SPORT
Défenseur pour les Ducks d’Anaheim
Avec sa femme, Marie-Claude.
François Beauchemin
Vivre le rêve
américain François, vous semblez avoir un attachement particulier pour votre coin de pays, non?
C’est chez moi. Les 15 premières années de ma vie, je les ai passées à Sorel. Mes parents et mes amis sont ici. J’ai aussi rencontré ma femme ici. C’est l’endroit où l’on revient toujours pour être avec la famille et les amis. Je m’implique également dans la région en participant au tournoi de golf pour la fondation du cégep. Et, lorsqu’il y a des événements dans la ville, j’essaie de faire ma part.
Pourquoi est-ce important pour vous de rester «connecté» à vos racines?
C’est un peu pour redonner aux jeunes. J’ai aussi été intronisé au Panthéon des sports de Sorel, avec Éric Messier, Marc-André Fleury et Pierre Mondou. Quand j’étais jeune et que je jouais au Colisée, je regardais la photo de Pierre 92
LASEMAINE
Mondou, avec son chandail des Canadiens, sur le mur de l’aréna, et ça me motivait. J’espérais que moi aussi, un jour, j’atteindrais la Ligue nationale. J’essaie donc de redonner cette inspiration aux jeunes d’ici. Peut-être qu’à leur tour ils seront inspirés par ma photo au Colisée et que ça les aidera à poursuivre leur rêve.
Est-ce aussi pour cela que vous êtes investi dans le projet de ramener une équipe de la Ligue de hockey junior majeur du Québec à Sorel, projet qui a malheureusement échoué?
La raison principale, c’était de donner une équipe aux gens de Sorel, pour qu’ils aient la chance de voir en action d’excellents jeunes joueurs qui, un jour, seront repêchés dans la LNH. Les joueurs de hockey sont en général des amateurs de golf, mais vous préférez nettement
la pêche. Pourquoi?
J’adore pêcher, relaxer, me changer les idées… J’aimais bien jouer au golf quand j’étais plus jeune mais, vers l’âge de 18 ou 19 ans, j’ai changé mes habitudes, car le golf, ce n’est pas aussi relaxant que la pêche. C’est même parfois plus fâchant qu’autre chose! (rires) Tandis qu’à la pêche, si ça ne mord pas, tu as toujours quelques canettes de bière dans le fond de la chaloupe! (rires)
Partez-vous à la pêche régulièrement
J’ai fait un voyage en Alaska au début de juillet, l’été dernier. C’était la première fois que j’allais là-bas, et j’ai adoré ça! Nous pêchions, et il y avait des grizzlys et des ours bruns partout autour de nous! C’est une expérience que je n’aurais jamais pensé vivre. Les ours étaient à une cinquantaine de pieds de nous, dans la rivière. C’était très impressionnant!
Shelly Castellano (shellycastellano.blogspot.com/www.ShellyCastellano.com), Getty images
Il est ce qu’on peut appeler une force tranquille. Ce sympathique gaillard de 6 pi et 208 lb a connu sa meilleure saison dans la LNH l’an passé. Il joue en Californie depuis huit ans, mais il est à l’opposé des clichés associés à la vie dans cet État, où les vedettes aiment impressionner avec leurs avoirs. François est plutôt un homme discret, qui trouve son bonheur dans sa vie de famille et ses amitiés, dans son patelin, à Sorel. Par Chantal Machabée
J’avais 17 ans quand on s’est rencontrés...»
7 mars 2014 LASEMAINE 93
SPORT Une homme de famille heureux avec sa femme, MarieClaude, et leurs enfants, Samuel, Émily et Cédric. Le fier papa, avec le petit Cédric.
Parlez-moi un peu de votre famille. Vous avez rencontré votre femme à Sorel, alors que vous étiez assez jeune…
Oui, c’était durant mes années au niveau junior; j’avais 17 ans! Elle étudiait à l’Université de Sherbrooke et j’en étais à ma deuxième année chez les juniors à Laval. Nous avons maintenant trois enfants: Samuel, 7 ans, Emily, 4 ans, et Cédric, 1 an. La vie de joueur de hockey est parfois mouvementée à cause des échanges. Vous étiez à Anaheim, puis vous avez été échangé à Toronto pour revenir avec les Ducks, en Californie. Comment vivez-vous ces changements en famille, avec l’école, les nouvelles maisons, la langue, etc.?
LASEMAINE
Oui. Ma femme et moi ne leur parlons qu’en français. Nous ne parlons jamais anglais entre nous. C’est vraiment très important qu’ils parlent les deux langues car, éventuellement, nous allons revenir vivre à Sorel, lorsque ma carrière sera terminée. Je ne veux pas qu’ils perdent leur français.
Vous avez connu une excellente saison l’an dernier. Vous étiez même candidat au trophée Norris, remis au meilleur défenseur de la LNH, mais on ne vous a pas invité au camp d’Équipe Canada pour les Jeux olympiques de Sotchi. Avez-vous été déçu?
C’est agréable en Californie; on va à l’aréna en “gougounes”!»
Ça se passe assez bien. Lorsque nous sommes partis d’Anaheim pour aller à Toronto, Emily n’avait qu’un an et demi. Il n’y avait que Samuel qui était en maternelle. Je n’ai joué à Toronto que durant une saison et demie, puis nous avons été assez chanceux, car nous avons pu retourner à Anaheim. Notre gardienne était encore là, Samuel a retrouvé ses amis… Alors, tout était parfait. Mes enfants sont heureux, et tout se déroule bien. Côté langues, Samuel se débrouille très bien, même que je dirais qu’il s’exprime mieux que moi en anglais! Emily est maintenant bilingue mais, au début, elle ne parlait qu’en anglais. 94
Les enfants des hockeyeurs québécois qui jouent aux États-Unis ne parlent souvent qu’en anglais. Pour vous et votre femme, est-ce important que vos enfants continuent à parler français?
J’ai été très déçu quand j’ai vu la liste des invitations, mais comme je m’étais blessé peu de temps avant, je m’y attendais un peu. Je savais que ça allait me ralentir. Mais j’aurais quand même aimé recevoir l’invitation d’Équipe Canada.
Vous avez 33 ans, et votre contrat avec les Ducks prend fin dans deux ans. Voulez-vous terminer votre carrière avec eux? Quel est votre plan?
Beaucoup de choses peuvent survenir en deux ans. Nous sommes vraiment bien à Anaheim, ma famille et moi, et la vie est agréable en Californie; on va à l’aréna en «gougounes»! (rires) Mais si, à la fin de mon contrat, les Ducks ne veulent pas me donner une nouvelle entente, nous irons ailleurs, car je ne me vois pas prendre ma retraite à 35 ans. n