La marche au parc de Sausset
Clémence BARDAINE Claire FONTICELLI Eduardo ZAMBRANO
Le parc du Sausset : Lieu: Villepinte, Seine St- Denis /Aulnay/ Viltaneuse Commande S.O.D.E.T.A.T 93
Master TDDPP, année 2014-2015 Dossier écrit et réalisé par :
Sous la direction de :
BARDAINE FONTICELLI ZAMBRANO
PERNET Alexis BOUCHER Thomas COULAIS Jean-François, ENJELVIN Pierre KERAVEL Sonia
Clémence Claire Eduardo
Maitrise d’ouvrage : Département de la Seine St- Denis, service des espaces verts, maîtrise d’ouvrage déléguée Coût : 90 frs./m², valeur 1992 Achat de 200 hectares de terres agricoles Equipe lauréate, sur 15 concurrents : Claire et Michel Corajoud, paysagistes. Edith Girard et Pierre Gagnet, architectes. Pierre Donadieu, Marc Rumelhart, Tristan Pauly, Jean Marie de Forges, Bureau Coyne-Belier, ingénieurs. D. Balandras, P. Bienvenu, N. Mercier,
INTRODUCTION _04 1. UN PARC HISTORIQUEMENT MARQUÉ PAR LES CHEMINEMENTS _06 1.1 Une construction progressive du parc et de ses circulations. _06 1.2 Construire le parc _08 1.2.1 Par des axes circulés. 1.2.2 Par le boisement
1.3 Du projet à la réalisation _12
1.3.1 Des modifications majeures 1.3.2 Une construction par le végétal et la gestion
2. UNE TYPOLOGIE DES CIRCULATIONS _17 2.1 En forêt _17 2.2 Le parc urbain _20 2.3 Le bocage _22 2.4 Les ruptures _24 3. L’APPROPRIATION DU PARC PAR LES USAGERS _26 3. 1 La diversité des usages _26 3.2 Trois types d’itinéraires et d’expériences paysagères_27 3.2.1 Les ballades vers les pôles d’attraction 3.2.2 Les parcours exceptionnels 3.2.3 Les déplacements fonctionnels
3.3 Résultats de l’enquête CONCLUSION _36 BIBLIOGRAPHIE _38 ILLUSTRATIONS _39 ANNEXES _42
Introduction « Ma première expérience du parc a fait émerger la sensation d’être au sein d’un maillage labyrinthique de chemins. Autant de pistes possibles qui se déroulaient sous mes pieds. Les chemins enherbés m’ont donné envie de fouler le sol des clairières, de me perdre dans les sous bois, de tracer mes propres sillons dans ce lieu.» « Le sentiment d’être au milieu de nulle part, d’être perdu. Se promener, rentre par un chemin étroit et improbable puis se retrouver au milieu d’une forêt. Une forêt ? Les lieux sont difficilement identifiables, j’ignore parfois où je suis. Entre forêt sauvage et domestique : sauvage parce qu’il n’y a personne, qu’on y croise des animaux. Domestique car les chemins sont tracés et la monotonie des arbres bloc par bloc questionne.» « Entrer suppose franchir une abord, une limite. A quelle moment je suis entre dans le parc de Sausset? Je suis dans la foret de Sausset, une foret très différent ce celles auxquelles je suis habitué. La marche dans le Sausset me permet de découvrir ce type de projet de paysage duquel je ne suis pas du tout habitue. Marcher pour franchir, marcher pour appréhender et comprendre cette manière de conceptualiser un paysage.»
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Figure n°1 : Nos chemins dans le parc
Notre découverte du parc du Sausset s’est faite en automne et en hiver, deux saisons où la fréquentation du parc accusait un certain recul, et où les usages que l’on peut faire d’un parc sont assez limités. Loin de la saison des piques-niques et des siestes au soleil, le parc du Sausset nous invitait davantage à la ballade, qu’à un usage statique. Cette façon de découvrir le parc a orienté notre sujet d’étude et nous a invités à étudier les cheminements. L’histoire du site, morcelé par les grands axes ferroviaires, routiers et autoroutiers, nous a questionné sur la capacité d’un parc à faire lien, à lier la ville dans un continuum urbain aussi discontinu que l’environnement du Sausset, entre grands ensembles, pavillons, voies rapides. Par ailleurs, notre étude portant sur l’intégralité du parc du Sausset, il nous semblait impossible d’apprécier toute cette surface sans se déplacer, le parcourir, se mouvoir en son sein. C’est donc, avant tout, notre expérience physique du site, qui nous a suggéré l’étude des cheminements et des circulations comme méthode d’analyse du parc.
La notion d’espace hodologique Nous nous attacherons à étudier la notion d’espace hodologique dans le parc du Sausset, c’est-à-dire d’une spatialité vécue, construite par le cheminement. D’après John Brinckeroff Jackson, dans son ouvrage A la découverte du paysage vernaculaire, l’éthymologie du mot «hodologie» «provient du grec Hodos, qui signifie route ou voyage. L’hodologie est donc la science ou l’étude des routes.». Dans son article «Quatre notes conjointes sur l’introduction de l’hodologie dans la pensée contemporaine», Jean Marc Besse précise que «L’hodologie s’intéresse aux routes et aux différentes voies de communication : cela signifie aussi qu’elle tient compte de ceux qui s’en servent, qui les «empruntent» le temps d’un trajet plus ou moins long. Mais «route» n’est peut être pas le mot le plus adéquat. On peut lui préférer «chemin»». Ce mot nous semble particulièrement adapté dans le cadre du Sausset où la dichotomie entre route et chemin nous est très présente, entre un parc conçu et vécu. Gilles A Tiberghien, dans son article Hodologie extrait des Carnet du paysage , Les cheminements, p.9 explique cette dichotomie ; «On a donc une opposition dialectique entre routes et chemins. La route et les termes qui lui sont apparentés sont du
côté de la construction et de la surface parcourue ; le chemin, du côté du mouvement et du processus. Le chemin manifeste l’usage ; c’est quelque chose qui demande du temps, voir une certaine lenteur. [...] L’hodologie alors semble privilégier le cheminement plus que le chemin.» Cette notion associée à notre vécu du parc nous ont entraînés à nous questionner : Quel vécu du parc pour les promeneurs au parc du Sausset ? Le maillage des chemins permet-il de recoudre ce parc dissocié ?
Méthodologie de l’étude Afin d’exploiter les différentes ressources obtenues et répondre à notre problématique, nous analyserons dans un premier temps l’histoire de la construction des circulations au sein du parc. Entre le projet conçu pour le concepteur et le projet construit, nous avons par la suite voulu faire ressortir les éléments récurrents et discordants de ces discours. Dans un second temps nous établirons une typologie des chemins en regard des qualités paysagères qu’ils offrent. Enfin, nous questionnerons les usages et les représentations des chemins par les usagers du parc. Ainsi, nous avons demandé à chaque personne interrogée de nous dessiner son itinéraire au sein du parc. Celui-ci révélant, à notre sens, les éléments marquants qu’il y voyait. Ses commentaires, enregistrés, ont été retranscrits pour les éléments les plus significatifs. Ces enquêtes nous ont permis d’analyser l’appropriation du parc par les riverains. Pour cela, nous avons mis en place une typologie de parcours des enquêtés - les déplacements fonctionnels pour ce rendre sur son lieu de travail, les ballades récréatives et enfin les parcours exceptionnels. Ces derniers sont pratiqués lors d’animation comme les marches nordiques ou les parcours découverte de la biodiversité proposés par des animateurs nature de la maison du Sausset.
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1. Un parc historiquement marqué par les cheminements 1.1 Une construction progressive du parc et de ses circulations. XVIIIe XVIIIe(1774) (1774)
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Le site du parc du Sausset est lisible sur les cartes de Cassini du XVIIIe. Entre Villepinte et Aulnay, deux bourgs, il apparait comme étant un espace proche d’un marais, bordé de champs agricoles et d’un restant de forêt. Le nom du parc, issu du ruisseau, n’apparaît pas sur la carte, bien qu’un fleuve soit lisible.
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La vue aérienne de 1965 souligne que jusqu’à cette date, l’intégralité du site du futur parc du Sausset était composée de terres agricoles, ponctuées de chemins secondaires à usage agricole, ceuxci auraient guidé les tracés de Corajoud au moment du concours. Ce site est alors peu traversé car le seul chemin d’importance est au nord de la vue aérienne. La dominante agricole du site est évidente, en lien avec l’absence d’urbanisation.
En 1978, au moment du concours, le site du parc demeure agricole bien que la ville ait commencé à grignoter des espaces alentours. Les voies de circulation sont davantage lisibles que sur les cartes précédentes, en témoigne la présence de la gare de RER, au milieu de champs, et de la voie ferrée qui traverse le site du parc de pars en pars. De même, une voie rapide, en limite sud du parc ressort. Les voies de circulation ont donc marqué le parc, avant même sa création.
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En 1990, les premières réalisations issues du concours se lisent, avec la création de la forêt et de ses cheminements, alors que le bocage n’est pas encore achevé. Les voies de circulation encerclent le parc, avec en autre la francilienne, créée en 1984. Il en résulte une coupure nette entre le parc et la ville. Cette dernière va d’ailleurs continuer à s’étendre.
En 1999, le gros du parc est achevé, tous les chemins sont ouverts au public, alors que l’urbanisation du secteur est achevée. Des projets prévus au concours ont toutefois été abandonnés, notamment la réalisations d’autres passerelles ou bien d’entrées supplémentaires.
Aujourd’hui, le parc, bien qu’en constante évolution, n’est plus que l’objet de travaux mineurs, de modifications apportés à la forêt, ainsi que de réfection de mobiliers urbains ou de voies usagées. La création récente de la vigne, l’effondrement d’une passerelle modifient cependant le parc encore aujourd’hui, et en font un parc en constante évolution Figure n°2 : Frise chronologique de l’évolution du parc
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1.2 Construire le parc ... 1.2.1 Par des axes circulés.
Dans un site d’une aussi grande dimension que celui du Sausset, 200 hectares, les axes principaux, la circulation, les cheminements, se sont avérés être un moyen de construire le projet du parc au moment de la réponse au concours. La constructions des lignes et des voies majeurs du parc sont les premiers éléments de structures antérieurs à la composition de chaque entité du parc : «Les lignes sont tissées…les lieux peuvent se constituer.» C’est ce dont témoignera Corajoud au cours d’une interview donnée à Architecture d’Aujourd’hui, dans son numéro de décembre 1981 consacré au parc du Sausset. Toutes les citations suivantes en sont extraites.
Poser les grandes lignes du parc :
passé agricole, récent, ou de son passé forestier antérieur. «Le second tracé qui introduit dans le parc les directions venues de l’extérieur, permet d’embrasser tous les lieux, et citer l’image retrouvée de la « patte d’oie », triangulation familière de la forêt.» La patte d’oie est ainsi particulièrement cité au sein de cet article; mais les autres «registres de paysage» structurent également les circulations, car en créant des vides et des pleins, ils structurent les cheminements : «La ligne, les déchirures d’une clairière s’infléchissent vers le parc d’Aulnay à l’ouest et vers le sud ouest». Structures secondaires des circulations, les motifs structurants n’en ont pas moins aidés l’équipe de paysagistes à dessiner le parc, et à le structurer de motifs.
Cette construction a été progressive, orientée par des indices donnés sur le site. En témoignent la difficulté à dessiner le premier tracé, structurant du parc : « Ici, sur ce territoire où les sollicitations sont faibles, c’est la direction opposée aux vents dominants, la projection de la course du soleil aux heures de fréquentation, et la plus grande dimension du terrain qui orientent le premier tracé.» C’est donc en référence aux usages imaginés et prévus, en rapport avec le confort du futur promeneur que le paysagiste a imaginé le premier tracé traversant du parc. L’autre grand axe structurant construisant le parc est dessiné en référence à ce que Corajoud qualifie cependant d’«innommable» : l’autoroute.«La plus longue de toute, la ligne courbe, image intériorisée de l’autoroute, la grande circulaire où finissent et commencent tous les lieux.» Cet axe structurant, qui évite un arrêt du parc trop brutal le long de l’autoroute est structure l’axe extérieur du parc à travers une référence - ou une opposition - à cette grande voie de circulation.
Constituer un corpus de référence : Les autres voies empruntent à des références extérieures au parc, qui permettent une structuration interne. Corajoud fait appel à des motifs structurants pour son projet: la patte-d’oie, la clairière, les entames cultivées, la haie bocagère, et le boqueteau. Ces références de tracés permettent de retrouver le passé du site, qu’il s’agisse de son
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Figure n°3 : Cinq registres de Paysage
Le passé plus récent du parc est également utilisé par le paysagiste pour structurer les références à l’échelle humaine, dans un parc où l’échelle n’est pas commune. Il s’agit notamment des références faites aux grands ensembles d’Aulnay-sous-Bois : «Un autre système de lignes, venues de la ZUP d‘Aulnay-sous-Bois, franchit la limite ouest du parc, pour y dessiner la maille d’un hectare, le cadre de référence.» Cette références aux grands ensembles ne doit pas faire oublier que la maille d’un hectare, ou de 100m sur 100m est la structure de référence d’un îlot pour être dit marchable, et donc préexistait aux références de Corajoud -et c’est même peut-être elle qui a dicté la structure urbaine de la cité d’Aulnay-sous-Bois.
Recoudre le parc Le parc étant marqué dès son origine par la présence de nombreuses ruptures, et notamment la voie ferrée, le projet du paysagiste doit dès l’amont prendre ces éléments en considération, ce qui oriente des solutions et un tracé tel qu’il le décrit de la façon suivante : « Par deux pincements, on franchit, à nouveau la voie ferrée, l’un passant dessous en suivant le ru du Roideau, et l’autre dessus, pour monter, au loin Paris »
Projets concurrents et pensée du parc ? Si l’on peut retrouver certains des axes structurants du parc dans des projets concurrents notamment , certains ne présentent pas du tout, ou ne traduisent pas du tout leurs systèmes de circulation au sein du plan masse. C’est notamment le cas pour l’équipe menée par Jacques Provost. N’ayant pas pu avoir accès à toutes les planches de concours, et les critiques citant les projets concurrents s’attachant davantage à questionner le débat entre «veine classique, veine paysagère et veine environnementaliste» comme le souligne Architecture d’Aujourd’hui, peu d’éléments se dégagent sur le parc.
Une pensée des grandes circulations reconnue par les critiques. Enfin, pour conclure sur l’importance du projet de circulation pour le parc du Sausset, il convient se souligner que dans un article intitulé Le débat sur le Sausset est ouvert, projet de R. Titus, architecte DPLG, les qualités principales reconnues au projet de Corajoud sont sa capacité à ménager des traversées et des circulations : « Malgré l’émiettement des espaces, ceux-ci sont repris dans une écriture où l’ensemble des vocabulaires des jardins, parcs et forets est utilisé, dans une hiérarchie savante, la dynamique dans la cinétique lente (piétons) ou rapides (véhicules) existe avec ses diversités et ses variétures.»
Ainsi, les trais majeurs du parcs et les grandes formes qu’on retrouvera dans chacune des scènes sont esquissées dès l’amont du projet du paysagiste. Ces axes, qui deviendront des routes et des chemins, organisent et structurent donc le dessin en plan du parc. Très lisibles sur le plan, que ce soit à travers la ligne courbes ou à travers les routes rayonnantes qui convergent vers le lac, on retrouve les motifs de pattes d’oie, clairière, entames, haies et boqueteau lisibles sur le plan. Pour autant, cette structure par la création de grandes voies de circulation masque le fait que les cheminements secondaires, pas toujours présents sur le plan, ont été dessinés, non pas avant la végétation, mais en sont la résultantes, comme nous allons désormais l’analyser.
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1.2.2 Structurer les circulations par le boisement Le végétal comme matériau prioritaire Si la pensée des axes a été à l’origine un élément structurant des projets, pour autant, le lien avec le végétal, très présent partout dans le parc questionne également sur la création des circulations secondaires. Ils semblent construits en négatif de la masse boisée, l’objectif de Corajoud étant de « constituer le parc avec le végétal comme matériau prioritaire ». Ainsi, c’est le végétal qui semble structurer les cheminements secondaires, et c’est l’impression que donnent les photographies de maquette de Corajoud, où la masse végétale semble majoritaire comparé aux cheminements qui s’en dégagent. Si on retrouve l’image de la patte d’oie dans les grandes circulations du parc, les formes paysagères laissent place à une autre pensée, celle des lisières.
Lisières et forêt En effet, la construction de la partie forêt a été marquée par la construction par le végétal, et, ainsi, ce qui fait le cheminement est constitué par les bordures végétales, à savoir les lisières. Ce sont en effet elles à qui revient la tache de réaliser le projet dessiné par le paysagiste, en témoigne Corajoud dans Etude de Plantation d’un parc : le parc du Sausset. Pour lui, « La lisière, outre leur fonction utilitaire de brise vent, sont construite de façon a accentuer la signification spatiale du parc, par un renforcement de celles d’entre elles destiné à accuser la géométrie du schéma d’ensemble, par un relâchement d’autres destiné au contraire à faire oublier la rigueur du tracé.» Celles-ci font l’objet d’une typologie, entre lisières fermées et lisières ouvertes, dont chacune fait ensuite l’objet d’une définition et d’un dessin technique précis. Dans les blocs végétaux les plus denses, l’intégralité des chemins n’est pas mentionné. la plupart semble ainsi avoir été creusé au sein de la masse végétale, ce qui est accentué par le fait que certains chemins sont de simples allées enherbées.
Figure n°4 : Quatre scènes de parc
Figure n°5 : Maquette du parc
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Lisières et Bocage Il en va de même pour les autres scènes du parc. Le bocage, par exemple, voit ses circulations limitées par un système de haies : «Le bocage est constitué de prairies[…] bordées de haies. Une haie basse sur l’intérieur du pré, une haie haute plantée sur talus à l’extérieur qui borde les chemins creux longeant les prairies.» écrit-il dans l’étude de plantation d’un parc : le parc du Sausset.
Figure n°6 : coupe de la forêt
Il y détaille également la nature des arbres et propose des coupes de types de lisières longent les cheminements afin de recréer l’image de campagne qu’il ambitionne de redonner au parc. Ainsi, le chemin résulte de la composition de la trame par l’arbre, qui est, de fait, préexistant à l’allée.
Ainsi, lors du projets, deux pensées quant à la construction des cheminements semblent s’opposer. La première est d’en faire la matrice, la colonne vertébrale du parc, permettant par la suite le dessin. C’est essentiellement vrai pour les grands axes, ainsi que pour les cinq registres de paysage que Corajoud pose. La seconde pensée est celle de construire les chemins en négatif du végétal. Ceux-ci sont alors délimités et définis par les lisières du végétal. Il s’agit alors essentiellement des chemins secondaires. Le projet résulte de ces deux pensées qui se complètent et articulent l’ensemble du parc. Cependant, du projet à la réalisation, de nombreuses modifications ont été apportées, modifiant en partie l’esprit global du parc du Sausset.
Figure n°7 : Composition de la lisière
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1.3 Du projet à la réalisation : 1.3.1 Des modifications majeures
Si l’avant-projet et le concept du parc ont été réalisés de façon assez fidèle par rapport au projet initial du paysagiste, les plus grandes modifications concernent les circulations, comme nous allons désormais l’étudier.
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Des franchissements non-réalisés Ainsi, quatre franchissements de la voie ferrée étaient prévus dans le projet initial, alors que deux seulement ont été réalisés, dont un à un emplacement ne correspondant pas à ceux projetés. Si ces modifications s’expliquent pour des raisons de coût elles mettent cependant à mal le concept du paysagiste qui était de faire du parc une seule et même entité. Cette critique a été formulée dès l’étude sur le site de 1993 menée par le Conseil Général de la Seine Saint Denis : «L’offre de ce grand parc sera beaucoup plus intéressante, et le public beaucoup plus nombreux en créant un sentiment d’unité dans les quatre éléments le constituant». Le sentiment de rupture est ainsi directement reproché au parc sous sa forme actuelle, et en cela il se démarque de l’intention initiale projetée. De plus, dès 1993, le Conseil Général propose d’y remédier en ajoutant des traversées de la voie ferrée affin d’accentuer les liaisons entre les parcs, notamment au niveau de la voie de chemin de fer. Parmi les ruptures les plus marquantes, l’absence de continuité de l’axe circulaire extérieure ressort particulièrement, mais le Conseil Général souligne également l’absence de liaisons entre toutes les scènes du parc. Entre la forêt et le bocage, par exemple, c’est la voie menant à la gare qui forme une limite nette, par sa largeur et son aspect minéral, elle souligne cette rupture. L’absence de liens pour passer d’un parc à un autre est donc constitutif d’une rupture par rapport au projet de Corajoud pour qui «le projet organise des sous-espaces distincts et variés qui par le jeu des alliances formelles, se noueront en des promenades continues». Cette volonté est donc mise à mal par les modifications ultérieures du projet - et les coupes budgétaires ayant entraîné ce sentiment de fragmentation.
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Ruptures avec le projet initial Traversées prévues et non réalisé
Figure n°8 : Carte des ruptures avec le projet initial
Figure n°9 : Entrées et traversées initiales
Figure n°10: proposition de 1993 pour recoudre le parc
Des axes non continus : En dehors de ces ruptures avec le projet de Corajoud, d’autres différences notables sont à signaler en matière de modifications de la trame des circulation. La première modification concerne pourtant un axe emblématique du projet de Corajoud, la longue ligne circulaire bordant le parc à l’est et devant répondre à l’autoroute. Pourtant, cette grande circulation n’est pas achevée, elle est rompue et s’arrête au niveau de la voie de chemin de fer. Là encore, il s’agit d’une modification importante qui souligne que le dessin du parc a été fait en plan et non pas en regard de la réalité. Ainsi coupé, l’axe circulaire perd de sa valeur et de sa réalité, elle n’est pas ressentie comme tel par un promeneur et relève donc du dessin. D’autres axes secondaires n’aboutissent également pas. On peut relever ainsi une rupture avec l’axe transversal traversant le parc du bocage à la forêt. Il est également limité par la voie de chemin de fer
Figure n°11 : Rupture au niveau de la ligne courbe
Ces éléments soulignent que le travail du paysagiste, sa volonté de structurer le parc de grands axes a été mise à mal par la réalisation, qui ont rendu difficile la concrétisation de ses lignes dessinées en chemins réels.
Des usages non prévus par le paysagiste L’usage effectif des circulations questionne également le projet. L’axe le plus arpenté est celui menant d’Aulnay-sous-Bois à la gare de RER, au cœur du parc. Or, cet axe était très peu souligné dans le projet, et cela se traduit par une absence de traitement ou de pensée de cette circulation emblématique. La visibilité du parc depuis cet axe n’est pas réfléchie, ce qui donne même à certains usagers un sentiment de ne pas être dans le parc, ce dont a témoigné une étude menée par le gestionnaire du parc et le conseil général de la Seine Saint Denis, mais à laquelle nous n’avons malheureusement pas pu avoir accès.
Figure n° 12 : la D104; une rupture au cœur du parc
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1.3.2Une construction par le végétal et la gestion Le parc du Sausset est un parc en constante évolution, ce qui est lié à son histoire récente et au fait que le végétal est son matériau principal, et que cette matière est vivante et évolue. Ce constat est particulièrement vrai sur les chemins tracés et sur les paysages qu’on aperçoit à partir d’eux. Le parc a évolué depuis sa conception par le paysagiste, du fait de la gestion et de
Le végétal pousse et transforme les chemins Les photos prises en diachronies, à une vingtaine d’années d’écart le soulignent. Sur la première série de photo, prise au niveau d’un chemin du bocage, entre 1980 et 1995 (la date précise n’est pas connue, toutes les photos ont été tirées du site internet suivant : http://corajoudmichel.nerim.net) puis en 2014, on voit que l’entretien a totalement transformé l’aspect du parc. Ce qui relevait hier d’un paysage traditionnel de bocage, avec des haies entretenues plantées sur un talus et un fossé se confond aujourd’hui dans une masse végétale uniforme : les arbres ne sont plus élagués, et les herbes folles ont remplacé la pelouse, transformant profondément l’aspect de ce chemin, qui semble bien davantage sauvage aujourd’hui qu’hier. Ainsi, le chemin bocager, par un changement d’entretien, en vient à ressembler à un chemin forestier. On peut alors trouver qu’il s’agit d’une paupérisation de la scène bocagère qui perd en partie son identité. Dans un parc somme toute assez monotone, cette perte d’identité pose problème.
Figure n°13 : le bocage hier
Figure n°14 : le bocage aujourd’hui
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La gestion modifie le projet. La gestion, a également modifié les chemins du parc depuis le projet de Corajoud. Une partie des chemins de la forêt, par exemple, ont été goudronnés afin de permettre mieux le passage des véhicules d’entretien. Cela limite l’aspect domestique de certains chemin et constitue donc une modification non négligeable. Par ailleurs, le chemin du bocage dans sa forme actuelle en vient à ressembler aux chemins forestiers, ce qui pose une certaine confusion quant à la hiérarchie des cheminements. le pont était en effet une destination privilégiée que ce soit pour aller admirer les oiseaux ou bien parce que sa couleur vive tranchait dans un paysage essentiellement végétal. Ainsi, sa destruction entraine une paupérisation des scènes, bien que provisoire. Enfin, les problèmes d’entretien changent l’aspect du parc. Le ponton qui reliait l’Île centrale du lac a ainsi été démolie car son bois était rongé par des champignons. Son remplacement, prévu pour 2015, en métal, bien qu’ayant reçu l’accord de Claire Corajoud, et son absence, actuellement n’en sont pas moins des éléments modificatifs le projet initial.
Figure n°15 : Le lac et son ponton hier
Ce ponton se voulait en effet un des éléments emblématique du parc, tranchant avec la couleur verte de la végétation, et était, de plus, très apprécié pour l’observation des oiseaux bien que temporaire, sa disparition n’en révèle pas moins une perte pour le parc.
Figure n°16 : Le lac et son ponton aujourd’hui
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Une gestion à l’identique de certain cheminements Mais des chemins se caractérisent également par leur absence de modification, dans le traitement ou l’entretien, soulignant une persistance de certains paysages au sein du parc. La prise de vue ci-contre souligne cet état de fait, la prise de vue, faites du haut des escaliers, en limite du bocage, souligne que seule la végétation qui a poussé, au loin, a transformé les prises de vue. Le paysage offert au promeneur il y a vingt ans est ainsi encore le même aujourd’hui.
Entre modification profonde ou maintien, le paysage du parc du Sausset n’a cessé d’évoluer depuis sa création et son dessin par le paysagiste. La variété des projets discutés encore aujourd’hui sur le site indique qu’il ne cessera pas d’évoluer.
Figure n° 17 Point de vue sur le parc urbain d’hier
Figure n° 18: Point de vue sur le parc urbain aujourd’hui
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2. Une typologie des circulations Le parc du Sausset propose une grande variété de cheminements. Ils sont différents aussi bien par leur structure, le matériau qui les compose, le paysage qu’ils offrent à voir et les usages qu’ils induisent... Afin de les appréhender dans la plus grande variété possible, nous avons souhaité constituer une typologie, autour des grandes scènes du parc : la forêt, le parc urbain,
et enfin le bocage et le puits d’enfer, fusionnés en une seule et même scène car offrant beaucoup de similitudes quant aux cheminements proposés. Nous avons également ajouté une typologie des éléments de rupture, de façon à questionner leur intégration dans le parc.
2.1 Cheminements en forêt Entre aspect sauvage et grands parcours, les chemins en forêts sont multiples.
Figure n°19 :Coupe clairière et chemin enherbé Le chemin enherbé se trouve essentiellement en forêt. Rarement indiqué sur le plan général du parc, ils se caractérisent par un entretien très léger : il s’agit uniquement d’une allée d’herbe plus courte au milieu d’herbes folles plus hautes. En cela, il est très lisible, malgré cette légèreté d’entretien. On le trouve dans les parties les plus sauvages de la forêt, notamment au cœur des clairières, débouchant ensuite sur un chemin en dur.
Ici sur la figure N°19, depuis le chemin enherbé de la clairière, on peut voir d’amples paysages, ce qui est rare dans la forêt. C’est un espace ouvert dans la masse boisée, un écrin arboré homogénéisé. Le chemin enherbé, peut parfois être ponctué de mobilier urbain - bancs ou poubelles - soulignant alors son caractère permanent, que l’on pourrait pour autant croire temporaire.
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Figure n°20 : Forêt basse
C02: Coupe forêt basse Le second type de chemins, à l’allure moins sauvage est souvent en terre ou en stabilisé, voire en pavé pour certains cas, avec des abords enherbés sur les deux cotés. D’une largeur d’environ trois mètres, il est caractérisé par l’encadrement d’arbre de différentes espèces qui le compose. Sur la coupe ci-contre, ceux-ci sont caractérisés par leur opacité. Les arbres au premier plan ne sont pas élagués à la base et masquent ainsi les arbres de second plan. L’impression qui se dégage alors sur ce type de chemin est un confinement par la masse boisée impénétrable et lourde. Cette sensation invite le visiteur à continuer le long du chemin, par la crainte de se perdre.
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L’absence de points de vue à gauche comme à droite ne fait que renforcer l’importance de l’axe visuel fuyant vers l’avant. Ce chemin semble monodirectionnel, un espace de passage plutôt qu’un lieu qui invite à rester. Quand ces étroits et longs couloirs boisés viennent à se croiser, ils révèlent parfois des éléments emblématiques du paysage comme le château d’eau ou encore les clairières. Malgré, l’impression d’être perdu au milieu de la forêt, le promeneur est guidé par la structure du chemin qui le mène jusqu’au prochain croisement.
Figure n°21 : Forêt haute
C03: Coupe forêt haute De la même envergure que le type de cheminement précédent, de matériaux et de largeurs identiques, les chemins que l’on trouve dans la forêt basse diffèrent cependant par le paysage qu’ils offrent à la vue des promeneurs. Les lisières ont en effet été travaillées de façon à dégager une visibilité vers l’intérieur de la masse boisée. L’opacité des vues latérales est moins prononcée, en permettant la vue à 360 dégrées. C’est un nouveau type d’espace paysager: Un chemin plus versatile qui invite se créer ses propres sentiers à l’intérieur de la masse boisée.
C’est donc bien la lisière qui structure ici les usages et la pratique à laquelle le paysagiste invite. Entre se perdre en forêt ou se laisser guider par les cheminements. Entre impression d’opacité ou d’ouverture, de domestication ou de sauvage, les chemins structurent les paysages de la forêt et varient les impressions et les types d’espaces offerts aux promeneurs.
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2.2 Parc urbain Scène du parc la plus fréquentée, le parc urbain présente aussi la plus grande variété
paysagère. Ses chemins, plus urbains, s’attachent à le révéler.
Figure n°22 :Coupe du chemin de la gare
C04: Chemin de la gare L’allée de la gare est une allée particulièrement fréquentée notamment en hiver puisqu’elle permet de relier la gare à Aulnay-sous-Bois. Le fossé à gauche et le buisson à droite renforcent la direction induite par le chemin; la présence de lampadaires et les alignements de sapins à ses abords soulignent la perspective fuyante et complète sa vocation à être traversé même de nuit. Son sol, en béton désactivé, ainsi que ces trois mètres de large insistent sur sa fonction de lieu de passage, artère du trafic quotidien du parc. En cela, elle tranche
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avec le reste des voiries du parc. Le traitement paysager de ses abords en font ainsi une voie urbaine, alors que le paysage qu’elle offre à la vue n’est pas assez riche pour donner envie de pénétrer dans le parc. Par ailleurs, elle n’est pas identifiée par tous les passants comme appartenant au parc car beaucoup ne la voient que comme une voie piétonne de transit.
Figure n°23 :Coupe parc urbain
C05: Tour du lac / Escalier et point de vue Cette coupe présente deux chemins proposant des ressemblances visuelles et spatiales. Le premier, le plus à droite permet d’effectuer le «tour du lac» une ballade privilégiée par les usagés. Pavé et bétonné, il est facilement praticable, et d’une largeur de trois mètres environ avec de larges abords latéraux. Bien que bordé d’arbres, il offre une vue dégagée sur l’eau et les rives du la. Il attire ainsi les visiteurs venus contempler les animaux. Jouxté de bancs, il invite aussi au repos.
En cela, il est similaire au second chemin présenté sur la coupe, en hauteur. En béton, c’est le point de vue privilégié des promeneurs du parc pour contempler le lac. L’opacité de la masse boisée à gauche renforce la vue dégagée sur la majorité du lac. La hauteur de ce belvédère permet des vues à différentes profondeurs qui replace le parc dans le territoire (alignement d’arbres, lac, forêt, château d’eau, Tour Eiffel). Ce point de vue apporte une compréhension plus globale du parc et donne un sentiment assez rare d’une unité.
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2. 3 Chemin bocager
Figure n°25 : Enclos bocager
Figure n°24 : Chemin bocager
C06: Chemin Bocager
C07: Enclos Bocager
Le bocage se caractérise par des chemins encadrés par une rangée d’arbres resserrés et surélevés par un talus, limitant fortement la visibilité sur les côtés latéraux. Ces chemins dirigent le regard du promeneur vers l’avant et l’invite peu à regarder sur les côtés obstrués. Ces voûtes végétales très denses rappellent les étroits chemins agricoles de campagne bocagère.
Ce second type de chemin, moins fréquent dans le bocage est caractérisé par la présence de clôtures en grillage et en poteaux de châtaigner. Ils évoquent, là encore, les régions bocagères où l’élevage est important. Permettant une plus grande visibilité sur les côtés, les chemins donnent à voir les animaux. S’ils découragent le promeneur d’aller dans les enclos, ils l’encouragent ainsi à s’arrêter.
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2.4 Ruptures : Les ruptures au cœur du parc sont non seulement une gêne à la circulation des modes doux, mais elles entraînent également des ruptures paysagères.
C08: La D104 Existant avant la création du parc, la D104 également appelée Route Camille Pissaro est une voie de transit importante au sein du parc, reliant la gare à Villepinte. Elle est marquée par des flux de voiture et de bus très importants, mais également par des flux piétons. Aucune voie dite douce n’est aménagée pour les piétons. Cette voie, marquée par sa minéralité au sein d’un parc extrêmement vert est une rupture importante au cœur du parc. L’espace réservé au piéton, le long de cette coupure, est assez limité. De l’autre coté de la route, un talus dissuade les passants de pénétrer dans la forêt.
Figure n°26 : La D104 Le rideau d’arbres sur ce talus forme à la fois une barrière visuelle depuis le chemin et une barrière auditive contre la nuisance sonore des voitures. Le fossé à droite est à la fois un dispositif de récolte d’eaux de pluie et une barrière douce pour empêcher traverser de la plaine. Le parc semble ainsi disposer de limites peu lisibles et précises. Il n’est ainsi pas indiqué ou fléché depuis cette route, de sort qu’on croirait presque longer n’importe quel talus et non pas se situer au cœur d’un parc de 200 hectares..
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Figure n°27 : La voie ferrée
C09: La voie ferrée Rupture majeure puisqu’elle créé une rupture jusqu’au grand axe circulaire souhaité par Corajoud, la voie ferrée traverse le parc de part en part. Il n’existe que deux moyens de la franchir, un souterrain, et une passerelle, présentée sur la coupe cicontre. Celle-ci fait le lien entre le parc urbain et le bocage, deux scènes du parc très diffé-
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rentes qu’elle relie. Enjambant les voies de chemin de fer, on distingue derrière le grillage, le grand paysage et ses éléments emblématiques : les châteaux d’eau et les cyprès, au loin. L’absence de traitement paysager propre à cette passerelle, somme toute très fonctionnelle questionne, car elle n’encourage guère la traversée de la voie ferrée.
Figure n°28 : L’autoroute
C10: L’autoroute Encadrant le parc, l’autoroute est une voie rapide majeure qui constitue l’une des principales rupture dans le parc. Qualifiée «d’innommable» par Corajoud lors du concours, celui-ci a voulu proposer un traitement paysager de façon à limiter l’effet de rupture de l’autoroute. Malgré la présence d’une passerelle, cette limite paysagère persiste et est accentuée par la nuisance sonore des voitures.
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3. L’appropriation du parc par les usagers 3. 1 La diversité des usages En dehors des usages programmés par le paysagiste, et qui soignaient particulièrement la marche et les déplacements, d’autres usages se sont développés. Parmi eux, on peut noter le taïshi, le training, la marche nordique...
Point de vue sur l’ Allée de la Tour Eiffel (Parc urbain)
Observatoire oiseaux (au bord du lac, parc urbain)
Thaï chi (Allée de la Tour Eiffel, parc urbain)
Marche nordique (Pré carrés parc urbain)
Marche (Allée du Vertugadin , parc urbain)
Course cross (bocage)
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Figure n°29 : Des usages variés
3.2 Trois types d’itinéraires et d’expériences paysagères Dans son article «Hodologique», des Carnets du paysage intitulé «Les Cheminements», Gilles A. Tiberghien revient sur l’origine de l’étude de l’expérimentation des lieux par les habitants. Il rappelle qu’«un collaborateur de la revue Lansdscape, Derk De Jonge, dans un numéro de l’hiver 1967-1968, analysant l’attitude des gens dans les lieux de détente et de loisir - ce qu’il nommait les recreation areas -, intitula en effet son article: «Applied Hodology», «Hodologie Appliquée». Il rappelait que ce concept vient du psychologue Kurt Lewin qui l’avait utilisé, entre autres, pour décrire la structure de l’espace vécu, l’associant à des concepts tels que «buts», «route préférentielle», «obstacle».» S’inspirant la démarche de l’hodologie appliquée, nous allons étudier comment la structure des voies de circulation du parc du Sausset influence voir détermine l’expérience de la marche et les perceptions paysagères associées.
De la stratégie d’appropriation à la réalité d’usage La volonté des paysagistes de créer un parc urbain avant tout pour les habitants de ce territoire fragmenté est évoqué par Corajoud, dans Archivert : «Avant de solliciter les visiteurs éloignés venant par l’autoroute et le RER, il convenait de restituer ce parc à l’ensemble du territoire physique et humain duquel il a été sectionné. Nous entendons par là qu’il ne suffit pas de passerelles pour que les riverains entrent dans le parc. Il nous paraissait nécessaire qu’entre avec eux, un morceau du paysage de leurs propres rives.» De la stratégie des concepteurs à l’appropriation du parc par les riverains aujourd’hui, nous allons essayer de comprendre les écarts entre projection et réalité d’usage. En effet pour Michel Corajoud, «Il ne s’agit pas de conduire les usagers au loisirs mais de recoudre leur territoire rompu.». (Archivert). C’est à travers un maillage complexe de chemins, d’allées, et de routes que le parc s’est greffé à son territoire.
Comment cheminent les habitants dans ce parc du Sausset ? Quels évènements rythment leurs parcours ? Comment se représentent-t-ils les différentes zones du parc? Notre approche prend en compte aussi bien le chemin dans sa matérialité la plus élémentaire que l’usage qu’ils en font en vue des buts que chacun se propose de poursuivre.
Itinéraires et perceptions du parc par les riverains à travers les cartes mentales Notre travail d’enquête auprès des riverains, questionne la lisibilité du parc à travers les itinéraires empruntés par chacun. Notre objectif était donc de recueillir à la fois les itinéraires et les perceptions des ambiances paysagères qui y étaient associés. Pour ce faire, nous avons utilisé la carte mentale, comme mode de restitution de ces informations, comme outil subjectif de transmission d’un vécu du parc. Nous avons formulé deux demandes à chaque personne rencontrée: - Premièrement pouvez vous présenter par le dessin votre itinéraire emprunté le plus régulièrement, votre «route préférentielle», et nous le décrire simultanément. - Deuxièmement, pouvez vous répertorier les scènes paysagères qui présentent pour vous des qualités particulières. Lors de trois visites au Parc du Sausset nous avons enquêté neuf personnes qui ont confirmé nos premières sensations de l’équipe. Nous avons alors décelé trois types de cheminements : les déplacements, les ballades et les parcours exceptionnels. Ci-après chaque carte mentale est référencée par l’abréviation CM suivi de son numéro. Un indexe des cartes mentales et des commentaires associés est joint en annexe du dossier.
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3.2.1 Les ballades vers les pôles d’attraction Uexküll évoquait déjà que la notion de «familiarité» est caractéristique de l’espace Hodologique, cité par Jean Marc Besse dans «Quatre notes conjointes sur l’introduction de l’hodologie dans la pensée contemporaine». Nous allons tenter d’éclairer comment le chemin est déterminé par des habitudes perceptives et des caractères directionnels. Pourquoi le parc urbain est-il devenu familier pour les riverains ?
Les désirs habitants pour un parc urbain Qu’est ce qui rend le tour de l’étang de Savigny attractif ? Ce parcours est très apprécié pour son accessibilité, tout d’abord, car il est à proximité du parking, et que la plupart des usagers du parc - qui viennent en voiture peuvent les garer.
Figure n° 30
et 31 : Ambiances du parc urbain
C’est en effet très lisible sur la CM-6, où les temps de transport prennent une place prépondérante. La mère de famille qui l’a réalisé souligne d’une part, l’accessibilité en voiture, par le parking des Gardes en 5 minutes depuis Aulnay, et d’autre part la possibilité pour les enfants de jouer au football sur les grandes pelouses du pré-carré, pendant que les plus petits jouent sur l’aire de jeux de Héron, pour finir par une promenade autour du lac. C’est donc le spectre des multiples activités pour tous les âges qui rend ce chemin attractif. Mais malgré ces atouts, la venue au parc du Sausset conserve un caractère exceptionnel: la mère de famille qui a dessiné la carte mentale 6, explique : « Après l’école, en semaine on va pas faire un long trajet, on va plutôt aller au square d’à coté. Par contre, j’aime bien ce parc à cette période le weekend, il est calme et il y a le lac.». C’est donc un parc fréquenté pour des moments assez longs.
Les habitudes perceptives de ces ballades Le chemin qui longe les berges est ponctué de bancs qui permettent une vue dégagée sur le plan d’eau. Un autre couple d’Aulnay-sous-Bois, nous confie qu’il vient lui aussi par ce même itinéraire pour faire un jogging autour du lac le weekend et parfois pour pique-niquer les midis en semaine. (cf. CM- 7). Pour eux, « le paysage est
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C M-6 Figure n° 32 : Carte mentale n°6
Figure n° 33 et 34 : Ambiances du parc urbain (2) agréable et calme ». Cet espace ouvert, offre un versant ensoleillé pour les promeneurs au long de la journée. Sur un point fixe du contour, le marcheur peut voir la quasi totalité des bords du lac. Cette amplitude du champ du regard sécurise et invite le corps du marcheur au repos, encouragé par la présence de bancs et de mobiliers urbains. Le chemin en béton épouse des courbes douces, il est donc aussi adapté aux personnes en mobilité réduite.
Figure n° 32 : Carte mentale n°4
Les modalités d’appropriation des parcs Le parc urbain est d’ailleurs nommé «le centre du monde» par deux marcheuses, comme on peut le voir sur la CM4. Elles l’ont accompagné d’un schéma général du parc qui témoigne d’une perception générale : «Il y a, trois mondes différents : «le bout du monde, à la fois sauvage et accueillant avec les jeux pour les enfants - le parc urbain, le centre du monde qui est très fréquenté - la forêt plus brute mais entretenue ». Sur le schéma, la passerelle et la route sont des limites intra-parcs lisibles. Elles forment des interstices entre des «mondes» clairement délimité Cette synthèse symbolique met en évidence la référence centrale du parc urbain, autour de laquelle viennent se greffer en satellite le bocage et la forêt. C’est donc une hiérarchie d’appropriation des lieux qui apparait en filigrane. L’échelle du parc urbain, semble donc convenir à ces riverains et répondre à leur attente à la fois en terme d’accessibilité, de pluralité des activités proposées et de dépaysement. La ballade autour de l’étang de Savigny, jalonnée par les pôles d’attractions du parc urbain semble donc être l’itinéraire familier pour la majorité des usagers du parc.
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3.2.2 Les parcours exceptionnels Une faible appropriation de la forêt Les cartes mentales évoquent peu le milieu forestier alors qu’il représente deux tiers du parc. Peu de personne le fréquente, et il semble être l’objet de fantasmes voire de peurs. Les interviewés nous le décrivent comme lieu sauvage et insécure. Une habitante d’Aulnay qui se rend quotidiennement au parc indique: « je ne vais en forêt car je m’y sens pas à l’aise» (cf. CM 5). La sensation d’isolement est aussi relevé par la maîtresse qui accompagne sa classe pour un parcours de découverte sensoriel guidé par un animateur du parc : “Dans la foret les enfants ne sont pas trop rassurés par contre quand nous arrivons dans une clairière, ils se mettent à courir” (cf. CM-8).
Un jeu de masques visuels, entre confinement et déploiement de l’espace C’est en groupe que nous l’avons découvert lors de notre première visite. Les premières impressions de ce milieu son révélatrices d’une première ambiguïté: «Une forêt ? Les lieux sont difficilement identifiables, j’ignore parfois où je suis. Entre forêt sauvage et domestique : sauvage parce qu’il n’y a personne, qu’on y croise des animaux. Domestique car les chemins sont tracés et que la monotonie des essences d’arbres bloc par bloc questionne.»
Figure n° 35 et 36 : Ambiances de la forêt
En effet, la lisière forestière créé un masque visuel, elle arrête le regard. Elle dessine un couloir de visibilité, qui trace de profondes fuyantes dans les masses boisées. Marcher dans ces longs tunnels très géométriques nous indique que nous sommes dans une forêt plantée par la main de l’homme.
selon le type de cheminement. Les aménagements récents du parc tentent de rendre cette forêt plus attrayante comme en atteste le parcours sportif et le chemin de randonnée de 7 km dont une partie traverse la forêt.
Si nous comparons la cartes des structures des circulations du parc du Sausset établie en janvier 2013 avec la typologie des voies indiquées sur la plan du parc aujourd’hui, nous remarquons que la structure des «chemins» dans la forêt sont soit en grave, en pavés ou en stabilisé. Les voies «sans nom» sont en terre, elles sont donc aujourd’hui enherbées pour la plupart. Ces bandes d’herbe coupée invitent le marcheur à quitter le chemin pavé pour une déambulation dans les clairières, ces espaces ouverts dessiner en creux des boisements. Ils provoquent, on l’a vu, des sensations différentes
Mais alors, qui va en forêt? Cette forêt attire des personnes en quête de découverte et d’aventure, qui viennent précisément pour son calme et à la rencontre d’une faune et d’une flore «sauvage». On y trouve des promeneurs de chiens, des amoureux de la nature, mais surtout des groupes lors de marches organisées et encadrées, et lors d’animation comme les marches nordiques ou les parcours découverte de la biodiversité proposé
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par des animateurs nature de la maison du Sausset.
La Marche nordique, un itinéraire improvisé La marche nordique illustre ces pratiques de cheminements en forêt. En anglais Nordic Walking, c’est un sport qui se pratique en plein air et qui consiste en une marche accélérée avec des bâtons de Marche Nordique pour propulser le corps vers l’avant. Michel Houizot, président du Club de randonnée de Villepinte et auteur de la CM9 a initié les marches nordiques au Sausset depuis deux ans. Il explique que «chaque animateur choisi son itinéraire, le parc du Sausset est très diversifié et vaste donc chacun improvise un itinéraire qui dure entre 1h30 et 2h.» Le terme «improvisé», souligne que chaque animateur a une très bonne connaissance du terrain pour pouvoir guider le groupe. Pour M Houizot « la forêt c’est mon secteur de prédilection, nous empruntons les chemins et les sentiers, nous montons sur les talus, nous essayons de marcher hors des sentiers battus.» La forêt est donc synonyme de nature perdue, ce qui attire les marcheurs. D’ailleurs, lors de la marche du 23 octobre 2014, le groupe est bien équipé, et emprunte les chemins enherbés et les sentiers des sous bois.
Figure n° 37 et 38 : les sentiers de la forêt
C M-9
Cette marche est ponctuée par les événements paysagers de la forêt, lisibles sur la CM- 9. Depuis le parking de la croix blanche, le groupe commence par des étirements puis se dirige en direction de la clairière, la première destination de la marche. Cette carte, d’une grande précision souligne que les éléments paysagers souhaités par Corajoud sont bien identifiés, le randonneur souligne notamment la présence des châteaux d’eau au loin comme repère paysager, et souligne la variété des arbres rencontrés. Pour finir M. H souligne qu’«en général, lors de leurs visites personnelles du parc, les participants ne se sont jamais aventuré dans la forêt, c’est lors des randonnées qu’ils l’ont découverte. C’est la partie du parc autour du lac qui est individuellement le plus apprécié ». C’est donc grâce à la dynamique de groupe que les marcheurs découvrent ce territoire, soulignant que la randonnée en forêt conserve un côté exceptionnel, et n’est pas pratiqué à titre individuel.
Figure n° 39 : Carte mentale n°9
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3.2.3 Les Déplacements Les chemins fonctionnels Un déplacement suppose d’emprunter des chemins fonctionnels pour se rendre à une destination précise. Mais se déplacer dans le parc, est-ce être dans le parc ? Quelles sont les limites pressenties pour le parc ?
Voie ferrée
Le réseau de circulation devient un territoire, le parc disparaît Cette première représentation nous montre combien il est possible de traverser quotidiennement le parc sans y entrer vraiment. Comme l’enquêté le rappelle « Je traverse le parc mais je ne m’y arrête pas.» Les axes de circulations sont omniprésents, ils structurent le trajet et les images qui y sont associées. Cet habitant du quartier de la Haie Bertrand à Villepinte, longe l’avenue du Sausset - route à deux voies - faute d’un aménagement piéton. Une première étape de son itinéraire est marquée par le franchissement de l’autoroute A104. Ensuite, passé le parking des Erables, il mentionne le tronçon planté de l’allée, qui est la seule référence à une masse arborée. Le franchissement d’un obstacle est dessiné sur le plan, le détail nous informe qu’un tunnel permet aux voitures et aux piétons de circuler sous une voie ferrée. Enfin, il semble qu’il emprunte un sentier pour aller plus rapidement à la gare RER. Ce témoignage met donc en évidence le manque de circulation douce entre Villepinte et la gare RER, mais il va bien au-delà. Le fait que le parc soit ici représenté par les axes de circulation nous laisse penser que l’impact paysager, de la route, de l’autoroute, de la voie de chemin de fer est puissant pour ce riverain. Ces éléments font-ils pour autant paysage? Dans son Court traité du paysage (1998), Alain Roger écrit : « Nous serions, devant nos villes et même nos campagnes, dans le même dénuement perceptif (esthétique) qu’un homme du XVIIe siècle face à la mer et à la montage. [...] Nous ne savons pas encore voir nos complexes industriels, nos cités futuristes, la puissance paysagère d’une autoroute. A nous de forger les schémas de vision qui nous les rendront esthétique. » Alain Roger nous invite donc à projeter les paysages industriels et urbains comme des paysages contemporains en tant que tels. Pour autant, ici, la présence du parc disparaît complètement au profit de l’image d’un fragment d’un vaste réseau de circulations.
D104
Francilienne
C M-1 Figure n° 40 : Carte mentale n°1
Figure n°41 et 42 : Ambiances de la D104
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Dans tous les cas, même si ces voies rapides font paysage pour l’usager, ils sont également une rupture visuelle, impactant sur la qualité paysagère des lieux.
La topologie suggère un moment de contemplation Dès lors, qu’est ce qui invite à quitter un déplacement fonctionnel, et faire une pause? La carte n°2 nous apporte un élément de réponse. Elle a été réalisée par un habitant d’Aulnay qui traverse le parc, depuis l’entrée du Gros Saule en marchant 4 km. Il contourne le lac pour rejoindre la gare RER. Il précise que « Souvent je fais une pause là haut sur un banc, et je regarde les coureurs». Son point de vue de prédilection se situe sur le l’allée de la tour Eiffel, point culminant du parc qui offre une vue dégagée sur le Sausset. L’événement du paysage est ici mis en scène par la surélévation d’un chemin sur la hauteur du parc. Ce belvédère permet d’embrasser du regard Aulnay sous Bois, le parc du Sausset et Paris au loin. Ici, c’est donc par la topologie du lieu, artificielle, que le marcheur est invité à un moment de contemplation.
Les allées plantées sécurisent les déplacements quotidiens La structure d’une allée plantée est normée. Elle est large, bordée de lampadaires urbains. Cette structure apport un confort pour des déplacements quotidiens fonctionnels nocturnes et diurnes.
Figure n° 43 : Carte mentale n°2 C M-2
C’est ce dont témoigne l’hôtesse d’accueil de la maison du Sausset, qui effectue les allers et retours quotidiennement entre la gare RER de Villepinte et son lieu de travail (marche de 7min). Elle emprunte uniquement les allées où elle se sent en sécurité. Elle explique : « Moi, je ne me ballade pas dans le parc pour l’instant, je marche de la gare jusqu’à la maison du Sausset, c’est tout. Le soir, je demande au garde de me raccompagner. ». Sa peur du parc s’appuie sur quelques faits divers et se concentre notamment sur la forêt. Sa connaissance du parc reste donc théorique car son itinéraire est très succinct - cf. CM-3. L’étude des déplacements quotidiens des riverains pour ce rendre sur leur lieux de travail mais en évidence des attitudes variées. Certains vont emprunter le chemin le plus court, quitte à couper à travers champ, d’autre le plus agréable ou enfin le plus sécurisant.
Figure n°44 Point de vue sur le parc
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3.3 Résultats de l’enquête
Les endroits visités
Etang de Savigny
Prés carrés
Bocage
Puits d’enfer
Forêt
Les petits champs
Figure n°46 : diagramme de fréquentation par lieu visité par nos enquêtés
ballades
parcours exceptionnels déplacements
CM1 CM2 CM3 CM4 CM5 CM6 CM7 CM8 CM9
Figure n°45 : carte de synthèse des itinéraires des enquêtés
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Les résultats de notre enquête en novembre 2014 recoupent globalement ceux de la carte de répartition de la fréquentation annuelle, établie par la Direction du Parc en octobre 2011. ta l
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En effet, la répartition spatiale des itinéraires de ballade correspond aux zones de fréquentation moyenne et forte du parc urbain et du bocage. Le tour de l’étang de Savigny est, de loin, l’itinéraire de promenade le plus familier pour les habitants. Le parc urbain est donc le plus fréquenté. Les habitants lui reconnaissent les qualités suivantes: une sensation d’espace ouvert, le confort des chemins aménagés, la présence de pôles d’attraction multiples dont l’eau et les jeux pour enfants. Il répond donc à la demande sociale de nature, à la fois en terme d’accessibilité, de pluralité des activités proposées. Les déplacements quotidiens des riverains pour se rendre sur leur lieu de travail mettent en évidence des attitudes variées: certains vont emprunter le chemin le plus court, d’autre le plus agréable ou encore le plus sécurisant. Les routes et les allées sont alors privilégiées pour rejoindre la destination.
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Enfin, on note une faible appropriation de la forêt, elle repousse par son oct. 2011 aspect «sauvage». Par contre elle attire des personnes en quête de découverte et d’aventure, qui viennent précisément pour son calme, à la rencontre d’une faune et d’une flore «rare». Les parcours en groupe en forêt n’apparaissent par sur la carte de fréquentation annuelle, car comme nous l’avons vu, ce sont des parcours improvisés lors des marches nordiques ou des parcours découverte pour les enfants. Ces parcours spontanés, bien que peu nombreux, dessinent de nouveaux sentiers, loin de l’esthétique des voies déjà tracées.
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Figure n°47 : Carte de fréquentation du Sausset
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Conclusion A l’origine, le parc du Sausset a été créé pour devenir un poumon vert au sien d’un tissu urbain se densifiant. Il avait aussi pour vocation de recoudre les ruptures d’un tissu urbain fragmenté, et ce dès la programmation initiale du parc, comme dans le projet originel de Corajoud. Pour autant, nous constatons que ces ruptures sont toujours présentes aujourd’hui. Que ce soit par le maillage d’axes de circulation routier (qui coupe le parc de son territoire en accentuant les mobilités automobiles), ou bien du fait des ruptures intra-parc, comme la voie ferrée et la D104. Ces éléments renforcent le sentiment qu’il n’existe non pas un mais des parcs du Sausset. Dans ce contexte, il semble que le dessin minutieux de la trame de chemins et d’allées plantés ne suffit pas à redonner une cohésion au parc parce qu’il est à la fois trop vaste et trop fragmenté pour que ce soit possible. Les grands axes qui permettraient de faire des liaisons intra-parcs s’arrêtent parfois brutalement. Les ruptures sont trop nombreuses et les moyens de les franchir insuffisants. Les usagers du parc restent alors souvent cantonnés à un seul itinéraire familier. Ainsi, telle famille ne fréquentera que le parc urbain pour ses jeux, tel couple uniquement le tour du lac, tel sportif fera le même entraînement entre parc urbain et puits d’enfer tous les jours. Les chemins ne parviennent ainsi que très peu à inviter à la découverte ou à l’aventure, que ce soit en passant d’une scène à une autre, ou bien en explorant la forêt. Par ailleurs, il n’y a peu de voies de circulations douces qui lient les villes environnantes au parc. Le parc est une entité relativement refermée sur elle-même et n’a pas été pensé comme un maillage de nature à travers les villes. En effet, la plupart des usagers interrogés venaient en voiture, les déplacements depuis Villepinte pour rejoindre la gare se font essentiellement en bus, et ceux qui s’y risquent à pied ne se sentent pas réellement dans le parc mais restent à sa frontière, en marge du réseau de circulation automobile.
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La disparité de l’offre de mobilité douce entre les habitants de Villepinte et ceux d’Aulnay, ainsi que l’aspect très minéral de l’allée de la gare accentue les pratiques du tout voiture, en témoigne l’importance fréquentation des parkings, autour de la gare. Malgré la volonté de son concepteur, le parc peine à recoudre les différentes rives de son territoire, sur lequel il semble flotter, sans lien. S’il attire pourtant les habitants, c’est pour des sorties demeurant exceptionnelles et de longue durée. Ce n’est donc pas un remède ponctuel à un paysage urbain très dense et minéral. Pour tant, ce par est, surtout le parc urbain, est plébiscité par les usagers, qui apprécient son bon entretien et la diversité des paysages qui le compose. L’attractivité du parc urbain en regard des autres scènes du parc a été confirmée par notre enquête. Il semble donc qu’il répond à la demande sociale ponctuelle de nature, à la fois en terme d’accessibilité, de pluralité des activités proposées (un lac, une buvette, des jeux pour enfants, des oiseaux...). Ainsi, dans ce projet qui se voulait original et créateur à la fois d’un parc forestier et d’un « morceau de campagne », l’étude de son appropriation nous a permis de constater que ce n’est pas la partie du parc qui évoque la nature « sauvage », ou celle qui évoque la campagne qui sont appréciées, mais bel et bien son aspect le plus aménagé, le plus urbain, voire le plus banal. Ce contrecoup porté à la volonté du projet initial questionne sur la notion et la fonction même d’un parc en ville, bien au-delà de la simple question des cheminements.
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Bibliographie Bouzemberg, C. (1978). Rapport de synthèse des analyses du Concours d'idées pour l'aménagement du Parc Departamental de Sausset. Paris: Carreri, F. (2004). Walkscapes. Barcelona: Gustavo Gili CONSEIL GENERAL DE SEINE SAINT-DENIS. (1993). Parc de Sausset: Bilan et perspectives. CONSEIL GENERAL DE SEINE SAINT-DENIS. (2013). Structure et circulations du parc de Sausset at 2011 Corajoud, C. et Guinaudeau, C. (1980). Les lignes sont tissés... les lieux peuvent se constituer. Archivert N°7 30-33. Corajoud. M. (1980). Parc de Sausset. Archivert N°4. 25-26 Corajoud. M. (1980). Parc de Sausset, avant projet détaillé. Corajoud. M. (1980). Parc de Sausset, étude de plantation. Corajoud, M. (2003). Le paysage: une expérience pour construire la ville. En http:// corajoudmichel.nerim.net/10-textes/texte-grand-prix/texte-grand-prix.pdf le 03 de novembre 2014. Delbaire, D. (2010). La fabrique del l'espace public. Paris: Ellipes
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Levasseur Alain, (1981) Concours d’idées pour l’aménagement du parc départemental du Sausset, Architecture d’aujourd’hui N°218 Jackson, J. (2003). A la découverte du paysage. (Xavier Carrer, trad.). Arles-Versalles: Actes-Sud ENSP Tiberghien, G. (2004). Hodologique. Carnet du Paysage 11. Arles-Versalles: Actes-Sud ENSP
Table des illustrations Les sources non précisées sont issues de nos réalisations personnelles Introduction
Figure n°10 : Proposition de 1993 pour recoudre le parc Source :CG 93 : (1993). Parc de Sausset: Bilan et perspectives.
Figure n°1 : Nos chemins dans le parc Partie 1 : Histoire des circulations
Figure n°11: Rupture au niveau de la ligne courbe
Figure n°2 : Frise chronologique de l’évolution du parc source : réalisation personnelle d’après géoportail
Figure n° 12: la D104 : une rupture au cœur du parc Figure n°13: le bocage hier source : http://corajoudmichel.nerim.net
Figure n°3 : Cinq registres de Paysage source : Corajoud. M. (1980). Parc de Sausset. Archivert N°4. Figure n°4: Les quatre scènes du parc source : Concours d’idées pour l’aménagement du parc départemental du Sausset, Architecture d’aujourd’hui N°218 Figure n°5 : Maquette du Parc source : Concours d’idées pour l’aménagement du départemental du Sausset, Architecture d’aujourd’hui N°218
parc
Figure n°6 : Coupe de la forêt source : Corajoud. M. (1980). Parc de Sausset, étude de plantation.
Figure n°14 : Le bocage aujourd’hui Figure n°15 : Le lac et son ponton hier source : http://corajoudmichel.nerim.net Figure n°16 : Le lac et son ponton aujourd’hui Figure n°17 : Point de vue sur le parc urbain d’hier source : http://corajoudmichel.nerim.net Figure n°18 : Point de vue sur le parc urbain aujourd’hui
Figure n°7 : Composition de la lisière source : Corajoud. M. (1980). Parc de Sausset, étude de plantation. Figure n°8 : Carte des ruptures avec le projet initial Figure n°9 : Entrées et traversées initiales source : Corajoud. M. (1980). Parc de Sausset, avant projet détaillé.
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Partie 2 : Typologie des cheminements Figure n°19 : Coupe clairière et chemin enherbé Figure n°20 : Coupe forêt basse
Figure n°36: Coupe de la D104 Figure n° 37 et 38 : Ambiances de la forêt Figure n° 39 : Carte mentale n°9
Figure n°21: Coupe forêt haute
Figure n° 40 : Carte mentale n°1
Figure n°22 : Coupe de l’allée de la gare
Figure n°41 et 42 : Ambiances de la D104
Figure n°23 : Coupe du parc urbain
Figure n° 43 : Carte mentale n°2
Figure n°24: Coupe du chemin bocager Figure n°25: Coupe de l’enclos bocager Figure n°26: Coupe de la D104 Figure n°27: Coupe de la voie ferrée Figure n°28: Coupe de l’autoroute
Figure n°44 Point de vue sur le parc Figure n°45 : carte de synthèse des itinéraires des enquêtés Figure n°46 : diagramme de fréquentation par lieu visité par nos enquêtés Figure n°47 : Carte de fréquentation du Sausset source :Carte de répartition de la fréquentation annuelle in Plan de gestion 2012-2022; oct 2011 Annexes :
Partie 3 : L’appropriation du parc par les usagers Figure n°29 : Des usages variés
Figure n° 49 : Carte mentale n°5
Figure n° 30 et 31 : Ambiances du parc urbain
Figure n° 50 : Carte mentale n°6
Figure n° 32 : Carte mentale n°4
Figure n° 51 : Carte mentale n°7
Figure n° 33 et 34 : Ambiances du parc urbain (2)
Figure n° 52 : Carte mentale n°8
Figure n° 35 et 36 : Ambiances de la forêt
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Figure n° 48 : Carte mentale n°3
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Annexes : CARTE MENTALE / C M - 1
CARTE MENTALE 2
Figure n° 43 : Carte mentale n°2
Figure n° 40 : Carte mentale n°1 Public : habitant de Villepinte, Quartier de la Haie Bertrand, 30 ans Fréquentation : tous les jours de la semaine itinéraire : Villepinte > avenue du Sausset > gare zones reconnues : la forêt, le lac, le marais, le bocage, zones fréquentées : la pelouse des prés carrés, la buvette, le lac Moyen de transport pour ce rendre au parc : le bus ou à pieds Entrée utilisée : Avenue du Sausset Usage : aller et retour au travail / gare RER (semaine), Perception générale du parc: « Je traverse le parc mais je ne m’arrête pas. Le weekend je préfère profiter de mon jardin, avec des amis »
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5.Public : homme de 40 ans, habitant d’Aulnay, actif Fréquentation : tous les jours de la semaine, Itinéraire : aller et retour quotidien entre Aulnay et la gare (itinéraire de 4km contournant le lac ) - pause sur un banc sur les hauteurs pour un point de vue sur les hauteurs de l’allée de la Tour Eiffel zones reconnues : la forêt, le lac, le marais, le bocage, le verger,la vigne, le potager zones fréquentées : la plaine, le bocage, le lac Moyen de transport pour se rendre au parc : le bus puis la marche Entrée utilisée : Entrée du Gros Saule Usage : «promenade quotidienne» Perception générale du parc: « Tous les jours, je me promène, je viens de chez moi, Aulnay, jusqu’ici, je vois peu de promeneurs et 220 hectares, on ne dirait pas ! Souvent je fais une pause là haut sur un banc, et je regarde les coureurs et la vue»
CARTE MENTALE 3
CARTE MENTALE 4
Figure n° 32 : Carte mentale n°4
Figure n° 48 : Carte mentale n°3 8. Public : femme de 25 ans, Hotesse d’accueil de la maison du Sausset Fréquentation : du lundi au vendredi depuis deux mois Itinéraire : aller et retour quotidien entre la gare RER de Villepinte et la maison du Sausset (marche de 7min) zones reconnues sur la plan d’information du parc : la forêt, le lac, le marais, le bocage, le verger, le potager zones fréquentées : aucune Moyen de transport pour ce rendre au parc : le rer B puis la marche Entrée utilisée : Gare RER de Villepinte Usage : marche pour se rendre sur son lieu de travail, Perception générale du parc : « Moi, je ne me ballade pas dans le parc pour l’instant, je marche de la gare jusqu’à la maison du Sausset, c’est tout. Le soir, je demande au garde de me raccompagner. »
6.Public : deux femmes de 60 ans, retraitée et active Fréquentation : 2 fois par mois, le vendredi Itinéraire : parking, marais, maison du Sausset, esplanade avec exercices, lac, en direction vers le bocage zones reconnues : la forêt, «le centre du monde» et «le bout du monde» zones fréquentées : la maison du parc ( exposition sur les oiseaux) la plaine, le bocage, le lac, la forêt Moyen de transport pour ce rendre au parc : co-voiturage (15 min) depuis Aulnay L’entrée utilisée : Parking des Gardes Usage : promenade et exercice physique Perception générale du parc: « je l’aime beaucoup ce parc, il y a des coins plus sauvage, des lapins, il y a des fruits aussi. Il y 3 espaces différents, 3 mondes différents : le bout du monde,( à la fois sauvage et culture et jeux pour enfants), le parc urbain,( le centre du monde est très fréquenté), la forêt plus brute mais entretenue »
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CARTE MENTALE 5
CARTE MENTALE 6
Figure n° 50 : Carte mentale n°6 Figure n° 49 : Carte mentale n°5 Public : un couple de 70 ans, habitants d’Aulnay, retraités Fréquentation : tous les jours depuis 10 ans, sauf quand il pleut, 1h de promenade + ( pendant les animations du parc ( fête de la vigne, fête de la randonnée, fête de Pâques, spectacle d’eau ) itinéraire : les prés carrés > le lac > le bocage > les vignes zones reconnues : la forêt, le lac, le marais, le bocage, le verger, le potager zones fréquentées : la plaine, le bocage, le lac Moyen de transport pour ce rendre au parc : la marche Entrée utilisée : Boulevard Henri Matisse Usage : marche quotidienne, tour du parc personnalisé, rencontre avec le personnel du parc Perception générale du parc: « Le parc est grand et très bien entretenu. dès qu’on franchit le boulevard, on respire ! Par contre, je ne vais en forêt car je m’y sens pas à l’aise»
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7.Public : Deux femmes et un enfant Fréquentation : le mercredi après midi et weekend, été, printemps Itinéraires : tour du lac zones reconnues : le lac, les jeux zones fréquentées : les jeux, le lac, la pelouse des prés carrés Moyen de transport pour ce rendre au parc : voiture, Aulnay, rue des Merisiers, ( 5 min en voiture ) Entrée utilisée : parking des Gardes Usage : promenade, football Perception générale du parc: « Après l’école, en semaine on va pas faire un gros trajet, on va plutôt aller au square d’à coté. J’aime bien ce parc à cette période le weekend, il est calme et il y a le lac. L’été il y a trop de monde, il y a les centres aérés aussi, limite on perd nos enfants,»
CARTE MENTALE 7
CARTE MENTALE 8
Figure n° 51 : Carte mentale n°7 3.Public : un couple de 25-30 ans, habitants d’Aulnay Fréquentation : 2 fois par mois, en semaine, 1h ou 2h de promenade Itinéraire : zones reconnues : le lac, les jeux, direction de la gare Zones fréquentées : le lac Moyen de transport pour ce rendre au parc : la voiture Entrée utilisée: le parking des Gardes Usage : marche ou course autour du lac , pique – nique sur la pause midi Perception générale du parc: « le paysage est agréable et calme »
Figure n° 52 : Carte mentale n°8 4.Public : Active, Maîtresse de l’école maternelle d’Aulnay, accompagnante de 2 classes d’enfants de 4 ans Itinéraire ponctuel guidé par un animateur du parc : découverte sensorielle du parc pour les enfants d’Aulnay Fréquentation personnelle : assez rare, “ je préfère le parc de la Poudrerie “ Partie fréquentée : la Forêt “ je préfère la partie sauvage “ Perception générale du parc : “Dans la foret les enfants ne sont pas trop rassurés par contre quand nous arrivons dans une clairière, ils se mettent à courir”
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CARTE MENTALE 9
Interview du président du C.R. V* Michel Houizot et animateur des marches : Comment déterminer vous votre itinéraire dans le parc du Sausset ? « Chaque animateur choisi son itinéraire, le parc du Sausset est très diversifié et vaste donc chacun improvise un itinéraire qui dure entre 1h30 et 2h. En ce qui me concerne , la forêt est mon secteur de prédilection, nous empruntons les chemins et les sentiers, nous montons sur les talus, nous essayons de marcher hors des sentiers battus. En général, dans leurs traversées quotidiennes du parc, jamais les gens vont dans la forêt, c’est lors des randonnées qu’ils l’ont découverte. C’est la partie du parc urbain autour du lac qui est individuellement le plus apprécié » Où est le départ de l’itinéraire en général ? - « Nous nous donnons rendez vous sur le parking de La Croix Saint Marc, certains membres viennent en co-voiturage » - Comment s’organise une marche ? - « Chacun peut s’inscrire quelques jours à l’avance sur le site, puis le jour j, nous nous retrouvons en groupe mixte entre des habitants d’Aulnay et de Villepinte, c’est vraiment un moment d’échange et de partage de proximité.»
Figure n° 39 : Carte mentale n°9
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* Club de randonnée de Villepinte Randonnée, Marche Nordique, Rando santé Club affilié à la FFRandonnée de Seine Saint Denis C.R.V. 33, rue des Rosiers 93420 Villepinte site rando93.canalblog.com
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MASTER TDPP 2014-2015: BARDAINE FONTICELLI ZAMBRANO
Clémence Claire Eduardo