"Vous souvient-il qu'un de nos confrères, bien connu pour la sureté de ses informations et la correction professionnel de son directeur, le Jour, puisqu’il faut l’appeler par son titre lança... une nouvelle qui avait la prétention d’être sensationnelle ? Un photographe, lancé par l’État-major prévoyant sur les traces du colonel Picquart, avait surpris ce dernier causant à Karlsruhe avec M. de Schwartzkoppen. — La photographie existe, disait le jour, et nous la reproduiront... Le Jour ne produisit rien du tout, pour la bonne raison que cette révélation n'eut aucun succès. Le photographe de l'état-major n'insista pas non plus et fit le mort quand il apprit que le colonel Picquart n'avait pas quitté Paris et qu'il déposait une plainte contre les faussaires. Devant le juge d'instruction, le Jour invoqua le secret professionnel. Puis d'autres scandales survinrent qui firent oublier celui-là. À notre tour, nous invoquons le secret professionnel. Le parquet qui l'admit pour le Jour, l'admettra vraisemblablement pour le Siècle.
Bulletin de la Librairie Plantureux BTP-11 (2015)
Si l'état-major a des photographes diligents attachés à ses bureaux, le Syndicat en a également, et c'est leur travail que nous présentons aujourd'hui aux lecteurs. En raison de ce que nos opérateurs sont payés royalement ils ne reculent devant aucun sacrifice. Ils débauchent les portiers pour pénétrer dans l'intimité des locataires, ils forcent les huis pour surprendre nos grands hommes en robe de chambre et nos grands militaires en uniforme ; ils cambriolent les armoires de fer pour se documenter sérieusement. La bonne attention excuse le crime, selon la morale de la rue Saint-Dominique et de l'école d'Arcueil voici donc le travail — jugez et comparez" (Les Mensonges de la Photographie, 1899).
n°89
Sommaire du numéro 11-2015 : Un choix d’épreuves albuminées et argentiques Quelques ventes annoncées en mars et en avril Le bordereau de l’affaire Dreyfus, 1894 Les couvertures auxquelles vous avez échappé
Télétransmis à 15h15 le lundi 16 mars 2015 depuis les Studios Robespierre
Le bulletin propose des livres, des albums, des photographies et des documents anciens tels qu’ils nous ont été transmis par les auteurs et les amateurs des générations passées. Les descriptions matérielles, attributions, provenances, lieux et dates d’impression des livres et des photographies ont été soigneusement établis à l’aide de collations et de confrontations avec d’autres exemplaires ou des échantillons comparables (phototèque).
Ce onzième numéro hebdomadaire du BTP a été télétransmis lundi 16 mars 2014 à 15h15 (méridien de Paris) il comporte 9 articles, plus d’une idée par jour. English and Spanish captions are printed in red. Tous les bulletins restent disponibles sur notre site : www.photoceros.com / BTP Prochaines télétransmissions : lundi 23 mars, lundi 30 mars, lundi 6 avril, lundi 13 avril Pour s’inscrire et recevoir le bulletin au format pdf, aisément imprimable, ou pour faire des remarques et des suggestions : Correspondance in Russian, Italian, Spanish or English :
studios@robespierre.fr Téléphone (de 10 à 17h) : (+33) 1.43.60.71.71
Le parti pris est de présenter dans l’ordre chronologique des photographies et des livres du monde entier. C’est le privilège des choses anciennes et authentiques de pouvoir être présentées ainsi mettant en lumière la succession des idées et des créations. Tous les articles proposés sont garantis disponibles à l’instant de la transmission. Les prix sont libellés en euros. Les règlements par le moyen d’un compte paypal sont acceptés. La priorité est donnée au premier achat ferme, confirmé par email à
studios@robespierre.fr Serge Plantureux Expert près la Cour d’Appel de Paris Studios Robespierre 71 rue Robespierre 93100 Montreuil
Semaine 11 : 16-22 mars 2015 87
Week 11 : March 16-22, 2015
Émile Pecarrère (1816-1904) Cloître Saint-Trophime Arles, 1852 Calotype, épreuve sur papier salé d'après négatif papier ciré, signée à l’encre dans l’angle inférieur droit, montage ancien. Émile Pecarrère partit quelque mois après les cinq héliographes missionnés par le gouvernement de la république pour photographier des monuments historiques, peut-être de sa propre initiative. En tout cas, si le nouveau gouvernement ne fit rien de la Mission Héliographique, lui exposa son travail à Londres. “Cette collection de monuments anciens de notre France, on la doit, ainsi qu'il a été dit, au comité des Monuments qui, au retour des photographes, les a félicité, a reçu leurs clichés, et les a mis sous clef dans un tiroir, sans autoriser ni même tolérer leur publication. Le public est donc privé de ces estampes que chacun se disputerait ; les photographes sont frustrés de la publicité qu'ils avaient espérée, et notre pays ne peut se faire l'honneur de la plus belle œuvre qui se soit produite jusqu'ici. Nous avions demandé davantage et nous espérions mieux” (Francis Wey). “Emile Peccarère expose à la société des Arts de Londres en 1852 “ The Exhibition of Recent Specimens of Photography was held at the House of the Society of Arts in London from 22 December 1852 until 29 January 1853” (wikipedia). Provenance : collection Jammes, dispersion du 15 novembre 2008, lot 32.
1.200 euros
Semaine 11 : 16-22 mars 2015 88
Week 11 : March 16-22, 2015
Alexander Buckler (1826-apr.1861) West front of Saint Jacques, Dieppe 1855-1856 Calotype, épreuve sur papier salé d’après négatif papier, aquarellée et enduite de gomme arabique, titrée sur le montage. En fait, Buckler utilisait des papiers destinés à devenir des négatifs pour imprimer ses épreuves positives. Cette épreuve est le négatif d’un négatif. “Like his father before him, Buckler became a shorthand writer. He worked in Cornwall in the 1850s but then returned to his native London. Buckler was probably intimately familiar with the characteristics of paper and perhaps sought an escape in amateur photography. In 1861 he wrote to Photographic Notes suggesting that “a good Negative Paper Process, which shall be uniform in its results, is to my mind one of the greatest necessities of photography. . . . With this in view I have made great many experiments, with various degrees of success, and have, I believe, tried every paper process that has come out.” ... “in the event of a wet day, at an hotel, the papers already prepared can be used for printing positives.” (Roger Taylor & Larry J. Schaaf, Impressed by Light: British Photographs from Paper Negatives, 18401860 (Metropolitan Museum of Art, New York, 2007) .
900 euros “the papers already prepared can be used for printing positives...”
Semaine 11 : 16-22 mars 2015 89
Week 11 : March 16-22, 2015
J. André Garrigues Marchand noir de Tunis de trois-quarts Tunis, fin du XIXe siècle Épreuve sur papier albuminé d’après un négatif verre. André Garrigue a réalisé à Tunis de remarquables portraits ethnographiques comme Alejandro Cavilla à Tanger. On pourrait être tenté d’attribuer celui-ci à Gustave de Beaucorps (Rochefort 1825-Nice 1906), néanmoins l’aspect général de l’albumine, la présence d’une signature dans le négatif et l’absence de toute preuve d’un séjour de Beaucorps en Tunisie nous en ont dissuadé. Donc nous nous rallions à l’opinion générale.
150 euros
Semaine 11 : 16-22 mars 2015 90
Week 11 : March 16-22, 2015
Marius Neyroud (1854- apr. 1950) Lieutenant-colonel Hubert Henry (le faussaire) Paris, vers 1898
Buizard (Bd Poissonnière) Commandant Ferdinand Esterhazy (le traître) Paris, vers 1898
Aristotype, 142x100 mm, monté sur carte-album, rousseurs tropicales.
Aristotype, 142x100 mm, monté sur carte-album, rousseurs tropicales.
“Depuis mai 1893, le travail du commandant Henry consiste à surveiller l'activité des autorités allemandes. Fin septembre 1894, une femme de ménage intercepte un bordereau adressé à l'attaché militaire Maximilian von Schwartzkoppen... En octobre, une enquête interne attribue la rédaction du bordereau à Alfred Dreyfus, qui est arrêté quelques jours plus tard... Alors que l'épouse d'Alfred Dreyfus demande la révision du procès, Henry adresse le 2 novembre 1896 à ses supérieurs un document qu'il prétend avoir récupéré à l’ambassade d’Allemagne et qui accuse explicitement Dreyfus de trahison. Ce document, qu'il a en fait lui-même réalisé, est connu sous le nom du “faux Henry”... Découvert, Henry se suicide en 1898. Jean Lorrain, Pierre Louÿs, Paul Valéry... se cotisent pour lui élever une statue !
“En 1895, le colonel Georges Picquart découvre qu'Esterhazy est l'auteur du bordereau de l’affaire Dreyfus, ce qu'il reconnaitra ultérieurement dans une lettre publiée par Le Matin le 18 juillet 1899. La hiérarchie militaire tente d'étouffer l'affaire... En novembre 1897, Mathieu, le frère d'Alfred Dreyfus, écrit au ministre de la Guerre pour dénoncer Esterhazy comme l'auteur du bordereau. Esterhazy demande alors lui-même à être jugé. Il comparaît devant un tribunal militaire le 10 janvier 1898 à huis clos. Le conseil de guerre prononce à l'unanimité son acquittement... Remis en liberté le 12 août 1898 et réformé quelques jours plus tard, après la découverte du « faux Henry », il s'exile à Londres... Marcel Thomas, Jean-Denis Bredin et Vincent Duclert montrent qu'Esterhazy a trahi pour de l'argent”.
Une de ses notes de 1872 énonçait : “officier sans autre avenir que celui que lui donnera forcément l'ancienneté”. D’autres ont voulu en faire un héros.
Semaine 11 : 16-22 mars 2015
Week 11 : March 16-22, 2015
Aaron Gerschel (1832-1910) Alfred Dreyfus étudiant (vers 1880) Paris, édition carte album, vers 1898
Paul Nadar (1856-1936) Émile Zola Paris, vers 1898
Aristotype, 142x100 mm, monté sur carte-album, rousseurs tropicales.
Aristotype, 145x105 mm, monté sur carte-album, rousseurs.
“Alfred Dreyfus est réintégré dans l'armée avec le grade de chef d'escadron. Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur, le 20 juillet 1906.
Le lieutenant-colonel Georges Picquart a intercepté un document, le “petit bleu”, accablant le commandant Esterhazy, espionnant pour l'ambassade d'Allemagne. Mais Esterhazy est acquitté...
En 1908, il est victime d'un attentat et blessé lors des cérémonies de transfert au Panthéon des cendres d'Émile Zola, son défenseur, auteur de la lettre envoyée au président Félix Faure, J'accuse…!”. L'auteur de l'attentat, Louis Grégori, sera acquitté... Les antidreyfusards interprètent l'acquittement de Grégori comme un désaveu de l'arrêt de la Cour de cassation de 1906 et comme une condamnation indirecte et implicite de l'ancien prisonnier de l'île du Diable. L'attentat contre Dreyfus est même commémoré à deux reprises...”
L'affaire Dreyfus naît à ce moment-là, de l'acquittement du véritable traître, Ferdinand Walsin Esterhazy, au moment où Émile Zola publie “J'accuse...!” dans L'Aurore du 13 janvier 1898, suivi d'un très médiatique procès en diffamation, à rebondissements, engagé par l'État, et au terme duquel Émile Zola est condamné au maximum de la peine, le forçant à l'exil en Angleterre. Exil du 18 juillet 1898 au 4 juin 1899. Zola meurt en 1902 avant de voir la fin de l’affaire qui dure jusqu’à la réhabilitation de Dreyfus en 1906.
4 cartes album 500 euros
Semaine 11 : 16-22 mars 2015 91
Week 11 : March 16-22, 2015
Yves Guyot (1843-1928) Les Mensonges de la photographie Le Siècle, 11 janvier 1899 Journal in-folio de quatre pages illustrées de 19 photomontages. "Vous souvient-il qu'un de nos confrères, bien connu pour la sureté de ses informations et la correction professionnelle de son directeur, le Jour, puisqu’il faut l’appeler par son titre lança une nouvelle qui avait la prétention d’être sensationnelle ? Un photographe, lancé par l’état-major prévoyant sur les traces du colonel Picquart, avait surpris ce dernier causant à Karlsruhe avec M. de Schwartzkoppen — La photographie existe, disait le jour, et nous la reproduiront... Le jour ne produisit rien du tout ... Si l'état-major a des photographes diligents attachés à ses bureaux, le Syndicat en a également, et c'est leur travail que nous présentons aujourd'hui aux lecteurs. " Des épreuves argentiques des 19 photomontages étaient en vente auprès du journal : 2Fr50 la série. Cette brillante démonstration tenait trop d’une provocation insupportable à la société du moment — on ne badine pas avec la photographie — et elle n’apporta à Yves Guyot ni la gloire par le scandale, ni la reconnaissance des gens discrets, mais bel et bien la ruine via une avalanche de procès en diffamation gagnés par les plaignants. Il est facile de falsifier une photographie, possible même d’inventer complètement un photographe, mais il reste scientifiquement possible de démontrer la supercherie. Car les phénomènes photographiques possèdent des marqueurs physiques intrinsèques.
100 euros Une entrée tonitruante de la photographie au tribunal
Semaine 11 : 16-22 mars 2015 92
Week 11 : March 16-22, 2015
Reine Briac (1898-apr. 1964) Le pauvre Pêcheur Kotor, Monténégro, 1937 Épreuve argentique d’époque, 230x175 mm, annotée au verso. Cette prise de vue à la légende insolite se situe juste devant le célèbre paysage des bouches de Kotor qui inspira à Böcklin ses célèbres compositions de l’Ile des morts (Die Toteninseln). Quand on a la possibilté et la curiosité d’accéder au verso d’une épreuve ancienne, on fait parfois d’étonnante découverte comme la légende laissée par la photographe en croisière : “Le pauvre pêcheur attend que l’on veuille bien, du bateau, lui jeter des croutons de pain”.
300 euros “5 septembre 1937. Kotor — Le pauvre pêcheur attend que l’on veuille bien, du bateau, lui jeter des croutons de pain”
Semaine 11 : 16-22 mars 2015 93
International News Photos Prisonniers allemands El Alamein, nov. 1942 Épreuve argentique d’époque, 150x185 mm, tampons dateurs et légendes. La seconde bataille d’El Alamein s’est conclue le 8 novembre par la retraite des Allemands et des Italiens vers la Lybie. “Au terme d'une longue bataille et malgré des pertes excédant les 500 chars, Montgomery a pu, grâce à ses réserves, percer le front de Rommel qui ne disposait pas de plus de 100 Panzer. Le ravitaillement étant coupé par le “porteavions” maltais, la logistique ne pourra suivre Rommel dans son ultime tentative de résistance. Le temps était fini où l'OKW rêvait de voir le drapeau à croix gammée flotter sur Alexandrie, les blindés du Renard du Désert pénétrer dans le Moyen-Orient riche en pétrole, les troupes allemandes venant du Caucase les rejoindre pour se diriger à travers l'Iran et l'Afghanistan vers l'Inde et faire la jonction avec l'Empire du Soleil Levant.”
150 euros
Week 11 : March 16-22, 2015
Semaine 11 : 16-22 mars 2015 94
Week 11 : March 16-22, 2015
Membre du NKVD Maison du Soviet de Minsk, transformée en Siège central de la Police de Russie-Centre Minsk, printemps-été 1941 Deux petites épreuves argentiques d’époque, 40x50 mm et 62x88 mm. Ces deux photographies provenant des archives d’un agent sovietique évoque les trois ans d’administration allemande de l’Europe de l’Est avec l’apparition d’un svastika dextrogyre noir, symbole du régime devant un bas-relief de bronze à l’effigie de Joseph Staline dans un batiment administratif hautement symbolique de la ville de Minsk. “Minsk devint la capitale du Reichskommissariat Ostland comprenant les Pays baltes, la Biélorussie et l'Ingrie (territoire russe sur le golfe de Finlande. Créé par décret du 17 juillet 1941, il était dirigé par le Reichskommissar für das Ostland Hinrich Lohse. Après l'invasion (22 juin-9 juillet 1941), les organisations nazies, dont la SS, responsable du maintien de l'ordre, s'accaparent des propriétés, comme le Sovkhoze de Nowinski, visité par Himmler le 15 août 1941 lors de son voyage dans le commissariat, ou la maison du Soviet de Minsk, transformée en siège central de la Police de Russie-Centre...” (Wikipedia).
2 épreuves : 300 euros Maison du Soviet de Minsk, transformée en siège de la Police du Reich
Semaine 11 : 16-22 mars 2015 95
Week 11 : March 16-22, 2015
Agence France Presse Winston Churchill pense à l’Europe Paris, décembre 1951 Épreuve argentique d’époque, 180x130 mm, tampon AFP au verso. “Churchill est intéressé par le projet européen d'Aristide Briand dès l'entredeux-guerres. Après la Seconde Guerre mondiale, il est président d'honneur du congrès de La Haye et participe à la mise en place du Conseil de l'Europe en 1949. Néanmoins sa vision n'est pas celle de Jean Monnet, aussi approuve-t-il que son pays n'entre pas dans la Communauté européenne du charbon et de l'acier, qu'il considère comme un projet franco-allemand... Il élabore la théorie des trois cercles : le premier cercle est constitué par l'Angleterre et le Commonwealth, le deuxième par le monde anglophone autour des États-Unis et le troisième l'Europe. Il constate que l'Angleterre, qui est à la croisée des trois cercles, a un rôle privilégié à jouer. « Nous sommes avec l'Europe, mais sans faire partie de l'Europe [with Europe, but not of it]. Après les élections générales de 1951, Churchill redevient Premier ministre... la visite de Churchill et Eden à Paris en décembre 1951 sera interprétée par Washington comme un pas dans le sens de l’intégration européenne”.
200 euros ...with Europe, but not of it...
Quelques ventes de mars et d’avril
Collection Pierre Marc Richard experts et présentation : Marion et Philippe Jacquier Beaussant Lefèvre
Quelques ventes de mars et d’avril
25 mars
mercredi 25 mars 2015 à 13h30 Drouot Richelieu - Salle 2 http://www.beaussant-lefevre.com/html/infos.jsp?id=21820&lng=fr
Objets d’art dont photographies des années 1920 expert : Rhinocéros & Cie Binoche & Giquello
27 mars
vendredi 27 mars 2015 à 14h15 Drouot Richelieu - Salle 1 http://www.binocheetgiquello.com/flash/index.jsp?id=22561&idCp=33&lng=fr
Littérature, musique, photographie descriptions : Devroe & Stubbe The Romantic Agony vendredi 24 et samedi 25 avril 2015 à 13h00 40 rue de l’Aqueduc - Bruxelles http://www.romanticagony.com/en/catalogue
24 avril
"le bordereau"
"le bordereau"
Photographies du recto et du verso de la lettre manuscrite non signée adressée en août 1898 à l'attaché militaire de l'ambassade d'Allemagne à Paris, dite "le bordereau" et attribuée au commandant Esterhazy. Document provenant des archives du contre-espionnage militaire français, daté de la fin septembre 1894.
"Le bordereau"
"Le bordereau"
Transcription Bordereau :
Hypothèse d’interprétation du bordereau
Sans nouvelles m’indiquant que vous désirez me voir, je vous adresse cependant, Monsieur, quelques renseignements intéressants.
“Plusieurs auteurs, dont Jean Doise, ont expliqué que l'affaire Dreyfus n'a de logique qu'en regard de la mise au point du canon de 75 Modèle 1897 à frein hydropneumatique. Son développement, en grand secret, annonçait une arme révolutionnaire. Jusqu'à cette découverte, le tir d'une pièce d'artillerie dépointait en reculant sur ses roues au départ du coup.
1°) Une note sur le frein hydraulique de 120 et la manière dont s’est conduite cette pièce. 2°) Une note sur les troupes de couvertures (Les modifications seront apportées par le nouveau plan). 3°) Une note sur une modification aux formations de l’artillerie 4°) Une note relative à Madagascar. 5°) Le projet de manuel de tir de l’artillerie de campagne (14 mars 1894). Ce dernier document est extrêmement difficile à se procurer et je ne puis l’avoir à ma disposition que très peu de jours. Le ministère de la Guerre en a envoyé un nombre fixé dans les corps et les corps en sont responsables. Chaque officier détenteur doit remettre le sien après la manœuvre. Si donc vous voulez y prendre ce qui vous intéresse et le tenir à ma disposition après, je le prendrai. À moins que vous ne vouliez que je ne le fasse copier in extenso et ne vous en adresse la copie. Je vais partir en manœuvre.”
Dans tous les pays du monde, on cherchait à limiter ce recul. qui rendait impossible le tir rapide. Avec ce nouveau canon de 75, la pièce glissait sur son affût et se repositionnait en souplesse. Le tir rapide devenait possible. D'autres perfectionnements étaient aussi produits comme le chargement par la culasse, l'obus encartouché, ou la poudre sans fumée. Il s'agissait donc bien d'une avancée très importante qui devait rester absolument secrète afin de conserver cet avantage technologique. Pour certains historiens, cette mise au point, qui ne sera achevée que trois ans après le premier procès Dreyfus, est bien la cause de l'affaire. Et le reproche fait à Dreyfus concernant la transmission supposée d'informations relatives à un autre canon, le 120C Modèle 1890 “Baquet“ dans “le bordereau“ a peu de sens. Malgré son nouveau frein hydro-pneumatique, c'est un canon mal réussi qui ne représente que 0,6% de l'artillerie française en 1914 (210 unités).
"Le bordereau"
"Le bordereau"
Le fait avait déjà été relevé par la commission d'experts artilleurs rassemblés à l'occasion de la révision de 1906 par la Cour de cassation. Pourquoi faire une histoire pareille pour un tel canon, même perfectionné d'un frein hydro-pneumatique ? Pour Doise, il s'agissait de faire croire aux Allemands que les Français étaient fascinés par ce 120C, dont ils connaissaient les défauts, afin d'intoxiquer le camp adverse avec une fausse information tout en criant à la trahison. Le général Deloye qui supervisait le développement de l'artillerie française à l'époque aurait été à l'origine de cette déception qui n'était pas d'ailleurs la seule. En somme, Dreyfus aurait été sacrifié sur l'autel du perfectionnement militaire en vue de la revanche, sans aucun état d'âme par l'état-major. Par conséquent le bordereau aurait certes bien été écrit par Esterhazy, mais de connivence avec Sandherr, le chef du contreespionnage français (la célèbre “Section de Statistique”). Contestant cet argument, la plupart des historiens ne comprennent pas comment ni Sandherr ni Henry n'ont pas reconnu l'écriture d'Esterhazy, alors qu'ils ont travaillé plusieurs années ensemble. À quoi on peut évidemment répondre que Sandherr et Henry faisaient semblant de ne pas reconnaître l'écriture d'Esterhazy pour mieux enfoncer Dreyfus, le leurre désigné de l'intoxication.”
plan du canon de 75 Modèle 1897
Les couvertures auxquelles vous avez échappé
Les couvertures auxquelles vous avez échappé
Bulletin de la Librairie Plantureux
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BTP-11 (2015)
BTP-11 (2015)
n°95
n°90
Télétransmis à 15h15 le lundi 16 mars 2015 depuis les Studios Robespierre
Télétransmis à 15h15 le lundi 16 mars 2015 depuis les Studios Robespierre