Autodéfense Psychoverbale pour s'exprimer sans maux (EXTRAIT)

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GAËTAN SAUVÉ

AUTODÉFENSE PSYCHOVERBALE Attaque Psychoverbale

Violence Intimidation Manipulation Coercition Abus de pouvoir

Stop! Observer- Écouter-Ressentir-Agir!

Accepter les mots Refuser les maux!

POUR S’EXPRIMER SANS MAUX! Introduction et premier chapitre du livre de Gaëtan Sauvé : «Autodéfense Psychoverbale pour s’exprimer sans maux », Louise Courteau Éditrice


AutoDéfense PsychoVerbale pour s’exprimer sans maux, Gaëtan Sauvé

ISBN 978-2-89239-357-6 Dépôt légal : dernier trimestre 2013 Bibliothèque nationale et Archives du Québec Bibliothèque nationale du Canada © 2011 Louise Courteau, Éditrice inc.

Tous droits réservés. Toutes reproductions ou éditions quelconques par quelque moyen que ce soit, électronique ou mécnique, photocopie, support magnétique ou autre, ne sauraient se passer de l’autorisation écrite de l’auteur. Pour rejoindre l’auteur Gaëtan Sauvé écrivez-lui à : GaetanSauve@autodefenseverbale.com Site Web :

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L’autodéfense psychoverbale pour s’exprimer sans maux Gaëtan Sauvé

INTRODUCTION J’ai toujours l’habitude de commencer un cours, un séminaire d’autodéfense psychoverbale (ADPV) ou toute conférence sur le sujet en racontant une histoire. Une vieille histoire circule dans plusieurs livres d’arts martiaux et qui daterait des années 1960. C’est l’histoire d’un Japonais qui avait passé sa vie à étudier l’aïkido1. Bien qu’il ait passé son existence à pratiquer cet art gracieux, il n’avait jamais eu l’occasion de vérifier son efficacité contre un attaquant déterminé à lui faire du mal. Donc, il attendait le jour où un criminel viendrait à croiser son chemin en vue de l’attaquer. Plus il s’entraînait et plus son obsession, de se prouver à lui-même que l’aïkido était aussi puissant dans la rue que dans son dojo (école d’arts martiaux), grandissait. Un jour, après son travail dans un train en direction de la maison, une occasion se présenta. Un homme ivre et agressif entra dans le train et commença immédiatement à attaquer verbalement les autres passagers. « Ça y est! » Le pratiquant d’aïkido se dit en lui-même : « Voici ma chance de tester mon art. » Il demeura assis, bien concentré, attendant que cet agresseur arrive devant lui. Cela devait arriver, car il s’approchait de lui en injuriant tout le monde sur son chemin. Le gars saoul s’approchait de plus en plus du pratiquant d’aïkido. Plus il s’approchait et plus agressif il devenait. Les passagers se tassaient, de peur d’être attaqués par ce dernier. Plus cet homme ivre s’approchait et plus notre homme d’aïkido se préparait à un combat sanglant et était prêt à démontrer à tout le monde, et à lui-même, l’efficacité de son art. 1

L’aïkido est un art martial japonais conçu par Morihei Ueshiba (1883-1969). L’aïkido est basé sur le concept de créer l’harmonie (aiki) avec l’Univers. C’est une méthode d’autodéfense très différente du karaté, du jiu-jitsu ou du judo, dont l’objectif est plutôt de résoudre un conflit sans se battre ou blesser l’adversaire. Il n’existe pas d’attaque en aïkido, seulement une défense où on se mêle à l’attaque de l’adversaire afin d’utiliser sa propre énergie et de la rediriger dans une autre direction (c’est le principe même de l’aiki). C’est pourquoi j’utilise également l’expression Aiki psychoverbale pour désigner ma méthode d’autodéfense psychoverbale.


Juste au moment où l’homme était presque à sa portée et avant même qu’il ait eu le temps de se lever, un passager devant lui se leva et engagea joyeusement la conversation avec l’homme ivre. « Hé, mon ami! Qu’est-ce qui se passe avec toi? Je parie que tu as bu toute la journée, n’est-ce pas? Tu as l’air d’un homme avec des problèmes. Je ne vois personne qui est de taille à se battre avec toi. Allez, viens t’asseoir avec moi! » Le pratiquant d’aïkido regarda avec stupeur le passager discuter habilement avec cet homme ivre et désamorcer sa fureur. Au bout d’une minute, l’homme ivre expliqua comment sa vie avait dégringolé et comment il était tombé bien bas. Les larmes coulaient sur ses joues, son front était appuyé sur l’épaule de cet homme qui le tenait dans ses bras et continuait à lui parler dans son oreille. Le pratiquant d’aïkido ressentit une vive sensation de honte s’emparer de tout son être. « Voilà ce qu’est le vrai aïkido. » Il réalisa soudainement que ce passager qui réconfortait cet homme ivre qui pleurait était en train de lui démontrer l’ultime principe de l’aïkido et le but ultime de tous les arts martiaux authentiques : « gagner sans se battre ». Les cours classiques d’autodéfense nous enseignent à nous défendre contre des agressions physiques. Cependant, peu de méthodes nous apprennent à nous défendre contre la majorité des conflits non physiques. Le fait de posséder l’habileté de lire le comportement non verbal, de savoir comment briser le code du langage et communiquer authentiquement avec les gens donne un avantage certain sur ses pairs. Une agression verbale ou même physique arrive rarement du néant. Il existe un contexte, un attaquant, une cible, peut-être des spectateurs présents (ou absents2), un système et un comportement offensif ou une attaque psychoverbale (APV).

Avez-vous été victime d’une APV dernièrement? Les APV peuvent vous atteindre subitement et affecter votre santé physique et mentale. Infestez-vous les autres avec vos APV? Les APV, tels des virus de la pensée, s’installent dans le cerveau agressé, attaquent le système nerveux d’une personne, dérèglent son système émotionnel et affaiblissent son système immunitaire. Immunisez-vous contre les APV, en vous engageant à suivre les principes de l’autodéfense psychoverbale!

L’importance d’éviter ou de désamorcer les APV Utiliser ou recevoir des APV est plus nocif pour votre santé que d’être obèse, de fumer la cigarette ou d’avoir un haut taux de cholestérol. Comme la fumée secondaire, c’est aussi dangereux pour les autres personnes autour que pour la personne directement impliquée. C’est aussi dangereux pour l’agresseur que la victime. C’est risqué pour les spectateurs présents. Comme les enfants qui assistent impuissants aux disputes des parents, c’est aussi nocif pour leur santé physique et mentale que pour les personnes impliquées directement. C’est très mauvais pour la santé! Vous ne devez pas abandonner le langage hostile parce que ce n’est pas gentil pour les autres ou parce que vous allez être plus populaire en étant charmant. Non! Vous devez abandonner le langage hostile parce que ça peut finir par vous tuer ou par créer un tas de blessures psychologiques et verbales autour de vous (voir chapitre un)! Les gens qui doivent travailler dans un milieu de travail hostile (service des plaintes, négociations, travail de sécurité et de protection, médiation, patronat, direction, etc.) sont bien au

2

Des spectateurs absents? Oui, lorsqu’une personne vous blâme par l’entremise d’une autre personne (« Marie a dit que tu as dit de moi… »).


fait du haut taux d’épuisement professionnel, et des problèmes physiques, mentaux et émotifs liés à leur type de travail. L’autodéfense psychoverbale provient de l’Aiki psychoverbale3, un art martial psychoverbal non physique qui utilise plusieurs outils communicationnels pour comprendre et désamorcer le langage hostile, les conflits interpersonnels (avec les autres) ou intrapersonnels (entre des parties de soi) d’une manière non violente. Vous apprendrez à employer un langage précis, persuasif et orienté vers les solutions pour diminuer la résistance de votre interlocuteur et passer votre message plus efficacement. Vous apprendrez à utiliser des tactiques psychoverbales afin d’empêcher que votre interlocuteur active des mécanismes de défense malsains (éviter, bouder, juger, blâmer, accuser, se dissocier…), que j’appelle des mécanismes d’ego-autodéfense (voir chapitre deux). Lorsque nous communiquons, nous utilisons les langages verbal et non verbal. Ces deux formes de langage sont composées de six codes : les six codes du langage (voir annexe A). Le fait de les connaître va nous aider à « lire » le message verbal et non verbal véritable de notre interlocuteur (sincérité, mensonge, manipulation, désinformation, vérité, intentions cachées, etc.). Contrairement au mythe fort répandu, il est faux de prétendre que les mots ne blessent pas. Ils font autant de ravages que les coups. Les blessures verbales peuvent prendre beaucoup de temps à guérir et peuvent subsister toute une vie et même être transmises de génération en génération. La loi nous protège contre les attaques physiques, mais nous avons moins de recours contre les abus verbaux. Nous pensons qu’il est immoral de frapper une personne physiquement, mais notre éducation a passé sous silence les coups verbaux et psychologiques. Il suffit d’observer les films et émissions de télévision et d’écouter notre environnement pour voir comment celui-ci est saturé de pollution psychoverbale. Nous savons maintenant que pour les maladies et les désordres, les deux plus grands facteurs de risque sont l’hostilité et la solitude. L’utilisation ou l’exposition chronique à de l’hostilité augmente la pression sanguine, fait battre le cœur plus rapidement et déséquilibre la production chimique de l’organisme. Il existe, maintenant, des preuves massives qui démontrent que les personnes constamment exposées à de l’hostilité, usuellement sous la forme du langage hostile, deviennent malades plus souvent, se blessent plus souvent, ont un plus grand taux d’absentéisme et meurent plus tôt4. Sans parler des dommages subis à l’estime de soi, de l’anxiété de se retrouver dans une situation similaire et des remises en question sur le maintien des relations interpersonnelles avec les personnes touchées ou avec le travail qui nous met en contact quotidien avec ces problématiques. L’autodéfense psychoverbale basée sur l’Aiki psychoverbale ne vise pas à « planter » verbalement votre interlocuteur. Ceci ne serait pas écologique et ne ferait qu’aggraver la situation à moyen et long terme, puisque c’est basé sur la formule de causalité linéaire : Action – Réaction. C’est-à-dire qu’une action vient vers vous (une attaque verbale, un coup de poing) suivie de votre réaction (vous ripostez par une « gifle verbale »). Sauf que cela crée une autre action (ré-action) chez votre interlocuteur, car la ligne droite n’existe pas dans la nature. L’action sera suivie d’une réaction qui ne fera qu’augmenter l’escalade de violence verbale et accroître les possibilités que cela dégénère en violence physique. On pourrait dire que cet état chaotique est totalement 3

Le mot aiki (harmonie ou littéralement « union des énergies ») se retrouve aussi dans l’art martial aïkido : la voie (do) de l’aiki. 4 Lire le livre de Daniel Goleman, Social Intelligence. The New Science of Human Relationships (Londres, Bantam, 2006, 416 p.), sur ces recherches.


désorganisé et se poursuivra avec plus de chaos. C’est la dispute classique à propos d’une peccadille qui se transforme en véritable drame. L’Aiki psychoverbale est une approche non linéaire. Tout acte de violence est une énergie « chaotique ». Étant chaotique, cette action n’est pas organisée. L’approche aiki face à un coup de poing n’est pas de créer une résistance en le bloquant ou en esquivant pour répliquer avec une contre-attaque. Plutôt, on s’enlève de la trajectoire et on accueille l’énergie contenue dans le bras, puis on l’utilise en appliquant un mouvement circulaire que nous allons, par exemple, réorganiser en une technique de contrôle articulaire. Le pratiquant d’Aiki psychoverbale ne cherche pas à intercepter ou retourner cette énergie à l’envoyeur. Il la reçoit, l’accepte et la redirige de façon à transformer cette énergie destructive en énergie constructive, en solutions, entre autres. Par exemple : L’approche linéaire : Lise : Si tu m’aimais vraiment, tu viendrais avec moi à cette assemblée jeudi. François : Je t’ai dit que je ne peux pas aller à cette assemblée parce que j’ai un travail à finir. Lise : Oui, mais tu pourrais le faire une autre journée, tu sais que j’aimerais que tu sois là. Tu ne t’occupes pas de ce que je fais, moi. François : Comment ça, je ne m’occupe pas de toi! L’autre fois, je suis allé pour toi au concert de musique. Puis toi, que fais-tu de plus pour moi? Pour qui penses-tu que je travaille? Action – réaction – action et ainsi de suite. Imaginez, maintenant, que vous soyez Lise dans l’exemple suivant : L’approche non linéaire : Lise : Si tu m’aimais vraiment, tu viendrais avec moi à cette assemblée jeudi. François (la regardant avec un air de stupéfaction) : Quand as-tu commencé à penser que je ne t’aime pas? Oups ! Ça ne vous amène pas au même endroit, n’est-ce pas? Cela a peut-être créé un état de confusion pour quelques instants, ne trouvez-vous pas? Lise devra s’engager dans une discussion différente et sera obligée de faire tomber l’attaque. Vous avez organisé le chaos (l’attaque verbale) en une discussion qui pourra être orientée vers les solutions. Surtout, votre métamessage (le message de votre message) exprime votre intention de ne pas tomber dans son piège (ou ce que j’appelle l’amorce; voir 7.4). Vous allez peut-être me dire : « voyons, Gaëtan, ce n’est pas une vraie attaque que Lise a émise en premier ». Pourtant si, c’est une attaque verbale insidieuse. Elle appartient à la catégorie des attaques manipulatrices. Elle cherche à vous manipuler en voulant installer un état de causalité linéaire chez vous (si je n’y vais pas, c’est parce que je ne l’aime pas. Pour lui prouver mon amour, je dois aller à cette assemblée). On retrouve souvent cette tactique manipulatrice dans la vie de tous les jours. « Chérie, m’aimes-tu? Alors va me chercher une bière. » « Mon petit, si tu m’aimes, ramasse tes jouets. » Ce pattern , qui semble anodin pour la plupart, renferme une confusion sur le plan de la logique. L’Amour est une valeur à un niveau supérieur au comportement demandé, qui bien sûr se situe à un niveau logique inférieur. Vous savez pourtant bien que le fait de ne pas adopter un comportement n’a aucune influence sur « l’amour ». L’amour conditionnel, je t’aime à condition que, n'est pas de l’amour. C’est une forme de manipulation qui cherche à contrôler le comportement de l’autre à l’avantage du manipulateur. C’est un pattern que vous devez éliminer absolument de votre discours. Si vous aimez vraiment l’autre personne, vous allez éliminer cette mauvaise habitude maintenant (oups!). Cinq principes pour désamorcer les APV


L’autodéfense psychoverbale ne contre jamais la force par la force et elle peut s’appliquer dans des situations conflictuelles avec des consommateurs, des employés ou des collègues de travail irrités ou déraisonnables. Les gens qui utilisent l’autodéfense psychoverbale dans leur profession peuvent répondre aux situations explosives directement sans être attirés dans le drame de la bataille verbale et ils peuvent trouver une solution gagnante qui est importante pour maintenir la loyauté du consommateur, même s’il est fâché. Voici cinq principes importants d’autodéfense psychoverbale que vous retrouverez tout au long de cet ouvrage. 1. Un pratiquant d’autodéfense psychoverbale calme l’attaquant. Il faut d’abord adopter une posture détendue et une gestuelle ouverte (présenter les paumes des mains, etc.). Les attaques verbales d’un consommateur irrité sont à accueillir avec cette stratégie calmante. Quand vous répondez à votre client en disant : « Vraiment, on vous a bouleversé. Aller au fond des choses est aussi important pour moi que pour vous. (En plaçant les paumes ouvertes devant vous.) Je veux qu'on soit sur la même route (si l’autre est très visuel) ou longueur d'onde (évalué comme plus auditif). » Ou encore : « Nous sommes dans la même course (si kinesthésique). » Cela peut aider à dissiper la colère. Vous confrontez directement sa colère au lieu d’être sur la défensive; de plus, vous n’avez pas été attiré dans une bataille dramatique. 2. L’autodéfense psychoverbale ne contre jamais la force par la force. Il n’y a pas d’attaque directe ou de techniques pour ridiculiser, rabaisser ou « remettre à sa place » un attaquant psychoverbal. Quand vous avez à traiter avec un client agressif, il est naturel de vouloir répondre à l’attaque par une autre attaque. Du genre : « normalement, je n’oublie jamais un visage; mais pour toi, je vais faire une exception » ou bien « n’as-tu jamais entendu parler du mot classe? C’est sûr que non, tu n’en as aucune ». Quand un client crie, vous êtes porté à l’escalade de votre voix dans le même sens. Quand une attaque devient personnelle, vous êtes plus sur la défensive et n’avez plus le goût de travailler avec ce client. Même si on se sent justifié de lancer une contremesure parce qu’on a été attaqué, on doit admettre qu’une réponse violente va simplement provoquer l’escalade du problème initial. À la place, nous devons répondre soigneusement et stratégiquement. 3. Celui qui suit le principe « aiki » avec le pattern S’CORE’CT (chapitre huit) atteint la synchronisation avec l’énergie de l’attaquant. Par rapport à une attaque verbale, la synchronisation permet de trouver un terrain commun avec le client (un cadre commun : voir 11.6). Vous pouvez vous synchroniser avec l’énergie (information) de votre client en écoutant (en vous reliant) avec l’intention sincère de comprendre sa douleur, sa frustration et ses besoins, pour ensuite répondre avec empathie. La connaissance (les informations) que vous obtiendrez au moyen de la calibration, en écoutant votre client, deviendra votre force et vous positionnera pour rediriger cette énergie dans une direction productive, c’est-à-dire une recherche de nouvelles possibilités ou la mise en place de solutions. Une fois la synchronisation avec votre client obtenue, vous comprenez vraiment sa situation, et l’attaque peut être neutralisée et redirigée. 4. Le pattern S’CORE’CT vous apprend à vous distancer (dissocier) de l’émotion de votre partenaire (voir 11.5 : entrer et sortir de ses souliers). Quand vous répondez à quelqu’un qui est fâché de cette manière, vous êtes capable de garder la tête froide quand ce dernier surchauffe. Vous n’êtes pas pris dans l’émotion de la colère. À la place, vous permettez au client d’exprimer ses émotions et vous ne prenez pas ses commentaires personnellement. Ne laissez pas vos émotions (colère, rejet, offense) contrôler vos réactions. C'est pourquoi on utilise le pattern S’CORE’CT qui consiste à se « centrer » pour devenir « inatteignable » émotionnellement (voir chapitre neuf). Le but est de se dissocier de l’attaque de votre adversaire et de laisser agir votre centre intuitif (harageï en langage d’arts martiaux).


5. Tous les « adversaires » sont considérés comme des partenaires. J'insiste dans mes séminaires sur l’idée que nous sommes tous des partenaires, moi compris. Car je continue à apprendre et à raffiner mes techniques grâce aux rétroactions collectives. Pensez à votre client en colère comme à un partenaire. Laissez ce cadre d’esprit vous orienter afin d’utiliser un dialogue interactif et de travailler avec votre client à trouver les solutions. Ne cherchez pas à résister ou à faire de la coercition envers votre « partenaire ». Travailler avec votre « partenaire » à découvrir les solutions qui vous profiteront, au client et à la compagnie (le système). Appliquer les principes de l’autodéfense psychoverbale, avec des clients en état de crise, vous permet de maintenir votre sang-froid et votre contrôle tout en désamorçant son état émotionnel. L’approche de l’autodéfense psychoverbale n’est pas une approche guerrière « œil pour œil, dent pour dent ». Cette vision binaire nous fait croire qu’en situation de conflit, nous avons deux possibilités : gagner ou perdre. Nous sommes conditionnés à croire qu’un conflit ne peut avoir un résultat positif où chaque partie peut être gagnante. Dans cette vision du monde limitée, nous sommes portés à manipuler l’autre à l’aide de menaces, de pression, d'offensive, d’intimidation, de provocation et de désinformation. Certes, sur le moment, nous pouvons gagner une bataille à l’aide de ces tactiques guerrières. Mais nous risquons d’amplifier le conflit en provoquant chez l’autre un désir de vengeance. L’autodéfense psychoverbale n’est pas axée sur le combat physique ou l’autodéfense contre un adversaire armé ou à mains nues. C’est plutôt une méthode d’acquérir des habiletés mentales, émotionnelles et verbales et les stratégies pour faire face à l’hostilité non physique et aux diverses formes de manipulation psychologique. L’autodéfense psychoverbale a trait à un autre genre de combat, où les coups déployés sont plutôt des mots soutenus par un langage hostile ou manipulatoire d’un attaquant psychoverbal qui cherche à vous « planter » psychologiquement et émotionnellement. Ce sont ces « claques verbales » (ou non) qui vous laissent bouche bée et qui, tel un « virus de la pensée », reviennent vous hanter pendant des heures, des jours, des nuits et plus longtemps dans certains cas. Ces « virus » sont composés d’images, de paroles et de sensation de l’événement qui se répètent dans votre esprit sans cesse comme une boucle, comme cette chanson ou ce refrain publicitaire que vous n’êtes pas capable d’arrêter dans votre tête. Quand vous repensez à tout cela encore et encore, vous entrez dans des méta-états (un état sur un état, une émotion sur une émotion) en jugeant votre réaction première et vous créez d’autres états sur cet état, comme une émotion de culpabilité de ne pas avoir répondu de manière adéquate. Par après, vous pouvez vous sentir en colère d’avoir ressenti de la culpabilité et ainsi de suite. Vous n’avez jamais personnellement observé cela chez quelqu’un ou sur vous-même? Vous avez probablement vécu un de ces instants où quelqu’un vous assomme d’une remarque cinglante, paralysant momentanément votre cerveau. Un art martial physique ne vous donne aucune tactique adéquate pour faire face à ce type d’attaque ou de manipulation psychologique. Les méthodes classiques d’autodéfense vous laissent sans défense quant aux attaques contre votre estime de soi, aux diverses tactiques pour vous contrôler et réduire votre capacité d’exprimer ce que vous êtes et d’établir des frontières pour empêcher les autres de violer votre vision personnelle, vos valeurs, vos croyances et votre territoire personnel, familial et professionnel. Pourquoi nommer ma méthode « l’Aiki psychoverbale »? Aiki signifie littéralement en japonais : « harmonie des énergies ». Donc, le but premier de l’Aiki psychoverbale est de créer l’harmonie dans nos interactions entre notre énergie et celle de notre partenaire. En cas de conflit, de manipulation ou d’APV, le pratiquant en Aiki


psychoverbale cherchera à ramener l’harmonie. S’il est impossible d’harmoniser le conflit, notre second choix sera de neutraliser la situation. Je crois qu’il vaut mieux sortir d’un conflit avec un état neutre qu’un état négatif. L’Aiki psychoverbale n’est pas une méthode pour attaquer, manipuler, conditionner, soumettre et imposer sa vision du monde à l’encontre des autres. Chercher à prendre sa revanche sur un agresseur qui nous a, délibérément ou non, attaqué verbalement, ne ferait de nous que son égal. Définition de l’aiki Le mot aiki est composé de deux caractères japonais : le « ai » et le « ki ». Le premier caractère signifie amour, harmonie, union ou réunion. C’est la force vitale qui gouverne l’Univers et le garde en harmonie. Cela agit toujours en cercle, jamais en ligne directe; similaire à la théorie chinoise du Tao. Nous devons tout d’abord établir, lors d’une communication importante, l’union ou le rapport qui est si bien décrit dans ce petit mot de deux lettres (ai). Le rapport (voir annexe B) est un état d’harmonie qui s’installe entre deux personnes ou plusieurs, ce qui permet de communiquer authentiquement, sans critiques ou jugements. Le rapport se fait aussi en reconnaissant le pattern de l’autre comme étant aussi valable que n’importe lequel. Nous retrouvons le principe de l’action circulaire ou rotative dans l’utilisation du spinning, si connu et pratiqué par les politiciens. Quand une personne nous attaque directement, nous ne répondons pas directement, ce qui engendrerait de la résistance et pourrait se transformer en violence. Les hommes publics ont une certaine connaissance de l’utilisation du « spinning verbal » en ne répondant jamais directement à une question. Ils préfèrent contourner et rediriger la réponse, comme ils l’ont probablement planifiée selon une stratégie ciblée. L’Aiki verbale contourne la force et la redirige dans une conversation orientée vers les solutions où toutes les parties sont gagnantes; cela exclut déjà un bon nombre de tactiques malhonnêtes, manipulatoires et compétitives. Le mot ai ne peut être séparé de l’idée de ki, qui signifie énergie vitale ou souffle universel. Dans un sens plus large, le ki signifie sympathie, compréhension mutuelle entre les individus, leur permettant de se comprendre chacun, même sans qu’un mot soit prononcé. Cette compréhension permet à chaque personne d’accepter l’autre, comme il ou elle est. Le ki, c’est aussi l’énergie contenue dans les mots et dans les six codes du langage utilisés pour communiquer et recevoir les informations voulues. Quand ai (le rapport ou l’union) est bien installé entre deux personnes, une sympathie s’installe et unit les deux individus vers une compréhension mutuelle, malgré des positions ou croyances différentes. Pour moi, vous êtes une personne qui possède des positions et des croyances variées, mais jamais je ne penserai que « vous êtes » vos opinions ou vos croyances. Votre identité en tant qu’individu ne varie pas; « vous êtes », point. Vos opinions et vos croyances, elles, sont variables. Elles changent, se transforment et même disparaissent, mais vous en tant qu’individu qui observez, vous ne changez pas. Vous pouvez même posséder des croyances contradictoires. Je peux très bien vous accepter comme personne et avoir un agréable plaisir à converser avec vous et à apprendre de vous, même si ma vision est différente de la vôtre. Le principe fondamental de l’aiki est la non-résistance. La compréhension correcte du nom demande plutôt que l’on regarde ai + ki non séparément, mais ensemble : aiki. La somme des deux caractères crée un tout au sens beaucoup plus vaste que les parties séparées. On retrouve la notion chère aux adeptes de tai chi, le wu-wei. La non-résistance, la non-action, la nonopposition et, par extension, la non-violence. Ce concept consiste à ne jamais défier directement la force de l’adversaire.


Un des principes de l’aiki envers une attaque dirigée contre soi est de garder son attention sur son centre et de garder un état d’ouverture à l’autre, les mains ouvertes et non les poings fermés, dans une attitude non violente en synchronisant son attention sur l’autre. Les mains ouvertes désignent également un état de flexibilité et de compréhension de l’autre, tandis que les poings fermés correspondent à l’attitude du fondamentalisme, c’est-à-dire à la pensée extrémiste et fanatique où la croyance ferme l’emporte sur tout et est à la source de pratiquement tout conflit grave (voir le second chapitre). Certains affirment qu'il faut avoir le courage de ses opinions. Je dirais que le véritable courage est plutôt celui d’être capable d’attaquer ses propres convictions et croyances. Qu’en pensez-vous? Qu’est-ce que l’Aiki psychoverbale? L’Aiki psychoverbale est un art martial non physique qui utilise des outils communicationnels pour comprendre et désamorcer tout conflit (interne ou externe) d’une manière non violente. L’Aiki psychoverbale utilise l’art martial comme une métaphore pour résoudre des états de dysharmonie intrapersonnelle et interpersonnelle et pour se défendre contre les attaques verbales, les comportements offensifs ainsi que les abus verbaux émotionnels et psychologiques. Mais on pourrait, selon l’approche multi-descriptive, également décrire l’Aiki psychoverbale comme un système de naturopathie verbale qui consisterait à éliminer les toxines verbales présentes dans le corps, la tête, le cœur et les tripes. L'objectif premier de cette naturopathie verbale serait de suivre une cure de désintoxication psychologique, émotionnelle et physique. L’objectif secondaire serait de conserver notre état de santé verbal et psychologique en gardant notre « système de défense » (« immunitaire ») verbal et psychologique à un haut niveau opérationnel.

L’Aiki psychoverbale suit le principe gagnant-gagnant Lors d’une transaction ou d’une négociation avec un partenaire, si nous tenons compte de nos intérêts et de ceux de notre partenaire avant de prendre une décision, nous avons alors une approche gagnant-gagnant. Ce principe gagnant-gagnant est aussi très similaire à l’approche aiki qui priorise une action conjointe ou coopérative où chacun s’exprime et agit en rapport avec l’autre et avec un contexte de manière écologique. Ce champ relationnel nous relie, vous et moi, dans cette réalité que nous construisons et partageons. L’approche orientée vers les solutions cherche l’écologie de chaque partenaire où chacun doit être gagnant. Un accord gagnant-gagnant est un accord par lequel chaque individu tient aussi compte des intérêts de son partenaire, ce qui permet une maximisation de l’intérêt de chacun. Cette approche, introduite grâce à la théorie des jeux, est appelée jeu à somme non nulle. Un jeu à somme nulle est une compétition où l’un est gagnant et l’autre perdant, comme dans les jeux sportifs. Par contre, lors d’un conflit, il est judicieux que les deux puissent en sortir victorieux : cela donnera un terrain plus ferme pour une future coopération tout en évitant toute récrimination éventuelle. Un jeu à somme non nulle est désigné de façon que tous les participants puissent en profiter, comme un groupe de personnes qui ensemble escaladent une montagne. L’attitude gagnant-gagnant-gagnant Aujourd’hui, avec le savoir acquis sur l’effet que l’être humain produit sur son environnement et notre responsabilité individuelle à limiter nos dégâts en diminuant le nombre de déchets que nous laissons traîner derrière nous, nous avons ajouté un troisième élément : l’environnement dans lequel nous vivons. Moi je suis gagnant, toi tu es gagnant et nous, en tant


que communauté faisant partie de l’environnement, sommes gagnants (voir La psycho-logique relationnelle, aux chapitres quatre et cinq). C’est cela que nous cherchons à actualiser avec l’attitude aiki dans nos actions. Je suis gagnant, vous êtes gagnant et notre environnement relationnel aussi. Nous croyons que c’est dans la collaboration, dans la coopération que nous pouvons réellement nous entraider et prospérer dans une communauté plus « tricotée serré », comme dirait ma chère mère. Quoi faire dans une situation qui implique la compétition? S’il fallait un perdant, dans une action qui nous engagerait vous et moi, alors il vaut mieux ne pas s’y engager et chercher à la neutraliser. Je ne veux pas m’engager avec vous à long terme si vous êtes l’unique gagnant dans notre relation. Si vous devez toujours gagner et que moi je dois perdre, je vais finir par me lasser. Si chaque partie en conflit ne veut pas négocier une entente à cause d’idées et de points discordants, alors il vaut mieux clore la discussion et s’extraire de cette situation où il ne peut y avoir que des perdants. Si aucune solution plausible ne peut nous mener à un accord où les deux gagnent plus qu’ils ne perdent, il vaut mieux neutraliser la situation de manière à rester en désaccord sans être désagréables un envers l’autre. Neutraliser une situation perdante Neutraliser une situation, c’est convenir que sur un point particulier, il y ait un point de rupture où aucun des deux ne puisse s’engager. Cela n’exclut pas la conclusion éventuelle d’une transaction ensemble avec succès sur un autre plan. Sortir d’une conversation cruciale avec le sentiment d’avoir été respecté malgré les positions contraires nous prédispose, dans une prochaine discussion, à mieux écouter l’autre et à être plus flexible en trouvant des solutions plus proches du principe aiki. Avec l’annulation ou la neutralisation d’une situation où il y aurait un perdant, la position relationnelle n’est pas écorchée et le respect démontré dans l’acceptation de la position de l’autre sans nécessairement y adhérer est une preuve d’honnêteté, atteste qu’on est conséquent avec ses propres valeurs dans le respect de celles d’autrui. L’autre personne sera encore plus intéressée à garder une bonne relation avec vous. Nous cheminerons chacun de notre côté et serons plus aptes à communiquer ensemble sur d’autres sujets ou services, puisque nous nous respectons. Tandis que finir une conversation cruciale avec du ressentiment et de la colère mine et sabote toute autre collaboration ou discussion éventuelle. Un autre point important à considérer est celui-ci : si quelqu’un a mis notre nom dans son livre noir dans le but de nous discréditer devant les autres, nous n’avons pas fini d’éteindre les feux. Rappelez-vous que la neutralisation dans le cas où chaque partie reste inflexible est cruciale si vous avez à côtoyer cette personne de nouveau. La neutralisation est aussi essentielle pour toute personne qui s’occupe du service des plaintes, afin que le client continue d’acheter nos produits malgré l’insatisfaction du moment. Vous avez compris que « neutraliser une situation », c’est veiller à ce que chaque partie parte avec un sentiment neutre, si aucune satisfaction n’est possible.

La structure de cet ouvrage J’ai séparé ce livre en cinq parties selon le pattern SCORE5 (décrit plus en profondeur dans la cinquième partie sur les Effets). Ce livre aidant à désamorcer les conflits psychoverbaux et les APV (attaques psychoverbales) est également construit sur un pattern de résolution de conflit; intéressant, non? 5

Ne pas confondre le modèle SCORE de Robert Dilts (cocréateur de la PNL) avec le modèle S’CORE’CT, que j’ai inventé pour s’exprimer sans maux et que j’aborderai plus loin.


Chaque partie qui sépare (ou unit) ce livre correspond à une étape pour résoudre les conflits : 1. 2. 3. 4.

Situation présente (les symptômes qui nous indiquent qu’il y a un « problème ») Causes (les conditions qui engendrent les symptômes et alimentent le « problème ») Objectifs (objectifs et cibles à atteindre en vue de la situation désirée) Ressources (quelles qualités, capacités et ressources vont m’aider à trouver des possibilités/solutions?)

5. Effets (la situation désirée qui devrait découler des objectifs; ce sont aussi les résultats écologiques et systémiques des actions entreprises pour atteindre notre intention, et c’est la rétroaction des actions que nous entreprenons sur le territoire). – Dans la première partie, « SITUATION PRÉSENTE », nous aborderons quelques symptômes de la violence verbale. Selon plusieurs recherches, le langage hostile et les conflits non résolus affectent notre santé mentale et physique. Nous expliciterons une APV et montrerons comment les mots peuvent nous blesser et même tuer. – Dans la deuxième partie, « LES CAUSES », nous explorerons les causes des APV. Quels sont les mécanismes principaux qui amènent de la violence psychoverbale? Pourquoi un ego puissant et une bonne estime de soi sont-ils des antidotes aux APV? Nous découvrirons l’ego-autodéfense, qui est un état défensif et réactif responsable de beaucoup de conflits et d’APV. C’est quand nous sommes dans la MERD (mécanique émotive réactive défensive) que les APV se manifestent. Un autre facteur de violence est la vision uni-descriptive des fondamentalistes. – Dans la troisième partie, « LES OBJECTIFS », nous suggérons des buts pour répondre à la violence psychoverbale selon notre vision systémique des relations qui existent entre les attaquants, les victimes, les spectateurs, le contexte, les systèmes et les métasystèmes. Notre vision des APV et du phénomène de l’intimidation n’est pas séparable de son ensemble. Une attaque psychoverbale va au-delà des mots exprimés par la bouche. – À partir de la quatrième partie (du chapitre quatre au chapitre onze, et les deux annexes) nous décrirons 10 « RESSOURCES » qui, pour moi, sont essentielles dans l’élaboration d’une méthode efficace d’autodéfense psychoverbale pour répondre aux APV et résoudre les conflits. L’intention est de rétablir l’harmonie avec soi-même, ensuite avec celui qui nous attaque et le champ relationnel qui comprend l’attaquant, la cible, le ou les spectateurs de l’APV, le contexte et le système. Dans les chapitres quatre et cinq, je décris les aspects interpersonnel et intrapersonnel de la psycho-logique relationnelle. – La PREMIÈRE RESSOURCE est la connaissance de la dynamique psychologique relationnelle. La carte de la systémique relationnelle est un outil puissant qui résume chaque partie de la dynamique relationnelle. Elle nous servira à mieux comprendre ce qui se passe du point de vue silencieux (« non verbal ») de la relation entre deux ou plusieurs individus et son environnement (il est impossible de séparer l’individu de l’environnement relationnel) avant qu’un message ne vienne briser le silence. L’intimidation et les APV ne peuvent s’actualiser que si le système réunit toutes les conditions qui permettent leur réalisation.


– La DEUXIÈME RESSOURCE est la compréhension de l’influence de notre champ personnel. Ce dernier est composé de plusieurs processus, dont j’énumérerai les plus importants pour tout pratiquant de l’autodéfense psychoverbale. Le champ personnel regroupe : 1. nos cinq processus (ou pouvoirs) de la conscience (mes pensées, mes émotions, mes comportements, mes paroles et mes intentions) dont nous sommes responsables, consciemment ou non. Quand ces cinq processus sont alignés, ils nous mènent vers notre intention; s’ils sont mal alignés, cela risque de saboter nos chances de réussite et d’harmonie. 2. notre matrice qui comprend une série de filtres influençant notre interprétation de ce qui se passe dans notre territoire et la signification que nous donnons aux événements. La matrice fait référence à l’ensemble de nos cartes mentales, croyances, valeurs, sentiments, expériences, traits de caractère, passions, actions, comportements, besoins, désirs, etc. qui composent ce que nous sommes à l’intérieur et que nous reflétons à l’extérieur. Une source majeure de conflit est de s’imaginer que nous attribuions tous la même signification à des mots que nous utilisons pour dialoguer. Nous oublions que la matrice de l’autre personne, lors d’une interaction, interprète et donne sa propre signification à tout ce que nous lui disons à travers ses propres filtres. Nous avons alors une « confrontation » entre deux matrices ou champs personnels qui sont, vous n’en doutez sûrement pas, une source de conflit.

– La TROISIÈME RESSOURCE nous décrit l'importance de développer un ego puissant. Un faible ego affecte notre estime de soi et amène une personne à avoir de la difficulté à traiter avec « ce qui est ». Un individu avec un faible ego par rapport à une APV, un conflit ou une situation inattendue se sentira sans ressources, fragile, incompétent et maladroit. Nous explorerons des stratégies pour développer un ego puissant et pour fortifier notre ego. – La QUATRIÈME RESSOURCE est une méthode d’autodéfense psychoverbale simple pour répondre à l’APV d’un attaquant verbal. Pourquoi simple? L’objectif de l’ADPV est de se pratiquer à répondre à l’APV avec l’intention de stopper la tentative de déstabilisation de notre attaquant (son intention qui est enrobée dans une APV) tout simplement en l’amenant ailleurs que dans la direction où il voulait nous amener. Vous apprendrez deux stratégies pour désamorcer des APV et neuf tactiques psychoverbales divisées en trois stratégies. – La CINQUIÈME RESSOURCE est un pattern pour s’exprimer sans maux. J’ai beaucoup réfléchi à ceci : si le mécanisme d’ego-autodéfense est automatique et qu’il est la réponse à un stimulus ou un déclencheur (un ARC, une attaque psychoverbale ou l’interprétation « erronée » d’un stimulus), la solution se trouve entre le stimulus et la réponse, c’est-à-dire dans le vide ou l’espace entre les deux. Trop souvent, nos actes sont si rapides et réactifs que nous ne trouvons pas un espace assez long pour choisir une réponse juste. Si nous pouvons élargir cet espace entre le déclencheur et la réponse, nous aurons accès à de bien meilleures stratégies. L’intention du pattern S’CORE’CT est de nous donner une méthode plus approfondie afin de réagir à une attaque verbale ou à toute situation conflictuelle sans activer les mécanismes d’ego-autodéfense et sans tomber dans la MERD (mécanique émotionnelle réactive défensive). – La SIXIÈME RESSOURCE utilise la structure du pattern S’CORE’CT. C’est la PHASE 1 pour s’exprimer sans maux. Combien de fois constatez-vous, après coup, que vous avez été victime d’une attaque psychoverbale en règle (combien de personnes vont même « ruminer » cela


pendant des jours)? Il a été prouvé par de nombreuses recherches que le critère numéro un que tout criminel recherche chez sa victime et qui donne le feu vert à sa décision de passer à l'action est le manque d’attention et de vigilance chez sa victime. – La SEPTIÈME RESSOURCE est l’utilisation de la structure du pattern S’CORE’CT afin d’harmoniser notre état (de désamorcer son mécanisme d’ego-autodéfense) avant de répondre à une APV ou de confronter une personne (avec la technique de confrontation aiki au chapitre onze). C’est la PHASE 2A pour s’exprimer sans maux. L’intention d’un intimidateur psychoverbal ou d’une personne en pleine crise émotionnelle (en ego-autodéfense) est de vous faire réagir. L’attaquant qui s’aperçoit qu’il échoue à installer sa boucle de pouvoir, dont l’intention est de prendre un peu de votre pouvoir pour augmenter le sien, va finir par comprendre que vous n’êtes pas une « victime » potentielle. – La HUITIÈME RESSOURCE est l’utilisation de la structure du pattern S’CORE’CT afin d’harmoniser (de désamorcer) l’état de notre partenaire. C’est la PHASE 2B pour s’exprimer sans maux. Nous allons découvrir comment demeurer centré pendant le conflit. Comment on peut prédire le niveau de danger avec la méthode J.A.C.C. peut nous être utile pour décider de la stratégie à prendre. Je dévoilerai trois stratégies pour vous exprimer sans maux ainsi qu’une méthode, que j’appelle la confrontation aiki (harmonieuse), pour confronter notre partenaire afin de résoudre un conflit. – La NEUVIÈME RESSOURCE (voir annexe A) est comment craquer les six codes du langage. Le langage verbal n’est qu’un des codes (important pour communiquer avec précision) d’un ensemble de six codes composant toute interaction. Vous savez, instinctivement, que nous portons plus d’attention à la façon dont une personne parle qu’aux mots qu’elle emploie. Vous allez apprendre à décoder les six codes du langage pour mieux comprendre la globalité d’un message et découvrir les intentions cachées de notre interlocuteur grâce à la lecture de trois codes auditifs (que nous entendons) et de trois codes corporels (que nous voyons). Connaître les six codes de la communication nous aide à mieux communiquer et déchiffrer le message de notre interlocuteur. Les six codes de la communication sont : 1. Le code facial 2. Le code corporel 3. Le code gestuel 4. Le code vocal 5. Le code du discours 6. Le code verbal. – La DIXIÈME RESSOURCE (voir annexe B) est la PHASE 2C pour s’exprimer sans maux. L’harmonie (aiki) entre deux personnes est créée quand il existe une affinité et une confiance mutuelle. On ressent ce champ relationnel comme une connexion établie entre deux êtres où il existe un état de résonance et un lien subtil réciproque de confiance. La résistance entre deux personnes peut découler d’un mauvais rapport. Quand une personne est en mauvais rapport avec vous, c’est qu’elle perçoit plus de différences que de similarités. Réussir à la convaincre que vous avez beaucoup plus de ressemblances que de différences, réinstallera le rapport entre vous. – La cinquième partie de cet ouvrage aborde les EFFETS causés par l’application de notre méthode et est aussi la conclusion de cet ouvrage. On y décrit l’utilisation du pattern SCORE comme méthode de résolution de conflit. L’effet principal recherché par cette méthode d’ADPV est de nous rendre plus responsable. Je décris un exercice basé sur nos cinq pouvoirs et je définis la responsabilité comme une habileté à répondre (réponse-habileté) efficacement à notre environnement. Bonne lecture.



PREMIÈRE PARTIE

La situation présente (les symptômes)

CHAPITRE UN

LA SITUATION PRÉSENTE La situation présente (qui vient d’un passé plus ou moins éloigné) est composée de signes immédiats qui nous indiquent qu’il y a un problème en cours, dans un processus auquel nous participons, et que nous sommes reliés. Au lieu d’utiliser le terme « problème », j’utilise l’expression « situation présente », qui permet de cadrer le problème comme étant « situationnel » et « contextuel ». Une situation, considérée comme non harmonieuse, se passe à un endroit bien précis sur le territoire (ici), dans le temps (maintenant) et dans une relation (entre moi, la personne touchée et le « problème »). Le mot « problème » est une nominalisation (un nom), un mot figé qui nous déconnecte du processus énergétique qui se produit pendant l’expérience sur le territoire, et qui a trait à notre manière de percevoir la situation dans notre expérience primaire et sensorielle (visuel, auditif, kinesthésique, olfactif et gustatif). Un « problème » peut référer au passé, au présent ou au futur tandis qu’un symptôme ou une situation présente se passe… maintenant. La situation présente est déterminée par des symptômes observables et vérifiables. Lorsque ces symptômes sont insatisfaisants, nous voulons changer notre relation avec la source conflictuelle. Si l’on vous donne des ordres et vous commande quand, en réalité, vous êtes en position symétrique (vous possédez le même poste, êtes égaux), cela peut vous frustrer et vous mener à un conflit ouvert ou couvert. Afin d’amener un changement puissant dans votre vie, vous devez prendre conscience du processus en cours, qui amène la perpétuation de la situation présente. Car de nombreux conflits dans notre vie se résolvent seuls, sans même que nous y participions. Les plus « gros problèmes », qui semblent perdurer, sont souvent maintenus, inconsciemment, par nos croyances, nos évaluations et les significations que nous avons inférées au moyen de notre propre matrice. La prochaine fois que prenez conscience de la situation présente, posez-vous ces questions (cadres) : Qu’est-ce qui se passe? Qu’est-ce que je ressens ici maintenant? Qu’est-ce qui ne me convient pas dans cette situation? Qu’est-ce qui ne fonctionne pas? Qu’est-ce qui fonctionne déjà? Quelles sont les exceptions quand il n’y a pas le « problème »? Qu’est-ce que je veux changer? À quel moment est-il plus facile de « manipuler » la situation problématique? Quelles sont les ressources intérieures et extérieures (habiletés, équipements, argent) dont vous disposez pour résoudre la situation présente? 1.1 La violence et les APV dans notre quotidien Je crois que je n’ai pas vraiment besoin de vous convaincre du phénomène de la violence et des attaques psychoverbales dans notre environnement et notre société. La violence n’est pas toujours aussi spectaculaire que dans les films d’Hollywood ou conforme à celle dépeinte par les médias. Les attaques psychoverbales peuvent être sournoises et se produire hors de la vue de spectateurs comme dans plusieurs cas d’intimidation. Qu’est-ce qui cause cette violence malgré notre niveau de connaissance, d’éducation et de richesse (dans les pays développés)? Y a-t-il plus de violence aujourd’hui qu’auparavant? Nous allons, dans ce premier chapitre, explorer les symptômes de la violence dans notre environnement, qui fait partie de notre champ relationnel (les gens que nous connaissons) et interrelationnel (tous les autres, les réseaux sociaux, les amis de nos amis, etc.). Qu’est-ce qu’il y a derrière la violence? On retrouve, derrière toute violence, de la peur. Nous verrons que derrière cette peur, se niche une intention valable pour la personne. Lorsque nous sommes envahis par des peurs, nous


pouvons fabriquer des projections, des fuites, de la négation et des mécanismes de défense (l’egoautodéfense). Cette violence peut s’imprimer dans le corps, si elle n'est pas exprimée. Rappelezvous cette phrase, que je vous conseille même d’écrire et de coller sur votre réfrigérateur : « S’il n’y a pas de mots exprimés, il y aura des maux imprimés. » Quand on a du mal à exprimer des mots hors de notre corps, nous allons imprimer des maux à l’intérieur de notre corps. Une maladie est un « mal à dire », affirme Jacques Salomé. Pour éviter de manifester cette puissante énergie de violence et d’ainsi créer des maux autant chez soi que chez l’autre, voici une série de règles utiles à incorporer dans notre corps-espritémotion et à respecter dans notre attitude vis-à-vis d’une personne qui utilise une APV (attaque psychoverbale) contre nous. Je reviendrai, indirectement, sur ces présuppositions tout au long de cet ouvrage. SIX RÈGLES POUR COMMUNIQUER SANS MAUX NI VIOLENCE : 1. Séparer le comportement de la personne. Une personne, dans toute son identité, est plus que son comportement. Le comportement n’est qu’une partie et nous sommes beaucoup plus que la somme de toutes nos parties. 2. Ne pas identifier les sentiments avec la personne. Les sentiments sont générés par notre observation et la signification (psychoverbale) que nous donnons à l’expérience. 3. Comprendre que la violence peut être la seule possibilité, dans une vision limitée du monde, d’exprimer ce que l’attaquant psychoverbal se sent incapable de dire. Il s’agit de trouver sa position (ses demandes) et de décoder ses intentions (désir et intérêts) derrière la demande exprimée. 4. Se positionner en exprimant par des mots descriptifs ce qui se passe. En donnant une description factuelle de l’action et du contexte selon les quatre positions perceptuelles. En évitant le plus possible les inférences. 5. Accepter chacun notre part de responsabilité. Je suis responsable de ma perception et de mes significations et tu es responsable de tes perceptions et significations. Mais nous sommes tous les deux responsables de la sincérité et de la profondeur de notre relation. 6. Orienter votre attention sur l’intention derrière la violence pour aider à choisir une autre expression de la violence. Qu’est-ce que la personne cherche à atteindre dans ce conflit, cette blague demi-vérité, son déni, ses ordres, sa « tentative » de vous manipuler, sa colère contre vous, etc.? Trouvez la valeur qu’elle cherche à atteindre et les règles qui nous indiquent que sa valeur est atteinte ou en voie de l’être. Implanter et actualiser une série de stratégies, d’actions et de rétroactions qui nous orientent vers nos missions. Le problème n’a pas trait à l’identité d’une personne, mais à ses cadres. En effet, 90 % des attaques psychoverbales (APV) ne proviennent pas de sociopathes, de violents intimidateurs ou de criminels, mais de gens que vous côtoyez, de clients, de collègues de travail, de coéquipiers, d’ami(e)s, de membres de votre famille, de vos enfants… Mais le problème ne concerne pas l’identité de la personne, mais les cadres et les métacadres (ses croyances, ses valeurs, son langage, ses cartes ou programmations…). Pour éviter des situations de crise violente, vous allez prévenir, détecter et résoudre les faiblesses relationnelles. Il faut établir un système qui va nous aider dans une relation significative à détecter les déséquilibres relationnels. Nous pourrons alors agir immédiatement et adapter notre relation au lieu d’attendre qu’elle se déstabilise; il faut surtout éviter de tomber dans le piège que l’autre est celui qui doit changer.


On peut détecter les symptômes de conflit potentiel quand il y a des manifestations de résistance de part et d’autre. Certains signes caractéristiques sont :

des fuites (une affirmation qu’on nie ensuite) des communications indirectes de l’ironie des retards (des actes passifs-agressifs) des sabotages l’évitement (de discussions et d’éclaircissements) des disputes sur des points absolument banals, etc. Détoxiquer le langage et les relations pour un environnement verbal sain

Vous n’accepteriez sûrement pas que quelqu'un vienne déposer des produits toxiques dans votre maison. Il existe aussi dans le langage des expressions toxiques ou virales. En PNL, Robert Dilts parle de virus de la pensée. Nous avons développé le concept de dépolluer le langage toxique dans le langage de précision et le langage écologique. Les mots ou expressions s’imprègnent dans le corps et déstabilisent notre être. Tel un cancer verbal, cela peut enclencher un processus entropique, allant de désordre en désordre. Voici des exemples d’un langage qui nous éloigne de l’aiki (l’harmonie). Des ordres ou commandes ouverts et couverts : « Tu devrais te taire dans ces situations. » « J’aimerais que tu fasses cela. » « Tu ne penses pas que tu devrais faire attention au monde autour de toi? » Des surgénéralisations : « Tu fais toujours cela. » « Tu ne fais jamais attention aux autres. » « Tu ne veux jamais écouter ce que j’ai à dire. » « Vous êtes tous pareils! » Des interrogations justificatives : « Pourquoi fais-tu ça? » « Je ne comprends pas comment tu peux penser ça. » « J’aimerais bien que tu m’expliques ton comportement. » Des réponses approbatives dissociées : « Si tu veux. » « Si tu le dis. » « Comme tu voudras. » Les expressions descriptives à la 2e personne : « Si j'ai dit cela, c'est parce que tu... » « Si tu penses cela, c’est parce que tu... » « Je savais que tu allais répondre cela! »

1.2 L’influence de la télévision sur les comportements violents Depuis des décennies, des centaines d’études et de recherches ont démontré encore et encore que la télévision pourrait avoir des effets néfastes sur notre santé physique, émotionnelle et mentale, en plus de façonner notre culture et notre manière de penser. Regardez ce qui se passe chez notre « gros » voisin, les États-Unis. En 2010, la communauté médicale américaine s’est dite fortement concernée par la nature épidémique de la violence. Selon leurs études, un enfant moyen a assisté à environ 8 000 meurtres à la télévision avant d’avoir fini l’école élémentaire. Quand il aura atteint l’âge majeur (18 ans), l’Américain moyen aura visionné plus de 200 000 actes de violence, incluant 40 000 meurtres. L’Association américaine de psychiatrie (American Psychiatric Association) a même lancé une campagne pour endosser une semaine nationale sans télévision. Une semaine sans la télévision, avez-vous déjà essayé cela? Relevez ce défi : pendant une semaine, pas de télévision. Continuez à lire, vous serez peut-être plus motivé à le relever. Le Dr Nelson, de l’association médicale américaine, a affirmé que 2 888 études sur 3 000 ont révélé


que la violence véhiculée par la télévision est une cause significative de la montée de la violence dans notre société. Ce qui inquiète le plus les psychiatres est l’impact de la télévision sur les comportements des enfants. Avez-vous remarqué qu’un bon film d’action va bien avec un sac de croustilles, du maïs soufflé et un bon cola diète? La peur, la violence, l’action de la télévision donnent l'impression de nous donner faim, qu’en pensez-vous? Une étude nationale sur la santé et la nutrition en octobre 1995 démontre que l’obésité chez les enfants a doublé depuis les années 1960. Deux causes majeures : l’inactivité due à l’écoute moyenne de plus de 22 heures par semaine de télévision et une alimentation riche en calories. D’où croyez-vous que proviennent ces habitudes alimentaires? Voulez-vous un petit indice? Une étude en 1991 a démontré qu’il y a une moyenne de 200 annonces de la « malbouffe » dans quatre heures de dessins animés le samedi matin. Selon un pédiatre américain, la meilleure solution, si cela concerne vos enfants, serait de tout simplement débrancher votre télévision. N’importe quelle activité que feront vos enfants serait alors supérieure en dépense d’énergie au visionnage de la télévision.

« Tu vas en manger toute une! » Ancrer le plaisir de manger dans la violence Je viens de mentionner que les deux plus gros problèmes avec l’influence de la télévision sur le comportement des enfants qui la regardent beaucoup sont la surexposition à la violence et l’obésité. Maintenant combinons les deux. Le conditionnement classique selon la psychologie comportementale associe un stimulus avec une réponse agréable; ce fut développé dans les expériences pavloviennes avec des chiens dont la nourriture était associée à un son de cloche. Chaque fois qu’il sonnait la cloche, Pavlov donnait de la nourriture à ses chiens. Puis, après un certain temps de conditionnement de ces deux stimuli (un ancrage que nous appelons en PNL), le seul son de la cloche parvenait à faire saliver les chiens. La télé associe à des programmes médias visuels des contenus publicitaires. « Nos enfants regardent des images vives de la souffrance humaine et de la mort, et ils apprennent à les associer à leurs boissons favorites, à des friandises ou au parfum de leur amie, a déclaré l’ancien lieutenant-colonel Dave Grossman6. « Tout le temps dans les salles de cinéma lorsqu’il y a de la violence sanglante, les jeunes gens rient et applaudissent tout en continuant à manger du maïs soufflé et des boissons gazeuses. Nous avons élevé une génération de barbares qui a appris à associer la violence avec le plaisir, comme les Romains qui buvaient et mangeaient pendant que les chrétiens étaient massacrés au Colisée. » Maintenant, tout cela ne concerne pas seulement les enfants, mais également les adultes. Continuons avec nos enfants puisque la télévision contribue, en partie, à former leurs perceptions de l’avenir. Une recherche affirme qu’un élève écoute plus d’heures de télévision par semaine que d’heures de cours à l’école. En novembre 2001, l’Académie américaine de pédiatrie (American Academy Pediatrics)7 a signalé que les enfants âgés de 2 à 18 ans passent 6,5 à 8 heures par jour avec les médias, y compris les télévisions, les cassettes vidéo, les films et les jeux vidéo. Le rapport fait remarquer que, de 10 000 heures de programmation examinée par une étude nationale sur la violence à la télévision, 61 % de la violence interpersonnelle est représentée de manière divertissante et acceptable. La proportion la plus élevée de la violence était dans les 6

7

Lt. Col. Dave Grossman, On killing, Little, Brown and Company, New York. 19 99

Paquette, Guy et Jacques de Guise. La violence à la télévision canadienne, 1993-2001 : Analyse des émissions de fiction diffusées par les six réseaux généralistes, 2002. (source : http://www.mediaawareness.ca/francais/ressources/statistiques/violence/violence_medias_canada.cfm)


émissions destinées aux enfants. De tous les films d’animation produits aux États-Unis entre 1937 et 1999, 99 % y présentent de la violence. Cela me rappelle une anecdote. Un de mes meilleurs élèves et champion canadien et nord-américain pendant plus de 10 ans, Michael, m’a déjà raconté un souvenir quand il vivait en Russie. Il a émigré ici au Canada en 1993 quand il avait 17 ans. Je lui parlais de la Guerre froide et comment nous les Canadiens percevions les anciens « Soviétiques » et comment nous les décrivions (surtout par la propagande américaine procapitaliste) comme des êtres « diaboliques » prêts à venir nous envahir et à nous asservir au communisme. Mike me disait que la même sorte de propagande chez eux dépeignait les NordAméricains comme des êtres violents et dangereux, prêts à appuyer sur le bouton pour envoyer des missiles nucléaires afin de détruire l’ex-Union soviétique. Ce qui m’avait le plus impressionné, c’est quand il me raconta qu’à l’école, les professeurs projetaient des dessins animés, en provenance des É.-U., pour montrer comment les Américains étaient violents et enseignaient cela à leurs enfants dès leur jeune âge. Cela m’avait troublé, car je savais qu’ils utilisaient cela pour de la propagande, mais en même temps je comprenais avec ses dires que les Russes avaient quand même un ippon (un point) du fait que nos dessins animés sont remplis de violence; et avec ce que nous connaissons des neurones miroirs. C’est vraiment inquiétant, ne trouvez-vous pas? Plusieurs centaines de recherches sur les effets de la violence à la télévision sur les enfants viennent toutes corroborer ces faits; les enfants peuvent : imiter la violence qu’ils observent à la télévision (le rôle des fameux neurones miroirs) s’identifier aux différents personnages tels que les victimes et les criminels devenir immunisés ou insensibles à l’horreur réelle de la violence accepter que la violence soit une manière rapide, efficace et acceptable de résoudre un problème. À force de voir des spectacles et des actes vraiment réalistes de violence, fréquemment répétés ou impunis, les jeunes sont plus susceptibles d’imiter ce qu’ils voient. Le vrai danger, c’est surtout les enfants qui ont des problèmes affectifs, comportementaux, d’apprentissage ou de la difficulté à contrôler leurs impulsions; ils sont plus à risque d’être facilement influencés par la violence à la télé. L’impact de l’exposition à la violence télévisée peut être immédiatement évident dans le comportement de l’enfant ou peut faire surface des années plus tard. Des jeunes pourraient devenir violents et rebelles même si l'atmosphère familiale ne montre aucune tendance à la violence. Voici les solutions que l’académie américaine recommande aux parents américains qui ont des enfants de plus de deux ans (il est fortement recommandé de ne pas laisser un enfant de moins de deux ans regarder la télé) : • • • •

Prêter attention aux émissions que leurs enfants regardent et en regarder certaines avec eux. Leur imposer des limites sur la quantité de temps passée devant le téléviseur (ou l’ordinateur); songer à enlever le téléviseur de la chambre à coucher de l’enfant. Souligner que même si l’acteur n’a pas réellement été blessé ou tué, une telle violence dans la vie réelle donnerait un résultat très douloureux ou même mortel. Refuser de laisser les enfants voir des émissions reconnues pour la violence et changer de canal ou éteindre le téléviseur dès qu’un contenu que vous trouvez offensant apparaît, en leur donnant une explication de ce qui ne va pas avec l’émission.


• •

Désapprouver des épisodes violents en face des enfants, leur soulignant votre conviction qu’un tel comportement n’est pas la meilleure façon de résoudre un problème. Modérer la quantité de temps où un enfant regarde la télé parce que cela diminue le temps accordé à des activités plus bénéfiques comme la lecture, jouer avec les amis, suivre ses cours d’arts martiaux (je prêche pour ma paroisse!) et développer des passe-temps.

L’impact de la télévision sur les enfants En 1995, une étude canadienne rapporte que la violence à la télévision influence les enfants d’âges divers de différentes façons : •

• •

Entre un et deux ans, les enfants imitent ce qu’ils voient et entendent à la télévision. Un certain nombre d’enfants d'âge préscolaire prêtent davantage attention à la télévision que le groupe de un à deux ans, même si la plupart des enfants d’âge préscolaire ne peuvent faire la différence entre la fiction et la réalité ni entre la publicité et les émissions. Une fois que les enfants atteignent l’âge de l’école élémentaire, ils commencent à se coucher plus tard et à regarder plus d’émissions pour les adultes. Les adolescents préfèrent les émissions pour adultes qui traitent de sujets comme la croissance, les rendez-vous, l’alcool, les drogues et le sexe. Les films d’horreur, les vidéos de musique et les films érotiques sont également populaires auprès d’eux. Ces émissions contiennent souvent de violentes images pornographiques et des scènes d’abus contre les femmes. La recherche a montré que ces émissions véhiculent le message selon lequel la violence dirigée envers les femmes est acceptable, ce qui peut rendre les adolescentes plus craintives.

1.3 L’influence de l’environnement sur la violence Alfred Bandura et sa théorie de l’apprentissage social ainsi que l’effet du pattern sur le comportement des enfants (1961)8 Selon la théorie de l’apprentissage social d’Alfred Bandura, l’agression est un comportement socialement appris, au même titre que n’importe quel comportement. Le comportement agressif peut être appris de deux manières, soit directement ou indirectement : Apprentissage direct : appris par expérience personnelle, un comportement a plus de chances ou de risques d’être reproduit si ce comportement a été associé à une gratification (effets positifs). Apprentissage indirect : il peut être appris indirectement, grâce à l’observation et à l’imitation des pattern s de référence. En regardant un individu qui se comporte agressivement, l’observateur apprend et intériorise ces nouveaux comportements. Ensuite, il observe le résultat de ce nouveau comportement. Si les conséquences sont positives, il classera mentalement ce comportement comme avantageux et il aura tendance à le reproduire. S’il voit que le comportement agressif est puni, il ne sera pas porté à l’imiter. Une fois qu’il aura appris que le comportement agressif peut être utile, il sera porté à se comporter agressivement quand il observera un événement désagréable, quand il sera frustré, ou quand il verra d’autres individus agir agressivement.

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Bandura, A. L’apprentissage social. Pierre Mardaga Éditeur. Bruxelles, 1976


Pour vérifier la théorie de l'apprentissage de comportements agressifs par l’observation et l’imitation, Alfred Bandura a réalisé une expérience avec des enfants : 1. Un groupe d’enfants est confronté à un adulte qui se comporte de façon agressive envers une poupée. 2. Un autre groupe d’enfants est confronté à un pattern pacifique, qui joue avec tous les jouets de la salle sans se préoccuper de la poupée. 3. Le troisième groupe, groupe contrôle, n’est confronté à aucun pattern . On observe par la suite les comportements des enfants dans la même salle. La conclusion de cette étude est que les enfants confrontés à un comportement agressif ont des comportements plus agressifs que ceux des autres groupes. Les enfants confrontés à un comportement pacifique ont montré des comportements moins agressifs que ceux du groupe contrôle. Selon l’Académie américaine de pédiatrie, les parents peuvent aider à réduire la violence en élevant leurs enfants dans des maisons sécuritaires et aimantes. Voici une série de conseils qu’elle donne : -

Donner aux enfants de l’amour et de l’attention S’assurer qu’on supervise les enfants Inciter aux comportements appropriés en montrant le bon exemple par leurs propres actions Ne jamais frapper des enfants Faire preuve de cohérence et de constance dans l’application des règles et de la discipline Ne pas donner accès à des pistolets Empêcher les enfants de voir de la violence dans la communauté et dans les médias, autant que possible Enseigner aux enfants à éviter de devenir des cibles de la violence Leur apprendre à se dresser contre la violence.

1.4 Le langage hostile peut finir par vous tuer sournoisement : la violence et l’impact physiologique sur notre corps Je ne me souviens pas du personnage qui a dit que derrière la violence, il y a toujours une peur. Or la peur est un élément que les arts martiaux tentent d’apprivoiser et non d’éliminer. La peur peut nous paralyser ou au contraire nous donner des pouvoirs de super-héros. La peur déclenche une série de réactions physiques, mentales et émotionnelles. Face à une agression physique mentale ou émotionnelle, tout un processus se produit en nous. Qu’est-ce qui se passe dans le corps lorsque nous avons peur? Quand la peur est expérimentée, le cerveau déclenche les outils de survie et envoie instantanément l’épinéphrine (adrénaline), la norépinephrine (noradrénaline) et l’endorphine dans le corps par le système endocrinien. Nos outils de survie impliquent des super-analgésiques. Le rythme cardiaque, la pression sanguine et la respiration travaillent pour libérer et augmenter l’oxygène dans le sang pour aider au prolongement et à l’intensité de la colère. Le besoin de fuir ou de se battre aide à notre survie. Le cerveau se place en super turbo et amène tous les fichiers de survie et les options apprises lors de l’entraînement (si vous n’avez pas été entraîné, le cerveau risque de paralyser par manque de données). Les données sont traitées tellement vite que vous pouvez ressentir que tout est en train de ralentir (une distorsion du temps), phénomène utilisé par les experts en arts martiaux qui voient mieux les mouvements de leurs adversaires. Ce phénomène s’appelle la tachypsychie. L’adrénaline peut rendre nos mouvements plus maladroits. À cause de la vasoconstriction qui est l’augmentation de la circulation sanguine, on a des tremblements. Il manque du sang aux extrémités, ce qui peut limiter nos mouvements. Il vaut mieux exagérer nos mouvements dans ce cas. Un autre effet


négatif est le phénomène de dissociation qui peut se produire où vous avez l’impression que cela ne vous arrive pas à vous, mais à un autre. On aimerait mieux être ailleurs, à la maison avec la personne qu’on aime… Ou on aimerait que quelqu’un intercède en notre faveur. Cela arrive à ceux qui ne sont pas entraînés ou qui sont mal entraînés. Je le répète, tout cela peut être utilisé en notre faveur lorsque nous sommes bien entraînés. Les effets du stress sur la santé La plupart des gens expérimentent plus de stress à certaines périodes de leur vie. Le stress est plus susceptible de se produire lorsque les exigences sont élevées, quand une personne a peu de contrôle ou si elle a peu de soutien disponible. Alors que la plupart des gens peuvent faire face au stress et sont en mesure de composer avec, certaines personnes en sont incapables. Elles finissent par développer un stress chronique. Malheureusement, le stress n’est pas sans risque. Il va de pair avec une grande demande pour notre corps. C'est pourquoi les médecins conseillent toujours de diminuer son niveau de stress; sinon on en subira les conséquences. On doit prendre au sérieux les risques pour la santé qu’entraîne le stress, parce que le stress peut vraiment causer beaucoup de dégâts sur le corps d’une personne et de l’esprit. Chez une personne stressée, tous les systèmes du corps sont touchés. Le stress affecte le cœur, les vaisseaux sanguins, le système immunitaire, les poumons, le système digestif, les organes sensoriels et le cerveau. Le stress augmente le risque de développer une maladie cardiaque ou des accidents vasculaires cérébraux (AVC). Les chercheurs ont constaté que les personnes qui souffrent de stress chronique encourent plus de risques de développer des maladies du cœur, qui peuvent être fatales, à mesure que le temps passe. En outre, chez une personne constamment sous l’emprise du stress, le corps est occupé à produire des hormones de stress et les niveaux de ces hormones sont toujours élevés, ce qui entraîne la personne à développer de mauvaises habitudes comme le tabagisme, les insomnies ou ne pas bien manger. Le harcèlement moral au travail risqué pour la santé Le harcèlement moral est également connu sous les désignations de terreur psychologique, d’oppression, de traumatismes en milieu de travail, d’environnement de travail hostile, d’agression psychologique et de violence verbale, émotionnelle et psychologique. Le harcèlement moral sur le lieu de travail ne touche pas seulement les capacités d’une personne pour sa somme de travail, mais il affecte aussi son physique et sa psychologie. Les victimes de harcèlements moraux sur le lieu de travail doivent être conscientes des risques pour leur santé que produisent les effets de cette violence psychologique. Les victimes doivent prendre des mesures pour mettre fin à cette terreur psychologique par souci de leur santé. Le harcèlement moral au travail peut conduire les victimes à développer des symptômes similaires au trouble de stress post-traumatique comme des migraines, des douleurs thoraciques, des nausées, des douleurs musculaires, des maux de tête chroniques, des problèmes d’estomac chroniques, des maux de dos, de l’hypervigilance, des insomnies et bien d'autres malaises physiques. Sur le plan psychologique, elles peuvent développer une dépression, de l’insomnie, souffrir d’anxiété, de colère, etc. Effets du stress sur la santé et danger d’un taux élevé de cortisol Comme Daniel Goleman le décrit si bien dans son excellent ouvrage9, que je vous recommande fortement, « le cortisol peut être utile à un niveau normal; il est crucial pour nous 9

Goleman Daniel, Cultiver l'intelligence relationnelle — Comprendre et maîtriser notre relation aux autres pour vivre mieux, Robert Laffont, 2009.


mobiliser et satisfaire nos demandes quotidiennes. Mais quand le cortisol augmente dans le corps à un niveau élevé et reste là, nous restons coincés dans un état de surmenage émotif. Ceci, m’indique Davidson, a un impact sur notre santé. David Spiegel à l'école médicale de Stanford a constaté que parmi les femmes avec le cancer du sein métastatique, celles dont le cortisol échoue à redescendre à la fin de la journée mourraient du cancer plus tôt 4 ». Goleman cite une autre étude intéressante (il en cite plusieurs centaines dans son livre, qui tendent toutes à prouver que l’hostilité et le stress tuent à moins d’avoir un bon réseau social et des stratégies cognitives positives). « Au Carnegie-Mellon, par exemple, le psychologue Sheldon Cohen a exploré comment les émotions positives affectent le corps. Dans ses recherches précédentes, il a conclu que les émotions négatives abaissent l’immunité, créent des maladies cardiaques et diminuent la durée de vie. Les recherches de Cohen démontrent que les gens qui ont “un style émotionnel positif” ont une meilleure immunité aux virus du rhume et de la grippe une fois exposés à ceux-ci dans le laboratoire. Cohen et ses collègues ont également étudié comment les rapports sociaux et les émotions positives peuvent affecter la durée de notre vie.10 » Le cortisol est une hormone qui joue un rôle essentiel dans la presque totalité des systèmes physiologiques, intervenant particulièrement dans la régulation de la tension artérielle, de la fonction cardiovasculaire, du métabolisme des glucides et de la fonction immunitaire. Le cortisol affaiblit les défenses immunitaires de l’organisme en détruisant les tissus lymphoïdes indispensables dans la destruction des agents pathogènes. La sécrétion prolongée du cortisol et des corticoïdes en général, dans le stress chronique, provoque un épuisement progressif des glandes corticosurrénales. Cette sécrétion abusive est responsable de différents troubles métaboliques et organiques dont l’hypertension artérielle, l’ostéoporose, la diminution des défenses immunitaires, la sensibilité aux maladies allergiques, le diabète de type II, des troubles cutanés, la dépression, l’obésité et particulièrement l’embonpoint abdominal. Si votre taux de cortisol est trop élevé, vous risquez de prendre du poids, de perdre votre acuité intellectuelle et de devenir vulnérable à toute une gamme de maladies.11 Un stress maintenu provoque une libération constante de cortisol. Lorsque votre organisme s’adapte à un stress chronique, vous devenez hyperinsulinémique, ce qui provoque la libération d’encore plus de cette hormone du stress, ce qui a la particularité de vous faire engraisser davantage (notamment dans la région abdominale), et cause l’inflammation chronique. Vous comprenez maintenant pourquoi nous sommes plus portés à manger quand nous regardons un film stressant? Bien des excès de poids et l’embonpoint abdominal résultent du stress, mal contrôlé, de la vie quotidienne. Est-ce un autre avantage de pratiquer l’Aiki psychoverbale, l’art martial psychologique et verbal, pour maigrir? Contrôle du cortisol dans l’organisme Le taux de cortisol dans le sang peut être contrôlé par une gestion efficace du stress quotidien. Il existe plusieurs manières de contrôler les effets du stress et donc de réduire notre taux de cortisol sanguin. Les techniques de relaxation, de méditation, d’autohypnose et de respiration sont des moyens efficaces et éprouvés de réduction du stress. Selon les médecines naturelles, la consommation de certains suppléments dits adaptogènes permet de réduire l’incidence physiologique du stress. Il est important de faire la distinction entre tonique, stimulants et adaptogènes. Les suppléments adaptogènes, contrairement aux deux autres 10 11

Goleman Daniel, Social Intelligence. Bantam Dell. New York. 2006. http://www.masantenaturelle.com/chroniques/poids/poids_cortisol_exces_de_poids.php


catégories, aident notre corps à résister au stress, à surmonter la fatigue et à prévenir l’épuisement. Le Panax ginseng, l’ashwagandha, le suma et le schizandra sont quelques plantes reconnues pour leur action contre le stress. Il est recommandé, par contre, de ne pas s’autoprescrire ces suppléments sans la supervision d’un praticien de la santé.12 AVERTISSEMENT! Le langage hostile chronique, que vous soyez l’agresseur, la victime ou un observateur, finira irrémédiablement par vous tuer! On a découvert que l’hostilité jouait un rôle plus important dans l’incidence des crises cardiaques que tout autre facteur alimentaire ou environnemental. Non que la colère est toujours nocive, selon les chercheurs. Ce qui brise le cœur littéralement, c’est l’hostilité en tant que mode de vie; le fait de voir les gens et les événements comme des menaces personnelles et de vivre dans un état permanent de méfiance et d’anxiété par rapport à ses biens comme si les autres voulaient vous voler. – Ian McDermott et Joseph O’Connor, Harmonisez votre corps et votre esprit (Montréal, Le Jour, 1998).

Le langage comme arme biochimique psychoverbale Vous savez maintenant que nous pouvons utiliser le langage comme une véritable arme biochimique verbale. Les recherches démontrent que le langage hostile tue plus que le tabac! Imaginez donc les coûts socio-économiques liés aux ravages du langage hostile. Par contre, il est difficile d’évaluer les coûts réels liés au langage hostile. Comme il est difficile de prouver en cour qu’une arme biochimique verbale est responsable de la mort d’une personne. Pourtant, comment expliquer l’infarctus mortel qui suit un épisode violent d’hostilité verbale consécutif à une rage au volant, par exemple? La guerre au terrorisme psychoverbal est extrêmement difficile à mener. Car c’est une guerre secrète et cachée dont peu reconnaissent l’existence. Les ennemis ne sont pas toujours ceux que nous pensons. Même des amis très proches de nous sont engagés innocemment dans des opérations clandestines hostiles. Les usines qui fabriquent ces armes biochimiques psychoverbales sont inaccessibles, car elles ont été implantées là où personne ne peut les détruire : à l’intérieur de chacun. L’expert en armes biochimiques psychoverbales utilise le langage pour vous déstabiliser et introduire en vous un déséquilibre biochimique. L’utilisation d’un langage toxique affectera l’usine biochimique en vous et activera la production d’adrénaline, de noradrénaline, de cortisol et de diverses hormones et divers produits chimiques qui affecteront votre rythme cardiaque et votre tension artérielle, affaibliront votre système immunitaire pendant des heures après l’épisode hostile, etc. Le résultat peut être dévastateur et mortel. Nous verrons plus loin que nous avons tous été touchés, à certains moments de notre vie, par des tirs biochimiques verbaux. Certains ont été blessés grièvement par des obus biochimiques psychoverbaux et souffrent de handicaps psychologiques et d’état de choc post-traumatique. D’autres ont été blessés légèrement et ne portent qu’une petite cicatrice émotionnelle. Plusieurs de ces blessures émotionnelles sont enfouies en nous et continuent de nous créer du tort, sans même que nous ayons conscience de leurs effets pervers dans nos relations avec les autres.

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Voir le Québécois Jean-Yves Dionne pour plus d’informations sur ce sujet. C’est un ancien pharmacien et un expert en médecine naturelle, il a une chronique régulière à Radio-Canada. Voir son excellent site Web à http://www.jydionne.com


Si le langage hostile tue plus que le tabac ou que les agressions criminelles causant la mort, il est primordial de trouver une méthode pour contrer le langage hostile. Les arts martiaux et les cours de protection personnelle sont surtout orientés vers l’autodéfense physique et ne possèdent pas de technologie véritable pour contrer le langage hostile, outre des représailles physiques. Les cours d’autodéfense orientés vers la réalité, de plus en plus populaires depuis une décennie, mettent plus l’accent sur la réaction émotionnelle et psychologique de l’individu victime d’assaut physique brutal. J’ai enseigné l’une de ces méthodes, que j’appelais la méthode du chaos organisé. Grâce à ces méthodes, plusieurs personnes ont survécu à des agressions physiques. Mais il n’existe toujours pas, à ma connaissance, des méthodes d’autodéfense contre les agressions verbales, émotionnelles et psychologiques. Je n’ai jamais vu des écoles d’arts martiaux où l’on enseigne à se défendre contre le langage hostile et surtout, contre les armes biochimiques psychoverbales, utilisées par de véritables « terroristes psychoverbaux ». J’ai décidé en 1990 de développer et d’enseigner une méthode d’autodéfense contre le langage hostile et d’en faire une spécialité. Depuis plus de 30 ans, parallèlement à mon engagement dans le kyokushin (karaté), j’ai étudié, observé et expérimenté la communication, diverses approches psychologiques, l’énergie (chi, tai chi…), les diverses méthodes de respiration, la palingénésie (rebirth), les neurosciences, les états modifiés de conscience, les rêves lucides, l’hypnose, la rétroaction biologique (biofeedback), la psychocybernétique, l’apprentissage accéléré, la carte cognitive, mentale ou heuristique (mind mapping), la méditation, diverses techniques de relaxation, une formation poussée (et continue) en programmation neurolinguistique (PNL), la sémantique générale, la thérapie de la ligne du temps, le langage métaphorique, la cohérence cardiaque, les rythmes circadiens, la théorie du chaos et de l’autoorganisation, la stimulation bilatérale et séquentielle du cerveau (S. B. S. C.) et d’autres méthodes. J’ai assisté à des ateliers, séminaires, cours spéciaux de divers spécialistes et je possède une bibliothèque personnelle de plus de 500 livres sur la psychologie, le développement personnel et les arts martiaux. Ces divers influences et « conditionnements » ont marqué mon cerveau et orienté mes idées, mes pensées, mes sentiments et mes actions dans l’élaboration d’une méthode pour contrer le langage hostile, que j’ai baptisée : l’Aiki psychoverbale. J’ai travaillé et poursuivi des recherches pendant une vingtaine d’années pour développer cette méthode et écrire ce livre. Ma mission était claire, mais ma « vision » demeurait floue ou trop large. Mon objectif était de former une méthode cohérente et de propager cet enseignement pour aider le plus de monde possible à faire face à un monstre à plusieurs têtes : le langage hostile et la manipulation émotionnelle et psychologique. Il était clair que cette méthode serait une proche parente de la philosophie des arts martiaux et de la dimension archétypale du guerrier. Ma vision s’est de plus en plus éclaircie au fil des années. J’ose maintenant publier le résultat de mes recherches. Ce livre est un complément à mes formations et séminaires. Mais il peut aussi être pour vous le départ ou une suite de votre démarche personnelle. J’ai toujours affirmé que le jour de la publication de ce livre, il serait déjà dépassé. Il y a plus de 20 ans, j’affirmais des faits (le langage hostile peut vous tuer) que l’on contestait en 1990, devenus évidents en 2012. Cette publication n’est qu’un instantané d’un art, par essence, vivant et changeant. L’Aiki psychoverbale est un art du changement où nous recherchons constamment la petite différence qui fera la grande différence. Mais, étant donné que la seule chose qui ne change pas dans la vie est le changement, les bases de ce livre seront toujours, je crois, fondamentales dans la dynamique de la défense contre le langage hostile. Détoxiquer le langage et les relations pour un environnement verbal sain Je ne veux pas blâmer uniquement la télévision pour le problème de la violence et les crimes violents : ce serait simpliste. De nombreuses personnes écoutent des films d’action et ne


commettront pas un crime violent pour autant, il ne faut pas généraliser. Beaucoup d’autres facteurs entrent en ligne de compte. Il faut également savoir que des personnes sans antécédent connu de violence ou de facteurs les prédisposant à commettre des actes violents ont pu commettre des crimes, mais ce n’est pas généralisé. J’ai lu dans une recherche américaine que 75 % des crimes violents sont commis sous l’influence de l’alcool. Voici quelques facteurs extraits de plusieurs recherches en criminologie qui augmentent les probabilités d’action violente ou de tendances comportementales plus agressives : - facteurs héréditaires - exposition à de la violence à la maison ou dans la communauté - cible de sévices physiques ou sexuels - une arme à feu à la maison - historique de comportement agressif ou violent - consommation de drogue ou d’alcool - dommages au cerveau après une blessure à la tête - vie de famille stressante (pauvreté, privation sévère, divorce, chômage, famille monoparentale, etc.). Notre environnement et le cercle d’amis qui nous entourent sont deux des facteurs les plus déterminants pour influencer notre comportement. Lors d’une participation à un événement, une fête ou une manifestation, notre quotient intellectuel ou notre capacité à raisonner est inversement proportionnel au nombre d’individus qui y participent. « Plus il y a de monde et plus il y a de fous », disait ma mère. Adolf Hitler savait bien utiliser cette capacité de réunir des foules immenses et d’influencer la masse pour faire accepter ses idées et ses croyances toxiques; ce qui semble, malheureusement, avoir bien fonctionné pour lui. Une des armes de persuasion derrière cela est la loi de la preuve sociale de Robert Cialdini, qui stipule que plus il y a de monde qui accepte une idée (toxique ou non), plus elle sera acceptée par ceux qui l’écouteront. C’est également le principe derrière la publicité virale ou son concept. Songeons à une publicité de radio au Québec : « Tout le monde le fait, fais-le donc : écoute CKAC. » 1.5 Présentation de l’autodéfense verbale et psychologique à la télévision La première fois que j’ai parlé d’autodéfense verbale et psychologique dans les médias, c’est en 1995 : à la septième (de onze) émission de télévision, à la station CFCF (canal 9), de L’Ultime Karaté-Do, que j’ai écrit et co-animé avec Daniel Gauthier. Je ne parlais pas encore d’Aiki psychoverbale à cette époque, ma vision n’étant pas aussi développée que maintenant. Mais j’en garde toujours une bonne base dans l’aspect de l’autodéfense verbale. En voici d'ailleurs le compte rendu in extenso : Daniel Gauthier : « La semaine passée, tu as brièvement fait mention que tu allais nous parler aujourd’hui d’une toute nouvelle branche d’autodéfense, assez peu connue du public, qui est non physique et qui n’est pas enseignée dans les dojos d’arts martiaux : l’autodéfense psychologique et verbale. Dis-nous-en plus à ce sujet. » Gaëtan Sauvé : Aujourd’hui, je vais vous parler de quelque chose d'unique : l’autodéfense verbale et psychologique. J’ai fait depuis plus de cinq ans des recherches très poussées qui ont permis d'élaborer un cours unique sur l'autodéfense verbale que j’enseigne dans des séminaires dans le cadre de l’organisation Québec Kyokushin Gauthier. On apprend dans ce cours les stratégies, les tactiques et les habiletés pour se protéger contre les abus verbaux que nous affrontons dans notre quotidien autant dans notre vie professionnelle que privée. Que ce soit un patron manipulateur, un parent, un compagnon de travail ou un client, les attaquants ou


agresseurs verbaux sont n’importe où. Ces violences verbales et psychologiques créent en soi de la colère, du ressentiment et de l’impuissance en plus de miner notre confiance et notre assurance. En vérité, certains types de mots exprimés s’impriment en nous avec des maux Le mythe répandu qui affirme que « les mots ne font pas de mal » est totalement faux. La violence verbale est beaucoup plus répandue que la violence physique. Observez les statistiques et vous constaterez que la cruauté mentale est la cause de plus de séparations relationnelles que la violence physique. Nous pouvons affirmer avec certitude que la violence verbale précède presque toujours la violence physique (à part dans une embuscade). Les méthodes d’autodéfense classique agissent lorsque l'attaque débute, mais le fait de maîtriser l'autodéfense verbale et psychologique permet dans plusieurs cas d’enrayer les attaques avant même qu’elles s’amorcent. Même si vous êtes ceinture noire de karaté ou que vous avez une bonne maîtrise des techniques d’autodéfense telles que démontrées lors de notre série L’Ultime Karaté-Do, que pouvez-vous faire si l’on vous agresse verbalement? Le postulat de base de l’autodéfense physique est qu’un adversaire cherche volontairement à vous faire du mal physiquement. Qu’advient-il d’une situation où un proche, un ami ou un patron involontairement ou inconsciemment [à cause de problèmes de personnalité, d'une mauvaise interprétation ou de distorsions de la réalité] vous attaque verbalement? Qu’avez-vous appris à faire dans une telle situation? Sûrement à suivre votre instinct et à répliquer à votre tour avec une autre attaque verbale, ce qui donne naissance à plus de violence, ce qui aurait pu être évité. Avec la connaissance de l'autodéfense verbale, vous apprenez à répondre sans violence aux attaques verbales et à dominer la situation efficacement. Depuis notre enfance, on nous a élevés avec le mensonge que les mots ne peuvent nous faire de mal, mais ils en font. Il y a plus de relations brisées et de dommages causés par les mots que par les coups physiques et c’est pourquoi il est important de comprendre les rudiments de l’autodéfense verbale et non verbale pour cesser cette violence verbale. Étant donné que je suis limité par le temps, je vais faire un rapide survol des concepts qui sont enseignés dans ce cours. Dans la méthode d’autodéfense verbale, on apprend les notions du langage comportemental qui incluent le langage verbal et non verbal ainsi que le silence. On apprend aussi à maîtriser les bases d’une communication efficace. Un des postulats de base est que tout ce que nous faisons est communication; même le désir de ne pas communiquer est une communication. Les violences verbales, non verbales ou physiques sont des communications mal adaptées d’un agresseur qui manque de choix d’action. Le langage comportemental inclut aussi la façon dont les gens vous regardent, la façon dont ils positionnent leur corps, la totalité de leur voix, le rythme de la respiration, les expressions de leur visage, leurs réactions si vous vous approchez ou vous éloignez d’eux, etc. Le teint de leur visage, par exemple, lorsqu’il devient blanc ou rouge est une indication qu’il se passe quelque chose à l’intérieur de votre interlocuteur; le décodage de ces réactions permet d’adapter votre réponse. RAPPORT AVEC L’INCONSCIENT Nous pouvons également apprendre des méthodes pour créer un contact spécifique avec l’inconscient de l’autre et ainsi l’influencer directement sans même qu’il en soit conscient; c’est le principe de la persuasion. L’autodéfense classique s’adresse surtout à notre dimension physique. Nous apprenons à utiliser les différentes parties de notre corps dans le but de nous protéger. Dans l’autodéfense classique, on doit connaître ses propres réactions et suivre un pattern précis pour que toutes nos énergies soient focalisées sur l'adversaire. Nous devons aussi


être conscients de l'adversaire et être capables de prévoir ses réactions ou de créer des réactions spécifiques pour contrer son intention de nous blesser. L’autodéfense verbale et psychologique utilise des principes similaires, mais sa base fondamentale est le langage. Nous devons comprendre les bases de la communication pour contrer les attaques verbales et désamorcer le côté manipulateur de l’agresseur. On doit connaître ses réactions et les transformer de façon à contrôler la conversation verbale. On doit connaître les points forts et les points faibles ainsi que les réactions de notre interlocuteur et les utiliser à notre avantage. Daniel Gauthier : « Quels patterns trouverons-nous dans une attaque verbale pour la considérer comme telle? » Gaëtan Sauvé : Il y a une chose que j’aimerais clarifier avant d’aller plus loin. Qu’est-ce qu’une attaque psychoverbale? Une attaque psychoverbale se produit lorsque quelqu’un cherche à vous manipuler ou/et à vous faire réagir en utilisant le langage. Ce ne sont pas seulement des attaques telles que « tu es un imbécile » ou « je vais te sacrer mon poing sur la gueule ». Si les insultes et les menaces font partie des abus verbaux et sont faciles à identifier, il reste que les attaques psychoverbales peuvent être encore plus subtiles et cachées. Par exemple, minimiser les accomplissements d’une personne (« C’est rien, ton chiffre des ventes; j’ai fait le double en moins de temps que toi »), la critiquer (« Tu ne penses qu’à toi-même! ») et contrer tout ce qu’elle dit (« Non, tu n’as pas raison. Moi je trouve que… ») ont tous le même dessein, qui est d’abaisser et de dominer l’autre. Les techniques d’autodéfense psychoverbale doivent agir avant que ça tourne en dispute. Comment pouvons-nous reconnaître une attaque psychoverbale? Cette dernière contient trois éléments : 1. une présupposition 2. une amorce 3. un stress tonal sur un ou plusieurs mots Une présupposition est composée d’une ou de plusieurs significations d’une séquence de langage qui n’est pas apparente dans la structure de surface. Si je vous dis que j’ai arrêté de fumer, je n’ai pas besoin de vous expliquer que j’avais déjà commencé à le faire. Dans une attaque psychoverbale, le matériel important est caché dans la présupposition. Celle-ci nous amène à considérer deux aspects de la communication : ce qui est dit consciemment, c’est notre structure de surface, et ce qui est pensé intérieurement ou ce qui est inconscient et non apparent dans le langage, c’est la structure profonde de notre matrice. Les présuppositions font partie de la structure profonde. Prenons quelques exemples d’attaque verbale et cherchons leurs présuppositions : •

« Si tu m’aimais, tu arrêterais de fumer. » La présupposition cachée est : tu ne m’aimes pas vraiment, puisque tu continues à fumer.

« Même Marc serait capable de comprendre ce problème. » Les présuppositions cachées sont : 1. Marc est stupide. 2. Le problème ne semble pas compliqué pour la personne qui affirme cela. 3. Si cela vous est adressé, on vous dit que vous êtes plus stupide que Marc, selon le jugement de cette personne.


Le deuxième élément qui nous permet de reconnaître une attaque verbale, c’est l’amorce. L’amorce est la partie de la phrase à laquelle votre attaquant veut que vous répondiez; si vous y répondez, c’est que vous avez accepté la présupposition. Par exemple, dans le cas de « si tu m'aimais, tu arrêterais de fumer », si vous tombez dans cette amorce, vous n’avez que deux choix [il faut trois choix dans l'attitude multi-descriptive] : ou vous arrêtez de fumer pour prouver à la personne que vous l’aimez ou, si vous n’arrêtez pas de fumer, vous prouvez à cette personne que vous ne l’aimez pas. Le troisième élément qui nous permet de reconnaître les attaques verbales, c’est le stress phonologique, c’est-à-dire la façon dont on va ponctuer certains mots plutôt que d’autres. Voyez la différence entre « qu’est-ce qu’on mange pour souper, maman? » et le petit cannibale qui dit : « Qu’est-ce que qu’on mange pour souper… maman? » Si je dis « Pourquoi TU ne m’écoutes JAMAIS? », le fait d’accentuer le TU présuppose que les autres, eux, ils m’écoutent tandis que toi, TU ne m’écoutes jamais. À la prochaine émission, je vais mettre vos nouvelles connaissances à l'épreuve et nous allons identifier ces trois éléments qui nous indiquent que nous subissons une attaque verbale. Je vais ensuite vous montrer la façon de désamorcer ces attaques en répondant aux présuppositions et non aux amorces. Mais avant, je dois vous faire part d’un autre concept : faire « tilter » le cerveau. On retrouve ici le concept de l’interruption de « pattern ». Lorsqu’un agresseur vous attaque, il s’attend à ce que vous répondiez selon un comportement particulier. Lorsque vous réagissez de manière totalement inattendue de sa part, il se passe un phénomène dans son cerveau : un tilt. Ce « blanc » [passage à vide] ou cette pause fait en sorte que l’individu ne puisse plus réagir comme prévu. Un peu comme un individu qui croit attaquer une faible femme et qui reçoit comme réponse une série de coups puissants qui le catapultent directement sur le dos. Le but de l’autodéfense verbale est justement de faire « tilter » le cerveau de l'agresseur et de créer en lui un état de confusion qui l’empêche de continuer son attaque. Naturellement, il ne suffit pas de savoir déceler les attaques verbales pour être capable d’y répondre aisément; nous devons posséder d’autres connaissances. Le cours d'autodéfense est séparé en plusieurs volets : 1. 2. 3. 4. 5. 6.

les patterns d’attaques verbales les modes sensoriels (visuel, auditif, kinesthésique) les principes de la communication les quatre modes de comportement sous le stress (ego-autodéfense) la science du rapport (harmoniser le champ relationnel) le langage non verbal et son influence dans la communication (six codes)

LES APV (ATTAQUES PSYCHOVERBALES) : « Avez-vous été victime d’une APV dernièrement? » « Les APV peuvent vous atteindre subitement et affecter votre santé physique et mentale. » « Infestez-vous les autres avec vos APV? »


« Les APV, comme des virus de la pensée, s’installent dans le cerveau agressé, attaquent le système nerveux d’une personne, dérèglent son système émotionnel et affaiblissent son système immunitaire. » « Immunisez-vous contre les APV, maintenant! » 1.6 Les arts martiaux classiques manquaient de stratégies non physiques Pour répondre à la violence psychoverbale efficacement, je me suis engagé à fonder un art martial non physique. Un art martial psychoverbal que j’ai nommé : l’Aiki verbale. Cette nouvelle forme d’art martial n’est pas centrée sur l’autodéfense contre un adversaire armé ou à mains nues. Cet art martial vous donne des habiletés mentales, émotionnelles et verbales et les stratégies pour faire face à l’hostilité non physique. Cet art martial verbal et psychologique nous aide à nous protéger contre un autre genre de combat où des mots soutenus par un langage hostile visent à nous « planter » psychologiquement et émotionnellement. Ces « claques verbales » nous hantent parfois longtemps. Ces « virus de la pensée » composés d’images, de paroles et de sensations de l’événement se répètent dans notre esprit en boucle, telle cette chanson ridicule ou ce refrain publicitaire incessant. Le fait d’y penser constamment nous propulse dans des métaétats susceptibles de générer de la culpabilité ou des regrets, puis la colère d'avoir ressenti de la culpabilité et la roue tourne. Peu à peu, vous risquez de créer une boucle hostile qui va installer en vous toutes sortes de programmes et de virus toxiques risquant d’empoisonner votre existence et celles des personnes présentes dans votre champ relationnel. Vous avez sûrement subi une remarque cinglante qui vous assomme. Souvent l’on s’en rend compte sur le tard. Je me souviens de m’être déjà dit que plus jamais je n’encaisserais ce genre de « gifle psychologique » sans réagir adéquatement. Vous avez le choix, en tant que pratiquant ou pratiquante d’Aiki psychoverbale, d’appliquer la « voix » du guerrier dans votre vie et d’être aux aguets au moment propice. Un art martial physique ne vous dote d’aucune tactique adéquate pour faire face aux manipulations psychologiques, aux attaques contre votre estime de soi, aux diverses tactiques pour vous contrôler, réduire votre capacité d’expression et établir des frontières pour empêcher le viol de votre vision personnelle, de vos valeurs et croyances, de votre territoire personnel, familial ou professionnel. Cet art martial non physique a pourtant beaucoup de choses en commun avec les arts martiaux conventionnels. Les deux s’associent à un archétype, un symbole psychologique enfoui dans notre inconscient et dans nos mythes : le mythe du guerrier. Quand on m’a présenté la programmation neurolinguistique vers la fin des années 1980, je me suis tout de suite aperçu que ce serait l’outil numéro un pour m’aider à développer un art martial psychologique qui utilise principalement le dialogue verbal et non verbal afin de désamorcer les conflits avant qu’ils puissent se manifester sous forme de violence physique ou émotionnelle.

1.7 Que signifie le terme psychoverbal? Je parle d’art martial psychoverbal, d’autodéfense psychoverbale et d’attaques psychoverbales. Quelle est la signification précise de ce terme que j’ai fabriqué? Le mot psycho, pour moi, signifie « psycho-logique », que j’écris maintenant en deux mots séparés par un trait d’union. Ceci signifie que dans la « tête » de la personne, l’interprétation qu’il a donnée à son observation est logique pour lui, a du sens dans sa logique; même si, pour moi, c’est totalement illogique et sans bon sens. Des personnes ont des comportements que nous


trouvons malsains, irresponsables ou carrément dangereux; pourtant, pour eux, il existe une « psycho-logique » à ce qu’ils font. Ainsi des gens se jettent en haut d’un avion en parachute, en bas d’un pont avec un élastique après la cheville, partent pendant des mois pour escalader l’Everest en risquant leur vie. Pour eux, ces comportements ont un sens précis, mais pour nous, cela peut être totalement « psycho-illogique ». Mais si nous les interrogeons et qu’ils nous répondent verbalement (l’aspect verbal), nous découvrons grâce à leurs critères, leurs valeurs et leurs croyances (leurs « psycho ») ce qui forme leur psycho-logique. La personne qui m’explique verbalement comment elle pense, me fait une déclaration psychoverbale. Si je déclare que ce qu’elle me dit a du sens ou non, je le fais à l’aide de ma propre psycho verbale ou psychologique. Celui qui me lance une attaque psychoverbale a avant tout préparé son attaque dans son esprit, sa psyché ou dans l’aspect psycho de psychoverbal. Il a observé un aspect de moi, lui a donné une signification, a ressenti une certaine émotion, s’est formulé un besoin (obtenir mon attention ou démontrer qu’il a du pouvoir sur moi) avant de me l’exprimer verbalement et non verbalement. Ce ne sont pas seulement les mots qui font des maux. Les paroles ne sont qu’une toute petite partie de l’attaque. Une attaque psychoverbale peut se faire sans le moindre mot. Un simple regard, un geste agressif (un poing ou un index placé à deux pouces de mon visage), une tonalité vocale appuyée sur certains mots, une expression faciale de colère, tout cela est exprimé par le verbal de mon attaquant et constitue la partie verbale du psychoverbal. Nous allons, tout au long de cet ouvrage, étudier la psycho-logique et l’aspect verbal de l’art martial du 7e type (AMPV), et donner un sens bien précis à une nouvelle expression, le psychoverbal. Observez l’encadré ci-dessous pour mieux comprendre l’utilisation de ce terme. Que signifie « psychoverbal » pour moi? Le mot psychoverbal fait référence à notre conscience humaine, qui est une alliance entre l’intention, la pensée, les émotions, les actes et la parole. Quand j’exprime une parole ou un comportement, les deux seuls pouvoirs détectables avec notre système sensoriel, je n’exprime que les cartes qui composent ma psyché ou plus précisément ma propre psycho-logique. En utilisant le verbal à l’aide de questions, nous pouvons décoder plus précisément ce qui se passe dans la dimension intérieure, que j’appelle « boîte noire » ou matrice.


« Psycho »

« Verbal(e) »

Mes cartes - Ma dimension intérieure

Le territoire - La dimension extérieure (ESPACE-TEMPS)

Nos trois pouvoirs intérieurs. Nos trois responsabilités privées.

Nos deux pouvoirs extérieurs. Nos deux responsabilités publiques

1- INTENTION : Notre identité – Notre mission – Notre vision – Nos valeurs les plus hautes – Nos croyances. 2- PENSÉE : Mes processus internes – Mes règles – Mes croyances– Mes références – Mes représentations mentales. 3- ÉMOTIONS : Nos états internes – Valeur (sentimentale) – Décision – Besoin – Motivation – Action.

4- COMPORTEMENT EXTÉRIEUR : Nos actions – Mouvements – Ce que nous faisons sur le territoire pour exprimer nos cartes. 5- EXPRESSION : Communication – Langage : verbal, para-verbal et corporel – Langage symbolique et métaphorique.

Nos trois pouvoirs intérieurs peuvent être exprimés sur le territoire par nos paroles et nos comportements, consciemment ou non. L’aspect verbal peut se résumer par les six codes du langage : Verbal :

vocal (tonal) verbal (mots) discursif (discours)

Non-verbal :

facial corporel gestuel

1.8 Comment des mots peuvent-ils blesser et polluer l’environnement? Contrairement au mythe fort répandu, surtout dans notre enfance, il est faux de prétendre que les mots ne blessent pas. Les mots font autant de maux et de ravages que les coups physiques. Les blessures verbales peuvent prendre beaucoup de temps à guérir et peuvent subsister toute une vie, même se transmettre de génération en génération. La loi nous protège contre les violences corporelles, mais nous avons peu de recours contre les abus verbaux. Nous pensons qu’il est immoral de frapper une personne, mais notre éducation a passé sous silence les coups verbaux et psychologiques. Il suffit d’écouter les films et émissions de télévision et notre environnement pour voir que celui-ci est saturé de pollution verbale et de relations toxiques. Au-delà des mots dits, il y a ceux non prononcés, les attitudes non verbales, les silences, les froncements de sourcils, la tonalité, bref tout ce qui fait partie du non-verbal et du langage du corps tel que défini dans les six codes du langage.

Le langage toxique et hostile empoisonne votre existence


Grâce à une nouvelle science médicale, la psycho-neuro-immunologie, nous pouvons certifier que le langage hostile a un effet affaiblissant sur le système immunitaire. Il ne crée pas que des ulcères d’estomac ou des attaques cardiaques, il peut dérégler le système nerveux et influer sur tout l’organisme en créant de graves maladies. Une parole blessante non neutralisée peut dérégler temporairement notre système nerveux. Et si, par la suite, nous perpétuons ce souvenir en nous répétant sans cesse cette parole blessante, celle-ci se grave telle une empreinte et affecte notre santé mentale et physique. Nous reviendrons dans la troisième partie sur ce point fondamental. Le langage hostile s’applique aussi à notre dialogue interne. Connaissez-vous une personne qui se déprécie, se fâche après elle-même, se traite même de toutes sortes de noms? Le pratiquant de l’autodéfense psychoverbale qui utilise toutes les subtilités du langage verbal et non verbal, a le pouvoir de guérir chez les autres (ou chez lui) les blessures qui orientent les conflits. 1.9 Qu’est-ce que les attaques psychoverbales? Les attaques psychoverbales sont l’utilisation de mots qui attaquent ou blessent, qui incitent une personne à croire une fausseté ou à parler faussement à l’autre. Les attaques psychoverbales répétées sur une base régulière constituent de la violence psychologique. La violence psychoverbale fait encore plus mal quand l’agresseur la nie. Quand la perception de la cible n’est pas validée ou est reniée, il se crée à l’intérieur d’elle un état de confusion qui s’ajoute au stress continu des attaques psychoverbales.

Caractéristiques générales des APV relationnelles •

Les APV déclenchent de la douleur. Surtout quand l’autre les nie. Quand la perception de la personne abusée est ignorée et qu’il n’y a pas de validation de sa réalité, un état de confusion s’ajoute aux douleurs émotionnelles déclenchées par les APV.

L’APV attaque la nature et les capacités de l’autre. Le partenaire peut commencer à croire qu’il y a quelque chose de mauvais chez lui. Qu’il ne réussit jamais rien.

L’APV peut être ouverte (crise de rage, se faire traiter de noms) ou couverte (très subtile, attaque insidieuse, manipulation implicite, etc.). • •

Ouverte : Blâmer et accuser. Amène un état de confusion. Couverte : Agression cachée. Vise à contrôler le partenaire sans que ce dernier s’en aperçoive.

L’APV peut être émise de manière sincère et empathique. Le partenaire de Nicole lui dit qu’il ne peut échanger avec elle à propos de ce qu’il lit, car elle n’a pas l’éducation adéquate pour comprendre la majeure partie des phrases, comparativement à tout citoyen moyen.

L’APV est manipulatrice et contrôleuse. Le partenaire ne sait pas vraiment qu’il est manipulé et contrôlé. La cible peut percevoir, par contre, qu’elle ne vit pas sa vie comme elle aimerait la vivre.


L’APV est insidieuse et irrespectueuse, elle dévalue et ne tient pas compte de l’individualité du partenaire de telle manière : -

que son estime de soi diminue graduellement, sans que le conjoint s’en aperçoive qu’il (elle) perd sa confiance en soi sans s’en apercevoir qu’il (elle) essaye consciemment ou inconsciemment de changer de comportement pour ne pas contrarier l’agresseur.

L’APV est imprévisible. L’imprévisibilité est la caractéristique la plus significative de l’abus psychoverbal. Le partenaire est choqué, déséquilibré, surpris par le sarcasme ou le commentaire. Il ne sait pas comment prévenir les incidents et ne comprend pas le pourquoi.

L’APV est le problème dans la relation. Quand un couple argumente sur un sujet, chacun y va de son point de vue et, après discussion, l’affaire est résolue. Dans une relation psychoverbale abusive, il n’y a pas de conflit spécifique. Le sujet est l’abus et ce sujet n’est pas résolu.

L’APV exprime un double message. Il y a une incongruence13 entre ce que l’agresseur dit et ses émotions réelles. Il prétend ne pas être fâché avec une voix perçante de colère et de ressentiment. « Il dit qu’il accepte tout le monde, mais il me critique et n’accepte pas mon point de vue. » « Elle dit qu’elle m’appuie, mais je me sens seul et isolé avec elle. »

Les APV pour garder le contrôle de la relation En général, on peut considérer l’attaque psychoverbale comme une façon de maintenir le contrôle sur quelqu’un. Rappelez-vous que l’agresseur verbal à cause de son ego faible se sent plus puisant quand, soudainement, il rabaisse les préférences du ou de la partenaire. L’abus verbal empêche les vraies relations. Le partenaire de l’agresseur peut vivre sous l’illusion qu’il y a une relation. Une relation agresseur/abusé va souvent perdurer si chacun accepte son rôle respectif (mais souvent, la victime croit qu’elle n’a aucun choix ou elle est atterrée de quitter le conjoint violent, et souvent, malheureusement, avec raison). L’agresseur, généralement, est incapable d’accepter ses émotions, ses intentions, ses pensées, et il éprouve peu d’intérêt à les dévoiler au partenaire. Il place une frontière entre lui et l’autre. L’agresseur verbal perçoit, dans sa face publique et ses faces cachées (voir 2.2 visage à deux faces), son partenaire comme un ennemi ou une menace à contrôler. S’il existe une relation, ce doit être plus qu’un échange d’informations. Une relation harmonieuse requiert de l’intimité. L’intimité requiert de l’empathie. Écouter et comprendre les expériences et les émotions d’une autre personne, c’est de la compréhension empathique. Même quand deux personnes ne se comprennent pas toujours ou ont des difficultés à exprimer leurs émotions, l’intention de comprendre est présente si les deux parties peuvent dire, par exemple : « Est-ce que c’est bien cela que tu as voulu dire et que tu ressens? » La personne qui refuse d’écouter son/sa partenaire abuse de la relation. Elle dénie son expérience en refusant de se

13

INCONGRUENCE : Se dit de deux ou plusieurs para-messages simultanés qui n’appartiennent pas au même acte communicationnel.


confier à l’autre. Ainsi, elle viole les règles primaires d’une relation, par son manque d’ouverture inconditionnelle. J’ai répertorié ces diverses APV selon les cinq formes animales Shaolin des arts martiaux psychoverbaux (voir une description sommaire en annexe ou sur notre site Web).

Tous droits réservés. Toutes reproductions ou éditions quelconques par quelque moyen que ce soit, électronique ou mécnique, photocopie, support magnétique ou autre, ne sauraient se passer de l’autorisation écrite de l’auteur. Pour rejoindre l’auteur Gaëtan Sauvé écrivez-lui à : GaetanSauve@autodefenseverbale.com Site Web :

www.autodefenseverbale.com www.artmartialpsychoverbal.com

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