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Reportage
Laissons-les travailler ?
On prend les mêmes et on recommence. Enfin presque. Cette fois-ci, la maifestation est autorisée sur la Plaine de Plainpalais. Et nous sommes 4 photoreporters amateurs, dont Samy, l’habitué des petites bêtes et des oiseaux, et Yvette encore un peu nouvelle à la SGP et qui se lance ce jour-là dans l’aventure de l’instantané.
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Contrairement à samedi dernier, tout est orgranisé par le représentant des commerçants, Laurent Terlinchamp : des orateurs sont prévus sur la tribune installée pour l’occasion (mais à contre-jour, ce qui va être un vrai casse-tête pour les photos ! ). La première partie des discours porte sur des préoccupations concrètes portées par des gens de terrain, dont Béatrice Berthet, la passionaria carougeoise, qui envoie la gomme ! On regrette l’absence de ceux de la culture qui pâtit elle aussi
de contraintes ravageuses. A la place, viennent défendre leur thèse, les tenants
© Samy Mayor
du complotisme. La préoccupation des 3 mousquetaires (dont on sait qu’ils étaient 4) de la SGP c’est de relever le défi du jour : gérer la
© Samy Mayor lumière d’un impitoyable soleil de... mi-novembre !
Alors, il faut parfois renoncer et se concentrer sur le plan qui rendra le mieux compte d’une expression, d’un geste, de l’attitude d’un groupe, qui saisira l’élément insolite. Ou trouver autre chose comme observer ce que les autres photographient : on suit leur regard, on épie leur écran, on juge leur cadrage, on se compare dans ce jeu de mise en abîme.
© Samy Mayor © Joëlle Kohler
© Joëlle Kohler
Et le soir, l’editing nous rappelle que le reportage photo, c’est vrai un métier... et que la SGP propose un stage chaque année.
Joëlle Kohler
Laissons-les travailler ?
15h Plaine de Plainpalais : Les régles sanitaires étant respectées (99,9 % masqués), les pancartes distribuées, la police est à nos côtés, le décor est planté, les discours peuvent commencer...
Plusieurs prises de paroles, dont celle de Béatrice Berthet (Présidente de l’association des Intérêts de Carouge), très remontée. Elle représente tous ces commerçants furieux qu’on empêche de travailler car « non essentiels » et ce, à cinq semaines de Noël. Un petit commerce, respectant les mesures sanitaires serait-il plus contaminant qu’une grande surface ? Incompréhensible !
Toutes sortes de commerçants se côtoient, l’air triste car l’heure est grave : des patrons de petites boutiques et leurs employés, beaucoup de restaurateurs dont les cuisiniers qui ont mis leur toque pour être reconnaissables.
Oui, nous aimerions aller au restaurant. Oui, la colère gronde au sein des professionnels, à cause d’une concurrence tellement déloyale, d’un manque à gagner trop évident et d’un avenir si incertain. La situation est déjà dramatique, catastrophique, anxiogène pour beaucoup, et l’un des orateurs annonce déjà des suicides.
On entend, dans la foule, un vocabulaire quasi plus utilisé depuis le 17 mars : cluster, confinement, virus, pandémie, Covid-19, SARS-CoV-2, masque, test, geste barrière, tracing et même pangolin. Alors, je rêve déjà que tout ces mots soient banis de nos conversations en espèrant que l’année 2020 ne soit qu’un lointain souvenir.
En attendant des jours meilleurs pour tous ces commerçants, ce 24 décembre 2020 sera-il accompagné de champagne, ortolans, huîtres et foie gras, mais sans cadeau sous le sapin ?
Béatrice Bauzin
www.20min.ch