Stûv Magazine

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Magazine 02 2010 L E

M A G A Z I N E

D ’ U N

M O N D E

Q U I

I N N O V E

Les nouvelles énergies L’énergie verte, ça existe vraiment ?

Alain Hubert L’appel des glaces

Architecture Constructions durables pour mieux vivre demain


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Alain Hubert  04

Plantons pour la planète  10

Dossier les Nouvelles énergies  14

Architectures contemporaines  20

Le bambou  28

Le tourisme se met au vert  34

Jean-Louis Servan-Schreiber  38

Portrait d’un homme qui a lié son destin à l’ensemble du vivant, climat compris

Pour une croissance verte et durable

La nature est notre principale pourvoyeuse de ressources

Mieux construites, les maisons ont besoin de moins d’énergie pour se chauffer

Zoom sur un matériau écolo, foisonnant, pluriel, moderne, à suivre

La tendance éco-lodge et développement durable s’affirme jusque dans nos voyages

Vitesse, frénésie de l’instantané, impatience, jamais notre société n’a été aussi vite. “ Trop vite ! ”, nous dit l’écrivain

Magazine Stûv nr. 2 - Octobre 2010 Editeur responsable : Gérard Pitance, administrateur délégué Stûv s.a. 4 rue Jules Borbouse - 5170 Bois-de-Villers (Belgique) - info@stuv.com Direction, Coordination & Production : Wanabe, 161 Drève Richelle - 1410 Waterloo Office Park Chef de projet : Amandine Castermans I Direction artistique & Layout : François Tirou Rédaction : Raoul Buyle - Pierre Dragomirov - Hervé-Jacques Poskin Pre-press : Sylvain Dumont & Studio Wanabe Print : Hayez - Responsable Communication Stûv : Serge Alhadeff

Imprimé sur papier certifié FSC© - SGS-COC-003924.


STUV MAGAZINE I Editorial

Le bon choix Les doutes sont levés, la planète se réchauffe de façon sensible. Heureusement, la conscience écologique s’éveille. Et avec elle la volonté d’agir pour vivre en meilleure harmonie avec la nature. Ou tout simplement pour vivre mieux. Stûv, c’est le bon choix ! Aujourd’hui, la prise de conscience environnementale fait qu’il devient de moins en moins acceptable de se chauffer, de vivre dans des maisons qui ne tiennent pas compte des questions écologiques ou qui nuisent manifestement à notre patrimoine (naturel) commun. Entre autres bonnes initiatives : le chauffage au bois. Votre intérêt pour le bois est assurément le bon choix. Celui d’un confort préservé et d’un environnement mieux géré. En simplifiant, si on plante autant d’arbres qu’on en coupe, le CO2 dégagé par la combustion d’un arbre sera réabsorbé par un autre. Véritable trait d’union entre la sagesse ancestrale et les technologies les plus modernes, Stûv a tiré les leçons du passé et pris le risque de l’invention, en phase avec les forces naturelles de son environnement. Résultat : des appareils de chauffage de plus en plus performants, de moins en moins polluants, et une matière première renouvelable qui devrait devenir, dans les années futures, la source principale de production de chaleur domestique. Bonne nouvelle : il y aurait bien un avenir pour notre planète... A chaque foyer, son Stûv, et le monde sera bien chauffé.

www.stuv.com

Pour la seconde fois, Stûv vous propose un catalogue qui est aussi un magazine de tendances qui expriment bien notre état d’esprit. Un état d’esprit que nous partageons avec vous. N’hésitez pas à donner votre avis en envoyant un mail à l’adresse info@stuv.com

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Et demain ?


EN VUE I ALAIN HUBERT

Dans la gigantesque et complexe “ machine climatique ”, les pôles jouent, depuis toujours, un rôle important et sont aux premières loges du réchauffement du climat. Heureusement, la conscience écologique s'éveille. Avec son projet de station scientifique en Antarctique, Alain Hubert, plus que jamais, n'entend pas rester les bras croisés. Par Raoul Buyle

Explorateur, ingénieur civil, environnementaliste, écrivain, pédagogue, ambassadeur de bonne volonté de l'UNICEF, Alain Hubert est le fondateur et président de la Fondation Polaire Internationale. Un homme de passion qui pourrait tutoyer – peut-être d'ailleurs l'a-t-il fait – le commandant Cousteau, Paul-Emile Victor ou Théodore Monod au panthéon des grands aventuriers du XXe siècle. Des Hommes avec un grand H qui, grâce à leurs exploits, ont fait évoluer les mentalités tant sur le plan moral que scientifique. Dans ce contexte, la sensibilisation des générations futures fait évidemment partie des priorités. Alain Hubert poursuit sans relâche sa mobilisation des consciences avec un programme pédagogique novateur en milieu scolaire, la “ Classe Zéro Emission ”, il s'agit d'un atelier didactique mais rigolo qui s'adresse directement (et sans langue de bois) aux jeunes de 8 à 18 ans. Quiz, puzzle en 3D, infos pratiques sur le Net, photos polaires, animations multimédias et bon nombre d'expériences scientifiques accessibles (gratuitement) aux enfants. L'idée générale étant de se glisser dans la peau d'un explorateur polaire et de réaliser l'importance d'adopter un comportement de vie durable. Bonne nouvelle : il y aurait donc bien un avenir pour notre planète ! Et à Alain Hubert de donner des exemples simples pour aller vers une société et une économie moins émettrices de gaz à effet de serre, comme utiliser les transports en commun, isoler son habitat. On arrive maintenant avec la bio-construction, à construire des logements dont le chauffage coûte 30 à 50 euros par an. En appliquant ces techniques à des parcs de logements sociaux, imaginez la différence pour les locataires et les retombées positives en matière d'émission de CO2 ...

Alain Hubert, Président de l’International Polar Foundation, poursuit sans relâche sa mobilisation des consciences auprès des jeunes, avec un programme pédagogique novateur.

Pôle Sud La station Princess Elisabeth.

Conférence de presse concernant la “ Classe Zéro Emission ” ; 25 mars 2009.

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Alain Hubert I Explorateur du continent Arctique.

INTO THE WILD

Antartica I 2007 Des paysages magnifiques et glacés sous le soleil.

Arctique I 2007 Souvent durant ses voyages, Alain Hubert doit affronter des conditions climatiques extrêmes. Arctic Arc expedition ; 2007.

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24 février 2007. Alain Hubert quitte l'archipel de Severnaya Zemlya, dans l'Arctique russe, pour rejoindre Narssarssuaq, la pointe la plus méridionale du Groenland. Dessiné en arc de cercle, ce périple passe par le pôle Nord et traverse intégralement la calotte glaciaire du Groenland. La progression de l'aventurier belge, accompagné de son complice et compatriote Dixie Dansercoer, se fait à pied et à ski, à des températures qui avoisinent les -30 degrés. En toutes ces circonstances, Alain Hubert montre de remarquables capacités d’éducation et de communication pour rapprocher son exploit sportif et scientifique des préoccupations quotidiennes de l'homme de la rue. Rappelant avec enthousiasme ce rôle unique joué par l'Arctique et l'Antarctique dans la “ machine ” climatique mondiale. Et quelle machine ! Fantastiques archives de l'humanité, les calottes glaciaires permettent de reconstituer les climats très anciens, grâce aux bulles d'air emprisonnées au fil des ans. Avec une précision grandissante, elles conservent les traces d'époques plus récentes : les cendres du Vésuve sous l'ère romaine, la radioactivité émise par la bombe atomique à Hiroshima, l'utilisation domestique de l'essence sans plomb, etc. Mais les régions polaires sont aussi de précieuses sentinelles campées aux premières loges du réchauffement du climat. Très sensibles, elles se réchauffent plus vite que n'importe quelle autre région du globe. La fonte des glaces dans le Grand Nord, peut-être est-il important de le souligner, ne fait pas que des inquiets. Pétroliers, militaires et pêcheurs se frottent les mains. La ruée vers l'Arctique a déjà commencé.


en vue I ALAIN HUBERT

La station scientifique Princess Elisabeth Les 3 sources d'énergie renouvelable : éoliennes, panneaux solaires photovoltaïques, panneaux solaires thermaux.

Le réchauffement climatique, la pollution, la déforestation, autant de menaces sur le siècle. Heureusement la conscience écologique s'éveille. L'APPEL DES GLACES 2009. Sortie des glaces du pôle Sud, quelque part dans les territoires de la Reine-Maud, la station polaire Princess Elisabeth doit son existence à la perspicacité d'un homme : Alain Hubert. Avec enthousiasme et passion, “ l'homme des pôles ” a su aller au bout de sa passion, fédérant autour d'un tel projet une incroyable diversité de métiers et de compétences, avec le soutien de nombreux partenaires privés ou publics, récoltant les fonds nécessaires, interpellant les uns, convaincant les autres et rappelant au monde à quel point l'écologie est l'économie de demain. Une présence (scientifique) belge en Antarctique qui ne date pas d'hier puisque la Belgique compte parmi les douze signataires initiaux du Traité Antarctique, en 1959. Soixante ans plus tôt, à l'époque des premiers explorateurs polaires, Adrien de Gerlache avait réalisé, malgré lui, le premier hivernage complet sur le Sixième Continent (1897-1899). Aujourd'hui, la station scientifique dresse fièrement ses éoliennes

et ses panneaux solaires. Chaque année, une douzaine de scientifiques de la communauté internationale, glaciologues, climatologues, biologistes, géologues, océanographes, microbiologistes, modélisateurs et autres universitaires, s'y relayeront pendant le bref été austral. Précisons que la station imaginée par Alain Hubert n’est pas une “ station ” comme les autres. Elle est aussi une vitrine, un concentré de technologies qui permet à notre pays de se prévaloir de la base polaire la plus écologique qui soit. L’idée “ zéro émission ” qui a présidé à sa conception n’est pas seulement en phase avec l’enjeu majeur des décennies à venir, il se veut aussi un symbole dans cette partie du monde dont le statut de sanctuaire tient du miracle international. On a même écrit dans la presse étrangère que, grâce à la Station Princess Elisabeth, la Belgique n'avait jamais eu un retentissement aussi important dans le monde depuis l'Expo 58. Cocorico ! 07


EN VUE I ALAIN HUBERT

Antarctique I Pôle Sud La station Princess Elisabeth au soleil.

On oublie que c'est la nature qui est pourvoyeuse de ressources, pas l'industrie. Notre destin est intimement lié à l'ensemble du vivant, climat compris. POLARIS CLIMATE CHANGE OBSERVATORY (PCCO) 2013 Polaris Climate Change Observatory (PCCO) I 2013 Il s'agit d'un espace didactique ouvert au public qui a l'ambition de créer un lieu d'identification par rapport à la problématique du climat.

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Anderlecht, printemps 2005. L'Ecole de Médecine vétérinaire mettait les petits plats dans les grands pour accueillir S.A.R. le prince Philippe, Président d’honneur de la Fondation Polaire Internationale, venu dévoiler la maquette de l'Observatoire des changements climatiques, le PCCO. Il s'agit d'un espace didactique et scientifique, ouvert au public, qui a l'ambition de créer un lieu d'identification très fort par rapport à la problématique du climat. Cet observatoire aura l'aspect d'un “ iceberg ” tabulaire de 80 mètres de long, à l'intérieur duquel le visiteur sera convié à observer les effets du changement climatique sur nos écosystèmes et les solutions pour y remédier. Cet espace sera en perpétuel renouvellement grâce à un partenariat étroit avec le monde de la recherche scientifique qui pourra utiliser les lieux comme vitrine de son travail. C'est d'ailleurs la raison d'être du projet : servir d'interface entre la science et la société civile. Le PCCO sera inauguré en 2013, sur le site de Tour & Taxis à Bruxelles, avant de gagner les Etats-Unis, puis les Emirats Arabes Unis. “ Une fois encore, conclut Alain Hubert, nous avons voulu que Bruxelles soit le point de départ de cette réflexion universelle. Notre souhait est qu'à terme, le PCCO initie une vraie dynamique au service de la stratégie européenne pour combattre les changements climatiques. Pour mieux vivre demain. ”


EN VUE I ALAIN HUBERT

BILLET D'HUMEUR

Alain Hubert : “ Aujourd'hui il faut que les grands de ce monde, les chefs d'état et autres responsables, les fondations comme la nôtre et la société civile en général, croisent leurs efforts pour faire bouger les choses. Car il ne faut pas se leurrer : la pollution produite en Chine, par exemple, ou au fin fond de la Sibérie, nous menace ici. D'où la nécessité de réfléchir ensemble à des solutions globales et de s'attaquer à la réduction des émissions de CO2 , de concentrer nos efforts sur la recherche scientifique, en Antarctique en particulier, car les pôles jouent un rôle fondamental dans la compréhension de ce qui se passe sur la planète. L'Europe, qui a été un des pionniers dans le protocole de Kyoto, a un vrai rôle à jouer. Encore faut-il qu'elle le comprenne et se montre plus audacieuse dans ce domaine pour jeter les bases d'un nouveau projet de société. C'est le sens de la Station Princess Elisabeth. Un signe avant-coureur de ce que pourrait être l'avenir. Car le projet le plus important, c'est l'impact économique et social qu'entraînera le développement de technologies et de métiers dans une nouvelle relation de l’homme à l’énergie pour réduire les émissions de CO2. A ce titre, l'initiative du prince Albert II de Monaco (aller passer 3 semaines in situ en Antarctique pour faire le tour des bases scientifiques) est importante. Son intérêt pour ce que font les scientifiques accentue forcément la crédibilité de leur travail. ”

Antarctique I Pôle Sud Un des plus grands dangers durant les expéditions : les crevasses dans la banquise.

Antarctique I Pôle Sud Les éoliennes de la station Princess Elisabeth.

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Plantons pour la planète


SOCIÉTÉ I LA DÉFORESTATION

L’idée ? Hors du rush du métro,   loin des embouteillages et du smog urbain, se connecter avec la terre et retrouver   ses racines. Partant du constat que le lien   à la nature développe la (re)connection   à son propre rythme intérieur. Par Raoul Buyle

Planter un arbre rend-il heureux ? Un geste simple en apparence, mais qui oeuvre pour l’humanité et pour l’éternité. Pourquoi l’arbre fascine-t-il autant ? Sans doute parce qu’il donne une notion du temps différente de celle de l’homme, à l’opposé de l’éphémère. Un arbre est un élément structurant de la vie et, surtout, un “ habitant ” de cette Terre que l’on a tendance à oublier parce qu’il a toujours été là. Il y a une dimension symbolique à planter un arbre et, dans une société parfois en perte de repères, qui a besoin de se “ renaturer ”, de s’enraciner, planter des arbres est une mission salutaire. Notre impact sur la Terre est plus fort que ce qu’elle peut supporter : nous consommons trop, et nous sommes en train d’épuiser ses ressources. Dans “ Home ”, Yann Arthus-Bertrand nous montre depuis le ciel les endroits où la Terre est blessée : ce film-documentaire explique simplement les problèmes actuels, tout en disant qu’il existe une solution. Le sous-titre de “ Home ” pourrait être “ il est trop tard pour être pessimiste ”, des décisions importantes doivent être prises. “ Même si j’ai déjà témoigné de la surpopulation et de la pollution, mes photos montrent la beauté en liberté, les catastrophes étant souvent invisibles. La mer reste bleue et le ciel pur, même s’ils sont empoisonnés. Mais là, devant la forêt reine d’Amazonie, c’est différent. Pour la première fois, je vois, de là-haut, la conséquence [tragique] de la déforestation. ” Fort heureusement, en Europe, les forêts sont gérées de façon beaucoup plus responsable. L’aménagement éco-systémique de nos forêts est un mode de gestion durable qui vise d’abord à protéger les écosystèmes. Et cela à une intensité telle qu’elle maintient leur diversité biologique, leur productivité, leur capacité de régénération, leur vitalité et leur capacité à satisfaire, actuellement et pour le futur, des fonctions économiques et sociales pertinentes au niveau local, national et mondial. L’ambition du Plan forestier de la France, par ex., qui est le plus important consommateur de bois d’Europe ainsi qu’un des principaux pourvoyeur, est d’augmenter chaque année, lentement mais sûrement, sa surface forestière. Un exemple à suivre.

Habitant de la Terre Un arbre est un élément structurant de la vie qu’on a parfois tendance à oublier parce qu’il a toujours été là.

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“Assieds-toi auprès d’un arbre et avec le temps tu verras l’Univers défiler devant toi.“ (Proverbe Bantou)

Pour une croissance verte La Fondation Yves Rocher : l’aventure commence à Nairobi en mars 2007. Jacques Rocher, actuel dirigeant de la célèbre société cosmétique française, rencontre Wangari Maathai, première femme africaine à recevoir le Prix Nobel de la paix, et marraine de la campagne “ Plantons pour la Planète ”. Il décide de s’engager à planter 1 million d’arbres avant fin 2009, avec l’aide des clientes et des partenaires de la marque Yves Rocher. L’idée : proposer des cartes de fidélité dont les points sont “ convertis ” en arbres et des produits (la crème de soin Inositol Végétal ou le shampooing I Love My Planet) permettant à ses clients de faire automatiquement un don. Le succès est tel qu’il revoit l’engagement à 5 millions d’arbres et ce sont finalement pas moins de 7 millions d’arbres qui sont plantés. Dans l’opération, Yves Rocher agit via sa fondation comme mandataire officiel pour collecter des dons au profit d’associations spécialistes de la reforestation, choisies pour leur implication sur le terrain. Cette mobilisation internationale permet aujourd’hui à la société de s’engager à planter 50 millions d’arbres d’ici fin 2014. Où ? En Inde, par exemple, avec la Fondation Isha qui déteint le record du monde de plantations d’arbres (avec 850.000 arbres plantés en seule journée). Objectif : un million d’arbres. Au Sénégal, avec l’ONG Océanium, dans le reboisement de la mangrove de Casamance : trois millions de palétuviers déjà plantés avec 11.000 volontaires. Mais aussi en France, dans les Landes, avec l’Office National des Forêts afin de contribuer à la restauration des forêts sinistrées à cause de la tempête de janvier 2009. Objectif : 25.000 arbres.

Fondation Yves Rocher I Plantons pour la planète Propose des produits à base de plantes (dont le shampooing I Love My Planet) permettant de faire automatiquement un don.

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Un air pur chez soi Les composés organiques volatiles (COV) sont des produits chimiques de synthèse présents dans de nombreux produits d’entretien, cosmétiques, peintures, colles, moquettes, papiers peints ... Pour les limiter, on peut essayer de n’utiliser que des matériaux bio, respectueux de l’environnement. Pourtant il y a moins cher et tout aussi efficace, et ce sont des chercheurs de la NASA qui le disent. Pour Bill Wolverton et son équipe, rien de tel que les plantes vertes pour épurer l’air de la maison. Planchant sur les techniques d’élimination des composés chimiques générés par des matériaux de construction, dans le but de recycler l’air dans les navettes spatiales, ces scientifiques ont découvert la capacité des plantes à ingurgiter nos solvants toxiques. L’azalée extermine à merveille l’ammoniac des dégraissants et autres produits de nettoyage. Le chrysanthème absorbe le trichloréthylène des peintures et des solvants. Et le ficus benjamina, neutralise le formaldéhyde qui envahit nos home sweet home, caché dans les mousses d’isolation, la colle à moquette, mais aussi le papier d’emballage, les essuie-tout ou encore dans les vêtements nettoyés à sec.


SOCIÉTÉ I LA DÉFORESTATION

UN SIGNE : pour la première fois, le gouvernement brésilien a annoncé qu’il se fixait pour objectif de réduire de 70 % sa déforestation d’ici 2018. Un espoir : le sommet de Copenhague, fin 2010, devrait être le creuset d’une nouvelle stratégie mondiale de protection des forêts. Une des mesures débattues sera la mise en oeuvre de compensations ou de dédommagements accordés aux pays en voie de développement qui protègent leurs forêts d’une exploitation irraisonnée, souvent vitale pour leur population, mais fatale pour l’humanité. Un message : vivre au quotidien en préservant l’oxygène de demain ... Merci d’y penser.

UN PROGRAMME DES NATIONS UNIES La campagne pour un milliard d’arbres, avec pour phrase de ralliement “ Plantons pour la Planète ” est une initiative lancée par le Programme des Nations Unies (PNUE) pour l’environnement afin de planter des arbres à travers le monde. Les particuliers, groupes communautaires, entreprises et industries, la société civile ainsi que les Gouvernements et les populations du monde entier sont encouragés à enregistrer online leur engagement à planter des arbres. Les espèces d’arbre indigène ou celles adaptées au milieu local sont plus de mise. Au début de l’année 2010, on comptait plus de 7,4 milliards d’arbres plantés grâce à cette initiative qui couvre 170 pays, dépassant ainsi l’objectif des 7 milliards fixé pour la fin d‘année 2009. Dans le prolongement de ce succès, la campagne pour un milliard d’arbres apporte une forte contribution à l‘Année internationale de la biodiversité en nous sensibilisant à l’importance de la biodiversité pour notre bien-être. Inutile de rappeler quel rôle décisif jouent les arbres, notamment en tant que composants essentiels de la biodiversité, fondement des réseaux et des systèmes vivants qui nous procurent santé, richesse, nourriture, matières combustibles ainsi que les services dont nous dépendons tous. Les arbres aident à garantir un air respirable, une eau potable, des sols fertiles et un climat stable. Les milliards d’arbres plantés grâce aux efforts collectifs de participants de tous les horizons contribuent au mieux-être de la planète entière.


Dis Papa, l’énergie verte ça existe vraiment ?


STUV MAGAZINE I NOUVELLES ÉNERGIES

À cette question posée par mes 2 enfants, il m’a bien fallu répondre que l'énergie n'avait pas vraiment de couleur. Mais qu’il en existe de plus propres que d'autres et qu'on utilise de plus en plus les énergies renouvelables pour produire de l'électricité et de la chaleur. Je leur ai donc expliqué en mots simples qu'il existe plusieurs sources d'énergie susceptible de réduire notre empreinte sur la terre. Le soleil, le vent, l'eau, la terre en sont les principaux moteurs. Par Hervé-Jacques Poskin

LE VENT Depuis la nuit des temps, le vent est source d’énergie. Les moulins, déjà, transformaient l’énergie cinétique du vent en énergie utile à l’activité humaine. Aujourd'hui, le parc éolien européen représente une puissance de 75.000 MW, soit la consommation de plus de 42 millions de ménages. En Allemagne, 6,4 % de l'électricité est produite grâce à l'énergie du vent. L’énergie produite dépend bien sûr de la vitesse du vent, de la surface des pales et de la technologie utilisée. Ainsi, la performance des éoliennes est de plus en plus élevée, on parle d'une puissance de 10 MW pour 2011 (contre une moyenne actuelle de 2 à 3 MW). Mais il en existe aussi de plus petites adaptées à nos maisons. Ainsi, récemment, une société française a conçu une éolienne se fixant sur le faîtage du toit. Elle ressemble davantage à un clocheton, voire à une cheminée, pour s’intégrer dans l'habitat.

LE SOLEIL Source de lumière et de chaleur, le soleil a permis l'invention de deux technologies solaires : les panneaux photovoltaïques (produisant de l'électricité par la luminosité) et les panneaux thermiques (pour l'eau chaude sanitaire ou le chauffage). Depuis leurs introductions sur le marché, la technologie a grandement évolué. Même le niveau d’ensoleillement des pays tels que la Belgique permet de rentabiliser les rayons du soleil. De véritables centrales solaires produisent déjà de l'électricité. En Espagne, 2 % des besoins en électricité sont couverts grâce au soleil. A ce jour, l'ensemble de la production européenne couvre les besoins de 5 millions de ménages. Par ailleurs, de plus en plus, les panneaux photovoltaïques changent de look. Plus discrets, ils se font tuiles, pare soleil, ou tout simplement toiture intégrale. Pour une famille moyenne consommant 3500 KW/an, il suffit de 18 m² de panneaux pour couvrir la moitié de sa consommation électrique et 4 m² de panneaux solaires thermiques pour chauffer la moitié des besoins en eau chaude sanitaire.

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LA TERRE Le principe de la géothermie consiste à puiser la chaleur dans le sol pour la valoriser. Soit sous forme d'électricité, soit sous forme de chaleur. Elle est utilisée depuis plusieurs milliers d'années. Déjà en Chine ancienne ou dans la Rome antique, on utilisait cette forme d'énergie pour alimenter le réseau de chauffage ou comme source d'eau chaude. La plus belle illustration en est donnée par les thermes romains. L’intérêt de la géothermie est qu’elle produit de l’énergie qui ne dépend ni du soleil ni du vent et demeure constante. Pensez aux vieilles caves à vin toujours à bonne température. Ainsi, les variations de température sur une journée sont perceptibles jusqu’à une profondeur de 50 cm. En revanche, sur une année, ces différences sont perceptibles de manière saisonnière jusqu’à une profondeur de 10 à 20 mètres. Par ailleurs, plus on descend et plus la terre se réchauffe. On distingue 3 formes de géothermie selon leur degré d’enfouissement. La plus profonde (en km) et à haute énergie (plus de 100° C) permet la production d’électricité. En Europe, elle est exploitée principalement en Allemagne, en France et surtout en Italie, pour une production d'un peu moins de 5,8 Twh (1.600.000 ménages). À court terme, l’implantation de nouvelles unités devrait augmenter celle-ci d’un peu moins de 10 %. Dans la couche intermédiaire, la basse énergie (entre 30° et 100°) davantage utilisée pour du chauffage urbain. On en retrouve des exemples en région parisienne, en Suisse (Riehen près de Bâle) en Allemagne mais aussi en Belgique (Hainaut). Enfin, dans les couches très peu profondes et à très basse énergie (moins de 30°), la chaleur présente dans le sol est engrangée à l’aide de capteurs horizontaux (un serpentin dans le jardin) ou verticaux (un puits creusé dans le sol). C'est sur ce principe que fonctionnent les pompes à chaleur.

L’EAU On l'ignore souvent mais en Europe, la petite hydroélectricité (inf. à 10 MW) joue un rôle important dans la production d’électricité renouvelable. La filière a ainsi permis en 2008 la production de 43,5 TWh d’électricité, soit une augmentation de 9,2 % par rapport à 2007. Pour 2010, la puissance installée devrait continuer à augmenter pour atteindre une puissance en fonctionnement de l’ordre de 13 000 MW. (source Observ'er)

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STUV MAGAZINE I ENVIRONNEMENT

ET LA BIOMASSE ? La biomasse regroupe l’ensemble des matières organiques végétales ou animales et joue elle aussi un rôle dans la production d’énergie. Les produits agricoles, les déchets organiques, ménagers, industriels et forestiers (bois, paille, lisier,…) peuvent ainsi être transformés en électricité, en biocarburants ou en chaleur. Le bois joue également un rôle important pour le chauffage. Il est le plus souvent le résultat des éclaircies nécessaires à la bonne gestion forestière ou est issu des déchets de la transformation du bois. Un nombre grandissant de foyers belges l’utilisent comme combustible pour le chauffage d’appoint, ou même pour le chauffage central, sous forme de bûches ou de pellets (pilules de sciure de bois compressé). Les recherches menées par les fabricants rendent les poêles et chaudières de plus en plus performants. Ils font en sorte d'allier à la fois esthétisme, design, rendement énergétique et faible consommation. Isabelle (42 ans, 2 enfants) se chauffe au bois depuis 4 ans. “ J'y trouve une chaleur, un confort de vie, une ambiance, et même une odeur incomparable, tous mes sens sont en éveil... De plus, je fais des économies sur ma note de chauffage central. ”

ISOLATION : BIO CONSTRUCTION ET BIO CLIMATIQUE Si les modes de production “ verts ” sont importants, la baisse de notre consommation l’est tout autant. Près de 60 % des dépenses en énergie du logement d’un ménage sont consacrées au chauffage. La déperdition de chaleur d’une habitation se fait principalement par les murs (20 à 30 %), le toit (25 à 30 %), les fenêtres (10 à 30 %) et le sol du rez-de-chaussée (15 %). La réalisation d'un audit énergétique par un professionnel agréé permet d'établir un véritable diagnostic complet de la maison et de pointer avec précision les améliorations à envisager.

Les maisons neuves sont désormais construites selon les principes de bio/éco construction ou de basse consommation. Elles sont souvent construites en bois, et recourent à des matériaux plus naturels pour obtenir un haut niveau d'isolation et sont conçues en fonction de leur implantation et des cycles d’ensoleillement. Les pièces de vie sont donc situées plus au sud tandis que les chambres sont reléguées plus au nord. Une réflexion sur les fenêtres et l'apport solaire est prise en compte sans oublier l'impact de l'isolation performante sur le système de chauffage. Dans ces types d'habitat, le poêle à bois constitue la principale source de chaleur. Un peu partout des éco-villages ou éco-quartiers voient même le jour.

URE POUR UNE “ UTILISATION RATIONNELLE DE L’ENERGIE ” La meilleure énergie étant celle que l'on ne consomme pas, l’URE a pour mission d’aider à diminuer sensiblement notre consommation tout en gardant un même niveau de confort. Quelques exemples : débrancher la prise de son ordinateur et des appareils en veille permet d'économiser 52 à 72 € par an ; remplacer ses ampoules par des ampoules économiques rapporte 2 €/an (par ampoule) ; isoler ses tuyauteries de chauffage rapporte jusque 6 €/an au mètre et changer sa chaudière de plus de 15 ans permet de réduire sa consommation de près de 30 %. 17


LE SAVIEZ-VOUS ? LA POMPE À CHALEUR : UN FRIGO INVERSÉ Le principe des pompes à chaleur (PAC) est de puiser la chaleur de l’extérieur (eau, terre, sol) par un fluide. Ce dernier capte la chaleur et la délivre dans la PAC. Cette chaleur peut être restituée pour chauffer l’air ou l’eau (sanitaire ou chauffage). C’est un peu le même principe que pour votre frigo mais inversé. Il existe 3 sources d’énergie pour les pompes à chaleur : les géothermiques (captage de la chaleur dans le sol), les hydrothermiques (captage de la chaleur dans l’eau) et les aérothermiques (captage de la chaleur dans l’air ambiant). PRINCIPE SCHÉMATIQUE DE LA POMPE À CHALEUR AÉROTHERMIQUE

MÉGA-EOLIENNE A ce jour, les éoliennes commercialisées les plus performantes sont implantées en Wallonie, à Estinnes (Belgique - Hainaut). Elles ont été inaugurées en novembre 2009 et ont une puissance de 6 MW. Pour 2011, la Norvège veut construire la plus puissante éolienne (10 MW) capable de fournir de l'électricité à 2000 ménages et pour un coût de 50 millions d'euros.

1

Échangeur à ailettes

2

Ventilateur

3

Vapeur haute pression

4

Circuit de chauffage

5

Liquide haute pression

Générateur d’énergie (pompe à chaleur)

EAU

Compresseur

3

4

FLUIDE

Circuit Extérieur

1

Circuit intérieur 2

Détendeur

5 EAU

Condenseur Source d’énergie: l’air

LA PILE À EAU EXISTE Inventée par une société japonaise, la pile Nopopo en est déjà à sa deuxième génération. Comparable à la pile AA classique, il suffit simplement d'ajouter de l'eau avec une pipette fournie pour qu'elle fonctionne. Rechargeable jusqu'à 4 fois, elle est aussi recyclable et ne contient pas de matériaux lourds. Cette pile convient pour les appareils à faible consommation tel que les lampes de poches, jouets, radios,... mais pas pour les flash. (Coût indicatif : 9.9 € pour 4 piles). 18

POUR L’AVION SOLAIRE, L’OBJECTIF EST LE TOUR DU MONDE Le 7 juillet dernier, Solar Impulse (l'avion solaire avec pilote) a réalisé le premier vol de 24 h sans interruption (26 h et 15 minutes) de l'histoire de l'aviation. Volant sans aucune goutte de carburant, il est recouvert de 12.000 cellules photovoltaïques qui permettent d'alimenter ses quatre moteurs électriques d’une puissance de 10 chevaux. Dix jours plus tard, il a réussi son premier atterrissage de nuit en Suisse. Par ces différents tests, il poursuit son objectif principal : le 1er tour du monde sans une goutte de carburant. Même s'il ne s'agit pas du premier avion solaire (les premiers datent des années 1980 - Solar Challenger au USA  / Solair 1 en Europe), l'exploit final de réaliser le tour du monde (2013 – 2014) grâce à l'énergie du soleil est une première mondiale et permet déjà de faire évoluer les différentes technologies utilisées (batteries, cellules,...).


1er TOUR DU MONDE EN BATEAU SOLAIRE Après Solar Impulse, l'avion solaire dont le premier essai a été réalisé le 7 juillet dernier (www.solar-impulse.com), le bateau solaire devient aussi une réalité. L'objectif du projet “ PlanetSolar ” est de naviguer sur le plus grand catamaran solaire au monde à une vitesse moyenne de 7,5 nœuds autour du monde soit 160 jours de navigation pour une distance de 50.000 km. Les premiers essais ont été réalisés en mai de cette année au large de Kiel et vont durer jusqu'à la fin de l'été. (www.planetsolar.org)

ET SI NOUS RÉINVENTIONS LA CONSOMMATION ? Le concept Cradle to Cradle – C2C – (du berceau au berceau) repose sur l’idée que tout produit doit pouvoir être réutilisé. Lancé en 1991 par un chimiste allemand professeur d'université Michael Braungart et un architecte designer américain Bill McDonough, ce projet a le vent en poupe. Il n’est plus question de recyclage mais de réutilisation. Les deux scientifiques repensent ainsi tout le cycle de production depuis la fabrication jusqu'à la réutilisation. Pour être conforme à C2C, un produit doit être conçu pour que ses composants puissent être réutilisables à l'infini. A l'heure actuelle plus de 45 usines et 200 produits (couches culotte, textiles, mobilier de bureau, tapis, ...) peuvent apposer le label C2C. Même le constructeur automobile Ford a consacré 2 milliards de dollars dans sa plus grosse usine River Rouge (Michigan) afin de s'offrir un site exemplaire, végétalisé, ouvert et dépollué. En Chine, 6 villes en construction suivent les principes de C2C.

LES FORÊTS EUROPÉENNES S’ÉTENDENT La forêt représente ± 30 % de la surface du globe. Depuis le XXème siècle, la forêt européenne s'étend au dépend des terres agricoles selon les rythmes et modalités différents par pays. La gestion durable des forêts selon les critères de certification (PEFC, la plus importante et FSC la plus médiatisée) a pour avantage une gestion optimalisée de celles-ci (www.pefc.be – www.fsc.be). En prenant l'exemple de l'accroissement forestier en Belgique (4.000.000 m³ par an), elle permettrait de construire plus de 43.000 maisons en bois tout en laissant 1.400.000 m³ de feuillus pour le mobilier, l’agencement, le chauffage au bois,...

LA LUNE POUR ÉCLAIRER LA TERRE

ZÉRO gr DE CO² A l’horizon 2025, Copenhague vise le titre de capitale “ zéro émission de CO² ”. Elle deviendra ainsi la première capitale au monde à afficher une émission nulle. Cette ambition repose sur un ambitieux projet utilisant les éoliennes et les voitures électriques. 40 % des Copenhaguois vont déjà au travail à vélo !

Shimizu Corporation, société japonaise, a imaginé le “ Lunar Ring ”, un projet étonnant pour alimenter la Terre en énergie solaire. Le concept consiste à créer autour de l'équateur de la lune, une sorte de “ ceinture solaire ”, longue de plus de 10.920 km. Celle-ci est constituée de panneaux photovoltaïques de largeurs variables (de quelques kilomètres à 40 km). La plupart des matériaux seraient fabriqués sur la lune en utilisant les ressources lunaires par des robots pilotés à distance depuis la terre.


Vivre mieux!


Tendance I Architecture

Le réchauffement climatique, l’évolution démographique de nos pays et les (r)évolutions des façons de vivre requièrent de nouveaux modes de conception. Mieux construites, avec des architectures évolutives et durables, les maisons ont besoin de moins d'énergie pour se chauffer. Tant mieux pour l'environnement ! Par Raoul Buyle

Une maison modulaire en bois et béton, avec un mur végétalisé et un toit recouvert de mousse façon sousbois tropical : c'est à cela que ressemble cet ensemble de logements, à Montpellier, imaginés par l'architecte français Edouard François engagé dans le mouvement qu'on dit “ du développement durable ”. Edouard François refuse tout autant l'inconfort vétuste que la modernité polluante. Pour lui, une architecture “ doit tenir compte des nouvelles valeurs infuses dans la société. ” L'écologie ne m'intéresse pas plus que cela, précise-t-il, mais l'humanité me concerne. Avouant une sorte de refus pour l'académisme de l'architecture “ moderne ”, il puise son inspiration dans l'Arte povera et le Land art des années 60-70 pour célébrer les matériaux high-tech et la nature. Résultat : une architecture vernaculaire qui s'inspire librement des petites fermes basses construites au siècle dernier dans les polders, voire des maisons ouvrières façon cité-jardin à l'instar de la coopérative “ Floréal ”, à Bruxelles, constituée en 1922 à l’initiative d’un noyau d’ouvriers typographes du journal “ Le Peuple ”. Si l'économie était au centre des préoccupations, le rendement devait être suffisant pour chauffer toute la maison. Le point essentiel résidant dans l’exploitation optimale des qualités d’inertie thermique de nouveaux matériaux (comme le bois et le béton) associées à une isolation capable de répondre à la fois à la limitation de la consommation de chauffage en hiver et au respect du confort d’été. Résultat : aujourd'hui, ces maisons, certes humbles, mais construites sur de très bonnes bases, ont été complètement réappropriées par des familles bourgeoises, qui s'y sentent parfaitement bien.

Une solution pleine de bon sens : en accolant un poulailler à une serre solaire, on réduit le besoin de chauffer la serre avec des énergies fossiles vu que la serre est réchauffée par le métabolisme des poulets. On utilisera également leurs “ déchets ” organiques pour diminuer le travail : les déjections fertilisent, les plumes “ mulchent ” (mulcher désigne l'action de répandre des matières organiques sur le sol autour des plantes et bordures pour étouffer les mauvaises herbes, matières appelées à se transformer en engrais), le grattage permet de se débarrasser des insectes.

Edouard François I L'Immeuble qui Pousse - Montpellier 2000 Engagé dans le mouvement du développement durable.

Architecture vernaculaire Des matériaux high-tech bien intégrés dans le paysage.

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TENDANCE I ARCHITECTURE

Concept de Maison Solaire Passive Le site, l'orientation du bâtiment et la qualité des matériaux ont un impact majeur sur l'efficacité énergétique du système de chauffage de l'habitat.

DU NORD AU SUD Jusqu'il y a peu, seules les architectures nordiques échappaient au rationalisme industriel, se montraient plus proches de la nature, des matériaux naturels et des hommes tels qu'ils sont. Le site, l'orientation du bâtiment et, surtout, la qualité des matériaux de construction ont un impact majeur sur l'efficacité énergétique du système de chauffage et de ventilation de l'habitat. Mais le concept des “ maisons solaires ” dites passives vient aussi bien du Nord que du Sud. Ce type d'habitation permet au bâtiment de garder une température constante, agréable, en exploitant efficacement l'énergie solaire, voire en s'en protégeant, sans l'aide de cellules photovoltaïques ou autre chauffe-eau solaire. En Allemagne, ce type de maison répond à des normes strictes (label “ Passivhaus ” délivré par le Passivhaus Institut), dont la consommation d'énergie de chauffage est inférieure à 15 kWh/m² par an. Selon l'architecte belge Jean Cosse, une maison solaire passive sera plus volontiers compacte pour réduire la surface d'échange, et toute protubérance (comme un balcon) pouvant servir de “ radiateur ” est prohibée. Les ponts thermiques (par ex. les dalles de balcon si courantes dans l'architecture actuelle) devant être limités, voire bannis. Quant aux fenêtres, elles

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seront placées de telle façon qu'elles maximisent les apports de chaleur et de lumière tandis qu'elles minimisent les déperditions caloriques à travers les vitres, souvent le talon d'Achille de l'isolation. Au Danemark, par ex., ceci implique la disposition d'un grand nombre de baies vitrées regardant au sud pour récolter le soleil direct. Certains types de fenêtres, comme une double fenêtre à double vitrage ou un triple vitrage avec lame de gaz et émissivité basse, procurant une isolation quasi maximale. Plus au sud de l'Europe, où on cherche avant tout à rafraîchir l'habitat, des arbres (caducs) sont plantés devant les fenêtres pour prévenir les gains de chaleur excessifs dûs au soleil. Autres façons (traditionnelles) de réguler la température : la pose de persiennes en bois, l'installation d'une véranda, le recours à des matériaux de maçonnerie à grande inertie thermique (des murs blancs chaulés), etc. De plus les architectes méridionaux optent souvent pour une structure à un seul étage dans le but de maximiser les surfaces d'échange et des pertes de chaleur, et pour mieux capter les vents, surtout les vents rafraîchis par la mer. Bon à savoir : le “ puits provençal ” est un échangeur géothermique à très basse énergie utilisé pour rafraîchir l'air ventilé dans une maison.


L’objectif de la construction durable est de diminuer l’empreinte écologique des bâtiments. Pour les acteurs de la construction en béton, c’est un enjeu majeur de l’architecture du XXIe siècle.

MINIHOME CALIFORNIA : PETITE MAISON MODULAIRE TRÈS ÉCOLO ! Un concept vraiment sympa de petite maison écologique, abordable et design à la fois, que demander de plus ? Créées par les éco-architectes canadiens Andy Thompson et Dan Hall (Sustain Design Studio), ces maisons modulaires sont soit mobiles (sur roues), soit fixes (et nécessitent un permis de construire). Réalisée à partir de panneaux de bois (certifié sans formaldéhyde), la MiniHome California (30 m²) est conçue pour loger 2 personnes et un petit enfant. L’électricité est produite par des panneaux solaires et par des petites éoliennes. Et le système de production d’électricité se branche sur des prises de type “ plug-and-play ” afin de faciliter le raccordement. Quant au chauffage, la maison possède un système HVAC (chauffage, ventilation et climatisation) qui permet la production d’eau chaude en temps réel (absence de ballon). Selon le constructeur, ce système produirait 20 fois moins d’émissions de CO2 annuelles qu’une maison conventionnelle. Le prix ? A partir de 134.000 $ tout compris : équipement mobilier, menuiserie, plomberie et gros électroménager.

MiniHouse I California Réalisées avec des matériaux industriels de récupération, ces petites maisons modulaires sont soit mobiles (sur roues), soit fixes (et nécessitent un permis de construire).


TENDANCE I ARCHITECTURE

LE BEAU, LE BRUT ET LE BÉTON

Das Park Hôtel I Ottensheim - Autriche Une architecture high-tech tout en béton.

Maison A + B I François Pélegrin - 2010 Un habitat Béton Basse Consommation présenté au salon Batimat.

Le béton a (re)trouvé ses lettres de noblesse. Grâce à l'étude Qualité Environnementale du Bâtiment, présentée à Batimat 2010, la filière béton souhaite apporter aux architectes des arguments concrets pour faire la preuve de la légitimité du béton en matière de développement durable. Comme il est loin le temps où ce matériau bon marché évoquait les barres HLM, les rivages défigurés et les bunkers allemands. Sur la base de cette étude, l’architecte français François Pélegrin fut sollicité pour la réalisation d’un petit pavillon de banlieue high-tech, tout en béton (murs en blocs, dalles, entrevous, tuiles, planchers). Quels sont les objectifs de la “ maison A + B ” ? François Pélegrin : “ Fournir un habitat Béton Basse Consommation à partir de matériaux facilement disponibles sur le marché, grâce à une conception qui optimise les qualités du bâti et l’utilisation à bon escient d’équipements ad hoc. Il est clair qu’il faut aujourd’hui insister sur la qualité du bâti afin de ne pas s’engouffrer dans le piège d’une surenchère d’équipements qui aurait pour effet d’augmenter encore le coût de l’habitat sans parvenir à un bilan environnemental satisfaisant. Par exemple, poser des panneaux photovoltaïques sur une maison “ passoire ” n’a aucun sens. En termes de performances thermiques, le béton absorbe la chaleur le jour pour la redistribuer la nuit alors que le bâtiment se rafraîchit. L’été, il accumule la fraîcheur de la nuit. Résultat : la maison “ béton ” nécessite moins d’énergie de chauffage, un bon poêle à bois suffit, et se passe de climatisation. Et le béton nous réserve d'autres surprises. On espère monts et merveilles du béton léger translucide, comme le LiTraCon, breveté par l'architecte hongrois Aaron Losonczi en 2008. L'association du béton léger et de fibres optiques laisse passer la lumière tout en restant aussi solide que le matériau de construction. Grand maître du béton, Le Corbusier avait vu juste quand il déclarait vouloir établir “ des rapports émouvants avec des matières brutes, jamais brutales. ”


La maison “ Bois et Béton ” nécessite moins d’énergie de chauffage, un poêle à bois suffit, et se passe de climatisation.

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TENDANCE I ARCHITECTURE

Le verre occupe depuis toujours une place à part dans l'architecture grâce aux possibilités uniques qu'il offre pour la construction de bâtiments légers, ouverts et lumineux. Les formidables développements techniques dont le verre industriel a récemment fait l'objet ont suscité un tel engouement de la part des ingénieurs et des architectes qu'il est devenu le matériau de prédilection des constructeurs visionnaires. En satisfaisant aux exigences de sécurité, d'isolation et de développement durable, ou en donnant la possibilité de construire des façades aux transparences modulables, le verre a démontré qu'il pouvait s'adapter aux besoins modernes et faire preuve de remarquables capacités d'innovation, à l'instar de ces dômes de verre ou de la Pyramide du Louvre de l'architecte sino-américain Ieoh Ming Pei. A Berlin, l’architecte anglais Norman Foster, en mariant l’ancien et le verre, a également réalisé un chef d'œuvre : la coupole en demi-sphère est ouverte vers le ciel. Au pied de la coupole, il est facile de regarder la salle plénière du Parlement : elle symbolise la transparence des débats démocratiques du parlement qui se réunit en-dessous !


CHIC ET PAS CHER : VIVRE DANS UN CONTAINER L'architecture “ containers ” est assurément LA nouvelle tendance des architectes spécialisés dans les constructions modulaires et le recyclage. Les containers (industriels) ISO sont standards et possèdent donc des dimensions ... standard ; les constructions modulaires et modulables sont donc facilitées. Inutile de rappeler que les containers (industriels) sont très résistants, ils ont été conçus pour être transportés dans des conditions extrêmes. Ils ont une très bonne isolation native, devant notamment résister à l’eau salée, au grand choc thermique, à la poussière. Peu chers, on en trouve en abondance : les déficits commerciaux entre Orient et Occident font qu’un grand nombre de containers sont stockés à vide dans les ports européens et américains. En effet, un retour à vide d’un container coûte en moyenne 900 $. Le prix d’un container neuf est d’environ 4500 $ et un container d’occasion brute 1500 $. Écolo ? En réalisant une construction modulaire en container vous recyclez des containers en fer qui ne servent plus ; vous réduisez considérablement les travaux de votre habitat : peu de fondation, moins de nuisance sonore.

Earthship I Architecture bioclimatique Au Canada, maison construite avec des vieux pneus récupérés ; autarcique, elle n'a besoin d'aucune intervention extérieure pour ses besoins en énergie.

Container House I Construite sur pilotis La construction de cet habitat durable nécessite l'imbrication de containers ISO, comme un jeu de Lego.

L'EARTHSHIP : LA MAISON EN MATÉRIAUX RECYCLÉS A l’heure où on s’alarme des conséquences de l’activité humaine et de ses impacts sur le climat, des initiatives émergent aux quatre coins de la planète. Construite à base de vieux pneus, de canettes, de bouteilles et autres restes de matériaux de construction, la maison “ Earthship ” (littéralement vaisseau de la Terre) associe architecture bioclimatique, autonomie et recyclage. Autarcique, elle n'a besoin d'aucune intervention extérieure pour ses besoins en énergie et même en eau. L'électricité est fournie grâce à des panneaux solaires, des moulins à vent et autres sources d’énergie “ alternatives ”. Quant à l'eau, elle est fournie par la récolte d’eau de pluie via un récupérateur végétal sur le toit. L’utilisation de la force gravitationnelle est privilégiée pour ouvrir les fenêtres du toit ou faire entrer l’eau dans les citernes de la maison. Par ailleurs, les déchets (humains) sont recyclés de façon bio et hygiénique, rendant un quelconque raccordement à un égout inutile. En clair, la maison Earthship s'auto-suffit. Imaginée par l'architecte canadien Michael Reynolds, l'Earthship connaît un regain d'intérêt un peu partout dans le monde. En matière d'isolation, elle est principalement réchauffée et rafraîchie par les murs et par la terre. Les pneus de voiture empilés, qui forment l’entière structure intérieure et extérieure, sont remplis de terre et ont donc une grande masse thermique grâce à laquelle ils peuvent absorber beaucoup de lumière du soleil et conserver la chaleur. La façade d’un Earthship est toujours tournée vers le soleil. Les murs en matériaux recyclés sont isolés à l’aide d’un tissu étanche, préservant l’intérieur de la maison de l’humidité. 27


Le gĂŠant vert


TENDANCE I LE BAMBOU

D’où vient le bambou I Originaire de Chine Il est appelé (dans la langue locale) “ l’herbe à dinosaures ” car cette graminée existe depuis la nuit des temps.

Surnommé l’acier vert, le bambou est cette “ herbe ” géante qui a tout pour concurrencer le bois. Solide, dense, souple, il peut servir à tout : fabrication de maisons, de meubles, de baguettes, de parquet, de tissu, de charbon, et peut également être mangé en salade… Et on lui tire notre chapeau (vert) pour sa croissance fulgurante et sa saine capacité à convertir du CO2 en oxygène. Zoom sur un matériau foisonnant, pluriel, moderne, à suivre. Par Pierre Dragomirov

Naturel, écologique, économique, très solide, biodégradable, design, modulable, multi-usages, comestible, les “ superlatifs ” ne manquent pas ! Et le mets favori des pandas séduit tout le monde : commerçants équitables, industriels soucieux de la planète, agriculteurs locaux, consommateurs et bobos d’ici et d’ailleurs. Le bambou est cette graminée venue de Chine qui pousse comme de la mauvaise herbe au rythme (pour certaines espèces) de près d’un mètre par mois. Certaines plantes pouvant atteindre les 30 m de haut et être taillées tous les 3 à 5 ans, là où un arbre classique ne l’est que tous les 20 ans. Sa principale caractéristique : en Asie, le bambou sert à tout et est assaisonné à toutes les sauces ! A la construction de maisons, de bateaux, à la fabrication de mobilier, de parquets, de tapis, de vaisselle, de couverts et d’instruments

Des nains aux géants I Il en existe plus de 1000 espèces En Chine, le bambou est associé à la fertilité du fait de sa croissance extrêmement rapide.

de musique. Un matériau volontiers exotique qui séduit aussi les architectes les plus contemporains si on s’en réfère au “ plafond ” tout en bambou de Richard Rogers pour le nouvel aéroport de Madrid ou à l’ossature monumentale de la cathédrale de Pereira en Colombie conçue par Simón Vélez. Il est vrai que le bambou contient de la silice ce qui le rend plus dur que le chêne. Imputrescible, il résiste aux variations d’humidité et de chaleur. Pour l’anecdote : après avoir essayé des centaines de substances, Thomas Edison imagina, en 1880, d’équiper ses ampoules de filaments de bambou carbonisés. Et l’expérience réussit. La lampe électrique devint une réalité. Plus couramment, le bambou se mange : ses jeunes pousses sont fréquemment utilisées dans la cuisine (chinoise) pour adoucir les sauces.

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Dans la course au développement durable, la fibre de bambou connaît un succès retentissant qui pourrait l’amener à devenir LE nouveau matériau de notre quotidien. IRRÉSISTIBLEMENT ÉCOLO Dans la course au développement durable, le bambou pourrait bien devenir LE nouveau matériau de notre quotidien. Il faut dire que cette “ mauvaise herbe ” pousse naturellement, avec peu d’eau, sans engrais, ni pesticide. Grâce à son réseau racinaire très dense, il stabilise les sols et limite l’érosion des sols fragilisés. Sans oublier son atout majeur : le bambou a cette faculté de fixer 30% de CO2 de plus que les autres “ feuillus ”. Un caractère écolo qui se passe aussi à d’autres niveaux : replanter le bambou - qui a été largement supprimé en Asie quand la brique et le ciment ont remplacé les constructions traditionnelles en bois - aboutit à recréer de larges espaces végétaux qui favorisent la captation des gaz à effet de serre. Sans compter que “ l’industrie ” du bambou se fait dans de petites entités semi-artisanales, incomparablement moins polluantes que les cimenteries. Avec néanmoins un bémol : la technique traditionnelle du lamellé-collé nécessite de plus en plus souvent des colles contenant des solvants chimiques. Avant, on utilisait une colle naturelle issue de l’arbre à pain et de la sciure de bambou pour assembler les lamelles entre elles.

QUEL AVENIR CHEZ NOUS ? Il ne se passe pas une semaine sans que ne sorte une nouvelle innovation utilisant les bienfaits du bambou. Parquet vendu en kit, service de table design, fauteuils, tee-shirts ou casques de moto (Roof), le bambou envahit les rayons de nos magasins bios les

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plus branchés. Avec le développement de nouveaux alliages à base de bambou, de nouveaux matériaux high-tech entrent dans notre quotidien pour la fabrication de cadre de vélo par exemple et de carrosserie de voiture. Aesus, le fabricant d’ordinateurs, propose même U6V Bambou, un PC dont la coque, le pavé tactile et le reposepoignet sont en bambou. Et saviez-vous que la première pointe de lecture pour le tourne-disque d’Alexandre Graham Bell était en bambou ? Comme on l’a déjà dit : même chez nous, le bambou sert à tout ! Ses fibres sont tissées et se font serviettes, gants ou peignoirs et terminent aussi en filtre à café. Ses pousses se mangent. En outre, le bambou soigne, abrite, décore, siffle ou chante. On oublie trop souvent que de nombreux instruments de musique (à vent ou à percussion) sont fabriqués en bambou. Sans oublier les cannes à pêche, les arcs, les ustensiles de cuisine et autres petits objets du quotidien. La société Ekobo, par exemple, est une entreprise éco-citoyenne qui conçoit des objets contemporains, fabriqués à la main, à partir du bambou. Leur vocation est de concilier croissance économique, protection de l’environnement et équité sociale, en associant design et savoir-faire traditionnel, cette société (française) développe une activité durable pour les communautés artisanales de pays du tiers-monde et encourage un mode de consommation écologiquement responsable. Résultat : une collection d’objets pratiques et colorés pour égayer toutes les pièces de la maison. Esthétiquement le bambou est aussi devenu la plante ornementale préférée des Européens et fait fureur dans nos jardins et sur nos terrasses. Même les cosmétiques parient sur le bambou. “ Une invitation au voyage ”, rien de moins. C’est ainsi qu’est décrit le nouveau gel douche au bambou de Palmolive. De la lessive au shampooing en passant par le papier toilette, les

marques de cosmétique et d’entretien apprécient l’image zen et exotique de la plante. Au début cantonné aux produits bio, le bambou a depuis conquis les grandes surfaces et les géants de l’hygiène. Comme le thé vert avant lui ! Shampooings, gels moussants, déodorants, crème hydratante, vernis à ongle, le bambou aurait un rôle de fortifiant naturel.

Côté textile, la fibre de bambou a définitivement séduit les boutiques adeptes d’un commerce plus équitable. Vêtements, tee-shirts, serviettes de bain, matelas, oreillers, linge de maison sont réalisés à partir de la cellulose présente dans la pulpe de bambou. Résultat : une fibre résistante, naturellement antibactérienne, deux fois plus absorbante que le coton, d’une douceur comparable à la soie. Un tissu en fibre de bambou a aussi cette qualité de mieux laisser s’évaporer l’humidité du corps humain. En vogue : les couches lavables en bambou super-absorbantes (Bébé Maman Nature). Des boutiques spécialisées, et même certaines chaînes américaines, commercialisent désormais des vêtements et du linge de maison à base de fibre de bambou. Les consommateurs apprécient que ces produits viennent d’une source naturelle renouvelable qui pousse sans nécessiter de nombreux produits synthétiques. Un sansfaute ? Presque. La transformation en “ viscose de bambou ” nécessite un traitement chimique.


TENDANCE I LE BAMBOU

> Quant aux maisons en bambou du côté de Bruxelles, Londres ou Paris, c’est sans doute pour demain. La société Bambou Habitat, qui fabrique au Vietnam des maisons clé-en-main, attend une homologation pour construire en Europe… prévue pour 2011. Alors, le bambou, véritable alternative écologique ou effet de mode ?

Ekobo I Une entreprise éco-citoyenne Elle conçoit des objets contemporains, fabriqués à la main, à partir du bambou.

Cathédrale de Pereira I En Colombie Une ossature monumentale tout en bambou conçue par l’architecte Simón Vélez.

Développement durable Le bambou pourrait bien devenir LE nouveau matériau écologique de notre quotidien.

Nouvel aéroport de Madrid I Richard Rogers Une architecture audacieuse et exotique avec plafond tout en bambou, de l’architecte Richard Rogers.

A l’initiative du GRET (Groupement de Recherches et d’Etudes Technologiques), une ONG spécialisée dans le développement durable, un programme de réhabilitation et de développement du bambou est mené en Asie, notamment au Vietnam depuis 2005. Une équipe d’agronomes apporte son savoir-faire pour exploiter au mieux la filière bambou. Leur objectif étant de multiplier les petites unités de transformation où on fabrique des baguettes pour manger, du charbon de bambou pour filtrer l’air ou des lattes pour parquet. Mais aussi d’apporter aux paysans des activités complémentaires comme la culture de champignons à partir de la sciure de bambous, le maraichage ou encore l’élevage de poulets sous bambou.

Résolument écolo Le bambou a cette faculté de fixer 30% de CO2 de plus que les autres “ feuillus ”.



La course au rendement

Oui ! Mais jusqu’où ? Quel est le meilleur foyer ? Comment juger de sa performance et de sa qualité par rapport à un autre ? Doit-on se fier au rendement plutôt qu’à la quantité de chaleur (en kW) produite ? Par “ rendement ”, on entend le rapport entre l’énergie contenue dans le combustible qui a été consommé et la chaleur qui résulte de cette combustion. Plus le rendement est élevé, plus les particules contenues dans le bois seront transformées en chaleur. Compte tenu du fait que le rendement est déterminé par deux paramètres essentiels : la qualité de la combustion et la température des fumées qui s’échappent. D’où la nécessité d’avoir un poêle ou un foyer bien approprié à son habitat et de veiller à un bon usage de son foyer (bois sec - impérativement inférieur à 20% d’humidité, bon allumage, appareil bien réglé, bonne cheminée). Pourtant, si on devait faire fonctionner un foyer à un rendement de 100%, ce serait catastrophique : c’est justement la chaleur des fumées qui donne au foyer un bon tirage. Si les gaz transmettent trop de chaleur dans l’habitat avant de s’échapper, ils se refroidiront, le tirage sera mauvais et la vapeur d’eau contenue dans les fumées se condensera dans le conduit. Un chauffage électrique, par exemple, peut avoir un rendement supérieur, mais c’est sans considérer l’énergie dépensée en amont pour produire la chaleur. Si on tient compte de la globalité du processus énergétique, le chauffage au bois se révèle plus rentable (sans compter qu’il utilise de l’énergie renouvelable). Stûv, en tant que concepteur et fabricant, ne se contente pas de proposer des appareils esthétiques, mais prend en considération des facteurs de performance tel que le rendement. Améliorer sans cesse la qualité de la combustion, oui, par contre, aller au-delà de 85% à 90% de rendement serait absurde pour bien faire fonctionner votre appareil de chauffage au bois. Qu’on se le dise.

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Le tourisme se met au vert


STUV MAGAZINE I LE TOURISME VERT

La tendance “ écolodge ” et le développement durable ne cessent de s’affirmer, répondant au besoin de s’isoler, de s’immerger dans un environnement naturel préservé mais sans l’agresser. Un environnement que le touriste vert s’engage à respecter. Vous rêvez d’observer les gorilles dans la brume, de planter des arbres au Burkina Faso, de compter les éléphants ou danser avec les loups ? Pas de doute, l’éco-tourisme est dans votre nature. Par Pierre Dragomirov

“ Tous les hommes sont en route ”, écrivait déjà Paul Morand.  Mais le voyage a changé. Un nouvel art de partir, plus responsable, se dessine. Si le tourisme équitable répond à notre culpabilité vague d’Occidentaux gâtés et gaspilleurs, il est surtout une parade au “ bronzer idiot ” sans se soucier des conséquences. Des vacances plus intelligentes permettent de renouer avec des rêves d’enfants, genre aventure : archéologue façon Indiana Jones, sauveur de baleines  ou d’orangs-outangs, vulcanologue de cratères endormis, découvreur de galaxies lointaines (esprit de Luke Skywalker, es-tu là ?). En France, un tour-opérateur (Escursia) s’est spécialisé dans les propositions de séjours 100 % scientifiques, travaillant en partenariat avec le Musée national d’histoire naturelle et le CNRS pour vous faire accompagner par de (vrais) chercheurs. C’est donc avec des spécialistes du centre océanographique de Banuyls que vous prélèverez des échantillons d’eau de mer et de plancton pour les analyser en laboratoire et que vous effectuerez votre baptême de plongée. www.escursia.fr - www.natureetdecouvertes.com

Australie I Daintree Ecolodge & Spa Sans doute l’un des premiers écolodges du monde.

Panama I Punta Caracol Acqua Lodge À la fois luxueux et écologiquement correct.

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Océan Arctique I Une destination “ verte ” très prisée Grand classique : l’observation des baleines.

Australie I Daintree Ecolodge & Spa Jouit de la certification LEED (Leadership in Energy and Environmental Design).

MONTRER “ PATTES VERTES ” Aux États-Unis, plus de 2 % de la nourriture vendue est bio. Si nous extrapolons cette tendance alimentaire à l’industrie touristique, disons que, d’ici à 2020, la plupart des hôtels devront, par choix ou par contrainte législative, montrer “ patte verte ”. Peut-être aussi est-il utile de rappeler que le tourisme est la première source d’emplois à l’échelon mondial. L’enjeu est de taille. D’autant que beaucoup de voyageurs, lassés des ghettos à touristes, ceux où l’accueil et la nourriture n’ont rien de local, où la nature est abîmée et la population oubliée, se lancent dans un tourisme plus soucieux des valeurs de la région visitée. Culpabilité ou intérêt authentique pour une culture et un écosystème ? Difficile à dire, mais le 21e siècle a l’air plus altruiste que le précédent. Le groupe Banyan Tree a ainsi ouvert un laboratoire de recherche marine aux Maldives, pour revitaliser les coraux abîmés. Le Ritz Carlton peaufine son premier écrin vert dans les îles Turks and Caicos, aux Caraïbes. Et le groupe Hilton, lui, a engagé Jan Peter comme directeur de l’environnement. Cet ex-responsable de la chaîne Scandic avait déjà reconverti ses hôtels en établissements écologiques pour les sauver de la faillite, prouvant au passage que le respect de l’environnement peut aussi être rentable.

ÉCOLOGIQUEMENT CORRECT En quelques années seulement, l’écotourisme est sorti de son enfance “ roots ” et de son adolescence bohème pour s’installer dans un confort plus “ bourgeois ”. Après les premières et spartiates retraitesnature, ont d’abord fleuri les écolodges qui associaient la rigueur écologique à un certain confort. C’est le cas du Quilalea Lodge au Mozambique, du Punta Caracol Acqua Lodge au Panama ou du Daintree Ecolodge & Spa en Australie. A découvrir désormais : l’éco-resort. Autrement dit, un hôtel à la fois luxueux et écologiquement correct. A Itacaré, au Brésil, le Warapuru, décoré par Anoushka Hempel (à qui on doit le mythique Hempel Hotel à Londres) a définitivement séduit les amoureux d’écologie, de luxe et de design. En Chine, le Crosswaters, dessiné par l’architecte Hitesh Mehta, est le premier éco-resort 5 étoiles de l’Empire du Milieu. Il a ouvert ses nids de bambou, perchés dans les arbres de Guangdong, en 2008. Signe des temps : San Francisco a célébré l’ouverture du Orchard Garden Hotel, premier hôtel urbain récompensé par la certification LEED (Leadership in Energy and Environmental Design). Un exemple à suivre.

Burkina Faso I Plantons des arbres Bientôt le “ volontourisme ”, mi-bénévolat, mi-vacances.

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STUV MAGAZINE I LE TOURISME VERT

BIENTÔT LE “ VOLONTOURISME ” Comme le dit Anne Gouyon, éditrice du Natural Guide, le premier guide à noter les établissements en fonction de leur respect de la société et de l’environnement : “ Quand vous voyagez, ne laissez ni votre cerveau, ni votre coeur à la maison ! ” Suivant vos goûts et vos talents, vous trouverez une ONG, un tour-opérateur ou des sites internet qui vous renseignent pour du jardinage au Burkina Faso ou une étude du comportement des loups dans les Carpates. Tout, ou du moins une partie des revenus et autres bénéfices tirés de ce tourisme responsable, devant directement bénéficier aux populations locales, et être utilisé pour la protection, la gestion, la restauration, la conservation et la surveillance de la nature environnante. Mais, avant de se lancer en “ grand ”, on peut commencer modestement, en ne bouleversant ni l’équilibre social ni la nature, ce qui est déjà beaucoup. Ensuite, ceux qui sont véritablement en quête de sens iront plus loin, en attendant peut-être le “ volontourisme ”, mi-bénévolat, mi-vacances. Des séjours “ responsables ” qui peuvent durer plus longtemps. Peut-être même toute une vie. www.ecotours.fr - www.projects-abroad.com

Brésil I Ambiance zen au Warapuru Pour les amoureux d’écologie, de luxe et de design.

L’éco-tourisme est définitivement sorti de son enfance “ roots ” et de son adolescence bourgeoisbohème, pour s’installer dans un confort plus luxueux. LE GRAND BLANC AUSSI SE MET AU VERT I En 2009, 1,5 million de visiteurs – croisiéristes japonais en tête – se sont rués vers l’Arctique. Ce n’est plus un succès, mais une déferlante ! Grand classique : l’observation des ours blancs, des baleines et des phoques. Mais il y a des variantes. Au Groenland où le nombre de touristes a décuplé en cinq ans, on peut dévaler des glaciers à ski. Au Spitzberg, écouter, depuis son kayak, les craquements des icebergs. En Laponie, à défaut de voir le Père Noël, suivre les migrations des rennes dans un traîneau spécialement équipé. Les défenseurs de l’exotisme glaciaire, agences de voyages en première ligne, ont trouvé l’argument choc pour défendre leur business : chaque visiteur de ce patrimoine unique deviendrait un “ ambassadeur ” de la lutte contre le réchauffement du climat, la chasse et la surpêche. Est-ce si sûr ?


La course contre la montre Vitesse, frénésie de l’instantané, impatience, jamais notre société en surchauffe n’a eu à ce point le nez dans le guidon. “ Trop vite ! ”, nous dit Jean-Louis Servan-Schreiber, fidèle à ses convictions : la gestion de ce temps si précieux ... nous a échappé.

Par Pierre Dragomirov


D’où vient ce sentiment cruel de manquer de temps aujourd’hui ? C’est un vrai paradoxe, répond Jean-Louis Servan-Schreiber. Depuis le 19e siècle, les progrès techniques - l’avion qui a remplacé la diligence, le lave-linge qui a succédé au lavoir - n’ont cessé de nous libérer du temps. De fait, les nouveaux moyens de communication, internet en tête, principaux responsables de cette mutation, font indiscutablement partie intégrante de notre quotidien. Dans tous les domaines, la rapidité fait la loi. L’effacement simultané de la durée et de la distance accomplit la plus inéluctable des révolutions, et personne ne peut s’y soustraire. Pourtant, nous n’avons jamais autant souffert du manque de temps. Sans doute parce que ce surplus de temps libre a multiplié nos désirs. Mais, constate l’essayiste français, si l’homme moderne se réfugie dans ce “ court-termisme ” commode, sans doute est-ce pour faire face aux incertitudes de l’avenir.

Vitesse, urgence, impatience Adolescent, Jean-Louis Servan-Schreiber aurait voulu être psychanalyste, mais l’atavisme familial en a décidé autrement. Né dans une famille d’hommes de presse, il fondera le mensuel L’Expansion et sera l’artisan du succès de Psychologies Magazine. JLSS a beau avoir eu mille vies, il s’inquiète de notre hyperactivité et de notre addiction à l’urgence. Avec son nouvel ouvrage, “ Trop vite ! Pourquoi nous sommes prisonniers du court terme ”, cet adepte assidu des sagesses orientales explore notre rapport au temps et dépeint une société embarquée dans une furieuse accélération. Le monde est speed, obnubilé par le présent, chronophage, prisonnier d’une vision à court terme. Comment l’homme pressé a-t-il été pris de vitesse ? “ Depuis que j’ai compris que le temps nous était compté, donc précieux, je n’ai cessé de l’étudier pour optimiser son usage. Tout se passe comme si plus les problèmes deviennent complexes, moins nous disposons collectivement de temps pour y réfléchir et les traiter au mieux. L’urgence de l’action, de la décision, domine. Il en résulte un nouveau syndrome : le ‘court-termisme’, qui sévit en politique, en économie, dans les rythmes de vie et les relations aux autres, dans notre façon de consommer, acheter trop, tout de suite et trop souvent. Plus grave encore, il sévit dans notre rapport citoyen à l’environnement. À l’égard de la nature et des ressources de la planète, notre insouciance traditionnelle s’est muée en irresponsabilité. ”

“ En écrivant ce livre, j’ai simplement voulu attirer l’attention sur notre syndrome collectif de soumission à la vitesse ”, dit l’auteur, qui décrit le phénomène avec une métaphore fort efficace : “Imaginez que nous sommes aujourd’hui les passagers d’une voiture, la nuit, dont la portée des phares diminue en proportion de son accélération. Resteriez-vous dans ce véhicule ? ”

Jean-Louis Servan Schreiber

Comment lever le pied ? Ne jamais perdre de vue notre objectif principal, celui qui donne sens à nos vies, qu’il soit professionnel, affectif ou amoureux. Refuser les interruptions à répétition, sources de frustration. Consulter ses emails une ou deux fois par jour seulement, et s’octroyer une heure pour y répondre. Pratiquer des loisirs qui nécessitent un certain temps, comme le jardinage, le golf, le yoga, la cuisine ... Se désintoxiquer du téléphone portable et autre smart phone pendant deux mois par an. Et fixer des plages horaires durant lesquelles vous êtes in-joi-gna-bles ... ne fût-ce qu’une heure. Méditer tous les matins si possible.

Vitesse, urgence, impatience, sont les trois mots (et maux) qui caractérisent cet emballement et privent les collectivités autant que les individus de recul et de vision d’avenir. Comme tout essai, “ Trop vite ! ” a été réalisé à partir d’une documentation importante, constituée d’entretiens, de lectures et d’articles de presse. JLSS s’est entretenu avec plus de cinquante personnalités : hommes et femmes politiques, chefs d’entreprise, économistes, philosophes, psychologues et sociologues.

À lire : “ Trop Vite ! Pourquoi nous sommes prisonniers du court terme ” de Jean-Louis Servan-Schreiber, 199 pages ; éd. Albin Michel, 2010.

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L E

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Magazine 02 2010 I N N O V E

Architecture Constructions durables pour mieux vivre demain

Les nouvelles énergies L’énergie verte, ça existe vraiment ?

Alain Hubert L’appel des glaces

Côté pile, un magazine de tendances qui expriment bien l’état d’esprit de la société Stûv. Un esprit d’innovation qui s’enrichit de nouvelles valeurs montantes, écologie, architecture, art, confort, environnement, dans un déferlement foisonnant d’idées, de formes et de matières que l’on retrouve dans le catalogue, côté face.


Catalogue 02 2010

Un état d’esprit

Côté pile, un magazine de tendances qui expriment bien l’état d’esprit de la société Stûv. Un esprit d’innovation qui s’enrichit de nouvelles valeurs montantes, écologie, architecture, art, confort, environnement, dans un déferlement foisonnant d’idées, de formes et de matières que l’on retrouve dans le catalogue, côté face.


St没v Catalogue

OCTOBRE 2010

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