Ecole Nationale Supérieure d’Architecture PARIS VAL-DE-SEINE MASTER 2 _ 2014-2015
MEMOIRE 2015 L’AGRITOURISME COMME VALEUR ECONOMIQUE D’UN TERRITOIRE Vivre l’expérience de l’immersion agri'culturelle.
DIRECTEUR DE MEMOIRE FREDERIC LEFEVRE TUTRICE DE MEMOIRE MARIE-LUCE BASSIL-LIACOPOULOS
Séverine FOUCHER
Mémoire 2015 L’agritourisme comme valeur économique d’un territoire | Séverine FOUCHER
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Remerciements Je tenais à remercier, par leur professionnalisme et leur soutien constant, Madame Marie-Luce BASSIL-LIACOPOULOS, architecte, ainsi que Monsieur Frédéric LEFÈVRE, architecte et prospectiviste, sans qui ce mémoire n’aurait pas pu être réalisé de parleur encadrement universitaire, leurs conseils de méthodologie, leurs nombreux apports sur les thématiques relatives à ce travail et tout au long du projet de fin d’études. Je remercie également M. Charles BERG pour son enthousiasme et ses encouragements. Et enfin, et parce que je n’aurais certainement pas fait tout ce chemin sans eux, je souhaite dédier l’ensemble du cursus à mes proches.
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« Peut-on trouver une langue unificatrice quel que soit l'âge, le revenu et la culture, et qui aide les gens à trouver par eux-mêmes une nouvelle façon de vivre, à avoir un regard différent sur les espaces qui les entourent à réfléchir différemment aux ressources qu'ils utilisent, à interagir différemment ? […] Apparemment la réponse est oui, et la langue est la nourriture. »1(Aziz Abu Sarah, lors d’une conférence TEDx)
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Aziz Abu Sarah, Conférence : Pour plus de tolérance, nous avons besoin de plus de … tourisme ?, Mars 2014, https://www.ted.com/talks/pam_warhurst_how_we_can_eat_our_landscapes/transcript?language=en.
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Avant-propos
Au cours du Projet de Fin d’Etudes de 2015 (PFE) « NOUVELLES HABITUDES ALIMEN’TERRES » sur l’agriculture et en particulier la volonté de redécouvrir le patrimoine français agricole et territorial de manière générale, il m’a semblé nécessaire de me pencher sur ce sujet d’étude ainsi traiter d’une question essentielle dans ma démarche personnelle et d’architecte : Comment faire émerger, par l’architecture, le patrimoine agricole français ? A l’école, nous élaborons des études prospectives au sein du groupe « Société, prospective et architecture » afin de comprendre le devenir de la société, ses nouvelles libertés et contraintes, et tentons de transformer nos idéaux au travers de projets, apparemment fictifs dans un premier temps, puis réalistes, un processus que nous cultivons au cours de notre carrière. L’agritourisme2 (ou agrotourisme) reprend les notions de tourisme, de ruralité, d’agriculture ainsi que de terroir. Il vise à unifier un ensemble d’acteurs en faisant vivre le cœur des régions françaises. Le choix du sujet naît d’une volonté de percevoir la valorisation du territoire par le volet social via l’architecture. Ainsi il est question de connaître les quelques objectifs qui m’ont sensiblement poussée à étudier ce sujet. Lors de voyages en France, il est parfois difficile de comprendre et d’accepter le manque de liens entretenus entre les différents producteurs et artisans avec le reste de la population. Le fossé se creuse entre le rural et l’urbain. Outre les questions liées à l’habitat et à l’accès sur ses territoires reculés, la question porte sur le respect du métier, des hommes et de la terre. Elle vise à s’interroger sur le devenir de cette culture et de ses richesses dans l’oubli au profit des émergences immatérielles que l’on retrouve en ville. Le PFE a comme thème principal la notion de filière courte afin de pallier aux règles de la grande distribution et conserver le commerce de proximité de manière à répondre aux études prospectives. Il questionne le devenir du système de distribution des produits de la terre. Tout au long de l’élaboration du concept, il est nécessaire de choisir des modes de distribution des produits adaptés à des valeurs fortes et partagées 2
« L’agritourisme […] est une forme de tourisme dont l'objet est la découverte des savoir-faire agricoles d'un territoire, et par extension des paysages, des pratiques sociales et des spécialités culinaires découlant de l'agriculture. Il s'agit d'une des formes du tourisme rural2, qui lui caractérise l'ensemble des pratiques touristiques ayant le milieu rural comme finalité, non exclusivement dans sa dimension agricole. Cette activité permet de générer un développement économique plus ou moins marqué pour les territoires et les agriculteurs concernés. » http://fr.wikipedia.org/wiki/Agritourisme : consultée le 05/02/2015
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par un grand nombre afin de légitimer la démarche. Les prérogatives du grenelle de l’environnement sur la réutilisation des voies fluviales qui maillent de grands bassins français nous ont tout naturellement orienté vers les canaux et leur possible réaffectation en « rues commerciales » alternatives au cœur des territoires traversés. Aujourd’hui, ces canaux sont pour la plupart utilisés pour le tourisme fluvial et deviennent ainsi un vecteur de valorisation du terroir où ils se trouvent. Le sujet questionne la reconnexion des agriculteurs, éleveurs, artisans au sein d’une microrégion à l’aide d’un système de réseau dans les buts de se connaître entre eux, de se faire connaître, de travailler ensemble et dans le même sens. Il cherchera des réponses à travers l’architecture pour la mise en valeur les sites alentours (paysages, cultures, …), la sensibilisation du public aux richesses locales à travers la rencontre et l’expérience du territoire.
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SOMMAIRE
REMERCIEMENTS
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AVANT-PROPOS
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INTRODUCTION
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PARTIE I – UN RAPPEL DE L’AGRITOURISME
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17 I CONTEXTE ALIMENTAIRE ET LEVIERS POUR L’AGRITOURISME EN FRANCE A. LE GASPILLAGE ALIMENTAIRE : VERS UNE PRISE DE CONSCIENCE RESPONSABLE 17 B. LE TOURISME RURAL PROPOSE COMME SOLUTION « AUTHENTIQUE » 18 II VIVRE L’EXPERIENCE DE L’AGRITOURISME : UN EXEMPLE POUR LA DECROISSANCE ET UN RETOUR A 19 L’AUTHENTICITE A. ETAT DES LIEUX DE LA PRISE DE CONSCIENCE DES MOYENS DE PRODUIRE, DE DISTRIBUER ET DE CONSOMMER 19 20 B. L’AUTHENTICITE OU LA FIDELISATION DU « VISITEUR-CLIENT » 21 III ACTEURS DE L’AGRITOURISME : ENTRE SYNERGIES ET MOTIVATIONS INDIVIDUELLES CONCLUSION PARTIE I
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PARTIE II – ENTRE POTENTIALITES ET REALITES : UNTERRITOIRE POUR UNE PRATIQUE DIVERSIFIEE
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I SITUATION TERRITORIALE II LES 4 PHASES SUCCESSIVES DE LA DYNAMIQUE TOURISTIQUE A. LES TERRITOIRES AGRICOLES OU INDUSTRIELS, OU LA PHASE DE BALBUTIEMENT B. LES TERRITOIRES A L’ « AGRITOURISME EMERGENT », OU LA PHASE DE FOISONNEMENT C. LES TERRITOIRES AGRITOURISTIQUES, OU LA PHASE DE NORMALISATION D. LES TERRITOIRES TOURISTIQUES OU LA DISPARITION PAR INTEGRATION DANS LE TOURISME SPECIALISE III OBSERVATION DE TERRITOIRES EXISTANTS A. VALLON-PONT-D’ARC (FRANCE) : UNE PERTE DE VALEUR AGRITOURISTIQUE B. CHIANTI (ITALIE) OU LA PATRIMONIALISATION DU VIN C. PERIGORD (FRANCE) : DES PERSPECTIVES POUR L’AGRITOURISME
27 30 30 31 31 32 32 33 37 40
CONCLUSION PARTIE II
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I DROIT DE L’URBANISME ET AGRITOURISME APPLIQUE AU TERRITOIRE (ICI) CORSE II ACTIVITES PROPRES A L’AGRITOURISME : FONCTIONNEMENT ET ATTENTES A. LES GITES RURAUX B. CHAMBRES ET TABLES D’HOTES C. LES VACANCES A LA FERME III EXPERIENCES ET REALISATIONS AGRITOURISTIQUES A. VIAVINO : UN RENDEZ-VOUS ŒNOTOURISTIQUE B. HYPER-SITUATIONS, REPONSES A LA RECONVERSION AGRICOLE C. SYSTEMIC AGRO-TOURISM DE CARLOS BARTESAGHI KOC : 2020 OU LA PRISE DE CONSCIENCE ANTI-
47 50 50 51 51 52 52 57
GASPILLAGE
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CONCLUSION PARTIE III
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CONCLUSION
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BIBLIOGRAPHIE
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ARTICLES
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SITOGRAPHIE
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FIGURES
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INTRODUCTION
L’architecture se penche depuis plusieurs années sur le devenir de nos systèmes de production agroalimentaire et propose aujourd’hui de nombreuses solutions adaptées en ville aux cultures de produits de la terre, en exemple, les projets d’agriculture urbaine. Nous nous intéresserons ici aux nouveaux systèmes de diffusion des valeurs qualitatives et culturelles du terroir en préservant la culture de la terre et le patrimoine rural via le tourisme rural et en particulier l’agritourisme. L’essence du développement porte sur la volonté d’accompagnement des producteurs à travers l’agritourisme. «L’opportunité touristique doit servir en premier lieu les intérêts des acteurs locaux et soutenir le développement de la communauté d’accueil ».3 « Le tourisme rural représente une filière incontournable de l’offre touristique française, tant du point de vue économique que par l’image façonnée par cette filière. Il est un élément de l’image d’un territoire et de son attractivité.»4 L’agritourisme met en place un lieu d’échanges né d’une volonté de préserver un patrimoine culturel, environnemental et artisanal. « Les agriculteurs ont contribué pour une part importante à son développement. En effet, en dehors de l’activité de production au sens strict, la contribution de l’agriculture aux biens communs et à ses dimensions patrimoniales […] est un facteur important du dynamisme des territoires ruraux. L’agritourisme pour les agriculteurs représente un intérêt certain : pour mettre en valeur et préserver leur patrimoine bâti et naturel, pour diversifier leurs activités, pour obtenir un complément de revenus, pour accueillir et rencontrer des personnes d’horizons variés … »5 « Le tourisme est le moyen le plus durable pour démolir ces murs, pour créer un moyen durable de connecter les gens entre eux et de créer des amitiés. »6 Comment utiliser l’architecture en favorisant l’agritourisme et le développement local d’un territoire et de son terroir ? Est-ce que l’architecture, et les prestations qu’elle offre, peuvent favoriser l’action et la préservation d’atours qui nous sont chers ?
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Texte « Le tourisme communautaire antillais » par Jean-Marie BRETON, Patrimoine, tourisme, environnement et développement durable, 2010 4 http://agriculture.gouv.fr/tourisme-rural : consulté le 05/02/2015. 5 ibid 6 Aziz Abu Sarah (activiste palestinien dont la conception de la paix est assez inhabituel, passant par le tourisme), TED 2014, Pour plus de tolérance, il nous faut plus de … tourisme ?, filmé en Mars 2014
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Dans un premier temps, la démarche a été de s’informer sur le tourisme, le tourisme rural et en particulier l’agritourisme, tourisme émergent et recherché. Des questions ont émergé et ont permis de développer, au travers de la présence de l’architecture et de ses intentions, des axes de réflexions et de faire naître un questionnement dans un deuxième temps. Il s’agissait ensuite de choisir des exemples de situations riches, actuels et non similaires mais répondant chacun à une partie de la question. La recherche a été exclusivement littéraire et il m’était important de répondre à une question de société et en voir les effets sur l’architecture. Ainsi l’agritourisme devient un levier contre le gaspillage alimentaire et représente une forme d’organisation de la société que nous décrirons plus loin. Ce mémoire se décompose en trois parties : La partie I est consacrée à la situation et aux enjeux de l’agritourisme. En quoi l’agritourisme peut-elle être utilisée comme pédagogie pour une prise de conscience du gaspillage des denrées agricoles ? La partie II développe la stratégie territoriale à travers l’étude de plusieurs territoires dits « agritouristiques ». Basée sur une notion de réseau entre individus. En quoi l’urbaniste organise-t-il le territoire pour favoriser les échanges ? Quelles sont les limites de son intervention ? Dans la partie III, il sera question du rôle de l’architecte. A travers des projets architecturaux trouvant leur essence dans l’immersion culturelle et sociale, des attentes seront examinées, il s’agira d’en déduire une programmation adaptée afin de contenter au mieux l’ensemble des acteurs.
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PARTIE I – UN RAPPEL DE L’AGRITOURISME L’exemple du Tourisme Vert en Allemagne7 : « Vivre d’expériences. » Né fin XIXème - début XXème, Le Tourisme Vert en Allemagne est un ancêtre du tourisme rural et sert ici de base à l’axe recherché du mémoire. Il illustre les notions d’expérience, de ruralité et de valorisation du territoire. « La notion de « Tourisme Vert » a sa place attitrée dans le discours des fonctionnaires et chargés de missions ministériels, prestataires de services touristiques, journalistes, mais elle reste assez floue. Trois aspects se dégagent à la réflexion : tout d’abord, l’idée d’un environnement verdoyant – pas forcément spectaculaire, mais attrayant – quelque chose entre campagne et jardin à l’anglaise, par exemple le bocage normand ; ensuite l’idée d’un tourisme artisanal qui valorise les ressources naturelles, les patrimoines et la culture à échelle locale en évitant soigneusement de les compromettre ; enfin un bien fait sanitaire.» Le Tourisme Vert fait son apparition dans les années 80. Son nom ancien était « station climatique de villégiature » et avait pour équivalent
allemand
« Luftkurort »
(littéralement
station
de
cure
d’air)
puis
« Sommerfrische8 ». « La dimension utopique de la « Sommerfrische », (vient du) rêve illusoire d’échapper aux relations d’argent. Les séjours en pension ou chez l’habitant étaient souvent reconduits d’une année sur l’autre si bien que les clients avaient le sentiment d’être en visite chez des parents, plutôt que d’acheter un service. […] Sans la médiation de l’argent et les relations instrumentales, la société semble pouvoir redevenir une communauté. »9
I Contexte alimentaire et leviers pour l’agritourisme en France
A. Le Gaspillage alimentaire : vers une prise de conscience responsable Avec aujourd’hui 17 millions de tonnes de nourriture gaspillées par an en France soit 260kg/pers, nous nous retrouvons face à un problème généralisé qui nécessite une 7
Villégiatures à l’allemande sous la direction de Marc CLUET. Sommerfrische, dès le XIXe siècle, d’après Marc CLUET, désignait un lieu où l’on venait soigner « sa neurasthénie » par le rapport à la nature et ses vertus curatrices. 9 Villégiatures à l’allemande sous la direction de Marc CLUET. 8
17
étude et une remise en question de son système de production, de distribution, de consommation et de recyclage. Suite au projet de fin d’études, nombre de constats sont mis en lumière. En effet, sortie de terre et acheminée vers les Industries Agroalimentaires (IAA), c’est 13 % de sa production que le producteur jette à la poubelle principalement dû à des règles esthétiques. En cause, le consommateur qui n’achètera pas le produit en supermarché. L’industrie agroalimentaire n’est pas en reste, elle jette les produits abimés par le transport et fabrique une grande part de déchets après avoir transformé le produit. La grande distribution jette les invendus ou des DLC retirées du magasin. C’est au total seulement 44% de la production de fruits et légumes que le consommateur trouvera dans son assiette. De là il en jettera 50% à la poubelle à son tour. Soit seulement 22% de la production totale sera réellement consommée. De nombreux groupes s’organisent pour trouver des solutions afin d’enrayer le gaspillage. Demain, l’agritourisme devra être utilisé comme un levier pour répondre aux problèmes actuels, l’agriculteur responsabilise le touriste quant à ses habitudes de consommateur en lui partageant les valeurs culturelles de son terroir et de son savoirfaire.
B. Le tourisme rural proposé comme solution « authentique » Cette forme de tourisme possède de nombreux enjeux. Lors du projet de fin d’études, il paraissait évident que favoriser le tourisme rural, et plus particulièrement agricole, répondrait à des enjeux fondamentaux lancés par le Parlement Européen comme par exemple en 2014 avec L’année européenne de la lutte contre le gaspillage alimentaire10 né d’un objectif formulé en 2011 qui visait à « diviser par 2 le gaspillage alimentaire d’ici 2025 et améliorer l’accès aux aliments pour les personnes démunies.»11 Le Grenelle de l’Environnement encourage l’alternative à la route, offrant une nouvelle perspective à la distribution et à la consommation des denrées au cœur des territoires. Demain il sera peut-être nécessaire de convertir des voies fluviales comme «rues commerciales» et ainsi nourrir le cœur d’une région traversée en diminuant l’empreinte carbone. 10
http://alimentation.gouv.fr/reduire-de-moitie-le-gaspillage : consulté le 22/02/2015 http://www.europarl.europa.eu/news/fr/news-room/content/20111121IPR31961/html/L%27urgence-der%C3%A9duire-le-gaspillage-alimentaire-dans-l%27UE : consulté le 07/02/2015 11
Mémoire 2015 L’agritourisme comme valeur économique d’un territoire | Séverine FOUCHER
II Vivre l’expérience de l’agritourisme : un exemple pour la décroissance et un retour à l’authenticité
A. Etat des lieux de la prise de conscience des moyens de produire, de distribuer et de consommer
Harmonie de la nature, gestion savante et conscience des écosystèmes D’après
« jardin
planétaire »12
plusieurs
volontés
sont
défendues.
Ce
« laboratoire » d’idées nous enseigne que « le destin de la planète se trouve entre les mains des peuples », qu’à l’image des sociétés paysannes, « le prélèvement de la terre doit être diminué » et que l’on ait à « retourner au fondamental.» Il est impossible de concilier performances économiques et contraintes écologiques. Il est nécessaire de respecter l’autonomie des communautés humaines, prendre exemple de la relation qu’entretien un jardinier avec son jardin. En somme que l’espèce humaine gère la planète comme le ferait un jardinier. « Jardin planétaire » plaide pour les avancées de la science et de la technologie, les expériences sociales au service de la nature.
Agrimonde 1 : Hypothèse réalisable ? Lors de la conférence Prospective et Recherche : une relation tumultueuse, l’exemple
d’Agrimonde
Sandrine
Paillard
(Coordinatrice
scientifique
pour
la
programmation à l’Agence nationale de la recherche) propose, au terme d’une étude sur le contexte alimentaire et les problèmes possibles rencontrés dans le futur, une hypothèse nommée Agrimonde 113 pour éradiquer la sous-alimentation et favoriser l’agriculture durable en réponse à un besoin croissant, en cause, l’augmentation de la population de 50 % d’ici à 2050. Cette démarche prend en considération, dans sa mise en place, le« respect environnemental » ainsi qu’un monde dit « durable » fixé comme philosophie de scénario de l’hypothèse. « La prospective n’est pas une prévision, mais souligne certains problèmes. » 12
http://www.2100.org/fr/ : consulté le 15/01/2015 PAILLARD, Sandrine, Conférence « Prospective et recherche : une relation tumultueuse, l’exemple d’Agrimonde. » 20 mai 2012, ISEP Paris. http://2100.org/tv/1896/agrimonde/ : consulté le 15/07/2015 13
19
Sandrine Paillard insiste sur le fait que les éléments issus de l’hypothèse ne sont pas prescriptifs mais seulement normatifs. Ainsi elle reconsidère, par rapport aux réels besoins d’un individu, un équilibre mondial de consommation alimentaire de 3000 kcal – contre 4000kcal pour les pays développés et 2500 kcal pour l’Afrique subsaharienne par exemple – afin de préserver une équité et un développement durable. Il sera nécessaire d’après l’hypothèse de réduire également la part de calories animales dans notre alimentation car « plus on a de calorie animales dans notre régime plus la pression sur les ressources naturelles sont importantes car il faut entre 4 et 10 calories végétales pour faire 1 calorie animale ». Ainsi Agrimonde 1 conclue que la planète peut nourrir correctement 9 milliards de personnes. Il n’y a en effet pas de manque de production mais un accès à l’alimentation difficile pour certaines populations. Il sera nécessaire dans le futur de changer le régime et le comportement alimentaire et réduire la part de produit animaux.
B. L’authenticité ou la fidélisation du « visiteur-client »
Entre synergie et respect de l’environnement Ainsi se nourrir de calories végétales (ou végétaux) puisées dans nos terres et consommer intelligemment nous permettra peut-être d’enrayer la sous-alimentation et soutenir l’agriculture durable. En conséquence, l’agritourisme entre en jeu et, par la proximité entre agriculteurs et visiteurs-clients et la pédagogie inhérente à cette rencontre et ce savoir-faire, nous prenons peu à peu conscience d’une terre fragile à préserver. Comme attendu dans des concours tel qu’Europan (12), il est nécessaire de pratiquer l’Ecorythmes à savoir « fonder le développement urbain sur une meilleure synergie entre les milieux naturels et urbains afin de rompre avec la logique d’opposition qui a conduit à un éloignement du citadin des réalités naturelles et à une dégradation progressive de celle-ci. L’éloignement est à la fois spatial et temporel [et protéger] le paysage, milieu vivant où règnent les cycles (migration, transhumance, …) »14 est essentiel.
14
http://www.europan-europe.eu/media/default/0001/01/e12_topic_pdf.pdf
Mémoire 2015 L’agritourisme comme valeur économique d’un territoire | Séverine FOUCHER
Vers la valorisation
« Le développement du tourisme se base tout d’abord sur les ressources, naturelles et anthropiques (transformation d'espaces, de paysages, d'écosystèmes ou de milieux semi-naturels sous l'action de l'homme), qui caractérisent la destination et qui en représentent les facteurs d’attraction principaux. […] Gérer la mise en valeur touristique d’un territoire implique par conséquent une réflexion sur quatre aspects : ce que signifie le terme « mettre en valeur », quelles ressources peut-on mettre en valeur, pour quels destinataires, avec quelle énergie et quels instruments. […] la chose importante pour affirmer que le tourisme rural a ses valeurs d’authenticité […] (est) qu’une partie des produits offerts à la campagne puisse être liée aux produits du territoire. […] Il faut protéger la diversification de l’offre touristique mais en faisant attention aux produits du territoire authentiques. »15
III Acteurs de l’agritourisme : entre synergies et motivations individuelles16 21
Figure 1 : Organigramme acteurs de l’agriculture. Séverine FOUCHER Juillet 2015
15
Texte « Itinéraires touristiques » par Stefano Masini, Université d’été cours intensifs sur le paysage II EDITION Le Tourisme Eco-soutenable, 2006 16 Partie « Formes et résultats des politiques d’aménagement touristique » par Vincent VLES, Politiques publiques d’aménagement touristique, 2006.
APCA (Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture) : Echelon national du réseau des chambres d'agriculture. Au même titre que les chambres d’agriculture, elle représente l'ensemble des différents agents économiques de l'agriculture : exploitants agricoles, mais aussi propriétaires, salariés, et organisations agricoles telles que les mutualités, coopératives, crédits et syndicats à vocation générale et accompagne les exploitants agricoles dans leur développement. Ministère de l’agriculture : Ministère s’occupant de thèmes variés tels que la sécurité et la qualité de l'alimentation ; la promotion et les échanges au sein de l'Union européenne et à l'international ; la formation agricole et l'emploi en milieu rural ; le développement et l'aménagement des territoires ruraux ; la qualité et la disponibilité de l'eau ; la préservation de l'environnement et la gestion des espaces naturels ; la protection sociale agricole et la législation du travail agricole. « Les Chambres d’agriculture ont développé un accompagnement important pour le soutien à ce secteur par le conseil technique, la mise en place de formations spécifiques, la professionnalisation et la mise en réseau des acteurs avec la création de marques fédératives.»17 Fédération Nationale des syndicats d’exploitants agricoles : Syndicat majoritaire dans la profession agricole en France. Centre national des Jeunes Agriculteurs : « Il défend les intérêts des jeunes agriculteurs, et ceux des jeunes en phases d’installation, propose des idées novatrices pour l’avenir. Ils souhaitent que leur travail leur permette de rester l’aiguillon de la profession : le pacte de l’installation, l’organisation économique des producteurs, des prix rémunérateurs pour tous les paysans… Il forme des futurs responsables syndicaux, d’entreprises coopératives et de projets : écoles de responsables, formation des conseils d’administration, groupes et sessions de travail… Il communique sur le métier d’agriculteur dont il s’agit de valoriser le rôle dans la société, la qualité de vie, et l’épanouissement personnel que cela implique : Salon international de l'agriculture, SIMA, outils de promotion (spots TV, CD ROM). Et il anime le milieu rural à travers l’organisation d’événements conviviaux et l’implication des adhérents dans les diverses
17
http://agriculture.gouv.fr/tourisme-rural : consulté le 05/02/2015
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instances locales de développement : événement Terre Attitude, concours de labour, opérations sourire, fêtes de l’agriculture… »18 Consom’acteur :« vote avec son caddie » en choisissant à qui il donne son argent, en choisissant de consommer de façon citoyenne et non plus seulement de manière consumériste. Exploitants agricoles / éleveurs / cultivateurs : Il peut s'agir du propriétaire ou du locataire de l'exploitation, ou encore d'un gérant engagé, y compris les personnes qui sont responsables de prendre des décisions de gestion touchant certains aspects de l'exploitation — les semis, la récolte, l'élevage, la commercialisation et les ventes, et l'achat de biens immobilisés et d'autres questions financières. Coopératives
(basée
sur
une
communication
horizontale) :
assurer
en
commun l'utilisation d'outils de production, de conditionnement, de stockage, la commercialisation ou la transformation des produits de leurs exploitations ainsi que leur approvisionnement en engrais et autres intrants. Gites de France / Bienvenue à la ferme / Accueil paysan : Réseaux principaux des pôles agritouristiques en France. «Un […] point important à aborder concerne la compétitivité touristique, la création d’un réseau, du système. Il est important de créer un réseau, d’agir en réseau. »19 Clientèle de l’agritourisme en quatre groupes principaux20 : Les cadres intellectuels (en recherche de rupture et de dépaysement avec une relation humaine forte), les butineurs aisés et cultivés, les familles modestes (mais l’offre trop onéreuse ne convient plus) ainsi que les groupes formés sur le mode affinitaire et évènementiel (clientèle fidélisée et moins volatile).
18
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeunes_agriculteurs : consulté le 07/02/2015. Texte « Le territoire comme contribution économique dans la société locale » par Magda Antonioli Corigliano, Université d’été cours intensifs sur le paysage II EDITION Le Tourisme Eco-soutenable, 2006 20 Partie « Formes et résultats des politiques d’aménagement touristique » par Vincent VLES, Politiques publiques d’aménagement touristique, 2006. 19
23
CONCLUSION PARTIE I Le tourisme rural s’inscrit dans « la valorisation d’aménités (structure uniques, naturelles ou construites par l’homme en zone rurale) reconnues et/ou attribuées au milieu rural. […] Les aménités sont des « lieux de traditions dont certains individus ou la société dans son ensemble, peuvent tirer une certaine utilité ». A la recherche de voies de diversification, le monde agricole encourage le développement de l’agritourisme, les politiques institutionnelles visent à « renforcer l’offre touristique et surtout la qualité, en vue de répondre à la demande de la clientèle, toujours plus exigeante. »21 La pratique de l’agritourisme, reflète de manière générale un problème financier dans une exploitation. Aussi le « manque de foncier », la « valorisation en circuit court en cas de crise de la vente de gros » ou encore « l’augmentation du revenu en cas de main d’œuvre nouvelle », représentent les motifs principaux qui poussent les exploitants à se diversifier. Cette pratique gratifie la richesse des initiatives et des territoires, vante un accueil prenant appui sur des exploitations modernes et nécessite la mise en place de fortes politiques d’accompagnement dans un mode de développement global d’une société locale. Les nouveaux acteurs de l’agritourisme rencontrent de nombreux problèmes, ainsi « la standardisation » s’éloignant d’une certaine « authenticité » recherchée mais également la réduction des diversités des acteurs, des territoires d’accueil et des réseaux sociaux. L’agriculteur peut se retrouver, suite aux impératifs exigés de certains réseaux, à la merci d’une folklorisation progressive de son corps de métier. Il émerge ainsi une surabondance de la pratique du statut d’écomusée où l’exploitation disparaît au profit d’une image péjorative dite « commerciale » véhiculée.
21
Partie « La richesse des pratiques de tourisme à la ferme » par Emmanuelle MARCELPOIL et Jacques PERRET, p. 43-52, Aménités rurales. Une nouvelle lecture des enjeux territoriaux, 2002.
Mémoire 2015 L’agritourisme comme valeur économique d’un territoire | Séverine FOUCHER
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PARTIE II – ENTRE POTENTIALITES ET REALITES : UNTERRITOIRE POUR UNE PRATIQUE DIVERSIFIEE L’agritourisme est l’une des clés essentielles pour « rééduquer » la population « aux précieuses richesses » de la terre. Il est vecteur de la connaissance gastronomique sur le territoire dans un jeu de va-et-vient entre villes et campagnes. Maillant le territoire, l’offre se développe sur une toile et relie l’ensemble des acteurs. Comment l’urbaniste prend-t-il en compte le volet « tourisme » dans son étude ? Les habitudes changent. Certains touristes, comme on a pu le remarquer précédemment aspirent à vivre « l’expérience » et se rapprochent davantage des locaux afin de s’immerger dans un contexte « singulier ». L’ « écolodge » (logement destiné au tourisme éco-responsable) ne répond plus entièrement aux besoins, une alternative davantage immersive est recherchée. Liées à l’agritourisme, aujourd’hui de nombreux procédés émergent dans le cadre du tourisme alternatif considérant l’authenticité et l’échange comme valeurs fondatrices. « La tendance dominante de l’agritourisme n’est plus une reconversion vers le tourisme [et] la production agricole de qualité est redevenue une motivation et une possibilité de rentabilité. »22
I Situation territoriale
Le territoire, du réseau social aux logiques territoriales de labellisation
« Les territoires sont […] au cœur de l’analyse. Leur dynamique est l’œuvre d’acteurs locaux et/ou extérieurs à ces territoires, organisés, dans des situations et avec des intérêts communs ou opposés. [Il existe des] territoires à l’agritourisme émergent »23 qui cherchent à valoriser l’agriculture et la production fermière encadrées par des réseaux ou par des structures d’animation, ainsi que des territoires agritouristiques, plus ancrés. Dans ce second cas, « La pression touristique y est 22
Partie « La richesse des pratiques de tourisme à la ferme » par Emmanuelle MARCELPOIL et Jacques PERRET, p. 43-52, Aménités rurales. Une nouvelle lecture des enjeux territoriaux, 2002. 23 ibid
27
forte […] et maîtrisée par les acteurs locaux. » En plus des objectifs essentiels, ils proposent une prestation d’hébergement, qui parfois, de par son éloignement de l’exploitation ne satisfait plus de liens avec le volet « terroir » et la « valorisation agricole ». « L’offre joue de la qualité pour une clientèle aisée qui cherche des valeurs patrimoniales
dans
ces
territoires
à
identité
forte [poussant
ainsi
à
une]
standardisation. »24 En dehors des réseaux, il subsiste une volonté de développer une offre individualisée et originale afin de ne pas tomber dans un « tourisme de masse ». A partir de cet état, nous pouvons davantage nous questionner quant à la manière dont l’architecture en réseau peut devenir un outil essentiel et redynamiser un territoire, et étudier la place de l’urbaniste dans ce contexte.
Identification d’un territoire : motivations économiques et stratégie
« Dans les exploitations de grande taille, les activités de diversification sont souvent des revenus d’appoint à l’activité agricole : 63 % des exploitations diversifiées déclarent en retirer moins de 10 % de leur chiffre d’affaires […]. Pour les exploitations de petite taille, en revanche, l’activité de diversification supplante, dans une majorité des cas, la production agricole comme première source de revenu de l’exploitation. Ainsi, une petite exploitation diversifiée sur deux génère plus de la moitié de son chiffre d’affaires par les revenus tirés de son activité de diversification.»25 « Ce qui permet d’identifier une destination comme produit touristique, c’est l’ensemble de tous les éléments d’identité du produit qui caractérisent le territoire. Et la communauté locale, avec toutes ses valeurs, son contexte de vie, fait partie de ce territoire … le touriste […] doit pouvoir découvrir un territoire et ne pas uniquement faire un séjour quelque part. […] [Ainsi] le tourisme est ce grand moteur qui est en mesure d’entraîner l’économie. »26
24Partie
« La richesse des pratiques de tourisme à la ferme » par Emmanuelle MARCELPOIL et Jacques PERRET, p. 43-52, Aménités rurales. Une nouvelle lecture des enjeux territoriaux, 2002. 25 Article, Diversifications des activités « 12% des exploitations développent une activité para-agricole », AGRESTE PRIMEUR n°302, juin 2013. 26 Texte « Le territoire comme contribution économique dans la société locale » par Magda Antonioli Corigliano, Université d’été cours intensifs sur le paysage II EDITION Le Tourisme Eco-soutenable, 2006.
Mémoire 2015 L’agritourisme comme valeur économique d’un territoire | Séverine FOUCHER
PA R T D E S M O T I VAT I O N S D A N S L E S P R O J E T S D'AGRITOURISME
Motivation Financière 70 60 50 40 30 20 10 Réhabilitation du patrimoine
0
Désir d'ouvertures sur l'extérieur
Valorisation du bâtiment
Figure 2 : VLES, Vincent, Politiques publiques d’aménagement touristique, 2006, p.288.
« L’objectif premier est de réfléchir aux conditions nécessaires pour que les gains financiers réalisés avec le tourisme puissent se diffuser plus largement dans les territoires d’accueil, que les communautés reçoivent une plus grande part des bénéfices, et que le tourisme aide à une meilleure cohésion territoriale […] Il s’agit donc de soutenir un développement solidaire, qui renforce les liens entre les membres de la communauté et revalorise cette dernière.»27
Entre capacités et durabilité environnementale « En général, (le revenu) reste accessoire et marginal par rapport au revenu agricole sauf si l’exploitation agricole est nouvelle, de très petite taille, ou si l’activité fermière a été créée spécifiquement pour servir de support à l’activité touristique. Dans l’agritourisme classique, l’agriculture est principale et le tourisme secondaire. […] Le 27
Texte « Le tourisme communautaire antillais » par Olivier DEHORNE et Christelle MURAT, Patrimoine, tourisme, environnement et développement durable, 2010.
29
cœur de cible de l’agritourisme tient à l’accueil et au contrat tacite entre les partenaires, le respect de l’hôte et l’ouverture au pays. Sur le plan statistique28, 19% des français passent leurs vacances principales à la campagne, 34% leurs vacances secondaires. »29 « Le tourisme dans les zones rurales conjugué aux itinéraires paysagers, œnologiques et gastronomiques représente (aussi) une opportunité pour les exploitations car il permet de rencontrer les consommateurs, de construire un lien de plus en plus fort entre ville et campagne, de réduire les coûts liés à l’image de l’entreprise et de ses propres produits, parce que l’on peut promouvoir à l’étranger et privilégier la diffusion des produits sur le territoire, faisant vivre au visiteur-client le contexte de qualité dans lequel naissent ses produits. »30Une plus-value est ainsi indéniable sur les produits consommés via l’agritourisme et rayonnera à plus grande échelle au retour de « l’expérience ».
II Les 4 phases successives de la dynamique touristique31
Afin de comprendre, en partie, les acteurs et le fonctionnement du territoire et de contextualiser l’urbaniste, il convient d’en décrire les phases opérationnelles qui voient naître cette forme de tourisme rural. L’agritourisme diverge suivant la nature de l’activité et les aspirations de l’exploitant. Ainsi chaque territoire rural vivra, au cours du temps, des évolutions qui pourront engendrer des allers-retours vers une offre plus ou moins agritouristique.
A. Les territoires agricoles ou industriels, ou la phase de balbutiement « L’agritourisme est en situation marginale ou pas d’actualité, dans des régions peu touristiques, qui sont présentées comme peu dynamiques. Il n’apparaît pas comme une solution. En cas de difficulté individuelle, l’agriculteur cherche une adaptation dans l’agriculture, notamment en augmentant ses moyens de production ; en conséquence, 28
Enquête SOFRES, Les dépenses touristiques des français lors de leur séjour à la campagne, Direction du tourisme, 1995. 29 Partie « Formes et résultats des politiques d’aménagement touristique » par Vincent VLES, Politiques publiques d’aménagement touristique, 2006. 30 Texte « Itinéraires touristiques » par Stefano Masini, Université d’été cours intensifs sur le paysage II EDITION Le Tourisme Eco-soutenable, 2006 31 L’Agritourisme en 2001, IRSTEA, 2001.
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les installations, hors normes ou non, sont difficiles. […] Les agriculteurs voient peu l’intérêt du tourisme. Il existe très peu ou pas d’accueil, quelques produits fermiers. […] L’agriculteur veut se montrer tel qu’il est ; son produit est par définition hors-normes ; il ne cherche pas à faire un produit conforme aux canons de la demande actuelle. La clientèle est diversifiée, souvent locale. Les agriculteurs appartiennent à des réseaux, pour créer une solidarité.»
B. Les territoires à l’ « agritourisme émergent », ou la phase de foisonnement
La pression touristique est forte et maîtrisée par les acteurs locaux. L’agriculture tend vers une démarche de valorisation ainsi que vers une spécialisation touristique redoutant une déconnexion avec le corps de métier. « Ici, l’idée fixe (agriculture, ou industrie) est plus ou moins en crise ou en déclin ; elle est bousculée par la pression touristique voisine. Un peu d’agritourisme s’installe, sous formes d’accueil, d’activités et de produits fermiers, dans un "joyeux bazar ambiant". […] La progression de l’agritourisme se caractérise par des initiatives qui cherchent à valoriser l’agriculture (visites) et la production fermière (transformation et vente directe). »
C. Les territoires agritouristiques, ou la phase de normalisation
On entre dans une phase où l’activité de l’exploitation disparaît peu à peu de l’offre touristique avec l’apparition de l’hébergement. « L’offre comprend à la fois des hébergements anciens et des produits de valorisation agricole. […]L’hébergement seul n’apparaît plus comme une formule agritouristique ; il devient un hébergement touristique « normal ». »La nouvelle génération tend à mettre en valeur son outil de production et partage davantage au visiteur-client son savoir-faire ou organise des visites d’exploitations. « Les hébergeurs ont leur clientèle ; ils remplissent sans problème et n’ont généralement pas besoin de faire du marketing. Les agriculteurs qui pratiquent la valorisation fermière sont attentifs à l’intérêt que peuvent leur apporter les réseaux ; ils sont exigeants et adhérent si ces organisations correspondent à ce qu’ils attendent. […] Ce sont des territoires à forte identité, à tradition touristique […] l’image
31
de l’agriculture est ici suffisamment forte pour éviter la conversion dans le tourisme, et susciter des installations. » D. Les territoires touristiques ou la disparition par intégration dans le tourisme spécialisé
Les territoires dits « touristiques » nient littéralement l’agriculture, ainsi perçue comme « une histoire ancienne ». « L’agritourisme a « fondu », « les liens avec l’agriculture
sont
lâches
ou
carrément
inexistants »,
«
l’agritourisme
n’est
manifestement pas une préoccupation des organisations professionnelles agricoles », sont autant de constatations allouées à la situation actuelle de l’agritourisme sur les territoires touristiques. Cependant il naît une opinion sous-entendant un souhait d’échapper au tourisme de masse du fait que « la situation touristique du territoire [puisse] être considérée comme un repoussoir ou un contre-exemple » comme l’exemple de Vallon-Pont-d’Arc.
III Observation de territoires existants
Les territoires marqués par l’agritourisme vivent différentes conjonctures et se démarquent entre eux. Le premier territoire étudié, Vallon-Pont-d’Arc, présente rapidement une situation d’un territoire agricole noyé par le tourisme. Le deuxième territoire étudié, le Chianti Classico en Italie, s’ancre dans une « démarche de sauvegarde des produits agroalimentaires traditionnels en tant que patrimoine »32 qui, faisant écho avec le message de la première partie du développement, encourage le respect de la terre par le changement de comportement alimentaire via l’agritourisme. Le troisième territoire étudié, le Périgord, apporte à « l’horizon 2020 » six perspectives pour l’avenir de l’agritourisme, nous en décrypterons les modifications potentielles appliquées sur le territoire.
32Mémoire
professionnel, La mise en tourisme viticole : l’exemple du Chianti, par Virginie ANGER, 2011.
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A. Vallon-Pont-d’Arc (France) : une perte de valeur agritouristique33
Lors d’un voyage en 2014 dans l’Ardèche, j’ai eu l’occasion de séjourner à VallonPont-d’Arc, connue pour son cadre naturel et ses gorges préservées. Son caractère sauvage en fait un lieu idéal pour se ressourcer. Les motifs du séjour étaient aussi diverses que la région proposaient d’activités. Ainsi la première moitié du séjour fut consacrée à la randonnée dans le maquis et à la descente des gorges pour vivre intensément « l’expérience du paysage ». Et la seconde moitié destinée davantage à rencontrer les producteurs locaux ; le vignoble du domaine du Colombier ou encore un artisan nougatier.
33
Figure 3 : Page internet du domaine du Colombier, 2015. Consultée le 10/07/2015 http://www.domaineducolombier.fr/
33
L’agritourisme en 2001, CEMAGREF.
De nombreuses exploitations agricoles coexistent sur le territoire comme en atteste la figure suivante combinant une vue aérienne de Vallon-Pont-d’Arc (centre-ville marqué par un point noir), et son environnement proche, trouvée sur géoportail. Malgré tout, nous allons découvrir, avec l’étude de 2001 de CEMAGREF (aujourd’hui IRSTEA, Institut national de Recherches en Sciences et Technologies pour l’Environnement et l’Agriculture) et du Ministère de l’Agriculture et de la pêche, le manque de liens entre l’agriculture et le tourisme.
Figure 4 : Page internet géoportail34, situation de Vallon-Pont-d’Arc, 2012. Consultée le 10/07/2015
Nous considérons ici une étude de 2001, à première vue obsolète, le paysage agritouristique semble avoir peu changé. Malgré tout, sur l’agenda35 des festivités de l’Ardèche, il n’est présenté qu’une seule activité agritouristique sur 14 proposées par la ville de Vallon-Pont-d’Arc pour le mois d’Août (2015), choisi comme mois propice au tourisme. Cette étude décrit la situation d’un site purement touristique et prend l’exemple de Vallon-Pont-d’Arc.
34
http://tab.geoportail.fr/ des festivités Août 2015, Ardèche Plein Sud, 2015.
35Agenda
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Un hébergement dissocié de l’agriculture A Vallon-Pont-d’Arc « on note une spécialisation des campings dans le tourisme (de 100 à 58 exploitations entre 1988 et 2001). »Aujourd’hui, on en dénombre encore une
soixantaine.
«A
contrario, l’agritourisme
n’est
manifestement
pas
une préoccupation des organisations professionnelles agricoles ni même des pouvoirs publics, sur cette zone de l’Ardèche méridionale et en particulier pour la zone de VallonPont-d’Arc : "ils n’ont pas besoin de nous, cela marche tout seul". » Ainsi, les gîtes (près d’une cinquantaine) et campings présents sur le territoire sont davantage en relation avec la pratique de sports en eaux vives caractéristiques des gorges de l’Ardèche. « L’offre s’adapte à la clientèle dominante sur le territoire. » VallonPont-d’Arc est considérée dans sa manière de faire du tourisme comme un « repoussoir » et un contre-exemple du fait du tourisme de masse. Sa population passe de 2500 habitants hors saison à 35 000 en été36 soit une multiplication par 14. Agriculteurs, prestataires de tourisme à part entière Les agriculteurs qui pratiquent l’agritourisme, le font davantage dans une logique patrimoniale, moins en rapport avec le produit issu de la culture de la terre. Ils se « fondent dans l’ensemble des prestataires touristiques.» Malgré tout, certains vignerons s’engagent fortement sur le territoire et diversifient leur offre agritouristique. Le Domaine du Colombier, vignoble, s’associe ponctuellement avec le Domaine des Dames, hébergeur et restaurateur, afin de proposer des visites d’exploitation et de la vente directe aux visiteurs de ce dernier, scindant l’activité agritouristique sur 2 entités indépendantes.
36
http://www.bienpublic.com/actualite/2015/07/26/vallon-pont-d-arc-population-multiplee-par-14(Consulté le 01/08/2015)
35
Figure 5 : Page internet Le Domaine des Dames. Consultée le 10/07/2015 http://www.ledomainedesdames.com/
Les effets sur le territoire « L’été, Vallon-Pont-d’Arc devient la plus grosse commune de l’Ardèche. Les infrastructures sont adaptées à ce pic de fréquentation » explique le Maire, Pierre Peschier, de Vallon-Pont-d’Arc37. La municipalité doit désengorger son territoire, et suggère une déviation viaire de la ville. Afin de soulager les riverains, le Maire a fait construire deux parkings en 2015 destinés aux touristes. C’est toute une ville à repenser avec une superficie de 28 km² dont seulement un quart est artificiel, contribuant à l’installation « sauvage » des estivants sur le reste du territoire dit « naturel ». La densification estivale remet en cause le maintien d’une province « exclusivement » touristique. « Le produit agritouristique est orienté dans une logique de plus en plus strictement commerciale, dans le cadre d’un tourisme de masse, où la spécificité agricole n’a pas grand intérêt. [A Vallon-Pont-d’Arc] la valorisation viticole peut être handicapée par les effets spéculatifs du tourisme. » Désengorger la ville et participer au dynamisme du département de l’Ardèche voire à l’échelle de la région, à la manière d’un réseau, serait un levier et permettrai de « profiter » davantage d’acteurs à vocation agritouristique.
37
http://www.bienpublic.com/actualite/2015/07/26/vallon-pont-d-arc-population-multiplee-par-14 (Consulté le 01/08/2015)
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B. Chianti (Italie) ou la patrimonialisation du vin38
Histoire d’une colonisation « A la fin du 19ème siècle, en raison de la notoriété du Chianti [situé entre les villes concurrentes historiques Florence et Sienne en Italie], beaucoup de producteurs et de commerçants utilisaient ce nom pour désigner les vins de la région de Florence ce qui eut un impact sur la renommée du vin Chianti. […] Vingt ans après la [Seconde Guerre Mondiale], le Chianti est […] entré dans une période de déclin. » S’en est suivit misère et pauvreté, les terres furent laissées à l’abandon. Dès les années 1960, suite à la baisse des prix des domaines, de nombreux « étrangers et producteurs locaux, issus de grandes familles terriennes ou non décidèrent de mettre en valeur le paysage et les bâtiments de l’espace viticole de Chianti. » En grande partie étrangers, ces investisseurs recherchaient cadre de vie et terres viticoles pour la production et la vente directe. Ils furent les importateurs de l’agritourisme, rénovèrent le patrimoine bâti et proposèrent des offres d’hébergement. « Les principes qui ont régi la reconstruction et la revalorisation patrimoniale et touristique des campagnes du Chianti ont donc été emprunts d’idéaux et d’imaginaires forgés par les visiteurs. » A partir du milieu des années 1980, le tourisme viticole a subit une forte croissance, il a donc été vital, suite à une crise viticole, de trouver des solutions. La vente directe est alors apparue comme complément de revenus. Une loi nationale sur les agriturismi de 1985 a incité les « agriculteurs à se diversifier et à valoriser leurs produits auprès des visiteurs. » Un terroir et un territoire de potentialités Investi dans la région du Chianti et son terroir39, le Consortium Chianti Classico, groupement de producteurs locaux, participe aux décisions consécutives au tourisme dans cette région. Il œuvre pour une patrimonialisation40 de son vin. 38
Mémoire professionnel, La mise en tourisme viticole : l’exemple du Chianti, par Virginie ANGER, 2011. Le terroir « constitue un ensemble géographique, économique et culturel bien délimité, qui attire les touristes et visiteurs. Il jouit d’une offre diversifiée dont les thèmes fédérateurs sont (en parlant de l’exemple du Chianti) le vin et son environnement physique et culturel. Enfin il dispose d’un organe de gestion associant acteurs publics et privés ainsi qu’un système de gouvernance publique. » Virginie ANGER 40 « La patrimonialisation, définie comme un processus de réinvestissement et de revalorisation d’espaces désaffectés, a pour enjeu la construction d’une ressource. Le patrimoine est pourvu d’une fonction identitaire 39
37
L’accès, la signalétique et la situation géographique entrent dans une stratégie de captation de flux touristiques. L’organisation territoriale constitue la clé d’un dynamisme local. Ainsi, proposer une balade diversifiée au visiteur, lui permettant d’apprécier « l’esthétique » du patrimoine bâti et des paysages ; les bourgs organisés comme des promontoires aux points de vues dégagés sur la campagne environnante ; ainsi que l’histoire qui se retrace sur les façades et les ruines empreintes du passé ; assouvit un désir d’excursion au cœur de l’authentique. L’unicité est reflétée largement dans la description, « les producteurs se sont appropriés la dimension historique de l’espace viticole du Chianti pour en faire un signe distinctif et un marqueur de qualité de vie. […] La Route (qui traverse ce terroir) permet de mettre en évidence les limites du terroir ainsi que ce qui participe de son unité. » La continuité territoriale est recherchée afin de diminuer l’effet de césure dans l’offre proposée. La discontinuité du réseau de transport affaiblit cette unité et devient un réel casse-tête pour le visiteur-client qui ne parvient pas aisément à rejoindre les villes avoisinantes. Vers un espace identitaire La patrimonialisation confère, à la région du Chianti, campagne idyllique, un caractère identitaire, revêtant un enjeu économique par la légitimation d’une qualité de vin supérieure et d’une histoire ancrée et reconnue. « Les producteurs étrangers et toscans, sont donc à l’origine de la démarche de patrimonialisation et de valorisation du patrimoine viticole qui a précédé le développement du tourisme dans le Chianti. Par leurs actions, [les aménités41 du terroir] ont pris une dimension identitaire et patrimoniale. »
dans la mesure où il est le créateur du lien social et de distribution, mais également d’une fonction valorisante car il peut permettre d’accroître les retombées économiques au niveau local. » Virginie ANGER 41 La notion d'aménité évoque les aspects agréables de l'environnement ou de l'entourage social, qui ne sont ni appropriables, ni quantifiables en termes de valeur monétaire.
Mémoire 2015 L’agritourisme comme valeur économique d’un territoire | Séverine FOUCHER
Entre le Consortium et les collectivités locales, les avis divergent
« Le Consortium favorise […] donc le maintien des attraits qui font du Chianti Classico une destination aux yeux des visiteurs. » Il tend à délaisser les autres activités économiques sur le territoire, sans rapport avec le vin, et cherche à protéger ce qu’il a « créé » en encourageant l’adhésion du Chianti Classico au patrimoine mondial de l’Unesco. Les collectivités locales, ont choisi d’accompagner la démarche entreprise par les membres du Consortium, « lesquels représentent une part importante de leur électorat ». Cependant, le Maire de Tavernelle, située dans la région du Chianti, souligne le fait que « les communes ne veulent pas être réduites à des territoires agricoles producteurs de Chianti Classique ». Il souhaite conserver la liberté et la diversité des entreprises qui désirent s’installer sur le territoire et ne pas s’enfermer dans un processus, pour lui, contraignant, de labellisation. Les élus locaux manquent de confiance dans l’œnotourisme conséquence des crises fréquentes de l’activité du vin. Les collectivités s’unissent pour une « promotion touristique […] à l’échelle de la province et à celle du terroir. » Cela nécessite des coopérations et une communication harmonisée entre Florence et Sienne, agissant comme des concurrentes.
Une stratégie territoriale à prendre en considération Le Chianti Classico bénéficie d’une identité forte qui doit être préservée. Aussi, aux vues des différends entre collectivités publiques et Consortium, et pour contenter l’ensemble des acteurs, il serait intéressant de consulter les riverains par le biais d’une démocratie participative. L’unicité, à l’échelle du terroir et de la province, fait visiblement défaut, ce qui pose la question de l’harmonisation, de la communication sur les actions territoriales et de la coopération de l’ensemble des groupements d’individus aux aspirations diverses. Il est nécessaire à travers la stratégie urbaine de favoriser cette province comme inspiratrice de valeurs communes pour permettre aux acteurs de l’agritourisme de s’y identifier et faciliter leur insertion dans le réseau, non plus pour créer une labellisation, mais bien pour collaborer conjointement à cette microrégion. Il s’agit, également, en matière d’accès de reconnecter les transports en commun entre
39
les différentes villes de la province et répondre aux attentes des usagers et visiteursclients. Avec la création d’un plan structurel, l’urbaniste est pris à parti, « l’ensemble du territoire communal est pris en compte selon une approche systémique » visant à considérer la « terre » où s’implantent les projets pour préserver le paysage et constituer un « ensemble géographique et économique cohérent […] le territoire quoi qu’il en soit, occupe toujours une place centrale dans l’analyse que l’on fait de l’espace géographique. »
C. Périgord (France) : des perspectives pour l’agritourisme42 Comme expliqué dans la partie «II 4 phases successives de la dynamique touristique», les territoires agricoles attestent d’une progression du tourisme inégale. Dans un but prospectif, la Chambre d’agriculture de Dordogne a mis en place, en 2008, des séances d’observation en vue de cerner les réelles problématiques que pose l’agritourisme aujourd’hui. Le résultat de ces travaux mis en lumière six scénarios, décrivant l’impact territorial de l’agritourisme ainsi que les leviers nécessaires, ou à envisager, pour améliorer la situation.
42
« Quel avenir pour la filière agritourisme et vente directe en Dordogne à l’horizon 2020 ? », Chambre d’agriculture de Dordogne, 2008.
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Situation L’agritourisme change de visage dans un contexte agricole porteur : - Les productions agricoles sont attractives et les rémunérations suffisantes - Mais de nouveaux agriculteurs, étrangers installés, peuvent apporter des idées et réseaux neufs
Avantages - Spécialisation soit de produits agricoles non transformés soit d’hébergements et/ou de restauration - Pour choix du circuit court - décloisonnement entre les professionnels (mixage des différents de corps de métier) - dynamisme du développement économique local
Le Périgord renforce son image avec l’écotourisme : - Eco-tourisme en phase avec les tendances du marché - Tendance de consommation : communication tournée vers la population de l’Europe du nord
- Atouts du département : à travers l’habitat écologique, les énergies renouvelables, la biomasse avec la valorisation des déchets, les parcs à thématique environnementales via les ressources : bois et eau du département - Décloisonnement des acteurs - Présence de réseaux - Harmonisation et communication du secteur publique sur les activités territoriales
Le Périgord, une rente de situation qui s’affaiblit : - Limite atteinte du potentiel de développement touristique - Le territoire perd ses touristes au détriment des départements littoraux avoisinants De nouvelles façons de vendre les produits et services : -Mise en place de plateforme pour moins de relation-client -espaces de vente sur des sites communs bien situés sur le plan commercial : galeries marchandes, sites touristiques porteurs, …
-démultiplication des méthodes de vente en collectif améliorant le rapport qualité/prix -relocalisation des achats du fait de l’augmentation du coût global des énergies
Contraintes - Disponibilité réduite du foncier
Emergences Urbaines - Boutiques collectives dans les zones de chalandises, suite au décloisonnement entre agriculteurs et artisans - Exploitations agricoles plus grandes et moins nombreuses
- Mise en valeur : patrimoine, paysage, produits, savoir-faire, potentialités environnementales
41
- Manque de collectif, laissant la place à des actions ponctuelles, individuelles et non coordonnées - Manque d’attractivité du paysage
- Désenclavement : recherche d’amélioration des accès - valorisation d’élément fort du département
-Le client ne vit plus « l’expérience »
-création de centrale d’achat : mutualisation (rationnaliser les coûts des emballages et du conditionnement, écoulement régulier de la production locale) -boutiques collectives en cœur de ville -tissu rural : démultiplication des boutiques collectives
locales L’agritourisme n’est pas à l’abri de ces crises économiques, climatiques et sanitaires : - crise -hausse des coûts d’énergies -augmentation du prix des produits de base
-renouveau des marchés locaux et de la vente directe
Des partenariats innovants dynamisent l’agritourisme : -renforcement des partenariats pour favoriser le séjour « clé en main »
-les nouveaux arrivants étrangers deviennent des prescripteurs -cohésion et mise en réseau des acteurs agricoles -foisonnement de l’offre (aménités, activités et temporalité) -activité agricole maintenue
-fréquentation touristique diminue, migrant vers des destinations moins chères - baisse du prix des prestations (activités low-cost)
-augmentation du prix du carburant entraîne une consommation plus locale -acteurs hébergement et restauration diminue - marchés locaux
-renouveau : lieux de vente, plateformes, … -multiplication des boutiques collectives -campagne préservée -mise en valeur : patrimoine bâti et non bâti, savoir-faire… -salons d’expositions intègrent les notions d’agritourisme et d’agroalimentaire pour des actions de promotion à grande échelle
Pour un territoire partagé Le décloisonnement des professions artisanales favorise la mise en réseau et la création d’espaces partagés à petite échelle et de manière systématique. Sans entrer dans la systémique, cet exercice met en valeur une conduite favorisant des centrales d’achats ou de marchés locaux mutualisant les arrivages ainsi que la présence de boutiques collectives locales, implantées de manière diffuse dans le cœur des villes, de productions locales. On retrouve une forte volonté de préserver les patrimoines bâti, paysager, environnemental et artisanal. Pour communiquer, on encourage les acteurs et les usagers à se retrouver sur les plateformes largement répandues ainsi que dans les salons pour promouvoir et partager autour de l’agritourisme.
Mémoire 2015 L’agritourisme comme valeur économique d’un territoire | Séverine FOUCHER
CONCLUSION PARTIE II
Dans la conférence Le territoire comme contribution économique dans la société locale, Magda Antonioli Corigliano affirme qu’il est important de « mettre au centre de la réflexion le territoire, avant ses propres entreprises, comme véhicule de valeur économique pour le développement global de la communauté locale. […] notre objectif est de centrer l’attention sur une articulation du problème de matrice touristique. »43
Le tourisme se développe grâce à l’intervention et à l’implication de personnes d’horizons et de cultures diverses « engagées dans la mise en valeur du patrimoine local »44. Ainsi, la visibilité d’un projet réside dans le patrimoine considéré comme élément principal participant à l’attractivité d’un terroir. Si l’agritourisme représente un levier pour la redynamisation d’un territoire ou d’une microrégion, dans quelle mesure, l’urbaniste, contribue-t-il à favoriser le réseau et le développement de l’activité agritouristique ? 43
Le développement de cette partie a mis en lumière trois thèmes par lesquels l’agritourisme se définit qui sont : -
La
préservation
du
paysage,
visant
à
offrir
un
« ensemble
géographique cohérent » et une qualité de vie agréable permettant au « visiteur-client » de se sentir chez soi, -
Les accès et l’accueil. Au même titre que l’environnement paysager, un territoire agritouristique est avant tout un parcours et une « expérience », le désengorger et en faciliter son exploration est essentiel,
-
Et enfin, l’unicité et les réseaux comprenant l’harmonisation, les actions collectives, la communication, la coopération, la démocratie participative, la mutualisation d’activités ainsi que les interactions inspirent des valeurs et des efforts communs et rapprochent
43
Texte « Le territoire comme contribution économique dans la société locale » par Magda Antonioli Corigliano, Université d’été cours intensifs sur le paysage II EDITION Le Tourisme Eco-soutenable, 2006 44Mémoire professionnel, La mise en tourisme viticole : l’exemple du Chianti, par Virginie ANGER, 2011.
l’ensemble du monde agricole. « Pour apprécier un produit de qualité il n’est pas suffisant de le goûter, il faut en connaître le contexte géographique […] il faut avoir une synergie institutionnelle »45
L’urbaniste en tant que « coordonnateur pluridisciplinaire », « a
la charge de
fournir aux élus des clés de lecture permettant de comprendre les problématiques en jeu »46. Les thèmes, abordés lors de cette partie, sont les fondements de la définition du rôle de l’urbaniste. En France, « l’urbaniste ne fait pas la ville mais bien le politique, il ne définit pas l’intérêt public mais œuvre à protéger le public. »47
45
Texte « Itinéraires touristiques » par Stefano Masini, Université d’été cours intensifs sur le paysage II EDITION Le Tourisme Eco-soutenable, 2006 46 Colloque : « Les Métiers d’Urbaniste, des professionnels pour le développement durable des territoires », OPQU, 2008. 47 ibid
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45
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PARTIE III – POUR UN TOURISME DE RESEAU : L’ECHELLE DU SITE
Le contexte rural de la question a été choisi pour son caractère naturel et peu contrôlé par rapport à la ville. L’espace rural est fortement apprécié pour son cadre de vie et sa proximité avec la nature. Considéré comme un lieu d’épanouissement et de sociabilité, c’est parfois un « antidote à la ville ».
Un réseau est fait d’interdisciplinarités où les savoirs et les compétences se mêlent, où l’on partage les ressources, où l’on décloisonne les disciplines dans un objectif partagé par de nombreux acteurs. Dans l’agritourisme, ce réseau qui s’autoalimente (restaurants, hébergements, activités, agriculteurs, vente de produits, …) interroge ainsi l’architecte sur la question du programme en adéquation avec les prétentions initiales du projet.
Dans la partie II, à travers le cas de Vallon-Pont-d’Arc, il a été regretté que l’hébergement se dissocie tant de l’expérience agriculturelle favorisant ainsi le déclin de l’offre agritouristique. L’agritourisme n’existe exclusivement que par cette « expérience immersive » qu’elle fait vivre au visiteur-client.
I Droit de l’urbanisme et agritourisme appliqué au territoire (ici) Corse48 Le paragraphe relate une étude sur l’agritourisme en Corse. Cette étude s’inscrit dans le cadre d’une convention de collaboration de recherche tripartite signée entre l’Agence du Tourisme de la Corse, l’Office de Développement Agricole et Rural de la Corse et le laboratoire Lieux Identités eSpaces et Activités (LISA) du CNRS de l’Université de Corse (janvier 2013 – décembre 2014). L’agritourisme suppose des modifications architecturales pour adapter le bâtiment au programme nécessaire pour répondre à la demande touristique. « Or ces 48Etat
des lieux de l’agritourisme en Corse, Diagnostic prospectif de la situation en 2013, Lieux Identités eSpaces et Activités, 2013-2014.
47
projets souvent nécessaires risquent de se heurter aux règles d’un droit de l’urbanisme bâti pour s’appliquer sur l’ensemble du territoire français et qui de fait, ne laisse que peu de place aux particularismes et aux besoins locaux.»
Lorsque la commune ne dispose pas de document d’urbanisme …
« Elle n’a donc élaboré ni de PLU, ni de carte communale, ce qui sera le cas dans beaucoup de communes de Corse […]. Dans ce cadre, les projets (qui pourraient concerner du bâti à usage agritouristique) sont régis par un principe de constructibilité limitée (art 111-1-2 du code de l’urbanisme) applicable notamment aux terrains situés hors des parties actuellement urbanisées. »
Les constructions nouvelles y sont strictement limitées à : 1. L'adaptation, le changement de destination (article 34 de la loi du 2 juillet 2003), la réfection, l'extension des constructions existantes ou la construction de bâtiments nouveaux à usage d'habitation à l'intérieur du périmètre regroupant les bâtiments d'une ancienne exploitation agricole, dans le respect des traditions architecturales locales (loi du 25 mars 2009) ; 2. Des constructions et installations nécessaires à l'exploitation agricole, à des équipements collectifs dès lors qu'elles ne sont pas incompatibles avec l'exercice d'une activité agricole, pastorale ou forestière sur le terrain sur lequel elles sont implantées, à la réalisation d'aires d'accueil ou de terrains de passage des gens du voyage, à la mise en valeur des ressources naturelles et à la réalisation d'opérations d'intérêt national ; 3. Des constructions et installations incompatibles avec le voisinage des zones habitées et l'extension mesurée des constructions et installations existantes ; 4. Des constructions ou installations, sur délibération motivée du conseil municipal, si celui-ci considère que l'intérêt de la commune, en particulier pour éviter une diminution de la population communale, le justifie dès lors qu'elles ne portent pas atteinte à la sauvegarde des espaces naturels et des paysages, à la salubrité et à la sécurité publiques, qu'elles n'entraînent pas un surcroît important de dépenses publiques (notamment en matière d’installations de réseaux).
Etat des lieux de l’agritourisme en Corse, Diagnostic prospectif de la situation en 2013, p.114-115, Lieux Identités eSpaces et Activités, 2013-2014.
Mémoire 2015 L’agritourisme comme valeur économique d’un territoire | Séverine FOUCHER
Le texte se justifie par la « volonté d’éviter une spéculation effrénée ou des dérapages abusifs tant sur le plan patrimonial que sociétal. »
La commune dispose de documents d’urbanisme…
« Les élus locaux peuvent […] prendre la responsabilité d’établir des documents autorisant les seules constructions liées à l’activité agricole ou autoriser dans certains cas les constructions liées à des activités para-agricoles. […] Cette situation nous conduit à nous interroger sur « la valeur » des PLU prévoyant la possibilité de construire dans les zones A pour des activités agritouristiques. La multiplication des zones N, un temps envisagé comme parade, semble illégale car leur généralisation doit correspondre aux objectifs de protection de milieux naturels et paysagers. Si la stratégie est envisagée à une échelle réduite (communale, par exemple) le développement semble toujours possible. En revanche si l’objectif est de construire une destination avec une forte image agritouristique synonyme d’authenticité et d’art de vivre (souvent d’ailleurs plus touristique qu’agri), l’encadrement juridique actuel peut apparaître comme un carcan. »
En quelques mots …
Les bâtiments à vocation agritouristique ayant droit, concernent en grande partie des constructions existantes qui seront, de fait, réhabilitées, des constructions et installations agricoles ou compatibles, des constructions pouvant bénéficier d’une extension mais aussi des constructions préservant l’environnement et incite ainsi au réemploi. Leur zone de construction sont régis par la Loi R-123.7 et R-123.12 relatives aux zones A (dites « agricoles ») et N (dites « naturelles »).
49
II Activités propres à l’agritourisme : fonctionnement et attentes Les activités pratiquées déterminent le programme architectural d’un projet, il est, de ce fait, d’usage de rencontrer des activités de vente directe (sur les marchés, sur l’exploitation, …), de visites de l’exploitation ainsi que de pratiques du savoir-faire lors d’ateliers de transformation des produits nés de l’activité agricole. Depuis plusieurs années, ainsi qu’il a été développé plus haut, l’agritourisme propose aussi une offre d’hébergement qui peut, lorsqu’elle représente la seule prestation, évoluer vers une activité touristique devenant ainsi indépendante de l’exploitation. Plusieurs types d’hébergements existent en France. Ils sont issus de l’agritourisme et ont évolués suivant les attentes elles-mêmes évolutives de leur cœur de clientèle.
A. Les gîtes ruraux
Le gîte rural est, d’après la définition qu’en fait la jurisprudence « une location saisonnière occupée au maximum 6 mois et obligatoirement disponible pendant au moins 3 mois de l’année. Le gîte doit être la propriété d’un agriculteur ou d’un propriétaire rural et ne peut en aucun cas être employé comme résidence secondaire exclusive ou permanente, soit du propriétaire soit du locataire. […] Le loueur peut appartenir à toutes les catégories socioprofessionnelles, à condition d’être propriétaire rural ou agriculteur. »49 Quand le parcours est exclusivement porté par l’hébergement il y a une forte «rénovation de bâtiments pour la location et que [l’agriculteur] fait fructifier […] au point de la rendre plus lucrative que [sa] propre activité agricole. »50 Il y a alors déconnexion entre la fonction agricole et l’activité touristique.
49
http://www.territoires.gouv.fr/location-saisonniere-et-gites-ruraux (Consulté le 15/08/2015) « La richesse des pratiques de tourisme à la ferme » par Emmanuelle MARCELPOIL et Jacques PERRET, p. 43-52, Aménités rurales. Une nouvelle lecture des enjeux territoriaux, 2002.
50Partie
Mémoire 2015 L’agritourisme comme valeur économique d’un territoire | Séverine FOUCHER
B. Chambres et tables d’hôtes
D’après la définition du Ministère de l’Artisanat du Commerce et du Tourisme et du Ministère délégué chargé de l’Economie sociale et solidaire et de la Consommation et l’article L. 324-3, « Les chambres d’hôtes sont des chambres meublées situées chez l’habitant en vue d’accueillir des touristes, à titre onéreux, pour une ou plusieurs nuitées, assorties de prestations. […] L’accueil est assuré par l’habitant. »51
C. Les vacances à la ferme
Le Réseau « Bienvenue à la ferme », pris en exemple ici, « concerne les exploitants agricoles à titre principal, en activité et ayant un projet de diversification en agritourisme. »52 Le réseau a permis «de rapprocher l'offre des agriculteurs, désireux de faire découvrir leur métier et de mieux valoriser leurs productions, et la demande de la société, en quête d'un retour à la nature, de produits alimentaires de qualité et de relations de proximité. » 53 Le réseau mentionné encourage une formule dite « combinée » incluant un produit agricole et une offre d’hébergement. Ici, les agriculteurs défendent un projet où « les prestations touristiques reposent sur une véritable exploitation et non un simple faire-valoir agricole. »54
L’hébergement est venu compléter l’offre initiale d’agritourisme consistant à la vente directe, à la visite d’exploitation et à la valorisation du métier. Cependant, il peut, par manque de lien avec l’offre, se dissocier du parcours agritouristique.
51
http://circulaires.legifrance.gouv.fr/pdf/2014/01/cir_37823.pdf (Consulté le 15/08/2015) http://www.bienvenue-a-la-ferme.com/le-reseau/agriculteurs-rejoignez-nous (Consulté le 15/08/2015) 53 http://www.chambres-agriculture.fr/grands-contextes/chambres-dagriculture/nos-marques/bienvenue-a-laferme-marches-de-producteurs-de-pays/ (Consulté le 15/08/2015) 54Partie « La richesse des pratiques de tourisme à la ferme » par Emmanuelle MARCELPOIL et Jacques PERRET, p. 43-52, Aménités rurales. Une nouvelle lecture des enjeux territoriaux, 2002. 52
51
III Expériences et réalisations agritouristiques Les projets architecturaux répondent à des critères en lien avec la définition de l’expérience agritouristique. Ils doivent manifester de l’authenticité du lieu et du savoirfaire, préserver l’environnement et mutualiser les activités. Dans un premier temps, nous étudierons, dans le cadre du projet remarquable Viavino, la programmation d’un lieu agritouristique éco-responsable. Dans un deuxième temps, Hyper-situations, un observatoire impulsé par l’ENSA de Bretagne, proposera une série de solution pour l’avenir d’espaces ruraux et en définira les enjeux. Et dans un troisième temps, un projet « Systemic Agro-Tourism » illustrera la réponse technique d’un lieu agrotouristique. A. Viavino : un rendez-vous œnotouristique55 L’architecture viticole56 comme écrin pour le vin
« Notre époque – si soucieuse d’améliorer les fruits du labeur humain et de les transformer en bien-être, de répondre aux désirs des hommes et à leur imaginaire – manifeste un regain d’intérêt pour les grands laboratoires que sont les caves. […] L’attention renouvelée des producteurs pour les vignes et pour le vin, conséquence de la croissance vigoureuse d’un marché toujours plus sélectif, a incité les entreprises viticoles à réaliser des architectures qui permettent de répondre à des exigences de fonctionnalité et de beauté, de défier en permanence la nouveauté tout en restant attaché aux valeurs de la tradition, d’édifier des bâtiments tout en prenant compte de l’environnement paysager et naturel. »
55 56
http://www.viavino.fr/ (Consulté le 05/08/2015) Caves : architecture du vin 1990-2005.
Mémoire 2015 L’agritourisme comme valeur économique d’un territoire | Séverine FOUCHER
Viavino, figure majeure pour un territoire viticole à découvrir ou à redécouvrir57 Implanté dans la ville de St-Christol sur une parcelle de 2ha, Viavino, pôle œnotouristique, propose une balade culturelle et gastronomique au cœur du Pays de Lunel, territoire situé entre Nîmes et Montpellier. « Le Pays de Lunel se situe dans un environnement rural riche de paysages : garrigues et coteaux au Nord, marais et Etang de l’Or au Sud, fleuve Vidourle à l’Est. Il regorge également de richesses culturelles (avec ses traditions camarguaises), et patrimoniales (avec les divers domaines viticoles, le site archéologique d’Ambrussum, les cœurs de villages médiévaux, le centre historique de Lunel, etc.). »58
Figure 6 : Plan de situation (Viavino, Modernité rurale p.2)
53
Enjeux métropolitains Les petites collectivités se vident et perdent des services. « La moitié de la population [les ruraux] est oubliée et ses territoires sont à la fois déséquipés (fermeture de postes, écoles, tribunaux, hôpitaux, etc.) et déconsidérés. […] A Saint-Christol, le pôle œnotouristique Viavino est un précieux exemple de développement territorial porté par une communauté de communes rurales. »59 Un modèle d’architecture « sans heurt ni rejet » Cette architecture éco-responsable est fabriquée telle une continuité du bâti à l’échelle du bourg. Inspiré d’une architecture languedocienne vernaculaire, le projet marie le bois et la pierre. Il est considéré comme un projet « ad hoc » ; les sept bâtiments reprennent la taille de ceux du bourg. Les porteurs du projet n’ont pas
57
GAUZIN-MULLER, Dominique et MADEC, Philippe, Viavino, 2014, Modernité rurale. (Consulté le 05/08/2015) 59 GAUZIN-MULLER, Dominique et MADEC, Philippe, Viavino, 2014, Modernité rurale. 58http://www.viavino.fr/
souhaité un projet tel un catalogue technique sur ce qui se fait aujourd’hui en terme de bioclimatique mais bien créer un espace adapté aux considérations écologiques et à un usage facilité. Ils prônent les matériaux naturels et les réemploient. Une programmation au cœur de la démarche Pour ce projet des programmistes ont été appelés, « la programmation a donc défini un lieu utile aux professionnels, attractif pour les familles et touristes, tous sauf un mausolée du vin. » 60 « Pour valoriser la qualité des produits viticoles du pays de Lunel, entre Nîmes et Montpellier, le projet du pôle œnotouristique propose une programmation riche autour du vin : accueil, dégustation, exposition, restaurant, jardin ampélographique, promenade. La célébration de la civilisation du vin passe dans ce projet par la reconnaissance, loin de l'horizon urbain, de la valeur fondatrice des conditions rurales et par leur expression dans une architecture "Low Tech", pierre locale, terre du site, bois des Cévennes voisines, etc. »61
Figure 7 : Centre œnotouristique Viavino, 2012, Philippe Madec. http://www.tribu-concevoirdurable.fr/references/etablissement-culturel-sportif-etloisirs/communaute-de-communes-du-pays-de-lunel-34.html (Consulté le 20/07/2015)
60
Propos de CPO Les m² heureux, programmistes, Viavino, 2014, Modernité rurale. http://www.atelierphilippemadec.fr/architecture/equipements-culturels/pole-cenotouristique-_-qe-zeroenergie-et-vnac.html (Consulté le 20/07/2015) 61
Mémoire 2015 L’agritourisme comme valeur économique d’un territoire | Séverine FOUCHER
Approche Bioclimatique -
Disposition volumétrique o Bâtiments passifs disposés en alignement brisé ou déhanché pour s’adapter au terrain et répondre à la structure médiévale de la ville o Volumes protègent du vent dominant du Mistral et de la Tramontane
1. Maison du tourisme 2. Atelier du goût 3. Comptoir séjour avant 4. Patio 5. Caveauboutique 6. Salle du terroir 7. Restaurant 8. Arène des jeux 9. Vignes pédagogiques 10. Théâtre de verdure 11. Place des micocouliers 12. Jardin aromatique 13. Halle camarguaise Figure 8 : Plan masse (Viavino, Modernité rurale p.10)
-
Traitement d’air o Ventilation naturelle assistée et contrôlée (VNAC) o Vent : Tourelle à vent o Ventilation hygiénique : tourelle d’extraction en toiture + bouches d’entrées d’air autoréglables o Baies ouvertes au sud o Ouvrant traversant ventilent la nuit
-
Apports de lumière o Lumière naturelle
-
Chauffage o Puits provençal pour la fraîcheur au sol
55
o Chauffage au sol o Chaudière collective bois (sarments de vignes) o Poêle à bûches o 15 m² de capteurs solaires (70% des besoins estimés) o 172 m² de panneaux photovoltaïques (excédant revendu au réseau)
Figure 9 : Confort d’été – confort d’hiver (Viavino, Modernité rurale p.46)
= BEPOS -
Ecosystèmes o Vignes pédagogiques o Jardin des plantes
-
Eaux o Récupération des eaux de pluie (via des bassins de rétention et l’infiltration)
Viavino, un levier pour l’image de l’agritourisme Le projet vise à valoriser le terroir et développe des activités favorisant le circuit court ancré dans la compétence de son terroir. Le Vice-président de la communauté de communes et Maire du bourg reconnait la « retombée économique ». Viavino a très rapidement était considéré comme un outil de cohésion et d’ambitions partagées, faisant écho au réseau nécessaire à la pérennité d’un tel projet.
Mémoire 2015 L’agritourisme comme valeur économique d’un territoire | Séverine FOUCHER
Philippe Madec, une approche sociale et éco-responsable L’architecture souligne un engagement éco-responsable, s’efforçant de s’insérer de manière intelligente au cœur de la nature en proposant des volumes « sans heurt ni rejet » répondant techniquement aux ambitions écologiques essentielles à la démarche. Il dit de lui que ses « relations entre la nature et la culture sont extrêmement fortes. » Il confronte son travail à la « dépendance de la relation à la nature […] la production de l’énergie ne m’émeut pas, c’est plutôt banal ». Défendant ainsi que cette façon de produire de l’énergie a toujours existé. Il s’attache davantage à la « dimension culturelle et sociale ». « La HQE a permis une prise de conscience générale du milieu sur la question de l’écoconstruction ». Il défend l’écoconstruction contre le bâtiment BBC qui renferme des matériaux qui peuvent être en PVC et issus de la pétrochimie. Malgré ses prises de positions sur la fabrication de logements abordables et performants, le projet Viavino n’en compte aucun et reste une image d’écomusée où l’expérience s’arrête à la visite et ne considère plus de la vivre pleinement.
B. Hyper-situations, réponses à la reconversion agricole Hyper-situations, animé par l’ENSA de Bretagne, est un studio qui « interroge voire réactive des pratiques effacées par l’industrialisation de l’agriculture et par la mutation du statut des agriculteurs. [Il] soumet à l’analyse des situations de crises […] qui posent des questions d’aménagement des territoires et interrogent la posture de l’architecte. »62 Il questionne sur l’avenir des usines de transformation qui se délocalisent abandonnant les édifices agricoles où l’activité est en déclin. Le laboratoire d’idées s’intéresse ici à St Brieuc (Côtes-d’Armor). Comment les réemployer ? Quel programme et pour qui ? Comment économiser le sol et densifier l’existant ? « La probable suppression des quotas de production va entraîner des fermetures et laissera à l’abandon des espaces construits considérables. […] Que faire de ces installations ? … détruire, réhabiliter, réaffecter, démonter ? […] Force est de constater que les terres agricoles grignotées peu à peu par l’urbanisation se voient déséquilibrées par les 62Hyper-situations
agroalimentaire (2) - Ré/utilisation de ruines contemporaines issues de l'industrie agroalimentaire en Bretagne,2014.
57
contraintes de production toujours plus importantes. Les zones d’activités se remplissent de boîtes métalliques opaques démesurément grandes. La pression foncière s’accroît sur ces territoires. » 63
Projets Colloc’ à Terre
Flash-Back
Le porc, ça sent la rose Désenclaver la ferme des Madières
Question Pourquoi ne pas envisager une échelle plus humaine du monde agricole pour une association alimentaire et habitat en circuit court ? Comment diminuer l’étalement des constructions et la consommation de terres agricoles ?
Comment redonner une échelle humaine et « enrichir le parcellaire hameau » ? Comment désenclaver une exploitation abandonnée, pourtant située à un endroit fortement fréquenté ?
Si jeunesse savait … si vieillesse pouvait … Recyclons la porcherie
Quelles pourraient être les nouvelles formes d’utilisation d’un bâtiment désaffecté dans un site rural ? Comment valoriser une exploitation porcine et proposer une réponse actuelle ?
Laboratoire Paysan
Comment exploiter le site et sa topographie ?
Brassage de culture
Comment faciliter l’autonomie alimentaire ?
Proposition Pièces modulables extensibles. Chauffé à l’énergie produite par une serre et par la chaleur que dégagent les animaux. Etage privatifs pour vacanciers ou saisonniers. Association d’une activité de maraîchage, d’une boutique, de l’exploitation agricole autour d’espaces collectifs partagés. Autonomie d’énergie par échangeur de la chaleur émise par les bovins. Mutualiser les activités : activité apicole, élevage, activité de cosmétique artisanale combinant apiculture et agriculture Permettre aux « voisins » de s’approprier le projet : favoriser la mixité générationnelle, contribuer à l’autonomie alimentaire, diversifier les activités et multiplier les sources de revenus suivant les saisons. Echanger : FarmLab (espace d’expérimentation). Valoriser : Services mis à disposition des habitants. Habiter Foisonner les activités : activité maraîchère, recyclerie/ressourcerie (dans l’ancienne porcherie), logements/ateliers, espaces de ventes, salles associatives, accueil temporaire (dortoir) pour des jeunes de passage. Construire en terre pour abriter les graines, profiter d’une vue dégagée et des logements semi-enterrés tels des earthships64, exploiter l’effet de serre et les espaces bioclimatiques mais aussi récupérer les eaux de pluie. Interdépendance et diversification des élevages, cultures, savoir-faire, production et énergies.
Synthèse Ce studio a mis en lumière des thèmes à considérer pour la reconversion d’édifices agricoles et leur valorisation future. Leurs programmes respectifs reviennent sur l’importance de mutualiser les activités, de les rendre interdépendantes et de solliciter la transférabilité des compétences. Echanger, valoriser, habiter … 63
Hyper-situations agroalimentaire (1) - Ré/utilisation de ruines contemporaines issues de l'industrie agroalimentaire en Bretagne,2013. 64 « Earthship (ou géonef, en français) est une habitation destinée à l'autoconstruction, dans le but d'édifier des logements respectant la nature à moindre coût tout en étant autonome des énergies fossiles, en se basant sur la récupération et le recyclage de matériaux. »https://fr.wikipedia.org/wiki/Earthship (Consulté le 24/08/2015)
Mémoire 2015 L’agritourisme comme valeur économique d’un territoire | Séverine FOUCHER
C. Systemic agro-tourism de Carlos Bartesaghi Koc : 2020 ou la prise de conscience anti-gaspillage Arequipa : apporter de la valeur ajoutée aux déchets La production de déchets est l'un des plus grands problèmes environnementaux auxquels les villes doivent faire face aujourd'hui. Arequipa (Pérou) compte 850 000 habitants qui produisent plus de 800 tonnes de déchets par jour ce qui menace le paysage naturel et la santé publique en raison de la prolifération des activités informelles telles que le recyclage, les incendies et l'élevage des animaux. Dans ce contexte, le projet « Systemic Agro-Tourism65 », de Carlos Bartesaghi Koc pour lequel il a reçu un prix d'excellence au Concours URBAN-SOS 2009,aborde la nécessité d' « une classification appropriée, le traitement et l'élimination finale des déchets de la ville par la conception d'une solution durable en milieu urbain dans une approche holistique (aspects sociaux, environnementaux, économiques et techniques) pour l'avenir de la décharge et les nouvelles installations de traitement des déchets. »66 59
A l'échelle urbaine, il a été proposé un plan directeur de 350 Ha qui envisage l'avenir et la restauration naturelle d'une zone de décharge par l'implantation d'un système de plates-formes naturelles pour les loisirs, les sports d'aventure et la recherche scientifique. L'agriculture, le tourisme et le patrimoine culturel vont créer un nouveau réseau urbain et unir les deux parties de la ville, géographiquement et socialement divisées par la rivière. Le tourisme comme solution
-
approche systémique et proposition d’une nouvelle alternative pour les installations touristiques dans les villes d'Amérique latine
-
fusion des attractions touristiques urbaines et rurales dans une ville étouffée par l'étalement urbain
-
remise en état d'un site de décharge par l'implantation d'une série d'activités publiques telles que des installations pour les sports d'aventure, des
65
http://www.archdaily.com/76055/systemic-agro-tourism-carlos-bartesaghi-koc (Consulté le 20/08/2015) ibid
66
pépinières végétales et des espaces d'exposition de la faune et de la flore locales. Vivre « l’expérience » Ce projet offre avant tout un nouvel espace de résidence et a des volontés diverses. -
la destination attrayante pour les touristes et les habitants du quartier
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l’expérience de vivre dans des bâtiments en matériaux recyclés
-
l'expérimentation de travailler avec les agriculteurs locaux dans leur tâche quotidienne (labours, semis) : accroître la sensibilisation et la transférabilité des compétences de l'environnement.
Méthodologie
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Tables rondes avec les intervenants, les agriculteurs et les citoyens, afin d'élaborer un plan d'aménagement paysager et d'utilisation des terres.
Proposition : un programme pour le réemploi à vocation pédagogique
-
Abris et bâtiments reliés par un réseau de circulation douce (piéton, vélo, …)
-
Restauration des deux rives : préservation de la faune et de la flore
-
Restauration et réhabilitation de tanneries abandonnées en un musée postindustriel, centre de congrès, bibliothèques publiques, galeries d'art, théâtres et restaurants
-
Rénovation d’une station essence en station de la biomasse, où les gens seront en mesure d'apprendre, et de participer à des activités comme l’élaboration du compost, le traitement des biogaz et de production d'énergie solaire
-
Restauration d’anciens bidonvilles et de maisons coloniales pour créer de nouveaux espaces résidentiels
-
Création d’un Self-Fab Eco-Shelter dédié à la production et l'hébergement touristique : autoconstruction d’espaces pour un travail de coopération entre les agriculteurs et les touristes, facilitant la prise de conscience
Mémoire 2015 L’agritourisme comme valeur économique d’un territoire | Séverine FOUCHER
environnementale et le développement de nouvelles compétences et technologies par la pratique. -
Conception d’un réseau viaire pour la communication entre les bâtiments, le commerce et le transport.
61 Figure 9 : Self-Fab Eco-Shelter, 2009, Carlos Bartesaghi.(Consulté le 22/08/2015) http://www.archdaily.com/76055/systemic-agro-tourism-carlos-bartesaghi-koc
« The typical factory » : nouvelle image à l’industrie polluante Au niveau architectural, le projet vise la transformation de l'industrie polluante (traitement des déchets organiques et inorganiques) en réadaptant son image visuelle dans une proposition plus durable, socialement responsable et hautement efficace. Pour atteindre cet objectif, «The typical factory» a été adaptée et définie en trois éléments reconnaissables: -
Une cheminée verte utilisée comme une tour à vent, une salle de tri des déchets (système manuel) et un diffuseur de lumière.
-
Les enveloppes intelligentes faites de différents types de matériaux recyclés obtenus à moins de 30 km du site.
-
Un système de toit modulé et paramétrique pour capter l'énergie passive et d'autres ressources (eau de pluie).
Pour une terre respectée Les espaces totalement fermés sont en béton, des activités semi-isolées sont protégées par des murs en gabions remplis de pierres pour permettre la ventilation progressive et des espaces très aérées utilisent des panneaux en métal perforé pour protéger des rayons solaires et pour garder ce des zones bien ventilées (pas d'odeurs). La façade nord, recouverte de panneaux orientables en fonction de la position solaire et la direction du vent dominant, travaille en coordination avec la cheminée verte. En ce sens, le confort intérieur est contrôlé par des programmes informatiques qui recueillent des données en temps réel à partir de capteurs électroniques. Ils déterminent différents types
d'interactions
entre
les
différentes
parties
du
bâtiment.
Une orientation du bâtiment stratégique permet l’éclairage et la ventilation passive. L'utilisation de murs rideaux sont dessinés pour les façades sud, sud-ouest, sud-est pour éviter l'effet de chaleur extrême et pour amplifier les niveaux d'éclairage, de réduire l'utilisation de l'énergie électrique à seulement 4 heures par jour.67 Un exemple architectural pour l’appropriation de valeurs. Ce projet aboutit à un travail de remise en question de la déchetterie, de son évolution et sa possible appropriation par le visiteur. Il met en valeur le gaspillage et apporte l’alternative en intégrant de nouvelles valeurs « éco-citoyennes ».
67
http://www.researchgate.net/publication/215559648_Systemic_Agrotourism_Arequipas_Downtown_Masterplan_and_Self-manufactured_Eco-shelters (Consulté le 20/08/2015)
Mémoire 2015 L’agritourisme comme valeur économique d’un territoire | Séverine FOUCHER
CONCLUSION PARTIE III
« Selon les chiffres du recensement agricole de 2005, environ 100 000 exploitations agricoles (18%) pratiquent la vente directe de produits et plus de 17 700 (3%) exercent une activité liée au tourisme (les deux tiers proposent un hébergement et près de 16% une activité de restauration). »68 L’agritourisme reste une activité très marginale. Le rôle de l’architecte, qui travaille à une échelle plus fine, sera de contenter l’intérêt collectif en proposant un programme, prenant en compte les aspirations des collectivités territoriales. Tout en préservant l’authenticité et la relation visiteur-visité, l’hébergement, aujourd’hui trop dissocié69, due aux mutations de l’activité de valorisation du produit, semble être un levier. Viavino rassemble les valeurs qui permettent à l’agritourisme de se faire comprendre architecturalement. Par son ambition de valoriser le terroir et l’interdépendance de chacun des acteurs qui viennent échanger sur un même site, le projet révèle les engagements universels d’écoute et de partage entre agriculteurs et non-initiés. L’ambition portée a permis une retombée économique forte au cœur du Pays de Lunel et prend véritablement place dans les enjeux territoriaux. Dans Hyper-situations, les étudiants s’interrogent sur la réutilisation de bâtiments agricoles, pour enrayer, ou du moins, trouver une alternative à l’étalement urbain tout en offrant davantage de « services », d’activités, de possibilités d’échanges entre agriculteurs et amateurs sur leurs lieux de vie. L’architecte est assigné à livrer un «ouvrage et plus largement un cadre bâti qui fait notre environnement construit, aux normes
qu’un
gouvernement
lui
commande.
[…]
Comment
convaincre
une
administration qu’un permis de construire peut être attribué à un bricolage, un projet d’auto-construction dont l’architecte ne peut garantir la forme finale ? » 70 Les collectivités locales font appel à ses compétences du territoire, pour améliorer les équipements collectifs afin d’améliorer la qualité de vie de ses résidents. Ainsi, les promoteurs attendront de sa réponse, et pour une meilleure commercialisation du
68
http://agriculture.gouv.fr/tourisme-rural : consulté le 05/02/2015 Partie « La richesse des pratiques de tourisme à la ferme » par Emmanuelle MARCELPOIL et Jacques PERRET, p. 43-52, Aménités rurales. Une nouvelle lecture des enjeux territoriaux, 2002. 70 Texte « Des cerises sur l’Yonne et du modèle breton, le bricolage en trait d’union », Hyper-situation,2013-2014. 69
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terrain, des espaces, un environnement et des prestations de qualité à disposition des futurs usagers ou habitants. Le programme d’un espace agritouristique tend à offrir une image « attrayante et attractive » du territoire et du terroir en intégrant les différents protagonistes à la concertation du projet pour éclaircir les besoins en terme d’aménagement et de valorisation du « produit » et du métier pour une intégration et une optimisation du projet ainsi que pour encourager une immersion totale du visiteur. L’agritourisme remet en question la place du rural dans le territoire global et, par son impact et les relations qu’entretiennent tous les acteurs ensemble, participe à changer les mentalités et les comportements. L’architecture participe au message de préservation de l’environnement, elle s’intègre dans le paysage et met en scène le terroir, c’est davantage un outil pour valoriser le contenu et sensibiliser les visiteurs au sujet.
Mémoire 2015 L’agritourisme comme valeur économique d’un territoire | Séverine FOUCHER
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CONCLUSION
Le développement du mémoire porte en grande partie sur l’aménagement du territoire et les perspectives d’avenir à favoriser en prenant en compte les attentes de chaque acteur. Il ne prescrit pas, il souligne quels peuvent être les leviers et les considérations qui permettent une intégration « juste » de l’agritourisme, au travers de différents exemples, sur un territoire et les valeurs associées. Les exemples cités n’ont pas été choisi pour une comparaison stricte mais bien pour découvrir, au travers de chaque étape de la démarche agritouristique, des questions à soulever pour considérer le thème dans son ensemble. Les hypothèses initiales du mémoire envisagent que par l’architecture et à travers le tourisme rural les comportements peuvent changer. Si nous ne traitons pas véritablement des comportements sociaux, nous pouvons néanmoins remarquer l’impact positif d’un tel lieu dans un territoire dit « reculé ». L’architecture doit être capable de répondre à un ensemble de considérations possiblement divergentes sans perdre de vue le message clair qu’elle s’est donnée en s’inscrivant dans un territoire. Après un rapide aperçu d’une certaine modernité mais non moins authenticité du tourisme rural, il serait intéressant de reconsidérer le rural dans la ville et en particulier les acteurs ruraux à la rencontre des acteurs urbains. L’architecture se légitimise par son intérêt économique, social et durable. Lors du projet de fin d’études, via les voies navigables, les produits étaient directement réinjectés au cœur des villes ainsi que le fait l’association « le marché sur l’eau »71 . Il s’agit avant tout d’effacer les frontières mentales édifiées depuis trop longtemps entre rural et urbain. L’agritourisme seulement « fait vivre l’expérience » de manière ponctuelle. Il s’agira demain de ne plus seulement faire vivre l’expérience mais d’intégrer l’habitat au cœur des projets agritouristiques. Un autre mémoire pourrait considérer l’architecture du logement de ce type d’ « habiter ». Comment habiter la nature et préserver le paysage tout en produisant des denrées et en les consommant ?
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http://www.marchesurleau.com/ (Consulté le 28/08/2015)
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FIGURES
Figure 1 : Organigramme des acteurs de l’agriculture, 2015, p.21. Figure 2 : VLES, Vincent, Politiques publiques d’aménagement touristique, 2006, p.29. Figure 3 : Page internet du Domaine du Colombier, 2015, p.33. Figure 4 : Page internet géoportail, situation de Vallon-Pont-d’Arc, 2012, p.34. Figure 5 : Page internet du Domaine des Dames, 2015, p.36. Figure 6 : Plan de situation du Pays de Lunel, 2014, p.53. Figure 7 : Centre œnotouristique Viavino, 2014, p.54. Figure 8 : Plan masse centre œnotouristique Viavino, 2014, p.55. Figure 9 : Schéma confort d’été-confort d’hiver, 2014, p.56. Figure 10 : Self-fab Eco-shelter, p.61.