TFE Bouzerda Sélim 2014 : CHARLEROI 1880 - 2015

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CHARLEROI 1880 - 2015 Mise en perspective historique de l’actuelle revitalisation urbaine associée au développement d’institutions culturelles

Bouzerda Selim, sous la direction de Pablo Lhoas Mémoire réalisé en vue de l’obtention du grade de Master en architecture Faculté d’architecture La Cambre-Horta de l’ULB Année académique 2013-2014, session de septembre



Merci... Je remercie Pablo Lhoas, mon promoteur, pour le temps et l’attention qu’il m’a consacré ainsi que l’autonomie de travail dont j’ai pu disposée, mais également, mes parents Chantal et Youssef sans qui rien de ceci n’aurait été possible ; Lucile Salvant, Guillaume Campion, Baptiste Bridelance et les autres membres des 2B3C, Simon Van Cauteren, Colienne de Cartier, Didier Balle pour leur aide ; Alfred Szware avec qui j’ai réalisé le travail sur le BPS22, Christine Schaut et Jean Didier Bergilez de l’option Architecture & Sciences Humaines pour leur encadrement dans le cadre de ce même travail ; Hadrien Deriemacker, qui depuis la Chine m’a fourni le plan dwg de Charleroi au moment où je désespérais ; à Guy Rassel et à sa compagne pour leur accueil chaleureux, Fabrice Laurent et Pierre-Olivier Rollin pour le temps qu’ils n’ont pas compté lors de nos entrevues ; Vanessa Grangagnage, Laurence Fievet et Nicolas Buissart sans qui mes dernières «pérégrinations» à Charleroi n’auraient pas eu la même saveur ; toutes les personnes contactées pour avoir bien voulu me fournir les informations dont elles disposaient et tous les autres pour leurs encouragements.


Avant-propos

Avant-Propos

Je suis né à Liège et très vite j’ai été amené à vivre à Charleroi quelques années de ma petite enfance. Après cela nous avons été vivre à Casablanca au Maroc et pour des questions d’écoles, après deux ans j’ai dû revenir en Belgique pour habiter chez mes grands-parents dans la région de Philippeville. C’est lors de mon entrée dans le cycle secondaire que mes parents sont revenus s’installer à Charleroi. Autant dire qu’à un jeune âge, j’avais déjà vécu dans des environnements très différents.

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C’est le retour à Charleroi qui m’a permis d’observer et d’apprécier les spécificités qui la caractérisent ; ainsi que les qualités d’une telle ville, ce qui j’en conviens ne doit pas sauter aux yeux de prime abord. Charleroi est à mon sens la ville rêvée pour des adolescents. Son centre ville par sa taille permet d’effectuer tous ses déplacements à pieds. Les nombreuses lignes de bus (lorsqu’elles ne sont pas en grève) desservent généreusement les différentes communes de la périphérie. Très peu de personnes habitent la commune-même de Charleroi et pourtant la plupart des écoles s’y trouvent. En tant que jeunes, le centre ville nous apparaissait comme un territoire que nous partagions ; en dehors des heures d’école nous étions largement majoritaires dans l’espace public. Nous avions nos points de rencontre, la rue de la Montagne, le fameux Carollywood1, le Parc Astrid, l’Impasse-Temps, la Cour des Miracles, les « Beaux-Arts * », et j’en passe. Mais l’atout majeur de la ville reste à mon sens ses habitants. PierreOlivier Rollin* l’exprime assez bien dans une interview donnée dans le cadre de la rétrospective Charleroi 1911-2011 : « (…) je pense toujours qu’il n y a pas de vrais Carolos2. Les Carolos, ils viennent tous de quelque part parce que la population s’est constituée de couches et de strates d’immigration qui se sont juxtaposées les unes aux autres,(…) c’est cette capacité à avoir non pas un passé commun historique mais d’avoir au contraire des gens qui sont arrivés avec ce qu’il leur restait de leur parcours, (…)ont construit quelque chose qui est un phénomène commun entre eux ; ça je crois c’est la plus grande richesse de Charleroi. »


Sans en dresser un portrait angélique, je dirais qu’étant enfant de couple mixte, j’ai eu à faire face à pas mal de difficultés que ce soit à Casablanca ou à Philippeville. A ce titre, j’ai trouvé Charleroi assez fantastique, nous avions tous des origines assez différentes que nous n’hésitions pas à nous envoyer régulièrement au visage (notamment lors de grandes rencontres footballistiques) mais jamais dans l’intention de blesser l’autre. De plus la solidarité dont les habitants peuvent faire preuve est assez déconcertante lorsque l’on a vécu ailleurs (ce que j’ai pu à nouveau constater lors des différentes rencontres que j’ai faites dans le cadre de cette recherche). C’est pourquoi, à l’heure d’achever mon cursus universitaire et au moment où la ville est ravagée par un nombre de chantiers impressionnant qui semblent affecter fortement la vie sociale dans l’espace public ; je m’intéresse à poser un regard nouveau sur ma ville de cœur. La ville de Charleroi est actuellement dans une phase de redéploiement architecturale, ce redéploiement qui correspond en grande partie à la transformation de lieux culturels. Dans cette optique, en première année de master et dans le cadre d’une recherche pour l’option Architecture & Sciences Humaines, coordonnée par Jean-Didier Bergilez et Christine Schaut, dont l’objet cette année là portait sur l’analyse d’un lieu culturel en confrontant à la fois ses dimensions politiques, architecturales et sociologiques ; j’avais déjà choisi de travailler sur le BPS22 à Charleroi. Mon travail avait alors abouti sur certaines intuitions et notamment celle de l’importance d’un réseau culturel composé de différentes antennes dans la région de Charleroi, qui influençait fortement l’évolution du BPS22. Le cadre temporel donné pour ce travail ne m’a pas permis de pousser mes recherches en ce sens et c’est pour cela qu’à travers ce mémoire, j’ai souhaité ouvrir le champ plus globalement aux lieux culturels de Charleroi.

1. cinéma qui depuis s’appelle le Cinepointcom de Charleroi 2. habitants de Charleroi

Avant-propos

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Remerciements Avant propos Sommaire

Sommaire

Sommaire

I. Introduction

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- L’actualité - Le sujet - Méthodologie 1. L’inventaire 2. L’objet de l’étude 3. Le cadre temporel 4. Le cadre spatial - Vers une métropole régionale 1. le village de charnoy 2. la ville fortifiée 3. le cité industrielle 4. la métropole de charleroi

II. Arts du spectacle vs cinémas

- Introduction - L’eden - Le cirque/théatre des variétés - Les salles des fêtes - L’arrivée du cinéma : une progression en 2 phases - Le Palais des Beaux-Arts - Le théatre de l’Ancre - Innover pour survivre, la dernière révolution du cinéma : le multiplex - Cartographie : arts du spectacle 1880 - 1910 - Cartographie : arts du spectacle 1910 - 1960 - Cartographie : arts du spectacle 1960 - 1980 - Cartographie : arts du spectacle 1980 - 2000 - Cartographie : arts du spectacle 2000 - 2015 - ADS : synthèse

p. 3 p. 4 p. 6

p. 8 p. 8 p. 10 p. 14 p. 14 p. 15 p. 16 p. 16 p. 18 p. 18 p. 19 p. 20 p. 21

p. 26 p. 26 p. 28 p. 30 p. 32 p. 36 p. 39 p. 47 p. 49 p. 52 p. 53 p. 54 p. 55 p. 56 p. 57


- Inventaire : Arts du spectacle - Cartographie : cinémas 1880 - 1910 - Cartographie : cinémas 1910 - 1930 - Cartographie : cinémas 1930 - 1960 - Cartographie : cinémas 1960 - 1985 - Cartographie : cinémas 1985 - 2015 - CIN : synthèse - Inventaire : Cinémas

III. Bibliothèques et médiathèques

- Les bibliothèques vers la fin du XIXème siècle - La loi Jules Destrée - La bibliothèque de l’Université du Travail - La librairie Molière - L’état actuel du réseau - Cartographie : bibliothèques médiathèques 1880 -1920 - Cartographie : bibliothèques médiathèques 1920 - 1970 - Cartographie : bibliothèques médiathèques 1970 - 2000 - Cartographie : bibliothèques médiathèques 2000 - 2015 - BM : synthèse - Inventaire : Bibliothèques médiathèques

IV. Centres culturels

p. 84 p. 84 p. 84 p. 86 p. 87 p. 88 p. 91 p. 92 p. 93 p. 95 p. 97 p. 98

p. 107 p. 107 p. 108 p. 108 p. 109 p. 110 p. 112 p. 115 p. 116 p. 117 p. 118

Sommaire

- Émergence des maisons de la culture - La migration progressive du centre culturel régional 1. Le centre culturel au PBA 2. Le partenariat PBA + Eden 3. L’émancipation totale du PBA - Les centres culturels de la périphérie - Cartographie : centres culturels 1970 - 2000 - Cartographie : centres culturels 2000 - 2015 - CC : synthèse - Inventaire : centres culturels

p. 58 p. 66 p. 67 p. 68 p. 69 p. 70 p. 71 p. 72

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V. Les lieux d’exposition

- Les musées - L’Exposition nternationale de 1911 - Le Palais des Beaux-Arts - Les musées de la périphérie - Le BPS22 - Le quai de l’image - Cartographie : lieux d’exposition 1880 - 1950 - Cartographie : lieux d’exposition 1950 - 1975 - Cartographie : lieux d’exposition 1975 - 2000 - Cartographie : lieux d’exposition 2000 - 2015 - LE : synthèse - Inventaire : lieux d’exposition

VI. Conclusions

- Conclusion générale - Conclusion personnelle

VII. Bibliographie

Sommaire

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- Ville de Charleroi - Culture - Lieux culturels (général) - Inventaire des lieux culturels

p. 122 p. 122 p. 124 p. 126 p. 127 p. 131 p. 134 p. 138 p. 139 p. 140 p. 141 p. 142 p. 143

p. 150 p. 150 p. 153

p. 154 p. 154 p. 155 p. 157 p. 157


Sommaire

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L’actualité

I. Introduction

I. Introduction

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Charleroi est paradoxalement la ville la plus jeune de Belgique ( jusqu’à la création de Louvain-La-Neuve) et la plus peuplée de Wallonie. Elle a connu un essor industriel formidable lié aux exploitations successives de la houille et du charbon. Depuis, elle a très mal géré le déclin postindustriel, en plus de l’image négative qui est continuellement véhiculée dans les médias belges et depuis quelques années dans les médias internationaux. En effet, en quelques décennies la ville de Charleroi est passée successivement du statut de Pays Noir, «Chicago-sur-Sambre», ville de Dutroux, ville des scandales politiques à dernièrement «la ville la plus laide du monde» ; rien que ça ! L’administration communale à assez tôt compris le retard accumulé par la ville par rapport aux grandes métropoles belges et européennes. Sous l’ère Van Cauwenberghe et Van Gompel, il y avait déjà une volonté de se projeter vers l’avenir à travers des projets comme Charleroi 2020, comprenant dans un premier temps la nécessité d’un regard réflexif sur l’état de la ville, ses possibilités et ses orientations. De nombreux colloques ont été organisés et la question culturelle s’est rapidement présentée comme un point incontournable. Il a été rapidement constaté que la ville ne possédant pas de pôle universitaire devait faire face à une «fuite des cerveaux». Le développement de la dimension culturelle fut alors considéré comme une alternative crédible et raisonnable au développement d’un pôle universitaire carolo, développant une attractivité pour «les cerveaux». Suite au scandale des «affaires» à Charleroi, ces projets ont été mis à l’arrêt car ils étaient assimilés à diverses personnalités politiques qui devaient depuis faire face à la justice ; subsistaient néanmoins les rapports des colloques mais surtout les divers lieux culturels qui avaient vu le jour durant cette période (Musée de la Photographie, Charleroi Danses,...) soutenus par l’échevin de la Culture, Christian Renard. Avec l’arrivée il y a quelques années de Paul Magnette, un nouvel acteur carolo, devenu très vite populaire sur la scène politique ; la ville semble être remise en branle. Cela dans un nouveau contexte européens propice au


développement tant attendu pour la métropole sambrienne. La Culture, pour les mêmes raisons qu’auparavant, s’est naturellement imposée comme un des axes principaux de la revitalisation de la ville. Pour bien le signaler, Paul Magnette qui est depuis devenu Bourgmestre, a décidé dés son arrivée à l’Hôtel de Ville d’endosser la compétence culturelle au sein du Collège communal, comme l’avait fait auparavant Elio Di Rupo, notre premier ministre actuel, pour la ville de Mons. Le Parti Socialiste revient ainsi avec un homme fort dans la région de Charleroi et Paul Magnette est devenu depuis le président de ce parti. On sent dès lors que Charleroi sera le lieu d’une ambition politique au sens stricte du terme qu’il y a lieu de considérer. Il y a dès la fin du XXème siècle et début du XXIème siècle, l’apparition ou la réapparition d’un nombre considérable de lieux culturels qui participent depuis à l’image de la ville. Certains d’entre eux ont rapidement atteint une renommée internationale. Ces lieux culturels sont à mon sens l’incarnation de deux politiques qui peuvent parfois s’opposer : l’une orientée sur le local, visant à améliorer la qualité de vie des habitants de Charleroi par la revitalisation de l’espace public et le développement de l’accès à la Culture ; l’autre, orientée sur l’extérieur dont l’objet est de promouvoir la visibilité et l’attractivité de la ville. Il est également intéressant d’observer que sur les 36 bâtiments patrimoniaux classés dans l’arrondissement de Charleroi, seul trois d’entre-eux concernent des bâtiments ayant ou ayant eu une activité culturelle ; or aujourd’hui, les bâtiments culturels occupent une part important dans le nombre de chantiers achevés ou, en cours (Médiathèque, Eden, Musée du Verre, Musée de l’industrie, BPS22, Musée de la Photographie, Charleroi Danses, Quai de l’Image, Varia,...). Ces lieux constituent d’ores et déjà un bien d’une qualité architecturale indéniable pour la ville.

I. Introduction

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Le sujet

Ce travail a pour objectif de mettre en évidence l’évolution des relations entre le développement des lieux culturels et le développement de la métropole. Cela en vue de saisir les différents enjeux sous-jacents à l’actuelle revitalisation de l’espace urbain. Pour ce faire, il y a lieu d’ancrer ce processus dans une continuité historique. Il s’agira dans un premier temps d’exposer les différentes spécificités d’une ville comme Charleroi et d’observer leurs influences sur le développement des différents types de lieux culturels et dans un second temps, d’observer ce que l’implantation de certains lieux culturels a pu provoquer comme changements pour les différentes parties de la ville.

I. Introduction

«Culture, du mot latin colere (« habiter », « cultiver », ou « honorer ») suggère que la culture se réfère, en général, à l’activité humaine. (...) « Dans son sens le plus large, la culture peut aujourd’hui être considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. »1 Ce «réservoir commun» évolue dans le temps par et dans les formes des échanges. Il se constitue en manières distinctes d’être, de penser, d’agir et de communiquer. Par abus de langage, on utilise souvent le mot «culture» pour désigner presque exclusivement l’offre de pratiques et de services culturels dans les sociétés modernes, et en particulier dans le domaine des arts et des lettres.» (Wiki)

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Face à un sujet aussi large, je m’intéresserai dans ce mémoire à considérer le caractère institutionnel de la culture. J’entends ici par le terme institution, une structure d’origine coutumière, faite d’un ensemble de règles cohérentes tournées vers une fin, qui participe à l’organisation de la société et dotée d’une certaine stabilité dans le temps. Face au foisonnement de projets en lien avec la culture, il m’a rapidement semblé évident de limiter ma recherche aux projets dont les aspirations et les ambitions ont été suffisamment pertinentes que pour se voir matérialiser dans la construction


ou l’acquisition d’un bâtiment et soumis au retour des publics. L’existence plus ou moins longue des lieux culturels peut-être influencée par des logiques propres aux spécificités urbaines de Charleroi, des volontés politiques, un contexte social fluctuant, des mentalités qui évoluent, des avancées technologiques, une dimension économique, des volontés de la part de sa direction ou encore par l’évolution propre aux différents types de lieux culturels à travers le monde. Ces influences peuvent se traduire par l’offre quantitative de lieux à un moment donné, mais aussi de manière qualitative à travers la situation des lieux, leur implantation dans le tissu urbain, leur programmation et bien entendu, leur architecture. Les ouvrages historiques abordant la dimension culturelle à Charleroi ne sont pas légion, bien souvent, la culture n’est abordée que partiellement et est incluse plus globalement dans la question des loisirs. Cela a pour conséquence un manque d’informations et de données objectives La question architecturale est également la grande absente de ces ouvrages, en effet, celle-ci n’est abordée que pour une poignée de bâtiments qui sont aujourd’hui classés et qui malheureusement pour moi ne concernent que rarement des lieux culturels. C’est pourquoi, afin d’avoir un matériau brut et objectif pour asseoir mon propos, je me suis attelé à la confection d’un inventaire historique et d’une cartographie des lieux culturels à Charleroi.

I. Introduction

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Méthodologie L’inventaire Il s’agit d’un inventaire qui a peut-être la trop ambitieuse volonté d’être exhaustif compte tenu du manque de temps, de moyens et plus simplement au manque de documentation existante en lien avec ce sujet. En effet, il y a d’une part peu de documentation sur les lieux culturels anciens à Charleroi et d’autre part lorsqu’il y en a, il y a très peu d’information sur les bâtiments en tant que tels ; ce qui est en soi déjà intéressant à constater. On peut ajouter l’impossibilité d’accès au centre d’archive de la ville depuis quelques années pour cause de déménagement, restructuration et de sécurité.

I. Introduction

Afin de collecter ces données, j’ai utilisé des sources d’information très variées telles que : - des ouvrages (notamment la Monographie des rues de Charleroi de 1959) - des archives de journaux - des sites internet (et blogs) - des cartes postales d’époque - des témoignages (recueillis par mes soins ou non) - des annuaires téléphoniques

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Les illustrations sont en grandes parties issues de clichés personnels, les cartes postales ont été obtenues via le site de vente aux enchères http:// www.delcampe.be, elles y sont supprimées aussitôt qu’elles sont vendues, le reste des illustrations a été emprunté aux ouvrages cités dans la bibliographie.


L’objet de l’étude Comme mentionné plus tôt, la recherche concerne les institutions culturelles qui ont été caractérisées par une certaine stabilité dans le temps (et donc pas les lieux itinérants ni les animations événementielles). Elle concerne également les lieux considérant la pratique culturelle comme étant associée aux loisirs et admettant une liberté de fréquentation ou de non-fréquentation (elle exclut dès lors tout ce qui a trait à l’enseignement, écoles, conservatoires, académies,...). L’étude porte sur toute une série de types de lieux que j’ai catégorisés comme suit : - les lieux destinés aux arts du spectacle (théâtres, centre chorégraphiques, ...) - les cinémas - les bibliothèques et médiathèques (liées à la pratique de consultation et d’emprunt de documents) - les centres culturels - les lieux d’exposition (galeries, musées,...)

Les données recueillies pour chacun des types de lieux sont :

L’idée étant de recueillir des données disponibles pour un maximum de lieux afin de pouvoir les comparer, c’est pour cela par exemple que je n’ai pas

I. Introduction

- les dates (de mise en activité, de fin d’activité, d’éventuel déménagement,...) - les différentes adresses éventuelles - les affectations antérieures éventuelles - les affectations ultérieures éventuelles - la typologie du bâtiment (isolé, mitoyen,...) - la longueur de façade - l’architecte (lorsqu’il est connu) - une illustration depuis la rue

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retenu la capacité d’accueil des lieux ; en effet, lorsque l’on remonte dans le temps hormis certains cas particuliers il est pratiquement impossible de récupérer ces données, ou bien cela dépasserait clairement le cadre de travail qui est le mien.

Le cadre temporel L’inventaire considère les lieux culturels à partir de 1880 ce qui correspond à la fin du démantèlement des fortifications ; de plus l’Eden qui est le premier théâtre à être construit en matériaux durables apparait en 1885. C’est à ce moment là que la commune de Charleroi commence à endosser son rôle de centralité institutionnelle et culturelle.

I. Introduction

Le cadre spatial

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La question du cadrage spatial est assez paradoxal, d’une part il est très difficile de traiter l’ensemble des communes qui constituent la région de Charleroi de part leurs identités et leurs histoires parfois très différentes ; et d’autre part du fait du développement très tôt de la mobilité( entre autre) à Charleroi, on observe que beaucoup de lieux culturels se situant en périphérie ont une influence et attachement à l’ensemble de la région carolorégienne bien plus qu’à la commune dans laquelle ils se situent( ex: le Varia, les différents musées situés sur le site du Bois du Cazier, le site de la Providence, le site de Parentville,...). Aussi l’étude s’étendra à l’arrondissement administratif de Charleroi comprenant ses 15 communes mais en considérant chacun des lieux comme appartenant au centre ou à sa périphérie. Parallèlement, le manque de documentation sur la culture est encore plus important lorsqu’il s’agit de la périphérie.


14 Situation des communes de l’arrondissement administratif de Charleroi

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1. Charleroi 2. Dampremy 3. Lodelinsart 4. Gilly 5. Montignies-sur-Sambre 6. Couillet 7. Marcinelle 8. Mont-sur-Marchienne 9. Marchienne-au-Pont 10. Monceau-sur-Sambre 11. Goutroux 12. Roux 13. Jumet 14. Gosselies 15. Ransart

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I. Introduction

17 Illustration 1


Vers une métropole régionale 1. Le village de Charnoy

1.On y cultive alors de l’avoine et du seigle mais pas de blé qui est une céréale riche et donc plus exigeante 2. CHARLEROI, parcours d’une métropole en effervescence p.4

I. Introduction

3. Paradoxalement, c’est cette absence de corporations qui favorisera plus tard la rapidité de l’essor industriel, par une absence de monopoles et une grande liberté patronale

À l’origine, à l’endroit qui nous occupe, se trouvait le petit village de Charnoy. Rien ne le distinguait des villages voisins et on estime sa création dans le courant du XIème siècle. Au cours de la première moitié du XVIIème siècle, il s’agit d’un village qui compte 350 habitants sur un territoire de 360 hectares. Compte tenu du faible rendement des terres agricoles1 et de l’éloignement par rapport aux grandes voies commerciales de l’époque, le village n’est pas propice à un développement urbain, seul s’y déroule un commerce que l’on pourrait qualifier de local. En effet, le village s’approvisionne par bateau en blé et en fer qui proviennent du fourneau de l’Entre Sambre et Meuse plus au sud2; le fer que les agriculteurs utilisent pour produire des clous en hiver. L’absence de grandes zones boisées permet une exploitation modeste de la houille qui affleure dans toute la région. Le village exporte des clous, de la houille et du verre mais de manière insuffisante pour y voir se créer des corporations d’artisans et plus largement des conditions favorables à une immigration de travail3.

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Illustrations 2,3 Schémas de l’emprise au sol de l’ancien village de Charnoy par rapport au centre-ville actuel.


2. La ville fortifiée Lors de la seconde moitié du XVIIème siècle, l’Europe est secouée par les conflits territoriaux entre l’Espagne et la France. Suite au traité des Pyrénées de 1659 qui modifie la frontière entre les Pays-Bas espagnols et la France, plusieurs places fortes deviennent françaises. Ainsi il y a désormais entre Namur et Mons, un large couloir d’accès vers Bruxelles qui appartient aux Pays-Bas espagnols. C’est pourquoi ces derniers décident d’établir une forteresse militaire sur le site de Charnoy , forteresse dont la réalisation s’achève en 16664; mais malheureusement pour eux, un an plus tard, les français s’en emparent. La forteresse est agrandie par le régime français et on y mène une politique visant à inciter l’établissement d’une population plus importante. Malgré cela, la guerre et par conséquent la présences des troupe à l’intérieur de l’enceinte, freinent le développement de la ville5. C’est lors de la période de paix autrichienne à la moitié du XVIIIème siècle que la ville va véritablement se développer. Ce développement est largement dynamisé par les progrès techniques6, par l’amélioration des routes, par des taxes appliquées à l’importation de la houille anglaise et par la quantité d’espaces disponibles liée aux faibles potentialités agricoles. Aussi l’on voit y apparaître une nouvelle bourgeoisie et s’y établir de nombreuses grandes familles d’industriels. Progressivement la ville abandonne son image de place militaire pour devenir le centre d’activité de la région7.

4. le 1er essor de la ville est donc lié à des intérêts politiques extérieurs à la région 5. Op-cit p.11 6. Notamment ceux du génie hydraulique et de l’avancée de la machine à vapeur 7. En 1784, la ville compte 3563 habitants

I. Introduction

Illustrations 4,5 Schémas de l’implantation de la forteresse espagnole et de l’extension radioconcentrique française qui inclue désormais une portion de la Sambre

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3. La cité industrielle

8. Processus historique qui fait basculer des sociétés basées sur l’agriculture et l’artisanat vers le commerce et l’industrie

I. Introduction

9. À cette époque, la région est considérée par les décideurs comme un outil productif et tout y est fait de manière rationnelle pour développer cet outil, les critères esthétiques ou de qualité de vie sont hors de propos. Dans l’ouvrage Charleroi, terre d’urbanisme ; Victor Bourgeois nous montre bien que compte tenu de la direction des vents dominants, il aurait été plus sage d’établir les usines à l’est de la ville afin d’épargner les habitations, mais cela augmentait la durée des voyages vers Bruxelles...

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Au début du XIXème siècle, la révolution industrielle8 a complètement bouleversé la société en Grande Bretagne et ne tardera pas à se manifester en Belgique et en France. À cette époque la région de Charleroi, par son bassin charbonnier, le savoir-faire des artisans et le cours d’eau navigable qui est bordé de terrains disponibles ; remplit à merveille les conditions pour cette nouvelle ère d’industrie productive. Émerge alors, à l’instar d’autres grands bassins industriels, un énorme besoin de main d’œuvre et une attractivité salariale considérable pour l’époque ; cela provoque un exode rural massif en Belgique dans un premier temps et une immigration étrangère importante par la suite ; si bien qu’en 1831, la population de la région compte 64794 habitants. Pour soutenir cette croissance extraordinaire, l’état belge qui commence à se constituer, et les patrons d’industrie vont effectuer de lourds investissements dans les transports de marchandises vers Bruxelles et Paris, et dans les transports collectifs urbains9.

Illustrations 6,7 La ville continue de se développer tout en conservant ses fortifications pour le moment


4. La métropole de Charleroi Cette croissance se poursuivra au XIXème siècle. Devant la nécessité d’abriter cette main d’œuvre qui afflue, la périphérie se développe de manière considérable grâce à la construction de logements pour les travailleurs. Contrairement au bassin de Mons, il n’y a pas de grands ensembles de logements ouvriers dans la région de Charleroi ; la construction sera assurée par le patronat et de nombreux propriétaires terriens, celle-ci en l’absence d’une vision urbanistique forte, s’appuiera sur les différents villages périphériques existants pour constituer un maillage assez chaotique mais homogène d’habitations ouvrières.10 Le développement des voies d’accès vers Bruxelles va faire émerger une nouvelle proximité entre les deux villes assez inquiétante pour Charleroi. En effet, au delà du rayonnement économique de la ville, la bourgeoisie commence à s’interroger quant à la qualité de la vie dans une région de plus en plus obscurcie par la fumée des cheminées et qui ne peut rivaliser avec la capitale en terme d’équipements publics notamment dans le domaine du divertissement. Il faut éviter que la ville ne devienne un faubourg industriel de Bruxelles ; elle doit donc embrasser son statut de métropole la plus peuplée de Wallonie11 dont la production est la plus importante.

11. elle compte 345727 habitants en 1910 12. Association inter-communale pour l’aménagement du territoire et le développement économique et social des régions de l’est et du sud du Hainaut

13. Op-cit p.135

I. Introduction

« Le voisinage de Bruxelles est évidemment perçu comme un risque pour la ville de n’en devenir qu’un faubourg industriel. Autrefois, quand les moyens de circulation étaient réduits, Charleroi pouvait vivre dans un certain isolement et s’enlaidir à sa guise sans craindre l’attraction des régions plus favorisées. Sa vitalité économique suffisait à y entretenir un niveau démographique positif. En continuant à envisager le développement du Pays de Charleroi selon les seuls impératifs économiques et sociaux, on allait aboutir à sa transformation en une sorte de banlieue pauvre de Bruxelles. Ainsi, en reportant vers le nord, sur les plateaux de Gosselies et de Fleurus, sur l’axe de l’autoroute de Wallonie, tout le poids des nouvelles forces économiques, on incitait les cadres et les techniciens à prendre leurs logements dans un endroit proche de Bruxelles. Pour éviter cette vassalisation, l’Adec12 prône d’équilibrer l’aménagement du Pays de Charleroi, d’une part en renforçant l’attractivité de la ville, d’autre part en invitant, par le tracé d’un réseau de voies rapides, les habitants, à la recherche d’un cadre de vie agréable, à s’installer plutôt dans la périphérie sud, de Gerpinnes à Gozée. »13

10. Charleroi, une ville territoire ; Jean Louis Delaet p.119

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Vers la moitié du XIXème siècle, le centre-ville obtient d’être déclassée comme place forte à l’instar d’autres villes wallonnes comme Mons. Les travaux de démantèlement de ses fortifications débutent en 1868 pour s’achever en 188014.

14. il restera encore des vestiges souterrains qui seront utilisés comme abris lors des bombardements durant la première Guerre Mondiale, les travaux seront véritablement achevés après l’armistice de 1918

I. Introduction

15. Op-cit p.118

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Illustrations 8,9 Plan de la ville de Charleroi désormais libérée de ses entraves militaires

Contrairement aux autres villes comme Bruxelles où le démantèlement des remparts correspondait à une volonté d’unifier le centre historique à sa périphérie en vue de la développer ; à Charleroi le démantèlement vise à connecter la périphérie au centre afin de développer ce dernier. Cela est exécuté dans un contexte où les villes de la périphérie ont déjà une autonomie ainsi qu’un pouvoir politique établi, qu’elles affichent à travers leurs hôtels de villes, où siègent les riches industriels les plus notables de l’époque. Ceux-ci voient d’un mauvais œil le fait d’avoir à céder des portions de leur territoire. 15 L’ambition liée à l’unification de toutes ces communes en un territoire plus homogène dans lequel la commune de Charleroi jouera un rôle de centre urbain, se traduit par de colossales opérations de reconversion des terres libérées et notamment d’immenses ouvrages de terrassement et de nivellement en vue d’y lotir, pour une superficie globale de plus 120 hectares sur les 366 que compte son territoire. Cela s’explique par le fait qu’il n’y a pas à l’époque de pression foncière pour ces terres, les autorités publiques craignent donc de ne pouvoir les vendre que comme terrains agricoles.


« La ville est loin d’un seuil de saturation démographique à l’intérieur de l’enceinte… et certains fonctionnaires pensent même qu’il y a de grandes surfaces qui devront être vendues comme terrain agricole »16 Cette ambition implique de lourds investissements financiers et nécessitera plus de 50 ans pour être menée à bien. L’Exposition Internationale de 1911sera l’incarnation de cette ambition, elle témoignera au-delà des frontières de la prospérité et du savoir faire de la région. On perçoit bien la question du développement du centre-ville et de son rôle comme étant essentiel au rayonnement et à la pérennité de la région.

A. Un centre fractionné : la Ville Basse et la Ville Haute

La forteresse de Charleroi qui correspond à ce nouveau centre, était née sous l’impulsion de puissances étrangères successives. La Ville Haute est d’abord une place militaire créée par les espagnols puis elle passe sous domination française et devient le centre d’une ville nouvelle, pour enfin être étendue sous le régime hollandais. La Ville Basse fait suite à une extension de la fortification française afin de protéger la Sambre qui est alors un important vecteur d’échanges commerciaux.

17. A.-F. Rihoux, Charleroi Ville Haute 1860 – 1914, L.L.N., 1987, mémoire inédit p.80 18. Op cit p.81

I. Introduction

La Ville Haute présente un dynamisme économique assez faible et dépendant principalement du pouvoir central alors que la Ville Basse ayant été investie plus précocement par les industriels et les commerçants, génère une économie significative.17 Du point de vue morphologique, la Ville Haute s’organise autour de la place Charles II, depuis laquelle rayonnent six rues qui correspondaient aux axes militaires de contrôle visuel. Il s’agit d’une composition qui relève d’une grande rigueur géométrique issue d’une ordonnance classique faisant référence à la Renaissance et qui exprime les rapports de pouvoir en présence.18

16. Lettre de Depermentier, G., Ingénieur en chef-directeur des ponts et chaussées de la province du Hainaut à Vandertichelen, J., Ministre des Travaux publics, 18 janvier 1867, dans Musée royal de l’Armée, 2ème liasse. RIHOUX, A.-F., Charleroi VilleHaute 1860-1914, Louvainla-Neuve, 1987, mémoire inédit, p.16, 30 et 31

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Illustration 10 : Analyse typo-morphologique des villes basses et hautes de A.-F Rihoux

19. Op cit p.82

I. Introduction

20. Op cit p.86

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La Ville Basse quant à elle prend place dans la vallée et se structure autour du pôle rectangulaire qu’est la place Albert 1er, selon une composition plus organique, longeant les courbes dues à la rivière, tenant compte du relief pour structurer son bâti. Il y a également une différence notable dans les styles architecturaux employés pour le bâti selon que l’on se trouve dans le haut ou le bas de la ville.19 « La forme bipolaire des Villes Haute et Basse reflète, en quelque sorte, une double appartenance économique. La Ville Basse illustre plutôt la tradition des Pays-Bas méridionaux qui dynamise l’accumulation du capital en attirant manufactures, artisans, marché dans un climat de liberté et de « laisser-faire », tandis que la Ville Haute est plutôt marquée par le centralisme français qui vise, par un haut développement administratif, à dynamiser l’économie urbaine (Louis XIV accordait des avantages fiscaux aux nouveaux venus). C’est le reflet de la double appartenance culturelle à la France et aux anciens Pays-Bas »20


Ainsi l’enjeu essentiel de l’essor de la métropole réside dans le développement de ce centre urbain et par conséquent dans l’atténuation des ruptures entre les deux «villes». Une métropole régionale se définit par :

- une concentration de population - des fonctions d’impulsions dans les domaines économiques, financiers, politiques, et culturels - un réseau urbain - un bassin de main d’œuvre qualifiée - la qualité d’un enseignement reconnu

À la fin du XIXème siècle, la ville s’est dotée d’un réseau de tramways en constante évolution. Elle possède déjà une concentration de population importante et qualifiée, des infrastructures liées à la finance21 et un parti socialiste qui prend de l’essor à travers la lutte sociale ; il faut maintenant créer des équipements publics22 qui affirmeront la dimension culturelle de la métropole, qui constitueront un maillage d’architectures singulières en vue d’unifier la ville et qui inciteront la classe bourgeoise à rester à proximité de la ville. Voilà donc les enjeux liés à la création des lieux culturels après le démantèlement des fortifications.

21. telles que des banques et un quartier d’affaires

22. Hôtel de Ville, hôpitaux, écoles, édifices religieux, hôtels, édifices de transports publics,... ; et surtout des lieux culturels qui constituent l’objet qui nous intéresse ici

Illustration 13 : carte postale de l’ancien Palais de Justice situé boulevard Audent

Illustration 12 : carte postale de la Maternité Reine Astrid de l’architecte Marcel Leborgne qui a été démolie depuis

I. Introduction

Illustration 11 : carte postale de la première Athénée de Charleroi

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26

II. Arts du Spectacle Vs Cinémas

II. ADS vs. CIN

Introduction Les théâtres sont, parmi les types de lieux culturels qui nous occupent, les premiers à faire leur apparition sous une forme institutionnelle dans la région de Charleroi. Leur arrivée tardive dans la « cité sambrienne » s’explique du fait que cette dernière a conservé pendant longtemps les vestiges de son époque militaire : les fortifications. En effet, celles-ci ont empêché pendant longtemps la ville de s’unifier avec les communes alentours. Or ce sont ces communes périphériques qui hébergeaient la plupart de la population carolorégienne. De plus, le démantèlement des fortifications permettra par la suite le développement d’un impressionnant réseau de « tramways » qui permettra de connecter toutes ces communes entre-elles et ainsi de donner l’accès au plus grand nombre aux lieux culturels situés dans le centre. L’émergence tardive du théâtre aura pour conséquence une fragilité supplémentaire dans la future concurrence qui l’opposera au cinéma. En effet, dans une époque bercée par l’idée de progrès, d’émancipation ouvrière promise par la technique et donc tournée vers l’avenir1 ; le cinéma est parmi les distractions proposées, l’incarnation de cette modernité. Ainsi, s’installera dans la plupart des villes du monde une coexistence plus ou moins difficile entre les deux pratiques culturelles2. À Charleroi, plus qu’ailleurs le théâtre par son manque d’assise historique dans la ville, fera pâle figure face au dernier né, qui représente une révolution technologique et qui va se répandre comme une trainée de poudre en seulement quelques années.

Illustration 14 : graphique des évolutions des théâtres et des cinémas


Aussi je me suis vite rendu compte qu’il serait difficile de développer l’histoire des théâtres à Charleroi sans évoquer celle des cinémas et vice-versa, tant leurs évolutions sont intimement corrélées. C’est pourquoi, j’ai pris le parti de développer en parallèle ces deux types de lieux culturels qui dans les pratiques sont assez semblables à bien des égards et pourtant dans le fond si différents. À la fin du XIXème siècle, la vie culturelle à Charleroi ne se distingue pas des pratiques de loisirs3. Elle est naturellement associée au quotidien à des pratiques comme le temps passé dans les cafés, aux nombreux événements sportifs liés à la balle pelote, au football, au cyclisme ; ou encore aux nombreuses fêtes foraines qui animent régulièrement la vie de la cité. Il s’agit pour la plupart de spectacles commerciaux, menés par de petites troupes théâtrales qui s’installent ponctuellement dans les différents cafés-théâtres ou music-hall comme le Monico (ADS.14) qui est le premier music-hall de la région et qui ouvrira ses portes jusqu’en 1905. D’autres troupes de théâtres ainsi que des spectacles de marionnettes accompagnent les forains. Globalement les différentes scènes fonctionnent en location et il n’y a pas de directeur de programmation ayant une vision précise.5

2. F. Lacloche, Architectures de cinémas 3. Les Festivités à Charleroi au début du XXème siècle p.56

Illustration 15 : carte postale de la Place du Sud (actuelle Place Albert 1er) lors d’une partie de balle pelote

Illustration 16 : carte postale de la Place du Sud lors du marché

4. Référence ADS : Arts du Spectacle, CIN : Cinémas, LE : Lieux d’Exposition, BM : Bibliothèques-Médiathèques, CC : Centres Culturels. Voir inventaire. 5. Op cit p.56

II. ADS vs. CIN

Le Théâtre des Boulevards (ADS.2) fait ici figure d’exception, il est installé en 1871 par le français Deschamps sur l’actuel Boulevard Audent et fait face à l’ancien Palais de Justice. Contrairement aux autres lieux de spectacle de l’époque, celui-ci est fréquenté par l’élite régionale et y sont présentés des drames historiques, des opérettes, du vaudeville et surtout les pièces les plus en vogue à Paris et à Bruxelles. En 1873, A. Courtioux qui est alors co-directeur du Théâtre des Boulevards quitte Deschamps pour ouvrir son « Grand Théâtre Carolorégien », Le Salon Courtioux au dessus de la rue Turenne presque sur le Boulevard Jacques Bertrand. Il s’agit d’une salle qui comprend 1000 places, une buvette et une programmation relativement moins « relevée » même s’il lui est arrivé de présenter du Molière. Avec un programme composé globalement de mélodrames et de vaudevilles, les foules populaires de l’époque sont rapidement conquises et même la bourgeoisie goûte de temps à autres à ces spectacles populaires.5 Trois ans plus tard, la Famille Deschamps-Couvreur y répond en installant le théâtre Friquet à proximité du Salon Courtioux mais cette fois-ci à front de l’actuel Jacques Bertrand, La concurrence fut rapidement défavorable

1. on pense à l’époque que le développement de la technique permettra à terme de s’affranchir complètement du travail

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6. Op cit p.56 7. l’architecte qui est déja responsable du premier musée de la région en 1979 8. R. Wangermée, Dictionnaire de la chanson en Wallonie et à Bruxelles, p. 303

pour le Salon Courtioux et ce dernier ferma ses portes peu de temps après. En 1878, Casti, un familier de la foire d’été et de son théâtre ambulant repris le Théâtre Friquet. On observe déjà à cette époque suite à la faible présence des théâtres, le souci de vouloir occuper la « première place » et donc la bataille féroce que mène la Famille Deschamps pour écarter la concurrence qui pourrait leur faire perdre leur statut symbolique.6

L’Eden

Le 9 avril 1883, le conseil communal de la ville de Charleroi accorde à l’architecte Auguste Cador7 qui est également auteur dramatique dialectal, l’autorisation d’édifier d’exploiter une salle de théâtre sur le terrain dont il est propriétaire, situé au coin des actuels boulevard de l’Yser et Jaques Bertrand. Il obtient un accord de protection temporaire de 10 ans en contrepartie du risque financier qu’il prend. En effet, la ville s’engage à ne pas investir dans un autre théâtre8. En plus d’une visibilité accrue liée à sa typologie de bâtiment d’angle, l’Eden Théâtre(ADS.3) occupe une position stratégique dans la ville puisqu’il se situe sur la limite entre les Villes Basse et Haute.

4

5

II. ADS vs. CIN

Illustration 17 : Localisation de l’Eden

1.entrée et accès balcon 2.salle de spectacles 3.foyer - brasserie 4.cuisine et réserve 5.accès loges 6.bureaux

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28 Illustration 18 : plans du théâtre

1.entrée et accès balcon 2.salle de spectacles 3.foyer - brasserie 4.cuisine et réserve 5.accès loges 6.bureaux


l’Eden semble appartenir à la fois à la Ville Haute et à la Ville Basse par sa localisation et par son architecture qui brouillent les pistes, d’une part en observant pour le corps principal une composition plutôt classique, avec des étages de hauteur dégressive et des travées régulières à l’instar de la typologie architecturale employée à la Ville Haute ; et d’autre part en utilisant des volumes morcelés ainsi qu’en rendant apparente la brique en façade (car les façades de la Ville Haute sont généralement enduites) dont l’image renvoi plutôt à la Ville Basse. Auguste Cador avait assurément la volonté d’établir une singularité à cet endroit, son architecture est connue pour développer un style issu de l’éclectisme puisant dans un vaste répertoire historique. Le bâtiment est-il l’expression stricte de ce style éclectique ou avait-il déjà conscience des enjeux que pouvait induire un théâtre à cet endroit là ?

II. ADS vs. CIN

Illustration 19 : carte postale du théâtre

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Le Cirque/Théâtre des Variétés

Illustration 20 : carte postale du Cirque des Variétés

Le Cirque des Variétés(ADS.6) fut inauguré en 1902 à l’initiative d’Auguste Bovyn. Il était à cette époque à Charleroi, le lieu de spectacles populaires par excellence. Développant une programmation très variée avec des spectacles d’acrobates, d’illusionnistes, de jongleurs, de dresseurs d’animaux, de ventriloques, de prestidigitateurs, de diseurs, de chanteurs, de cantatrices, des comédies, des opéras, des opérettes, des drames mais aussi des matchs de lutte, de boxe, de catch ou encore certains passages d’hommes politiques. Ce haut lieu de divertissement s’est implanté à l’emplacement actuel du Palais des Beaux-Arts (ADS.11) et a conféré à la place du Manège son statut de place. En effet à l’époque du démantèlement des fortifications, cette dernière était un étang artificiel qui fut comblé par un apport massif de terres9; la place fut régulièrement occupée par des marchés, des cirques ambulants et des grandes foires annuelles mais mis à part ces événements, la place est encore considérée comme un coin périphérique de la ville. C’est d’une part le lotissement du nouveau front bâti qui va cadrer la place et d’autre part le Cirque des Variétés qui par son attractivité, va lui amener son statut de centralité à la Ville Haute.

9. G. Rassel, P.-J. Schaef-

II. ADS vs. CIN

fer, Palais des Beaux-Arts de Charleroi 40 ans, p.16

30

Illustration 21 : carte postale du nouveau Boulevard Bertrand

Illustration 22 : carte postale de la Place du Manège pendant le marché et le Cirque des Variétés en arrière plan


Illustration 23 : carte postale du théâtre des Variétés

Le nouveau propriétaire Gustave Bernard qui a fait l’acquisition du lieu au lendemain de l’Armistice en 1918, aura la volonté de transformer le Cirque des Variétés. Afin de développer sa capacité et son emprise sur la place, il racheta les deux maisons mitoyennes. Le nouveau bâtiment ainsi construit fut terminé en 1928 et s’appelle désormais le Théâtre des Variétés (ADS.6). Ce dernier allait poursuivre la politique de programmation tout en permettant l’accès à un plus grand nombre de personnes et dans de meilleures conditions. En effet, le Cirque des Variétés qui avait été le moteur économique de la rue, n’avait pas réussi à imposer une accélération dans l’aménagement de cette dernière. C’est en 1920, que les travaux d’égouttage et de pavage de la rue seront achevés. Le succès du Théâtre des Variétés repris de plus belle jusqu’à la démolition du bâtiment en 1949 afin d’y établir huit ans plus tard le Palais de Beaux-Arts de Charleroi.

10. Op cit p. 17

II. ADS vs. CIN

« Pendant trente ans, les «Variétés» devaient être le point de convergence d’une activité incessante où la population, selon ses affinités, venait retrouver les émotions, les sensations, les plaisirs infinis de ses passions intellectuelles, artistiques ou ludique.»10

Illustration 24 : photo aérienne du théâtre des variétés, on observe le vide urbain en arrière plan

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Les salles des fêtes 11. Dictionnaire de la chanson en Wallonie et à Bruxelles, p. 303

Vers le début du XXème siècle, l’arrondissement de Charleroi va voir fleurir toute une série de salles de spectacle. à son apogée, la ville compte plus de 50 salles, de condition très variable, soutenues par les différents cercles en liens avec les différents courants politiques qui traversent la ville (neutres, socialistes et catholiques). Parmi ces salles, les plus importantes sont le Varia (ADS.8) à Jumet (auquel je reviendrai plus tard car il avait essentiellement une programmation de cinéma), le Casino de Mont-sur-Marchienne, la Ruche Verrière (ADS.4) de Lodelinsart, la salle Concordia (ADS.7)(à l’endroit où se situe l’actuel cinéma Le Parc) et la Bonbonnière (ADS.9) de la Maison des Corporations toutes deux situées à la ville basse, les différentes Maisons du Peuple qui surgissent dans la plupart des communes et de nombreux salons privés11. Il s’agit pour la plupart de plateformes de diffusion de spectacles qui font partie d’un programme plus vaste au sein des bâtiments qu’elles occupent (salles de réunion, brasserie ; généralement, il s’agit de lieux pensés comme des foyers où les usagers doivent pouvoir passer du temps.

Illustration 25 : carte postale du Casino de Mont-sur-Marchienne

Illustration 27 : carte postale de la Maison du Peuple de Marcinelle

Illustration 28 : carte postale, vue intérieure de la salle de spectacle de la Maison du Peuple

II. ADS vs. CIN

Illustration 26 : carte postale du Palais du Peuple

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Illustration 29 : carte postale Maison des Corporations

Illustration 30 : carte postale, vue de la salle La Bonbonnière (Maison des Corporations


Il y a lieu de distinguer les salles appartenant à des lieux symboles tels que le Palais du Peuple ou la Maison des Corporations qui se doivent d’afficher une expressivité forte en façade et qui cherchent également à se distinguer par des ruptures de gabarit ; des salles se situant dans les Maisons du Peuple qui pour la plupart cherchent au contraire à s’assurer une intégration à travers le respect du front bâtis existant et un dessin de façade soucieux d’établir une continuité avec les maisons alentours et bien souvent l’architecture même de ces salles de spectacle témoigne d’une expressivité tout en sobriété. A l’origine, la Ruche Verrière est uniquement une salle des fêtes, construite en 1897, par l’architecte F. Lefèvre ; c’est en 1926 que la Nouvelle Union Verrière (première association d’ouvriers verriers) de Lodelinsart entreprend d’acquérir la salle, de la transformer et de lui adjoindre le corps de bâtiment donnant sur la place qui lui conférera sa renommée dans la région de Charleroi. Ce bâtiment s’intègre dans le front bâti, sa façade est composée de matériaux sobres (pierres et briques cimentées). Cette dernière se développe sur 2 niveaux de 3 travées dont la centrale déborde dans la toiture à la mansart et est couronnée d’un lourd attique sommé d’une ruche12.

Illustration 32 : photo, vue intérieure de la salle de spectacle de la Ruche Verrière

II. ADS vs. CIN

Illustration 31 : photo de la façade de la Ruche Verrière

12. Op cit p. 305

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34 II. ADS vs. CIN


13. Article sur la salle Concordia, le béton armé, organe mensuel des agents de concessionnaires du système hennebique n°161, p. 148 - 150

II. ADS vs. CIN

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35

Illustration 33


1. Architectures de Cinémas, p. 12 -13

L’arrivée du cinéma : une progression en 2 phases

2. Charleroi 1911-2011, Cinémas à Charleroi en 1911, p. 400

L’invention de la technique cinématographique correspond à une révolution technologique qui apparait à Paris durant la deuxième moitié du XIXème siècle. Dans un premier temps, cette projection d’images est considérée comme une prouesse de la recherche scientifique qu’il s’agira de développer mais rapidement elle deviendra l’objet d’une curiosité fascinante pour les masses populaires. En effet, en dehors de Paris, le cinéma fait rapidement son apparition durant les fêtes foraines. Un nombre impressionnant de personnes y font alors la file pour pénétrer sous une tente où étaient projeté ce que l’on pourrait considérer aujourd’hui comme des court-métrages muets contemplatifs.1 Pourtant, une fois la surprise passée, les spectateurs se lassent rapidement de ce qui n’est encore qu’un gadget (caméras fixes, qualités d’images basiques, durée des films de quelques minutes), il faudra attendre George Mielis pour que la pratique devienne média avec ses propres codes et schémas narratifs2. A Charleroi, la première salle de cinéma est La Grande Brasserie Nationale (CIN.1) et fait son apparition avant 1905. Elle remplace le Music-hall le Monico dans le passage de la Bourse. Quelques salles de spectacle soucieuses d’accompagner cette modernité, investissent dans un système de projection et présentent des films en complément de leur programmation de spectacle. Il s’agit encore de films muets, accompagnés par des musiciens. Il semble que le cinéma ne fut pas intégré à L’Exposition Internationale de 1911 même, alors que la pratique avait été largement mise en avant à Paris pour l’Exposition Universelle de 1900. Paris qui est alors considéré comme un modèle pour la ville, s’est ouvertement inspirée des transformations d’Haussmann pour concevoir son développement après le démantèlement des forteresses. Il semblerait néanmoins que de nombreux cinémas ambulants aient pris place en dehors des espaces alloués à l’Exposition pour y présenter des films. Malgré cet apparent désintérêt des organisateurs de l’Exposition pour le cinéma, c’est pourtant cette dernière qui va permettre le développement d’un nombre impressionnant de salles où seront projetées des images. En effet, du jour au lendemain, la ville qui était alors peuplée par 20 000 habitants va voir déferler dans ses rues des dizaines de milliers de visiteurs supplémentaires. Il s’agit là d’une aubaine pour les commerçants qui y verront vite la nécessité d’envisager l’avenir et d’investir. C’est dans cette logique que vont se multiplier les cinémas et les reconversions de cafés en théâtres cinématographiques.

II. ADS vs. CIN

Illustration 34 : carte postale, intérieur du Passage de la Bourse, vue sur le cinéma le Trianon

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Illustration 35 : carte postale, rue de la Montagne, vue sur le cinéma le Cheval Arabe sur la gauche


On notera le cinéma de la Montagne (CIN.2), Le Cheval Arabe (CIN.7) qui le remplacera rapidement, l’Alcazar de la Bourse (CIN.3) qui remplacera La Brasserie Nationale (CIN.1), au Wahkalla (CIN.4), Le Capitole (CIN.5), le Hansa-Hall (CIN.6), le Cristal (CIN.8), le Trianon (CIN.9), le Varia (CIN.10) à Jumet et bien d’autres. Cette progression ne durera que quelques années puisqu’elle sera rapidement stoppée par la première Guerre Mondiale3. Après la guerre, le cinéma peut reprendre cette progression et ce qui a été détruit sera vite reconstruit. De manière générale, les cinémas de cette époque empruntent leur architecture aux théâtres et aux music-hall, tant en terme de programmation d’espace qu’en terme de langage formel ; pour la programmation car à cette époque, bien souvent les lieux se doivent de pouvoir abriter les deux types de divertissement et principalement parce que le cinéma n’a pas encore développé de programmation propre mis à part des contraintes liées à la technique, dans l’expression formelle car il n’est pas encore une industrie mais est considéré comme une forme de spectacle associée aux autres dans la pratique plus globale qu’est le divertissement4.

3. Op cit p. 401 4. Architectures de Cinémas, p. 18

Illustration 37 : photo de la rue de la Montagne pendant la guerre

II. ADS vs. CIN

37 Illustration 36 : photo de la façade du cinéma le Varia


5. Op cit p. 61

Après la guerre, l’arrivée du cinéma parlant va réellement bouleverser la pratique. En effet, le cinéma devient une industrie à travers le monde et essentiellement du fait des États-Unis, de l’Angleterre et de la France. Le nombre de films produits explose ainsi que le nombre de nouvelles salles de cinéma. La demande du public est grandissante et les films sont projetés jusqu’à usure de la pellicule5. À Charleroi, de nombreux cinémas en supplantent d’autres qui étaient alors déjà considérés comme inadaptés aux dernières techniques de projections et acoustiques, nécessitant de nouveaux investissements. Les cinémas s’implantent dans le centre de la plupart des grandes villes, soucieux de renforcer l’image de marque qu’ils tentent d’imposer ; à Charleroi ce phénomène est accompagné par la volonté de la ville de développer son centre, la concentration est telle qu’il n’est d’ailleurs pas rare de voir plusieurs cinémas dans une même rue. Il s’agit à l’époque de cinémas de quartier implantés dans des bâtiments mitoyens comprenant une unique salle de projection, certains naissent d’initiative locale, d’autres de par leurs noms laissent penser qu’il s’agissait de chaines de cinémas souhaitant s’implanter dans un maximum de villes, il n’est en effet par rare à l’époque d’observer les mêmes noms de cinéma à travers les différentes villes belges et françaises (l’Alcazar, le Coliséum, l’Eden, le Trianon,...). Les années 30 devaient être celles du cinéma. Il est à noter que de cette époque, le Coliséum et le Varia sont les seuls bâtiments qui ont subsisté.

II. ADS vs. CIN

Illustration 38 : carte postale, vue du Coliséum sur la gauche

38

La progression des cinémas sera mise en pause pendant la deuxième Guerre Mondiale, pour reprendre au début des années 50 mais sera affaiblie par la démocratisation de la télé qui instaurera progressivement un rapport domestique aux images, et par la démocratisation de l’automobile que nous verrons plus tard.


Le Palais des Beaux-Arts À la sortie de la 2ème Guerre Mondiale, la ville avait progressivement pris conscience de ses nouvelles aspirations et pouvait pleinement se consacrer à assurer son statut de métropole. Parce qu’elle était née de l’essor industriel, elle ne pouvait se prévaloir d’un passé culturel et artistique historique. Même si elle avait été le théâtre de l’apparition de nombreuses salles de spectacle et de cinémas, aucun de ces lieux de pouvait prétendre conférer à la ville l’aura culturelle qu’elle méritait. Après une phase d’importants travaux de modernisation et de transformations urbanistiques notamment à travers le développement des grands boulevards, qui vont aboutir dans les années 30 ; Joseph Tirou qui est alors le Bourgmestre de la commune de Charleroi, avait prévu une seconde phase de travaux qu’il s’agissait, à la sortie de la guerre, de vite remettre en marche. Cette seconde phase comprenait l’implantation de toute une série d’équipements publics destinés à renforcer Charleroi dans son rôle de grande ville wallonne mais également à améliorer le cadre de vie de ses habitants. Le revers de cette ambition allait être une pression immobilière importante qui allait entrainer la destruction de beaucoup de bâtiments, parmi lesquels, la Maison des Corporations. Cette ambition allait se matérialiser à travers deux projets d’une ampleur folle. Le premier concerne le Palais des Expositions inauguré en 1954, dont la mission est d’offrir à la ville un véritable pôle économique et commercial en imposant une volonté de grandeur. Il est prévu pour accueillir toutes sortes de foires commerciales et de salons, notamment celui des arts ménagers.

II. ADS vs. CIN

39 Illustration 39 : photo du Palais des Expositions


II. ADS vs. CIN

Le second projet, dans cette continuité de grandeur est cette fois-ci alloué à la culture. Le Palais des Beaux-Arts vient s’implanter à l’endroit du Théâtre des Variétés, ce qui lui permet de jouir d’emblée d’une position favorable dans la ville et dans l’esprit des Carolos, position favorable allouée par son prédécesseur. Il s’agit d’un chantier colossale, les habitants assisteront pendant des années au déplacement de près de 70 000 m³ de terre et au battement de 1688 pieux de fondation sur ce terrain de remblai en forte déclivité. Il fut l’œuvre de l’architecte Joseph André qui arborait déjà un large palmarès à Charleroi. On lui devait les plans du «Grand Bazar» de la ville basse, la Maison des Corporations, la transformation de la Basilique Sainte-Christophe et les chantiers du Coliséum et de l’Hôtel de Ville qu’il avait repris. Le Palais fut inauguré en grande pompe en 1957 et voici la description du lieu que l’on pouvait entendre lors du discours inaugural :

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Illustration 40 : photo du Palais des Beaux-Arts


6. description du Palais des Beaux-Arts lors du discours inaugural effectué par Léo Collard, ministre de l’Instruction publique, des Arts et des Lettres

II. ADS vs. CIN

« En retrait du boulevard Jacques Bertrand et de l’avenue de l’Europe, la façade légèrement incurvée dégage une entrée couverte par sept portes que le public franchit pour déboucher dans un vaste vestibule de 18 m sur 17 m, au centre duquel s’impose «Il Miracolo», un bronze significatif de Marino Marini. Sur la face droite, perpendiculaire à la façade, se trouve l’accès aux bureaux d’administration et, en vis-à-vis l’ouverture vers la salle de «La Réserve» en sous-sol. Au delà du grand vestibule, un hall en rotonde distribue tous les niveaux de la salle de spectacles, des salles d’expositions et de la brasserie. Le hall en rotonde traversé, par trois portes, on gagne un promenoir entourant la grande salle et l’on atteint ainsi les vestiaires et, plus loin, les couloirs des fauteuils d’orchestre. De part et d’autre de la rotonde s’amorcent d’imposants escaliers. A gauche, ils mènent vers le premier et deuxième balcons de la grande salle. A droite, le premier au centre descend vers la brasserie tandis que le deuxième à sa gauche donne accès au premier balcon et le troisième à sa droite aux salles d’expositions et au deuxième balcon. D’une capacité de 1800 places - 1000 places au parterre et 800 à l’étage- la grande salle a été conçue fondamentalement pour répondre aux critères essentiels d’une mise en scène de spectacles lyriques. Le plateau de la scène est vaste avec 20 m de large sur 20 m de profondeur et le gril qui en constitue le plafond technique est à une hauteur de 23 m. Une fosse d’orchestre complète le dispositif scénique. Au-dessus d’un grand vestibule d’honneur, en façade, la splendide salle de Congrès de 30 m sur 20 m peut accueillir cinq cents personnes assises. Une petite scène y est aménagée et une galerie surplombe la salle. Un grand foyer se déploie devant la salle, à laquelle se rattachent vestiaires, locaux sanitaires, bar et cuisine au-dessus de la conciergerie. Polyvalente, cette salle peut servir avec une même opportunité pour des manifestations culturelles, des séances académiques, des défilés d’élégance, des bals, des banquets, des réceptions, des récitals ou des séances de musique de chambre. Pour les expositions, deux salles spacieuses, superposées, d’une superficie totale de 1500 mètres carrés, sont à même d’accueillir les ensembles artistiques les plus divers.»6

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42 II. ADS vs. CIN


II. ADS vs. CIN

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Illustration 41 : plan du rez-de-chaussĂŠe du Palais des Beaux-Arts


Je me suis entretenu, dans le cadre de ce travail, avec Guy Rassel, celui qui a été pendant plus de 40 ans le directeur du Palais des Beaux-Arts. Voici la retranscription de notre entretien. Entretien avec Guy Rassel Directeur du Palais des Beaux-Arts de 1960 à 2002 Co-fondateur et directeur général de l’ASBL Ballet de Wallonie (Charleroi Danses) Président du conseil d’administration du Théâtre de l’Ancre en 1973 Membre du Comité permanent du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles Membre du Conseil de la Musique de la Communauté française de Belgique

II. ADS vs. CIN

S. B. : Pouvez-vous me parler de votre arrivée à la tête du Palais des Beaux-Arts de Charleroi ? G. R. : Le Palais des Beaux-Arts correspondait à une volonté du pouvoir communal de Charleroi, il s’agissait d’un partenariat public-privé et le bâtiment fut inauguré en 1957. En 1960, diplômé depuis 2 ans dans le domaine économique, alors que j’avais un emploi, j’ai été approché afin de participer à un « casting » pour le poste de directeur général du PBA. Nous étions 3 à avoir été retenus et j’étais le plus jeune, et j’ai dû faire forte impression parce que du haut de mes 24 ans, c’est moi qui ai eu le poste. Quelle époque ! (rire)

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S. B. : Quelle était alors l’ambition d’un tel lieu ? G.R. : Il s’agissait d’une volonté pour la ville d’y développer un véritable pôle d’activité constitué du Palais des Expositions qui naît en 1954 si je me rappelle bien, et du Palais des Beaux-Arts, Les responsables avait été visité l’Opéra de Malmö en Suède et avaient été impressionnés par la taille de la grande salle (1500 places) qui était alors la plus grande des pays nordiques. Le Palais des BeauxArts de Bruxelles constituait néanmoins l’inspiration principale. L’idée était de développer à Charleroi un pôle culturel qui allait remettre la ville sur le devant de la scène, c’est pourquoi le terme « Palais » a été retenu aussi bien pour les Expos que pour les Beaux-Arts. La grande salle du PBA possédait 1800 places et la scène


était alors la plus grande de Belgique (mais le cadre de scène était trop petit). A l’époque, le budget alloué à ce type de projet n’était pas un critère aussi essentiel qu’aujourd’hui, il s’agissait avant tout de renforcer l’image de la ville et ainsi attirer du monde. S. B. : Comment se positionnait Charleroi par rapport aux autres villes francophones de Belgique quant à la question culturelle ? G.R. : A cette époque, à proximité de Charleroi, il y avait à Mons un théâtre dont la programmation était semblable à celle du PBA mais qui avait moins de perspectives et moins de moyens, à Namur il y avait également un théâtre mais la programmation n’y était pas aussi importante par contre, à Bruxelles il y a le Palais des Beaux-Arts qui fonctionne très bien. S. B. : Et comment se situe le PBA par rapport aux autres lieux culturels de Charleroi ? G.R. : Je suis originaire d’Arlon et c’est en prenant ma fonction de directeur général des Beaux-Arts que je suis venu m’installer dans la région aussi je n’ai pas une idée précise de la vie culturelle à Charleroi avant cela mais ce dont je me rappelle c’est qu’il y avait alors pas mal de cinémas mais pas grand-chose d’autre, le théâtre de l’Eden présentait essentiellement des matchs de catch et était à bout de souffle.

S. B. : En plus de votre statut de directeur général des Beaux-Arts, vous avez pris

II. ADS vs. CIN

S. B. : Quels types de public fréquentaient le PBA ? G.R. : Cela dépendait essentiellement de la programmation, de manière générale il s’agissait du même public Carolo assez réduit. En revanche nous accueillions un large public populaire de Charleroi pour les opérettes, les concerts et aux spectacles populaires (dans la continuité du Théâtre des Variétés qui était implanté là avant le PBA). Assez tôt nous avions mis en place un abonnement « promotion culturelle » afin de susciter un intérêt chez nos visiteurs amateurs d’opérettes par exemple, pour d’autres types de spectacles ou d’expositions ; mais cela n’a pas suscité l’engouement escompté. Nous laissions également l’accès aux salles d’exposition pendant les entractes mais peu de spectateurs y allaient (pause trop courte, déjà vu, pas envie,…). Lorsque nous avions des exclusivités, il y avait un large public d’intellectuels flamands et bruxellois qui courraient les expos.

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II. ADS vs. CIN

une part active dans le développement de toute une série de projets comme le théâtre de l’Ancre ou ce qui est devenu plus tard Charleroi Danses, pouvez-vous m’en parler ? G.R. : Tout d’abord, au sein du Palais des Beaux-Arts, nous avons tenté de monter toute une série de projets, pour quelques temps, nous avons transformé la salle de réunion pour y développer un petit théâtre de marionnettes. En 1966 nous avons crée le Ballet de Wallonie et se créait au même moment à Liège l’Opéra de Wallonie. Conjointement, nous allons faire voyager nos spectacles en France, en Espagne et en Italie par exemple. Cette activité de ballet au PBA nécessitait parfois de faire répéter jusqu’à 50 danseurs. Le personnel technique avait imaginé d’aménager les combles à cet effet mais régulièrement certains danseurs se cognaient et nous avons du renoncer à cette idée (rire) par la suite nous avons développé sur le parking des trams « la caravane » qui était un grand studio de danse, toujours pour les répétitions. C’est ce Ballet qui est devenu plus tard Charleroi Danses. J’avais également participé au développement d’un petit théâtre appelé Le théâtre de l’Ancre, qui s’est installé dans un premier temps dans la petite salle d’audition pour les élèves du Conservatoire et j’en ai été le président en 1973. Par la suite, il s’est implanté à la rue de Montigny, ce théâtre qui avait des moyens limités a pourtant rapidement pris une relative ampleur, ce qu’il faut savoir c’est qu’à l’époque la grande salle du PBA n’était pas du tout adaptée aux représentations théâtrales, la salle était beaucoup trop grande (d’ailleurs nous avions réfléchi à des solutions pour la partitionner mais rien de très satisfaisant) de plus la fosse d’orchestre installait une distance trop importante avec le public. Globalement il y avait pour moi un grand intérêt à soutenir de mon mieux tous ces projets et à installer de nombreux partenariats, je n’aimais pas trop la dispersion, je lui préférais la notion d’excroissance.

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S. B. : Rétrospectivement, quel est votre sentiment par rapport à l’ambition culturelle pour le développement de la ville ? G.R. : Le Palais des Beaux-Arts incarnait à l’époque le sérieux de cette ambition par les moyens qui lui ont été consacrés. Par la suite, il y a eu une période où les politiques ont presque tout misé sur le sport. Il est quand même étonnant d’observer que Charleroi est à ma connaissance la seule ville de Belgique où le stade de football se trouve en plein centre-ville. Et pourtant on n’observe aucun bar aux alentours du stade, ce ne sont pas les sports qui font vivre une ville.


Pendant 10 ans, le Palais des Beaux-Arts va monopoliser la question culturelle en ville, assurant le coup fatal aux derniers théâtres qui n’ont pu échapper au destin produit par le cinéma. En effet, l’Eden fermera ses portes un an avant l’inauguration du PBA, Le Coliséum comme d’autres salles de spectacle et de cinéma sera transformé en dancing, le Théâtre des Boulevards ne pouvant que constater l’exode de la majorité de son public vers le Palais des Beaux-arts, fermera en 1965 ; seuls subsistent le Varia à Jumet et la Ruche Verrière à Lodelinsart. Le Palais des Beaux-Arts assurera sa suprématie d’une part, grâce à une programmation sur tous les fronts, en présentant du théâtre dramatique, du théâtre lyrique, de l’Opéra, des opérettes, du ballet, des spectacles de danse et des expositions de renommée parfois internationale ; et d’autre part grâce à la démocratisation de l’automobile car dorénavant, il faudra s’assurer un espace pour que les nombreux spectateurs puissent se garer. Cela creusera davantage la tombe des petites salles. Pourtant, assez paradoxalement, de toutes les disciplines présentées par le PBA, c’est le théâtre pour lequel le lieu est le moins adapté, avec une salle beaucoup trop grande et une fosse d’orchestre prévue pour l’Opéra qui installe une distance trop importante avec le public pour les représentations théâtrales. Cette constatation annonce le retour de théâtres plus modestes dans le centre ville parmi lesquels le théâtre de l’Ancre.

Le théâtre de l’Ancre

Illustration 42 : photo, vue extérieure du Conservatoire

1. L’ANCRE…21… : Fragment de l’histoire d’un théâtre régional p.43

II. ADS vs. CIN

L’Ancre est née d’une volonté politique locale conjuguée à l’enthousiasme d’un trio de Carolos pour la création d’un théâtre avec peu de moyens. André Plateau avocat et conseiller communal avait participé lorsqu’il était étudiant en droit, à la création du théâtre de l’étuve à Liège. Conscient de cette éternelle rivalité entre les deux villes, il avait émis le souhait de doter sa ville d’un théâtre permanent. Jean-Michel Thibault, Eric Sustendal et Jacques Fumière entreprennent alors de monter le théâtre de l’Ancre, Jean-Michel Thibault y investira son argent, Eric Sustendal et Jacques Fumière apporteront le peu de matériel qu’ils auront récupéré de la faillite du Théâtre Chrétien itinérant français.1 Cette initiative sera rapidement soutenue par Guy Rassel qui en sera le président en 1973 et par Marcel Claudel alors à la tête du département lyrique du PBA, qui y sera parmi les

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présidents d’honneur de 1971 à 1979. Le théâtre s’installe dans le Conservatoire de Charleroi, il y partagera la salle d’auditions des étudiants. Il y connaîtra toutes les difficultés liées à la cohabitation.

Illustration 43 : carte postale, vue extérieure du centre culturel de Mont-sur-Marchienne( anciennement le Casino)

II. ADS vs. CIN

Illustration 44 : photo, vue actuelle du Théâtre de l’Ancre

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2. Op-cit p.49

«Jouer, mais que cela n’entrave pas la bonne marche de l’école; jouer, oui, mais pas n’importe quoi : il faut que le répertoire soit aussi respectable que ces lieux respectables! Répéter, oui, mais après 20 heures. Jouer, répéter, oui, mais tout ranger, tout débarrasser pour le lendemain matin... Ouvrir un bar dans une école?» La cohabitation durera 10 ans, pourtant la nécessité de changer de lieu se faisait au fil du temps de plus en plus pressante. A la fois à cause de l’inconfort lié au partage des lieux mais principalement parce que le théâtre se fait «snober» par les troupes qui avaient leurs lieux bien à elles, par les vedettes venant de l’extérieur , par les metteurs en scène,... . En 1978, Jean-Pol Demacq devient l’échevin de la culture de la majorité socialiste qui s’installe à l’Hôtel de Ville et depuis la fusion des communes de 1977, est à la tête des 15 communes. C’est tout naturellement qu’il propose le centre culturel de sa commune de Mont-sur-Marchienne pour accueillir l’Ancre. Ce centre culturel qui n’a que quelques années à son actif, s’est implanté dans l’ancien bâtiment du Casino comportant une salle de spectacle qui avait accueilli le cinéma le Plaza (CIN.25) auparavant. L’Ancre s’installe donc en périphérie, l’enjeu est désormais de fidéliser un nouveau public tout en espérant conserver l’ancien. Mais cette décentralisation lui permet enfin plus de liberté de manœuvre quant aux spectacles, aux répétitions même s’il s’agit toujours d’une cohabitation et surtout elle lui offre une capacité d’accueil sans commune mesure avec l’ancienne localisation. Avec ce nouvel outil plus adapté, le théâtre passe véritablement du statut de théâtre semi-professionnel à celui de pleinement professionnel. Ce statut grandissant le fera à nouveau déménager en 1985 vers le centre ville dans l’ancien entrepôt de piles Varta fraîchement rénové à la rue de Montigny, localisation qu’il occupe encore actuellement.2 Le théâtre est enfin maître de ses lieux. Il demeure modeste par son bâtiment mais sa localisation en ville n’est pas dénuée d’intérêt, il fait face à la piscine Helios, est à 150 m d’une sortie d’autoroute et surtout à proximité involontaire d’un grand parking. Le théâtre commence à programmer des pièces originales, la presse est unanime et le pari est gagné, l’Ancre est désormais un théâtre de création.


Innover pour survivre, la dernière révolution du cinéma : le Multiplex À partir des années 50, le cinéma avait subi la nouvelle concurrence imposée par l’arrivée du petit écran dans les foyers belges. On voit apparaître à cette époque les premiers cinémas comprenant plusieurs salles de projections, capables désormais d’étoffer leur offre de films et d’accueillir un public plus nombreux. Ceux qui en auront la possibilité transformeront leur grande salle en plusieurs petites salles ; cette nouveauté va introduire une hiérarchisation entres les cinémas qui sera défavorable à ceux qui ont dû se résigner à n’offrir qu’une seule salle. À Charleroi, la conséquence en est la survivance d’un petit nombre de salles. L’essor de l’automobile allait également bouleverser l’évolution de la ville. Désormais le réseau de tramway est abandonné par les sociétés de transport, on lui préfère un important réseau de bus. Il faudra désormais compter avec la voiture et prévoir un espace à proximité des lieux pour que les spectateurs puissent se garer. De plus, l’intérêt croissant des populations pour les dancing avait fait beaucoup de mal aux salles obscures, nombre d’entre-elles comme le Coliséum allaient d’ailleurs être réaffectées à cet usage.

2. projet qui deviendra l’actuel centre commercial Ville 2

II. ADS vs. CIN

Vers la moitié des années 80, il y a 10 salles en fonction dans la ville : 4 au Trianon, 4 au Paradiso (CIN.30), 1 au Coliséum et 1 au Parc (CIN.31). Au début de l’année 1987, un nouveau cinéma de 7 salles va voir le jour au Boulevard Tirou : le Marignan-Vauban (CIN.28) sous l’impulsion de Jean Hanne, un amoureux du cinéma qui se verra confier la direction du Parc dont la propriétaire est âgée et malade. À la fin de l’année, il annonce la création d’un important complexe cinématographique : le Carollywood (CIN.29) qui se situera sur l’ancien charbonnage du Mambourg au nord de la ville vers Gilly.1 Le bourgmestre de l’époque Jean-Claude Van Cauwenberghe va soutenir ce projet, d’autant que la ville ambitionne une rénovation du site en question pour y implanter un vaste complexe commercial2. À ce moment, la plupart des ménages possède au moins une voiture et il n’est donc plus nécessaire de s’établir dans le centre ville, d’autant que le besoin d’espace pour un grand nombre de salles et pour un parking est un réel handicap en centre-ville. Si dans un premier temps le Carollywood qui compte alors 11 salles, a du mal à s’imposer, en effet, il est alors situé au milieu d’un terrain vague sans route

1. Carollywood : un million d’entrée en 1997, Jacqueline Moucheron- -Votquenne, quotidien La nouvelle Gazette, Janvier 1998

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ni parking aménagés ; la situation s’aggrave lorsque débutent les travaux du centre commercial. Mais l’inauguration du Ville 2 annonce une nouvelle ère caractérisée par la suprématie du Carollywood. Celui-ci par les 14 salles qu’il comptera au final et par l’immense parking qu’il partage avec le centre commercial, signera la fin de tous les cinémas situés en centre-ville à l’exception du cinéma le Parc, cinéma d’art et d’essai, qui n’en subira pas la concurrence.

Illustration 45 Article de journal annonçant la prochaine fermeture du cinéma le Marignan

3. proposition que certains

jugeront déloyale envers le cinéma le Parc, parmi ceux-ci, le bourgmestre de l’époque Jean-Claude Van Cauwenberghe qui estimait que seul un plan financièrement rentable pour Jean Hanne serait viable

II. ADS vs. CIN

4. actuellement Cinépointcom mais encore largement évoqué par son ancienne appellation par la population

50

5. aucun des deux ne se situe sur une place ou un boulevard, ce qui était le cas pour le Marignan-Vauban et le Paradiso

Aujourd’hui, hormis le Parc [CIN.31], tous les cinémas du centre-ville ont fermé suite à une concurrence avec le Carollywood de plus en plus impossible à assumer. Le Paradiso [CIN.30] et ses quatre salles, fermera ses portes en 2003 et sera détruit en 2013 dans le cadre du projet Carolophénix 1 qui concerne la ville-basse. Le Marignan-Vauban [CIN.28] et ses six salles, fermera quant à lui en 2008. Cela, malgré un attachement pour beaucoup à disposer d’un cinéma en plein centre-ville, donnera lieu à toute une série de plans de sauvetage qui resteront vains. Parmi ceux-ci, il y avait notamment le projet en 2004 de réhabiliter trois des quatre salles du Paradiso afin d’y développer un pôle de cinéma d’art et d’essai avec le Marignan-Vauban. Cela permettait également à ce dernier d’être sauvé en sollicitant la Communauté française pour couvrir les salaires ainsi que les frais de fonctionnement et la ville pour le montant des loyers.3 Avec le futur Quai de l’Image qui comprendra quatre salles qui seront allouées au cinéma le Parc, il semble que nous nous dirigions vers un schéma de deux cinémas dans la région de Charleroi, le Carollywood4 plus populaire avec sa programmation en phase avec l’industrie culturelle cinématographique, et le Parc avec son cinéma d’auteur en version originale visant un public plus restreint. On peut donc aisément imaginer une coexistence paisible entre les deux lieux. Il est néanmoins regrettable de constater que par leurs implantations respectives, ces deux bâtiments ne dégagent que peu de présence sur l’espace public5. Le Quai de l’image qui est un pôle pluridisciplinaire par contre, jouira d’une belle et imposante façade sur les quais qui sont réaménagés à cette occasion ; mais ce dernier par son offre plurielle sera-t-il admis comme un cinéma dans l’esprit des Carolos? En d’autres termes, le crédit de son expressivité et de sa présence sur l’espace public sera-t-il à mettre à l’actif des cinémas ou non?


II. ADS vs. CIN

51


Cartographie : Arts Du Spectacle 1880 - 1910

Cartographie

1

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Carte 1


Cartographie : Arts Du Spectacle 1910 - 1960

2

Cartographie

Carte 2

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Cartographie : Arts Du Spectacle 1960 - 1980

4

3

Cartographie

Carte 3

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Carte 4


Cartographie : Arts Du Spectacle 1980 - 2000

5

Cartographie

Carte 5

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Cartographie : Arts Du Spectacle 2000 - 2015

Cartographie

6

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Carte 6


ADS : Synthèse

I (1880-1910)

Centre

V

- Émergence tardive du théâtre (lié au développement tardif du centre-ville, besoin de divertissement pour une classe bourgeoise) - Implantation sur le boulevard qui se situe à la limite entre ville-haute et ville-basse [ADS.2,3] - Émergence de salles de spectacles populaires (acquis sociaux progressif, besoin également de divertissement) [ADS.1,6,7] - [ADS.1,6] donnent sur des places et [ADS.6] vient refermer une place qui était un étang artificiel, il affirme le nouveau caractère urbain de la place

IV

II

I

III

- Création de [ADS.4] sous l’impulsion de la corporation

Périphérie des verriers de Lodelinsart, caractère local, subit moins la concurrence avec les autres théâtres

IV (1970-2000)

II (1910-1960)

Centre

- Concurrence entre les théâtres et le cinéma, qui en freine le développement - Destruction de nombreux bâtiments en centre-ville pendant la guerre, notamment des théâtres, qui amènera à une période de reconstruction - Développement du parti socialiste, construction de bâtiments collectifs symboliques, les palais et maisons du peuple (contenant des salles de spectacle) - Construction du Théâtre des Variétés [ADS.6] - Concurrence du cinéma au sein de la programmation des théâtres - Création du Coliséum [ADS.10] - Fermeture de l’Eden [ADS.3] - Création du Varia [ADS.8], qui par la suite, sera amené à

Périphérie programmer exclusivement du cinéma

Centre

- L’Ancre [ADS.12] quitte la périphérie, mais décentralisé pour des raisons pratiques de bâtiment, d’accès pour les voitures et de parking - Soutien des pouvoirs publics pour la pratique théâtrale, développement du Vaudeville [ADS.14] - La troupe théâtrale Les Molières et Mocassins investissent

Périphérie les cafés théâtres dans le centre, notamment le café-théâtre de la Brasserie [ADS.18]

V (2000-2015)

Centre

- L’Ancre [ADS.12] confirme son succès - Réactivation de l’Eden [ADS.3] - Développement de projets privés soutenus par les pouvoirs publics [ADS.17,19,20] - Le Ballet de Wallonnie devient Charleroi Danses, actuellement de renommée supra-nationale

- Les Molières et Mocassins s’installent en périphérie pour y développer leur propre théâtre, le Petit Théâtre de la Ruelle - Création du Palais des Beaux-Arts [ADS.11], concurrence Périphérie [ADS.15] qui va achever les théâtre en centre-ville. - Le Vecteur se développe pour quitter la périphérie et - La salle du PBA est inadaptée à la pratique théâtrale s’installer à la ville basse. => ré-émergence plus tard de petits théâtres [ADS.12,13]

III (1960-1970) Centre

Cartographie

Périphérie

- L’Ancre [ADS.12] qui a peu de moyens mais témoigne d’une réelle demande, déménage en périphérie pour des raisons pratiques et politiques - Maintien des salles [ADS.4,8] mais le Varia [ADS.8] ne programme plus que du cinéma

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Inventaire : Arts Du Spectacle ADS 1 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Le Monico (premier music-hall) 1905 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Passage de la Bourse

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

aucune aucune Ilot - Bâtiment mitoyen - Galerie 21,5 m

échelle : 1/5000ème

ADS 2 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Le Théâtre des Boulevards 1871 / 1965 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Boulevard de l’Yser 16

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

aucune aucune Ilot - Bâtiment mitoyen 19 m

échelle : 1/5000ème

Inventaire Avant-propos

ADS 3

58

Nom du lieu : Dates : Architecte :

Théâtre l’Eden 1885-1958/ 1997 A. Cador

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Boulevard Jacques Bertrand 1-3

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

école «La Samaritaine» aucune Ilot - Bâtiment d’angle 108,5 m

échelle : 1/5000ème Illustration


ADS 4 Nom du lieu : Dates : Architecte :

La Ruche Verrière 1897-transformation 1926 F. Lefèvre

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6042 - Place Gilles 19-20

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

aucune aucune Ilot - Bâtiment mitoyen 16,5 m

échelle : 1/5000ème Illustration 46

ADS 5 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Sale Débout (marionnettes) 1890 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Place de la Digue

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

aucune aucune Bâtiment mitoyen inconnue

échelle : 1/5000ème

ADS 6 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Cirque-Théâtre des Variétés 1902 /1928 / 1949 A. Bovyn

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Place du Manège

aucune PBA nouvelle construction Ilot - Bâtiment mitoyen 20 m

échelle : 1/5000ème

Avant-propos Inventaire

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Illustration 47 59


ADS 7 Nom du lieu : Dates : Architecte :

La Concordia 1911 / 1942 C. Patris

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Rue de Montignies 58

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

aucune aucune Ilot - Bâtiment mitoyen 20 m

échelle : 1/5000ème Illustration 48

ADS 8 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Théâtre le Varia 1914-1984 E. Claes

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6040 - Rue Joseph Lambillotte 3

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

aucune projet de bibliothèque? Ilot - Bâtiment mitoyen 25,5 m

échelle : 1/5000ème Illustration 49

Inventaire

ADS 9

60

Nom du lieu : Dates : Architecte :

La Bonbonnière (Maison des corporations) 1925 / 1955 J. André

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Place Albert 1er

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Commerce Tour de bureaux ( Centre Albert) Ilot - Bâtiment mitoyen 12 m

échelle : 1/5000ème Illustration 50


ADS 10 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Le Coliséum 1930» - 60 J. Lejaer

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Rue de Marchienne 31

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Cinéma Cinéma - Dancing - Salle concert Ilot - Bâtiment mitoyen 20 m

échelle : 1/5000ème Illustration 51

ADS 11 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Le Palais des Beaux-Arts 1957 J. André

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Place du Manège

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Théâtre des Variétés aucune Bâtiment isolé 245 m

échelle : 1/5000ème Illustration 52

ADS 12 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Théâtre de l’Ancre 1967 / 1976 / 1985 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Conservatoire de Charleroi 6032 - Centre culturel de Mont-surMarchienne (Rue du Château 3) 6000 - Rue de Montigny 122

aucune aucune Ilot - Bâtiment mitoyen 7,5 m

échelle : 1/5000ème

Inventaire

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Illustration 53 61


ADS 13 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Théâtre de Poche 1977/ /1998 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Rue du Fort 70

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Péniche 6000 - Rue du Fort 70

aucune aucune Ilot - Bâtiment mitoyen 7,5 m

échelle : 1/5000ème Illustration 54

ADS 14 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Théâtre le Vaudeville 1983/1995/ 2008 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Rue de Marcinelle 30 6000 - Passage de la Bourse (Trianon) 6000 - Boulevard Tirou 53

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Cinema Le Vecteur Ilot - Bâtiment mitoyen 30 m

échelle : 1/5000ème Illustration 55

Inventaire

ADS 15

62

Nom du lieu : Dates : Architecte :

Le Petit Théâtre de la Ruelle 1988 / 2005 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Place du Manège 1 6042 - Rue du Village

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

aucune aucune Ilot - Bâtiment intérieur d’ilot 12,5 m

échelle : 1/5000ème Illustration 56


ADS 16 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Charleroi Danses 1998 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Boulevard Mayence 65 Ecuries-Manège

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

aucune aucune Bâtiment isolé 173 m

échelle : 1/5000ème Illustration 57

ADS 17 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Le Comédie Centrale café-théâtre 2002 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Rue du Grand Central 33

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Comic art aucune Ilot - Bâtiment mitoyen 15 m

échelle : 1/5000ème Illustration 58

ADS 18 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Café-théâtre de la Brasserie 2005 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Place du Manège 1

café aucune Ilot - Bâtiment d’angle 28 m

échelle : 1/5000ème

Inventaire

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Illustration 59 63


ADS 19 Nom du lieu : Dates : Architecte :

3Destructure / Théâtre le Vecteur 2003 / 2007 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6001 - Grand Place 9-10 6000 - Rue de Marcinelle 30

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Fabrique de pianos De Heug / Théâtre Vaudeville aucune Ilot - Bâtiment d’angle 53,9 m

échelle : 1/5000ème Illustration 60

ADS 20 Nom du lieu : Dates : Architecte :

La Ruche Théâtre 2009 (bâtiment 1920) inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6001 - Avenue Meurée 1

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Salle de Tennis de Table Le Vecteur Ilot - Bâtiment d’angle 17,5 m

échelle : 1/5000ème Illustration 61

Inventaire

ADS 21

64

Nom du lieu : Dates : Architecte :

La Théâtrothèque 2013 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Boulevard Tirou 53

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Le Vaudeville aucune Ilot - Bâtiment mitoyen 30 m

échelle : 1/5000ème Illustration 62


65


Cartographie : CinĂŠmas 1880 - 1910

Cartographie

1

66

Carte 1


Cartographie : CinĂŠmas 1910 - 1930

2

Cartographie

Carte 2

67


Cartographie : CinĂŠmas 1930 - 1960

4

5

Cartographie

Carte 5

68

Carte 4


Cartographie : CinĂŠmas 1960 - 1985

6

Cartographie

Carte 6

69


Cartographie : CinĂŠmas 1985 - 2015

Cartographie

7

70

Carte 7


CIN : Synthèse

I (1880-1910)

Centre

- Le cinéma est une curiosité fascinante, il est un divertissement incarnant le progrès technique - Arrivée du cinéma à Charleroi par les fêtes foraines - Création de la Brasserie Nationale [CIN.1], qui remplace un théâtre - La Brasserie Nationale devient rapidement l’Alcazar de la Bourse [CIN.3] - Quelques salles de spectacle investissent dans du matériel de projection et l’intègre à leur programmation

II I

III

IV

V

II (1910-1930)

Centre

Périphérie

- Le cinéma est absent de l’Exposition Internationale mais de nombreux cinémas ambulants investissent la ville - L’afflux de 20000 visiteurs pousse les commerçants à investir dans le cinéma, beaucoup de reconversions de cafés [CIN.2,4,5,6,7,8,9] - Progression du cinéma stoppée à la guerre - Après la guerre, reconstruction - Révolution du cinéma avec l’arrivée du film parlant - Les cinémas sont alors considérés comme des commerces, ils s’implantent naturellement le long des artères commerçantes : • Passage de la Bourse : [CIN.3,9] • Rue de la Montagne : [CIN.2,7,14,15,22] • Rue Neuve : [CIN.13,17,18,21] • À Proximité des places Alberts 1er et Buisset : [CIN.4,6,11,19] - Le Varia [CIN.10], programmation de cinéma

développe

une

importante

IV (1960-1990)

Centre

- Fermeture du Varia [CIN.10], devenu vétuste, et qui

Périphérie ne peut plus concurrencer les Multiplex, leur diversité de programmation et leur facilité d’accès

V (1990-2015)

III (1930-1960)

Périphérie

- Le Varia [CIN.10] se maintient, car par son caractère local, il subit moins de concurrence - Le Casino de Mont-sur-Marchienne devient un cinéma [CIN.25]

Centre

- Hégémonie d’un nombre réduit de multiplex [CIN.28,29,30,31] - Concurrence entre les multiplex qui tourne à l’avantage du Carollywood [CIN.29], le cinéma Le Parc [CIN.31] qui touche un public différent ne subit que très peu de concurrence - Fermeture à la fin des années 2000 des cinémas [CIN.28,30] - Projet en cours du Quai de l’Image, qui offrira des salles supplémentaires à la disposition du cinéma Le Parc

Cartographie

Centre

- Progression stoppée pendant la 2ème Guerre Mondiale - Déclin du cinéma par : • l’apparition de la télévision • la démocratisation de la télévision • la démocratisation de l’automobile - Transformation de quelques cinémas en multiplex - À la fin des années 50, arrêt total du réseau de tramways

- Le déclin se poursuit avec le développement de la télévision ainsi qu’avec l’invention de la VHS - Époque des dancing, de nombreux cinémas [CIN.22,26,27] subissent des reconversions, ils sont des aubaines pour les dancing car ils répondent déjà à la nécessité de gérer le bruit, ils sont implantés en centre-ville et ils disposent d’espaces intérieurs importants - Fin des années 80, développement de 2 multiplex [CIN.28,29] et réactivation du cinéma d’art et d’essai [CIN.31]

71


Inventaire : Cinémas CIN 1 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Brasserie nationale / 1905 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Passage de la Bourse

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Music-Hall Le Monico Cinéma L’Alcazar de la Bourse Ilot - Bâtiment mitoyen - Galerie 30 m

échelle : 1/5000ème

CIN 2 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Cinéma de la Montagne 1912 / inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Rue de la Montagne 14

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

aucune Cheval arabe Ilot - Bâtiment mitoyen 12 m

échelle : 1/5000ème Illustration 69

Inventaire

CIN 3

72

Nom du lieu : Dates : Architecte :

L’Alcazar de la Bourse 1905 / inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Passage de la Bourse

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Cinéma Brasserie nationale Cinéma le Trianon Ilot - Bâtiment mitoyen - Galerie 30 m

échelle : 1/5000ème


CIN 4 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Au Wahkalla 1908 / 1914 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Rue de Marcinelle 23

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Café-concert aucune Ilot - Bâtiment mitoyen 5,5 m

échelle : 1/5000ème

CIN 5 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Le Capitole 1911 / 1918 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Rue du Manège

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

aucune aucune inconnue inconnue

échelle : 1/5000ème

CIN 6 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Hansa-Hall (cinéma-brasserie-concert) 1911 / 1918 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Place Emile Buisset 4

aucune Cinéma Olympia Ilot - Bâtiment mitoyen - Intérieur d’ilot

15 m

échelle : 1/5000ème

Inventaire

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

73


CIN 7 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Le «Cheval arabe» 1912 / 1966 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Rue de la Montagne

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

aucune Cinéma Le Moderne Ilot - Bâtiment mitoyen 12 m

échelle : 1/5000ème Illustration 69

CIN 8 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Le Cristal 1913 / inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Place Charles II 1

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Café le Stordeur Brasserie Ilot - Bâtiment d’angle 21,5 m

échelle : 1/5000ème Illustration70

Inventaire

CIN 9

74

Nom du lieu : Dates : Architecte :

Le Trianon 1913 / inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Passage de la Bourse

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Cinéma L’Alcazar de la Bourse aucune Ilot - Bâtiment mitoyen - Galerie 30 m

échelle : 1/5000ème Illustration 71


CIN 10 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Le Varia 1914 / 1986 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6040 - Rue Joseph Lambiotte 3

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

aucune Projet de Bibliothèque / salle de spectacle

Ilot - Bâtiment mitoyen 25,5 m

échelle : 1/5000ème Illustration 72

CIN 11 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Le Palace / 1922 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Rue du Collège 18

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Dans Hôtel Beukelers Dancing Ilot - Bâtiment mitoyen 17,5 m

échelle : 1/5000ème

CIN 12 Nom du lieu : Dates : Architecte : 1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Place du Faubourg à Charleroi-Nord

aucune aucune inconnue inconnue

échelle : 1/5000ème

Inventaire

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Appollo avant 1926 inconnu

75


CIN 13 Nom du lieu : Dates : Architecte :

L’Américain avant 1926 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Rue Neuve

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

aucune aucune inconnue inconnue

échelle : 1/5000ème

CIN 14 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Attractions réunies avant 1926 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Rue de la Montagne

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

aucune aucune inconnue inconnue

échelle : 1/5000ème

Inventaire

CIN 15

76

Nom du lieu : Dates : Architecte :

Le nouvel Eden (Palais du Peuple) 1905 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Rue de la Montagne 49

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

aucune aucune Ilot - Bâtiment d’angle inconnue

échelle : 1/5000ème Illustration 73


CIN 16 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Idéal avant 1926 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Rue Neuve

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

aucune aucune inconnue inconnue

échelle : 1/5000ème

CIN 17 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Le Cinéma Bleu avant 1926 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Rue Neuve 57

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

aucune Palais du Film Ilot - Bâtiment mitoyen 19 m

échelle : 1/5000ème

CIN 18 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Palais du Film avant 1926 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Rue Neuve 57

Le Cinéma Bleu Commerce Ilot - Bâtiment mitoyen 19 m

échelle : 1/5000ème

Inventaire

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

77


CIN 19 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Olympia 1918 / (1950) inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Place Emile Buisset 4

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Cinéma-brasserie-concert Hansa-Hall

Cinéma Le Paris Ilot - Bâtiment mitoyen - Intérieur d’ilot

15 m

échelle : 1/5000ème

CIN 20 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Le Moderne 1918 / 1939 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Rue de la Montagne 22

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Cheval Arabe Commerce Ilot - Bâtiment mitoyen 12 m

échelle : 1/5000ème

Inventaire

CIN 21

78

Nom du lieu : Dates : Architecte :

Le Far West 1918 / inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Rue Neuve 84

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

aucune aucune Ilot - Bâtiment mitoyen 18,5 m

échelle : 1/5000ème


CIN 22 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Le Coliséum 1924 / 1925 - 70 & 80 J. Lejaer

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Rue de Marchienne 31

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Théâtre Cinéma - Dancing Ilot - Bâtiment mitoyen 20 m

échelle : 1/5000ème Illustration 74

CIN 23 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Appolo 1926 / inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Rue Neuve 27

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

aucune aucune Ilot - Bâtiment mitoyen 9m

échelle : 1/5000ème

CIN 24 Nom du lieu : Dates : Architecte :

L’Eldorado 1927 / inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Rue de la Montagne 49

aucune aucune Ilot - Bâtiment d’angle 32,5 m

échelle : 1/5000ème

Inventaire

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

(Palais du peuple)

79


CIN 25 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Le Plaza 1937 / 1957 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6032 - Rue du Château 3

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Casino Centre culturel Ilot - Bâtiment isolé 42 m

échelle : 1/5000ème Illustration 75

CIN 26 Nom du lieu : Dates : Architecte :

L’Etoile 1952 / inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Rue Léopold 8

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

aucune aucune inconnue inconnue

échelle : 1/5000ème

Inventaire

CIN 27

80

Nom du lieu : Dates : Architecte :

Le Turenne 1953 / ? inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Rue Turenne 35

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

aucune Cinéma pornographique Ilot - Bâtiment mitoyen 6,5 m

échelle : 1/5000ème


CIN 28 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Le Marignan 1987 / 2008 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Boulevard Tirou 53

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Cinéma La Théâtrothèque Ilot - Bâtiment mitoyen 30 m

échelle : 1/5000ème Illustration 76

CIN 29 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Le Carollywood 1987 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Grand Rue 141 - 143

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

aucune aucune Bâtiment isolé 424,5 m

échelle : 1/5000ème Illustration 77

CIN 30 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Le Paradiso années 1990 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Place Emile Buisset 4 6000 - Boulevard Tirou 53

Cinéma le Paris déconstruction Ilot - Bâtiment mitoyen 30 m

Inventaire

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

échelle : 1/5000ème Illustration 78

81


CIN 31 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Le Parc 1951 / / 1985 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Boulevard Audent 6000 - Rue de Montigny 58

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Bâtiment de la Paroisse aucune Ilot - Bâtiment mitoyen 20 m

échelle : 1/5000ème Illustration 79

CIN 32 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Le Quai de l’Image 2015 / inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Quai de Brabant 10

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Banque Nationale de Belgique aucune Ilot - Bâtiment mitoyen 63 m

échelle : 1/5000ème Illustration 80

Nom du lieu : Dates : Architecte :

Inventaire

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

82

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

échelle : 1/5000ème


83


84

III. Bibliothèques et Médiathèques

III. Bibliothèques

Les bibliothèques vers la fin du XIXème siècle Une bibliothèque de manière générique, consiste en l’acquisition d’ouvrages, et à la mise à disposition de ces ouvrages à la collectivité. Le développement de ces dernières dans la région de Charleroi, correspond à l’essor du progrès social à cette époque. En effet, à la fin du XIXème siècle, l’idéal d’émancipation ouvrière par l’instruction fait son chemin ; ce projet sera incarné par la figure de Jules Destrée, un érudit issu de la bourgeoisie de Marcinelle, qui mènera une longue carrière politique dans ce sens. Il y a à cette époque un nombre très important de bibliothèques populaires1 dans la périphérie de Charleroi. Cette localisation s’explique par la volonté de proximité avec les habitants qui, pour l’essentiel, habitent et travaillent dans la périphérie. On y distingue trois réseaux : - les bibliothèques neutres, dites d’ «Universités Populaires» - les bibliothèques paroissiales - les bibliothèques socialistes, liées aux différentes «Maisons du Peuple» Celles-ci, pour la plupart, prennent place dans des petits locaux au sein de bâtiments appartenant aux différents réseaux évoqués ci-dessus. Elles sont laissées à l’entière appréciation de leurs initiateurs, cela entraine des différences notables entre ces dernières, en terme de tailles, de collections2, d’horaires d’ouverture, d’implantations, de compétences des personnes en charge3,etc. Ce qui a pour conséquence un maillage assez dense mais très hétéroclite dans la région.4 Dans la continuité de la politique libérale qui est menée au XIXème siècle, l’état ne distribue à l’époque, que de bien maigres subventions pour l’acquisition de livres.

La Loi Jules Destrée Jules Destrée est élu pour la première fois en 1894 dans l’arrondissement de Charleroi, lors des premières élections plurales. Il est un fervent défenseur de la classe ouvrière, d’une législation sociale et du suffrage universel. Il sera ministre


des Arts et des Lettres de 1919 à 1921. Dans la foulée de la loi sur la scolarité gratuite et obligatoire adoptée en 1914, sera promulguée en 1921, une loi visant à faire intervenir l’état dans le financement des bibliothèques, tout en permettant aux bibliothécaires l’entière autonomie quant aux choix des livres. «(...) pour l’état, il n’y a pas de mauvais livres, (...) l’état n’aurait pas à choisir les livres des bibliothèques publiques. Car, messieurs, il est bien évident que pour chacun de nous, il y a de mauvais livres, mais il est évident aussi que ce ne sont pas les mêmes. La qualité que nous attribuons à un livre correspond à notre tendance et dépend donc de l’esprit du parti. Si nous voulons éviter celui-ci, nous devons renoncer à l’immixtion de l’état dans le choix des livres et constituer des bibliothèques non pas selon les préférences du pouvoir, mais au gré des gens qui les fréquentent, c’est à dire répondre aux demandes des lecteurs.»4 Après l’adoption de la loi, l’état s’investit dans le développement de bibliothèques, à travers le financement de l’acquisition des livres et des frais de fonctionnement, tout en préservant une part d’initiatives à d’autres acteurs. Globalement, les horaires d’ouverture sont élargis, les collections s’étoffent et le statut des bibliothécaires se professionnalise progressivement par l’instauration de cours, de concours et de certificats.5 Cette loi amènera une meilleure reconnaissance des bibliothèques et globalement, à un saut qualitatif de ces dernières, pourtant, l’ensemble demeurera très hétérogène. En 1978, la loi sera réformée pour être adaptée à l’évolution de la société. Cette réforme qui est souhaitée dés les années 50, consistera notamment à établir de manière officielle une hiérarchie au sein des bibliothèques tout en préservant la gratuité et les facilités d’accès au citoyen. Cette hiérarchie s’établit comme suit : - les bibliothèques centrales ( en principe, une par province) - les bibliothèques locales - les bibliothèques itinérantes (bibliobus lorsqu’absence de bibliothèque sur le territoire)

3. Histoire de Montignies-sur-Sambre : le XXe siècle, Claude Yernaux, Montignies-sur-Sambre, Edition de l’Administration Communale, 1966, p.114 4. Annales parlementaires, chambre des représentants, séance du 9 juin 1921, cité par Georges-Henry Dumont, le ministre des Sciences et des Arts, dans Destrée le multiple, Bruxelles, 1995, p58 5. La Loi de 1921 sur les bibliothèques, Jules Destrée le précurseur, Paul Delforge, Présence et Action Culturelles, n° spécial des Cahiers de l’éducation permanente, Bruxelles, PAC éditions, 2011, p.1519

III. Bibliothèques

Ce réseau sera coordonné par le Centre de Lecture Publique de la Communauté Française. La bibliothèque centrale du Hainaut est située à La Louvière, néanmoins, celle de l’UT a le statut de «bibliothèque locale provinciale» tandis que les autres ont le statut de bibliothèques communales locales.

1. Dont il reste très peu de trace dans les ouvrages accessibles aujourd’hui, probablement que nombre d’informations à ce sujet se trouvent dans les archives de la ville, qui je le rappelle, sont inaccessibles en ce moment. 2. Tant quantitativement que qualitativement c. Il s’agit de personnes sans statut véritable

85


La bibliothèque de l’Université du Travail 1. Charleroi 1911-2011, p.72 2. Op-cit p.73 3. Recueilli sur le site web de la bibliothèque.

La bibliothèque est dans un premier temps une section du musée provincial de l’enseignement technique, elle prendra rapidement de l’ampleur grâce au nombre croissant d’étudiants depuis la fondation de l’école en 1903, et dans l’idée qu’offrir une éducation complète à ces derniers, ne se limite pas à une instruction technique. C’est dans cet esprit que la collection s’ouvrira plus largement à d’autres types d’ouvrages (romans, livres d’histoire, etc.). à cette époque, elle se trouve dans le bâtiment Gramme (actuel BPS22).1 L’Université du Travail est devenue au fil des décennies, un agglomérat de nombreux bâtiments. En 1931, sont entrepris des travaux concernant la construction du siège administratif qui vise à rationaliser l’administration d’une école comprenant de nombreuses divisions. C’est au sein de cet édifice que la nouvelle bibliothèque ouvrira ses portes en 1937, elle disposera enfin d’un espace à la hauteur de ses ambitions.2

Illustration 81 : photo, vue actuelle la salle de prêt

Illustration 83 : photo, vue de l’espace de lecture en 1937

III. Bibliothèques

Illustration 82 : photo, vue actuelle de l’Espace Public Numérique

86

En 2007, est effectué un réaménagement du bâtiment administratif, la salle de lecture est agrandie, la section jeunesse qui se trouvait dans un autre bâtiment y est désormais intégrée. Il y a de plus l’apparition d’une nouvelle salle informatique : l’Espace Public Numérique. Le lieu se dit dorénavant prèt à « faire face aux nouveaux enjeux de la lecture publique et du monde de la connaissance et de l’information en général.3


La librairie Molière

Illustration 84 : photo, vue actuelle du bâtiment

1. Patrimoine et réaffectation en Wallonie, p.78 2. la ville faisant alors face à une spéculation immobilière effrénée qui provoquera nombre de destructions d’édifices qui auraient dû aujourd’hui, figurer dans le patrimoine classé de la ville. 3. Op-cit p.80 4. elle met néanmoins à disposition un espace où l’on peut lire et consommer boissons sans obligation d’achat des ouvrages.

III. Bibliothèques

L’édifice est construit en 1907 par l’architecte M. de la Croix, qui est alors l’architecte principal de l’état ; il abritait l’Hôtel des Postes qui comprend les services postaux, téléphoniques et télégraphiques. Il se situe sur un terrain bordant la Place Verte (actuelle Place Albert 1er) et le Quai de la Sambre (actuel Boulevard Tirou). Le bâtiment d’esthétique éclectique, avec des éléments néorenaissance, incarne des préoccupations plus pragmatiques liées au développement des télécommunications modernes. En effet, la tour de 45m a été conçue comme point de dispersion des fils du télégraphe pour le centre de Charleroi.1 L’administration des postes occupera le bâtiment jusqu’en 1967, ce dernier sera alors menacé une première fois de destruction2. Il doit son salut à l’administration des finances qui occupera les lieux jusqu’au début des années 90. En 1992, un projet de réaffectation prévoit l’installation du service social de l’administration des finances et la création de locaux pour une maison de la presse, ce projet ne verra pas le jour. Dans la même année, la toiture et les façades obtiennent d’être classées, désormais la préoccupation essentielle sera la sauvegarde du bâtiment. C’est en 1996 qu’un projet de réaffectation se concrétise, il s’agit de la Librairie Molière qui est désireuse d’acquérir l’ancien Hôtel des Postes afin de s’agrandir. Le programme de la réaffectation comprend une restauration à l’identique des éléments classés et des aménagements intérieurs assez libres, qui feront réapparaître de nombreux éléments d’origine tels que des colonnes métalliques, des poutrelles et charpentes en bois. Ces éléments non-classés seront conservés et intégrés à une intervention contemporaine discrète mais aisément identifiable.3 Aujourd’hui la libraire, outre sa dimension commerciale qui la distingue des bibliothèques4, constitue le plus grand espace dédié aux livres de la région, ainsi que le seul bâtiment doté d’une architecture remarquable qui n’intègre aucune autre fonction.

87


1. La médiathèque devient «Point Culture» et se métamorphose, A.Jennotte, article du journal le soir, 19 avril 2013

Illustration 87 : photo, vue de la salle principale

Illustration 88 : photo intérieure

L’état actuel du réseau

III. Bibliothèques

Illustration 85 : photo, vue d’un exemple d’aménagement maladroit de la bibliothèque Marguerite Yourcenar

88

Illustration 86 : photo, vue actuelle des horaires sur la porte d’entrée de la bibliothèque Les Climbias, ouvert le mercredi de 15h00 à 16h00 et le jeudi de 14h00 à 17h00

La bibliothèque principale de la ville a toujours été la bibliothèque Langlois [BM.4] ; aujourd’hui, les bibliothèques Arthur Rimbaud [BM.8] et Verlaine [BM.12] complètent le podium. Elles se distinguent par la taille de leurs espaces, leurs collections et leurs horaires d’ouverture. En effet, celles-ci sont les seules à ouvrir au moins 5 jours par semaine. Globalement, la plupart d’entre-elles soit s’implantent à proximité directe d’établissements scolaires [BM.8,10], soit occupent des locaux de ces derniers [BM.3,4,9,12,14,15,16,18,22] ; d’autres, s’établissent au sein de centres culturels [BM.7,17,20]. Ces bibliothèques locales sont ouvertes généralement deux demijournées par semaine, sans doute dans un souci de rationaliser le nombre de bibliothécaires. La bibliothèque Marguerite Yourcenar [BM.21] s’implante quand à elle dans le château familial de la fameuse écrivaine. Il s’agit néanmoins d’une petite bibliothèque aménagée qui, à mon sens, ne profite pas suffisamment du cadre qui lui est mis à disposition. En effet, on perçoit sur place une volonté pragmatique dans l’aménagement des rayons qui par moment, se désintéresse complètement de la structure spatiale des lieux. La médiathèque de Charleroi, à l’occasion de son retour au sein du Palais de Beaux-Arts, a bénéficié d’une intervention considérable qui comprenait une extension lui octroyant une importante façade vitrée et un aménagement du soussols du Palais. Malgré cela, on a pu constater au cours des dix dernières années, une diminution de 50% du nombre de prêts1. À l’opposé des bibliothèques, elle


dispose d’une collection qui par définition, ne peut être consultée sur place. Face à ces constats, les décideurs qui l’ont renommée le Point Culture de Charleroi1,, souhaitent développer une politique relayant les prêts au second plan en mettant l’accent sur un lieu de médiation culturelle, de rencontres et de partages par le biais de nombreuses animations et événements ponctuels. Aujourd’hui, les bibliothèques qui ont vécu une évolution lente et modeste dans la pratique, font face à une évolution technologique qui est au contraire caractérisée par une accélération permanente2.. à la bibliothèque Rimbaud, désireuse de développer son attractivité pour le jeune public, on perçoit une volonté de se moderniser notamment par le développement d’un site internet permettant de consulter le catalogue et la disponibilité des ouvrages, ainsi que l’ouverture de la collection à des ouvrages plus «dans le vent»3. Il est à mon sens regrettable que les difficultés qu’éprouve le monde de la lecture publique, ne soit pas le prétexte d’une remise en question plus profonde mêlant les professionnels, le discours politique et les architectes. À Charleroi, plus spécifiquement, on perçoit fortement l’absence de discours architectural des bibliothèques4 ; il est peut-être BIBLIOTHEQUE DE ROUX BIBLIOTHEQUE ROUX la conséquence d’un discours politique qui n’est pas àDE la hauteur des enjeux. Le Construction d'uneà nouvelle nouvelle bibliothèque temps où la ville était à l’avant-garde quant l’accès à la lecture et aux discours Construction d'une bibliothèque remarquables incarnés dans d’éminents projets politiques et architecturaux tel que communale communale l’Université du Travail, est définitivement loin. Corniche PVC Corniche PVC Brique terre cuite rouge-brun Brique terre cuite rouge-brun

2. notamment le développement d’internet, l’apparition des tablettes et des e-books 3. tels que les comic-books, bandes dessinées franco-belge récentes et mangas 4. également pour les quelques projets de déménagements de bibliothèques en périphérie, vers de nouveaux bâtiments qui par leur architecture, semblent se satisfaire de leur statut local.

Pierre bleue Pierre bleue

Pierre bleue Pierre bleue

Tuiles terre cuite rouge-brun Tuiles terre cuite rouge-brun

1. à l’instar des autres Médiathèques de Fédération Wallonie-Bruxelles

Bradage anthracite Bradage tuiletuile anthracite

Bradage anthracite Bradage tuiletuile anthracite

Tuiles terre cuite rouge-brun Tuiles terre cuite rouge-brun

+9.80 +9.80

FF

Corniche PVC Corniche PVC

+9.80 +9.80

Pierre bleue Pierre bleue Zinc à joint debout Zinc à joint debout +8.44 +8.44

Zinc à joint debout Zinc à joint debout

+8.44 +8.44

Bâtiment voisin existant Bâtiment voisin existant mitoyen supposé murmur mitoyen supposé

+6.80 +6.80

+6.80 +6.80

163.7 163.7

28 28

+2.57 +2.57 50 50

50 50

28 28

18 18

Gouttière intégrée Gouttière intégrée chassis au au chassis

225 225

252 252

v o i s i n

Zinc Zinc +5.37 +5.37

15 15

v o i s i n

+6.80 +6.80

175 175 287 287

+0.00 +0.00

-0.175 -0.175 -0.45 -0.45

-0.58 -0.58

Chassis gris Chassis alualu gris double vitrage sablé double vitrage sablé

Chassis double vitrage Chassis alualu double vitrage teinte gris clair teinte gris clair

ELEVATIONARRIERE ARRIEREPROJETEE PROJETEEECH. ECH.: 1/100 : 1/100 ELEVATION

-0.055 -0.055 -0.105 -0.105

-0.58 -0.58

murmitoyen mitoyensupposé supposé mur

Livres polyuréthane ultra léger Livres enen polyuréthane ultra léger avec peinture époxy non altérable avec peinture époxy non altérable

Pierre bleue Pierre bleue

UVép:9cm ép:9cm 30à 25cm auau UV HtHt dede 30à 25cm teinte jaune, vert, rose pâle rose foncé teinte jaune, vert, rose pâle et et rose foncé

152.8 152.8

0.11 0.11 122.7 122.7

+0.00 +0.00

-0.68 -0.68

149.4 149.4

13 13

-0.63 -0.63 Accès pour compteurs CVCV Accès pour compteurs

-1.98 niveau cave -1.98 niveau solsol cave

ELEVATION AVANT PROJETEE ECH. : 1/100 ELEVATION AVANT PROJETEE ECH. : 1/100 Illustration 89 : Elévations du projet en cours de la futur bibliothèque de Roux

DOSSIERN° N° DOSSIER

CH.Acton DESSINE PAR: CH.Acton

Le22-06-2010 22-06-2010 Le

III. Bibliothèques

240 240

212.5 212.5

89.9 89.9

Descente d'eau pluviale Descente d'eau pluviale intégrée chassis intégrée au au chassis

354 354

+1.77 +1.77

B â t i m e n t

79 79

+2.90 +2.90

B â t i m e n t

225 225

1038.7 1038.7

207 207

145 145

Zinc Zinc

+2.57 +2.57

EE

Brique terre cuite rouge-brun Brique terre cuite rouge-brun

Pierre bleue Pierre bleue

89


90 III. Bibliothèques


Cartographie : Bibliothèques Médiathèques 1880 - 1920

1

Cartographie

Carte 1

91


Cartographie : Bibliothèques Médiathèques 1920 - 1970

Cartographie

2

92

Carte 2


Cartographie : Bibliothèques Médiathèques 1970 - 2000

4 6 5

3

Carte 3

Carte 4

Carte 5 Cartographie

93


94

Carte 6

Cartographie


Cartographie : Bibliothèques Médiathèques 2000 - 2015 7 8 10

12

11 Carte 7

Carte 8 9

Carte 9

Carte 10

Cartographie

Carte 11

95


96

Carte 12

Cartographie


BM : Synthèse I (1880-1915)

Centre

Périphérie

- Émergence de la figure de Jules Destrée, un érudit, fervant défenseur des ouvriers, d’une législation sociale et d’un suffrage universel. Il est élu en 1894, aux premières élections plurales. C’est un militant du progrès social à travers l’émancipation ouvrière par l’instruction. Il fera beaucoup pour le développement des bibliothèques de la région et plus largement dans le pays. - Scolarité obligatoire en 1914

III

IV

II I

- Il existe à cette époque un grand nombre de bibliothèques populaires [BM.1,2,...]dans chaque commune, qui ne sont à mon sens, pas répertoriées. Elles appartiennent à 3 réseaux - Développement et reconnaissance des bibliothèques différents : suite à l’adoption de la loi de 1921, la plupart d’entre-elles -les bibliothèques neutres «Université Populaires» prennent place au sein d’écoles ou de locaux communaux Périphérie [BM.5,7,9,11,...]. Il s’agit de bibliothèques locales, dont les -les bibliothèques paroissiales -les bibliothèques socialistes, liées aux différentes collections sont incomparables par rapport à celles du centre Maisons du peuple évoquées plus haut. Cela donne lieu à un maillage relativement dense dans la région, qui s’explique par une volonté de proximité, mais ce III (1970-2000) maillage est extrêmement hétérogène en termes de : - La Médiathèque déménage à la Ville Basse, elle possède - collections ( quantitativement et qualitativement) Centre désormais son propre bâtiment. - d’horaires - Implantation d’une grande librairie [BM.19]dans l’ancien - de compétences des personnes en charge Hôtel des postes.

II (1915-1970)

Centre

Cartographie

- Les années 70 constituent une période d’importants bouleversement des politiques culturelles, cela donnera lieu - Promulgation de la loi Jules Destrée, alors ministre des arts et des lettres, en 1921. Cette loi prescrit que l’État Périphérie à une nouvelle vague d’établissement de bibliothèques, qui sont aujourd’hui assez vétustes et parfois invisibles lorsqu’on doit dorénavant investir financièrement dans l’acquisition ne connait pas leur existence [BM.7,9,12,13,15,16,18,22] d’ouvrages et dans le fonctionnement des bibliothèques tout en conférant l’autonomie nécessaire aux bibliothèques IV (2000-2015) quant au choix des ouvrages. Ceci va entrainer une époque - Naissance d’une concurrence avec un média nouveau : marquée par un grand développement des bibliothèques. internet, média qui modifiera profondément le rapport - Création de la Bibliothèque de l’Université du Travail [BM.4], celle-ci comptera essentiellement des ouvrages Centre à l’information et à la culture. Cette concurrence qui se renforcera au fil du temps, causera beaucoup de tort aux techniques dans un premier temps, pour finalement étendre bibliothèques qui peineront à se développer et surtout à sa collection à d’autres types d’ouvrages, considérant alors la justifier des investissements supplémentaires. culture comme élément essentiel à une éducation complète. - Création de la Médiathèque [BM.6] dans la foulée de la - Implantation d’une petite bibliothèque[BM.21] dans démocratisation de la télévision. Celle-ci prend place dans le château De Cartier, château appartenant à la famille de les sous-sol du Palais des Beaux-Arts. Périphérie Marguerite Yourcenar, une écrivaine reconnue de la région. - Création de la bibliothèque Arthur Rimbaud [BM.8] qui à - À partir des années 2000, on observera jusqu’aujourd’hui ce jour, avec celle de l’UT, constituent les 2 bibliothèques les des rénovations ponctuelles parmi les bibliothèques plus importantes de la région, de par leurs catalogues, leurs existantes, suivant la volonté d’homogénéiser le réseau. espaces et leurs horaires. 97


Inventaire : Bibliothèques - Médiathèques BM 1 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Bibliothèque Le Village 1879 Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6010 - Place Communale 27

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Îlot - Bâtiment mitoyen 3 façades 40,7 m

échelle : 1/5000ème Illustration 90

BM 2 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Bibliothèque Jules Destrée 1800 / ? - ? Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6001 - Avenue E. Mascaux 295 6001 - Avenue E. Mascaux 70

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Inconnue Aucune Îlot - Bâtiment isolé 45 m

échelle : 1/5000ème Illustration 91

Inventaire

BM 3

98

Nom du lieu : Dates : Architecte :

La Montagne aux livres Années 20 / 1965 Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

Inconnue 6061 - Place Albert 1er 37

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Inconnue Aucune Intérieur d’îlot - Bâtiment isolé 39,25 m

échelle : 1/5000ème Illustration 92


BM 4 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Bib. de l’Université du travail 1903 / 1937 Alexis Dumont

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Boulevard Solvay 22 6000 - Boulevard Rouiller 1

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Aucune Aucune Bâtiment isolé 195 m

échelle : 1/5000ème Illustration 93

BM 5 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Bib. Les Climbias Inconnue Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6042 - Place E. Gilles 2

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Inconnue Aucune Îlot - Bâtiment mitoyen 10,6 m

échelle : 1/5000ème Illustration 94

BM 6 Nom du lieu : Dates : Architecte : 1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

Sous-sol du PBA Aucune Bâtiment isolé 70,6 m

échelle : 1/5000ème

Inventaire

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

La Médiathèque 1957 / ? / 2001 Joseph André / Inconnu / Lhoas & Lhoas 6000 - Sous-sol PBA 6000 - Rue de Brabant 6000 - Place du Manège 1 (PBA)

Illustration 95 99


BM 7 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Centre Emile Fourcault ? / 2001 Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6020 - Rue Paul Barré 8 (syndicat) 6020 - Rue des Français 147

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Aucune Aucune Bâtiment isolé 361 m

échelle : 1/5000ème Illustration 96

BM 8 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Bib. Arthur Rimbaud 1966 Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Boulevard Defontaine 35

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Aucune Aucune Bâtiment isolé 70 m

échelle : 1/5000ème Illustration 97

Inventaire

BM 9

100

Nom du lieu : Dates : Architecte :

Bib. A la Queue Leuleu 1957 Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6010 - Chée de Philippeville 306

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Locaux scolaires Aucune Bâtiment isolé 73,45

échelle : 1/5000ème Illustration 98


BM 10 Nom du lieu : Dates : Architecte :

DGAS 1970 / 1992 Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6001 - Avenue Meurée 24 6001 - Rue de la Bruyère 159

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Centre Psycho-médico-social CPMS Bâtiment isolé 185,6 m

échelle : 1/5000ème

BM 11 Nom du lieu : Dates : Architecte :

CEDORES 1967 / 1976 Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6001 - Rue du Débarcadère 179

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Institut Condorcet Institut Condorcet Bâtiment isolé 197 m

échelle : 1/5000ème Illustration 99

BM 12 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Bib. Verlaine Inconnue Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6060 - Place Destrée 9

Locaux scolaires Aucune Bâtiment isolé 41 m

échelle : 1/5000ème

Inventaire

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Illustration 100 101


BM 13 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Bib. La Taille aux Loups Inconnues Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6030 - Rue de Leernes 153

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Inconnue Aucune Bâtiment isolé 99 m

échelle : 1/5000ème

BM 14 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Bib. La Madeleine Inconnues Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6040 - Rue Ledoux 23a

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Locaux scolaires Aucune Bâtiment intérieur d’îlot 335 m

échelle : 1/5000ème Illustration 101

Inventaire

BM 15

102

Nom du lieu : Dates : Architecte :

Bib. La Passerelle Inconnue Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6030 - Rue Ferrer 32

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Locaux scolaires Aucune Bâtiment isolé 185 m

échelle : 1/5000ème Illustration 102


BM 16 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Bib. El moncha d’lives Inconnue Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6031 - Rue des Combattants 64

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Locaux scolaires Aucune Îlot - Bâtiment mitoyen 3 façades 61 m

échelle : 1/5000ème Illustration 103

BM 17 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Bibliothèque du Château Inconnue Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6032 - Rue du Château 3

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Inconnue Aucune Îlot - bâtiment mitoyen 38 m

échelle : 1/5000ème Illustration 104

BM 18 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Bib. Au Fil des Pages 1978 Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6043 - Rue des Carabiniers 18

Inconnue Aucune Intérieur d’îlot - bâtiment isolé 60,5 m

échelle : 1/5000ème

Inventaire

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Illustration 105 103


BM 19 Nom du lieu : Dates : Architecte : 1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation : Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Librairie Molière 1996 M. de la Croix (1907) / Isabelle Leroy (1996) 6000 - Boulevard Tirou 68

Hôtel des Postes (1907) Aucune Îlot - bâtiment d’angle 43,55 m

échelle : 1/5000ème Illustration 106

BM 20 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Bib. L’Avenir 2013 Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6041 - Rue Hautes 2

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Aucune Aucune Îlot - bâtiment d’angle 84 m

échelle : 1/5000ème Illustration 107

Inventaire

BM 21

104

Nom du lieu : Dates : Architecte :

Bib. Marguerite Yourcenar 1999 Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6030 - Place Albert 1er 38 (Château De Cartier)

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Château Aucune Bâtiment isolé 154 m

échelle : 1/5000ème Illustration 108


BM 22 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Bib. Le Moulin aux Livres Inconnue / 2013 Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6044 - Inconnue 6044 - Rue Ferrer 7

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Locaux scolaires Aucune Bâtiment intérieur d’îlot 153 m

échelle : 1/5000ème Illustration 109

105


106


Émergence des Maisons de la Culture

IV. Centres Cultuels

C’est dans le courant des années soixante qu’en Belgique, commence à se développer des politiques culturelles spécifiques. Ces politiques sont induites par une croissance exceptionnelle de l’économie qui génère des bénéfices qu’il y a lieu de redistribuer en terme de services et notamment dans la culture. Elles font écho mais s’opposent à la politique alors menée par André Malraux. Les détracteurs se demanderont à quelle culture les citoyens ont-ils le droit d’accéder. Car la vision qu’a Malraux de la culture est celle d’une culture que l’on peut qualifier de savante, incarnée selon lui, par les Beaux-Arts portant en elle une forme de hiérarchie des valeurs et constituent une conception élitiste. Cette forme de culture à laquelle seuls les initiés appartenant socialement à la classe dominante ont accès. Les autorités partagent néanmoins avec Malraux la croyance en des politiques culturelles plus volontaristes mais ils apporteront deux formes de critiques qui sont partagées par toute une série de détracteurs. Premièrement seules les classes socialement favorisées ont les outils pour décoder les œuvres d’art, c’est ainsi que vont se développer les concepts de médiations culturelles, de foyers socioculturels, d’éducation permanente, etc. L’idée est qu’il faut former des acteurs sociaux afin qu’ils puissent expliciter l’art à des classes socialement plus défavorisées, qu’ils puissent donner à ces usagers les clés pour apprécier les œuvres. Cette politique se fonde sur l’idée que l’accès à la culture pour un plus grand nombre va réduire sensiblement les inégalités sociales. Cette politique culturelle s’incarne dans le concept de démocratisation de la Culture. Deuxièmement il y a lieu d’effacer cette hiérarchisation des valeurs en vis

IV. Centres Culturels

Le concept de «Maison de la Culture» apparait en France sous André Malraux, nommé ministre des affaires culturelles en 1959. Ces Maisons de la Culture correspondent à une volonté de décentralisation culturelle, à savoir de diffuser la culture savante sur l’ensemble du territoire français et non plus uniquement à la capitale. Il s’agit d’un lieu culturel pluridisciplinaire qui a pour but d’établir un pont entre l’Art et les hommes afin de faire «naître une familiarité, un choc, une passion, une autre façon pour chacun d’envisager sa propre condition. Les œuvres de la culture étant par essence, le bien de tous, et notre miroir, il importe que chacun y puisse mesurer sa richesse, et s’y contempler.»1

107


1. 1961. Ouverture de la première maison de la culture, Augustin Girard, infolettre n*43, Ministère de la Culture et de la Communication, fev 1999 2. Démocratisation de la culture et/ou démocratie culturelle? Comment repenser aujourd’hui une politique de démocratisation de la culture?, Jean-Louis Genard, Université libre de Bruxelles, 2011

IV. Centres Cultuels

3. Palais des Beaux-Arts de Charleroi 40 ans, p.95

108

à vis de la culture, en élargissant le champ alors alloué à celle-ci, on peut considérer que tout être humain vivant en société développe une forme de culture. Ainsi on peut parler de culture populaire par exemple ou bien même de cultures provenant d’autres parties du monde qu’il n’y pas lieu de considérer comme inférieures à la culture savante. La culture dite élitiste n’est donc plus employée comme étalon de référence mais bien placée côte à côte de ces autres formes de cultures. C’est cette conception qui va mener par la suite, au développement des arts populaires, ou bien aux expositions de Street Art par exemple. L’idée est qu’un espace de diffusion de la culture se doit de diffuser toute forme de culture et afin de favoriser l’expressivité des tous les citoyens qui le désirent. On parlera alors de démocratie culturelle.2 Le développement des politiques culturelles prendra son essor dans les années septante et sera marqué par la tension entre ces deux tendances, que l’on pourra constater à travers la gestion de nombreuses institutions culturelles à Charleroi et notamment celle du centre culturel régional.

La migration progressive du Centre Culturel Régional 1. Le centre culturel au PBA À Charleroi, se pose alors la question d’intégrer une maison de la culture au Palais des Beaux-Arts qui vient d’être construit , ce pôle culturel pluridisciplinaire, peut-il accueillir une nouvelle institution? Il apparait rapidement évident au pouvoir communal qu’une telle institution doit s’établir dans la région, et qu’elle intégrera le lieu culturel phare de la ville, pour lequel elle vient de débourser une somme assez conséquente. « À l’examen de ce qui a été accompli dés 1957, force est de constater, que se sont déployées dans la nouvelle maison, toute une série d’activités culturelles qui ne disaient peut-être pas leur nom, mais qui en étaient manifestement.»3


La volonté d’offrir des représentations culturelles de qualité au plus grand nombre, nécessite un financement considérable et c’est ainsi que les deux premières institutions du genre en Wallonie à pouvoir bénéficier de l’aide du nouveau pouvoir central qu’est le Ministère de la Culture, sont la Maison de la Culture de Namur et le Palais des Beaux-Arts de Charleroi ; elles auront désormais le statut de Centre Culturel polyvalent. L’essentiel de l’activité de l’institution réside dans un abonnement «Promotion culturelle», ayant pour slogan : «les meilleurs spectacles à la portée de tous». Cet abonnement concernait un ensemble de six à huit spectacles par an, choisis dans toutes les disciplines artistiques.4 Il s’agit là d’un parfait exemple de politique visant à promouvoir la démocratisation de la Culture. Par la suite, la formule commencera naturellement à s’user ; les difficultés financières au cour des années 80, rendront «les prouesses annuelles aléatoires»5. Ceci conduira à une évolution de l’offre qui s’intitule désormais «La Belle Saison» et accorde diverses formules d’abonnements à la carte.

2. Le partenariat PBA + Eden

5. Ibid 6. Une tranche de vie à la brasserie de l’Eden, Pascal Lorent, quotidien Le Matin, 10 aout 98, p.6 7. anciennement directeur du PAC( présence et action culturelle) de Charleroi

IV. Centres Cultuels

En 1992, l’Eden qui avait été aménagé en salles de classes et locaux de gymnastique par la Province, est mis à disposition de Pierre Bolle, directeur du centre culturel régional. Il monte un projet d’envergure visant à restituer à l’ancien théâtre son éclat d’antan. Ce projet est évalué à environ 25 millions d’euros et ce n’est qu’en 1996 que la somme sera réunie par la Communauté française et la ville. De 1992 à 1996, l’équipe du centre culturel fonctionne dans les installations avec de modestes aménagements selon les moyens du bord.6 à ce moment, le PBA demeure le lieu où sont organisés les évênements culturels. Dès 2002, Pierre Bolle7 qui succède à Guy Rassel au poste de directeur du Palais tout en maintenant sa fonction de directeur de directeur du CCR, instaure tout naturellement un partenariat en l’Eden et le PBA, de manière à fédérer les moyens techniques et financiers des deux institutions afin d’assurer au centre culturel un outil plus performant qui donnera lieu à une série d’activités culturelles diverses et variées.

4. Op-cit p.99

109


3. L’émancipation totale du PBA La prise de fonction par Fabrice Laurentd de la direction de l’Eden et du CCR sera caractérisée par une volonté de s’inscrire dans une continuité des démarches entreprises auparavant, tout en amorçant une redéfinition du projet de développement stratégique. Il s’agit d’optimiser l’offre culturelle sur le territoire carolorégien.

Illustration 110 : photo actuelle, vue de la façade ouest du bâtiment avec l’arrêt de bus qui porte son nom

8. Extrait de la note d’orientation du Centre culturel régional de Charleroi de Fabrice Laurent, p.4

IV. Centres Cultuels

9. PBA, Eden, l’Ancre, Charleroi Danses, Musée de la Photographie, Vecteur, BPS22 ; pour ne citer que les plus importants

110

10. tels que le festival «BisArts», la Biennale d’arts urbains «Asphalte», la publication d’un magazine culturel commun «Lattitude²», etc. 11. Op-cit p.2

« Si les actions du PBA+Eden sont si difficiles à cerner en un tout cohérent, c’est parce qu’elles résultent d’ une addition de projets individuels et non d’une vision intégrée. Paradoxalement, alors que l’Eden et le PBA sont allés très loin dans le processus de synergie, le projet semble plus cloisonné que jamais… Dans ces conditions, la course vers plus de transversalités relève de l’utopie et nécessitera toujours plus de personnels pour coordonner les différents segments. Même si le rapport d’activités atténue un peu cet état de fait, l’opposition entre Excellence Artistique et démarche socioculturelle y est plus présente que dans toute autre institution culturelle de Charleroi.»8 L’arrêt du partenariat avec le PBA permettra d’établir des synergies non plus entre les deux seules institutions, mais bien dans un plus large réseau de partenariats culturels9. L’accent sera mis sur le maintien et la création de projets fédérateurs10 visant à promouvoir les mutualisations et les économies d’échelles. Il s’agit de faire mieux avec moins ! Le centre culturel désormais entièrement autonome, tentera de mener une politique plus équilibrée entre artistique et socioculturel. Artistiquement, en insistant sur le fait qu’un centre culturel se doit de diversifier les formes culturelles( classiques, contemporaines, savantes ou plus légères) en veillant à n’en privilégier aucune. De plus, il est essentiel d’insister sur les activités socioculturelles ; même s’il est difficile d’évaluer les impacts d’une telle politique. Comme le dit Fabrice Laurent : « Ce programme d’actions polymorphe doit en plus s’élaborer dans une logique participative et concertée avec les pouvoirs publics, les autres institutions culturelles, les associations et les forces vives d’un territoire...»11.


Illustration 111 : photo du kiosque servant à l’affichage indiquant les événements à venir

Illustration 112 : photo de l’affichage. IV. Centres Cultuels

« (...) Dans un premier temps la Maison de la culture naît au PBA et s’émancipe puis quand Guy Rassel part à la pension, Pierre Bolle devient directeur du centre culturel régional et devient aussi directeur du PBA, il y a constamment cette tension et dans ce rapprochement ou rupture entre démocratisation de la Culture et démocratie culturelle. Toujours dans cette culture qu’on pourrait qualifier d’élitiste, de culture savante, de culture légitime, avec un «c» majuscule par rapport aux cultures populaires, à l’expression, la créativité, l’animation plutôt que la programmation et l’accompagnement des nouvelles initiatives. Aujourd’hui l’époque ayant un peu changé, c’est plus blanc et noir, le yin et le yang, on est parfois dans des choses qui peuvent se recouper, ou pas. Mais c’est tout l’objet, c’est une des raisons pour lesquelles le ministère a provoqué la séparation des deux institutions PBA et EDEN, c’est que l’EDEN était devenu une salle de spectacle uniquement, une espèce de grande scène nationale, une salle de diffusion à la française, avec deux lieux à 300m d’intervalles très centrés sur la diffusion de spectacles. Or, les missions des centres culturels ne se limitent pas à la diffusion de spectacles, il y a aussi tout le reste, que l’EDEN, que le centre culturel de Charleroi ne faisait plus ou pas assez. L’idée étant, la logique du PBA était plutôt une logique artistique, la logique de la Maison de la culture est plutôt une logique socioculturelle, et si on veut jouer avec les mots, on va plutôt essayer de faire du socioartistique aujourd’hui c’est d’essayer de réaliser une synthèse quand elle est possible entre une approche socioculturelle et une dimension artistique. L’idée étant aussi que les frontières entre culture légitime, culture populaire, culture commerciale, sont quand même on ne peut plus brouillées. Pour être honnête avec toi, ce n’est pas sur du Puggy que l’on prend plus de plaisir ici, parce que c’est bien pour Charleroi que Puggy passe à l’Eden, c’est bien pour la salle, on fait un post facebook, on vend 256 tickets en 24h, c’est un peu trop facile. Mais Puggy est aussi un groupe « Communauté française », mais qui a quand même du succès commercial. Pour prendre un exemple vraiment tout récent, le groupe que l’on a en première partie, c’est un groupe qui s’appelle Rising Sparks, on l’a repéré parce qu’il a participé à un concours l’an dernier qui s’appelle l’Envol des Cités, c’est un concours qu’on a organisé par ailleurs avec le PAC quand j’y étais. Ça permet aussi à un groupe du cru de faire

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12. Extrait d’une entrevue avec Fabrice Laurent réalisée, avril 2014 1. anciennement la Communauté française 2. Centre Universitaire de Charleroi 3. se dit de la pratique du théâtre dialectal

IV. Centres Cultuels

Illustration 113 : photo actuelle de la façade avant du «centre culturel de Marcinelle»

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Illustration 114 : photo actuelle de la verrière sur la façade arrière du «centre culturel de Marcinelle»

la première partie de Puggy (...). Donc tu vois, finalement, on est dans quelque chose où l’on fait du socioculturel, du commercial, de l’action culturelle, de la diffusion, on fait quoi !»12

Les Centres Culturels de la périphérie Le mot «centre culturel» est un terme générique qui englobe toute une série de lieux ayant des conceptions assez diverses. Il s’agit d’un maillage dense sur le territoire qui comprend des foyers culturels, des maisons de jeunes, et un tissu associatif ; d’obédiences diverses et variées, dont il me serait impossible de dégager des lignes directrices générales. Aussi je me suis intéressé aux «centres culturels locaux» que l’on distingue par une reconnaissance et des subsides des services culturels du Ministère de l’actuelle Fédération Wallonie-Bruxelles1. Ce réseau a pris forme dans le courant des années 70 suite au plan quinquennal de politiques culturelles du ministre Pierre Wigny. Il s’agissait de promouvoir sur l’ensemble du territoire, l’établissement d’équipements destinés à mettre en relation diverses formes de cultures avec différents groupes de population. Le maître-mot en est la proximité et la participation des citoyens. Cela correspond essentiellement à une politique de démocratisation de la culture. à Charleroi, il y a actuellement six centres culturels locaux référencés mais dans les faits, ils ne sont que cinq. En effet, il y a le centre culturel de Marcinelle [CC.6] qui est indiqué comme tel sur le site internet de la ville, mais dont personne sur place ne semble en connaitre l’existence. Il s’agit plus d’un centre destiné à des stages de découverte de la nature pour les enfants, dont l’architecture est loin d’être inintéressante. Les cinq centres culturels locaux qui nous occupent, hébergent des activités culturelles assez variées en terme de quantité et de qualité. Si le centre du Temps Choisi [CC.3] à Gilly, abrite des cycles de conférences organisés par le CUNIC 2, des expositions de peintures locales et des spectacles de Théâtre Wallon3 ; les autres pour la plupart, ne font plus office aujourd’hui, que de salles des fêtes qui sont également mises à disposition pour des spectacles scolaires, avec par moment et par endroit, des spectacles de Théâtre Wallon ; cette différence est induite par l’investissement ou non des initiatives locales.


Les centres culturels locaux ne semblent pas jouir d’un engouement extraordinaire de la part de la majorité de la population et notamment de la part des jeunes ; les activités culturelles relevant plus d’habitudes et de folklore associées globalement à une population vieillissante qui outre son évident caractère local, est loin de représenter une part importante de la population. Cela se traduit également par l’état physique de ces bâtiments. En effet, la plupart d’entre-eux abritent des volumes intéressants, mais sont dans un état que l’ont pourrait qualifier avec euphémisme de vétuste. Le manque évident de volonté politique et de moyens envers ces lieux, rendent ces équipements obsolètes et par conséquent, n’incitent pas à être investis par d’éventuelles nouvelles initiatives locales. Ce qui je le rappelle, relève de leur fonction première. Il restera à observer à l’avenir comment ces lieux pourront être revitalisés et réintroduits dans le réseau plus large d’institutions culturelles qui se dessine.

Illustration 116 : photo actuelle, vue sur le coté du centre culturel de Couillet, baies qui donnent sur les cuisines qui étaient alors occupées pour une fête folklorique annuelle

4. Extrait de l’entrevue avec Fabrice Laurent réalisée, avril 2014

IV. Centres Cultuels

« (..) A l’avenir, il convient de rassembler les énergies pour défendre une ligne artistique tant dans les murs que hors les murs. Cette programmation dans une salle équipée, en plein air ou sous chapiteau devra être concertée et s’accompagner de toutes les actions de communications et de médiations possibles: promotion « tout public », travail spécifique avec le réseau scolaire et associatif local, actions de sensibilisations sur le quartier ou la commune pour les décentralisations… La salle de L’Eden reste bien sûr le point névralgique de son action. Elle concourt, avec les autres opérateurs culturels du centre ville à la revitalisation du cœur de Charleroi. Son action combinée à une offre de services adaptée, participe à l’attractivité d’un territoire et entraine des retombées économiques auprès des commerçants. Plus largement, les lieux de cultures (de diffusion ou de pratiques) et la présence d’artistes participent à une atmosphère créative qui peut permettre demain de faire revenir les classes moyennes au centre-ville. Toutefois, cette volonté d’intégrer la culture comme moteur de la revitalisation du centre-ville ne peut oublier la prise en compte des autres quartiers de Charleroi et de ses communes périphériques, avec une attention particulière sur les quartiers les moins favorisés. Pour cela, le CCRC peut s’appuyer sur un réseau d’acteurs de terrain : Centres culturels locaux, Bibliothèques, Maisons de jeunes, AMO, Maisons de quartier, service de l’accueil extra scolaire, plaines de jeux, associations….(...)»4

Illustration 115 : photo actuelle, vue de la façade avant du centre culturel de Couillet [CC.4]

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114 IV. Centres Cultuels


Cartographie : Centres Culturels 1970 - 2000 14

63 Carte 1

Carte 2

52

Cartographie

Carte 3

115


Cartographie : Centres Culturels 2000 - 2015 4

6

Carte 4

Carte 5

Cartographie

5

116

Carte 6


CC : Synthèse

I (1880-1970) Centre

- Développement du concept de «Maisons de la Culture» en France sous André Malraux, alors ministre des Affaires Culturelles ; celles-ci constituent la pierre angulaire de sa politique culturelle, elles correspondent à une volonté de décentralisation culturelle (par rapport à l’hégémonie de la capitale). - Dans la foulée, se pose la question d’intégrer une nouvelle institution au Palais des Beaux-Arts qui vient de voir le jour à Charleroi, ayant pour modèle ce qui a été fait à Bruxelles. - Les 2 premières «Maisons de la Culture» de Wallonie se trouveront à Namur et à Charleroi, au sein du PBA [CC.1], ayant déjà une vocation régionale.

II

III

I

Cartographie

- Développement de centres culturels dans certaines - En 1968, à travers le plan quinquennal de politique communes de la périphérie [CC.2,3,4,5,6] et notamment culturelle du ministre Pierre Wigny, et dans la continuité le Casino de Mont-sur-Marchienne, qui était devenu un Périphérie de la politique culturelle française, se développe un réseau cinéma, qui finalement endosse le rôle de centre culturel de centres culturels. Il s’agit d’institutions et de lieux qui [CC.2] proposent, à destination d’une population locale : Périphérie - une programmation de spectacles - des expositions - des conférences III (2000-2015) - de l’animation socio-culturelle (notamment de - Scission récente du partenariat PBA + Eden, le CCR( l’éducation permanente Centre Culturel Régional) est transféré entièrement à l’Eden, Centre afin d’y mener une politique mettant l’accent davantage sur du socio-culturel ou socio-artistique comme le dit Fabrice II (1970-2000) Laurent, actuel directeur de l’Eden et du CCR. - La Maison de la Culture située au sein du PBA, organise de plus en plus des manifestations hors du palais. Elle prendra progressivement son autonomie. Pendant - Création en 2000 du CEME, lieu polyvalent qui dispose longtemps sa mission principale sera d’offrir à chaque d’espaces de conférences, d’équipements sportifs, d’une saison, un abonnement appelé «Promotion culturelle» bibliothèque et d’un centre culturel [CC.7]. Périphérie comprenant un ensemble de 6 à 8 spectacles de qualité - Aujourd’hui la plupart des centres culturels locaux situés pour «toutes les bourses». Il s’agit en somme d’une offre en périphérie, font davantage office d’équipements publics, parallèle à la programmation du PBA ayant pour objectif la de salles des fêtes, mis à disposition d’associations locales ou d’écoles. Nombres d’entre-eux nécessiteraient un Centre démocratisation de la Culture. - Le Centre Culturel Régional s’émancipe d’avantage du rafraîchissement voire de lourdes rénovations. PBA à la réouverture de l’Eden, devenant à l’occasion le partenariat PBA+Eden sous la direction de Pierre Bolle, actuellement directeur du PBA. Cela entrevoit déjà une orientation plus socio-culturelle assumant une réelle tension entre démocratisation de la Culture et démocratie culturelle.

117


Inventaire : Centres Culturels CC 1

Nom du lieu : Dates : Architecte :

C. C. Régional de Charleroi Années 70’ Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Boulevard Jacques Bertrand 1-3

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Inconnue Aucune Îlot - bâtiment mitoyen 14,3 m

échelle : 1/5000ème Illustration 117

CC 2 Nom du lieu : Dates : Architecte :

C. C. de Mont-sur-Marchienne Années 70’ Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6032 - Rue du Château 3

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Casino - Cinéma Aucune Îlot - bâtiment isolé 90 m

échelle : 1/5000ème Illustration 118

Inventaire

CC 3

118

Nom du lieu : Dates : Architecte :

Centre Temps Choisi Années 70’ Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6060 - Place Destrée

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Inconnue Aucune Îlot - bâtiment d’angle 65,6 m

échelle : 1/5000ème Illustration 119


CC 4 Nom du lieu : Dates : Architecte :

C. C. de Couillet Années 70’ Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6010 - Rue Vandervelde

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Aucune Aucune Bâtiment isolé 123 m

échelle : 1/5000ème Illustration 120

CC 5 Nom du lieu : Dates : Architecte :

C. C. de Gosselies Années 70’ Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6041 - Rue Haute 1

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Inconnue Aucune Îlot - bâtiment d’angle 84 m

échelle : 1/5000ème Illustration 121

CC 6 Nom du lieu : Dates : Architecte :

C. C. de Marcinelle Années 70’ Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6001 - Avenue des Muguets 16

Inconnue Stages de découverte Nature Bâtiment isolé 45 m

échelle : 1/5000ème

Inventaire

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Illustration 122 119


CC 7 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Charleroi Espace Meeting Europe 2000 Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6020 - Rue des Français 147

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

120

Verrerie Aucune Bâtiment isolé 361 m

échelle : 1/5000ème Illustration 123


121


V. Les lieux d’exposition

V. Lieux d’Exposition

122

Les Musées Les musées trouvent leurs origines dans les collections privées d’individus «socialement favorisés» dirons-nous, largement plus anciennes et constituées pour de multiples motivations : - la curiosité ; rassembler des objets insolites, étranges, rares - un goût pour le passé proche ou lointain - une sensibilité pour la mysticité des objets - une volonté de puissance par la possession - une quête d’ordre et de complètion - un interêt pour les dimensions économiques et spéculatives des objets 1 Ils voient le jour en Europe dans le courant du XVIIIème siècle et correspondent à un mouvement d’étatisation qui témoigne d’une volonté d’ouvrir les collections privées aux citoyens.2 Le XIXème siècle sera le théâtre d’une émergence significative de musées, parmi lesquels des musées dédiés : - à l’art( les plus nombreux, issus de grandes collections privées) - aux sciences naturelles( concernant des objets très variés comme les fossiles, spécimens naturalisés, cristaux, herbiers, etc.) - à l’histoire( les moins nombreux) Les musées archéologiques seront les premiers à se développer, suite aux grandes expéditions et fouilles en Italie, en égypte, sur les sites de Gregovie et d’Alésia.3 Le développement des musées d’arts se caractérise par un élistisme tandis qu’à l’opposé, émergent de nombreux musées locaux, bien souvent à l’initiative de «sociétés locales savantes»4. Ces initiatives relèvent bien souvent d’un esprit que l’on pourrait qualifier de bourgeois voire populaire.5 Les musées des sciences et techniques apparaissent quant à eux, à la toute fin du XVIIIème siècle en Angleterre. Ils accompagnent le développement industriel et sont soutenus financièrement par les entreprises. Ceux-ci se développent dans la plupart des capitales et villes industrielles européennes.


La première partie de XXème siècle est marquée par le caractère sérieux et scientifique des musées. On voit s’y développer des laboratoires et d’autres espaces de travail afin d’y étudier, de conserver et restaurer des objets d’exposition. La deuxième moitié du XXème siècle est caractérisée quant à elle par une prise de conscience des rôles sociétaux et économiques des musées. On y observe l’apparition d’un tourisme culturel qui prend de plus en plus d’ampleur, et l’appropriation par les pouvoirs publics de l’orientation de la gestion des musées en parallèle avec le développement des enjeux de société qui leur incombent. Dans les encyclopédies des années septante, à la définition du terme «musée», on peut lire : « Tout établissement permanent créé en vue de conserver, étudier, exposer pour la délectation et l’éducation du public, des objets d’intérêt artistique, historique, scientifique et technique.». Aussi les éléments qui définissent le concept de musée à cet époque là sont : - un établissement permanent( ce qui l’oppose à une salle d’exposition) - une institution ayant pour but l’intérêt général, dont sa finalité ne peut être lucrative - un lieu disposant d’une collection classée et étudiée( se distinguant d’un simple espace de stockage non-inventorié) - un établissement attentif à la présentation au public

2. Op-cit p.26 3. Op-cit p.30 4. Op-cit p.31 5. exemple : le Musée Cutius crée en 1851 à Liège par l’Institut Archéologique liégeois 6. L’Amour de l’art. Les musées d’art européens et leur public, Pierre Bourdieu & Alain Darbel, éditions de Minuit, Paris, 1969

V. Lieux d’Exposition

Les musées ont perpétuellement évolué dans leur fonctionnement depuis leur apparition, ils enrichissement l’avancée dans de nombreux domaines parmi lesquels la sociologie et les politiques culturelles. Celles-ci insisteront sur l’accès à la culture pour un plus grand nombre et sur la dimension discriminante intrinsèque à la culture6. Le dernier quart du XXème siècle est caractérisé également par l’émergence du discours réflexif sur le lieu muséal qui peut ou doit, selon les opinions, s’incarner dans son architecture. Parmi les différents objets qui nous intéressent, les musées par leur taille, leur discours potentiel sur le rapport à la culture, à la ville et au public, et l’investissement économique qu’ils représentent, constituent les lieux qui ont le plus de moyens pour influencer le développement d’un tissu urbain. Un exemple parmi les plus célèbres de l’impact que peut avoir

1. La Muséologie : histoire, développements, enjeux actuels , André Gob & Noémie Drouguet, éditions Armand Colin, Paris, 2003, p.22

123


1. Charleroi, de sa création à l’aménagement des grands boulevards. Essai sur les significations historiques, économiques et culturelles de son évolution, JeanAlexandre Pouleur, p.92

un musée sur une ville, le musée de Bilbao en Espagne qui par son implantation, son architecture et une politique culturelle cohérente à l’échelle de la ville, a profondément modifié le destin de cette cité post-industrielle. Le premier musée à faire son apparition à Charleroi est le musée archéologique [LE.1] en 1870, dont il reste peu d’information accessible à l’heure actuelle. Il doit sa création à l’initiative d’un collectif de passionnés d’histoire, à l’nstar du musée Curtius à Liège. Après cela, il faudra attendre les années septante pour l’établissement du musée suivant, et les années cinquante pour l’implantation de nouveaux lieux d’exposition plus généralement.

2. Op-cit p.93

L’Exposition Internationale de 1911

V. Lieux d’Exposition

Illustration 124 : carte postale, vue extérieur du pavillon-restaurant «Le Faison Doré», haut lieu de rendez-vous à l’époque

124

Au XIXème siècle, l’essor industriel et la multiplication des voies de communication permettent à la ville de s’embellir et de se moderniser. L’exposition internationale de Charleroi en 1911 va ainsi viser à promouvoir la ville à travers les différentes facettes de son savoir-faire (culture, commerce, travail, formation,… etc.). Elle sera déterminée tant urbanistiquement qu’architecturalement par des valeurs classiques. Les autorités témoignent à cette occasion, davantage d’une volonté de modernité en souhaitant s’aligner sur le modèle esthétique parisien de «La Belle époque», que d’un réel attachement à cette même esthétique.1 Ce modèle correspond à une récupération d’un système symbolique mis au service d’une idéologie bourgeoise et financière. Ce mécanisme se retrouve au sein-même des bâtiments où l’on observe des enveloppes extérieures en total décalage avec les espaces intérieurs. Ces derniers surprennent dans certains édifices, par la structure laissée apparente et l’emploi de matériaux modernes comme le verre et le métal, éléments cohérents par rapport à la volonté de montrer le savoir faire carolo mais qui dénotent complètement avec l’aspect extérieur du bâtiment.2 L’utilisation de ce style est donc fonctionnel, elle correspond au souhait de créer une belle image publicitaire, associée à une volonté de prestige et de reconnaissance culturelle.


« (...) L’unification de Charleroi par des Boulevards semble l’expression d’une «pulsion archaïque» visant à recréer un nouveau «centre du monde», celui de la bourgeoisie industrielle du XIXème siècle. Mais les moyens indirects utilisés se heurtèrent à différents obstacles. La volonté de créer une ville de prestige n’était pas suffisante. La logique de création des boulevards est peu économique, mais très symbolique. Les remparts ne sont pas détruits parce qu’il y a nécessité économique d’extension de la ville, mais parce qu’il y aurait eu nécessité symbolique de montrer le dynamisme, le changement, le progrès. Ils auraient été détruits pour permettre à la ville de s’affirmer symboliquement. Cette pulsion destructrice est également un processus archaïque. Elle nécessite la dissolution, la mort du passé pour pouvoir, tel un Phénix, renaître de ses centres.(...)»3

Cet évênement majeur pour la ville ne rencontrera pas le succès escompté ; Jules Destrée, dans son rôle d’organisateur, semblera se satisfaire des 40 000 visiteurs pourtant bien en deçà des prévisions. Cela peut s’expliquer par la grande proximité dans le temps avec d’autres expositions en Belgique, celle de Liège en 1905, celle de Bruxelles en 1910, celle de Gand en 1913, et bien d’autres.4

4. Charleroi 1911-2011, Les conférences d’art de l’exposition de Charleroi, p. 347-348

V. Lieux d’Exposition

Illustration 125 : photo actuelle, vue intérieur de l’Université du Travail (1908) qui possède également une façade classique en brique

3. Op-cit p.100

125


Le Palais des Beaux-Arts

1. accentuée par la présence des voies de chemin de fer, le ring R9 et le métro aérien juste derrière 2. dans la logique de démocratisation de la Culture qui caractérise le lieu 3. Palais des Beaux-Arts de Charleroi, 40 ans, p.106

V. Lieux d’Exposition

4. Op-cit p.109

126

Par la suite, il faudra attendre la fin des années cinquante pour voir apparaître de nouveaux lieux d’exposition dans la région, à savoir le Palais des Expositions [LE.2] et le Palais des Beaux-Arts [LE.3]. Le premier dispose d’une architecture monumentale et austère qui témoigne d’une volonté de grandeur. Il sera essentiellement employé à la présentation d’expositions commerciales et de salons, et s’implante dans la zone ouest de la ville. Par son implantation et son gabarit, cet édifice constitue à cet endroit, une véritable rupture urbaine1 entre le centre-ville et la périphérie. Aujourd’hui, l’avenir de cet édifice est mis en question par des difficultés structurelles, techniques et de coût énergétique, dues à son âge et au manque d’entretien qui est très coûteux. Le second en plus de ses espaces alloués à d’autres pratiques culturelles (Cf supra), dispose d’un espace d’exposition qui abritera quelques années le Musée des Beaux-Arts [LE.9], avant que celui-ci ne déménage vers les locaux communaux de l’Hôtel de Ville. L’histoire du PBA sera marquée par de très nombreuses expositions d’une qualité remarquable. Les deux responsables successifs du département des expositions, mettront un point d’honneur à y accueillir des expositions et des œuvres de grande renommée afin d’offrir ce pan de la culture au plus grand nombre2. Dès l’ouverture, Robert Rousseau montera une exposition sans précédent consacrée à deux grands maîtres français : Jean-Honoré Fragonard et JacquesLouis David, ainsi qu’au plus célèbre peintre carolorégien : François-Joseph Navez.3 Rapidement, le PBA se taillera une solide réputation dans le domaine des arts plastiques. Dans les années soixante, il accueillera notamment des oeuvres de Vincent Van Gogh, Salvatore Dali, Utrillo, Felix Labisse et Zao Wou-ki, pour ne citer qu’eux.4 Dans le courant des années septante, le lieu renforcera son offre dans le domaine des arts abstraits qui ont commencé à évoluer depuis les années cinquante. En 1978, on engagera Laurent Buzine, un jeune homme très pointu sur l’art contemporain, pour seconder Robert Rousseau. Il prendra naturellement la place de ce dernier en 1982, après sa mort prématurée à l’age de 62 ans.


Avec Laurent Buzine à la tête du département, la démarche artistique va prendre une autre dimension. En effet, ce dernier se tourne vers de nouvelles techniques de muséographie qui ont émergé depuis les années soixante. Elles consistent à adapter architecturalement l’espace disponible à chaque exposition, afin d’obtenir un tout original et cohérent. Il réduira également le nombre d’expositions à trois ou quatre par an tout en programmant ces dernières plus longtemps, ainsi qu’en menant une action de promotion plus dynamique, développée et provocante que celles menées jusqu’alors.5 Il occupera ce poste jusqu’en 2002, année où il se verra confier la direction du Mac’s, nouveau musée d’art contemporain sur le site du Grand Hornu près de Mons. Il ne sera finalement pas remplacé, alors qu’à ce moment se développe à proximité le BPS22 [LE.13], espace de création et de diffusion contemporaine dirigé par Pierre-Olivier Rollin.

Les lieux d’exposition en périphérie 5. Op-cit p.111

Dès la fin des années quatre-vingt, on verra apparaître quelques lieux d’exposition en périphérie. Nombre d’entre-eux s’y établissent plus par opportunité d’investir un lieu issu du patrimoine immobilier, que par une volonté de s’implanter spécifiquement dans telle ou telle commune ; c’est le cas du Musée de la Photographie [LE.7], du Musée de l’Industrie [LE.8], du Musée des Sciences et des Techniques [LE.10] et du Rockerill [LE.14] plus tard.

V. Lieux d’Exposition

Le Musée de la Photographie [LE.7] est probablement le musée le plus connu. Deux ouvrages ainsi que de nombreux articles lui sont dédiés, si bien que je ne vais pas m’étendre sur le sujet. Je dirai qu’il s’implante en 1987 à l’initiative de Georges Verscheval, dans l’ancien carmel néo-gothique de Montsur-Marchienne construit en 1902. Le travail qu’il y mène est caractérisé par le sérieux de la démarche et par une profonde volonté d’y produire des œuvres d’une grande qualité. Il bénéficiera d’une extension en 2008 par l’association des bureaux d’architecture L’Escaut et V+. Celui-ci est aujourd’hui parmi les projets références en Belgique, vis à vis du travail habile sur le dialogue entre architectures

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Illustration 126 : photo, vue actuelle d’une photographie agrandie prise à la ville-basse et apposée sur un bâtiment à la ville-haute

1. Patrimoine et réaffectactions en Wallonie, Jean-Patrick Duchesne et Pierre Henrion, Namur, 2005, p.85-87 b. Dossier pédagogique du Musée de la Photographie

Le Musée de l’industrie [LE.8] voit le jour en 1988 au sein des anciennes forges de la Providence à Marchienne-au-Pont, à l’initiative de l’asbl «Archéologie Industrielle de la Sambre» fondée et présidée par le bourgmestre de Charleroi de l’époque, Jean-Claude Van Cauwenberghe. Cette association a pour mission la sauvegarde et la promotion du passé industriel, économique et social du Pays de Charleroi. À l’époque, les Forges de la Providence leur sont mises à disposition par la société métallurgique de Cockerill-Sambre qui soutient l’association3. Le musée conservera tout une série de machines issues du patrimoine industriel de la région ainsi que le bâtiment lui-même en lui insufflant une seconde vie culturelle. Pourtant au delà des qualités architecturales, historiques et symboliques

V. Lieux d’Exposition

3. Le musée de l’industrie, Jean-Louis Delaet, 3ème Congrès de l’association des cercles francophones d’histoire et d’archéologie en Belgique, Namur, 1988, p.268

contemporaine et plus ancienne au sein d’un même lieu. Cette extension outre ses qualités architecturales, en fait aujourd’hui le plus grand espace dédié à la photographie en Europe. Dans son rapport au quartier, il jouit de l’implantation préexistante de l’ancien carmel et de l’image positive que véhicule un tel lieu ; son attractivité pour les touristes de Belgique et d’ailleurs, représente une réelle plusvalue pour le quartier.1 Aujourd’hui, Xavier Canonne a succédé à Georges Verscheval, en plus de la collection gigantesque de photographies que le musée abrite, il y mène de nombreuses animations culturelles parmi lesquelles des ateliers et workshop en vue de «découper, coller, peindre, assembler, imaginer, créer, photographier»2, des expositions mettant à l’honneur des photographes amateurs de la région, ou encore des appels lancés à des photographes de renommée internationale afin qu’ils viennent poser un regard sur la ville à travers une série de clichés dont certains seront affichés sur de larges panneaux au sein de la ville. Cela témoigne de la pluralité de l’offre culturelle au sein du lieu, qui marie de manière assez équilibrée les concepts de démocratisation de la Culture et de démocratie culturelle.

128 Illustration 127 : photo, vue de l’espace principal des Forges de la Providence

Illustration 128 : photo, vue sur les forges


indéniables d’un tel édifice, sa situation n’offre que peu d’attrait pour un musée en terme d’impact sur son environnement, son isolement du tissu urbain de la commune étant trop important. En 2007, sera réalisé le projet d’implantation des musées du verre [LE.4] et de l’industrie [LE.8] sur le site du Bois du Cazier4 à Marcinelle. Les deux musées s’installeront dans deux nouveaux bâtiments de style contemporain qui communiquent entre-eux, au sein du site du Bois du Cazier réaménagé pour l’occasion, et qui comprend un mémorial en hommage aux victimes du drame survenu là-même. Ce projet d’une ampleur colossale coûtera près de 25 millions d’euros et vise à enclore le site déjà relativement isolé, le privant ainsi de tout contact avec son environnement. Il comprend en son sein un espace brasserie et restaurant qui privent par conséquent d’éventuelles retombées économiques pour les lieux horeca à relative proximité, ce qui aurait pu favoriser une forme d’intégration au tissu social. On pourrait également lui reprocher symboliquement la cristallisation dans le temps et au sein d’un même espace, d’une confrontation entre la glorification d’un passé industriel et économique, et les conditions de travail extrêmement pénibles associées à cette même période, qui coûteront la vie à de nombreuses personnes.

4. ancien charbonnage connu au delà de la Belgique pour le tragique accident dans la mine du 8 août 1956 qui coûtera la vie à 262 personnes 5. extrait de l’entrevue avec Fabrice Laurent

V. Lieux d’Exposition

« (...) À Charleroi, on a mis quand même un milliard de francs belges au Bois du Cazier, on peut s’interroger sur quel effet ça a eu sur le quartier que l’on trouve à Marcinelle, je ne suis même pas sûr que la librairie ou le restaurant à proximité vivent grâce à ça, on peut s’interroger. Il y a eu beaucoup de gaspillage. Et sans chercher de réponse, pour le Bois du Cazier, les 4 partis démocratiques étaient OK… on ne refait pas l’histoire mais on peut se demander si c’était un choix pertinent, est-ce que cela n’aurait pas pu être simplement un lieu de mémoire, où la végétation aurait pu reprendre sa place, un lieu qui soit préservé mais pas sous une cloche en verre et où après la catastrophe le temps s’arrête, c’est facile avec les années de recul mais voilà.(...)»5

Illustration 129 : photo, vue actuelle du portail du site de Bois du Cazier

129


Illustration 130 : photo, vue actuelle du Rockerill depuis la station de métro la Providence

Cette liste des lieux d’exposition de la périphérie est complétée par le Musée des Sciences et des Techniques [LE.10] implanté dans l’ancien domaine de la célèbre famille Solvay, qui prend place dans un cadre assez agréable mais totalement coupé du tissu urbain de la commune de Couillet, et par le Rockerill [LE.14]. Ce dernier s’est constitué en 2005 au sein des Forges de la Providence. Il s’agit d’un projet privé avec peu de moyens, mené par deux hommes «du coin», Michel Sacchi et Benito Artoy qui ont eu la chance d’être au bon endroit, au bon moment pour avoir l’opportunité d’acheter l’édifice à un prix tout à fait intéressant. Le lieu très particulier issu de la mouvance underground - punk, dispose d’une salle d’exposition visant à promouvoir des œuvres locales, une salle de concert et une brasserie qui peut également faire office d’espace d’exposition. Le Rockerill continuera de se développer. Il jouit aujourd’hui d’un engouement exceptionnel et au delà de la présence de la station de métro à proximité qui le reconnecte à la ville, le changement de paradigme culturel dont a bénéficié l’édifice, semble avoir permis à ce dernier d’être reconnecté à un contexte nouveau ; un contexte qui a fait son apparition en parallèle, à savoir, l’investissement de l’environnement par le milieu du graphe6 ; ce qui participe grandement à la vie culturelle de la zone.

Illustration 131 : photo, vue extérieure des colonnes du métro aérien qui fait face au Rockerill

V. Lieux d’Exposition

Illustration 132 : photo prise de l’autre coté du canal, face au Rockerill

130

6. comme bien souvent dans d’anciens espaces industriels isolés et à l’abandon Illustration D : photo, vue intérieur de l’espace d’exposition principal du Rockerill (hors exposition)


Le BPS22

2. Cahier spécial des charges, Pierre-Olivier Rollin, p.26

Illustration 133 : photo, vue sur le pietonnier du Boulevard Solvay

Illustration 134 : photo, vue de l’entrée du tunnel qui passe sous le boulevard Solvay

V. Lieux d’Exposition

Vers la fin des années 80, la Province du Hainaut a entrepris d’acquérir toute une série d’œuvres issues de la production hennuyère dans l’optique de reconstituer une collection afin de la diffuser. C’est en 2000 que le Secteur des Arts Plastiques dirigé par Pierre Olivier Rollin qui est établi alors à La Louvière, décide d’initier un projet s’inscrivant dans le cadre du souhait provincial. C’est la Province qui propose d’implanter la nouvelle institution dans les « Ateliers de l’Université du Travail ». En effet, ce bâtiment présente toute une série de qualités qui rendent tout à fait pertinent ce choix ; la Province est déjà propriétaire du bâtiment et cela permet également de protéger ce bâtiment d’un point de vue patrimonial ainsi que de lui réaffecter son usage initial qui était un lieu d’exposition d’art. Par ailleurs, il dispose symboliquement d’un statut d’icône d’un passé glorieux pour la ville, de très beaux volumes d’expositions et jouit notamment d’un enrichissement culturel lié à l’historique de l’Université du Travail. Néanmoins, malgré ces qualités, l’implantation du Bâtiment Provincial Solvay n°22 à cet endroit présente une série de désavantages que le directeur Pierre-Olivier Rollin a très bien identifiés comme étant les enjeux sous-jacents à un tel projet.1 Le quartier est enclavé dans la ville. En effet ce dernier semble totalement déconnecté du reste de la ville, il est constitué d’une partie plus populaire communément appelée la Broucheterre situé en bordure du centre-ville, et de l’ensemble de l’Université du Travail (UT) qui jusque dans les années septante, était le poumon de la ville. Le boulevard Solvay sur lequel se situe le BPS22, était alors considéré comme l’une des artères principales. L’UT était un projet basé sur l’idée d’accueillir l’ensemble des formations manuelles comme intellectuelles associées aux métiers nécessaires au développement industriel de la ville. Mais depuis, celle-ci a connu le déclin industriel et l’UT a perdu de sa superbe, elle apparait désormais aux yeux d’un grand nombre de Carolorégiens comme le symbole d’un passé qui a produit une quantité énorme de richesses mais qui n’ont pas été réinvesties pour la ville.2 De plus, de nombreux cas de piétons fauchés par des voitures, ont poussé les autorités de la ville à transformer le boulevard Solvay en un piétonnier, détournant pour cela la circulation automobile par la création d’un tunnel qui passe sous le boulevard. Le bâtiment lui-même ne s’ouvre que sur le piétonnier car du reste, il est

1. qu’il explicitera dans son «cahier spécial des charges» qu’il confectionnera à l’occasion de l’appel à projets lancé par la cellule d’architecture de la Communauté française, afin d’organiser un concours d’architecure ayant pour objet la rénovation de l’édifice

131


Illustration 135 : photo, vue des commerces à la rue du Mambourge

V. Lieux d’Exposition

Illustration 136 : photo, vue du l’exposition Inside-Out dans le cadre de l’édition 0 de la biennale Asphalte en 2012, il s’agissait d’un programme participatif ayant pour objet des clichés de sourires des habitants de la région qui seront agrandis et investirons l’ensemble du centre-ville

132

Illustration 137 : photo, vue d’un autre affichage dans le cadre du projet Inside-Out

ceinturé par les différents locaux de l’UT. Les rues qui mènent au piétonnier, par leurs configurations, permettent très peu de perspectives visuelles vers le lieu. De plus, la forte déclivité de la rue du Mambourg ne permet de contact visuel qu’avec le sous-sol de l’édifice qui est actuellement occupé par la partie administrative. Ce qui a pour conséquence un deuxième enclavement, celui du lieu dans son quartier. Et enfin, le lieu est enclavé culturellement et socialement par sa vocation liée à la diffusion d’arts contemporains, dans une ville où la population globalement de tradition «ouvriériste» est de manière générale peu ouverte aux formes de cultures contemporaines. Voilà pourquoi le lieu se définit comme une singularité, qui par la politique culturelle menée en son sein, par l’animation culturelle hors des murs et par le projet de rénovation architectural du lieu, tentera de dépasser ces difficultés. P.-O. Rollin, lorsqu’il définit le lieu, développe le concept de « plate forme de diffusion culturelle » celle-ci a pour ambition de dépasser les missions des institutions muséales existantes, il s’agit d’une structure qui pourrait accomplir à la fois le rôle d’un musée (en terme de rapport au patrimoine), celui d’un service public centré sur la diffusion et le développement culturel (aide à la production, …) mais aussi celui d’une institution à vocation socio-éducative (formation des publics, médiation culturelle, …). L’ambition de l’institution est selon lui liée à la nécessité de donner aux citoyens les outils nécessaires afin de reconstituer des bribes de sens à une époque caractérisée par un foisonnement d’informations, la culture étant selon lui une composante essentielle d’une société démocratique, puisqu’elle est vectrice de connaissances et qu’à ce titre, elle permet au citoyen de forger son regard sur le monde qui l’entoure. Il reconnaît lui-même sa conception de la culture comme étant volontariste, voire instrumentaliste. Pour ce faire, il mettra en place toute une série d’initiatives s’appuyant sur un équilibre lorsque c’est possible, entre les concepts de démocratisation de la Culture et de démocratie culturelle. Parmi celles-ci il y aura notamment une exposition consacrée au football ou encore le projet Asphalte, une biennale d’arts urbains qui rassemble de nombreuses disciplines et visant à faire investir l’espace public par de nombreux artistes de renommées internationales et issus de la région.

Le projet retenu en 2008, lors du concours d’architecture sera celui du


N

bureau Archiscénographie. Leur proposition sera jugée la plus pertinente quant à la philosophie du lieu développée par Pierre-Olivier Rollin dans son cahier spécial des charges, vis à vis de sa faisabilité structurelle, de la sobriété des moyens déployés et des réponses apportées aux enjeux de désenclavement physique du bâtiment. Elle comprenait notamment : - la réouverture à une circulation lente des voitures( qui permet de réduire l’enclavement du quartier dans la ville) - la présence d’un balcon à l’étage qui sort des colonnades( qui permet une meilleure visibilité du lieu) - la création d’un système d’entrée dans l’axe de la façade se juxtaposant à l’actuelle entrée (qui est dérobée sur la gauche du péristyle) - la préservation de la matérialité de l’espace d’exposition principal - l’implantation d’une bibliothèque au sous-sol ainsi qu’une percée dans la dalle du rez de chaussée à cet endroit( qui permet un contact visuel entre le lieu et la rue du Mambourg) - le déplacement des bureaux vers l’arrière du bâtiment, qui seront éclairés par une cours anglaise 3

Illustration 139 : Plan masse de la proposition

Aujourd’hui, le projet n’a toujours pas été réalisé suite à des complications au niveau de l’administration régionale qui portaient sur les percées dans la façade principale qui est classée. Il a quelque peu évolué puisqu’il maintient le statut du piétonnier sur le boulevard Solvay, les autorités de la ville préférant miser sur une reconnexion du piétonnier au boulevard Jacques Bertand, par l’aménagement d’espaces de promenade jusqu’à l’Eden théâtre. Le choix du maintien du piétonnier doit correspondre à une réelle politique urbaine qui nécessite un changement de paradigme quant à la mobilité, pour une ville qui s’est développée pour les voitures depuis les années cinquante.

3. Note

d’orientation d’Archiscénographie

Illustration 138 : photomontage de la proposition du bureau Archiscénographie, vue sur la façade principale

V. Lieux d’Exposition

Illustration 140 : Plan d’aménagement du boulevard Jacques Bertrand

133


Illustration 150 : Photomontage de l’aménagement du piétonnier face au BPS22

1. partenariat auquel on doit déja l’extension du Musée de la Photographie

V. Lieux d’Exposition

2. description du bureau V+ sur leur site internet

134

Illustration 151 : Photo prise en mars 2014, vue de la façade de la Banque Nationale de Belgique en chantier

Le projet devrait probablement être livré pour le mois de septembre 2015 ; le lieu disposera alors d’un outil entièrement opérationnel pour mener une politique beaucoup moins contrainte qu’auparavant, en lien avec son nouveau statut de musée. Il y aura lieu d’observer si le projet architectural et le projet culturel répondront de manière suffisamment satisfaisante aux enjeux évoqués, afin de permettre au BPS22 de remplir les ambitieuses missions qu’il s’est fixées. D’autant plus qu’avec le retard pris par les travaux, ce dernier a perdu son statut de projet culturel phare de la ville, au profit d’un nouveau projet qui a vu le jour entre temps : le Quai de l’Image. Le Quai de l’Image Le Quai de l’Image, appelé parfois la «Porte des Arts» ou «Pôle de l’Image», est un ambitieux projet qui correspond à la réaffectation du bâtiment de l’ancienne Banque Nationale de Belgique fermée depuis 2002, à l’aménagement des quais de la Sambre, et à la construction d’une passerelle, pour un budget de 17 millions d’euros (htva). Il a été confié au bureau d’architecture V+ pour la réaffectation de l’ancienne banque, qui travaillera en partenariat1 avec le bureau l’Escaut pour l’aménagement des quais et la création de la passerelle. L’aménagement des quais installe une promenade en contact plus direct avec l’eau par des poches en creux ménagées dans les quais, ainsi que par l’installation de pontons en bois pour le nouveau chemin de halage. La passerelle devait à l’origine relier le Quai de l’Image au grand hangar du tri postal qui lui fait face. Le réaménagement de ce dernier étant annulé, les architectes développeront un élément dont l’essence n’est plus uniquement de franchir le cours d’eau, mais bien d’offrir un espace à part entière au dessus de l’eau, qu’ils baptiseront : la «placerelle». Cet espace agit comme une extension des quais et permet de rejoindre directement la place Albert 1er en franchissant le Quai de l’Image.2 Cet aménagement urbain met en scène pour les visiteurs un itinéraire alternatif au traditionnel parcours : gare, place Buisset, rue du Collège, rue de Marchienne, place Albert 1er, avant de rejoindre généralement la rue de la Montagne. Cet itinéraire d’emblée secondaire, car l’entrée historique et naturelle de la ville est la place Buisset qui se trouve parfaitement dans l’axe de la gare du


sud, témoigne également de l’ambition du projet dont un des enjeux essentiels est d’offrir une première image forte pour les visiteurs à pied. Le projet de réaffectation de la Banque Nationale de Belgique concerne la rénovation de l’édifice, tout en préservant au maximum la structure existante et la façade principale, ainsi que la création d’une extension. Ce centre de l’image comprend quatre salles de cinéma (cf supra : partie II), des espaces d’exposition, une brasserie, deux terrasses, un passage vers la place Albert 1er, des studios, ateliers et une résidence d’artiste. Cet ouvrage devrait être achevé dans le courant de 2015. Un appel à projets en vue de désigner son futur gestionnaire, à l’initiative de l’échevin de la culture de l’époque Antoine Tanzili, sera clôturé en 2011. Ce n’est qu’un an plus tard que le futur gestionnaire des lieux sera désigné. Il s’agit de Michaël Bakolas, actuel directeur du cinéma d’art et d’essai Le Parc. « (...) L’ambition est de créer un lieu vivant, générateur permanent de culture, d’éducation et de convivialité, un des moteurs du renouveau du centre-ville. Les activités du centre seront dédiées essentiellement à l’image animée et tourneront autour de cinq volets : Culture, Diffusion, Formation, Gaming, Création. (...) En outre, une plate-forme internet servira de porte d’entrée à toutes les activités du futur Quai de l’Image. Elle sera aussi un vecteur de création, un lieu de rencontres et de débats virtuels. Aujourd’hui, il ne suffit pas de se plaindre ou de se féliciter de l’invasion des images audio-visuelles dans la construction de notre pensée, il faut montrer comment la pensée peut opérer à partir de ces images reçues.»3

Illustration 152 : Image numérique du projet de réaffectation de la BNB

b. extrait de l’entrevue accordée par Michail Bakolas au quotidien Vers l’Avenir, publié dans l’article Michaël Bakolas sur les quais, Vers l’Avenir, 2 sept 2013

V. Lieux d’Exposition

Illustration 153 : Photo prise en mars 2014, vue de la façade de la Banque Nationale de Belgique en chantier

135


V. Lieux d’Exposition

136


V. Lieux d’Exposition

137


Cartographie : Lieux d’Exposition 1880 - 1950

Cartographie

1

138

Carte 1


Cartographie : Lieux d’Exposition 1950 - 1975

1

Cartographie

Carte 1

139


Cartographie : Lieux d’Exposition 1975 - 2000

2

3

1

4

Carte 1

Cartographie

Carte 1

140

Carte 1

Carte 1


Cartographie : Lieux d’Exposition 2000 - 2015

2

3

Carte 1

Carte 1

1

4

Carte 1 Cartographie

141


LE : Synthèse I (1880-1950)

Centre

IV

- Le XIXème siècle est une période durant laquelle, un nombre impressionnant de musées fleurissent dans les grandes villes européennes. - Implantation du premier musée à Charleroi, le musée d’archéologie [LE.1](musée historique), qui sera le seul musée de la région jusqu’en 1973.

III I

II (1950-1975)

Centre

- Création du Palais des Expositions [LE.2], lieu d’expositions commerciales qui sera mis de manière exceptionnelle à disposition du futur Palais des Beaux-Arts pour des expositions ou spectacles culturels. - Création du Palais des Beaux-Arts [LE.3], haut lieu culturel polyvalent qui dispose d’un espace d’exposition. - Ces deux lieux incarneront pendant 10 ans la seule centralité culturelle de la région, ce qui a pu à l’instar de la pratique théâtrale, freiner le développement d’autres espaces d’expositions - Déménagement du musée archéologique au Boulevard Jacques Bertrand

IV (1995-2015)

III (1975-1995)

Centre

Cartographie

Périphérie

142

- Période de prise de conscience des rôles sociaux et économiques des musées dans le monde développé. De nombreux pays européens ont entrepris de lourds investissements pour rénover et développer des musées. - Création du Musée du Verre [LE.4](musée art et technique) et du Musée des Chasseurs à Pied [LE.5](musée historique), la même année ; tous deux s’implantent à la ville haute et [LE.5] s’installent tout naturellement dans la caserne de Trésignies. - Création de la galerie privée Alain Besciani [LE.6], à la ville basse, dans une rue secondaire et parallèle au Boulevard Tirou.

II

Centre

- Développement progressif du Musée de la Photographie [LE.7](musée historique et artistique), à l’initiative du couple Verscheval, qui sera soutenu par les pouvoirs publics, Périphérie pour devenir un musée de renommée internationale. - Implantation du Musée de l’Industrie [LE.8](musée technique et historique), dans le lieu symbolique que sont les forges de la Providence ; musée destiné à la valorisation du patrimoine industriel, tant à travers le bâtiment des forges, qu’au travers des machines exposées.

- Développement d’un musée [LE.9] au sein du PBA, projet qui aura une existence mouvementée avec un déménagement rapide vers l’Hôtel de Ville. - Implantation d’un musée [LE.11] dédié à la figure de Jules Destrée, politicien engagé et emblématique de la région, dans les combles de l’Hôtel de Ville. - Implantation à Charleroi( anciennement située à La Louvière) de la plate-forme de création et de diffusion de l’art contemporain en Communauté française, le BPS22 [LE.13] à l’initiative de son directeur Pierre-Olivier Rollin, sous la tutelle de la Province du Hainaut. Musée, qui réinvestit un ancien bâtiment de l’Université du Travail et dont la vocation avait été l’exposition d’œuvres d’art lors de l’Exposition Internationale de 1911. - Développement d’une petite galerie, L’incise [LE.15], dans la galerie Saint-Hubert (à proximité Bd Tirou). Galerie ne présentant que des expositions temporaires. - Développement en cours du Quai de l’image [LE.16], lieu culturel polyvalent comprenant des espaces d’exposition - Implantation d’un musée technique, didactique et ludique [LE.10] à l’initiative de l’Université Libre de Bruxelles, sur le domaine Solvay à Couillet. - Ouverture d’une galerie privée par Jacques Cerami, neveu de Pino Cerami, une légende du cyclisme de la région. - Déménagement très coûteux des musées du Verre et de l’Industrie [LE.4,8] sur le site du Bois du Cazier. - Récupération des Forges de la Providence par 2 locaux afin d’y développer un lieu d’expositions et de concerts, principalement axé sur la diffusion d’artistes locaux


Inventaire : Lieux d’Exposition LE 1 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Musée archéologique 1870 / 1954 - 1979 / 2002 inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Place Charles II (Hôtel de ville) 6000 - Boulevard Defontaine

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

aucune aucune Bâtiment isolé / Bâtiment isolé 0 m (246 m) / 452 m

échelle : 1/5000ème

LE 2 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Palais des Expositions 1954 Joseph André

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Rue de l’Ancre

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

aucune aucune Bâtiment isolé 755 m

échelle : 1/5000ème Illustration 154

LE 3 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Palais des Beaux-Arts (PBA) 1957 Joseph André

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Place du Manège 1

Théâtre des Variétés aucune Bâtiment isolé 360 m

échelle : 1/5000ème

Inventaire

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Illustration 155 143


LE 4 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Musée du Verre 1973 / 2002 - 2007 Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Boulevard Defontaine 6001 - Rue du Cazier 80

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Aucun / Lieu industriel aucune Bâtiment isolé / bâtiment isolé 542 m / 134 m

échelle : 1/5000ème Illustration 156

LE 5 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Musée des Chasseurs à Pied 1973 Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Avenue Général Michel 1

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Caserne Trésignies aucune Ilôt - Bâtiment isolé 80 m

échelle : 1/5000ème Illustration 157

Inventaire

LE 6

144

Nom du lieu : Dates : Architecte :

Galerie Alain Beciani 1973 Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Rue de Montigny 36

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Commerce de vêtements féminins aucune Ilôt - Bâtiment mitoyen 5m

échelle : 1/5000ème Illustration 158


LE 7 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Musée de la Photographie 1987 (2008 rénovation-extension) inconnu ( L’Escaut - V+)

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6032 - Avenue Paul Pastur 11

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

ancien carmel néogothique aucune Bâtiment isolé 250 m

échelle : 1/5000ème Illustration 159

LE 8 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Musée de l’Industrie 1988 / 1999 - 2002 Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6030 - Rue de la Providence 134 6001 - Rue du Cazier 80

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Forges de la Providence Le Rockerill Bâtiment isolé / Bâtiment isolé 115 m / 170 m

échelle : 1/5000ème Illustration 160

LE 9 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Musée des Beaux-Arts (MBA) 2004 /2007 Joseph André

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Place du Manège 1 (PBA)

Théâtre des Variétés aucune Bâtiment isolé / Bâtiment isolé 0 (360 m) / 0 (246 m)

échelle : 1/5000ème

Inventaire

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

6000 - Place Charles II (Hôtel de ville)

145


LE 10 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Musée des Sciences et des Techniques

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6010 - Rue de Villers 227 (site de Parentville - ULB)

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

1994 Inconnu

Domaine de la Famille Solvay aucune Bâtiment isolé 214 m

échelle : 1/5000ème Illustration 161

LE 11 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Musée Jules Destrée 2000 Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Place Charles II (HDV)

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Combles de l’Hôtel de Ville aucune Bâtiment isolé 0 (246 m)

échelle : 1/5000ème

Inventaire

LE 12

146

Nom du lieu : Dates : Architecte :

Galerie Jacques Cerami 2001 Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6010 - Route de Philippeville 346

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Antiquaire Aucune Ilôt - Bâtiment d’angle 21,5 m

échelle : 1/5000ème Illustration 162


LE 13 Nom du lieu : Dates : Architecte : 1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation : Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

BPS22 2003 (transformation 2014) Gabriel Devreux (1911) Archiscnéographie 6000 - Boulevard Solvay 22

Bâtiment Gramme - Ateliers de l’UT aucune Bâtiment isolé 276 m

échelle : 1/5000ème Illustration 163

LE 14 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Le Rockerill 2005 Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6030 - Rue de la Providence 136

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Forges de la Providence Aucune Bâtiment isolé 115 m

échelle : 1/5000ème Illustration 164

LE 15 Nom du lieu : Dates : Architecte :

L’Incise 2007 Inconnu

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Boulevard Tirou 139 (Galeries Bernard)

Inconnu aucune Intérieur d’ilôt - Galerie 5m

échelle : 1/5000ème

Inventaire

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

Illustration 165 147


LE 16 Nom du lieu : Dates : Architecte :

Le Quai de l’Image

1ère localisation : 2ème localisation : 3ème localisation :

6000 - Quai de Brabant 10

Affectation antérieure éventuelle : Affectation ultérieure éventuelle : Typologie du bâtiment : Longueur de façade :

148

2015 V+

Banque Nationale de Belgique aucune Ilôt - Bâtiment mitoyen 63 m

échelle : 1/5000ème Illustration 166


149


VI. Conclusion

VI. Conclusion

Conclusion générale

150

On constate que la ville telle qu’on la connait aujourd’hui, doit son existence à des circonstances très particulières. Le petit village de Charnoy que rien ne distinguait de ses voisins, sera le théâtre d’un premier développement pour des raisons géopolitiques et militaires. Par la suite, la richesse du sous-sol de la région ainsi que la grande disponibilité d’espaces, constitueront des conditions idéales pour le développement industriel de la région. Le démantèlement des fortifications correspondra à une volonté d’affirmer le caractère de métropole régionale de la ville. Le manque d’ancrage historique de cette dernière affectera le développement culturel de Charleroi jusqu’à aujourd’hui et cela la placera en position défavorable par rapport à des villes comme Namur ou Liège ; alors même qu’elle est la première ville wallonne en termes démographiques et économiques. Ainsi dès le démantèlement des fortifications jusqu’à aujourd’hui, la ville sera en perpétuelle quête d’une identité culturelle, par le biais de différents projets et de figures fortes issues du monde politique ou culturel, afin d’asseoir son statut de métropole régionale. Dans un premier temps, cette quête s’est exprimée par l’organisation de l’Exposition Internationale de 1911, intégrant un projet comme celui de l’Université du Travail qui est porteur d’un discours politique social très audacieux porté par la figure de Jules Destrée, quant à la question de l’accès à la culture pour le plus grand nombre ; ce discours s’incarnera notamment dans le développement progressif de sa bibliothèque. Par la suite, cette quête sera réactivée par le biais du projet du Palais des Beaux-Arts qui, par les moyens déployés dans son architecture et par un jeune directeur enthousiaste et très actif, sera le théâtre d’une animation culturelle d’une conséquence sans précédent dans la région ; elle conférera à la ville une reconnaissance culturelle au delà de ses frontières. Cela même si le PBA par les logiques de centralisation de l’offre culturelle qu’il incarne, nuira à l’existence à de nombreux lieux culturels dans le centre ville. Plus tard, l’émergence de lieux culturels notables à l’initiative de privés comme par exemple le Musée de la Photographie, mènera les pouvoirs publics à progressivement s’appuyer sur ce mouvement et à l’amplifier pour développer ce qui sera à ce jour la dernière quête d’une identité culturelle, à savoir cette revitalisation urbaine de la ville qui s’appuie en grande partie sur la culture.


La relation d’influence entre le développement de la ville et le développement des lieux culturels est caractérisée par une alternance dans le temps1. En effet, dans un premier temps, suite au démantèlement de ses fortifications, la ville se développera sans ses lieux culturels ; ces derniers, dans la logique libérale qui caractérise cette époque, tenteront d’accompagner cette évolution en exploitant les qualités de cette dernière pour exister. L’Exposition Internationale de 1911 constitue le premier moment où la ville va notamment s’emparer de la question culturelle pour soutenir son développement urbain dans la zone Nord-Ouest, à travers le projet de l’UT comprenant le bâtiment Gramme (futur BPS22) qui abrite alors le Palais d’Art Wallon, seul lieu de l’exposition dédié à la culture. Ensuite les lieux culturels et principalement les cinémas, continueront de se développer au gré des concurrences internes et des révolutions que connaîtront les différentes pratiques. Vers la fin des années cinquante, la ville s’emparera à nouveau de la question culturelle à travers le projet du Palais des Beaux-Arts. Le développement des politiques culturelles dans le courant des années soixante à Charleroi comme ailleurs en Belgique, mènera à un rapprochement entre les pouvoirs publics et les institutions culturelles, notamment par le déploiement plus important de soutiens financiers des pouvoirs publics vers les institutions culturelles et par la plus-value démocratique apportée par ces dernières. Aujourd’hui, nous sommes entré dans une nouvelle période de développements physiques et économiques de la ville qui s’appuient fortement sur le volet culturel. On pourra néanmoins regretter le «favoritisme» envers certaines pratiques culturelles comme par exemple les musées, qui sont plus dans l’ère du temps, au détriment d’autres comme les bibliothèques.

des périodes marquées par une oscillation entre deux concepts opposés et anachroniques pour l’époque. à savoir celui de Bottom-Up (modèle montant, qui concerne le soutien de la part des autorités politiques, de projets d’initiatives privées, exemple : le théâtre de l’Eden) et celui de Top-Down (modèle descendant, qui concerne l’établissement d’un lieu culturel sur un territoire, suite à une volonté politique, exemple : le Palais des Beaux-Arts)

VI. Conclusion

Cette évolution récente a pour conséquence une suroffre culturelle assez coûteuse, allouée à un public de niche ; cela suscite d’évidentes questions en terme de démocratie. Aussi afin que ne se creuse davantage un fossé entre deux types de populations, il y a lieu à mon sens, d’être extrêmement attentif aux questions de démocratisation de la Culture et de démocratie culturelle.

1. Cela correspond à

151


Illustration 167: Photo, vue de l’affichage d’un message de contestation apposé en vitrine d’un café

Le risque de voir ce fossé se creuser est pour moi, amplifié aujourd’hui par l’utilisation à outrance de la question culturelle dans la communication de la ville. En effet, aujourd’hui, une partie de la population carolorégienne développe une forme de mécontentement de plus en plus visible. Celui-ci s’exprime par rapport aux travaux de revitalisation actuels à la ville-basse, qui poussent de nombreux commerces à fermer leurs portes ; certains d’entre-eux ayant un passé conséquent au sein de ce quartier, et cela au profit du développement d’un immense centre commercial. Par ailleurs, on retrouve également du mécontentement face à la destruction de nombreux bâtiments pour lesquels une part importante de la population a développé un attachement sentimental. Lorsque j’ai porté le sujet à l’attention d’un responsable de l’administration communale, il m’a été répondu que l’on ne faisait pas d’omelette sans casser des œufs. Or il me semble essentiel que cette politique de revitalisation urbaine qui s’appuie sur le développement culturel n’amène pas des effets contre-productifs par amalgame, ce qui pousserait une partie de la population à développer une forme d’opposition aux différents lieux culturels, rendant par la même leurs missions de plus en plus difficiles à remplir. Il s’agit là, à mon avis, d’une condition indispensable à la réussite de ce projet.

VI. Conclusion

Illustration 168 : Photo, lettre apposée en vitrine de la maison De Roy qui ne pourra pas fêter son 100ème anniversaire en 2016, à cause des travaux

152 Illustration 169 : Photo, vue d’un des chantiers de démolition à la ville-basse, à l’endroit où se trouvait le cinéma Paradiso


Conclusion personnelle

Je dirais que cette période de recherches, d’observations, de découvertes, de questionnements et de rencontres, m’a amené son lot de surprises et d’étonnements et d’émerveillements. Globalement cela a contribué à un enrichissement personnel indéniable. Ce travail m’a permis de développer un regard nouveau et plus construit sur la ville, son histoire et son actualité. J’exprimerai néanmoins une petite note de frustration qui est la conséquence du fait que je n’ai pas pu avoir accès aux archives de la ville, et que j’ai eu tant de difficultés à mettre la main sur le fichier dwg contenant les plans de l’arrondissement de Charleroi. Au même titre que les archives et même plus encore par leur format dématérialisé, ces plans font, à mon sens, partie du bien commun et il serait utile afin de favoriser la recherche et l’expression que la ville mette en place des dispositions pour que ceux qui le souhaitent puissent en disposer facilement. Dans la même logique, il m’est apparu assez surprenant de constater que les prix d’excellence de la ville, lancés en 2004, visant à promouvoir et à récompenser les travaux de fin d’études supérieures universitaires ou non, qui sont consacrés à une recherche contribuant au développement économique, social ou culturel de la ville de Charleroi, n’aient pas été renouvelés depuis 2011. L’absence d’une université dans la région de Charleroi est un réel handicap pour la ville, pourtant, la qualité globale de l’enseignement secondaire pousse un grand nombre d’étudiants à poursuivre des études ailleurs. Je suis intimement convaincu qu’un grand nombre d’entre-eux, comme moi, ont développé un réel attachement pour leur ville d’origine, et qu’ils pourraient à travers différents travaux de recherches dans le cadre de leurs études, amener un réel gain pour la ville qu’il s’agirait de davantage soutenir.

VI. Conclusion

153


Ville de Charleroi

VII. Bibliographie

Bibliographie

Ouvrages

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- CARIAT L., Charleroi, une ville, un coeur, une mémoire, Marcinelle, Procultura, 1988 - CULOT, M., Charleroi, Mons, Valenciennes : villes de la frontière, Bruxelles, Norma édition, 2001 - DE COOMAN R., BOURGEOIS V., Charleroi, terre d’urbanisme, Bruxelles, Art et technique, 1946. - POULEUR J.A, , Le patrimoine « social vécu » de Charleroi centre, Louvain-LaNeuve, 2001 - RASSEL G., SCHAEFFER P.-J. , Palais des Beaux-Arts de Charleroi 40 ans, Edition Palais des Beaux-Arts de Charleroi, Charleroi, 1997 - RIHOUX, A.-F. , Charleroi Ville Haute 1860 – 1914, L.L.N., 1987, mémoire inédit - WANGERMEE R., Dictionnaire de la chanson en Wallonie et à Bruxelles, éditions Mardaga, Liège, 1995 - Caroloregiumvalde concelebratur, MDCLXVI – MCMLXVI, On fête Charleroi à l’envi, Administration communale, Charleroi, 1966 - Charleroi 1911-2011, Edition Ville de Charleroi, Charleroi, 2011

Articles - DELAET J.-L. ,Charleroi, Mons, Valenciennes : villes de la frontière : Charleroi, une ville territoire, Bruxelles, Norma édition, 2001 - DELAET J.-L., Les charbonnages du pays de Charleroi aux XIXe et XXe siècles, 2000 - POULEUR J.-A, CHARLEROI, parcours d’une métropole en effervescence, Espace Environnement, Charleroi - POULEUR J.-A. , Charleroi, de sa création à l’aménagement des grands boulevards. Essai sur les significations historiques, économiques et culturelles de son évolution, Charleroi 1911-2011 - Les Festivités à Charleroi au début du XXème siècle, Contre-poing, Charleroi,


2001 - Dossier : Charleroi un projet de ville , Ville de Charleroi, 2013 - CHARLEROI 2020, Forum culture Rapport final, 2005

Sites internet - LAURENT F., Centre culturel régional de Charleroi, Note d’orientation,http:// fr.scribd.com/doc/90184333/Dossier-Eden-Fabrice-Laurent - http://charleroi-hd.tv/ - http://sites.univ-provence.fr/mines/Geographie/geo_belgique/geo_notice_belgique.htm - http://www.espace-environnement.be/ - La revitalisation de Charleroi passe par la culture, http://www.pac-charleroi.be/ index.php/news/202-la-revitalisation-de-charleroi-passe-par-la-culture - http://agirparlaculture.be/index.php/portrait/40-paul-magnette-un-enormeadn-politique-et-culturel

Autres - Coffret DVD « Charleroi 1911-2011 »

Culture Ouvrages

VII. Bibliographie

- BOURDIEU P. & DARBEL A., L’Amour de l’art. Les musées d’art européens et leur public, éditions de Minuit, Paris, 1969 - DELFORGE P. , La Loi de 1921 sur les bibliothèques, Jules Destrée le précurseur, Présence et Action Culturelles, n° spécial des Cahiers de l’éducation permanente, Bruxelles, PAC éditions, 2011 - YERNAUX C., Histoire de Montignies-sur-Sambre : le XXe siècle, Montignies-sur-Sambre, Edition de l’Administration Communale, 1966

155


Articles - CALLIER L. , HANQUINET L. , GUERIN M. , GENARD J.L. , Etude approfondie des pratiques et consommation culturelles de la population en Fédération Wallonie-Bruxelles - GENARD J. L, Culture et politique, chapitres 3. Espoirs d’émancipation et risques d’instrumentalisation et 4. L’art et l’enrichissement des ressources de sens, Labor, Bruxelles, 2001 - GENARD J. L, « Démocratisation de la culture et/ou démocratie culturelle? », colloque HEC Montréal, 4-5 avril 2011 - GIRARD A., 1961. Ouverture de la première maison de la culture, infolettre n*43, Ministère de la Culture et de la Communication, fev 1999 - GUERIN M. , Pratiques et consommation culturelles en Communauté française , Courrier hebdomadaire du CRISP, 2009/24-25 n° 2031-2032, p. 5-70. DOI : 10.3917/cris.2031.0005 - LAURENT F. , Note d’orientation du Centre culturel régional de Charleroi, Charleroi - PASQUIER D., La culture populaire à l’épreuve des débats sociologiques

Sites internet - Cellule d’architecture de la Fédération Wallonie-Bruxelles, http://www.infrastructures.cfwb.be/index.php?id=100

Autres

VII. Bibliographie

- Emission « 50 degrés Nord » sur Arte du 5 avril 2013 - Annales parlementaires, chambre des représentants, séance du 9 juin 1921, cité par Georges-Henry Dumont, le ministre des Sciences et des Arts, dans Destrée le multiple, Bruxelles, 1995

156


Ouvrages

Lieux culturels (général)

- BERTRAND A.-M., KUPIEC A., Ouvrages et volumes, Architecture et bibliothèques, Editions du Cercle de la Libraire, Paris, 1997 - Le cinéma dans la cité, Editions du Félin, Paris, 2001 - DROUGUET N., GOB A., La muséologie, histoire, développement, enjeux actuels, Editions Armand Colin, Paris, 2006 - LACLOCHE F., Architectures de cinémas, Éditions du Moniteur, Paris, 1981 - MINNE G., PICKELS A., Regards croisés sur les arts du spectacle à Bruxelles, Maisons du Spectacle - La Bellone, Ville de Bruxelles, Bruxelles, 2003 - Architecture et bibliothèque, 20 ans de constructions, Presses de l’ENSSIB, Villeurbanne, 2012

Articles - Dossier : Charleroi un projet de ville , Ville de Charleroi, 2013 - CHARLEROI 2020, Forum culture Rapport final, 2005

Inventaire des lieux culturels Ouvrages

VII. Bibliographie

- DELAET J.-L., Le musée de l’industrie, 3ème Congrès de l’association des cercles francophones d’histoire et d’archéologie en Belgique, Namur, 1988 - DUCHESNE J.-P. & HENRION P., Patrimoine et réaffectactions en Wallonie, Namur, 2005 - EVERART J, Monographie des rues de Charleroi, Collins, Charleroi, 1959 - LEMAL-MENGEOT C., Musées de Charleroi, Crédit Communal, Bruxelles,

157


1989 - PIVETTA Marie-Louise, L’ANCRE…21… : Fragment de l’histoire d’un théâtre régional, Charleroi, 1989 - RASSEL G., SCHAEFFER P.-J., Palais des Beaux-Arts de Charleroi 40 ans, Edition Palais des Beaux-Arts de Charleroi, 1997 - Les Festivités à Charleroi au début du XXe siècle, Contre-poing, Charleroi, 2001 - VERCHEVAL G., Musée de la photographie, Charleroi : Centre d’art contemporain de la Communauté française de Belgique, Crédit Communal, Bruxelles, 1997 - WANGERMEE R., Dictionnaire de la chanson en Wallonie et à Bruxelles, Editions Mardaga, 1995

Articles

VII. Bibliographie

- LORENT P., Une tranche de vie à la brasserie de l’Eden, quotidien Le Matin, 10 aout 98 - Dossier sur le concours du BPS 22, magazine A+, n°228 (UPP : Union des Editeurs de la Presse Publique) - ROLLIN P.-O., Cahier spécial des charges du BPS22 - Le cinéma Varia à Jumet, http://www.artnouveau-net.eu/portals/0/data/ SCIENTIFIC%20ARTICLES/LeCinematheatreVariaaJumet.pdf - Le béton armé, organe mensuel ds agents de concessionnaires du système hennebique n°161, Paris, Octobre 1911 - Cinémas à Charleroi en 1911 - Carollywood : un million d’entrée en 1997, Jacqueline Moucheron- -Votquenne, quotidien La nouvelle Gazette, Janvier 1998 - La médiathèque devient «Point Culture» et se métamorphose, A.Jennotte, article du journal le soir, 19 avril 2013 - Michaël Bakolas sur les quais, Vers l’Avenir, 2 sept 2013

158

Sites internet - http://www.charleroi.be/node/177 - http://www.rockerill.com/lieu/ - http://www.incise.be/presentation.html


- http://www.laruchetheatre.be/info.html - http://studio80.mpa80.be/Le-Comedie-Centrale-de-Charleroi.html - http://www.vecteur.be/Historique - http://www.lepoche.be/lepochetheatre/pageContact.htm - http://bourgeon.be/bourgeon.be/CHATEAU.html - https://fr.actuphoto.com/p/galerie-jacques-cerami - http://paysdecharleroi2.canalblog.com/archives/p1-1.html - http://www.postindustriel.be/varia1.html - http://www.martinrou.be/site/index.php?node_id=4 - http://noisey.vice.com/fr/blog/rockerill-festival-charleroi-interview?fb_action_ ids=10203447109120052&fb_action_types=og.likes

Autres - Dossier pédagogique du Musée de la Photographie - Cahier spécial des charges, Pierre-Olivier Rollin - Note d’orientation d’Archiscénographie concernant le projet de rénovation du BPS22

VII. Bibliographie

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