WEEKLY TRANSMISSION N°46
JEUDI 17 NOVEMBRE 2016
NAISSANCE DE LA PRESSE ILLUSTRÉ:
LE MAGASIN PITTORESQUE
contents: Michel Braive et le bois photographique gravé Le Magasin Pittoresque 1839-1892 ou la lente conquête de la presse illustrée Marie Sans Chemise
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Planche pour gravure avec une impression photographique, le graveur sur bois a seulement retenu l’horloge, le fond a subsisté témoignant de l’emploi de la photographie directement developpée sur le bois comme guide au ciseau du graveur... Quelques traces de gouge ajoutent leurs effets à un surréalisme qui n’était pas au programme. (Michel Braive, L’Âge de la photographie, Bruxelles, 1965, pages 114-115). The e-bulletin presents articles as well as selections of books, albums, photographs and documents as they have been handed down to the actual owners by their creators and by amateurs from past generations. The physical descriptions, attributions, origins, and printing dates of the books and photographs have been carefully ascertained by collations and through close analysis of comparable works. When items are for sale, the prices are in Euros, and Paypal is accepted.
N°46 : MAGASIN PITTORESQUE
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Le Magasin Pittoresque (à l’origine du mot magazine) parut la première fois en janvier 1833 sous la forme d’un fascicule de huit pages, illustré de gravures sur bois, vendu deux sous. Il parut chaque semaine pendant dix-huit ans jusqu’à la loi fiscale du 16 juillet 1850 qui taxait trop lourdement les publications vendues 10 centimes. Pour survivre, le Magasin pittoresque devint mensuel, puis adopta une fréquence de deux numéros par mois. Le Magasin pittoresque était une publigation de vulgarisation encyclopédique et populaire présentant les découvertes modernes, tout en s’attachant à restituer le passé. Le substantif Magasin avait été choisi pour indiquer que le recueil contenait tous les sujets de nature à enrichir de distractions pures et instructives les loisirs du foyer domestique. On avait déjà trouvé à Paris de la Terreur à la Restauration un Magasin encyclopédique (de 1792 à 1816), puis à Londres à partir de 1832 un Penny Magazine qui inspira le créateur du Magasin Pittoresque. Édouard Charton en conçut l’idée en 1833, recruta les rédacteurs, presque tous d’anciens élèves des grandes écoles révolutionnaires.
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L’une des plus grandes difficultés auxquelles se heurta le directeur du nouveau Magasin fut de se procurer des gravures sur bois en nombre suffisant. Ancien saint-simonien, Charton tenait à éclairer et compléter les enseignements écrits par des images — “parler aux yeux pour arriver plus sûrement à l’esprit”. Or, la gravure sur bois était alors la seule technologie permettant la reproduction d’œuvres illustrées à bas prix, mais son usage en avait été presque complètement abandonné en France. Lorsque Charton demanda à une maison de Paris de s’engager à lui fournir quatre ou cinq gravures par semaine, on se récria, disant qu’on pourrait tout au plus livrer ce même nombre par mois. Cette technique de reproduction étant plus utilisée en Angleterre, Charton se rendit à Londres où il emprunta des clichés de bois. Et les graveurs français, stimulés par le succès du Magasin pittoresque et par les concurrences qu’il suscita, revinrent au genre qu’ils avaient délaissé. Charton travailla les premières années avec l'entreprise parisienne ABL, regroupant Andrew, Jean Best (1808-1879) et Leloir, trois graveurs sur bois, devenue ensuite Best H & R). Le succès du Magasin pittoresque fut aussi rapide que complet. Dès la deuxième année, il compta jusqu’à 100 000 acheteurs. Les collaborateurs de la première heure contribuèrent largement à la réussite de l’œuvre en travaillant souvent pour la gloire. Ainsi, il avait été convenu entre eux que, pour assurer son unité morale et laisser toute sa liberté à la direction, aucun des articles ne serait signé. Comment retrouver aujourd’hui ceux de George Sand ou de Camille Flammarion ? En retour, il en résulta que le directeur fut chargé d’un travail qui n’eut d’égal que son dévouement. Installé au 30 rue Jacob, Édouard Charton eut à contrôler tous les articles présentés, les retouchant au besoin, corrigeant les épreuves ; il avait, en un mot, la main sur toutes les parties de la publication. “Tous les jeudis, a dit Gaston Tissandier, un de ses collaborateurs depuis 1865, Édouard Charton donnait ses audiences, au premier étage des bureaux d’abonnements. Il se tenait assis devant une table ronde, recouverte d’un tapis vert. Le lieu avait un caractère de simplicité monacale. Tous les visiteurs y étaient facilement admis : ils s’asseyaient autour de la pièce et venaient tour à tour prendre place à côté de M. Charton. La conversation de chacun se trouvait ainsi entendue par tous. Mais il n’y avait rien à cacher au Magasin ; tout se passait à ciel ouvert et au grand jour. Le débutant trouvait là bon accueil, visage souriant, et sollicitude quasi paternelle… M. Édouard Charton s’est-il jamais douté du bien qu’il a fait à des jeunes gens, qui parfois rebutés partout ailleurs, trouvaient en lui un maître plein de bienveillance, un guide expérimenté ? Le Directeur du Magasin pittoresque a souvent corrigé lui-même les manuscrits écrits par des mains inhabiles ; il les renvoyait à leur auteur, en prenant la peine de dire quel était leur côté défectueux et ce qu’il y avait à faire pour en améliorer la forme. »
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Indépendamment de sa tutelle intellectuelle, Charton a également laissé dans le Magasin pittoresque la marque de sa haute et inflexible moralité. Aucun passage, aucun mot qui n’en soit empreint. Aussi a-t-il pu dire, lors de la publication du 51ème volume du Recueil : “Parmi les milliers de pages écrites sur tant de sujets divers par mes collaborateurs et par moi pendant ces cinquante années, il n’en est aucune que je n’aie lue avec sollicitude avant de la publier, aucune (ma conscience me l’assure) qu’ait à réprouver l’honnêteté la plus scrupuleuse.” Charton quitta la direction du Magasin pittoresque en 1888.
Bois gravé avec traces d’émulsion photographique, Paris, 1892. Rare exemple d’utilisation de la photographie dans la presse illustrée pendant la période de transition.
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Marie Sans Chemise, Amiens, 1898. Cette horloge que tous les Amiénois nomment Marie sans chemise, porte en fait officiellement le nom d'un ancien maire, Louis Dewailly, qui le 12 février 1892 légua 25 000 francs à la commune pour son édification. Quatre ans après son décès, le 2 avril 1892, l'horloge vit le jour. L'architecte Émile Ricquier fut désigné pour dessiner la structure et le sculpteur Albert Roze devait l'orner d'une de ses oeuvres. Les deux hommes se reprochèrent mutuellement les retards. L'horloge fut finalement mise en marche le 4 août 1896, mais sans la statue d'Albert Roze. Le système d'horlogerie — trois cadrans éclairés la nuit par des lampes à gaz — montra vite ses limites, l'éclairage au gaz créant de l’oxydation et la ferronnerie fut attaquée par la rouille. Le 17 novembre 1898, la statue d'Albert Roze, une jeune femme évoquant le printemps avec une branche de pommier en fleurs à la main, rejoint l'horloge et les Amiénois la baptisèrent "Marie sans chemise".
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Cependant, les pannes régulières de l'horloge provoquaient l'ire des habitants. Le 27 juin 1900 l'éclairage au gaz fut remplacé par un système électrique. En 1930 un certain M. Roger qui remettait la pendule à l'heure et remontait le système à poids prit sa retraite et le système d'horlogerie devint lui aussi électrique. Marie sans chemise ne souffrit pas des bombardements de la Seconde Guerre mondiale, mais à partir de 1949 elle subit les attaques d'un journaliste au Courrier Picard — André Sprécher avait pris en grippe l'œuvre d'Emile Ricquier «Qui libérera Marie-sans-Chemise de l’effroyable verroterie nègre qui la déshonore ?» Après une campagne acharnée, il obtint le démontage de l'horloge qui se retrouva dès lors abandonnée en plein air au dépôt de Beauvillé. L'horloge fut découpée par des pilleurs et vendue au prix de la ferraille. La statue trop lourde ne fut pas volée et fut finalement réinstallée en mars 1965 sur la place entre la rue Dusevel et la rue des Sergents, et en 1999 la ville vota la construction d'une réplique de l'horloge.
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Serge Plantureux - Photographies Cabinet d'expertises et d'investigations 80 rue Taitbout, rez-de-chaussée (Entrée du square d'Orléans) 75009 Paris + 33 140 16 80 80 www.plantureux.fr Number Forty-Forth, Second Year, of the Weekly Transmission has been uploaded on Thursday 3rd November 2016 at 15:15 (Paris time) Forthcoming uploads and transmissions on Thursdays : Thursday 10th November, Thursday 17th November, 15:15 (Paris time) The Cabin is open every Thursday 3-7 pm every other day on appointment