie n'était pas suffisante. Afin de l'honorer, on ajouta à la liturgie chrétienne le faste et le rituel de la cour impériale.102 L’usage pour les empereurs romains était qu’à chaque apparition publique, ils soient précédés par des lumières et un récipient enflammé, rempli d’herbes 49


aromatiques.103 A l’image de cette coutume, Constantin a introduit les bougies et l'encens en tant qu'éléments du culte, au moment de l’entrée des membres du clergé.104 Sous le règne de Constantin, le clergé, qui jusque-là portait des vêtements ordinaires, commença à se parer de tenues particulières. A quoi ressemblaient-elles donc? Elles étaient la réplique de celles des fonctionnaires romains. Ajouté à cela, pour honorer le clergé, on a introduit dans l’église divers gestes de respect comparables à ceux employés pour honorer les fonctionnaires romains.105 La coutume romaine de débuter le service par une musique de procession fut également adoptée. À cette fin, suivit le développement des chœurs et leur introduction dans l’église chrétienne. (Lire le chapitre 7 pour en savoir plus sur l’origine de ces chœurs). Le culte devint plus professionnel, plus spectaculaire et plus cérémonial. Toutes ces caractéristiques furent empruntées à la culture gréco-romaine et directement importées dans l’Église chrétienne.106 Le christianisme du IVè siècle était profondément pétri de paganisme grec et d'impérialisme romain.107 La conséquence de tout cela fut l’anéantissement immédiat de toute intimité et de toute libre participation pendant les réunions. Le clergé professionnel accomplissait les rituels du culte tandis que les laïcs en étaient spectateurs.108 Un érudit catholique l’a admis volontiers, avec l’avènement de Constantin les « diverses coutumes de la culture romaine antique se sont coulées dans la liturgie chrétienne… ont réussi à y pénétrer jusqu’aux cérémonies impliquées dans le culte antique de l'empereur en tant que déité, mais uniquement sous leur forme profane. »109 Constantin apporta la paix pour tous les chrétiens.110 Sous son règne, la foi chrétienne est devenue légitime. En fait, elle s'est élevée à un statut supérieur à celui du judaïsme et du paganisme.111 Voilà pourquoi les chrétiens ont perçu l'avènement de l’empereur Constantin comme un acte de Dieu. Voici l'instrument de Dieu qui venait à leur secours. Le christianisme et la culture romaine avaient maintenant fusionné.112 Le bâtiment chrétien démontre que, bon gré mal gré, l’Église était entrée en alliance étroite avec la culture païenne.113 Comme l'a dit Will Durant, auteur de The Story of Civilization, un livre de grande envergure, lauréat du prix Pulitzer : « les îles païennes ont subsisté dans la mer chrétienne déferlante. »114 L’Église de Jésus-Christ a ainsi subi un glissement tragique par rapport à sa simplicité du début. Les chrétiens du premier siècle se considéraient comme opposés au monde profane et évitaient tout contact avec le paganisme. Tout cela a changé durant le IVème siècle, lorsque l’Eglise a émergé dans le monde en tant qu’institution publique et a commencé à « absorber et christianiser les idées et les pratiques religieuses païennes. »115 Selon les dires d’un historien, « les églises ont remplacé les 50


temples ; leurs biens ont remplacé les terres et les fonds du temple. »116 Sous Constantin, l’exemption d'impôts fut accordée à toute propriété d'église.117 En conséquence, l'histoire du bâtiment d'église est la triste saga de l'emprunt du christianisme à la culture païenne, transformant ainsi radicalement le visage de notre foi.118 Au fond, on peut carrément dire que les bâtiments d'église des ères Constantinienne et post-Constantinienne sont devenus de saints sanctuaires. 119 Les chrétiens ont adhéré au concept du temple. Ils se sont imprégnés de l'idée païenne qu’il existe un endroit particulier où Dieu demeure d'une manière particulière. Et cet endroit est fait « de mains d’hommes. »120 Tout comme pour d'autres coutumes païennes absorbées dans la foi chrétienne (la liturgie, le sermon, les vêtements cléricaux, la structure hiérarchique, etc.), les chrétiens des IIIème et IVème siècles ont attribué à tort l'origine du bâtiment d’église à l’Ancien Testament.121 C'était une pensée bien malencontreuse. Le bâtiment d'église a été emprunté directement à la culture païenne. « Le rituel de la dignité et des sacrements avait envahi le culte par l’entremise des mystères [les cultes païens], et a été justifié, comme tant d'autres choses, par référence à l’Ancien Testament. »122 La justification du bâtiment d’église par l’AT est non seulement inexacte mais trompeuse. L’économie mosaïque ancienne des prêtres consacrés, des bâtiments, des rituels et des objets sacrés a été détruite pour toujours par la croix du Christ. En outre, elle a été remplacée par une organisation non hiérarchique, nonritualiste, non liturgique appelée l'ekklesia (église).123 L'évolution de l'architecture d'église Après l'ère constantinienne, les bâtiments d'églises traversèrent différentes étapes (trop complexes à détailler ici.) Pour citer un érudit, « les changements dans l'architecture d'église sont le résultat d’une mutation plutôt que d'une ligne régulière d'évolution. » Ces mutations ont eu peu d’impact sur les éléments architecturaux dominants qui favorisaient le monopole du clergé et la passivité de l’assemblée.124 Examinons rapidement l'évolution de l'architecture d'église: Après Constantin, l'architecture chrétienne est passée de la phase basilique à la phase byzantine.125 Les églises byzantines avaient de larges dômes centraux et étaient décorées d’icônes et de mosaïques.126 L'architecture romane a succédé à l'architecture byzantine.127 Les bâtiments romans étaient caractérisés par une hauteur de trois étages, des piliers massifs soutenant des voûtes circulaires, et une décoration intérieure chargée.128 Cette forme de bâtiment a surgi peu de temps après l’avènement de Charlemagne en tant qu’empereur du saint empire romain, le jour de Noël de l’an 800 de notre ère. 51


La période romane fut suivie par l'ère gothique du XIIième siècle. L'architecture gothique a ouvert la voie à ces envoûtantes cathédrales avec leurs croisées d’ogives, leurs arches fuselées et leurs contreforts aériens.129 Le terme de cathédrale est dérivé de cathedra. C’est le bâtiment qui abrite la cathedra, le siège de l’évêque.130 Le vitrail a été introduit la première fois dans les églises au VI ième siècle par Grégoire de La Tour (538-593).131 Il fut encastré dans les étroites embrasures de quelques églises romanes. Suger (1081-1151), abbé de St-Denis, a revalorisé le vitrail en le décorant de peintures sacrées. Il est ainsi devenu le premier à employer des vitraux dans des églises, en les plaçant dans ses cathédrales gothiques.132 Les grands vitraux sont venus consteller les murs des églises gothiques pour leur conférer de la couleur, de la brillance et de la lumière.133 Des couleurs riches et sombres furent également utilisées pour créer un effet Nouvelle Jérusalem. Les vitraux des XIIième et XIIIième siècles ont rarement été égalés en beauté et en qualité. Avec leurs couleurs éblouissantes, les vitraux ont efficacement produit un sens émotionnel de majesté et de splendeur. Ils ont stimulé le sentiment de rendre culte à un Dieu puissant et redoutable.134 Comme pour la basilique de Constantin, l’origine de la cathédrale gothique est complètement païenne. Les architectes gothiques se sont fortement inspirés des enseignements du philosophe grec païen, Platon. Platon enseignait que le bruit, la couleur, et la lumière avaient un profond sens mystique. Ils pouvaient influencer l’état d’esprit et faciliter la fusion avec le « Bien Éternel. »135 Les créateurs du gothique ont donné aux enseignements de Platon une forme de brique et de pierre. Ils ont imaginé un éclairage impressionnant suscitant un sentiment de splendeur et d’adoration irrésistibles.136 La couleur est l’un des facteurs émotionnels les plus puissants qui soient. Ainsi les vitraux gothiques ont été utilisés habilement pour créer un sentiment de mystère et de transcendance. S’inspirant des statues et des tours grandioses de l'Égypte ancienne, l’architecture gothique a cherché à reproduire un sens du sublime par des dimensions extravagantes.137 Il est dit de la structure gothique que « le bâtiment entier semble enchaîné à la terre dans un envol figé…. Il s’élève du sol comme une exhalaison … aucune architecture ne spiritualise, ne raffine et n’élance autant vers le ciel la substance qu'elle manie. »138 C’était le symbole ultime de la terre rejoignant le ciel.139 Ainsi, grâce à l’usage ingénieux de la lumière, de la couleur et de la hauteur démesurée, la cathédrale gothique a exalté le sens du mystère, de la transcendance et de la crainte.140 Tous ces procédés ont été empruntés à Platon tout en faisant figure de chrétiens.141 Les églises basiliques, romanes et gothiques sont une tentative humaine de reproduire ce qui est céleste et spirituel.142 Il est vraiment réaliste de dire qu’à travers l'histoire, le bâtiment d'église reflète le besoin de l'homme de ressentir le divin à 52


travers ses sens. Même s’il est vrai que le fait d’être environné de beauté puisse certainement attirer le cœur de l’homme vers Dieu, lui-même désire tellement plus pour son église qu’une expérience esthétique. Vers le IVème siècle, la communauté chrétienne avait perdu le contact avec ces réalités merveilleuses qui ne peuvent être perçues par les sens mais seulement reçues par l'esprit humain. (Lire 1 Corinthiens 2:9-16). Pis encore, le message principal de l'architecture gothique est : « Dieu est transcendant et inatteignable, soyez impressionnés par sa majesté. » Mais un tel message contredit le message de l'Évangile qui nous expose un Dieu très accessible, au point qu’Il a choisi de résider au milieu de son peuple !

Le bâtiment d'église protestant Au XVIème siècle, les réformateurs ont hérité des bâtiments traditionnels mentionnés ci-dessus. En très peu de temps, des milliers de cathédrales médiévales sont devenues leur propriété, car les gouvernants locaux qui administraient ces structures ont rejoint la Reforme.143 La plupart des réformateurs étaient d'anciens prêtres. D’où le conditionnement inconscient de leur pensée par le catholicisme médiéval.144 Ainsi, bien qu’ils aient légèrement remodelé leurs bâtiments d'église nouvellement acquis, ils intégrèrent peu de variantes fonctionnelles à l'architecture.145 Même si les réformateurs voulaient apporter des changements radicaux dans la pratique du culte, les masses n'y étaient pas préparées.146 Il était clair pour Martin Luther que l’Église ne se réduisait pas à un bâtiment ou une institution.147 Pourtant il lui était impossible de révolutionner plus d'un millénaire de confusion sur le sujet.148 Le principal changement architectural des réformateurs reflétait leur théologie. Ils mirent la chaire en position prépondérante au centre du bâtiment plutôt que l'autel.149 Le noyau principal de la Réforme était l’idée que les gens ne pouvaient connaître Dieu ni prospérer spirituellement s’ils n’entendaient pas de prédications. Ainsi lorsque les réformateurs héritèrent des bâtiments d'église existants, ils les adaptèrent à cette fin.150 Le Clocher Depuis que les habitants de Babel ont érigé une tour « pour atteindre les cieux, » les civilisations leur ont emboîté le pas en bâtissant des structures à sommets pointus.151 Les Babyloniens et les Égyptiens ont construit les obélisques et les pyramides qui reflétaient leur croyance en un cheminement vers l'immortalité. Lorsque sont apparues la philosophie et la culture grecques, la direction de l’architecture est passée d’ascendante et verticale à horizontale et descendante, 53


reflétant ainsi la croyance grecque en la démocratie, l'égalité humaine et les dieux terrestres.152 Cependant, avec l’avènement de l’Église catholique, la pratique de coiffer les bâtiments d’églises de sommets en pointes réapparut. Vers la fin de la période byzantine, les papes catholiques s’inspirèrent des obélisques de l'Égypte ancienne.153 Alors que l'architecture religieuse entrait dans la période romane, les pointes commencèrent à apparaître sur les surfaces et les coins de chaque cathédrale construite dans l'empire romain. Cette tendance atteignit son apogée durant l'ère de l'architecture gothique avec la construction de la cathédrale de Saint-Denis par l’abbé Suger. À la différence de l'architecture grecque, la ligne caractéristique de l'architecture gothique était la verticale, ce qui suggérait un effort d’élévation. Pendant cette période, partout en Italie, des tours ont commencé à apparaître à l’entrée des églises. Ces tours abritaient des cloches pour appeler le peuple au culte.154 Elles représentaient la jonction entre le ciel et la terre.155 Au fur et à mesure des années, les architectes gothiques (entichés de verticalité) tentèrent d’allonger les tours par une grande flèche au sommet.156 Ces flèches (également appelées clochers) étaient un symbole de l'aspiration de l'homme à s’unir à son créateur.157 Pendant les siècles qui suivirent, les tours s’élevèrent toujours plus hautes et plus effilées. Elles se sont muées par la suite en un point de convergence visuelle pour l'architecture, et leur nombre s’est également réduit, passant de la « double-tour massive » à la flèche unique qui est ainsi venue caractériser les églises de la Normandie et de la Grande-Bretagne. En l'an 1666, un événement s'est produit qui a modifié le cours de l'architecture de la tour. Un feu a ravagé la ville de Londres endommageant ainsi la plupart de ses 87 églises.158 Christopher Wren (1632-1723) fut alors commissionné pour restaurer toutes les églises de Londres. Utilisant ses propres innovations stylistiques pour modifier les flèches gothiques de France et d'Allemagne, Wren a ainsi créé le clocher moderne.159 À partir de là, le clocher est devenu un élément dominant de l'architecture anglo-saxonne. Lorsque les puritains sont arrivés vers la fin de 1500, ils ont construit leurs bâtiments d'église de manière bien plus simples que leurs prédécesseurs catholiques et Anglicans. Mais ils ont conservé le clocher et l’ont introduit dans le nouveau monde des Amériques.160 Le message du clocher s’oppose à celui du Nouveau Testament. Les chrétiens ne doivent pas chercher à atteindre les cieux pour trouver Dieu. Il est ici ! Avec la venue d'Emmanuel, Dieu est avec nous. (Lire Matthieu 1:23). Et avec sa résurrection, nous avons un Seigneur qui habite en nous. Le clocher se dresse contre ces réalités.

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La chaire Auparavant les sermons étaient dispensés depuis la chaise, ou cathedra, de l'évêque qui était placée derrière l'autel.161 Plus tard c’est l’ambon qui est devenu l'endroit d’où les sermons étaient proclamés, un emplacement surélevé, du côté du chœur sur lequel on lisait des leçons bibliques.162 L'ambon était emprunté à la synagogue juive.163 Cependant, ses racines sont plus anciennes et remontent aux pupitres de lecture et aux estrades de l'antiquité Gréco-romaine. Jean Chrysostome (347–407) est célèbre pour avoir fait de l'ambon un lieu de prédication.164 Dès l’an 250, l'ambon a été remplacé par la chaire. Cyprien de Carthage (200-258) parle de faire officier le chef de l’Église publiquement, sur le pulpitum.165 Le mot « pupitre/chaire » que nous employons est dérivé du Latin pulpitum qui désigne « une tribune. »166 Le pulpitum, ou chaire, était installé à l'endroit le plus élevé de l’assemblée.167 Avec le temps, l'expression « monter en chaire » (ad pulpitum venire) s’est inscrite dans le vocabulaire religieux du clergé. Vers l’an 252, Cyprien se réfère à l’estrade surélevée qui isolait le clergé des laïcs comme au « congestum sacré et vénéré du clergé. »168 Vers la fin du Moyen-âge, la chaire est devenue commune dans les églises de paroisse.169 Avec la Réforme, elle est devenue la pièce centrale du mobilier de l'église.170 La chaire symbolisait le remplacement de la centralité de l'action ritualiste (la messe) par l'instruction verbale du clergé (le sermon).171 Dans les églises luthériennes, la chaire fut déplacée devant l'autel.172 Dans les églises reformées la chaire a prédominé jusqu'à ce que l'autel finisse par disparaître pour être remplacé par la « table de communion »173 La chaire a toujours été la pièce maîtresse de l’église protestante. A tel point qu'un pasteur bien connu, orateur d’une conférence sponsorisée par l'Association Évangélique de Billy Graham a déclaré : « Si l’Église est vivante, c’est parce que la chaire est vivante et si l’Église est morte, c’est parce que la chaire est morte. »174 La chaire élève le clergé à une position de proéminence. Fidèle à sa signification, elle met le prédicateur au centre de la « scène » le séparant et le plaçant au-dessus du peuple de Dieu. Le banc et le balcon Le banc d’église est peut-être le plus grand inhibiteur du face-à-face dans la communauté. Il est un symbole de léthargie et de passivité dans l’église contemporaine et a fait du culte communautaire un sport de spectacle.175 Le mot banc est dérivé du podium latin. Il signifie une assise surélevée par rapport au sol ou un « balcon. »176 Les bancs étaient absents des églises pendant les premiers mille ans de l'histoire chrétienne. Au début dans les basiliques, l’assemblée 55


se tenait debout pendant le service entier.177 (Cela se pratique encore de nos jours chez certains orthodoxes orientaux.)178 C’est vers le XIIIème siècle que des bancs sans dossier ont été progressivement introduits dans les paroisses anglaises.179 Ils étaient en pierre et placés contre les murs. Ils ont ensuite été installés dans le corps du bâtiment (dans ce qu’on appelle la nef).180 Au début, les bancs étaient rangés en demi-cercle autour de la chaire. Plus tard, ils furent fixés au sol.181 Le « banc » moderne a été introduit au XIVème siècle, mais on ne le retrouve pas communément dans les églises avant le XVème siècle.182 A cette époque, des bancs de bois ont remplacé les assises en pierre.183 Vers le XVIIIème siècle, les bancs fermés sont devenus populaires.184 L’histoire des bancs fermés est plutôt cocasse. Ils étaient matelassés de coussins, avaient leurs tapis et autres accessoires. Ils étaient vendus à des familles et tenus pour propriétés privées.185 Les propriétaires de bancs fermés s’ingéniaient à les rendre aussi confortables que possible. Certains les agrémentaient de rideaux, de coussins, de fauteuils capitonnés, de chaufferettes, et de compartiments spéciaux pour chiens de compagnie ! Il n'était pas rare que les propriétaires en verrouillent l’accès. Après avoir été assez critiqués par le clergé, ces bancs améliorés furent remplacés par des bancs ouverts.186 Les parois latérales des bancs fermés étant souvent assez hautes, les chaires devaient être surélevées afin d’être vues par le peuple. Ainsi, la chaire en forme de « verre à pied » a vu le jour pendant la période coloniale.187 La chaire verre à pied permettait au pasteur d’être « très élevé» comme dans la vision du temple d'Ésaïe. Les bancs fermés familiaux du XVIIIème siècle ont été remplacés par des bancs pivotants afin que toutes les personnes puissent faire face à la haute tribune nouvellement érigée d’où le pasteur dirigeait le service.188 Alors, qu’est-ce que le banc ? La réponse est contenue dans la signification du terme. Il s’agit d’un « balcon » abaissé, un endroit séparé duquel on regarde des représentations sur une scène (la chaire). Il immobilise l’assemblée des saints et fait d’eux des spectateurs muets. Il empêche la communion et l'interaction des membres en face à face. Les galeries (ou balcons d'église) ont été inventés par les Allemands au XVIème siècle. Elles ont été popularisées par les puritains au XVIIIème siècle. Depuis lors, les balcons sont devenus la marque déposée de l'église protestante. Leur but est de rapprocher l’assemblée de la chaire. Encore une fois, écouter le prédicateur a toujours été la préoccupation principale dans la conception des églises protestantes.189

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L’architecture de l’église contemporaine Durant les 200 dernières années, les deux modèles architecturaux dominants utilisés par les églises protestantes sont la forme de chœur séparé (utilisée dans les églises conventionnelles) et la forme scène de concert (utilisée dans les églises évangéliques).190 Le chœur est l’emplacement d’où le clergé (et parfois la chorale) dirigent le service.191 Dans l’église du type chœur, il existe encore une rampe ou une ligne de démarcation qui sépare le clergé des laïcs. L’église de style concert a été profondément influencée par le renouveau du XIXème siècle.192 Il s’agit essentiellement d’un auditorium. Le bâtiment de style concert est structuré de façon à mettre en valeur la représentation scénique du prédicateur et de la chorale.193 Sa structure suggère de façon implicite que la chorale (ou l'équipe de louange) intervient pour stimuler la louange de l’assemblée ou pour son divertissement.194 Elle attire également une attention excessive sur le prédicateur, qu’il soit debout ou assis. Dans le bâtiment de style concert, on trouve parfois une petite table de communion en-dessous du pupitre. En général, la table de communion est décorée de chandeliers en laiton, d'une croix, et de fleurs. Deux bougies posées sur la table de communion sont devenues un signe d’orthodoxie dans la plupart des églises protestantes aujourd’hui. A l’instar de plusieurs autres parties du culte, la présence des bougies a été empruntée à la cérémonie de cour de l'empire romain.195 Pourtant, en dépit de ces variations, l’architecture protestante produit les mêmes effets stériles que celle des basiliques de Constantin. Elles perpétuent le clivage anti biblique entre le clergé et les laïcs et encouragent les fidèles à endosser un rôle de spectateurs. L'agencement et l’atmosphère du bâtiment mettent l’assemblée en condition de passivité. L’estrade où se tient la chaire fait l’effet d’une scène, et l’assemblée occupe le théâtre.196 En résumé, depuis qu’elle est née au IVème siècle, l’architecture chrétienne a mené la bonne marche du peuple de Dieu dans l’impasse. L’Exégèse du Bâtiment À cette étape, vous devez vous dire : Mais, où est le problème ? Qui se soucie de savoir que les chrétiens du 1er siècle n'avaient pas de bâtiments ? Ou que les églises étaient construites d’après des croyances et des pratiques païennes ? Ou que les catholiques du Moyen-âge basaient leur architecture sur la philosophie païenne. Quel est le rapport avec nous aujourd'hui ? Réfléchissez à la phrase suivante: le lieu social du rassemblement de l’église exprime et influence le caractère de l’église.197 Si vous vous figurez que le lieu de rassemblement de l’église n’est qu’une question de convenance, c’est une erreur tragique. Vous oubliez une réalité essentielle de l'humanité. Chaque bâtiment que 57


nous voyons produit en nous une réaction. Son intérieur et son extérieur reflètent une image explicite de l’Église et de son fonctionnement. Pour emprunter l’expression d’Henri Lefèbvre, « l’espace n'est jamais vide ; il incarne toujours une raison d’être. »198 En termes d’architecture, ce principe est figuré par la devise « la forme découle de la fonction. » La forme du bâtiment reflète sa fonction particulière.199 L’aménagement social du lieu de réunion d'une église est un bon indice de la compréhension qu’a cette église du plan de Dieu pour son Corps. La position d'une église nous enseigne comment nous réunir. Elle nous enseigne ce qui est important et ce qui ne l'est pas. Elle nous enseigne aussi ce qu’il convient de dire ou de ne pas dire. Nous tirons ces leçons de l'aménagement de notre lieu de rassemblement, qu’il s’agisse d’un édifice d'église ou d’une maison privée. Ces leçons ne sont absolument pas « neutres. » Entrez dans n'importe quel bâtiment et examinez-en l'architecture. Cherchez les objets placés en hauteur et ceux qui sont en bas. Regardez ce qui est mis en évidence et ce qui est placé en arrière plan. Demandez-vous s’il serait possible de « réajuster » la direction de la réunion selon l’impulsion du moment. Voyez s’il serait facile ou difficile pour un membre de l’assemblée d’être vu et entendu de tous à partir du lieu où il est assis. Si vous observez l'aménagement d’une église en vous posant ces questions (et d'autres du même ordre), vous comprendrez ce qui caractérise l’Église moderne. Si vous vous posez le même genre de questions au sujet d’une salle de séjour, vous obtiendrez un ensemble de réponses très différent. Vous comprendrez la raison des aspects singuliers d’une église de maison (comme celles des premiers chrétiens). Le lieu social de l’Église est un élément crucial dans la vie d'église. On ne peut pas le considérer simplement comme « un principe historique accidentel. »200 Un lieu social peut enseigner à de bonnes et pieuses personnes de mauvaises leçons et en même temps étouffer leur vie. Le fait d’attirer l'attention sur l'importance du lieu social de l’Église (édifice de maison ou d'église) nous aide à comprendre le poids énorme de notre environnement social. Pour couronner le tout, disons que le bâtiment d'église est basé sur l'idée barbare que le culte n’a rien à voir avec la vie quotidienne. Les opinions des gens diffèrent, naturellement, selon qu’ils apprécient cette différence plus ou moins profondément. Quelques groupes sont allés jusqu’à insister sur le fait que le culte ne pouvait se dérouler qu’à l’intérieur d’espaces spécifiquement propres à procurer une sensation différente de celles que vous éprouvez dans la vie quotidienne. La dissociation entre le culte et la vie quotidienne caractérise le christianisme occidental. Le culte est perçu comme détaché de la trame intime de la vie et conditionné pour la consommation en collectivité. Des siècles d'architecture gothique ont tordu l’enseignement sur la réelle signification du culte. Peu de gens peuvent 58


déambuler dans une sublime cathédrale sans expérimenter la puissance de son atmosphère. L'éclairage est indirect et tamisé Les plafonds sont outrageusement élevés. Les couleurs sont basiques et riches. Le son voyage d'une manière particulière. Toutes ces choses collaborent à nous donner un sentiment de crainte et d’émerveillement. Elles sont conçues pour manipuler les sens et pour créer « une atmosphère d’adoration. » 201 Certaines traditions y mélangent des odeurs. Mais l'effet demeure toujours identique : Nos sens interagissent avec notre environnement pour nous amener à un état d'âme particulier. Un état de stupeur, de mystère et de transcendance qui représente une échappatoire au tourbillon de la vie quotidienne.202 Nous, les protestants, avons remplacé la grandeur architecturale par un usage singulier de la musique, nous permettant d'atteindre le même but. En conséquence, dans les cercles protestants, les « bons » dirigeants de culte sont ceux qui savent employer la musique pour évoquer ce que d'autres traditions évoquent en se servant de l’espace, c’est-à-dire un sentiment émotionnel d’adoration.203 Mais tout ceci est dissocié de la vie quotidienne et manque d’authenticité. Jonathan Edwards précise à juste titre que les émotions sont passagères et ne peuvent servir de mesure pour la relation personnelle avec Dieu.204 Cette différence entre le séculier et le spirituel est accentuée par le fait que le typique bâtiment d'église implique une « progression pénétrante» par la montée de marches ou le passage d’un vestibule. Cela ajoute au sentiment que vous passez de la vie quotidienne à une autre vie. Ainsi une transition est exigée. Tout ceci échoue au test du lundi Peu importe la splendeur du dimanche, le lundi matin vient toujours mettre à l’épreuve la réalité de notre culte.205 Observez les membres d’une chorale avant le culte. Ils sourient, rient, et même plaisantent. Mais une fois que le service commence, ils deviennent des personnes différentes. Vous ne les surprendrez plus souvent à sourire ou à rire. Cette aberrante séparation du séculier et du sacré… cette « mystique de vitrail » du dimanche matin vole en éclat face à la vérité et à la réalité. En outre, l'église n'est pas aussi amicale, chaleureuse et personnelle qu’une maison individuelle, structure de réunion fondamentale pour les chrétiens primitifs.206 Elle n'est pas conçue pour l'intimité ni la communion. Dans la plupart des églises, les sièges sont des bancs de bois boulonnés au plancher. Ils sont alignés par rangées, face à la chaire. La chaire se situe sur une estrade où siège le clergé (rémanence de la basilique romaine). Cette disposition rend impossible le face à face des adorateurs. Au lieu de cela, elle instaure une forme de culte « assieds-toi et laisse-toi imprégner » qui transforme tout chrétien actif en « patate dans sa rangée! » Autrement dit, l'architecture même empêche toute communion entre Dieu et son peuple sauf via 59


l'intermédiaire du pasteur ! Mais en dépit de ces faits, nous, chrétiens, croyons toujours que le bâtiment est sacré. Bien entendu on peut toujours fermement s’opposer à l'idée-même que le bâtiment d'église est consacré. Cependant, nos actions et nos paroles nous trahissent (pour la plupart d'entre nous). Écoutez les chrétiens parler de l'église. Ecoutez-vous en parler vous-mêmes. Entendez-vous toujours le terme d’ « église » pour s’y référer et ne l’entendez-vous pas aussi parfois qualifier de « maison de Dieu. » Le consensus général parmi les chrétiens de toutes dénominations est qu’une « église est essentiellement un endroit réservé au culte. » 207 C’est ce qui a prévalu pendant les 1700 dernières années. Le souffle de Constantin est toujours vivace dans notre esprit. Le coût outrageusement élevé des frais généraux La plupart des chrétiens pensent à tort que le bâtiment d'église fait partie du culte lui-même. Par conséquent, la question du financement du bâtiment et de l'entretien devient obsolète. Le bâtiment d’église exige une bonne rentrée d'argent. Rien qu’aux ÉtatsUnis, l’immobilier en possession des églises institutionnelles s'élève aujourd'hui à plus de 230 milliards de dollars. Le crédit, le service, et l'entretien du bâtiment d'église absorbent environ 18% des 11 milliards de dollars issus des dons de la dîme des églises annuellement.208 Il est à souligner que les chrétiens modernes dépensent un montant astronomique dans des édifices inutiles ! En fait, tous les arguments traditionnels mis en avant pour « le besoin »d’un bâtiment s’effondrent si on les examine de près.209 Nous oublions si facilement que les premiers chrétiens ont bouleversé le monde sans eux. (Lire Actes 17:6). Leur nombre s’est accru rapidement en l’espace de 300 ans sans l’aide (ou l’entrave) des bâtiments d'église. Dans le monde des affaires, les frais généraux plombent le budget car ils se greffent sur le « vrai » travail que les entreprises effectuent pour leurs clients. Ils payent le bâtiment, les crayons, et le personnel de comptabilité. Qui plus est, les bâtiments d’églises, (tout comme les salaires des pasteurs) représentent une astreinte financière conséquente et régulière, contrairement aux versements uniques. Ces dépenses importantes torpillent le budget des dons pas seulement aujourd’hui, mais le mois prochain, l’année prochaine etc. Comparez le budget qu’implique l’entretien d’une église traditionnelle, incluant le personnel salarié, à celui qu’implique une église de maison. Plutôt que d’occasionner des frais généraux qui pompent 50 à 85 % des dons financiers faits à l’église, son coût opérationnel ne représente qu’une petite partie du budget, cela dégage plus de 95% de l’argent communautaire pour financer de réels services, comme le ministère, la mission et l’évangélisation.210

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Pouvons-nous défier cette tradition ? En majorité, nous sommes totalement inconscients de ce que nous avons perdu lorsque nous avons commencé à ériger des bâtiments dédiés exclusivement au culte. La foi chrétienne est née dans les maisons, cependant, tous les dimanches, des foules de chrétiens prennent place dans un bâtiment, païen à l’origine, fondé sur une philosophie païenne. Il n'existe pas un soupçon de base biblique pour le bâtiment d'église. 211 Cependant, une foule de chrétiens déboursent chaque année une bonne somme d’argent pour sanctifier la brique et la pierre. Ce faisant, ils soutiennent une structure artificielle dans laquelle ils vivotent passivement et sont privés de relations naturelles et intimes avec d’autres chrétiens.212 Nous sommes devenus les victimes de notre passé. Nous avons été engendrés par Constantin qui nous a légué le prestigieux statut de possesseurs de bâtiments. Nous avons été aveuglés par les Romains et les Grecs qui nous ont imposé leurs basiliques de structure hiérarchique. Nous avons été captivés par les Goths qui nous ont chargé de leur architecture platonique. Nous avons été détournés par les Égyptiens et les Babyloniens qui nous ont affublés de clochers sacrés. Et nous avons été roulés par les Athéniens qui nous ont infligé leurs colonnes doriques.213 D’une certaine façon on nous a enseigné à nous sentir plus saints dans « la maison de Dieu » et transmis une dépendance pathologique à un édifice pour offrir notre culte à Dieu. Au fond, le bâtiment d’église nous a mal enseigné ce qu’est l’église et ce qu’elle fait. Le bâtiment est un déni architectural de la prêtrise de tous les chrétiens. Il représente une contradiction avec la nature même de l’ekklesia (qui est une communauté contre culturelle.) Le bâtiment d’église nous empêche de comprendre et d’expérimenter l’église comme un corps de Christ fonctionnel qui vit et respire sous son autorité immédiate. Il est grand temps, pour nous chrétiens, d’ouvrir les yeux sur le fait que nous ne sommes ni bibliques ni spirituels en prenant fait et cause pour les bâtiments d'église. Et nous portons ombrage au message du Nouveau Testament en appelant « églises » des édifices bâtis de main d’homme. Je pense que si chaque chrétien de la planète s’arrêtait de qualifier un bâtiment d’ « église », nous susciterions une révolution de la foi. John Newton a dit à juste titre, « que celui qui adore sous un clocher ne condamne pas celui qui adore sous une cheminée. » Je souhaite ajouter une question à cette citation : Premièrement, de quelle autorité biblique ou historique les chrétiens se valent-ils pour se rassembler sous un clocher ?

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Approfondissements 1. Les bâtiments d’églises donnent la possibilité de rassembler un grand nombre de personnes pour adorer. Comment l’église primitive se débrouillait-elle donc pour célébrer le culte dans les maisons, avec autant de gens, et pour se considérer malgré tout comme un seul corps de croyants? Dans la pratique, comment les églises organiques maintiennent-elles la fonctionnalité de chaque membre alors que leur taille augmente? Aujourd’hui, les chrétiens supposent souvent que les églises primitives étaient aussi grandes que la plupart de nos églises contemporaines. Cependant, ce n’était pas le cas. Les premiers chrétiens se rassemblaient dans les maisons pour leurs réunions d’églises. (Actes 2:46; 20:20; Romains 16:3, 5; 1 Corinthiens 16:19; Colossiens 4:15; Philémon 2). Etant donné la taille des maisons du premier siècle, les églises des chrétiens primitifs étaient plutôt petites comparées à la norme d’aujourd’hui. Dans son livre Paul’s Idea of Community, Robert Banks, érudit en matière de Nouveau Testament, dit que la taille moyenne d’une église était d’une trentaine de personnes, voire trente-cinq.1 Certaines églises du premier siècle, comme celle de Jérusalem, était bien plus grandes. Luc nous rapporte que l’église de Jérusalem se réunissait dans les maisons à travers toute la ville (Actes 2:46). Cependant, chaque assemblée de maison ne se considérait pas comme une église ou une dénomination à part entière mais comme faisant partie de l’unique église de la ville. C’est pour cela que Luc se réfère toujours à cette église comme à “l’église de Jérusalem”, et jamais comme aux “églises de Jérusalem”. (Actes 8:1, 11:22, 15:4). Lorsque toute l’église avait besoin de se réunir pour une raison spécifique (c.-à-d. Actes 15), elle se retrouvait dans un local existant assez grand pour accueillir tout le monde. Le portique de Salomon, à l’extérieur du Temple servait à de telles occasions. (Actes 5:12). Aujourd’hui, lorsqu’une église organique devient trop grande pour se rassembler dans une simple maison, généralement elle s’éparpille en plusieurs réunions de maison distinctes à travers toute la ville. Toutefois elle se considérera toujours comme une seule église, rassemblée en différents lieux à la fois. Si les groupes de maison ont besoin de se réunir pour une occasion particulière, ils louent souvent un endroit assez grand pour accueillir tout le monde en même temps. 2. Je ne suis pas sûr de comprendre le problème que posent les bâtiments d’église. Vous dites qu’ils sont mauvais dans le sens où les premiers ont été construits sur le modèle de grands édifices publics ou instaurés par un empereur ayant une dimension théologique suspecte ? Les Ecritures contiennent-elles quoi que ce soit interdisant le rassemblement du corps de Christ dans de tels endroits ?

1

Robert Banks, Paul’s Idea of Community (Peabody, MA: Hendrickson, 1994), 35.

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La réponse à la première question est que non, ce n’est pas ce que nous disons. En donnant le détail de leurs origines cependant, nous démontrons que leur développement n’a rien à voir avec une instruction biblique quelconque, contrairement à ce que peuvent croire certains chrétiens. De plus, nous pensons qu’ils détournent les gens de la compréhension juste de l’église comme étant le corps des croyants. Même si les Ecritures ne traitent jamais de ce sujet en particulier, les bâtiments d’églises produisent un certain nombre de mauvais enseignements allant à l’encontre des principes du Nouveau Testament. Ils limitent la participation et la communion parmi les membres. Souvent, leur apparat met de la distance entre les gens et Dieu au lieu de leur rappeler que Christ demeure en chacun de ceux qui croient. Comme l’a dit Winston Churchill: “C’est d’abord nous qui déterminons la forme de nos édifices. Puis, ce sont eux qui déterminent la nôtre.” Assurément, cela a été le cas du bâtiment d’église. L’idée que le bâtiment d’église représente “la maison de Dieu” et que l’on se réfère à lui constamment comme à “l’église” est non seulement anti biblique, mais elle porte atteinte à la compréhension que donne le Nouveau Testament de ce qu’est réellement l’ekklésia. Nous pensons que c’est la raison pour laquelle les premiers chrétiens n’ont pas bâti de tels édifices avant l’époque de Constantin. L’historien de l’Eglise, Rodney Stark dit: “ Pendant bien trop longtemps, les historiens ont accepté que l’on prétende que la conversion de l’empereur Constantin (aux alentours de 285–337) a engendré le triomphe du Christianisme. Bien au contraire, elle en a détruit les aspects les plus attractifs et les plus dynamiques, en transformant un mouvement populaire de grande intensité en une institution arrogante, contrôlée par une élite qui souvent est arrivée à être simultanément brutale et laxiste. La ‘faveur’ de Constantin envers l’église a plutôt consisté en sa décision de rediriger vers elle les fonds massifs de l’état desquels avaient toujours dépendu les temples païens. En l’espace d’une nuit, le christianisme est devenu ‘le récipiendaire favori des ressources presque illimitées des faveurs impériales.’ Une foi qui autrefois s’était rassemblée dans d’humbles structures était soudainement hébergée dans de magnifiques édifices (la nouvelle église Saint Pierre de Rome a été bâtie sur le modèle des basiliques utilisées pour abriter les salles du trône impérial.)”2 3. Un philosophe païen, Platon, ayant été le premier à exprimer à quel point le son, la lumière et la couleur influençaient l’humeur et suscitaient le sentiment de majesté, de crainte et d’adoration, en quoi cela induit-il qu’il est mauvais que l’église envisage d’optimiser ces facteurs dans la construction de ses édifices ? N’est-il pas approprié de se servir de tout cela au maximum dans le culte chrétien? Après tout, les Ecritures énoncent clairement que nous devons nous souvenir de la sainteté de Dieu et de sa justice. 2

Rodney Stark, For the Glory of God: How Monotheism Led to Reformations, Science, Witch-Hunts, and the End of Slavery (Princeton, NJ: Princeton University Press, 2003), p.33– 34. 63


En ce qui concerne cette brève argumentation autour de Platon, notre objectif était simplement de montrer l’emprise de la philosophie païenne dans la conception des édifices sacrés, destinés à mettre leurs occupants dans un certain état psychologique. Selon nous, l’état psychologique ne devrait jamais être confondu avec l’état spirituel. 4. Etant donné que les croyants n’occupent les bâtiments d’église que deux ou trois heures par semaine, comment pouvez-vous dire que ces structures font obstacle au bon fonctionnement du peuple de Dieu? La plupart des chrétiens assimilent les cultes ayant lieu dans un bâtiment d’église à « l’église.» Les responsables d’églises citent souvent Hébreux 10:25 (“Ne prenons pas, comme certains, l'habitude de délaisser nos réunions”) lorsqu’ils incitent les membres à «aller à l’église » le dimanche matin. Cela renforce l’idée fausse que, lorsque les auteurs du Nouveau Testament parlaient de l’église, ils se référaient à l’assistance passive à un culte, dans un bâtiment spécifique, à un moment donné de la semaine. Cependant, le fait est que la vision que donne le Nouveau Testament de la réunion d’église est celle d’un rassemblement où tous les membres fonctionnent et participent ensemble. Et, comme nous l’avons établi, le bâtiment d’église contrecarre cette intention par son architecture. A titre d’exemple : Moi (Frank) j’ai rencontré un certain nombre de pasteurs étant arrivés à la conviction que les réunions d’églises devaient être ouvertes et participatives. Peu après avoir fait cette découverte, ces pasteurs ont « ouvert » leurs cultes afin de permettre aux membres de fonctionner librement. Cela n’a pas marché dans tous les cas. Les membres restaient passifs. La raison en était l’architecture du bâtiment. Les bancs, les estrades, par exemple, ne sont pas propices à la participation ouverte. Ils y font obstruction. Par contraste, lorsque ces mêmes assemblées, ont commencé à se réunir dans des maisons, le fonctionnement et la participation de chaque membre se sont épanouis. Pour le dire autrement : si nous assimilons l’église au fait de s’asseoir sur un banc et d’adopter un rôle généralement passif, alors les bâtiments d’église semblent appropriés (mais nous ne pourrons toujours pas revendiquer le fait qu’ils soient bibliques, car le Nouveau Testament ne mentionne pas du tout les bâtiments d’église.) D’un autre côté, si nous croyons que dans la pensée de Dieu une réunion d’église implique que chaque membre participe en exerçant un ministère spirituel les uns envers les autres, alors, les bâtiments d’église tels que nous les connaissons représentent un frein énorme à ce processus. 5. Le concept du “lieu sacré” n’était-il pas autant juif que païen? Oui, les Juifs croient aux lieux sacrés (le Temple), au sacerdoce sacré (les Lévites) et aux rites sacrés (les sacrifices de l’Ancien Testament). Cependant, ces choses ont été balayées par la mort de Christ et le Nouveau Testament ne les mentionne plus. Plus tard, les chrétiens ont emprunté ces concepts aux païens, et non aux Juifs. Ce chapitre en fournit la preuve. 6. Pensez-vous qu’il est toujours mauvais qu’un groupe de chrétiens se réunisse dans un bâtiment pour le culte ou le ministère ? 64


Absolument pas. Paul a loué un bâtiment (l’école de Tyrannus) lorsqu’il était à Ephèse, et l’église de Jérusalem se servait de la cour extérieure du Temple pour des rassemblements spécifiques. Ce chapitre sert à établir cinq points capitaux : (1) il est anti biblique de qualifier un bâtiment d’“église”, de “ maison de Dieu”, de “ sanctuaire du Seigneur”, ou d’autres termes similaires; (2) l’architecture d’un bâtiment d’église typique empêche l’église de tenir des réunions ouvertes et participatives; (3) Il n’est pas scripturaire de considérer un bâtiment comme sacré; (4) un bâtiment d’église typique ne devrait pas être le lieu de toutes les réunions d’église parce qu’en moyenne il n’est pas conçu pour un face-à-face communautaire; et (5) c’est une profonde erreur que de présumer que toutes les églises devraient posséder ou louer un bâtiment pour leurs rassemblements. Notre opinion est que chaque église devrait chercher le conseil du Seigneur sur la question plutôt que de supposer que la présence d’un bâtiment représente une norme pour les chrétiens. Si nous retraçons l’histoire du bâtiment d’ « église » cela nous aide à comprendre les raisons et les modalités de son usage de nos jours.

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Chapitre 3

Le déroulement du culte: les dimanches matins coulés dans le béton Les habitudes sans la vérité sont des erreurs qui ont vieilli. Tertullien, théologien du 3ème siècle. « Toi Fils de l’homme, décris ce temple à la communauté d’Israël, qu’ils rougissent de leurs fautes. » Ezéchiel 43: 10, Segond 21 Si vous fréquentez l’église en tant que chrétien, il y a de fortes chances pour que vous observiez le même cérémonial d’adoration chaque fois que vous vous y rendez. Peu importe le courant protestant auquel vous appartenez (baptiste, méthodiste, réformé, presbytérien, évangélique libre, église de Christ, disciples de Christ, CMA, pentecôtiste, charismatique ou sans dénomination (votre culte du dimanche matin est quasiment identique à celui de toutes les autres églises.1 Même parmi les dénominations soi-disant « à la pointe » (telles que Vineyard et Calvary Chapel), les variations sont mineures. Evidemment, certaines églises utilisent des chœurs contemporains tandis que d’autres utilisent des hymnes. Dans certaines églises, les membres lèvent les mains. Dans d’autres, ils ne les lèvent jamais. Certaines églises prennent la Sainte Cène toutes les semaines. D’autres la prennent tous les trois mois. Dans certaines églises, la liturgie (le cérémonial) est inscrit(e) sur un bulletin2. Dans d’autres, la liturgie n’est pas écrite, mais elle est aussi automatique et prévisible que si elle était imprimée. Cependant, en dépit de ces petites variations, le déroulement du culte est essentiellement le même dans presque toutes les églises protestantes. Le déroulement du culte du dimanche matin Si vous supprimez les nuances superficielles qui distinguent chaque culte d’adoration vous découvrirez la même liturgie prescrite. Parmi les éléments suivants considérez ceux qui vous rappellent le dernier culte auquel vous avez assisté. L’accueil: A votre arrivée dans le bâtiment, vous êtes accueillis à la porte par quelqu’un ou un peu plus loin par une personne désignée (qui a le devoir de sourire ! On vous tend ensuite un bulletin ou une page d’annonces. (Note : si vous faites partie 67


de la dénomination Vineyard, on va peut-être vous offrir du café ou des beignets au moment de vous asseoir. Prière ou lecture des Ecritures. Habituellement données par le pasteur ou le conducteur de louange. Le moment de louange. L’assemblée est dirigée dans le chant par un conducteur de louange professionnel, une chorale, ou une équipe de louange. Si vous appartenez à une église charismatique, cette partie du culte dure de trente à quarantecinq minutes en général. Dans d’autres églises, la durée est plus courte. Les Annonces. Nouvelles concernant les évènements à venir. Habituellement données par le pasteur ou un autre dirigeant de l’église. L’offrande. Appelée parfois « l’offertoire », elle est habituellement accompagnée d’une musique spéciale jouée par le chœur, l’équipe de louange ou un soliste. Le sermon. Habituellement, le pasteur prêche pendant trente ou quarantecinq minutes.3 Après le sermon, le culte peut aussi inclure une ou plusieurs des activités suivantes. Une prière faite par le pasteur après la prédication, Un appel, D’autres chants dirigés par le chœur ou l’équipe de louange, La Sainte Cène, La prière pour les malades ou les affligés. La bénédiction. Cela peut être une bénédiction de la part du pasteur ou d’un chant à la fin du culte. Avec quelques nouveaux arrangements mineurs, voici la liturgie immuable que 345 millions de protestants à travers le monde observent religieusement semaine après semaine.4 Et au cours des cinq cent dernières années, peu de gens l’ont remise en question. Examinez à nouveau le déroulement du culte. Remarquez qu’il contient une structure en trois parties : (1) les chants, (2) le sermon, et (3) la prière de clôture ou un chant. Ce déroulement du culte est considéré comme sacro-saint aux yeux de beaucoup de chrétiens à l’heure actuelle. Mais pourquoi ? Une fois de plus, cela est dû à la puissance titanesque de la tradition. Et cette tradition fige le déroulement du culte du dimanche matin depuis cinq siècles…sans jamais aucun changement. 5 Quelle est l’origine de la liturgie protestante? Les pasteurs qui ont l’habitude de dire à leurs assemblées qu’« ils font tout d’après le modèle du Livre » en continuant à pratiquer cette liturgie en béton sont tout simplement dans l’erreur. (Je reconnais que ce manque de véracité est davantage dû à l’ignorance qu’à une supercherie manifeste.) Vous aurez beau fouiller votre 68


Bible du commencement à la fin, vous ne trouverez jamais rien qui ressemble un tant soit peu à la manière dont nos cultes se déroulent. C’est parce que les chrétiens du 1er siècle ne connaissaient pas ce genre de choses. En réalité, la liturgie protestante a pour ainsi dire autant de support biblique que la messe catholique romaine.6 Les deux ont peu de rapport avec le Nouveau Testament. Les réunions de l’église primitive étaient marquées par la contribution de chaque membre, leur spontanéité, leur liberté, leur ferveur et leur participation ouverte (ex : 1 Corinthiens 14:1-33 et Hébreux 10:25).7 Les réunions du 1er siècle étaient un rassemblement vivant et souple, pas un rituel statique. Et il s’y passait souvent des choses imprévisibles, contrairement aux cultes de l’église contemporaine. Ultérieurement, les réunions d’église du premier siècle n’ont pas pris pour modèle les cultes de la synagogue juive, comme l’ont suggéré de récents auteurs.8 Elles étaient au contraire totalement uniques dans la culture. D’où vient alors la cérémonie du culte des protestants? Il puise ses racines dans la messe catholique 9 La messe ne tire pas son origine du Nouveau Testament et c’est significatif. Elle provient plutôt du judaïsme antique et du paganisme.10 Selon Will Durant, la messe catholique s’est basée « en partie sur le culte du temple judaïque, et en partie sur le mystère des rites de purification grecs, les sacrifices par procuration et la participation collective. »11 C’est à Grégoire le Grand (540-604), premier moine à devenir pape, que l’on doit la structure de la messe médiévale.12 Même si Grégoire est reconnu comme un homme extrêmement généreux, un administrateur compétent et un diplomate, Durant note que Grégoire était également quelqu’un d’incroyablement superstitieux dont la pensée était influencée par des concepts de magie païenne. Il a incarné l’esprit médiéval qui était influencé par le paganisme, la magie et le christianisme. Ce n’est pas par hasard que Durant appelle Grégoire « le premier homme complètement médiéval. »13 La messe du Moyen-âge reflétait l’esprit de son auteur. C’était un alliage de rituel païen et judaïque aspergé de théologie catholique et de vocabulaire chrétien.14 . Durant souligne que la messe était profondément imprégnée de pensée magique païenne ainsi que de tragédie grecque.15 Il écrit : « La pensée grecque, en train de mourir, a repris vie par une transmigration dans la théologie et la liturgie de l’église; la langue grecque, ayant régné pendant des siècles sur la philosophie, est devenue le véhicule de la littérature chrétienne et rituelle ; les mystères grecs ont été transférés dans le mystère imposant de la messe. »16 En réalité, la messe catholique qui est apparue au VIème siècle était fondamentalement païenne. Les chrétiens y ont incorporé les vêtements des prêtres païens, l’usage de l’encens et de l’eau bénite dans des rites de purification, les cierges qu’on brûle pendant le culte, l’architecture de la basilique romaine pour leurs édifices 69


religieux, le droit romain comme « droit canonique », le titre « Pontifex Maximus» pour le chef des évêques et les rites païens rythmant la messe catholique.17 Une fois établi, le rite de la messe a peu changé pendant mille ans.18 Se trouvant dans une impasse, la liturgie a subi sa première révision quand Martin Luther (1483—1546) est entré en scène. La naissance de plusieurs églises protestantes a aussi aidé à réformer la liturgie catholique. Même si la transformation était complexe et trop vaste pour être relatée dans ce livre, on peut survoler son histoire dans ses grandes lignes. La contribution de Luther En 1520, Luther s’est lancé dans une campagne fervente contre la messe catholique romaine.19 Le grand moment de la messe catholique a toujours été l’eucharistie20, également connu sous le nom de « communion » et de « Sainte Cène ». Tout converge et mène au moment où le prêtre rompt le pain et le donne au peuple. Dans l’esprit catholique du Moyen-âge, l’offrande de l’eucharistie correspondait à un nouveau sacrifice de Jésus-Christ. A partir de Grégoire le Grand, l’église catholique a enseigné que Jésus-Christ était une nouvelle fois sacrifié à travers la messe.21 Luther a injurié (souvent de manière grossière) l’église catholique romaine à propos de ses mitres et de ses crosses ainsi que de son enseignement sur l’Eucharistie. 22 Voici, selon Luther, la principale erreur de la messe : C’était une « œuvre » humaine basée sur une mauvaise compréhension du sacrifice de Christ.23Alors, en 1523, Luther a entrepris ses propres révisions de la messe catholique. 24 Ces révisions constituent la base du culte dans la plupart des Eglises protestantes. 25 En voici l’idée centrale : Luther a choisi la prédication comme moment fort du rassemblement, plutôt que l’Eucharistie.26 Par conséquent, dans le culte protestant contemporain, c’est le pupitre qui est l’élément central plutôt que l’autel.27 (L’autel est l’endroit où l’Eucharistie est placée dans les églises catholiques, anglicanes et épiscopales). On a fait grand cas de l’idée de Luther de faire du sermon le point culminant du culte protestant.28 Lisez ces paroles : « Une assemblée chrétienne ne devrait jamais se rassembler sans la prédication de la parole de Dieu et la prière, quelles que soient leur brièveté »…« la prédication et l’enseignement de la parole de Dieu sont les moments les plus importants du service divin ».29 La croyance de Luther dans la centralité de la prédication comme marque du culte s’est perpétuée jusqu’à ce jour. Elle n’a pourtant aucun précédent biblique.30 Comme l’a dit un historien : « La chaire est le trône du pasteur protestant.»31C’est pour cette raison qu’on a l’habitude de dire que les ministres officiels du culte protestant sont des prédicateurs. »32

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Mais mis à part ce changement, la liturgie de Luther variait peu de la messe catholique,33 puisque Luther a essayé de préserver ce qu’il considérait comme des éléments chrétiens dans le vieil ordre catholique.34 Par conséquent, si vous comparez le rituel du culte de Luther avec la liturgie de Grégoire, ils sont quasiment identiques.35 Luther a gardé le cérémonial, pensant qu’il était correct.36 Par exemple, Luther a retenu l’acte qui marquait le grand moment de la messe catholique: l’élévation du pain et de la coupe pour les consacrer, pratique qui a commencé au treizième siècle et qui reposait essentiellement sur la superstition »37 Luther n’a fait que réinterpréter la signification de cet acte, le considérant comme une expression de la grâce que Christ a étendue au peuple de Dieu.38Il est toutefois accompli par beaucoup de pasteurs de nos jours. De la même manière, Luther a fait des coupures radicales dans la prière eucharistique ne retenant que les paroles de l’institution »39 tirées de 1 Corinthiens 11:23… : «La nuit où il fut livré, le Seigneur Jésus prit du pain et dit ‘Prenez et mangez car ceci est mon corps’». Même aujourd’hui, les pasteurs protestants récitent religieusement ce texte avant de donner la communion. Au bout du compte, la liturgie de Luther n’était rien de plus qu’une version tronquée de la messe catholique.40 Et le rituel luthérien a donné lieu aux mêmes problèmes. Les membres de l’assemblée continuaient à rester des spectateurs passifs (même si dorénavant ils pouvaient chanter) et la liturgie entière était toujours dirigée par un ecclésiastique ordonné (le pasteur avait remplacé le prêtre). C’était en flagrante contradiction avec les réunions d’église glorieuses et spontanées, tenues dans la libre participation de chaque membre. Ces réunions étaient dirigées par JésusChrist et prévues par le Nouveau Testament (Voir 1 Corinthiens 14:26 ; Hébreux 10:24-25). Luther a dit lui-même: « Nous n’avons jamais eu l’intention d’abolir complètement la liturgie de Dieu ; nous voulons plutôt purifier celle qui est en usage à l’heure actuelle de ces épouvantables rajouts qui la corrompent… » »41Luther, tragiquement n’a pas réalisé qu’on ne peut pas mettre du vin nouveau dans de vieilles outres. 42 Jamais Luther (ni aucun autre grand réformateur) n’ont manifesté le désir de revenir aux pratiques de l’église du premier siècle. Ces hommes ont simplement entrepris de réformer la théologie de l’église catholique. En résumé, voici les principaux changements durables que Luther a apporté à la messe catholique:(1) Il a préféré dire la messe en langage du peuple plutôt qu’en latin, (2) Il a donné au sermon une place centrale dans la réunion, (3) Il a amené l’ensemble des fidèles à chanter, 43(4) Il a aboli l’idée que la messe était un sacrifice de Christ (5) Il a permis à l’assemblée de partager le pain et le vin (ce n’était plus uniquement le prêtre qui le faisait comme c’était la pratique chez les catholiques). 71


Hormis ces différences, Luther a conservé le même cérémonial d’adoration que dans la messe catholique. Pire encore, même si Luther parlait beaucoup de la « prêtrise de tous les croyants, » il n’a jamais abandonné la pratique d’un clergé ayant reçu une ordination.44 En fait, il y croyait tellement qu’il a écrit : « Le ministère public de la Parole devrait être établi par une sainte ordination comme étant la fonction de l’église la plus élevée et la plus grande.» »45 Sous l’influence de Luther, le pasteur protestant n’a fait que remplacer le prêtre catholique. Et dans son ensemble, il n’y avait pratiquement pas de différences dans le déroulement des deux cultes.46 C’est toujours le cas, comme on le verra au chapitre 5. Voici le déroulement du culte chez Luther. 47 Les grandes lignes devraient vous sembler très familières car c’est le pivot du culte du dimanche matin que l’on retrouve dans la plupart des dénominations protestantes.48 Le chant La prière La prédication Les remontrances aux gens La Sainte Cène Les chants 49 La prière après la communion. La bénédiction La contribution de Zwingli Avec l’avènement de l’imprimerie de Gutenberg (vers 1450), la production à grande diffusion de livres liturgiques a accéléré les changements liturgiques que les réformateurs essayaient de faire.50 Ces changements étaient maintenant placés en caractères mobiles et imprimés en grande quantité. Le réformateur Suisse Ulrich Zwingli (1484-1531) a opéré quelques réformes qui ont aidé à façonner le déroulement du culte actuel. Il a remplacé l’autel par ce qu’on appelle « la table de communion » d’où on distribuait le pain et le vin. 51 Il faisait aussi parvenir le pain et le vin aux gens assis sur les bancs en se servant de plateaux en bois et de coupes.52 La plupart des églises protestantes ont encore ce genre de table sur laquelle reposent deux bougies, coutume provenant directement du cérémonial de cour des empereurs romains.53 Et la plupart apportent le pain et le vin aux gens assis sur les bancs. Zwingli a aussi recommandé de prendre la Sainte Cène tous les trois mois (quatre fois par an.) C’était en opposition aux autres réformateurs qui préconisaient de la prendre chaque semaine.54 De nos jours beaucoup de protestants imitent l’observance trimestrielle de la Sainte Cène. Certains la prennent chaque mois. 72


Zwingli passe aussi pour avoir défendu le point de vue que la Cène est un mémorial. Ce point de vue est embrassé par les principaux courants américains. 55 On considère que le pain et le vin ne sont que des symboles du corps et du sang du Christ.56 Néanmoins, ces nouveautés mises à part, la liturgie de Zwingli n’était pas tellement différente de celle de Luther.57 Comme Luther, Zwingli a mis l’accent sur le rôle central de la prédication, à tel point qu’avec ses collaborateurs il prêchait aussi souvent qu’on a de nouvelles à la télé : quatorze fois par semaine!58 La contribution de Calvin et Compagnie Les réformateurs Jean Calvin (1509-1564), John Knox (1513-1572), et Martin Bucer (1491-1551) ont rajouté des éléments à la liturgie. Ces hommes ont créé leur propre cérémonial d’adoration entre 1537 et 1562. Même si leurs liturgies étaient observées dans différentes parties du monde, elles étaient pratiquement identiques. 59 Elles ont simplement fait quelques ajustements à la liturgie de Luther. Le plus remarquable fut la collecte d’argent après le sermon.60 Comme Luther, Calvin a mis l’accent sur la prédication pendant le culte. Il croyait que chaque croyant avait accès à Dieu par la Parole prêchée plus que par l’eucharistie. 61 Etant donné son génie en matière de théologie, les sermons de Calvin dans l’église de Genève étaient intensément théologiques et académiques. Ils étaient également très individualistes, particularité qui n’a jamais quitté le protestantisme.62 L’église de Calvin à Genève était considérée comme le modèle de toutes les églises réformées. C’est ainsi que le déroulement de son culte se répandait partout. Ceci explique le caractère cérébral de la plupart des églises protestantes actuelles, particulièrement les réformés et les presbytériens.63 Parce que les instruments de musique n’étaient pas explicitement mentionnés dans le Nouveau Testament, Calvin a supprimé les grandes orgues et les chorales.64 On chantait tout à cappella. (Quelques protestants contemporains, comme l’église du Christ, continuent à suivre la rigidité de Calvin avec des cultes sans instruments de musique.) Cela a changé au milieu du 19ème siècle quand les églises réformées ont commencé à utiliser de la musique instrumentale et des chœurs.65 Cependant les puritains (calvinistes anglais) ont continué dans l’esprit de Calvin, en condamnant à la fois la musique instrumentale et les chants.66 Calvin a dirigé lui-même de la chaire la majeure partie du culte et c’est probablement ce qui a causé le plus de dégâts dans la liturgie de Calvin. 67 Le christianisme ne s’en est pas encore remis. De nos jours, le pasteur est le maître de cérémonie et le chef du culte du dimanche matin (tout comme le prêtre est le maître de cérémonie et le chef de la messe catholique). C’est tout à fait à l’opposé de la vision des Ecritures sur les réunions d’église. D’après le Nouveau Testament, c’est le Seigneur Jésus-Christ qui est le chef, le dirigeant, et le maître de cérémonie des réunions d’églises. Dans 1 Corinthiens 12, Paul nous dit que Christ parle par l’intermédiaire de tous les membres de son corps, pas uniquement par un seul. Dans 73


ce genre de réunion, son corps fonctionne librement sous sa houlette (direction directe) par l’action du Saint-Esprit. Nous avons un exemple d’un tel rassemblement dans 1 Corinthiens 14. Ce genre de réunion est vital pour que le peuple de Dieu grandisse spirituellement et pour que le Fils de Dieu puisse s’exprimer pleinement ici-bas.68 Calvin a apporté une autre particularité dans le déroulement du culte. L’air sombre et sérieux que l’on demande aux membres de l’assemblée de prendre quand ils rentrent dans le bâtiment. Cela donne une atmosphère de profond abaissement devant un Dieu souverain et austère.69 Martin Bucer a aussi encouragé cette attitude. Au début de chaque réunion, il faisait réciter les dix commandements pour donner une impression de vénération.70 Cette façon de voir les choses a fait surgir certaines pratiques plutôt choquantes. Tout le monde savait que la Nouvelle Angleterre puritaine punissait les enfants qui souriaient à l’église! Ajoutez à cela l’invention d’une sorte de « Père Fouettard » qui avait l’habitude de réveiller ceux qui sommeillaient avec une grosse canne!71 Une telle mentalité nous ramène à la manière dont on considérait la piété à la fin du Moyen-Age.72 Et pourtant Calvin et Bucer l’ont adoptée et gardée en vie. Même si beaucoup de pentecôtistes et de charismatiques ont rompu avec cette tradition, elle est bêtement suivie dans de nombreuses églises de nos jours. Voici le message: « Taisez-vous et soyez solennels car c’est la maison de Dieu »73 Voici une autre pratique que les réformateurs ont retenue de la messe : la marche du clergé vers leurs sièges attribués au début du culte tandis que le peuple chante debout. Cette pratique a commencé au quatrième siècle quand les évêques entraient dans leur magnifique basilique. Cette pratique était directement copiée du cérémonial païen de la cour impériale.74 Quand les Romains entraient dans le salon de la cour, les gens avaient l’habitude de se lever en chantant. A l’heure actuelle, on continue à observer ces pratiques dans beaucoup d’églises protestantes. Comme le calvinisme s’est répandu à travers l’Europe, la liturgie de Genève de Calvin fut adoptée dans la plupart des églises protestantes.75 En voici les grandes lignes.76 Prière Confession Chant (Psaume) Prière pour l’illumination de l’Esprit dans la prédication Sermon Collecte des offrandes Prière générale Communion (à des moments convenus accompagnée du chant d’un psaume) Bénédiction Il est bon de noter que Calvin a cherché à modeler sa liturgie de culte d’après les écrits des Pères de l’église77 (particulièrement ceux qui vivaient du IIIème au 74


VIème siècle.)78 Cela explique son manque de clarté concernant les caractéristiques des réunions d‘église du premier siècle. Les Pères de l’église du IIIème au VIème siècle étaient intensément liturgiques et ritualistes.79 Ils n’avaient pas la mentalité d’un chrétien du 1er siècle.80 En outre, ils étaient plus des théoriciens que des praticiens. Cela revient à dire que les Pères de l’Eglise de cette période représentent un catholicisme naissant, (primitif). Et c’est ce que Calvin a choisi comme modèle principal pour établir une nouvelle liturgie.81Pas étonnant que la soi-disant Réforme ait apporté très peu de réformes dans les pratiques de l’Eglise.82 Comme c’était le cas pour le déroulement du culte chez Luther, la liturgie de l’Eglise réformée « n’a pas essayé de changer les structures de la liturgie officielle « catholique » mais elle a plutôt essayé de maintenir l’ancienne liturgie tout en cultivant des dévotions extraliturgiques »83 La contribution des puritains Les puritains étaient des calvinistes originaires d’Angleterre.84 Ils ont adopté un biblicisme rigoureux et ont cherché à adhérer de très près à la manière d’adorer du Nouveau Testament85. Les Puritains ont senti que chez Calvin le culte n’était pas assez biblique. Du coup, quand les pasteurs prêchent sur la manière de « tout faire d’après la parole de Dieu », ils font écho aux sentiments des puritains. Mais les efforts fournis par les puritains pour restaurer les réunions d’église du Nouveau Testament ont fini par échouer lamentablement. Les puritains nous ont apporté des contributions positives: ils ont abandonné les vêtements des ecclésiastiques, les icônes, les ornements; les pasteurs ont rédigé leurs propres sermons (ils ne lisaient plus d’homélies).86 Toutefois, parce qu’ils mettaient l’accent sur la prière « spontanée », les puritains nous ont aussi légué la longue prière pastorale qui précède le sermon! Chez les puritains, cette prière du culte du dimanche matin pouvait facilement durer une heure ou davantage!87 La prédication a atteint son zénith avec les puritains américains. Ils pensaient qu’elle était presque surnaturelle puisqu’ils la considéraient comme le principal moyen utilisé par Dieu pour parler à son peuple. Et ils punissaient les membres de l’église qui manquaient le sermon du dimanche matin.88 Les résidents de NouvelleAngleterre qui n’assistaient pas au culte étaient condamnés à une amende ou mis au pilori. 89 (La prochaine fois que votre pasteur vous menace du courroux déchaîné de Dieu pour avoir manqué « l’église », vous pouvez remercier les puritains. Il est bon de noter que, dans certaines églises puritaines, les laïques ont le droit de parler à la fin du culte. Tout de suite après la prédication, le pasteur avait l’habitude de s’asseoir et de répondre aux questions de l’assemblée. Les membres de l’assemblée avaient aussi le droit de donner des témoignages. Mais avec l’avènement des réveils aux frontières au XVIIIème siècle, cette pratique a disparu, pour ne plus jamais être adoptée par le christianisme en général.90

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L’un dans l’autre, la contribution des puritains pour façonner la liturgie protestante n’a pas beaucoup aidé le peuple de Dieu à fonctionner librement sous la direction de Christ. Comme les réformes liturgiques qui les ont précédés, le déroulement du culte chez les puritains était tout à fait prévisible. Il était rédigé en détail et uniformément suivi dans chaque église.91Voici la liturgie puritaine.92 Comparez-la aux liturgies de Luther et de Calvin et vous remarquerez que les principales particularités n’ont pas changé. Appel à l’adoration Prière d’ouverture Lecture des Ecritures Chant des Psaumes Prière avant le sermon Sermon Prière après le sermon (Quand on observe la communion, le ministre du culte exhorte l’assemblée, bénit le pain et la coupe et les passe aux gens.) Avec le temps, les Puritains ont donné naissance à leurs propres dénominations93 . Certaines ont participé à la tradition de « l’église libre ».94Les églises libres ont créé ce qu’on appelle « l’hymne en sandwich » et le déroulement du culte y est tout à fait similaire à celui utilisé par la plupart des églises évangéliques actuelles. 95 Voici à quoi il ressemble: Trois hymnes Lecture des Ecritures Musique de la chorale Prières à l’unisson Prière pastorale Le sermon L’offrande La bénédiction Cela vous est-il familier? Eh bien, je vous assure qu’on ne peut pas le trouver dans le Nouveau Testament. Les contributions des méthodistes et des réveils aux frontières Les méthodistes du XVIIIème siècle ont apporté à la liturgie protestante une dimension émotionnelle. On invitait les gens à chanter fort, avec vigueur et ferveur. Dans ce sens, les méthodistes ont été les précurseurs des pentecôtistes. A la manière des puritains, les méthodistes ont pimenté la prière du pasteur précédant le sermon du dimanche matin. Chez les méthodistes, la prière des ecclésiastiques était affreusement longue et d’une étendue universelle. Elle engloutissait toutes les autres prières, couvrant en bloc la confession, l’intercession et 76


la louange. Mais, plus important encore, elle était toujours présentée dans un anglais élisabéthain empreint de termes archaïques.96) Même à l’heure actuelle, au XXIème siècle, la prière pastorale élisabéthaine est encore bien vivante.97 Beaucoup de pasteurs contemporains continuent à prier dans ce langage démodé (même si ce dialecte n’existe plus depuis 400 ans !) Pourquoi? A cause de la force inconsidérée de la tradition. Les méthodistes ont également popularisé le culte d’adoration du dimanche soir. La découverte de la lampe à incandescence comme moyen d’éclairage a permis à John Wesley (1703-1791) de rendre cette innovation populaire.98 De nos jours, beaucoup d’églises protestantes ont un culte du dimanche soir (même si en général peu de gens y assistent). Les églises du XVIIIème et du XXIème siècles ont constitué un nouveau défi pour le protestantisme américain. Il s’agissait d’exercer une pression pour qu’il y ait conformité avec les cultes américains pionniers du réveil, toujours populaires. Ces cultes ont exercé une grande influence sur la liturgie d’un grand nombre d’églises. Même de nos jours, les changements qu’ils ont injectés dans les veines du protestantisme américain sont évidents.99 En premier lieu, les prédications des pionniers revivalistes ont changé d’objectif. Leur prédication n’avait qu’un seul but : convertir les âmes perdues. Dans l’esprit d’un pionnier revivaliste, le plan de Dieu ne concernait que le salut.100 Le salut était le but suprême de Dieu pour l’église et pour nos vies. Ce sont les sermons innovateurs de George Whitefield (1714–1770) qui ont fait ressortir ce point avec insistance.101 Whitefield fut le premier évangéliste des temps modernes à prêcher aux foules en plein air.102 C’est lui qui a modifié le sujet principal de la prédication: au lieu de mettre l’accent sur les plans de Dieu pour l’Eglise, il a insisté sur les plans de Dieu pour chaque personne. Il a été le premier à présenter la notion populaire que « Dieu nous aime et a un plan merveilleux pour notre vie »103 Deuxièmement, la musique des instigateurs du réveil parlait à l’âme et cherchait à susciter une réponse émotionnelle au message du salut.104 C’est dans ce but que tous les grands revivalistes avaient un musicien dans leur équipe.105 On a commencé à considérer l’adoration comme étant essentiellement individuelle, subjective et émotionnelle.106 Ce changement a été repris par les méthodistes, et cela a commencé à pénétrer beaucoup d’autres cultures protestantes. L’objectif principal de l’Eglise avait changé : il ne s’agissait plus d’être l’expression du corps de Christ mais d’obtenir des conversions individuelles. C’est ainsi que, globalement, l’Eglise a perdu de vue le fait que, même si l’expiation de Christ est absolument essentielle pour ramener l’humanité sur le droit chemin et pour restaurer notre relation avec Dieu, ce n’est pas son objectif suprême. Le but éternel de Dieu dépasse le salut. Il désire élargir la communion éternelle qu’Il a avec son Fils et Il veut la rendre visible sur la planète terre. 77


Il n’y avait aucune compréhension du but éternel de Dieu ou de son plan pour l’Eglise107 dans la théologie du réveil. La musique méthodiste était conçue pour adoucir les cœurs durs des pécheurs. Les chants ont commencé à être autant le reflet de l’expérience individuelle du salut que du témoignage personnel.108 Charles Wesley (1707–1788) a eu l’honneur d’être le premier à écrire des cantiques avec un appel.109 Les pasteurs qui adaptent leurs sermons du dimanche matin exclusivement dans le but de gagner les perdus reflètent encore l’influence des revivalistes.110 Cette influence a infiltré la majeure partie de l’évangélisation actuelle à la télévision et à la radio. Beaucoup d’églises protestantes (pas seulement les pentecôtistes et les charismatiques) commencent leurs cultes par des chants entraînants pour préparer les gens à une prédication ciblant les émotions. Mais peu de gens savent que cette tradition a commencé avec les premiers revivalistes il y a un peu plus d’un siècle. Troisièmement, les méthodistes et les premiers revivalistes ont donné naissance à « l’appel sur l’autel ». Cette innovation a commencé avec les méthodistes au XVIIIème siècle.111 C’est un évangéliste méthodiste du nom de Lorenzo Dow112 qui a lancé cette habitude d’inviter les gens qui désirent la prière à s’agenouiller et à s’avancer sur le devant pour recevoir la prière. Plus tard en 1807, en Angleterre, les méthodistes ont créé le « banc des repentants». 113 Les pécheurs désireux de se repentir avaient maintenant un endroit pour pleurer sur leurs péchés quand ils étaient invités à suivre l’allée recouverte de sciure. Cette méthode a atteint les Etats-Unis quelques années plus tard ; Charles Finney (1792–1875)114 l’a appelée le « banc des anxieux ». Ce « banc des anxieux » se trouvait sur le devant, à l’endroit où les orateurs se tenaient sur une estrade.115 C’est là que les pécheurs et les saints qui avaient différents besoins recevaient un appel à venir en avant pour recevoir les prières du pasteur.116 Finney a fait tout un art de cet « appel sur l’autel. » Sa méthode consistait à demander à ceux qui voulaient être sauvés de se lever et de s’avancer. Finney a rendu cette méthode si populaire qu’après 1835, elle était devenue un élément indispensable des réveils modernes.117 Plus tard, Finney a aboli le siège des anxieux et a simplement invité les pécheurs à venir sur le devant par les allées et à s’agenouiller devant l’estrade pour recevoir Christ.118 Mis à part le fait d’avoir rendu les appels populaires, Finney a aussi eu l’idée de prier pour les gens en les nommant; il a également mobilisé des groupes ouvriers à visiter les gens chez eux, et à remplacer les réunions habituelles par des réunions spéciales chaque soir de la semaine. Avec le temps, le « banc des anxieux » des réunions sous tente en plein air fut remplacé par « l’autel » à l’intérieur de l’église. Le passage recouvert de sciure fut remplacé par l’allée de l’église. Et c’est ainsi qu’est né le fameux « appel sur l’autel. »119 78


Le pragmatisme est peut-être l’élément le plus durable que Finney ait apporté involontairement au christianisme contemporain. C’est la philosophie qui enseigne que si quelque chose marche, il faut l’adopter sans s’occuper des considérations éthiques. Finney croyait que le Nouveau Testament ne prescrivait aucune forme d’adoration spécifique.120 Il enseignait que la prédication avait pour seul but de gagner des convertis. Tout procédé qui permettait d’accomplir cet objectif était acceptable.121 Sous Finney, le revivalisme du XVIIIème siècle s’est transformé en une science et s’est introduit dans les églises traditionnelles.122 Le christianisme contemporain ne s’est pas encore remis de cette idéologie. Le pragmatisme n’est pas spirituel, non seulement parce qu’il encourage à mettre au deuxième plan les considérations éthiques mais aussi parce qu’il ne dépend pas de Dieu pour obtenir les effets désirés. La spiritualité est marquée par la prise de conscience que dans les choses spirituelles, nous les mortels, sommes entièrement et complètement dépendants du Seigneur. Souvenez-vous de la Parole du Seigneur : « si une maison n’est pas construite par l’Eternel, ceux qui la construisent travaillent en vain » (Psaume 127:1, SEGOND 21) et « sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jean 15 :5). C’est malheureusement le pragmatisme (« si ça marche, alors faisons le ») qui gouverne les activités de beaucoup d’églises actuelles et non pas le biblicisme ou la spiritualité. Les églises en quête de sensationnel ont excellé à emboiter le pas à Finney. Le pragmatisme est nocif dans le sens où il enseigne que « la fin justifie les moyens ». Si la fin est considérée comme « sainte », pratiquement tous les « moyens » sont acceptables. La philosophie du pragmatisme ouvre la porte à la manipulation humaine ; on compte aussi entièrement sur soi-même plutôt que sur Dieu. Notez qu’il y a une différence monumentale entre les humains bien motivés qui travaillent pour Dieu avec leurs propres forces, leur propre sagesse et leur propre puissance à l’inverse de Dieu qui travaille à travers des humains.123 A cause de l’impact immense qu’il a eu, on a appelé Charles Finney « le réformateur liturgique le plus influent de l’histoire américaine. 124 Finney croyait que les méthodes revivalistes qui marchaient dans ses réunions sous tente pouvaient être importées dans les églises protestantes pour y amener le réveil. Cette notion fut popularisée et introduite dans la mentalité protestante par son livre datant de 1835 : Lectures on Revival. (Paru en français sous le titre « Les Réveils religieux, Discours de Charles Finney Ndt). Ce livre fut vendu à 1200 exemplaires, le jour où il fut disponible dans les librairies. Dans la mentalité protestante contemporaine, la doctrine doit être rigoureusement contrôlée à la lumière des Ecritures avant d’être acceptée. Mais pour ce qui est des églises, quasiment toute pratique est acceptable, du moment que cela fonctionne pour gagner des convertis. De toutes ces manières, le revivalisme pionnier a transformé l’église en une station de prédication. Il a réduit l’expérience de l’ekklesia à une mission évangélique.125 Il a standardisé les méthodes revivalistes de Finney et a créé le concept des prédicateurs vedettes en tant qu’attraction principale dans l’église. Il a 79


également fait de l’église une affaire personnelle plutôt qu’une affaire de communauté. Autrement dit, les pionniers du revivalisme avaient pour objectif d’amener chaque pécheur à une décision personnelle pour une foi personnelle.126 Résultat l’objectif de l’église primitive (édification mutuelle et fonctionnement de chaque membre comme un corps pour manifester Jésus-Christ devant les principautés et les puissances) était complètement perdu de vue.127 Ironie de la chose, John Wesley, revivaliste des débuts, avait compris les dangers du mouvement revivaliste. Il a écrit : « le christianisme est essentiellement une religion sociale…la transformer en une religion solitaire, c’est vraiment la détruire. »128 Avec l’invention de la polycopie au stencil par Albert Blake Dick en 1884, la liturgie commença à être imprimée et distribuée.129 C’est ainsi qu’est né le fameux « bulletin du dimanche matin ».130 L’influence stupéfiante de D. L. Moody Les graines de « l’Evangile revivaliste » furent semées dans le monde occidental grâce à l’immense influence de D. L Moody (1837–1899). Celui-ci a parcouru plus d’un million et demi de kilomètres et a prêché pour plus de cent million de personnes (au siècle précédant celui des avions, des microphones, de la télévision, ou d’Internet.) L’Evangile de Moody, comme celui de Whitefield n’avait qu’un seul centre d’intérêt : le salut du pécheur. Il a prêché l’Evangile en mettant l’accent sur la personne, et sa théologie s’incarnait dans les trois R: ruiné par le péché, racheté par Christ et régénéré par l’Esprit. Moody n’a apparemment pas discerné que le plan éternel de Dieu dépasse ces éléments de la foi même si, assurément ils sont cruciaux.131 La prédication de Moody était dominée par ce seul intérêt. Il a institué le cantique en solo qui suivait le sermon du pasteur. Le cantique en solo fut chanté par un soliste jusqu’à ce que George Beverly Shea encourage Billy Graham à recourir à une chorale pour chanter des chants comme "Tel que je suis » au moment où les gens s’avançaient pour recevoir Christ.132 Le témoignage de porte en porte et les campagnes publicitaires d’évangélisation nous ont été léguées par Moody.133 Il nous a transmis la pratique du « chant ou cantique d’évangélisation »134 Et il a popularisé la « carte de décision », qui était une invention d’Absalom B. Earle (1812–1895).135 En plus, Moody fut le premier à demander à ceux qui voulaient être sauvés de se lever de leurs sièges pour être conduits dans une « prière du pécheur ».136 Environ cinquante ans plus tard, Billy Graham a peaufiné la technique de Moody. Il a inauguré la coutume de demander à l’auditoire de courber le front, de fermer les yeux (« sans que personne ne regarde »), et de lever les mains en réponse au message du salut.137 (Chacune de ces méthodes a rencontré une farouche opposition de la part de ceux qui argumentent qu’elles relèvent de la manipulation psychologique.)138 80


Pour Moody, l’église était simplement une association volontaire au bénéfice des sauvés.139 Son influence était si considérable que vers 1874 l’église n’était pas vue comme une formidable entité communautaire mais comme un rassemblement d’individus.140 Tous les revivalistes qui l’ont suivi141 ont remis l’accent sur ce point. Et celui-ci a fini par imprégner le christianisme évangélique jusqu’à la moelle. Il est également intéressant de noter que Moody a été fortement influencé par l’enseignement des frères de Plymouth sur la fin des temps. Ils enseignaient que Christ pouvait revenir à tout moment avant La grande Tribulation. (Cet enseignement s’appelle également « le dispensationalisme avant la Grande Tribulation »).142 Le dispensationalisme avant la Grande Tribulation a donné naissance à l’idée que les chrétiens doivent sauver le plus d’âmes possibles avant la fin du monde143 Avec la fondation par John Mott du Mouvement Bénévole des Etudiants en 1888, une idée du même ordre a surgi : « L’évangélisation du monde en une seule génération. »144 Le mot d’ordre « en une seule génération » persiste encore de nos jours dans l’église contemporaine.145 Mais il ne cadre pas bien avec la mentalité des chrétiens du premier siècle qui ne semblaient pas être sous pression pour essayer d’amener au salut le monde entier en une génération.146 La contribution pentecôtiste Le mouvement de Pentecôte a débuté aux alentours de 1906. Il nous a donné une expression plus émotionnelle des chants de l’assemblée. On y levait les mains, on dansait dans les bancs, on battait des mains, on parlait en langues et on utilisait les tambourins. L’expression pentecôtiste était en harmonie avec l’accent qu’elle mettait sur l’action extatique du Saint-Esprit. Mais peu de gens réalisent que si on enlevait les aspects émotionnels d’un culte pentecôtiste, il ressemblerait tout simplement à une réunion baptiste. Par conséquent, même si les pentecôtistes proclament haut et fort qu’ils suivent le modèle du Nouveau Testament, les églises typiquement pentecôtistes ou charismatiques suivent la même liturgie que la plupart des autres branches protestantes. On y est tout simplement plus libre d’exprimer ses émotions dans l’assistance. C’est au cours du moment de louange que se situe un autre point intéressant du culte pentecôtiste. Le chant sera parfois ponctué par un message en langue occasionnel, une interprétation des langues, ou une parole « prophétique ». Mais de tels messages durent rarement plus d’une minute ou deux. On ne peut pas appeler « ministère dans le corps »147 une forme aussi étroite de libre participation. La tradition pentecôtiste nous a aussi donné de la musique en solo ou une chorale (souvent étiquetée de musique spéciale) qui accompagne l’offrande.148 Comme dans toutes les églises protestantes, le sermon est le moment le plus important de la réunion pentecôtiste. Cependant, dans les églises pentecôtistes d’un modèle standard, le pasteur sentira quelquefois « l’esprit agir ». Durant de tels 81


moments, il ajournera son sermon à la semaine suivante. Alors l’assemblée chantera et priera pendant tout le reste du culte. Pour beaucoup de pentecôtistes, c’est le pinacle d’un grand culte d’église. Il est fascinant de voir comment les membres de l’assemblée décrivent ces services spéciaux. Ils disent, et c’est typique : « le Saint-Esprit a dirigé notre réunion cette semaine. Le pasteur Dubois n’a pas pu prêcher.» Chaque fois que j’ai entendu cette remarque, je me suis toujours dit: « Est-ce que le Saint-Esprit n’est pas censé diriger toutes nos réunions ? Pourtant, comme chez les pentecôtistes le culte a pris naissance pendant les dernières lueurs du revivalisme pionnier, il est hautement subjectif et individualiste.149 Dans la mentalité des pentecôtistes, comme dans celle de la plupart des autres protestants, adorer Dieu n’est pas une affaire collective, mais une expérience en solo. 150 Beaucoup d’ajustements, pas de changement vital Notre étude de l’histoire liturgique des luthériens (XVIème siècle), des réformés (XVIème siècle), des puritains (XVIème siècle), des méthodistes (XVIIIème siècle), des revivalistes des frontières (XVIIIème et XIXème siècle, et des pentecôtistes (XXème siècle) démontre un fait incontestable: au cours des cinq cent dernières années, la liturgie protestante n’a subi qu’un minimum de changement.151 Au final, toutes les traditions protestantes partagent les mêmes aspects antiscripturaires dans leur liturgie: c’est un pasteur qui officie et dirige le culte, on fait du sermon le point central, et les gens sont passifs sans avoir la permission d’exercer un ministère.152 Les réformateurs ont accompli de grandes choses en changeant la théologie du catholicisme romain. Mais dans la pratique, ils n’ont fait que des ajustements mineurs qui n’ont pas beaucoup œuvré à ramener le culte au modèle du Nouveau Testament. Résultat: le peuple de Dieu ne s’est jamais libéré de la camisole de force héritée du catholicisme romain.153 Comme l’a dit un écrivain : « les réformateurs ont accepté en substance l’ancien modèle du culte catholique »154. Les structures basiques de leurs cultes étaient presque universellement prises des différents ordres de la fin du MoyenAge. »155 Donc, au final, les réformateurs n’ont fait qu’une réforme allégée du culte catholique. Ils ont contribué principalement à changer le point central. Selon les paroles d’un spécialiste, le catholicisme « a suivi de plus en plus le sentier des cultes païens en faisant d’un rite le centre de ses activités et le protestantisme a suivi le sentier de la synagogue en plaçant le livre au centre de ses cultes. »156 Malheureusement, ni les catholiques, ni les protestants n’ont réussi à permettre à Jésus-Christ d’être au centre et à la tête de leurs rassemblements. Ils n’ont pas non plus réussi à libérer ni à déclencher la participation du corps de Christ pour exercer 82


un ministère les uns envers les autres au cours de la réunion, comme l’envisage le Nouveau Testament. Certes, à cause de la Réforme, la Bible a remplacé l’Eucharistie et le pasteur a remplacé le prêtre. Mais c’est toujours un homme qui dirige le peuple de Dieu, le rendant spectateur silencieux. On n’a jamais rétabli non plus la centralité de l’Auteur du Livre. Du coup, les réformateurs n’ont absolument pas réussi à mettre le doigt sur le cœur du problème de départ : un culte dirigé par le clergé dont l’assistance était formée de laïcs passifs.157 Pas étonnant alors que les réformateurs se considéraient comme des catholiques réformés.158 Qu’est-ce qui cloche avec cette image? Il est malheureusement clair que la liturgie protestante ne tire pas son origine du Seigneur Jésus, des apôtres ou des écrits du Nouveau Testament.159 Ce n’est pas cela en soi qui rend la liturgie erronée. Cela veut dire tout simplement qu’elle n’a pas de base biblique. L’utilisation de chaises et de moquette dans les rassemblements chrétiens n’a pas non plus de base biblique. Et les deux choses ont été inventées par les païens.160 Néanmoins, qui oserait proclamer que s’asseoir sur des chaises ou utiliser de la moquette est « incorrect » simplement parce qu’il s’agit d’inventions post bibliques qui ont pour auteur des païens ? Le fait est que dans notre culture, nous faisons beaucoup de choses qui ont des origines païennes. Regardez votre calendrier. Les noms des jours de la semaine et des mois de l’année viennent de dieux païens.161 Mais le fait d’accepter le calendrier ne fait pas de nous des païens.162 Alors en quoi la liturgie du dimanche matin est-elle problématique, au-delà du simple style de chaises et de moquettes qu’on utilise dans notre lieu de culte? Non seulement la liturgie traditionnelle est anti-scripturaire et fortement influencée par le paganisme (qui se répand à flots contrairement à ce qui est souvent prêché depuis l’estrade), mais je crois qu’elle ne conduit pas à la croissance spirituelle que Dieu voulait.163 Laissez-moi vous expliquer. D’abord, la liturgie protestante réprime la participation bilatérale et la croissance de la communauté chrétienne. Elle met une muselière sur le fonctionnement du corps de Christ en faisant taire ses membres. Il n’y a absolument aucune espace permettant à quelqu’un de donner une parole d’exhortation, de partager une pensée, de commencer un chant (ou d’en présenter un), ou d’amener spontanément une prière. On vous oblige à rester en sourdine et votre rôle consiste uniquement à occuper une chaise! On vous empêche d’être enrichi par les autres membres du corps et on ne vous donne pas non plus la possibilité de les enrichir vous-même. Comme tout autre « laïc », vous ne pouvez ouvrir la bouche que pendant les chants de l’assemblée. (Bien sûr, si vous appartenez à une Eglise typiquement pentecôtiste ou charismatique, on peut vous donner la permission de donner une 83


parole prophétique pendant une minute. Mais après cela, vous êtes prié vous asseoir et de vous taire.) Même si le fait d’avoir un partage ouvert au cours d’une réunion est tout à fait scripturaire,164 vous enfreindriez la liturgie si vous osiez essayer de faire quelque chose d’aussi scandaleux! On considérerait votre attitude comme « déplacée » et on vous demanderait de bien vous conduire ou de partir. Deuxièmement, la liturgie protestante empêche Jésus-Christ de diriger le culte.165 Une seule personne dirige le culte. Vous êtes limités à la connaissance, aux dons, et à l’expérience d’un seul membre du corps : le pasteur. Où est la liberté pour notre Seigneur Jésus de parler à travers son corps quand il le veut ? Où, dans la liturgie Dieu peut-il donner à un frère ou à une sœur une parole à partager avec toute l’assemblée ? La liturgie ne permet absolument pas ce genre de choses. Jésus-Christ n’a pas la liberté de s’exprimer à travers son corps comme bon lui semble. Il devient, lui aussi, à cause de cela, un spectateur passif. Soit, Christ est capable de s’exprimer lui-même à travers un ou deux membres de l’Eglise, (habituellement le pasteur et le conducteur de louange). Mais cela limite sa liberté d’expression. On étouffe la voix du Seigneur lui-même à travers les autres membres du corps. Par conséquent, la liturgie protestante déforme le corps de Christ en ce que je considère une monstruosité. Elle le transforme en une énorme langue (le pasteur) et une multitude de petites oreilles (l’assemblée). Cela porte atteinte à la vision du corps de Christ que donne Paul où, au cours de la réunion, chaque membre fonctionne pour l’utilité commune. (Voir 1 Corinthiens 12). Troisièmement, pour beaucoup de chrétiens, le culte du dimanche matin est scandaleusement ennuyeux. Il manque de variété et de spontanéité. Il est guindé, sans aucune surprise, restant assez superficiel. Il réserve peu de place à la fraîcheur ou à l’innovation. Il est resté figé pendant cinq siècles. Pour parler franchement, la liturgie incarne la puissance ambigüe d’un mécanisme s’effritant très vite en routine, qui, à son tour s’épuise, n’a plus de sens et finit par devenir invisible. Les églises seeker-sensitive [sensibles à la spécifcité des personnes en recherche spirituelle] ont reconnu la nature stérile des cultes contemporains. En réaction, elles ont incorporé dans la liturgie un vaste étalage de médias et de modernisations théâtrales. Ceci a pour but de marchander le culte pour ceux qui ne vont pas à l’église. Employant la technologie la plus avancée, les seeker-sensitive ont eu du succès en gonflant leur rang. Résultat : elles ont engrangé une bonne partie des parts du marché protestant américain.166 Mais en dépit des divertissements qu’elle offre, le culte soumis à la loi du marché des seeker-sensitive reste captif du pasteur, le cantique en trois fois, pris en sandwich reste intact, et les membres de l’assemblée continuent à être des spectateurs qu’on fait taire (à la seule différence qu’ils ont davantage de distractions en tant que spectateurs.167

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Quatrièmement, la liturgie protestante à laquelle vous assistez en silence, tous les dimanches, année après année, empêche en réalité une transformation spirituelle. Pourquoi ? Parce que (1) elle encourage la passivité, (2) elle limite l’action, et (3) elle présuppose que lui consacrer une heure par semaine représente la clé d’une vie chrétienne victorieuse. Chaque dimanche, vous assistez au culte pour recevoir des pansements et recharger vos batteries, comme tous les autres soldats blessés. Mais bien trop souvent, vous n’êtes ni pansés ni rechargés. La raison en est très simple. L’assistance à un rituel rigidifié, que l’on appelle à tort « église », n’a rien à voir avec une transformation spirituelle ; le Nouveau Testament n’associe jamais les deux. C’est en étant actif qu’on grandit, et non en se contentant d’une écoute passive. Regardons les choses en face. La liturgie protestante est largement antibiblique, difficilement applicable, et elle n’est pas spirituelle. Elle n’a aucune analogie dans le Nouveau Testament. Elle trouve plutôt ses racines dans la culture de l’homme déchu.168 Elle déchire en son cœur le christianisme primitif qui était tout simple et sans cérémonie. Cinq siècles après la Réforme, la liturgie protestante continue à peu varier de la messe catholique : cérémonie religieuse fusionnant des éléments païens et Juifs. Comme l’a déclaré un expert en liturgie : « L’histoire du culte chrétien c’est l’histoire des concessions entre le culte et la culture. Comme l’Evangile était prêché à différentes époques et à différents endroits, les missionnaires ont apporté avec eux les formes et les styles de culte qui leur étaient familiers. Résultat : les pratiques populaires du culte du mystère et étaient parfois employées par l’Eglise. »169 Je ne suis pas un liturgiste de salon. Ce que je mentionne à propos des réunions ouvertes sous la direction de Christ ne relève pas de la théorie fantaisiste. J’ai participé à des réunions de ce genre au cours des dix-neuf dernières années. Ce genre de réunions se caractérise par une incroyable variété. Elles ne sont pas assujetties à la supervision unique d’un homme du haut de son pupitre. On y trouve beaucoup de spontanéité, de créativité et de fraîcheur. Tout le monde peut voir que ces réunions sont caractérisées par la présidence invisible de Christ et le libre fonctionnement du corps de Christ (sans pour autant qu’il y ait du désordre). J’ai assisté à une réunion de ce genre il n’y a pas longtemps. Laissez-moi vous la décrire. Environ une trentaine de personnes rassemblées dans une maison, se saluant les unes les autres. Quelques uns se sont placés au centre du salon et ont commencé à chanter a capella. Très vite, toute l’Eglise chantait à l’unisson, bras dessus, bras dessous. Quelqu’un d’autre a commencé un autre chant, et tout le monde s’y est joint. Entre chaque chant, des prières étaient prononcées par différentes personnes. Certains chants avaient été écrits par les membres eux-mêmes. Nous avons chanté plusieurs fois plusieurs de ces chants. Certains transformaient les paroles des chants en prière. A plusieurs occasions, quelques membres exhortaient l’Eglise en relation avec ce que nous venions de chanter. 85


Après avoir chanté, nous être réjouis, avoir prié spontanément, et nous être exhortés les uns les autres, nous nous sommes assis. Puis, très rapidement, une femme s’est levée et a commencé à expliquer ce que le Seigneur lui avait montré pendant la semaine. Elle a parlé à peu près trois minutes. Après qu’elle se soit assise, un homme s’est levé et a partagé une portion des Ecritures, ce qui l’a amené à exalter le Seigneur Jésus. Puis, un autre homme s’est levé pour enrichir ce qu’il venait de dire par quelques paroles très édifiantes. Après quoi, une femme a entonné un nouveau chant qui s’accordait parfaitement avec ce que les deux hommes venaient de partager. Toute l’Eglise a chanté avec elle. Une autre femme s’est levée et a lu un poème que le Seigneur lui avait donné pendant la semaine… et il concordait parfaitement avec ce que les autres avaient partagé jusqu’à ce point. Un par un, les frères et les sœurs en Christ se levaient pour nous dire ce qu’ils avaient expérimenté dans leur relation avec le Seigneur Jésus-Christ au cours de la semaine. Exhortations, enseignement, encouragements, poèmes, chants et témoignages, tout s’enchaînait avec un thème commun émergeant : les gloires de Jésus-Christ. Certaines personnes pleuraient. Rien de tout cela n’avait été répété, prescrit, ou planifié. Cependant, la réunion était électrique. Elle était si riche, si glorieuse, et si édifiante qu’il devenait évident pour chacun que quelqu’un dirigeait bel et bien la réunion. Mais Il n’était pas visible. C’était le Seigneur Jésus-Christ! Sa direction était manifeste parmi son peuple. On nous a de nouveau rappelés qu’en réalité, Il est vivant. assez vivant pour diriger son Eglise. Le Nouveau Testament nous informe sur la manière de nous réunir entre chrétiens. Allons-nous donc opter pour la tradition humaine quand elle va clairement à l’encontre de la pensée de Dieu pour son Eglise ? Allons-nous continuer à miner la direction efficace de Christ par amour pour notre sacro-sainte liturgie ? L’Eglise de Jésus-Christ est-elle le pilier et le soutien de la vérité ou bien défend-elle la tradition des hommes ? (1 Timothée 3:15) Le seul moyen sûr de faire fondre la glace qui emprisonne le peuple de Dieu est peut-être de rompre radicalement avec le cérémonial du dimanche matin. Puissions-nous ne pas être trouvés coupables de ce qu’expriment les paroles percutantes de notre Seigneur : « Pourquoi rejetez-vous le commandement de Dieu au profit de votre tradition ? »170 (Mat 15:3)

Approfondissements 1. N’est-il pas vrai que la description que donne la Bible des réunions d’église nous permet d’avoir une grande latitude sur la façon de structurer notre culte? L’ordre du culte de mon église contient quasiment toutes les pratiques mentionnées en 1 Corinthiens 14. Qu’y a-t-il donc de si mauvais dans la standardisation de l’ordre du culte ? 86


La plupart des réunions dans les églises institutionnelles comprennent le chant et l’enseignement, cependant, ceux-ci sont exécutés dans une atmosphère très différente de celle prescrite par 1 Corinthiens 14. Ce passage décrit une réunion où chaque membre peut participer ouvertement par un enseignement, une révélation, un chant, une exhortation, etc. (verset 26); des exclamations de certains membres durant les allocutions des autres (verset 30); et des prophéties spontanées de la part de chacun (versets 24, 31). Si la réunion de votre église comprend tous ces éléments, c’est merveilleux. Simplement, nous ne décririons pas cela comme étant un « ordre de culte standard », puisque cette façon de pratiquer n’est pas commune de nos jours. 2. En 1 Corinthiens 14, Paul sermonne les croyants pour qu’ils agissent de façon ordonnée. Comment éviter que le temps d’adoration d’une église organique devienne une grosse pagaille ou soit dominée par un ou deux individus ? Le style d’une église organique ne se prête-t-il pas au désordre ? C’est une excellente question. Le fait que Paul ait prévenu les croyants qu’ils devaient se réunir de façon ordonnée démontre clairement qu’une réunion ouverte ne doit pas être une pagaille chaotique. Dans la pensée de Paul, il s’agit d’une merveilleuse synergie entre liberté et ordre à la fois. Si le peuple de Dieu est correctement instruit sur la façon de fonctionner sous la direction de Christ, une réunion ouverte et participative peut représenter une glorieuse expérience d’harmonie et d’ordre. Posons-nous la question : que s’est-il passé lorsque Paul a affronté le bourbier frénétique de Corinthe ? L’apôtre n’a pas mis un terme aux réunions et donné une liturgie. Il n’a pas non plus introduit d’officiant humain. Au contraire, il a donné à l’église quelques lignes directrices générales afin de favoriser l’ordre et l’édification durant les réunions (lire 1 Corinthiens 14). De plus, Paul était convaincu que l’église adhérerait à ces principes. Toutes les églises du premier siècle avaient à leur disposition un apôtre itinérant qui les aidait à naviguer parmi les problèmes courants. Parfois, l’aide arrivait sous forme de lettres. Et d’autres fois, sous forme de visites en personne. Ce type d’aide extérieure peut être grandement bénéfique pour garder une église organique centrée sur Christ et focalisée durant ses réunions. 3. Vous remettez en question l’objectif de l’église d’amener des âmes perdues à Christ. Cependant, si les gens ne viennent pas à Christ, ils ne peuvent pas prendre part au dessein merveilleux et éternel de Dieu que Paul mentionne en Ephésiens 1. Par conséquent, n’est-il pas crucial que les églises fassent de la proclamation de l’évangile une priorité? Si, c’est une chose cruciale. En fait, nous pensons que le fait d’incarner l’évangile de façon vivante et de le proclamer en paroles est une conséquence naturelle de la vie d’une église organique en bonne santé. Si le peuple de Dieu apprend à aimer son Seigneur ainsi que son prochain avec plus d’intensité, il voudra naturellement le partager avec les autres à la fois en paroles et en actes.

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4. Vous insinuez que Finney ainsi que d’autres revivalistes ont commencé à instaurer des choses, comme les appels à s’avancer, strictement par pragmatisme et pour gagner des convertis. Mais comment pouvons-nous être sûrs que ces hommes n’agissaient pas sous la direction du Saint-Esprit les menant à employer de nouvelles méthodes qui aideraient les gens à se rendre compte de leur besoin de Christ? L’objet de notre discours à propos de Finney était simplement de dire que les revivalistes font du salut le but qui régit les actions de Dieu. Le salut est devenu un sujet ayant une vie propre, souvent isolé de l’expérience chrétienne globale, ainsi donc, on a créé beaucoup d’innovations pour faciliter l’expérience de la conversion, et non l’expérience d’une vie chrétienne accomplie. Le dessein éternel de Dieu n’est pas du tout remis en question. Si l’on se place d’un point de vue pragmatique moderne, les chrétiens devraient décider par eux-mêmes si une pratique particulière est inspirée par le Saint-Esprit ou si c’est le simple résultat de l’ingéniosité humaine. Nous laissons le lecteur en juger par lui-même. 5. Vous semblez très critique vis-à-vis de la préoccupation de Moody d’amener les âmes perdues à Christ. Cependant, en tant qu’évangéliste, n’était-il pas naturel qu’il se focalise sur ce but ? Certes, nous rendons hommage à Moody pour avoir amené des âmes à Christ. Cependant, nous pensons qu’en considérant la rédemption comme étant le but ultime de Dieu, il n’a pas su communiquer l’étendue du plan intégral de Dieu. Dans le Nouveau Testament, aucun évangéliste ni aucun apôtre n’a amené des gens à Christ dans le simple but de les sauver de l’enfer. Une telle pensée était inconnue des premiers chrétiens. Ceux-ci gagnaient des gens à Christ pour les amener dans la communauté de Dieu, l’Eglise. Au premier siècle, les gens étaient sauvés dans le but de les ajouter à l’Ekklésia. La conversion et la communauté n’étaient pas dissociées, elles étaient inextricablement imbriquées. Selon Gilbert Bilezikian: “Christ n’est pas seulement mort pour nous sauver de nos péchés, mais pour nous réunir en communauté. Après être venu à Christ, notre prochaine étape est de nous intégrer à la communauté. Une église qui ne vit pas comme une communauté est une parodie, quelque chose d’articifiel.”1 A ce propos, le courant principal de l’évangélisme a commis la profonde erreur de séparer la sotériologie (le salut) de l’ecclésiologie (la pratique de l’église). Le message qui s’en dégage est que la sotériologie est une étape obligatoire, alors que l’ecclésiologie est élective. Ainsi donc la pratique de l’église n’est pas si importante. Mais cette pensée ne reflète pas le programme de Dieu. L’église n’est pas une note de bas de page dans l’évangile, elle est au centre du cœur battant de Dieu. En fait, si l’église fonctionne comme elle le devrait, elle représente le plus

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John McNeil, “‘Denatured’ Church Facing Extinction,” ASSIST News Service, February 19, 2006. 88


grand évangélisme que l’humanité puisse connaître. Si le peuple de Dieu vit authentiquement en communauté, toutes ces vies ensemble sont un signe pour le monde de la venue du règne de Dieu.2 6. Vous dites que “ni les catholiques ni les protestantes n’ont réussi à faire de Jésus-Christ le centre et la tête de leurs rassemblements.” Je dois exprimer mon désaccord. Dans mon église, les chants que nous chantons, les écritures que nous lisons, le message qui est proclamé se centrent tous sur Jésus. De plus, on nous donne des instructions pratiques pour faire de Jésus notre Seigneur dans notre quotidien. Le problème central qui est abordé n’est pas “Parlons-nous de Jésus au cours de nos réunions et lui rendons-nous honneur?” Nous sommes d’accord pour dire qu’on parle de lui dans la plupart des églises institutionnelles. Le problème que nous avons abordé est : “Jésus est-il la tête fonctionnelle du rassemblement ?” Il y a une différence significative entre faire de Jésus l’invité d’honneur invisible d’une réunion et en faire le leader dans la pratique. Supposons donc que Jésus-Christ nous mette quelque chose à cœur à partager avec le reste de son corps. Nous sentirions-nous libres de le faire spontanément ? Si ce n’est pas le cas, nous nous demanderions si la réunion est réellement sous sa direction. Voyez-vous, une réunion se déroulant sous la direction de Jésus-Christ signifie qu’il doit pouvoir parler à travers chacun des membres du corps rassemblé. Ceci est sujet même de 1 Corinthiens 12–14. Paul commence cette section en disant que JésusChrist n’est pas muet comme les idoles que les Corinthiens adoraient auparavant. Et à travers qui s’exprime-t-il? Il s’exprime à travers son corps en se servant des dons et des ministères variés accordés par le Saint-Esprit (1 Corinthiens 12). Dans le chapitre suivant, Paul dit que les dons et les ministères des croyants doivent être utilisés dans l’amour, parce que l’amour recherche l’édification des autres (plutôt que de se servir soi-même). Paul continue en parlant des aspects particuliers d’une réunion d’église ou “chacun a quelque chose à apporter ... et à prophétiser l’un après l’autre” (1 Corinthiens 14). C’est dans ce sens que, dans une église organique, si vous participez à une réunion à la façon du Nouveau Testament, vous aurez à la fois le droit et le privilège de partager ce que le Seigneur vous met à cœur, en suivant la direction du Saint-Esprit. De surcroît, c’est ce que l’on attendrait de vous. En d’autres termes, Jésus-Christ serait le Chef fonctionnel de la réunion. 7. Vous utilisez souvent l’expression Christ est la tête pour vous référer à sa direction et à son autorité dans l’église. J’ai lu que dans le Nouveau Testament, tête signifie plutôt “source” qu’”autorité.” Qu’en pensez-vous? Je pense qu’il est les deux à la fois. Nous disons Christ est la tête pour nous référer au fait que Jésus-Christ est à la fois l’autorité et la source de l’église. Cet usage est bien étayé par les érudits.3

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Lire aussi: Created for Community de Stanley Grenz (Grand Rapids: Baker Books, 1998). 89


8. L’église primitive ne se réunissait-elle pas dans les synagogues? Je me souviens avoir lu que les apôtres prêchaient dans les synagogues. Et, Paul et Pierre n’ont-ils pas prêché devant un public passif? Les apôtres, ainsi que les personnes ayant un don de parole comme Etienne, se rendaient dans les synagogues dans un but d’évangélisation. Mais ces réunions n’étaient pas des réunions d’église. Elles n’étaient pas destinées aux chrétiens. Elles représentaient plutôt pour les apôtres des opportunités de prêcher l’évangile aux Juifs. (En ce temps-là, il était possible à un visiteur d’entrer dans une synagogue et de prêcher à l’auditoire.) Oui, Paul et Pierre prêchaient dans certains environnements, mais encore une fois, il ne s’agissait pas de réunions d’église. Ils prêchaient au cours de réunions apostoliques conçues pour évangéliser les perdus ou équiper et encourager une église existante. Les réunions apostoliques et évangélistes étaient temporaires et sporadiques, alors que les réunions d’église étaient normatives et régulières. Non. Nous sous-entendons que les réunions à participation ouverte tirent leur racine de la théologie du Nouveau Testament, c’est-à-dire de la doctrine du sacerdoce de tous les croyants et du fonctionnement du corps de Christ par chacun de ses membres. Nous insinuons également que les chrétiens ont un désir spirituel instinctif de partager avec les autres ce que Dieu leur a révélé, pour leur édification. Et nous soulevons trois questions capitales : (1) Ayant scruté les origines de l’ordre du culte protestant, avons-nous constaté qu’il transforme les gens et qu’il est vraiment l’expression de Jésus-Christ? (2) Est-il possible que les réunions ouvertes à la participation soient plus en conformité avec la pensée de Dieu pour son église que l’ordre du culte protestant? (3) Vaudrait-il la peine de passer du temps à explorer ensemble de nouvelles façons de nous rassembler et d’exprimer Christ dans la vie de notre église?

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F. F. Bruce, The Epistles to the Colossians, to Philemon, and to the Ephesians (Grand Rapids: Eerdmans, 1984), 68–69, 274–275; Francis Foulkes, Ephesians (Grand Rapids: Eerdmans, 1989), 73–74. 90


Chapitre 4 Le sermon: la vache la plus sacrée du protestantisme Le christianisme n'a pas détruit le paganisme ; il l'a adopté. Will Durant, historien américain du vingtième siècle Et ma parole et ma prédication ne reposaient pas sur les discours persuasifs de la sagesse, mais sur une démonstration d'Esprit et de puissance: afin que votre foi fût fondée, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu. Paul de Tarse Nous en arrivons maintenant à l’une des pratiques les plus sacrosaintes en matière d’église: Le sermon. Ôtez le sermon, et le culte protestant se réduira en grande partie à un festival du cantique. Ôtez le sermon, et l'assistance au service du dimanche matin sera appelée à disparaître. Le sermon représente le socle de la liturgie protestante. Pendant cinq cent ans, celle-ci a fonctionné comme un mécanisme d’horlogerie. Tous les dimanches matins, le pasteur monte à son pupitre et livre une allocution vivifiante à un public passif, chauffant les bancs.1 Le sermon est tellement capital qu’il représente pour les chrétiens la raison même d’aller à l’église. En fait, la qualité de tout le service est souvent jugée d’après celle du sermon. Demandez à quelqu’un comment était le culte de dimanche dernier et vous obtiendrez vraisemblablement une description du message pour toute réponse. En résumé, la structure de pensée du chrétien contemporain assimile le sermon au culte du dimanche matin.2 Mais cela ne s’arrête pas là. Ôtez le sermon et vous éliminez la source la plus importante de nourriture spirituelle pour d’innombrables croyants (du moins le pense-t-on). Pourtant, la sidérante réalité c’est que le sermon n'a aucune racine dans les Écritures ! Il a plutôt été emprunté à la culture païenne, nourrie et adoptée par la foi chrétienne. Voilà une déclaration bien effrayante, n'est ce pas ? Mais il y a plus. En réalité, le sermon porte atteinte au but même pour lequel Dieu a conçu le rassemblement de l’Église. Et il a très peu de rapport avec une authentique croissance spirituelle. Nous vous évanouissez pas encore… Je prouverai ces dires dans les pages qui suivent. 91


Le sermon et la Bible Après lecture de ce que j'ai dit plus haut, on me répliquera sans doute: «Tout au long la Bible on trouve des gens qui prêchent. Bien sûr que le sermon est biblique! » Il est clair que les Écritures mentionnent des hommes et des femmes qui prêchent, cependant, il y a un monde de différence entre la prédication inspirée de l’Esprit décrite dans la Bible et le sermon contemporain. Cette différence est presque toujours oubliée parce qu’inconsciemment nous avons été conditionnés à comparer nos pratiques modernes avec les Écritures. C’est pourquoi aujourd’hui nous nous rallions à tort au concept de la chaire comme étant biblique. Permettez que je développe un peu. Le sermon chrétien moderne possède les caractéristiques suivantes: Il a lieu régulièrement (prodigué fidèlement depuis la chaire, au moins une fois par semaine.) Il est exposé par la même personne (le plus souvent par le pasteur ou par un prédicateur invité consacré). Il est livré à un public passif, et consiste essentiellement en un monologue. C'est un discours cultivé, suivant une structure spécifique. D’ordinaire, il se compose d’une introduction, de trois à cinq points, et d’une conclusion. Comparez-cela avec le style de prédication mentionné dans la Bible. Dans l’Ancien Testament, les hommes de Dieu prêchaient et enseignaient. Mais leur discours ne correspondait pas au sermon actuel. Voici les éléments composant la prédication et l’enseignement dans l’Ancien Testament: La participation était active et les interruptions étaient monnaie courante.3 Ils improvisaient leurs discours sur un sujet brûlant d’actualité, plutôt qu’à partir d’un script préparé. Il n’y a aucune indication que les prophètes ou les sacrificateurs de l’Ancien Testament haranguaient le peuple de façon régulière.4 Au contraire, la nature des prédications de l’Ancien Testament était sporadique, fluide et ouverte à la participation. Dans les synagogues d’antan, la prédication suivait le même modèle.5 Venons en maintenant au Nouveau Testament. Le Seigneur Jésus ne prêchait pas de sermon régulier, au même public à chaque fois6 sa prédication et son enseignement pouvaient prendre différentes formes. Et il livrait ses messages à quantité d’assemblées différentes. (Bien entendu, il concentrait la plupart de ses discours sur ses disciples. Cependant, les messages qu’il leur apportait étaient systématiquement spontanés et informels.) Suivant le même modèle, la prédication apostolique telle que rapportée dans le livre des Actes montre les caractéristiques suivantes : Elle était sporadique.7 92


Elle était donnée en des occasions particulières, pour traiter de problèmes spécifiques.8 Elle était improvisée et sans structure rhétorique.9 Le plus souvent, elle était dialogique (ce qui signifie qu’elle incluait les commentaires et les interruptions du public) plutôt que monologique (un discours unilatéral).10 De même, les lettres du Nouveau Testament révèlent que le ministère de la parole de Dieu était exercé par l’église entière au cours des assemblées régulières.11 A partir de 1Corinthiens 14:26, Romains 12:6-8, 15:14, et Colossiens 3:16, nous voyons que cela incluait l’enseignement, l’exhortation, la prophétie, le chant et les réprimandes. Cette activité de « chaque membre » relevait également de l’ordre de la conversation. (1 Corinthiens 14:29) et était ponctuée d’interruptions. (1 Corinthiens 14:30). De la même manière, il était habituel que les anciens locaux lancent des exhortations inopinées.12 En résumé, le sermon d’aujourd’hui, tel que livré à la consommation des chrétiens, est étranger à l’Ancien et au Nouveau Testament. Il n’y a absolument rien dans les Ecritures indiquant son existence dans les rassemblements des premiers chrétiens.13 D’où est venu le sermon chrétien? La première référence chrétienne connue relative à un sermon régulier date de la fin du IIème siècle.14 Clément d'Alexandrie (150-215) déplorait l’effet peu transformateur des sermons sur les chrétiens.15 Pourtant, malgré ce fiasco avéré, le sermon est devenu une pratique standard parmi les croyants autour du IVème siècle.16 Ce qui soulève une question épineuse. Si les chrétiens du premier siècle n'étaient pas connus pour leurs sermons, de qui les chrétiens postapostoliques le tiennent-ils ? La réponse est percutante : le sermon chrétien a été emprunté directement à la culture grecque païenne! Pour trouver l’origine du sermon, il nous faut retourner au Vème siècle av. J.C. à un groupe de professeurs errants appelés les sophistes. Les sophistes sont connus pour avoir inventé la rhétorique (l'art du discours persuasif). Ils recrutaient des disciples et exigeaient d’être payés pour leurs oraisons.17 Les sophistes étaient experts en débats. Ils étaient passés maîtres dans l’art d’utiliser les émotions, l’apparence ainsi qu’un discours élaboré pour « vendre » leurs arguments.18 Avec le temps, le style, la forme, et la capacité oratoire des sophistes ont été plus appréciés que leur exactitude.19 Ceci engendra une catégorie d’hommes passés maîtres en expressions raffinées, « cultivant le style par amour du style. » Les principes qu'ils prêchaient étaient abstraits plutôt qu’issus de leurs 93


propres pratiques. Ils étaient experts en imitation de la forme plutôt que de la substance.20 Les sophistes s’identifiaient par leur habillement particulier. Certains d'entre eux avaient une résidence fixe où ils donnaient des sermons réguliers à la même assistance. D'autres voyageaient pour donner leurs oraisons raffinées. (Ils se faisaient ainsi beaucoup d’argent.) Parfois l'orateur grec entrait dans son forum parlementaire « revêtu de sa toge de chaire. » Il montait alors les marches jusqu’à son siège professionnel pour s'y asseoir avant de livrer son sermon. Pour sa démonstration, il citait les vers d’Homère. (Certains orateurs avaient étudié Homère si bien qu'ils pouvaient le réciter par cœur.) Le discours du sophiste était si ensorcelant, qu'il suscitait souvent des applaudissements. Si l’assistance lui faisait bon accueil, on disait son sermon « inspiré. » Les sophistes se classaient parmi les hommes les plus distingués de leur temps. Certains étaient même financés par les deniers publics. D'autres avaient des statues publiquement érigées en leur honneur.21 Environ un siècle plus tard, le philosophe grec Aristote (384–322 Av. J.C.) introduisit dans la rhétorique le discours en trois points. « Un ensemble, » dit Aristote, « doit avoir un commencement, un milieu, et une fin. »22 Avec le temps, les orateurs grecs ont fini par appliquer dans leurs discours le principe des trois points d'Aristote. Les Grecs étaient intoxiqués de rhétorique.23 C’est ainsi que les sophistes ont tiré leur épingle du jeu. Quand Rome a succédé la Grèce, les Romains sont tombés dans l’obsession de la rhétorique à leur tour.24 En conséquence, la culture Grécoromaine a développé un goût immodéré pour les discours éloquents. Ils étaient tellement en vogue, que la « sermonette » d'un philosophe professionnel après dîner représentait une forme habituelle de divertissement.25 Les Grecs antiques et les Romains considéraient la rhétorique comme l’une des plus grandes formes de l'art.26 En conséquence, dans l'empire romain les orateurs étaient auréolés de la même fascination que les Américains d’aujourd’hui attribuent aux stars de cinéma et aux athlètes professionnels. Ils étaient les brillantes étoiles de leur temps. Les orateurs pouvaient pousser une foule au délire par la seule puissance de leur capacité oratoire. Les professeurs de rhétorique, la science culminante de l'époque, faisaient la fierté de toute grande ville.27 Les orateurs qu'ils produisaient atteignaient le statut de célébrité. En bref, les Grecs et les Romains étaient intoxiqués au sermon païen —tout comme beaucoup de chrétiens modernes sont intoxiqués au sermon « chrétien ».

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L’arrivée d’un courant pollué Comment le sermon grec a-t-il réussi à noyauter l’Église chrétienne ? Vers le IIIème siècle le ministère mutuel a disparu du corps du Christ et a laissé un vide.28 À ce moment-là, le dernier ouvrier voyageur (apôtre) ayant spontanément porté un message issu du fardeau prophétique de son cœur et de sa conviction personnelle quitta les pages de l'histoire de l’Église.29 Cette absence fut comblée par l’émergence de la caste cléricale. Les réunions libres et ouvertes se sont lentement éteintes et les rassemblements d’Église sont devenus de plus en plus liturgiques.30 La « réunion d’église » était en train de se transformer en « office. » Une structure hiérarchique a commencé à prendre racine et elle a donné naissance à l'idée du « religieux professionnel. »31 En présence de ces changements, le chrétien vivant a eu du mal à se conformer à cette structure ecclésiastique en progression.32 Elle ne laissait aucune place à l’exercice de ses dons. Vers le IVème siècle, l’Église s’est entièrement institutionnalisée. A la même époque, beaucoup d'orateurs païens sont devenus chrétiens, c’est ainsi que les idées philosophiques païennes se sont insinuées machinalement dans la communauté chrétienne.33 Plusieurs de ces hommes devinrent les théologiens et les dirigeants de l’Église chrétienne primitive. Ils sont connus comme étant les « pères de l’Église, » et certains de leurs écrits perdurent encore parmi nous.34 Ainsi, l’idée païenne d'un orateur professionnel expérimenté, donnant des oraisons moyennant paiement fut directement injectée dans le flux sanguin chrétien. Notez que le concept de « l’expert enseignant rémunéré» est venu de Grèce et non du Judaïsme. Il était d'usage chez les rabbins juifs de prendre un métier afin de ne pas exiger d’honoraires contre leur enseignement.35 L’aboutissement de l'histoire est que ces anciens orateurs païens (maintenant devenus chrétiens) ont commencé à se servir de leurs compétences oratoires Grécoromaines à des fins chrétiennes. Bien calés dans leur siège officiel36 ils « exposaient le texte sacré des Écritures tout comme un sophiste aurait exposé une exégèse du texte quasi sacralisé d’Homère. »37 Si vous comparez un sermon païen du IIIème siècle à un sermon donné par un des pères de l’Église, vous constaterez d’incroyables similitudes tant dans la structure que dans la phraséologie.38 Ainsi, un nouveau style de communication fut engendré dans l’expression chrétienne de l’Église, un style faisant valoir une rhétorique soignée, une grammaire sophistiquée, une éloquence séduisante, ainsi que l’art du monologue. Cette façon de faire était conçue autant pour distraire que pour illustrer les compétences oratoires du discoureur. Il s’agissait de rhétorique Gréco-romaine.39 Et seuls ceux qui étaient formés avaient la permission de s'adresser à l'assemblée !40 (Cela éveille-t-il en vous un écho familier ?) Un érudit l’a exprimé de cette façon : le message chrétien originel était de l’ordre du partage, de la conversation…, mais lorsque les écoles oratoires du monde occidental s’en sont emparées, le contraste fut radical. L'éloquence tendit à remplacer 95


la conversation. L’excellence de l'orateur prit le pas sur l’histoire stupéfiante de Jésus-Christ. Et le dialogue entre l'orateur et l'auditeur se fondit en un monologue. »41 En un mot, le sermon gréco-romain a remplacé le partage prophétique, la libre conversation et l'enseignement inspiré par le Saint-Esprit.42 Il est devenu le privilège élitiste des fonctionnaires de l’Église, en particulier des évêques. Ces personnes devaient être formées à l’art du langage dans des écoles de rhétorique.43 Sans cette éducation, un chrétien n'était pas autorisé à s’adresser au peuple de Dieu Dès le IIIème siècle, les chrétiens ont appelé leurs sermons des « homélies », terme employé par les orateurs grecs pour qualifier leurs discours.44 De nos jours dans les séminaires, on peut prendre des cours d’homilétique pour apprendre à prêcher. L’homilétique est considérée comme une « science remontant à la Grèce ancienne et à Rome, appliquant les règles de la rhétorique. »45 Autrement dit, ni les homélies (sermons) ni l’homilétique (l'art de sermonner) ne sont d’origine chrétienne. Elles ont été empruntées aux païens. Un courant pollué a coulé dans la foi chrétienne et en a empoisonné les eaux. Et ce flot coule tout aussi puissamment aujourd'hui qu’au IVème siècle. Chrysostome et Augustin Jean Chrysostome fut l'un des plus grands orateurs chrétiens de son temps 46 (Chrysostome signifie « Bouche d'or »)47 Jamais Constantinople n’avait entendu « de sermons aussi puissants, aussi brillants et aussi francs » que ceux prêchés par Chrysostome.48 Les sermons de Chrysostome étaient irrésistibles au point que les gens se bousculaient parfois pour avancer et l'entendre mieux.49 Ayant naturellement la langue bien pendue, Chrysostome apprit l’art du discours de Libanius, le sophiste dominant du IVème siècle.50 L'éloquence de Chrysostome du haut de sa chaire était insurpassable. Si puissantes étaient ses oraisons que ses sermons étaient souvent interrompus par les applaudissements de l’assemblée. Chrysostome donna un jour un sermon condamnant les applaudissements, inappropriés dans la maison de Dieu.51 Cependant, lorsqu’il eut fini de prêcher, l’assemblée avait tellement aimé le sermon qu'elle applaudit malgré tout.52 Cette histoire illustre le pouvoir irrésistible de la rhétorique grecque. Nous pouvons ajouter au crédit de Chrysostome et d’Augustin (354-430), un ancien professeur de rhétorique,53 le fait d’avoir introduit l’éloquence dans la foi chrétienne.54 Avec Chrysostome, le sermon grec a atteint son zénith. Le style du sermon grec s'est livré à l’éclat de la rhétorique, à la citation de poésies, et s’est axé sur le fait de subjuguer l’assistance. Chrysostome le souligne : « le prédicateur doit s’échiner longtemps sur ses sermons afin d’acquérir la puissance de l'éloquence. »55 En Augustin, le sermon latin a atteint son point culminant. 56 Le modèle du sermon latin était plus terre-à-terre que le modèle grec. Il était axé sur « l'homme commun » et visait le simple aspect moral. Zwingli a pris Jean Chrysostome comme 96


modèle pour la prédication, alors que Luther a pris Augustin.57 Les modèles latins et grecs incluaient tous deux une forme de commentaire verset par verset ainsi qu'une forme de paraphrase.58 Il n’en demeure pas moins que Chrysostome et Augustin sont demeurés dans la lignée des sophistes grecs. Ils nous ont légué une rhétorique chrétienne bien ciselée. Ils nous ont transmis le sermon « chrétien » : biblique dans le contenu, mais grec dans le style.59 Les Réformateurs, les Puritains, et le Grand Réveil Pendant la période médiévale, l'eucharistie a pris l’avantage dans la messe catholique, reléguant le sermon au second plan. Mais avec la venue de Martin Luther (1483-1546), le sermon a retrouvé sa prééminence dans la célébration du culte.60 Luther s’est mépris en considérant l’Église comme le rassemblement du peuple à l’écoute la parole de Dieu lui étant annoncée. C’est pour cette raison qu’il a un jour appelé le bâtiment d’église Mundhaus (maison de la parole) !61 Donnant la réplique à Luther, Jean Calvin a affirmé que le prédicateur était la « bouche de Dieu. »62 (Ironiquement, les deux hommes combattaient énergiquement l'idée que le pape était le vicaire du Christ.) Il n'est pas surprenant que de nombreux réformateurs aient étudié la rhétorique et aient été ainsi profondément influencés par les sermons gréco-romains d'Augustin, de Chrysostome, d'Origène, et de Grégoire le Grand.63 Ainsi les failles des pères de l’Église ont été reproduites par les réformateurs ainsi que par les cultures protestantes dérivées dont ils sont à l’origine. Ce fut particulièrement le cas des puritains.64 En fait, les racines de la tradition du sermon évangélique moderne sont nées plus récemment du mouvement puritain du XVIIème siècle et du Grand Réveil du XVIIIème siècle. Les Puritains ont emprunté leur méthode de prédication à Calvin. En quoi consistait-elle ? Il s’agissait l’exposition systématique de la parole biblique, semaine après semaine. C'était une méthode empruntée aux premiers pères de l’Église, elle devint populaire pendant la Renaissance. Les érudits de la Renaissance commentaient phrase après phrase selon le modèle d’écriture classique de l’antiquité. Calvin était passé maître en la matière. Avant sa conversion, il a employé cette méthode sur un commentaire de l'auteur païen Sénèque. Quand il s’est converti et s’est mis au sermon, il a appliqué la même méthode analytique à la Bible. Marchant sur les traces de Jean Calvin, les puritains ont voué toutes leurs célébrations ecclésiales à l’enseignement systématique de la Bible. Pendant qu'ils cherchaient à ‘protestantiser’ l’Angleterre (pour l’épurer des failles de l'anglicanisme), les puritains ont consacré leurs cultes à l’exposition des Ecritures, hautement structurée, méthodique et logique, verset par verset. Ils ont affirmé que le 97


protestantisme était une religion « du Livre. » (L’ironie étant que « le Livre » ignore tout de ce type de sermon.) Les puritains ont également inventé une forme de prédication appelée le « modèle pur. » Cette façon de faire était basée sur la mémorisation des notes du sermon. Leur division, subdivision, et leur analyse du texte biblique ont élevé le sermon à un une science pointue.65 Cette forme est encore employée aujourd'hui par d’innombrables pasteurs. En outre, les puritains nous ont transmis le sermon d'une heure (même si certains de leurs sermons duraient quatre-vingt-dix minutes), la pratique pour les participants de prendre des notes pendant le sermon, la structure nette du sermon en quatre parties et l’usage par le pasteur de notes aide-mémoire pendant qu’il délivre son message.66 Autre influence, le Grand Réveil est à la source du style de prêche communément pratiqué dans les premières églises méthodistes et toujours employé dans les églises contemporaines de Pentecôte. Les intenses débordements émotionnels, incluant cris et courses effrénées sur la scène, émanent tous de cette tradition.67 Pour résumer l'origine du sermon moderne, nous pouvons dire que: le christianisme avait repris la rhétorique gréco-romaine pour l’adapter à ses propres besoins, l’avait rebaptisée et emmaillotée à sa manière. L’homélie grecque s‘est infiltrée dans l’Église chrétienne autour du IIè siècle et a atteint sa maturité à travers les prédicateurs de chaire du IVème siècle comme Chrysostome et Augustin.68 Le sermon chrétien a perdu sa prépondérance du Vème siècle jusqu'à la Réforme, où il est devenu, bien emballé et protégé, l’événement principal du culte protestant. Pourtant, pendant les 500 dernières années, la plupart des chrétiens n'ont jamais remis en cause son origine ni son efficacité.69 Comment le Sermon nuit-il à l’Église Même s’il a été vénéré pendant cinq siècles, le sermon conventionnel a contribué au mauvais fonctionnement de l’Église de nombreuses manières. D'abord, le sermon fait du prédicateur le virtuose du rassemblement régulier. En conséquence, la participation de l’assemblée est au mieux entravée et au pire exclue. Le sermon transforme l’église en poste de prédication. L’assemblée régresse au stade de spectateurs réduits au silence devant une représentation. Il n'y a pas moyen d’interrompre ni d’interroger le prédicateur pendant qu'il débite son discours. Le sermon pétrifie et comprime le fonctionnement du corps du Christ. Cela entretient une certaine docilité, permettant aux prédicateurs de dominer l’assemblée d’un signe de la main, semaine après semaine.70 En second lieu, le sermon refoule souvent la croissance spirituelle. Puisque qu’il est à sens unique, il émousse la curiosité et produit la passivité. Le sermon empêche l’Église de fonctionner selon sa vocation. Il suffoque le ministère mutuel. Il 98


étouffe la participation ouverte. Ce qui fait plonger tête la première la croissance spirituelle du peuple de Dieu.71 En tant que chrétiens, si nous voulons mûrir nous devons aller de l’avant. (Lire Marc 4:24-25 et Hébreux 10:24-25) L’écoute passive semaine après semaine ne nous fait pas grandir. En fait, l’un des objectifs de la prédication du Nouveau Testament et de son enseignement est de nous mettre en état de fonctionnement. (Ephésiens 4:11-16).72 De nous encourager à ouvrir la bouche durant les réunions d’église (1 Corinthiens 12–14).73 Le sermon conventionnel fait obstacle à ce processus particulier. Troisièmement, le sermon perpétue la mentalité non biblique de clergé. Il crée une dépendance excessive et pathologique à l'égard du clergé. Le sermon fait du prédicateur le spécialiste religieux, le seul ayant quelque chose d’important à partager. Tout autre chrétien est considéré comme seconde-classe (se tenant coi tout en chauffant le banc). (Même si ce n'est pas précisé d’ordinaire, c'est une réalité tacite.)74 Que pourrait apprendre le pasteur des autres membres du corps du Christ si ceux-ci sont réduits au silence ? Que pourrait apprendre l’Église du pasteur si ses membres sont contraints de ne pas poser de questions pendant son message ?75 Comment les frères et les sœurs pourraient-ils apprendre les uns des autres s'ils sont bâillonnés lors des réunions? Le sermon rend « l’église » à la fois distante et impersonnelle.76 Il prive le pasteur de tirer des ressources spirituelles de l’église. Et il prive ses membres de nourriture spirituelle réciproque. Pour toutes ces raisons, le sermon est l'un des plus grands barrages à un sacerdoce actif!77 Quatrièmement, plutôt que d'équiper les saints, le sermon les prive de développer leurs compétences. Peu importe la force des palabres du pasteur sur l’« équipement des saints pour l’œuvre du ministère, » la vérité est que les sermons équipent très peu pour le service et l’action spirituels.78 Malheureusement, cependant, la majorité du peuple de Dieu est tout aussi accro aux sermons que la plupart des pasteurs sont accros à la prédication.79 En revanche, le style prédication du Nouveau Testament équipe l’Église de sorte qu'elle puisse fonctionner sans la présence d'un ecclésiastique.80 Par exemple, j’ai récemment assisté à une conférence où un fondateur d’église contemporain a passé un week-end entier avec tout un réseau d’églises de maison. Chaque jour, ce fondateur immergeait les églises dans une révélation de Jésus-Christ. Mais il leur donnait également des instructions très pratiques sur la façon de vivre ce qu’il prêchait. Il les laissait ensuite livrés à eux-mêmes, et il n’allait pas probablement revenir pendant des mois. Ayant été équipée ce week-end là, l’église a tenu ses propres réunions, lors desquelles chaque membre a partagé quelque chose de Christ à travers des exhortations, des encouragements, des 99


enseignements, des témoignages, des chants nouveaux, des poèmes etc. Voilà essentiellement ce qu’était le ministère apostolique du Nouveau Testament. Cinquièmement, le sermon moderne n’est absolument pas praticable. La plupart des prédicateurs parlent en experts de ce qu'ils n'ont jamais vécu eux-mêmes. Qu’il soit abstrait/théorique, dévot/inspiré, exigeant/contraignant, ou amusant, le sermon ne met pas directement les auditeurs en situation pratique de ce qui a été prêché. Ainsi, le sermon typique est une leçon de natation sur la terre ferme ! Il est vide de toute valeur pratique. On prêche beaucoup, mais très peu de choses sont mises en pratiques. La majeure partie des prédications vise le lobe frontal. Le « sermonisme » moderne ne va pas au-delà de la simple diffusion d'information et n’équipe pas les croyants pour éprouver et utiliser ce qu'ils ont entendu. À cet égard, le sermon reflète sa véritable origine : la rhétorique Grécoromaine. La rhétorique Gréco-romaine baignait dans l'abstraction.81 Elle « était faite d’expressions conçues pour divertir et faire valoir le génie plutôt que pour instruire ou développer des talents chez les autres. »82 Un sermon contemporain bien affiné peut réchauffer le cœur, inspirer la volonté, et stimuler l'esprit. Mais il équipe rarement, voire jamais, les gens pour arriver à maturité et fonctionner librement !Ainsi donc, le sermon n’est pas à la hauteur de ses promesses de promouvoir la croissance spirituelle. En définitive, il accentue l'appauvrissement de l’Église.83 Le sermon agit comme un stimulant momentané. Ses effets sont tout au plus temporaires. Soyons honnêtes. Il existe une foule de chrétiens qui, ayant été « sermonnés » pendant des décennies sont toujours des bébés en Christ.84 Nous les chrétiens ne sommes pas transformés par une simple audition hebdomadaire de sermons. Nous sommes transformés par nos rencontres régulières avec le seigneur Jésus-Christ.85 Les responsables de ministères sont donc appelés à rendre leur ministère foncièrement pratique. Ils sont appelés non seulement à révéler le Christ, mais à enseigner à leurs auditeurs comment l'expérimenter, le connaître, le suivre, et le servir. Les sermons contemporains omettent trop souvent ces éléments si résolument importants. Si un prédicateur ne peut conduire ses auditeurs dans une expérience spirituelle vivante de ce qu'il enseigne, les résultats de son message seront de courte durée. Par conséquent, l’Église a moins besoin de prédicateurs que d’auxiliaires spirituels. Elle est en grand besoin de personnes capables de proclamer le Christ et d’amener le peuple de Dieu à vivre ce qui est prêché.86 Et de surcroît, de leur montrer comment partager ce Christ vivant avec le reste de l’église pour une édification mutuelle. Par conséquent, la famille chrétienne a besoin que soit restaurée la pratique du premier siècle en matière d'exhortation et de ministère mutuels.87 Car le Nouveau Testament articule la transformation spirituelle autour de ces deux choses.88 Assurément, le don de l'enseignement est présent dans l’Église. Mais celui-ci devrait venir de tous les croyants (1 Corinthiens 14:26, 31) ainsi que de toutes les personnes 100


particulièrement douées pour enseigner. (Ephésiens 4:11, Jacques 3:1). Nous outrepassons de loin les limites bibliques lorsque nous permettons à l'enseignement de prendre la forme d'un sermon conventionnel et le reléguons ainsi à un cours magistral d’orateurs professionnels. En résumé La prédication et l’enseignement de la parole de Dieu sont-ils bibliques? Oui, absolument. Mais, le sermon n'est pas l'équivalent de ce que l’on retrouve dans les Écritures.89 On ne le trouve ni dans le Judaïsme de l’Ancien Testament ni dans le ministère de Jésus ni dans la vie de l’Église primitive.90 Qui plus est, Paul dit à ses convertis grecs qu'il a refusé d'être influencé par les modèles de communication de ses contemporains païens (1 Corinthiens 1:17, 22; 2:1-5) Mais, qu’en est-il de 1 Corinthiens 9:22-23 , où Paul dit (en résumé): « Je tente de trouver un terrain d’entente avec tout le monde, tentant par tous les moyens d’en sauver quelquesuns »? J’argumenterais que ceci n’implique pas que l’on fasse du sermon hebdomadaire » le centre de tous les rassemblements cultuels, étouffant ainsi la transformation des croyants et l’édification mutuelle. Le sermon est une vache sacrée ayant été conçue dans l'utérus de la rhétorique grecque. Il a été engendré dans la communauté chrétienne lorsque les ‘expaïens/nouveaux-chrétiens’ ont commencé à introduire leurs modèles oratoires dans l’Église. Vers le IIIème siècle, il était devenu habituel pour les conducteurs chrétiens de donner des sermons. Vers le IVème siècle c'est devenu la norme.91 Le christianisme s’est imprégné de la culture environnante.92 Lorsque votre pasteur monte en chaire revêtu de sa robe pastorale et livre son sermon sacré, il joue inconsciemment le rôle de l'orateur grec antique. Néanmoins, même si le sermon ne possède pas un atome de valeur biblique pour étayer son existence, il continue d’être vénéré, sans être décrié, par la plupart des chrétiens de notre temps. Il s’est tellement ancré dans l'esprit chrétien que la plupart des pasteurs et laïcs attachés à la Bible ne se rendent pas compte qu'ils alimentent et perpétuent une pratique non biblique par pure tradition. Le sermon s’est incorporé de manière rémanente dans une structure d'organisation complexe, très éloignée de la vie de l’Église du premier siècle.93 En tenant compte de tout ce que nous avons découverts au sujet du sermon moderne, réfléchissez à la pertinence des questions suivantes : Comment un homme peut-il prêcher sur la fidélité à la parole de Dieu lorsqu’il donne un sermon ? Et comment un chrétien peut-il être passivement assis sur un siège et, dans cette position, proclamer le sacerdoce de tous les croyants ? Pour couronner le tout, comment pouvez-vous, cher chrétien, proclamer votre soutien à la doctrine protestante de sola scriptura (par l’Écriture seule) et appuyer malgré tout la pratique du sermon en chaire? 101


Comme le dit un auteur avec éloquence: « Dans la pratique, le sermon est audelà de toute critique. Il est devenu une fin en soi, sacré, produit d'une vénération tordue de ‘la tradition des anciens’… Il semble étrangement contradictoire que les personnes les plus disposées à proclamer que la Bible est « la parole de Dieu, guide suprême dans toutes les questions de la foi et de ses observances » soient parmi les premières à rejeter des méthodes bibliques au profit des « citernes crevassées » de leurs pères (Jérémie. 2:13). »94 A la lumière de ce que vous avez lu dans ce chapitre, y a-t-il vraiment de la place dans le corral de l’Église pour des vaches sacrées telles que le sermon?

Approfondissements 1. Vous n’êtes pas d’accord avec le fait de faire de la proclamation de la parole le centre d’une réunion d’église. Cependant, Paul semble mette l’accent sur la prédication dans l’instruction de Timothée. En 2 Timothée 4:2, il lui dit: “proclame la Parole, insiste, que l'occasion soit favorable ou non, convaincs, réprimande, encourage par ton enseignement, avec une patience inlassable.” Timothée était un ouvrier apostolique. Son rôle était d’équiper le peuple de Dieu afin que celui-ci fonctionne bien et connaisse le Seigneur. Il était aussi de gagner des âmes dans la perspective de construire l’église. (En 2 Timothée 4:5, Paul dit à Timothée de “remplir son rôle de prédicateur de l’évangile.”) C’est pourquoi, la prédication de la parole de Dieu fait partie de l’appel apostolique. C’est certainement ce qu’a fait Timothée, ainsi que Paul lorsqu’il prêchait sur la place du marché d’Athènes et sous le portique de Tyrannus à Ephèse. Ces réunions étaient apostoliques et conçues pour équiper l’église et forger la communauté en amenant les gens à se convertir à Christ. Par contraste, la norme d’une réunion d’église, c’est de se réunir et que chacun partage la portion que Christ lui a donnée. (1 Corinthiens 14:26, Colossiens 3:16, Hébreux 10:24-25). Tous sont libres d’enseigner, de prêcher, de prophétiser, de prier et de conduire un chant. 2. Les Grecs et les Romains ont peut-être usé de rhétorique pour faire vibrer la foule, cependant, en quoi cela invalide-t-il le fait de se servir des principes de la rhétorique et du commentaire verset par verset? Après tout, Dieu nous commande de l’aimer de “toute notre pensée”, autant que de tout notre cœur et de toute notre âme. L’objet de notre argumentation visait à dire que le sermon tire son origine du paganisme Gréco-romain plutôt que de Jésus ou des apôtres. C’est au lecteur de décider si oui ou non le sermon gréco-romain est bon ou mauvais (un développement amélioré de la prédication apostolique ou un point de départ pour celle-ci.) 3. Lorsque vous décrivez l’œuvre des implanteurs d’église, vous dites qu’ils ont“ immergé l’église dans une révélation de Jésus-Christ.” Que signifie cela 102


exactement, et en quoi cela est-il censé influencer la façon de se réunir d’une église? Les implanteurs d’église du premier siècle avaient une profonde révélation (ou vision) de Jésus-Christ. Ils le connaissaient bien, et même très bien. Il était leur vie, leur respiration, leur raison de vivre. Alors, à leur tour ils communiquaient cette même révélation aux églises qu’ils implantaient. Jean 1:1-3 est un bon exemple de cette dynamique. Le message que Paul de Tarse prêchait sur Christ était d’une telle profondeur qu’il incitait les païens immoraux et buveurs de sang à devenir des chrétiens accomplis, passionnés de Jésus-Christ, en seulement quelques mois. (Ces nouveaux croyants formaient les églises de Pisidie, d’Antioche, d’Iconium, de Lystre, de Derbe, de Philippe, de Thessalonique, et de Bérée [Actes 13–17].) Paul partageait les profondeurs de Christ avec eux d’une telle manière qu’ils savaient qu’ils étaient saints à ses yeux et qu’ils pouvaient le connaître intimement, car Christ habitait en eux. Cette compréhension profonde et personnelle de la demeure de Christ en nous affectait leur façon de se réunir et le contenu de leurs réunions. En outre, Paul restait habituellement avec ces nouveaux convertis pendant plusieurs mois, puis les laissait livrés à eux-mêmes pendant de longues périodes, parfois des années. Et lorsqu’il revenait, ils se réunissaient toujours, s’aimaient toujours et suivaient toujours leur Seigneur. Quelle sorte d’évangile prêchait-il donc pour obtenir cet effet remarquable? Il l’appelait “les richesses insondables du Christ” (Ephésiens 3:8). Autrement dit, il les immergeait dans une révélation de Jésus-Christ. 4. On dirait presque que vous argumentez contre la prédication et l’enseignement. Est-ce bien cela votre propos? Sinon, en quoi consiste votre argumentation? Nous croyons fermement en la prédication, la prophétie, l’exhortation et en toutes les façons de partager la parole de Dieu. Nous disons simplement que le sermon moderne, que nous définissons comme une allocution donnée par une seule et même personne (usuellement un membre du clergé) à un même groupe de personnes, semaine après semaine, mois après mois, année après année, n’est pas seulement anti biblique mais également contreproductif. Nous aimerions que le lecteur examine les indices bibliques et historiques sur ce point et décide par luimême si nous avons raison ou non dans notre analyse. En réalité, la recherche menée par le groupe Barna a démontré l’inefficacité générale des sermons à amener les gens dans l’adoration, à les attirer plus près de Dieu et à leur transmettre un message qui va bouleverser leur vie.

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Chapitre 5

Le pasteur: voleur du fonctionnement de chaque membre Dans la religion chrétienne, comme dans beaucoup d’autres religions, on a universellement tendance, pour des raisons pratiques, à interpréter théologiquement le développement progressif d’institutions au cours d’une période, pour ensuite appliquer cette interprétation en remontant aux origines de ces institutions, leur attribuant ainsi une signification qu’à cette époque là personne n’imaginait qu’elles avaient. Richard Hanson, exégète patristique du vingtième siècle (Pères de l’Eglise). A l’université, je me suis spécialisé dans la Bible. Je suis allé au séminaire et je me suis spécialisé dans la seule chose qu’ils enseignent là-bas : le ministère religieux professionnel. Quand j’ai eu mon diplôme, j’ai réalisé que je savais parler le latin, le grec et l’hébreu et qu’il n’y avait qu’une seule chose sur terre pour laquelle j’étais qualifié : devenir pape : mais le poste était déjà occupé par quelqu’un d’autre. Pasteur anonyme. Le pasteur : c’est la figure fondamentale de la foi protestante. Le pasteur a tellement d’importance dans l’esprit de la plupart des chrétiens qu’on le connaît mieux que le Seigneur, qu’on célèbre davantage ses louanges et qu’on s’appuie beaucoup plus sur lui que sur Jésus-Christ lui-même ! Dans presque toute église protestante, si l’on ôtait le pasteur, cela sèmerait la panique. Si l’on ôtait le pasteur, ce serait la mort du protestantisme tel qu’on le connaît. Le pasteur est le point de convergence dominant, le pivot et la pièce maîtresse de l’Eglise contemporaine. Il incarne le christianisme protestant. Mais dans le Nouveau Testament, on ne trouve aucun verset justifiant l’existence du pasteur des temps modernes! Quelle ironie! Il n’existait tout simplement pas dans l’Eglise primitive. Notez que j’emploie le terme pasteur tout au long du chapitre pour décrire la fonction pastorale contemporaine ainsi que son rôle. Je ne parle pas de la personne spécifique qui remplit ce rôle. D’une manière générale, ceux qui ont la charge de pasteur sont des gens merveilleux. Ils sont honorables et honnêtes; ce sont souvent des gens doués qui aiment Dieu et servent son peuple avec zèle. Mais je crois qu’à la fois l’histoire de l’Eglise et l’Ecriture s’opposent au rôle qu’ils remplissent.1 105


Le mot pasteur est dans la Bible... Vrai? Le mot pasteur apparaît bel et bien dans le Nouveau Testament: Et il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs. (Ephésiens 4:11). Version Segond. Au sujet de ce texte, voici les observations qui s’imposent : Dans l’ensemble du Nouveau Testament, c’est le seul verset où le mot pasteur est employé.2 Un seul verset isolé est un bien maigre indice auquel peut s’accrocher la foi protestante! A ce sujet, il semble que la capacité à saisir des serpents fait plus autorité dans la Bible (voir Marc 16:18 and Actes 28:3-6) que la fonction pastorale des temps modernes. Les catholiques romains ont fait la même erreur avec le mot prêtre On peut trouver le mot prêtre à trois reprises dans le Nouveau Testament. Dans chaque cas, il se rapporte à tous les chrétiens.3 Le mot est employé au pluriel : (pasteurs) C’est significatif. Car quels que soient ces « pasteurs », ils sont au pluriel dans l’Eglise, pas au singulier. Par conséquent la pratique de sola pastora (un seul pasteur) n’a aucun support biblique. Le mot grec traduit par pasteurs est poimen. Il signifie bergers. (Pastor est le mot latin pour bergers.) Pasteur, donc, est une métaphore pour décrire une fonction particulière dans l’Eglise. Ce n’est ni un titre ni une charge particulière.4 Un berger du premier siècle n’avait rien à voir avec la signification spécialisée et professionnelle qu’il a fini par prendre dans le christianisme contemporain. Par conséquent, Ephésiens 4:11 n’imagine pas une charge pastorale mais seulement une des nombreuses fonctions qu’on trouve dans l’Eglise. Les bergers sont ceux qui, naturellement, fournissent de la nourriture et prennent soin des brebis de Dieu. C’est donc une grave erreur de confondre les bergers avec une charge ou un titre tels qu’on les conçoit communément de nos jours.5 Au mieux, Ephésiens 4:11 est une allusion indirecte. Ce verset n’offre absolument aucune définition ou description du concept de pasteur. Il n’en est qu’une mention. Malheureusement, nous avons attribué à ce mot notre concept occidental de ce qu’est un pasteur. Nous avons relu le Nouveau Testament avec notre concept du pasteur contemporain. Jamais aucun chrétien du premier siècle n’aurait imaginé la fonction pastorale contemporaine! Richard Hanson observe: « On associe les mots évêques, anciens et diacres, à une période datant de presque deux mille ans. Pour ceux qui, au début, ont employé les titres de ces charges, cela ne devait guère représenter plus que des inspecteurs, des hommes plus âgés et des aides. C’est quand on a commencé à y attacher une signification théologique inappropriée qu’une vision déformée du ministère chrétien a débuté. »6

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Les bergers du premier siècle étaient les anciens (presbytres)7 et les surveillants de l’église locale.8 Leur fonction était en désaccord avec le rôle joué par les pasteurs contemporains.9 Quelle est l’origine du pasteur? Si les pasteurs contemporains n’existaient pas dans l’Eglise primitive, quelle est donc leur origine? Et comment ont-ils pu se hisser à un poste aussi élevé dans la foi chrétienne? C’est une triste histoire dont les racines sont enchevêtrées et complexes. Ces racines remontent aussi loin que la chute de l’homme. Avec la chute, dans le cœur de l’homme, un désir implicite est né d’avoir un dirigeant en chair et en os pour les amener à Dieu. C’est la raison pour laquelle, tout au long de l’histoire, les sociétés humaines ont constamment créé des castes spéciales de chefs religieux vénérés. Le sorcier, le chaman, le rhapsode, le faiseur de miracles, le guérisseur, le devin, le sage et le prêtre nous ont tous accompagnés depuis la chute d’Adam.10 Et cette personne se caractérise toujours par une formation particulière, une tenue particulière, un vocabulaire particulier, et un style de vie particulier.11 On peut voir cet instinct dresser sa vilaine tête dans l’histoire de l’Israël antique avec une première apparition à l’époque de Moïse. Deux serviteurs du Seigneur, Eldad et Médad, ont reçu l’Esprit de Dieu et ont commencé à prophétiser. Très rapidement, un jeune fanatique a réagi en pressant Moïse de les en « empêcher ». (Nombres 11: 26 à 28, Version Segond 21. Moïse a repris cet empêcheur de tourner en rond en lui disant qu’il souhaitait voir tout le peuple de Dieu prophétiser. Moïse s’est érigé contre un esprit religieux qui avait essayé de contrôler le peuple de Dieu. On le voit encore quand Moïse a tenté d’aller sur le mont Horeb. Le peuple voulait que Moïse soit un médiateur en chair et en os entre eux et Dieu parce qu’ils craignaient une relation personnelle avec le Tout-Puissant (Exode 20 :19). Cet instinct déchu a fait une autre apparition à l’époque de Samuel. Dieu voulait que son peuple vive sous son autorité directe. Mais au lieu de cela, Israël a réclamé un roi parmi les hommes. (1 Samuel 8:19). On peut même détecter la graine du pasteur contemporain semée à l’époque du Nouveau Testament. « Diotrèphe, qui aimerait bien tout régenter ne tient aucun compte de nos directives » (3 Jean 1 : 9-10). (Voir Bible amplifiée). De plus, certains exégètes ont suggéré que la doctrine des Nicolaïtes que Jésus condamne dans Apocalypse 2:6 est une référence à l’émergence d’un clergé primitif.12 Parallèlement, l’homme déchu est obsédé par la quête d’un médiateur spirituel humain suivant une forme de direction hiérarchique. Toutes les cultures antiques étaient hiérarchiques dans leurs structures sociales à un degré ou à un autre. Malheureusement, les chrétiens postapostoliques ont adopté et adapté ces structures dans leur vie d’Eglise comme nous allons le voir. 107


La naissance de la règle d’un seul évêque Jusqu’au deuxième siècle, l’Eglise n’était pas dirigée de manière officielle. Elle avait des dirigeants et c’est incontestable. Mais il n’y avait pas de dirigeants officiels : en effet, il n’existait pas de « postes » religieux ou vacants à occuper dans la société L’étude approfondie du Nouveau Testament le montre très clairement.13 A cet égard, les Eglises du premier siècle étaient vraiment très particulières. Il y avait des groupes religieux sans prêtre, ni temple, ni sacrifice.14 Les chrétiens eux-mêmes conduisaient l’Eglise sous l’autorité directe de Christ. Les dirigeants étaient organiques (inhérents à la structure de l’Eglise), sans titre ; c’est par leur service et leur maturité spirituelle qu’on les reconnaissait plutôt que par un titre ou un poste. Parmi le troupeau se trouvaient les anciens (bergers ou surveillants). Ces hommes avaient tous le même statut. Il n’y avait aucune hiérarchie parmi eux. 15 Des ouvriers qui implantaient des Eglises mais ne faisaient pas partie de l’Eglise locale étaient aussi présents. On les appelait les « envoyés » ou les apôtres Mais ils n’occupaient pas une résidence dans les Eglises dont ils s’occupaient. Ils ne les contrôlaient pas non plus.16 Le vocabulaire qui traite de la direction dans le Nouveau Testament ne mentionne jamais une structure pyramidale. On y trouve plutôt un langage de relations horizontales impliquant une attitude exemplaire.17 Les autorités de l’Eglise ont commencé à formaliser le moment de la mort des ouvriers apostoliques itinérants (implanteurs d’Eglises). A la fin du 1er siècle et au début du IIème siècle, les anciens de l’Eglise locale ont commencé à émerger en tant que résidents « succédant » à l’unique rôle d’autorité joué par les ouvriers apostoliques. Cela a donné naissance à une seule figure dirigeante dans chaque Eglise.18 Sans l’influence des ouvriers (extérieurs à l’Eglise locale) qui avaient pour guide les apôtres du Nouveau Testament, l’Eglise a commencé à dériver vers les modèles d’organisation de sa culture environnante.19 Ignace d’Antioche (35–107) fut un instrument de ce changement en étant le premier personnage de l’histoire de l’Eglise à suivre la pente glissante menant à un seul dirigeant dans l’Eglise. On peut tracer jusqu’à lui l’origine du pasteur. On désigna alors du nom d’évêque l’ancien mis à l’honneur. Toutes les responsabilités appartenant au collège des anciens furent exercées par l’évêque.20 En 107 après J.C, Ignace écrivit une série de lettres alors qu’il se rendait à Rome pour subir le martyr. Sur ces sept lettres, six font entendre la même note. Elles ont exalté l’autorité et l’importance de la fonction épiscopale.21 D’après Ignace, l’évêque détenait le pouvoir ultime et on devait impérativement lui obéir. Considérez les extraits suivants de ses lettres : « Nous devons donc tout simplement considérer l’évêque comme le Seigneur lui-même... Vous suivez tous l’évêque comme Jésus suit le Père. Quel que soit l’endroit où apparaîtra l’évêque, le peuple y sera ; tout comme Jésus peut y être… Il est illicite de baptiser, ni de tenir une agape sans l'évêque mais tout ce qu’il approuvera plaira aussi 108


à Dieu. Il est bon de reconnaître Dieu et l’évêque. Celui qui honore l’évêque est honoré de Dieu… Ne faites rien sans l’évêque… Ainsi donc, comme le Seigneur ne faisait rien sans le Père, étant uni à lui, soit par lui-même, soit par les Apôtres, ne faites rien non plus sans l’évêque et sans les anciens. Vous devriez considérer votre évêque comme un archétype du Père. »22 Pour Ignace, l’évêque remplaçait Dieu alors que les presbytres ou anciens remplaçaient les douze apôtres.23 Il appartenait uniquement à l’évêque de célébrer le repas du Seigneur, de conduire les baptêmes, donner des conseils, discipliner les membres de l’Eglise, approuver les mariages et prêcher les sermons.24 Les anciens s’asseyaient avec l’évêque au repas du Seigneur. Mais c’était l’évêque qui le présidait. Il avait la charge de diriger les prières publiques et le ministère.25 C’est uniquement dans les cas les plus extrêmes qu’un laïc pouvait prendre le repas du Seigneur en l’absence de l’évêque.26 Car, disait Ignace, l’évêque doit « présider » sur les éléments et les distribuer. Dans l’esprit d’Ignace, l’évêque était le remède pour chasser les fausses doctrines et établir l’unité de l’Eglise.27 Ignace croyait que si l’Eglise survivait aux attaques de l’hérésie, elle devait développer une structure de pouvoir rigide, modelée d’après la structure politique centralisée de Rome.28 La règle d’un évêque unique allait sauver l’Eglise de l’hérésie et des querelles internes.29 Historiquement, ce concept est connu comme le « mono-épiscopat » ou « l’épiscopat monarchique. » C’est le type d’organisation où l’évêque se distingue des anciens (le presbytérat) et se situe à un niveau supérieur. A l’époque d’Ignace, la règle de l’évêque unique n’avait pas marché dans d’autres régions.30 Mais dès le milieu du deuxième siècle, ce modèle fut fermement établi dans la plupart des Eglises.31 Dès la fin du troisième siècle, il prédominait partout.32 L’évêque a fini par devenir le principal administrateur et le distributeur de la richesse de l’Eglise.33 Il avait la responsabilité d’enseigner la foi et il savait tout sur le christianisme.34 La congrégation, autrefois active, était maintenant rendue sourde et muette. Les saints se contentaient de regarder l’évêque agir. En réalité, l’évêque est devenu l’unique pasteur de l’Eglise.35—le professionnel de l’adoration commune.36 Il était considéré comme le porte-parole et le chef de la congrégation ainsi que celui qui contrôlait toutes les activités de l’Eglise. Bref, il était le précurseur du pasteur contemporain. Du presbytère au prêtre Clément de Rome, qui est mort aux environs de 100, fut le premier écrivain chrétien à faire une distinction entre les dirigeants chrétiens et les simples chrétiens au niveau de leur statut. Il fut le premier à employer le mot laïc pour les distinguer 109


des ministres du culte.37 Clément argumentait que l’ordre des prêtres (sacrificateurs) dans le Nouveau Testament devait trouver son accomplissement dans l’Eglise chrétienne.38 Tertullien fut le premier écrivain à employer le mot clergé pour parler d’une classe séparée de chrétiens.39 Tertullien, tout comme Clément, popularisèrent le mot clergé dans leurs écrits.40 D’autre part, le Nouveau Testament, n’emploie jamais les termes clergé et laïc et ne soutient pas le concept qu’il y a ceux qui exercent le ministère (le clergé) et ceux envers qui on exerce un ministère (les laïcs).41 Ainsi, ce que nous avons chez Tertullien et les deux Cléments est en franche rupture avec la mentalité chrétienne du premier siècle où tous les croyants partageaient le même statut. Dès la moitié du IIIème siècle, l’autorité de l’évêque s’était durcie dans un poste fixe.42 Puis Cyprien de Carthage est apparu, favorisant cet impact. Cyprien était un ancien orateur païen et un professeur de rhétorique.43 Une fois chrétien, il est devenu un écrivain prolifique. Cependant, il n’a jamais abandonné certaines de ses idées païennes. Sous l’influence de Cyprien, la porte fut ouverte pour ressusciter l’économie de l’Ancien Testament avec ses prêtres, ses temples, ses autels et ses sacrifices.44 On a commencé à donner aux évêques le nom de prêtres,45 coutume qui s’est banalisée dès le IIIème siècle.46 A l’occasion, on leur donnait aussi le nom de pasteurs.47Au troisième siècle, chaque Eglise avait son propre évêque.48 A cette époque, les évêques dirigeaient essentiellement les Eglises locales. (Ils n’étaient pas des surintendants diocésains comme ils le sont de nos jours dans le catholicisme romain.) Et les évêques ainsi que les presbytres ont commencé à être appelés « le clergé ».49 L’origine de la doctrine anti-scripturaire de la « couverture spirituelle » peut également être attribuée à Cyprien.50 Cyprien enseignait que l’évêque n’avait pas d’autre supérieur que Dieu. C’est à Dieu seul qu’il devait rendre compte. Quiconque se séparait de l’évêque se séparait lui-même de Dieu. 51 Cyprien enseignait également qu’une portion du troupeau du Seigneur était assignée à chaque berger en particulier (évêque).52 Après le concile de Nicée (325), les évêques ont commencé à déléguer aux presbytres la responsabilité du repas du Seigneur.53 Les presbytres représentaient un peu plus que les adjoints de l’évêque exerçant son autorité dans ses Eglises. Parce que les presbytres étaient ceux qui administraient le repas du Seigneur, on a commencé à les appeler prêtres (sacrificateurs). 54 Plus saisissant encore, on en est arrivé à considérer l’évêque comme le grand-prêtre (le souverain sacrificateur) qui pouvait pardonner les péchés! 55 Tous ces courants ont obscurci la réalité du Nouveau Testament que tous les croyants sont des sacrificateurs (prêtres) pour Dieu. Dès le IVème siècle, cette hiérarchie à différents degrés dominait la foi chrétienne.56 La caste du clergé fut alors cimentée. A la tête de l’Eglise se trouvait l’évêque. Sous ses ordres, se trouvait le collège des presbytres. En-dessous d’eux se 110


trouvaient les diacres.57 Et en-dessous de tous ceux-là, il y avait les laïcs. La règle de l’évêque unique est devenue la forme acceptée du gouvernement de l’Eglise à travers l’Empire Romain. (Pendant ce temps, d’autres Eglises ont commencé à exercer l’autorité sur d’autres Eglises (élargissant ainsi la structure hiérarchique).58 Dès la fin du IVème siècle, les évêques côtoyaient les grands. Comme indiqué dans le chapitre 2, Constantin fut le premier à leur donner d’énormes privilèges. Ils ont commencé à s’impliquer en politique, ce qui les a séparés des presbytres.59 Dans ses tentatives pour renforcer la fonction d’évêque, Cyprien a donné l’argument d’une succession ininterrompue d’évêques qui remontait jusqu’à Pierre.60 On appelle ce concept la succession apostolique.61 Tout au long de ses écrits, Cyprien a employé le langage officiel des sacrificateurs de l’Ancien Testament pour justifier cette pratique.62 Comme Tertullien, (160–225) et Hippolyte (170–236) avant lui, Cyprien a employé le terme sacerdoce pour décrire les presbytres et les évêques.63 Mais il est allé encore plus loin. Introuvable dans le Nouveau Testament, le concept du sacerdotalisme, qui est la croyance de l’existence d’une personne divinement désignée pour servir de médiateur entre Dieu et les hommes, émane de Cyprien. Ses arguments étaient les suivants : puisque les membres du clergé sont des prêtres offrant le saint sacrifice, (l’Eucharistie), ils étaient sacro-saints eux-mêmes. 64 On peut aussi attribuer à Cyprien la notion suivante : quand le prêtre offrait l’Eucharistie, il offrait en réalité la mort de Christ au nom de la congrégation.65 Selon Cyprien, le corps et le sang de Christ sont sacrifiés une fois de plus à travers l’Eucharistie.66 Résultat: on trouve chez Cyprien les graines de la messe catholique médiévale.67 Cette idée a élargi le fossé entre le clergé et les laïcs. Elle a aussi créé une dépendance malsaine des laïcs par rapport au clergé. Le rôle du prêtre Jusqu’au Moyen-âge, les presbytres (qu’on appelle communément « prêtres » à l’heure actuelle) jouaient le second violon pour l’évêque. Mais au cours du Moyen-âge, il y eut un changement. Les presbytres ont commencé à représenter la prêtrise tandis que les évêques étaient occupés aux tâches politiques.68 Les prêtres de la paroisse (locaux) sont devenus davantage le centre de la vie de l’Eglise que l’évêque.69 Le prêtre s’est alors mis à la place de Dieu et a contrôlé les sacrements. Comme le latin devenait la langue commune au milieu du quatrième siècle, le prêtre invoquait les mots : hoc est corpus meum. Ces mots latins signifient : « Ceci est mon corps.». Par ces paroles, le prêtre est devenu le superviseur des évènements mystérieux qui, croyait-on, s’étaient déroulés au cours de la messe catholique. On peut attribuer à Ambroise de Milan l’idée que, par le simple fait de prononcer hoc est 111


corpus meum, le pain et le vin devenaient surnaturellement le corps physique et le sang du Seigneur.70 Les mots hocus pocus dans les tours de magie viennent de la phrase hoc est corpus meum.) Selon Ambroise, le prêtre était doté de pouvoirs spéciaux pour faire descendre Dieu du ciel pour transformer le pain. A cause de cette fonction sacramentelle, le mot presbyteros a fini par signifier « sacerdos » (prêtre). Par conséquent, quand le mot latin presbyter (presbytre) est entré dans le français médiéval, il signifiait « prêtre» plutôt qu’« ancien »71 Ainsi, dans l’Eglise catholique romaine, le mot prêtre était le terme couramment employé pour parler du presbytre local. L’influence de la culture gréco-romaine La culture gréco-romaine qui environnait les premiers chrétiens a renforcé la hiérarchie qui infiltrait lentement l’Eglise. La culture gréco-romaine était hiérarchique par nature. Cette influence s’est infiltrée dans l’Eglise quand les nouveaux convertis ont amené leur bagage culturel dans la communauté des croyants.72 La hiérarchie humaine et le ministère « officiel » ont institutionnalisé l’Eglise de Jésus-Christ. Dès le IVème siècle, ces éléments ont durci les artères de l’Eglise de Dieu, autrefois vivante et pleine de souffle (à l’intérieur de laquelle le ministère était fonctionnel, conduit par l’Esprit, organique et partagé par tous les croyants.) Dès le Vème siècle, le concept de la prêtrise de tous les croyants avait complètement disparu des pratiques chrétiennes. L’accès à Dieu était dorénavant contrôlé par la caste du clergé. Le célibat du clergé commença à être renforcé. La communion peu fréquente devenait une habitude régulière chez les soi-disant laïcs. Les bâtiments d’Eglise étaient à présent voilés de fumée d’encens. Les prières du clergé étaient dites en secret. Et l’écran, profondément significatif même s’il était petit, qui séparait le clergé des laïcs, avait été introduit. Le rôle de l’évêque était également en train de changer. Il ne servait plus à la tête d’une Eglise locale mais il était promu, devenant le représentant de chacun dans une région donnée.73 Les évêques gouvernaient les Eglises tout comme les gouverneurs romains gouvernaient leurs provinces.74 Finalement, l’évêque de Rome reçut l’autorité suprême en prenant la fonction de pape.75 Constantin et la hiérarchie romaine La structure d’une direction hiérarchique est d’abord apparue dans l’ancienne Egypte, à Babylone et en Perse.76 Elle fut ensuite exportée dans la culture gréco-romaine où elle fut perfectionnée.

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L’historien D. C. Trueman écrit: « Les Perses ont apporté deux contributions notoires au monde ancien : l’organisation de leur Empire et leur religion. Ces deux contributions eurent une influence considérable sur notre monde occidental. Alexandre le Grand hérita du système de l’administration impériale qui fut adopté par l’Empire romain et finalement transmis à l’Europe moderne. »77 La société dans laquelle le christianisme se répandait était alors dominée par un seul homme : l’empereur. Peu après le commencement du règne de Constantin au début du IVème siècle, l’Eglise devint une société à part entière, directive, avec une organisation hiérarchique. 78 Edwin Hatch écrit « Les Eglises chrétiennes, dans leur grande majorité, se sont alignées sur l’Empire Romain. » Cela ne se rapportait pas seulement à la hiérarchie adoptée dans la structure de direction, mais encore à la manière dont l’Eglise se répartissait en gradations de diocèses, provinces et municipalités, tous contrôlés par un système de gouvernement directif. « L’organisation des Eglises chrétiennes se développa de manière graduelle, » ajoute Hatch, « [et] les éléments qui composaient cette organisation existaient déjà dans la société. »79 Will Durant note la même chose, en faisant observer que le christianisme « a pris de l’ampleur en absorbant des croyances et des rituels païens; il est devenu une Eglise triomphante en héritant des modèles d’organisation de Rome ainsi que de son génie. Comme la Judée avait donné au christianisme l’éthique, et la Grèce lui avait donné la théologie, ainsi Rome lui avait alors donné l’organisation; toutes ces choses accompagnées d’une douzaine de croyances assimilées et rivales, sont entrées dans la synthèse chrétienne. »80 Dès le IVème siècle, l’Eglise a suivi l’exemple de l’empire romain. L’empereur Constantin a organisé l’Eglise en diocèses selon le modèle des districts régionaux romains. (Le mot diocèse était un terme séculier qui se rapportait à des unités administratives plus étendues de l’Empire romain.) Plus tard, le pape Grégoire a façonné le ministère de toute l’Eglise d’après la loi romaine.81 Durant ajoute: «Quand le christianisme a fait la conquête de Rome, la structure ecclésiastique de l’Eglise païenne, le titre et les vêtements du souverain pontife…ainsi que la pompe des cérémonies immémoriales, ont été transmis comme le sang maternel dans la nouvelle religion, et la Rome captive a capturé son conquérant ».82 Tout ceci était en flagrant désaccord avec les voies de Dieu pour son Eglise. Quand Jésus est entré dans le théâtre de l’histoire de l’humanité, il a anéanti l’image des professionnels de la religion aussi bien que la façon hiérarchique de diriger.83 Comme l’Eglise primitive était une extension de la nature et de la mission de Christ, elle fut le premier mouvement de l’histoire à être « conduit par des laïcs ». Mais à la mort des apôtres et des hommes qu’ils avaient formés, les choses ont commencé à changer.84 113


A partir de ce moment- là, l’Eglise de Jésus-Christ a dérivé en prenant comme modèle d’organisation d’Eglise les sociétés dans lesquelles elle avait été placée [même si Notre Seigneur avait prévenu qu’il mettait en place une nouvelle société au caractère unique]. (Matthieu 23:8-11 et Marc 10:42.) En flagrant contraste avec les dispositions de l’Ancien Testament faites au Mont Sinaï, ni Jésus ni Paul n’ont fixé de modèle d’organisation pour la nouvelle Israël. Constantin et la glorification du clergé De 313 à 325 après J-C, le christianisme n’était plus une religion en difficulté essayant de survivre au gouvernement romain. Il jouissait de la faveur de l’impérialisme ; il roulait sur l’or et avait un statut. 85 Etre chrétien sous le règne de Constantin n’était plus un handicap. C’était un avantage. Devenir membre de la religion de l’empereur était à la mode. Et être membre du clergé avait pour résultat les plus grands avantages.86 Les ecclésiastiques recevaient les mêmes honneurs que les plus éminents membres officiels de l’Empire romain et même l’empereur en personne.87 En fait, Constantin a donné aux évêques de Rome plus de pouvoir qu’aux gouverneurs romains.88 Il a aussi ordonné que le clergé reçoive des appointements annuels fixes (salaire ministériel)! En 313, il a exempté d’impôts le clergé chrétien (chose dont avaient traditionnellement bénéficié les prêtres païens.89) Il les a aussi exemptés de services publics obligatoires et autres devoirs civiques.90 Ils étaient dispensés de passer en justice devant des cours laïques et exempts du service militaire.91 (On ne pouvait traîner les évêques en justice que devant une cour d’évêque, pas devant des tribunaux ordinaires.)92 Dans tous ces domaines, le clergé recevait un statut spécial. Constantin fut le premier à employer les mots clérical et ecclésiastique pour dépeindre une classe sociale plus élevée.93 Il estimait également que le clergé chrétien méritait les mêmes privilèges que les membres officiels du gouvernement. Du coup, les évêques siégeaient en jugement comme les juges laïques.94 Le résultat final était alarmant : Le clergé avait le prestige des titulaires d’une charge dans l’Eglise, les privilèges d’une classe favorisée et le pouvoir d’une élite fortunée. Ses membres étaient devenus une classe isolée, avec un état civil et un mode de vie à part. (Entre autres, le célibat des membres du clergé.)95 Même leur tenue vestimentaire et leur apparence se distinguaient de celles des gens ordinaires.96 Les évêques et les prêtres se rasaient la tête. Cette pratique, qu’on appelle la tonsure, s’inspire de la vieille cérémonie romaine de l’adoption. Tous ceux qui avaient la tête rasée se faisaient appeler clercs ou membres du clergé.97 Ils commencèrent aussi à porter les vêtements des officiels romains. (Voir chapitre 6.) 114


Pas étonnant qu’autant de gens aient brusquement ressenti un « appel au ministère »98, à l’époque de Constantin. Dans leur esprit, avoir une charge dans l’Eglise était devenu davantage une carrière qu’un appel.99 Une fausse dichotomie Sous Constantin, le christianisme fut à la fois reconnu et honoré par l’état, ce qui a rendu floue la ligne de démarcation entre l’Eglise et le monde. La foi chrétienne n’était plus une religion minoritaire. Elle était au contraire protégée par les empereurs. Par conséquent, les Eglises ont grandi rapidement (puisqu’un grand nombre de personnes aux conversions contestables ont commencé à les rejoindre). De telles personnes ont amené dans les Eglises une grande variété d’idées païennes. Selon les dires de Will Durant: « Alors que le christianisme convertissait le monde, le monde convertissait le christianisme et exhibait le paganisme naturel de l’humanité. »100 Comme on l’a vu au chapitre 3, les pratiques des religions occultes commencèrent à être employées dans l’adoration de l’Eglise. Et la notion païenne de dichotomie entre le sacré et le profane s’est frayé un chemin dans la mentalité chrétienne.101On peut légitimement dire que la distinction de classe entre le clergé et les laïcs a pris de l’ampleur à cause de cette dichotomie même. La vie chrétienne était alors divisée en deux parties : séculier et spirituel—sacré et profane. A partir du IIIème siècle, le fossé entre le clergé et les laïcs s’est creusé jusqu’au point de non-retour.102 Les ecclésiastiques étaient les dirigeants diplômés de l’Eglise—les gardiens de l’orthodoxie-les gouverneurs et les dirigeants du peuple. Ils possédaient des dons et des grâces non disponibles au commun des mortels. Les laïcs étaient des chrétiens de second rang, sans formation. Le grand théologien Karl Barth a dit à juste titre: « Le terme « laïcs » est un des pires du vocabulaire de la religion et il devrait être banni des conversations entre chrétiens. 103 Cette fausse dichotomie a mené à cette idée profondément erronée qu’il y a des professions sacrées (« un appel au ministère ») et des professions ordinaires (un appel à une vocation de ce monde).104 L’historien Philip Schaff montre bien que ces facteurs créent « la laïcisation de l’Eglise » où le « pur ruisseau du christianisme » s’est pollué.105 Notez bien que cette dichotomie erronée subsiste encore dans les esprits de beaucoup de croyants de nos jours. Mais c’est un concept païen; ce n’est pas un concept chrétien. Il rompt avec la réalité du Nouveau Testament que la vie de tous les jours est sanctifiée par Dieu.106 Ce changement de mentalité a été accompagné d’un nouveau vocabulaire. Les chrétiens ont commencé à adopter le vocabulaire des cultes païens. Le titre pontifex (pontife, titre païen) est devenu un terme courant pour le clergé chrétien au IVème siècle. Idem pour « Maître des cérémonies » et «Grand Maître de la Loge. »107 115


Tout cela a renforcé la mystique des membres du clergé en tant que gardiens des mystères de Dieu.108 Bref, entre la fin du IVème siècle et le Vème, le clergé était devenu une caste sacerdotale : une élite spirituelle d’« hommes saints. »109 Cela nous mène au sujet épineux de l’ordination. La tromperie de l’ordination Au IVème siècle, la théologie et le ministère étaient le domaine exclusif des prêtres. Le travail et la guerre étaient le domaine des laïcs. Quel était le rite de passage dans le royaume sacré des prêtres ? L’ordination.110 Avant d’examiner les racines historiques de l’ordination, considérons comment la direction fut reconnue dans l’Eglise primitive. Après avoir commencé une Eglise, les ouvriers apostoliques (pionniers d’Eglise) du 1er siècle rendaient à nouveau visite à ce groupe après un certain temps. Dans certaines de ces Eglises, les ouvriers reconnaissaient publiquement les anciens. Dans tous les cas, les anciens étaient déjà « en place » avant d’être publiquement approuvés.111 C’est avec le temps que les anciens émergeaient naturellement dans une Eglise. Ils n’étaient pas affectés à un poste à l’extérieur.112 Au contraire, ils étaient reconnus en vertu de leur ancienneté et des services spirituels rendus à l’Eglise. Selon le Nouveau Testament, reconnaître les dons de certains membres est quelque chose d’instinctif et d’organique.113 Chaque croyant a le discernement de reconnaître ceux qui, au sein de leur Eglise, ont le don de s’acquitter de différents ministères. Fait remarquable, il n’y a que trois passages dans le Nouveau Testament qui mentionnent une reconnaissance publique des anciens. Des anciens ont été nommés dans des Eglises en Galatie. (Actes14:23). Paul a chargé Timothée de désigner des anciens à Ephèse (1 Timothée3:1ss.) Il a aussi demandé à Tite de les reconnaître dans les Eglises en Crète. (Tite 1:5.) Le mot désigner, dans ces passages, ne signifie pas placer à un poste.114 Il contient plutôt l’idée d’approuver, d’affirmer et de mettre en avant ce qui se passait déjà.115 Il véhicule aussi la notion de bénédiction.116 La reconnaissance publique des anciens et d’autres ministères s’accompagnait habituellement de l’imposition des mains par des ouvriers apostoliques. (Si les ouvriers avaient été envoyés au dehors, elle se faisait par l’Eglise ou les anciens.)117 Au 1er siècle, l’imposition des mains signifiait simplement l’approbation ou l’affirmation d’une fonction ; elle n’installait pas quelqu’un à un poste et ne donnait pas un statut spécial, ce que, malheureusement, elle a fini par signifier à la fin du IIème siècle et au début du IIIème siècle.118 Au cours du IIIème siècle, l’ordination prit une toute autre signification. Elle était un rite chrétien formalisé.119 Dès le quatrième siècle, la cérémonie de 116


l’ordination fut embellie de vêtements symboliques et d’un rituel solennel.120 L’ordination produisit une caste ecclésiastique qui usurpa le sacerdoce des croyants. A votre avis, quel a été le modèle d’ordination des chrétiens ? Leur cérémonie a pris pour modèle la coutume romaine de désigner des hommes à une fonction publique. Toute la procédure, dans ses moindres termes, provenait directement de l’administration romaine !121 Dès le IVème siècle, les termes employés pour une nomination à un poste chez les Romains et pour une ordination chrétienne devinrent synonymes.122 Quand Constantin a fait du christianisme la religion de son choix, les structures de direction d’Eglise étaient soutenues par une approbation politique. Les formes de sacerdoce de l’Ancien Testament se combinaient à la hiérarchie grecque.123 Malheureusement, l’Eglise s’est sentie en sécurité dans cette nouvelle forme, tout comme elle l’est de nos jours. On a vite considéré l’ordination comme un rite qui avait pour effet une position irrévocable.124 Augustin a enseigné que l’ordination appose sur le prêtre une « réelle empreinte indélébile » qui lui donne le pouvoir d’accomplir ses fonctions sacerdotales.125 Alors, on a fini par comprendre que l’ordination chrétienne est ce qui constitue la différence essentielle entre le clergé et les laïcs. A travers elle, le clergé avait le pouvoir d’administrer les sacrements. On pensait que le prêtre accomplissant ce service divin, devait être le plus parfait et le plus saint de tous les chrétiens.126 Grégoire de Nazianze (329–389) et Chrysostome tenaient ceux qui exerçaient le sacerdoce en tellement haute estime que cela constituait un danger pour le clergé s’ils ne vivaient pas en accord avec la sainteté de leur service.127 Aux yeux de Chrysostome, le prêtre était comme un ange. Il n’était pas fait de la même étoffe fragile que le reste des hommes.128 Comment le prêtre allait-il vivre dans un tel état de pure sainteté? Comment allait-il être digne de servir dans le « chœur des anges »? La réponse était l’ordination. A travers l’ordination, le flot des grâces divines se déversait sur le prêtre, faisant de lui un ustensile utile pour Dieu. Cette idée, qu’on appelle également « la dotation du sacerdoce » apparaît pour la première fois dans les écrits de Grégoire de Nysse (330–395). Grégoire argumentait que « de manière invisible mais réelle, l’ordination fait du prêtre un homme différent et meilleur, » en l’élevant bien au-dessus des laïcs.129 « La même puissance de ce mot, écrit Grégoire, « rend le prêtre vénérable et honorable, séparé…Alors qu’hier, il se fondait dans la masse, faisant partie du peuple, il devient subitement un guide, un président, un enseignant de la justice, un instructeur des mystères cachés. »130 Ecoutez ces paroles d’un document du IVème siècle : « L’évêque est le ministre de la Parole, le gardien de la connaissance, le médiateur entre Dieu et vous 117


dans différentes parts de votre adoration divine. . Il est votre dirigeant et votre gouverneur…Tout de suite après Dieu, il est votre Dieu terrestre, qui a le droit d’être honoré par vous... »131 Les prêtres ont finis par être identifiés comme les « vicaires de Dieu sur la terre ». Afin de se distinguer encore davantage des autres personnes, les prêtres n’avaient pas le même mode de vie que les laïcs et ils s’habillaient différemment.132 Malheureusement, ce concept de l’ordination n’a jamais quitté la foi chrétienne. Il est bel et bien présent dans le christianisme contemporain. En fait, si vous cherchez pourquoi et comment le pasteur de notre époque a fini par être exalté comme un « saint homme de Dieu », en voici l’origine. Eduard Schweizer, dans son ouvrage classique Church Order in the New Testament, argumente que Paul ignorait tout d’une ordination qui confère des pouvoirs ministériels ou cléricaux à un chrétien.133 Les bergers du 1er siècle (anciens, surveillants) n’ont jamais reçu quelque chose qui ressemble à une ordination moderne. On ne les plaçait pas au-dessus du reste du troupeau. C’était eux qui servaient parmi eux. (Voir Actes 20:28 et 1 Pierre 5:2-3). Les anciens du 1er siècle étaient simplement reconnus publiquement par des ouvriers venant de l’extérieur comme étant ceux qui prenaient soin de l’Eglise. Une telle admission était simplement la reconnaissance d’une fonction. Elle ne conférait pas de pouvoirs spéciaux. On ne détenait pas non plus ce poste de manière permanente, comme le croyait Augustin. La pratique contemporaine de l’ordination crée une caste spéciale de chrétien. Que ce soit le prêtre dans le catholicisme ou le pasteur dans le protestantisme, le résultat est le même : le ministère le plus important est réduit à quelques croyants « spécifiques ». Un tel concept fait des ravages car il n’est pas scripturaire. Dans le Nouveau Testament, jamais on ne réserve la prédication, le baptême, ou la distribution de la Sainte Cène uniquement à ceux qui ont reçu « l’ordination ». C’est l’éminent exégète James D. G. Dunn qui l’a exprimé le mieux en disant que la tradition concernant le clergé et les laïcs a davantage miné l’autorité du Nouveau Testament que la plupart des hérésies.134 Puisqu’on ne pouvait occuper une fonction dans l’Eglise qu’à travers le rite de l’ordination, le pouvoir de donner l’ordination était devenu crucial pour détenir l’autorité religieuse. Le contexte biblique était jeté aux oubliettes. Et l’on employait les méthodes de la preuve par le texte (biblique) pour justifier la hiérarchie clergé/laïcs. L’exemple le plus connu est celui du passage de Mathieu 16, utilisé de bonne heure par les catholiques pour justifier la création d’un système papal et la doctrine de la succession apostolique. Résultat : des croyants ordinaires, généralement sans éducation et ignorants, étaient à la merci d’un clergé professionnel.135

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La Réforme Les réformateurs du XVIème siècle ont vivement remis en question la prêtrise catholique. Ils ont attaqué l’idée que le prêtre avait des pouvoirs spéciaux pour changer le vin en sang. Ils ont rejeté la succession apostolique. Ils ont encouragé les membres du clergé à se marier. Ils ont révisé la liturgie pour permettre à la congrégation de participer davantage. Ils ont aussi aboli la fonction d’évêque et réduit celle du prêtre en la ramenant à un rôle de presbytre.136 Mais malheureusement, les Réformateurs ont directement transféré dans le mouvement protestant la distinction clergé/laïc faite par les catholiques. Ils ont aussi maintenu le concept de l’ordination institué par les catholiques.137 Même s’ils avaient aboli la fonction d’évêque, ils avaient ressuscité la règle de l’évêque unique en la revêtant d’un nouvel habit. Le cri de ralliement de la Réforme était la restauration du sacerdoce de tous les croyants. Mais cette restauration n’était que partielle. Luther, Calvin, et Zwingli ont soutenu le sacerdoce des croyants concernant notre relation personnelle avec Dieu. Ils ont enseigné avec justesse que chaque chrétien avait un accès direct à Dieu sans l’aide d’un médiateur humain. C’était une restauration merveilleuse. Mais elle ne s’était faite que d’un côté. Voici ce que les Réformateurs n’ont pas fait : ils n’ont pas regagné la dimension sociale du sacerdoce des croyants. Ils ont restauré la doctrine du sacerdoce des croyants relative à la sotériologie (c’est à dire en liaison avec le salut.) Mais ils n’ont pas restauré la dimension sociale du sacerdoce des croyants relative à l’ecclésiologie (c’est à dire en liaison avec l’Eglise.)138 Autrement dit, les Réformateurs n’ont récupéré que le sacerdoce du croyant (au singulier). Ils nous ont rappelé que chaque chrétien a immédiatement un accès personnel à Dieu. Même si c’est merveilleux, ils n’ont cependant pas reconquis le sacerdoce de tous les croyants (pluriel collectif). Chaque chrétien, et c’est une vérité bénie, fait partie d’un clan à l’intérieur duquel on se partage la parole de Dieu. (Ce sont les anabaptistes qui ont recouvré cette pratique. Hélas ! C’est en partie à cause de ce recouvrement que les protestants et les catholiques ont rougi leurs épées du sang des anabaptistes.)139 Tout en s’opposant au pape et à sa hiérarchie religieuse, les Réformateurs, continuaient à maintenir le point de vue étroit dont ils avaient hérité, concernant le ministère. Ils pensaient que le « ministère » était une institution cloîtrée dans la minorité de ceux qui « avaient la vocation » et qui « avaient reçu l’ordination. »140 Ainsi les Réformateurs continuaient à soutenir la séparation entre le clergé et les laïcs. C’est seulement en théorie qu’ils déclaraient que tous les croyants étaient des prêtres et des ministres. Dans la pratique, ils le niaient. Ainsi une fois la fumée dissipée suite à la Réforme, on a fini avec la même chose que les catholiques nous avaient donnée: un sacerdoce sélectif! 119


Luther soutenait que ceux qui prêchaient avaient besoin d’une formation spéciale. Les réformateurs, à l’instar des catholiques croyaient que seul le « ministre ayant reçu l’ordination » pouvait prêcher, baptiser, et administrer le repas du Seigneur.141 Par conséquent, l’ordination donnait au ministre une aura spéciale de faveur divine qu’on ne pouvait pas remettre en question. Tragiquement, Luther et les autres réformateurs ont violemment dénoncé les anabaptistes parce qu’ils faisaient participer chaque membre de l’Eglise.142 Les anabaptistes croyaient que chaque chrétien avait le droit de se lever et de parler au cours d’une réunion. Cette pratique n’était pas réservée au clergé. Luther y était si opposé qu’il disait qu’elle venait « du fond de l’enfer » et que ceux qui en étaient coupables devaient être mis à mort.143 Bref, les réformateurs retenaient l’idée que l’ordination était la clé pour avoir du pouvoir dans l’Eglise. Le ministre ayant reçu l’ordination avait le devoir de communiquer la révélation de Dieu à son peuple.144 Et on le payait pour ce rôle. Tout comme le prêtre catholique, le ministre (pasteur) réformé était considéré par l’Eglise comme « l’homme de Dieu » —le médiateur payé entre Dieu et son peuple.145 Il n’était pas un médiateur pour pardonner les péchés, mais un médiateur pour communiquer la volonté divine.146 C’est ainsi que dans le protestantisme, un vieux problème a pris une nouvelle forme. Le jargon avait changé mais le poison était resté. Au XXVIIème siècle, les écrivains puritains John Owen (1616-1683) and Thomas Goodwin (1600-1680), de même que Luther et Calvin, considéraient le ministère pastoral comme un poste permanent dans la maison de Dieu. Owen et Goodwin amenèrent les Puritains à centrer toute l’autorité sur le rôle pastoral. Selon eux, le pasteur reçoit « le pouvoir des clés ». Lui seul est ordonné pour prêcher, administrer les sacrements,147 lire les Ecritures en public,148 et apprendre les langues bibliques originales aussi bien que la logique et la philosophie. Les Réformateurs, tout comme les Puritains soutenaient que les ministres de Dieu devaient être des professionnels compétents. Les pasteurs devaient donc avoir une formation universitaire étendue pour accomplir leur fonction.149 Du prêtre au pasteur Jean Calvin n’aimait pas employer le mot prêtre pour parler des ministres (du culte).150 Il lui préférait le terme pasteur.151 Selon Calvin, pasteur était le terme le plus fort qu’on pouvait employer pour le ministère. Il l’aimait parce que la Bible faisait référence à Jésus comme étant « le grand pasteur des brebis » (Hébreux 13:20).152 L’ironie de la chose, c’est que Calvin croyait restaurer l’évêque du Nouveau Testament en la personne du pasteur (episkopos)!153 Luther n’aimait pas non plus employer le mot prêtre pour définir les nouveaux ministres protestants. Il a écrit : « On ne peut pas et on ne doit pas donner 120


le nom de prêtre à ceux qui sont en charge de la Parole et des sacrements parmi le peuple. On les a appelés prêtres soit à cause de la coutume des prêtres païens, soit parce que c’est un vestige de la nation juive. Le résultat est une injure pour l’Eglise.»154 Alors, il a également adopté les termes de prédicateur, ministre et pasteur pour parler de cette nouvelle fonction. Zwingli et Martin Bucer ont également favorisé le mot pasteur. Ils ont écrit des traités à ce propos.155 Résultat – le terme a commencé à se répandre dans les Eglises de la Réforme.156 Cependant, comme la prédication était leur obsession, c’est le terme de prédicateur qui avait la préférence des réformés pour parler d’un ministre. Et c’est ainsi que les gens du peuple les appelaient généralement.157 Ce n’est qu’au XVIIIème siècle que le terme pasteur est devenu courant, éclipsant les mots prédicateur et ministre.158 Cette influence vient des piétistes luthériens. Depuis lors, le terme s’est répandu dans les grands courants du christianisme.159 Même ainsi, les Réformateurs considéraient que le pasteur était à la tête de l’Eglise. Pour Calvin, « la fonction pastorale est nécessaire pour préserver l’Eglise sur terre, d’une manière encore plus importante que ne le sont le soleil, le manger et le boire, pour nourrir et soutenir la vie présente. »160 Les réformateurs croyaient que le pasteur possédait une puissance et une autorité divine. Il ne parlait pas en son propre nom mais au nom de Dieu. Calvin a davantage renforcé la primauté du pasteur en traitant ceux qui méprisaient ou ridiculisaient le pasteur comme s’ils avaient commis de sérieuses offenses publiques.161 Cela ne devrait pas nous surprendre quand on réalise ce que Calvin a pris comme modèle pour son ministère. Il n’a pas pris l’Eglise des temps apostoliques. Au contraire, il a pris comme modèle la règle de l’évêque unique du IIème siècle.162 C’était vrai aussi pour les autres réformateurs.163 Voilà l’ironie: Jean Calvin a déploré que l’Eglise catholique romaine élabore ses pratiques à partir « d’inventions humaines » plutôt qu’à partir de la Bible.164 Mais Calvin a fait la même chose. A cet égard, les protestants sont tout aussi coupables que les catholiques. Les deux dénominations basent leurs pratiques sur la tradition humaine. Calvin a enseigné que la prédication de la parole de Dieu et la bonne administration des sacrements sont les marques d’une véritable Eglise.165 Selon lui, la prédication, le baptême, et l’Eucharistie devaient être pris en charge par le pasteur, pas par la congrégation.166 Pour tous les réformateurs, la principale fonction d’un ministre était la prédication. C’est dans la messe allemande de Luther que la place prééminente de la prédication se reflète le mieux : le dimanche, elle incluait trois services. A 5 ou 6 heures, on donnait un sermon sur l’épître du jour. Au cours du service principal, à 8 ou 9 heures, le ministre prêchait sur l’Evangile du jour. Aux vêpres de l’après-midi, le sermon était basé sur l’Ancien Testament.167 121


A l’image de Calvin, Luther a également élevé la fonction de pasteur ; il l’a également mise à part. Tout en argumentant que les clés du royaume appartenaient à tous les croyants, Luther limitait leur usage à ceux qui occupaient des postes dans l’Eglise.168 « Nous sommes tous prêtres » a dit Luther « en ce sens que nous sommes chrétiens, mais ceux que nous appelons prêtres sont des ministres sélectionnés du milieu de nous pour agir en notre nom, et leur sacerdoce est notre ministère. »169 C’était du sacerdotalisme, purement et simplement. Luther a rompu avec le camp catholique en ce qu’il a rejeté un sacerdoce de sacrifice. Mais à la place, il croyait que le ministère de la parole de Dieu appartenait à un ordre spécial.170 Les déclarations suivantes caractérisent l’exaltation que Luther faisait du pasteur : « Dieu parle par l’intermédiaire du pasteur.Un prédicateur chrétien est un ministre de Dieu mis à part, oui, c’est un ange de Dieu, un véritable évêque envoyé par Dieu, un sauveur pour beaucoup de gens, un roi et prince dans le royaume de Christ…Il n’y a rien de plus puissant et de plus noble sur la terre et dans cette vie qu’un fidèle et véritable pasteur ou prédicateur. »171 Luther a dit : « Il ne faut pas permettre à notre pasteur de prononcer de luimême les paroles de Christ comme s’il les prononçait en son nom; il est plutôt le porte-parole de chacun d’entre nous et nous les prononçons toutes avec lui dans nos cœurs. . . La bouche du pasteur est la bouche de Christ et c’est merveilleux ; il ne faudrait donc pas l’écouter comme s’il était un homme mais comme s’il était Dieu. »172 On peut entendre Ignace résonner en écho à travers ces paroles. De telles idées révèlent une mauvaise conception de l’Eglise. Pour Luther, l’Eglise était surtout un centre de prédication. « Les chrétiens, » disait Luther, « ne devraient jamais se réunir en assemblée sans prêcher la parole de Dieu et prier, même pour peu de temps. »173 Aux yeux de Luther, l’Eglise est juste un rassemblement de personnes qui écoutent la prédication. C’est pour cette raison qu’il appelait leur lieu de réunion « Mundhaus », mot allemand qui signifie littéralement une « maison de la bouche! »174 Il a également fait cette alarmante déclaration: « Les oreilles sont les seuls organes du chrétien. »175 Voilà les racines du protestantisme. La cure d’âme Calvin, Luther, et Bucer croyaient que les deux rôles clés du pasteur étaient la proclamation de la Parole (la prédication) et la célébration de l’eucharistie (la communion). Mais Calvin et Bucer y ont ajouté un troisième élément. Ils ont mis l’accent sur le fait que le pasteur avait le devoir de fournir soin et guérison à la congrégation.176 On appelle cela la « cure d’âme. » Bucer a écrit à ce propos un livre prééminent intitulé La vraie cure d’âme en 1538. L’origine de la « cure d’âme » remonte au IVème et au Vèmesiècle.177 On le trouve dans l’enseignement de Grégoire de Nazianze. Grégoire appelait l’évêque un « pasteur »- un physicien des âmes qui diagnostique les maladies de ses patients et prescrit soit un médicament soit le couteau.178 122


Les premiers disciples de Luther ont aussi pratiqué la cure d’âme.179 But à Genève chez Calvin, elle s’est érigée en forme d’art. On demandait à chaque pasteur et à un ancien de visiter les maisons des membres de l’assemblée. On observait aussi des visites régulières aux malades et aux prisonniers.180 Pour Calvin et Bucer, le pasteur n’était pas seulement un prédicateur et un dispensateur de sacrements. Il était « la cure d’âme » ou le « curé ». Il avait pour tâche d’apporter la guérison, les soins et la compassion au peuple de Dieu souffrant.181 Cette idée persiste dans le monde protestant d’aujourd’hui. Elle apparaît volontiers dans les concepts contemporains du soin pastoral, des conseils pastoraux, et de la psychologie chrétienne. Dans l’Eglise actuelle, le fardeau d’un tel soin repose sur les épaules d’un seul homme : le pasteur. (Au premier siècle, il reposait sur les épaules de toute l’Eglise et sur un groupe d’hommes expérimentés appelés « anciens »).182 L’Eglise conduite par le pasteur Bref, la réforme protestante a donné un coup de poing au sacerdotalisme catholique romain. Cependant, ce n’était pas un coup fatal, mais seulement un changement sémantique. Les réformateurs ont retenu la règle de l’évêque unique. Le pasteur jouait maintenant le rôle de l’évêque. L’Eglise conduite par l’évêque a évolué en une Eglise conduite par le pasteur. Le pasteur a fini par être considéré comme la tête de l’Eglise à niveau local : l’ancien et le dirigeant. 183Comme l’a dit un écrivain : « Dans le protestantisme, les prédicateurs ont une tendance à être les porte-parole et les représentants de l’Eglise et l’Eglise est souvent l’’Eglise du prédicateur. C’est un grand danger et une menace pour la religion chrétienne, et ce n’est pas sans relation avec le cléricalisme. »184 Dans la rhétorique, les réformateurs ont décrié la séparation clergé/laïcs. Mais dans la pratique, ils la conservaient complètement. Comme le dit Kevin Giles : « Les différences entre les catholiques et les protestants étaient floues dans la pratique et la théologie. Dans ces deux sortes d’Eglises, le clergé était une classe à part; chez les deux, leur statut spécial était basé sur des initiatives divines (obtenues par médiation de différentes manières) et chez les deux, certaines tâches leur étaient réservées. »185 La tradition postbiblique de la règle de l’évêque unique, établie de longue date (et maintenant incarnée chez le pasteur) prévaut à l’heure actuelle, au sein de l’Eglise protestante. D’immenses facteurs psychologiques amènent les laïcs à penser que le ministère est la responsabilité du pasteur. C’est son boulot. Il est expert en la matière. Telle est fréquemment leur pensée. Dans le Nouveau Testament, le mot employé pour ministre est diakonos. Il signifie « serviteur ». Mais ce mot a été dénaturé parce que les hommes ont transformé le ministère en un métier. On a pris le mot ministre pour le placer au même niveau que le mot pasteur sans aucune justification scripturaire. De même, 123


prédication et ministère ont été mis sur le même pied que le sermon au pupitre, sans aucune justification biblique. Comment le pasteur détruit la vie du corps Les racines peu connues du pasteur contemporain étant désormais déterrées, concentrons-nous à présent sur les effets pratiques d’un pasteur sur le peuple de Dieu. La distinction non-scripturaire entre clergé et laïcs a occasionné un mal indescriptible dans le corps de Christ. Elle a divisé la communauté des croyants entre chrétiens de première et de seconde classe. La dichotomie clergé/laïcs perpétue un horrible mensonge, à savoir que dans le service du Seigneur, certains chrétiens ont plus de privilèges que d’autres. Le ministère de l’homme unique est entièrement étranger au Nouveau Testament; mais on l’embrasse malgré tout alors qu’il étouffe notre fonctionnement. Nous sommes des pierres vivantes, pas des pierres mortes. Cependant, la fonction pastorale nous a transformés en pierres qui ne respirent pas. Permettez-moi des allusions personnelles. Je crois que la fonction pastorale vous a volé le droit de fonctionner en tant que membre à part entière du corps de Christ. Elle vous a fermé la bouche et cloué sur un banc. Elle a déformé la réalité du corps, faisant du pasteur une bouche géante et vous transformant en une oreille minuscule.186 Elle a fait de vous un spectateur tacite dont les compétences se résument à prendre des notes de sermon et passer le panier des offrandes. Mais ce n’est pas tout. La fonction pastorale des temps modernes a renversé l’idée maîtresse de la lettre aux Hébreux : la fin de l’ancien sacerdoce. Elle a rendu inefficace l’enseignement de 1 Corinthiens 12 à 14, disant que chaque membre détient à la fois le droit et le privilège d’avoir un ministère dans une réunion d’Eglise. Elle a annulé le message de 1 Pierre 2 spécifiant que chaque frère et sœur est un sacrificateur (prêtre) en fonction. Etre prêtre en fonction ne signifie pas qu’on peut uniquement accomplir des formes de ministère fort limitées comme chanter des chants sur son banc, lever les mains pendant le culte, installer la présentation du power point ou enseigner une classe de l’école du dimanche. Ce n’est pas ainsi que le Nouveau Testament conçoit le ministère. Ces choses ne sont que des béquilles pour le ministère du pasteur. Comme l’a dit un exégète: « Une grande partie du culte protestant, jusqu’à nos jours, a également été contaminée par une irrésistible tendance à considérer l’adoration comme l’œuvre d’un pasteur (et peut-être de la chorale) avec la majorité des laïcs ayant très peu à faire si ce n’est chanter quelques cantiques et écouter pieusement et attentivement. »187 On s’attend à ce que les médecins et les avocats soient à notre service; mais on ne s’attend pas à ce qu’ils nous forment pour servir les autres. Pourquoi ? Parce 124


qu’ils sont des experts avec une formation professionnelle. Malheureusement on considère le pasteur de la même façon. Tout cela fait violence au fait que chaque croyant est un prêtre. Non seulement devant Dieu mais aussi devant les autres. Mais il y a quelque chose de plus. Le poste de directeur détenu par le pasteur contemporain rivalise avec celui de Christ en fonction dans son Eglise. Il occupe illégitimement l’unique place de centralité et de direction parmi le peuple de Dieu. Une place qui n’est réservée qu’à une seule Personne : le Seigneur Jésus. JésusChrist est l’unique tête de l’Eglise et Il a le dernier mot en ce qui la concerne. 188 Par sa position, le pasteur déplace et supplante la direction de Christ en se positionnant lui-même comme le chef humain de l’Eglise. A cause de cela, rien ne fait autant obstacle à l’accomplissement du plan éternel de Dieu que le rôle actuel des pasteurs. Pourquoi cela? Parce que ce plan vise essentiellement à faire de Christ le chef visible manifesté dans l’Eglise à travers le fonctionnement libre, ouvert de chaque membre du corps dans une participation mutuelle.189 A partir du moment où le poste de pasteur est présent dans une Eglise particulière, celle-ci n’aura qu’une faible chance d’assister à une chose aussi glorieuse. Comment le pasteur se détruit Non seulement le pasteur contemporain fait du mal au peuple de Dieu, mais il s’en fait aussi à lui-même. La fonction de pasteur a pour effet de broyer une grande partie de ceux qui entrent dans ses paramètres. Dépression, épuisement, stress, et effondrement émotionnel surviennent à des taux anormalement élevés parmi les pasteurs. A l’heure où ces choses sont écrites, on dénombre plus de 500 000 pasteurs rémunérés servant dans les Eglises aux Etats-Unis.190 Cette masse importante de professionnels religieux a donné lieu à des statistiques qui font réfléchir, attestant du danger mortel de la charge de pasteur : *94 % se sentent obligés d’avoir une famille idéale. *90 % travaillent plus de quarante-six heures par semaine. *81 % disent qu’ils ne passent pas assez de temps avec leur épouse. *80 % croient que le ministère pastoral a un effet négatif sur leur famille *70 % n’ont pas d’ami intime dans leur entourage. *70 % ont une estime d’eux-mêmes inférieure à celle qu’ils avaient au début de leur ministère. *50 % se sentent incapables de faire face aux exigences de la tâche.191 *80 % sont découragés ou sont aux prises avec la dépression. (Plus de 40 % rapportent qu’ils souffrent d’épuisement, de programmes fous et d’attentes surréalistes.192) *33 % considèrent le ministère pastoral comme une réelle menace pour la famille.193 *33 % ont sérieusement envisagé de quitter leur poste l’année dernière.194 *40 % de pasteurs démissionnent pour cause d’épuisement.195 125


On s’attend à ce que la plupart des pasteurs jonglent avec seize tâches importantes à la fois.196 Et la plupart croulent sous la pression. C’est la raison pour laquelle, chaque mois, 1400 ministres du culte de toutes les dénominations à travers les Etats-Unis sont renvoyés ou forcés à démissionner sous la pression.197 Au cours des vingt dernières années, la durée moyenne d’un ministère pastoral est passée de sept ans à seulement un peu plus de quatre ans!198 Malheureusement, peu de pasteurs ont fait le rapprochement avec leur fonction pour découvrir que c’est elle qui provoque cette turbulence sous-jacente.199 En deux mots : Jésus-Christ n’a jamais souhaité qu’une personne porte toutes les casquettes qu’un pasteur contemporain est censé porter. Il n’a jamais envisagé d’imposer à quiconque un tel fardeau. Les exigences du ministère pastoral sont écrasantes. A tel point qu’elles finissent par les vider jusqu’à provoquer un dessèchement mortel. Imaginez-vous un seul instant en train de travailler pour une compagnie qui vous paie sur la base de la satisfaction de votre personnel. Que se passerait-il si votre salaire dépendait de la manière dont vous savez les amuser, de votre degré d’amabilité, de la popularité de votre femme et de vos enfants, de votre élégance vestimentaire, et de la perfection de votre conduite? Pouvez-vous imaginer le stress absolu dans lequel vous seriez? Pouvez-vous voir comment une telle pression vous pousserait à jouer un rôle prétentieux : tout cela pour garder votre pouvoir, votre prestige, et la sécurité de votre emploi ? (C’est pour cette raison que tant de pasteurs sont totalement réfractaires à recevoir de l’aide.)200 Le métier de pasteur impose des types de comportement comme dans toutes les autres professions, que l’on soit professeur, docteur ou avocat. Cette profession dicte aux pasteurs comment s’habiller, parler et agir. C’est une des raisons majeures pour lesquelles beaucoup de pasteurs vivent des vies très artificielles. A cet égard, le rôle pastoral encourage la malhonnêteté. Les membres de l’assemblée s’attendent à ce que leur pasteur soit toujours en forme, entièrement spirituel et disponible sur le champ. Ils s’attendent également à ce que sa famille soit parfaitement disciplinée. De plus, il ne doit jamais donner l’impression d’être rempli de ressentiment ou d’amertume.201 Beaucoup de pasteurs jouent ce rôle comme les acteurs d’une tragédie grecque.202 Sur des bases de témoignages personnels, j’ai entendu dire par d’anciens pasteurs, qu’un grand nombre d’entre eux, sinon la plupart, ne peuvent pas rester en fonction sans être corrompus à un certain niveau. La politique de coercition endémique vis-à-vis de leur fonction constitue un énorme problème qui isole une grande partie d’entre eux et empoisonne leurs relations avec les autres. Dans un article perspicace adressé à des pasteurs, intitulé « Prévenir l’épuisement du clergé », l’auteur fait d’étonnantes suggestions. Ses conseils aux pasteurs nous donnent un clair aperçu de la politique de coercition qui va de pair avec le ministère pastoral.203 Il supplie les pasteurs « d’avoir une communion 126


fraternelle avec les membres du clergé d’autres dénominations. Ces personnes ne peuvent pas vous nuire d’un point de vue ecclésiastique, parce qu’elles ne font pas partie de votre cercle officiel. Elles n’ont aucune ficelle politique à tirer pour vous détruire ».204 La solitude professionnelle est un autre virus qui se répand à grande échelle parmi les pasteurs. Le fléau du cavalier solitaire mène certains ministres du culte à se diriger vers d’autres carrières. Elle en mène d’autres à des destins plus cruels.205 Toutes ces pathologies trouvent leurs racines dans l’histoire du pastorat. Il y a de « la solitude au sommet » parce que Dieu n’a jamais eu l’intention de placer quiconque au sommet si ce n’est son Fils! Résultat: En réalité, le pasteur contemporain tente de prendre entièrement à son compte les cinquante-huit exhortations du Nouveau Testament qui mentionnent « les uns les autres ».206 Pas étonnant que la majorité d’entre eux finisse par être écrasée sous le poids.207 Conclusion Le pasteur contemporain est l’institution la moins remise en question dans le christianisme du XXIème siècle. Pourtant, pas le moindre atome des Ecritures n’appuie l’existence de cette fonction ! Le pasteur contemporain est plutôt issu de la règle de l’évêque unique établie au départ par Ignace et Cyprien. L’évêque est devenu le presbytre local. Au Moyenâge, le presbytre est devenu le prêtre catholique. Pendant la Réforme, il s’est transformé en « ministre », « prédicateur », pour devenir finalement « le pasteur », l’homme dont dépend tout le protestantisme. Pour résumer cela en une seule phrase : le pasteur protestant n’est rien de plus qu’un prêtre catholique légèrement réformé. (Une fois de plus, je parle de la fonction et non d’une personne en particulier.) Les prêtres catholiques avaient sept fonctions à l’époque de la Réforme : la prédication, les sacrements, les prières pour le troupeau, une vie pieuse, la discipline, les rites de l’Eglise, l’aide aux démunis, et la visite des malades.208 Le pasteur protestant se charge de toutes ces responsabilités, sans parler des évènements civiques qu’il bénit quelquefois. C’est le fameux poète John Milton qui a le mieux exprimé cette pensée en disant: « Un nouveau presbytre n’est qu’un ancien prêtre en gros caractères ! »209 Ce qui signifie : le pasteur contemporain n’est qu’un ancien prêtre, écrit en plus gros caractères!

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Approfondissements 1. Vous faites remarquer que les églises primitives bénéficiaient de la supervision d’implanteurs d’église qui ne restaient pas longtemps parmi elles, ceci n’était-il pas dû au fait que les leaders formés étaient rares en ce temps-là et devaient se partager entre plusieurs églises? (Ce qui est encore le cas aujourd’hui dans de nombreuses parties du monde.) Non. Les implanteurs d’église partaient délibérément afin que l’église puisse fonctionner sous la direction de Christ. Si un implanteur d’église reste dans une église, les membres de celle-ci s’attendent naturellement à ce qu’il la dirige. Le fonctionnement au moyen de tous ses membres est ainsi bridé. C’est toujours le cas aujourd’hui. Le modèle qui se détache dans tout le Nouveau Testament est que les implanteurs (ouvriers apostoliques) partaient toujours après avoir posé les fondations. Pour plus de détails, lisez ‘La vie normale de l’église’ de Watchman Nee (Editions ‘Fleuve de vie’). 2. Jacques 3:1 dit, “Mes frères, ne soyez pas nombreux à enseigner; vous le savez: nous qui enseignons, nous serons jugés plus sévèrement”. 1 Corinthiens 12:27-31 déclare clairement que le Saint-Esprit a donné des dons différents à chaque personne (tout le monde n’a pas le don d’être apôtre, prophète, ou enseignant, et chaque croyant a une fonction différente.) Ces versets n’appuient-ils pas l’idée que Dieu n’appelle que quelques-uns à prêcher, à enseigner et à exercer un ministère envers l’église en général? Si, absolument. Nous sommes d’accord avec le fait qu’il y a des enseignants, des prédicateurs, des prophètes, des apôtres, des évangélistes et même des bergers dans l’église de Jésus-Christ. Cependant, l’office pastoral contemporain ne cadre pas avec la vision que donnent ces textes. En fait, étant donné que l’on attend des pasteurs qu’ils endossent tellement de rôles à la fois, ils doivent souvent exercer un ministère qui va au-delà de leurs dons. Ce n’est pas juste, ni pour eux ni les membres du corps qui possèdent précisément ces dons et n’ont pas la permission de les exercer. 3. Bien que vous qualifiiez l’ordination de rite chrétien protocolaire ayant des racines païennes, ce procédé nous assure toutefois que les dirigeants d’église possèdent une compréhension correcte des Ecritures et s’engagent publiquement pour la croissance de l’église. Dès lors, l’ordination ne sert-elle pas de protection pour les membres d’une église? Cette question est basée sur l’hypothèse que le système clérical moderne représente le modèle du ministère chrétien. Comme nous l’avons démontré, les chrétiens primitifs ne connaissaient pas le concept même de clergé. Et encore moins celui de son ordination. Les ouvriers apostoliques reconnaissaient des anciens au niveau local dans certaines églises. (Actes 20:28, 1 Timothée 3, et Tite 1 décrivent les qualités de ces anciens.) Et les églises envoyaient des ouvriers apostoliques pour exécuter l’œuvre d’implantation d’églises. Cependant, ces pratiques n’ont pas 128


beaucoup en commun avec les cérémonies d’ordination modernes, qui élèvent des chrétiens au-dessus des autres. 4. Que voulez-vous dire lorsque vous dites que beaucoup de pasteurs (sinon la plupart) ne peuvent pas conserver leur poste sans courir le risque d’être « corrompus à un certain stade. » ? Quelques-unes des personnes les plus pieuses et des plus consacrées que je connaisse sont des pasteurs qui travaillent incroyablement dur pour le Royaume. Nous connaissons aussi beaucoup de pasteurs travailleurs, pieux et consacrés. Mais nous connaissons également d’innombrables pasteurs ayant admis, souvent assez tard au cours de leur carrière, qu’ils avaient été corrompus par leur poste à un certain stade. Certains nous ont fait cette confession personnelle: “Cela ne m’a pas affecté pendant des années, mais après un moment, cela a commencé à me changer sans que je le réalise.” Ils ont expliqué comment ils sont arrivés à vouloir plaire à tout le monde, tentant de jouer un rôle pour leur « auditoire » et de maintenir une certaine image. Cette observation n’a rien à voir avec la motivation d’un pasteur. Il s’agit plutôt de la puissante influence d’un système anti biblique. Ceci mis à part, la vraie question est : devons-nous cautionner un rôle ou un poste n’ayant aucune base dans le Nouveau Testament? Si la fonction ou le rôle pastoral représente une évolution divinement inspirée, alors certes, nous le cautionnerons. Mais si ce n’est pas le cas, ne soyons pas surpris d’apprendre que cela a des effets nuisibles sur ceux qui remplissent ce rôle. 5. Que diriez-vous aux pasteurs qui lisent ce chapitre et se sentent attaqués personnellement? Nous n’avons pas à cœur de dénigrer les pasteurs ou les ministres du culte quels qu’ils soient. Nous pensons que la plupart d’entre eux sont appelés par Dieu, aiment Dieu et sont les serviteurs de son peuple. Cependant nous comprenons que certains pasteurs peuvent se sentir attaqués en lisant ce chapitre. Nous pensons que dans certains cas, c’est parce que leur identité est trop attachée à leur position, ce qui n’est pas surprenant si nous considérons la structure et le système de direction que nous avons instaurés et transmis pendant des années. Les pasteurs qui se sentent sûrs d’eux dans leur position ou dans leur rôle ne devraient pas se sentir menacés en lisant ce livre. Nous ne revendiquons pas l’infaillibilité de nos conclusions. Nous demandons simplement à nos lecteurs de les prendre en considération.

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Chapitre 6

Le costume du dimanche matin: dissimuler le problème Gardez-vous de ceux qui aimer à se promener en robes longues. Jésus-Christ Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie, s'appuyant sur la tradition des hommes, sur les rudiments du monde, et non sur Christ Paul de Tarse Chaque dimanche matin, des millions de protestants à travers le monde se parent de leurs plus beaux atours pour se rendre à l'église.1 Mais personne ne semble se demander pourquoi. Des centaines de milliers de pasteurs portent la tenue caractéristique qui les distingue des autres membres de l’assemblée. Et personne ne semble s'en préoccuper. Il faut avouer que l’habillement est devenu plus décontracté dans de nombreuses églises évangéliques durant les dernières décennies. Une personne en jeans peut entrer dans le sanctuaire de beaucoup d’églises sans s’attirer de regards réprobateurs. Cependant, le fait de s’habiller pour l’église est une pratique toujours commune dans la plupart des grandes dénominations. Dans ce chapitre, nous allons explorer l’origine du « costume » pour l’église. Nous allons aussi retracer les racines de l’habit clérical. S’habiller pour l’église La pratique de « s'habiller» pour aller à l'église est un phénomène relativement récent.2 Elle a commencé vers la fin du XVIIIème siècle par la révolution industrielle, et s’est répandue jusqu’au milieu du XIXème. Avant cette période, le fait de « s'habiller » pour des événements sociaux se pratiquait seulement parmi les très riches. La raison en était simple. Seuls les aristocrates de la bonne société pouvaient se permettre d’avoir de beaux vêtements ! Les gens du commun possédaient seulement deux tenues : celle pour aller travailler aux champs et une autre, en moins piteux état, pour se rendre en ville.3 « S'habiller» pour l’occasion n’était une option que pour les nobles les plus fortunés.4 En Europe médiévale jusqu'au XVIIIème siècle, l’habillement signalait 131


clairement la classe sociale d’une personne. En fait, dans certains endroits comme l'Angleterre, les pauvres avaient interdiction de porter la tenue des « meilleures » personnes.5 Tout ceci a changé avec l'invention de la fabrication massive de textile et le développement de la société urbaine.6 Les vêtements élégants sont devenus plus abordables pour les gens du commun. La classe moyenne était née, et ses membres étaient capables d’imiter l’aristocratie jalousée. Pour la première fois, ils pouvaient se distinguer des paysans.7 Pour témoigner de leur statut nouvellement amélioré, ils étaient maintenant en mesure de « s'habiller» pour des événements sociaux à l’instar des nantis.8 Quelques groupes de chrétiens vers la fin du XVIIIème et début XIXème siècles se sont insurgés contre cette tendance culturelle. John Wesley était contre les vêtements luxueux ou voyants.9 Les premiers méthodistes se sont tellement opposé à l'idée de « s'habiller » pour l'église qu'ils se détournaient de quiconque portait des vêtements coûteux à leurs réunions10 Les premiers baptistes ont également condamné la coquetterie vestimentaire, enseignant qu'elle éloignait les riches des pauvres.11 Néanmoins, en dépit de ces protestations, les chrétiens traditionnels ont commencé à porter des vêtements élégants dès que l’occasion se présentait. La classe moyenne en pleine croissance a prospéré, briguant de plus grandes maisons, de plus grands bâtiments d'églises, et des tenues plus à la mode.12 Pendant que la classe moyenne se socialisait à l’ère victorienne, des bâtiments d'église plus modernes commençaient à attirer des personnes plus influentes dans la société.13 Tout ceci arriva à son apogée lorsqu’en en 1843, Horace Bushnell, un ministre Congrégationaliste influent dans le Connecticut, édita un essai appelé Le Goût et la Mode. Bushnell argumentait que la sophistication et le raffinement étaient des attributs de Dieu et que les chrétiens devaient les reproduire.14 Ainsi est née l'idée de « s'habiller» pour l'église afin d’honorer Dieu ! Les membres de l’assemblée devaient maintenant célébrer leur culte dans des bâtiments richement décorés, et arborer leurs vêtements conventionnels pour honorer Dieu.15 En 1846, un presbytérien de Virginie appelé William Henry Foote écrit qu’ « un peuple qui va à l’église est un peuple qui aime s’habiller. » »16 Cette déclaration était clairement symbolique du rituel d’habillement protocolaire que les chrétiens traditionnels avaient adopté pour aller à l'église. La tendance était si virulente que, vers 1850, elle absorba même les méthodistes « réfractaires aux vêtements conventionnels ». Ils commencèrent ainsi à porter leurs « habits du dimanche » pour aller à l'église.17 En conséquence, comme c’est le cas de presque toutes les pratiques ecclésiales communément admises, le fait de s'habiller pour l'église est le résultat de l’influence de la culture environnante sur le chrétien. De nos jours, vous, cher chrétien, « vous vous apprêtez » pour le culte du dimanche matin sans jamais réfléchir à la question. Mais maintenant, vous connaissez l’origine de cette coutume dénuée de sens. 132


C'est le pur résultat des efforts de la classe moyenne du XIXème siècle pour ressembler aux riches aristocrates de leur temps, exhibant leur statut social amélioré au moyen de leurs vêtements. (Cette tendance a été également encouragée par les notions victoriennes de respectabilité.) Autrement dit, le fait de porter votre « tenue du dimanche » est simplement un produit de la culture mondaine. Cela n'a rien à voir avec la Bible, Jésus-Christ, ou l'Esprit saint ! Alors quel est le problème ? En quoi est-il donc dramatique de « s'habiller » pour l'église ? Je conviens que le sujet ne soulève pas vraiment la polémique. En effet, je me préoccupe peu de ce qu’une personne porte pour assister à une réunion d'église. En réalité, le débat ici touche ce que représente le fait de s’habiller pour l'église. D'abord, il reflète le prétendu clivage entre le profane et le sacré. Le fait de penser que Dieu se préoccupe le moins du monde de votre élégance du dimanche « pour le rencontrer » est une violation de la Nouvelle Alliance. Nous avons accès à la présence de Dieu à tout moment et en toute circonstance. S'attend-il vraiment à ce que son peuple s'habille comme pour un concours de beauté le dimanche matin ? En second lieu, le fait de porter ostensiblement de jolis vêtements le dimanche matin envoie un message plutôt fâcheux: cette église est un endroit où les chrétiens cachent leur vraie personnalité et « s’habillent» pour avoir l’air beau et gentil.18 Réfléchissez-y. Le fait de bien s’habiller le dimanche pour l'église représente un peu plus que la simple gestion de votre image. La maison de Dieu est ainsi dotée de tous les éléments d’une pièce de théâtre : les costumes, le maquillage, les accessoires, l’éclairage, les ouvreuses, la musique particulière, le maître de cérémonie, la représentation et le programme détaillé.19 Le fait de s’habiller pour aller à l’église diminue la réalité du fait que l’église est composée de gens réels, dont les problèmes peuvent être sordides. De vraies personnes qui ont peut-être eu une querelle d’ordre majeur avec leur conjoint juste avant d’entrer dans le parking et qui ont camouflé le tout sous un sourire rayonnant! Notre « tenue du dimanche» dissimule un problème fondamental. Elle stimule l'illusion pompeuse qu’en quelque sorte nous sommes « bons » parce que nous nous habillons pour Dieu. C'est une attitude prétentieuse qui nous déshumanise et constitue un faux témoignage envers le monde. Voyons les choses en face. En tant qu'êtres humains déchus, nous sommes rarement disposés à montrer notre vrai visage. La plupart du temps, nous misons sur nos actes ou notre habillement pour laisser aux gens une certaine impression que nous voudrions qu'ils aient de nous. Tout ceci s’oppose nettement à la simplicité qui a caractérisé l'église primitive Troisièmement, le fait de « s'habiller» pour l'église s’érige contre la simplicité qui était la marque de fabrique de l'église primitive. Les chrétiens des 133


premiers siècles « ne s’habillaient» pas pour assister aux réunions d'église. Ils se réunissaient dans la simplicité des salles de séjour. Ils ne s’habillaient pas pour exhiber leur classe sociale. En fait, ils faisaient des efforts concrets pour démontrer leur mépris absolu des distinctions de rang social.20 Dans l'église, toute distinction sociale s’efface. Les premiers chrétiens savaient bien qu'ils étaient une nouvelle race sur cette planète.21 C’est pourquoi, Jacques adresse de sérieux reproches à ces croyants qui traitaient les saints riches mieux que les saints pauvres. Il réprimande sans ambages les riches s'habillant pour se différencier des pauvres!22 Mais, beaucoup de chrétiens s’imaginent à tort qu'il est « inconvenant » de s'habiller en toute simplicité pour assister au culte du dimanche matin. Ce n’est en rien différent de la façon dont les scribes et les Pharisiens accusaient le Seigneur et ses docteurs de manquer de respect à la tradition des anciens. (Marc 7:1-13). En résumé, dire que le Seigneur s'attend à ce que son peuple s’habille bien pour les réunions d'église est un ajout aux Écritures et fait dire à Dieu ce qu’il n’a pas dit.23 Une telle pratique relève de la tradition humaine au plus haut point. La tenue du clergé Maintenant, examinons en parallèle l’évolution du costume clérical. Le clergé chrétien ne s'est pas habillé différemment des gens du commun jusqu'à la venue de Constantin.24 Contrairement à l'opinion populaire, le costume clérical (y compris les « vêtements ecclésiastiques de cérémonie» de la haute tradition de l’église) ne tire pas son origine de la robe du sacrificateur de l’Ancien Testament mais plutôt de la toge profane du monde gréco-romain.25 Clément d'Alexandrie (150-215) tenait à ce que le clergé porte de meilleurs vêtements que les laïcs. (Pendant cette période, la liturgie d'église était considérée comme une structure formelle.) Clément soutenait que les vêtements du ministre devaient être «simples» et «blancs. »26 Le blanc fut la couleur du clergé pendant des siècles. Cette coutume semble avoir été empruntée au philosophe païen Platon qui a écrit que le « blanc était la couleur des dieux. » À cet égard, Clément et Tertullien (160-225) estimaient que les couleurs teintées déplaisaient au Seigneur.27 Avec l’avènement de Constantin, les distinctions entre évêque, prêtre, et diacre s’enracinèrent.28 Quand Constantin déplaça sa cour à Byzance et la renomma Constantinople en l’an 330 de notre ère, la toge romaine officielle fut progressivement adoptée par les prêtres et les diacres.29 Le clergé était dorénavant identifié par sa tenue, s’apparentant à celle des fonctionnaires civils.30

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Après les conquêtes germaniques de l'empire romain, à partir du IVième siècle, la mode des tenues civiles évolua. Les vêtements amples et flottants des Romains firent place aux tuniques courtes des Goths. Mais le clergé, souhaitant continuer de se différencier des laïcs, s’obstina à porter les costumes romains démodés et archaïques !31 Le clergé portait ces tenues désuètes pour officier à l’église, prenant pour modèle le rituel de la cour civile.32 Lorsque les laïcs ont adopté le nouveau style de vêtements, le clergé a pensé qu'une telle façon de s’habiller était « mondaine » et « barbare. » Ils ont conservé ce qu'ils considéraient comme une tenue « civilisée » qui ensuite est devenue le costume clérical.33 Cette pratique a été appuyée par les théologiens de l’époque Par exemple, Jérôme (347-420) soutenait que le clergé ne devait jamais entrer dans le sanctuaire en portant des vêtements ordinaires.34 A partir du Vème siècle, les évêques ont porté du pourpre.35 Aux VIème et VIIème siècles, les tenues du clergé sont devenus plus élaborées et plus coûteuses.36 Au Moyen-âge, leur habillement a revêtu des significations mystiques et symboliques.37 Des ornements distinctifs apparurent vers les VIème et VIIème siècles. De là est venue la coutume de conserver une tenue spéciale dans la sacristie, à enfiler par-dessus les vêtements journaliers.38 Durant les VIIème et VIIIème siècles, les vêtements de cérémonie ont été considérés comme des objets sacrés hérités des longues robes des sacrificateurs lévitiques de l’Ancien Testament.39 (C’était le raisonnement qui justifiait la pratique.) Vers le XIIème siècle, le clergé a également commencé à porter des tenues de sortie qui les distinguaient du peuple.40 Ce que la Réforme a changé Pendant la Réforme, la coupure fut lente et progressive par rapport à la tradition et aux vêtements cléricaux.41 Pour remplacer ces derniers, les réformateurs ont adopté la toge noire des docteurs d’université.42 On la connaissait également sous le nom de « manteau du philosophe » car elle était portée par les philosophes aux IVème et Vème siècles.43 La nouvelle tenue cléricale est devenue si courante que la toge noire des docteurs est devenue la robe du pasteur protestant.44 Le pasteur luthérien portait sa longue robe noire dans la rue. Il portait également une « collerette » autour du cou qui s'est élargie avec le temps. Elle s'est tellement évasée que vers le XVIIème siècle on lui donna le nom de « fraise godronnée. »45 (Cette collerette est toujours portée dans certaines églises luthériennes aujourd’hui.) Il est intéressant de noter, néanmoins, que les réformateurs ont conservé les vêtements cléricaux. Le pasteur protestant les portait quand il administrait la Sainte Cène.46 C'est toujours le cas aujourd'hui dans la plupart des dénominations protestantes. Le pasteur revêt sa robe pastorale quand il lève le pain et la coupe. À ce 135


moment-là, il endosse, peut-être sans le vouloir, un rôle malencontreux: celui du prêtre catholique reformé ! Néanmoins, la tenue du pasteur reformé (la robe noire) symbolise l'autorité spirituelle.47 Cette tendance a continué tout au long des XVIIème et XVIIIème siècles. Les pasteurs ont toujours porté des vêtements sombres, noirs de préférence. (C'était la couleur traditionnelle des « professionnels » comme les avocats ou les docteurs au cours du XVIème siècle.) Le noir est vite devenu la couleur de tous les ministères dans l’Eglise.48 Avec le temps, la robe noire des docteurs a évolué en « redingote » dans les années 40. Plus tard, la redingote a été remplacée par le « costume» noir ou gris du XXème siècle.49 Au début du XXème siècle, beaucoup d’ecclésiastiques portaient le col blanc avec une cravate. En fait, il était mal vu qu'un ecclésiastique apparaisse sans cravate.50 Le bas clergé (Baptistes, Pentecôtistes, etc.) portait le col et la cravate. Le haut clergé (Anglicans, Episcopaliens, Luthériens, etc.) adopta le col clérical (souvent surnommé le « collier de chien. »)51 L’origine du col clérical remonte à 1865. Il ne s’agit pas d’une invention catholique comme le croit la tradition populaire. Il a été inventé par les Anglicans.52 Aux XVIIIème et XIXème siècles, les prêtres portaient traditionnellement des soutanes noires (robes longues jusqu’au sol avec un col raide et montant) par-dessus un vêtement blanc (parfois appelé aube). Autrement dit, ils portaient un col noir avec du blanc au milieu. Le col clérical était simplement une version amovible de ce col. Il a été inventé de sorte que les prêtres, anglicans ou catholiques, puissent l’enfiler par-dessus leurs vêtements de rue et être reconnus comme « hommes de Dieu » où qu’ils aillent ! De nos jours, l’attirail de la plupart des pasteurs protestants est plutôt le costume sombre et la cravate. Beaucoup de pasteurs ne voudraient pas être vus sans lui ! Le pasteur le porte souvent lorsqu’il se rend à des manifestations publiques nonreligieuses. Certains pasteurs protestants portent également le col clérical. Celui-ci rend leur statut clérical aisément reconnaissable. Les vêtements cléricaux ont-ils un effet pervers? L’attirail vestimentaire particulier au clergé est un affront aux principes spirituels qui régissent la maison de Dieu. Il frappe l'église au cœur en séparant le peuple de Dieu en deux classes distinctes : « les professionnels » et « les non professionnels. » Tout comme « l’habit du dimanche » pour l'église, le costume clérical est enraciné dans la culture sociale, qu’il s’agisse des élégants habits de cérémonie du « haut clergé » ou du costume sombre des pasteurs évangéliques. La tenue distinctive du clergé remonte au IVème siècle, lorsque les ecclésiastiques ont adopté la toge des fonctionnaires publics romains.

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Le Seigneur Jésus et ses disciples ne portaient aucune tenue particulière pour impressionner Dieu ou pour se distinguer du peuple de Dieu.53 Le fait de porter des tenues spéciales à visée religieuse était plutôt la caractéristique des scribes et les Pharisiens.54 Et ni les scribes ni les Pharisiens n’ont pu échapper au regard pénétrant du Seigneur lorsqu’il a dit « Gardez-vous des scribes qui aiment à se promener en robes longues, et à être salués dans les places publiques; qui recherchent les premiers sièges dans les synagogues, et les premières places dans les festins; » (Luc 20:46, SEGOND).

Approfondissement 1. Vous insinuez que les gens ne devraient pas être encouragés à s’habiller spécialement pour l’église, cependant, à mes yeux, agir ainsi me sert de rappel que nous devons à Dieu le respect qu’il mérite. Dans ce sens, le fait de bien s’habiller pour l’église n’est-il pas positif? Si vous ressentez le fait de vous habiller pour des réunions d’église comme une chose positive et que vous pouvez le faire devant le Seigneur sur la base d’une motivation pure, alors, faites-le, coûte que coûte. Mais nous devons être attentifs à ne pas juger ni à déprécier ceux qui ne le font pas. 2. Pensez-vous que le fait de s’habiller pour l’église est mauvais en soi, ou bien pensez-vous qu’il s’agit d’une pratique inventée par les hommes qui peut être récupérée à de bonnes fins? La deuxième proposition. Contrairement à d’autres pratiques traditionnelles que nous avons retracées dans ce livre, nous pensons que celle-ci est une pratique extra biblique pouvant être récupérée à de bonnes fins (voir la réponse précédente). Il n’y a rien de mauvais en soi à porter des vêtements habillés pour une réunion chrétienne. Comme pour toutes nos traditions religieuses, nous pensons simplement qu’il est important de nous demander pourquoi nous le faisons et de prendre conscience de la réelle motivation qui nous anime.

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Chapitre 7

Le ministère musical: clergé de second-rang La caractéristique d’une foi évangélique authentique n’est pas de reproduire aveuglément de vieilles traditions, mais la volonté de soumettre chacune d’elle, aussi ancienne soit-elle, à l’examen approfondi de la Bible, et si nécessaire, de la réformer. John Stott, Pasteur britannique et spécialiste de la Bible, vingtième siècle. Le vrai problème n’est pas que l’église soit trop riche, mais qu’elle se soit si lourdement institutionnalisée, et qu’elle investisse pour son entretien de façon aussi massive. Elle possède les caractéristiques du dinosaure et du navire de guerre. Elle tourne comme une usine et ses ambitions dépassent ses ressources, la laissant ainsi complètement accaparée par son approvisionnement et préoccupée de sa survie. L’inertie de cette machine est telle que les subsides financiers, les aspects légaux, les canaux d’organisation, les modes de pensée, tout est focalisé sur le fait de se perpétuer et amplifie ainsi le statu quo. Si quelqu’un désire prendre un raccourci à travers ces voies toutes tracées, son énergie est épuisée avant d’avoir atteint les lignes de l’ennemi. John A. T. Robinson, spécialiste anglais du Nouveau Testament, vingtième siècle Entrez dans n'importe quelle église moderne et vous verrez que la cérémonie débutera pratiquement toujours par des hymnes, des chœurs, ou des chants d’adoration et de culte. Le chant sera animé et supervisé par une personne (ou une équipe de personnes). Dans des églises plus traditionnelles, ce sera le maître de la chorale ou de la musique. (Dans certaines églises, ce rôle est même joué par le pasteur principal.) Ou bien, il peut être tenu par la chorale elle-même. Dans les églises modernes, ce sera le dirigeant de louange ou l’équipe de louange et d’adoration. Ceux qui « dirigent le culte » choisissent les cantiques qui conduiront au sermon. Ce sont eux qui les introduisent. Ils décident comment ces cantiques doivent être chantés, et quand ils doivent s’arrêter. Les gens assis n’ont aucune prise sur la forme ou le déroulement du chant. Au lieu de cela ils sont dirigés par quelqu’un d’autre, souvent un membre de l’équipe cléricale ou quelqu’un ayant un statut similaire. 139


Tout cela est en fort contraste avec la façon de faire du premier siècle. Dans l'église primitive, le culte et le chant étaient entre les mains de tout le peuple de Dieu.1 L’église elle-même dirigeait ses propres chants. Le fait de chanter ou de diriger la louange était l’affaire de tous, il ne s’agissait pas d’une action professionnelle dirigée par des spécialistes. Les origines du chœur Tout cela a commencé à changer avec l’essor du clergé et l’apparition du chœur chrétien, dont l'origine remonte au IVème siècle. Peu de temps après l'édit de Milan (en l’an 313), la persécution des chrétiens cessa. Sous le règne de Constantin, les chœurs se développèrent et furent formés pour faciliter la célébration de l'eucharistie. Cette pratique a été empruntée à la coutume romaine, qui débutait ses cérémonies impériales par de la musique protocolaire. Des écoles spécialisées furent fondées et les choristes obtinrent le statut de clergé de deuxième ordre. 2 La provenance du chœur remonte aux temples païens et à l’art dramatique grecs.3 Will Durant l'a formulé admirablement : « Au Moyen-âge, comme du temps de la Grèce antique, le drame tirait sa source principale de la liturgie religieuse. La messe elle-même était une pièce d’art dramatique ; le sanctuaire, une scène sacrée ; les officiants portaient des costumes symboliques ; les prêtres et leurs acolytes engageaient le dialogue ; les répons antiphonés du prêtre au chœur et du chœur au chœur, suggéraient avec précision la même évolution dramatique que celle reproduite dans le dialogue du drame dionysien sacré. »4 Le chœur ayant fait son apparition dans l'église chrétienne, le chant n’a plus été l’affaire du peuple de Dieu mais il est passé aux mains de l’équipe cléricale, composée de chanteurs qualifiés. 5 Cette passation était partiellement due à la transmission de doctrines hérétiques le biais d’hymnes chantés. Le clergé estimait qu’en gardant le contrôle des chants, la diffusion de l’hérésie serait limitée.6 Ainsi, la puissance toujours grandissante du clergé en tant qu'interprète principal du spectacle chrétien l’a enraciné davantage. 7 Vers l’an 367, le chant en assemblée a été totalement proscrit. Il a été remplacé par la performance de choristes qualifiés.8 Ainsi est née la qualification de choriste dans l'église. Dans le culte chrétien, le chant était à présent devenu le domaine du clergé et du chœur. Ambroise est connu pour avoir créé les premiers hymnes chrétiens postapostoliques.9 Ces hymnes étaient calqués sur les anciens modèles grecs et portaient des noms grecs.10 Ambroise a également créé un recueil de chants liturgiques toujours usité aujourd'hui dans quelques églises catholiques.11 Le chant liturgique est directement issu du chant païen romain, qui lui-même remonte aux plus anciennes civilisations sumériennes.12 Les chœurs papaux ont vu le jour au Vème siècle.13 Lorsque Grégoire le Grand est devenu pape vers la fin du VIème siècle, il a réorganisé la Schola 140


Cantorum (école de chant) à Rome. (Cette école avait été fondée par le pape Sylvestre, disparu en l’an 335.)14 Par le biais de cette école, Grégoire a établi des chantres professionnels qui partaient former les chœurs chrétiens dans tout l’empire romain. Les chantres suivaient cette formation pendant 9 ans. Ils devaient mémoriser chaque chant, y compris le fameux chant grégorien.15 Grégoire a balayé les derniers vestiges du chant en assemblée, pensant que la musique relevait de la fonction cléricale et du droit exclusif de chantres qualifiés. Tout reflétait la mentalité culturelle des Grecs : les chœurs et les choristes qualifiés, ainsi que l’orientation du chant communautaire. La culture grecque était basée sur la dynamique public/acteur, sur le modèle de l’éloquence. Il est tragique de constater qu’il s’agit d’une caractéristique des temples de Diane et de l’art dramatique grec, directement importée dans l'église chrétienne! L’assemblée de Dieu est devenue aussi bien spectatrice des discours des ministres du culte que du chant16 Il est regrettable que l’esprit grec du spectacle se perpétue encore dans l’église contemporaine. Les chœurs de garçons chrétiens remontent aussi à l’époque de Constantin. Certains existent encore. La plupart de leurs membres étaient recrutés dans les orphelinats.17 Par exemple, le chœur des Petits Chanteurs de Vienne a été fondé à Vienne, en Autriche, en 1498. Il se produisait exclusivement devant la cour, pour la messe, pour des concerts privés et à l’occasion d’événements politiques.18 En réalité, les premiers chœurs de garçons avaient été instaurés par des païens qui adoraient des dieux gréco-romains.19 Ces païens pensaient que la voix des jeunes garçons possédait des pouvoirs particuliers.20 Une autre des formes de musique de racine païenne est celle des hymnes funèbres. Elle a été importée dans l’église chrétienne au début du IIIème siècle. Selon les dires d’un érudit « le culte païen des morts faisait trop partie de la vie antérieure de nombreux chrétiens issus du paganisme, pour que les hymnes et la musique funèbres soient simplement remplacés par de la psalmodie. »21 Le cortège et les hymnes funèbres Durant la période constantinienne, les pratiques romaines en matière de fiançailles et de cortèges funèbres ont été adaptées et transformées en « mariages et enterrements » chrétiens.22 Tout ceci a été emprunté aux coutumes païennes.23 Le soidisant cortège funèbre, adopté et pratiqué par les chrétiens, est également issu du paganisme.24 Il a été importé dans l’église chrétienne au début du IIIème siècle. Tertullien s’était opposé aux processions funèbres tout simplement du fait de leur origine païenne.25 Si le cortège funèbre est issu du paganisme, il en va de même pour l’éloge funèbre. Dans l’empire romain, il était monnaie courante de louer les services d’un 141


éloquent professeur de la ville pour les funérailles d’un être aimé. L’orateur suivait les directives d’un petit manuel pour l’occasion. Il s’exaltait dans un éloge passionné et finissait en disant du défunt : « il vit maintenant parmi les dieux, parcourant les cieux et observant d’en haut la vie d’ici bas. »26 Sa mission était de consoler les proches du défunt. Son rôle est tenu aujourd’hui par le pasteur, à l’identique, jusque dans les termes du discours! La contribution de la Réforme La contribution musicale majeure des réformateurs a été de rétablir le chant en assemblée ainsi que l’usage des instruments. John Huss (1372–1415) de Bohème et ses disciples (surnommés les Hussites) figure parmi les premiers à avoir réintroduit les deux dans l’église.27 Luther aussi a encouragé le chant collectif durant certaines parties du culte.28 Cependant, les hymnes chantés en assemblée n’ont atteint leur apogée que vers le XVIIIème siècle, durant le réveil méthodiste (John Wesley) en Angleterre.29 Dans les églises de la Réforme, les chœurs ont subsisté. Ils soutenaient et guidaient à la fois le chant de l’assemblée.30 Environ 150 ans après la Réforme, la pratique du chant communautaire s’est généralisée.31 C’est vers le XVIIIème siècle que l’orgue a remplacé le chœur pour diriger la louange chrétienne.32 Fait intéressant, on ne trouve pas trace de l’usage d’instruments de musique durant les offices chrétiens avant le Moyen-âge.33 Avant cette période, les chants n’avaient pas d’accompagnement instrumental.34 Les Pères de l’Eglise avaient une piètre opinion des instruments de musique, les associant à l’immoralité et à l’idolâtrie.35 Calvin était de cet avis, considérant les instruments de musique comme païens. Par conséquent, pendant deux siècles, les églises réformées ont chanté les psaumes sans accompagnement musical.36 L’orgue a été le premier instrument employé par les chrétiens postconstantiniens.37 On trouve des orgues dans les églises chrétiennes dès le VIème siècle. Cependant, ils ne furent pas employés durant la messe avant le XIIème siècle. Et c’est au XIIIème siècle, qu’ils ont été intégrés dans son déroulement.38 L’orgue a d’abord été employé pour donner le ton au prêtre et au chœur.39 Pendant la Réforme, il est devenu l’instrument typique employé dans le culte protestant, (sauf pour les Calvinistes, qui ont enlevé, démoli et saccagé les orgues dans les églises.) 40 Le premier orgue acquis par une église américaine date de 1704.41 Les premiers chœurs protestants ont commencé à se propager vers le milieu du XVIIIème siècle.42 Des places de choix étaient assignées aux membres du chœur pour afficher leur statut particulier. Au début, la fonction du chœur était de donner le ton aux chants de l’assemblée. Mais il ne lui fallut pas longtemps pour commencer à exécuter des 142


morceaux choisis 43 C’est ainsi qu’est née la musique de chœur exclusive, donnée en spectacle à l’assemblée. Vers la fin du XIXème siècle, les chœurs d’enfants ont fait leur apparition dans les églises américaines.44 A cette époque, il était devenu habituel pour les chœurs des églises non liturgiques de jouer une musique particulière (cette pratique a fini par s’étendre aux églises liturgiques également.) 45 L'emplacement du chœur vaut la peine d’être mentionné. Vers la fin du XVIe siècle, le chœur s'est déplacé du chœur (estrade du clergé) à la galerie arrière où un orgue à tuyaux était installé.46 Mais pendant le mouvement d'Oxford de la fin du XIXème et début du XXème siècle, le chœur est revenu dans le chœur. C’est dans cette période que les membres du chœur ont commencé à porter des robes ecclésiastiques.47 Dans les années 20 et 30, il était de mise que les chœurs américains portent ces vêtements particuliers pour être assortis aux bâtiments d'église néoGothiques nouvellement acquis.48 Le chœur, revêtu de tenues cléricales archaïques se tenait maintenant avec le clergé devant le peuple!49 Les origines de l’équipe de louange Dans beaucoup d’églises contemporaines, qu’elles soient charismatiques ou non, le chœur a été remplacé par l’équipe de louange.50 Dans ce genre d’église, peu de symboles religieux sont exposés, sauf peut-être les bannières. A l’avant, sur la scène, il y a un simple podium, quelques plantes, des amplificateurs, des haut-parleurs, et un bon nombre de fils. L’habillement est généralement informel. Des sièges pliants ou de théâtre sont généralement utilisés à la place des bancs. La typique composition d’équipe de louange est une guitare amplifiée, une batterie, un clavier et parfois une guitare basse et de quelques choristes. Les paroles sont souvent projetées sur écran ou sur un mur nu par un rétro (ou vidéo) projecteur ou bien au moyen de diaporama Power Points. Les chants sont normalement choisis avant la réunion. L’absence de recueils de chants ou d’hymnes est flagrante. Dans de telles églises, louer signifie suivre les chants décrétés par un groupe musical. Les temps d’adoration et de louange durent en général trente à quarante minutes. Les premiers chants sont souvent des refrains entraînants.51 L’équipe de louange guidera ensuite une assemblée pleine d’entrain, frappant des mains, ondulant au rythme de la musique et levant les mains dans un pot-pourri de chants individualistes, doux et reflétant l’adoration. (D’habitude, les chants se focalisent sur les expériences spirituelles individuelles. La première personne (je, moi, mon/ma) prédomine dans un bon nombre de chants.52 Dans certaines églises contemporaines, la tendance est d’aller plutôt vers la troisième personne ou l’assemblée. C’est une merveilleuse transition.

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Lorsque le groupe quitte la scène, des membres désignés font passer les corbeilles d’offrande. Ceci est généralement suivi du sermon et le pasteur domine le reste de la réunion. Dans beaucoup d’églises, le pasteur rappellera l’équipe de louange pour jouer quelques chants de louange supplémentaires alors qu’il termine son sermon. Il s’ensuit un « temps de ministère » pendant que le groupe joue. La liturgie du chant que l’on vient de décrire est réglée comme du papier à musique dans les typiques églises charismatiques et sans dénomination. Mais d’où cela vient-il ? En 1962, à Dunblane, en Ecosse, un groupe britannique de musiciens d’église insatisfaits a tenté de revitaliser les chants traditionnels chrétiens. Dirigés par le pasteur congrégationaliste Erik Routley, ces artistes étaient influencés par Bob Dylan et Sydney Carter. George Shorney Jr. de Hope Publishing Company a importé leur nouveau style aux Etats-Unis. Ces nouveaux hymnes chrétiens représentaient une réforme mais non une révolution. La révolution est venue lorsque le rock and roll a été adapté à la musique chrétienne avec l’apparition du Jesus movement. Cette réforme a préparé le terrain pour que les changements musicaux révolutionnaires prennent racine dans l’église, à travers la Calvary Chapel et le Vineyard.53 L’origine de l’équipe de louange remonte à la fondation de la Calvary Chapel en 1965. Chuck Smith, le fondateur de la dénomination, a développé un ministère pour les hippies et les surfers. Smith accueillait les hippies convertis afin qu’ils réaccordent leurs guitares et jouent leur musique rachetée dans l’église. Il a donné à la contre-culture une scène pour leur musique (en leur permettant de jouer le dimanche soir dans des spectacles et des concerts.) Ces nouvelles formes musicales ont commencé à s’appeler « louange et adoration. »54 Puis, étant donné que le Jesus movement se développait, Smith a fondé la compagnie de disques Maranatha Music au début des années 1970. Son but était de faire connaître les chants de ces jeunes artistes.55 Sous l’influence du génie de la musique John Wimber, le Vineyard a suivi le mouvement en instituant l’équipe de louange. Ancien pasteur de la Calvary Chapel, Wimber est devenu le dirigeant du mouvement Vineyard en 1982. Depuis ce tempslà, le Vineyard a probablement eu plus d’influence sur la formation des équipes de louanges que la Calvary Chapel. La musique Vineyard est considérée comme plus intime et plus adoratrice, alors que celle de la Calvary Chapel est connue pour ses chants entraînants et plus orientés vers la louange.56 A son heure, la guitare a remplacé l’orgue en tant qu’instrument principal pour diriger la louange dans l’Eglise Protestante. Malgré sa structure identique à celle d’un concert de rock de la culture du monde, l’équipe de louange est devenue aussi commune que le pupitre.

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Alors quel est le souci? Vous vous demandez peut-être : En quoi est-ce gênant d’avoir un chef de chorale, un directeur de louange ou une équipe de louange pour entraîner l’église dans le chant ? Rien, . . . si tous les membres de l’église en sont satisfaits. Cependant, nombreux sont ceux dont le sentiment est que l’on ôte ainsi au peuple de Dieu une de ses fonctions vitales : choisir et diriger sa propre louange pendant la réunion (s’approprier la louange à Dieu) et permettre à Jésus-Christ de diriger le chant de son église plutôt que de le voir dirigé par un être humain. Dans l’Eglise primitive le chant portait ces caractéristiques. Ecoutez la description de Paul durant une réunion d’église du premier siècle: « Les uns ou les autres parmi vous ont-ils un cantique » (1 Corinthiens 14:26). « Entretenez-vous par des psaumes, par des hymnes, et par des cantiques spirituels. 5:19). Réfléchissez aux paroles « les uns ou les autres parmi vous. » Le fait d’avoir des dirigeants de louange, des chorales ou des équipes de louange rend cela impossible et limite la direction de Christ (en particulier sa fonction de diriger ses frères dans la louange de son Père par le chant.) L’auteur aux Hébreux dit la chose suivante à propos de cette fonction (dont on parle peu aujourd’hui) : « Car celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous issus d'un seul. C'est pourquoi il n'a pas honte de les appeler frères,12 lorsqu'il dit: J'annoncerai ton nom à mes frères, Je te célébrerai au milieu de l'assemblée [ekklesia]. » (Hébreux 2:11-12). Lorsque les chants de louange ne peuvent être annoncés, entonnés et dirigés que par ceux qui ont du talent, cette partie du culte tient plus de la récréation que de la louange communautaire.57 Et seuls ceux qui « font l’affaire » sont autorisés à prendre part à la fonction de diriger des chants. J’argumenterais que, selon les principes du Nouveau Testament, la fonction du chant appartient au peuple de Dieu. Et il devrait exister une possibilité pour cette fonction de s’exprimer. Je ne suis pas théoricien. Pendant presque vingt ans, dans les réunions d’églises auxquelles j’ai participé les membres étaient habitués à entonner un chant spontanément.58 Imaginez: Chaque frère et sœur libre de diriger des chants sous la direction de Jésus-Christ (ou même d’écrire ses propres chants et les amener à la réunion pour que tout le monde les apprenne) Pendant les dix-huit dernières années, j’ai été en rapport avec de nombreuses églises ayant fait l’expérience de cette glorieuse dynamique. Une personne entonne un chant et tout le monde s’y associe. Puis, quelqu’un d’autre entonne un autre chant et la louange continue ainsi, sans longues pauses et sans leader présent de façon visible. D’ailleurs, c’est exactement ainsi que louaient les chrétiens des premiers siècles. Cependant, dans sa grande majorité, l’église institutionnelle d’aujourd’hui ignore ce fait. La bonne nouvelle est que cette possibilité est ouverte à tous ceux qui souhaitent expérimenter la direction de Christ dans le chant pendant une réunion d’église. Dans de telles églises, le chant est profondément communautaire plutôt qu’individualiste et subjectif.59 « Sur les bords des fleuves de Babylone, Nous étions assis et nous pleurions, en nous souvenant de Sion.2 Aux saules de la contrée Nous 145


avions suspendu nos harpes.3 Là, nos vainqueurs nous demandaient des chants, Et nos oppresseurs de la joie: Chantez-vous quelques-uns des cantiques de Sion!4 Comment chanterions-nous les cantiques de l'Éternel Sur une terre étrangère? Quand l'Éternel ramena les captifs de Sion, Nous étions comme ceux qui font un rêve. Alors notre bouche était remplie de cris de joie, Et notre langue de chants d'allégresse; Alors on disait parmi les nations: L'Éternel a fait pour eux de grandes choses! » (Psaume 137:1-4; 126:1-2).

Approfondissement 1. Vous exposez les “racines païennes” de la chorale d’église, cependant, je ne vois pas en quoi cela les rend moins estimables en soi. Je n’ai pas le don de chanter mais j’apprécie que ceux qui aiment la musique et sont doués dans ce domaine prennent du temps et font un effort pour se préparer à me conduire dans l’adoration à travers le chant. Vos réflexions ? Nous apprécions également ceux qui sont doués musicalement et qui savent utiliser leurs talents pour bénir les autres. Cependant, le fait de cantonner le choix des chants de toutes les réunions d’église à quelques personnes triées sur le volet (c.-à-d. une chorale, ou une équipe de louange) tient le reste du corps à l’écart de la participation à ce ministère Cela contredit les Ecritures. Comme l’a dit Paul: “les uns ou les autres parmi vous ont-ils un cantique” dans l’assemblée (1 Corinthiens 14:26; lire aussi Ephésiens 5:19 and Colossiens 3:16). 2. Actuellement, mon pasteur et l’équipe de louange choisissent la musique qui correspond au message de la matinée. Il se peut que je ne me « connecte » pas à tous les chants choisis mais je ne vois pas en quoi cela pourrait être différent si tous les gens présents étaient invités à choisir et à diriger un chant. Si l’on n’a jamais vu un groupe de chrétiens choisir et diriger spontanément leurs propres chants sous la direction de Jésus-Christ, il est difficile de saisir à quoi cela peut ressembler. Il suffit de dire qu’il y a un monde de différence entre le fait d’avoir un groupe de gens qui choisit les chants et avoir la participation de tous les croyants pour entonner des chants. C’est toute la différence entre le fait de suivre passivement une personne (ou un petit groupe) et avoir la participation active de tout le monde dans la spontanéité et à l’unisson. 3. A l’époque de l’Ancien Testament (lire 1 Chroniques 23:5, 30; 25:1-31, 2 Chroniques 7:6), Dieu a institué des directeurs de louange “professionnels” parmi les familles lévitiques, qui dirigeaient la louange publique et ont écrit beaucoup de Psaumes (par ex., ceux écrits par Asaph et les descendants de Corée). Pensez-vous que cela puisse fournir une base biblique pour un ministère musical réglementaire ? Pourquoi ou pourquoi pas ?

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Nous pensons que ces passages soutiennent notre point de vue en fait. Le sacerdoce de l’Ancien Testament était limité à un comité restreint de personnes : les Lévites. Sous la Nouvelle Alliance, il a été mis fin à ce sacerdoce sélectif, et chaque chrétien est devenu un prêtre devant Dieu. Nous faisons maintenant partie du sacerdoce lévitique, nous sommes prêtres selon l’ordre de Melchisédech (Hébreux 5– 7). Christ est notre Grand Prêtre, et chaque chrétien est un prêtre lui étant consacré. (1 Pierre 2:5, 9; Apocalypse 1:6 (Semeur)). C’est pourquoi, dans notre pensée, ces passages démontrent que chaque chrétien a le droit de participer à la « direction de la louange » sous la direction de Christ. 4. Pensez-vous qu’il soit dommageable qu’un chrétien chante en solo devant une assemblée ou qu’une équipe joue un chant pour amener un groupe de chrétiens dans l’adoration par le chant? Non, pas du tout. Nous arguons simplement que si ces choses éclipsent, annulent, et remplacent complètement le ministère accordé à chaque croyant de diriger un chant et de participer à la louange en chantant, il faudrait réfléchir à la possibilité que nous ayons piétiné un ministère ordonné par Dieu pour l’église.

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Chapitre 8

La dîme et le salaire du clergé: les points sensibles du portefeuille En tout cas nous, nous ne sommes pas comme tant d'autres qui accommodent la parole de Dieu pour en tirer profit. Paul de Tarse en 2 Corinthiens 2:17, SEMEUR Etant donné qu’elle englobe la masse de la population de l’Empire, allant de César jusqu’à l’esclave le plus simple et qu’elle est présente au milieu de toutes les institutions, l’église a récolté en son sein toutes sortes d’éléments étrangers et issus du paganisme. Même si la Rome et la Grèce antiques sont tombées pour toujours, l’esprit du paganisme gréco-romain n’est pas éteint. Il vit toujours dans le cœur naturel de l’homme qui aujourd’hui plus que jamais a besoin d’être régénéré par l’Esprit de Dieu. Il vit aussi à travers beaucoup de coutumes idolâtres et superstitieuses héritées des églises grecques et romaines, contre lesquelles le pur esprit du christianisme a instinctivement protesté depuis le début, et protestera encore jusqu’à ce que les restes, grossiers ou subtils, de l’idolâtrie soient vaincus de l’intérieur comme de l’extérieur, baptisés et sanctifiés, non seulement par l’eau mais également par l’esprit et le feu de l’évangile. Philip Schaff « Un homme peut-il voler Dieu? Pourtant, vous me volez, et puis vous demandez: «En quoi t'avons-nous donc volé?» Lorsque vous retenez vos offrandes et vos dîmes!9 Vous êtes sous le coup d'une malédiction parce que tout ce peuple, vous tous, vous me volez.10 Apportez donc vos dîmes dans leur totalité dans le trésor du Temple pour qu'il y ait des vivres dans ma demeure! De cette façon-là, mettez-moi à l'épreuve, déclare l'Eternel, le Seigneur des armées célestes: alors vous verrez bien si, de mon côté, je n'ouvre pas pour vous les écluses des cieux, et ne vous comble pas avec surabondance de ma bénédiction. » (Malachie 3:8-10, SEMEUR). Ce passage semble être le favori de bien des leaders chrétiens, particulièrement lorsque le niveau des dons de l’église est à marée basse. Si vous avez passé du temps dans l’église d’aujourd’hui, vous avez entendu ce passage lu au pupitre en de nombreuses occasions Examinons un peu la rhétorique qu’il génère:

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« Dieu vous a commandé de donner vos dîmes fidèlement. Si vous ne donnez pas la dîme, vous volez le Dieu Tout Puissant, et vous vous placez sous une malédiction. » « Répétons ensemble le credo des ‘donneurs de dîme’ voulez-vous? ‘La dîme appartient au Seigneur. Nous l’avons appris en vérité. Par la foi nous y croyons. Dans la joie nous donnons. La dîme!’ « Vos dîmes et vos offrandes sont nécessaires si vous voulez voir l’œuvre de Dieu fructifier! » (« L’œuvre de Dieu, » bien entendu, inclut le salaire de l’équipe pastorale et le paiement de la facture d’électricité mensuelle pour garder le bâtiment à flot.) Quel est le résultat de ce type de pression? Le peuple de Dieu est convaincu de donner un dixième de son salaire chaque semaine. Lorsqu’il agit ainsi, il sent qu’il a rendu Dieu heureux. Et il peut s’attendre à ce qu’il les bénisse financièrement. Lorsqu’il n’y parvient pas, il se sent désobéissant, et il s’inquiète d’une éventuelle malédiction financière à venir. Mais, allons un peu plus loin et soyons lucides en nous posant la question: « La Bible nous enseigne-t-elle à donner la dîme ? Et … sommes-nous spirituellement obligés de financer le pasteur et son équipe ? » La réponse à ces deux questions est choquante. Est-il biblique de donner la dîme? La dîme est un concept qui apparaît dans la Bible. Ainsi, oui, donner la dîme est biblique. Mais ce n’est pas chrétien. La dîme se rapporte à l’ancien Israël. Elle constituait essentiellement leur impôt sur le revenu. Vous ne trouverez aucune allusion à la dîme chez les chrétiens du premier siècle dans le Nouveau Testament. De nombreux chrétiens ont une idée très floue de ce que la Bible enseigne à propos de la dîme. Alors, réfléchissons à la question. Le terme dîme, signifie simplement le dixième.1 Le Seigneur a institué en Israël trois sortes de dîmes composant leur système d’imposition. Les voici: Un dixième des produits de la terre pour soutenir les Lévites qui n’avaient pas d’héritage en Canaan.2 Un dixième des produits de la terre pour financer les festivités religieuses à Jérusalem. Si ces produits étaient trop lourds à transporter à Jérusalem pour une famille, ils pouvaient le convertir en argent.3 Un dixième des produits de la terre collecté tous les trois ans pour les Lévites locaux, les orphelins, les étrangers et les veuves.4 C’était la dîme biblique. Dieu avait commandé à Israël de donner 23.3 % de leurs revenus tous les ans, et non 10 % .5 Ces dîmes consistaient en produits de la 150


terre (ce qui incluait la semence, le produit de la terre et les troupeaux.) Il s’agissait de produits en nature et non d’argent. On peut constater un net parallèle entre les dîmes d’Israël et le système d’imposition actuel en Amérique. Israël était obligé de financer les travailleurs communautaires (les prêtres), leurs jours saints (festivités) et les pauvres (étrangers, veuves, et orphelins) au moyen de leurs dîmes annuelles. La plupart des systèmes de taxation actuels servent le même objectif. Par la mort de Jésus, tous les codes et cérémonies solennels qui relevaient du peuple Juif ont été cloués à la croix et ensevelis pour ne plus jamais servir de prétexte à notre condamnation. C’est pourquoi, nous ne voyons jamais de chrétiens donner la dîme dans le Nouveau Testament, tout comme nous ne les voyons plus sacrifier de boucs ou de taureaux pour couvrir leurs péchés. Paul écrit, « Vous qui étiez morts par vos offenses et par l'incirconcision de votre chair, il vous a rendus à la vie avec lui, en nous faisant grâce pour toutes nos offenses, il a effacé l'acte dont les ordonnances nous condamnaient et qui subsistait contre nous, et il l'a détruit en le clouant à la croix. Que personne donc ne vous juge au sujet du manger ou du boire, ou au sujet d'une fête, d'une nouvelle lune, ou des sabbats: c'était l'ombre des choses à venir, mais le corps est en Christ. »6 La dîme appartenait uniquement à Israël sous la loi. Lorsqu’il est question d’administration financière, nous voyons les saints des premiers siècles donner joyeusement, selon leurs possibilités (et non pas par devoir, issu d’un commandement.7) Dans l’église du premier siècle, les dons étaient volontaires.8 Et ceux qui en bénéficiaient étaient les pauvres, les orphelins, les veuves, les malades, les prisonniers et les étrangers.9 Je peux entendre quelqu’un soulever l’objection suivante : « Mais qu’en estil d’Abraham? Il vivait avant la loi. Et nous le voyons donner la dîme au Grand Prêtre Melchisédek (Genèse 14:17-20). Cela ne renverse-t-il pas votre argument disant que la dîme faisait partie de la Loi mosaïque ? » Non, ce n’est pas le cas Premièrement, la dîme d’Abraham était totalement volontaire. Elle n’était pas obligatoire. Dieu ne l’avait pas ordonnée comme il l’a fait concernant Israël. Deuxièmement, Abraham a donné la dîme d’un butin qu’il avait acquis après avoir mené une bataille particulière. Il n’a pas donné la dîme de son propre revenu ou de sa propriété. L’acte d’Abraham de donner cette dîme est comparable au fait que vous gagniez à la loterie ou au méga jackpot, ou que vous receviez une prime de salaire, puis en donniez le dixième. Troisièmement, et le plus important, il s’agit là de l’unique fois où Abraham a donné la dîme sur ses 175 années de vie sur terre. Nous n’avons aucune preuve qu’il ait jamais répété cette opération. Par conséquent, si vous voulez utiliser 151


l’exemple d’Abraham comme « preuve écrite » pour argumenter que les chrétiens doivent donner la dîme, alors vous ne serez obligés de la donner qu’une fois!10 Cela nous ramène à ce texte si souvent cité de Malachie 3. Que dit Dieu dans ce texte? Premièrement, ce passage était adressé à l’ancien Israël lorsque celui-ci était sous la Loi Mosaïque. Le peuple de Dieu retenait ses dîmes et ses offrandes. Réfléchissez à ce qui se passerait si une grande partie des américains refusaient de payer leur impôt sur le revenu. La loi américaine considère cela comme du vol.11 Ceux qui seraient jugés coupables seraient punis pour avoir floué le gouvernement. De la même façon, lorsqu’Israël retenait ses impôts (dîmes), il flouait Dieu (celui qui avait institué le système des dîmes.) Le Seigneur a ensuite ordonné à son peuple d’apporter ses dîmes dans la réserve. La réserve était située dans les antichambres du Temple. Ces antichambres étaient réservées au stockage des dîmes (sous forme de produits et non d’argent) pour le soutien des Lévites, des pauvres, des étrangers et des veuves.12 Notez bien le contexte de Malachie 3:8-10. Dans le verset 5, le Seigneur dit qu’il jugera ceux qui oppresseront la veuve, l’orphelin et l’immigré. Il dit: « je me hâterai de témoigner contre les sorciers et les adultères, contre ceux qui font de faux serments, contre ceux qui oppriment le salarié, la veuve et l'orphelin, qui lèsent l'immigré et ne me craignent pas. » (NBS). Les veuves, les orphelins et les immigrés étaient les récipiendaires légaux de la dîme. Puisqu’Israël retenait ses dîmes, il était coupable d’ignorer les besoins de ces groupes de personnes. Nous voyons ici le cœur de Dieu, en Malachie 3:8-10 : il s’oppose à l’oppression des pauvres. Combien de fois avez-vous entendu les pasteurs prêcher sur Malachie 3? Personnellement, j’ai entendu parler de la dîme au cours de nombreux sermons, mais on ne m’a jamais dit ce à quoi ce passage se référait en réalité. C’est-à-dire que les dîmes étaient données pour soutenir les veuves, les orphelins, les immigrés et les Lévites (qui n’avaient aucune possession.) Les origines de la dîme et du salaire des ecclésiastiques. Le Nouveau Testament presse les croyants de donner selon leurs capacités. Les chrétiens de l’église primitive ont donné pour soutenir d’autres croyants ainsi que des missionnaires apostoliques, afin de leur permettre de voyager et d’implanter des églises.13 L’un des témoignages les plus extraordinaires de l’église primitive concerne la générosité des chrétiens envers les pauvres et les nécessiteux.14 C’est ce qui a poussé des outsiders comme le philosophe Galen à observer la puissance impressionnante et attachante de l’Eglise primitive et à s’exclamer: « Regardez combien ils s’aiment les uns les autres. »15 Cyprien de Carthage a été le premier auteur chrétien à mentionner cette pratique du soutien financier au clergé. Il a argumenté que, si les Lévites étaient 152


entretenus par la dîme, le clergé chrétien devrait l’être aussi.16 Mais cette pensée est abusive. Aujourd’hui, le système lévitique a été aboli. Nous sommes tous prêtres à présent. Ainsi, si un prêtre demande une dîme, alors tous les chrétiens devraient bénéficier de la dîme les uns des autres! Le plaidoyer de Cyprien était extrêmement inhabituel pour son temps. Il n’a été repris et n’a eu d’écho parmi la populace chrétienne que bien après.17 A part Cyprien, aucun auteur chrétien n’a jamais fait référence à l’Ancien Testament pour prôner la dîme.18 Ce n’est qu’au IVème siècle, trois cent ans après Christ, que certains dirigeants chrétiens ont commencé à préconiser la dîme en tant que pratique chrétienne pour soutenir le clergé. 19 Mais cette pratique ne s’est pas répandue parmi les chrétiens avant le XVIIIème siècle.20 Selon un érudit : « Pendant les sept cent premières années elles [les dîmes] sont à peine mentionnées. »21 Le tableau de la dîme chrétienne est fascinant à dresser.22 La dîme s’est propagée de l’Etat vers l’Eglise. En voici l’histoire. Aux VIIème et VIIIème siècles, le fermage était une caractéristique répandue dans l’économie européenne. La dîme, ou le dixième, était une pratique commune pour calculer les paiements aux propriétaires. Etant donné que l’Eglise avait accru le nombre de ses propriétés en Europe, les 10 % de loyer sont passés des propriétaires séculiers à l’Eglise. Les dirigeants ecclésiastiques sont devenus propriétaires terriens. Et la dîme est devenue une taxe ecclésiastique. Ce qui a donné aux 10 % de loyer terrien une nouvelle signification. Ceux-ci ont été attribués à la loi de l’Ancien Testament, et ont fini par être assimilés à la dîme des Lévites!23 Par conséquent, en tant qu’institution, la dîme chrétienne était basée sur une fusion entre la pratique de l’Ancien Testament et le système commun du fermage au Moyen-âge en Europe. 24 Vers le VIIIème siècle, la dîme est devenue une obligation légale dans de nombreuses régions d’Europe occidentale.25 A la fin du Xème siècle, le loyer de fermage décimal s’est éteint. En revanche, la dîme est restée et s’est muée en exigence morale, cautionnée par l’Ancien Testament. La dîme s’était transformée en pratique religieuse obligatoire et légale à travers l’Europe chrétienne.26 Pour le dire autrement, avant le VIIIème siècle, la dîme était pratiquée comme une offrande volontaire.27 Mais à la fin du Xème siècle, elle était devenue une exigence légale pour financer l’Eglise de l’Etat (exigée par le clergé et appliquée par les autorités séculières!28 De nos jours, la dîme n’est plus légalement obligatoire dans aucune nation.29 Cependant, la pratique obligatoire de la dîme est toujours aussi vivace aujourd’hui que lorsqu’elle représentait une astreinte légale. Bien sûr, vous n’allez pas être punis physiquement si vous ne donnez pas la dîme, mais on vous dira ou on vous fera sentir que vous péchez. En réalité, dans certaines églises, si vous ne donnez pas la dîme, vous ne pourrez pas exercer de ministère. Un de mes amis était considéré comme candidat au poste d’ancien dans une dénomination bien connue. Cependant, étant donné qu’il 153


était partisan du don anonyme (il ne donnait jamais de chèques), on lui a interdit d’accéder à ce statut. La raison ? On lui a dit que l’église devait savoir qui obéissait à Dieu en donnant la dîme et qui ne le faisait pas. Il s’agissait de la politique générale de cette dénomination particulière. Seuls les donneurs de dîme pouvaient être anciens. En ce qui concerne les salaires du clergé, durant les trois premiers siècles les ecclésiastiques n’étaient pas salariés. C’est Constantin qui, lors de son avènement, a institué la pratique de payer un salaire fixe au clergé, puisé dans les finances de l’église et les trésors municipal et impérial. 30 Ainsi est né le salaire du clergé, une pratique malencontreuse qui n’a aucune racine dans le Nouveau Testament.31 Il ne fait aucun doute qu’il est impératif pour les croyants de soutenir l’œuvre du Seigneur financièrement et de donner généreusement aux pauvres. La Bible nous invite à faire les deux, et le Royaume de Dieu a désespérément besoin des deux. Le problème mis en examen dans ce chapitre est la pertinence de la dîme en tant que « loi » chrétienne et son usage habituel : le financement des salaires du clergé, les frais de fonctionnement de l’Eglise et l’entretien du bâtiment. Un fardeau pour les pauvres Si un chrétien souhaite donner la dîme par choix personnel, c’est bien. La dîme devient un poids lorsqu’elle est présentée comme un commandement de Dieu, asservissant tous les croyants. Dans l’Ancien Testament, l’institution de la dîme était une bonne nouvelle pour le pauvre. Cependant de nos jours, la dîme obligatoire équivaut à une oppression pour lui.32 De nombreux chrétiens pauvres sont tombés encore plus bas dans la pauvreté parce qu’ils ont été obligés de donner au-delà de leurs moyens. On leur a dit que s’ils ne la donnaient pas, ils volaient Dieu et violaient un de ses commandements.33 Dans de tels cas, l’évangile n’est plus une « bonne nouvelle pour les pauvres. »34 Au lieu de cela, il devient un lourd fardeau. Plutôt qu’une liberté il représente l’oppression. Nous sommes si doués pour oublier qu’à l’origine le but de la dîme établie par Dieu pour Israël était de bénéficier au pauvre, non de le léser! Inversement, la dîme actuelle est une bonne nouvelle pour les riches. Pour quelqu’un qui gagne bien, 10 pour cent représente une somme dérisoire. C’est pourquoi, le don de la dîme apaise la conscience des prospères sans impacter leur style de vie. De nombreux chrétiens fortunés sont induits en erreur par la pensée qu’ils « obéissent à Dieu » parce qu’ils déposent un malheureux petit dix pour cent de leur revenu dans la corbeille d’offrande. Mais Dieu a une vision bien différente du don. Souvenez-vous de la parabole de la veuve indigente: « Jésus regarda autour de lui et vit des riches qui déposaient leurs dons dans les troncs à offrandes du temple. Il vit aussi une veuve pauvre qui y mettait deux petites pièces de cuivre. 3 Il dit alors : « Je vous le déclare, c'est la vérité : cette veuve pauvre a mis plus que tous les autres. Car tous les autres ont 154


donné comme offrande de l'argent dont ils n'avaient pas besoin ; mais elle, dans sa pauvreté, a offert tout ce dont elle avait besoin pour vivre’ » (Luc 21:1-4). C’est malheureux à dire, mais la dîme est souvent considérée comme une mise à l’épreuve pour être un disciple. Si vous êtes un bon chrétien, vous donnerez la dîme (c’est ce qu’on pense). Mais c’est une fausse allégation. Donner la dîme n’est pas synonyme de dévotion. Si ça l’était, on pourrait traiter d’impies les chrétiens des premiers siècles évangélisés par Paul, parce que toutes les traces existantes démontrent qu’ils ne donnaient pas la dîme! 35 L’une des racines encore vivaces à l’origine de la pression toujours actuelle exercée pour donner la dîme dans les églises contemporaines est le salaire du clergé. Nombreux sont les pasteurs qui se sentent obligés de prêcher sur la dîme pour rappeler à leur assemblée son obligation de les soutenir, (leurs coûts opérationnels et l’organisation de programmes). Il est regrettable que la promesse d’une bénédiction ou la crainte d’une malédiction financières aient été employées trop souvent pour inciter les gens à s’acquitter de leur dîme et ainsi s’assurer de sa perception. De ce fait, la dîme d’aujourd’hui est parfois présentée comme l’équivalent d’un investissement en bourse chrétien. Payez la dîme et Dieu vous donnera plus d’argent. Refusez de payer la dîme, et Dieu vous en punira. De telles choses déchirent la bonne nouvelle en son cœur même. On peut dire la même chose du salaire du clergé. Celui-ci non plus ne bénéficie d’aucun fondement dans le Nouveau Testament. En réalité, il représente une aberration par rapport à toute la nouvelle alliance.36 Les anciens (bergers) du 1er siècle n’étaient jamais salariés.37 Ils avaient un métier séculier. 38 Ils donnaient au troupeau plutôt que de lui prendre quelque chose. C’est à un groupe d’anciens que Paul a adressé ces paroles qui donnent à réfléchir : « Je n'ai désiré ni l'argent, ni l'or, ni les vêtements de personne. Vous savez vous-mêmes que ces mains ont pourvu à mes besoins et à ceux des personnes qui étaient avec moi. Je vous ai montré de toutes manières que c'est en travaillant ainsi qu'il faut soutenir les faibles, et se rappeler les paroles du Seigneur, qui a dit lui-même: Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir.’ » (Actes 20:33-35). Donner un salaire aux pasteurs fait d’eux des professionnels rémunérés. Cela les élève au-dessus du reste du peuple de Dieu Cela crée une caste cléricale qui transforme le corps vivant de Christ en business. Puisque le pasteur et son équipe reçoivent une compensation pour leur ministère, ils sont les professionnels rémunérés. Le reste de l’église tombe dans un état de dépendance passive. Si tous les chrétiens répondaient à l’appel qui leur est adressé d’être des prêtres fonctionnels dans la maison du Seigneur (et il leur est permis d’entrer dans cet appel), la question qui surgirait immédiatement serait : « Pourquoi donc payonsnous notre pasteur!? » Mais en présence d’un sacerdoce passif, cette question ne surgit jamais.39 Au contraire, si l’église fonctionnait comme elle le devrait, le clergé professionnel 155


deviendrait superflu. Et du coup, le fait de penser ça c’est le job du pasteur, deviendrait une hérésie. Le clergé professionnel entretient l’illusion apaisante que la parole de Dieu constitue une matière classée top secret (et dangereuse) que seul des experts patentés savent manipuler.40 Mais ce n’est pas tout. Le fait de payer un pasteur l’oblige à plaire aux hommes. Il devient l’esclave de l’homme. Son ticket repas dépend de combien son assemblée l’apprécie. Il n’est donc pas libre de parler librement, sans craindre de perdre certains importants donneurs de dîme. (Plus d’un pasteur m’a confessé cet état de fait.) C’est un fléau pour le système pastoral. Un autre danger émanant du pastorat salarié est qu’il produit un clergé dépourvu de compétences professionnelles (héritage du paganisme grec).41 Je connais personnellement un bon nombre de pasteurs ayant reçu la conviction de quitter le ministère. Toutes leurs études et formations avaient été consacrées à l’étude et à la prédication de la parole. Bien que ces capacités soient appréciables, elles ne sont d’aucun secours sur le marché du travail. La difficulté majeure qu’ils rencontrent alors est de se forger une nouvelle carrière pour nourrir leur famille. Un de mes amis, lui-même ancien pasteur, est en train d’écrire un opuscule sur la manière de trouver un emploi et de se forger une carrière après avoir quitté le système clérical. Ses idées ne sont pas basées sur la théorie. Lui et d’autres comme lui, les ont expérimentées dans leur chair. Même ainsi, il est terriblement difficile pour la plupart des pasteurs contemporains d’admettre l’absence de références scripturaires pour étayer le fondement de leur métier simplement parce qu’ils dépendent de celui-ci. Comme l’a dit un jour Upton Sinclair : « Il est difficile d’amener un homme à comprendre quelque chose si son salaire dépend de sa non compréhension du sujet. » Il n’est pas étonnant alors qu’il faille beaucoup de courage et de foi pour quitter le pastorat. Un bon nombre de mes amis anciens pasteurs ont admis sans complexe qu’ils avaient adhéré à un système religieux qui leur avait fait du tort, subtilement mais profondément, à eux et à leur famille.42 Malheureusement, nous sommes assez naïfs, pour la plupart, quant au pouvoir écrasant du système religieux. C’est un système sans visage qui ne se lasse pas de dévorer les siens.43 Les sacristains et la corbeille d’offrande La collecte de la dîme et des offrandes fait maintenant partie de tous les cultes dans l’église. Comment cette pratique des sacristains passant la corbeille d’offrande a-t-elle pris forme ? C’est encore une de ces inventions postapostoliques. Elle est apparue en 1662, même si les corbeilles ou troncs à aumônes existaient déjà auparavant.44 Le rôle du sacristain trouve son origine dans la réorganisation de la liturgie de l’Eglise d’Angleterre, sous la Reine Elisabeth 1ère. Les sacristains avaient pour responsabilité de conduire les gens à leur siège (en partie pour s’assurer que personne 156


ne prenait des sièges réservés à d’autres personnes), de collecter les offrandes et de prendre note des gens qui avaient pris la communion. Le prédécesseur du sacristain était en quelque sorte le « portier » de l’église, un ordre mineur (bas-clergé), dont on retrace l’origine au IIIème siècle.45 Les portiers avaient pour office de fermer et d’ouvrir les portes de l’église, d’y maintenir l’ordre et de fournir des indications générales aux diacres.46 Les portiers ont été remplacés par des « marguilliers » en Angleterre avant et pendant la Réforme.47 C’est après le marguillier qu’est apparu le sacristain. Conclusion Comme nous l’avons vu, la dîme n’est pas chrétienne, même si elle est biblique. Jésus-Christ ne l’a pas enseignée à ses disciples.48 Les chrétiens du 1er siècle ne l’observaient pas. Et pendant trois cent ans, les disciples de Christ ne l’ont pas pratiquée. La dîme n’est devenue une pratique largement admise parmi les chrétiens qu’à partir du XVIIIème siècle, bien que ceux-ci donnaient généreusement (souvent bien au-delà des 10% de leurs ressources) depuis le début. La dîme n’est mentionnée qu’en 4 occasions dans le Nouveau Testament, aucune ne s’appliquant à des chrétiens.49 La dîme appartient à l’époque l’Ancien Testament, où un système d’imposition était nécessaire pour soutenir les pauvres et la caste sacerdotale spécialement mise à part pour servir l’Eternel. Avec la venue de Jésus-Christ, il y a eu un « changement de loi » (tout ce qui était ancien a été mis de côté et rendu obsolète par ce qui était nouveau -Hébreux 7:12-18; 8:13). Nous sommes tous prêtres maintenant (libres de fonctionner dans la maison de Dieu.) La loi, l’ancien sacerdoce et la dîme, ont été crucifiés. Il n’y a plus de voile dans le Temple à présent, ni impôt, ni sacerdoce particulier qui se tienne entre Dieu et les hommes. Toi, cher chrétien, tu as été libéré du lien de la dîme et de toute obligation de subventionner un système clérical non biblique. A l’instar des chrétiens macédoniens du premier siècle, puisses-tu donner librement, le cœur réjoui, sans culpabilité, ni obligation religieuse, ni manipulation... en soutenant généreusement ceux qui en ont besoin. (2 Corinthiens 8:1-4; 9:6-7).

Approfondissements 1. Vous semblez supposer que tous les pasteurs encouragent la dîme parmi leurs membres simplement parce qu’ils veulent s’assurer d’être payés à la fin du mois et d’avoir des fonds pour financer leurs programmes. N’est-il pas tout autant vraisemblable que les pasteurs encouragent les gens à donner la dîme parce que Jésus et les apôtres l’ont fait. Pouvez-vous développer votre pensée sur l’attitude à tenir par les églises par rapport au don? 157


En fait, les deux propositions sont justes. Beaucoup de pasteurs ont confessé que leur salaire avait une forte influence sur leur discours. Nous savons aussi que d’autres pasteurs ont des motivations différentes. En ce qui concerne votre autre question, les chrétiens qui désirent donner la dîme, peuvent le faire librement. Et s’ils ne désirent pas le faire, ils sont libres de ne pas le faire. Paul met en évidence la bonne attitude à avoir dans le don, lorsqu’il écrit : “Que chacun donne comme il l'a résolu en son cœur, sans tristesse ni contrainte; car Dieu aime celui qui donne avec joie” (2 Corinthiens 9:7, Segond). 2. 1 Timothée 5:17 dit que : “Les responsables qui dirigent bien l'Eglise méritent des honoraires doubles” (Semeur). Cela n’appuie-t-il pas l’idée de payer des pasteurs ? Si non, que pensez-vous que ce passage signifie ? Pour commencer, ce passage parle des anciens, et non des pasteurs modernes. Le grec dit en fait que les anciens qui prennent bien soin du peuple de Dieu méritent un double honneur. La « New American Standard”, version King James, et la “ New International Version” traduisent toutes deux ces termes par double honneur (ndt : ainsi en est-il de la version Segond et de la Nouvelle Edition de Genève en français.) Au verset 18, Paul cite l’Ancien Testament pour étayer ses dires. Tu n'emmuselleras point le bœuf quand il foule le grain. Et l'ouvrier mérite son salaire, les anciens qui prennent soin du peuple de Dieu méritent un « double honneur, » ce qui signifie un plus grand respect. Alors la vraie question devient : que signifie réellement « un double honneur » ? Cela signifie-t-il un salaire pour le clergé ? Des honoraires ? Ou simplement un plus grand respect ? Tout d’abord, les termes grecs spécifiques employés par le Nouveau Testament pour parler de paiement ou de salaire ne sont pas employés dans ce texte. Au contraire, le terme ‘honneur’ dans ce passage signifie respecter ou estimer quelqu’un ou quelque chose. Le même terme est employé quatre fois en 1 Timothée. Dans chaque cas, il signifie respect. Deuxièmement, tous les chrétiens sont appelés à user de prévenance les uns envers les autres, par honneur (Romains 12:10). Il serait absurde de se servir de cela pour affirmer que tous les chrétiens devraient recevoir un salaire les uns des autres. Encore une fois, ces anciens fournissant un bon service doivent recevoir plus d’honneur, ou un plus grand respect. Troisièmement, l’idée qu’il s’agissait bien de respect dans la pensée de Paul est soutenue par le verset 19. Paul continue en disant qu’on ne doit pas accepter d’accusation (ou déshonneur) envers des anciens, si celle-ci n’est pas soutenue par deux ou trois témoins. Admettons, le double honneur peut avoir impliqué des offrandes données librement en gage de bénédiction, de temps en temps (Galates 6:6). Mais ce n’est pas la pensée dominante. La Bible nous dit que les anciens méritent l’honneur (le respect), et non un salaire. Par conséquent, 1 Timothée 5 est en parfaite cohérence avec les paroles de Paul consignées en Actes 20:33-35. C’est là qu’il a dit aux anciens d’Ephèse qu’il ne prenait pas d’argent des mains du peuple de Dieu mais 158


qu’il subvenait à ses propres besoins. Paul a ensuite conseillé aux anciens de suivre son exemple dans ce domaine. Ce passage à lui seul s’élève contre l’idée d’un clergé embauché ou d’un personnel pastoral rémunéré. Il est frappant de constater qu’à la fois 1 Timothée 5:17-18 et Actes 20:33-35 s’adressaient au même groupe de personnes, les anciens d’Ephèse. Il n’y a donc aucune contradiction. Etant donné que les anciens faisaient partie de la population locale, la Bible n’entérine aucunement qu’ils reçoivent un soutien financier complet contrairement aux apôtres itinérants qui voyageaient de région en région pour implanter des églises (1 Corinthiens 9:1-18). Paul était un ouvrier apostolique itinérant. Par conséquent, il avait le droit légitime de recevoir un soutien financier complet de la part du people de Dieu (Lire 1 Corinthiens 9). Mais il a renoncé à ce droit volontairement à chaque fois qu’il a travaillé avec un groupe de chrétiens. (1 Corinthiens 9:14-18; 2 Corinthiens 11:7-9; 12:13-18; 1 Thessaloniciens 2:6-9; 2 Thessaloniciens 3:8-9). Nous nous demandons ce qui se passerait de nos jours, si plus de pasteurs suivaient les traces de Paul. L’argument de Paul en 1 Timothée 5:17-18 est simplement le suivant : tout comme le bœuf qui travaille mérite de manger, les employés qui travaillent méritent d’être payés, les anciens qui servent bien doivent bénéficier d’un double respect. (En 1 Corinthiens 9, Paul utilise une analogie identique. Cependant, dans ce texte, Paul parle des ouvriers apostoliques plutôt que des anciens autochtones, et il fait bien comprendre qu’il s’agit là de finance plutôt que d’honneur.)

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Chapitre 9

Le baptême et la Sainte Cène: dilution des sacrements Beaucoup d’institutions et d’éléments d’institutions dont on pense parfois qu’ils sont issus du christianisme primitif appartiennent en fait du Moyen-âge. Edwin Hatch, théologien anglais du XIXème siècle Le clergé protestant a arraché la Bible aux ténèbres des bibliothèques papales et l’a dispersée sur toute la terre. Il l’a encensée au plus haut humainement parlant. Il l’a étudiée, commentée, et expliquée, allant jusqu’à en torturer chaque terme ou expression tant dans la version originale que dans ses traductions, pour en tirer toutes les interprétations possibles. Il en a résulté que le christianisme a été étouffé sous la théologie et la critique : les doctrines de la révélation sont étirées, interprétées et tordues sous les formes les plus fantastiques que l’imagination ou la logique humaine peuvent concevoir. Un système de divinité technique a été élaboré qui rivalise avec la complexité de la machinerie de l’Eglise Romaine. Stephen Colwell, auteur du XIXème siècle de New Themes for the Protestant Clergy D’innombrables livres ont été écrits sur les deux sacrements protestants : le baptême et la Sainte Cène. Cependant, il n’existe rien ou presque qui retrace l’origine nos pratiques actuelles. Dans ce chapitre, nous allons voir à quel point nous nous sommes éloignés dans la pratique du baptême d’eau et de la Sainte Cène. Diluer les eaux du baptême La plupart des évangéliques chrétiens croient et pratiquent le baptême du croyant par opposition au baptême des enfants.1 D’une manière semblable, la plupart des protestants croient et pratiquent le baptême par immersion plutôt que par aspersion. Le Nouveau Testament soutient ces deux positions, tout comme l’histoire de l’église primitive.2 Cependant, dans la plupart des églises contemporaines, il est typique de voir que le baptême est séparé de la conversion par un long laps de temps. Beaucoup de chrétiens sont sauvés à un certain âge et baptisés beaucoup plus tard. Au premier siècle, cette pratique était inconnue. 161


Dans l’église primitive, les convertis étaient baptisés immédiatement après avoir crû.3 S’agissant du baptême et de la conversion, un érudit déclare : « Ils vont de pair. Ceux qui se repentaient et croyaient dans la parole, étaient baptisés. C’était un modèle invariable, autant que nous le sachions. »4 Un autre écrit : « Dans l’église naissante, les convertis étaient baptisés sans délai, ou très peu. »5 Au 1er siècle, le baptême d’eau était la confession manifeste de la foi d’une personne.6 Bien plus encore, il représentait la façon dont une personne venait au Seigneur. C’est pour cette raison que la confession du baptême est fondamentalement liée à l’exercice de la foi rédemptrice. A tel point que les auteurs du Nouveau Testament emploient souvent le mot baptême au lieu de foi et l’associent au fait d’être ‘sauvé’ »7 C’est parce que, pour les premiers chrétiens, le baptême était le signe initial de la foi en Christ. De nos jours, la « prière du pécheur » a remplacé le rôle des eaux du baptême en tant que confession de foi initiale. On indique aux non-croyants la démarche suivante : » répète cette prière après moi, accepte Jésus comme ton sauveur personnel, et tu seras sauvé. » Mais dans le Nouveau Testament il n’est question nulle part d’une personne amenée au Seigneur par la prière du pécheur. Et dans toute la Bible, il n’y a pas la moindre allusion à un « Sauveur personnel ». Au lieu de cela, les incroyants du premier siècle étaient amenés à JésusChrist en entrant dans les eaux du baptême. Si je peux me permettre de l’exprimer ainsi, l’eau du baptême représentait la prière du pécheur du 1er siècle! Le baptême accompagnait l’adhésion à la Bonne Nouvelle. Par exemple, lorsque Lydie a entendu Paul prêcher l’évangile, elle a crû et a immédiatement été baptisée avec toute sa maisonnée. (Actes 16:14-15). De la même façon, lorsque Paul a amené au Seigneur le gardien de prison philippien et sa maison, ils ont été immédiatement baptisés. (Actes 16:30-33). C’était le modèle du Nouveau Testament (lire également Actes 2:41; 8:12, 35-37). Le baptême marquait une rupture complète avec le passé et une pleine intégration en Christ et en son église. Le baptême était simultanément un acte de foi et une expression de cette foi.8 Mais alors, quand le baptême a-t-il été séparé du fait de recevoir Christ? Cela a commencé au IIème siècle. Certains chrétiens influents ont enseigné que le baptême devait être précédé d’une période d’instruction, de prière et de jeûne.9 Cette tendance a empiré au IIIème siècle, lorsque les jeunes convertis devaient attendre trois ans avant d’être baptisés! Si vous étiez candidat au baptême à cette époque, votre vie était passée au peigne fin.10 Il fallait vous montrer digne du baptême par votre conduite.11 Le baptême était devenu un rite rigide et enjolivé qui tenait plus des cultures juive et grecque dans son élaboration : bénédiction de l’eau, déshabillage complet, profession de foi, onction d’huile accompagnée d’exorcisme, don de lait et de miel à la personne nouvellement baptisée. 12 Il était devenu un acte associé aux œuvres plutôt qu’à la foi. 162


Le légalisme qui accompagnait le baptême a mené à un concept encore plus effrayant : seul le baptême pardonne les péchés. Si une personne commettait un péché après le baptême, elle ne pouvait pas être pardonnée. Pour cette raison, la temporisation du baptême est devenue assez commune au IVème siècle. Etant donné qu’on croyait que seul le baptême apportait le pardon des péchés, beaucoup pensaient qu’il valait mieux y surseoir jusqu’à ce qu’on puisse en tirer le maximum de bénéfices.13 C’est pourquoi, certaines personnes, comme Constantin, ont attendu jusqu’à être sur leur lit de mort pour être baptisées!14 La prière du pécheur et un sauveur personnel Comme je l’ai dit précédemment, la prière du pécheur a fini par remplacer le rôle biblique des eaux du baptême. Même si aujourd’hui, cette prière est prônée comme tirée de l’évangile, elle ne s’est développée que récemment. D. L. Moody fut le premier à s’en servir. Moody utilisait ce modèle de prière quand il formait ses collaborateurs évangélistes.15 Mais son usage ne s’est popularisé que dans les années 50 avec le tract de Billy Graham La paix avec Dieu et plus tard, avec les Quatre lois spirituelles de la croisade Campus pour Christ. 16 Elle ne contient rien de particulièrement mauvais. C’est sûr, Dieu répondra à la prière du cœur de tout individu qui vient à lui par la foi. Cependant, elle ne doit pas remplacer les eaux du baptême en tant qu’instrument visible du début de la conversion. L’expression sauveur personnel est toutefois une autre innovation récente issue de la philosophie du renouveau américain du XIXème siècle.17 Son origine remonte vers le milieu des années 1800 pour être exact.18 Mais elle s’est intégrée au jargon populaire grâce à Charles Fuller (1887–1968). Fuller a littéralement employé cette expression des milliers de fois dans son émission de radio incroyablement populaire Old Fashioned Revival Hour qui a été diffusée 1937 et 1968. Son émission est partie d’Amérique du Nord pour faire ensuite le tour du globe. Au moment de sa mort, elle était entendue sur plus de 650 stations de radio.19 De nos jours, l’expression sauveur personnel est utilisée de façon si persuasive qu’elle semble biblique. Mais réfléchissez au côté grotesque de son usage. Avez-vous déjà présenté un de vos amis sous ce titre? « Voici mon ‘ami personnel’ Billy Smith. » En Jésus-Christ, vous et moi avons reçu bien plus qu’un sauveur personnel. Nous avons la relation très personnelle que Jésus a avec son Père! Selon les enseignements du Nouveau Testament, ce que le Père est pour Jésus-Christ, celuici l’est pour vous et moi. Parce que maintenant vous êtes « en Christ, » le Père vous aime et vous traite de la même façon que son propre fils. En d’autres termes, nous partageons et participons la relation parfaite que Christ a avec son Père.20 Cette relation est communautaire autant qu’elle est individuelle. Tous les chrétiens partagent ensemble cette relation. A cet égard, l’expression sauveur personnel renforce l’idée d’un christianisme hautement individualiste. Mais le 163


Nouveau Testament ne parle pas d’une foi chrétienne « rien-qu’entre-moi-et-Jésus ».Au lieu de cela, le christianisme est intensément communautaire. Le christianisme est une vie vécue dans un corps de croyants qui le connaissent ensemble comme Seigneur et Sauveur. Le repas du Seigneur Des rivières de sang ont été versées autant par les mains de chrétiens catholiques que protestants à propos des complexités doctrinales relative au repas du Seigneur.21 Ce repas, autrefois précieux et vivant, est devenu le centre de débats théologiques pendant des siècles. Tragiquement, il est passé d’une image concrète et spectaculaire du corps et du sang de Christ à devenir une étude intellectuelle abstraite et métaphysique. Nous n’avons pas le temps de nous attacher aux broutilles théologiques qui entourent le repas du Seigneur dans ce livre. Mais il est clair que les protestants (autant que les catholiques) ne pratiquent pas ce repas tel qu’il était observé au 1er siècle. Pour les premiers chrétiens, la Sainte Cène était un repas festif et communautaire.22 L’ambiance était à la fête et à la joie. Au début, lorsque les croyants se rassemblaient autour d’un repas, ils partageaient le pain et le passaient à la ronde. Puis, ils mangeaient, le repas se terminant après que la coupe ait circulé. Le repas du Seigneur était essentiellement un banquet chrétien. Et il n’y avait pas de pasteur officiant.23 Aujourd’hui, la tradition nous a forcés à prendre ce repas sous la forme d’un trempage de langue dans un dé à coudre de jus de raisin et un tout petit bout de cracker sans goût. La Sainte Cène est souvent prise dans une atmosphère de morosité et contrition. On nous conseille de nous souvenir des horreurs de la mort du Seigneur. On nous demande de réfléchir à nos péchés. De plus, la tradition nous a appris que prendre la Sainte Cène pouvait être dangereux. Par conséquent, beaucoup de chrétiens contemporains ne prendraient jamais la Sainte Cène sans la présence d’un pasteur ou prêtre ordonné. Souvent, il est fait référence à 1 Corinthiens 11:27-33. Au verset 27, l’Apôtre Paul avertit les croyants de ne pas prendre le repas du Seigneur « indignement. » Dans cet exemple, cependant, il semble faire allusion à des membres de l’assemblée qui déshonoraient le repas du Seigneur en ne s’attendant pas les uns les autres pour manger et à ceux qui s’enivraient. Un repas tronqué Alors, pourquoi le repas complet a-t-il été remplacé par une cérémonie comprenant seulement le pain et le vin? Voici l’histoire. Au premier siècle et au début du second, les premiers chrétiens appelaient le repas du Seigneur « le festin de l’amour. »24 A cette époque, ils prenaient le pain et le vin dans un contexte de repas 164


festif. Mais, à l’époque de Tertullien, le pain et le vin ont commencé à être séparés du repas. Vers la fin du second siècle, la séparation fut complète.25 Certains érudits ont argumenté que les chrétiens avaient laissé tomber le repas parce qu’ils souhaitaient préserver l’Eucharistie d’être profanée par la participation d’incroyants.26 Ceci peut être vrai en partie, mais il semble que ce soit plutôt l’influence croissante des rituels païens qui a fait perdre à la Cène l’atmosphère joyeuse, terre-à-terre et non religieuse d’un repas pris en commun chez quelqu’un.27 Au IVème siècle, le festin de l’amour a été prohibé parmi les chrétiens !28 Avec l’abandon du repas, les termes de rompre le pain et repas du Seigneur ont disparu.29 Le terme commun employé maintenant pour le rituel tronqué (juste le pain et le vin) est Eucharistie.30 Irénée (130-200) a été l’un des premiers à appeler offrandes le pain et le vin.31 C’est après lui que ce repas a commencé à s’appeler « l’offrande » ou « le sacrifice. » L’autel où le pain et le vin étaient placés pour être vus a fini par être considéré comme un autel où la victime était offerte.32 La Cène n’était plus un événement communautaire. Elle était plutôt devenue un rituel sacerdotal qui devait être observé à distance. Au cours des IVème et Vème siècles, un sentiment de crainte et d’effroi fut associé graduellement à la table où était célébrée l’Eucharistie33. La joie qui s’en dégageait autrefois avait disparu.34 Le côté mystique de l’Eucharistie était dû à l’influence des religions du mystère païennes, qui étaient enténébrées par la superstition.35 A travers cette influence, les chrétiens ont commencé à attribuer des connotations sacrées au pain et au vin. Ils étaient considérés comme des objets saints et émanant la sainteté.36 Etant donné que la Cène était devenue un rituel sacré, il fallait qu’elle soit administrée par une personne sacrée. 37 D’où l’apparition du prêtre offrant le sacrifice de la Messe.38 On croyait qu’il avait le pouvoir d’appeler Dieu à descendre des cieux et de le confiner dans un morceau de pain.39 Vers le Xème siècle, le sens du mot corps s’est modifié dans la littérature chrétienne. Auparavant, les auteurs chrétiens utilisaient le terme de corps pour se référer à l’une de ces trois choses : (1) Le corps physique de Jésus, (2) l’Eglise, ou (3) le pain de l’Eucharistie. Les pères de l’Eglise primitive considéraient l’église comme une communauté de foi identifiée par le partage du pain. Mais au Xème siècle, il y a eu un glissement dans la pensée et dans le langage. Le terme de corps n’était plus employé pour se référer à l’église. Mais seulement pour se référer au corps physique de Christ ou au pain de l’Eucharistie.40 Par conséquent, la conception du repas du Seigneur s’est éloignée de l’idée d’une église rassemblée pour célébrer le partage du pain.41 Le changement de vocabulaire reflète cette pratique. L’Eucharistie a cessé d’être un repas joyeux et 165


communautaire et est devenue sacrée à part entière (rien qu’en étant posée sur la table). Elle s’est enfoncée dans une brume religieuse. Regardée avec crainte, elle était prise par le prêtre d’une manière austère et totalement éloignée de la nature communautaire de l’ekklesia. Tous ces facteurs ont donné le jour à la doctrine de la transsubstantiation. Au IVème siècle, la croyance que le pain et le vin se transformaient en le corps et le sang réels du Seigneur était catégorique. Cependant, la doctrine de la transsubstantiation a donné une explication théologique sur la façon dont ce changement a eu lieu.42 (Cette doctrine s’est élaborée entre les XIème et XIIIème siècles.) A cause de la doctrine de la transsubstantiation, le peuple de Dieu considérait ces éléments avec un sentiment de crainte et osait à peine s’en approcher.43 Lorsque les paroles de l’Eucharistie étaient murmurées, on croyait qu’elle se transformait littéralement en Dieu. Tout ceci a transformé le repas du Seigneur en un rituel sacré, accompli par des personnes sacrées et retiré des mains du peuple de Dieu. L’idée médiévale du pain et du vin représentant une « offrande » était tellement ancrée que même certains des réformateurs s’y sont tenus.44 Même si les protestants chrétiens contemporains ont écarté la notion catholique du repas du Seigneur en tant que sacrifice, ils ont continué d’adhérer à la pratique catholique de la Cène. Observez un service de Sainte Cène (souvent appelé « Sainte Communion ») dans la plupart des églises protestantes et vous constatez les choses suivantes : *La Sainte Cène est représentée par un morceau de cracker (ou un petit morceau de pain) et un petit gobelet de jus de raisin (ou de vin). Comme dans l’église catholique, elle est séparée du repas. *L’atmosphère est austère et lugubre, tout comme dans l’église catholique *Le pasteur invite les membres de l’assemblée à sonder leurs cœurs par rapport au péché avant de prendre les éléments, une pratique instituée par Jean Calvin.45 *Comme le prêtre catholique, beaucoup de pasteurs revêtent la robe pastorale pour l’occasion. Et toujours, pour administrer la Cène ils réciteront les paroles d’institution : « Ceci est mon corps » avant de dispenser les éléments à l’assemblée.46 Tout ceci relève du catholicisme médiéval, même si légèrement modifié. Synthèse Par notre tradition, nous avons évacué la signification et la puissance véritable attachée aux eaux du baptême. S’il est bien conçu et bien pratiqué, le baptême d’eau représente la confession initiale de la foi du croyant devant les hommes, les démons, les anges, et Dieu. Le baptême est un signe visible exprimant 166


notre séparation du monde,47 notre mort avec Christ, et l’ensevelissement de notre vieil homme,48 la mort de l’ancienne créature,49 et le bain dans la parole de Dieu.50 Le baptême d’eau représente la forme néo testamentaire de la conversioninitiation. Il est né dans l’idée de Dieu. Le fait de le remplacer par une prière du pécheur inventée par l’homme revient à le dépouiller de son empreinte divine. De la même façon, lorsque le repas du Seigneur est sorti de son contexte initial de repas complet, il se met à ressembler à en un rite païen.51 La Cène est devenue un rituel vide, administré par un homme d’église, plutôt que qu’une expérience d’église partagée et pratiquée dans la réjouissance. Il s’est mué en exercice religieux morbide, à la place d’un joyeux festival (une cérémonie éculée et individualiste, au lieu d’un événement communautaire plein de sens.) Comme l’a dit un érudit: « Il ne fait aucun doute que le repas du Seigneur a débuté comme un repas familial ou entre amis dans une maison privée… il est passé d’un repas réel à un repas symbolique…le repas du Seigneur est passé de la plus grande simplicité à une splendeur élaborée…la célébration de cette Cène est passée de la fonction laïque à la fonction sacerdotale. Dans le Nouveau Testament luimême, il n’y aucune d’indication d’une personne devant avoir le privilège particulier ou le devoir de diriger la louange communautaire durant la Sainte Cène. »52 Lorsqu’Israël s’est séparé de la pensée originelle de Dieu, le prophète s’est écrié : « Ainsi parle l'Éternel: Placez-vous sur les chemins, regardez, Et demandez quels sont les anciens sentiers, Quelle est la bonne voie; marchez-y, Et vous trouverez le repos de vos âmes! » (Jérémie 6:16). De la même façon, nous devons éviter les vaines traditions des hommes et revenir aux anciens sentiers. Ces traditions saintes qui nous ont été données par Jésus et les Apôtres.53

Approfondissements 1. Même si la prière du pécheur ne se trouve pas dans la Bible, le fait de la prononcer en compagnie d’un frère croyant lorsque j’ai donné ma vie à Christ m’a aidé à comprendre ce que je faisais : Admettre mon délabrement total devant Dieu et confesser mon besoin de pardon. Dites-vous qu’il est insensé de dire cette prière ou seulement que celle-ci ne devrait pas prendre la place du baptême en tant que reconnaissance publique d’une conversion? Ce que vous dites en dernier. Nous disons simplement que cela ne doit pas remplacer le baptême d’eau en tant que mode biblique de conversion-initiation. 2. Vous exprimez votre préoccupation quant à l’expression ‘sauveur personnel’ qui sape le principe de notre relation à Christ autant communautaire qu’individuelle, cependant, cette expression ne nous rappelle-t-elle pas également 167


notre nécessité de faire notre propre confession de foi au lieu de supposer que notre simple appartenance à une église nous donne un billet pour le ciel? Il est certain que nous devons chacun faire notre propre confession de foi. Les premiers chrétiens ont confessé Jésus comme Seigneur et Sauveur. De nombreux chrétiens aujourd’hui, pensent que cela est suffisant. Par conséquent, ils ne se sentent pas appelés à le faire précéder par le mot personnel. 3. les paroles de l’apôtre Paul en 1 Corinthiens 11:23-26, par lesquelles il rappelle aux croyants les paroles de Jésus lorsque celui-ci a institué la Sainte Cène, semblent mettre l’accent sur la communion comme étant un temps pour se souvenir de la mort sacrificielle de Christ. Naturellement, beaucoup de croyants saisissent cette occasion pour confesser leurs péchés et se souvenir de la grâce de Dieu. Ce n’est pas un “rituel vide de sens” comme vous le décrivez. Vos pensées? Nous sommes d’accord pour dire que la Sainte Cène n’est pas un rituel vide de sens pour tous les chrétiens. En même temps, nous regrettons que tant d’églises aient perdu de vue l’objectif des premiers chrétiens lorsque ceux-ci célébraient la communion. Ceux-ci prenaient la Cène dans une atmosphère de joie et de célébration. Ce faisant, ils proclamaient la mort victorieuse de Christ et sa venue future. Ils la prenaient également comme un repas complet en communauté avec le corps de Christ, l’église. C’est de cette manière que Jésus et les apôtres nous l’ont transmis. Par conséquent, permettez-nous de poser la question : Le fait de dépouiller ainsi la Cène du Seigneur de son repas et d’en faire un événement empreint de gravité représente-t-il une déviation ou une évolution? Avons-nous amélioré ce que Jésus et les apôtres nous ont transmis ou bien nous en sommes-nous écartés?

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Chaptitre 10

L’enseignement chrétien: bourrage de crâne Mais qu'y a-t-il de commun entre Athènes et Jérusalem? Tertullien L’Eglise Primitive n’avait pas de Nouveau Testament, pas de théologie bien pensée, pas de traditions stéréotypées. Les hommes qui ont amené le christianisme au monde païen n’avaient pas de formation particulière, seulement une expérience merveilleuse, dans laquelle « toutes les maximes et philosophies se réduisaient à la simple mission de marcher dans la lumière, puisque la lumière était venue. » B. H. Streeter, Théologien et bibliste anglais du XXe siècle Dans la pensée de la plupart des chrétiens, l’éducation chrétienne officielle qualifie une personne pour accomplir le travail du Seigneur. Sauf s’il a un diplôme d’école ou de séminaire biblique, chaque chrétien est considéré comme étant un « para » pasteur. Un pseudo ouvrier du Seigneur. Une telle personne ne peut pas prêcher, enseigner, baptiser ni administrer la Sainte Cène puisqu’il n’a pas été officiellement formé pour cela ... n’est-ce pas ?? L’idée qu’un ouvrier chrétien doive aller à l’école biblique ou au séminaire pour être légitime est profondément ancrée, au point que, lorsqu’une personne ressent un « appel » de Dieu sur sa vie, elle est conditionnée à se mettre à la recherche d’une école biblique ou d’un séminaire. De telles pensées cadrent très peu avec la pensée chrétienne primitive. Les écoles bibliques, les séminaires, et même les écoles de dimanche étaient totalement absentes de l’église primitive. Tout cela était des innovations humaines qui sont apparues des centaines d’années plus tard, après la mort des apôtres. Comment donc étaient formés les travailleurs chrétiens au 1er siècle s’ils n’allaient pas dans une école religieuse ? Contrairement à aujourd’hui, la formation pastorale du 1er siècle était de terrain, plutôt que scolaire. Il s’agissait d’apprentissage, plutôt que d’enseignement intellectuel. Elle visait principalement l’esprit plutôt que le lobe frontal. Au 1er siècle, ceux qui étaient appelés à travailler pour le Seigneur étaient formés de deux façons : (1) Ils apprenaient les leçons essentielles au ministère chrétien en partageant la vie d’un groupe de chrétiens. En d’autres termes, leur 169


formation consistait à expérimenter la vie du corps sans en être les dirigeants. (2) Ils apprenaient le travail du Seigneur sous la tutelle d’un ancien chevronné. Le puritain John Owens remarque à propos de l’église du 1er siècle : « Chaque église faisait alors office de séminaire, contenant tout ce qu’il fallait pour la préparation. »1 Faisant écho à ces paroles : R. Paul Stevens déclare: « La meilleure structure pour équiper chaque chrétien est déjà en place. "Elle précède le séminaire ou la simple formation de week-end, et elle leur survivra à tous les deux. Dans le Nouveau Testament on ne trouve aucune autre source pour être nourri et équipé que l’église locale. Dans le Nouveau Testament, comme durant le ministère de Jésus, les gens apprenaient dans la fournaise de la vie, dans un contexte relationnel, vivant, laborieux et pastoral. »2 Par un contraste saisissant, la formation contemporaine au ministère peut être décrite par le discours religieux des misérables consolateurs de Job: rationnel, objectif et abstrait. Elle n’est ni pratique, ni expérimentale, ni spirituelle, comme elle devrait l’être. Une étude complète des méthodes de formation des travailleurs chrétiens au premier siècle dépasserait le cadre de ce livre. Cependant, une petite compilation de livres a été dédiée à ce sujet.3 Dans ce chapitre, nous allons retracer les origines du séminaire, de l’école biblique et des écoles de dimanche. Nous retracerons également l’histoire du pasteur des jeunes. Et nous ferons la comparaison avec les voies de Christ, car les deux concepts sont basés sur le système d’éducation du monde.4 Quatre stades d’enseignement théologique A travers l’histoire de l’église, nous retrouvons quatre stades d’enseignement théologique. Les voici : le stade épiscopal, le stade monastique, le stade scolastique, et le stade séminariste (pastoral).5 Examinons brièvement chacun d’eux: Le stade épiscopal. A l’ère des Pères de l’Eglise (du IIIème au Vème siècle), la théologie était qualifiée d’épiscopale parce que les théologiens dirigeants de l’époque étaient des évêques.6 Ce système était caractérisé par la formation des évêques ou prêtres à exécuter les différents rituels et liturgies de l’église.7 Le stade monastique. L’ère monastique de l’enseignement théologique était liée à la vie ascétique et mystique. La théologie était enseignée par des moines vivant dans des communautés monastiques (et plus tard dans des écoles cathédrales).8 Les écoles monastiques ont été fondées au IIIème siècle. Ces écoles envoyaient des missionnaires vers des terres inexplorées, après le IVème siècle.9 Durant cette période, les Pères de l’église orientale se sont imprégnés de la pensée platonique. Ils entretenaient la pensée malavisée que Platon et Aristote était des enseignants dont les techniques pouvaient être employées pour amener les hommes à Christ. Même s’ils n’avaient aucune intention d’égarer le peuple, leur forte dépendance à ces philosophes païens a sérieusement dilué la foi chrétienne.10 170


Etant donné que beaucoup des Pères de l’Eglise avaient été des philosophes ou des orateurs païens avant leur conversion, la foi chrétienne a très vite revêtu un penchant philosophique. Justin Martyr (100–165), l’un des chrétiens les plus influents du second siècle « s’habillait comme un philosophe. »11 Justin croyait que la philosophie était la révélation de Dieu aux Grecs. Il clamait que Socrate, Platon et d’autres avaient pour les païens une vocation équivalente à celle de Moïse pour les Juifs.12 Après l’an 200 de notre ère, Alexandrie est devenue la capitale intellectuelle du monde chrétien comme elle l’avait été pour les Grecs Une école spéciale avait été créée en l’an 180. Cette école était l’équivalent d’une faculté théologique.13 C’est à Alexandrie que l’étude institutionnelle de la doctrine chrétienne a commencé.14 Origène (185–254), l’un des premiers enseignants et des plus influents était profondément influencé par la philosophie païenne. Il était collègue de Plotin, le père du Néoplatonisme et s’inspirait beaucoup de son enseignement. Selon la pensée néo platonique, un individu doit gravir différents niveaux de purification afin d’atteindre l’unité avec Dieu.15 Origène fut le premier à organiser les concepts théologiques clés en une théologie systématique.16 A propos de cette période, Will Durant a observé: « L’écart entre la philosophie et la religion se refermait, et la raison pour mille ans consentit à être la servante de la théologie. »17 Edwin Hatch fait écho à cette pensée en disant : « En l’espace d’un siècle et demi le christianisme et la philosophie se sont rapprochés étroitement, les idées et les méthodes de la philosophie avaient afflué si massivement dans le christianisme et y avaient pris un telle place que celui-ci est devenu une philosophie autant qu’une religion. »18 Après la mort d’Origène, les écoles chrétiennes ont disparu. L’enseignement théologique est revenu à sa forme épiscopale. Les évêques étaient formés au contact d’autres évêques.19 L’apprentissage clérical en ce temps-là se réduisait, en somme et en substance, à l’étude de la théologie pastorale de Grégoire le Grand.20 Grégoire enseignait aux évêques à être de bons pasteurs.21 Vers le milieu du VIIIème siècle, les écoles d’évêques furent fondées. Au Xème siècle, les cathédrales ont commencé à financer leurs propres écoles.22 Le stade scolastique. Le troisième terrain d’enseignement théologique tient beaucoup de la culture universitaire.23 Autour de l’an 1200, un grand nombre d’écoles cathédrales s’étaient muées en universités. L’université de Bologne en Italie fut la première à voir le jour. L’université de Paris lui a emboîté le pas, suivie par celle d’Oxford.24 L’université de Paris est devenue le centre philosophique et théologique du monde à cette époque.25 (Plus tard la graine du séminaire protestant y germera.)26 L’enseignement supérieur était le domaine du clergé.27 Et les universitaires étaient vus comme les gardiens d’une sagesse séculaire. 171


L’université d’aujourd’hui est le fruit de la responsabilité des évêques de fournir une formation cléricale.28 La théologie était considérée comme « la reine des sciences » à l’université.29 Entre le milieu du XIIème siècle et la fin du XIVème, soixante-dix universités ont été établies en Europe.30 La théologie contemporaine s’est fait les dents sur les abstractions de la philosophie grecque.31 Les académiciens universitaires ont adopté un modèle de pensée aristotélicien centré sur la connaissance rationnelle et logique. Dans l’enseignement scholastique, ce qui dominait était l’assimilation et la communication de la connaissance. (C’est pour cette raison que la pensée occidentale a toujours aimé les crédos, les affirmations doctrinales et autres abstractions anémiques.) L’un des professeurs les plus influents ayant donné à la théologie d’aujourd’hui sa configuration fut Pierre Abélard (1079–1142). Abélard est en partie responsable de nous avoir légué la théologie » moderne. » Son enseignement a dressé la table et préparé le menu pour des philosophes scolastiques comme Thomas d’Aquin. (1225–1274).32 Distinguée par Abélard, l’école de Paris a émergé en tant que modèle à suivre toutes les universités.33 Abélard a appliqué la logique aristotélicienne à la vérité révélée, même s’il se rendait compte de la discordance entre les deux: « Je ne veux pas être un philosophe, si cela implique de contredire St Paul ; je ne veux pas être un disciple d’Aristote, si cela implique de me séparer de Christ. » Il a également donné au mot théologie la signification qu’elle a aujourd’hui. (Avant lui, ce terme était seulement utilisé pour évoquer les croyances païennes.34) En digne imitateur d’Aristote, Abélard maîtrisait l’art philosophique païen de la dialectique (le débat logique de la vérité. Il a appliqué cet art aux Ecritures.35 L’enseignement théologique chrétien ne s’est jamais remis de l’influence d’Abélard. Athènes circule toujours dans ses veines. Abélard et d’Aquin pensaient tous deux que la raison était la porte d’accès à la vérité divine. Ainsi, depuis ses débuts, l’université occidentale a intégré la fusion entre des éléments païens et chrétiens.36 Martin Luther avait raison quand il a dit : « que sont donc les universités sinon des endroits où l’on forme la jeunesse dans la gloire grecque ? »37 Bien que Luther ait été lui-même un homme d’université, sa critique visait l'enseignement de la logique aristotélicienne à niveau universitaire.38 Le stade séminariste. La théologie de séminaire s'est développée à partir de la théologie « scolastique » enseignée dans les universités. Comme nous l'avons vu, cette théologie était basée sur le système philosophique d'Aristote.39 La théologie de séminaire était consacrée à la formation de pasteurs professionnels. Son but était de produire des spécialistes religieux qualifiés. La théologie enseignée n’était pas celle de l'évêque des premiers temps ni celle du moine ni celle du professeur, mais celle du pasteur professionnellement « qualifié ». C’est ce genre de théologie qui prévaut dans le séminaire moderne.

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L’un des plus grands théologiens de ce siècle, Karl Barth, a réagi contre l'idée que l'enseignement théologique devait être cantonné à une catégorie d'élite d'orateurs professionnels. Il a écrit, « La théologie n'est pas réservée aux théologiens. Elle n’est ni le propre des professeurs. ni celui des pasteurs. non, elle relève entièrement de l'Église. Le terme de ‘laïcité’ est l’un des pires du vocabulaire religieux et il devrait être banni de la conversation chrétienne. »40 Pour ce qui est du séminaire, nous pourrions dire que Pierre Abélard a pondu l'œuf et que Thomas d'Aquin l'a fait éclore. D’Aquin a été des plus influents en ce qui concerne la formation théologique moderne. En 1879, son œuvre a été ratifiée par une bulle papale comme étant l’expression authentique de la doctrine devant être étudiée par tous les étudiants en théologie. La thèse principale d'Aquin était que la raison humaine peut parvenir à la connaissance de Dieu. Il « privilégiait l’intellect par rapport au cœur pour arriver à la vérité. »41 Ainsi, plus les gens cultivaient leur intellect et leur raison, plus ils arriveraient à connaître Dieu. D’Aquin avait emprunté cette idée à Aristote. Et cette hypothèse est sous-jacente dans beaucoup de séminaires contemporains (si ce n’est dans la plupart). Le Nouveau Testament enseigne que Dieu est Esprit et qu’en tant que tel, l’esprit humain ne peut le connaître que par révélation (vision spirituelle).42 La raison et l’intellect peuvent nous amener à connaître des choses sur Dieu. Et elles nous aident à communiquer ce que nous en savons. Mais elles sont incapables de nous donner une révélation spirituelle. L’intellect ne donne pas accès à une profonde connaissance de Dieu. Les émotions non plus. Selon les termes de A. W. Tozer: « la vérité divine est de nature spirituelle et, pour cette raison, elle ne peut être reçue que par révélation spirituelle… Les pensées de Dieu appartiennent au monde de l’esprit, celles de l’homme au monde de l’intellect, et si l’esprit peut adhérer à l’intellect, celui-ci en revanche ne pourra jamais saisir l’esprit . . . Par sa raison, l’homme ne peut pas connaître Dieu, il ne peut qu’arriver à savoir des choses à propos de lui … La raison de l’homme est un bel instrument, utile dans son domaine. Mais elle n’a pas été donnée comme l’outil par lequel nous connaissons Dieu. »43 En résumé, ni une connaissance extensive de la Bible ni un intellect surpuissant ni une capacité de raisonnement aiguisée ne peuvent produire des hommes et des femmes connaissant Jésus-Christ profondément et capables de communiquer à d’autres une révélation de lui porteuse de vie.44 (Et pourtant, ceci constitue la base du ministère spirituel.) Comme l’a dit un jour Blaise Pascal (1623– 1662) : « C’est le cœur qui sent Dieu et non la raison. »45 De nos jours, les protestants autant que les catholiques puisent dans l’œuvre de Thomas d’Aquin, s’inspirant de ses directives pour leurs études théologiques.46 L’œuvre suprême de D’Aquin : Summa Theologica (La somme de toute théologie), est le modèle en vigueur dans presque tous les cours de théologie d’aujourd’hui (protestants ou catholiques.) Observez l’ordre dans lequel d’Aquin a disposé sa théologie: *Dieu 173


*La Trinité *La création *Les anges *L’homme *Le gouvernement divin (le salut, etc.) *La fin des temps47 Maintenant, comparez ces grandes lignes avec le typique manuel de théologie systématique utilisé dans les séminaires protestants: *Dieu *L’unité et la trinité *La création *L’angéologie *L’origine et le caractère de l’homme *La sotériologie (le salut, etc.) *L’eschatologie: La fin des temps48 Sans aucun doute, Thomas d’Aquin est le père de la théologie contemporaine.49 Son influence s’est propagée aux séminaires protestants par le biais de la scolastique protestante. 50 La tragédie c’est que d’Aquin se soit autant appuyé sur la méthode de logique péremptoire d’Aristote lorsqu’il exposait les Saintes Ecritures.51 Dans les termes de Will Durant, « Par le biais de Thomas d’Aquin et d’autres, la puissance de l’Eglise a toujours été adéquate pour assurer la métamorphose [transformation] d’Aristote en théologien médiéval. » Dans un autre de ses livres, Durant dit qu’il a: « commencé une longue série d’œuvres présentant la philosophie d’Aristote sous des dehors chrétiens. »52 D’Aquin cite également à profusion un autre philosophe païen tout au long de sa Summa Theologica.53 Peu importe à quel point nous aimerions le nier, la théologie contemporaine est un mélange de pensée chrétienne et de philosophie païenne. Nous avons donc quatre stades d’enseignement théologique : le stade épiscopal, la théologie des évêques, le stade monastique, la théologie des moines, le stade scolastique, la théologie des professeurs et le stade séminariste, la théologie des pasteurs professionnels.54 Chaque stade de l’enseignement chrétien est et a toujours été poussé intellectuellement et étudié à fond.55 Comme l’a dit un érudit : » Qu’une école ait été monastique, épiscopale ou presbytérienne, elle n’a jamais séparé l’enseignement de la religion et de l’instruction dans les dogmes de l’église et de la morale. Le christianisme était une religion intellectuelle. »56 En tant que produits de la Réforme, on nous enseigne à être extrêmement rationnels (et très théoriques) dans notre approche de la foi chrétienne.57

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Les premiers séminaires Pendant la plus grande partie du Moyen-âge, l’éducation cléricale était minime.58 A l’époque de la Réforme, beaucoup de pasteurs protestants qui étaient issus du Catholicisme romain n’avaient aucune expérience de la prédication. Ils manquaient à la fois de formation et d’enseignement. Cependant, alors que la Réforme progressait, des opportunités furent offertes aux pasteurs sans instruction d’aller à l’école et à l’université. Les pasteurs protestants n’étaient pas formés en art oratoire. Mais ils l’étaient en exégèse et en théologie biblique. On supposait que s’ils connaissaient la théologie, ils sauraient aussi prêcher. (Cela explique les longs sermons du XVIème siècle qui duraient souvent deux ou trois heures)59 Ce type de formation théologique produit une « nouvelle profession » (celle du pasteur formé en théologie). Les pasteurs instruits exerçaient à présent une énorme influence, possédaient des diplômes de docteurs en théologie ou autres titres académiques moins importants qui leur donnaient du prestige.60 Vers le milieu du XVIème siècle, la plupart des pasteurs protestant avaient une formation universitaire, d’une manière ou d’une autre.61 Donc, depuis son origine, le protestantisme a institué un clergé bien éduqué, qui est devenu l’épine dorsale du mouvement.62 Dans les pays protestants, le clergé faisait partie de la classe instruite de la population, et il se servait de cette instruction pour asseoir son autorité.63 Tandis que les pasteurs protestants aiguisaient leur esprit théologique, environ un quart du clergé catholique n’avait aucune formation universitaire. L’Eglise catholique s’est opposée à cela au Concile de Trente (1545-1563). Pour combattre la Réforme protestante, l’église devait se doter d’un clergé plus instruit. La solution ? Fonder les tous premiers séminaires.64 Les catholiques voulaient que l’enseignement et la dévotion de leurs prêtres ressemblent à ce que pratiquaient les pasteurs protestants.65 C’est pourquoi, le concile de Trente exigea que toutes les cathédrales et les grandes églises « continuent d’éduquer religieusement et de former à la discipline ecclésiastique un certains nombre de jeunes de leur ville et de leur diocèse. » Nous pouvons donc valablement faire remonter les origines du séminaire catholique à la fin du XVIème siècle. L’origine du premier séminaire protestant est plus nébuleuse. Cependant, la trace la plus tangible indique que les protestants semblent avoir copié le modèle catholique et établi leur premier séminaire en Amérique. Celui-ci fut établi à Andover, dans le Massachusetts, en 1808.66 L’enseignement chrétien aux Etats Unis était tout aussi aristotélicien et foncièrement systématique qu’il l’était en Europe.67 Vers 1860, il y avait soixante séminaires protestants sur le sol américain.68 Cette croissance rapide a été en grande partie due à l’arrivée en masse de convertis produits par le Second Grand Réveil 175


(1800-1835) et de la conscience du besoin de former des pasteurs pour s’en occuper.69 Avant que le Séminaire d’Andover soit fondé, les protestants avaient Yale (1701) et Harvard (1636) pour former leur clergé. L’ordination était octroyée après l’obtention d’un diplôme à un examen officiel.70 Mais, avec le temps, ces universités ont adopté l’unitarisme et rejeté les croyances chrétiennes orthodoxes.71 Les protestants ont perdu confiance en l’enseignement du premier cycle universitaire de Yale et de Harvard et ils ont établi leurs propres séminaires pour s’en occuper euxmêmes.72 La faculté théologique La faculté théologique est essentiellement une invention d’Amérique du Nord au XIXème siècle Une faculté théologique est un croisement entre un institut biblique (centre de formation) et une école des arts chrétienne libérale. Ses étudiants se spécialisent en religion et sont formés pour le service chrétien. Les fondateurs des premières facultés théologiques étaient influencés par les pasteurs londoniens H. G. Guinness (1835–1910) et Charles Spurgeon (1834–1892) En réponse au renouveau de D. L. Moody, le mouvement des facultés théologiques a fleuri à la fin du XIXème siècle et au début du XXème. Les deux premières facultés théologiques étaient : ‘The Missionary Training Institute’ (Nyack College, New York) in 1882 et le ‘Moody Bible Institute’ (Chicago) en 1886.73 Leur objectif était de former des laïcs ordinaires à devenir des travailleurs chrétiens ‘à plein temps’.74 Qu’est-ce qui a mené à la fondation des facultés théologiques? A partir du milieu du XIXème siècle, on a accordé peu d’attention aux valeurs traditionnelles chrétiennes comme faisant partie intégrante de l’enseignement supérieur. La théologie libérale avait commencé à primer dans les universités officielles des états d’Amérique. Etant donné ces circonstances, la demande de missionnaires, de leaders para-ecclésiaux et de pasteurs a occasionné la création des facultés théologiques pour équiper les « appelés » par de l’enseignement biblique.75 Aujourd’hui, il y a plus de quatre cent écoles et facultés théologiques aux Etats Unis et au Canada.76 L’école du dimanche L’école du dimanche est également une invention relativement récente, née environ 1,700 ans après Christ. On attribue sa fondation à un éditeur de journaux britannique appelé Robert Raikes (1736-1811).77 En 1780, Raikes a fondé une école à « Scout Alley, » Gloucester, pour les enfants pauvres. Raikes n’a pas mis en place l’école du dimanche dans un but d’instruction religieuse. Au contraire, il l’a fondée pour donner aux enfants pauvres les bases de l’éducation. 176


Raikes était préoccupé du faible niveau d’alphabétisation et d’éthique parmi les enfants ordinaires. Beaucoup des enfants qui fréquentaient son école étaient victimes d’abus sociaux et d’abus de la part de leurs employeurs. Etant donné que les enfants ne savaient pas lire, il était facile de profiter d’eux. Même si Raikes n’était qu’un laïque anglican, l’école du dimanche a démarré comme un feu de forêt, se propageant aux églises baptistes, congréganistes et méthodistes dans toute l’Angleterre.78 Le mouvement des écoles du dimanche a atteint un sommet lorsqu’il a touché les Etas Unis. Les premières écoles du dimanche américaines ont débuté en Virginie en 1785.79 Puis, en 1790, un groupe de philadelphiens a formé la Société des Ecoles du Dimanche. Son objectif était de fournir une éducation aux enfants indigents pour les sortir de la rue le dimanche.80 Au XVIIIème et XIXème siècles, beaucoup d’écoles du dimanche fonctionnaient parallèlement aux églises. La raison en était que les pasteurs pensaient que des laïques ne pouvaient pas enseigner la Bible.81 Au milieu des années 1800, les écoles du dimanche se sont propagées largement en Amérique. En 1810, les écoles du dimanche, à la base effort philanthropique pour aider les enfants pauvres, sont devenues un mécanisme évangélique. On attribue à D. L. Moody la popularisation des écoles du dimanche en Amérique.82 Sous l’influence de Moody, l’école du dimanche est devenue le premier terrain de recrutement pour l’église d’aujourd’hui.83 De nos jours, les écoles du dimanche servent à la fois à recruter de nouveaux convertis et à former de jeunes enfants dans la doctrine de la foi.84 L’enseignement public a repris le rôle pour lequel les écoles du dimanche avaient été conçues.85 Il est à noter que le XIXème siècle a été l’époque de l’instauration de plusieurs institutions en Amérique. Les sociétés, les hôpitaux, les asiles, les prisons, ainsi que les établissements pour enfants, comme les orphelinats, les écoles de redressement et les écoles publiques libres se sont formés durant cette période.86 L’école du dimanche n’était qu’une institution parmi d’autres.87 Aujourd’hui elle fait partie des meubles dans l’église traditionnelle. Dans l’ensemble, je ne tiens pas l’école de dimanche d’aujourd’hui pour une institution efficace. Selon certaines études, sa fréquentation est sur le déclin depuis les vingt dernières années.88 Un érudit a dit un jour à propos des modalités de l’église primitive : « Il n’existe aucune preuve suggérant que les enseignants faisaient des répartitions par groupes d’âge et de sexe. La responsabilité de l’instruction primaire des enfants reposait sur les parents, et en particulier l’instruction religieuse. Il semble qu’aucune disposition particulière n’était prise pour les enfants au sein de l’église primitive. L’école chrétienne se trouvait à mille lieues dans le temps (vers 372), et l’école du dimanch encore plus loin. »89

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Le pasteur des jeunes Le pasteur des jeunes est apparu dans les églises bien après les écoles du dimanche, en grande partie parce que la société n’a pas discerné les besoins de cette tranche d’âge et n’y a pas subvenu avant le XXème siècle.90 En 1905, G. Stanley Hall a vulgarisé le concept de « l’adolescent » comme étant distinct du jeune adulte et de l’enfant plus âgé.91 Puis, les années 1940 ont vu naître le terme d’ado. Et pour la première fois, une sous-culture distincte fut créée dans la jeunesse. Les gens entre 13 et 19 ans n’étaient plus simplement des « jeunes. » Ils étaient à présent des « ados. »92 Après la Deuxième Guerre mondiale, le souci des jeunes de la nation a progressivement pris de l’ampleur en Amérique. Et cela a débordé dans l’église chrétienne. Dans les années trente, des rallyes de jeunes, militant sous la bannière de « Jeunesse pour Christ » ont engendré une organisation para-ecclésiale du même nom autour de 1945.93 Face à cette nouvelle prise de conscience et ce souci des « ados, » l’idée a émergé de la nécessité d’employer des gens pour travailler avec eux. C’est ainsi qu’est née la profession de pasteur des jeunes. Le pasteur des jeunes a commencé son office dans les grandes églises urbaines dans les années 1930 et 1940.94 L’église baptiste du Calvaire (Calvary Baptist Church) à Manhattan a eu l’un des tous premiers pasteurs des jeunes. Le magazine mensuel Moody Monthly le mentionne vers la fin des années 1930.95 Cependant, la majorité des pasteurs des jeunes de cette époque œuvrait pour les organismes para-ecclésiaux qui peuplaient le paysage chrétien.96 Au début des années 1950, des milliers de pasteurs des jeunes professionnels palliaient aux besoins spirituels des jeunes, qui avaient maintenant une musique, un accoutrement, un langage, et des règles qui leur étaient propres.97 C’est pendant cette période que l’église chrétienne a commencé à isoler les ados du reste de la population. A partir du milieu des années 1950 jusqu’à la fin des années 1960, le pasteur des jeunes est devenu une institution dans les églises évangéliques. (Ce type de fonction a décollé un peu moins vite dans les dénominations traditionnelles.)98 Vers la fin des années 1980, le pastorat des jeunes s’était complètement transféré des organismes para-ecclésiaux vers les églises institutionnelles. Aujourd’hui, les pasteurs des jeunes font partie du clergé professionnel. Leur fonction est fondée sur le choix malavisé de l’église contemporaine de faire cas d’un fractionnement né de la culture laïque il y a moins d’un siècle, à savoir, celui entre les adolescents et le reste de la population. Autrement dit, le pasteur des jeunes n’existait pas avant l’émergence d’un groupe démographique divergent appelé les ados. En agissant ainsi, nous avons suscité une complication jamais rencontrée auparavant : que faire avec et pour les jeunes. Cela ressemble beaucoup au problème que nous avions créé lorsqu’une nouvelle catégorie de chrétiens avait été inventée : les « laïcs ». La question « 178


comment équiper la laïcité? » n’avait jamais été posée avant que l’église institutionnelle en ait fait une catégorie distincte de chrétiens. Exposer le cœur du problème Les philosophes grecs Platon et Socrate enseignaient que la connaissance était une vertu. La conception du bien dépend de l’étendue de la connaissance d’une personne. Donc, enseigner la connaissance signifie enseigner une vertu.99 Voilà la racine et le tronc du problème de l’enseignement chrétien contemporain. Celui-ci est basé sur l’idée platonicienne que connaissance rime avec caractère moral. C’est là que le bât blesse. Platon et Aristote (tous deux disciples de Socrate) sont les pères de l’enseignement chrétien contemporain.100 Pour employer une métaphore biblique, l’enseignement chrétien d’aujourd’hui, qu’il soit donné en séminaire ou en faculté de théologie, extrait la nourriture qu’il sert du mauvais arbre : l’arbre de la connaissance du bien et du mal plutôt que de l’arbre de vie.101 L’apprentissage de la théologie contemporaine est essentiellement cérébral. On pourrait la qualifier de « pédagogie liquide. »102 Nous soulevons le couvercle de la boîte crânienne d’un individu, y versons un bol ou deux d’informations, puis le refermons. L’information est en lui, nous en concluons donc à tort que le travail est fait. L’enseignement théologique contemporain consiste en un transfert de données. Il se propage de cahier en cahier. Pendant le processus, notre théologie descend rarement en-dessous du niveau de la tête. Si un étudiant rabâche strictement les idées de son professeur, on lui donne un diplôme. Et cela signifie beaucoup dans un monde où beaucoup de chrétiens ont l’obsession des diplômes théologiques (allant jusqu’à les déifier parfois) dans leur recherche d’un pasteur qualifié.103 Cependant, la connaissance théologique ne prépare personne au ministère.104 Ce qui ne signifie pas non plus que, la connaissance du monde, de l’histoire de l’Eglise, de la théologie, de la philosophie, et des Saintes Ecritures soit sans valeur. Une telle connaissance peut être réellement utile.105 Mais elle n’est pas capitale. Les compétences théologiques et le haut niveau intellectuel ne qualifient personne pour servir dans la maison de Dieu. Il est illusoire de considérer d'emblée comme « qualifiés » les hommes et femmes ayant été admis au séminaire ou en faculté de théologie. Ceux qui l’ont pas été son tenus pour « non qualifiés. » Si l’on suivait ces critères, beaucoup des instruments choisis par le Seigneur auraient raté l’examen.106 De plus, la formation théologique officielle n’équipe pas les étudiants pour les nombreux défis qu’ils auront à affronter durant leur ministère. Selon une étude des Faith Communities Today (FACT) – (Communautés de croyances actuelles) publiée par le Hartford Seminary dans le Connecticut, par rapport aux non-diplômés, 179


les gens et les prêtres sortant des séminaires avec diplômes ont de moins bons sont résultats dans leur capacité à gérer les conflits et à faire preuve de « bon sens ».107 Ce sondage montre que le clergé sans programme d’instruction ou de certification officielle a de meilleurs résultats dans les épreuves testant la capacité à gérer les conflits et le stress. Les diplômés de faculté de théologie ont des résultats légèrement inférieurs. Les séminaristes sont ceux qui ont les moins bons résultats! La conclusion principale de cette étude était que « les assemblées dont les leaders avait reçu une instruction de séminaristes avait plus de probabilités, en tant que groupe, de rapporter que dans leur assemblée, ils percevaient moins de clarté sur les objectifs, plus de conflits et plus variés, moins de communication de personne à personne, moins de confiance en l’avenir et se sentaient plus menacés par l’évolution des rituels. »108 Tout ceci indique qu’une personne s’inscrivant dans un séminaire ou une faculté théologique est bardée de théorie, et ne bénéficie que de très peu, voir de pas du tout d’expérience pratique forgée dans le creuset de la vie du corps. Par la vie du corps, je ne me réfère pas à l’expérience vécue dans de la structure d’une église institutionnelle. Je me réfère à l’expérience de la foire d’empoigne, compliquée, crue et difficile qu’est le corps de Christ, où les chrétiens vivent dans une communauté soudée et luttent pour prendre ensemble des décisions sous la direction de Christ, sans un leader officiel au-dessus d’eux. A cet égard, le séminaire est spirituellement abrutissant et reste plutôt basique. L’approche adoptée par les séminaires se base sur des références qui lui sont propres. Ils établissent leurs propres critères pour qualifier les pasteurs. Ils jugent souvent mal ceux qui ne pensent pas que l’établissement de ces critères soit particulièrement utile ou important. Mais peut-être que le problème le plus préjudiciable du séminaire et de la faculté de théologie est qu’ils perpétuent le système le plus handicapant, et le plus humainement conçu dans lequel le clergé évolue, respire et mène son existence. Ce système (ainsi que d’autres traditions humaines désuètes que j’ai abordées dans ce livre) est protégé, entretenu et propagé par les écoles pastorales.109 Au lieu d’apporter un remède aux maladies de l’église, nos écoles théologiques les aggravent en acceptant (et même en défendant) les pratiques non bibliques qui les produisent. Les paroles d’un pasteur résument bien le problème: « J’ai évolué dans le système muni de la meilleure instruction que l’évangélisme avait à offrir, cependant, je n’avais pas reçu la formation dont j’avais besoin… sept ans d’enseignement supérieur dans des écoles évangéliques très cotées ne m’avaient pas préparé à (1) pratiquer mon ministère et (2) à être un dirigeant. J’ai commencé à réfléchir au fait que j’étais capable de prêcher un beau sermon, et que les gens venaient me serrer la main après en disant : « Magnifique sermon, pasteur. » Cependant, ces gens étaient les mêmes personnes qui luttaient avec une mauvaise estime de soi, battaient leurs 180


épouses, étaient intoxiqués de travail et succombaient à toutes les additions. Leur vie ne changeait pas. Je devais savoir pourquoi cette grande connaissance que je présentais ne descendait pas de la tête au cœur pour transformer leur vie. Et j’ai commencé à prendre conscience que la dégradation de l’église était basée en réalité sur ce que l’on apprenait au séminaire. On nous apprenait que se contenter de livrer aux gens des informations était suffisant! »110

Approfondissements 1. Si vous n’êtes pas convaincus que les séminaires fournissent un bon cadre pour l’instruction des leaders chrétiens, pouvez-vous donner des idées précises sur la manière dont vous pensez que les ouvriers chrétiens devraient être préparés pour le service chrétien? Le sujet est très vaste. Mais pour résumer, Jésus a formé les ouvriers chrétiens en vivant avec eux sur une période de quelques années. Il s’agissait d’une formation « sur le terrain ». Il a guidé ses disciples de très près. Ils vivaient également ensemble, en communauté. Jésus accomplissait le travail, ils l’observaient, puis ils sont partis en mission d’essai, dont il a fait la critique. Au bout du compte, il les a envoyés, et ils se sont attelés à la tâche eux-mêmes. Paul de Tarse a suivi le même modèle, en formant des ouvriers chrétiens à Ephèse. Ceux-ci faisaient partie de la communauté d’Ephèse, ils observaient Paul, et à la fin, ils ont été envoyés pour accomplir leur travail. 2. Pouvez-vous élaborer votre affirmation que “l’intellect n’est pas le moyen d’arriver à la connaissance profonde de Dieu. Ni ne le sont les émotions”? Comment l’observation de Tozer que nous ne pouvons obtenir la vérité divine qu’à travers une révélation spirituelle affecte-t-elle notre façon d’aborder la formation chrétienne? Pour ceux qui forment les autres dans le travail chrétien ces réalités spirituelles qui transcendent l’intellect et les émotions devraient être familières. Par conséquent, la formation spirituelle, la compréhension spirituelle et la vision spirituelle sont des ingrédients vitaux pour la formation au service spirituel. Cela comprend le fait de passer du temps avec le Seigneur, d’apprendre à porter sa croix, de vivre authentiquement en communauté, d’aiguiser son instinct spirituel, et de discerner la façon d’entendre la voix de Dieu afin d’être guidé par lui de l’intérieur. 3. Quelles sont vos recommandations sur la façon dont l’église devrait instruire nos enfants et notre jeunesse? Le Nouveau Testament reste absolument silencieux sur la question, bien qu’il semble suggérer que la responsabilité de l’enseignement moral des enfants repose sur les épaules des parents (lire Ephésiens 6:4 et 2 Timothée 1:5, 3:15). Ceci 181


dit, notre suggestion est de laisser chaque assemblée locale mettre en œuvre sa créativité sur la façon d’exercer le ministère envers les jeunes.

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Chapitre 11

Nouvelle approche du Nouveau Testament: la Bible n’est pas un puzzle Lorsque l’on aborde le sujet du pastorat dans le Nouveau Testament, il est essentiel de se souvenir de l’ordre dans lequel les livres du Nouveau Testament ont été écrits. Si nous supposons, selon ce que suggère ordre dans lequel ils ont été écrits, que les évangiles ont été écrits en premier, puis le livre des Actes, et ensuite les lettres de Paul, en commençant par les Romains et en finissant par les épîtres pastorales de Timothée à Tite, suivi de l’épître à Philémon, nous ne comprendrons jamais le développement des institutions et la pensée de l’église primitive. Richard Hanson, docteur en patristique (les Pères de l’Eglise) du XXème siècle Durant les 50 ou 100 dernières années, les théoriciens du Nouveau Testament se sont consacrés en permanence et avec un franc succès à élucider pour nous ce que signifiait ‘’l’Ecclésia’ dans le christianisme primitif (si différent de ce qui est appelé aujourd’hui l’église, autant dans le camp romain que protestant.) Cette analyse (issue d’une étude impartiale du Nouveau Testament et du besoin désespéré de l’église) pourrait être synthétisée comme suit : ‘L’Ecclésia’ du Nouveau Testament, la communauté de Jésus-Christ, est une pure communion de personnes et n’a rien à voir avec le caractère d’une institution. Par conséquent, parmi les églises qui se sont développées dans l’Histoire, et qui toutes sont imprégnées du caractère institutionnel, il est illusoire d’en identifier une seule et unique avec la véritable communion des chrétiens. Emil Brunner, théologien Suisse du XXème siècle Pourquoi, en tant que chrétiens, suivons-nous les mêmes rituels chaque dimanche sans nous apercevoir qu’ils sont incompatibles avec le Nouveau Testament?1 Cet incroyable pouvoir de la tradition y est pour quelque chose. Comme nous l’avons déjà vu, l’église a souvent été influencée par la culture environnante, et de toute évidence, en toute inconscience de ses effets négatifs. A d’autres époques, elle a pourtant reconnu des menaces manifestes, (comme les enseignements hérétiques sur la personne et la divinité de Jésus-Christ) mais dans l’effort fourni 183


pour combattre ces menaces, elle s’est éloignée de la structure organique que Dieu avait inscrite dans l’ADN de l’église. Cependant, il y a autre chose, d’encore plus fondamental et dont la plupart des chrétiens sont totalement inconscients. Cela concerne notre Nouveau Testament. Le problème ne réside pas dans le contenu du Nouveau Testament. Le problème c’est notre façon de l’aborder. L’approche la plus courante parmi les chrétiens contemporains lorsqu’ils étudient la Bible est « l’authentification ou preuve par le texte ». L’origine de cette « preuve par le texte » remonte à la fin des années 1590. Un groupe d’hommes appelés les protestants scolastiques a repris les enseignements des réformateurs et les a systématisés selon les règles de la logique aristotélicienne.2 Les protestants scolastiques estimaient que, non seulement les Ecritures sont la parole de Dieu, mais que chaque partie de ces Ecritures est la parole de Dieu, indépendamment du contexte. Cette pensée prépare le terrain à l’idée que si nous sortons un verset de la Bible, il est en lui-même une vérité et peut être utilisé pour prouver une doctrine ou une pratique. Lorsque John Nelson Darby est apparu vers le milieu des années 1800, il a échafaudé une théologie basée sur cette approche, d’ailleurs il en a fait tout un art. En fait, c’est lui qui a donné aux fondamentalistes et aux chrétiens évangéliques une bonne partie de leurs enseignements officiels d’aujourd’hui.3 Ils sont tous basés sur la méthode de « la preuve par le texte ». « La preuve par le texte » est ensuite devenue notre façon commune d’aborder la Bible, à nous les chrétiens contemporains. Elle est régulièrement pratiquée dans de nombreuses écoles bibliques et dans de nombreux séminaires protestants. Il en résulte que nous chrétiens, nous envisageons rarement le Nouveau Testament comme un tout, voire jamais. Au contraire, on nous sert un plat de pensées fragmentées, rassemblées en suivant une logique humaine déchue. Le fruit de cette approche est que nous nous sommes pas mal éloignés des pratiques de l’église du Nouveau Testament. Et nous continuons de penser que nous sommes bibliques. Laissez-moi illustrer le problème par une histoire fictive. Rencontre avec Marvin Snurdly Marvin Snurdly est un conseiller conjugal renommé. Au cours de sa carrière de vingt années de conseil conjugal, Marvin a conseillé des milliers de couples en crise. Il est présent sur Internet. Chaque jour, des centaines de couples lui écrivent des lettres à faire pleurer dans les chaumières sur leurs histoires conjugales. Ces lettres arrivent du monde entier. Et Marvin répond à chacune d’elles. Une centaine d’années plus tard, Marvin Snurdly repose en paix dans sa tombe. Il a un arrière arrière petit fils appelé Fielding Melish. Fielding décide de retrouver toutes les lettres perdues de son arrière arrière grand-père. Mais il n’en 184


retrouve que treize. Parmi les milliers de lettres que Marvin a écrites, seules treize ont subsisté ! Neuf ont été écrites à des couples en crise conjugale. Quatre à des conjoints individuels. Ces lettres ont toutes été écrites sur un laps de temps de vingt ans : de 1980 à 2000. Fielding Melish projette de compiler ces lettres en un seul volume. Mais quelque chose d’intéressant dans la façon dont Marvin a écrit ses lettres rend la tâche quelque peu ardue à Fielding. Tout d’abord, Marvin avait la fâcheuse habitude de ne jamais dater ses lettres. Sur aucune des treize lettres n’apparaissent le jour, le mois ou l’année de sa rédaction. Les lettres initiales ayant été écrites à Marvin et ayant engendré ses réponses n’existent plus. Par conséquent, la seule façon de comprendre la toile de fond de chacune de ces lettres est de reconstituer la situation à partir de la réponse de Marvin. Chaque lettre a été écrite à une époque différente, à des gens de différentes cultures et souffrants de problèmes différents. Par exemple, en 1985, Marvin a écrit une lettre à Paul et à Sally de Virginie, souffrant de problèmes sexuels au début de leur mariage. En 1990, Marvin a écrit une lettre à Jéthro et Matilda en Australie, qui avaient des problèmes avec leurs enfants. En 1995, Marvin a écrit une lettre à une femme de Mexico qui souffrait de la crise de la quarantaine. Malheureusement, Fielding n’a aucun moyen de savoir quand exactement ces lettres ont été écrites. Rendez-vous compte : vingt ans, treize lettres, toutes écrites à des personnes différentes, de cultures différentes, à des époques différentes, et toutes souffrant de problèmes différents. Fielding Melish souhaiterait ranger ces treize lettres par ordre chronologique. Mais sans les dates, il ne peut pas le faire. Ainsi, Fielding les range par ordre décroissant de longueur. C’est-à-dire qu’il prend la lettre la plus longue qu’a écrite Marvin et la place en premier. Il la fait suivre de la deuxième lettre la plus longue et ainsi de suite. La compilation se terminant par la lettre la plus courte. Les treize lettres sont ainsi disposées, sans ordre chronologique, mais par ordre de longueur. Le livre fait mouche dans la presse et devient un best-seller en un rien de temps. Une centaine d’années passent et le livre : Œuvres choisies de Marvin Snurdly, compilé par Fielding résiste au temps. Cette œuvre est toujours très populaire. Une autre centaine d’années passent et ce volume est utilisé abondamment dans tout le monde occidental. Le livre est traduit dans une douzaine de langues. Les conseillers conjugaux le citent à tout-va. Les universités l’utilisent en cours de sociologie. Il est si largement utilisé que quelqu’un a l’idée brillante d’en faire un livre facile à citer et à manier. 185


En quoi consiste cette idée ? Elle consiste à diviser les lettres de Marvin en chapitres et en phrases numérotées (ou versets). Ainsi, des chapitres et des versets sont ajoutés à Œuvres choisies de Marvin Snurdly. Mais en ajoutant des chapitres et des versets à ces lettres autrefois animées de vie, quelque chose change sans que l’on s’en aperçoive. Les lettres perdent leur touche personnelle. Au lieu de cela, elles acquièrent la contexture d’un manuel. Différents sociologues commencent à écrire des livres sur le mariage et la famille. Leur source principale? Les Œuvres choisies de Marvin Snurdly. Prenez n’importe quel livre du XXIVème siècle sur le sujet du mariage, et vous verrez l’auteur citer des chapitres et des versets tirés des lettres de Marvin. En général, voilà ce que ça donne: pour faire valoir un point de vue particulier, un auteur va citer un verset d’une lettre de Marvin écrite à Paul et Sally. L’auteur va ensuite tirer un autre verset d’une lettre écrite à Jéthro et Matilda. Il extraira un autre verset d’une autre lettre. Puis, il coudra ensemble ces trois versets sur lesquels il bâtira sa philosophie particulière sur le mariage. Pratiquement chaque sociologue et thérapeute conjugal auteur d’un livre sur le mariage va faire la même chose. Cependant, l’ironie est la suivante : chacun de ces auteurs contredit fréquemment les autres, même s’ils se servent tous de la même source! Mais ce n’est pas tout. Non seulement les lettres de Marvin sont devenues une prose rigide, alors qu’à l’origine, elles étaient des épîtres animées de vie et de souffle adressées à des personnes réelles dans des endroits réels, mais elles sont devenues une arme entre les mains de personnes motivées par leur propre programme. Nombreux sont les auteurs sur le mariage qui commencent à employer des textes d’authentification tirés du livre de Marvin pour faire voler en éclats les théories de ceux qui sont en désaccord avec leur philosophie du mariage. Comment cela est-il possible? Comment tous ces sociologues arrivent-ils à se contredire alors qu’ils utilisent exactement la même source ? C’est parce que les lettres ont été retirées de leur contexte historique. Chaque lettre a été arrachée à sa séquence chronologique et sortie de son contexte de vie réelle. Autrement dit, les lettres de Marvin Snurdly ont été transformées en séries de phrases isolées, disjointes et fragmentées, ainsi, n’importe qui peut prendre une phrase tirée d’une lettre, une autre phrase d’une autre lettre, les agglutiner ensemble pour créer la philosophie conjugale de son choix. Quelle histoire étonnante n’est-ce pas? Eh bien, voilà justement la chute de l’histoire. Que vous en soyez conscient ou non, je viens juste de vous décrire votre Nouveau Testament !

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L’ordre des lettres de Paul Le Nouveau Testament est en grande partie composé des lettres de l’Apôtre Paul, en fait, il en a rédigé les deux tiers. Il a écrit treize lettres sur une période de vingt ans. Neuf de ces lettres ont été écrites à des églises issues de différentes cultures, à des moments différents et souffrant de problèmes différents. Quatre de ces lettres ont été écrites à des chrétiens particuliers. Les gens qui ont reçu ces lettres étaient en proie à différents problèmes à des moments différents. Notez-le bien: vingt ans —treize lettres— toutes écrites à des moments différents, à différentes églises, culturellement différentes et souffrant de problèmes différents.4 Au début du deuxième siècle, quelqu’un a commencé à collecter les lettres de Paul pour les compiler en un volume. Le terme technique qualifiant ce volume est « canon. »5 Les érudits s’y réfèrent comme au « canon paulinien. » Il s’agit essentiellement du Nouveau Testament, précédé par les quatre évangiles et les Actes et suivi de quelques lettres, avec l’Apocalypse à la fin. A l’époque, personne ne savait quand les lettres de Paul avaient été écrites. Et même si on l’avait su, ça n’aurait rien changé. Il n’existait aucun précédent en matière de classement par ordre alphabétique ou chronologique. Le monde grécoromain du premier siècle classait sa littérature par ordre décroissant de longueur.6 Observez l’ordre de votre Nouveau Testament. Qu’y voyez-vous ? La première lettre de Paul à y être produite est la plus longue.7 C’est l’épître aux Romains. La première aux Corinthiens est la seconde plus longue lettre. Et la deuxième aux Corinthiens est la troisième la plus longue. Votre Nouveau Testament suit ce modèle jusqu’à arriver à ce livre très court qu’est l’épître à Philémon.8 En 1864, Thomas D. Bernard a donné une série de speechs dans le cadre des conférences de Bampton. Ces conférences ont été publiées dans un livre en 1872 intitulé The Progress of Doctrine in the New Testament. Dans ce livre, Bernard argumente que l’ordre présent des lettres de Paul dans le Nouveau Testament était divinement inspiré et ordonné. Ce livre est devenu très populaire parmi les enseignants de la Bible du XIXème et XXème siècles. Par conséquent, presque tous les textes théologiques, exégétiques ou commentaires bibliques écrits durant ces siècles suivent l’ordre chaotique actuel, ce qui nous empêche de visualiser le panorama intégral du Nouveau Testament. La critique canonique est abondante parmi les séminaristes. Il s’agit de l’étude du canon en tant qu’unité, en vue d’acquérir une théologie biblique globale. Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est une théologie basée sur l’ordre chronologique de l’histoire de l’église primitive et non sur le canon actuel et son désordre. Voici l’ordre actuel dans lequel apparaît votre Nouveau Testament. Les livres sont classés par ordre décroissant de longueur: Romains 187


1 Corinthiens 2 Corinthiens Galates Ephésiens9 Philippiens Colossiens 1 Thessaloniciens 2 Thessaloniciens 1 Timothée 2 Timothée Tite Philémon Quel est donc l’ordre chronologique correct de ces lettres? Selon les études érudites connues les plus fiables, voici l’ordre dans lequel elles ont été écrites :10 Galates 1 Thessaloniciens 2 Thessaloniciens 1 Corinthiens 2 Corinthiens Romains Colossiens Philémon Ephésiens Philippiens 1 Timothée Tite 2 Timothée L’ajout de chapitres et de versets En l’an 1227, un professeur de l’université de Paris appelé Stephen Langton a divisé en chapitres tous les livres de la Bible. Puis, en 1551, un imprimeur du nom de Robert Stephanus (parfois appelé Robert Estienne) a numéroté les phrases de tous les livres du Nouveau Testament.11 Selon le fils de Stephanus, la division en versets que son père a effectuée ne sert pas le sens du texte. Stephanus n’a pas employé de méthode cohérente. C’est lors d’une chevauchée de Paris à Lyon qu’il a mis des versets dans tout le Nouveau Testament dans la version à chapitres de Langton.12 Ainsi, les versets sont nés dans les Saintes Ecritures en l’an 1551.13 Et depuis ce temps, le peuple de Dieu a abordé le Nouveau Testament avec des ciseaux et de la colle, coupant, collant les phrases isolées et disjointes de différentes lettres, en les 188


extirpant de leur contexte de vie réel et en les arrimant les unes aux autres pour former des doctrines nébuleuses. Et ils l’appellent encore la « parole de Dieu. » Cette façon de faire est toujours d’actualité dans nos séminaires, facultés théologiques, églises, études bibliques et (tragiquement) dans nos églises de maisons d’aujourd’hui.14 La plupart des chrétiens ont complètement perdu de vue les événements sociaux et historiques qui sous-tendent les épîtres du Nouveau Testament. Au lieu de cela, ils ont transformé le Nouveau Testament en un manuel qui peut être manipulé pour prouver n’importe quelle théorie. Il est facile d’extraire ce que l’on veut d’une Bible fragmentée. Comment abordons-nous le Nouveau Testament En tant que chrétiens, on nous a appris à aborder la Bible de l’une de ces huit façons. Voyons combien vous pouvez en cocher qui s’appliquent à vous: Vous cherchez des versets qui vous inspirent. Lorsque vous les trouvez, soit vous les soulignez, les mémorisez, les méditez ou les collez sur la porte de votre réfrigérateur. Vous cherchez des versets qui vous disent ce que Dieu a promis afin que vous puissiez les confesser par la foi et ainsi obliger le Seigneur à vous donner ce que vous voulez. Vous cherchez des versets qui vous disent ce que Dieu vous commande de faire. Vous cherchez des versets que vous pouvez citer pour faire une peur bleue au diable ou pour lui résister à l’heure de la tentation. Vous cherchez des versets qui vont prouver une doctrine particulière afin de pouvoir découper votre contradicteur en rondelles bibliques. (A cause de l’authentification par le texte, une grande partie de la chrétienté se comporte comme si la simple citation d’un verset biblique aléatoire et sorti de son contexte pouvait clore toute discussion sur quasiment tous les sujets.) Vous cherchez des versets dans la Bible pour contrôler et corriger les autres. Vous cherchez des versets qui « prêchent » bien et feront une bonne matière à sermon. (Ceci représente une addiction perpétuelle pour ceux qui prêchent ou qui enseignent.) Vous fermez les yeux parfois, ouvrez la Bible au hasard, posez votre doigt sur une page, lisez le texte indiqué, puis, vous prenez ce que vous avez lu comme une parole de Dieu qui vous est personnellement adressée. Allons, relisez cette liste. À laquelle de ces façons de faire avez-vous déjà eu recours? Remarquez à quel point chacune d’elles est extrêmement individualiste. Elles placent toutes le chrétien, l’individu, au centre. Chaque façon de faire néglige le 189


fait que la plupart du Nouveau Testament a été écrit à une communauté (une église) et non à des individus Mais ce n’est pas tout. Toutes ces façons de faire se servent de la preuve par le texte de façon isolée. Chacune d’elles se sert du Nouveau Testament comme d’un manuel et nous voile son vrai message. Il n’est pas étonnant que nous soyons capables de hocher la tête d’un air approbateur à l’idée du salaire des pasteurs, de l’ordre dominical de la louange, des sermons, des bâtiments d’église, des costumes religieux, des chorales, des équipes de louange, des séminaires, et du sacerdoce passif, et tout cela sans sourciller. On nous a enseigné à aborder la Bible comme un puzzle. La plupart d’entre nous n’avons jamais reçu d’enseignement sur l’histoire intégrale qui est tissée en toile de fond des épîtres de Paul, de Pierre, de Jacques, de Jean et de Jude. On nous a enseigné des chapitres, des versets, et non le contexte historique.15 Par exemple, vous a-t-on jamais raconté l’histoire qui a inspiré l’épître de Paul aux Galates? Avant d’acquiescer, voyez si vous pouvez répondre à ces questions de mémoire : Qui était les Galates ? Quels étaient leurs problèmes ? Quand et pourquoi Paul leur a-t-il écrit? Que s’est-il passé juste avant que Paul leur écrive ce traité? Où se trouvait-il lorsqu’il l’a écrit ? Qu’est-ce qui l’a poussé à écrire cette lettre ? Et dans quel endroit des Actes trouvons-nous le contexte de cette lettre ? Toute cette toile de fond est indispensable pour comprendre le propos du Nouveau Testament. Sans elle, simplement nous ne pouvons pas avoir une compréhension de la Bible claire ou correcte.16 Un érudit s’est prononcé de la manière suivante : « Les épîtres de Paul dans le Nouveau Testament sont disposées en général selon leur longueur. Si nous les redisposons dans leur ordre chronologique, en les faisant cadrer autant que possible avec la réalité de leur contexte tirée du récit des Actes des Apôtres, elles commencent à distiller leur trésor davantage et elles s’expliquent par elles-mêmes, de manière bien plus consistante que lorsque cette toile de fond est ignorée. »17 Un autre écrit : « Si les futures éditions [du Nouveau Testament] sont censées permettre plutôt qu’empêcher la compréhension du lecteur, il faudrait se rendre compte que le moment est opportun pour faire disparaître à la fois les chapitres et les versets et les reléguer dans la marge, de façon aussi discrète que possible. Tous les efforts devront tendre à imprimer ce texte de façon à ce qu’apparaissent les sections que l’auteur lui-même avait en tête. »18 J’appelle notre d’étude du Nouveau Testament « la méthode presse-papier » Si vous êtes familiers des ordinateurs, vous savez ce qu’est le presse-papier. Si vous êtes dans un document Word, il se peut que vous ayez à couper et à coller des morceaux de texte à l’aide du presse-papier. Celui-ci vous permet de couper une phrase d’un document pour aller la coller dans un autre. Tous autant qu’ils sont, les pasteurs, les séminaristes et les laïques ont été conditionnés par la méthode presse-papier lorsqu’ils étudient la Bible. C’est ainsi que 190


nous justifions nos structures lourdes d’humanité, mondaines, artificielles, routinières et bien moulées et les faisons passer pour bibliques. C’est pourquoi, lorsque nous ouvrons notre Nouveau Testament, systématiquement nous passons à côté de ce qu’était l’église primitive. Nous voyons des versets. Nous ne voyons pas le tableau complet. Cette méthode est encore usitée de nos jours, non seulement dans les églises institutionnelles mais aussi dans les églises de maison. Permettez-moi une autre illustration pour démontrer combien il est facile à quiconque d’y succomber et les effets négatifs que cela peut avoir. Je vous présente Joe Eglisedemaison Joe Eglisedemaison a grandi dans une église institutionnelle. Ces dix dernières années, il en a été mécontent. Cependant, il a un cœur pour Dieu et voudrait être utilisé par lui. Un jour, Joe lit un livre sur les églises de maison et il a une crise de conscience. Il finit par apprendre des choses étonnantes. Par exemple, que dans le Nouveau Testament il n’y a pas de pasteur sous sa forme contemporaine. Il n’y a pas de bâtiments d’église. On ne paie pas le clergé et les réunions d’église sont ouvertes à tout le monde. Toutes ces découvertes ébranlent le monde de Joe, à tel point qu’il quitte l’église institutionnelle, proprement après avoir essuyé la colère du pasteur. Voyezvous, Joe a commis l’erreur de faire part de ces « grandes révélations » à des personnes de son église. Lorsque le pasteur en a eu vent, Joe s’est retrouvé dans sa ligne de mire et s’est fait traiter d’hérétique. Après avoir léché ses blessures, Joe prend son Nouveau Testament, inconscient du fait que ce procédé du couper- coller est toujours présent dans son cerveau. La « mentalité presse-papier » n’a jamais été disséquée de sa pensée. Mais il en est béatement ignorant, comme le sont la plupart des chrétiens. Joe commence à rechercher les ingrédients pour commencer une église du Nouveau Testament. Alors, il commence à faire ce que la plupart des chrétiens sont conditionnés à faire lorsqu’ils cherchent la volonté de Dieu. Il sélectionne des versets, en ignorant leur arrière-plan social et historique. Joe en arrive à Matthieu 18:20: « Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis présent au milieu d'eux. » Joe continue sa lecture et découvre en Actes 2:46 que les premiers chrétiens se réunissaient régulièrement « dans les maisons ». Joe a une révélation. « Tout ce que j’ai à faire c’est d’ouvrir ma maison, de rassembler deux ou trois personnes et voilà! J’aurai implanté une église du Nouveau Testament ! »

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Ainsi, le dimanche suivant, Joe ouvre sa maison et commence une « église de maison » basée sur le Nouveau Testament (ainsi pense-t-il). Bientôt, il a une autre révélation : « Je suis un implanteur d’églises, comme l’était Paul. J’ai commencé une église de maison, comme il l’a fait. » Joe ne réalise pas, qu’il vient de sortir deux phrases de deux documents (totalement hors contexte historique) et les a assemblées pour en faire quelque chose qui n’a aucune racine biblique. Matthieu18:20 n’est pas une recette pour fonder une église. Ce passage traite d’une réunion d’excommunication! Actes 2:46 n’est que le récit de ce que pratiquaient les chrétiens primitifs. Oui, ceux-ci s’assemblaient dans les maisons. Et il est fortement recommandé que nous fassions de même de nos jours.19 Mais ouvrir sa propre maison et inviter les gens à s’y assembler n’en fait pas une église. Cela ne fait pas non plus du propriétaire de la maison un implanteur d’église! Les églises qui étaient implantées au premier siècle l’étaient dans le sang et la sueur. Les gens qui les ont implantées n’ont pas quitté la synagogue le samedi et décidé qu’ils allaient implanter une église le dimanche. Chaque homme du Nouveau Testament ayant été impliqué dans l’implantation d’une église avait d’abord été un frère ordinaire dans une église déjà existante. Et avec le temps, après un certain nombre de tribulations, sa vie ayant été exposée dans une église qui le connaissait bien, cet homme était reconnu et envoyé avec l’approbation de cette église. Ceci est un modèle cohérent tout au long du Nouveau Testament.20 On peut tout prouver avec des versets, cher lecteur. Faire naître une église qui corresponde à celles du premier siècle exige bien plus que le simple fait d’ouvrir votre propre maison et faire asseoir les gens sur votre canapé pour boire un café, manger des gâteaux et discuter autour de la Bible. Qu’entends-je par église de type premier siècle? Je parle d’un groupe de gens qui savent vivre et exprimer Jésus-Christ dans une réunion sans la présence d’un officiant humain. Je parle d’un groupe de gens qui arrivent à fonctionner en harmonie comme un corps lorsqu’ils sont livrés à eux-mêmes après que l’implanteur d’église les ait quittés. (Ce qui ne signifie pas que l’implanteur de l’église ne revienne jamais. L’église a besoin d’eux plusieurs fois. Mais, après avoir implanté une église, ses implanteurs devraient être plus absents que présents.) Celui qui implante une église du style de celles du premier siècle, quitte cette église sans pasteur, sans anciens, sans dirigeant de louange, sans conseiller ni enseignant biblique. Si cette église est bien implantée, les croyants sauront ressentir et suivre la direction vivante et vivifiante de Jésus-Christ dans une réunion. Ils sauront comment le laisser diriger leurs réunions de façon invisible. Ils apporteront leurs propres chants, ils les écriront même, ils exerceront un ministère selon ce que le Christ leur aura montré, sans la présence d’un dirigeant humain! Ce que je décris ici, n’est pas de la philosophie de fauteuil. J’ai travaillé avec beaucoup d’églises qui s’inscrivent dans cette nomenclature. Equiper les gens pour agir ainsi nécessite bien plus que le fait d’ouvrir votre maison et dire : « Allons venez, nous allons faire une étude biblique. » 192


Revenons à nos moutons. Joe Eglisedemaison a ce qu’il considère être une église du Nouveau Testament. Comme dans tous les petits groupes de ce type, le problème de la direction est soulevé. Que fait Joe ? Il commence à chercher de façon aléatoire des versets qui parlent de direction. Il s’arrête à Actes 14 et est interpelé par le verset 23. Qui dit cela : « Ils [Paul & Barnabas] firent nommer des anciens dans chaque Église. » Joe a une autre révélation ! La parole de Dieu déclare que chaque église du Nouveau Testament a des anciens, songe-t-il. C’est pourquoi, notre église de maison a besoin d’anciens! (Joe fait cette découverte seulement deux semaines après avoir ouvert sa maison!) Après avoir sorti ce verset de son contexte, Joe désigne des anciens. (Il se trouve qu’il en fait partie.) Quel est le contexte historique d’Actes 14? Deux implanteurs d’églises, Paul et Barnabas, sont envoyés par leur église de maison d’Antioche. Avant d’être envoyés, les deux hommes avaient déjà vécu dans l’église en tant que frères, et non en tant que dirigeants (Barnabas à Jérusalem et Paul à Antioche). Actes 14:23 fait partie du récit de ce qui s’est passé après que ces deux implanteurs aient été envoyés. Ils se trouvent dans le Sud de la Galatie. Ils viennent d’implanter quatre églises. Maintenant, ils retournent les visiter six mois ou un an après ces implantations. Paul et Barnabas retournent dans chacune des églises de Galatie et « approuvent publiquement des hommes âgés » dans chaque église.21 Joe a commis une autre erreur subtile lorsqu’il a interprété ce passage. Le verset dit que Paul et Barnabas ont désigné des anciens dans chaque église. Joe l’interprète comme le besoin de toute église authentique d’avoir des anciens. Cependant, ce texte ne dit pas une telle chose. Ce verset se réfère à un événement dans le sud de la Galatie pendant le premier siècle. « Chaque église » signifie chaque église dans le sud de la Galatie en l’an 49 !22 Luc mentionne ces quatre églises que Paul et Barnabas viennent d’implanter. Vous voyez le problème dans lequel nous nous précipitons lorsque nous extirpons gaiment des versets de leur contexte historique? La vérité, c’est que Joe Eglisedemaison a complètement débordé des limites bibliques ! Tout d’abord, il n’est pas un implanteur d’église itinérant. (Ceux-ci légitimaient les anciens au premier siècle.) Deuxièmement, son église est bien trop jeune pour avoir des anciens. A Jérusalem, les premiers anciens ont émergé après quatorze ans d’existence de l’église. Mais Joe Eglisedemaison a son verset, alors il « est fondé sur l’Ecriture » (dans son imagination). Plus tard, le souci du don d’argent est soulevé. Alors, Joe se cantonne à 1 Corinthiens 16:2, « Que chacun de vous, le premier jour de la semaine, mette à part chez lui ce qu'il pourra, selon sa prospérité. » Basé sur ce verset, Joe institue une règle selon laquelle chaque personne dans son église de maison doit donner de l’argent aux fonds de l’église le dimanche matin. 193


Encore une fois, Joe a pris un passage hors contexte et en a tiré une pratique. I Corinthiens 16:2 parle d’une requête unique. Elle a été écrite aux environs de l’an 55 à l’église de Corinthe. A cette époque, Paul collectait de l’argent de toutes les églises non-juives qu’il avait implantées. Il avait un objectif derrière cela. Il voulait apporter cette collecte aux frères et sœurs de Jérusalem qui passaient par une période de grande pauvreté. Paul disait aux Corinthiens : « Au fait, lorsque je viendrai vous rendre visite, je voudrais que cet argent soit réuni au préalable afin que je puisse l’amener à Jérusalem. Alors, chaque dimanche, lorsque vous vous rassemblez, pourriez-vous progressivement mettre de côté une portion de vos gains afin de créer un fond de secours? » I Corinthiens 16:2 n’a donc rien à voir avec une cotisation rituelle de pure forme ayant lieu chaque dimanche matin.23 Le point suivant soulevé dans l’église de maison de Joe est celui de la mission. Naturellement, Joe recommence à chercher au hasard des versets qui pourraient former une réponse. Il s’arrête à Matthieu 28:19, « Allez, faites de toutes les nations des disciples. » Il croise cette référence avec Marc 16:15, qui dit: « Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. » Il continue par Actes 5:42: « Et chaque jour, dans le temple et dans les maisons, ils ne cessaient d'enseigner, et d'annoncer la bonne nouvelle de Jésus-Christ. » Joe songe en lui-même, Notre mission est de prêcher l’évangile. C’est pour cela que nous existons. Zut alors, si Dieu ne voulait pas que nous prêchions la bonne nouvelle, il nous aurait tués après que nous ayons été sauvés ! Alors, notre seule raison de respirer (la seule raison pour laquelle nous avons une église de maison) est de prêcher l’évangile. C’est ce que dit le Nouveau Testament. Je viens de le lire. Et si nous ne prêchons pas la bonne nouvelle régulièrement, nous péchons contre Dieu! Encore une fois, M. Joe Eglisedemaison a pris trois versets totalement hors contexte. En Matthieu 28:19 et Marc 16:15, Jésus envoie ses Apôtres. Et en Actes 5:42, ces mêmes apôtres prêchent la bonne nouvelle. Dans le Grec original la « Grande Commission » se traduit: « Ayant été par tout le monde . . . » Il s’agit donc d’une prophétie (« ayant été ») et non d’un commandement (« allez »).24 Le Seigneur n 'a pas commandé aux Apôtres « d’aller ». Il leur a dit qu’ils iraient. C’est important à savoir. Contrairement aux chrétiens d’aujourd’hui, les premiers chrétiens ne parlaient pas de Christ par culpabilité, contrainte ou devoir. Ils en parlaient parce qu’ils en débordaient et qu’ils ne pouvaient pas s’en empêcher! C’était spontané, naturel, né de la vie et non de la culpabilité. Les pensées de Joe sur la mission de l’église sont le fruit de deux choses : le renouveau du XIXème siècle (lire le chapitre 3) et la méthode presse-papier pour aborder la Bible.

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Le résultat final de la méthode presse-papier Revenons en arrière et analysons l’histoire de Joe. En gros, il a mal géré le Nouveau Testament. Ses motivations sont-elles pures ? Oui. A-t-il un cœur pour Dieu? Oui. Cela l’a-t-il empêché de mal appliquer les Ecritures? Non. Joe est venu au Nouveau Testament comme la plupart d’entre nous avons appris à le faire (avec des ciseaux et de la colle, prêt à couper et coller, à créer un fondement pour notre doctrine et nos pratiques favorites. Le résultat final de cette méthode presse-papier est tragique. Elle a produit une tonne d’églises contemporaines qui n’ont aucune raison scripturaire d’exister. (Je parle de l’église institutionnelle telle que nous la connaissons aujourd’hui.) Mais plus encore, elle a généré une plétore « d’églises de maison » pro-forma, improductives, insipides et stériles. Je me souviens de la vision qu’Ezéchiel a eue de la vallée des ossements desséchés. (Lire Ezéchiel 37) Le Seigneur avait amené Ezéchiel dans une vallée pleine d’ossements, et la parole de Dieu vivante et vivifiante est arrivée pour ressusciter ces ossements. La Bible dit que les os se sont assemblés, qu’ils ont été recouverts de tendons et de chair. Et lorsque Dieu a soufflé dessus par un vent tempétueux, ces os morts sont devenus une armée puissante. La plupart des « implanteurs » d’églises de maison peuvent être décrits comme des hommes étant arrivés dans la vallée des ossements avec de la colle, du fil et une aiguille, et des versets du Nouveau Testament plein les mains. Ils ont pris les os et les ont collés ensemble. Ils ont fait passer du fil à travers les tendons et cousu de la chair dessus. Puis, ils ont reculé et dit : « Regardez, une église du Nouveau Testament, fondée sur le Nouveau Testament. Nous avons des anciens, nous nous réunissons dans une maison, nous n’avons pas embauché de clergé, nous collectons de l’argent chaque dimanche et nous annonçons la Bonne Nouvelle. » Mais il n’y a pas eu de vent tempétueux et puissant ! L’église de Jésus-Christ ne peut pas être fabriquée. Elle ne peut pas être soudée bout à bout. Il n’y a pas de schéma que nous puissions péniblement extraire du Nouveau Testament, en extirpant des versets et en tentant de s’en inspirer en suivant notre instinct. L’Eglise de Jésus-Christ est une entité vivante et biologique! Elle doit naître. Il est bon d’observer la façon dont étaient fondées les églises du premier siècle. Je pense que les Ecritures contiennent des principes durables à ce propos. Si l’on compte toutes les églises mentionnées dans le Nouveau Testament, on en trouve près de trente-cinq. Chacune d’elles a été implantée ou assistée par un implanteur d’églises itinérant qui annonçait Christ seul. Il n’y a pas d’exception. L’Eglise est le fruit de la présentation apostolique de Jésus-Christ. Il existe plus versets qui soutiennent ce principe que de versets qui justifient les réunions de maison, ou les réunions ouvertes et participatives, ou les collectes du 195


dimanche matin. Le livre des Actes est un rapport sur des églises implantées par des ouvriers extra-locaux à Jérusalem, dans le Sud de la Galatie, la Macédoine, l’Achaïe, l’Asie Mineure et Rome. Les épîtres sont des lettres écrites par des ouvriers apostoliques à des églises en crise, à des individus et à ceux qui se formaient pour le ministère spirituel. Le principe de l’implanteur d’église extra-local domine dans le Nouveau Testament.25 Et comme nous l’avons vu, il y a bien plus de versets pour soutenir cette pratique qu’il y en a pour toutes les choses non bibliques que nous pratiquons dans l’église contemporaine, y compris le fait d’embaucher un pasteur. Le modèle des ouvriers extra-locaux qui implantent et qui assistent une église imprègne tout le Nouveau Testament. Et il est profondément enraciné dans le principe divin.26 Un remède pratique Quel est donc l’antidote à la méthode presse-papier pour aborder le Nouveau Testament ? Quel est le remède qui vous amènera à l’expression vivante du corps de Christ, comme au premier siècle ? L’antidote commence par la compréhension de notre Nouveau Testament. Nous avons été conditionnés à lire le Nouveau Testament au microscope pour en extraire des versets et déterminer les actions des premiers chrétiens. Nous devons abandonner toute cette mentalité, prendre du recul et porter un œil neuf sur les Ecritures. Nous devons nous familiariser avec toute l’envergure de la pièce du début à la fin. Nous devons apprendre à voir le Nouveau Testament de façon panoramique, et non au microscope. F. F. Bruce, l’un des plus grands érudits de notre temps a fait un jour une déclaration intéressante. Il a dit que lire les lettres de Paul revenait à être à un bout du fil dans une conversation téléphonique.27 Grâce à une connaissance biblique récente, cependant, nous sommes maintenant capables de reconstruire l’entière saga de l’église primitive, nous pouvons écouter la conversation de l’autre côté. Le livre de Frank : The Untold Story of the New Testament Church, reconstitue les deux côtés de la conversation, en créant un seul récit fluide de l’histoire de l’église primitive. Le fait de s’initier à l’histoire de l’église primitive revient à se guérir pour toujours de cette façon d’aborder le Nouveau Testament à l’aide du coupercoller/presse-papier. Apprendre cette histoire sera une façon de lever le voile sur les principes spirituels qui sont fondés en Dieu lui-même et qui sont cohérents tout au long du Nouveau Testament. . Systématiquement, nous passons à côté de ces principes à cause de la façon dont nous abordons la Bible et parce que l’ordre des épîtres de Paul n’est pas disposé chronologiquement. Lorsque nous sommes instruits de cette histoire, nos versets doivent s’y imbriquer, s’y conformer. Nous n’avons plus la liberté de sortir un verset de son contexte et de dire : « Regarde, voilà ce qu’il faut faire. » Beaucoup de versets que nous chrétiens avons coutume d’extraire de la Bible ne seront pas imbriqués. De 196


façon plus significative, si nous abordons la Bible de cette façon cela nous permettra de voir la passion et l’unité dans laquelle vivaient les premiers chrétiens lorsqu’ils qu’ils cherchaient à suivre et à représenter fidèlement leur Seigneur Jésus Et quelle était la vision de Christ ? Voilà la question que nous aborderons dans le dernier chapitre.

Approfondissements 1. Dites-vous qu’il est dangereux de manier les Ecritures par thème, que ce soit en étude individuelle ou en se préparant à enseigner sur un problème spécifique? Ou bien pensez-vous que, si les chrétiens prenaient le temps d’acquérir une compréhension panoramique des Ecritures, ils pourraient éviter les dangers de la preuve par le texte ? Les études à thème peuvent facilement détourner quelqu’un de la vérité si les textes particuliers relatifs au “thème” ne sont pas compris dans leur contexte historique. Pour cette raison, il vaut mieux commencer par une lecture narrative de la Bible, en visionnant le flux intégral de l’histoire dans son contexte historique. Une fois que cette fondation est posée, les études par thème peuvent se révéler assez significatives. 2. L’“église organique” est-elle synonyme d’ “église de maison”? Quelle est la différence? Non, ce n’est pas un synonyme. Certaines églises de maison sont organiques, et d’autres non. Un certain nombre d’églises de maison actuelles sont une étude biblique idéalisée. Beaucoup d’autres sont des célébrations dînatoires (la réunion se déroule autour d’un repas commun et c’est tout.) Certaines églises de maison sont tout aussi institutionnalisées que les églises traditionnelles (avec un pupitre dans le salon et des chaises en rang autour pour que les participants puissent écouter un sermon de ¾ d’heure.) L’église organique est une expérience populaire caractérisée par un face-à-face communautaire, un fonctionnement de tous les membres, une participation ouverte aux réunions, une direction non hiérarchique et la centralité, la suprématie de Jésus-Christ en tant que leader et tête pratique du groupe. Pour le dire autrement, la vie de l’église organique est “l’expérience” du corps de Christ. Dans sa forme la plus pure, il s’agit de la communauté trinitaire de Dieu descendue sur terre et expérimentée par les humains. 3. Quels sont les signes caractérisant une église organique en bonne santé? Et quels sont ceux caractérisant une église en mauvaise santé ? Quelques-uns des signes caractérisant une église organique en bonne santé sont :

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• une communauté de frères et sœurs centrée sur Christ, se construisant dans une proximité soudée • des membres menant une vie reflétant la transformation de leur caractère. • des réunions respirant la manifestation et la révélation de Jésus-Christ et durant lesquelles chaque membre fonctionne et participe. • une vie communautaire vibrante, prospère et authentique, où les membres croissent toujours plus dans l’amour des uns envers les autres. • une communauté de croyants magnifiquement obsédés par leur Seigneur, et dont le style de vie ne soit ni légaliste ni libertin. Les signes d’une église organique en mauvaise santé sont similaires aux problèmes signalés par l’apôtre Paul à l’église de Corinthe : • une perversion de la grâce de Dieu comme étant une licence pour pécher. • une attitude sectaire et élitiste • des membres centrés sur eux-mêmes. Etant donné que les églises organiques sont des communautés en face-à-face, elles expérimentent toute la gamme de problèmes inhérents aux contacts rapprochés entre les chrétiens. Ces problèmes sont traités dans les lettres de Paul. Les églises en bonne santé survivent à ces problèmes et deviennent plus fortes après. Celles en mauvaise santé n’y survivent pas généralement.

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Chapitre 12

Un autre aspect du Sauveur: Jésus, le Révolutionnaire Un radical authentique doit être un homme de racines. Pour le dire en des termes que j’ai déjà employés en une autre occasion : « Le révolutionnaire peut être ‘étranger’ à la structure qu’il veut voir s’effondrer : effectivement, il doit la contempler de l’extérieur. Mais le radical descend à la racine de sa propre tradition. Il doit l’aimer : il doit pleurer sur Jérusalem, même s’il doit prononcer sa perte. » John A. T. Robinson Si le Christianisme doit vivre un rafraîchissement cela devra se produire par d’autres moyens que ceux employés jusqu’ici. Si l’église de la seconde moitié du [XXème] siècle doit voir se cicatriser les blessures dont elle a souffert dans la première, il faudra que surgisse un autre type de prédicateur. Le typique chefde-synagogue ne conviendra pas. L’archétype sacerdotal qui accomplit son devoir, prend son salaire et ne pose pas de questions, ne conviendra pas non plus, pas plus le type pastoral au discours lisse sachant rendre la religion chrétienne tolérable au regard de tous. Tous ceux-là ont été éprouvés et jugés insuffisants. C’est un autre genre de dirigeant religieux qui devra émerger du milieu de nous. Il devra ressembler au vieux prophète, un homme qui a reçu de Dieu des visions et entendu une voix s’élever du trône. Lorsqu’il viendra (et je prie Dieu qu’il ne soit pas seul mais qu’ils soient plusieurs) il sera en contradiction catégorique avec tout ce qui est cher à notre civilisation béate et sans aspérité. Il contredira, dénoncera et protestera au nom de Dieu et s’attirera la haine et l’opposition d’une grande partie de la chrétienté. A. W. Tozer, pasteur et auteur du XXème siècle Jésus-Christ n’est pas seulement le Sauveur, le Messie, le Prophète, le Grand-Prêtre et le Roi. Il est aussi le Révolutionnaire. Toutefois, peu de chrétiens le connaissent sous cet aspect. Je suis sûr qu’en lisant ce livre certains de mes lecteurs ont été aux prises avec la pensée suivante: Frank, pourquoi être si négatif par rapport à l’église actuelle !?Jésus n’est pas quelqu’un qui critique. Ça ne lui ressemble tellement pas de parler de ce qui ne va pas dans l’église. Concentronsnous sur le positif, et oublions le négatif!

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De tels sentiments révèlent un total manque de familiarité avec Christ en tant qu’enseignant révolutionnaire (prophète radical, prédicateur provocateur, contestataire, iconoclaste) et opposant implacable au système religieux établi. Je vous l’accorde, le Seigneur n’est pas critique ni dur envers ceux qui lui appartiennent. Il est plein de grâce et de miséricorde et il aime son peuple passionnément. Cependant, c’est précisément pour cela qu’il est jaloux en ce qui concerne son épouse. Et c’est la raison pour laquelle il ne fera pas de compromis avec les traditions établies ayant retenu sont peuple captif. Et il n’ignorera pas non plus la dévotion fanatique que nous leur vouons. Réfléchissez à la conduite de notre Seigneur durant son séjour sur terre. Il n’a jamais été un agitateur ni un rebelle poussant des ‘coups de gueule’ (Matthieu 12:19-20). Cependant, il a constamment défié les traditions des scribes et des pharisiens. Il n’a pas agi ainsi au hasard, mais de façon tout à fait délibérée. Les pharisiens étaient ceux qui, au nom de la « vérité », telle qu’ils la voyaient, tentaient d’étouffer celle qu’ils ne voyaient pas. Cela explique pourquoi il y avait toujours un vent de controverse entre « la tradition des anciens » et les actes de Jésus. Un jour quelqu’un a dit « un rebelle tente d’altérer le passé, un révolutionnaire tente de transformer l’avenir. » Jésus-Christ a amené un changement radical dans le monde. Un changement dans la vision que l’homme avait de Dieu. Un changement dans celle que Dieu avait de l’homme. Il a changé le regard de l’homme sur la femme. Notre Seigneur est venu apporter un changement radical dans l’ancien ordre des choses, en le remplaçant par un nouvel ordre.1 Il est venu pour engendrer une nouvelle alliance, un nouveau Royaume, une nouvelle naissance, une nouvelle race, une nouvelle espèce, une nouvelle culture, une nouvelle civilisation.2 Lorsque vous lisez les évangiles, regardez votre Seigneur, le révolutionnaire! Regardez-le semer la panique parmi les Pharisiens, en mettant à nu leurs conventions. De nombreuses fois, Jésus a guéri le jour du Sabbat, en rompant carrément avec la tradition qu’ils chérissaient. Si le Seigneur avait voulu apaiser ses ennemis, il aurait pu attendre le dimanche ou le lundi pour guérir certaines de ces personnes. Au lieu de cela, il les a délibérément guéries le jour du Sabbat, sachant parfaitement que cela mettrait ses opposants hors d’eux. Il va même assez loin dans cette façon de faire. En une occasion, Jésus a guéri un aveugle en mélangeant de l’argile avec sa salive et en posant cette boue sur les yeux de l’homme. Par un tel acte il bravait directement l’ordonnance juive qui interdisait de guérir le jour du Sabbat en mélangeant de la terre à de la salive !3 Cependant, avec une absolue détermination, votre Seigneur a intentionnellement et ouvertement fait voler en éclats cette tradition. Observez-le prendre de la nourriture sans s’être lavé les mains au préalable devant les Pharisiens ahuris et pleins de jugement, encore une fois, défiant intentionnellement leur tradition fossilisée.4 En Jésus, nous avons un homme qui a refusé de se courber sous la pression de la conformité religieuse. Un homme qui a prêché la révolution. Un homme qui ne tolérait pas l’hypocrisie. Un homme qui ne craignait pas de provoquer ceux qui 200


supprimaient l’évangile libérateur qu’il avait amené pour briser les chaînes de l’humanité. Un homme qui ne se souciait pas de susciter la colère de ses ennemis, en les poussant à s’armer pour la bataille. Où est-ce que je veux en venir? A la chose suivante : Jésus-Christ n’est pas seulement venu en tant que Messie, Oint de Dieu, pour délivrer son peuple des liens de la chute. Il n’est pas seulement venu en tant que Sauveur, payant une dette qu’il n’avait pas contractée afin de laver les péchés de l’humanité. Il n’est pas seulement venu en tant que Prophète, consolant les affligés et affligeant les gens installés dans leur confort. Il n’est pas seulement venu en tant que prêtre, représentant les gens devant Dieu et représentant Dieu devant les gens. Il n’est pas seulement venu en tant que Roi, triomphant sur toute autorité, principauté et puissance. Il est aussi venu en tant que révolutionnaire, déchirant la vieille outre avec pour intention d’apporter la nouvelle. Voici votre Seigneur, le Révolutionnaire ! Pour la plupart des chrétiens, c’est une facette de Jésus qu’ils n’ont jamais connue auparavant. Cependant, je crois que cela explique pourquoi il est si crucial d’exposer ce qui ne va pas dans l’église d’aujourd’hui afin que le corps de Christ puisse accomplir le dessein ultime de Dieu. Il s’agit simplement de l’expression de la nature révolutionnaire de notre Seigneur. Le but principal de cette nature est de nous mettre, vous et moi au centre du cœur palpitant de Dieu. De nous placer au centre de son dessein éternel, un dessein pour lequel tout a été créé.5 L’église primitive l’avait compris. Non seulement ils comprenaient la passion de Christ pour son église, mais ils la vivaient. Et à quoi ressemblait la vie de ce corps ? Je vous en donne un aperçu à la suite :6 Les premiers chrétiens étaient intensément centrés sur Christ. Jésus-Christ était la pulsation de leur cœur. Il était leur vie, leur souffle, et leur point central de référence. Il était l’objet de leur adoration, le sujet de leurs chants, et la substance de leurs discussions et de leur vocabulaire. L’église du Nouveau Testament donnait au Seigneur Jésus-Christ la position centrale et suprême en toutes choses. L’église du Nouveau Testament n’avait pas d’ordre de culte déterminé à l’avance. Les premiers chrétiens se rassemblaient en réunions ouvertes et participatives ou chaque croyant partageait son expérience de Christ, exerçait ses dons et cherchait à édifier les autres pendant les réunions. Aucun n’était simple spectateur. Tous avaient le privilège et la responsabilité de participer. La finalité de cette église était double. Elle était faite pour l’édification mutuelle du corps et elle était aussi faite pour rendre le Seigneur Jésus-Christ visible à travers le 201


fonctionnement participatif de chaque membre de son corps. Les réunions de l’église primitive n’étaient pas des « services » religieux. Elles étaient informelles et imprégnées d’une atmosphère de liberté, de spontanéité et de joie. Les réunions appartenaient à Jésus-Christ et à l’église ; elles ne servaient pas de plateforme pour un ministère particulier ou une personne habile. L’église du Nouveau Testament était une communauté du face-à-face. Si les premiers chrétiens se rassemblaient pour un culte communautaire, l’église n’existait pas que pour une ou deux rencontres par semaine. Les croyants du Nouveau Testament partageaient leur vie. Ils s’occupaient les uns des autres, en dehors des rencontres programmées. Dans le sens bien réel du terme, ils formaient une famille. Le christianisme était la première et unique religion que le monde avait jamais connue sans aucun rituel, ni clergé ni bâtiment sacré. Pendant les trois cent premières années de l’existence de l’église, les chrétiens se rassemblaient dans les maisons. En des occasions particulières les ouvriers chrétiens se servaient de plus grands locaux (comme le portique de Salomon [Jean 10:23, Actes 3:11] et l’école de Tyrannus [Actes 19:9]). Mais ils ne connaissaient pas le concept de l’édifice sacré ni celui de dépenser des montants obscènes pour des bâtiments Ils n’appelaient pas non plus un bâtiment « église » ou « maison de Dieu. » L’unique bâtiment sacré que connaissaient les premiers chrétiens n’était pas fait de main d’homme. L’église du Nouveau Testament n’avait pas de clergé. Le prêtre catholique et le pasteur protestant étaient totalement inconnus au bataillon. L’église avait des ouvriers itinérants qui implantaient des églises et subvenaient à leurs besoins. Mais ces ouvriers n’étaient pas considérés comme faisant partie d’une caste cléricale particulière Ils faisaient partie du corps de Christ et ils servaient les églises (et non pas l’inverse). Tous les chrétiens possédaient différents dons et différentes fonctions, mais seul Jésus-Christ avait le droit exclusif d’exercer l’autorité sur son peuple. Aucun homme n’en avait le droit. La capacité à être ancien ou berger ne représentait que deux dons parmi d’autres. Les anciens et les bergers étaient des chrétiens ordinaires ayant certains dons. Il n’y avait pas de ministère spécifique. Et ils ne monopolisaient pas la parole dans les réunions d’église. Ils étaient simplement des chrétiens chevronnés qui prenaient soin naturellement des membres de l’église pendant les temps de crise et servaient dans la supervision de l’assemblée. Dans le Nouveau Testament, la prise de décisions reposait sur les épaules de toute l’assemblée. Les implanteurs d’églises donnaient parfois des informations et une direction. Mais au final, c’est toute l’église qui prenait les décisions locales sous la direction de Jésus-Christ. Il en allait de leur responsabilité de trouver la pensée du Seigneur ensemble et d’agir en conséquence. L’église du Nouveau Testament était organique, et non organisée. Elle n’était pas un conglomérat chapeauté par des gens dirigeant des ministères, créant des programmes, fixant des rituels, et développant une hiérarchie du sommet à la base ou une structure de commandement en chaîne. L’église était un organisme vivant et respirant. Elle naissait, elle croissait et naturellement elle produisait tout ce qui était 202


dans son ADN. Cela comprenait les dons, les ministères, et les fonctions dans le corps de Christ. Aux yeux de Dieu, l’église était une belle femme. L’épouse de Christ. Elle était une colonie céleste et non une organisation établie par les hommes sur la terre. La dîme n’était pas une pratique de l’église du Nouveau Testament. Les premiers chrétiens employaient leurs fonds pour soutenir les pauvres parmi eux et les pauvres dans le monde. Ils soutenaient aussi les implanteurs d’église itinérants afin que l’évangile puisse se répandre et que les églises puissent s’élever dans d’autres pays. Ils donnaient selon leurs capacités et non par culpabilité ou sous la contrainte. Les salaires du pasteur /clergé n’avaient pas cours. Chaque chrétien dans l’église était un prêtre, un pasteur et un membre fonctionnel du corps. Le baptême était l’expression extérieure de la conversion chrétienne. Lorsque les premiers chrétiens amenaient les gens au Seigneur, ils les baptisaient immédiatement dans l’eau comme témoignage de leur nouvel état. La Sainte Cène était une expression continue par laquelle les chrétiens réaffirmaient leur foi en Jésus-Christ et leur unité avec son corps. La Cène était un repas complet dont l’église jouissait ensemble dans un esprit et une atmosphère de joie et de célébration. C’était la communion du corps de Christ, et non un rituel symbolique ni un rite religieux. Et elle n’était jamais célébrée par un membre du clergé ou à travers un sacerdoce particulier. Les premiers chrétiens n’avaient pas construit d’écoles bibliques ou de séminaires pour former de jeunes ouvriers. Les ouvriers chrétiens étaient éduqués et formés par des ouvriers plus âgés dans le contexte de la vie d’église. Ils apprenaient « sur le tas. » Jésus avait donné le modèle initial de l’apprentissage « sur le tas » lorsqu’il a guidé les Douze. Paul a reproduit cela lorsqu’il a formé de jeunes ouvriers païens à Ephèse. Les premiers chrétiens ne se divisaient pas en diverses dénominations. Ils comprenaient leur unité en Christ et l’exprimaient de façon visible dans toutes les villes. A leurs yeux, il n’y avait qu’une seule église par ville. (Même si celle-ci se rassemblait en différentes maisons dans la localité). Si vous étiez un chrétien du premier siècle, vous apparteniez à cette seule église. L’unité de l’esprit était bien gardée. Ceux qui se dénommaient eux-mêmes comme étant « de Paul », « de Pierre » et « d’Apollos » étaient considérés comme sectaires et créant des divisions. Nous croyons qu’il s’agit là de la vision de Dieu pour chaque église. Heureusement, de plus en plus de révolutionnaires d’aujourd’hui commencent à le comprendre Ils reconnaissent que ce qu’il faut c’est une révolution à l’intérieur de la foi chrétienne (un cataclysme complet dans ces pratiques chrétiennes qui sont contraires aux principes bibliques. Nous devons recommencer. de zéro. A moins, nous serions déficients. Et donc, si vous finissez ce livre mon espoir est triple. Tout d’abord, j’espère que vous allez commencer à vous poser des questions sur l’église telle que vous la connaissez maintenant. A quel point est-elle vraiment biblique ? A 203


quel point exprime-t-elle l’absolue direction de Jésus-Christ ? A quel point permetelle aux membres du corps de fonctionner dans la liberté ? Deuxièmement, j’espère que vous allez partager ce livre avec tous les chrétiens que vous connaissez afin qu’ils puissent se sentir défiés par ce message. Et troisièmement, j’espère que vous allez prier sérieusement sur ce que devrait être votre réaction à ce message. Si vous êtes un disciple du Révolutionnaire de Nazareth… le messie radical7 qui plonge sa hache jusqu’à la racine…vous devrez finir par vous poser une question bien spécifique. C’est la même question qu’on a posée au Seigneur à propos de ses disciples lorsqu’il était sur terre. Voici la question: « Pourquoi tes disciples transgressent-ils la tradition des anciens? ? » (Matthieu 15:2).

Approfondissements 1. Pourquoi critiquez-vous autant l’église? Dieu aime l’église. Votre attitude de jugement envers elle m’indispose. Cette question est un bon exemple de ce que nous tentons d’exposer dans ce livre. À savoir, beaucoup de chrétiens sont dans la confusion par rapport à ce que la Bible entend par église. Le terme d’église se réfère au peuple de Dieu. Plus spécifiquement, il se réfère au rassemblement en communauté de ceux qui suivent Jésus. Il ne se réfère pas à un système, une dénomination, un bâtiment, une institution ou un service. Nous avons écrit ce livre parce que nous aimons beaucoup l’église. Et nous désirons la voir fonctionner d’une manière qui rende gloire à Dieu. Le système institutionnel de l’église et sa structure ne sont pas bibliques. Et, comme nous l’avons dit, ils entravent le fonctionnement du peuple de Dieu selon sa pensée. Lorsque Martin Luther a défié l’église institutionnelle de son époque, il a indisposé beaucoup de monde. À dire vrai, si Luther n’avait pas eu le soutien de Frédéric le Sage et de ses armées, il aurait été tué pour ses croyances (comme l’ont été tant d’autres réformateurs.) De nos jours, les Protestants se souviennent de Luther et le saluent comme un héros. Luther aimait Dieu et l’église, mais il était fortement opposé au système ecclésial qui l’entourait, arguant que celui-ci n’était pas biblique. Et il a eu le courage d’exprimer prophétiquement son désaccord en public. (D’ailleurs, Luther a été bien plus loin que nous dans sa rhétorique. Si vous pensez que ce livre a été difficile à digérer, essayez de lire quelques-unes des diatribes de Luther contre le système de l’église de son temps.) En résumé, c’est à cause de notre amour pour l’église et notre désir de voir le peuple de Dieu libéré que nous avons écrit ce livre. Et nous entretenons l’espoir que Dieu l’utilisera pour changer le cours de l’histoire de l’église. 2. Vous dites que dans une église organique en bonne santé, chaque semaine “tous les membres contribuent en partageant quelque chose de Christ 204


dans l’assemblée.” Cela veut-il dire que chaque semaine, chaque croyant est censé faire part d’une façon dont Christ lui a révélé quelque chose? Comment s’assurer qu’un incroyant ou une personne comprenant peu les écritures ne se lève pas pour dire des bêtises? Et aussi, est-ce que certains des participants ne vont pas se sentir contraints de contribuer, même si un jour ils n’ont réellement rien à partager en réunion? Si l’église est correctement équipée, ces problèmes se posent rarement. L’instruction de Paul “que les autres jugent ce qu’ils disent” (1 Corinthiens 14:29, Semeur) lorsque quelqu’un parle dans une réunion a une forte propension à fournir un filet de sécurité pour une participation équilibrée aux réunions. Notez qu’il faut du temps à une église pour être équipée pour conduire une réunion ouverte. Et c’est là que réside le rôle des implanteurs d’églises. Leur travail est d’équiper les membres pour fonctionner en parfaite coordination. Cela inclut le fait d’encourager ceux qui participent rarement à fonctionner de plus en plus et ceux qui ont tendance à dominer à fonctionner moins. Cela implique également de montrer au peuple de Dieu comment avoir une relation avec Dieu de façon à avoir quelque chose à partager dans chaque réunion. De plus, la crainte de voir quelqu’un dire des bêtises dans une réunion ne devrait jamais nous pousser à remplacer une réunion à participation ouverte par des services dirigés par une personne du clergé. Comme Paul, nous devons faire suffisamment confiance au peuple de Dieu pour que, si quelqu’un dit quelque chose d’aberrant dans une réunion, l’église saisisse cette occasion de le souligner et de mettre en évidence la vérité. Ce qui est surprenant, c’est que lorsque le peuple de Dieu est correctement équipé, c’est exactement ce qu’il fait. 3. Si Christ devait envoyer un message à l’église institutionnelle d’aujourd’hui (similaire à celui qu’il a adressé aux églises en Apocalypse 2–3), que pensez-vous qu’il dirait? Donnerait-il des recommandations ? Il serait très présomptueux de répondre à une telle question avec certitude. Et puisque l’église institutionnelle n’est pas un monolithe, ce que dirait Christ varierait sans aucun doute d’une église à l’autre. Cependant nous soupçonnons qu’il dirait probablement les mêmes choses qu’il a dites aux églises en Apocalypse 2-3, car elles s’appliquent aux chrétiens de toutes les époques. Il aurait eu aussi probablement beaucoup de recommandations à donner à certaines églises. Peut-être recommanderait-il à certains de prendre plus soin des perdus et de leur prêcher l’évangile fidèlement. Il recommanderait peut-être à d’autres de se tenir auprès des veuves, des orphelins et des opprimés. Il donnerait peut-être aussi à d’autres des recommandations quant à leur fidélité à suivre ses enseignements sans compromis. En même temps, il s’occuperait certainement des défauts spécifiques de chaque église, comme il l’a fait en Apocalypse. De plus, il réprimanderait probablement ces églises où les gens ont été écartés, manipulés, abusés et empêchés de faire certaines choses. Il y a de grandes chances qu’il prononce des paroles de 205


correction envers le peuple de Dieu pour avoir laissé faire ce genre de choses. Ainsi qu’il l’a dit dans les jours anciens : “Les prophètes prophétisent avec fausseté, les sacrificateurs dominent sous leur conduite, et mon peuple prend plaisir à cela. Que ferez-vous à la fin?” (Jérémie 5:31, Segond).

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L’étape suivante “Après avoir entendu ce discours, ils eurent le cœur vivement touché, et ils dirent à Pierre et aux autres apôtres: Hommes frères, que ferons-nous?’” —Actes 2:37, Segond “Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira.” —Jésus-Christ en, Jean 8:32. La lecture de ce livre demande du courage. Un tel courage est exigé non pas à cause de son contenu, mais à cause de ce que vous, disciple du Christ, devrez faire en réponse à ce que vous avez lu. Est-il possible à un chrétien de connaître la vérité et de l’ignorer ? Oui, comme le prouvent les petites déviations du plan de Dieu pour l’église qui en ont régulièrement écarté les chrétiens durant les deux milliers d’années passées. Est-il approprié que nous nous écartions du plan de Dieu pour son église? Absolument pas. Est-il acceptable de simplement reconnaître que dans le passé nous avons pris beaucoup de tournants dans la mauvaise direction et de ne pas nous réaligner avec le plan de Dieu dans le présent? Certes non. L’un des signes distinctifs caractérisant le chrétien est son intégrité. Nous faisons preuve de cette intégrité en suivant notre Seigneur sans nous préoccuper de ce que font les autres, simplement parce qu’il est le Seigneur. Ayant lu ce livre, vous devez prendre une décision : agirez-vous selon ce que vous avez lu? Ou en serez-vous simplement informés? Beaucoup de gens se retrouvent dans un réel dilemme aujourd’hui. Ils veulent être l’église, comme Dieu a voulu qu’elle soit, mais ils ne savent pas trop comment s’y prendre. Particulièrement aujourd’hui, où tant d’expressions non bibliques de l’église sont la norme. Posons-le sous forme de question : maintenant que nous avons découvert que l’église institutionnelle n’est pas scripturaire, quelle est la prochaine étape? Que devriez-vous faire à présent ? Voici des éléments de réflexion pour lesquels vous pouvez prier :

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Une nouvelle approche pour l’adoration Si vous êtes comme beaucoup de chrétiens, vous voyez l’adoration comme quelque chose que vous faites le dimanche matin (et parfois aussi le mercredi soir), lorsque l’équipe de louange ou le conducteur de louange dirige l’assemblée dans des chants de « louange et d’adoration. » Ou bien ... c’est lorsque vous êtes à la maison et que vous chantez sur un CD ou un enregistrement de louange. Le Nouveau Testament, cependant, en donne une image très différente. Tout d’abord, l’adoration est extrêmement importante pour Dieu. Ainsi donc, ce devrait être un style de vie, et non pas un événement (lire en Romains 12:1). Deuxièmement, au début de l’Ancien Testament, lorsque Dieu a donné la loi à Israël et tout au long de la période du Nouveau Testament, l’adoration était un exercice très communautaire. Ce n’était pas du domaine exclusif de l’individu. Troisièmement, Dieu a donné des instructions spécifiques sur la façon de l’adorer. Souvenez-vous lorsque le roi David voulait ramener l’Arche de l’Alliance à Jérusalem. Israël, a répondu à son désir et a ramené l’Arche sainte à la cité choisie sur un chariot de bois. Lorsque le chariot s’est dirigé vers la ville sainte, Israël a chanté, dansé et célébré en musique. C’est-à-dire qu’ils ont adoré ! Et ils l’ont fait dans une grande ferveur et passion. C’était une magnifique célébration. Mais la tragédie arriva, et Dieu a mis fin à la célébration (lire 2 Samuel 6:1-15). Pourquoi cela est-il arrivé ? C’est parce que le peuple avait violé les prescriptions du Seigneur quant au transport de l’Arche. Dieu voulait être adoré d’une certaine façon et il ne fait aucun compromise par rapport à ces attentes. Même si le cœur du peuple de Dieu était droit et même si les intentions de David étaient pures, ils ont commis l’erreur de ne pas « chercher [à l’adorer] selon la loi. » (1 Chroniques 15:13, Segond). Dieu avait dit clairement par Moïse que l’Arche de la présence du Seigneur devait être portée sur les épaules sanctifiées des prêtres lévites. Elle n’aurait jamais dû être placée sur un chariot de bois. David a procédé correctement la deuxième fois et a chargé l’Arche sur les épaules des lévites, tout comme Dieu l’avait prescrit. Dieu en a été satisfait. Les paroles de David quant à la première erreur d’Israël font réfléchir : “Parce que vous [les Lévites] n'y étiez pas la première fois, l'Éternel, notre Dieu, nous a frappés; car nous ne l'avons pas cherché selon la loi.” (1 Chroniques 15:13, Segond). L’erreur commise par Israël a été de ne pas chercher Dieu selon “la loi.” Ce qui veut dire qu’ils n’ont pas adoré Dieu selon ses voies. Ils l’ont adoré selon leurs propres voies. Il est important de remarquer qu’Israël a emprunté l’idée de placer l’Arche sur un chariot de bois aux Philistins païens! (Lire 1 Samuel 6:1-12.) De la même façon, Dieu ne s’est pas tu quant à la manière dont il désire être adore. Il désire l’être en esprit et en vérité (Jean 4:23). “En vérité” signifie simplement en réalité et selon ses voies. Il est regrettable cependant que les saints réceptacles du Seigneur soient toujours transportés sur des chariots de bois. Vous en avez déjà lu l’histoire dans ce livre. 208


Une nouvelle approche de la croissance spirituelle L’église primitive a produit des disciples de Christ qui ont mis sens dessusdessous le monde où ils vivaient. Aujourd’hui encore, ces chrétiens du premier siècle ont beaucoup à nous apprendre sur la façon dont nous devons vivre si nous voulons croître en Christ. Le véritable disciple doit porter du fruit pour le Royaume de Dieu, basé sur le développement d’un caractère à la ressemblance de Christ. Pour être un authentique disciple il faut connaître Jésus-Christ et lui permettre de vivre en nous. Il est tout de même malheureux que nous ayons fait du disciple de Christ un exercice académique et une quête individuelle. Dans nos pays, nous avons défini le “succès” de la formation spirituelle en termes d’achèvement d’un programme d’études ou d’un cursus universitaire. Nous avons perdu de vue le but authentique du discipulat au profit d’un produit inutilisable et passif qui ne remodèle pas notre personnalité et notre façon de vivre. Cependant, Jésus ne nous a jamais dit « celui qui mourra en ayant le plus de connaissance religieuse gagnera ! » Il n’a jamais fait non plus du discipulat une tâche individuelle accomplie par notre seul labeur, à la sueur de notre front. Jésus a passé sa vie à équiper les autres à vivre une vie pour Dieu et à leur montrer d’abord à quoi elle ressemblerait. Il a commencé avec une communauté de douze hommes et quelques femmes qui vivaient ensemble une vie de partage. Et cette communauté s’est étendue à d’autres communautés à travers le monde romain. Ces communautés furent les premières églises. La méthode de Jésus pour toucher les vies était interactive et pratique. Ses discours étaient rares et espacés et conduisaient toujours à appliquer l’essentiel de la leçon dans la vie pratique. Sa perspective était tirée de la grande fresque du Royaume de Dieu, ce qui signifie qu’elle était basée sur une vision du monde façonnée par une totale compréhension des voies de Dieu et de l’aboutissement qui lui tient à cœur. Comment cela se traduit-il en action personnelle et pratique? C’est très simple. L’école de Christ n’est autre que celle de la communauté des croyants, l’ecclésia de Dieu. Nous apprenons Christ les uns par les autres, dans l’intimité des relations, la participation à une vie communautaire où chaque membre est libre de partager le Seigneur avec ses frères et sœurs, tout comme le faisaient les chrétiens du premier siècle. Selon Paul, Jésus-Christ est une personne qu’on apprend à connaître au sein de la communauté des croyants (Ephésiens 4:20). Au sein de cette communauté, nous apprenons de lui comment être des parents, des enfants, des maris et des femmes. C’est au sein de cette communauté que les membres apprennent Christ ensemble, l’entendent ensemble, et le suivent ensemble. Rien ne peut remplacer ça. La vie chrétienne n’a jamais été censée être vécue en dehors de la communauté chrétienne. Et c’est précisément ce qu’est l’église au sens biblique du terme, … une vie de partage communautaire, sous la direction de Christ.

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Une nouvelle approche pour gérer nos ressources Etant donné que nos vies sont tellement remplies d’activités et d’engagements, nous apprécions naturellement les responsabilités faciles à retenir et rapides à exécuter. La dîme cadre assez bien avec cette catégorie (même si elle n’a aucune base dans le Nouveau Testament, lire le chapitre 8). Comme nous l’avons vu, la gestion des ressources de Dieu n’est pas une chose à prendre à la légère. Ce n’est pas non plus une obligation dont nous pouvons nous acquitter simplement en remplissant un chèque satisfaisant le minimum légal et vite oublié. Faire partie d’une famille inclut le fait de protéger ses ressources. Il n’en va pas autrement avec la famille de Dieu. Les ressources tangibles du Royaume de Dieu ont été mises à notre disposition. Nous avons le privilège d’investir ces ressources, non seulement l’argent, mais aussi notre temps, nos biens, nos idées, nos relations, nos compétences, nos dons spirituels etc. pour produire des résultats positifs pour le Royaume. Le progrès de l’œuvre de Dieu dépend dans une certaine mesure de notre façon d’employer les abondantes ressources qu’il nous a confiées. En effet, vous êtes un gestionnaire de portefeuille pour le Royaume de Dieu. L’investissement de votre argent, de vos efforts, de vos compétences, de votre capital relationnel et de votre créativité dans la construction de plus beaux bâtiments religieux, est-il le meilleur investissement que vous pouvez en faire pour le royaume de Dieu ? L’investissement de 3 % du revenu total de votre ménage (ce qui représente la moyenne dédiée par les Américains à une activité religieuse quelconque) est-il suffisant pour faire avancer son œuvre ? 1 Pouvez-vous justifier le fait de donner votre argent à une organisation qui s’occupe des besoins des pauvres comme étant votre seule contribution à leur existence ? Comme tout investisseur, vous serez séduits par les opportunités qui promettent de donner de bons résultats ainsi que par d’autres qui gaspilleront vos ressources. Chaque choix que vous ferez aura des conséquences éternelles. Le choix que vous ferez de la répartition des ressources du royaume affectera la vie de nombreuses personnes. Bien que la notion de donner à Dieu un dixième de leurs avoirs soit perçue comme un effort à fournir par la plupart des croyants, souvenezvous que vous avez été libérés d’une telle obligation. Au contraire, Dieu vous a remis le carnet de chèques et vous a demandé de l’investir dans ce que vous penserez qui rapportera le meilleur bénéfice pour sa gloire et ses desseins. Et, bien entendu, vous serez évalués par rapport à la sagesse avec laquelle vous aurez investi toutes ces ressources.

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Chaque année, le groupe Barna suit l’évolution des dons que les gens font aux églises et à d’autres organismes à but non lucratif. Une analyse récente des dons est décrite dans le rapport : “Les américains donnent des milliard pour la charité, mais le don aux églises a baissé.” Ont peut accéder à ce rapport sur : http://www.barna.org.

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Il a souvent été dit qu’on pouvait déduire les priorités d’une personne en examinant son carnet de chèque. Si quelqu’un examine votre carnet de chèques, ainsi que votre agenda et vos objectifs personnels, quelle conclusion pourra-t-il en tirer ? Un nouveau regard sur votre identité Nos études ont démontré que la plupart des Américains ont des difficultés à déterminer leur identité. Ils ont tendance à se considérer comme des individus uniques, des Américains, des membres de leur famille, des professionnels, des consommateurs, et ensuite, des disciples de Christ (dans cet ordre de priorité.) Dans la pensée et le cœur de la plupart des Américains, (même ceux que leurs croyances classent parmi les chrétiens « nés de nouveau »,) leur identité de disciples de Christ perd de sa consistance face à tous les autres rôles qu’ils adoptent en parallèle. Curieusement, la plupart des chrétiens nés de nouveau se considèrent comme des serviteurs de Dieu, ayant été transformés par leur foi en Christ. Cette auto-évaluation manque clairement de cohérence.2 Peut-être la confusion est-elle due au nombre incalculable d’interactions et de responsabilités que les gens assument chaque jour. Cela a peut-être un rapport avec l’enseignement décousu, thématique, que la plupart reçoivent dans leur église. Peut-être même cela peut-il s’attribuer à la concurrence des perspectives et des images qui nous bombardent à travers les médias omniprésents. Cependant, ce qu’il faut retenir est assez simple. Vous êtes un prêtre de Dieu, un ministre du Seigneur Jésus-Christ et un membre de son corps glorieux. A travers votre déclaration d’allégeance à Jésus et votre désir affirmé de vivre avec lui pour toujours, vous avez une responsabilité dans votre utilité en tant que prêtre, ministre et membre du corps. L’église organisée s’est enfoncée dans un chemin tordu durant les derniers deux mille ans. La seule façon pour elle de revenir en ligne droite est que nous commencions chacun à explorer par la prière le plan originel de Dieu pour son peuple et qu’ensuite nous voulions y répondre fidèlement. De cette façon, la révolution qui a commencé à prendre forme dans notre époque se répandra largement. Et Dieu obtiendra ce qu’il a toujours recherché.

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2 Cette analyse est plus circonstanciée dans “Penser comme Jésus” de George Barna (Nashville: Integrity Publishers, 2003). 211



Dernières pensées 1. J’appartiens à une église institutionnelle. Si j’assistais à une réunion dans une église organique cette semaine, en quoi cette expérience devrait-elle se différencier de mon culte habituel? Dans la vie d’une église organique, les réunions sont différentes chaque semaine. Même si dans une église organique les frères et sœurs prévoient dans la prière l’axe principal de leurs réunions (par exemple, ils peuvent décider de consacrer un mois à se concentrer sur Ephésiens 1), ils ne planifient aucun ordre spécifique pour l’adoration. Au contraire, chacun est libre de fonctionner, de partager, d’exercer un ministère spirituel pendant les réunions, ainsi, la créativité exprimée est sans limite. Les participants ne savent pas qui va se lever et parler ensuite, ni ce que la personne va partager. Il peut y avoir des sketches, des lectures de poèmes, de nouveaux chants, des exhortations, des témoignages, de courts enseignements, des révélations et des paroles prophétiques. Etant donné que tout le monde est impliqué et contribue spontanément, l’ennui n’est pas ce qui pose problème. Les réunions les plus significatives sont généralement celles auxquelles tout le monde participe et fonctionne. Jésus-Christ est le centre de la réunion. Il est glorifié dans les chants, les paroles, les prières, les ministères, et les partages. La réunion est totalement ouverte au Saint-Esprit pour qu’il révèle Christ à travers chaque membre comme il l’entend. Dans les termes de 1 Corinthiens 14 :26, “les uns ou les autres” partagent quelque chose de Christ avec l’assemblée. Dans la vie d’une église organique, la réunion communautaire est un flux explosif de ce que le Seigneur révèle de lui-même à chaque membre durant la semaine. Ces caractéristiques sont quasiment absentes du service typique d’une église institutionnelle. 2. Certains ont suggéré qu’une grande partie de la structure et de la hiérarchie des églises actuelles sont issues du besoin de les protéger contre les sectes et les hérésies potentielles présentes dans l’église primitive. Quelle est la protection contre de tels dangers dans les églises organiques? En réalité, nous croyons que du fait de sa nature déchue, l’être humain a toujours tendance à adopter des hiérarchies et des relations du sommet vers la base, parce que celles-ci lui donnent un sentiment de contrôle et de sécurité. Cependant, l’Histoire nous enseigne que les organisations hiérarchiques ne jugulent pas les hérésies. Effectivement, le témoignage que donne l’Histoire de l’Eglise démontre qu’elles peuvent les nourrir et en augmenter le nombre. Lorsque les leaders d’une dénomination ou d’un mouvement adoptent une hérésie, celle-ci se propage à toutes les églises liées à cette dénomination ou à ce mouvement. En revanche, lorsque la nature autonome de chaque église est préservée, la propagation de l’erreur a plus de chances de rester localisée. Lorsqu’une église est autonome, il 213


est difficile à un faux enseignant ambitieux de prendre le contrôle d’autres églises, sans lien avec celle-ci. Par ailleurs, presque toutes les grandes sectes sont des organismes hiérarchiques. (Notez que nous avons dit “grandes” sectes. Nous reconnaissons que certaines sectes sont dirigées par un seul leader qui domine sur toutes les décisions et réprime toutes les dissensions. Parfois, ces personnages prétendent même diriger une “église de maison.” Cependant, toute église dirigée par une personne (1) dictatoriale et (2) plaçant sa propre sagesse au-dessus de celle des Ecritures n’est vraisemblablement pas dirigée par Christ et doit être évitée à tous prix.) Pour les raisons mises en évidence précédemment, nous pensons que non seulement les structures hiérarchiques ne jugulent pas l’hérésie, mais qu’elles ne préviennent pas non plus le sectarisme. L’unique protection contre l’hérésie dans l’église, c’est la soumission des croyants les uns aux autres, sous la direction de Christ. Et cela requiert une communauté en face-à-face ainsi que des relations centrées sur Christ. Le corps de Christ existe depuis plus de deux-mille ans. Ceci dit, la soumission mutuelle comprend non seulement la soumission les uns aux autres dans la communauté locale, mais également la soumission à la vérité que le corps de Christ dans son ensemble a validée à travers les temps. De cette façon, les crédos historiques peuvent être des poteaux indicateurs utiles pour garder une église sur le bon chemin lorsqu’il s’agit des enseignements essentiels de notre foi. 3. Pourquoi semblez-vous convaincus que le modèle des églises du premier siècle est celui qu’il faut suivre? Notre monde du vingt-et-unième siècle est tellement différent de celui des premiers chrétiens. Nous croyons que la Bible, et non la tradition humaine, est le guide divin de la foi chrétienne et de sa pratique (y compris de la pratique de l’église.) La Bible ne reste pas silencieuse quant au fonctionnement de l’église de Jésus-Christ. Le Nouveau Testament expose une théologie claire de l’église. Il donne aussi des exemples clairs de la façon dont la théologie s’étoffe d’elle-même. Etant donné que l’église est un organisme spirituel et non une organisation institutionnelle, elle est organique. (Les Evangéliques sont d’accord pour dire que l’église est un organisme. A travers le Nouveau Testament, l’église est toujours dépeinte en images vivantes (par exemple, un homme nouveau, un corps, une épouse, un temple vivant fait de pierres vivantes.) Et parce que l’église est organique, elle a une expression naturelle (comme tous les organismes.) C’est pourquoi, lorsque des chrétiens rassemblés suivent leur ADN spirituel, leur façon de se rassembler s’accorde à l’ADN du Dieu trinitaire (car ils possèdent la même vie que Dieu luimême.) Bien que nous chrétiens ne soyons absolument pas divins, nous avons eu le privilège d’être “participants de la nature divine” (2 Pierre 1:4). Par conséquent, l’ADN de l’église possède les caractéristiques que nous trouvons dans la Trinité divine, c’est-à-dire, l’amour mutuel, la dépendance mutuelle, la fraternité mutuelle et la communauté authentique. En tant que théologien, Stanley 214


Grenz a dit un jour : “La base ultime de notre compréhension de l’église repose sur sa relation avec la nature de la Trinité divine elle-même.” Ceci dit, l’idée que l’église devrait s’adapter à la culture actuelle soulève plus de questions qu’elle n’en résout. Par exemple, quelles pratiques de l’église doivent être écartées ou adaptée à la culture présente et lesquelles sont normatives et ne devraient jamais changer? L’ADN de l’église produit des caractéristiques identifiables. Parmi elles, l’expérience d’une communauté authentique, d’un amour familial, et du dévouement de ses membres les uns envers les autres, la centralité de Jésus-Christ, la propension naturelle à se réunir sans rituels, le fonctionnement de chaque membre, le désir inné de fonder des relations profondes, centrées sur Christ et la volonté intérieure d’avoir des réunions ouvertes à la participation. Nous pensons que toutes les pratiques d’église qui font obstacle à ces caractéristiques innées sont aberrantes, et par conséquent, non bibliques. Alors que la semence de l’évangile produira naturellement ces traits particuliers, leur expression sera légèrement différente d’une culture à l’autre. Par exemple, moi (Frank), j’ai un jour implanté une église organique au Chili. Les chants que ces croyants écrivaient, leur façon d’interagir les uns avec les autres, leur façon de s’asseoir, ce qu’ils faisaient avec leurs enfants, tout était différent des églises organiques européennes ou américaines. Cependant, les caractéristiques de base retrouvées dans l’ADN de l’église étaient toutes présentes. Et, les formes inhérentes à l’église institutionnelle ne sont jamais apparues. Les églises organiques saines ne produisent jamais de système clérical, de pasteur unique, de structure hiérarchique ou d’ordre du culte entraînant la passivité de la majorité. Selon nous, de telles choses altèrent le code génétique de l’église et violent son expression spontanée. Elles sont aussi contraires aux principes du Nouveau Testament. A l’époque de Constantin, lorsque l’église s’est plus préoccupée de son statut dans la culture que de son ADN, la forme de l’église a commencé à changer radicalement de ce qu’elle était au premier siècle. Un érudit du Nouveau Testament F. F. Bruce écrit avec sagesse : “Lorsque l’église pense plus à son statut qu’à son service, c’est qu’elle a pris le mauvais chemin et doit immédiatement redresser sa marche. En relation à ça, nous ressentons que l’église doit redresser ses pas et revenir à ses racines bibliques. Pour le dire autrement : devrions-nous suivre un modèle d’église enraciné dans les principes et l’exemple du Nouveau Testament, ou bien devrions-nous en suivre un dont les racines plongent dans les traditions païennes? C’est l’ultime question que ce livre nous amène à nous poser. 4. Vous avez dit que la Trinité est connue pour sa réciprocité. Cependant, Jean 14:28 et 1 Corinthiens 11:3 ne nous enseignent-ils pas qu’il y a une hiérarchie dans la divinité? Non. Ces passages donnent une vision de la relation temporelle du Fils en tant qu’être humain qui s’est soumis volontairement à la volonté de son Père. Au sein de la divinité, le Fils et le Père vivent en communauté dans une soumission mutuelle. C’est la raison pour laquelle l’orthodoxie biblique rejette la subordination éternelle 215


entre le Fils et le Père. En revanche, elle accepte la subordination temporaire du Fils dans son incarnation. Comme l’a dit le théologien Kevin Giles : « L’orthodoxie historique n’a jamais accepté l’ordre hiérarchique au sein de la Trinité. »3 Pour paraphraser le Crédo Athanasien, le Fils n’est inférieur au Père que dans son humanité; il est égal au Père au sein de la divinité. 5. A travers l’histoire de l’Eglise, beaucoup de gens et de mouvements ont appelé à un retour au modèle de gouvernance et de pratique de l’église du Nouveau Testament. Vous considérez-vous comme faisant partie de l’un de ces mouvements ou comme quelque chose de complètement nouveau? Dieu a toujours eu un peuple qui s’est tenu en dehors de l’église institutionnelle. Les historiens les ont appelés “la réforme radicale.” Certains historiens les ont qualifiés de “piste du sang” parce qu’ils ont été sauvagement persécutés pour leurs positions.4 A toutes les époques, ces chrétiens ont refusé de se conformer à l’église institutionnelle de leur temps. Ils ont crû que celle-ci représentait un écartement et non un développement de l’église instaurée par Jésus-Christ. Ces non-conformistes ont défendu avec passion la centralité de Jésus-Christ, le fonctionnement de chaque membre de son corps, le sacerdoce de tous les croyants et l’unité du corps de Christ. Ils ont tenu haut le flambeau et en conséquence, ils ont été abusés par leurs frères chrétiens. Nous (les auteurs) nous tenons dans cette lignée. 6. Vous parlez de la façon dont les chrétiens sont “conditionnés à lire la Bible à travers les lunettes que leur a donné la tradition chrétienne à laquelle ils appartiennent.” Comment puis-je être sûr que vous n’êtes pas également capables d’interpréter la Bible pour qu’elle colle avec vos propres pensées et expériences? Tout chrétien ayant jamais vécu sur terre interprète la Bible à travers les lunettes de sa propre vie et de ses propres pensées. Nous ne sommes pas une exception. Cependant, il existe un fort consensus parmi les érudits évangéliques pour dire que l’église primitive n’avait pas de clergé, ne se réunissait pas dans des bâtiments sacrés, ne prenait pas la Cène du Seigneur en dehors d’un vrai repas, n’avait pas de liturgie fixe, et ne s’habillait pas pour les réunions d’église. De plus, il est indiscutable que l’église institutionnelle moderne a emprunté beaucoup de ses pratiques au paganisme gréco-romain. (Ce livre en fournit la documentation historique.) En résumé, nous chrétiens avons rendu acceptables et normatives ces pratiques d’église qui ne sont ni enseignées ni illustrées par le Nouveau Testament. 3

Lire: Jesus and the Father de Kevin Giles (Grand Rapids: Zondervan, 2006); The Trinity & Subordinationism (Downers Grove, IL: InterVarsity Press, 2002); de Gilbert Bilezikian, Community 101 (Grand Rapids: Zondervan, 1997), Appendix. 4 Lire: The Torch of the Testimony de John W. Kennedy (Bombay: Gospel Literature Service, 1965); E.H. Broadbent, The Pilgrim Church (Grand Rapids: Gospel Folio Press, 1999); et: The Reformers and Their Stepchildren de Leonard Verduin (Grand Rapids: Eerdmans, 1964). 216


Et nous avons abandonné ces pratiques d’église considérées comme acceptables et normatives dans le Nouveau Testament. Alors la question se réduit réellement à cela : les pratiques de l’église institutionnelle (comme le système clergé/laïcité, les pasteurs salariés, les bâtiments sacrés, l’ordre du culte, etc.) sont-elles des développements approuvés par Dieu de l’église envisagée par le Nouveau Testament ? Ou bien représentent-elles une déviation malsaine? Nous aimerions que le lecteur réfléchisse à cette question dans la prière. 7. Vous attribuez les pratiques de l’église comme la construction de sanctuaires et l’ascension du clergé à des influences païennes, mais les humains ne s’organisent-ils pas et ne s’adaptent-ils pas naturellement petit-à-petit à leur environnement culturel ? Si nous obéissons à notre nature déchue, oui, nous les humains allons-nous organiser et nous adapter au monde. L’un des traits de génie de notre Dieu, cependant, c’est qu’à l’intérieur de l’ADN du corps de Christ, il a construit des gens dont les ministères ont été donnés pour éviter que cela arrive. (Lire 1 Corinthiens 3:5-15; 12:28-31; Ephésiens 4:11-16; Actes 13-21.) Il s’agit d’ouvriers apostoliques itinérants qui ont implanté des églises, les ont laissées livrées à elles-mêmes, puis les ont visitées périodiquement pour les équiper, les recentrer et les encourager. L’une de leurs tâches consistait à empêcher l’église de vivre dans le chaos. Ils tenaient aussi les éléments étrangers à l’écart afin que les églises puissent grandir en bonne santé et restent fidèles à leur nature organique. Paul de Tarse était l’un de ces ouvriers itinérants et ses épîtres illustrent magnifiquement le rôle de ces personnes. Malheureusement, pendant ces persécutions du premier et du second siècle, ce ministère d’ouvrier itinérant s’est éteint. Néanmoins, il a été rétabli depuis au sein des églises organiques. Ce ministère particulier tient le rôle important d’encadrement pour leur éviter de se porter vers la culture environnante et d’adopter ses valeurs. 8. Vous accusez les églises traditionnelles de faire de ses membres des spectateurs passifs, pourtant, non seulement j’assiste au culte du dimanche matin mais j’appartiens à un petit groupe de l’église qui ressemble beaucoup à ce que vous décrivez comme une église organique. Nous adorons, étudions ensemble la parole de Dieu et nous nous tournons les uns vers les autres pour affronter les défis et les crises. J’estime avoir le meilleur des deux mondes. Si ce que avez décrit vous semble être le meilleur des deux mondes, alors restez où vous êtes coûte que coûte. Cependant, nous sommes nombreux à avoir des inquiétudes par rapport à ces deux formules. Nous avons observé que la plupart des petits groupes attachés à une église institutionnelle ont la présence d’un leader qui dirige les réunions. Donc, selon nous, ce genre de réunions sont dirigées par l’être humain, qui soit les contrôle soit leur facilite la tâche. Moi (Frank) j’ai assisté à d’innombrables réunions de petits groupes de cette nature dans toutes les dénominations. Je n’ai jamais vu une seule réunion complètement dirigée par Jésus-Christ, à laquelle tous les membres soient venus 217


partager leur Seigneur avec leurs frères et sœurs librement et sans contrôle ni interférence de la part de l’homme. Toutes ces réunions se déroulaient plus comme des études bibliques ou des réunions de prière traditionnelles que comme un rassemblement ouvert à la participation de chacun et coulant librement comme décrit dans le Nouveau Testament où Jésus est rendu visible par la fonctionnalité de chaque membre de son corps. J’ai rencontré certains des fondateurs du mouvement des petits groupes dans l’église institutionnelle et ils ont essayé de défendre l’idée que quelqu’un doit diriger ce genre de rassemblement. Je ne suis pas d’accord. Si les gens du peuple de Dieu sont correctement équipés, ils peuvent tenir des réunions n’ayant d’autre dirigeant que Jésus-Christ. Tout cela pour dire qu’il y a une énorme différence entre le typique petit groupe attaché à une église institutionnelle et l’église organique envisagée dans le Nouveau Testament. Cependant, si une personne se sent à l’aise dans l’ancien modèle de l’église, nous pensons qu’il ou elle devrait y rester jusqu’à ce que le Seigneur lui montre une autre voie. 9. Certains chrétiens sont naturellement attirés par les façons de faire traditionnelles comme la liturgie et la musique chorale, qui les aide à se connecter à la fois avec Dieu et le corps de Christ à travers les âges. Pensez-vous que le Saint-Esprit n’œuvrera pas à travers ces modalités (ou s’il le fait, que ce ne sont pas les moyens qu’il privilégie pour attirer les gens à lui?) Sur quoi vous appuieriez-vous dans la Bible pour soutenir cet argument ? Nous pensons que la question « pouvez-vous prouver à partir de la Bible que le Saint-Esprit n’œuvrera pas à travers certaines pratiques traditionnelles ? » n’est vraiment celle qu’il faut poser parce qu’il est impossible d’y répondre honnêtement. C’est un principe indémontrable parce que la Bible n’en parle jamais. La question à poser est la suivante : « que nous enseigne la parole de Dieu à propos de la pratique de l’église ? » Nous pouvons être certains que Dieu n’approuvera aucune pratique d’église qui violerait les principes du Nouveau Testament. Par exemple, nous pensons que la distinction entre clergé et laïcité viole le principe du Nouveau Testament du sacerdoce de tous les croyants (lire le chapitre 5.) Dans notre pensée, si nous voulons abandonner toutes les traditions qui entrent en conflit avec la parole de Dieu, la question prédominante que nous aurons à l’esprit sera “qu’enseigne la parole de Dieu à propos de son église, de sa finalité, de sa fonction et de son expression?» Cette question fournit une bonne grille d’approche pour discerner si une structure d’église met en valeur ou étouffe les principes du Nouveau Testament. Encore une fois, si la structure d’une église viole une directive donnée par le Nouveau Testament, elle doit être remise en question. C’est par rapport à cela que nous aimerions que nos lecteurs se posent des questions ou fassent des recherches. Ceci dit, nous ne doutons pas que Dieu peut œuvrer (et le fait sans aucun doute) à travers des pratiques inventées par les humains et n’ayant aucune base scripturaire. Le fait que Dieu œuvre à travers les gens dans l’église institutionnelle est incontestable. Les deux auteurs de ce livre doivent leur salut et leur baptême à des personnes œuvrant 218


au sein d’églises institutionnelles. Mais le fait que Dieu utilise des personnes appartenant à un système particulier ne signifie pas qu’il approuve ce système. Souvenez-vous que Dieu a utilisé et même a béni Israël à une époque où celui-ci avait rejeté sa volonté pour se gouverner tout seul. Dieu leur a accordé ce qu’ils demandaient. Et il a continué d’aimer et d’utiliser son peuple malgré son rejet de sa volonté révélée. 10. Une grande partie du problème de l’église ne réside-t-il pas souvent dans notre état d’esprit “que puis-je en retirer?” plutôt que “comment puis-je honorer et glorifier Dieu par mon culte?” Le fait de remettre le culte dans la bonne perspective ne ferait-il pas la différence? Non, pas vraiment. Cette question présuppose deux choses : tout d’abord que la seule raison de se rassembler pour une église est l’adoration chrétienne individuelle et ensuite, que l’église est un endroit où il faut « aller. » (Relisez la question attentivement.) Ces deux présupposés n’ont aucune vertu scripturaire, cependant ils sont gravés dans la pensée chrétienne en raison de tant d’années de tradition religieuse. Le Nouveau Testament ne parle pas de « culte d’adoration. » Et les gens ne peuvent pas « aller » à l’église. Ils sont l’église. L’église primitive se réunissait pour exprimer Jésus à travers le fonctionnement de chaque membre de corps. Le but était de rendre Jésus visible et ce faisant, d’édifier toute l’église. Le but était l’édification mutuelle à travers le partage mutuel, le ministère mutuel et l’exhortation mutuelle. Selon nous, ce qui ferait vraiment la différence serait que le peuple de Dieu soit équipé puis encouragé à tenir des réunions où chaque membre partage le Christ qu’il a rencontré durant la semaine, librement et ouvertement, comme 1 Corinthiens 14:26, 31 et Hébreux 10:25 nous exhortent à le faire. Le résultat : Dieu serait visible et donc glorifié. Réfléchissez à votre corps physique. Lorsque chaque membre de votre corps fonctionne, votre personnalité s’exprime. C’est pareil avec Christ. Lorsque chaque membre de son corps partage sa portion de Christ, Christ s’assemble (lire, 1 Corinthiens 12–14). C’est une dynamique similaire à l’assemblage des pièces d’un puzzle. Lorsque toutes les pièces sont assemblées, nous voyons l’image complète. Mais si seulement quelques pièces sont visibles, nous ne pouvons pas saisir l’intégralité de l’image. En réalité le terme grec traduit par “église” (ekklesia) dans le Nouveau Testament signifie « assemblée. » Le but de la réunion d’église est de réassembler Jésus-Christ sur terre. Moi (Frank) j’ai assisté à tellement de réunions dans le style du Nouveau Testament que j’en ai perdu le compte. Mais je peux vous affirmer qu’il n’y a rien de tel. Je vais vous raconter brièvement une histoire pour vous donner un peu une idée de la réaction que peut produire une telle réunion. Un jour, un des frères de l’église organique dont je fais partie a amené un ami incroyant à notre réunion. Nous étions réunis dans un grand salon. Pendant la réunion, chaque membre a partagé son expérience de la semaine avec le Seigneur. Jésus-Christ était révélé, exalté, partagé, manifesté, présenté et démontré par chaque 219


membre du corps. La réunion était tellement pleine de vie qu’il n’y avait ni pause ni silence. Nous avons entendu notre Seigneur à travers chaque membre de son corps présent dans la pièce. Le flot du Saint-Esprit était indéniable. Un thème commun a émergé de la réunion, bien qu’il n’ait pas été prévu au programme. Alors que la réunion touchait vers sa fin, l’incroyant est tombé à genoux au milieu du salon et s’est écrié : « Je veux être sauvé ! J’ai vu Dieu manifesté ici! » Personne n’avait demandé à cet homme d’agir ainsi. Il n’y avait pas eu “d’appel à venir devant” ni “d’invitation au salut.” C’est juste arrivé. C’est une des choses qui arrivent organiquement lorsque Jésus est rendu visible à travers son corps (Lire : 1 Corinthiens 14:24-25). J’ai observé ce phénomène de nombreuses fois dans de telles réunions (sans mentionner la transformation opérée par de telles réunions chez les croyants.) 11. Votre livre me dérange vraiment parce que je pense qu’il est possible que certaines personnes quittent leur église après l’avoir lu. Je suis particulièrement préoccupé par les lecteurs qui décideraient de laisser tomber leur église et n’arriveraient pas à se joindre ensuite à un autre corps de croyants. Nous espérons que ce livre permettra au peuple de Dieu de suivre la direction du Saint-Esprit, où que celui-ci les mène. Personne ne devrait se sentir sous pression pour rester dans un type d’église particulier s’il pense que le Seigneur le dirige à la quitter. Et personne ne devrait sentir de pression pour quitter son église non plus. Gardant cela à l’esprit, le conseil que nous donnerions à ceux qui se sentiraient poussés à quitter l’église institutionnelle est triple : 1) Partez dans le calme et n’emmenez personne avec vous. En d’autres termes, ne créez pas de division. 2) Résistez à la tentation de garder de l’amertume vis à vis de l’église institutionnelle. Si vous y avez été blessés par des gens, amenez votre souffrance à la croix. Nourrir de l’amertume s’assimile à prendre du poison et à attendre que l’autre en tombe malade. Certaines choses sont fatales. 3) Cherchez activement des chrétiens pour fraterniser autour de Jésus-Christ. Le site web : http://www.housechurchresource.org, fournit des informations pour ceux qui s’intéressent à la vie organique de l’église et met les gens en contact avec des églises qui explorent de nouvelles façons d’être fidèle à la vision de l’église que donne le Nouveau Testament. Prenez le temps d’aller voir des églises comme celles-ci (elles sont toutes différentes) et entrez en relation avec elles. Pour trouver des réponses aux questions posées le plus fréquemment à propos du livre, allez voir : www.paganchristianity.org.

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Synthèse des origines “Ce que l’Histoire nous enseigne, c’est que l’homme n’en a jamais rien appris.” — G. W. F. Hegel, philosophe allemand du dix-neuvième siècle La synthèse qui suit n’est ni exhaustive ni détaillée. Notez que les pratiques dont il est question sont post bibliques, post apostoliques, et pour la plupart, influencées par la culture païenne. Chapitre 2: le bâtiment d’église Le bâtiment d’église—Première construction sous Constantin aux alentours de l’an 327. Les premiers bâtiments d’église suivaient le modèle des basiliques romaines, qui elles-mêmes suivaient celui des temples grecs. Le lieu sacré—Les chrétiens ont emprunté cette idée aux païens au cours des second et troisième siècles. Les lieux d’ensevelissement des martyrs étaient considérés comme « sacrés.» Au cours du quatrième siècle, les bâtiments d’église étaient érigés sur ces lieux, devenant ainsi des bâtiments « sacrés. » La chaire du pasteur—dérivée de la cathedra, qui était le siège ou le trône de l’évêque. Cette chaire a remplacé le siège du juge dans la basilique romaine. L’exemption d’impôts pour les églises et le clergé chrétien. —L’Empereur Constantin a accordé le statut d’exemption d’impôts aux églises en l’an 323. Il a exempté le clergé de payer des taxes en l’an 313, privilège dont jouissaient déjà les prêtres païens. Les vitraux—Introduits tout d’abord par Grégoire de Tours, et perfectionnés par Suger (1081–1151), abbé de St. Denis. Les cathédrales gothiques—Douzième siècle. Ces édifices ont été bâtis suivant la philosophie païenne de Platon. 271 Le clocher—Enraciné dans l’architecture et les philosophies anciennes babylonienne et égyptienne, le clocher était une invention médiévale popularisée et modernisée par Sir Christopher Wren à Londres en 1666. Le pupitre—Utilisé dans l’église chrétienne déjà à partir de l’an 250. Il découle de l’ambon grec, qui était un pupitre utilisé à la fois par les Grecs et les Juifs pour déclamer leurs monologues. Le banc d’église—S’est développé du treizième au dix-huitième siècle en Angleterre. Chapitre 3: L’ordre du culte L’ordre du culte du dimanche matin—S’est développé à partir de la messe grégorienne du sixième siècle et des révisions apportées par Luther, Calvin, les 221


Puritains, la tradition de l’église libre, les Méthodistes, les Pionniers du Réveil, et les Pentecôtistes. La centralité du pupitre dans l’ordre du culte—Martin Luther en 1523. Les deux bougies placées sur la “Table de Communion” et la combustion d’encens. Les bougies étaient utilisées durant les cérémonies de cour des empereurs romains au quatrième siècle. La Table de Communion a été introduite par Ulrich Zwingli au seizième siècle. Prendre la Sainte Cène tous les trimestres—Ulrich Zwingli au seizième siècle. L’assemblée debout et chantant lors de l’entrée du clergé—Emprunté aux cérémonies de cour des empereurs romains au quatrième siècle. Ramené dans la liturgie protestante par Jean Calvin. Venir à l’église dans une attitude sombre et respectueuse—Basé sur l’idée médiévale de la piété. Intégré dans le culte protestant par Jean Calvin et Martin Bucer. Condamnation et culpabilité si l’on rate un culte dominical—Dix-septième siècle, les puritains de Nouvelle Angleterre. La longue “Prière Pastorale” précédant le sermon—Les Puritains du dix-septième siècle. La Prière Pastorale prononcée en anglais élisabéthain—Les Méthodistes du dixhuitième siècle. Le but de toute prédication étant de gagner des âmes individuelles—Les pionniers du réveil du dix-huitième siècle. L’appel à s’avancer—Institué par les Méthodistes du dix-septième siècle, et rendu populaire par Charles Finney. Le livret liturgique (liturgie écrite)—Son origine remonte à 1884, avec la machine à faire des copies stencil d’Albert Blake Dick L’hymne du salut ‘solo’, le témoignage porte à porte, et les campagnes d’évangélisation—D. L. Moody. La carte de décision—Inventée par Absalom B. Earle (1812–1895) et rendue populaire par D. L. Moody. Incliner la tête avec les yeux fermés et lever la main en réponse au message du salut—Billy Graham au vingtième siècle. Le slogan de ‘L’évangélisation du monde en l’espace d’une génération’ (‘The Evangelization of the World in One Generation’)—John Mott autour de 1888. Le chant en solo ou la musique jouée pendant l’offrande—Les Pentecôtistes du vingtième siècle. Chapitre 4: Le sermon Le sermon contemporain—Emprunté aux sophistes grecs, qui étaient maîtres en art oratoire et en rhétorique. Jean Chrysostome et Augustin ont popularisé l’homélie gréco-romaine (le sermon) et en ont fait la partie centrale de la foi chrétienne. Le sermon d’une heure, les notes antisèches du sermon, et la division du sermon en quatre parties—Les Puritains du dix-septième siècle. Chapitre 5 : le pasteur 222


L’évêque unique (prédécesseur du pasteur contemporain)—Ignace d’Antioche, au début du deuxième siècle. Le modèle d’Ignace de la règle d’un seul évêque n’a pas primé dans l’église avant le troisième siècle. La doctrine de la “tutelle spirituelle”—Cyprien de Carthage, un ancien orateur païen. Relancée sous Juan Carlos Ortiz d’Argentine et “Les cinq de Fort Lauderdale” des Etats-Unis, créant ainsi le soi-disant mouvement “Bergers-Disciples” dans les années 1970. La direction hiérarchique—Apportée dans l’église par Constantin au quatrième siècle. C’était le style de direction des Babyloniens, des Perses, des Grecs, et des Romains. Le clergé et la laïcité—le terme de laïcité est apparu pour la première fois dans les écrits de Clément de Rome (±.100). Le clergé est apparu pour la première fois sous Tertullien. Au troisième siècle, les dirigeants chrétiens ont été nommés universellement clergé. L’ordination contemporaine—S’est développée du deuxième au quatrième siècle. Empruntée à la coutume romaine de nommer des hommes pour un office civil. L’idée du pasteur ordonné en tant que “saint homme de Dieu” peut être retracée jusqu’à Augustin, Grégoire de Nazianze et Chrysostome. Le titre de “pasteur”—Les prêtres catholiques devenus des pasteurs protestants n’ont pas été appelés universellement pasteurs avant le dix-huitième siècle, sous l’influence des Piétistes luthériens

Chapitre 6 : les costumes du dimanche matin Les chrétiens portant leurs « habits du dimanche » pour aller à l’église—Cela a commencé à la fin du dix-huitième siècle avec la Révolution industrielle et s’est propagé vers le milieu du dix-neuvième. Cette pratique trouve ses racines dans l’effort entrepris par la classe moyenne émergente pour ressembler à ses riches contemporains aristocrates. Les habits du clergé—Cela a commencé en l’an 330 lorsque le clergé chrétien a commencé à porte la tenue des fonctionnaires romains. Au douzième siècle, le clergé a commencé à porter des vêtements quotidiens qui les différenciaient des gens du peuple. Le costume du pasteur évangélique—Descend de la toge noire des érudits portée par les pasteurs réformés, le complet noir du vingtième siècle est devenu le costume typique du pasteur contemporain. Le col clérical—Inventé par le Rév. Dr. Donald McLeod de Glasgow en 1865. Chapitre 7: Les ministres de la musique La chorale—Suscitée par le désir de Constantin d’imiter la musique professionnelle jouée à l’occasion des cérémonies impériales. Au quatrième siècle, les chrétiens eurent recours à l’idée du chœur employé dans les pièces de théâtre grecques et les temples grecs. 223


Le chœur de garçons—A pris son essor au quatrième siècle, inspiré des chœurs de garçons d’usage païen. Les processions et oraisons funèbres—Empruntées au paganisme gréco-romain du troisième siècle. L’équipe de louange—Calvary Chapel en 1965, d’après le modèle séculier des concerts de rock. Chapitre 8: la dîme et le salaire du clergé La dîme—Ne s’est pas répandue dans la pratique chrétienne avant le huitième siècle. La dîme est issue des dix pour cent de loyer d’usage dans l’Empire romain et a été justifiée plus tard par l’Ancien Testament. Le salaire du clergé—Institué par Constantin au quatrième siècle. La corbeille de la collecte—Les plateaux d’aumône sont apparus au quatorzième siècle. Le passage de la corbeille de collecte dans les rangs a commencé en 1662. Le personnel d’accueil—A commencé avec la Reine Elisabeth I (1533–1603). Le prédécesseur de ce personnel est le portier d’église, un poste qui peut être retracé jusqu’au troisième siècle. Chapitre 9: le baptême et la Cène du Seigneur Le baptême des enfants—Trouve ses racines dans des croyances superstitieuses dont la culture gréco-romaine était imprégnée, il a été intégré à la foi chrétienne à la fin du deuxième siècle. Au cinquième siècle, il a remplacé le baptême des adultes. L’aspersion remplaçant l’immersion—A commencé à la fin du Moyen-âge dans les églises occidentales. Le baptême séparé de la conversion—A commencé au début du deuxième siècle comme conséquence du point de vue légaliste que le baptême était le seul moyen d’accéder au pardon des péchés. La “Prière du pécheur”—A pour point de départ D.L. Moody et s’est popularisée dans les années 1950 à travers le traité de Billy Graham « la paix avec Dieu » et plus tard avec les ‘Quatre lois spirituelles’ des croisades de Campus pour Christ. L’usage du terme de ‘Sauveur personnel’—Engendré vers le milieu des années 1800 par l’influence des Pionniers du Renouveau et popularisé par Charles Fuller (1887–1968). Le repas du Seigneur partant d’une ‘agape’ complète pour se condenser en seulement la coupe et le pain—A la fin du deuxième siècle comme conséquence des influences rituelles païennes. Chapitre 10: L’instruction chrétienne Le séminaire catholique—Le premier séminaire a été instauré suite au Concile de Trente (1545–1563). Le cursus était basé sur les enseignements de Thomas d’Aquin, qui était un mélange de philosophie d’Aristote, de philosophie néo platonique et de doctrine chrétienne. Le séminaire protestant—a débuté à Andover, dans le Massachusetts, en 1808. Son programme également était construit sur les enseignements de Thomas d’Aquin. 224


L’école biblique—Influencées par le renouveau de D. L. Moody, les deux premières écoles bibliques ont été ‘the Missionary Training Institute’ (Nyack College, New York) en 1882 et ‘Moody Bible Institute’ (Chicago) en 1886. L’école du dimanche—Créée par Robert Raikes de Grande Bretagne en 1780. Raikes n’a pas fondé l’école du dimanche dans un but d’instruction religieuse, mais pour donner à des enfants pauvres l’éducation de base. Le pasteur des jeunes—Développé dans les églises urbaines à la fin des années 1930 et 1940 à cause de la nécessité de répondre aux besoins d’une nouvelle catégorie sociale, les ‘adolescents’. Chapitre 11: Nouvelle approche du Nouveau Testament Les épîtres de Paul combinés dans le Canon et présentés selon leur longeur décroissant—Début deuxième siècle. Les numéros de chapitres placés dans le Nouveau Testament—Université de Paris, professeur Stephen Langton en 1227. Versets rajoutés aux chapitres du Nouveau Testament—Imprimeur Robert Stephanus en 1551.

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A propos des auteurs FRANK VIOLA est une voix influente dans le mouvement de l'église missionnaire organique. Il est un conférencier populaire et un expert reconnu à l'échelle nationale sur les nouvelles tendances pour l'église. Viola est l'auteur de plusieurs livres qui ont changé des paradigmes, dont ‘Réimaginer l’Eglise, ‘Revise Us Again’, le best-seller ‘De l’Eternité vers ici’, ‘Finding Organic Church’,et ‘Jesus Manifesto’. Pour mieux connaître Frank, visitez www.frankviola.org, l'un des principaux blogs chrétiens d'aujourd'hui. Frank et sa famille vivent en Floride. GEORGE BARNA a fondé le ‘Groupe Barna’, une société de recherche de premier plan axée sur la foi et la culture, en 1984 et a conduit ‘Metaformation’, une entreprise dédiée à aider les gens à optimiser leur parcours de vie, depuis 2009. Il est l'auteur ou le coauteur de plus de quatre douzaines de livres, y compris les divers best-sellers et les volumes ayant reçu des lauréats. Barna a servi en tant que pasteur de deux églises et a enseigné dans plusieurs universités et séminaires. Il est diplômé avec les plus grand honneurs de l'université de Boston et a des diplômes avancés de l'Université Rutgers et Dallas Baptist University. Il vit avec sa femme et ses trois filles dans le sud de la Californie.

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Personnages clé dans l’Histoire de l’Eglise Abélard, Pierre, séminariste et philosophe français ayant façonné la théologie moderne (1079–1142) Ambroise, évêque de Milan ayant produit les premiers hymnes et chants postapostoliques (339–397) D’Aquin, Thomas, théologien et philosophe italien ayant écrit la Summa Theologica; il a été le premier à articuler la théologie de la transsubstantiation (1225–1274) Aristote, philosophe grec (384–322 BC) Arnobe de Sicca, rhéteur chrétien primitif en Afrique (d. 330) Athanase, théologien et évêque d’Alexandrie (296–373) Augustin d’Hippo, évêque d’Hippo et théologien et écrivain influent (354–430) Barth, Karl, théologien réformé Suisse (1886–1968) Beza, Théodore, “bras droit” de Jean Calvin (1519–1605) Bruce, F. F., docteur de la Bible britannique (1910–1990) Brunner, Emil, théologien suisse (1889–1966) Bucer, Martin, réformateur allemand (1491–1551) Bushnell, Horace, pasteur congrégationaliste (1802–1876) Calvin, John, réformateur français (1509–1564) Carlstadt, Andreas, réformateur allemand (1480–1541) Charlemagne, Empereur du Saint Empire romain (v. 742–814) Chemnitz, Martin, théologien luthérien faisant partie des “Séminaristes protestants” (1522–1586) Chrysostome, Jean, orateur chrétien de Constantinople (347–407) Clément d’Alexandrie, Enseignant chrétien ayant réuni la philosophie grecque à la doctrine chrétienne et ayant été le premier à employer l’expression “aller à l’église” (150–215) Clément de Rome, évêque à Rome ayant le premier employé le terme de laïcité en contraste avec celui de clergé (mort aux env. de100) Constantin I, Empereur ayant promu la chrétienté à travers l’Empire romain (v. 285– 337) Cyprien de Carthage, évêque de Carthage, théologien et écrivain (v. 200–258) Cyril de Jérusalem, évêque de Jérusalem ayant introduit une prière au Saint-Esprit pour qu’il transforme les éléments de l’Eucharistie (315–386) Darby, John Nelson, L’un des fondateurs du mouvement des Frères de Plymouth ayant bâti sa théologie sur “la preuve par le texte” (1800–1882) Dick, Albert Blake, inventeur de la machine a polycopier (1856–1934) Dow, Lorenzo, Evangéliste méthodiste qui invitait les gens à venir devant pour recevoir la prière (1777–1834) Durant, Will, Historien américain, écrivain et philosophe (1885–1981) Earle, Absalom B., inventeur de la carte de “décision” (1812–1895) Edwards, Jonathan, pasteur et théologien congrégationaliste (1703–1758) 227


Elizabeth I, Reine d’Angleterre ayant réorganisé la liturgie au sein de l’Eglise d’Angleterre (1533–1603) Eusèbe, évêque de Césarée et historien de l’église primitive (ca. 260–ca. 340) Finney, Charles, évangéliste américain ayant popularisé “l’appel à s’avancer” (1792– 1875) Foote, William Henry, pasteur presbytérien (1794–1869) Fuller, Charles, pasteur américain et radio évangéliste ayant popularisé l’expression “sauveur personnel” (1887–1968) Goodwin, Thomas, Puritain prédicateur, écrivain, et chapelain d’Oliver Cromwell (1600–1680) Grégoire de Nazianze, père de l’église de Cappadoce ayant développé l’idée du prêtre comme étant un « saint homme » (329–389) Grégoire de Nysse, père de l’église de Cappadoce ayant développé l’idée de la “dotation sacerdotale" (330–395) Grégoire de Tours, évêque de Tours ayant introduit les vitraux dans les bâtiments d’église (538–593) Grégoire le Grand, pape ayant structuré la messe (540–604) Guinness, H. G., pasteur londonien (1835–1910) Gutenberg, Johann, imprimeur de la Bible (1396–1468) Hastings, Thomas, compositeur ayant travaillé avec Finney (1784–1872) Hatch, Edwin, théologien et historien anglais (1835–1889) Hippolyte, prêtre romain, ayant écrit que l’évêque avait le pouvoir de pardonner les péchés (170–236) Huss, John, réformateur bohémien (1372–1415) Innocent I, pape ayant rendu obligatoire le baptême des enfants (± 417) Irénéé, évêque de Lyons et théologien ayant écrit à propos de la succession apostolique (130–200) Isidore de Péluse, moine et écrivain ayant attribué des significations symboliques aux vêtements sacerdotaux. (± env. 450) Jérôme, père de l’Eglise latine et créateur de la Vulgate latine, il s’est fait l’avocat des robes distinctives du clergé (342–420) Justin Martyr, enseignant chrétien et apologiste influent (100–165) Kierkegaard, Søren, philosophe et théologien danois (1813–1855) Knox, John, réformateur écossais (1513–1572) Lactance, chrétien et rhéteur latin, enseignant la rhétorique (ca. 240–ca. 320) Langton, Stephen, professeur de l’université de Paris, puis archevêque de Canterbury, il a rajouté des chapitres à la Bible (ca. 1150–1228) Léon I (Léon Ier le Grand), pape ayant établi la suprématie de Rome (d. 440) Luther, Martin, réformateur allemand (1483–1546) Moody, D. L., évangéliste américain influent (1837–1899) More, Hannah, co-fondatrice de l’école de dimanche (1745–1833) More, Sir Thomas, avocat anglais, auteur et homme d’Etat (1478–1535) Mott, John, méthodiste américain et fondateur du mouvement des étudiants volontaires pour les missions à l’étranger (1865–1955) Newton, John, pasteur anglican et auteur de l’hymne “Amazing Grace” (1725–1807) 228


Origène, érudit chrétien et théologien ayant organisé les concepts doctrinaux en théologie systématique (185–254) Owen, John, théologien anglais et écrivain puritain (1616–1683) Pascal, Blaise, philosophe religieux et mathématicien (1623–1662) Platon, philosophe grec (427–347 BC) Plotin, fondateur de la philosophie païenne influente du Néoplatonisme (205–270) Radbert, Paschase, théologien français (790–865) Raikes, Robert, philanthrope anglais, et laïque anglican ayant fondé et promu l’école de dimanche (1736–1811) Robinson, John A. T., évêque et écrivain anglican (1919–1983) Routley, Erik, Pasteur congrégationaliste anglais, compositeur et rédacteur d’hymnes (1917–1982) Schaff, Philip, théologien et historien suisse (1819–1893) Sérapion, évêque de Thmuis ayant introduit la prière au Saint-Esprit pour qu’il transforme les éléments de l’Eucharistie (±. après 360) Simons, Menno, leader anabaptiste (1496–1561) Siricius, pape ayant requis le célibat pour le clergé (334–399) Smith, Chuck, fondateur de Calvary Chapel et du concept de “l’équipe de louange” (1927–) Socrate, philosophe grec (470–399 BC) Spurgeon, Charles, enseignant baptiste britannique réformé (1834–1892) Estienne, Robert, érudit parisien et imprimeur, ayant rajouté des versets au Nouveau Testament (1503–1559) Etienne I, pape ayant argumenté en faveur de la prééminence de l’évêque romain (± 257) Stock, Thomas, payant peut-être donné à Robert Raikes l’idée de l’école du dimanche (1750–1803) Suger, abbé de St. Denis ayant introduit les vitraux aux peintures sacrées (1081– 1151) Sunday, Billy, évangéliste américain (1862–1935) Tertullien, théologien et rhéteur de Carthage ayant utilisé en premier le terme de clergé pour mettre à part les dirigeants d’église (160–225) Trimmer, Sarah, co-fondatrice de l’école de dimanche (1741–1810) Turretin, Francis, pasteur et théologien Suisse réformé ayant fait partie des “séminaristes protestants” (1623–1687) Tyndale, William, réformateur anglais et érudit ayant traduit la Bible en anglais (env. 1494–1536) Watts, Isaac, rédacteur d’hymnes prolifique (1674–1748) Wesley, Charles, méthodiste anglais connu pour ses hymnes (1707–1788) Wesley, John, méthodiste anglais, évangéliste et théologien (1703–1791) Whitefield, George, évangéliste anglais durant le premier Grand Réveil (1714–1770) Wimber, John, leader du mouvement Vineyard (1934–1997) Wren, Sir Christopher, architecte des cathédrales londoniennes ayant popularisé le clocher. (1632–1723) 229


Zwingli, Ulrich, réformateur suisse (1484–1531)

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NOTES PREFACE 1 L’unique œuvre que j’ai pu trouver retraçant les origines de nos pratiques ecclésiales modernes est le petit volume de Gene Edwards Beyond Radical (Jacksonville: Seedsowers, 1999), mais il ne contient pas de documentation. 1 Herbert Lockyer Sr., Nelson’s Illustrated Bible Dictionary Nashville: Thomas Nelson Publishers, 1986), p.830–831, 957–958. Lire également Matthieu 23:23-24. 2 La loi de Moïse fait référence aux cinq premiers livres de l’Ancien Testament, c.à.d., De la Genèse au Deutéronome. Elle s’appelle aussi la « Torah » (La Loi) et le « Pentateuque, terme grec signifiant « en cinq volumes. » 3 I. Howard Marshall, New Bible Dictionary, 2è ed. (Wheaton, IL: InterVarsity Fellowship, 1982), 1055. 4 En 1 Corinthiens 12:12, Paul se réfère à l’église en tant que corps de Christ. Selon les enseignements pauliniens, l’église est le corps collectif de Christ. La tête est au ciel, tandis que le corps est sur la terre. (Actes 9:4-5; Colossiens 1:18; 2:19; Ephésiens 5:23). La conception correcte de l’église est celle d’un organisme spirituel et non d’une institution. 5 Il est intéressant de noter que les problèmes d’une église organique seront identiques à ceux d’une église du 1er siècle. D’un autre côté, l’église institutionnelle rencontre des problèmes totalement différents, qui ne possèdent aucun antidote biblique étant donné que sa structure diffère à ce point de celle d’une église du Nouveau Testament. Par exemple, dans une église institutionnelle, les laïcs peuvent ne pas apprécier leur prédicateur et donc le virer. Ceci ne serait jamais arrivé au 1er siècle, parce le concept d’un pasteur embauché n’existait pas 6 Pour une étude plus en profondeur de ce principe, vous pouvez lire mes articles « Le Royaume, l’Eglise, et la Culture » (http://www.ptmin.org/culture.htm) et « Qu’est-ce qu’une église organique? » (http://frankviola.org/2010/01/11/what-is-anorganic-church-a-plea-for-clarity/). 7 Ce livre est centré sur les pratiques chrétiennes protestantes. Et sa portée principale vise le bas protestantisme, plutôt que les hautes dénominations comme les Anglicans, les Episcopaliens et certains Luthériens Par haute église, je vise les églises qui mettent l’accent sur les éléments catholiques sacerdotaux, sacramentels et liturgiques du christianisme orthodoxe. Ce livre touche les pratiques de la haute église seulement en passant. 8 Comme le philosophe anglais Francis Bacon l’a dit un jour, « Ni les œuvres de St Augustin ni celles de St Ambroise ne rendront un ministre de l'église aussi sage qu'une lecture et une observation approfondies de l'histoire de l'église » 9 Notez que lorsque je cite les Pères de l’Eglise, je choisis de citer leurs œuvres originales autant que possible. Dans les cas où je ne le fais pas, je cite Early

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Christians Speak, 3rd ed., d’Everett Ferguson (Abilene, TX: ACU Press, 1999), qui est une compilation et une traduction de leurs écrits originaux...

Introduction: Qu’est-il arrivé à l’Eglise? 10

Source d’information inconnue.

Chapitre 1, Avons-nous vraiment agi en conformité avec le Livre? 11

Dans ce livre, il est parfois fait référence au « sentier tortueux » qui a mené l’église institutionnelle à sa forme actuelle. Ce poème a servi d’inspiration à cette métaphore. 1 Pour un traité concis de la vie de Socrate et de ses enseignements, lire Socrates to Sartre de Samuel Enoch Stumpf’s (New York: McGraw-Hill, 1993), p.29–45 2 Ken Connolly, The Indestructible Book (Grand Rapids: Baker Books, 1996); Foxe’s Book of Martyrs (Old Tappan, NJ: Spire Books, 1968). 3 Edwin Hatch, The Influence of Greek Ideas and Usages Upon the Christian Church (Peabody, MA: Hendrickson, 1895), p.18. Hatch retrace les effets nuisibles d’une église qui a été influencée par la culture plutôt que l’ayant influencée elle-même. 4 Le philosophe chrétien Søren Kierkegaard (1813–1855) a dit que le christianisme moderne était fondamentalement une contrefaçon. Voir, « Attack on Christendom, » de Søren Kierkegaard dans A Kierkegaard Anthology, ed. Robert Bretall, 59ff., p.117, 150ff., 209ff (Princeton, NJ: Princeton University Press, 1946). 5 Will Durant, Caesar and Christ (New York: Simon & Schuster, 1950), 577 Voir également Shirley J. Case, The Social Origins of Christianity (New York: Cooper Square Publishers, 1975), 27–28. E. Glenn Hinson adds, « A partir de la fin du premier siècle, le nombre des païens a commencé à excéder celui des Juifs dans les assemblées chrétiennes. Ceux-ci ont subtilement introduit des façons de faire, des idées, des attitudes et des coutumes grecques et romaines » (« Adorer comme des païens? » Christian History 12, no. 1 (1993): p.17. 6 Paul F. Bradshaw, The Search for the Origins of Christian Worship (New York: Oxford University Press, 1992), 65; Durant, César et Christ, 575, 599–600, 610–619, 671–672, 650–51. 7 Les premiers partisans chrétiens ont regroupé tous les non-chrétiens dans le même sac sous le terme opportun de païens. A la base, un « païen » était un campagnard, un habitant du pagus ou zone rurale. Etant donné que le christianisme s’est tout d’abord propagé dans les villes, les bouseux de la campagne, ou païens, étaient considérés comme ceux qui croyaient aux anciens dieux. Voir Joan E. Taylor, Christians and the Holy Places (Oxford: Clarendon Press, 1993), p.301. 8 L’idée de la pilule rouge vient du film à succès, incitant à la réflexion The Matrix. Dans le film, Morpheus donne à Neo le choix entre vivre dans un monde de rêve illusoire ou comprendre la réalité. Ses paroles peuvent s’appliquer à notre propos : « Après cela, pas de retour en arrière possible Tu prends la pilule bleue et l’histoire s’arrête-là, tu te réveilles dans ton lit et crois ce que tu désires croire. Tu 232


prends la pilule rouge...et je te montre où mène le trou du lapin ». J’ose espérer que le peuple de Dieu dans son intégralité se risquerait à prendre la pilule rouge !

Chapitre 2, Le bâtiment d’église: l’héritage du complexe de l’édifice 1 Pour les références à Christ en tant que temple, lire Jean 1:14, où le terme grec pour habité signifie littéralement « tabernaclé, » et Jean 2:19-21. Pour d’autres références à Christ en tant qu’édifice fait de pierres vivantes, lire Marc 14:58; Actes 7:48; 2 Corinthiens 5:1, 6:16; Ephésiens 2:21-22; Hébreux 3:6-9, 9:11, 24; 1 Timothée 3:15. Pour les références à Christ en tant que prêtre sacrificateur, lire Hébreux 4:14; 5:5-6, 10; et 8:1. Le nouveau sacerdoce est mentionné en 1 Pierre 2:9 et Apocalypse 1:6. Les versets indiquant que Christ est le sacrifice final sont, entre autres, Hébreux 7:27; 9:14, 25–28; 10:12; 1 Pierre 3:18. Hébreux insiste continuellement sur le fait que Jésus s’est offert lui-même « une fois pour toutes, » en soulignant qu’il n’aurait plus besoin d’être sacrifié à nouveau. 2 Le message d’Etienne en Actes 7 indique que « le temple n’était qu’un édifice fait de main d’homme dont l’origine remontait à Salomon, il n’avait rien à voir avec la tente de la rencontre que Moïse avait reçu l’instruction de fabriquer suivant un modèle divinement révélé et qui s’était perpétué jusqu’à l’époque de David. » Lire Harold W Turner, From Temple to Meeting House: The Phenomenology and Theology of Places of Worship. La Haye: Editions du Mouton, 1979), 116–117. A lire également : Marc 14:58, où Jésus dit que le temple de Salomon était fait de « main d’homme » alors que le temple qu’il allait bâtir ne serait « pas fait de main d’homme. » Etienne emploie les mêmes termes en Actes 7:48. Autrement dit, Dieu n’habite pas dans des temples « faits de main d’homme. » Notre Père céleste n’habite pas les temples ! 3 Lire Colossiens 2:16-17. Le thème central de l’épître aux Hébreux est que Christ est venu pour accomplir les ombres de la loi juive. Les auteurs du Nouveau Testament affirment tous que Dieu ne requiert ni saint sacrifice ni la médiation d’un sacerdoce. Toutes choses ont été accomplies en Jésus, à la fois le sacrifice et le sacrificateur médiateur. 4 Ernest H. Short dédie un chapitre entier à l’architecture des temples grecs dans son livre A History of Religious Architecture. (London: Philip Allan & Co., 1936), ch. 2. David Norrington déclare, « les bâtiments religieux étaient toutefois part intégrale de la religion gréco-romaine » dans son livre Preach or Not to Preach? The Church’s Urgent Question (Carlisle: Paternoster Press, 1996), p.27. Les païens aussi avaient de « saints » sanctuaires, The Founders of the Western World: A History of Greece and Rome (New York: Charles Scribner’s Sons, 1991), p.232–234. Pour en savoir plus sur les rituels païens, lire, Pagans and Christians de Robin Lane Fox (New York: Alfred Knopf, 1987), p.39, 41–43, 71–76, 206. 5 John O. Gooch, « Le saviez-vous? Des faits méconnus ou remarquables à propos de l’adoration dans l’église primitive. » Christian History 12, no. 1 (1993): p.3. 233


6 Lire 1 Corinthiens 3:16; Galates 6:10; Ephésiens 2:20-22; Hébreux 3:5-6; 1 Timothée 3:15; 1 Pierre 2:5; 4:17. Tous ces passages se réfèrent au peuple de Dieu, et non à un édifice. Dans son livre The Radical Christian (p. 83), Arthur Wallis écrit, « Dans l’Ancien Testament, Dieu avait un sanctuaire pour son peuple, dans le Nouveau, le sanctuaire de Dieu était son peuple. » 7 Selon le Nouveau Testament, l’église est l’épouse de Christ, la plus belle femme du monde: Jean 3:29; 2 Corinthiens 11:2; Ephésiens 5:25-32; Apocalypse 21:9. 8 Clément d’ Alexandrie, The Instructor, Book 3, ch. 11. 9 L’historien du XIXème siècle Adolf von Harnack a dit à propos des chrétiens du premier et second siècle: « Une chose est claire, l’idée d’un endroit particulier pour le culte n’était pas encore apparue. Non seulement le concept chrétien de Dieu et du Service Divin n’a pas promu cette idée mais il l’excluait, alors que les circonstances pratiques de la situation retardaient son développement. » The Mission and Expansion of Christianity in the First Three Centuries, vol. 2 (New York: G. P. Putnam’s Sons, 1908), p.86. 10 Robert Saucy, The Church in God’s Program (Chicago: Moody Publishers, 1972), 11, 12, 16; A. T. Robertson, A Grammar of the Greek New Testament in the Light of Historical Research (Nashville: Broadman & Holman, 1934), 174. Lorsque William Tyndale a traduit le Nouveau Testament, il a refusé de traduire ekklesia par église. Il l’a traduit plus correctement par congrégation. Malheureusement, les traducteurs de la version King James ont utilisé église comme traduction d’ekklesia. Ils ont rejeté la traduction correcte d’ekklesia par « congrégation » parce qu’il s’agissait de la terminologie des puritains. Lire « Les traducteurs du lecteur » de la préface à la traduction 1611 dans Gérald Bray, Documents of the English Reformation (Cambridge: James Clarke, 1994), p.435. 11 Clement, The Instructor, Book 3, ch. 11. Clément écrit, « La femme et l’homme doivent se render à l’église vêtus décemment » 12 Graydon F. Snyder, Ante Pacem: Archaeological Evidence of Church Life Before Constantine (Macon, GA: Mercer University Press/Seedsowers, 1985), p.67; Graydon F. Snyder, First Corinthians: A Faith Community Commentary (Macon, GA: Mercer University Press, 1991), p.3. 13 « Selon la loi canonique, une église est un bâtiment sacré dédié à l’adoration divine à l’usage de tous les fidèles et l’exercice public de la religion. » Peter F. Anson, Churches: Their Plan and Furnishing (Milwaukee: Bruce Publishing Co., 1948), p.3. 23 Fox, Pagans and Christians, p.71, 207, 27, 347, 355. Fox déclare que « dans le christianisme moderne, il y a plus d’1.6 million d’adultes voués à la virginité » (p. 355). Ils portent le nom de nonnes et de prêtres.

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15 Etienne aussi a parlé du temple de façon négative. Il est intéressant de remarquer que Jésus et Etienne ont été accusés exactement du même crime : parler contre le temple (lire Marc 14:58; Actes 6:13-14). 16 Jean 2:12-22. Lire Oscar Cullman, Early Christian Worship (Londres: SCM Press, 1969), p.72–73, 117. 17 Jean 4:23. Les chrétiens du Nouveau Testament croyaient que l’église, la communauté des croyants était le temple. Ils croyaient que le culte n’était pas localisable géographiquement ni issu de ce qui est humain. Donc, dans leur esprit, l’idée-même du « lieu saint » n’existait pas. Le lieu saint des chrétiens était tout aussi omniprésent que leur Seigneur remonté au ciel! Le culte n’est pas ce qui se passe en un certain endroit à une certaine heure. C’est un style de vie. Lire The Secular Use of Church Buildings de J. G. Davies (New York: The Seabury Press, 1968), p.3–4. 18 James D. G. Dunn, « The Responsible Congregation, 1 Corinthians 14:26-40, » in Charisma und Agape (Rome: Abbey of St. Paul before the Wall, 1983), p.235–236. 19 Minucius Felix, IIIème siècle, défenseur des valeurs chrétiennes écrit, « Nous n’avons ni temples ni autels. » Lire The Octavius of Minucius Felix, ch. 32. Lire aussi Paul’s Idea of Community de Robert Banks (Peabody, MA: Hendrickson Publishers, 1994), 8–14, 26–46. 20 Lire Actes 2:46; 8:3; 20:20; Romains 16:3, 5; 1 Corinthiens 16:19; Colossiens 4:15; Philémon 1:1-2; 2 Jean 1:10. Il est juste de noter qu’à l’occasion, les chrétiens se servaient de bâtiments existants pour des buts particuliers et temporaires. Le portique de Salomon et l’école de Tyrannus en sont des exemples. (Actes 5:12; 19:9). Leurs réunions habituelles, cependant, se tenaient dans des maisons privées. 21 Snyder, Ante Pacem, p.166. John A. T. Robinson écrit, « Durant les trois premiers siècles, l’église n’avait pas de bâtiments. » Lire The New Reformation (Philadelphia: Westminster Press, 1965), p.89. 22 Robert Banks et Julia Banks, The Church Comes Home (Peabody, MA: Hendrickson Publishers, 1998), p. 49–50. La maison à Doura-Europos fut détruite en l’an de grâce 256. Selon Frank Senn, « Les chrétiens des premiers siècles ne jouissaient pas de la publicité des cultes païens. Ils n’avaient ni sanctuaires, ni temples, ni statues, ni sacrifices. Ils n’organisaient aucun festival, danses ou concerts publics, ni même de pèlerinages. Leur rituel essentiel consistait en un repas dont l’origine était domestique et remontait au Judaïsme. En effet, les chrétiens des trois premiers siècles avaient pour habitude de se rassembler dans des résidences privées ayant été agencées en espaces adaptés aux rassemblements de leur communauté. Cela indique que le rituel dépouillé du culte chrétien ne devrait pas être pris pour un signe de primitivisme mais plutôt pour une façon de souligner son caractère spirituel. » Frank C. Senn, Christian Liturgy: Catholic and Evangelical (Minneapolis: Fortress Press,1997), p.53. 23 Certains ont soutenu l'idée que les chrétiens de l’ère pré-constantinienne étaient pauvres et n’avaient pas les moyens d’êtres propriétaires. Mais ceci est faux. Sous la 235


persécution de l’empereur Valérien (253–260), par exemple, toute propriété appartenant à des chrétiens a été saisie. Lire History of the Christian Church de Philip Schaff (Michigan: Eerdmans, 1910), 2:62. L. Michael White souligne que les chrétiens primitifs avaient accès à la plus haute strate socio-économique. De même, l’environnement gréco-romain du second et du troisième siècle était assez ouvert à plusieurs groupes qui adaptaient des bâtiments privés à l’usage communautaire et religieux. Lire Building God’s House in the Roman World de L. Michael White, (Baltimore: Johns Hopkins University Press, 1990), 142–143. Lire aussi, Vers Toward a House Church Theology de Steve Atkerson (Atlanta: Restauration et Fondation du Nouveau Testament, 1998), p.29–42. 24 Snyder, Ante Pacem, p.67. Les maisons ainsi restructurées sont appelées des domus ecclesiae. 25Everett Ferguson Early Christians Speak: Faith and Life in the First Three Centuries, 3è éd. (Abilene: A.C.U. Press, 1999), 46, 74. White Building God’s House, p.16–25, 26 John F. White, Protestant Worship and Church Architecture (New York: Oxford University Press, 1964), p.54–55. 27 « Transformer une maison en église » Christian History 12, no. 1 (1993): p.33. 28 Norrington, To Preach or Not, p.25. En plus du remodelage des maisons privées, Alan Kreider déclare qu’au « milieu du IIIème siècle », les assemblées s’accroissaient en nombre et en fortune. Ainsi, des chrétiens qui se réunissaient sur des insulae (îles), dans des immeubles de plusieurs étages contenant des échoppes et des logements ont discrètement commencé à convertir des espaces privés en complexes domestiques conçus pour s’adapter aux besoins des assemblées. Ils abattaient des murs pour réunir les appartements, créant ainsi des espaces variés, larges et petits, pour répondre aux besoins vitaux des communautés grandissantes. » Lire Worship and Evangelism in Pre-Christendom d’Alan Kreider (Oxford: Alain/GROW Liturgical Study, 1995), p.5. 29 Turner, From Temple to Meeting House, p.195. Les théoriciens de la Renaissance, Alberti et Palladio ont étudié les temples de l’ancienne Rome et ont commencé à employer le terme de temple pour se référer au bâtiment d’église. Plus tard, Calvin se réfère aux églises en tant que temples, ajoutant ainsi ce terme au vocabulaire de la Réforme (p. 207). Lire également The Secular Use of Church Buildings, p.220–222 de Davies, au sujet de la pensée qui a mené les chrétiens à employer le terme de temple pour se référer à un bâtiment d’église. 30 Snyder, Ante Pacem, p.83, 143–144, 167. 31 « Prier les morts,’ » Christian History 12, no. 1 (1993): p.2, 31. 32 Snyder, Ante Pacem, 65; Johannes Quasten, Music and Worship in Pagan and Christian Antiquity (Washington DC: Association nationale des musiciens pastoraux, 1983), p.153–154, 168–169.

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33 Quasten, Music and Worship in Pagan and Christian Antiquity, p.162–168. Tertullien démontre les efforts incessants des chrétiens pour se débarrasser des coutumes païennes concernant la procession funéraire. Cependant, ils finirent par y succomber. Les rites funéraires chrétiens, alourdis de coutumes païennes, sont apparus au IIIème siècle. Lire, A Dictionary of Early Christian Beliefs de David W. Bercot (Peabody, MA: Hendrickson, 1998), p.80; Encyclopedia of Early Christianity d’Everett Ferguson (New York: Garland Publishing, 1990), p.163. La pratique chrétienne de prier pour les morts semble avoir débuté aux environs du IIème siècle, Tertullien nous informe qu’elle était commune en son temps. Lire Tertullien, de cor. 4.1 et F. L. Cross et E. A. Livingstone , eds., The Oxford Dictionary of the Christian Church, 3è ed. (New York: Oxford University Press, 1997), p.456. 34 Snyder, Ante Pacem, p.83. 35 « Où les chrétiens adoraient-ils? » Christian History 12, no. 1 (1993): 35; Turner, From Temple to Meeting House, p.168–172. 36 « Où les chrétiens adoraient-ils? » Christian History, p.35; Josef A. Jungmann, The Early Liturgy: To the Time of Gregory the Great (Notre Dame: Notre Dame Press, 1959), p.141. 37 White, Protestant Worship and Church Architecture, p.60. Ces monuments se transformeraient plus tard en de magnifiques églises. 38 Jungmann, The Early Liturgy, p.178; Turner, From Temple to Meeting House, p.164–167. 39 Schaff, History of the Christian Church, 2:292. « l’usage des catacombes a perduré environ trois siècles, de la fin du deuxième à la fin du cinquième » (Snyder, Ante Pacem, 84). Contrairement à la croyance populaire, il n’y a pas la moindre preuve historique que les chrétiens romains se cachaient dans les catacombes pour échapper à la persécution. Ils se réunissaient là pour être proches des saints décédés. Lire « Où les chrétiens adoraient-ils? » Christian History, p.35 « Aperçus primitifs, » Christian History 12, no.1 (1993): p.30. 40 Snyder, Ante Pacem, 27. « Jésus ne souffre pas ni ne meurt dans l’art préconstantinien. Il ne s’y trouve aucun symbole de croix ni d’équivalent » (p. 56) Philip Schaff affirme qu’à la suite de la victoire de Constantin sur Maxence en l’an de grâce 312, des croix sont apparues sur les casques, les boucliers et les couronnes, etc. (Schaff, History of the Christian Church, 2:270). 41 Snyder, Ante Pacem, p.165. 42 Schaff, History of the Christian Church, 2:269–70. 43 Une relique est un reste physique d’un saint après sa mort ou n’importe quel objet ayant été en contact avec son corps. Le terme relique vient du latin reliquere, qui signifie « laisser derrière soi. » La première preuve de vénération de reliques apparaît aux alentours de l’an 156 dans le Martyrium Polycarpi. Dans ce document, les reliques de Polycarpe sont considérées comme plus précieuses que les pierres précieuses ou l’or. Voir: Cross & Livingstone, Oxford Dictionary of the Christian 237


Church, p.1379; Michael Collins et Matthew A. Price, The Story of Christianity (New York: DK Publishing, 1999), 91; Jungmann, Early Liturgy, p.184–187. 44 Snyder, Ante Pacem, 91; Turner, From Temple to Meeting House, p.168–172. 45 Il s’agit de la table où était placée la sainte communion. La table d’autel spécifie ce qui est offert à Dieu (l’autel) et ce qui est donné à l’homme (la table). White, Protestant Worship and Church Architecture, p.40, 42, 63. Les autels latéraux ne sont apparus qu’au temps de Grégoire le Grand. Schaff, History of the Christian Church, 3: 550, p.42. 46 Au IVème siècle, les laïcs avaient interdiction de s’approcher de l’autel. Edwin Hatch, The Growth of Church Institutions (London: Hodder and Stoughton, 1895), p.214–215. 47 Norman Towar Boggs, The Christian Saga (New York: The Macmillan Company, 1931), p.209. 48 Ilion T. Jones, A Historical Approach to Evangelical Worship (New York: Abingdon Press, 1954), p.103; Schaff, History of the Christian Church, 3:542. Schaff dit dans son préambule : « Après que le christianisme a été reconnu par l’état et habilité à avoir des propriétés, il a bâti des maisons de cultes disséminées à travers tout l’Empire Romain. Il y a probablement eu plus de bâtiments de ce genre au IVè siècle qu’en toute autre période, sauf peut-être au XIXè siècle aux Etats Unis. » Norrington signale qu’au IVè et Vè siècle, les évêques ont acquis de la fortune et l’ont employée à élaborer des projets de bâtiments d’église (To Preach or Not, p.29). Ferguson écrit, « Il n’y a pas de trace de construction spécifique de bâtiment avant Constantin, puis cela commence par de simples salles et cela continue par les basiliques constantiniennes. » Avant Constantin, toutes les structures employées pour les rassemblements chrétiens étaient « des maisons ou bâtiment commerciaux transformés pour cet usage » (Early Christians Speak, p.74). 49 Cette année-là, Constantin a défait l’Empereur occidental Maxence à la bataille du Pont Milvius. Constantin proclame que le soir de cette bataille, il a vu le signe de la croix dans le ciel et s’est converti à Christ. (Connolly, Indestructible Book, p.39–40). 50 Cela incluait Les temples, Les fonctions sacerdotales, les écoles supérieures de Pontifes, des vestales, et le titre de Pontifex Maximus (lui étant réservé). Lire Louis Duchesne, Early History of the Christian Church (London: John Murray, 1912), 49– 50; M. A. Smith, From Christ to Constantine (Downers Grove, IL: InterVarsity, 1973), p.172. 51 Paul Johnson, A History of Christianity (New York: Simon & Schuster, 1976), p68. 52 Il est aussi accusé de la mort de sa seconde épouse, cependant, certains historiens réfutent cette rumeur. Taylor, Christians and the Holy Places, p.297; Schaff, History of the Christian Church, 3:16–17; Ramsay MacMullen, Christianizing the Roman Empire: AD 100-400 (London: Yale University Press, 1984), p.44–58.

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53 Kim Tan, Lost Heritage: The Heroic Story of Radical Christianity (Godalming, England: Highland Books, 1996), p.84. 54 Constantin semble avoir pensé que le Soleil Invincible (un dieu païen) et Christ étaient compatibles en quelque sorte. Justo L. Gonzalez, The Story of Christianity (Peabody, MA: Prince Press, 1999), 1:122–3. 55 « Un culte à l’image des cultes païens? » Christian History 12, no. 1 (1993):p. 20; Jungmann, Early Liturgy, p.136. 56 Gonzalez, Story of Christianity, p.123. 57 Fox, Pagans and Christians, p.666; Durant, Caesar and Christ, p.63, 656 58 Livingstone, Oxford Dictionary of the Christian Church, p.1307. 59 Robert M. Grant, Early Christianity and Society (San Francisco: Harper and Row Publishers, 1977), p.155. 60 Durant, Caesar and Christ, p.656. 61 Johnson, History of Christianity, p.69; Duchesne, Early History of the Christian Church, p.69. Dans l’église occidentale, Constantin est en fait appelé le 13è apôtre et est vénéré comme un saint. (Cross et Livingstone, Oxford Dictionary of the Christian Church, p.405; Taylor, Christians and Holy Places, p.303, 316; Snyder, Ante Pacem, p.93). 62 Taylor, Christians and the Holy Places, p.308; Davies, Secular Use of Church Buildings d’église, p.222–237. 63 Cette notion du pouvoir magique des reliques ne peut pas être attribuée aux Juifs, car ils pensaient que tout contact avec un cadavre était source de pollution. Cette idée était totalement païenne (Boggs, Christian Saga, p. 210). 64 Johnson, History of Christianity, p.106. Ceci est une citation de Vigilantius. 65 Taylor, Christians and the Holy Places, p.317, 339–341. 66 Boggs, Christian Saga, p.202. 67 Gonzalez, History of Christianity, p.123. 68 Livingstone, Oxford Dictionary of the Christian Church, p.1379. Helena a fait son pèlerinage en Terre Sainte immédiatement après l’exécution du fils de Constantin et le « suicide de son épouse (Fox, Pagans and Christians, p.670–71, 674). 69 Oscar Hardman, A History of Christian Worship (Nashville: Parthenon Press, 1937). Héléna a donné à Constantin deux de ses ongles : un pour son diadème et l’autre pour le mors de son cheval. (Johnson, History of Christianity, p.106; Duchesne, Early History of the Christian Church, p.64–65). « La croix était censée avoir des pouvoir miraculeux, et des morceaux de bois prétendument de ses restes ont été retrouvés aux quatre coins de l’empire » (Gonzalez, Story of Christianity, p.126). La légende de la découverte de la croix par Héléna a débuté à Jérusalem vers la seconde moitié du IVème siècle et s’est rapidement répandue dans l’empire tout entier. 70 Taylor, Christians and Holy Places, p.308; Boggs, Christian Saga, p.206–207. 71 Fox, Pagans and Christians, p.667–668. 239


72 Taylor, Christians and Holy Places, p.309. 73 Snyder, Ante Pacem, 65. On se référait à ces lieux par le terme martyria. 74 Ibid., 92; « Où les chrétiens célébraient-ils leurs cultes? » Christian History,: 35. 75 Taylor, Pagans and Christians, p.340–341. Comme le dit Davies, « Comme les premiers chrétiens n’avaient pas de sanctuaires, le besoin de consécration n’a pas germé. Ce n’est qu’au IVè siècle, temps de paix pour l’église, que la pratique de consécration des bâtiments a commencé. » (Davies, Secular Use of Church Buildings p. 9, 250). 76 Short, History of Religious Architecture, p.62. 77 Johnson, History of Christianity, p.209. 78 Snyder, Ante Pacem, p.109. Saint Pierre mesurait 254.50 m de long, selon Christian History 12, no. 1 (Date): p.35. Les détails sur St. Paul sont trouvés dans le Oxford Dictionary of the Christian Church de Cross et Livingstone p.1442; sur le Saint Sépulcre dans The House of God: Church Architecture, Style, and History de Edward Norman (London: Thames et Hudson, 1990), 38–39; sur l’église de la Nativité, ibid., 31; sur les neuf autres églises dans, Protestant Worship, p.56, de White; Building God’s House, p.150, de White; Early Christianity and Society, p.152–155, de Grant. 79, From Temple to Meeting House, p.185, de Turner. 80 Cette citation est de l’auteur anti-chrétien Porphyre (Davies, Secular Use of Church Buildings, p.8). Porphyre disait que les chrétiens étaient illogiques parce qu’ils critiquaient les cultes des païens et cependant érigeaient des bâtiments qui imitaient leurs temples ! (White, Building God’s House, p.129). 81 Gonzalez, Story of Christianity, p.122. Selon le professeur Harvey Yoder, Constantin a construit l’église originelle de Hagia Sophia (Eglise de la Sainte Sagesse) sur le site d’un temple païen et a fait venir 427 statues païennes de tout l’Empire pour la décorer (« Des églises de maison aux saintes cathédrales, » conférence donné à Harrisburg, VA, Octobre 1993). 82 Grant, Founders of the Western World, p. 209. La première basilique fut l’église Saint Jean de Latran construite à partir d’un palais légué à cet usage en 314 ap. J.C. (White, Building God’s House, p.18). « Après avoir décidé à quoi devait ressembler l’église pionnière de Saint de Jean de Latran, Constantin a choisi comme modèle la basilique, établissant ainsi le standard des lieux de culte à Rome. » Lionel Casson, Everyday Life in Ancient Rome (Baltimore: presses universitaires Johns Hopkins, 1998), p. 133. 83 « Célébrer un culte à l’image des païens? » Christian History 12, no. 1 (1993): p. 19; House of God, de Norman p.24; Jungmann, Early Liturgy, p.123. Le terme de basilique vient du grec basileus, qui signifie « roi. » « Les architectes chrétiens ont adapté le plan païen, en installant un autel près de l’alcôve ou de l’abside large et arrondie, à une des extrémités de l’édifice, où le roi ou le juge s’asseyait, l’évêque

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allait maintenant prendre la place du dignitaire païen » Collins et Price, Story of Christianity, p. 64. 84 White, Protestant Worship and Christian Architecture, p. 56. Selon un érudit catholique, « Longtemps avant l’époque chrétienne, plusieurs sectes et associations païennes avaient adapté le type de la basilique à leur lieu de culte. » (Jungmann, Early Liturgy, p.123); lire aussi, From Temple to Meeting House, p. 162–163 de Turner. En outre, les églises de Constantin à Jérusalem et à Bethléem, construites entre 320 et 330 ap. J.C., suivent le modèle des sanctuaires païens syriens. Grégoire Dix, The Shape of the Liturgy (London: Continuum International Publishing Group, 2000), p. 26. 85 Michael Gough, The Early Christians (Londres: Thames et Hudson, 1961), p.134. 86 Ibid., p.134. 87 Jungmann, Early Liturgy, p.137. 88 White, Protestant Worship, p.57, 73–4. « De ce point de vue, l’église ne représentait plus la maison du peuple de Dieu pour y célébrer un culte en commun mais la Maison de Dieu, dans laquelle il leur était permis d’entrer avec la déférence appropriée. Ils devaient rester dans la nef (où les fidèles s’asseyaient ou se tenaient debout) et se retenir d’entrer dans le chœur (plateforme réservée au clergé) qui était pour la chorale ou faisait office de sanctuaire réservé aux prêtres. » Turner, From Temple to Meeting House, p.244; Hatch, Growth of Church Institutions, p...219–220. 89 Les autels étaient tout d’abord en bois. Puis, vers le début du VIè siècle, ils ont été faits en marbre, en pierre, en argent ou en or. Johnson, History of Christianity, p. 3, 550 Snyder, Ante Pacem, 93; White, Protestant Worship, 58; William D. Maxwell, An Outline of Christian Worship: Its Developments and Forms (New York: Oxford University Press, 1936), 59 90 Snyder, Ante Pacem, p.93; White, Protestant Worship, p.58; William D. Maxwell, An Outline of Christian Worship: Its Developments and Forms (New York: Oxford University Press, 1936), p.59 91 Kenneth Scott Latourette, A History of Christianity (New York: Harper and Brothers, 1953), p.204. 92 Johnson, History of Christianity, ch.3:p.549–550, 551. Dans une église protestante, le pupitre est devant et l’autel dans le fond. 93 Short, History of Religious Architecture, p. 64. 94 Cross et Livingstone, Oxford Dictionary of the Christian Church, p. 302. 95 White, Protestant Worship and Church Architecture, p.57. 96 Davies, Secular Use of Church Buildings, p.11; Dix, Shape of the Liturgy, p. 28. 97 White, Protestant Worship and Church Architecture, p. 59. 98 Dix, Shape of the Liturgy, p. 28. 99 Grant, Early Christianity and Society, p. 155. 100 Norman, House of God, p. 23–24. 241


101 « Célébrer le culte comme des païens ? » Christian History 12, no. 1 (1993): p.19. Grégoire le Grand (540–604) a été le premier à prescrire l’eau bénite et les reliques chrétiennes pour purifier les temples païens pour leur usage chrétien. Bede, A History of the Christian Church and People (New York: Dorset Press, 1985), p.86–87 (Livre. 1, chapitre 30). Ces pages contiennent des instructions de Grégoire le Grand, sur la façon de sanctifier un temple païen pour son usage chrétien. Lire aussi John Mark Terry, Evangelism: A Concise History (Nashville: Broadman ET Holman, 1994), p.48–50; Davies, Secular Use of Church Buildings, p.251. 102 Ibid., 20; White, Protestant Worship and Church Architecture, p.56. 103 Jungmann, Early Liturgy, p.132. 104 Richard Krautheimer, Early Christian and Byzantine Architecture (Middlesex: Penguin Books, 1986), p.40–41. Krautheimer donne une description frappante des parallèles entre le service impérial romain et la liturgie chrétienne sous Constantin. 105 Jungmann, Early Liturgy, p.129–133. 106 Gonzalez, Story of Christianity, p.125. 107 Dans son livre, Kenneth Scott Latourette retrace la forte influence du paganisme gréco romain sur la foi chrétienne. A History of Christianity, p.201–218. 108 White, Protestant Worship and Church Architecture, p.56. 109 Jungmann, Early Liturgy, 130, 133. 110 Les historiens appellent la période du règne de Constantin « la paix. » En fait, la paix est arrivée avec l’Edit de Galère (également appelé Edit de Tolérance) en l’an 311. Il fut ensuite popularisé par l’Edit de Milan en 313. Ces édits ont stoppé la persécution vicieuse que Dioclétien menait contre les chrétiens depuis 303. Seulement onze ans après l’Edit de Milan, Constantin, premier empereur chrétien, est devenu l’unique gouvernant de l’empire romain. Gonzalez, Story of Christianity, p 106–107; Durant, Caesar and Christ, p.655. 111 Adolf von Harnack estime qu’il y avait trois ou quatre millions de chrétiens dans l’empire au début du règne de Constantin. The Mission and Expansion of Christianity in the First Three Centuries, vol. 2 (New York: G. P. Putnam’s Sons, 1908), p.325. D’autres estiment qu’il n’y avait que 4 ou 5 pour cent de la population de l’empire. Taylor, Christians and the Holy Places, p298. 112 Johnson, History of Christianity, p.126; « Célébrer le culte comme des païens? » Christian History 12, no. 1 (1993): p.19. 113 Jungmann, Early Liturgy, p.123. 114 Will Durant, The Age of Faith (New York: Simon and Schuster, 1950), p.8. 115 Bradshaw, Search for the Origins of Christian Worship, p.65. 116 Grant, Early Christianity and Society, 163. 117 Durant, Caesar and Christ, 656. 118 Christian History 12, no. 1 (Date): p.20.

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119 Turner, From Temple to Meeting House, 167, 180. Constantin a construit des sanctuaires chrétiens sur les sites historiques selon la Bible. (Fox, Pagans and Christians, p.674. 120 A comparer avec Marc 14:58; Actes 7:48; 2 Corinthiens 5:1; Hébreux 9:11; et Hébreux 9:24. 121 Norrington, To Preach or Not, p.29. J. D. Davies écrit, « Lorsque les chrétiens ont commencé à bâtir leurs grandes basiliques, ils ont cherché des orientations dans la Bible et ont eu vite fait d’appliquer à leurs nouveaux édifices tout ce qui se référait au temple de Jérusalem, ignorant visiblement qu’en agissant ainsi ils s’opposaient à la révélation du Nouveau Testament. » Davies continue en disant que le culte des saints (vénérer des saints décédés) et son intrusion constante dans les bâtiments d’église a fini par apposer son sceau sur la vision de l’église comme étant un lieu saint, « envers lequel, les chrétiens devraient adopter la même attitude que les Juifs envers le Temple de Jérusalem et les païens envers leurs sanctuaires » (Secular Use of Church Buildings, p.16–17). Oscar Hardman écrit, « le système d’administration romain et l’architecture de ses grandes maisons et salles publiques a orienté l’église de façon suggestive dans l’échelle de sa hiérarchie ainsi que dans la définition ultérieure de ses sphères de juridiction et dans la construction de ses lieux de culte » (History of Christian Worship, p.13–14). 122 Boggs, Christian Saga, p.209. 123 Marc 14:58; Actes 7:48; 17:24; Galates 4:9; Colossiens 2:14-19; 1 Pierre 2:4-9; Hébreux 3–11. 124 White, Protestant Worship and Church Architecture, p.51, 57. 125 Krautheimer, Early Christian and Byzantine Architecture, 1986. 126 Norman, La maison de Dieu, p.51–71. L’Hagia Sophia (L’église de la sainte sagesse), qui a été ouverte en l’an 360 et reconstruite en 415, est vue par l’église occidentale comme étant l’incarnation parfaite d’un bâtiment d’église. 127 Short, Une histoire de l’architecture religieuse, ch. 10. 128 Norman, House of God, p.104–135. 129 Pour les détails lire Une histoire de l’architecture religieuse, ch. 11–14 et le volume classique d’Otto von Simon La cathédrale gothique: les origines de l’architecture gothique et le concept médiéval de l’ordre (Princeton: Princeton University Press, 1988). 130 Krautheimer, Early Christian and Byzantine Architecture, p.43. 131 Durant, Age of Faith, p.856. 132 von Simson, The Gothic Cathedral, p.122. Frank Senn écrit, « L’espace plus vaste entre les piliers a permis d’insérer des fenêtres plus spacieuses laissant entrer dans les nouveaux bâtiments la lumière et l’éclat qui manquaient aux vieux édifices romans. Les fenêtres pouvaient s’orner de vitraux en mesure de dépeindre des

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histoires bibliques ou d’exposer des symboles théologiques qui auparavant étaient peints sur les murs. » (Christian Liturgy, p.214, 857). 133 Durant, Age of Faith, p.856. 134 Norman, House of God, p.153–154; Paul et Teresa Clowney, Explorer les églises (Grand Rapids: Eerdmans, 1982), p.66–67. 135 von Simson, The Gothic Cathedral, p.22–42, 50–55, 58, 188–191, 234–35. Von Simson montre à quel point la métaphysique de Platon a façonné l’architecture. La lumière et la luminosité ont atteint leur perfection dans les vitraux gothiques. Nombre de proportions parfaites vont harmoniser les éléments de l’édifice. La lumière et l’harmonie sont des images du ciel, elles représentent les principes d’ordre de la création. Platon enseigne que la lumière est le plus remarquable des phénomènes naturels (le plus proche de la forme pure). Les néoplatoniciens concevaient la lumière comme une réalité transcendantale qui illuminait l’intellect pour saisir la vérité. Le style gothique était essentiellement une combinaison des visions de Platon, Augustin, et Denis, le pseudo-Aréopagite (néoplatonicien illustre). 136 White, Protestant Worship and Church Architecture, p.6. 137 Neil Carter, « l’histoire du clocher, » manuscrit non publié, 2001. Le texte intégral en anglais, bien documenté, est accessible sur le site suivant : http://www.christinyall.com/steeple.html. 138 Turner, From Temple to Meeting House, p.190. 139 L’architecture baroque du XVIIème et XVIIIème siècles a suivi le modèle gothique en stimulant les sens avec sa richesse et ses ornements harmonieux. (Clowney, Exploring Churches, p. 75–77). J. G. Davies déclare qu’au Moyen-âge en Occident, les cathédrales étaient considérées comme des modèles du cosmos. (Davies, Secular Use of Church Buildings, p. 220). 140 White, Protestant Worship and Church Architecture, p.131. 141 Pour un rapport détaillé sur les spécificités historiques de l’architecture gothique, lire Age of Faith de Will Durant, ch. 32. Bien que désuète, l’architecture gothique est réapparue parmi les protestants avec le réveil gothique du milieu du XIXème siècle. Cependant, la construction gothique a cessé après la deuxième guerre mondiale (White, Protestant Worship and Church Architecture, p.130–142; Norman, House of God, p.252–278). 142 Senn, Christian Liturgy, p.604. 143 White, Protestant Worship and Church Architecture, p.64. Le premier bâtiment d’église protestant a été le château de Torgua, construit en 1544 pour le culte luthérien. Il n’y avait pas de chœur et l’autel n’était qu’une simple table (Turner, From Temple to Meeting House, p.206). 144 White, Protestant Worship and Church Architecture, p.78. 145 Jones, Historical Approach to Evangelical Worship, p.142–143, 225. II est intéressant de noter que le XIXème et le XXème siècles ont vu une recrudescence du

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style médiéval dans l’architecture des bâtiments protestants. (White, Protestant Worship and Church Architecture, p.64). 146 White, Protestant Worship and Church Architecture, p.79. 147 « Parmi tous les grands enseignants du christianisme, Martin Luther est celui qui a perçu le plus clairement la différence entre l’Ecclesia du Nouveau Testament et l’Eglise institutionnelle et qui a réagi le plus vivement contre le quid pro quo qui les assimilait. C’est pourquoi, il a été jusqu’à refuser de tolérer le terme même d’ « église » : il le taxait d’ambigu et obscur. Dans sa traduction de la Bible, ecclesia est rendu par ‘assemblée.’… Il a réalisé que dans le Nouveau Testament elle n’était pas qu’un ‘on’, une ‘chose’, ou une ‘institution’, mais plutôt une unité de personnes, un peuple, une communion... Aussi éloquente qu’ait été son aversion pour ce terme, les faits historiques se montrent plus éloquents encore. Le langage en usage pendant la Réforme et l’après Réforme a dû transiger sur ce concept d’’église’ si fortement répandu, et en conséquence, toute la confusion issue de ce terme ‘ambigu et obscur ‘ à infiltré la théologie de la Réforme. Il était impossible de retourner quelques mille cinq cent ans en arrière. Le concept ‘d’église’ est resté marqué irrévocablement par un processus historique d’une telle durée. . . » Emil Brunner, The Misunderstanding of the Church (Londres: Lutterworth Press, 1952), p.15–16. 148 Martin Luther, Luther’s Works (Philadelphia: Fortress Press, 1965), p.53–54. 149 White, Protestant Worship and Church Architecture, p.82. 150 Clowney, Exploring Churches, p.72–73. La table d’autel fut rabaissée de sa position élevée d’ »autel » au niveau des marches du chœur (la plateforme du clergé) perdant ainsi sa proéminence. La chaire fut déplacée plus près de la nef, où siégeait le peuple, dans le but de donner au sermon une place immuable dans le culte. 151 Lire Genèse 11:3-9. L’histoire des clochers est basée sur « The Story of the Steeple » de Carter. 152 Zahi Havass, The Pyramids of Ancient Egypt (Pittsburgh: Carnegie Museum of Natural History, 1990), 1; Short, History of Religious Architecture, p.13, 167. 153 Norman, House of God, p.160. 154 Charles Wickes, Illustrations of Spires and Towers of the Medieval Churches of England. (New York: Hessling & Spielmeyer, 1900), p.18. 155 Clowney, Exploring Churches, p.13. 156 Durant, Age of faith, p.865. 157 Clowney, Exploring Churches, p.13. 158 Gerald Cobb, London City Churches (London: Batsford, 1977), 15ff. 159 Viktor Furst, The Architecture of Sir Christopher Wren (Londres: Lund Humphries, 1956), p.16. Etant donné que les églises de Londres étaient prises en sandwich entre d’autres bâtiments, il ne restait pas beaucoup de place pour leur ajouter de l’importance que le clocher lui-même. Par conséquent, Wren instaura la tendance à construire des églises aux côtés assez dépouillés mais arborant des

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clochers aux ornements et au faîte disproportionnés. Paul Jeffery, The City Churches of Sir Christopher Wren (Londres: The Hambledon Press, 1996), p.88. 160 Peter Williams, Houses of God (Chicago: University of Illinois Press, 1997), p.7–9; Colin Cunningham, Stones of Witness (Gloucestershire: Sutton Publishing, 1999), p.60. 161 Arthur Pierce Middleton, New Wine in Old Wineskins (Connecticut: MorehouseBarlow Publishing, 1988), p.76. 162 Ambon est le terme latin pour chaire. Il est dérivé d’ambo qui signifie « sommet d’une colline. » La plupart des ambons étaient élevés et on y accédait par des marches (Ferguson, Encyclopedia of Early Christianity, p.29; Peter F. Anson, Churches: Their Plan and Furnishing 154; Middleton, New Wine in Old Wineskins, p.76. 163 Gough, Early Christians, p.172; Ferguson, Encyclopedia of Early Christianity, p.29. Le prédécesseur de l’ambon est le migdal de la synagogue. Migdal signifie « tour » en hébreu. 164 Ferguson, Encyclopedia of Early Christianity, p.29. 165 Latin pour « chaire. » White, Building God’s House, p.124. 166 Christian Smith, Going to the Root (Scottdale: Herald Press, 1992), p.83. 167 White, Building God’s House, p.124. 168 Ibid. 169 Middleton, New Wine in Old Wineskins, p.76. 170 Clowney, Exploring Churches, p.26. 171 Frank C. Senn, Christian Worship and Its Cultural Setting (Philadelphia: Fortress Press, 1983), p.45. 172 Owen Chadwick, The Reformation (Middlesex: Penguin Books, 1964), p.422. Au XVIème siècle, la chaire fut combinée à un pupitre (ou lutrin) en une structure simple (à « deux étages... ») Le pupitre étant la partie basse de la chaire. (Middleton, New Wine in Old Wineskins, p.77). 173 Senn, Christian Worship, p.45. 174 Scott Gabrielson, « Tous les regards vers l’avant: un aperçu des chaires du passé et du présent, » Your Church, Janvier/Février 2002, p.44. 175 James F. White, The Worldliness of Worship (New York: Oxford University Press, 1967), p.43. 176 Cross and Livingstone, Oxford Dictionary of the Christian Church, p.1271; Smith, Going to the Root, p.81. 177 Davies, Secular Use of Church Buildings, p.138. Occasionnellement, quelques bancs de bois ou de pierre étaient fournis pour les personnes âgées ou les malades. 178 Middleton, New Wine in Old Wineskins, p.73. 179 Ibid., p.74. A la fin du Moyen-âge, ces bancs étaient décorés de façon élaborée par des images de saints et d’animaux fantaisistes. Norrington, To Preach or No to

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Preach?, 31; J. G. Davies, The Westminster Dictionary of Worship (Philadelphia: Westminster Press, 1972), p.312. 180 Doug Adams, Meeting House to Camp Meeting (Austin: The Sharing Company, 1981), p.14. 181 Clowney, Exploring Churches, p.28. 182 Senn, Christian Liturgy, p.215; Clowney, Exploring Churches, p.28. 183 Davies, Secular Use of Church Buildings, p.138. 184 White, Protestant Worship and Church Architecture, p.101. 185 Clowney, Exploring Churches, p.28. 186 Ibid.; Davies, Secular Use of Church Buildings, p.139. Certains gens d’églises ont attaqué l’abus de décorum des bancs. Un prédicateur est connu pour avoir fait un sermon se lamentant sur les bancs, disant que l’assemblée « ne veut rien d’autre que des lits pour y entendre la parole de Dieu... » 187 Middleton, New Wine in Old Wineskins, p.74. 188 Adams, Meeting House to Camp Meeting, p.14. 189 White, Protestant Worship and Church Architecture, p.85, p.107. Clowney, Exploring Churches, p.74. 190 White, Protestant Worship and Church Architecture, p.118. 191 Clowney, Exploring Churches, p.17. 192 White, Protestant Worship and Church Architecture, p.121ff. 193 Turner, From Temple to Meeting House, p.237, 241. 194 White, Protestant Worship and Church Architecture, p.140. 195 Ibid. 129, 133, 134. Certaines églises possèdent des baptistères intérieurs, derrière le pupitre et le chœur. Dans la tradition catholique, les bougies n’étaient pas communes sur l’autel avant le XIème siècle (Jungmann, Early Liturgy, p.133). 196 White, Protestant Worship and Church Architecture, p.125, 129, 141. 197 As J. G. Davies dit: « La question des bâtiments d’église est inséparable de la question de l’église et de sa fonction dans le monde moderne » (Secular Use of Church Buildings, p.208). 198 Leonard Sweet, « Church Architecture for the 21st Century, » Your church, Mars/Avril 1999, 10. Dans cet article, Sweet essaye d’imaginer les églises post modernes se libérant du moule architectural ancien qui favorisait la passivité. Mais ironiquement, Sweet est lui-même inconsciemment captif du vieux paradigme des églises comme lieux sacrés. Il écrit : « Bien-entendu, lorsque vous construisez une église, ce n’est pas un simple bâtiment que vous construisez, c’est un lieu sacré. » Ce genre de pensée est assez profondément enraciné. 199 Senn, Christian Liturgy, p.212, 604. L’église en forme d’auditorium incite l’assemblée à la passivité, alors que le style gothique l’éparpille dans une longue nef étroite ou dans des coins et recoins. 200 Une citation de Gotthold Lessing (Lessing’s Theological Writings). 201 White, Protestant Worship and Church Architecture, p.5. 247


202 White, Worldliness of Worship, p.79–83. 203 Platon craignait le fait d’exposer les jeunes à certains types de musique parce qu’elle pouvait susciter des émotions néfastes (The Republic, 3:398). 204 White, Protestant Worship and Church Architecture, p.19. 205 Je dois ces remarques judicieuses en grande partie à mon ami Hal Miller. 206 R. Sommer parle d’un « espace sociofuge » comme d’un endroit où les gens tendent à éviter le contact personnel les uns avec les autres. Le bâtiment d’église correspond assez bien à cette description. « Sociofugal Space, » American Journal of Sociology 72 (1967): p.655. 207 Davies, Secular Use of Church Buildings, p.206. 208 Smith, Going to the Root, p.95. La recherche menée par George Barna indique que les chrétiens donnent annuellement environ $50 à $60 milliards aux églises. 209 Howard Snyder démolit les arguments les plus communs en faveur du ‘besoin’ de bâtiments dans son livre Radical Renewal: The Problem of Wineskins Today (Houston: Touch Publications, 1996), p.62–74. 210 Pour une étude sur la raison pour laquelle les premiers chrétiens se rassemblaient dans des maisons et sur la façon dont de grandes assemblées peuvent se transformer en églises de maison, lire : Rethinking the Wineskin de Frank Viola, (Brandon, Fla.: Present Testimony Ministry, 2001), ch. 3. 211 Le Temple de Jérusalem était un type et une ombre de l’église de Jésus-Christ, tout comme le système sacrificiel qui l’accompagnait. Ainsi donc, le Temple ne peut pas plus servir de justification à la propriété de bâtiments d’église que ne le peut le fait d’égorger des agneaux pour justifier cette pratique de nos jours. L’église de Jérusalem se réunissait sous un toit dans la cour du Temple et le portique de Salomon en des occasions particulières lorsque le besoin s’en faisait sentir. (Actes 2:46; 5:12). Paul a loué une école temporairement comme base apostolique lorsqu’il était à Ephèse (Actes 19:1-10). Par conséquent, en aucune façon les bâtiments ne sont aberrants ou mauvais en eux-mêmes. Ils peuvent être utilisés pour la gloire de Dieu. Cependant, le « bâtiment d’église » qui est décrit dans ce chapitre contredit le principe biblique pour les raisons invoquées ici. 212 Un auteur anglais catholique l’exprime de la façon suivante : « S’il existe un moyen simple de sauver la mission de l’église c’est bien probablement la décision d’abandonner les bâtiments d’église, parce qu’ils sont foncièrement contre nature... et ils ne correspondent pas à la normalité de la vie quotidienne. » (Turner, From Temple to Meeting House, 323). 213 Richard Bushman, The Refinement of America (New York: Knopf, 1992), 338. Entre 1820 et 1840, les églises américaines commencent à exhiber des colonnes doriques, évocatrices du classicisme grec ainsi que des voûtes évoquant la Rome ancienne. (Williams, Houses of God, p.12).

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Chapitre 3, Le déroulement du culte: les dimanches matins coulés dans le béton 1

Il y a trois exceptions sur ce point. Les frères de Plymouth (les frères larges comme les frères étroits) ont une liturgie fermée avec un certain partage ouvert parmi les membres de l’assemblée au début du service. Néanmoins, la liturgie est la même chaque semaine. Les Quakers de la vieille école ont une réunion ouverte où les membres de l’assemblée sont passifs jusqu’à ce que quelqu’un ait une « illumination », à la suite de laquelle ils ont un partage. La troisième exception concerne les églises protestantes anglicanes de la « Haute Eglise » qui conservent les « odeurs d’encens et les carillons » d’une grand-messe catholique, en y incluant une liturgie prescrite. 2 Le mot liturgie vient du mot grec leitourgia, qui faisait référence à l’accomplissement d’une tâche publique qu’on attendait de la part des citoyens de l’ancienne Athènes. Autrement dit, les chrétiens ont récupéré l’accomplissement de devoirs civiques pour le reporter dans ministère public envers Dieu. Une liturgie est donc simplement un service rendu d’adoration ou un mot d’ordre d’adoration. White, Protestant Worship and Church Architecture, 22; Ferguson, Early Christians Speak, 83. Voir également J. D. Davies, The New Westminster Dictionary of Liturgy and Worship (Philadelphia: Westminster Press, 1986), 314. 3 Voir le chapitre 4 pour une discussion complète sur les origines du sermon. 4 Au moment où ce livre est écrit, on estime qu’il y a 345 855 000 protestants dans le monde : 70 164 000 sont en Amérique du Nord et 77 497 000 sont en Europe. The World Almanac and Book of Facts 2003 (New York: World Almanac Education Group, 2003), p.638. 5 Un exégète définit la tradition comme étant « des pratiques d’adoration et des croyances reçues en héritage qui montrent une continuité de génération en génération (White, Protestant Worship and Church Architecture, p.21 6 La messe médiévale est un mélange d’éléments romains, gaulois et franciques. Pour plus de détails, voir l’essai d’Edmond Bishop: « The Genius of the Roman Rite » dans Studies in Ceremonial: Essays Illustrative of English Ceremonial, ed. Vernon Staley (Oxford: A. R. Mowbray, 1901) et Christian Worship de Louis Duchesne : Its Origin and Evolution (New York: Society for Promoting Christian Knowledge, 1912), p.86– –227 Les caractéristiques du cérémonial de la messe, comme l’encens, les bougies et la décoration de l’église ont tous été empruntées au cérémonial de la cour impériale romaine (Jungmann, Early Liturgy, p.132–133, 291–292; Smith, From Christ to Constantine, p.173). 7 Dans mon livre (Frank: Rethinking the Wineskin), je consacre tout le chapitre premier à décrire les réunions d’église du premier siècle. De nos jours, on observe ce genre de réunions à une plus grande échelle. Alors que le christianisme dans son ensemble considère souvent que de tels rassemblements sont radicaux et 249


révolutionnaires, ils ne le sont pas davantage que ceux de l’église du premier siècle. Pour une discussion spécialisée sur les réunions de l’Eglise primitive, voir Banks, Paul’s Idea of Community, ch. 9–11; Banks and Banks, The Church Comes Home , ch. 2; Eduard Schweizer, Church Order in the New Testament (Chatham: W. & J. Mackay, 1961), p.1–136. 8 Lire: Paul’s Idea of Community, de Banks p.106–108, 112–117; Origins of Christian Worship, de Bradshaw p.13–15, 27–29, 159–160, 186. Bradshaw argumente contre l’idée que l’église du premier siècle a hérité de pratiques liturgiques issues du judaïsme. Il souligne que cette idée a émergé aux environs du dix-septième siècle. David Norrington déclare: « Peu de preuves nous permettent de suggérer que les premiers chrétiens ont essayé de perpétuer le style de la synagogue » (To Preach or Not, p.48). Par ailleurs, la synagogue juive était une invention humaine. Certains érudits pensent qu’elle fut créée au cours de la captivité babylonienne. (Sixième siècle avant J.C), quand on ne pouvait pas avoir de culte au temple de Jérusalem; d’autres pensent qu’elles sont apparues au troisième ou deuxième siècle avant Jésus-Christ avec la montée des pharisiens. Même si la synagogue est devenue le centre du judaïsme après la destruction du temple de Jérusalem en 70 après J.C, il n’existe aucun passage dans l’Ancien Testament où Dieu aurait ordonné une telle institution Joel B. Green, ed., Dictionary of Jesus and the Gospels (Downers Grove, IL: InterVarsity, 1992), 781–782; Alfred Edersheim, The Life and Times of Jesus the Messiah (Mclean, VA: Macdonald Publishing Company, 1883), 431. En outre, l’architecture de la synagogue était d’inspiration païenne. (Norrington, To Preach or Not, 28). 9 Le mot messe qui signifie « renvoi » de l’assemblée (mission, dismissio) a été utilisé à la fin du quatrième siècle pour désigner le culte qui célébrait l’eucharistie. (Schaff, History of the Christian Church 3:505). 10 L’histoire de l’origine de la messe dépasse largement l’étendue de ce livre. Je me contenterai de dire que la messe était essentiellement un mélange entre une résurgence de l’intérêt des païens pour la liturgie de la Synagogue et une influence païenne qui remonte au quatrième siècle (Senn, Christian Liturgy, 54; Jungmann, Early Liturgy, 123, 130–144). 11 Durant, Caesar and Christ, p.599. 12 Les réformes majeures de Grégoire ont façonné la messe catholique tout au long de la période médiévale jusqu’à la réforme. Schaff, History of the Christian Church, 4:387–388 13 Durant, The Age of Faith, p.521–524. 14 Philip Schaff passe brièvement en revue les différentes liturgies catholiques qui atteignent leur paroxysme dans la liturgie de Grégoire qui a dominé l’église latine pendant des siècles et a été sanctionnée par le concile de Trente (Schaff, History of the Christian Church, 3:531–535). C’est aussi Grégoire qui a développé et popularisé

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la doctrine catholique du « purgatoire » même s’il s’est inspiré de plusieurs commentaires spéculatifs écrits par Augustin (Gonzalez, Story of Christianity, p.247). En effet, Grégoire a fait des enseignements d’Augustin la base théologique de l’église occidentale. Selon Paul Johnson : « Augustin, était le mauvais génie du christianisme impérial, l’idéologue de l’alliance entre l’église et l’état et le constructeur de la mentalité médiévale. Par rapport à Paul, qui a remplacé la théologie de base, il a œuvré davantage que toute autre personne pour donner au christianisme une configuration spécifique. » (History of Christianity, p.112). Durant dit que la théologie d’Augustin a dominé la philosophie catholique jusqu’au XIIIème siècle. Augustin lui a également apporté une touche néo-platonique (Durant, The Age of Faith, p.74). 15 Durant, Caesar and Christ, 599–600, 618–619, 671–672; Durant, The Age of Faith, p.1027. 16 Durant, Caesar and Christ, 595. 17 Ibid., 618–619 18 La messe moderne a peu changé depuis les années 1500. (White, Protestant Worship, p.17). La forme utilisée est issue du Missel romain, du sacramentaire et du lectionnaire de 1970. (Senn, Liturgy, p.639). Même ainsi, la messe du sixième siècle ressemble fortement à la messe actuelle (Jungmann, Early Liturgy, p.298). 19 Cette campagne a été articulée dans le traité radical de Luther : The Babylonian Captivity of the Church. Ce livre fut une bombe lâchée sur le système catholique romain défiant l’essentiel de la théologie cachée derrière la messe catholique. Dans The Babylonian Captivity, Luther a attaqué les trois aspects suivants de la messe : 1) le refus de donner la coupe aux laïques, 2) la transsubstantiation (la croyance que le pain et le vin deviennent réellement le corps et le sang de Christ), et 3) l’idée que la messe est une œuvre humaine offerte à Dieu comme un sacrifice de Christ. Même si Luther a rejeté la transsubstantiation, il a néanmoins cru que les éléments du pain et du vin contenaient la « présence réelle » du corps et du sang de Christ. Cette croyance s’appelle « consubstantiation ». Dans Captivity, Luther a également refusé les sept sacrements, n’en acceptant que trois: le baptême, la pénitence et l’eucharistie. (Senn, Christian Liturgy, p.268). Plus tard, Luther a laissé tomber la pénitence comme sacrement. 20 Le mot Eucharistie vient du mot grec eucharisteo qui signifie « rendre grâces » Il apparaît dans 1 Corinthiens 11:24. Dans ce verset, il nous est dit que Jésus a pris du pain, l’a rompu et « a rendu grâces. » Les chrétiens postapostoliques appelaient le repas du Seigneur « eucharistie ». 21 Luther a rédigé ses révisions liturgiques dans un traité intitulé Forme de la messe (Gonzalez, Story of Christianity, p. 247 Notez qu’au cours des soixante-dix dernières années, la plupart des théologiens catholiques ont dit que la messe était une représentation.

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22 Les mitres et les crosses portées par les évêques formaient les ornements symboliques qui représentaient leur autorité et les séparait de la laïcité. 23 Du troisième au cinquième siècle, on a souvent dit que l’eucharistie était une « offrande » ou un « sacrifice ». James Hastings Nichols, Corporate Worship in the Reformed Tradition (Philadelphia: Westminster Press, 1968), p.25. Voir aussi Senn, Christian Liturgy, p...270–275. Loraine Boettner critique la messe médievale catholique au chapitre 8 de son livre Roman Catholicism (Phillipsburg, NJ: The Presbyterian and Reformed Publishing Company, 1962). 24 En latin, son nom est Formula Missae. 25 White, Protestant Worship, p.36–37. 26 Ibid., 41-42. Luther, tout en ayant une haute opinion de l’eucharistie, a ôté de la messe tous les mots ayant trait au sacrifice, pour ne garder que l’eucharistie. Il croyait fermement à la Parole et aussi au sacrement. C’est pourquoi dans sa messe en allemand, il avait adopté à la fois la Parole et le sacrement. 27 Dans certaines églises « liturgiques » dans la tradition protestante, on trouve encore l’autel à proximité de la chaire. 28 Avant la période médiévale, la prédication et l’eucharistie tenaient une place prééminentedans la liturgie chrétienne. Mais le sermon a connu un sérieux déclin au cours de la période médiévale. Beaucoup de prêtres étaient trop illettrés pour prêcher et d’autres éléments ont pris la place de la prédication des Ecritures. Maxwell, An Outline of Christian Worship, p.72. Grégoire le Grand a cherché à restaurer la place du sermon dans la messe. Mais ses efforts ont échoué. Il a fallu attendre jusqu’à la Réforme pour que la prédication retrouve une place centrale dans le culte. (Schaff, History of the Christian Church, 4:227, p.399–402). 29 Ces citations de Luther sont tirées de « Concerning the Order of Public Worship, » Luther’s Works, LIII, 11 et « The German Mass, » Luther’s Works, LIII, p.68. Luther organisait trois cultes le dimanche matin Ils étaient tous accompagnés d’un sermon. (Schaff, History of the Christian Church, 7:488). Roland Bainton a compté 2300 sermons (qui existent encore) prêchés par Luther au cours de sa vie. Here I Stand: A Life of Martin Luther (Nashville: Abingdon Press, 1950), p.348–349. 30 Actes 2:42 nous dit que « les disciples persévéraient dans l’enseignement des apôtres ». Dans ce passage, Luc décrit les réunions apostoliques qui eurent lieu pendant plus de trois ans et avaient pour objectif de poser la fondation de l’Eglise de Jérusalem. L’Eglise était tellement grande que les réunions se tenaient dans la cour du temple. Mais les croyants se réunissaient aussi régulièrement dans les maisons pour un culte à libre participation (Actes 2:46). Lire : Rethinking the Wineskin, de Viola ch. 1, et le chapitre 4 de ce livre. 31 Schaff, History of the Christian Church, 7:490. 32 White, Protestant Worship, p.20. 33 Luther a continué à suivre l’Ordo historique occidental avec pour principale différence l’élimination des prières de l’offertoire et des prières du Canon après le 252


Sanctus qui parlaient d’offrande. En somme, Luther a retiré de la messe tout ce qui avait trait au « sacrifice. » Similairement à d’autres réformateurs, il a ôté une grande partie des éléments décadents de la messe de la fin du Moyen-Age, en traduisant la liturgie en langue vernaculaire courante, en incluant des chants pour l’assemblée, (psalmodies et chorales pour les Luthériens; psaumes versifiés pour les réformés), en donnant une place principale au sermon, et en permettant aux fidèles de participer à la Sainte Cène (Senn, Christian Worship, p.84, 102). 34 Schaff, History of the Christian Church, 7:486–487. Le réformateur allemand Carlstadt (1480–1541) a été plus radical que Luther. En l’absence de Luther, Carlstadt a aboli la messe entière, détruisant les autels et les images. 35 Frank Senn inclut dans son livre la liturgie primitive catholique (Christian Liturgy, p.139). Luther a même retenu le mot messe qui a fini par définir l’ensemble du culte (p. 486). 36 Luther a mis l’accent sur le protocole des cours royales et pensait qu’il fallait l’appliquer dans le culte à Dieu. (Senn, Christian Worship, p.15). Voir aussi le chapitre 2 de ce livre sur la manière dont le protocole impérial s’est introduit dans la liturgie chrétienne au cours du quatrième siècle avec le règne de Constantin. 37 White, Protestant Worship, 41–42; Maxwell, Outline of Christian Worship, p.75. 38 Chaque fois que le prêtre catholique présentait le sacrement, il le faisait pour inaugurer le sacrifice. 39 White, Protestant Worship, 41–42; Maxwell, Outline of Christian Worship, p.75. 40 Luther a conservé l’ordre basique de la messe médiévale avec les aspects pompeux des lumières, de l’encens et des vêtements. (Maxwell, Outline of Christian Worship, p.77) 41 Luther, Luther’s Works, LIII, p.20. 42 L’ironie de la chose, c’est que Luther a insisté pour que sa messe en allemand ne soit pas adoptée officiellement et pour qu’elle soit éliminée si elle devenait désuète. Cela n’est jamais arrivé. (Christian Worship and Its Cultural Setting, p. 17). 43 Comme Luther aimait la musique, il en a fait un élément clé du culte. (White, Protestant Worship, p.41; Hinson, « Worshiping Like Pagans? » Christian History 12, no. 1 (1993): p.16–19Luther était un génie musical. Il était si doué pour la musique que les Jésuites disaient que les cantiques de Luther « détruisaient davantage d’âmes que ses écrits et ses sermons.» Pas étonnant qu’un des plus grands talents musicaux de l’histoire de l’église se trouvait être un luthérien. Son nom était Jean-Sébastien Bach. Pour de plus amples détails sur la contribution musicale de Luther à la liturgie protestante. Voir Senn, Christian Liturgy, P.284–287; White, Protestant Worship, 41, 47–48; Will Durant, The Reformation (New York: Simon and Schuster, 1957), P.778–779. 44 White, Protestant Worship, P.41. 45 ‘Concerning the Ministry’, Luther’s Works, XL, P.11.

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46 Le prêtre catholique administrait sept sacrements, alors que le Pasteur protestant n’en administrait que deux (le baptême et l’eucharistie). Toutefois, on considérait que le prêtre et le pasteur avaient l’autorité exclusive de proclamer la parole de Dieu. L’utilisation de vêtements liturgiques, de bougies sur l’autel et l’attitude du ministre du culte pendant la prière étaient sans importance pour Luther (Schaff, History of the Christian Church, 7:489). Mais même si cela lui était égal, il conseillait vivement de les garder (Senn Christian Liturgy, p.282). Voici pourquoi ils existent toujours aujourd’hui. 47 Cette liturgie fut publiée dans sa German Mass and Order of Service en l’an1526. 48 Senn, Christian Liturgy, p.282–283. 49 Notez que les chants et la prière étaient placés à la fois avant et après le sermon Selon Luther, le fait de mettre le sermon en sandwich entre les chants renforçait le sermon et amenait à une attitude de prière (Senn, Christian Liturgy, 306). La plupart des chants chantés dans la messe en allemand de Luther étaient des versifications de chants liturgiques en latin et de credo. (La versification est l’art de transformer de la prose en vers.). Luther a lui-même écrit 36 hymnes et c’est tout à son honneur (Luther’s works, LIII). Et il a eu le génie de prendre des chansons contemporaines et de les transformer en chants chrétiens. Il se disait : « Pourquoi laisser au diable toutes les belles mélodies ? » Marva J. Dawn, Reaching Out without Dumbing Down: A Theology of Worship for the Turn-of-the-Century Culture (Grand Rapids: Eerdmans, 1995), p.189. (Notez qu’on a attribué cette citation à d’autres également comme William Booth de l’Armée du Salut pour ne citer que lui. 50 Senn, Christian Liturgy, p.300. 51 Hardman, History of Christian Worship, p.161. Voici ce qu’écrit Frank Senn à ce sujet: « Dans les églises réformées, la chaire prenait une telle place par rapport à l’autel que parfois ce dernier disparaissait et était remplacé par une table qui n’était utilisée pour la Sainte Cène que quelques fois par an. La prédication de la Parole était le point culminant du culte. On a pris cela comme une conséquence de la prétendue découverte de la Bible. Mais la Bible a été découverte grâce à l’invention de l’imprimerie, qui fut un phénomène culturel. (Christian Worship, p.45). 52 Senn, Christian Liturgy, 362; White, Protestant Worship, p.62. 53 Jungmann, Early Liturgy, p.132–133, 291–292; Smith, From Christ to Constantine, p.173. 54 Senn, Christian Liturgy, p.363. 55 White, Protestant Worship, 60. 56 Senn, Christian Liturgy, p.363. 57 L'ordre du culte de Zwingli est énumérée dans Senn, Christian Liturgy, p.362– 364. 58 White, Protestant Worship, 61. 59 Ces liturgies étaient employées à Strasbourg, en Allemagne (1537), à Genève, en Suisse (1542), et en Ecosse (1562). 254


60 La quête était destinée aux pauvres (Senn, Christian Liturgy, p.365–366). Calvin a écrit: « Toute réunion d’église devrait comporter la prédication de la Parole, des prières, la Sainte Cène, et des aumônes » (Nichols, Corporate Worship, p.29). Même si Calvin voulait que la Sainte Cène ait lieu chaque semaine, ses églises réformées ont suivi la pratique de Zwingli de la prendre tous les trois mois. (White, Protestant Worship, p.65, 67). 61 Stanley M. Burgess and Gary B. McGee, eds., Dictionary of Pentecostal and Charismatic Movements (Grand Rapids: Zondervan, 1988), 904. La « Parole », selon les réformés, signifiait la Bible et la Parole prêchée en tant que véhicule de la Parole incarnée. La prédication et la lecture des Ecritures étaient liées entre elles et considérées comme la « Parole ». (Nichols, Corporate Worship, p.30). L’idée que la prédication de la Parole est véritablement la « parole de Dieu » apparaît dans le Confessio Helvetica Posterior de 1566. 62 L’individualisme farouche de la Renaissance a influencé le message des réformés. Ils étaient un produit de leur époque. L’Evangile qu’ils prêchaient mettait l’accent sur les besoins individuels et l’épanouissement personnel au lieu de le mettre sur les besoins de la communauté comme le faisaient les chrétiens du premier siècle. Cette accentuation sur l’individu a été reprise par les puritains, les piétistes et les revivalistes et elle s’est étendue sur tous les aspects de la culture américaine. (Senn, Christian Worship, p.100, 104; Terry, Evangelism, 125; Rethinking the Wineskin, ch. 4). 63 White, Protestant Worship, p.65. 64 Ibid., 66. Zwingli, musicien lui-même partageait la conviction de Calvin que la musique et la chorale ne devaient pas faire partie du culte. (p. 62). 65 Ibid., 76. Pour Calvin, tous les chants devaient inclure les paroles de l’Ancien Testament. Du coup, les cantiques étaient exclus (p. 66). 66 Ibid., 126. 67 Ibid., 67. C’était aussi la pratique de Martin Bucer, contemporain de Calvin (White, Protestant Worship and Church Architecture, p.83). 68 Notez que le Nouveau Testament nous présente différentes sortes de réunions. Dans un certain type de réunions, un prédicateur principal comme un apôtre ou un évangéliste prêche à un auditoire. Mais ces réunions étaient sporadiques et temporaires dans leur nature. Elles ne formaient pas les réunions ordinaires et symboliques des croyants du premier siècle Toutefois la « réunion d’église » est le rassemblement régulier de chrétiens dont la caractéristique est le fonctionnement mutuel, la participation ouverte de chaque membre, la liberté et la spontanéité sous la houlette de Jésus-Christ. Pour les détails cf. Rethinking the Wineskin, ch. 1. 69 Horton Davies, Christian Worship: Its History and Meaning (New York: Abingdon Press, 1957), p.56. 70 White, Protestant Worship, p.74.

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71 Alice Mores Earle, « Sketches of Life in Puritan New England, » Searching Together 11, no. 4 (1982): p.38–39. 72 Les gens du Moyen-âge mettaient sur le même pied l’austérité et la sainteté, la morosité et la piété. Par contraste, les premiers chrétiens étaient caractérisés par une attitude de contentement et de joie. (Actes 2:46; 8:8; 13:52; 15:3; 1 Pierre 1:8). 73 Par contraste, les Psaumes font signe au peuple de Dieu d’entrer dans ses portes avec joie, louange et action de grâces. (Psaumes 100 et d’autres.) 74 Senn, Christian Worship, p.26–27. Ce prétendu « rite d’entrée » comprenait une psalmodie (Introit), la prière de litanie (Kyrie), et un chant de louange (Gloria). Il était emprunté au cérémonial de la cour impériale. (Jungmann, Early Liturgy, p.292, 296). Comme Constantin se considérait lui-même comme le vicaire de Dieu sur la terre, on en venait à considérer Dieu comme l’empereur du ciel. C’est ainsi que la messe est devenue un cérémonial célébré devant Dieu et devant son représentant, l’évêque (tout comme le cérémonial célébré devant l’empereur et son magistrat. L’évêque, vêtu de ses vêtements de haut magistrat, entrait dans l’église au cours d’une procession solennelle précédée par des cierges. Puis il s’installait sur son trône spécial : le sella curulis d’un officier romain. L’église du IVème siècle avait emprunté à la fois le rituel et l’atmosphère de l’administration romaine dans son culte (Krautheimer, Early Christian and Byzantine Architecture, p.184). 75 La liturgie de Genève était une liturgie réformée fixe, utilisée sans variation ni exception, non seulement pour la célébration des sacrements mais aussi pour les cultes ordinaires du dimanche (White, Protestant Worship, p.69). 76 James Mackinnon, Calvin and the Reformation (New York: Russell and Russell, 1962), p.83–84. Pour une version plus détaillée de la liturgie de Genève, voir Senn, Christian Liturgy, p.365–366. 77 Hughes Oliphant Old, The Patristic Roots of Reformed Worship (Zurich: Theologischer Veriag, 1970), p.141–155. Calvin a aussi pris les Pères comme modèles pour le gouvernement de l’église De là, il a adopté un seul pastorat. (Mackinnon, Calvin and the Reformation, p.81). 78Nichols, Corporate Worship, p.14. 79 Les Pères de l’Eglise furent profondément influencés par leur culture grécoromaine. En fait, ils étaient pour la plupart d’entre eux, des philosophes païens et des orateurs avant de devenir chrétiens. Comme on l’a déjà dit, c’est la raison pour laquelle leurs services d’églises reflétaient un mélange de culture païenne et de liturgie juive. De plus, une étude récente a montré que les écrits des Pères sur le culte chrétien furent rédigés plus tard qu’on ne le pensait et furent remodelés par différentes couches de tradition (Bradshaw, Origins of Christian Worship, ch. 3). 80 Les Pères de l’Eglise furent fortement influencés par le paganisme et le néoplatonisme. Will Durant, Caesar and Christ, 610–619, 650–651. See also Durant’s The Age of Faith, p.63, 74, 521–524.

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81 Puisque cette étude met l’accent sur les contributions anti-scripturaires des réformateurs, énumérer leurs contributions positives dépasse le cadre de ce livre. Malgré tout, qu’on le sache, son auteur est bien conscient que Luther, Zwingli, Calvin et les autres ont apporté à la foi chrétienne beaucoup de pratiques et de croyances positives. Mais en même temps, ils n’ont pas réussi à nous apporter une réforme complète. 82 La réforme protestante fut essentiellement un mouvement intellectuel (White, Protestant Worship, p.37). Alors que la théologie était radicale en comparaison avec celle du catholicisme romain, elle avait, pour l’Eglise, très peu d’impact dans la pratique. Ceux qui sont allés plus loin dans leurs réformes en permettant qu’elles aient un impact dans l’Eglise sont appelés « la réforme radicale ». Pour une étude sur les réformés radicaux, voir The Pilgrim Church de E. H. Broadbent (Grand Rapids: Gospel Folio Press, 1999); The Reformers and Their Stepchildren de Leonard Verduin (Grand Rapids: Eerdmans, 1964); The Radical Reformation by George H Williams (Philadelphia: Westminster Press, 1962); The Torch of the Testimony de John Kennedy (Beaumont, Texas: Christian Books, 1984). 83 Old, Patristic Roots of Reformed Worship, p12. 84 Senn, Christian Liturgy, p.510. 85 White, Protestant Worship, p.118. 86 White, Protestant Worship, p.119, 125; Senn, Christian Liturgy, p.512. Les Puritains ont aussi permis à l’assemblée de questionner le Pasteur sur le maniement du texte biblique quand il avait terminé son sermon. White, Protestant Worship, p.129. 87 « Did You Know? » Christian History 13, no. 1 (1994): 2. 88 Un leader puritain a écrit que « la prédication de la Parole est le sceptre du royaume de Christ, la gloire d’une nation, et le char sur lequel roulent la vie et le salut. » Un puritain a pu entendre jusqu’à 15000 heures de prédication au cours de sa vie. 89 Cassandra Niemczyk, « Did You Know? Little-Known Facts about the American Puritans, » Christian History 13: no. 1 (1994): 2; Allen C. Guelzo, « When the Sermon Reigned, » Christian History 13:, no. 1 (1994): p.23. 90White, Protestant Worship, p.126, 130. Adams, Meeting House to Camp Meeting, p.13, 14. 91White, Protestant Worship, p120, 127. 92 Senn, Christian Liturgy, p.514–515. La liturgie de base des puritains est contenue dans un ouvrage intitulé A Directory of the Public Worship of God écrit en 1644 (White, Protestant Worship, p.127). C’était une révision du livre de prière Anglican Book of Common Prayer dont le premier brouillon fut rédigé en 1549. Le Directory fut utilisé par les presbytériens anglais (pas par les écossais), et par les congrégationalistes.

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93Les baptistes, les presbytériens et les congrégationalistes sont issus du puritanisme (White, Protestant Worship, p.129). 94 La tradition dite des « églises libres » comprend les puritains, les séparatistes, les baptistes, les quakers au VIIème et VIIIème siècle, les méthodistes à la fin du VIIIème siècle et les disciples de Christ au début du XIXème siècle (Adams, Meeting House to Camp Meeting, p.10). 95 White, Protestant Worship, p.133. 96 Ibid., p.153, 164. 97 Ibid., 183. La « prière pastorale après le sermon » a été formulée en détail dans Westminster Directory of Worship... 98 Norton Davies, Worship and Theology in England: 1690-1850 (Princeton: Princeton University Press, 1961), 108. Les réunions de prière du soir étaient courantes dans l’Eglise catholique depuis le IVème siècle. Et les vêpres du dimanche (cultes du soir) ont été un élément stable de la vie liturgique des cathédrales et des paroisses pendant de nombreux siècles. Toutefois ce sont les méthodistes qui sont connus pour avoir apporté le culte du dimanche soir à la foi protestante. 99 White, Protestant Worship, p.91, 171.; Iain H. Murray, Revival and Revivalism: The Making and Marring of American Evangelicalism (Carlisle, Penn.: Banner of Truth Trust, 1994). 100 Le réveil américain a donné naissance à « la société missionnaire » à la fin du XVIIIème siècle. Elle comprenait la société missionnaire baptiste (1792), la société missionnaire de Londres (1795), la société missionnaire générale méthodiste (1796) et la société missionnaire de l’Eglise (1799). Tan, Lost Heritage, p.195. 101 Whitefield est appelé le « père du réveil américain ». Le message central de Whitefield était « la nouvelle naissance » de chaque chrétien en particulier. C’est avec ce message qu’il a amorcé le premier grand réveil en Nouvelle Angleterre, qui a atteint son point culminant au début des années. En 45 jours, Whitefield a prêché 175 sermons. C’était un grand orateur et en une seule réunion, 30.000 personnes pouvaient entendre sa voix. Il pouvait y avoir jusqu’à 50.000 personnes qui venaient l’entendre parler. Fait étonnant, on dit qu’on pouvait entendre la voix de Whitefield dans un rayon d’un kilomètre et demi sans amplificateur. Et son éloquence était telle que son discours pouvait faire pleurer un auditoire. Indéniablement, Whitefield est réputé pour avoir remis à l’honneur la pratique perdue du ministère itinérant. Comme pour les puritains, on lui a aussi reconnu le rétablissement de la prière et de la prédication improvisées. (Yngve Brilioth, A Brief History of Preaching (Philadelphia: Fortress Press, 1965), p.165. Voir également Christian History 12, no. 2 (1993), qui est consacré à George Whitefield et « The Great Awakening » Christian History 9, no. 4 (1990): p.46; Douglas, Who’s Who in Christian History, p.716–717; Terry, Evangelism, p.100, 110, 124–125.

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102 Davies, Worship and Theology in England, 146; « The Great Awakening, » Christian History 9, no. 4 (1990): 46; « George Whitefield, » Christian History 8, no. 3 (1989): p.17. 103 « Father of Modern Evangelicals? » Christian History 12, no. 2 (1993): p.44; « The Second Vatican Council, » Christian History p.9, no. 4 (1990):p.47. Le grand réveil de l’époque de Whitefield a laissé sur le protestantisme américain une empreinte indélébile, concernant le réveil individuel. 104 Senn, Christian Liturgy, 562–565; White, Protestant Worship and Church Architecture, p.8, 19. 105 Finney a eu recours à Thomas Hastings. Moody s’est appuyé sur Ira D. Sankey. Billy Graham a perpétué la tradition s’aidant de Cliff Barrows et George Beverly Shea (Senn, Christian Liturgy, p.600). La musique extrêmement instrumentale favorisait les objectifs du réveil. George Whitefield et John Wesley ont été les premiers à avoir utilisé la musique pour amener une conviction de péché et préparer les gens à entendre l’Evangile. (Terry, Evangelism, p.110) 106 White, Protestant Worship and Church Architecture, p.11. 107 Pour une étude complète sur le but éternel de Dieu, voir mon livre God’s Ultimate Passion (Gainesville, Fla.: Present Testimony Ministry, 2006). Voir également Viola, Rethinking the Wineskin, ch. 7. 108 White, Protestant Worship, p.164–165, 184-85. 109 R. Alan Streett, The Effective Invitation (Old Tappan, NJ: Fleming H. Revell Co., 1984), p.190. Charles Wesley a écrit plus de 6000 cantiques. Charles fut le premier auteur de cantiques à introduire pour une assemblée des chants exprimant les sentiments et les pensées des chrétiens en particulier. 110 Les baptistes ont pour objectif de gagner les perdus pendant le culte du dimanche matin. Ce sont les plus connus pour cela. L’appel revivaliste de « prendre « une décision personnelle » pour Christ reflétait l’idéologie de l’individualisme américain tout en y faisant appel tout comme les « nouvelles mesures » à l’époque de Charles Finney reflétaient et faisaient appel au pragmatisme américain (Terry, Evangelism, p.170–171.). 111 Murray, Revival and Revivalism, p.185–190. 112 Streett, Effective Invitation, p.94–95. Le Révérend James Taylor fut un des premiers à inviter ceux qui sont en recherche sur le devant de son église en 1785 dans le Tennessee. La première utilisation attestée d’un autel en rapport avec une invitation publique eut lieu en 1799 au cours d’une réunion méthodiste sous tente dans le Kentucky. Voir également White, Protestant Worship, p.174. 113 Finney fut un innovateur pour gagner des âmes et amorcer des réveils. En employant ses prétendues « nouvelles mesures, », il a soutenu l'idée qu’il n’existait aucune forme normative d’adoration dans le Nouveau Testament. Mais on approuvait tout ce qui marchait pour amener des pécheurs à Christ. (Senn, Christian Liturgy, 564; White, Protestant Worship, p.176–177). 259


114 Streett, Effective Invitation, 95. Finney a commencé à utiliser exclusivement cette méthode en 1830, à la suite de sa célèbre croisade de Rochester dans l’état de New York. La première trace historique de l’expression « siège des anxieux » vient de Charles Wesley: « Oh, that blessed anxious seat. » Pour une critique approfondie sur le banc des anxieux, voir J. W. Nevin’s The Anxious Bench (Chambersburg: Wipf & Stock, 1843). 115 White, Protestant Worship, p.181; James E. Johnson, « Charles Grandison Finney: Father of American Revivalism, » Christian History 7, no. 4 (1988): p.7; « Glossary of Terms, » Christian History 7, no. 4 (1988): p.19. 116 « The Return of the Spirit: The Second Great Awakening, » Christian History 8, no. 3 (1989): 30; Johnson, « Charles Grandison Finney, » 7; Senn, Christian Liturgy, p.566. 117 Murray, Revival and Revivalism, p.226, 241–243, 277. 118 Streett, Effective Invitation, p.96. 119 Burgess, McGee, Dictionary of Pentecostals, 904. Pour une étude plus complète, voir Gordon L. Hall’s The Sawdust Trail: The Story of American Evangelism (Philadelphia: Macrae Smith Company, 1964). Le passage recouvert de sciure devint plus tard l’équivalent de l’allée recouverte de poussière de la tente de l’évangéliste. Cet usage, (« se mettre en route sur la sciure), fut popularisé par le ministère de Billy Sunday. (1862-1935). Voir Terry, Evangelism, p.161 120 White, Protestant Worship, p.177. 121 Pastor’s Notes: A Companion Publication to Glimpses 4, no. 2 (Worcester: Christian History Institute, 1992), 6. 122 White, Protestant Worship, p.7. 123 Voici les deux livres qui expriment le mieux cette différence: Watchman Nee: The Normal Christian Life (Wheaton: Tyndale House, 1977) et The Release of the Spirit (Indianapolis: Sure Foundation, 1965). Pour une discussion plus approfondie de la nature non chrétienne du pragmatisme, voir Ronald Rolheiser’s The Shattered Lantern: Rediscovering God’s Presence in Everyday Life (London: Hodder & Stoughton, 1994), p.31–35. 124 White, Protestant Worship, p.176; Pastor’s Notes p.4, no. 2:6. Iain Murray signale que les réunions sous tente des Méthodistes étaient avant-coureuses des techniques évangélistes systématiques de Finney (Revival and Revivalism, p.184– 185). 125 Correctement conçu, l’objectif de la prédication n’est pas le salut des âmes. C’est la naissance de l’église. Comme l’a dit un spécialiste : « La conversion ne peut être que le moyen; le but est l’extension de l’église visible. » Karl Muller, ed., Dictionary of Mission: Theology, History, Perspectives (Maryknoll, N.Y.: Orbis Books, 1988), p.431. Scholar D.J. Tidball a répété la même pensée en disant: « Paul ne s’intéressait pas en premier lieu à la conversion des individus mais à la formation de communautés chrétiennes. » Dictionary of Paul and His Letters (Downers Grove, 260


IL: InterVarsity, 1993), 885. Les premiers revivalistes n’avaient pas le concept de l’ekklesia. 126 White, Protestant Worship and Church Architecture, p.121–124. 127 Voir 1 Corinthiens 12–14; Ephésiens 1–3; Viola, Rethinking the Wineskin, ch. 7. 128 John Wesley, « Sermon on the Mount IV, » Sermons on Several Occasions (London: Epworth Press, 1956), p.237. 129 Ibid., 132. See http://www.officemuseum.com/copy_machines.htm pour les détails sur l’invention du stencil ronéo de Dick. 130 Ferguson, Early Christians Speak, p.84. Les premières liturgies écrites sont apparues au quatrième siècle. Mais elles n’ont été rédigées sous forme de bulletin qu’au XIXème siècle. 131Christian History 9, no. 1 (1990); Douglas, Who’s Who in Christian History, p.483–485; Terry, Evangelism, p.151–152; H. Richard Niebuhr and Daniel D. Williams, The Ministry in Historical Perspectives (San Francisco: Harper and Row Publishers, 1956), p.256. Même si assurément Dieu veut que les âmes soient rachetées par Christ, c’est juste la première étape en fin de compte. Je ne suis pas contre l’évangélisation mais si on en fait le point principal, l’évangélisation devient un devoir plutôt que quelque chose qui arrive spontanément quand les chrétiens brûlent pour Christ Les croyants de l’Eglise primitive étaient entièrement centrés sur Christ, ce qui explique pourquoi nos méthodes d’évangélisation sont si différentes des leurs. Pour une étude complète sur le plan éternel de Dieu, voir mon livre God’s Ultimate Passion (Gainesville, Fla.: Present Testimony Ministry), 2006. 132 Streett, Effective Invitation, p.193–194, 197. 133Terry, Evangelism, p.153–154, 185. 134 David P. Appleby, History of Church Music (Chicago: Moody Press, 1965), p.142. 135Streett, Effective Invitation, p.97. « Chaque personne qui s’avançait signait une carte pour indiquer son engagement à mener une vie chrétienne et à montrer l’église de son choix. Cette partie de la carte était gardée par l’ouvrier en charge de la personne ; ainsi on pouvait organiser une sorte de suivi. Une autre partie de la carte était donnée au nouveau chrétien comme guide de la vie chrétienne » (p. 97–98). 136 Ibid., p.98. Pour plus d’information sur la prière du pécheur, voir le chapitre 9. 137 Ibid., 112–113. Au cours de sa 45ème année de ministère, Graham avait prêché à 100 millions de personnes dans 85 pays différents. (Pastor’s Notes 4, no. 2:7). 138 Iain H. Murray, The Invitational System (Edinburgh: Banner of Truth, 1967). Murray fait la distinction entre le « réveil » qui est une œuvre de l’Esprit de Dieu authentique et spontanée et le « revivalisme » qui sont des méthodes humaines pour obtenir (du moins en apparence) les signes de conviction de péché, de repentance et de nouvelle naissance. L’utilisation de pressions psychologiques et sociales pour faire des convertis fait partie du « revivalisme » (pp. xvii–xix). Voir aussi Jim Ehrhard, « The Dangers of the Invitation System, » que vous pouvez lire sur le site 261


http://www.gracesermons.com/hisbygrace/invitation.html (Christian Communicators Worldwide, 1999, accessed May 2007). 139 Niebuhr and Williams, Ministry in Historical Perspectives, p.256. 140 Sandra Sizer, Gospel Hymns and Social Religion (Philadelphia: Temple University Press, 1978), p.134. 141Tout comme d’autres grands prédicateurs de réveil comme George Whitefield, Moody faisait fortement appel aux émotions. Ils étaient influencés par la philosophie du romantisme, qui mettait principalement l’accent sur la volonté et les émotions. C’était une réaction à l’accent mis sur la raison qui avait marqué auparavant la pensée chrétienne modelée par les « Lumières ». (David W. Bebbington, « How Moody Changed Revivalism, » Christian History 9, no. 1 (1990): p.23). Les prédicateurs du « Réveil » mettaient l’accent sur une réponse personnelle envers Dieu venant du cœur. On en arrivait à considérer la conversion comme le but primordial des activités divines. Comme le notent J. Stephen Lang and Mark A. Nol « A cause de la prédication du réveil, le sentiment du moi religieux s’est intensifié. Le principe du choix individuel s’est enraciné pour toujours dans le protestantisme américain et il est toujours évident à l’heure actuelle parmi les évangéliques et beaucoup d’autres » (J. Stephen Lang and Mark A Noll, « Colonial New England: An Old Order, A New Awakening, » Christian History 4, no. 4 (1985): p.9–10). 142 John Nelson Darby est à l’origine de cet enseignement. L’origine de la doctrine de Darby de la pré-tribulation est à la fois fascinante et choquante. Voir Dave MacPherson’s : The Incredible Cover-Up (Medford, OR: Omega Publications, 1975). 143 Bebbington, « How Moody Changed Revivalism, » p.23–24. 144 Daniel G. Reid, Concise Dictionary of Christianity in America (Downers Grove, IL: InterVarsity, 1995), 330. 145 Example: The AD 2000 and Beyond movement, etc. 146 Les apôtres sont restés à Jérusalem de nombreuses années avant « d’aller jusqu’aux extrémités de la terre, comme Jésus l’avait prédit. Ils n’étaient pas pressés d’évangéliser le monde. De même, l’Eglise de Jérusalem n’a évangélisé personne au cours des huit premières années de son existence. Eux non plus n’étaient pas pressés d’évangéliser le monde. Au final, dans aucune des épîtres du Nouveau Testament il n’y a la moindre insinuation d’un apôtre demandant à une Eglise d’aller évangéliser car « il se fait tard et les jours sont comptés ». Bref, il n’y a aucun mal à ce que quelqu’un ait le fardeau de sauver le plus d’âmes possibles dans un laps de temps spécifique. Mais il n’existe aucune justification biblique ni précédent divin pour imposer ce fardeau particulier sur tout le peuple de Dieu. 147 Par « étroite », je veux dire très restreinte. Les Eglises pentecôtistes et charismatiques qui ont des cultes où on laisse à l’assemblée la liberté complète d’exercer un ministère et avoir un partage sans aucune restriction ne sont absolument pas la norme à l’heure actuelle. 148 White, Protestant Worship, p.204. 262


149 White, Protestant Worship and Church Architecture, p.129. 150 Le grand réveil du XVIIIème siècle a donné le ton pour une foi individuelle, ce qui est complètement étranger à l’Eglise du premier siècle. L’Amérique est devenue rapidement une nation d’individualistes farouches; du coup, cette nouvelle tendance collait bien avec le pays. (Terry, Evangelism, 122–123). 151 Le livre de Frank Senn : Christian Liturgy compare différentes sortes de liturgies à travers les âges. Quiconque les compare aura vite fait de repérer leurs points communs. 152 Senn compare cinq liturgies modernes écrites côte à côte : Le Missel Catholique Romain, Le Livre du culte Luthérien, Le Livre de la Prière commune, La Liturgie Méthodiste du Culte, et Le Livre du Culte Commun. Les similitudes sont frappantes. (Christian Liturgy, p.646–647). 153 Certains spécialistes ont essayé à partir des écrits des Pères de l’Eglise de dénicher une liturgie unifiée et monolithique, observée par toutes les Eglises. Mais une étude récente a montré qu’aucun de leurs écrits ne peut être universalisé pour représenter ce qui se passait dans toutes les Eglises à un moment donné. (Voir Bradshaw, Origins of Christian Worship, p.67–73, 158–183). De plus, des découvertes archéologiques ont montré que les Pères de l’Eglise, qui étaient des théologiens, ne transmettent pas une vision fidèle des croyances ou pratiques de l’ensemble des chrétiens de cette époque-là. Le professeur du Nouveau Testament Graydon F. Snyder’s dans son étude sur les preuves archéologiques (Ante Pacem) contredit le portrait que les Pères de l’Eglise donnent de la vie d’Eglise avant Constantin. Selon un écrivain de séminaire, « Snyder soulève la question de savoir si les écrits des intellectuels du début du christianisme reflètent un portrait adéquat de l’Eglise de leur époque. Il suffit de poser la question pour qu’un « non » évident franchisse nos lèvres. Les intellectuels de toute époque racontent-ils la réalité des tranchées? Barth, Tillich, ou même les Niebuhr décrivent-ils d’une façon ou d’une autre à quoi ressemblait le christianisme du peuple américain au XXème siècle ? Non, c’est bien connu. Et cependant, nous avons présumé que le Nouveau Testament et les théologiens soi-disant « patristiques » nous donnent une description exacte du christianisme des trois premiers siècles. On l’a présumé, partiellement bien sûr, parce qu’on a pensé que c’était les seules sources à notre disposition, et c’est vrai, dans une bonne mesure, en ce qui concerne les documents littéraires. (Robin Scroggs, Chicago Theological Seminary Register 75, no. 3 (Fall 1985): p.26). 154 Ibid., p.21. 155 Ibid., p.13. « Une grande partie de la terminologie théologique traditionnelle [i.e., catholique] et de ses concepts fait vraiment partie de la manière luthérienne au même titre qu’elle faisait partie de la manière catholique romaine. » Kenan B. Osborne, Priesthood: A History of the Ordained Ministry in the Roman Catholic Church (New York: Paulist Press, 1988), p.223.

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156 Banks, Paul’s Idea of Community, p.108; Edwin Hatch, Influence of Greek Ideas and Usages, p.308–309. 157 Le chapitre 2 discute de l’influence de l’architecture du IVème siècle sur le clergé actif et la congrégation passive. Dans cette veine, Horton Davies écrit: « Au bout de trois ou quatre siècles, on voit un grand changement dans la nature du culte chrétien… Au quatrième siècle, le culte n’est pas célébré dans des maisons privées, mais dans des cathédrales majestueuses et des églises magnifiques ; pas en une forme de culte libre et simple mais en une liturgie fixée et prescrite. » (Christian Worship, p.26). 158 Nichols, Corporate Worship, p.155. 159 Certains spécialistes de la liturgie, comme l’anglican Gregory Dix, ont essayé de démontrer que le Nouveau Testament contient un modèle primitif de la messe. Cependant, quand on examine attentivement leurs arguments, on voit qu’ils ne font que lire leur tradition présente pour la relier au texte biblique. (Bradshaw, Origins of Christian Worship, ch. 2). 160 Les premières chaises connues ont été fabriquées en Egypte. Pendant des milliers d’années, elles ont été utilisées par les membres de familles royales, la noblesse, les prêtres et les gens riches. Ce n’est qu’au VIème siècle qu’elles ont été couramment utilisées par les gens du peuple. (« Chairs, » Encarta Encyclopedia, Microsoft, 1999 Edition). Les tapis se sont développés en Inde au XIème siècle et se sont répandus dans le reste de l’Orient. (« Floor and Floor Coverings, » Encarta Encyclopedia, Microsoft, 1998 Edition). 161 Les sept jours de la semaine proviennent de l’ancienne Mésopotamie et sont devenus une partie du calendrier romain en 321 ap. J.C. Le mot janvier vient du dieu romain Janus; mars du dieu romain Mars; avril d’Aprilis, le mois sacré de Vénus; le mot mai vient de la déesse Maïa et juin de la déesse Junon; dimanche (jour du soleil en anglais ; ( NB pas en français jour du Seigneur en français, à cause du latin Dies Dominicus, Ndt.) célèbre le dieu soleil; lundi est le jour de la déesse lune ; mardi tire son nom du dieu de la guerre Mars; mercredi tire son nom du dieu Mercure; Jeudi tire son nom du dieu scandinave Thor; vendredi tire son nom de la déesse scandinave Frigg; et samedi tire son nom de Saturne, le dieu romain de l’agriculture (voir : Months of the Year at www.ernie.cummings.net/calendar.htm). 162 A ceux d’entre vous qui se demandent pourquoi je n’ai pas parlé de Noël, Pâques et des rassemblements chrétiens du dimanche dans ce livre, veuillez consulter mes commentaires complets sur http://www.paganchristianity.org/answers.php 163 David Norrington fait remarquer que même s’il n’y a rien de mauvais en soi à ce que l’église embrasse les idées de la culture environnante, elles sont souvent contraires à la foi biblique parce qu’elles sont païennes. Par conséquent, le syncrétisme et l’acculturation portent fréquemment préjudice à l’Eglise. (To Preach or Not, p.23).

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164 1 Corinthiens 14:26. Le Nouveau Testament enseigne que tous les chrétiens doivent utiliser leurs dons comme des sacrificateurs en fonction pour s’édifier mutuellement quand ils se rassemblent (Romains 12:3-8; 1 Corinthiens 12:7; Ephésiens 4:7; Hébreux 10:24-25; 13:15-16; 1 Pierre 2:5, 9). 165 Selon Arthur Wallis : « Les liturgies, qu’elles soient anciennes ou modernes, écrites ou pas, sont un procédé humain qui permet de continuer à faire tourner les roues de la religion en faisant ce qui est coutumier plutôt qu’en exerçant sa foi dans la présence immédiate et l’opération du Saint-Esprit. » 166 Pour les détails, voir Gary Gilley, This Little Church Went to Market: The Church in the Age of Entertainment (Webster: Evangelical Press, 2005). 167 Voir Viola, Rethinking the Wineskin, ch.11 pour une critique du mouvement seeker-sensitive [sensible aux personnes en recherche spirituelle]. 168 L’objectif des réunions d’Eglise du premier siècle n’était pas l’évangélisation, la prédication, l’adoration ou la communion fraternelle. Il était plutôt l’édification mutuelle par la manifestation de Christ en tant que corps. (Viola, Rethinking the Wineskin, ch. 1). 169 Senn, Christian Worship and Its Cultural Setting, p.38, 40. 170 Marc 7:9, WEB. Voir aussi Matthieu 15:2-6; Marc 7:9-13; Colossiens 2:8.

Chapitre 4, Le Sermon: la vache la plus sacrée du protestantisme 1 « Rien n’est plus caractéristique du protestantisme que l’importance attachée à ce qui est prêché. » Niebuhr et Williams, Ministry in Historical Perspectives, p.110. 2 En France, le service de l’Eglise protestante est appelé « aller au sermon » (White, Protestant Worship, p.20). 3 Esaïe 5:3ff.; Amos 3:3-8. Norrington, To Preach or Not, p.3. 4 Les prophètes s’exprimaient en réponse à des événements spécifiques. (Deutéronome 1:1; 5:1; 27:1, 9; Josué 23:1-24:15; Ezéchiel; Daniel; Jérémie; Esaïe; Amos; Zacharie; Aggée, etc.). Ibid., p.3 5 Ibid., 4. La seule différence dans la prédication de la synagogue est que le message donné en fonction d’un texte biblique était régulier. Même ainsi, la plupart des synagogues permettaient de prêcher à chaque membre qui le désirait. Bien entendu, ceci est en contradiction directe avec le sermon moderne où seuls les spécialistes de la prédication sont autorisés à s’adresser à l’assemblée. 6 Augustin a été le premier à intituler Matthieu 5–7 Le Sermon sur la montagne, dans son livre (écrit entre 392 et 396). Mais ce passage ne s’est pas nommé ainsi avant le XVIème siècle (Green, Dictionary of Jesus and the Gospels, p.736; Douglas, Who’s Who in Christian History, p.48). Malgré ce titre, le Sermon sur la montagne est très différent des sermons modernes, à la fois dans le style et dans la rhétorique... 7 Ibid., 7-12. Norrington analyse les discours du Nouveau Testament et les compare avec les sermons actuels.

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8 Actes 2:14-35; 15:13-21, 32; 20:7-12, 17-35; 26:24-29 Norrington, To Preach or Not, p.5–7. 9 Le caractère spontané et non rhétorique des messages apostoliques exposés en Actes semble évident si on les examine attentivement. Voir par exemple en Actes 2:14-35; 7:1-53; 17:22-34. 10 Jeremy Thomson, Preaching as Dialogue: Is the Sermon a Sacred Cow? (Cambridge: Grove Books, 1996), p3–8. Le terme grec souvent employé pour décrire les prédications et les enseignements du premier siècle est dialegomai (Actes 17:2, 17; 18:4, 19; 19:8-9; 20:7, 9; 24:25). Ce terme désigne une forme de communication bilatérale. Notre terme français de « dialogue » en est dérivé. En résumé, le ministère apostolique relevait plus du dialogue que du sermon monologique. William Barclay, Communicating the Gospel (Sterling: The Drummond Press, 1968), p.34–35. 11 1 Corinthiens 14:26, 31; Romains 12:4ff.; Ephésiens 4:11ff.; Hébreux 10:25. 12 Kreider, Worship and Evangelism in Pre-Christendom, p.37. 13 Norrington, To Preach or Not, p.12. 14 Ibid., 13. Le premier sermon chrétien attesté est contenu dans la prétendue Seconde lettre de Clément datée entre 100 et150 de notre ère. Brilioth, Brief History of Preaching, p.19–20. 15 Norrington, To Preach or Not, p.13. 16 Hatch, Influence of Greek Ideas and Usages, p.109. 17 Douglas J. Soccio, Archetypes of Wisdom: An Introduction to Philosophy (Belmont, Calif.: Wadsworth Publishing, 1998), p.56–57. 18 Ibid. 19 Nos termes de sophisme et de sophistique sont hérités du sophisme. Le sophisme se réfère à des raisonnements spécieux et fallacieux (sophistiqués) employés pour persuader (Soccio, Archetypes of Wisdom, p.57). Les Grecs célébraient le style et la forme employés par l’orateur plutôt que l’exactitude du contenu de son sermon. Ainsi, un bon orateur pouvait manier son sermon de façon à inciter son public à croire ce qu’il savait être faux. Pour la pensée grecque, triompher d’une polémique était une plus grande vertu que distiller la vérité. Malheureusement, un élément du sophisme a toujours imprégné le modèle chrétien. Norrington, To Preach or Not, p.21–22; Hatch, Influence of Greek Ideas and Usages, p.113). 20 Hatch, Influence of Greek Ideas and Usages, p.113. 21 Ibid., p.54, 56, 91–92, 96, 97–98, 112. 22 Aristote, On Poetics, ch. 7. Même si Aristote se référait à la rédaction d’ « intrigues » ou de « fables » son principe était néanmoins appliqué aux discours. 23 L’amour du discours était une seconde nature chez les Grecs. « Ils formaient une nation de discoureurs » (Hatch, Influence of Greek Ideas and Usages, p.27). 24 Norrington, To Preach or Not, p.21 25 Hatch, Influence of Greek Ideas and Usages, p.40. 26 Brilioth, Brief History of Preaching, p.26. 266


27 Robert A. Krupp, « Golden Tongue and Iron Will, » Christian History 13, no. 4 (1994): p.7. 28 Norrington, To Preach or Not, p.24. 29 Hatch, Influence of Greek Ideas and Usages, p.106–107, 109. 30 Norrington, To Preach or Not, p.24–25. 31 Ibid., p.24–25; lire le chapitre 5 de ce livre. 32 Ibid., p.25. 33 Ibid., 22. Smith, From Christ to Constantine, p.115. 34 Parmi lesquels: Tertullien, Cyprien, Arnobe, Lactance, et Augustin (Norrington, To Preach or Not, p.22). Lire aussi Hatch, Influence of Greek Ideas and Usages, p.7– 9, 109; Richard Hanson, Christian Priesthood Examined (Guildford and London: Lutterworth Press, 1979), p.53. 35 F. F. Bruce, Paul: Apostle of the Heart Set Free (Grand Rapids: Eerdmans, 1977), 220. Le célèbre Rabbin juif Hillel a dit: « Celui qui fait usage de la couronne de la Torah à ses propres fins périra » (p.107–108). 36 Hatch, Influence of Greek Ideas and Usages, p.110. 37 Norrington, To Preach or Not, 22. Une exégèse est une interprétation et une explication d’un texte biblique 38 Hatch, Influence of Greek Ideas and Usage, p.110. 39 Un étudiant en rhétorique avait terminé ses études lorsqu’il était capable de disserter au pied levé sur tout sujet qu’on lui présentait. La logique, sous forme de débat, était commune dans l’étude de la rhétorique. Tout étudiant apprenait à argumenter et à exceller dans cet art. La logique était naturelle dans la pensée grecque. Mais il s’agissait d’une logique dissociée de la pratique et construite sur des arguments théoriques. Cette mentalité s’est répandue très tôt dans la foi chrétienne. (Hatch, Influence of Greek Ideas and Usages, p.32–33). 40 Ibid., 108. Hatch écrit: « ... avec la croissance de l’organisation il y a eu non seulement une fusion de l’enseignement et de l’exhortation mais également une restriction graduelle de la liberté de la communauté de s’adresser à la classe officielle. » 41 Wayne E. Oates, Protestant Pastoral Counseling (Philadelphia: Westminster Press, 1962), p.162. 42 Ibid., p.107. 43 Brilioth, Brief History of Preaching, p.26, 27. 44 Hatch, Influence of Greek Ideas and Usages, 109; Brilioth, Brief History of Preaching, p.18. 45 J. D. Douglas, Encyclopedia of Religious Knowledge (Grand Rapids: Baker Book House, 1991), p.405. 46 Sur son lit de mort, Libanius (le tuteur païen de Chrysostome) affirme que celui-ci aurait été son meilleur successeur si « les chrétiens ne l’en avaient pas dépossédé » (Hatch, Influence of Greek Ideas and Usages, p.109). 267


47 Tony Castle, Lives of Famous Christians (Ann Arbor: Servant Books, 1988), p.69; Hatch, Influence of Greek Ideas and Usages, p.6. Jean fut surnommé bouche d’or (Chrysostomos) à cause de ses prêches éloquents et sans compromis. (Krupp, « Golden Tongue and Iron Will, » Christian History, p.7). 48 Durant, The Age of Faith, p.63. 49 Kevin Dale Miller, « Did You Know? Little-Known Facts about John Chrysostom, » Christian History p.13, no. 4 (1994): 3. De tous les sermons prononcés par Chrysostome, 600 se sont perpétués. 50 Krupp, « Golden Tongue and Iron Will, » Christian History, p.7; Schaff, History of the Christian Church, 3:933–941; Durant, The Age of Faith, p.9. Chrysostome était imbibé de la rhétorique de Libanius, mais il étudiait aussi la philosophie et de littérature païennes (Durant, The Age of Faith, p.63). 51 Les applaudissements enthousiastes du public à l’homélie d’un sophiste étaient une coutume grecque. 52 Schaff, History of the Christian Church, 3:938. 53 Durant, The Age of Faith, p.65. 54 Norrington, To Preach or Not, p.23. 55 Niebuhr and Williams, Ministry in Historical Perspectives, p.71. 56 Brilioth, Brief History of Preaching, p.31, 42. 57 Senn, Christian Liturgy, p.366. Les prédications des Luthériens et des Réformés tendaient à être un exposé verset par verset. Ceci était caractéristique des Pères patristiques comme Chrysostome et Augustin. 58 E-mail privé de John McGuckin, professeur d’Histoire de l’Eglise primitive au Séminaire d’Union Théologique, le 29/9/02. 59 Norrington, To Preach or Not, p.23 60 White, Protestant Worship, p.46–47. 61 Niebuhr and Williams, Ministry in Historical Perspectives, p.114. 62 Thomson, Preaching as Dialogue, p.9–10. 63 Old, Patristic Roots of Reformed Worship, p.79ff. 64 L’évolution du contenu du sermon à partir de la Réforme jusqu’à nos jours dépasse le cadre de ce livre. Il suffit de dire que durant le siècle des Lumières (XVIIIè s.) les sermons ont tourné en discours moralisateurs stériles, visant à améliorer la société. Les Puritains ont rétabli la prédication scrutant les versets un à un qui avait commencé avec les Pères de l’Eglise. La justice sociale a pris de l’importance dans le Méthodisme du XIXè s. Et à l’avènement du renouveau, les prédications dans les églises évangéliques ont catapulté l’appel au salut. Les Puritains ont également contribué à la rhétorique du sermon contemporain. Leurs sermons étaient rédigés à l’avance en quatre parties (lecture des Ecritures, déclaration théologique, démonstration et illustration de la doctrine, application) avec une structure fonctionnelle détaillée. (White, Protestant Worship, p.53, 121, 126, 166,

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183; Allen C. Guelzo, « When the Sermon Reigned, » Christian History 13, no.1 (1994): p.24–25. 65 Meic Pearse et Chris Matthews, We Must Stop Meeting Like This (E. Sussex: Kingsway Publications, 1999), p.92–95. 66 White, Protestant Worship, p.53, 121, 126, 166, 183; Guelzo, « When the Sermon Reigned, » p.24–25. Les fantômes des prédicateurs puritains rôdent toujours aujourd’hui. Chaque fois que vous entendez le sermon d’un pasteur protestant, vous y trouverez sous-jacent le style du sermon puritain, tirant ses racines de la rhétorique païenne... 67 Pearse et Matthews, We Must Stop Meeting Like This, p...95. 68 Brilioth, Brief History of Preaching, p.22. 69 L’historien du XIXème siècle Edwin Hatch a été l’un des premiers à se dresser contre le sermon. 70 L’expression d’un signe de la main est dérivée de la magie scénique. Le magicien agite ses mains pour dessiner un lapin dans l’air. De la même façon, le sermon se targue lui-même de faciliter la croissance du chrétien. Mais cette idée est mal orientée et prête à confusion. 71 Viola, Rethinking the Wineskin, ch 1. 72 Ce passage souligne aussi qu’il est nécessaire d’être actif pour mûrir spirituellement. 73 La réunion décrite dans ce passage est clairement un rassemblement d’église. 74 Certains pasteurs sont connus pour avoir promu l’idée idiote que « tout ce que fait un mouton c’est faire « bêê » et manger de l’herbe. » 75 Reuel L. Howe, Partners in Preaching: Clergy and Laity in Dialogue (New York: Seabury Press, 1967), p.36. 76 George W. Swank, Dialogical Style in Preaching (Valley Forge: Hudson Press, 1981), p.24. 77 Kevin Craig, « Is the Sermon Concept Biblical? » Searching Together p.15 (Dresser: Word of Life Church, 1986), p.22. 78 Alors que de nombreux pasteurs parlent « d’équiper les saints » et de « libérer la laïcité », les promesses de tirer la laïcité de sa torpeur et d’équiper l’église pour le ministère se révèlent presque toujours vaines. Tant que le pasteur continue de dominer le culte par ses sermons, le peuple de Dieu n’est pas libre de fonctionner dans les rassemblements. C’est pourquoi, l’expression, « équiper les saints » est de la rhétorique vide de sens. 79 Pour ceux d’entre nous qui considèrent le sermon vraiment ennuyeux, nous connaissons la sensation d’être « sermonnés à mort ». La citation de l’auteur ecclésiastique anglais du XIXè siècle, Sidney Smith capture ce sentiment : « He deserves to be preached to death by wild curates!(il mérite d’être sermonné à mort par des curés sauvages) »

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80 Songez à la méthode de Paul qui prêchait à une église naissante pour ensuite la quitter et la laisser seule pendant de longues périodes. Pour les details, lire le livre de Frank Viola: So You Want to Start a House Church? First-Century Styled Church Planting For Today (Jacksonville, Fla.: Present Testimony Ministry, 2003). 81 Craig, « Is the Sermon Concept Biblical? » p.25. 82 Norrington, To Preach or Not, p.23. 83 Clyde H. Reid, The Empty Pulpit (New York: Harper & Row, 1967), p.47–49. 84 Alexander R. Hay, The New Testament Order for Church and Missionary (Audubon, NJ: New Testament Missionary Union, 1947), p.292–293, 414. 85 On peut rencontrer Christ soit dans la gloire soit dans la souffrance (2 Corinthiens 3:18; Hébreux 12:1...). 86 Actes 3:20; 5:42; 8:5; 9:20; Galates 1:6; Colossiens 1:27-28. Que l’on prêche (kerygma) à des inconvertis ou que l’on enseigne (didache) des croyants, pour les uns comme pour les autres le message est Jésus-Christ. C. H. Dodd, The Apostolic Preaching and Its Developments (Londres: Hodder et Stoughton, 1963), 7ff. Michael Green écrit à propos de l’Eglise primitive: « Ils prêchaient une personne. Leur message était nettement Christocentrique. En effet, on se référait à l’évangile simplement comme étant Jésus ou Christ: ‘Il lui a prêché Jésus, Jésus l’homme, Jésus crucifié, Jésus ressuscité, Jésus élevé à la position du pouvoir dans l’univers. Jésus qui entretemps était présent au milieu de son peuple par l’Esprit. Le Christ ressuscité était sans équivoque le centre de leur message. » Green, Evangelism in the Early Church (London: Hodder and Stoughton, 1970), p.150. 87 See Viola, Rethinking the Wineskin, ch. 1. 88 Hébreux 3:12-13; 10:24-26. Remarquez l’importance accordée à « les uns les autres » dans ces passages. L’auteur visait l’exhortation mutuelle . 89 Craig A. Evans, « Preacher and Preaching: Some Lexical Observations, » Journal of the Evangelical Theological Society 24, no. 4 (December 1981), p.315–322. 90 Norrington, To Preach or Not, 69. 91 Ibid. 92 George T. Purves, « The Influence of Paganism on Post-Apostolic Christianity, » The Presbyterian Review 36 (October 1988):p. 529–554. 93 Pour avoir plus de détails sur la nature non biblique de la structure d’organisation moderne de l’Eglise Protestante, lire le livre de Frank Viola, Who is Your Covering? A Fresh Look at Leadership, Authority, and Accountability (Brandon, Fla.: Present Testimony Ministry, 2001), ch. 1–3. Lire aussi le chapitre 5 de ce livre. 94 Norrington, To Preach or Not, p.102, 104.

Chapitre 5, Le pasteur: voleur du fonctionnement de chaque membre 1 La plupart des hommes et des femmes qui deviennent pasteurs n’ont jamais réfléchi aux racines de cette fonction. Et on ne leur a jamais proposé d’autre 270


alternative pour servir Dieu. C’est vraiment tragique. (Voir le poème « le chemin des veaux » au commencement de ce livre.) Néanmoins, même si leur fonction n’a aucune valeur scripturaire, les pasteurs aident vraiment les gens la plupart du temps. Mais ils aident les gens malgré leur fonction, non pas à cause d’elle. 2 Une forme dérivée du mot poimen est employée dans Actes 20:28 et dans 1 Pierre 5 :2-3. 3 Apocalypse 1:6; 5:10; 20:6. R. Paul Stevens, The Other Six Days: Vocation, Work, and Ministry in Biblical Perspective (Grand Rapids: Eerdmans, 1999), p.173–181. 4 Le Nouveau Testament n’emploie jamais les mots grecs séculiers employés pour les autorités civiles et religieuses pour décrire les ministères dans l’Eglise. De plus, même si la plupart des auteurs du Nouveau Testament étaient imprégnés du système sacerdotal juif de l’Ancien Testament, ils n’emploient jamais le mot hiereus (prêtre) pour parler du ministère chrétien. L’ordination à un poste présuppose un rôle de direction d’Eglise statique et définissable qui n’existait pas dans les Eglises apostoliques. Marjorie Warkentin, Ordination: A Biblical-Historical View (Grand Rapids: Eerdmans, 1982), p.160–161, 166; Viola, Who is Your Covering? ch. 1–3. 5 Les paroles de Job nous viennent à l’esprit: « Je ne prendrai le parti de personne, à aucun je ne donnerai de titres flatteurs. (Job 32:21). Version de Jérusalem. 6 Hanson, Christian Priesthood Examined, p.34–35. 7 Ce mot vient du mot grec presbuteros qui se traduit par ancien. 8 Les termes surveillants et serviteurs sont plus tard devenus les termes ecclésiastiques évêques et diacres (Smith, From Christ to Constantine, p.32). 9 Viola, Rethinking the Wineskin, ch. 5–6; Viola, Who is Your Covering?, ch. 1–2. 10 « D’après l’exemple des religions païennes, le christianisme a appris que la plupart des hommes trouvent Dieu difficile à comprendre ou à approcher sans l’aide d’une personne qui, dans un sens, Le remplace, Le représente, et se sent appelée à se dévouer elle-même à ce ministère représentatif. (Hanson, Christian Priesthood Examined, p.100). 11 Walter Klassen, « New Presbyter is Old Priest Writ Large, » Concern 17 (1969): p.5. Lire aussi, The Relation of Elders to the Priesthood of Believers de W. Klassen, J. L. Burkholder, and John Yoder (Washington: Sojourner’s Book Service, 1969). 12 F. W. Grant, Nicolaitanism or the Rise and Growth of the Clerisy (Bedford: MWTB), 3–6. Le mot grec nicolaitane signifie « en train de conquérir le peuple. » Nikos signifie « avoir la victoire sur » et laos signifie « le peuple ». Grant pense que les Nicolaïtes sont ceux qui laïcisent le peuple de Dieu en mettant en avant un « clergé » qui va le traiter de haut. Voir aussi Alexander Hay, What Is Wrong in the Church? (Audubon, NJ: New Testament Missionary Union, n.d.), p.54. 13 Voir Banks, Paul’s Idea of Community et Viola, Who is Your Covering? ch. 1–3. Ces sources démontrent clairement que les « postes » de dirigeants chrétiens n’ont aucun équivalent dans l’original du Nouveau Testament (écrit en grec.) Nous

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appliquons ces conventions sociologiques d’organismes humains à notre Nouveau Testament. 14 James D. G. Dunn, New Testament Theology in Dialogue (Philadelphia: Westminster Press, 1987), p.123, 127–129. 15 Dans les écrits des premiers Pères de l’Eglise, les mots berger, surveillant, et ancien sont toujours employés de manière interchangeable, comme c’est le cas dans le Nouveau Testament. F. F Bruce déclare: « Inutile d’argumenter en long et en large sur le fait que la langue du Nouveau Testament ne nous permet pas d’insister sur une distinction entre le mot grec traduit « évêque » (episkopos) et le mot traduit « ancien » (presbyteros). Paul pouvait s’adresser à l’assemblée des anciens de l’Eglise d’Ephèse comme à ceux que le Saint-Esprit avait établi évêques. Plus tard, dans les épîtres pastorales, (celles à Timothée et à Tite), les deux termes semblent encore être employés de manière interchangeable. » (The Spreading Flame, Grand Rapids: Eerdmans, 1958, p.65). En fait, les évêques, les anciens et les bergers (toujours au pluriel) continuent à être considérés comme identiques dans les écrits de Clément 1er, Didache, et Hermas. Ils étaient considérés comme identiques jusqu’au début du deuxième siècle. Voir aussi Mackinnon, Calvin and the Reformation, 80– 81; Ferguson, Early Christians Speak, p.169–173. 16 Voir, Who is Your Covering? de Viola au ch. 5 pour les détails. 17 1 Corinthiens 11:1; 2 Thessaloniciens 3:9; 1 Timothée 4:12; 1 Pierre 5:3. 18 Ferguson, Early Christians Speak, p.172. 19 Dans son livre To Preach or Not to Preach ?, David Norrington fournit une étude en profondeur sur la manière dont les structures hiérarchiques et les professionnels du clergé ont commencé à émerger dans l’Eglise. (p. 24–25). 20 Ferguson, Early Christians Speak, p.173. 21 Bruce, Spreading Flame, p.66–67. 22 Epître aux Ephésiens, 6:1; Epître aux Smyrnéens, 8:1-2; Epître aux Philadelphiens, 7:1; Epître aux Magnésiens, 7:1; Epître aux Tralliens, 3:1. Les épîtres d’Ignace sont remplis de ce genre de langage. Voir Early Christian Writings: The Apostolic Fathers (New York: Dorset Press, 1968), p.75–130. 23 Edwin Hatch, The Organization of the Early Christian Churches (London: Longmans, Green, and Co., 1895), p.106, 185; Early Christian Writings, p.88. Le livre de Hatch montre l’évolution graduelle de l’organisation de l’Eglise et comment les différents éléments de cette organisation furent empruntés à la société grécoromaine. 24 Robert M. Grant, The Apostolic Fathers: A New Translation and Commentary, vo1. 1, (New York: Thomas Nelson and Sons, 1964), p.58, 171. 25 R. Alastair Campbell, The Elders: Seniority within Earliest Christianity (Edinburgh: T. & T. Clark, 1994), p.229. 26 Hatch, Organization of the Early Christian Churches, p.124. 27 Ibid., p.100. 272


28 Kenneth Strand, « The Rise of the Monarchical Episcopate, » dans Three Essays on Early Church History (Ann Arbor: Braun-Brumfield, 1967); Warkentin, Ordination: A Biblical-Historical View, p.175. 29 Hanson, Christian Priesthood Examined, 69; Early Christian Writings, p.63–72. 30 Bruce, Spreading Flame, 66–69; Niebuhr and Williams, Ministry in Historical Perspectives, p.23–25. Quand Ignace a écrit ses lettres, la règle de l’évêque unique se pratiquait dans des villes asiatiques telles qu’Ephèse, Philadelphie, Magnésie et Smyrne. Mais elle n’avait pas encore atteint la Grèce ni l’Occident, tel que Rome. La règle de l’évêque unique s’est, semble-t-il déplacée vers l’ouest de la Syrie à travers l’Empire. 31 Hanson, Christian Priesthood Examined, 67; Bruce, Spreading Flame, p.69. J. B. Lightfoot’s « The Christian Ministry » dans Saint Paul’s Epistle to the Philippians (Wheaton, IL: Crossway, 1994) offre à mon avis, l’explication la plus satisfaisante de la preuve historique de la manière dont l’évêque s’est peu à peu développé hors du presbytère 32 Niebuhr and Williams, Ministry in Historical Perspectives, p.25. 33 S. L. Greenslade, Shepherding the Flock (London: SCM Press, 1967), p.8. 34 Hanson, Christian Priesthood Examined, p.68. 35 Hatch, Growth of Church Institutions, 35. 36 White, Protestant Worship and Church Architecture, p.65–66 37 1 Clément 40:5. Voir aussi Ferguson, Early Christians Speak, 168; R. Paul Stevens, The Abolition of the Laity (Carlisle: Paternoster Press, 1999), 5. 38 Warkentin, Ordination: A Biblical-Historical View, p.38. 39 On Monogamy, p.12. 40 Stevens, Abolition of the Laity, p.28. 41 Le terme laïc vient du mot grec laos qui signifie le peuple de Dieu (voir 1 Pierre 2:9-10). Le terme clergé vient du mot grec kleros qui signifie une parcelle de terrain, un partage ou un héritage. Le Nouveau Testament n’emploie jamais le mot kleros pour les dirigeants. Il l’emploie plutôt pour l’ensemble du peuple de Dieu. Car c’est le peuple de Dieu qui est l’héritage de Dieu. (voir Colossiens 1:12; Ephésiens 1:11; Galates 3:29; 1 Pierre 5:3). A ce propos, il est ironique que Pierre dans 1 Pierre 5:3 exhorte les anciens de l’Eglise à ne pas traiter avec arrogance les kleros (« le clergé »)! Une fois de plus, les deux mots kleros et laos se refèrent tous les deux à l’ensemble du peuple de Dieu. 42 J. G. Davies, The Early Christian Church (Grand Rapids: Baker, 1965), p.92. Pour un bref résumé de la manière dont le clergé s’est développé, lire : Other Six Days, de Stevens p.39–48. 43 « St. Cyprian of Carthage, » Come and See Icons, Books, and Art http://www.comeandseeicons.com/c/phm12.htm. 44 Nichols, Corporate Worship, p.25.

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45 Ferguson, Early Christians Speak, p.168. Cyprien appelait généralement l’évêque sacerdos, qui veut dire « prêtre » en latin. Le language sacerdotal emprunté à l’Ancien Testament pour définir les fonctions de l’Eglise est vite devenu populaire. (Warkentin, Ordination: A Biblical-Historical View, 177; Smith, From Christ to Constantine, 136). J. B. Lightfoot a écrit que « le point de vue sacerdotal du ministère est un des phénomènes les plus saisissants et les plus importants de l’histoire de l’Eglise. » Saint Paul’s Epistle to the Philippians , p.144. 46 Hanson, Christian Priesthood Examined, p.35, 95. Rien n’indique qu’avant l’an 200, quelqu’un ait jamais assimilé les ministres du culte à des prêtres. Tertullien est le premier à appliquer le terme « prêtre » aux évêques et aux presbytres. Dans tous ses écrits, il appelle l’évêque et les presbytres sacerdos (prêtres) et il appelle l’évêque sacerdos summus (grand-prêtre). Il le fait sans aucune explication, ce qui indique que ses lecteurs sont habitués à ces titres (p. 38). Voir aussi Hans von Campenhausen, Tradition and Life in the Church (Philadelphia: Fortress Press, 1968), p.220. Cyprien a aussi déclaré, semble-t-il, que l’évêque est l’équivalent du grand-prêtre de l’Ancien Testament. (Smith, From Christ to Constantine, 136) L’historien Eusèbe appelle régulièrement « prêtres » les membres du clergé dans ses volumineux écrits. (Hanson, Christian Priesthood Examined, p.61). 47 « Ainsi, c’était l’évêque, en tant que pasteur en chef de l’Eglise locale, qui venait représenter le ministère dans toute son ampleur. Il était prophète, enseignant, célébrant en chef à l’assemblée liturgique, et président du comité des surveillants de la « synagogue » chrétienne. (Niebuhr and Williams, Ministry in Historical Perspectives, p.28). L’œuvre de Grégoire le Grand La Règle Pastorale écrit en 591 est une étude portant sur les obligations de la fonction d’évêque. Pour Grégoire, l’évêque est un pasteur, et la prédication est une de ses tâches les plus importantes. Le livre de Grégoire est un classique chrétien, toujours utilisé de nos jours pour former les pasteurs dans les séminaires protestants. Voir aussi Philip Culbertson et Arthur Bradford Shippee, The Pastor: Readings from the Patristic Period (Minneapolis: Fortress Press, 1990). 48 Pour une étude sur ce développement, Lire: Early Christians Speak deFerguson, p.13–14. 49 Niebuhr and Williams, Ministry in Historical Perspectives, p.28. 50 Pour une analyse approfondie de cette doctrine et de sa réfutation, Lire : Who Is Your Covering? de Viola 51 Stevens, Other Six Days, p.41–42. 52 Cyprien a dit «une portion du troupeau a été assignée à chaque pasteur en particulier, et il doit la diriger et la gouverner, ayant à rendre compte de ses actes au Seigneur» (Letter to Cornelius of Rome, LIV, 14). Voir également, Organization of the Early Christian Churches, de Hatch p.171. 53 Niebuhr et Williams, Ministry in Historical Perspectives, p.28–29.

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54 Campbell, Elders, p.231; Niebuhr and Williams, Ministry in Historical Perspectives, p.29. 55 Davies, Early Christian Church, p.131; The Apostolic Tradition of Hippolytus, trans. Burton S. Easton (Cambridge: Cambridge University Press, 1934). Hippolyte fait une nette distinction entre les pouvoirs de l’évêque et ceux des presbytres. Ses écrits donnent à l’évêque le pouvoir de pardonner les péchés et d’attribuer la pénitence. (Hanson, Christian Priesthood Examined, p.39–40). Les presbytres et les diacres ne pouvaient baptiser que sous l’autorité de l’évêque (Campbell, Elders, p.233). 56 Davies, Early Christian Church, p.187. En 318, Constantin a reconnu la compétence de l’évêque. En 333, les évêques furent placés sur un pied d’égalité avec les magistrats romains. (p. 188). 57 Hans Lietzmann, Histoire de l’Eglise Primitive vol. 2 (New York: The World Publishing Company, 1953), p.247. 58 Selon les canons du concile de Nicée, Alexandrie, Rome et Antioche avaient une autorité spéciale sur les régions environnantes. (Smith, From Christ to Constantine, p.95). 59 Hanson, Christian Priesthood Examined, p.72. Hanson explique comment la chute de l’Empire romain au cinquième siècle a renforcé la fonction de l’évêque. (p. 72–77). 60 Ann Fremantle, ed., A Treasury of Early Christianity (New York: Viking Press, 1953), p.301. 61 La succession apostolique apparaît pour la première fois dans les écrits de Clément de Rome et d’Irénée. Elle apparaît aussi chez Hippolyte. Mais Cyprien l’a transformée en une doctrine cohérente. Grant, Early Christianity and Society, p.38; Norman Sykes, Old Priest and New Presbyter (London: Cambridge University Press, 1956), p.240. 62 G. S. M. Walker, The Churchmanship of St. Cyprian, (London: Lutterworth Press, 1968), p.38. Beaucoup de Pères de l’Eglise ont considéré que les écrits de l’Ancien Testament contenaient une passation de commande normative de l’Eglise. L’emploi de la terminologie de prêtre pour l’Ancien Testament pour ceux qui ont une charge dans l’Eglise est devenu commun déjà au IIème siècle.(Warkentin, Ordination: A Biblical-Historical View, 50, p.161; Hanson, Christian Priesthood Examined, p.46, 51). 63 Hanson, Christian Priesthood Examined, p.59; Warkentin, Ordination: A Biblical-Historical View, p.39. 64 Hanson, Christian Priesthood Examined, p.54. 65 Ibid., p.58. Dans le Didache tout comme dans 1 Clément, l’eucharistie se réfère à un « sacrifice » et à une « offrande » accomplis par les évêques (von Campenhausen, Tradition and Life in the Church, p...220).

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66 Le mot sacrifice employé dans un sens liturgique apparaît pour la première fois dans le Didache (von Campenhausen, Tradition and Life in the Church, p.220). 67 Le concept du prêtre qui offre le sacrifice de Christ à travers l’eucharistie s’appelle le sacerdotalisme. A cet égard, voilà ce que, de manière poignante, Richard Hanson fait remarquer : « Ce concept sacerdotal de la prêtrise semble obscurcir, sinon en fait abolir, la doctrine du sacerdoce de tous les croyants. Il draine le sacerdoce de tous les croyants pour le déverser dans celui du clergé » (Hanson, Christian Priesthood Examined, p.98). 68 Ibid., p.79. 69 Au IIIème siècle, chaque prêtre choisissait un évêque pour surveiller et coordonner son fonctionnement. Au IVème siècle, les choses sont devenues plus complexes. Les évêques avaient besoin d’une surveillance. D’où l’apparition d’archevêques et de métropolitains qui gouvernaient les Eglises d’une province. (Durant, The Age of Faith, p.45, 756–760). 70 Concerning the Mysteries, 9:52, 54. Dans les Eglises orientales, on offre une prière pour que l’Esprit fasse la magie. Dans les Eglises occidentales, on laisse de côté la prière car les mots eux-mêmes font l’affaire. (Dix, Shape of the Liturgy, p.240–241, 275; Josef A. Jungmann, The Mass of the Roman Rite, vol. 1 (New York: Benziger, 1951), p.52. 71 Campbell, Elders, p.234–235. Etymologiquement, le mot prêtre est une contraction de « presbytre. » Dès la fin de la période du vieil anglais, le terme anglais prêtre a été couramment employé pour « presbyter » et « sacerdos » (Cross and Livingstone, Oxford Dictionary of the Christian Church, p.1325). 72 Hatch, Organization of the Early Christian Churches, p.30–31. 73 Hanson, Christian Priesthood Examined, p.71. 74 Robert F. Evans, One and Holy: The Church in Latin and Patristic Thought (London: S.P.C.K., 1972), p.48. 75 Avant Constantin, l’évêque romain n’exerçait pas de juridiction à l’extérieur de Rome. Tout en étant honoré, il n’avait pas cette forme d’autorité ecclésiastique. (Bruce Shelley, Church History in Plain Language (Waco: Word, 1982), 151). Le mot pape vient du titre papa, terme employé pour exprimer le soin pastoral exercé par tout évêque. Ce n’est pas avant le VIème siècle que le terme a commencé à être employé exclusivement pour désigner l’évêque de Rome. Voici une esquisse succincte de l’origine du pape catholique romain : A la fin du IIème siècle, les évêques de Rome recevaient de grands honneurs... Etienne I (d. 257) fut le premier à utiliser le texte de Pierre (Matthieu 16:18) pour appuyer la prééminence de l’évêque de Rome. Mais cela n’avait pas une portée universelle. L’émergence du pape moderne remonte à Léon le Grand qui a régné de 440 à 461. Léon fut le premier à prétendre que l’évêque de Rome avait la primauté sur des bases théologiques et bibliques. Sous son règne, la primauté de Rome fut finalement établie. A l’arrivée de Grégoire le Grand (540-604), le « siège papal » fut développé et mis en valeur (Soit 276


dit en passant, Grégoire devint de loin le plus grand propriétaire terrien d’Italie, créant un précédent pour que ses successeurs deviennent des papes riches et puissants.) Dès la moitié du IIIème siècle, l’Eglise de Rome comptait env. 30.000 membres, 150 ecclésiastiques et 1.500 veuves et gens démunis. (Gonzalez, Story of Christianity, 1:242; Schaff, History of the Christian Church, vol:212, p.218–219; Shelley, Church History in Plain Language, p.150–151; Davies, Early Christian Church, p.135–136, 250; Durant, The Age of Faith, p.521; Hanson, Christian Priesthood Examined, 76ff.). Grégoire fut aussi le premier à employer le terme « serviteur des serviteurs de Dieu ». (Schaff, History of the Christian Church, 3:534; 4:329). 76 Durant, Caesar and Christ, p.670–671. 77 D. C. Trueman, The Pageant of the Past: The Origins of Civilization (Toronto: Ryerson, 1965), p.105. 78 Grant, Early Christianity and Society, p.11–12. « L’organisation de l’Eglise s’est adaptée aux divisions politiques et géographiques de l’Empire. » (Schaff, History of the Christian Church, 3:7). 79 Hatch, Organization of the Early Christian Churches, p.185, 213. Comme le dit Bruce Shelley : En grandissant, l’Eglise a adopté, tout naturellement, la structure de l’Empire.» Church History in Plain Language, p.152. 80 Caesar and Christ, 575, 618. Durant écrit : « L’Eglise de Rome a marché sur les traces de l’Empire romain » (p. 618). 81 Stevens, Other Six Days, p.44; Trueman, Pageant of the Past, p.311; Fox, Pagans and Christians, p.573; Cross and Livingstone, Oxford Dictionary of the Christian Church, p.482. 82 Durant, Caesar and Christ, p.671–672. 83 Matthieu 20:25-28; 23:8-12; Luc 22:25-27. Dans Who is Your Covering? Moimême ( Frank), j’explore en détail la signification de ces passages. 84 Paul a formé beaucoup d’hommes pour qu’ils prennent sa suite. Parmi eux, Timothée, Tite, Gaïus, Trophime, Tychique etc. Voir Viola, So You Want to Start a House Church? Pour plus de détails. 85 Hanson, Christian Priesthood Examined, p.62. 86 A cette époque, le terme « clergé » avait un sens plus large, incluant tous les membres officiels de l’Eglise. (Niebuhr and Williams, Ministry in Historical Perspectives, 29). Voir aussi Boggs, Christian Saga, p.206–207. 87 Jungmann, Early Liturgy, p.30–131. 88 Durant, Caesar and Christ, p.618–619. 89 Hanson, Christian Priesthood Examined, 62; Durant, Caesar and Christ, p.656– 657, 668. 90 Duchesne, Early History of the Christian Church, 50; Johnson, History of Christianity, 77; Fox, Pagans and Christians, p.667.

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91 De telles exonérations avaient été accordées à des professions telles que médecins et professeurs. Dave Andrews, Christi-Anarchy (Oxford: Lion Publications, 1999), p.26. 92 Collins and Price, Story of Christianity, p.74. 93 Johnson, History of Christianity, p.77. Un siècle plus tard, Julien l’apostat employait les mêmes termes (clérical, ecclésisatique) dans un sens négatif. 94 Fox, Pagans and Christians, p.667. 95 Hatch, Organization of the Early Christian Churches, p.153–155. 163. Aux trois premiers siècles du christianisme, on n’exigeait pas le célibat des prêtres. En occident, le concile espagnol d’Elvira tenu en 306 fut le premier à exiger le célibat des prêtres. Celui-ci fut réaffirmé par le pape Siricius en 386. Tout prêtre qui se mariait ou continuait à vivre avec sa femme était défroqué. En Orient, les prêtres et les diacres pouvaient se marier avant l’ordination mais pas après. Les évêques devaient être célibataires. Grégoire le Grand contribua beaucoup à promouvoir le célibat du clergé, chose que beaucoup ne suivaient pas. Le célibat des ecclésiastiques n’a fait qu’élargir le gouffre entre le clergé et le soi-disant peuple de Dieu « ordinaire ». (Cross and Livingstone, Oxford Dictionary of the Christian Church, p.310; Schaff, History of the Christian Church, vol. 1, p.441–446; Durant, The Age of Faith, p.45). 96 La robe de l’évêque ressemblait à la robe antique d’un magistrat romain. Les membres du clergé ne devaient pas avoir les cheveux longs comme les philosophes païens. (Hatch, Organization of the Early Christian Churches, p.164–165). 97 Collins and Price, Story of Christianity, p.74. 98 Hanson, Christian Priesthood Examined, p.62 99 Niebuhr and Williams, Ministry in Historical Perspectives, p.29. 100 Durant, Caesar and Christ, p.657. 101 Senn, Christian Worship, p.40–41. 102 Norrington, To Preach or Not, p.25. 103 Barth, Theologische Fragen und Antworten (1957), p.183–184, cite dans R. J. Erler and R. Marquard, eds., trans G. W. Bromiley, A Karl Barth Reader (Grand Rapids: Eerdmans, 1986), p.8–9. 104 Tout devrait être fait pour la gloire de Dieu, car Il a sanctifié ce qui est terre à terre (1 Corinthiens 10:31). La fausse dichotomie entre le sacré et le profane a été abolie pour toujours en Christ. Une telle façon de penser appartient à la fois au paganisme et au judaïsme ancien. Pour le chrétien, « rien n’est impur en soi » et « Ce que Dieu a déclaré pur, toi, ne le considère pas comme impur » (Romains 14:14, Actes 10:15). Pour une réflexion en profondeur sur le faux raisonnement de la disjonction entre le sacré et le profane, voir : Secular Use of Church Buildings, de Davies p.222–237. 105 History of the Christian Church, vol. 3, p.125–126. 106 Dunn, New Testament Theology in Dialogue, p.127.

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107 Hanson, Christian Priesthood Examined, p.64. Des termes comme coryphaeus (Maître de cérémonies) et hierophant (Grand Maître de la Loge) furent librement empruntés aux cultes païens et employés pour le clergé chrétien. Tertullien fut le premier à employer le terme « souverain pontife » (évêque des évêques) pour parler de l’évêque de Rome dans son ouvrage Sur la chasteté, écrit aux environs de 218. Mais il emploie ce terme d’un ton sarcastique (Bruce, Spreading Flame, p.322) 108 Hanson, Christian Priesthood Examined, p.64. 109 Ibid., 65–66; von Campenhausen, Tradition and Life in the Church, p.222–223. 110 Warkentin, Ordination: A Biblical-Historical View, p.40, 167. 111 Voir Actes 13–19; 1 Corinthiens; 2 Corinthiens. Personnellement, (Frank) je retrace la chronologie du moment où les apôtres ont visité les Eglises qu’ils ont implantées et celui où ils ont reconnu des anciens, dans mon livre The Untold Story of the New Testament Church (Shippensburg, Penn.: Destiny Image, 2004). 112 Selon le commentateur biblique Alfred Plummer, les mots grecs traduits par « ordonner » dans le Nouveau Testament n’ont pas de signification ecclésiastique spéciale. Aucun d’entre eux ne suggère le rite de l’ordination ou une cérémonie spéciale. « The Pastoral Epistles, » in W. Robertson Nicoll, ed., The Expositor’s Bible (New York: Armstrong, 1903), p.219–221. Voir aussi Viola, Who Is Your Covering? ch.1–3. 113 Actes 16:2; 1 Thessaloniciens 1:5; 5:12; 1 Corinthiens 16:18; 2 Corinthiens 8:22; Philippiens 2:22; 1 Timothée 3:10. 114 Warkentin, Ordination: A Biblical-Historical View, 4. Les traducteurs de la Bible en langue anglaise (version King James) ont employé ordain (ordonner) pour traduire 21 mots hébreux et grecs différents. Le malentendu ecclésiastique du XVIIème siècle a influencé le choix de ce faible mot. 115 Le mot grec cheirotoneo dans Actes 14:23 signifie littéralement « étendre sa main » comme pour voter. A partir de là, il est probable que les apôtres ont imposé les mains à ceux que la majorité de l’Eglise considérait déjà comme en fonction en tant que surveillants parmi eux. 116 Campbell, Elders, 169–170. 117 Actes 13:2; 1 Timothée 4:14. Paul, un ouvrier plus ancien a aussi imposé les mains à Timothée, un ouvrier plus jeune. (2 Timothée 1:6). 118 Warkentin, Ordination: A Biblical-Historical View, p.104, 111, 127, 130. Warkentin fait une étude complète sur la signification de « l’imposition des mains » dans le Nouveau Testament dans les chapitres 9 à 11 de son livre. Sa conclusion: » « L’imposition des mains n’a rien à voir avec l’installation routinière dans une fonction dans l’Eglise, que ce soit en tant qu’ancien, diacre, pasteur, ou missionnaire » (p. 156). 119 La première mention du rite de l’ordination se trouve dans La tradition apostolique d’Hippolyte (ca. 215). Dès le IVème siècle, les références à ce sujet abondent (Warkentin, Ordination: A Biblical-Historical View, p.25, 41). 279


120 Warkentin, Ordination: A Biblical-Historical View, p.104. 121 Hatch, Organization of the Early Christian Churches, p.129–133. Cette même tendance fut reprise par le judaïsme dès le premier siècle. Des scribes juifs qui étaient compétents dans l’interprétation de la Torah et des traditions orales ordonnèrent des hommes pour cette fonction dans le Sanhédrin. Ces hommes étaient considérés comme des médiateurs de la volonté de Dieu pour tout Israël. Ceux qui « avaient reçu l’ordination » du Sanhédrin devinrent si puissants que, dès le début du IIème siècle, les Romains ont condamné à mort ceux qui célébraient l’ordination! (Warkentin, Ordination: A Biblical-Historical View, p.16, 21–23, 25). 122 Ibid., 35. Ceci est évident dans les Constitutions apostoliques (350-375). 123 Ibid., 45. 124 Niebuhr and Williams, Ministry in Historical Perspectives, p.75. 125 von Campenhausen, Tradition and Life in the Church, p.224. 126 Ibid., 227. 127 Ibid., 228. 128 Niebuhr and Williams, Ministry in Historical Perspectives, p.71. 129 von Campenhausen, Tradition and Life in the Church, p.229. 130 On the Baptism of Christ: A Sermon for the Day of Lights de St. Grégoire de Nysse. Voir aussi de Niehbur et Williams, Ministry in Historical Perspectives, p.75. On croyait que l’ordination conférait à son bénéficiaire un character indelibilis. Autrement dit, quelque chose de sacré avait pénétré en lui. (Warkentin, Ordination: A Biblical-Historical View, p.42; Schaff, History of the Christian Church 3:489). 131 The Apostolic Constitutions II.4.26. 132 David D. Hall, The Faithful Shepherd (Chapel Hill: The University of North Carolina Press, 1972), p.6. 133 Schweizer, Church Order in the New Testament, p.207. 134 Dunn, New Testament Theology in Dialogue, 138ff, p.126–129. 135 Warkentin, Ordination: A Biblical-Historical View, p.45, 51; Hatch, Organization of the Early Christian Churches, 126–131. L’ordination est devenue de plus en plus un instrument pour consolider le pouvoir du clergé. A travers elle, le clergé pouvait traiter de haut le peuple de Dieu tout comme les autorités séculières. Comme conséquence évidente, l’ordination moderne établit des barrières artificielles entre les chrétiens et empêche une réciprocité de ministères. 136 Hanson, Christian Priesthood Examined, p.82. 137 Luther, tout en rejetant l’idée que l’ordination change le caractère de la personne ordonnée, est néanmoins resté attaché à son importance. Selon Luther, l’ordination est un rite de l’Eglise. Et une cérémonie spéciale était nécessaire pour s’acquitter des tâches pastorales. (Senn, Christian Liturgy, p.297). 138 « Le sacerdoce de tous les croyants ne se réfère pas seulement à la relation de chacun avec Dieu et au sacerdoce envers son voisin, comme chez Luther ; il se réfère aussi à l’égalité de tout le monde dans la communauté chrétienne quant à la fonction 280


officielle. » John Dillenberger et Claude Welch, Protestant Christianity: Interpreted Through Its Development (New York: The Macmillan Company, 1988), p.61. 139 Hall, Faithful Shepherd, 8. Pour une traité incontestable de l’histoire des anabaptistes, voir Peter Hoover’s The Secret of the Strength: What Would the Anabaptists Tell This Generation? (Shippensburg, Penn.: Benchmark Press, 1998). 140 J. L. Ainslie, The Doctrines of Ministerial Order in the Reformed Churches of the 16th and 17th Centuries (Edinburgh: T. & T. Clark, 1940), p.2, 5. 141 Warkentin, Ordination: A Biblical-Historical View, p.57–58, 61–62. 142 Les anabaptistes croyaient à l’injonction de Paul dans 1 Corinthiens 14:26, 3031, tout en la pratiquant, à savoir que chaque chrétien a le droit d’agir à tout moment dans une réunion d’Eglise. A l’époque de Luther, cette pratique était connue sous le nom de Sitzrecht—« le droit de celui qui est assis » (Hoover, Secret of the Strength, p.58–59). 143 Luther annonça que « le Sitzrecht venait du fond de l’enfer » et était « une perversion de l’ordre public... minant le respect de l’autorité. » En moins de 20 ans, plus de 116 lois furent passées dans les états fédéraux allemands à travers l’Europe faisant de cette « hérésie anabaptiste » une offense capitale. (Hoover, Secret of the Strength, p.59, 198). De plus en plus, Luther a senti que si toute l’Eglise administrait publiquement la sainte cène, il en résulterait une « déplorable confusion. » Selon Luther, une seule personne doit se charger de cette tâche : le pasteur. Paul Althaus, The Theology of Martin Luther (Philadelphia: Fortress Press, 1966), p.323. 144 Warkentin, Ordination: A Biblical-Historical View, p.105. 145 Ibid., 105. A l’heure actuelle, les protestants parlent du « ministère » comme d’un corps médiateur placé à l’intérieur du corps plus large de Christ plutôt que d’une fonction partagée par tous. 146 Tout comme le clergé catholique romain était considéré comme le gardien du salut, le clergé protestant était considéré comme l’administrateur de la révélation divine. Selon les Confessions d’Augsbourg de 1530, la plus haute fonction à l’intérieur de l’Eglise était celle de la prédication. Dans le judaïsme ancien, le rabbin interprétait la Torah pour le peuple. Dans l’Eglise protestante, le ministre est considéré comme le gardien des mystères de Dieu. (Warkentin, Ordination: A Biblical-Historical View, p.168). 147 John Owen, The True Nature of a Gospel Church and Its Government, ed John Huxtable (London: James Clarke, 1947),p.41, 55, 68, 99; Ainslie, Doctrines of Ministerial Order, p.37, 49, 56, 59, 61–69; Thomas Goodwin, Works, 11:309. 148 John Zens, « Building Up the Body: One Man or One Another, » Baptist Reformation Review 10, no. 2 (1981): p.21–22. 149 Hall, Faithful Shepherd, p.28–29. 150 Jean Calvin, Institutes of the Christian Religion (Philadelphia: Westminster Press, 1960), bk. 4, ch. 8, no. 14.

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151 Pastor vient du latin. Il était employé pour traduire le mot « berger ». William Tyndale a préféré le terme « pastor » dans sa traduction de la Bible. Tyndale a débattu avec Sir Thomas More sur le sujet « pastor » vs. « priest. » Tyndale, protestant, a pris comme position que le mot « pastor » était correct concernant l’exégèse. (voir The Parker Society Series on the English Reformers pour cet échange). 152 Hall, Faithful Shepherd, p.16. 153 Sykes, Old Priest and New Presbyter, p.111. 154 Luther, Luther’s Works, p.35, 40. 155 Un des livres les plus influents de l’époque de la Réforme fut La pastorale de Bucer. Dans le même esprit, Zwingli a publié un tract intitulé Le Pasteur. 156 L’organisation de fonctionnement des pasteurs dans l’Eglise de Calvin, à Genève, avec des anciens qui dirigeaient est devenue le modèle le plus influent au cours de la Réforme. Elle est devenue la norme pour les Eglises protestantes en France, en Hollande, en Hongrie et en Ecosse, tout comme parmi les puritains anglais et leurs descendants. (Niebuhr and Williams, Ministry in Historical Perspectives, p.131, 115–117). Calvin a également soulevé l’idée que le pasteur et l’enseignant étaient les deux seuls membres « ordinaires » de l’Eglise, dans Ephésiens 4:11-12, à avoir une continuité perpétuelle dans l’Eglise. (Hall, Faithful Shepherd, p.28). Au cours du XVIIème siècle, les puritains ont employé le terme « pasteur » dans certaines de leurs œuvres publiées... Les ouvrages anglicans et puritains du XVIIème siècle sur les soins pastoraux, appelaient « pâtres » et « pasteurs » les membres du clergé de la paroisse (du clergé local). » (George Herbert’s The Country Parson; Richard Baxter’s The Reformed Pastor). 157 Niebuhr and Williams, Ministry in Historical Perspectives, p.116. « Les réformateurs allemands ont aussi adhéré à l’usage médiéval et appelé le prédicateur Pfarrer, i.e., pâtre (dérivé de parochia —paroisse et de parochus—parson). Alors qu’aux Etats-Unis, on appelle « pasteurs » les prédicateurs luthériens, en Allemagne, on continue à les appeler Pfarrer (tête de la paroisse). Etant donnée la transition graduelle du prêtre catholique au pasteur protestant, il n’était pas inhabituel que les gens donnent encore à leurs nouveaux prédicateurs protestants des vieux titres catholiques, comme celui de « prêtres ». 158 Le mot « pasteur » est toujours apparu dans la littérature théologique; il existait déjà à la période patristique. Le choix de ce mot dépendait de la fonction qu’on désirait mettre en lumière : un pasteur guidé dans ses voies morales et spirituelles. Le prêtre administrait les sacrements. Même ainsi, le terme « pasteur » n’était pas sur les lèvres du croyant ordinaire avant la Réforme. 159 Niebuhr and Williams, The Ministry in Historical Perspectives, p.116. Le mot prêtre appartient à la tradition catholique et anglicane ; le mot « ministre » appartient à la tradition réformée ; et le mot « pasteur » appartient à la tradition luthérienne et évangélique. (p. viii). Les réformateurs parlaient bien de leur ministre du culte 282


comme d’un « pasteur » mais la plupart du temps, ils l’appelaient le « prédicateur ». Plus tard, le mot « pasteur » a évolué pour devenir, dans le christianisme, le terme prédominant concernant cette fonction. C’était dû à l’intégration de ces groupes qui cherchaient à prendre leur distance par rapport au vocabulaire de la « haute Eglise ». Le terme « ministre » fut progressivement introduit dans le monde anglophone par les non-conformistes et les dissidents. Ils voulaient faire la distinction entre les « ministres » du culte protestant et les membres du clergé anglican. 160 Calvin, Institutes, IV: 3:2, p. 1055. 161 Niebuhr and Williams, Ministry in Historical Perspectives, p.138. 162 « Car le ministère modèle de Calvin remonte à l’Eglise du début du IIème siècle, plutôt qu’à la période strictement apostolique. A l’époque apostolique, la communauté chrétienne locale était placée sous la responsabilité non pas d’un seul pasteur, mais également d’un certain nombre de fonctionnaires connus, de façon interchangeable, comme il le note, comme des presbytres (anciens) et des évêques. Ce n’est qu’au IIème siècle que l’évêque unique ou le pasteur en solo de la communauté chrétienne a commencé à exister, comme dans l’épître d’Ignace… Ce n’est qu’à ce stade du développement de la fonction ministérielle, au début du IIème siècle, que Calvin s’est inspiré de son modèle. » (Mackinnon, Calvin and the Reformation, p.81–82). 163 James H. Nichols écrit : « Les réformateurs ont généralement accepté le système du IIème siècle avec un ministère institutionnalisé de pasteurs ou d’évêques pour diriger les laïcs dans le culte…Ils n’ont pas essayé de revenir à l’époque des apôtres... » (Corporate Worship, p.21). 164 Niebuhr and Williams, Ministry in Historical Perspectives, p.111. 165 Calvin, Institutes, IV: 1:9, p.1023. 166 John H. Yoder, « The Fullness of Christ, » Concern 17 (1969): p.71. 167 Niebuhr et Williams, Ministry in Historical Perspectives, p.131, 133, 135; « Powerful Preaching: A Sample of How Luther Could Bring Bible Characters to Life, » Christian History 12, no. 3 (1993): p.27. Luther était caustique, convaincant et théâtral. Il a communiqué sa propre personne dans ses sermons, sans se superposer au message. Il fut un prédicateur vorace, prêchant environ 4000 sermons. Ses messages étaient impressionnants, poétiques et créatifs. Zwingli a prêché de manière directe et naturelle mais on le considérait comme trop intellectuel. Calvin était cohérent dans ses explications approfondies de passages bibliques mais il était toujours impersonnel. Bucer était intarissable et avait une tendance à radoter. Même ainsi, la prédication des premiers protestants était très doctrinaire, car ils étaient obsédés par « la doctrine pure et correcte. » C’est pour cette raison que les prédicateurs de la Réforme étaient essentiellement des enseignants de la Bible. 168 Hall, Faithful Shepherd, 8.

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169 Niebuhr and Williams, Ministry in Historical Perspectives, p.112. Les réformateurs ont remplacé le mot « ministre » par le mot « prêtre ». Jones, Historical Approach to Evangelical Worship, p.141. 170 B. A. Gerrish, « Priesthood and Ministry in the Theology of Luther, » Church History 34 (1965), p.404–422. 171 Niebuhr and Williams, Ministry in Historical Perspectives, p.114–115. 172 Althaus, Theology of Martin Luther, p.326. 173 « Concerning the Ordering of Divine Worship in the Congregation, » Works of Martin Luther (Philadelphia: Muhlenberg Press, 1932), VI, p.60. 174 Niebuhr and Williams, Ministry in Historical Perspectives, p.114. 175 Luther’s Works, 29:224. 176 John T. McNeill, A History of the Cure of Souls (New York: Harper and Row, 1951). 177 Grégoire de Nazianze, Chrysostome, Augustin, et Grégoire le Grand ont beaucoup écrit sur « la cure d’âmes ». (McNeill, History of the Cure of Souls, 100). En 591, Grégoire a écrit un traité pour les pasteurs intitulé La règle pastorale. On utilise encore cet ouvrage de nos jours dans les séminaires et il doit beaucoup à Grégoire de Nazianze. (p. 109). Grégoire le Grand fut davantage le pasteur de l’Eglise occidentale que n’importe quel autre pape. 178 McNeill, History of the Cure of Souls, 108. Grégoire de Nazianze a articulé ces choses dans sa seconde oraison, rédigée en 362. 179 Ibid., p.177. 180 Niebuhr and Williams, Ministry in Historical Perspectives, p.136. En 1550, une ordonnance fut publiée stipulant que les ministres visitent chaque foyer au moins une fois par an. 181 Bucer a écrit le plus remarquable de tous les livres sur la « cure d’âmes », intitulé La véritable cure d’âmes en 1538. Ce livre est sorti en allemand et en latin. (McNeill, History of the Cure of Souls, p.177). 182 Voir, Rethinking the Wineskin, ch. 5–6, et, Who is Your Covering? ch.1 de Viola. La guérison humaine survient à travers les connexions dans la communauté chrétienne. Voir : Connecting: Healing Ourselves and Our Relationships Larry Crabb (Nashville: W Publishing, 2004). 183 Beaucoup d’Eglises réformées font la distinction entre « les anciens qui enseignent » et les « anciens qui dirigent ». Ceux qui enseignent occupent la position traditionnelle d’évêque ou de ministre, alors que ceux qui dirigent tiennent les rênes de l’administration et de la discipline... Cette forme d’administration d’Eglise fut exportée en Nouvelle Angleterre en provenance de l’Europe. (Hall, Faithful Shepherd, p.95). En fin de compte, à cause de l’impopularité de la fonction, on a laissé tomber les anciens qui dirigent et les anciens qui enseignent sont restés. C’était également vrai chez les Eglises baptistes du XVIIIème et du XIXème siècle. La plupart du temps, ces Eglises manquaient de ressources financières pour soutenir un 284


« ministre. » De cette manière, vers la fin du XIXème siècle, les Eglises évangéliques ont adopté la tradition du « pasteur en solo ». Mark Dever, A Display of God’s Glory (Washington DC: Center for Church Reform, 2001), 20; R. E. H. Uprichard, « The Eldership in Martin Bucer and John Calvin, » Irish Biblical Studies Journal (June 18, 1996): 149, 154. Ainsi le pasteur en solo dans les Eglises évangéliques a été l’évolution d’une pluralité d’anciens dans la tradition réformée. 184 Niebuhr and Williams, Ministry in Historical Perspectives, p.114. Le prétendu « prédicateur laïc » a émergé des réveils évangéliques du dix-huitième siècle (p. 206). 185 Kevin Giles, Patterns of Ministry among the First Christians (New York: HarperCollins, 1991), p.195–196. 186 Pour transformer cette tragédie en question biblique : « S’ils étaient tous un seul organe, où serait le corps? » (1 Corinthiens12:19). 187 Davies, New Westminster Dictionary of Liturgy and Worship, p.292. 188 A cet égard, et contrairement à l’opinion publique) le pasteur n’est pas « le cervelet qui centralise les messages à communiquer, les fonctions à coordonner, et les réponses à donner de la Tête au Corps. » Et il n’est pas « celui qui communique avec précision à la tête les besoins venant du corps. » Le pasteur est décrit en ces termes fort imagés dans le livre de David L. McKenna : The Ministry’s Gordian Knot, » Leadership, Hiver 1980, p.50–51. 189 Le plan éternel est mentionné dans Ephésiens 3:11. Pour une discussion complète de ce plan, voir le livre de Frank God’s Ultimate Passion... 190 The Barna Group, « A Profile of Protestant Pastors, » The Barna Update, 25 septembre 2001(http://www.barna.org). La moitié de ces Eglises ont moins de 100 membres actifs. (« Flocks in Need of Shepherds », The Washington Times, 2 juillet 2001). 191 H. B. London and Neil B. Wiseman, Pastors at Risk (Wheaton, IL: Victor Books, 1993); « Is the Pastor’s Family Safe at Home? » Leadership Fall 1992; Physician Magazine, septembre /22 octobre1999; The Barna Group, « Pastors Feel Confident in Ministry, But Many Struggle in their Interaction with Others, » ["Les pasteurs se sentent en confiance dans leur ministère, mais beaucoup peinent à interagir avec les autres"] The Barna Update, 10 juillet 2006. www.barna.org. 192 Compilation d’enquêtes à partir d’une mise au point sur les rassemblements de familles de pasteurs. 193 Fuller Institute of Church Growth (Pasadena: Fuller Theological Seminary, 1991). 194 Larry Witham, « Flocks in Need of Shepherds, » Washington Times, 2 juillet 2001. 195 Vantage Point, Denver Seminary, 2 juin 1998. 196 The Barna Group, « A Profile of Protestant Pastors, » The Barna Update, 25 septembre 2001. Ces seize tâches comprennent la vision de lancement, l’identification et la formation de dirigeants, la prédication et l’enseignement, la 285


collecte de fonds, le service auprès des nécessiteux, la proposition de stratégies et de planning, l’organisation d’activités d’Eglises et de programmes, la supervision de toute l’administration, la gestion du personnel et des volontaires, la résolution des conflits, la représentation de la congrégation dans la communauté, la dispensation de soins et de conseils pour la congrégation, l’évangélisation des perdus, l’administration des sacrements, et la formation de disciples. 197 Ibid. Du 2 au 6 juillet 2001, The Christian Citizen (novembre 2000) a rapporté que 1400 pasteurs quittent le ministère pastoral chaque mois. Dans la même veine, The Washington Times a diffusé une série de cinq articles sur « la crise du clergé » qui balaie l’Amérique (par Larry Witham). Voici ce qu’on y disait: Dans ce pays, très peu de membres du clergé sont jeunes. 8 % seulement ont 35 ans et en dessous. Sur les 70 000 étudiants enrôlés dans les 237 séminaires théologiques accrédités de la nation, un tiers seulement veut diriger une Eglise en tant que pasteur. Le pasteur attire un plus grand nombre de candidats plus âgés, habituellement ceux qui arrivent après avoir quitté un travail sans perspective d’avenir ou subi un divorce. De la même manière, une pénurie de membres du clergé a frappé la plupart des principales Eglises protestantes au Canada. « Alors que cela peut être personnellement enrichissant d’exercer un ministère auprès de ses ouailles, c’est aussi intimidant pour une seule personne (et pour peu d’argent) de répondre à des attentes en tant que théologien, conseiller, orateur public, administrateur et organisateur d’une communauté » (Douglas Todd, « Canada’s Congregations Facing Clergy Shortage, » Christian Century, 10 octobre 2001,13). 198 Le Barna Group, données tirées des études sur les élections de pasteur menées de 1984 jusqu’à 2006. 199 Le marketing pour The Zondervan 2002 Pastor’s Annual, a employé cette promotion ironique: « L’homme travaille du lever au coucher du soleil, mais le travail d’un pasteur n’est jamais terminé. C’est parce qu’il doit porter tant de casquettes différentes : prédicateur, enseignant, conseiller, administrateur, conducteur de louange, et souvent réparateur de meubles également! Pour les pasteurs désireux d’avoir de l’aide avec certaines de ces casquettes, nous avons exactement ce qu’il vous faut ici au Christianbook.com. » 200 Pour un compte-rendu sur les première des pressions psychologiques du pastorat moderne, voir : C. Welton Gaddy, A Soul Under Siege: Surviving Clergy Depression (Philadelphia: Westminster, 1991). 201 Larry Burkett, « First-Class Christians, Second-Class Citizens, » East Hillsborough Christian Voice, février 2002, 3. 202 Je me rends compte que les pasteurs ne jouent pas tous ce rôle. Mais le petit nombre qui parvient à résister à cette incroyable pression constitue, semble-t-il, l’exception à la règle. 203 De façon alarmante, 23 % des membres du clergé protestant ont été renvoyés au moins une fois, et 41 % des congrégations ont renvoyé au moins deux pasteurs. 286


Etude faite par Leadership, imprimée dans G. Lloyd Rediger’s Clergy Killers: Guidance for Pastors and Congregations Under Attack (Philadelphia: Westminster/John Knox, 1997). 204 J. Grant Swank, « Preventing Clergy Burnout, » Ministry, novembre1998, p.20. 205 Larry Yeagley, « The Lonely Pastor, » Ministry, septembre 2001, 28; Michael L. Hill and Sharon P. Hill, The Healing of a Warrior: A Protocol for the Prevention and Restoration of Ministers Engaging in Destructive Behavior (Cyberbook, 2000). 206 Pour une liste des exhortations « réciproques », voir Viola, Who is Your Covering? ch.1. Par exemple: Aimez-vous les uns les autres (Romains 13:8); prenezsoin les uns des autres (1 Corinthiens 12:25); soyez serviteurs les uns des autres (Galates 5:13); recherchons ce qui contribue à l’édification mutuelle (Romains 14:19); supportez-vous les uns les autres (Ephésiens 4:2); exhortez-vous les uns les autres (Hébreux 3:13), etc. 207 Searching Together 23, no.4, Hiver 1995, examine cette question dans le détail. 208 Johann Gerhard dans Church Ministry par Eugene F. A. King (St. Louis: Concordia Publishing House, 1993), p.181. 209 Du poème de Milton (1653) « On the New Forcers of Conscience under the Long Parliament. »

Chapitre 6, Le costume du dimanche matin: dissimuler le problème 1 Certaines dénominations, comme le Vineyard, sont une exception. Ce genre de néo-dénominations adhèrent à une forme de culte décontractée qui propose souvent café et beignets avant l’office. Le port de shorts et T-shirts est assez commun lors les cultes du Vineyard. Dans les 320,000 églises protestantes des Etats-Unis, la plupart des membres « s’habillent » pour venir à l’église. Si nous y ajoutons le nombre des chrétiens non-protestants qui font de même, le nombre devient astronomique. 2 S’habiller « décemment » pour l’église remonte aux alentours du IIIème siècle. Clément d’Alexandrie (150–215) l’a exprimé ainsi : « La femme et l’homme doivent se rendre à l’église vêtus de manière décente, d’une démarche naturelle, et en observant le silence… Que l’observance de la femme soit encore supérieure. Qu’elle soit entièrement couverte, sauf si elle est chez elle. » (« Going to Church, » The Instructor, bk. 3. ch. 11.) 3 Max Barsis, The Common Man through the Centuries (New York: Unger, 1973). 4 Leigh Eric Schmidt, « A Church Going People is a Dress-Loving People, » Church History (58), p.38–39. 5 Ibid. 6 James Hargreaves inventa la « mule jenny » (machine à filer à énergie hydraulique) en 1764, créant des vêtements plus fins et plus colorés, accessibles à la masse. Elizabeth Ewing, Everyday Dress 1650-1900 (London: Batsford, 1984,) p56–57. 7 Richard Bushman, The Refinement of America, p.313.

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8 Henry Warner Bowden and P. C. Kemeny, ed., American Church History: A Reader (Nashville, Abingdon Press, 1971), p.87–89. Dans l’Amérique coloniale, l’habillement et la hiérarchie étaient intimement liés. Un pamphlet anonyme publié à Philadephie en 1722, intitulé The Miraculous Power of Clothes, and Dignity of the Taylors: Being an Essay on the Words, Clothes Make Men suggérait ce qui suit : Le statut social, la position et le pouvoir étaient attestés, exprimés et établis par l’habillement. Dans la société coloniale, le rapport entre la hiérarchie et l’habillement conférait à celui-ci un pouvoir symbolique. Avec le temps, cette façon de penser s’est insinuée dans l’église chrétienne. 9 Rupert Davies, A History of the Methodist Church in Great Britain (London: Epworth, 1965), p.193; Journals of Wesley, Nehemiah Curnock, ed., (London: Epworth Press, 1965), p.193. L’enseignement de Wesley sur les tenues vestimentaires a été qualifié d’ « évangile de sobriété. » Son message principal était que les chrétiens devaient s’habiller sobrement, avec soin et simplicité. Wesley a traité ce sujet si souvent qu’on lui attribue l’invention de l’expression: « la propreté est voisine de la piété. » Cependant, il a empruntée celle-ci à un rabbin (Phinehas Ben-Yair, Song of Songs, Midrash Rabbah, I.1:9). 10 Davies, A History of the Methodist Church in Great Britain, p.197. 11 Schmidt, « A Church Going People is a Dress-Loving People, » p.40. 12 Bushman, The Refinement of America, 335, 352. 13 Ibid., 350. Les dénominations ayant le plus grand nombre de membres fortunés (Eglise Episcopale, Unitarienne, etc.) ont commencé à vendre des bancs à de riches familles afin de financer la construction de bâtiments d’églises sophistiqués « En plus du coût des bancs, les adorateurs devaient porter des vêtements assortis à la splendeur du bâtiment, et le style de l’assemblée est devenu une barrière insurmontable pour beaucoup. Un siècle auparavant, un simple fermier pouvait se vêtir d’une chemise à carreaux bleus pour aller à l’église. Dans l’atmosphère distinguée des magnifiques nouvelles églises, on en attendait davantage. » 14 Ibid., p.328, 331. 15 Ibid., p.350. 16 Schmidt, « A Church Going People is a Dress-Loving People, » p.36. 17 Bushman, The Refinement of America, p.319. « Les premiers Méthodistes savaient que les vêtements chics représentaient l’ennemi, et à présent, l’ennemi gagnait du terrain. » Schmidt écrit, « Le jour du sabbat les gens étaient affairés. . . à revêtir leurs plus beaux vêtements; le chic du dimanche était déjà devenu proverbial. Même les piétistes et les évangéliques qui insistaient sur la sobriété de l’habillement s’assuraient d’être vêtus de façon décente et cérémonieuse. » (Schmidt, « A Church Going People is a Dress-Loving People, » p.45). 18 Dieu regarde au cœur, il n’est pas impressionné par notre tenue (1 Samuel 16:7; Luc 11:39; 1 Pierre 3:3-5). Notre adoration réside dans le cœur, et non pas dans des formes extérieures (Jean 4:20-24). 288


19 Christian Smith, « Our Dressed Up Selves, » Voices in the Wilderness, September/October, 1987, p.2. 20 Dans son livre Ante Pacem: Archaeological Evidence of Church Life Before Constantine, Graydon Snyder déclare qu’il subsiste une trentaine de lettres écrites par des chrétiens avant Constantin. Ces lettres s’adressent à un simple nom, ce qui indique que les chrétiens n’utilisaient pas le nom complet de leurs frères. La raison en est qu’ainsi leur rang social restait caché! (e-mail privé de Graydon Snyder, 12 Octobre, 2001 et 14 Octobre, 2001) 21 Les premiers chrétiens se voyaient comme une nouvelle création, une nouvelle humanité, et une nouvelle race (comme l’exprime C. S. Lewis) transcendant toutes les distinctions et barrières naturelles (1 Corinthiens 10:32; 2 Corinthiens 5:17; Galates 3:28; Ephésiens 2:15; Colossiens 3:11). 22 Jacques 2:1-5. Ce passage suggère également qu’une personne portant des vêtements chics à l’église était une exception et non la norme. 23 Deutéronome 4:2; Proverbes 30:6; Apocalypse 22:18. 24 The Catholic Encyclopedia 1913 On-Line Edition s.v. « Vestments, » http://www.newadvent.org/cathen/15388a.htm; Encyclopedia Britannica Online, s.v. « Sacred Rights Ceremonies: The Concept and Forms of Ritual: Christianity » (1994–1998). Peu avant Constantin, le clergé se couvrait d’un voile de fin tissu lorsqu’il administrait l’eucharistie. 25 The Catholic Encyclopedia, s.v. « Vestments. » Sous « Origin » l’introduction dit: « Le vêtement sacerdotal chrétien ne tire pas son origine de celui de l’Ancien Testament, mais il s’est plutôt développé à partir de la toge gréco-romaine profane. » Lire aussi Janet Mayo, A History of Ecclesiastical Dress (New York: Holmes & Meier Publishers, 1984), p.11–12. Mayo écrit: « Un examen attentif des vêtements ecclésiastiques révélera qu’ils tirent leur origine de la toge romaine. L’idée qu’ils ont une origine lévitique et descendent des vêtements sacerdotaux juifs est venue plus tard... » Pour une histoire rare des costumes religieux, lire le livre d’Amelia Mott Gummere, The Quaker: A Study in Costume (Philadelphia: Ferris and Leach, 1901). Notez que les vêtements des sacrificateurs de l’Ancien Testament étaient un symbole et un miroitement du vêtement spirituel que les chrétiens revêtent en Jésus-Christ. (Colossiens 2:16-17; Hébreux 10:1; Ephésiens 4:24; Colossiens 3:10-14; 1 Pierre 5:5; Apocalypse 19:8). 26 « Clothes, » The Instructor, livre. 3. ch. 11 27 « On Clothes, » The Instructor, livre 2. ch. 11; Mayo, A History of Ecclesiastical Dress, p.15. 28 Mayo, A History of Ecclesiastical Dress, p.14–15. 29 Ibid., 14–15; Latourette, A History of Christianity, 211. Davies, The Westminster Dictionary of Church History (Philadelphia: The Westminster Press, 1971), p.284. 30 « La robe de l’évêque était la robe séculière d’un magistrat romain. » Hatch, The Organization of the Early Christian Churches, p.164. La tenue de l’évêque était le 289


reflet d’une structure spécifique de caste. Elle comprenait un maniple à franges ou mappula, et des chaussons plats et noirs ou campagi, et des udones ou bas blancs. C’était l’habit des magistrats romains. Johnson, A History of Christianity, p.133. 31 Senn, Christian Worship and Its Cultural Setting, p.41; « Sacred Rights Ceremonies: The Concept and Forms of Ritual: Christianity, » Encyclopedia Britannica Online (1994-1998). 32 e-mail privé d’Eugène TeSelle, Professeur d’histoire de l’Eglise et de théologie, Vanderbilt University, 1/18/2000. 33 Mayo, A History of Ecclesiastical Dress, 15; Jones, A Historical Approach to Evangelical Worship, p.117. 34 Jérôme disait que Dieu était honoré si l’évêque portait une tunique blanche un peu plus élégante que l’ordinaire. E-mail privé de l’expert en liturgie Frank Senn le 18 juillet, 2000. Lire aussi le livre de Jérôme « Adversus Jovinianum (Contre Jovinien) » Livre. 2 p.34 (Nicene and Post-Nicene Fathers, series I2, vol. 6) et « Lives of Illustrious Men, » ch. 2 (Nicene and Post-Nicene Fathers, series 2, vol. 3). 35 Collins and Price, The Story of Christianity, p.25, 65. 36 Jones, A Historical Approach to Evangelical Worship, p.116–117. Le livre de Mayo A History of Ecclesiastical Dress décrit en détail les composantes de l’habit clérical à toutes les époques de l’histoire, dans toutes les traditions. Il n’y a eu aucune coiffe distinctive pendant le premier millénaire, et le corset n’a pas été inventé avant le VIIIème siècle. A Concise Cyclopedia of Religious Knowledge (New York: Charles L. Webster & Company, 1890), p.943. 37 Mayo, A History of Ecclesiastical Dress, p.27; Isidore de Péluse (ŭ § 440) a été le premier à assigner des interprétations symboliques à des éléments vestimentaires. Le costume sacerdotal dans son intégralité a été doté de symbolique autour du VIIIème siècle en occident et au IXème siècle en orient. (The Catholic Encyclopedia, s.v. « Vestments. »). Les médiévaux étaient épris de symbolisme, ils n’ont donc pas résisté à attribuer aux vêtements religieux des significations « spirituelles ». Ces significations sont toujours d’actualité dans les églises liturgiques contemporaines. 38 Senn, Christian Worship and Its Cultural Setting, p.41. Le vestiaire, ou la sacristie, était une pièce spéciale dans les églises où étaient entreposés les vêtements cléricaux et la vaisselle sacramentelle. 39 Mayo, A History of Ecclesiastical Dress, p.27. 40 Collins and Price, The Story of Christianity, p.25, 65. 41 Mayo, A History of Ecclesiastical Dress, p.64. Zwingli et Luther ont rapidement écarté les ornements du prêtre catholique. Hall, The Faithful Shepherd, p.6. 42 Zwingli a été le premier à introduire la robe des docteurs, à Zurich à l’automne 1523. Luther a commencé à la porter l’après-midi du 09 octobre 1524 (Niebuhr et Williams, The Ministry in Historical Perspectives, p.147) Lire aussi, The Soul of the American University: From Protestant Establishment to Established Nonbelief (New York: Oxford University Press, 1994), de George Marsden p.37. 290


43 H. I. Marrou, A History of Education in Antiquity (New York: Sheed and Ward, 1956), p.206. « Le philosophe pouvait se reconnaître à son manteau, qui était court et fait de tissu grossier. » Lire aussi, From Christ to Constantine, de Smith p.105. 44 H Niebuhr and Williams, The Ministry in Historical Perspectives, p.147. La robe noire était la « tenue cléricale de rue » au XVIème siècle (Senn, Christian Worship and Its Cultural Setting), p.42. 45 Chadwick, The Reformation, p.422–423. 46 Mayo, A History of Ecclesiastical Dress, p.66. 47 Henry Warner Bowden and P. C. Kemeny, American Church History: A Reader (Nashville: Abingdon Press, 1971), p.89. 48 Mayo, A History of Ecclesiastical Dress, p.77–78. 49 Ibid., p.118. 50 Ibid., p.94. 51 Ibid., 94, p.118. 52 Niebuhr and Williams, The Ministry in Historical Perspectives, p.164. Selon le The London Times (du 14 mars 2002), le col clérical a été inventé par le Rev. Dr. Donald McLeod de Glasgow. Selon une croyance populaire il a été inventé par la Contre Réforme Catholique pour éviter que les prêtres portent de larges fraises à l’image des pasteurs protestants (Chadwick, Reformation, p.423). Cependant, il semble qu’il soit apparu bien après cela. 53 Luc 7:25; 2 Corinthiens 8:9. Il semblerait que les plus beaux vêtements que Jésus ait possédés pendant son séjour sur terre lui aient été donnés par moquerie. (Luc 23:11.) Souvenez-vous que le Fils de Dieu est venu sur cette terre non pas revêtus d’habits royaux, mais emmailloté dans des langes. (Luc 2:7). Notez que Jean Baptiste est l’exemple le plus extrême de quelqu’un qui n’a pas cherché à impressionner Dieu par ses vêtements. (Matthieu 3:4). 54 Matthieu 23:5; Marc 12:38.

Chapitre 7, Le ministère musical: clergé de second-rang 1 Ephésiens 5:19; Colossiens 3:16. Remarquez qu’il est dit : « dites-vous » et « les uns les autres » dans ces passages. 2 Liemohn, The Organ and Choir in Protestant Worship, p.8. 3 Les grecs avaient des chœurs professionnels pour accompagner leur culte païen. (H. W. Parke, The Oracles of Apollo in Asia Minor [London: Croom Helm, 1995], p.102–103). Les spectacles grecs, qu’il s’agisse de comédie ou de tragédie, étaient accompagnés par des orchestres. (Marion Bauer and Ethel Peyser, How Music Grew [New York: G. P. Putnam’s Sons, 1939], p.36, 45; Rogers, Music through the Ages, p.87; Carl Shaulk, Key Words in Church Music [St. Louis: Concordia Publishing House, 1978], p.64; Quasten, Music and Worship in Pagan and Christian Antiquity, p.76; Alfred Sendrey, Music in the Social and Religious Life of Antiquity [Rutherford, NJ: Fairleigh Dickinson University Press, 1974], 327, 412). Les chœurs 291


grecs étaient habituellement composés de 15 ou 25 personnes. (Claude Calame, Choruses of Young Women in Ancient Greece [Lanham: Rowman & Littlefield, 2001], p.21). Certains ont tenté d'établir que les chrétiens avaient emprunté l’idée du chœur aux synagogues juives. Mais ceci est fort improbable étant donné que les chrétiens des IIIème et IVème siècles se sont très peu inspirés des Juifs, voire pas du tout. Au lieu de cela, ils ont tiré un maximum de leur environnement culturel grécoromain. Il est intéressant de noter que la musique grecque tire ses origines d’Orient et d’Asie Mineure. (Rogers, Music through the Ages, p...95). 4 Durant, The Age of Faith, p.1027. 5 Liemohn, The Organ and Choir in Protestant Worship, p.8–9. Jusqu’au IVème siècle, le chant d’assemblée était une caractéristique du culte chrétien. 6 Edward Dickinson, The Study of the History of Music (New York: Charles Schribner’s Sons, 1905), p.16, 24. 7 Bauer and Peyser, How Music Grew, p.71–72. 8 Rogers, Music through the Ages, 108. Le concile de Laodicée (env. 367) a interdit le chant à toute personne en dehors des chantres canoniques Ceci pour assurer une qualité de chant plus homogène et plus maîtrisable par les dirigeants de la louange. (Davies, The New Westminster Dictionary of Liturgy, p.131; Arthur Mees, Choirs and Choral Music [New York: Greenwood Press, 1969], p.25–26). 9 Les hymnes d’Ambroise étaient orthodoxes. Les Ariens se sont abondamment servis des hymnes pour promouvoir leurs enseignements hérétiques à propos de Jésus. (Les Ariens pensaient que Jésus était une créature de Dieu.) 10 Bauer and Peyser, How Music Grew, p.71. « Le système musical grec a été le précurseur de celui de l’église chrétienne primitive, il est descendu en droite ligne de la Grèce, en passant par Rome et le Moyen-âge pour arriver aux temps modernes. » (Dickinson, The Study of the History of Music, p.9). En réalité le plus ancien texte d’hymne chrétien ayant été retrouvé date des environs de l’an 200. Ambroise a simplement rendu l’écriture des hymnes plus usuelle dans l’église. En ce temps-là, la musique chrétienne était empreinte d’idiomes populaires grecs. Barry Leisch, The New Worship: Straight Talk on Music and the Church (Grand Rapids: Baker Book House, 1996). p.35. 11 Rogers, Music through the Ages, p.106. 12 Bauer and Peyser, How Music Grew, p.70; Rogers, Music through the Ages, p.61. « A partir de textes subsistants, nous savons que chaque temple [sumérien] pratiquait des liturgies bien organisées selon la technique du solo et des répons (entre le prêtre et le chœur) et des chants antiphonés (de chœur à chœur). » Lire également: The Study of the History of Music, p.25 de Dickinson. 13 Dickinson, The Study of the History of Music, p.18. 14 Rogers, Music through the Ages, p.109; Wilson-Dickson, The Story of Christian Music, p.43; Appleby, History of Church Music, p.28.

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15 Bauer and Peyser, How Music Grew, p.73–75; Rogers, Music through the Ages, p.109. Tous les chants de cette époque étaient dénués d’accompagnement musical. 16 Dickinson, The Study of the History of Music, p.14. 17 The Catholic Encyclopedia, s.v. « Choir, » http://www.newadvent.org/cathen/03693b.htm; Shaulk, Key Words in Church Music, p.64–65 Harper’s Encyclopedia of Religious Education, s.v. « Choir » (San Francisco: Harper & Row Publishers, 1971). 18 http://www.bach-cantatas.com/Bio/Wiener-Sangerknaben.htm. Pour une discussion sur l’origine païenne des chœurs féminins, lire : Music and Worship in Pagan and Christian Antiquity, p.77–86 de Quasten 19 Parke, The Oracles of Apollo in Asia Minor, p.102–103; Quasten, Music and Worship in Pagan and Christian Antiquity, p.87ff « Les païens avaient fréquemment recours aux chœurs de garçons pour leur adoration, particulièrement pour les événements festifs. » 20 Ibid., p.87. 21 Quasten, Music and Worship in Pagan and Christian Antiquity, p.86, 160ff. 22 Senn, Christian Worship and Its Cultural Setting, p.41. Senn explique également comment les coutumes romaines en matière de fiançailles ont été introduites dans les mariages chrétiens. 23 Lire le chapitre 2. 24 Ibid., p.163. 25 Ibid., p.164–165. 26 MacMullen, Christianizing the Roman Empire, p.11–13. 27 Jones, A Historical Approach to Evangelical Worship, p.257. Les Hussites ont créé le premier recueil d’hymnes protestants en 1505 à Prague. Lire également : Evangelism: A Concise History, de Terry, p.68. 28 Jones, A Historical Approach to Evangelical Worship, p.257. Pendant la période de Luther, environ soixante recueils d’hymnes ont été publiés. Plus spécifiquement, Luther a augmenté la part du chant communautaire dans la liturgie. Il a laissé une messe en latin, qui était chantée par les chœurs dans les villes et les universités, et une messe en allemand, chantée en assemblée dans les villages et les sites ruraux. Ces deux modèles se sont fondus dans les pratiques luthériennes du XVIème au XVIIIème siècle. Les Réformés étaient opposés à la fois à la musique chorale et aux chants communautaires... Ils n’ont approuvé que les chants métriques (versifiés) des Psaumes et d’autres cantiques bibliques. Selon leur point de vue, les chœurs et les hymnes étaient romains. Ainsi, l’usage luthérien de ceux-ci n’a révélé qu’une réforme mi-cuite. (e-mail privé de Frank Senn, 11/18/2000). 29 Jones, A Historical Approach to Evangelical Worship, p. 257. Les hymnes d’Isaac Watts, John Wesley, et Charles Wesley ont été largement utilisés. L’écriture et le chant des hymnes se sont propagés rapidement dans toutes les églises libres sur les deux continents pendant cette période. 293


30 Liehmohn, The Organ and Choir in Protestant Worship, p.15. John F. White remarque que : « à ce jour, la confusion reste considérable quant à l’exacte fonction des chœurs dans le culte protestant, et il n’existe aucune bonne raison de leur présence dans le protestantisme » (White, Protestant Worship and Church Architecture, p.186). 31 Liemohn, The Organ and Choir in Protestant Worship, p.15–16. 32 Ibid., p.19. Au XVIIème siècle, l’orgue jouait des morceaux contrant l’unisson, noyant ainsi le chant des participants. Les églises de Genève ont arraché les orgues de leurs églises parce qu’elles ne voulaient pas que la louange soit volée au peuple. (Wilson-Dickson, The Story of Christian Music, p.62, 76–77). Tout comme pour les clochers et d’autres ornements, les églises évangéliques ont fini par intégrer les orgues des Anglicans pendant les années 1800, pour rivaliser avec la concurrence. Bushman, The Refinement of America, p.336–337. 33 Ferguson, Early Christians Speak, p.157. 34 Les pères de l’église comme Clément d’Alexandrie (du IIIème siècle), Ambroise, Augustin, et Jérôme (des IVème et Vème siècle) étaient tous opposés au fait d’utiliser des instruments pendant la louange. A l’image de Calvin, quelques temps plus tard, ils associaient les instruments de musique aux cérémonies païennes et aux productions théâtrales romaines. Liemohn, The Organ and Choir in Protestant Worship, p2; Quaston, Music and Worship in Pagan and Christian Antiquity, p.64. 35 Ferguson, Early Christians Speak, p.157. 36 Jones, A Historical Approach to Evangelical Worship, p.255–256. Le Psautier de Genève, publié en 1522, fut le recueil d’hymnes type des églises réformées en Europe et aux Etats Unis, pendant plus de 200 ans. 37 Ibid., p.256. 38 Liemohn, The Organ and Choir in Protestant Worship, p.4. 39 Ibid., p.3. 40 Ibid., 3, p.32–33. Les Wesleyens ont interdit les orgues en 1796, leur préférant la contrebasse comme instrument réglementaire de louange Cependant, les orgues ont été installés douze ans plus tard dans les églises wesleyennes. (pp. 91–92). L’orgue luthérien est devenu un trait indispensable de la louange luthérienne. Ironiquement, la tradition musicale de l’orgue luthérien a été fondée par un calviniste hollandais appelé Jan Pieterszoon Sweelinck au début du XVIIème siècle. (Senn, Christian Liturgy, p.534). 41 L’église était la Trinity Church de New York. Pour une discussion sur les premiers orgues utilisés en Amérique, lire : The Organ and Choir in Protestant Worship, de Liemohn, p.110–111. 42 Ibid., p.113; White, Protestant Worship and Church Architecture, p.110. 43 Liemohn, Organ and Choir in Protestant Worship, p.115. 44 Ibid., p.125. La First Presbyterian Church à Flemington, New Jersey, est citée comme ayant organisé le premier chœur d’enfants. 294


45 Ibid. 46 Senn, Christian Liturgy, p.490. 47 Liemohn, The Organ and Choir in Protestant Worship, p.127; Wilson-Dickson, The Story of Christian Music, p.137. 48 Senn, Christian Worship and Its Cultural Setting, p.49. 49 A. Madeley Richardson, Church Music (London: Longmans, Green, & Co., 1910), p.57. 50 Les dénominations comme le Vineyard, Calvary Chapel et Hope Chapel tiennent le haut du panier de ce style d’églises. Cependant, beaucoup d’églises appartenant ou pas à une dénomination ont adopté le même style de louange. 51 La reprise des chorus bibliques a été importée par le Jesus movement des années 1970. David Kopp, Praying the Bible for Your Life, (Colorado Springs: Waterbrook Press, 1999), p.6–7. 52 Cela cadre parfaitement avec le centrage sur soi des baby boomers. 53 Depuis l’avènement de la musique chrétienne contemporaine les « guerres de louanges » ont commencé, constituant ainsi une force de division balkanisant ainsi les églises chrétiennes entre « les amoureux de la musique traditionnelle » et « les amoureux de la nouveauté et du style contemporain. » Maintes églises ont éclaté par le milieu à propos de la forme de musique à utiliser pendant le culte. La guerre entre musique contemporaine et musique traditionnelle est devenue la racine, la souche et le tronc du nouveau tribalisme chrétien sectaire qui ronge l’église moderne comme une plaie. 54 Michael S. Hamilton, « The Triumph of Praise Songs: How Guitars Beat Out the Organ in the Worship Wars, » Christianity Today, 12 juillet 1999 55 Donald E. Miller, Reinventing American Protestantism (Berkeley: University of Berkeley Press, 1997), p.65, 83. 56 Ibid., 19, p.46–52, 84. 57 Je n’ai pas de problème du tout avec les musiciens talentueux qui se produisent devant un public pour l’encourager, l’instruire, l’inspirer et même le distraire. Cependant, on ne devrait pas confondre cela avec le ministère du chant de louange et d’adoration, qui appartient à toute l’église. 58 Je donne des explications pratiques sur la façon dont un groupe peut diriger et écrire ses propres chants dans mon livre, Gathering in Homes (Gainesville: Present Testimony Ministry, 2006). 59 Ephésiens 5:19 et Colossiens 3:16 captent toute la saveur de la nature communautaire des chants chrétiens du premier siècle.

Chapitre 8, La dîme et le salaire du clergé: les points sensibles du portefeuille 1 Dans l’Ancien Testament, le terme hébreu pour « dîme » est maaser, qui signifie un dixième. Dans le Nouveau Testament, le terme grec est dekate, qui signifie 295


également un dixième. Ce terme n’est pas issu de la religion mais des mathématiques et de la finance. 2 Lévitique 27:30-33; Nombres 18:21-31. 3 Deutéronome 14:22-27. Qui est parfois appelée « la dîme du festival. » 4 Deutéronome 14:28-29; 26:12-13. L’historien juif Josèphe ainsi que d’autres érudits pensent qu’il s’agit d’une troisième dîme, utilisée différemment de la seconde. Stuart Murray, Beyond Tithing (Carlisle: Paternoster Press, 2000), p.76, 90; « What Is a Tithe? » Questions about Tithing, Generous Giving, http://www.generousgiving.org/page.asp?sec=43&page=589. 5 20 % annuels et 10 % tous les trois ans équivalent à 23.3 % par an. Dieu a ordonné les trois dîmes. (Néhémie 12:44; Malachie 3:8-12; Hébreux 7:5). 6 Colossiens 2:13-14, 16-17, NASB; lire aussi Hébreux 6–10. 7 Ceci est très clair à partir de 2 Corinthiens 8:3-12; 9:5-13. La parole de Paul concernant le fait de donner est : Donnez selon la prospérité que Dieu vous a donnée, selon vos capacités et vos moyens. 8 Gough, The Early Christians, p.86. 9 « How We Christians Worship, » Christian History 12, no. 1 (1993): p.15. 10 Il en va de même pour Jacob. Selon Genèse 28:20-22, Jacob a fait le vœu de donner la dîme au Seigneur. Mais, à l’instar de celle d’Abraham, la dîme de Jacob était totalement volontaire. Et autant que nous le sachions, il ne s’agissait pas de la pratique d’une vie entière Si Jacob a commencé à donner la dîme régulièrement (et on ne peut pas le prouver), il a attendu 20 ans avant de commencer ! Pour citer Stuart Murray, « la dîme semble être une expérience presque fortuite dans l’histoire (d’Abraham et de Jacob) et aucune importance théologique n’est accordée à cette pratique par l’auteur... » 11 Je réalise que certains chrétiens pensent qu’il est parfaitement légal de refuser de payer les impôts sur le revenu. Cependant, plusieurs d’entre eux sont en prison maintenant pour avoir agi selon cette croyance! 12 Néhémie 12:44; 13:12-13; Deutéronome 14:28-29; 26:12. 13 Aider d’autres croyants: Actes 6:1-7; 11:27-30; 24:17; Romains 15:25-28; 1 Corinthiens 16:1-4; 2 Corinthiens 8:1-15; 9:1-12; 1 Timothée 5:3-16. Soutenir des fondateurs d’églises: Actes 15:3; Romains 15:23-24; 1 Corinthiens 9:1-14; 16:5-11; 2 Corinthiens 1:16; Philippiens 4:14-18; Tite 3:13-14; 3 Jean 1:5-8. Il y a une connexion intime entre le cœur et le portefeuille. Tous les six versets en Matthieu, Marc et Luc, il y en a un qui a trait à l’argent. Parmi les trente-huit paraboles du Nouveau Testament, douze ont trait à l’argent. 14 On trouve un récit historique éloquent et émouvant de la générosité chrétienne des IIIè et IVè siècles dans le livre de Kreider, Worship and Evangelism in PreChristendom, p.20. A lire aussi, le témoignage de Tertullien à propos de la charité chrétienne dans les livres de Johnson, A History of Christianity , p.75 et de Tan, Lost Heritage, p.51–56. 296


15 Tertullien, Apology 39:7; Robert Wilken, The Christians as the Romans Saw Them (New Haven: University Press, 1984), p.79–82. 16 Cyprien, Epîtree 65.1; Murray, Beyond Tithing, p.104. 17 Murray, Beyond Tithing, 104–105; Ferguson, Early Christians Speak, p.86. 18 Murray, Beyond Tithing, p.112. Chrysostome a préconisé la dîme pour les pauvres dans certains de ses écrits (pp 112–117). 19 Ibid., 107. The Apostolic Constitutions (c. 380) avalise la dîme pour financer le clergé en s’appuyant sur le système lévitique de l’Ancien Testament. (pp. 113–116). Augustin argumente en faveur de la dîme, mais il ne la présente pas comme étant la norme. En réalité, Augustin savait que son cautionnement de la dîme ne représentait pas la position historique de l’Eglise. La dîme était pratiquée par certains pieux chrétiens au Vè siècle, mais il ne s’agissait en aucun cas d’une pratique répandue. (pp. 117–121). 20 Hatch, Growth of Church Institutions, p.102–112. 21 Ibid., 102. 22 Murray en retrace l’histoire entière dans Beyond Tithing, ch. 4–6. 23 Ibid., p.103. Les décrétales Pseudo-Isidorian prouvent que les dîmes ont évolué en paiement de loyer pour l’usage des terres de l’Eglise. Le concile de Valence en 855 déclare que ce « décret traite du paiement de la dîme comme loyer dont certains preneurs à bail des terres de l’Eglise semblent avoir été libérés puis presse tous les chrétiens de les payer de façon générale. » (pp. 104–105). Lire aussi, Beyond Tithing, de Murray p.138. 24 Beyond Tithing, p.137. Murray écrit: « Plusieurs aspects du christianisme ont émergé de cette fusion entre des éléments bibliques et séculiers, Les thèmes et les pratiques de l’Ancien Testament mêlés aux institutions et idées romaines et païennes. » 25 Ibid., p.134. Charlemagne a codifié la dîme et l’a rendue obligatoire dans tout son royaume en 779 et 794 (p. 139); Durant, The Age of Faith, p.764. 26 Murray, Beyond Tithing, p.111, 140. 27 La Gaule du VIè siècle était une exception. Le Synode de Tours, en 567 a rendu la dîme obligatoire dans la région. Le Synode de Macon en 585 menaçait d’excommunication ceux qui refusaient de donner la dîme. Pour plus de détails à propos du don chrétien dans l’Eglise patristique, lire Kreider, Worship and Evangelism in Pre-Christendom, p.34–35. 28 Murray, Beyond Tithing, 2, p.140. Théologiens et législateurs ont déterminé les détails du système de la dîme. 29 Il est frappant de noter que l’Eglise d’Angleterre n’a abandonné l’exigence légale de la dîme que récemment, dans les années 1930. (Murray, Beyond Tithing, p.3–6). 30 C. B. Hassell, History of the Church of God, from Creation to AD 1885 (Gilbert Beebe’s Sons Publishers, 1886), p374–392, 472; Smith, From Christ to Constantine, p123. Les montanistes du IIè siècle ont été les premiers à payer leurs dirigeants, mais 297


cette pratique ne s’est pas étendue avant la venue de Constantin (Smith, From Christ to Constantine, p.193). 31 Pour une réponse à ces passages bibliques dont certains se sont servis pour justifier les salaires du clergé (pasteurs), lire : Rethinking the Wineskin, ch. 5. de Viola 32 Sans mentionner les complexités méconnues de la dîme. Réfléchissez à la chose suivante : doit-on donner la dîme sur le brut ou le net ? Quelle est l’implication des impôts ? Murray donne des détails sur les complexités ignorées issues de la velléité d’appliquer le système biblique de la dîme comme pratiquée par l’Ancien Israël à notre culture d’aujourd’hui. Dans un système fait d’années de jubilée, de Sabbats, de glanage, de premières récoltes, la dîme avait du sens, et permettait de répartir les biens de la nation. Aujourd’hui, elle mène souvent à de grosses injustices. (lire Beyond Tithing, ch. 2). 33 Murray démontre vigoureusement que la dîme finit par porter préjudice aux pauvres. (Beyond Tithing, 8–10, 35–38). 34 Matthieu 11:5; Luc 4:18; 7:22; 1 Corinthiens 1:26-29; Jacques 2:5-6. 35 Paul a implanté environ 14 églises. Elles étaient toutes à majorité non-juive Paul ne leur a jamais imposé la loi (lire Galates). Dire que les églises non-juives implantées par Paul donnaient la dîme est un argument issu de l’absence d’information et il représente une aberration vis-à-vis de cet évangile exempt de loi. Dans la pensée de Paul, si quelqu’un donne la dîme, cela le met dans l’obligation d’accomplir toute la loi, y compris la circoncision. (Galates 5:3). 36 Lire Actes 20:17-38. Notez qu’il s’agit des dernières paroles de Paul aux anciens d’Ephèse, il pensait ne jamais les revoir, elles revêtent donc d’autant plus d’importance. (1 Thessaloniciens 2:9; 1 Pierre 5:1-2). 37 Viola, Rethinking the Wineskin, ch 5. Consultez l’avis des experts dans: The New International Commentary on the New Testament (Grand Rapids: Eerdmans, 1986) de F. F Bruce, p.418; Simon J. Kistemacher, New Testament Commentary: Acts (Grand Rapids: Baker Book House, 1990), p.737, 740; Rolland Allen, Missionary Methods: St. Paul’s or Ours? (Grand Rapids: Eerdmans, 1962), P.50; Watchman Nee, The Normal Christian Church Life (Anaheim, CA: Living Stream Ministry, 1980), p.62–63, 139–143; R. C. H. Lenski, Commentary on Saint Paul’s Epistles to Timothy (Minneapolis: Augsburg Publishing House, 1937), p.303–304, 683. 38 Cela est mis en évidence par l’ensemble des références aux anciens dans le Nouveau Testament. De plus, 1 Timothée 3:7 dit qu’un dirigeant doit avoir bonne réputation dans la communauté. Il est donc naturellement implicite qu’il a un emploi régulier dans le monde du travail. 39 Selon Elton Trueblood: « Nous avons l’occasion de faire un grand pas en avant en ouvrant la porte du ministère au chrétien ordinaire d’une manière similaire à celle dont nos ancêtres lui avaient ouvert la lecture de la Bible. Dans un sens, agir ainsi revient à inaugurer une nouvelle Réforme et dans l’autre, cela revient à parachever la 298


Réforme antérieure dont les implications sur cette position n’avaient été ni vraiment comprises ni loyalement suivies. » (Your Other Vocation [New York: Harper & Brothers, 1952]). 40 Les paroles de Jésus nous viennent à l’esprit : « Malheur à vous, docteurs de la loi! parce que vous avez enlevé la clef de la science;. » (Luc 11:52). 41 Les grecs méprisaient le travail manuel. Ils parlaient publiquement moyennant finance. Les rabbins juifs acquéraient un savoir-faire et ne pouvait accepter de compensation financière pour leurs services religieux. Ainsi, le prédicateur moderne a adopté la coutume grecque plutôt que la juive, que même Paul de Tarse suivait en tant que chrétien. 42 J’ai détaillé un certain nombre de ces effets au chapitre 5, sous : « comment le pasteur se détruit » 43 Ibid. Beaucoup de jeunes pasteurs ignorent complètement ce à quoi ils adhèrent lorsqu’ils entrent dans le ministère. J’ai un ami qui a démissionné récemment de sa fonction de pasteur méthodiste. Il a à peine la trentaine. « Je ne me doutais pas où je mettais les pieds jusqu’à y être vraiment. Mon épouse a été profondément blessée. C’était loin de tout ce que j’avais jamais pu imaginer. » Ce n’était pas la première fois que j’avais entendu ces paroles. Selon Eugène Peterson, la plupart de ceux qui restent dans le ministère pastoral moderne, l’ont quitté en esprit. Il écrit sans mâcher ses mots : « Les pasteurs américains abandonnent leur poste, de tous les côtés, à un rythme alarmant. Ils quittent leur église et exercent d’autres métiers. » Working the Angles: The Shape of Pastoral Integrity (Grand Rapids: Eerdmans, 1987), p.1. 44 James Gilchrist, Anglican Church Plate (A Connoisseur Monograph, 1967), p.98– 101. Les premières corbeilles d’offrandes étaient appelées « plateaux d’aumônes. » Le plateau d’aumône en argent n’est apparu dans l’équipement d’église qu’après la Réforme. (Michael Clayton, The Collector’s Dictionary of the Silver and Gold of Great Britain and North America [New York: The Word Publishing Company, 1971], p.11). Selon Charles Cox et Alfred Harvey, l’usage de troncs à aumônes, à collectes et les plateaux d’aumônes relève presque entièrement de la pratique aprèsréforme... Au Moyen-âge, les églises possédaient un tronc à aumônes muni d’une fente dans le couvercle. Au XIVème sont apparus les plateaux d’aumônes. Au XVIIème siècle, les corbeilles d’offrandes ont commencé à circuler dans l’assemblée, passées par les diacres ou les sacristains. J. G. Davies, ed. A New Dictionary of Liturgy & Worship (SCM Press, 1986), p.5–6; Charles Oman, English Church Plate p.597-1830 (London: Oxford University Press, 1957); J. Charles Cox and Alfred Harvey, English Church Furniture (EP Publishing Limited, 1973), p.240– 245; David C. Norrington, « Fund-Raising: The Methods Used in the Early Church Compared with Those Used in English Churches Today, » EQ 70:2 (1998): p.130. Tout l’article de Norrington vaut la peine d’être lu. Il démontre que les méthodes de ‘sollicitation’ actuelles dans l’église n’ont aucune analogie dans le Nouveau Testament. (p.115–134). 299


45 The Catholic Encyclopedia, s.v. « Porter, Doorkeeper. » http://www.newadvent.org/cathen/12284b.htm. (www.newadvent.org/cathen/12284b.htm). 46 Un email privé du Professeur Professor John McGuckin, le 23 septembre,2002. Le terme de sacristain (huissier -usher, en anglais) est dérivé de l’Anglo-saxon et se réfère à la personne qui conduit une personne au tribunal ou à l’église. (email privé du Professeur Eugene A. Teselle, le 22 septembre,2002). 47 Cox and Harvey, English Church Furniture, p.245. 48 En Matthieu 23:23, Jésus défiait l’incohérence des Pharisiens et des docteurs de la loi. Il ne prescrivait pas une ligne de conduite à ses disciples. 49 Murray traite chacun de ces exemples en détail, démontrant que leur office n’est pas d’attester la dîme parmi les chrétiens. Il démontre également que selon Jésus, la dîme est une pratique liée au légalisme et à la propre justice plutôt qu’un modèle à imiter. (Lire Beyond Tithing, ch. 3).

Chapitre 9, Le baptême et la Sainte Cène: dilution des sacrements 1 Même si nous ne pouvons pas ici donner une analyse détaillée de ce que professent les Ecritures à propos du baptême, considérez que d’un point de vue théologique, le baptême des enfants désunit deux choses que les Ecritures assemblent systématiquement : (1) la foi et la repentance, et (2) le baptême d’eau... 2 « Baptême » du Grec baptizo, signifie littéralement immersion. Jean 3:23 n’aurait pas beaucoup de sens si l’aspersion était pratiquée. L’immersion était une pratique commune dans l’église chrétienne jusqu’au Moyen-âge en Occident. (Ferguson, Early Christians Speak, p.43–51). 3 Actes 2:37-41; 8:12ff., 27-38; 9:18; 10:44-48; 16:14-15, 31-33; 18:8; 19:1-5; 22:16. 4 Green, Evangelism in the Early Church, p.153. 5 David F. Wright, The Lion Handbook of the History of Christianity, « Beginnings, » lire la section « Instruction for Baptism. » 6 Augustin qualifiait le baptême de « parole visible » (Tractates on the Gospel According to Saint John, LXXX, 3). 7 Marc 16:16, Actes 2:38, Actes 22:16, et 1 Pierre 3:21 sont des exemples parmi d’autres... 8 L’importance des eaux du baptême dans la foi chrétienne est exprimée dans l’art primitif chrétien (Andre Grabar, Christian Iconography, Princeton: Princeton University Press, 1968). 9 Ferguson, Early Christians Speak, p.33. 10 Wright, The Lion Handbook of the History of Christianity, « Beginnings, » section « Instruction for Baptism. » Wright souligne qu’au IVè siècle, le clergé s’est chargé d’instruire les nouveaux convertis et l’évêque est devenu personnellement responsable de l’enseignement et de la discipline précédant le baptême. Pratique 300


annonciatrice des cours de préparation au baptême supervisés par le pasteur ayant cours dans la plupart des églises protestantes contemporaines. A partir du deuxième siècle, les baptêmes furent célébrés à la période de Pâques. L’origine du Carême en découle (Smith, From Christ to Constantine, p.151). 11 Ferguson, Early Christians Speak, p.35. 12 Ibid., 35–36; W. R. Halliday, The Pagan Background of Early Christianity (New York: Cooper Square Publishers, 1970), 313. Le don de lait et de miel était dérivé du paganisme Le nouveau converti (« catéchumène » comme on les a appelés, terme qui a donné « catéchisme ») était généralement baptisé le dimanche de Pâques ou de la Pentecôte. Le jeudi précédent, le candidat devait être baigné. Il passait le vendredi et le samedi à jeûner, puis était exorcisé par l’évêque pour faire sortir tous les démons. A la fin du IIème siècle, cette cérémonie baptismale était assez uniformisée en Occident). Gregory Dix souligne que l’introduction d’une profession de foi (credo) dans le christianisme commence durant la première moitié du 1er siècle avec le credo du baptême. Celui-ci était composé d’une série de trois questions se rapportant respectivement aux trois personnes de la Trinité. En l’an 325, le Concile de Nicée a mené le credo un pas plus loin. Celui-ci est devenu plus un test d’aptitude à la communauté pour ceux qui étaient à l’extérieur qu’un test de foi. (Dix, The Shape of the Liturgy, 485; Norrington, To Preach or Not, p.59). 13 Ferguson, Early Christians Speak, p.60. 14 Green, Evangelism in the Early Church, p.156. 15 C. L. Thompson, Times of Refreshing, Being a History of American Revivals With Their Philosophy and Methods (Rockford: Golden Censer Co. Publishers, 1878); Paul H. Chitwood, « The Sinner’s Prayer: An Historical and Theological Analysis » (Dissertation, Southern Baptist Theological Seminary, Louisville, KY, 2001). 16 Voici la « prière du pécheur » classique, telle qu’elle apparaît dans le tract Four Spiritual Laws (les quatre lois spirituelles): « Seigneur Jésus, j’ai besoin de toi. Merci d’être mort sur la croix pour mes péchés. J’ouvre la porte de ma vie et je te reçois comme mon Sauveur et mon Seigneur. Merci de pardonner mes péchés et de me donner la vie éternelle. Prend possession du trône de ma vie. Rend-moi tel que tu veux que je sois. » Au 1er siècle, le baptême d’eau était le signe visible qui mettait en évidence publiquement le cœur de cette prière. 17 Lire le chapitre 3 pour une liste des contributions de Finney, Moody, Graham, etc. 18 L’expression est absente de la base de données « Making of America » de 18001857. Elle commence à apparaître, en 1858 dans le « Ladies Repository, » un périodique mis au point par l’église Méthodiste Episcopalienne vers le milieu des années 1800 Il est intéressant de noter que 1858 est l’année où Charles Finney a mis un terme à ses réveils de prière qui aujourd’hui sont si célèbres. 19 Aller voir le lien: http://www.answers.com/topic/charles-e-fuller.

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Jean 17:23; 20:21; Romains 8:15; Galates 4:6; Ephésiens 1:4-6. Pour un traitement plus complet de ce sujet, lire The Church is Christ de Bill Freeman (Scottsdale: Ministry Publications, 1993), ch. 3. 21 L’un des personnages les plus célèbres ayant été tué pour ses opinions sur la Sainte Cène fut Thomas Cranmer. Cranmer avait été nommé archevêque de Canterbury par Henry VIII, mais son influence a été plus ressentie lors du bref règne du fils d’Henry, Edouard VI. Plus tard, durant le règne de la reine Marie, Cranmer fut accusé de sédition pour avoir défendu la théologie sacramentelle protestante. Il a été brûlé sur le bûcher en mars 1556. (Douglas, Who’s Who in Church History, p.179– 180) 22 Lire : Rethinking the Wineskin, ch. 2, de Viola; The Table of the Lord (Atlanta: NTRF, 1996) de Eric Svendsen; F. F., First and Second Corinthians, NCB (London: Oliphant, 1971) de Bruce, p.110; The Worldliness of Worship de White, p.85; The Lord’s Supper (Philadelphia: Westminister Press, 1967) de William Barclay, p.100– 107; I. Last Supper and Lord’s Supper (Eerdmans, 1980) de Howard Marshall;, In Place of Sacraments (Eerdmans, 1972) de Vernard Eller, p. 9–15. 23 Barclay, The Lord’s Supper, p 102–103. La Sainte Cène a été une fonction « laïque » pendant un temps, mais elle a fini par devenir un service réservé la classe sacerdotale. 24 Il était appelé Agape. Jude 1:12. 25 Dix, The Shape of the Liturgy, p.23; Ferguson, Early Christians Speak, p.82–84, 96–97, 127–130. Au 1er siècle et au début du IIè, la Cène semble avoir été prise comme repas du soir. Des sources du IIè siècle la décrivent comme prise le dimanche uniquement. Dans le Didachè, l’Eucharistie est toujours décrite comme étant prise avec les agapes (repas-festin de l’amour). Lire aussi : The Secular Use of Church Buildings de Davies, p.22. 26 Svendsen, The Table of the Lord, p.57–63. 27 Au sujet des influences païennes sur l’évolution de la messe chrétienne, lire l’essai d’Edmon Bishop: « The Genius of the Roman Rite »; Duchesne, Christian Worship, p.86–227; Jungmann, The Early Liturgy, p.123, 130–44, 291–92; Smith, From Christ to Constantine, p.173; Durant, Caesar and Christ, p.599–600, 618–19, 671–72. 28 Il était interdit par le concile de Carthage en l’an AD 397. Barclay, The Lord’s Supper, p.60; Charles Hodge, First Corinthians, p.219; R. C. H. Lenski, The Interpretation of 1 and 2 Corinthians (Minneapolis: Augsburg Publishing House 1963), p.488. 29 Gough, The Early Christians, p.100. 30 Ibid, 93. Eucharistie signifie « actions de grâce. » 31 Tad W. Guzie, Jesus and the Eucharist (New York: Paulist Press, 1974), p120. 32 Ibid

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Des écrivains primitifs tels que Clément d’Alexandrie, Tertullien et Hippolyte (au début du IIème siècle) ont commencé à adopter un langage indiquant la présence de Christ généralement dans le pain et le vin. Toutefois, à cette époque, il n’y pas eu de tentative d’argumenter en faveur d’une réalité physique qui « transformait » le pain et le vin en chair et en sang. Plus tard, certains écrivains occidentaux, (Cyril de Jérusalem, Sérapion, évêque de Thmuis, et Athanase) ont introduit une prière au Saint-Esprit pour changer le pain et le vin en corps et en sang. Mais c’est Ambroise de Milan (fin du IVème s.) qui a commencé à situer la puissance de consécration dans la récitation des paroles d’institution. Les paroles « Ceci est mon corps » (en Latin hoc est corpus meum) étaient censées contenir le pouvoir de transformer le pain et le vin. (Jungmann, The Mass of the Roman Rite, 52, 203–204; Dix, The Shape of the Liturgy, p.239, 240–45). Accessoirement, le latin est apparu en Afrique du Nord à la fin des années 100 et s’est lentement propagé vers Rome jusqu’à y devenir le langage commun vers la fin des années 300. Bard Thompson, Liturgies of the Western Church (Cleveland: Meridian Books, 1961), p.27 34 Ce glissement se reflète aussi dans l’art chrétien. On ne trouve aucune représentation de Christ au visage lugubre avant le IVè siècle. (e-mail privé de Graydon Snyder, 12 October, 2001; lire aussi son livre Ante Pacem). 35 Guzie, Jesus and the Eucharist, p.121. 36 Ceci a eu lieu au IXème siècle. Avant cela, c’était l’acte de prendre l’Eucharistie qui était considéré comme sacré. Mais en l’an 830, un homme nommé Radbert a écrit le premier traité abordant l’Eucharistie en s’axant entièrement sur le pain et le vin. Tous les auteurs chrétiens avant Radbert décrivaient des scènes de chrétiens prenant le pain et le vin. Ils décrivaient l’acte de prendre ces éléments. Radbert fut le premier à se concentrer sur les éléments seuls, le pain et le vin qui se trouvaient sur l’autel. (Guzie, Jesus and the Eucharist, p.60–61, 121–123). 37 Dunn, New Testament Theology in Dialogue, p.125–135. 38 Ceci a commencé autour du IVème siècle. 39 Hanson, Christian Priesthood Examined, p.80. 40 Guzie, Jesus and the Eucharist, p.125–127. 41 Pour beaucoup d’esclaves et de pauvres gens, le repas du Seigneur était leur seul vrai repas. Il est intéressant de noter que le concept du jeûne de la Sainte Cène n’est pas apparu avant le Synode d’Hippo en l’an 393. (Barclay, The Lord’s Supper, p.100). 42 Gough, The Early Christians, p.111–112. Le plein essor de la doctrine de la transsubstantiation est attribué à Thomas d’Aquin. A cet égard, Martin Luther pensait que « l’opinion de Thomas » aurait dû rester une opinion et non devenir un dogme de l’église. (Senn, Christian Liturgy, p.307). 43 Hatch, Growth of Church Institutions, 216. La transsubstantiation fut définie comme doctrine par le concile de Latran en l’an 1215, après 350 ans de controverse en Occident. (Dix, The Shape of the Liturgy, p.630; Hanson, Christian Priesthood 303


Examined, p.79; Philip Schaff, History of the Christian Church: Volume 7 (Michigan: Eerdmans, 1910), p.614. 44 Jones, A Historical Approach to Evangelical Worship, p.143. 45 White, Protestant Worship, 1989), p.66. La première épître aux Corinthiens 11:27-33 n’est pas une exhortation à s’examiner soi-même par rapport au péché personnel, mais plutôt à se remettre en question pour prendre la Cène « dignement ». Les Corinthiens déshonoraient la Cène, parce qu’ils n’attendaient pas leur frères pauvres pour manger et ils s’enivraient. 46 Matthieu 26:25-27; Marc 14:21-23; Luc 22:18-20. 47 Actes 2:38-40; 1 Corinthiens 10:1-2. 48 Romains 6:3-5; Colossiens 2:11-12. 49 1 Pierre 3:20-21. 50 Actes 22:16; Ephésiens 5:26. 51 Eduard Schweizer, The Church As the Body of Christ (John Knox Press, 1964), p.26, 36–37. 52 Barclay, The Lord’s Supper, p.99–102. 53 Le Nouveau Testament nous exhorte plusieurs fois à nous tenir fermement à la tradition apostolique donnée à l’église par Jésus-Christ et ses apôtres (1 Corinthiens 11:2, 16; 2 Thessaloniciens 2:15; 3:6). Lire : Rethinking the Wineskin de Viola, ch. 10 pour une analyse en profondeur de la tradition apostolique.

Chaptitre 10, L’enseignement chrétien: bourrage de crâne 1

John Owen, Hebrews (Wheaton, Crossway Books, 1998), 3:568. Stevens, Liberating the Laity, p.46. Notez qu’on ne peut pas dire cela de l’Eglise moderne institutionnelle. Cela s’applique plutôt au style des églises du 1er siècle. 3 Entre autres: So You Want to Start a House Church? de Viola; The Master Plan of Evangelism de Robert E. Coleman, (Grand Rapids: Fleming H. Revell, 1993); The Training of the Twelve de A. B. Bruce (Keats, 1979); et Overlooked Christianity de Gene Edwards (Sargent: Seedsowers, 1997). Les livres suivants, de Watchman Nee sont également notables. Ils contiennent des messages dispensés à ses jeunes collaborateurs pendant ses formations de disciples : The Character of God’s Workman, The Ministry of God’s Word, et The Release of the Spirit. 2 Timothée 2:2 se réfère à ce concept de formation des travailleurs chrétiens dont on trouve des exemples dans les évangiles et dans les Actes. 4 Pour une étude pertinente de l’aspect éducationnel selon le système séculier, lire : Love Not the World de Watchman Nee (Wheaton: Tyndale House Publishers, 1978). 5 Robinson, The New Reformation, p.60–65. Robinson soutient que la théologie des Pères de l’église était écrite par des évêques, la théologie médiévale par des professeurs d’université, la théologie réformée par des pasteurs, et que la théologie de la nouvelle réforme sera écrite par l’intégralité du peuple de Dieu. Une « théologie pour tout le peuple de Dieu » se concentrerait sur les problèmes et les expériences de 2

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tous les chrétiens, et non pas juste sur les problèmes et les expériences d’un groupe déterminé accomplissant un travail déterminé (le clergé). Des érudits contemporains R. Paul Stevens (The Abolition of the Laity; The Other Six Days) et Robert Banks (Reenvisioning Theological Education) ont écrit beaucoup sur ce style de théologie. L’article de Harold H. Rowdon, « Theological Education in Historical Perspective, » Vox Evangelica, vol. 7, 1971, p.75–87, donne également une vision générale de l’enseignement théologique à travers l’histoire. 6 Augustin était l’un d’eux. Un groupe d’ecclésiastiques se rassemblait autour de lui au Vème siècle pour être formé. (Rowdon, « Theological Education in Historical Perspective, » p.75). 7 Les écoles épiscopales n’ont pas revêtu le caractère académique d’assumer la formation du clergé avant le VIème siècle. Avant cela, les futurs prêtres apprenaient à pratiquer les rituels et diriger les liturgies sous l’égide de leurs évêques. Edward J. Power, A Legacy of Learning: A History of Western Education (State University of New York Press, 1991), p.98, 108. 8 Avant le XIIème siècle, l’enseignement était uniquement prodigué dans les écoles monastiques ou cathédrales. 9 Marrou, A History of Education in Antiquity, p.329. 10 Dans son livre: Ascension and Ecclesia (Eerdmans, 1999), Douglas Farrow expose comment la pensée grecque s’est emparée de la théologie à travers Origène, puis Augustin et comment elle a inévitablement affecté plusieurs aspects de la vie d’église. 11 Eusebius, The History of the Church, IV, p.11, 8. 12 Boggs, The Christian, p.151; Hatch, The Influence of Greek Ideas and Usages, p.126–127. 13 Certains disent qu’elle a été fondée par Pantène, le professeur de Clément d’Alexandrie. D’autres évoquent Démétrius. B. H. Streeter, The Primitive Church (New York: The Macmillan Company, 1929), p.57; Bowen, A History of Western Education, 1:240; Rowdon, « Theological Education in Historical Perspective, » p.76. 14 Bowen, A History of Western Education1:240; Collins and Price, The Story of Christianity, p.25. 15 Durant, Caesar and Christ, p.610. Le Néoplatonisme s’est développé entre 245 et 529, et il a influencé directement la pensée chrétienne à travers Origène. Clément d’Alexandrie, Augustin et Pseudo-Dionysos. Cette idée prévaut toujours fortement dans la pensée catholique. Lire : Neoplatonism and Christianity: 928 Ordinary General Meeting of the Victoria Institute, vol. 87 (Surrey: The Victoria Institute),de Philip S. Watson, 1955. 16 Pastor’s Notes, p.5, no. 2:7. 17 Durant, Caesar and Christ, p.611. 18 Hatch, The Influence of Greek Ideas and Usages, p.125. 305


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Marrou, A History of Education in Antiquity, p.329. Schaff, History of the Christian Church, 4:400. 21 L’œuvre de Grégoire, The Book of Pastoral Rule, a été écrit en l’an 591. Il traite des devoirs de la fonction d’évêque. 22 J. D. Douglas, New Twentieth Century Encyclopedia of Religious Knowledge, 2nd ed. (Grand Rapids: Baker Book House, 1991), p.289. Notre Dame fut l’une premières des écoles cathédrales. L’université de Paris est née d’une école cathédrale. Bowen, A History of Western Education 2:111. Après 1100, les écoles cathédrales se sont multipliées puis se sont fractionnées en « écoles de grammaire » pour garçons et une haute école pour un enseignement avancé. 23 Le terme « université » vient du latin médiéval universitas qui était le terme médiéval désignant les guildes. Bowen, A History of Western Education 2:109). 24 William Boyd, The History of Western Education, 8th ed. (New York: Barnes & Noble, 1967), p.128. Pour plus d’éclaircissements sur les origines du système universitaire, lire : The Medieval University d’Helen Wieruszowski, (Princeton: Van Nostrand, 1966). 25 Bowen, A History of Western Education 1:110. 26 Le terme « séminaire » vient du latin seminarium signifiant lit de semence (Reid, Concise Dictionary of Christianity in America, 1071). 27 Collins and Price, The Story of Christianity, p.112. 28 Rowden, « Theological Education in Historical Perspective, » p.79. Le concile de Latran de 1215 exhortait tout évêque métropolitain à s’assurer que la théologie était enseignée dans toutes les écoles cathédrales. 29 Ibid. 30 Power, A Legacy of Learning, p.149. L’histoire des diplômes universitaires est assez intéressante. Les gens qui dépassaient les standards académiques étaient appelés maîtres. Les hommes de loi furent tout d’abord appelés docteurs. Docteur signifie « celui qui enseigne. » Cela vient de doctrina qui signifie apprendre. Un docteur, donc, est un maître qui enseigne. Les étudiants passionnés qui voulaient de la reconnaissance étaient appelés bacheliers (p. 153). Le chancelier de la cathédrale avait le contrôle suprême de l’université. Les maîtres donnaient des conférences aux bacheliers qui au départ vivaient dans des chambres de location privées, puis dans des résidences universitaires que leur prêtaient les maîtres (Rowden, « Theological Education in Historical Perspective, » p.79). Le mot faculté qui signifie force, puissance et capacité, est apparu autour de l’an 1270. Il représentait les différentes subdivisions par sujet dans les guildes médiévales. Le mot « faculté » a fini par remplacer « guilde » et par désigner le groupe universitaire de chaque sujet. Bowen, A History of Western Education 2:111; Charles Homer Haskins, The Rise of Universities (New York: H. Holt, 1923), p.17. 31 Stevens, The Other Six Days, p.12–13; et The Abolition of the Laity, p.10–22. 32 D. W. Robertson, Abelard and Heloise (New York: The Dial Press, 1972), xiv 20

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Bowen, A History of Western Education 2:109. Au grand désespoir de plusieurs de ses contemporains, Abélard a intitulé l’un de ses livres : la théologie chrétienne. (Robertson, Abelard and Heloise, xii–xiii). 35 A ne pas confondre avec l’approche de l’Apôtre Paul qui a pu recourir à la logique grecque et à la rhétorique pour raisonner et communiquer avec les Grecs mais ne s’est pas servi de la dialectique (la logique grecque) pour comprendre ou interpréter les Ecritures. 36 Marsden, The Soul of the American University, p.34. 37 Ibid., 35. 38 Ibid., 36. Pour avoir un aperçu des idées de Luther sur l’enseignement, lire : The History of Western Education, 188ff de Boyd. Ironiquement, le collaborateur de Luther, Melanchthon, a combiné l’humanisme (ayant des racines païennes) avec le protestantisme dans l’enseignement en Europe du Nord. 39 Rowden, « Theological Education in Historical Perspective, » p.79. 40 Barth, Theologische Fragen and Antworten, 175, p.183–184, cité dans A Karl Barth Reader, de Erler et Marquard p.8–9. 41 Durant, The Age of Faith, p.964. 42 Jean 4:23-24; 1 Corinthiens 2:9-16. 43 Gems from Tozer (Camp Hill: Christian Publications, 1969), p.36–37. 44 Ce sujet dépasse largement le cadre de ce livre. Pour plus d’éclaircissement sur le sujet à partir de la Bible, lire, What is Man? de T. Austin-Sparks (Pensacola: Testimony Publications); The Spiritual Man de Watchman Nee, (New York: Christian Fellowship Publishers, 1977); God’s Plan of Redemption de Mary McDonough (Anaheim: Living Stream Ministry, 1999); et, Life on the Highest Plane de Ruth Paxson (Grand Rapids: Kregel, 1996). 45 Pensées, #424. A lire, une étude exceptionnelle sur la façon de rencontrer Dieu audelà des limites de la raison et de l’intelligence humaines: Satisfy Your Soul: Restoring the Heart of Christian Spirituality du Dr. Bruce Demarest’s (Colorado Springs: NavPress, 1999). 46 « Thomas Aquinas Concludes Work on Summa Theologiae, » Christian History 9, no. 4 (1990): 23. Plus tard dans sa vie, Thomas d’Aquin a eu une expérience spirituelle avec le Seigneur. Celle-ci a dépassé son intelligence et sa raison. Cette expérience a été si profonde qu’il a déclaré: « Tout ce que j’ai écrit jusqu’ici ne me paraît que paille jetée au vent ... comparé à ce qui m’a été révélé. »Après cette expérience de Christ, Thomas a abandonné ses volumineux écrits. Sa gigantesque Summa Theologica n’a jamais été achevée. Il a posé sa plume le 6 décembre 1273, en disant, « Et maintenant, j’attends la fin de ma vie » (Summa Theologica, Great Books of the Western World vol. 19, Thomas d’Aquin I, vi; Collins and Price, The Story of Christianity, p.113). 47 Summa Theologica, vii. 34

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Henry C. Theissen, Lectures in Systematic Theology (Eerdmans, 1979), v. Tous les standards de la théologie systématique protestante suivent ce même modèle. Tout cela dérive de Thomas d’Aquin. 49 Le système théologique d’Aquin continue de se renforcer. Par exemple, la plupart des séminaires protestants en Amérique et en Europe suivent ce qui est connu comme le modèle d’enseignement théologique de Berlin. Ce modèle a commencé à Berlin en 1800. C’était une conséquence du rationalisme éclairé qui avait appuyé l’idée de la théologie comme un exercice cérébral. La plupart des séminaires modernes utilisent ce modèle de nos jours. (Vantage Point: The Newsletter of Denver Seminary, June 1998, 4). Selon le Dr. Bruce Demarest, « Suite aux lumières du XVIIIème siècle, les évangéliques vantent souvent la raison comme étant la clé ouvrant la connaissance de Dieu. La théologie devient par conséquent une entreprise intellectuelle, une activité de l’esprit et pour l’esprit. Morton Kelsey observe que ‘dans le protestantisme, Dieu est devenu une idée théologique connue par déduction plutôt qu’une réalité connue par expérience.’ A travers une approche analytique de la foi, Dieu devient facilement une abstraction dont toute expérience vivante est bannie. A. W. Tozer note que si beaucoup de scientifiques perdent Dieu dans son monde, autant de théologiens le perdent dans sa parole. » (Satisfy Your Soul, p.95–96). 50 Francis Turretin (Réformé) et Martin Chemnitz (Luthérien) étaient deux éminents scolastiques protestants. 51 L’expression logique péremptoire dénote le fait d’insister pour forcer la logique d’un argument à cadrer avec une idée particulière. Si vous doutez que d’Aquin ait agi ainsi, lisez simplement sa Summa Theologica. Il s’appuyait beaucoup sur la logique et la philosophie aristotéliciennes pour étayer ses vues théologiques. D’Aquin a aussi écrit des commentaires sur l’œuvre d’Aristote. Selon Durant, d’Aquin connaissait l’œuvre d’Aristote de fond en comble, plus qu’aucun autre penseur médiéval, excepté Averroès. Pour une étude complète sur la façon dont d’Aquin a adopté le système philosophique d’Aristote, lire le :Who’s Who in Christian History, de Douglas p.30–34 et : The Age of Faith, de Durant p.961–978. 52 Durant, Story of Philosophy (New York: Washington Square Press, 1952), p.104; Durant, The Age of Faith, p.962. La chaire française de philosophie de Paris a réprimandé Thomas pour avoir terni la théologie chrétienne avec la philosophie d’un païen (p. 962). 53 D’Aquin cite pseudo-Dionysos, un néoplatoniste, plus de 100 fois dans sa Summa Theologica. D’Aquin pensait sans aucun doute que le Dionysos qu’il citait était l’homme que Paul avait converti à Christ à Athènes (Actes 17:34). Ce n’était pas lui, cependant. Pseudo-Dyonisos était un néoplatoniste ayant vécu bien après Dyonisos l’aéropagite... 54 Une cinquième branche de la théologie, appelée « théologie laïque » ou bien « la théologie de tout le peuple de Dieu » a été plébiscitée par certains érudits modernes. Lire la note de bas de page #5. 308


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L’exception est peut-être la forme « monastique ». Certaines écoles monastiques ont étudié les écrits de chrétiens mystiques en même temps que ceux de Platon et Aristote. 56 Marrou, A History of Education in Antiquity, p.343; Marsden, The Soul of the American University, p.38. 57 Réfléchissez à la citation suivante: « Christ n’a pas désigné des professeurs mais des disciples. Si le christianisme... n’est pas reproduit dans la vie de la personne qui l’expose, alors c’est qu’elle n’expose pas le christianisme, car le christianisme est un message sur la vie et ne peut être exposé qu’en s’accomplissant dans la vie des hommes » ( Søren Kierkegaard). 58 Marsden, The Soul of the American University, p.38. 59 Niebuhr and Williams, The Ministry in Historical Perspectives, p.133. 60 Ibid., p.144. 61 Ibid., p.142. 62 Marsden, The Soul of the American University, p.37. 63 Ibid., p.37. 64 Reid, Concise Dictionary of Christianity in America, 309; Durant, The Reformation,p. 932. Trente a établi qu’il y aurait un séminaire par diocèse. A. G. Dickens, Reformation and Society in Sixteenth-Century Europe (London: Hartcourt, Brace, & World, Inc., 1966), p.189; Collins and Price, The Story of Christianity, p.149. 65 Rowden, « Theological Education in Historical Perspective, » p.81. 66 Reid, Concise Dictionary of Christianity in America, p.113. Jean Calvin a fondé l’Académie de Genève en 1559, mais celle-ci n’était pas techniquement un séminaire. Si l’académie servait à former les théologiens, elle n’était pas conçue à l’origine comme une école de théologie. Elle donnait également une éducation complète aux non membres du clergé. Il est intéressant de noter que Théodore de Bèze (le bras droit de Calvin) a remonté la trace du pédigrée de l’Académie de Genève jusqu’aux Grecs, qui à leur tour avaient reçu leur « véritable philosophie » des Egyptiens. On a établi que c’était formidable puisque Moïse avait été instruit dans toute la sagesse des Egyptiens. (Robert W. Henderson, The Teaching Office in the Reformed Tradition, Philadelphia: Westminster Press, 1962, p.51–61). 67 John Morgan, Godly Learning (New York: Cambridge University Press, 1986), p.107. L’enseignement du séminaire américain était aussi dominé par la philosophie du « bon sens » écossais de Thomas Reid Plus tard, les séminaires libéraux en sont venus à préférer G. W. F. Hegel alors que les séminaires conservateurs sont restés fidèles à Reid. 68 Reid, Concise Dictionary of Christianity in America, p.113. 69 Ibid., p.113. 70 Warkentin, Ordination: A Biblical-Historical View, p75.

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L’unitarisme nie la Trinité, la divinité de Jésus et d’autres croyances chrétiennes orthodoxes. 72 Le premier séminaire catholique à s’implanter sur le sol américain fut fondé à Baltimore en 1791. Reid, Concise Dictionary of Christianity in America, p.1071. 73 ‘The Moody Bible Institute’ a été constitué officiellement en 1889 (Virginia Brereton, « The Popular Educator, » Christian History 9, no. 1 [1990]: 28). 74 Reid, Concise Dictionary of Christianity in America, p.42–43; Harper’s Encyclopedia of Religious Education (San Francisco: Harper & Row Publishers, 1971), p.61. 75 Harper’s Encyclopedia of Religious Education, p.61. 76 « Bible College Movement, » The Evangelical Dictionary of Christian Education (Grand Rapids: Baker Book House, 2001). 77 Harper’s Encyclopedia of Religious Education, 625. La plupart des livres historiques attribuent à Raikes la paternité des écoles du dimanche. Mais d’autres sont cités en parallèle comme ses fondateurs également: Hannah More et Sarah Trimmer parmi d’autres (Thomas W. Laqueur, Religion and Respectability: Sunday Schools and Working Class Culture, 1780-1850, [New Haven: Yale University Press, 1976], p.21). Il a aussi été dit que le Rev. Thomas Stock of Gloucester à donné à Raikes l’idée de l’enseignement du dimance (p. 22). 78 Harper’s Encyclopedia of Religious Education, 625. L’école du dimanche a grandi au sein du renouveau évangélique des années 1780 et 1790 (Laqueur, Religion and Respectability, 61). Lorsque Raikes est mort en 1811, il y avait 400,000 enfants dans les écoles du dimanche britanniques. C. B Eavey, History of Christian Education (Chicago: Moody Press, 1964), p.225–227. 79 Terry, Evangelism: A Concise History, p.180. 80 Harper’s Encyclopedia of Religious Education, p.625. 81 Terry, Evangelism: A Concise History, p.181. 82 Brereton, « The Popular Educator, » p.28; Collins and Price, The Story of Christianity, 187. Les écoles du dimanche de Moody se sont occupées d’environ 1500 enfants. 83 Anne M. Boylan, Sunday School: The Formation of an American Institution 17901880 (New Haven: Yale University Press, 1988), p.167. Cela a été le cas vers 1880. Arthur Flake a développé le programme des écoles du dimanche au sein de la convention des églises baptistes du Sud. Il a aussi fait connaître leurs principes de croissance qui furent adoptés par d’autres dénominations. (Terry, Evangelism: A Concise History, p.181). Consulter également, « Sunday School Movement, » New 20th Century Encyclopedia of Religious Knowledge, p.796–798 d’Elmer Towns. 84 Ibid., 170; Reid, Concise Dictionary of Christianity in America, p.331. 85 Pastor’s Notes 4, no. 1 (Worcester: Christian History Institute, 1991), p.6 86 Boylan, Sunday School, p.1

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En 1824, il y avait dans les écoles du dimanche des Etats Unis 48,681 enfants affiliés à l’Union américaine des écoles du dimanche. En 1832, ce chiffre avait grimpé à 301,358 (Boylan, Sunday School, 11). L’union américaine des écoles du dimanche fut fondée en 1824, elle comprenait 724 écoles, dont 68 à Philadelphie. En 1970, l’union fut rebaptisée la Société Américaine Missionnaire (Reid, Concise Dictionary of Christianity in America, p.18). 88 Bobby H. Welch, Evangelism through the Sunday School: A Journey of Faith (Lifeway Press, 1997). D’autres études ont démontré que la fréquentation a été stable durant les dix dernières années. 89 Norrington, To Preach or Not, p.59. 90 Warren Benson and Mark H. Senter III, The Complete Book of Youth Ministry (Chicago: Moody Press, 1987), p.66. 91 Mark Senter III, The Coming Revolution in Youth Ministry (Chicago: Victor Books, 1992), p.93 92 Michael V. Uschan, The 1940s: Cultural History of the US through the Decades (San Diego: Lucent Books, 1999), p.88; Mary Helen Dohan, Our Own Words (New York: Alfred Knopf, 1974), p.289. 93 Mark Senter III, The Youth for Christ Movement As an Educational Agency and Its Impact upon Protestant Churches: 1931-1979 (Ann Arbor: UM, 1990), p.–8. Dans les pages 26ff., Senter parle des facteurs sociaux et historiques qui avaient créé un grand nombre d’organismes de jeunesse. Billy Graham est devenu l’évangéliste voyageur de Jeunesse pour Christ (JPC). Dans les années 1950, JPC a établi des club bibliques dans tout le pays (Reid, Concise Dictionary of Christianity in America, 377). A Manhattan, le charismatique Lloyd Bryant semble être le premier à avoir organisé des rallyes de jeunes réguliers. Christopher Schlect, Critique of Modern Youth Ministry (Moscow: Canon Press, 1995), p.8). 94 Calvary Baptist Church in Manhattan (1932), Vista Community Church in North San Diego County (1948), et Moody Memorial Church in Chicago (1949) ont toutes embauché des « responsables de la jeunesse. » Alors que les clubs tels Young Life et YFC se développaient dans le pays dans les années 30 et 40, des églises plus petites commencèrent à employer des pasteurs de jeunes. (Senter, The Coming Revolution in Youth Ministry, p.142). 95 e-mail personnel de Mark Senter, 22 September, 1999. 96 Young Life (Jeunesse ardente) (1941), Youth for Christ (Jeunesse pour Christ) (1945), Fellowship of Christian Athletes (1954), Youth with a Mission (Jeunesse en Mission) a débuté (1960). Senter, The Coming Revolution in Youth Ministry, p.27– 28, p.141; Mark Senter, « A Historical Framework for Doing Youth Ministry, » Reaching a Generation for Christ (Chicago: Moody Press), 1997. 97 Schlect, Critique of Modern Youth Ministry, p.6. 98 Senter, The Coming Revolution in Youth Ministry, p.142.

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William Boyd and Edmund King, The History of Western Education (Lanham: Barnes & Noble Books, 1995), p.28. 100 Power, A Legacy of Learning, p.29–116. 101 Le temps et l’espace me manquent pour expliquer le sens des deux arbres ici. Pour une étude plus approfondie, je recommande le livre de Watchman Nee, La vie chrétienne normale, ch. 7. 102 La pédagogie est l’art et la science de l’enseignement. 103 L’un des problèmes clés du christianisme c’est qu’il a hérité des standards intellectuels de l’ancien monde (Marsden, The Soul of the American University, p.34). 104 N’oublions pas que Joseph Staline a fréquenté le séminaire théologique de Tiflis entre 14 et 19 ans (Adam B. Ulam, Stalin the Man and His Era, New York: Viking Press, 1973, 18–22; Alan Bullock, Hitler and Stalin: Parallel Lives, New York: Knopf, 1992, p.6, 13). 105 Paul de Tarse était très instruit, et son ministère a été vital dans la propagation du christianisme primitif. D’un autre côté, Pierre était sans instruction. 106 Jésus et les douze apôtres étaient des hommes de peu d’instruction: « Les Juifs s'étonnaient, disant: Comment connaît-il les Écritures, lui qui n'a point étudié?’ » (Jean 7:15); « Lorsqu'ils virent l'assurance de Pierre et de Jean, ils furent étonnés, sachant que c'étaient des hommes du peuple sans instruction; et ils les reconnurent pour avoir été avec Jésus. » (Actes 4:13). Parmi les chrétiens remarquables, utilisés par Dieu et n’ayant jamais reçu de formation théologique officielle, il y a A. W. Tozer, G. Campbell Morgan, John Bunyan, C. H. Spurgeon, D. L. Moody, et A. W. Pink. De plus, quelques uns des plus grands commentateurs de la Bible dans l’histoire de l’Eglise, comme Watchman Nee, Stephen Kaung, et T. Austin-Sparks, n’avaient aucune formation séminariste. 107 Cette étude était basée sur plus de 14,000 assemblées issues de 41 dénominations et « groupes de croyances » variés. Elle s’appuyait sur 26 sondages différents. L’étude du FACT est considérée comme l’une des plus complètes sur la religion aux U.S.A. Les résultats sont publiés sur www.fact.hartsem.edu. 108 FACT study, p.67. 109 Ironiquement, les protestants sont connus pour leur réflexion critique sur la doctrine. Mais ils n’ont pas appliqué cette réflexion critique à leurs pratiques ecclésiales. 110 Dr. Clyde McDowell, cité dans Vantage Point: The Newsletter of Denver Seminary, June 1998.

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Chapitre 11, Nouvelle approche du Nouveau Testament: la Bible n’est pas un puzzle 1

Ce chapitre est basé sur un message de Frank Viola donné lors d’une conférence d’églises de maisons à l’université d’Oglethorpe à Atlanta, en Géorgie, le 29 juillet 2000. 2 Pour une étude à propos du protestantisme scolastique, lire : Evangelical Dictionary of Theology de Walter Elwell (Grand Rapids: Baker Book House, 1984), p.984–985. Francis Turretin (réformé) et Martin Chemnitz (luthérien) sont les deux principaux catalyseurs parmi les protestants scolastiques (Elwell, Evangelical Dictionary of Theology, 1116 et 209 respectivement). 3 Le dispensationalisme et l’enlèvement avant la tribulation en représentent deux. La série à succès Left Behind est basée sur l’un de ces enseignements. (lire Time, July 1, 2002, p.41–48). En ce qui concerne la doctrine fascinante de Darby sur l’avant tribulation, lire : The Incredible Cover-Up deMacPherson. 4 Lire: New Testament Introduction de Donald Guthrie, édition révisée (Downers Grove: InterVarsity Press, 1990). Pour une étude sérieuse sur la façon dont notre Bible a été conçue, lire Christian History p.13, no. 3 et « The Process; How We Got our Bible, » Christianity Today, de Ronald Youngblood, février 5, 1988, p.23–38. 5 Bruce Paul: The Apostle of the Heart Set Free, p.465. Les érudits se réfèrent au canon de Paul comme au « corpus paulinien. » Pour en apprendre plus sur l’histoire du canon du Nouveau Testament, lire, The Canon of Scripture de F. F. Bruce (Downers Grove: InterVarsity Press, 1988), ch. 8–23. 6 Jerome Murphy-O’Connor, Paul the Letter-Writer (Collegeville: The Liturgical Press, 1995), p.121, 120. Cette pratique est connue sous le nom de stichométrie 7 Pour une étude exhaustive sur l’ordre du canon paulinien, lire : Paul the LetterWriter, de Murphy O’Connor ch. 3. 8 L’épître aux Hébreux ne semble pas provenir de Paul, elle ne fait donc pas partie du corpus paulinien. 9 L’épître aux Ephésiens est en réalité un poil plus longue que celle aux Galates, mais les livres ont été mal agencés à cause de la hâte d’un scribe. Ce n’est pas surprenant, étant donné que la différence de longueur est si minime (MurphyO’Connor, Paul the Letter-Writer, p.124). 10 Lire : New Testament Introduction de Donald Guthrie, édition révisée; The Letters of Paul: An Expanded Paraphrase de F. F. Bruce (Grand Rapids: Eerdmans, 1965); Paul: The Apostle of the Heart Set Free de F. F. Bruce. 11, A General Introduction of the Bible: Revised and Expanded de Norman Geisler et William Nix (Chicago: Moody Press, 1986), p.340–341, 451; Bruce Metzger et Michael Coogan, The Oxford Companion to the Bible (New York: Oxford University Press, 1993), p.79. 12 H. von Soden, Die Schriften des Newen Testamentes (Goettingen: Vandenhoek, 1912), I, p.484; Connolly, The Indestructible Book, p.154. Un des historiens de la 313


Bible a fait cette remarque à propos de la mise en versets du Nouveau Testament par Stephanus: « Je pense qu’il aurait mieux fait de le faire à genoux et dans un endroit fermé. » 13 La mise en versets de la Bible hébraïque a eu lieu en 1571. Théodore de Bèze a mis les versets de Stephanus dans sa version du Textus Receptus (1565) ce qui leur a donné la prééminence qu’ils ont aujourd’hui. Kurt Galling, ed., Die Religion in der Geschichte und der Gegenwart, 3rd ed., (Tubingen: J. C. B. Mohr, 1957),3:1141 f. 14 Au séminaire, l’histoire de l’église primitive est enseignée dans un cours d’ « histoire de l’église » alors, que les livres du Nouveau Testament sont enseignés dans des cours d’ « étude du Nouveau Testament ». Et les deux ne sont jamais conciliés. Ainsi, les séminaristes reçoivent rarement une vision panoramique de l’écoulement historique des événements de l’église primitive en abordant les livres disposés en ordre chronologique. Si vous ne me croyez pas, essayez la chose suivante : la prochaine fois que vous rencontrez un étudiant séminariste (ou un diplômé) demandez-lui de vous raconter la suite des événements allant de l’épître aux Galates à l’épître aux Romains. Demandez-leur d’inclure les dates, les endroits et les noms des personnages importants, ainsi que les événements mentionnés dans les Actes. 15 Certains parmi nous ont reçu un peu d’enseignement sur la toile de fond de la Bible. Mais ce n’est pas suffisant pour nous inoculer le désir de chercher plus loin et avoir l’histoire complète. 16 F. F. Bruce, ed., The New International Bible Commentary (Grand Rapids: Zondervan, 1979), p.1095. 17 G. C. D. Howley in « The Letters of Paul, » New International Bible Commentary, p.1095. 18 H. von Soden, Die Schriften des Newen Testamentes, p.482. 19 Lire, Rethinking the Wineskin, de Viola ch. 3. 20 Lire, So You Want to Start a House Church? de Viola 21 Lire, Rethinking the Wineskin, ch 5, et, Who is Your Covering?, ch. 2 de Viola. 22 Antioche de Syrie n’avait pas d’anciens autant que nous le sachions. 23 Je suis totalement pour le fait de donner pour les besoins de l’église (non pas les salaires de pasteurs ni les bâtiments, cela dit)... Mais vous ne pouvez pas utiliser ce verset pour fabriquer une loi justifiant la collecte du dimanche matin. 24 Kenneth S. Wuest, The New Testament: An Expanded Translation (Grand Rapids: Eerdmans, 1961). 25 Pour voir ce principe émerger chronologiquement des Ecritures, lire le livre de Frank Viola The Untold Story of the New Testament Church: An Extraordinary Guide to Understanding the New Testament. 26 Lire, So You Want to Start a House Church? de Viola, qui est une étude détaillée sur les quatre façons dont les églises ont été implantées au premier siècle et les principes spirituels qui les gouvernent. 27 F. F. Bruce, Answers to Questions,(Grand Rapids: Zondervan, 1972), p. 93. 314


Chapitre 12, Un autre aspect du Sauveur: Jésus, le Révolutionnaire 1 Les passages suivants mettent en lumière la nature révolutionnaire de Christ : Matthieu 3:10-12; 10:34-38; Marc 2:21-22; Luc 12:49; Jean 2:14-17; 4:21-24. 2 L’Eglise de Jésus-Christ n’est pas un mélange de judaïté et paganisme. C’est une nouvelle humanité, une nouvelle création, qui transcende à la fois Juifs et païens (Eph. 2:15). L’ekklesia est biologiquement une nouvelle entité sur cette planète… c’est un peuple qui possède la vie divine (1 Corinthiens 10:32; 2 Corinthiens 5:17; Galates 3:28; Colossiens 3:11). Même les chrétiens du deuxième siècle parlaient d’eux-mêmes en tant que « nouvelle race » et « la troisième race ». Lire, Preaching of Peter, Strom de Clément d’Alexandrie...p.6.5.41.6: « Nous qui adorons Dieu d’une nouvelle manière, comme une troisième race, nous sommes chrétiens; » Ep. Diog. 1, « cette nouvelle race. » 3 Dans la Mishna il est dit: « Pour guérir un aveugle le jour du Sabbat, il est interdit de lui injecter du vin dans les yeux. Il est également interdit de faire de la boue avec de la salive et de l’étaler sur ses yeux » (Shabbat 108:20). 4 Selon la Mishna, « on devait préférer faire 6 à 7 km à pied pour trouver de l’eau pour se laver les mains plutôt que de manger sans les avoir lavées. » (Sotah, 4b). « Celui qui néglige de se laver les mains est semblable à un meurtrier. » (Challah, J, 58:3). 5 Lire: God’s Ultimate Passion et, Rethinking the Wineskin, ch. 7 de Viola, pour une étude sur le dessein éternel. 6 Le sujet de l’église organique est tellement vaste qu’il ne peut pas être couvert dans ce livre. Cependant, le livre de Frank :Rethinking the Wineskin fournit un aperçu rigoureux et biblique sur les pratiques de l’église du Nouveau Testament. 7 Le mot radical est dérivé de latin radix, qui signifie « racine. » Donc, un radical est quelqu’un qui va à la racine ou à l’origine de quelque chose. Jésus-Christ était à la fois radical et révolutionnaire. Lire la définition de John A. T. Robinson pour les deux termes dans l’épigraphe qui débute chaque chapitre.

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Redécouvrez le dessein de Christ pour Son Eglise. Chaque année, 1 million de chrétiens quittent l’Eglise traditionnelle. Pourquoi ? L’auteur Frank Viola se place comme porte parole des lecteurs pour tout ce qu’ils savaient étant absent dans leur expérience d’Eglise moderne. Il croit que beaucoup de congrégations d’aujourd’hui se sont éloignées du dessein original de Dieu pour l’Eglise. En tant que leader proéminent du mouvement des Eglises de maison, Frank est au front d’une révolution balayant le Corps de Christ. Un changement qui défie le statu quo spirituel, et redéfinit la nature même de l’Eglise. Un mouvement inspiré par le projet divin pour une communauté authentique. Un concept rafraîchissant, enraciné dans l’histoire ancienne, et en Dieu Lui-même. Rejoignez Frank dans cette suite constructive de ‘Le christianisme paganisé ?’ quand il partage le dessein original de Dieu pour l’Eglise où le Corps de Christ est un organisme vivant et respirant. Une Eglise libérée de convention, formée par une intimité spirituelle, et non limitée par quatre murs.


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