WEEKLY TRANSMISSION N°45
THURSDAY 12 NOVEMBER 2015
“TOUT EST LOGIQUE DANS VOTRE ŒUVRE” :
AUGUSTE RODIN
TRANSMISSION 45 CONTENTS : Documenting Auguste Rodin, a choice of vintage prints Les regrets de la belle heaulmière Notice: Musée Rodin welcome everybody today for a free visit after reopening
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The e-bulletin presents a selection of books, albums, photographs and ancient documents as they have been handed down to the actual owners by their creators and by amateurs from past generations. The physical descriptions, attributions, origins, and printing dates of the books and photographs have been carefully ascertained by collations and through close analysis of comparable works. The books and photographs consigned from all around the world are presented in chronological order. It is the privilege of ancient and authentic things to be presented in this fashion, mirroring the flow of ideas and creations. Payment in euros, Paypal is accepted.
N°45 : “Everything Makes Sense”
“Tout est logique”: Rainer Maria Rilke à Auguste Rodin, Mercredi, le 21 octobre 1908 “Cher grand ami, Merci de votre carte d’hier ; une demi-heure après l’avoir lue, je me trouvais boulevard Malesherbes devant les dessins* que l’on croit connaître et qui chaque fois vous attaquent à votre insu de leur force inattendue et première. Comme tout est logique dans votre oeuvre. Le mouvement rapide de la terre en sculpture que vous créez projette tous ces globes qui tournent autour de vous aux confins du possible. Et la science de ce ciel est aussi vaste que celle de votre terre statuaire. J’ai retrouvé dans ce firmament nerveux et vibrant quelques constellations qui me sont familières : Les Pléiades des Cambodgiennes qui attirent un si doux printemps, et çà et là un des astres inoubliables à la flamme fatale. Et par endroit apparaissait un fragment de cette voie lactée passionnément mélancolique que sera l’histoire de Psyché. Mais plus loin, j’ai vu surgir d’autres étoiles qui seront encore à découvrir et à aimer et qui ne figurent point encore dans les planisphères savantes. Et comme tous ces êtres se précisent infiniment dans un instant d’éternité et se tiennent dans un équilibre céleste entre les musiques et la géométrie(dirait-on) où il y avait encore (car les espaces sont immenses), un chaos à rythmer. Tout à vous cher grand ami. Votre Rilke” “Dear great friend, Thank you for the card you sent me yesterday; half an hour after reading it, I found myself in Boulevard Malesherbes in front of drawings* which we think we know but suprise you with their unexpected force each time you see them. Everything makes sense in your work. The rapid movement of the sculptured Earth that you create projects all the globes that revolve around you to the limits of the possible. The science of the Cosmos is as vast as the statues you construct from the Earth. I found in the nervous and vibrant firmament few constellations that are familiar to me: The Cambodian Pleiades who bring forth a sweet spring, and here and there unforgettable stars in fatal fire. And in some places a passionately melancholic fragment of the Milky Way appears that will tell the story of Psyche. But later, I saw other stars arising, yet to be discovered and loved, which do not yet appear in the planetary maps of scholars. And all these beings become infinitely defined in a moment of eternity, standing in a celestial balance between music and geometry (as they say) where chaos (because space is huge) had not yet found its rythme. Yours sincerely my dear friend, Rilke”. *Galerie Devambez, 43 Bd Malesherbes, exposition de cent cinquante esquisses, études de mouvement de femmes, avec en particulier cinq études de danseuseuses cambodgiennes, datant de 1906.
Weekly Transmission 45
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12 November 2015
PIERRE CHOUMOFF (1872–1936). Portrait de Rodin, Paris, vers 1917. Vintage silver print, 239x178 mm, photographer’s stamp, verso.
200 euros
Weekly Transmission 45
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12 November 2015
E.F. PHOTO. Version chaste en plâtre de l’Âge d’airain, c. 1910. Vintage silver print, 287x217 mm, captioned: “2084 A. RODIN.-L’âge d’airain. (E.F. Photo. Paris)”. Fifteen different plasters have been listed on the website MuMa Le Havre. 50 euros
Weekly Transmission 45
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12 November 2015
Balzac, 1910s. Vintage silver print, 240x225 mm, trimmed. Cette statue était une commande de 1893 de la Société des gens de lettres présidée par Émile Zola. Elle fut refusée par son commanditaire et néanmoins présentée au public en mai 1898. Les critiques furent virulentes car Rodin n’avait pas réalisé un portrait ressemblant, favorisant la vigueur de son modelé et la représentation de la force créatrice après de longues recherches. Pourtant, Nadar lui avait confié le seul portrait au daguerréotype de Balzac pris par Bisson en 1842. Dix ans plus tard, le jeune photographe Edward Steichen réalise dans le jardin de Meudon des photographies de la statue refusée qui deviennent presque instantanément des icones. 50 euros
Weekly Transmission 45
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12 November 2015
Bibi, ou portrait de l’homme au nez cassé, photographié vers 1910. Vintage silver print, 222x136 mm. “L’histoire est longue de cette œuvre de jeunesse, réalisée vers 1863, dont Rodin tenta d’exposer sans succès le masque au Salon de 1865. Le marbre, daté de l’hiver 1874-1875 fut en revanche bien accepté au Salon de 1875. Inspiré par un vieil homme de peine du quartier Saint-Marcel, connu sous le nom de « Bibi », le buste commença par être un portrait. Mais Rodin, en accentua certains traits, le nez cassé, les rides profondes, la barbe” (Musée Rodin, ressources). 80 euros
Weekly Transmission 45
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12 November 2015
Buste de Jean Paul Laurens, 1882. Vintage print, 255x217 mm, annotations verso.
80 euros
Weekly Transmission 45
6
12 November 2015
Le Baiser de marbre au MusĂŠe du Luxembourg, 1901. Exhibition vintage silver print, 275x220 mm, on mount.
200 euros
Weekly Transmission 45
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12 November 2015
Att. to CHOUMOFF. Portrait de Rodin Ă Meudon, vers 1905.
Vintage silver print, 175x126 mm.
200 euros
Weekly Transmission 45
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12 November 2015
Le Baiser de marbre au MusĂŠe du Luxembourg, 1900s. Vintage silver print, 240x180 mm.
50 euros
Weekly Transmission 45
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12 November 2015
Masque de Mme Rodin, Rose Bleuret, réalisé en pâte de verre en 1890, photographié comme un masque mortuaire en 1917. Vintage silver print, 226x126 mm. “Compagne d'Auguste Rodin, Rose Beuret (1844-1917) rencontra le sculpteur quand elle avait vingt ans et lui vingt-quatre, en 1864. Elle devint son modèle (elle posa notamment pour lui dans les années 1870 pour L'Alsacienne, Bellone et en 1890 pour Mme Rodin). Elle était également son assistante (Rodin la chargeait de maintenir humides ses terres quand il s’absentait). Aussi la mère de son fils unique, Auguste Beuret (1866-1934). Sur l’insistance de Loïe Füller, Rodin l’épousa trois semaines avant qu’elle ne décède, le 19 janvier 1917. Malgré ses nombreuses aventures et de violentes passions, le sculpteur lui resta profondément attaché et lui écrivit en 1913 : “Je t’envoie cette lettre comme une réflexion que je fais, de la grandeur du cadeau que Dieu m’a fait en te mettant près de moi. Mets ceci dans ton coeur généreux” (Musée Rodin, glossaire et ressources en ligne). 80 euros
Weekly Transmission 45
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12 November 2015
PIERRE CHOUMOFF (1872–1936). Profil de Rodin désormais seul, Paris, vers 1917. Vintage silver print, 239x176 mm, signed in ink.
400 euros
Weekly Transmission 45
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12 November 2015
PIERRE CHOUMOFF (1872–1936). Le penseur est transporté à l’hotel Biron, 1922. Vintage silver print, 240x180 mm, stamp verso. Location in the garden has changed. 100 euros
Weekly Transmission 45
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12 November 2015
La Vieille Heaulmière, 1950-1960. Vintage silver print, 258x212 mm, captioned in negative: “LM. 3232. Lux. Rodin La vieille heaulmière”, mounted on a similar mount as n°6. 200 euros
Weekly Transmission 45
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12 November 2015
FRANÇOIS VILLON. Les regrets de la belle heaulmière, vers 1455 " Advis m’est que j’oy regretter La belle qui fut heaulmière, Soy jeune fille souhaitter Et parler en ceste manière : « Ha ! vieillesse felonne et fière, Pourquoy m’as si tost abatue ? Qui me tient que je ne me fière, Et qu’à ce coup je ne me tue ?
« Or il est mort, passé trente ans, Et je remains vieille et chenue. Quand je pense, lasse ! au bon temps, Quelle fus, quelle devenue ; Quand me regarde toute nue, Et je me voy si très-changée, Pauvre, seiche, maigre, menue, Je suis presque toute enragée.
« Tollu m’as ma haulte franchise Que beauté m’avoit ordonné Sur clercz, marchans et gens d’Eglise : Car alors n’estoit homme né Qui tout le sien ne m’eust donné, Quoy qu’il en fust des repentailles, Mais que luy eusse abandonné Ce que reffusent truandailles.
« Qu’est devenu ce front poly, Ces cheveulx blonds, sourcilz voultyz, Grand entr’œil, le regard joly, Dont prenoye les plus subtilz ; Ce beau nez droit, grand ne petiz ; Ces petites joinctes oreilles, Menton fourchu, cler vis traictis, Et ces belles lèvres vermeilles ?
« A maint homme l’ay reffusé, Qui n’estoit à moy grand saigesse, Pour l’amour d’ung garson rusé, Auquel j’en feiz grande largesse. A qui que je feisse finesse, Par m’ame, je l’amoye bien ! Or ne me faisoit que rudesse, Et ne m’amoyt que pour le mien.
« Ces gentes espaules menues, Ces bras longs et ces mains tretisses ; Petitz tetins, hanches charnues, Eslevées, propres, faictisses A tenir amoureuses lysses ; Ces larges reins, ce sadinet, Assis sur grosses fermes cuysses, Dedans son joly jardinet ?
« Jà ne me sceut tant detrayner, Fouller au piedz, que ne l’aymasse, Et m’eust-il faict les rains trayner, S’il m’eust dit que je le baisasse Et que tous mes maux oubliasse ; Le glouton, de mal entaché, M’embrassoit... J’en suis bien plus grasse ! Que m’en reste-il ? Honte et peché.
« Le front ridé, les cheveulx gris, Les sourcilz cheuz, les yeulx estainctz, Qui faisoient regars et ris, Dont maintz marchans furent attaincts ; Nez courbé, de beaulté loingtains ; Oreilles pendans et moussues ; Le vis pally, mort et destaincts ; Menton foncé, lèvres peaussues :
« C’est d’humaine beauté l’yssues ! Les bras courts et les mains contraictes, Les espaulles toutes bossues ; Mammelles, quoy ! toutes retraictes ; Telles les hanches que les tettes. Du sadinet, fy ! Quant des cuysses, Cuysses ne sont plus, mais cuyssettes Grivelées comme saulcisses. « Ainsi le bon temps regretons Entre nous, pauvres vieilles sottes, Assises bas, à croppetons, Tout en ung tas comme pelottes, A petit feu de chenevottes, Tost allumées, tost estainctes ; Et jadis fusmes si mignottes !... Ainsi en prend à maintz et maintes. »"
Number Forty-Five of the Weekly Transmission has been uploaded on Thursday, 12th November at 15:15 (Paris time). Upcoming uploads and transmissions on Thursdays : Thursday 19th November, Thursday 26th November, 15:15 (Paris time). serge@plantureux.fr Phone (10 am-5 pm) : (+33) 6.50.85.60.74