Tanneries Haas

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Depuis 1842

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Une histoire de famille... Un anniversaire... Février 1970 à aujourd’hui. Quarante ans, le bel âge, la maturité. Merci pour ton courage, ton dévouement et ta rigueur. Merci pour avoir su relever le défi, reconstruire une entreprise et maintenir un savoir-faire.

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Sommaire L’héritage d’une tradition

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Du cuir à l’ouvrage

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Atelier RIVIÈRE

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Atelier TANNAGE

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Atelier RETANNAGE-TEINTURE

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Atelier CORROYAGE

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Atelier FINISSAGE

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Atelier CONTRÔLE QUALITÉ et EXPÉDITION

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L’art et la matière

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En coulisses

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L’héritage d’une tradition Depuis 1842, six générations se sont succédées à la tête des tanneries Haas. Une saga familiale qui a su traverser les épreuves du temps, en façonnant dans ses ateliers les plus beaux cuirs de veau. Héritière d’un artisanat prestigieux, elle perpétue le goût du bel article. Luxe, cuir et volupté... 8

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« La grandeur d’un métier est avant tout d’unir les hommes ; il n’est qu’un luxe véritable et c’est celui des relations humaines. » (Antoine de Saint-Exupéry)

Faire peau neuve L’histoire du cuir remonte aux origines de l’humanité. De l’habit à l’habitat, nos ancêtres utilisaient les peaux des animaux chassés pour protéger leurs corps et couvrir leurs abris comme en atteste la découverte d’outils (couteaux, racloirs) datant de 10 000 ans avant notre ère. Sauver sa peau est une chose. L’art d’immortaliser une matière malodorante chargée du tabou de la mort en matériau civilisé en est une autre. Bien plus délicate. Ce sont les Sumériens, Babyloniens, Assyr iens, Hittites et Carthaginois qui développèrent ce savoirfaire. Pour équiper leurs armées de cuirasses, s’habiller de pagne en cuir, mais aussi assurer l’harnachement des animaux de traits, recouvrir la carcasse des bateaux, écrire sur des parchemins, conserver les céréales, la farine, transporter le vin, l’eau, l’huile…

Du tan et du temps La première recette de tannage qui nous est parvenue figure d’ailleurs sur une tablette de l’époque de Sargon (aux alentours de 700705 av. JC)  : « Tu prendras une peau de bœuf et

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tu la mettras à tremper dans de l’eau contenant de la farine, du pur nisaba, de la bière et du vin. Tu la plongeras ensuite dans de la graisse de taureau pure additionnée d’arômes extraits de la moelle des plantes, tu la traiteras avec de la farine de froment, de la farine de bitqa, de la farine de kurru, puis tu la mettras dans des noix de galle et de la pierre du pays des Hittites. » De ce procédé qui n’a cessé d’évoluer au fil du temps, on notera cependant que le principe est toujours resté le même : il s’agit d’abord de purifier la peau des éléments qui la souillent, de la graisser pour lui permettre d’acquérir un « corps », et de lui adjoindre ensuite des tannins qui, après absorption et séchage, lui insuffleront une nouvelle vie, lui conférant même une certaine forme d’éternité. Selon les tanneurs de Marrakech, à travers cette épreuve de force la peau récupère alors la force vitale de l’animal. C’est l’alchimie de la transformation. Un pouvoir obscur et mystérieux qui de tout temps, a conféré à la tannerie l’image d’un lieu secret.


Les outils du tanneurs Planche de croquis réalisée par le peintre naturaliste Bernard Direxit, extraite de l’encyclopédie Diderot & d’Alembert, Art du Cuir, Bibliothèque de l’Image. Pages précédentes : Alfred Haas et deux employés. Atelier de tannage dans les années trente.

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5000 francs l’usine Aloïse Haas transforme une filature en fabrique de pantoufles à laquelle il adjoint le 3 avril 1843 une tannerie pour la fabrication du cuir.

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Àla fin du XIXe siècle, le secteur des cuirs et peaux représente la deuxième industrie française

Le facteur temps joue un rôle essentiel dans la production du cuir. Si pour produire des peaux de chèvres et moutons, une semaine suffit, pour tanner « à cœur » les grosses peaux, il faut compter plusieurs mois. D’où la devise des tanneurs : « Pour avoir des bons cuirs, il faut du tan et du temps ».

L’Alsace, terre de tanneurs Tannerie, tanneurs, tannage : ces mots tirent leur origine du mot gaulois tan (ou tann) qui signifie chêne, le roi des arbres, emblème sacré, symbole de puissance et de pérennité. Son écorce d’un brun roux se pèle comme une peau. Réduite en poudre, elle se transforme en agent tannant exceptionnel. L’Alsace possède de grandes forêts de chênes et d’arbres à tan comme le châtaignier, ainsi qu’une abondance de troupeaux et d’une eau de qualité et de débit réguliers. Des conditions optimales pour que le travail du cuir et le négoce de peaux prospèrent. Dès le début du XVIIe siècle, c’est une véritable industrie qui se développe dans toutes les villes de la région. Les nombreuses maisons, quartiers et rues des tanneurs, qui subsistent à Colmar, Mulhouse, Erstein, Pfaffenhofen, Haguenau, Selestat, Wasselone ou  Kaysersberg en témoignent encore aujourd’hui. Le cuir participe alors à tous les domaines de la vie : chaussures, sellerie, mobilier, instruments de travail, accessoires, reliure, habillement, industrie… Chaque peau est unique, chacune a un usage particulier. Le cuir d’agneau, réputé pour sa finesse, est le plus adapté à la confection de

vêtements. Plus épais, le cuir de bœuf ou de taureau se prête davantage à la fabrication de semelles, courroies, harnais, bagages. Le cuir de chèvre ou de moutons est quant à lui réservé aux petits objets…  À la fin du XIXe siècle, la tannerie représente la deuxième industrie en France. Les guerres napoléoniennes ont alors grandement contribué à son essor. Terre de tanneurs, l’Alsace est particulièrement sollicitée pour produire le cuir alors indispensable à l’armée. À cette époque, on compte plus de 300 tanneries dans la région. Située à 35 kilomètres de Strasbourg, la commune de Barr devient l’un des grands centres de production, célèbre pour ses cuirs bien au-delà des frontières. Trente entreprises familiales y élaborent des produits qui s’exportent jusqu’en Amérique. Monde secret, disions-nous, monde régi par l’esprit d’une corporation officiellement créée en 1264, et d’un métier qui se transmet dans et par la famille, car il s’agit avant tout de préserver les secrets de fabrication des beaux cuirs que l’on produit. Les formules et préparations, fruits d’un savoir-faire et d’une expérience acquises à la force des bras, font partie d’un capital jalousement gardé. Arrivé à Barr en 1827, Aloïse Haas (18001868) est originaire de Schramberg, dans le Bade-Wurtemberg (Allemagne). Veuf, il épouse en seconde noce Sophie Mummel, issue d’une vieille famille barroise aisée, et rachète trois ans plus tard, en 1842, une entreprise de tricotage qu’il transforme

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Une lignée de tanneurs Cultiver l’esprit d’une entreprise à taille humaine, privilégier la simplicité, mais aussi le sens des responsabilités et le respect de la qualité. Ces valeurs qui se sont transmises à travers les générations ont permis à la famille Haas de perpétuer et d’enrichir un savoir-faire unique.

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Aloïse Haas (1800-1868)

Émile Haas (1840-1904)

Alfred Haas (1877-1950)

Jacques Alfred Haas (1909-1989)

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La belle époque Carte postale datée de 1924. L’usine emploie alors plus de 150 personnes. Ci-contre : détail de la façade des bureaux construits par Émile Haas en 1891.

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en fabrique à pantouf les. Il lui adjoint rapidement une petite tannerie pour confectionner des semelles. Bien qu’étranger au sérail, Aloïse Haas est entrepreneur dans l’âme et possède la fibre d’inventer et de créer. Il réalise notamment un canal de dérivation de l’Andlau, qui alimente encore aujourd’hui la tannerie à travers une chute d’eau. Acte visionnaire, car l’eau est au tanneur ce que le feu est au forgeron ou au potier : une matière première indispensable, toutes les opérations de tannage nécessitant une alimentation en eau régulière. En 1868, Émile A. Haas (18401904) succède à son père. Il abandonne la fabrique de pantoufles, ne conservant que la tannerie. La révolution industrielle est en marche, et le commerce vers l’Amérique en pleine expansion. L’invasion des Allemands en 1870 et l’annexion de l’Alsace-Lorraine entraîne cependant un bouleversement qui impose à l’entreprise de trouver de nouveaux

débouchés à l’Est. Émile A. Haas remplace les cuirs à semelles par des « cuirs à dessus », les fameux « veaux blancs » produits avec des tanins à base d’écorce de chêne et de châtaignier. Cet article, spécialité régionale, contribue à l’essor de l’entreprise. Il construit un moulin en aval de la tannerie, qu’il confie à son fils Emile. Cependant, suite à des dissenssions, ce dernier quitte la maison familiale pour s’installer dans le Val de Villé, puis dans l’Oise. Émile A. se tourne alors vers son second f ils, Alfred (1877-1950), poète et artiste dans l’âme, qu’il envoie apprendre le métier de tanneur en Angleterre. Début 1900, l’établissement va vivre une véritable révolution avec l’arrivée d’une nouvelle méthode de tannage, rapide et moderne. L’utilisation du chrome en lieu et place des tanins végétaux permet d’écourter la durée de transformation des peaux de


plusieurs mois à... quelques jours ! Ce nouveau processus impose de transformer la tannerie en profondeur. S’adapter ou disparaître, il n’y a pas d’autre issue. Avec l’avènement de l’ère industrielle, Alfred Haas investit pour améliorer considérablement la productivité d’un travail jusque là manuel, long et pénible.

Spécialiste du «veau filature» Il développe ainsi le « Box-Calf », un cuir de veau tanné au chrome qui connaît un engouement sans pareil. La maison acquiert également une solide réputation grâce au cuir destiné aux chaussures dites « de fatigue » pour la montagne ou la chasse, et aux brodequins militaires. S’ajoute après la première guerre mondiale un article original : le « veau filature », un cuir extrêmement technique destiné à gainer les manchons des machines à f iler pour remplacer les doigts des fileuses de jadis. Un article qui nécessite rigueur et précision et qui deviendra une des spécialités de la maison

jusqu’à la fin des années 70. Avec l’arrivée en force des matériaux synthétiques, le cuir perd peu à peu sa place prédominante. Les Tanneries Haas n’en poursuivent pas moins leur progression en se recentrant sur leur activité principale : la chaussure, qui reste fidèle au cuir. Le fils aîné d’Alfred Haas, Jacques Alfred (1909-1989) intègre l’entreprise en 1932 après avoir terminé ses études à l’École Française de Tannerie de Lyon et effectué des stages, notamment à Nantes. Son enthousiasme est contrecarré par la seconde guerre mondiale. Le retour en Alsace des troupes allemandes oblige la direction à se replier au-delà de la ligne bleue des Vosges, à Épinal. La mobilisation du personnel, l’incendie de l’usine le 11 avril 1942 et l’internement politique de Jacques A. Haas au camp de Schirmeck pour position pro-française ralentissent la production. En 1945, le retour de la paix ne marque pas la fin des difficultés. Il faut reconstruire et partir en quête de nouveaux marchés,

Foulons Vue de l’atelier de tannage dans les années trente.

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Dans la continuité Roland Muller et son fils Jean-Christophe ainsi qu’une vue des ateliers de rivièretannage au début des années 90. Ci-contre : étiquette de Novocalf ®, une spécialité maison dont les qualités ont été récompensées par une médaille d’or lors de l’Exposition universelle de Bruxelles en 1958.

de nouveaux clients, de nouveaux produits. Dans les années cinquante, Jacques  A. Haas invente un cuir souple, épais et moelleux au toucher unique : le Novocalf. Le produit connaît un immense succès. Le Novocalf obtiendra une médaille d’or à l’Exposition universelle de Bruxelles en 1958. Sous sa direction, l’usine se développe et se fait connaître dans toute l’Europe, et plus particulièrement aux Pays-Bas et en Italie. Les Tanneries Haas emploient alors plus de 140 personnes. Le 11 septembre 1966, un incendie se déclare. Dans la nuit du samedi au dimanche, les flammes dévorent le premier étage et la totalité du stock. Au petit matin, le constat est sans appel : les bâtiments sont sinistrés. Une partie de l’activité est déplacée dans l’annexe de la tannerie à Barr, affectant à ce point la production que l’entreprise dépose le bilan en février 1970.

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« Si tu n’essayes pas, tu ne sauras pas ». Le conseil sonne comme une assignation. Quand Roland Muller, brasseur de formation et gendre de Jacques A. Haas, reprend l’activité sous forme de société nouvelle associé à un fournisseur de peau aveyronnais, la tannerie est dans une situation désespérée. « Les deux premières années, nous n’avions pas de toit, pas de fenêtres... », se souvient Roland Muller. De brasseur, il devient donc tanneur. « On ne donnait pas cher de ma peau », se rappelle-t-il. « Mais nous avons eu énormément de chance. Les cours de la peau de veau sont restés stables et à un cours très bas pendant dix-huit mois. De mémoire de tanneurs, personne n’avait jamais vu ça. C’est ce qui nous a permis de relancer la production.»

Le cuir, objet de séduction Il sillonne le pays à la recherche de nouveaux clients. Après les fabricants de chaussures, il démarche les confectionneurs de vêtements. C’est alors la mode des pantalons sans

« Double tannage » Autre référence incontournable de la maison : le Barenia ®, un cuir pleine fleur souple et moelleux bénéficiant également d’un double tannage.

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coutures et des blousons en cuir. Étendard du rock ou associé à la conquête des grands espaces, symbole d’un luxe ou d’une authenticité retrouvés, le cuir devient objet de séduction. Le Nubuck en particulier s’aff iche sous toutes les couleurs et en gros volumes. Les Tanneries Haas ont les honneurs de la première page de « Jours de France » avec un blouson réalisé par Jacques Laurent pour la marque Corval. Les Tanneries Haas fournissent également à cette époque le cuir des pupitres de l’Assemblée nationale et commencent leur diversification vers la maroquinerie et la sellerie. « Nous étions trop petits pour fournir de grandes quantités en chaussures. Dès lors, nous nous sommes dirigés vers le secteur de la maroquinerie haut de gamme », justifie-t-il. « Nous n’avions pas d’autre issue. La tannerie est une remise en question permanente. Cette histoire, qui perdure depuis maintenant six générations, aurait pu s’arrêter et ce savoir-faire disparaître maintes fois. » En 1972, la société est en capacité de racheter les bâtiments et le fond de commerce qu’elle louait à un syndic, et l’année suivante de les reconstruire. C’est le début de la mode des accessoires. La maroquinerie acquiert ses lettres de noblesse et se décline sous toutes les coutures. Une chance. Au milieu des années 70, Roland Muller débute une collaboration privilégiée avec des maroquiniers tels que Longchamp. Il met au point une technique de sérigraphie sur cuir qui rencontre un franc succès. Une ligne sera rééditée en 2008 pour les 60 ans de la marque.

La référence du bel article Sa fille Emmanuelle intègre l’entreprise en 1990. Rejointe un an plus tard par son frère Jean-Christophe, alors âgé de 29 ans : « Mon père me l’avait déjà proposé dix ans auparavant, juste après mon bac. A l’époque, je n’avais pas envie de devenir tanneur. Je voulais être géologue... » Pendant dix ans, Jean-Christophe étudie, travaille comme chercheur et parcourt l’Afrique. « Un ami m’avait conseillé de lui laisser faire ses expériences », se remémore son père. « Et le jour où j’ai annoncé son arrivée, les contremaîtres ont applaudi ». La continuité était assurée. En 2001, les statuts changent :

Chronologie 1842 Le fondateur Aloïse Haas acquiert une filature, la transforme en tannerie et crée un canal de dérivation sur la rivière Andlau. 1868 Son fils Émile Haas reprend la tannerie et développe des nouveaux cuirs dont les « veaux blancs ». 1870 Annexion par l’Allemagne de l’Alsace-Lorraine 1900 De retour d’Angleterre, Alfred Haas, le second fils d’Émile, débute la production de « Box-Calf », un cuir de veau tanné au chrome. Années 30 Après la première guerre mondiale, la tannerie démarre une production de « veau filature », un cuir technique destiné à gainer les manchons des machines à filer. 1932 Le fils ainé d’Alfred, Jacques-Alfred Haas, intègre l’entreprise. 1940 Nouvelle annexion par l’Allemagne de l’AlsaceLorraine. 1942 Incendie de l’usine, repli à Épinal et internement à Schirmeck de Jacques-Alfred Haas. 1955 Invention du Novocalf ® récompensée par une médaille d’or à l’Exposition universelle de 1958 et développement des cuirs chaussure. 1963 Arrivée de Roland Muller, gendre de Jacques-Alfred Haas. 11 septembre 1966 Incendie de l’usine qui entraîne le dépôt de bilan de l’entreprise en 1970. 1970 Reprise de l’activité par Roland Muller. 1990 Arrivée d’Emmanuelle, fille de Roland Muller et un an plus tard, de son frère Jean-Christophe. 2001 Transformation des tanneries SA en SAS. Roland Muller devient président du conseil de surveillance et son fils Jean-Christophe Muller, président du directoire.

L’eau indispensable L’eau est au tanneur ce que le feu est au forgeron. La tannerie est toujours alimentée en eau par le canal de dérivation mis en place par Aloïse Haas en 1842.

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Une histoire de famille Jean-Christophe Muller (à droite), président du directoire, en compagnie de son père Roland Muller, président du conseil de surveillance, de sa mère Elisabeth Muller, et de sa sœur Emmanuelle Muller, responsable du laboratoire qualité.

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Roland Muller devient président du conseil de surveillance et Jean-Christophe Muller reprend officiellement le flambeau en tant que président du directoire. Une passation toute en douceur. « Mon père m’a laissé le temps de m’installer, à mon rythme ». En quinze ans, l’entreprise évolue, se développe en harmonie avec les marchés du luxe. Le chiffre d’affaire et la production doublent entre 1995 et 2005. « Jean-Christophe

industriel. Voyager pour voir ce qui se passe ailleurs. Avoir toujours un temps d’avance... « Aujourd’hui, nous ne pouvons plus nous contenter de vendre nos spécialités comme le Barenia », explique Jean-Christophe Muller. « Même une excellente qualité ne suffit plus. Tout se joue sur le service. Nous devons être en permanence à l’écoute de nos clients et leur fournir du “sur-mesure” industriel. Nous devons investir et nous adapter en permanence. »

a repris une entreprise en bonne santé et l’a développée », analyse sa sœur qui exerce au sein de l’entreprise familiale la fonction de responsable du laboratoire qualité. « Il a su multiplier ce qu’a fait notre père. Il a du flair. »

Car l’essentiel de la production est aujourd’hui composée de nouveautés qu’il faut réinventer sans cesse. Pour faire face à ces défis, la tannerie renouvelle régulièrement son parc machines afin de rester à la pointe de la technologie. L’entreprise doit également se plier à des normes environnementales de plus en plus strictes. Reliée depuis les années 80 à la station d’épuration intercommunale (à laquelle elle participe aux frais de fonctionnement et d’investisssements), elle s’est équipée en 1993 d’une station de déchromage. Ces différentes installations permettent de retraiter la totalité des 200 m3 d’eau nécessaires chaque jour à son fonctionnement.

En 2009, les Tanneries Haas emploient 80 personnes et réalisent plus de 40 % de leur chiffre d’affaires à l’export. La production actuelle est destinée principalement à la maroquinerie (65 %), mais également la chaussure (20 %), la sellerie (10 %) et le vêtement (5 %). Si l’entreprise a résisté à la crise d’un secteur touché de plein fouet par la concurrence, elle le doit à un leitmotiv  : rigueur, qualité et service. À l’heure où les marchés ont tendance à se concentrer, il faut monter au créneau. Anticiper. Créer. Inventer. Tester. Bien organiser les domaines de compétences de chacun. Mettre en avant le côté artisanal, tout en améliorant le développement

Souplesse des cuirs, qualité des finitions, créativité dans les couleurs et les aspects, les Tanneries Haas ne sont pas devenues une référence du bel article cuir par hasard. Un grand nombre de marques de luxe viennent se fournir à Eichhoffen.


Tout un symbole Chaque printemps depuis trente ans, elles reviennent poser leur silhouette blanche sur la cheminée de l’usine. Hôtes de marque, symbole de fidélité et de renouveau, les cigognes sont aussi messagères des saisons et des collections à venir.

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Du cuir à l’ouvrage Comment la peau devient-elle cuir ? Voici toute son histoire. Celle de la tannerie Haas et de ses hommes de métier qui s’emparent d’un produit naturel, l’apprivoisent et le façonnent. À la fin du parcours, ce qui n’était qu’un tissu mort renaît à la vie. 24

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Transformer la peau...

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La peau brute

La tripe

Le wet-blue

À l’abattoir, lorsque la peau est séparée de la carcasse, elle est abondemment salée et conservée à 6°C. La majorité des peaux brutes proviennent d’élevages français. La France est le premier producteur et consommateur de veau. Reconnaissable à son poil roux, le veau limousin, élevé sous sa mère, est très recherché pour sa texture.

Après avoir été remouillée, rincée, lavée, épilée, la peau a triplé en épaisseur. Souple et mobile, elle ressemble à une « tripe ». À la sortie de l’atelier rivière, la peau est encore une matière fragile et instable.

Chargée en foulon pendant 24 heures, la peau prend une couleur gris-bleutée. C’est l’opération de tannage proprement dite, qui permet de transformer la peau en cuir. La couleur bleue est dûe au sulfate de chrome, l’agent tannant qui se fixe dans la peau et la rend imputrescible.


Le crust

Le fini

Le « squelette »

La refente a permis de séparer la croûte pour ne garder que la fleur. Le cuir est alors essoré, retanné, teinté, puis séché. Il est prêt pour les opérations de finition.

Brillance, couleur, effets : la matière a été peaufinée. Le cuir présente l’aspect esthétique souhaité par le client. L’ensemble de ces opérations le transforme en produit d’exception, au toucher et aux qualités inimitables.

Toujours à la recherche des plus belles matières, les grands manufacturiers n’utilisent en réalité que les meilleures parties de la peau. Ici, une peau après la coupe pour la réalisation d’un sac.

...en cuir Du cuir à l’ouvrage

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Subtil Vert forêt, amarilys, bleu paon, jaune safari, soleil... le cuir est une matière qui se façonne à l’envi et offre de multiples possibilités. En jouant sur les couleurs, le toucher, la brillance dans toutes ses nuances, il séduit les grandes maisons de couture et les créateurs.

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Atelier RIVIÈRE 30

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Ballet de mains prestes et habiles à rattraper les peaux glissantes, bruit assourdissant de l’eau qui s’écoule des coudreuses, rythme saccadé des lames qui coupent les chairs et la graisse. C’est tout l’atelier rivière qui vibre chaque matin. Jadis, le travail était pratiqué à ciel ouvert à même la rivière. D’où son nom. Il souffre encore aujourd’hui d’une mauvaise réputation à cause des odeurs. Mais aux tanneries Haas, cette idée reçue est immédiatement démentie. Les installations sont modernes et aérées. Le travail du tanneur repose sur la qualité de sa matière première qui dépend des conditions d’élevage, d’alimentation ainsi que du procédé d’abattage. Lorsqu’il réceptionne la peau brute, le tanneur travaille à l’aveugle. Il ne peut pas détecter sous les poils les traces du « vécu » de l’animal. Parasites, coups, écorchures : la peau est marquée. Les défauts n’apparaissent qu’en cours de travail.

Le cinquième quartier À l’abattoir, la peau est arrachée de la carcasse. Elle est alors considérée comme un déchet faisant partie du cinquième quartier.


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Le frigo et la salière Lorsque les peaux de veaux arrivent salées de l’abattoir, elles pèsent entre 8 et 20 kg. Elles sont triées selon leur poids et la couleur de leur robe. Elles peuvent être conservées pendant plusieurs mois en frigo.

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« Il faut environ quatre semaines

pour transformer une peau brute en cuir fini. »

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La tripe L’étape du travail de rivière est cruciale. C’est le coeur de la tannerie. Pendant 48 heures en coudreuse, les peaux sont lavées, rincées, épilées... La peau gonfle et triple en épaisseur. Elle devient une matière molle, visqueuse, fragile et encore instable : la tripe.

Écharnage, ébarbage et refente Sunay et Claude arrachent mécaniquement la graisse de la peau, tandis que sanglés dans des tabliers en cotte de maille, Karine et Jean-Claude ébarbent au couteau ce qui reste de chairs. La peau est ensuite refendue par Didier et Patrick, c’est-à-dire coupée dans son épaisseur pour être égalisée à 4 mm. Les résidus de collagène sont revalorisés en gélatine.

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Le grand bain L’ensemble des opérations de la tannerie nécessite 200 m3 d’eau par jour. 36

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Épilée, écharnée et refendue, la peau en tripe est fortement vulnérable. Elle commence à s’altérer après un court laps de temps. Il faut agir au plus vite pour stopper ce processus irrémédiable : c’est le rôle du tannage. L’opération proprement dite nécessite 24 heures et mobilise quatre foulons en bois d’iroko. C’est cette opération qui rendra le cuir imputrescible. Les agents tannants (tanins végétaux ou métalliques tels que le sulfate de chrome) pénètrent entre les f ibres de collagène pour remplacer les molécules d’eau et figer la structure. Les peaux ressortent bleuies par les sels de chrome : c’est le «wet-blue».

La peau garde son humeur Le cuir, comme le bois, est une matière vivante. Chaque peau est différente. Tannée, la matière dévoile ses caractéristiques naturelles (plis, veines, cicatrices) comme autant de témoins de vie.


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La soupe de la sorcière Les peaux sont plongées dans un bain à 20°C dans lequel on ajoute du sulfate de chrome qui engendre une ébullition verte. « Ma fille appelle cela la soupe de la sorcière », explique Franck devant son foulon.

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Les tanins Le mot « tan » tire son origine du mot gaulois tan (ou tann) qui signifie écorce de chêne, l’agent tannant autrefois le plus répandu en Europe. Le choix du tanin dépend de la texture et de la couleur de cuir que l’on veut obtenir. Selon les régions et les climats, il existe un éventail très large de végétaux ou de minéraux reconnus pour leur pouvoir tannants, comme le châtaignier, le mimosa ou le quebracho, un arbre d’Amérique du Sud. Grâce aux progrès de la chimie, le tanin le plus fréquent est aujourd’hui le sulfate de chrome, de couleur verte.

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Tambour battant C’est à l’italien Achille Durio, issu d’une célèbre famille de tanneurs, que l’on doit l’invention du foulon en 1920. Ce gros tonneau qui tourne sur un axe horizontal « matraque » les peaux pendant 24 heures. Elles sont ensuite déchargées, puis établies et stockées pour 24 heures de mûrissement. 42

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Le tri wet-blue et la refente À partir de cette étape commence le travail sur-mesure. Chargé du contrôle, Hubert oriente les peaux en fonction de leurs caractéristiques et du carnet de commandes. Trente ans qu’il veille au tri des peaux, cherchant la griffure, dénichant le moindre défaut. À ses côtés, Nicolas le seconde. « Il faut plusieurs années d’expérience pour être à l’aise dans le métier ». Un peu plus loin, l’équipe de la refente sépare la fleur de la croûte. La tannerie ne travaille que la fleur, la partie noble du cuir dont l’épaisseur finale peut varier de 0,7 mm à 2,4 mm.

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Rigueur et travail d’équipe Après la refente, l’épaisseur finale du cuir est ajustée à 2/10e de millimètre de précision par dérayage. Une opération délicate nécessitant un travail d’équipe d’une grande rigueur. « Nous devons tirer chacun de notre côté en même temps pour ne pas déchirer la peau », précisent Emrah et Refik à la dérayeuse. Puis la peau arrive à la table d’échantillonnage. Là, Annick et Fabienne, armées de leurs ciseaux électriques, coupent d’une main experte les amorces de déchirure.

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Avec 140 références de colorants et tanins, l’atelier retannage-teinture ressemble à un laboratoire de chimie. Rouge dragon, bleu cobalt, coulis, rose de venise, vert véronèse… Les couleurs obtenues laissent rêveur. Une fois le wet-blue trié et affecté à une commande, il est retanné, nourri et teint. Si le colorant pénètre alors dans toute l’épaisseur, on dit que le cuir est tranché. L’ensemble de ces opérations chimiques confèrent au cuir ses caractéristiques : imperméabilité, toucher, souplesse, moelleux...

Immuablement Pour obtenir un cuir de veau, le cycle classique consiste à tanner, retanner, nourrir, teindre et sécher. Le geste pour établir la peau sur le chevalet est toujours le même à chaque étape.


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Potion magique Le Novocalf ® a été mis au point par Jacques-Alfred Haas dans les années cinquante. Après un double tannage, un traitement de mise en huile est réalisé à base de neuf matières grasses préparées au bain-marie et mélangées dans un grand chaudron. Il en résulte un cuir rond, moelleux et souple qui se patine à merveille.

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« Nous travaillons une matière vivante,

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il faut en permanence ajuster les formules de teinture.»


À la pointe Pour les opérations de retannage et de teinture, la tannerie s’est équipée des dernières technologies : automatisation et foulon en inox ou en polypropylène..

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Atelier CORROYAGE 54

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La peau est loin d’avoir fini son parcours. Il reste à la peaufiner avant les multiples finitions, la travailler au corps. Ici, on l’essore. Là on l’ouvre, on l’étire. Si le dérayage a permis d’affiner l’épaisseur de sa fleur, l’opération de mise au vent lui refait une beauté en la déridant. « On travaille les rides dans le bon sens », explique Régis tandis que Pascal et Christophe, d’une main experte, étirent la peau sur la sèche sous vide. La peau est ensuite placée en séchoir pendant plusieurs heures. Selon le résultat recherché, le mode de sèche sera plus ou moins linéaire et rapide. Une fois sec, le cuir est réhumidifié, puis assoupli en foulon ou au palisson, puis cadré.

Plein cuir Les différentes opérations de corroyage humide et sec ont pour but de travailler mécaniquement la peau : déridage, sèche, palissonage, foulonnage, cadrage...


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« Le toucher et la beauté d’une peau sont liés à la finesse de sa fleur. »

Fleur au vent Après essorage (ci-dessus), le cuir est étiré par l’opération de « mise au vent » qui consiste à dérider la peau et travailler sa surface.

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Dans un nuage de vapeur La peau est pré séchée sous vide à 80°C pendant deux minutes. Du cuir à l’ouvrage

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La sèche Accrocher les peaux dans le séchoir nécessite une grande vigilance. À chaque article son mode de sèche : brutal pour un cuir rigide, plus lent et linéaire pour plus de souplesse.

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Cadrage Bruno et Christophe s’occupent de la machine à cadrer qui permet d’étirer la peau pour la préparer aux opérations de finissage. Palissonnage Après avoir assoupli le cuir au palisson, Yves contrôle le résultat obtenu.

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Atelier FINISSAGE 64

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Après deux semaines de travail, la peau monte au premier étage pour recevoir les derniers apprêts. Direction : l’atelier de finissage. Ici, tout le défi consiste à traiter le cuir afin d’homogénéiser sa teinte et de lui donner tous les aspects souhaités (métalisé, verni, perlé, transparent, pigmenté...) selon deux techniques : l’enduction par cylindre ou la pulvérisation par pistolettage. Le satinage finalise le rendu et l’aspect recherché. Tout est une histoire de dosage et de coup d’œil, car la brisure de la finition doit être discrète et naturelle. La matière, ainsi ennoblie présente une brillance, un éclat et un toucher qui peuvent être présentés au client.

Un geste aérien La peau devenue cuir est souple et légère. Pour la protéger, Cynthia l’établit toujours « fleur sur fleur » .


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La « cuisine » Dans leur atelier, les coloristes sont en quête d’une nouvelle teinte qui puisse répondre à la demande du client. Pour cela, ils préparent la « sauce » qui sera pulvérisée sur une peau test.

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Finissage Les différentes étapes de finissage nécessitent beaucoup de manipulation et de précision. Ici, il s’agit de synchroniser les deux cylindres de la machine à enduction. 68

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Tour de mains Le grainage qui uniformise l’aspect, l’enduction qui permet de déposer une couche de pigment, le pistolettage qui permet d’ajuster la teinte, d’imperméabiliser ou de modifier le toucher, le satinage qui glace la peau et lui donne son aspect brillant... À l’issue de toutes ces opérations, le cuir peut devenir sec, glissant, brillant, verni, perlé...

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Atelier CONTRÔLE QUALITÉ et EXPÉDITION 72

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Dernière ligne droite. Après quatre semaines de production, le cuir est fin prêt sur son chevalet ou presque. Il doit encore être vérifié et testé par le laboratoire de contrôle avant de rejoindre le magasin où sont rassemblées toutes les références et les commandes en partance. Loin de tout automatisme industriel, chaque peau est inspectée une à une avant la livraison au client. Soit le client vient contrôler les cuirs à la tannerie, soit ils sont expédiés directement. Ils seront bientôt transformés en sacs à mains, escarpins, bottines, ceintures, selles et autres accessoires.

Le magasin L’entreprise a mis en place un système de marquage des peaux qui permet de tracer chaque lot tout au long de la chaîne de production jusqu’à l’étape finale : le magasin et l’expédition.


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Le labo Le laboratoire qualité permet de contrôler la résistance aux frottements, à la déchirure, à l’abrasion, à la flexion, le vieillissement aux UV… Chaque cuir produit à la tannerie subit de multiples tests pour vérifier qu’il réponde bien au cahier des charges du client.

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Test réussi Éprouvette après un test de résistance de la fleur au lastomètre.

Le magasin Pascal vérifie avec Cynthia la brisure du cuir avant qu’il ne soit livré au client. Si les générations se sont succédées à la tête de la tannerie, il en est de même au sein du personnel. « Pascal est né dans un foulon », rigole Cynthia. Fils de Germain, l’ancien contremaître du finissage, il a grandi dans l’usine.

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« Un cuir fini a été manipulé entre 80 et 120 fois ».

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Sur le départ Pendant que les magasiniers s’affairent pour préparer les expéditions, le client vient inspecter sa commande peau par peau.

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L’art et la matière Doux, souple, rigide, lisse, grainé, verni, protecteur, naturel... Le cuir est passé du statut d’article immuable à celui de matière sensible et créative. Pour le transformer, le tanneur n’est plus seulement un artisan. Il devient artiste. 80

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Des effets spéciaux à l’infini

Plus qu’une couleur que l’on voit, qu’une matière que l’on touche : le cuir, c’est d’abord une odeur. Grimpez au premier étage des tanneries Haas : un parfum d’authenticité artisanale f lotte dans l’air. Dès que vous franchissez la porte de l’atelier finissage où les articles se parent de leurs derniers atours, l’odeur s’empare de vous : à la fois, sombre et animale, douce et veloutée. L’odeur du cuir véritable. Ce que tant de nez ont cherché à introduire dans les eaux de toilette est ici, enveloppant. Fidèle à une tradition plus que centenaire, la tannerie Haas développe des cuirs pleine f leur : noblesse de la matière, souplesse de la peau, rondeur sensuelle au toucher soulignent le charme discret de la tradition. Le veau Barénia, une référence maison possède une f inition naturelle caractéristique qui lui permet d’être encore plus beau au fur et à mesure qu’il acquiert de la patine. Il a donné son nom à une ligne de montres Hermès.

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Au milieu des chevalets, Jean-Christophe Muller fait l’inventaire en présence de son équipe. « Dix Caviar rouge choix 3, quinze Novonappa® gold choix 1, quinze Ladycalf® ivoire choix 2 ». Les mains prestemment se déplacent, glissent, freinent, rattrapent et jettent les peaux d’un chevalet à un autre. Symphonie de couleurs en mouvement. Le geste est habile et preste. De temps en temps, les mains s’attardent sur le grain de la f leur, eff leurent et admirent la main du cuir… Qu’elle soit souple, moelleuse, pleine ou pointue, le vocabulaire rappelle celui de l’œnologue.

Conserver le savoir-faire Tout en énumérant les peaux, il est intarissable sur la qualité des cuirs. « Ici, nous travaillons une matière vivante. C’est cette matière qui nous guide. Nous sommes absolument dépendants de la qualité de notre approvisionnement ». Cette qualité repose sur l’éleveur. « On essaye d’avoir un contact direct avec nos fournisseurs pour sélectionner les


Caméléon Aidé par les progrès de la technique, le tanneur peut désormais donner libre court à son imagination et créer une très large palette de couleurs et de textures.

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meilleures provenances. Pour cela, une à deux fois par an, nous visitons les élevages et les abattoirs. Malgré toutes les sélections, lorsqu’on achète un lot de peaux, nous n’obtenons que très peu de cuirs d’exception. » Sans compter que la matière première se raréfie. En France on a élèvé environ 1,5 millions de veaux en 2008, contre 3 millions vingt ans auparavant. La main du directeur se pose alors sur une peau de couleur claire. Un cuir entièrement réalisé avec des tanins végétaux selon une méthode traditionnelle. « Cela représente une toute petite partie de notre activité. Le procédé est délicat à réaliser. Mais je tiens à conserver le savoir faire.Et pourquoi pas le redévelopper. »

L’étoffe de la mode Qui dit héritier d’un procédé ne dit pas pour autant prisonnier d’un héritage. Les tanneries Haas ont su évoluer pour s’inscrire dans l’air du temps tout en veillant à pérénniser leur exigence de qualité à la pointe de l’innovation. Devant tant de

variété, l’œil pourrait s’y perdre. Plastifié façon vinyle, rutilant et tout doré, laqué techno, bleu pétard sérigraphié, tissé comme un tartan de lanières de différentes couleurs ou tout mou et avec un effet nuageux… On trouve aujourd’hui sur les chevalets des établissements Haas, à côté des cuirs traditionnels, des cuirs poudrés, des aspects mats ou délicatement satinés, des motifs en ton sur ton, frottés ou saupoudrés, des touchers peaux de pêche… Parmi les échantillons, des couleurs éclatantes émergent, des matières surprenantes. « En vingt ans, la mode est montée en puissance », explique Jean-Christophe Muller. Sacs, bagages, chaussures et ceintures tiennent la vedette dans tous les magazines. L’influence de la mode s’exerce sur les formes, mais également sur les couleurs et les matières. Le cuir se fait parfois dentelles, se pare de perles ou de métal... L’inspiration est inépuisable. « Dans notre production, la proportion des articles mode est passée de 20 à 50 % en quinze ans ».

Festival de couleurs Pour arriver à la teinte désirée il faut un savant mélange d’opérations techniques et de patience. Avant de passer en mode industriel, l’entreprise réalise des échantillons et développe des prototypes en partenariat direct avec ses clients.

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Made in France Fidèle à une tradition plus que centenaire, les tanneries Haas développent des cuirs pleine fleur : noblesse de la matière, souplesse de la peau, rondeur sensuelle au toucher soulignent le charme discret de la tradition. Fournisseur des plus grands noms de la mode, l’établissement est reconnu pour pour son savoir-faire au service de la maroquinerie, la chaussure et la sellerie.

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« Le cuir possède un côté technique ultrafuturiste, tout à fait dans l’esprit des collections actuelles. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, cette matière naturelle parvient à traduire les effets spéciaux mieux que n’importe quelle fibre synthétique.», s’entousiasmait il y a peu dans le « Figaro Madame » Claude Vuillermet, styliste en charge des tendances du Salon professionnel « Le Cuir » à Paris. Les progrès de la chimie sont passés par là. Ils ont apporté au cuir une infinité de couleurs et des propriétés (pouvoir imperméabilisant, légèreté, finesse, toucher...). Au-delà de ces prouesses techniques qui ont bien entendu contribué à son regain d’intérêt, le cuir a gagné en subtilité. Il a changé d’aspect, mais aussi d’image. Hier archaïque et intemporel, le premier matériau de l’humanité s’affiche aujourd’hui caméléon et se prête à toutes les métamorphoses. « Nous devons êtres très proches de nos clients et nous donner toutes les possibilités de répondre à leurs demandes », explique Marc

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Deyber, directeur commercial. « Tout en tenant compte, évidemment, de nos capacités techniques ». À l’heure où luxe rime avec exclusivité, la tannerie Haas mise sur le « sur-mesure ». Son credo : disponibilité, réactivité, f lexibilité et… interprétation. Car les demandes peuvent aller du plus insolite au plus extravagant : « pour l’été prochain, nous recherchons un cuir bleu thalassa » ; « nous aurions besoin d’un cuir un peu râpeux avec un effet langue de chat » ; « nous aimerions un cuir rouge métallisé très souple »... « À nous de faire le lien entre le language des stylistes et celui de nos techniciens», explique Jacques Kress, directeur export. La requête formulée, l’entreprise réalise des échantillons en un temps record. Puis développe l’article en partenariat avec les clients. Les équipes travaillent en contact direct avec les studios de création et se rendent fréquemment à Paris ou Milan pour


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Noir, c’est noir Lustré, verni, lissé, grainé, tendance bleu ou plutôt brun, tantôt brillant ou au contraire mat et lisse, le cuir n’est jamais « simplement » noir. Contrairement aux idées reçues, c’est une des teintes les plus difficiles à réaliser.

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présenter les nouveautés. « Si l’échantillon est accepté, notre défi est alors d’industrialiser le prototype pour livrer la commande en temps et en heure.» Dans la cuisine, les coloristes s’affairent pour préparer leurs bases de teinture. Une louche à la main, ils énoncent leurs formules : « 91 de noir, 90 de brun foncé, 75 de blanc, 10 de bordeaux... » La sauce prête, il faudra faire deux passages au pistolet pour couvrir la peau légèrement. Vérification faite en cabine de lumière, l’échantillon passe au laboratoire qualité où l’on teste sa résistance mécanique, à l’eau et aux UV, la solidité de sa finition… Les résultats des tests sont-ils satisfaisants ? La production est lancée. « Il y a vingt ans, nous participions à un salon professionnel par an, à Paris ou en Italie. Aujourd’hui, nous sommes présents sur six à huit rendez-vous annuels. Et pour chaque salon, nous préparons une nouvelle collection. Ce qui nécessite entre les salons, les défilés et les livraisons un très grand renouvellement dans un laps de temps très court », explique Jean-Christophe Muller. « Préparer une collection représente un métier en soi. C’est pourquoi, nous sommes désormais accompagnés par des bureaux de style qui nous aident à dénicher, décrypter et analyser les tendances à venir. Car il s’agit de trouver ou de développer avec nos techniques les articles qui peuvent correspondre aux nouvelles modes. » Pour la collection Automne-Hiver 2010/11, la tannerie a fait appel à une créatrice parisienne de renom, Peggy Huyn Kinh. Elle aime les beaux cuirs notamment pour les sacs, son domaine de prédilection. «  J’aime le cuir parce que j’aime les choses qui durent, se patinent et s’embellissent avec le temps », précise-t-elle d’emblée. Sa manière de travailler avec ce qu’elle considère comme l’une des plus belles maisons de cuir française consiste à matérialiser ses envies ou ses intuitions. Avec le cuir Ladycalf ®, un très beau cuir lourd et naturel, elle a imaginé... un sac pour partir en week-end en voiture. « En plus de ses caractéristiques de résistance, le cuir de chez Haas possède beauté et élégance. Il a du style. » En offrant ainsi son talent et la singularité de son regard, elle contribue à nourrir la dynamique créative qui fait avancer la tannerie Haas. Et répond aux valeurs de la maison : simplicité, modernité, tradition, fonctionnalité, universalisme... « Le luxe ».

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Une peau, un sac En partenariat avec la tannerie Haas, la créatrice Peggy Huyn Kinh a imaginé un «Picnic blanket bag». Réalisé à partir d’une seule et même peau, un très beau cuir lourd, il trône dans le coffre ou sur la banquette arrière. Il peut être tour à tour sac marin polochon ou couverture pour improviser un déjeuner sur l’herbe.


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En coulisses 8 h 40. La sonnerie retentit dans l’usine. L’heure de la pause casse-croûte pour les ouvriers qui ont pris leur service tôt le matin. Pendant ce temps, dans les bureaux, on oriente et on planifie la production tout en réfléchissant aux nouveaux produits. 96

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Textes & Photos Aude Boissaye & Sébastien Randé

www.studiocuicui.fr

Impression e-center

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© Studio Cui Cui

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