Notre histoire
Exposition de photograp de Fred Boissonnas en 18 compte des déboires qu’il a fallu subir avant d’obtenir une réussite parfaire. Cette étude a pris tout l’été de 1891, nécessitant une quinzaine de courses avec un énormes appareil, à une heure et de demi de distance. Cette année, en mars, Boissonnas avait une nouvelle étude en préparation : Scène de Troglodytes à l’âge de la pierre. Il avait trouvé un site admirable et extrêmement caractéristique pour une scène semblable. Eh bien ! il a fallu trois mois de préparation et de lutte incessante pour en venir à bout. Dans l’instant si court de la pose, il fallait que tout fût bon à la fois, les modèles, la fumée qui passe au travers des buissons, l’eau si fugace aussi, et que le soleil vient illuminer en longs rayons, ce qui donne un effet de clair-obscur superbe. » Cette composition nous avait également impressionné. Comme notre confrère, par sa grandeur et sa vérité. Un de nos meilleurs peintres ne peut pas croire que ces bonshommes aient posé, tant ils sont vivants. Voici ce que Frédéric Boissonnas nous écrivait lorsqu’il réussit le tableau, dont il est un peu coquet : « Aux portes de Genève, sur les bords du Rhône, se trouvaient de hautes moraines surplombantes qui dominent le fleuve. Une sorte de caverne y est creusée. On ne peut rêver un décor plus grandiose et plus caractéristique pour une scène de l’âge de pierre. Je fis le premier essai au mois de mars de cette année et j’avais placé quelques gamins autour du feu à l’entrée de la caverne pour me pendre compte de 048
l’effet. Le résultat fut extrêmement remarquable, la fumée s’échappant de la voûte passait à travers un arbre et était illuminée diagonalement en longs rayons lumineux par le soleil, qui se trouvait au zénith presque en face de mon appareil. Cela formait un clair-obscur digne d’un tableau de Rembrandt. Enthousiasmé, je voulus obtenir cet effet sur une plaque de 50 x 60
et en faire un tableau complet ; je fis faire sous mes yeux une pirogue lacustre, je dressai plusieurs sauvages et les entraînai par des répétitions sans nombre jusqu’à ce qu’ils fussent absolument entrés dans leur rôle, inconscients de l’objectif, ne pensant plus qu’à une chose unique : « Agir avec énergie et la conviction de vrais sauvages pour tirer leur pirogue hors de l’eau. » Je fis subir à la grève plate un premier plan une transformation complète en faisant transporter des parties de roche, des lianes, des ossements... Puis, quand tout fut prêt, je fis et refis ma photographie jusqu’à la réussite complète. »