Exposition présentée au musée de Picardie à Amiens du 31 mai au 30 novembre 2014 à l’occasion du 38e colloque de l’association française pour l’étude de l’âge du Fer. Coproduction : Musée de Picardie / Amiens Métropole - Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap)
PROMENADE EN CAMPAGNE GAULOISE
Égaré sur l’un des innombrables chemins dont il ne connait pas les subtils méandres, le voyageur a pour tout horizon d’inextricables barrières végétales. Ça et là, il devine la prairie fraîchement fauchée, le champ de blé aux épis chargés, et les moutons assoupis à l’ombre d’un grand chêne. Parfois à la faveur d’une élévation, par-dessus le talus, il aperçoit le paysage, vaste mosaïque de parcelles qui étirent leur ruban où mûrissent l’engrain et l’épeautre. Et au milieu, comme perdus, s’élèvent par endroit les toitures de chaume. Alors il conduit ses pas vers ce qu’il sait être une ferme, une, parmi tant d’autres. Devant le porche qui interdit l’entrée, il peut apprécier la qualité de l’enceinte, l’imposant fossé que double une levée de terre, et l’habileté des mains qui façonnent avec patience la haie et taillent les arbres. C’est là, à n’en pas douter, la propriété de riches paysans qui depuis des générations, avec obstination, saison après saison, administrent cette exploitation et ont su tirer le meilleur profit de terres fertiles. Tout dans la façon dont s’organise le domaine témoigne de cette réussite. A l’abri du vent et des regards, les resserres pour les animaux, les granges abritant chariots et outils et bien sûr de hauts greniers à grains, s’alignent autour de la vaste cour. De l’un des bâtiments couvert de tuiles de bois, lui parvient le tintement du marteau du forgeron sur l’enclume. Le temps des récoltes approche et toute la ferme doit ainsi fourbir l’outillage et chaque ustensile indispensable à cet important moment. Plus loin, derrière, le voyageur entrevoit aussi la haute toiture d’une belle maison aux murs blanchis de chaux. Chez de tels hôtes, il ne doute pas qu’en échange de nouvelles venues de loin, on ne lui refusera pas le gîte et que ce soir, la tablée sera bien pourvue…
LES AUTEURS Ginette AUXIETTE, Inrap, UMR 8215 Trajectoires, archéozoologie Sylvain BAUVAIS, CNRS, LMC-IRAMAT/LAPA-SIS2M, la métallurgie Muriel BOULEN, Inrap, UMR 7209, palynologie Sylvie COUBRAY, Inrap UMR 7209, anthracologie Carole DEFLORENNE, Inrap, archéologie, encart de Villeneuve-d’Ascq Marie DERREUMAUX, Cravo, carpologie, encart de Villeneuve-d’Ascq et Péronne Stéphane GAUDEFROY, Inrap, archéologie, encart Glisy, édification des habitats et des maisons Frédéric GRANSAR, Inrap, UMR 8215 Trajectoires, archéologie, le stockage Christine HOËT-VAN CAUWENBERGHE, Maître de conférences, Université de Lille 3, archéologie, le sel Didier LAMOTTE, Inrap, UMR 6298, archéologie, encart de Péronne Patrick LEMAIRE, Inrap, archéologie, encart de Saint-Quentin François MALRAIN, Inrap UMR 8215 Trajectoires, Directeur d’ouvrage, archéologie, les outils Armelle MASSE, archéologue départementale du CG62, archéologie, le sel Patrice MENIEL, CNRS, UMR 6298, archéozoologie Gilles PRILAUX, Inrap UMR 8164, archéologie, le sel Véronique ZECH-MATTERNE, CNRS, UMR 7209, carpologie
Cet ouvrage a été publié à l’occasion de l’exposition :
LES CAMPAGNES GAULOISES AU FIL DES SAISONS présentée au musée de Picardie à Amiens à l’occasion du colloque Afeaf du 31 mai au 30 novembre 2014
Commissariat de l’exposition
Noël MAHEO, conservateur en chef du patrimoine aux musées d’Amiens, chargé du département archéologie Stéphane GAUDEFROY, Inrap François MALRAIN, Inrap, UMR 8215 Trajectoires
Suivi éditorial
Elisabeth JUSTOME, Inrap Noël MAHEO, conservateur en chef du patrimoine aux musées d’Amiens, chargé du département archéologie François MALRAIN, Inrap, UMR 8215 Trajectoires
Régie des Œuvres
Bénédicte ROCHET, Musées d’Amiens Annick THUET, Inrap
Illustrations
Benoît CLARYS Thierry BOUCLET, Inrap Olivier CARTON, Inrap Diana DELAPLACE, Cravo Stéphane LANCELOT, Inrap
Graphisme
Vincent GRISOTTO, Service archéologie préventive d’Amiens Métropole (SAAM)
Relectures
Les commissaires, Didier BAYARD, Elisabeth JUSTOME et Patrice MENIEL
Financement
Direction Régionale des Affaires Culturelles de Picardie Musée de Picardie, Amiens Métropole Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap)
Prêteurs
Musée de la Côte d’Opale sud, Berck-sur-Mer : Georges DILLY Musée de Normandie à Caen : Sandrine BERTHELOT Musée de l’Ardenne à Charleville Mézières : Alain TOURNEUX et David NICOLAS Musée Antoine Vivenel de Compiègne : Claire ISELIN Musée d’Art et d’Archéologie de Laon : Rémi BAZIN Musée gallo-romain de Lyon Fourvière : Hugues SAVAY-GUERRAZ Musée municipal de Soissons : Dominique ROUSSEL Centre départemental archéologique de Ribemont-sur-Ancre : Yoann ZOTNA et Isabelle QUEYRAT Service archéologique de la ville d’Arras : Alain JACQUES Direction régionale des affaires culturelles de Picardie, Service régional de l’archéologie : Jean-Luc COLLART, Didier BAYARD et Emmanuelle ALLART Directions régionales des affaires culturelles de Haute-Normandie et du Nord-Pas-de-Calais, Services régionaux de l’archéologie. Que soient ici remerciés tous ceux qui ont pris part à la mise en œuvre de cette exposition et du catalogue : la direction et les personnels du Musée de Picardie, l’Inrap et le Service d’archéologie préventive d’Amiens Métropole, les différents organismes et personnes prêteurs et les responsables d’opération qui ont accepté de mettre à disposition des objets de fouille encore à l’étude ainsi que des documents iconographiques. Pour leur implication à la réalisation du catalogue, notre profonde gratitude s’adresse aux auteurs et aux illustrateurs.
SOMMAIRE Promenade en campagne gauloise............................................................................................................p. 7 Comment ont progressé les connaissances sur la paysannerie gauloise ?..............................................p. 12-15 Quelle notion du temps les Gaulois avaient-ils ?.........................................................................................p. 16 Le calendrier gaulois....................................................................................................................................p. 16-17
DE SAMONIOS A CUTIOS : LA SAISON SOMBRE Conquérir le milieu naturel............................................................................................................................p. 20 Installer un nouvel habitat.............................................................................................................................p. 21 Fonctions et enjeux des fossés....................................................................................................................p. 22 Réalisation des terrassements.....................................................................................................................p. 23 Glisy/Boves (Somme) ZAC de la Croix de Fer : des terroirs gaulois à la loupe.........................................p. 24-27 Les architectures gauloises..........................................................................................................................p. 28-35 Aménagements et équipements intérieurs..................................................................................................p. 36-39 L’habitat du paysan gaulois dans le Saint-Quentinois (Aisne)...................................................................p. 40-42 Des forgerons dans les fermes ?.................................................................................................................p. 43 Les travaux du forgeron................................................................................................................................p. 44 Mettre les animaux à l’abri et les nourrir......................................................................................................p. 45 Abattre les animaux et s’en nourrir...............................................................................................................p. 46-47 Des salaisons réputées................................................................................................................................p. 48-49 Un savoir-faire de spécialiste ?....................................................................................................................p. 50 Atteler les animaux pour travailler la terre....................................................................................................p. 51 Un équipement performant..........................................................................................................................p. 52-53 Les semis d’automne...................................................................................................................................p. 54-55 Nouvelle méthode en carpologie.................................................................................................................p. 56-57
DE GIAMONIOS A CANTLOS : LA SAISON CLAIRE Fertiliser la terre.............................................................................................................................................p. 60 Semer au printemps.....................................................................................................................................p. 60-61 La tonte des moutons...................................................................................................................................p. 62-63 Le temps des naissances............................................................................................................................p. 64 L’exploitation du lait, abattage des agneaux, autres indices......................................................................p. 65 La question des épizooties..........................................................................................................................p. 65 Fenaisons et fourrages arbustifs..................................................................................................................p. 66 Les moissons................................................................................................................................................p. 66 La moissonneuse gauloise : mythe ou réalité ?..........................................................................................p. 67 Le traitement des récoltes............................................................................................................................p. 67 Une aire de battage en plein air au sein d’une exploitation agricole ménapienne à Villeneuve-d’Ascq, La Haute Borne (Nord)............................................................................p. 68-69 Le conditionnement des produits alimentaires...........................................................................................p. 70 Les moyens de stockage.............................................................................................................................p. 70 Le stockage souterrain.................................................................................................................................p. 70-71 Un aperçu de l’agriculture gauloise sur le plateau du Santerre Les résultats issus de la fouille de la plate-forme agro-industrielle de Péronne (Somme)........................p. 72-73 Le stockage en grenier surélevé..................................................................................................................p. 74-75 Les caves et celliers.....................................................................................................................................p. 76 Le stockage dans des céramiques..............................................................................................................p. 76-77 Evolution du stockage entre le VIe et le Ier siècle avant notre ère et la gestion économique des surplus.p. 78 Ecouler les productions et acquérir de la matière première.......................................................................p.79 Le charbonnage...........................................................................................................................................p. 80-81 Le temps des fêtes.......................................................................................................................................p. 82-89
POUR EN SAVOIR PLUS Pour la jeunesse...........................................................................................................................................p. 90 Pour tous.......................................................................................................................................................p. 90 Bibliographie des références citées dans le catalogue..............................................................................p. 91 Table des illustrations et crédits...................................................................................................................p. 92-93
LES CAMPAGNES GAULOISES AU FIL DES SAISONS 12
Les différences de végétation révèlent très bien les aménagements de la période gauloise, comme cette vaste ferme de Bray-les-Mareuil (Somme)
Le nombre de sites fouillés atteste une importante densité d’occupation. Ainsi, sur cette carte, il est possible de suivre le tracé des grands aménagements du territoire (autoroute, TGV), à la seule vue des découvertes réalisées sur leur tracé.
Dans la décennie suivante, la connaissance de ces sites a bénéficié du développement de l’archéologie préventive. La systématisation des interventions archéologiques effectuées préalablement aux grands travaux d’aménagement du territoire partout en France et particulièrement en Picardie a totalement renouvelé nos savoirs sur les fermes et l’agriculture de la période gauloise. Exprimant peut-être l’affirmation de la propriété foncière qui s’ancre dans le paysage, les fossés délimitent des enclos de tailles variées qui abritent les corps de fermes. L’ampleur des aménagements consentis en traduit la hiérarchie. Pour les fermes très modestes, le fossé est peu large et peu profond, et l’entrée n’est matérialisée que par sa simple interruption. Pour d’autres, l’enclos plus vaste est défini par des fossés au creusement important. Plus rarement, ils prennent l’allure de véritables douves révélant le statut élevé du résident. L’organisation de l’habitat est alors rigoureuse, il faut franchir une succession de cours pour accéder à la partie résidentielle. Les portes qui permettent le passage de l’une à l’autre peuvent être aménagées par des porches, voire gardées par des tours. Les vestiges découverts accentuent les écarts de richesse. Les plus pauvres se contentent d’un équipement minimum tandis que les plus aisés possèdent des biens prestigieux comme des armes, des monnaies, des parures, parfois agrémentés de produits d’importation telles les amphores vinaires italiennes. Simples paysans cultivant pour d’autres, exploitants de fermes plus ou moins importantes ou bénéficiaires de vastes domaines qui peuvent englober plusieurs cellules de production, la société gauloise est profondément inégalitaire. Pour l’archéologue, le statut de chaque individu s’exprime aussi au travers des mobiliers qui l’accompagnent dans la tombe. Ces diverses exploitations agricoles sont reliées par des chemins qui conduisent vers d’autres formes d’habitats : hameaux, villages, bourgs, et plus tardivement, à l’orée du premier siècle avant notre ère, vers les villes naissantes. La pression démographique, un climat clément, un outillage renouvelé alliés à de très bonnes connaissances agronomiques sont à l’origine du succès de l’agriculture gauloise. Par ricochet, les richesses qu’elle a permis de dégager ont autorisé le développement de l’artisanat, du commerce et des villes. Explorer les campagnes gauloises au fil des saisons c’est replonger dans une ruralité bien vivante, une histoire peu éloignée de la nôtre. C’est retrouver une panoplie d’outils et de gestes en vigueur avant la révolution industrielle, qui pour beaucoup, sont l’héritage que nous ont légué les paysans gaulois.
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Les connaissances sur la paysannerie gauloise ont véritablement débuté dans les années 1970 lorsque à bord d’un petit avion de tourisme l’un des plus célèbres archéologues picards, Roger Agache, a photographié à la faveur d’une sécheresse, d’un dépôt de givre ou d’une lumière rasante des centaines de sites archéologiques. Ses recherches ont révélé une densité, jusqu’alors insoupçonnée, d’habitats de l’âge du Fer. Cette période qui s’étend entre 800 à 50 avant notre ère est divisée en deux grandes étapes. La première de 800 à 450 est dénommée Hallstattienne, qui est le nom d’une riche nécropole fouillée au bord d’un lac autrichien. Lui succède le second âge du Fer de 450 à 50 avant notre ère, aussi appelée période de La Tène, du nom des fouilles conduites en Suisse en milieu lacustre. Durant cette période s’opèrent d’importants changements de société comme l’essor de la métallurgie du fer, le développement de l’artisanat, du monnayage, du commerce et l’éclosion des villes. À la campagne, c’est l’accroissement considérable du nombre de fermes délimitées par des fossés qui est le plus remarquable. Colmatés au cours du temps, leurs fossés restent nettement visibles du ciel plus de 2000 ans après leur édification et trahissent leur présence. Quand il les découvrit, le prospecteur aérien les qualifia de fermes indigènes, c’est-à-dire d’habitats construits en bois et en terre antérieurs à la conquête romaine (entre 58 et 52/51 avant notre ère).
LES CAMPAGNES GAULOISES AU FIL DES SAISONS
COMMENT ONT PROGRESSÉ LES CONNAISSANCES SUR LA PAYSANNERIE GAULOISE ?
LES CAMPAGNES GAULOISES AU FIL DES SAISONS
Collier de perles, verre, lignite, ambre et os, Boves (Somme) Des objets personnels comme de la parure ou une trousse de toilette accompagnent souvent les défunts dans la tombe
Pince à épiler en fer, Glisy (Somme)
Fibules en fer, Glisy (Somme)
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Bracelets et boucle de ceinture en bronze, Boves (Somme)
LES CAMPAGNES GAULOISES AU FIL DES SAISONS 15
Les ustensiles destinés à la toilette témoignent du souci qu’avaient les Gaulois de leur apparence.
LES CAMPAGNES GAULOISES AU FIL DES SAISONS
QUELLE NOTION DU TEMPS LES GAULOIS AVAIENT-ILS ? Si le paysage des campagnes gauloises peut nous paraître presque familier, à l’exception des haies qui n’ont que très ponctuellement résisté aux différents remembrements, le foisonnement humain et l’intense activité qui y régnaient à certaines périodes nous étonnent tant nous sommes coutumiers d’espaces agro-pastoraux désertés, seulement parfois ponctués d’engins agricoles. Les travaux auxquels se livraient les Gaulois étaient guidés à la fois par une observation minutieuse de la nature et par une connaissance approfondie des astres comme nous l’enseignent ces deux passages d’auteurs qui furent leurs contemporains « … Tout gui venant sur le rouvre est regardé comme envoyé du ciel ; ils pensent que c’est un signe de l’élection que le dieu même a faite de l’arbre. Le gui sur le rouvre est extrêmement rare, et quand on en trouve, on
le cueille avec un très grand appareil religieux. Avant tout, il faut que ce soit le sixième jour de la Lune, jour qui est le commencement de leur mois, de leurs années et de leurs siècles, qui durent trente ans ; jour auquel l’astre, sans être au milieu de son cours, est déjà dans toute sa force » Pline l’Ancien (23-79 de notre ère), Histoire naturelle, Livre XVI - XCV. « Les Gaulois se vantent d’être issus de Dis Pater (du dieu Pluton), selon la tradition des druides ; c’est par cette raison qu’ils mesurent le temps, non par le nombre des jours, mais par celui des nuits : les jours de naissance, le commencement du mois et celui des années sont toujours comptés de manière que le jour n’entre dans le calcul qu’après la nuit. » Jules César (100-44 avant notre ère) la Guerre des Gaules, Livre VI - XVIII.
LE CALENDRIER GAULOIS C’est cependant à une découverte archéologique majeure que l’on doit des connaissances plus précises. À Coligny (Ain), furent découverts en 1897, cent cinquante trois fragments en bronze d’un calendrier daté du IIe siècle de notre ère. Deux mille lignes gravées sur seize colonnes portent mention des mois et des jours. Des trous percés en lignes verticales en face de chaque jour permettaient l’installation de chevilles amovibles pour mémoriser certaines dates. Son étude a montré que l’année celtique comportait douze mois lunaires de 29 ou 30 jours (le mois lunaire est de 29 jours et demi) soit au total 355 jours. Il manquait donc une dizaine de jours pour recouvrir une année entière. Afin d’y parvenir et d’accorder les deux calendriers solaire et lunaire, les astro-
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Calendrier en bronze de Coligny (Ain) découvert en 1897 présenté au musée de Lyon Fourvière.
nomes celtes intercalèrent deux mois de trente jours ; les deux calendriers se rejoignaient donc au bout de 30 ans, ce qui d’après Pline correspond au siècle gaulois. Selon ce calendrier, le premier mois de l’année est samonios (l’équivalent de début novembre) et le dernier est cantlos (équivalent de fin octobre). L’année est divisée en deux périodes : l’une sombre et hivernale, de samonios (début novembre) à cutios (fin avril) et l’autre claire et estivale, de giamonios (début mai) à cantlos (fin octobre). C’est ce découpage du temps qui est repris dans le présent ouvrage. Toutefois, l’honnêteté impose d’avertir le lecteur : si des preuves scientifiques permettent de situer des activités au cours de l’année, d’autres échappent à cette perception et leur distribution dans le temps répond alors davantage à la logique qu’à des preuves matérielles.
LES CAMPAGNES GAULOISES AU FIL DES SAISONS 17
Calendrier en bronze de Coligny (détail) (Ain)
DE SAMONIOS À CUTIOS
LA SAISON SOMBRE
LES CAMPAGNES GAULOISES AU FIL DES SAISONS DE SAMONIOS A CUTIOS : LA SAISON SOMBRE
CONQUÉRIR LE MILIEU NATUREL Avec le développement des sciences de l’archéologie, de nouvelles disciplines émergent. Le moindre vestige prélevé est passé au crible : pollens, graines, bois, charbons de bois… La somme d’informations fournies permet de restituer une image plus juste des paysages qui environnaient les fermes. Les études de pollens (la palynologie) montrent que les forêts gauloises étaient constituées de chênaies/hêtraies où quelques charmes, ormes et tilleul trouvaient également leur place. Dans les diagrammes polliniques élaborés en comptant le nombre de taxons* des différentes espèces, les pollens de céréales et de plantes rudérales* témoignent du recul de la couverture forestière devant la prairie, la présence du plantain trahissant l’ampleur des déboisements. Après avoir subi des phases successives de défrichements, le paysage de la fin de la période gauloise était très ouvert. Le développement de la métallurgie du fer, en généralisant un outillage plus performant a permis cette conquête sans précédent du milieu naturel, à un point tel que des espaces considérés aujourd’hui peu attractifs pour l’agriculture étaient mis à contribution, comme les cordons du littoral picard, par exemple. L’expansion de l’habitat a été favorisée par le développement d’outils tranchants comme les lourdes haches en fer qui ont permis d’abattre les arbres en grand nombre. Les bûcherons interviennent essentiellement en périodes hors sève, en automne ou en hiver, ce qui n’exclut pas que ce travail puisse prendre place à un autre moment de l’année. Œuvrer en cette saison présente bien des avantages, le bois est moins sensible aux attaques des parasites, l’absence de feuillage facilite l’ébranchage, le temps de séchage éventuel est plus court et la teneur en eau réduite permet un transport plus aisé du bois si celui-ci n’est pas travaillé sur place. L’arbre abattu, les grosses branches sont séparées du tronc et les perches sont soigneusement mises de côté pour être utilisées aux diverses constructions tandis que la petite ramure constitue des fagots qui sont utilisés dans le bois de feu. C’est donc plus probablement durant cette
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Hache à emmanchement à douille Ribemont-sur-Ancre (Somme) Ces outils ont permis au Gaulois de s’approprier des espaces naturels pour établir leurs productions.
période que les Gaulois empiétaient sur la nature pour installer un nouvel habitat, établir une parcelle de culture ou une prairie, s’approvisionner en matériaux pour construire un bâtiment ou emmagasiner du bois de chauffe. Noisetier
Noisetier
Chêne Tilleul
Hêtre Chêne
50 µ
À la période gauloise, les pollens forestiers sont de moins en moins présents dans les échantillons palynologiques ce qui traduit une ouverture du milieu naturel.
Céréale
Graminée
Plantain lancéolé
50 µ
Pollens des milieux anthropisés, leur présence relate la transformation d’espaces naturels en espaces cultivés sous l’action de l’homme.
Herminette Mondeville, « L’Étoile II » (Calvados).
*Taxon : appellation générale pour désigner toute unité systématique de rang quelconque, espèce, genre. *Rudérales : plantes croissant sur les sites fortement transformés par une activité humaine comme l’ortie et le chiendent. Les fossés qui délimitent les habitats sont plus ou moins larges et profonds selon le statut des propriétaires.
LES CAMPAGNES GAULOISES AU FIL DES SAISONS DE SAMONIOS A CUTIOS : LA SAISON SOMBRE
Enclos curviligne de 6500 m² daté de la seconde moitié du IIe siècle avant notre ère, et fossés rectilignes gallo-romains marquant des limites de parcelles agricoles. « Le Bois du Canada » Glisy, site D.
La création d’une exploitation agricole nécessitait d’importants terrassements. À la différence des plans réguliers de certains sanctuaires et oppida (les premières villes) qui ont du faire appel à des architectes expérimentés, dans les campagnes, le tracé des enclos n’est guère normalisé. Il affecte plutôt des formes trapézoïdales, mêlant tronçons rectilignes et courbes. L’espace ainsi délimité est lui-même découpé en parcelles plus petites par des fossés dont les interruptions signalent des passages, parfois larges, permettant à des chariots de circuler, parfois très étroits n’autorisant que l’accès au compte goutte du bétail. L’entrée principale reste souvent l’endroit le mieux structuré avec le doublement des fossés, des chicanes contraignant la circulation et des porches. Ces fossés forment une trame complexe, dont le développement dépasse fréquemment le kilomètre pour des habitats qui occupent quelques milliers de mètres carrés à plus d’un hectare.
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INSTALLER UN NOUVEL HABITAT
LES CAMPAGNES GAULOISES AU FIL DES SAISONS DE SAMONIOS A CUTIOS : LA SAISON SOMBRE
FONCTION ET ENJEUX DES FOSSÉS La notion de fossé recouvre des réalités très variées, selon son tracé, son profil et la profondeur de son creusement. Il est d’abord une limite physique, visible dans le paysage, à la fois marqueur d’une propriété et séparation entre deux espaces. Il remplit aussi une fonction de drain, bordant les parcelles cultivées et les chemins. La haie lui était sans doute systématiquement associée, formant un maillage dense structurant le paysage et remplissant de nombreux rôles (brise-vent, abris pour la faune et le bétail, fourrage, bois de chauffe et bois d’œuvre, fruits). Selon sa morphologie et s’il est bordé par exemple d’un talus, le fossé sert aussi de barrière aux animaux et aux hommes. Une fonction défensive est toutefois difficile à évaluer en l’absence des élévations. Sans commune mesure avec les circonvallations que l’on connaît pour les sites fortifiés contemporains, les oppida*, certaines configurations de fossés d’habitat, profonds de plusieurs mètres, aux parois abruptes et sans interruption, avaient certainement un aspect dissuasif. A ces fonctions pratiques s’ajoute aussi un rôle ostentatoire, signe extérieur de richesse. C’est ainsi que seule la partie de l’enclos la plus exposée aux regards, le long d’une voie, pourra être renforcée en augmentant la profondeur du creusement. Le temps et les moyens humains consentis pour réaliser cet aménagement au-delà des stricts besoins fonctionnels, constituent alors un investissement à la hauteur du rang social des propriétaires.
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*Oppida : Mot latin pour désigner les agglomérations gauloises et les villes. Implantées près de grands axes de communication terrestre et fluviale, les villes correspondent souvent aux capitales des territoires gaulois. Pôle politique et religieux, l’oppidum est aussi le siège d’activités financières et commerciales.
Fossé de limite d’un établissement agricole en cours de fouille. Seconde moitié du IIIe siècle avant notre ère. « Les Quatorze » Glisy, site C.
Certains fossés de délimitation des habitats faisaient l’objet d’un grand soin dans l’aménagement des parois et l’édification d’un talus.
Les bâtiments agricoles de cette petite ferme, greniers, annexes et grange, sont parfaitement alignés le long du fossé limitant l’exploitation. « Les Quatorze », Glisy, site C.
moyens sont différents. Pour les outils et les modes opératoires, on envisage l’utilisation de l’araire et d’instruments en bois pour défoncer les terrains les plus meubles. Pour les sols plus compacts, le pic et la barre de fer devaient être employés. Les sédiments extraits étaient disposés en cordon pour former un talus, ou évacués. Les terrains limoneux fournissaient le matériau de base nécessaire à la construction des maisons et des fours, et des stocks devaient être constitués en attendant d’être utilisés. Les gros terrassements prenaient nécessairement place en dehors des périodes de récoltes, trop sèches ou trop froides et donc plutôt à l’automne. Tout au long de l’année on pouvait trouver le temps pour l’entretien des fossés, le curage suite à l’affaissement des parois dû au ruissellement, ou la modification d’un tracé existant. Les simples limites bordant une parcelle ou un chemin, de quelques dizaines de centimètres de profondeur, étaient rapidement envahies par la végétation qui assurait le maintien des parois. Pour les structures plus profondes, les effondrements causés par les intempéries (ruissellement, gel) ou le piétinement, élargissaient rapidement le creusement initial et le comblement du fond de la structure. Pour conserver des parois fortement inclinées, un boisage des parois avec des planches ou un clayonnage était parfois réalisé. Afin d’éviter que les sédiments extraits qui forment les talus, s’effondrent et colmatent les fossés, un parement à la base du talus a parfois été réalisé. À Longueil-Sainte-Marie (Oise), des blocs de terre crue ont ainsi été disposés sur le pourtour du fossé, à PontRémy (Somme) un petit muret a été construit avec des silex.
LES CAMPAGNES GAULOISES AU FIL DES SAISONS DE SAMONIOS A CUTIOS : LA SAISON SOMBRE
La création d’un nouvel enclos concernait toute la communauté et mobilisait une importante main d’œuvre. L’analyse des creusements et des tracés des enclos suggère parfois une phase préparatoire du terrain (défrichement, enlèvement de la terre arable) et le travail simultané de plusieurs équipes de terrassiers. Cela suppose un plan d’ensemble préétabli et un maître d’ouvrage qui coordonne les travaux. Cependant, beaucoup d’exemples témoignent aussi d’aménagements nettement moins concertés. Selon la nature du substrat, sable des vallées, limons argileux des plateaux ou roche des versants érodés, le temps et les
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RÉALISATION DES TERRASSEMENTS
LES CAMPAGNES GAULOISES AU FIL DES SAISONS LES DE CAMPAGNES SAMONIOSGAULOISES A CUTIOS :AU LA FIL SAISON DES SAISONS SOMBRE
HABITAT, TROPHEE IIe s. av. N
25
fi
annexes
67,
pacage
5
habitation ?
habitation ?
50 grange ?
pacage
25 grange ?
Evolution du site
?
?
24
0
25 m
création maintien
Aux portes d’Amiens, sur la commune de Glisy (Somme), entre la fin du IVe siècle avant notre ère et le IIIe siècle après se côtoient et se succèdent une dizaine d’établissements agricoles occupés par une petite aristocratie de propriétaires terriens.
l'A vr
e
25
la Somme
Lamotte-Brebière
Blangy-Tronville
25
50
Glisy
25
Longueau
75
Cagny
67,5
50 25
l'A vre
100
50
75 50
75
Boves
500 m
HABITAT IVe-IIIe s. av.
ÉTABLISSEMENT GAULOIS / GALLO-ROMAIN d'après cliché aérien et google earth
FERME / VILLA fin IIe s. av. / IIIe s. ap.
75
FERME début IIIe s. av.
ENCLOS IIIe-IIe s. av.
FERME IIIe-IIe s. av.
HABITAT IVe s. av.
1 ha
VIIe siècle av. Ve-IVe siècle av. IVe-IIIe siècle av. IIIe-IIe siècle av. Ier siècle av. Ier siècle av./Ier siècle ap. Ier-IIIe siècle ap.
500 m
25
FERME in IIIe s. av.
LES CAMPAGNES GAULOISES AU FIL DES SAISONS LES DE CAMPAGNES SAMONIOSGAULOISES A CUTIOS :AU LA FIL SAISON DES SAISONS SOMBRE
50
Camon
LES CAMPAGNES GAULOISES AU FIL DES SAISONS LES DE CAMPAGNES SAMONIOSGAULOISES A CUTIOS :AU LA FIL SAISON DES SAISONS SOMBRE
Umbo de bouclier, Glisy « Les Champ Tortus » (Somme)
GLISY/BOVES (SOMME) ZAC DE LA CROIX DE FER : DES TERROIRS GAULOIS À LA LOUPE La confluence des rivières de l’Avre et de la Somme a modelé en amont d’Amiens un plateau de plusieurs centaines de mètres de large et plusieurs kilomètres de long, dominant les vallées d’une cinquantaine de mètres. Depuis 1996, les recherches archéologiques menées dans le cadre de l’aménagement d’une ZAC se développent parallèlement à la vallée de l’Avre sur environ 3 km de long et 1 km de large. Elles lèvent le voile sur une campagne gauloise densément occupée à partir du IIIe siècle avant notre ère. Jusqu’à la Conquête, plusieurs fermes se partagent ce territoire. Les sondages archéologiques ont porté sur 160 ha et 13 ha ont été décapés dans le cadre de fouilles menées sur une dizaine de fermes et d’enclos. Les sites se développent selon un axe nord-ouest/sud-est déterminé par la topographie des lieux et la présence d’entailles perpendiculaires à la vallée, qui sont autant de voies naturelles pour accéder aux cours d’eau. Les histoires particulières de chaque établissement et les nécropoles associées racontent l’évolution du peuplement sur ce bout de territoire ambien.
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La ferme la plus ancienne apparaît dans la première moitié du IIIe siècle avant notre ère (Glisy « Les Quatorze », site C).
L’habitat couvre une surface de 3000 m², limité au sud et à l’est par un fossé formant un L de 65 m par 28 m. Ces orientations qui fixent déjà les axes directeurs inchangés jusqu’à la fin de l’occupation gallo-romaine, suggèrent l’existence d’une autorité garante de cette cohérence. Le fossé est ici creusé dans la craie et avait à l’origine une profondeur estimée à 1,60 m. Les matériaux qui l’ont colmaté sont issus du démantèlement d’un talus situé du côté externe, constitué des sédiments extraits au moment de l’aménagement. Une passerelle enjambait le creusement près de l’angle du fossé, tandis que dans le prolongement du petit côté, des poteaux permettent de restituer une porte. Ce dernier élément conforte l’hypothèse qu’une clôture, sans doute une haie, refermait le reste de l’espace. Le fossétalus offrait peut-être une protection renforcée contre les vents soufflant de la vallée de l’Avre. Il était sans doute aussi destiné à afficher ostensiblement la puissance des propriétaires du lieu. L’enceinte abrite une douzaine de bâtiments sur poteaux agencés de manière ordonnée autour d’une cour : des greniers, des constructions rectangulaires d’une quinzaine de mètres carrés à usage d’annexe ou d’abri pour les animaux, une grande construction de 80 m², peut-être une grange et
Le statut des propriétaires de ces fermes apparaît parfois élevé. Une amphore vinaire produite sur la côte ouest de l’Italie témoigne du goût des élites pour cette boisson, que l’on se procurait à grand prix et que l’on consommait à l’occasion de festivités. A Glisy, cet emballage vide a été déposé intentionnellement par-dessus une incinération que venait d’éventrer le terrassement d’un nouveau fossé du site H, en un geste de respect pour un personnage dont la tombe pourrait par ailleurs être un élément marqueur de la fondation de l’occupation. Elle est remarquable par la qualité du mobilier associé aux restes incinérés de l’adulte - fibules, paire de forces, rasoir et pince à épiler, le tout en fer, vases et pièce de viande de porc - représentatif d’un rituel funéraire bien codifié qui montre la prépondérance du symbolisme du banquet et des rites alimentaires, impliquant le partage entre le mort, les vivants, et les dieux. Une soixantaine de tombes de ces propriétaires terriens, isolées ou le plus souvent réunies en petits ensembles, sont dispersées à la périphérie des habitats.
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Après l’abandon de la place, deux fermes apparaissent, l’une à 750 m au sud-est (Boves « La Vallée de Glisy »), l’autre à 600 m au nord-ouest (Glisy « Les Terres de Ville », Clarins). Pendant la période qui va de 250 à 100 avant notre ère, le nombre de fermes contemporaines est le plus élevé, avec quatre ou cinq occupations. Mais elles n’ont pas le même statut ni sans doute les mêmes vocations. La plus riche, en termes d’aménagement et de qualité des mobiliers, est celle des « Terres de Ville » que l’on peut qualifier d‘aristocratique. Deux vastes enclos accolés se développent sur plus de 2,4 ha. Au centre, un profond fossé entoure un espace quadrangulaire de 2800 m². On y accédait uniquement par une passerelle, peut-être dans un souci défensif. Mis à part une forge, les autres activités de l’établissement, notamment agricoles, sont difficiles à appréhender faute de macro restes végétaux. L’élevage est en revanche mieux connu grâce aux vestiges de faunes. La relative abondance du porc, l’âge assez précoce d’abattage, la consommation de veaux et d’agneaux, témoignent d’une alimentation carnée de qualité. Néanmoins, la consommation de bêtes réformées, bœufs, moutons et chevaux, traduit aussi des contraintes de subsistance. Un établissement de peu postérieur (Glisy « Les Champs Tortus »), situé cette fois au-dessus de la vallée de la Somme, a livré un exceptionnel ensemble d’armes, principalement des boucliers. Ce trophée, qui ornait une porte monumentale défendue par un corridor d’accès, renvoie à des pratiques rencontrées en contexte de sanctuaire. Pourtant l’occupation a bien l’apparence d’un site à vocation agricole, avec un enclos qui se développe sur 4600 m² et des rejets détritiques ordinaires. Ces manifestations révèlent une certaine imbrication des pratiques cultuelles et domestiques au sein de cet établissement. Vers le milieu du IIe siècle avant notre ère, une nouvelle ferme voit le jour à 500 m à l’est (Glisy « Les Quatre », site H). Elle est destinée à un long avenir et son plan régulier tranche avec les modèles antérieurs. Elle occupe un grand rectangle de 135 m par 67 m, ceinturé par un double fossé. L’entrée est aménagée sur le petit côté sud et donne accès à une première cour de 3800 m², jouxtant un second enclos de 1800 m², dont le fossé continu ne comporte aucun aménagement permettant l’accès. C’est là que s’élève l’habitation principale. Trois phases de réaménagement vont se succéder jusqu’au IIIe siècle de notre ère, transformant l’exploitation gauloise en une villa gallo-
romaine. Mais si les modes de construction changent, avec l’usage de la pierre et le creusement de caves sous les bâtiments, le plan de départ et le découpage des espaces de la propriété restent inchangés. La ferme s’insère dans une trame étendue de fossés plus ou moins rectilignes, qui morcellent les terres en parcelles dévolues aux champs et aux prairies, et le long desquelles couraient des chemins. L’une de ces parcelles forme un grand rectangle de 460 m de long et 130 m de large, soit 6 ha. Un enclos de forme elliptique se développe à une centaine de mètres au sud (Glisy «Le Bois du Canada», site D). Cet espace de 6500 m² presque désert et sans rejets dans le fossé, pourrait avoir servi au parcage d’animaux.
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« Les Quatorze », Glisy, site C.
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enfin une construction en position centrale de 50 m², à double porte, interprétée comme l’habitation principale. Cinq de ces bâtiments ont connu une phase de reconstruction au même emplacement et l’on peut estimer la durée d’occupation à une cinquantaine d’années. La création de l’établissement est contemporaine d’une tombe de guerrier inhumé avec son bouclier à moins de 300 m au nord, mais rien ne permet en l’état de reconnaître en lui un personnage important de cet habitat.
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LES ARCHITECTURES GAULOISES Pour abriter les animaux des intempéries et des prédateurs, protéger les réserves des rongeurs, stocker les outils, créer des espaces de travail et se loger, le paysan utilisait les ressources locales, principalement le bois et la terre. Le paysan bâtisseur s’inscrit dans un ensemble de traditions architecturales, adaptées au milieu et aux matériaux utilisés. Aujourd’hui la subtilité de ce bâti échappe largement à l’archéologue car ne subsistent que les trous creusés pour y loger les poteaux. La variété des plans, les superficies, le nombre de poteaux, impliquent l’existence de constructions spécifiques, étables, granges, appentis. Les études ethnographiques, mais aussi l’expérimentation et la connaissance des critères comme la longueur des portées des bois, pente du toit par exemple sont déterminantes pour reconstituer les étapes de la construction et les hypothèses de restitution. La construction d’un nouveau bâtiment, suivant son importance, pouvait nécessiter une main d’œuvre nombreuse et la construction devait donc être planifiée afin de réunir les matériaux. Les premières mises en forme des arbres abattus devaient être faites sur le chantier d’abattage (écorçage, clivage au coin, équarrissage à la hache). Le travail du bois encore vert est plus aisé et cela facilitait également la manutention, le poids du chêne par exemple est d’une tonne par mètre cube.
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A Vendresse (Ardennes), des bases de poteaux conservées portent des mortaises borgnes et des encoches peut-être liées au transport. Le débardage utilisait la traction animale, cheval ou bœuf, pour acheminer les troncs sur le chantier de construction. La gestion des ressources forestières était rigoureuse et régie sur plusieurs années pour fournir à la fois les poteaux porteurs, de charpente et les perches nécessaires à l’ossature des murs (clayonnage) et aux supports de la couverture (voliges). Les émondoirs et les serpes que l’on trouve parfois déposés dans les tombes témoignent de telles préoccupations. L’entretien des haies, en fonction des essences et du rythme des tailles, concourait largement à la fourniture en matière première. L’outillage du charpentier est peu varié, polyvalent et n’a guère évolué depuis lors. On utilise surtout la hache et l’herminette, ainsi que la plane ; l’usage de la scie apparaît rare. Les ciseaux permettent de tailler les assemblages à mi-bois et dégager les tenons et les mortaises ; la mèche-cuillère équipe la tarière pour percer les trous permettant l’assemblage par chevillage, les clous en fer étant employés pour des menuiseries.
Après d’éventuels travaux de nivellement, la construction d’un édifice commence par un solide ancrage dans le sol des poteaux qui vont supporter le poids de la charpente, à une profondeur pouvant dépasser le mètre. Les poteaux, généralement en chêne, peuvent dépasser 80 cm de diamètre mais des sections moindres sont plus fréquentes. C’est le duramen, dit bois parfait, résistant aux pourritures et aux attaques d’insectes puisqu’il ne comporte plus de cellules vivantes, qui est généralement employé dans les structures porteuses, alors que l’aubier est éliminé, probablement par équarrissage superficiel. La base des poteaux est aplatie, le fût équarri ou non, ou sous forme de demi-tronc. Ils sont liés à leur sommet par des poutres qui porteront les chevrons. En fonction du nombre de poteaux, l’espace habitable sera à une, deux, plus rarement trois nefs. Pour les opérations de levage et la manutention des pièces lourdes, on utilisait des cordes (saule, cuir), on s’aidait de la traction animale et il existait sans doute des moyens de levage (chèvre). Les parois sont ensuite constituées d’un clayonnage, entrelacs de baguettes et de branches, bloquées dans une feuillure. Le noisetier, le saule, le cornouiller, la viorne et le troène sont des essences souples qui se prêtent à cet emploi. Les noisetiers peuvent être taillés à la base et rejeter de souche, formant une cépée* adaptée à la production de bois d’œuvre et de combustible. Ce lacis est ensuite recouvert de torchis (mélange de limon sableux, de paille et d’eau), ou doublé par des briques de terre crue (adobe). Pour un édifice d’une cinquantaine de mètres carrés, le volume de torchis est d’une dizaine de mètres cubes. Dans certaines constructions, le mur de périphérie est écarté du module porteur et augmente ainsi considérablement la surface qui dépasse alors parfois 100 m². Cette cloison est élevée sur sablière basse, à même le sol ou posée dans une tranchée peu profonde ; d’autres fois elle est composée de petits poteaux. L’existence de constructions en troncs empilés (blockbau) ou en planches rainurées est également vraisemblable, pour les greniers construits sur plateforme surélevée, par exemple. Pour évacuer l’eau rapidement, la toiture doit respecter une pente supérieure à 45°. La charpente est sans doute le plus souvent à quatre pans pour des questions d’équilibre des poussées, cependant des constructions avec pignons existaient. La taille de certaines fondations laisse envisager l’existence d’un étage.
LES CAMPAGNES GAULOISES AU FIL DES SAISONS DE SAMONIOS A CUTIOS : LA SAISON SOMBRE Hypothèse de reconstitution d’un bâtiment sur sablières basses et poteaux porteurs du IIIe avant notre ère, Parc archéologique de Samara (Somme).
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*Cépée : Ensemble de rejets sortant de la souche d’un arbre coupé.
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Outils pour le façonnage du bois : 1 : hache à douille, Sermoise (Aisne) 2 : herminette, Mondeville (Calvados) 3 : scie, Villeneuve-Saint-Germain (Aisne) 4 : plane, Villeneuve-Saint-Germain (Aisne)
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Section transversale de charbon de noisetier (Corylus avellana) Poulainville (Somme). Cette tige de petit calibre (diam. ≤ 0, 4 cm) a été utilisée dans le clayonnage d’une paroi ; le plus souvent seule l’empreinte est conservée dans le torchis.
L’empreinte des poteaux ayant servi à l’élévation des constructions est parfois lisible dans les trous de fondation comme ici à Poulainville (Somme).
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Section transversale de charbon de chêne à feuillage caducifolié (Quercus sp. fc) Palaiseau (Île-de-France). Il met en évidence l’utilisation d’un bois de qualité pour construire les bâtiments.
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Bâtiment à poteaux et sablière périphérique du site de Glisy « Les Champs Tortus ». Première moitié du IIe siècle avant notre ère.
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Reconstitution d’un bâtiment à toiture en bardeaux de chêne. Chantier naval de Pont-Rémy (Somme).
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Pour la couverture, étape longue et cruciale pour assurer la pérennité dans le temps de l’édifice, on employait la paille de blé, le roseau ou le genêt. La paille pouvait être coupée après la récolte de la céréale en Août, tandis que le roseau l’était peut-être l’été et mis à sécher. Des liens végétaux, comme des branches de saules, étaient utilisées pour fixer les bottes sur les supports de la toiture. Sur des bâtiments où le risque d’incendie est important, une forge par exemple, le bardeau de chêne était employé.
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AMÉNAGEMENTS ET ÉQUIPEMENTS EXTÉRIEURS Dans l’habitation, un foyer aménagé à même le sol avec de la terre et des pierres, en position centrale, permettait de cuisiner tout en dispensant chaleur et lumière ; un four culinaire en terre devait aussi être fréquent comme celui découvert à MontMartin (Oise) de 2 m de long et 1,20 m de large ; en revanche, aucune cheminée n’a à ce jour été mise en évidence. Dans les cas les mieux conservés, des poteaux de faible profondeur disposés à l’intérieur du bâtiment suggèrent un cloisonnement. La présence ponctuelle de coffres de petite taille en pleine terre interprétés comme des celliers montre qu’il existait des planchers. Une cave de 7 m² et 1,75 m de profondeur était aménagée au centre d’un vaste bâtiment aristocratique à Arry (Somme). Le statut social des habitants allait vraisemblablement de pair avec la richesse et la sophistication des finitions et de l’ameublement, que l’on entrevoit à travers de rares vestiges, comme les pieds de tables tournés de Wederath-Belginum (Allemagne) et de Saverne (Bas-Rhin) et une poutre sculptée de Bibracte. La chaux ou l’argile blanche servaient à blanchir les murs et des enduits de couleur à base d’ocre ont même orné les murs dès le IVe siècle avant notre ère, comme à Plailly (Aisne). Fabriqués avec des matériaux périssables comme le bois, le cuir ou l’osier, les meubles sont rarement découverts. Les récipients en céramique, qui se sont conservés jusqu’à nos jours, témoignent d’une batterie de cuisine qui n’a rien à envier à celle en usage avant la révolution industrielle. Le vaisselier comprend tous les ustensiles ménagers nécessaires à la préparation et à la consommation des repas : pots à cuire, grands plats de services, écuelles, bols, terrines, gobelets, faisselles, passoires… Le foyer au-dessus duquel pouvait être suspendue une crémaillère supportant un chaudron est doté de chenets parfois richement décorés. Le métier à tisser, la meule pour confectionner la farine, les grands vases de stockage font partie des biens courants parfois complétés par des amphores vinaires importées d’Italie.
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Fourchette à chaudron, Bucy-le-Long (Aisne)
Restitution du chaudron et de la crémaillère de la sépulture aristocratique de Cizancourt/Licourt (Somme)
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Dans la maison, le foyer est l’élément central autour duquel s’organisent les activités domestiques. Les ustensiles culinaires en métal, chaudron, crémaillère, landiers, pelle à feu, côtoient une multitude de pièces de vaisselle en céramique et en bois.
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Landiers en fer provenant d’une tombe du site de Poulainville (Somme).
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Vaisselle en céramique, Poulainville (Somme).
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L’HABITAT DU PAYSAN GAULOIS DANS LE SAINT-QUENTINOIS (AISNE) En quinze années d’archéologie préventive, menée sur des centaines d’hectares, le lent processus d’appropriation de l’espace foncier destiné à l’habitat et à la production a pu être décrypté et modélisé dans ses grands axes. Au début du Ve siècle avant notre ère, de petites fermes peu développées et non ceintes tissent un maillage très lâche dans le paysage. Hérité des périodes protohistoriques précédentes, ce modèle dominant durant le second âge du Fer, appelé habitat dispersé, s’oppose à l’habitat groupé type hameau, plus fréquent au premier âge du Fer. Au cours des cinq derniers siècles avant notre ère, ni le mode architectural exclusivement en bois et terre, ni les composantes de l’habitat ne connaîtront de changements significatifs. L’évolution notable, fort bien perçue grâce à des travaux archéologiques effectués sur de grandes surfaces, est l’individualisation par des fossés, dès la fin du IVe siècle avant notre ère, des zones dévolues à l’habitat, puis plus largement à l’ensemble du finage* à partir du milieu du IIIe siècle avant notre ère. Les habitats ouverts : groupé ou dispersé Installé sur les flancs d’un vallon, le plus vieil établissement protohistorique connu du Saint-Quentinois (fin VIIe siècle avant notre ère) est un exemple rare d’un habitat groupé structuré sur près d’un hectare. Durant deux siècles environ, il présente une organisation figée (trois phases de reconstructions) suggérant le plan type d’un village-rue. La quarantaine d’édifices (habitation, annexe, grenier surélevé) est rangée de part et d’autre, et perpendiculairement à un axe de circulation suivi sur près de 200 m. Malgré des modules de bâtiments n’excédant pas 20 m², de nombreux éléments convergent pour attester une population résidente sur le site (vaisselle, parure, accessoire de toilette, foyers aménagés, activité métallurgique, consommation carnée…).
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L’abandon de cet hameau correspond à l’émergence d’un habitat dispersé sur le plateau, caractérisé par une constellation de petites unités agricoles à l’instar des découvertes faites sur la ZAC du Parc des Autoroutes de Saint-Quentin (cinq fermes sur 17 ha couvrant une période de cent cinquante ans) et des sites périphériques tels que Gauchy et Neuville-Saint-Amand. La structuration de ces établissements, a priori mono-familiaux, est assez standardisée : une habitation, des bâtiments d’exploitation (remise, étable ?, grenier surélevé), foyers et diverses fosses d’extraction de matériaux (fabrication du torchis) concentrés sur une aire ouverte comprise entre 1500 et 2000 m² ; l’organisation structurelle de ces unités peut être linéaire ou regroupée. Elles se différencient principalement par le nombre de bâtiments
construits, leurs dimensions et leur type architectural plus ou moins complexe. Cependant, ces variations sont bien trop ténues pour tenter une hiérarchisation de ces fermes d’autant que leurs interactions ne sont pas établies. Une récurrence de ces fermes, valable également pour l’habitat groupé, est l’éloignement (entre 50 m et 120 m) des zones de stockage enterré du noyau principal (ensilage sur les lieux de production, sécurisation du stockage…). L’habitat enclos La généralisation des clôtures (fossé, talus, haie, palissade) à l’habitat standard constitue le fait notable du début du second âge du Fer. Peu complexe à mettre en œuvre, le fossé était le système le plus utilisé dans le Saint-Quentinois à l’exception de la ferme de Vermand. Fondée à la fin du IVe siècle avant notre ère, elle a été intégralement délimitée (soit 1,2 ha) par une palissade à poteaux jointifs, probable marque ostentatoire d’un statut particulier de l’établissement. La délimitation intégrale de l’espace de vie du paysan n’est cependant pas, au début, systématique à l’instar des trois fermes de SaintQuentin où seul le flanc du secteur bâti est délimité par un fossé en arc ou en agrafe dissymétrique. Les enclos entièrement ceints ont des plans ovoïdes à sub-rectangulaires (entre 0,6 et 1,3 ha) tendant vers l’orthogonalité à partir de la fin du IIe siècle avant notre ère. On y accède grâce à un ou deux passages larges marqués par une simple interruption des fossés, cependant des systèmes plus complexes apparaissent plus tardivement (porche de la ferme d’Urvillers). La transition entre les deux formes d’habitat (ouvert et enclos) s’est faite progressivement et, jusqu’au tout début du IIIe siècle avant notre ère, les deux modèles ont coexisté. La superposition ou la proximité d’établissements chronologiquement proches pose d’ailleurs la question de la filiation entre les deux modèles ; le maintien de l’organisation du module de vie/exploitation - linéaire ou regroupé – dans ces enclos atteste la continuité du modèle antérieur. En revanche, on assiste à l’intégration des silos au sein des fermes marquant un début de sectorisation de l’espace interne. Au milieu du IIIe siècle avant notre ère, ce processus se confirme avec la partition des enclos par des fossés et la répartition par fonction notamment des bâtis au sein des espaces cloisonnés. Parallèlement, les paysans commencent à circonscrire une partie de leurs surfaces agraires (champs et prairies) attenant aux fermes en déployant de vastes systèmes fossoyés. Certaines de ces limites marqueront le paysage jusqu’au début de la période romaine.
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Le paysan cultivait plusieurs céréales, des légumineuses et, dans une moindre mesure, pratiquait la cueillette : noisette, sureau noir et prunelle. Quelques rares outils attestent des travaux des champs, mais ce sont surtout les divers moyens de conservation de ces ressources végétales, et principalement la gamme de silos enterrés, qui témoignent d’une production sur site et non d’un approvisionnement extérieur. L’élevage au sein de la ferme, principalement les bovidés, le porc et le cheval (hippophagie) fournissait l’alimentation carnée et laitière. Bien que conçues pour une économie de subsistance, les fermes des Viromandui devaient produire des surplus en vue d’échanges commerciaux, notamment pour acquérir des produits indispensables relevant d’artisanats spécialisés tels que la réduction du fer, la saunerie…
Modules de bâtiments (habitation, reserre, grenier...)
*Finage : Le finage correspond aux limites d’un territoire villageois. Très souvent le finage regroupe plusieurs terroirs permettant une diversification des ressources.
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Plan partiel d’un habitat groupé occupé de la fin du VIIe siècle au début du IVe siècle avant notre ère. L’axe du vallon a guidé l’implantation des premières constructions à poteaux (jaune). Cette orientation a perduré bien que l’alignement des bâtiments soit devenu plus lâche (vert clair). Les derniers édifices (vert foncé) marquent la fin des «contraintes» d’aménagement.
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Des exploitations agricoles avant tout
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Greniers Habitation
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Plan d’une organisation regroupée, ferme occupée vers 425/375 avant notre ère (Gauchy, Aisne) Habitation
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Plan d’une organisation linéaire, ferme occupée vers 325/250 avant notre ère (Saint-Quentin, Parc des Autoroutes)
Modèle d’organisation des unités agricoles caractérisant l’habitat ouvert du second âge du Fer dans le Saint-Quentinois.
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Entrée nord Greniers Fossé Silos
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Plan interprété de la ferme de Vermand (Aisne) (second état de la clôture) : enceinte, ébauche de sectorisation de l’espace interne avec une concentration des moyens de stockage sont les principales évolutions du modèle d’habitat. L’organisation du module principal de vie/exploitation (ici linéaire) est héritée de l’habitat dispersé non ceint.
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DES FORGERONS DANS LES FERMES ? A partir du IIIe siècle avant notre ère, les activités de forge sont devenues très courantes dans les fermes, cependant seulement quelques unes ont livré des vestiges importants en relation avec un bâtiment exclusivement dédié à cette fonction, alors que pour la majorité, les indices existent mais sont peu abondants. Cela pose question sur le statut des forgerons : spécialiste, travailleur temporaire, artisan itinérant ? Le site de Ronchères « Le Bois de la Forge » (Aisne), paraît avoir bénéficié d’un forgeron à demeure car un bâtiment est réservé à cette seule activité. Les vestiges liés à son travail traduisent la grande qualité de son savoir-faire. Ses réalisations, qui dépassent les besoins du site, devaient être en partie destinées à d’autres fermes. L’établissement dégageait ainsi des richesses non seulement de ses productions agricoles mais aussi d’un commerce d’objets en fer, le faisant bénéficier d’une certaine opulence.
Plan de l’atelier de forge du site de Ronchères (Aisne).
Phases laténiennes (IIe-moitié Ier siècle) N
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LES TRAVAUX DU FORGERON L’hiver, le forgeron pouvait se concentrer sur ses travaux de forge. Les températures basses et la faible luminosité n’étaient pas un handicap pour lui, au contraire, il avait besoin d’une lumière faible pour mieux juger de la température du métal en fonction de sa couleur. La seule contrainte résidait dans le type de foyer employé. Les âtres de forge gaulois étaient excavés et il était nécessaire de pratiquer une plus longue chauffe des parois pour en monter la température et en évacuer l’humidité. Des conduites creusées dans le sol évitaient aussi que cette dernière n’atteigne le foyer. Lors de cette phase intense de travail, l’artisan préparait les nouveaux outils nécessaires aux activités du reste de l’année. Bien sûr il ne remplaçait pas tous les ans la panoplie d’objets en fer essentielle à la ferme comme la clouterie et la quincaillerie pour la construction des bâtiments et des clôtures, les ustensiles de la vie quotidienne comme les chenets, gril à rôtir, fourchette à chaudron, couteaux, les outils aratoires comme les socs d’araires, les houes, les serpes, les faucilles et les faux. Si l’on considère qu’une ferme de taille moyenne abrite une vingtaine de paysans actifs on peut évaluer qu’elle avait besoin de 90 à 140 kg de fer pour fonctionner. Au XVIIIe siècle, une exploitation agricole consommait de 2 à 10 kilos de fer par hectare et par an en usure d’outils aratoires, suivant la nature du sol travaillé. Que ce soit le soc d’araire dans le sol d’un champ ou la hache dans le bois, le métal est poli, des écailles sont arrachées, les pointes et les tranchants sont émoussés. L’une des activités principales du forgeron de l’âge du Fer consistait donc à réparer ou remplacer le matériel défectueux suite à son utilisation. Le recyclage des outils usés était une nécessité, un nouveau soc d’araire à partir de deux autres dont le poids était devenu trop faible pour rester efficaces pouvait ainsi voir le jour. Le forgeron en fabriquait également de nouveaux à partir d’un métal « neuf » à un rythme de deux à trois par jour en fonction de la morphologie de l’outil et de la forme du lingot de fer à partir duquel il le créait. Pour des instruments plus complexes, comme une lame de faux d’une quarantaine de centimètres, une journée pouvait être nécessaire. Pendant l’hiver, le forgeron coupe et collecte aussi du bois pour le stocker et le faire sécher afin qu’il ne produise pas de sève lors de sa réduction en charbon de bois à la fin de l’été/début de l’automne de l’année suivante. Le séchage pouvait avoir lieu en extérieur aux vents ou à couvert dans des bâtiments.
Marteau en fer Ribemont-sur-Ancre (Somme)
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Serpe en fer Dompierre-sur-Authies (Somme)
Les enclos avec des entrées en entonnoir ont pu servir à canaliser le bétail Site de Bray-les-Mareuil (Somme)
Moutons Soay, Répliques vivantes des moutons élevés par les Gaulois
Faux en fer, Mondeville (Calvados) et Acy-Romance (Ardennes) Son invention à la période gauloise a permis de constituer des stocks de fourrages pour nourrir le bétail durant la période hivernale
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Les enclos qui se développent autour des exploitations agricoles ont pu servir à rassembler et à protéger les animaux du cheptel ; cette fonction est plus évidente pour ceux qui sont pourvus d’entrée en entonnoir ou de couloir. Par contre les certitudes font encore défaut pour attribuer aux bâtiments découverts dans ces enclos ou dans le corps même des fermes, des fonctions comme celles d’une étable, d’une écurie, d’une bergerie ou d’une porcherie. Il faudrait pour cela que l’on puisse distinguer les maisons des bâtiments d’élevage, sachant qu’en Europe du Nord, les deux fonctions peuvent être associées dans la même unité. En l’absence de logettes, seuls les taux de phosphate, dus aux déjections d’animaux stationnant longtemps au même endroit, permettraient de l’attester. Cela nécessite toutefois de bonnes conditions de préservations rarement rencontrées dans notre région ainsi que des analyses plus systématiques qui commencent seulement à se développer. On a aussi pu observer que les habitants avaient pour habitude de jeter leurs détritus au plus près de leurs maisons. Il est donc permis de supposer que, quand ils sont absents, le bâtiment occupe une autre fonction (grange, étable…). D’autre part, il ne faut pas oublier que les animaux de l’âge du Fer sont très rustiques et qu’il n’est pas impossible qu’ils aient pu trouver une protection suffisante dans des abris précaires, voire sous le couvert des haies ou des palissades. C’est l’un des résultats du programme mené par P. Reynolds à la ferme expérimentale de Butser en Angleterre dans les années 1980, où des moutons Soay, répliques vivantes des moutons de l’âge du Fer passaient l’hiver au grand air, sans besoin d’abri. L’alimentation hivernale des animaux a pu être assurée de diverses manières, en les laissant paître ce qui pouvait rester de végétation dans la campagne, ou plus probablement en stockant au préalable du foin ou des feuillages ; seuls les outils retrouvés et les études de restes végétaux peuvent nous l’indiquer. La découverte d’un mélange de semences d’herbacées de prairies, de résidus de traitement de récoltes, de paille et de grains (orge vêtue, amidonnier, engrain), a ainsi été identifié comme une préparation alimentaire destinée au bétail.
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METTRE LES ANIMAUX À L’ABRI ET LES NOURRIR
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ABATTRE LES ANIMAUX ET S’EN NOURRIR Les études d’ossements animaux ont permis d’établir que l’élevage du porc, du bœuf et des caprinés occupe une place centrale en Gaule septentrionale mais le cheval et le chien jouent également un rôle non négligeable. Les animaux élevés sont petits et graciles, ils fournissent des quantités de viande et de graisse équivalant à un tiers environ des quantités produites à partir d’animaux de boucherie actuels. À côté de la consommation des grands mammifères, le recours aux oiseaux ou aux poissons est difficile à apprécier en raison de problèmes de conservation posés par ces ossements fragiles et de leur découverte conditionnée par des fouilles fines et des tamisages. L’espèce, l’âge et le morceau consommé donnent différentes catégories de viandes, dont le partage et la distribution sont manifestement soumis à des règles économiques et sociales. Elles se traduisent par de profondes inégalités dans la composition des rejets domestiques. Les porcelets et les meilleurs morceaux reviennent aux habitants les plus aisés tandis que les plus modestes se contentent de caprinés, de chevaux et d’animaux réformés. Dans l’enceinte de la ferme, on trouve des restes de porc en abondance. Il s’agit alors d’un animal de petite taille, très gracile avec un crâne au profil encore assez rectiligne, dont certaines représentations plus tardives donnent une bonne image (porc XIXe). Cet animal très prolifique devait trouver une partie de sa nourriture dans les détritus générés par les exploitants agricoles et il est désormais possible de connaître son régime alimentaire - herbivore, omnivore voire carnivore à l’aide du dosage d’isotopes de l’émail des dents. Les porcs ont fait l’objet d’un mode de gestion assez standardisé qui consiste à abattre un nombre important de sujets en fin de croissance, vers un an et demi, soit à l’automne de leur deuxième année de vie. On abat aussi des sujets plus jeunes, ou plus âgés, en fonction des lieux et sans doute des ressources disponibles. Les verrats sont souvent abattus plus jeunes que les truies, cela est sans doute dû à leur caractère ombrageux, qui ne s’améliore pas avec l’âge. Â ce propos Strabon, nous rapporte que « leurs porcs vivent dehors, même la nuit et se distinguent par leur taille, leur force et leur rapidité. Il est périlleux de les approcher si l’on n’en a pas l’expérience, et ils sont dangereux même pour les loups. » (Strabon, Géographie, IV, 4.3) Une partie de la viande des sujets abattus à l’automne a pu faire l’objet de salaisons. Divers indices viennent étayer cette pratique. En plus de la présence d’ossements en grand nombre, c’est la sélection de certains morceaux qui entraîne des anomalies d’effectifs entre ossements parfois décelables entre la base et le haut du comblement d’une fosse dépotoir comme à Acy-Romance (Ardennes), ou plus souvent sous
forme d’accumulations de certains os, des scapula* par exemple au Titelberg (Luxembourg). Les salaisons gauloises étaient très réputées comme le signale Strabon : « Ils sont si riches en ovins et porcins qu’ils fournissent à profusion de leurs sayons et de leurs salaisons, non seulement les marchés de Rome, mais aussi la plupart de ceux d’Italie » (Strabon, IV, 4, 3). *Scapula : La scapula est le nom latin de l’omoplate.
Lest de filet de pêche en calcaire, Boves (Somme).
Restes de poissons découverts sur le site d’Acy-Romance (Ardennes).
Animaux consommés par les Gaulois, par ordre de fréquence.
effectif 25 9 mois
20 1,5 an 15 Gravure de porc du XIXe dont la morphologie s’apparente à celle des animaux gaulois.
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2m
10 Crâne de truie gauloise.
5
0 6 mois
1 an
2 ans
3 ans
plus de 4 ans
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Distribution des âges d’abattage des porcs à Acy-Romance (Ardennes).
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DES SALAISONS RÉPUTÉES Le sel a, de tout temps, occupé un rôle prépondérant dans l’histoire des Hommes. Sa production était, on le sait, une activité centrale dans l’économie rurale protohistorique, à une époque où ni congélation, ni transport rapide, ni stérilisation n’étaient connus. Utilisé nature, broyé ou grillé, il soignait les hommes, mais aussi les animaux et ses propriétés étaient nombreuses. C’était avant tout un condiment très apprécié et un excellent agent conservateur pour la viande, le poisson et le fromage. En France, à Gouhenans (Haute-Saône), les témoignages les plus anciens liés à la production de sel se placent dans des contextes datés du Ve millénaire avant notre ère. Le procédé consistait alors à verser des saumures (eaux saturées en sel) directement sur des foyers afin d’en extraire du sel cristallisé, mais également des cendres salées. On peut rapprocher cette technique des observations de Pline l’Ancien qui s’étonnait des pratiques des Celtes qui jetaient de l’eau salée sur des feux de bois et qui « récoltaient » une cendre qui offrait les mêmes propriétés que le sel. (Pline HN, XXXI).
Reconstitution de la grille d’un four à sel découvert à Arras.
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Atelier à sel de Gouy-Saint-André (Nord-Pas-de-Calais), où l’intensité de l’activité transparaît par l’enchevêtrement des fours.
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Cette technique évolua lentement jusqu’à la création, aux âges des métaux, sur les façades littorales nord et atlantique, d’ateliers plus ou moins développés, voire de véritables centres de production, dont les capacités pouvaient atteindre des centaines de kilogrammes à chaque cuisson. Les fours à sel gaulois se présentent sous la forme de grandes fosses allongées, au centre desquelles sont agencées de lourdes grilles d’argile recouvrant un treillis constitué de branches de noisetiers entrecroisées. Des moules en terre cuite étaient disposés sur les barres de la grille donnant leur forme aux futurs pains de sel, blocs obtenus, soit par évaporation d’eaux saturées en sel (saumures), soit en chauffant des bouillies de sel. Ces pierres de sel étaient démoulées sur place ou étaient acheminées sur les sites de consommation encore enrobées de leur gangues de terre cuite, comme l’attestent les très nombreux fragments de moules à sel recensés sur les sites d’habitat de la fin de la période gauloise, sur l’oppidum de Villeneuve-Saint-Germain (Aisne), par exemple.
Reconstitution à Samara du four à sel de Pont-Rémy (Somme).
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Pelle en bois, Sorrus (Pas-de-Calais).
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UN SAVOIR-FAIRE DE SPÉCIALISTE ? Quelle pouvait être l’importance de ces productions dans l’économie locale ? La découverte de lieux de production implantés très loin dans l’arrière-pays, jusqu’à plus de 100 km du littoral actuel, comme Arras (Pas-de-Calais) ou Campagne (Oise), pose des questions sur la matière première utilisée, sur le statut de ces ateliers et sur leur véritable spécialisation. Bien loin du caractère « hyperspécialisé » des sites de production mosellans et bretons, les ateliers du Belgium et de ses marges immédiates, se présentent comme des unités assez modestes, mais parfaitement intégrées au cœur des habitats, dont les fourneaux figurent pourtant parmi les plus grands de France. Faut-il toutefois parler de sites « spécialisés » ou doit-on penser que cette activité s’inscrivait au même rang que d’autres tâches autarciques plus conventionnelles. Qui étaient ces sauniers gaulois ? De simples ouvriers ou des artisans spécialisés ? Le contrôle du sel a dû garantir aux propriétaires ou aux commanditaires une source importante de revenus et vraisemblablement un pouvoir dont on ne mesure pas encore aujourd’hui toute l’étendue.
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Couvercle en bois, Sorrus (Pas-de-Calais).
A la fin de la saison claire ou au tout début de la saison sombre, les travaux agricoles auxquels se livraient les Gaulois restaient très intensifs. C’était le temps de la préparation de la terre en vue des semailles d’automne. Les grands animaux, bovins et équidés, sont susceptibles d’être utilisés aux travaux et aux transports. À côté du cheval, seul présent jusqu’à l’âge du Fer, on commence à trouver des restes d’hybrides, sans doute des mulets, à la fin de cette période comme à La Tène (Suisse), ou au Titelberg (Luxembourg), mais aussi d’ânes, en 100 avant notre ère au Mormont, (Suisse) ce qui laisse planer un doute sur la détermination spécifique des équidés retrouvés dans les fermes, souvent sous forme de fragments en nombre assez limité. L’usage de ces animaux impose des conditions d’âge, parfois de sexe, et provoque des déformations osseuses, voire des atteintes pathologiques. Pour les âges, la condition est de disposer d’animaux adultes, de plus de quatre ans. Le sexe est moins déterminant, des vaches pouvant être attelées. Toutefois, la stature réduite (moins de 1,10 m) et la gracilité des vaches de l’âge du Fer leur faisaient sans doute préférer les bœufs qui, castrés, acquéraient un volume et une docilité accrus vis-à-vis des taureaux. Les critères de gestion
que sont les distributions d’âges d’abattage et les fréquences de vaches, de bœufs et de taureaux permettent de mettre en évidence les principales orientations de l’élevage et, par exemple, de distinguer des exploitations où le travail occupe une place plus importante que la production laitière. Les indices les plus probants de l’usage des animaux, car les plus directement liés à la fonction même, sont les déformations induites sur le squelette par les harnais ou les efforts. C’est ainsi que l’on peut observer une déformation des chevilles osseuses: l’éminence du frontal qui porte la corne, due au port du joug ou une usure des premières prémolaires de certains chevaux à cause des mors. Du côté des membres, on observe assez fréquemment un élargissement au niveau des doigts en réponse à des surcharges répétées. Parfois ces réactions dégénèrent en foisonnement osseux (exostose) d’ordre pathologique. Par contre des atteintes pathologiques, sous forme de soudures de vertèbres, que l’on constate sur les rachis de chevaux durant les périodes antiques ou médiévales, ne sont pas observées à l’âge du Fer, ce qui laisse entrevoir une forte modification de l’usage de ces animaux au moment de la Conquête (animaux utilisés plus jeunes, nouveaux usages ?).
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ATTELER LES ANIMAUX POUR TRAVAILLER LA TERRE
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Mors de cheval, Ronchères (Aisne).
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UN ÉQUIPEMENT PERFORMANT Pour les travaux des champs, les animaux de trait étaient le plus souvent attelés par paire et tractaient un araire. L’instrument était guidé par son mancheron que le laboureur tenait entre ses mains afin de tracer des sillons droits et régler l’enfoncement du soc dans le sol. La partie active de l’outil, le sep, pouvait être utilisé sans soc en fer, sa pointe était alors rapidement émoussée et il devait être souvent remplacé. Pour pallier à cet inconvénient et pour gagner en efficacité, il était le plus souvent chaussé d’un renfort constitué d’une plaque métallique aux bords rabattus pour former une douille. Selon les zones géographiques, la nature des sols (lourds ou légers), ou encore le temps (sec ou pluvieux), l’araire pouvait être équipé de socs de morphologies différentes. En plus de simples cônes de fer, il en existait de forme triangulaire à « ailes » plus larges que le sep, dont les bords plus au moins refermés, formaient des sortes de pinces. Ils s’enchâssaient à l’extrémité du sep et pouvaient y être solidement fixés avec un clou. Ils autorisaient le labour des sols lourds et en les penchant légèrement, ils favorisaient le retournement d’une partie de la terre. Parfois, les araires en bois étaient dotés d’une reille en fer. Le travail obtenu avec un araire n’était toutefois pas équivalent à celui de la charrue dont l’invention est plus tardive. En passant l’araire, le laboureur gaulois scarifiait la terre superficiellement et il devait répéter plusieurs fois son travail en croisant les labours dans un sens puis dans l’autre pour obtenir un résultat satisfaisant. Ce faisant, il éradiquait bon nombre des mauvaises herbes, les adventices*et aérait le sol. Dans nos régions, les sous-solages des années 1970
Villeneuve-Saint-Germain (Aisne)
ont oblitéré les traces de cette pratique, alors que dans le sud de la Scandinavie ou encore en Allemagne, des champs fossiles, d’une surface de 1000 à 4000m², dessinant des parcelles carrées ou rectangulaires, en témoignent encore. A ce travail préparatoire en succédait un autre davantage gourmand en main d’œuvre : les mottes de terre soulevées par l’araire devaient être brisées. Pour les émietter, la houe pouvait être utilisée, bien que seuls quelques exemplaires nous soient parvenus, les agriculteurs gaulois en étaient dotés. Très proche de l’outil actuel, un manche droit pénètre dans un œil ménagé au sommet de la lame pour le recevoir. Tenu à deux mains et lancé pour percuter la terre, son usage permet de briser les mottes. La houe a aussi pu être utilisée lors de défrichage ou de nettoyage de parcelles car jetée avec force, elle permet de soulever la couverture herbeuse et de sectionner les racines. Pour des questions de rentabilité il est permis de supposer que l’usage de cet instrument était plutôt réservé à de petites surfaces, comme les jardins. Le plus souvent, de simples bâtons de bois, ou des cassesmottes ont dû être utilisés pour écraser les blocs de terre. Les passages d’une herse peaufinaient l’émiettement et égalisaient les surfaces. Cette activité, pas plus que l’outil qui peut être entièrement fabriqué en bois, ne laissent de traces. Les herses permettent le recouvrement des semences mais l’araire, plurifonctionnel, convient aussi très bien à cette opération. Les exemples ethnologiques montrent que cet outil est utilisé à la fois pour tracer les sillons et recouvrir les graines lorsqu’elles ont été semées à la volée.
Acy-Romance (Ardennes)
Ribemont-sur-Ancre (Somme)
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La forme des socs d’araire est adaptée selon la nature des sols.
*Adventice : plantes sauvages « mauvaises herbes » qui accompagnent des espèces cultivées dans leur croissance, sans pour autant avoir été semées. Par extension, espèce indésirable qui envahit les champs cultivés.
10 cm
Araire en chêne, Chevrières (Oise).
Brise-motte, Chevrières (Oise).
Les dépôts volontaires de socs d’araire, comme ces deux socs emboîtés l’un dans l’autre, s’apparentent à des offrandes. Villeneuve-d’Ascq, « les Hautes Bornes » (Nord).
Pièce métallique en fer (reille), fixée sur l’araire et qui permettait de tracer des sillons. Croixrault (Somme).
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0
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Métapodes de bœuf : normal à gauche, extrémité déformée par le travail à droite.
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LES SEMIS D’AUTOMNE Les agriculteurs de l’époque gauloise cultivent une grande diversité d’espèces de céréales (orges, blés, avoines), de légumineuses (pois, féverole, ers), de plantes à semences oléagineuses, qui fournissent de l’huile (caméline, lin) et de plantes tinctoriales (guède ou pastel des teinturiers). Le calendrier d’exploitation de ces espèces donne une idée des tâches agricoles, car le climat n’est pas sensiblement différent du nôtre et on peut penser que les dates de semis et de récoltes des principales plantes cultivées étaient relativement les mêmes qu’à l’époque actuelle. Globalement, les semis d’automne s’effectuent en octobre-novembre. Les graines gagnent à subir une vernalisation (une période de froid) qui va favoriser leur germination. Les semis d’automne sont souvent plus productifs car les plantules ont le temps de bien s’enraciner, la végétation démarre plus vite au printemps et les plants tallent davantage c’est-à-dire qu’ils produisent plus de tiges porteuses d’épis. Toutefois, cette pratique peut parfois s’avérer risquée comme nous le relate Pline à propos des Trévires qui durent réensemencer leurs champs au mois de mars car un hiver rigoureux avait anéanti leurs blés. L’histoire se termine heureusement car ils obtinrent d’abondantes moissons (Pline, HN, XVIII,3). Des semences de « mauvaises herbes » qui poussent dans les champs sans y avoir été volontairement introduites, sont retrouvées en proportion non négligeable dans des stocks de grains imparfaitement nettoyés, entreposés dans les greniers. En théorie, leurs caractéristiques écologiques doivent refléter les conditions de croissance des espèces domestiques et
Janv.
Fév.
Mars
Avril
Mai
Juin
Juil.
Août
Sept.
indiquer directement les saisons de semis de ces denrées. Si la mise en culture s’effectue à l’automne, après une succession de labours à l’araire, les adventices des cultures à germination automnale sont favorisées. Il s’agit de plantes qui fleurissent tôt (de janvier à avril) et souvent durant une courte période (trois mois). Elles croissent en même temps que les céréales d’hiver, à condition que des désherbages et sarclages ne soient pas pratiqués, auquel cas elles sont éliminées. En revanche, si les semis s’effectuent au printemps, ces plantes à germination automnale, qui auront déjà eu le temps de s’installer, vont être détruites par les labours de printemps qui précèdent les semis de mars-avril. Ce sont donc des mauvaises herbes à floraison plus tardive (mai à décembre) ou à floraison longue (supérieure à cinq mois) qui domineront au sein des groupements floristiques. Les stocks de grains découverts en contexte archéologique sont déjà partiellement nettoyés et les semences de mauvaises herbes qui subsistent sont de gros calibre, le nettoyage des récoltes utilisant quelques principes très simples. Lors du vannage, les enveloppes des graines (balles), sont éliminées car plus légères que les grains, mais les semences d’adventices les plus lourdes subsistent en mélange avec la denrée cultivée. L’opération suivante, le criblage, permet le tri des graines selon leur calibre. Les semences d’adventices les plus grosses échappent donc à ce filtre. Les semences de mauvaises herbes liées aux semis d’hiver vont prédominer car elles possèdent de grandes et grosses semences qui ressemblent à celles des céréales.
Oct.
Nov.
Déc.
Orges Amidonnier Epeautre Blés nus Légumineuses : pois, féverole, ers Millets Avoines Caméline Lin Guède
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Semis
Récoltes
Calendrier des semis et récoltes des principales espèces domestiques cultivées dans les champs du second âge du Fer, Ve-Ier siècles avant notre ère.
LES CAMPAGNES GAULOISES AU FIL DES SAISONS DE SAMONIOS A CUTIOS : LA SAISON SOMBRE
1
2
3
4
1 : Les résidus de traitement des grains contiennent une forte proportion d’enveloppes et de graines de mauvaises herbes, commensales des cultures. Au contact d’une source de chaleur, ces résidus peuvent être carbonisés et ne sont plus dégradables. Ils nous parviennent sous cette forme et constituent un témoin direct des flores associées aux champs cultivés et par extension, des pratiques agricoles. 2 : Capsule de nielle des blés carbonisée, découverte dans un stock de grains de froment. 3 : Fleurs de mouron rouge, espèce très fréquente dans les champs semés à l’automne.
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4 : Champ de blé engrain envahi par la nielle des blés (Agrostemma githago L.) et le bleuet (Centaurea cyanus L.).
Une démarche alternative a été développée par des écologues et archéobotanistes d’un laboratoire spécialisé de Sheffield, au Royaume Uni. Cette démarche relève de l’écologie fonctionnelle ; elle consiste à travailler sur l’ensemble des espèces sauvages attestées, en mesurant certains caractères qui ont un impact direct sur leurs capacités d’adaptation à des terrains et des pratiques culturales données. Nous avons appliqué cette démarche aux cortèges de plantes compagnes des cultures pour la durée du second âge du Fer, dans le Nord de la France. Trois classes ont été définies : les plantes à floraison précoce (janvier-avril), celles à floraison tardive (juillet-décembre) et une catégorie intermédiaire (juin-juillet). Soixante-six sites datés du VIe au Ier siècles avant notre ère et cent deux espèces de « mauvaises herbes » s’y référant ont fait l’objet d’un traitement statistique. Les sites de moins de cinquante restes et moins de trois espèces d’adventices ont été éliminés. Les espèces sauvages des champs se regroupent en fonction de leurs périodes de floraison : en haut à gauche, les plantes à floraison précoce (étoiles rouges) associées aux semis d’automne, en bas à droite les plantes à floraison tardive, associées aux semis de printemps. Bien sûr, la situation n’est pas complètement tranchée et des chevauchements subsistent. Néanmoins, les sites des VIe et Ve siècles avant notre ère (rond blanc) sont associés à l’ellipse verte, qui délimite la zone correspondant aux semis printaniers. Cette situation concorde avec ce que l’on connaît des cultures pour ces périodes, et le rôle important des millets et des légumineuses qui se sèment au printemps afin d’éviter des pertes trop importantes dues aux gelées. Les sites du IVe siècle avant notre ère (carrés blancs) sont encore adjoints aux floraisons tardives, malgré la mise en place de cultures plus extensives désormais basées sur le blé amidonnier et l’orge vêtue. Cela signifie-t-il que ces céréales soient conduites en cultures de printemps, comme c’est le cas pour les périodes plus anciennes ?
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Un changement s’amorce au IIIe et se poursuit au IIe siècle. La culture des blés est désormais mise en avant.
Si les semis de printemps prédominent encore, ils cohabitent également avec des semis d’automne, mis en évidence par l’association des sites du IIe siècle avant notre ère (triangles blancs) avec l’ellipse orange (floraisons précoces) et les étoile jaune (floraisons intermédiaires). C’est à partir du IIe siècle avant notre ère que se mettent en place des cultures extensives spécialisées, axées vers des céréales très productives qui vont être conduites progressivement en cultures d’hiver afin d’en améliorer encore la rentabilité. Ainsi, les sites du Ier siècle avant notre ère (losanges blancs) se détachent du lot et privilégient les semis d’automne, révélés par la prévalence des plantes à floraison précoce et intermédiaire. Toutefois, pour cette période, subsistent des semis de printemps. Le Ier siècle avant notre ère voit le développement de cultures axées spécifiquement vers la production de froment, en réponse aux demandes des villes pour un blé panifiable facile à nettoyer. Un commerce des céréales également orienté vers ce blé alimente ce même circuit. Le choix des semis d’hiver relève de cette volonté d’accroître des productions destinées à un commerce des céréales. Analyse factorielle des correspondances réalisées sur 66 sites datés des VIe au Ier siècle avant notre ère et 102 espèces de « mauvaises herbes ». L’axe 1 sépare nettement les espèces à floraison précoce, qui se regroupent dans la partie négative, des autres composantes et l’axe 2 dissocie les espèces à floraison tardive, qui se trouvent majoritairement dans la partie négative, des autres adventices. La distribution des espèces à floraison intermédiaire est peu déterminante. 0,016
Sites du VI-Ves. Sites du IVe-IIIes. Sites du IIes. Sites Iers.
SEMIS AUTOMNE 0,012
Floraison précoce de janvier à avril Floraison intermédiaire en mai et juin Floraison tardive de juillet à décembre
0,008 Axis 2
LES CAMPAGNES GAULOISES AU FIL DES SAISONSLES DECAMPAGNES GIAMONIOS GAULOISES A CANTLOS AU : LAFIL SAISON DES SAISONS CLAIRE
NOUVELLE MÉTHODE EN CARPOLOGIE
0,004
0
-0,004
SEMIS PRINTEMPS
-0,008
-0,01
-0,0075
-0,005
-0,0025
0 A xis 1
0,0025
0,005
0,0075
Carte des productions agricoles pour le IVe siècle avant notre ère.
LES CAMPAGNES GAULOISES AU FIL DES SAISONSLES DECAMPAGNES GIAMONIOS GAULOISES A CANTLOS AU : LAFIL SAISON DES SAISONS CLAIRE
Carte des productions pour la période du Ve siècle avant notre ère dans le Nord de la France.
Carte des productions agricoles pour le IIIe siècle et le début du IIe siècle avant notre ère.
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Carte des productions agricoles pour le Ier siècle avant notre ère.
DE GIAMONIOS À CANTLOS
LA SAISON CLAIRE
LES CAMPAGNES GAULOISES AU FIL DES SAISONS DE GIAMONIOS A CANTLOS : LA SAISON CLAIRE 60
FERTILISER LA TERRE
SEMER AU PRINTEMPS
A l’orée du printemps, les terres à proximité de la ferme devaient être amendées avec le fumier produit lors de la stabulation des animaux et les déchets générés par les hommes. Une nouvelle méthode permet aujourd’hui de déceler cette manière d’enrichir la terre pour en conserver la fertilité. Elle est basée sur une distorsion du rapport entre deux isotopes de l’azote, le N14 et le N15, contenus dans le fumier. Le N14 plus volatile a tendance à s’éliminer. Un apport en fumier accroit donc artificiellement le sol en N15. Cette différence est conservée dans les plantes et dans les ossements des animaux qui les consomment. Des graines ou des ossements qui présentent des valeurs en N15 importantes et supérieures à la moyenne des sols ont donc bénéficié d’une fumure. Le pacage des champs et des pâtures après récoltes permet aussi un apport naturel d’engrais. Par les textes des auteurs romains, on apprend que les Eduens (Saône-et-Loire et Nièvre) et les Pictons (Vendée) pratiquaient le chaulage tandis que les Belges, Varron et Pline l’ont souligné, utilisaient la marne (Pline, HN, XVII,42 et 47 et Varron, Économie Rurale, I,7,8). L’épandage de matériaux qui ne sont pas localement présents dans le sol peut être détecté grâce aux analyses de la constitution microscopique du sédiment. Ces deux opérations impliquent le recours à une nombreuse main d’œuvre et des moyens de transport conséquents pour lesquels les animaux sont également sollicités. La réalisation de chaux consomme beaucoup de combustible et il est nécessaire d’en épandre entre 400 et 700 kg par hectare chaque année ; il est donc peu probable que cette forme d’amendement des sols pour en corriger l’acidité ait été pratiquée à grande échelle.
C’est aussi à cette période que les cultures dans les champs et les jardins vont monopoliser une grande partie du temps de travail. L’araire et les bêtes de somme sont à nouveau mis à contribution. Il s’agit cette fois de préparer les parcelles qui vont accueillir les semis de printemps. Certaines espèces sont semées obligatoirement en mars-avril car elles craignent le gel : c’est le cas des légumineuses, des millets, de la plupart des variétés d’avoine, de certains types d’orge ou d’amidonnier. Les cultures qui réclament le plus de soin, comme les pois, les féveroles et les lentilles devaient être disposées non loin des habitations, dans de petites parcelles qui avaient plus l’allure de jardins. Après la levée, leur entretien pouvait être réalisé par sarclage ou par arrachage manuels.
Bêche ferrée, La Courbe (Orne) Cet outil réservé à de petites surfaces apparaît tardivement
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Labour à l’araire.
LES CAMPAGNES GAULOISES AU FIL DES SAISONS DE GIAMONIOS A CANTLOS : LA SAISON CLAIRE
LES CAMPAGNES GAULOISES AU FIL DES SAISONS DE GIAMONIOS A CANTLOS : LA SAISON CLAIRE
LA TONTE DES MOUTONS En mai, après les derniers frimas, parmi les productions animales des fermes gauloises de nos régions, la laine occupait sans doute une place de première importance. L’abondance des restes de moutons dans certaines d’entre elles, la fréquence des découvertes d’ustensiles liés à la tonte le montrent à l’évidence. Les moutons sont tondus à l’aide de forces, outils dotés de deux lames qui se chevauchent réunies par un ressort et qui cisaillent la laine. Selon leur taille, elles peuvent avoir plusieurs usages, comme la coupe du cuir ou des tissus. Les toisons prélevées devaient ensuite être nettoyées avant la confection de feutre dont la qualité est alors reconnue jusqu’en Italie, ou encore filé avant d’être tissé comme nous l’indiquent les découvertes de fusaïoles et de poids de métier à tisser. En dehors de ces indices, c’est sur les restes de tissus conservés dans des circonstances particulières, comme une imprégnation par des oxydes métalliques ou un enfouissement dans du sel, que l’on peut étudier la qualité des toisons et les traitements, tissage et coloration, mis en œuvre. Une autre piste en cours d’exploration est celle de l’ADN des moutons, qui permet de suivre le développement des diverses races et de retracer l’histoire de l’exploitation de la laine. Outre le travail de la laine, celui du cuir occupe également une place importante. L’écorce de chêne broyée appelée « tan » a été employée pour tanner les peaux ; on en fait une décoction aqueuse dans laquelle les peaux sont mises à tremper. Le tannin diffusant tout d’abord dans l’eau, est ensuite absorbé par la peau qui se transforme alors en cuir.
Poulainville
Paire de forces en fer, Poulainville et Ribemont-sur-Ancre (Somme) Outil indispensable pour prélever la laine qui sera utilisée pour confectionner les vêtements.
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La fusaïole en céramique imprime un mouvement rotatif régulier au fuseau qui permet de filer la laine.
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Pesons en terre cuite, Arras (Pas-de-Calais).
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Restitution de métier à tisser vertical à quatre barres de lisse et pesons Le choix des couleurs des fils de chaine et des fils de trame, avec l’action combinée des barres, permettaient d’obtenir des motifs variés (sergé, chevrons et losanges). L’ajout de tablettes de chaque côté du métier ajoutait des lisières renforcées, aux motifs encore plus complexes.
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LE TEMPS DES NAISSANCES Les fermiers gaulois étaient aussi très attentifs à la pérennité du cheptel reposant sur la reproduction. Cela nécessite un nombre minimum de mâles par femelles, différent selon les espèces, en fonction d’un compromis entre un effectif suffisant, pour qu’ils remplissent correctement leur mission, mais pas trop important, les mâles présentant souvent des inconvénients, de comportement notamment, qui justifient qu’on en limite le nombre. En dehors de la pérennité du troupeau, la reproduction permet de dégager des surplus qui vont permettre l’accroissement du cheptel, des échanges ou l’exploitation des produits animaux vivants ou morts. Dépôt de restes de consommation avec de nombreux agneaux, Vermand (Aisne).
Couteaux en fer, Saint-Laurent-Blangy « Les fontaines » (Pas-de-Calais).
Parmi les aléas de l’élevage, les maladies occupent de tout temps une place prépondérante. La mortalité engendrée peut donner lieu à des inhumations ou, plus récemment, à des incinérations d’animaux. Or, l’enfouissement de cadavre est bien attesté durant les temps historiques par les textes et des découvertes archéologiques. Si les motivations de tels dépôts sont parfois établies avec une relative certitude, force est de constater qu’on en connaît guère à l’âge du Fer. En effet, les (relativement) rares inhumations d’animaux semblent répondre à d’autres préoccupations que celles d’ordre sanitaire qui prévalent à partir du Moyen Âge. C’est sans doute que les cadavres d’animaux ont été abandonnés aux charognards, mammifères ou oiseaux, qui devaient pulluler, et assurer un niveau sanitaire assez satisfaisant dans des contextes encore assez éloignés de nos élevages industriels. Quoi qu’il en soit, il nous est pour l’instant impossible de juger de l’impact des épizooties sur les élevages gaulois.
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La production de lait des races rustiques est naturellement limitée par le sevrage des jeunes. Plusieurs méthodes permettent de mettre à profit cette production en pratiquant un sevrage précoce, par substitut alimentaire ou élimination des jeunes, et en prolongeant artificiellement la période de lactation, ce qui a fini par conduire à nos vaches laitières. Dans le cas des moutons et des chèvres, l’élimination des jeunes est un procédé qui a cours à l’âge du Fer ; cela est moins évident pour les bovins. Cette élimination est parfois assez marquée pour se répercuter sur les distributions d’âges d’abattage et donner des dépôts de restes d’agneaux âgés de quelques mois, comme ceux du sanctuaire de Gournay-sur-Aronde (Oise), ou de la ferme de Vermand (Aisne). Cette production laitière peut justifier la mise en œuvre de procédés de conservation, au premier rang desquels les fromages, dont la réputation dépasse déjà les frontières : « À Rome, où l’on juge les productions de tous les pays, on préfère, entre les fromages qui proviennent des provinces, celui de Nîmes, de Lesure et du pays des Gabali (Gévaudan) ; mais leur qualité est de courte durée, et ils ne sont bons qu’étant frais. … Tels qu’on les confectionne à Rome, ils sont préférables à tous les autres : car la saveur de celui des Gaules reçoit sa force des ingrédients. » (Pline, IX, 240) Parmi les découvertes permettant d’évoquer de telles préparations, on trouve des ustensiles, comme des pots (dont des traces de lait peuvent être retrouvées par des analyses chimiques) ou des faisselles, sans oublier que le sel joue, une nouvelle fois, un rôle important.
LA QUESTION DES ÉPIZOOTIES
Inhumation de cheval, Pontpoint (Oise)
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L’EXPLOITATION DU LAIT, ABATTAGE DES AGNEAUX, AUTRES INDICES
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FENAISONS ET FOURRAGES ARBUSTIFS C’est aux alentours des calendes de juin (1er juin) que l’activité s’intensifie véritablement. Le temps est venu d’engranger le fourrage pour alimenter le bétail durant l’hiver. Pour répondre spécifiquement à ce besoin, les Gaulois ont inventé la faux au IIIe siècle avant notre ère. C’est une grande lame d’acier un peu courbée et emmanchée. L’arête qui est la partie opposée au tranchant sert à la fortifier sur toute sa longueur, tandis que le couart qui est la partie la plus large de la faux sert à la monter sur son manche par le moyen d’un talon. La fabrication de cet outil requiert la dextérité d’un artisan spécialisé tout comme son usage exige un savoir-faire. Au fur et à mesure de la fenaison, le faucheur entretient son outil en l’affutant régulièrement afin de supprimer les petits éclats sur le tranchant de la lame et plus occasionnellement il bat la lame avec un marteau sur une enclumette pour en affiner le tranchant et réparer les micro fissures. Ce n’est qu’au XVIIe siècle que la faux a été utilisée pour la coupe des céréales car son utilisation en percussion lancée les égrène et éparpille le grain sur le sol. Les andins* issus de la fauche sont rassemblés et régulièrement manipulés pour optimiser leur séchage avant d’être acheminés dans les granges. Durant cette période coexistent des prairies naturelles dont la flore variée se reproduit elle-même et des prairies artificielles où la flore limitée à quelques espèces excellentes pour la nourriture du bétail a été semée. Un assemblage de graines, luzerne hérissée, trèfles, légumineuses, bromes, a ainsi révélé la composition d’un fourrage découvert sur le site de Mont Joui (Florensac, Hérault) daté du VIe siècle avant notre ère. La fragmentation et le morcellement des milieux forestiers dus à la pression anthropique* favorisent l’exploitation des boqueteaux, des lisières et des haies. Il est probable que ces lieux soient une des principales sources en bois de feu, mais aussi de bois de petit calibre destiné à d’autres usages. Pour nourrir le bétail, les branches, particulièrement quand elles sont encore en bourgeons, sont aussi émondées à l’aide d’outils pourvus d’une lame tranchante recourbée à son extrémité et montée sur un manche. En fin de printemps et en été, la cicatrisation de l’arbre est plus rapide. En plus de l’entretien des haies, ces fourrages arbustifs constituent un bon complément alimentaire quand le bétail est en stabulation durant l’hiver.
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Faucard, Ifs (Calvados)
LES MOISSONS
Faucille, Fleury-sur-Orne (Calvados)
Au fauchage des prairies succède en Juillet-Août un labeur non moins harassant qui monopolise une main d’œuvre abondante : la moisson. La maturité des orges précède toujours un peu celle des blés et les millets se récoltent un peu plus tard. Les faucilles gauloises, une lame d’acier courbée dont la base peut être à douille ou pourvue d’une soie qui s’enfonce dans le manche adoptent des formes, des longueurs et des largeurs variées. La lame peut décrire un quasi demi-cercle, s’élargir à ses deux extrémités, être perpendiculaire au manche ou faire un petit angle avec lui. Les fils du tranchant des outils de coupe étaient soigneusement affutés avec des pierres à aiguiser en grès très fin dont la qualité est vantée par Pline : « On en a trouvé en Italie qui à l’eau affilent parfaitement le tranchant. Les contrées d’au delà des Alpes en fournissent aussi : on les nomme passernices.» (Pline, H.N, XXXVI, 165). Tout au long de la période estivale, la majeure partie des outils en fer était soumise à de dures contraintes. Le forgeron devait donc les remettre en état : redresser les lames, les affuter, reforger un outil fracturé… Une partie de ces gestes pouvait être réalisée directement dans les espaces agropastoraux grâce à un petit outillage portatif. D’autres travaux plus élaborés nécessitaient davantage de temps et un travail à chaud en forge. Les céréales rassemblées par poignées étaient coupées avec une longueur plus ou moins grande de tige selon l’usage ultérieur de la paille (chaume pour les toitures, pâturée par les animaux). Si la faucille joue un rôle important dans les moisons, elle n’était certainement pas le seul outil utilisé. Des cueillettes à la main permettaient une sélection des épis les plus mûrs et fractionnaient le temps de moisson tout en offrant un meilleur étalement du traitement que les céréales devaient encore subir après leur prélèvement (battage, vannage). Divers instruments comme des couteaux, des peignes ou des baguettes à moissonner, ont certainement aussi été usités ; un passage de Pline en atteste ; « Dans les Gaules, on cueille les épis de millet et de panis un à un, avec une sorte de peigne qu’on tient à la main » (Pline, HN, XVIII, 34, 286).
Les moissons semblent être la plupart du temps battues en plein champs, car les résidus de nettoyage sont rarement découverts dans les ensembles de grains. Plusieurs types de céréales de l’époque gauloise, notamment l’orge, mais aussi les blés amidonnier et épeautre, possèdent des enveloppes coriaces difficiles à éliminer et leur épi se brise facilement lors du battage ; elles sont dites « à grains vêtus ». Ces céréales exigent plusieurs traitements et leur décorticage est très long. Ce travail est dès lors fractionné. Les épis battus une première fois se disloquent en « épillets ». A ce stade, le grain est encore enfermé dans la balle et les enveloppes devront être ultérieurement froissées et éliminées par vannage et criblage. Les épillets sont entreposés tels quels dans les structures de stockage. Les semis pourront s’effectuer sous cette forme. Sinon, pour les besoins alimentaires, le grain sera nettoyé au fur et à mesure de son utilisation. D’après Pline, le tamis en crin de cheval est en usage en Gaule et même si les découvertes archéologiques n’en mentionnent pas, les assemblages de graines attestent que des tris ont été pratiqués sur certaines céréales. Dans ce cas, il y a soit une seule espèce de grain, soit un mélange dans des proportions équivalentes, la méture*.
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On attribue aux Gaulois l’invention d’un outil performant pour moissonner à grande échelle et rapidement, le vallus, ou moissonneuse. L’instrument est décrit par Pline et Palladius : « Dans les latifundia des Gaules, d’énormes caissons garnis de dents sont poussés sur deux roues à travers les moissons par un bœuf attelé en sens contraire ; les épis arrachés tombent dans le caisson » (Pline, HN, XVIII, 30/72, 296). Palladius en donne une description beaucoup plus détaillée. « La partie des Gaules qui est assez en plaine recourt pour moissonner à la méthode expéditive que voici et qui, tout en épargnant la main-d’œuvre, dépouille l’étendue de toute une moisson à l’aide d’un seul bœuf. Ainsi, on construit un véhicule qui est porté par deux petites roues. La surface carrée de celui-ci est munie de planches dont l’inclinaison vers l’extérieur donne plus de largeur à la partie supérieure. Sur le devant de ce chariot, la hauteur des planches est moindre. A cet endroit, des dents nombreuses et écartées sont disposées en ligne à la hauteur des épis et elles sont recourbées vers leur partie supérieure. A l’arrière de ce même véhicule, sont adaptées deux flèches très courtes, semblables aux brancards des litières. On y attelle à un joug et avec des courroies un bœuf dont la tête est tournée du côté du véhicule : il faut assurément un animal paisible pour qu’il ne dépasse pas l’allure de celui qui le pousse. Quand le bœuf se met à pousser le véhicule à travers les moissons, tous les épis, saisis par les dents, s’entassent dans le chariot, la paille étant arrachée et restant en arrière, tandis que le bouvier, derrière l’attelage, élève ou abaisse parfois la machine. Et ainsi, moyennant un petit nombre d’allées et venues, en l’espace de quelques heures, toute la moisson est achevée. Cette méthode est utile pour les endroits en plaine ou unis et ceux où l’on ne tient pas la paille pour nécessaire ». Palladius, Opus agriculturae, VII, 2, 2-4 ; traduction de M. Renard. La machine est aussi connue par les bas-reliefs datés des Ier et IIe siècles de notre ère de la Porte de Mars à Reims, d’Arlon et de Buzenol en Belgique, de Trèves et de Coblence en Allemagne. Ces écrits, datés pour l’un du Ier siècle de notre ère et pour l’autre du IVe évoquent un outil en usage dans un espace géographique et non pas une invention propre aux Gaulois. Ils sont, tout comme la statuaire, postérieurs à la période traitée ici ; il est donc impossible d’affirmer que la moissonneuse était en usage à l’époque que nous traitons, d’autant qu’aucun vestige archéologique n’en témoigne.
LE TRAITEMENT DES RÉCOLTES
*Andins : lignes parallèles constituées par les rangées d’herbes que le faucheur forme successivement au fur et à mesure qu’il avance. *Anthropique : En géographie et en écologie, l’anthropisation est la transformation d’espaces, de paysages, d’écosystèmes ou de milieux semi-naturels sous l’action de l’homme. Un milieu est dit anthropisé quand il s’éloigne de la naturalité. *Méture : pratique agricole consistant à semer ou à cultiver plusieurs espèces en mélange dans la même parcelle. Celles-ci peuvent ensuite être récoltées, traitées ou stockées ensemble ou séparément.
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LA MOISSONNEUSE GAULOISE : MYTHE OU RÉALITÉ ?
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UNE AIRE DE BATTAGE EN PLEIN AIR AU SEIN D’UNE EXPLOITATION AGRICOLE MÉNAPIENNE À VILLENEUVE-D’ASCQ, LA HAUTE BORNE (NORD)
Le site de La Haute Borne se développe sur la frange orientale du plateau du Mélantois, situé à la confluence des rivières de la Marque et de la Deûle. Diagnostiqué sur 140 hectares, fouillé sur 45 entre 2000 et 2013, il a permis de retracer l’histoire d’un paysage agricole en bordure d’une voie antique. La Haute Borne, une opération archéologique à l’échelle d’un terroir Au-delà de la reconnaissance ponctuelle d’occupations anciennes, c’est véritablement à partir de 150 avant notre ère que les vestiges archéologiques attestent une occupation domestique dense mêlant aménagements agraires et parcellaires. L’évolution se poursuit durant la période antique avec l’accroissement et le renouvellement des surfaces encloses, des modifications architecturales sur les unités domestiques et le déplacement des centres d’exploitation. A la fin du IIe siècle de notre ère ou au tout début du IIIe siècle, le site est abandonné. Une aire de battage dans un enclos de la fin de la période gauloise Dès les premières campagnes de fouilles, pour documenter au mieux les productions de la ferme, études archéologiques et archéobotaniques ont été menées conjointement. Cette collaboration a conduit à un échantillonnage systématique avec plus de 10 000 litres de sédiments prélevés, tamisés, triés et observés au microscope. Ce lourd travail a notamment permis l’identification d’une aire de battage située en dehors de la zone d’habitat. Elle s’inscrit dans un enclos spécifiquement dédié au stockage avec un puits, deux fosses et trois greniers à quatre poteaux alignés le long d’un fossé. Dans le remplissage de ce dernier, trois couches charbonneuses ont livré une forte concentration de résidus végétaux qui témoignent d’opérations réalisées sur le blé amidonnier après sa moisson.
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Les restes liés au traitement des récoltes et notamment à l’égrenage (balles et mauvaises herbes) sont concentrés sur un même tronçon de quinze mètres de long. Probablement
dispersés par le vent, ils ont également été piégés, de façon plus diffuse, dans un second fossé perpendiculaire, sur une longueur de cinquante mètres. L’égrenage des céréales est si souvent associé au fléau articulé (attesté depuis le IVe siècle de notre ère) qu’il est communément appelé battage. D’autres techniques peuvent être mises en œuvre : la récolte peut être battue à l’aide de perches, foulée aux pieds par les animaux (dépiquage) ou encore égrenée à l’aide d’instruments attelés (chariot, herse, rouleau, planches garnies ou non d’éclats de silex). Les auteurs antiques, comme Palladius et Varron ont décrit les aires de battage et leurs modes de préparation. Les plus fréquentes sont celles en terre battue, additionnée ou non de brin de paille ; elles peuvent être également pavées, voire taillées dans le roc. Aucun élément évoquant une installation en dur de l’espace de battage n’a été observé et l’hypothèse d’un emplacement en terre battue ou gazonné est la plus vraisemblable. D’après l’ethnographie, les aires de battages ne résistent pas aux intempéries et sont donc reconstruites chaque année. Il semble toutefois que l’égrenage de l’amidonnier se soit répété au sein de cet enclos pour devenir une activité pérenne. Une étude approfondie de la structure du sol (micromorphologie) a permis de confirmer cette opération de battage répétée aux abords du fossé. D’après les données ethnographiques et historiques, l’égrenage estival en plein air, tel qu’il semble avoir été pratiqué à La Haute Borne, est un travail familial, qui occupe aussi bien les hommes et les femmes de la maisonnée. Il ne fait probablement pas appel à des ouvriers spécialisés. En regard des résultats liés à la carpologie sur le site, l’aire de battage permet de confirmer qu’une de ses principales productions céréalières, durant la période gauloise, est le blé amidonnier. L’orge vêtue et le blé épeautre sont aussi attestés. Ces trois céréales se maintiennent durant l’Antiquité. Cette production était destinée à la consommation des groupes familiaux in situ et aussi probablement aux échanges commerciaux.
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À Villeneuve-d’Ascq (Nord), les opérations archéologiques conduites sur 140 ha ont permis de suivre l’évolution d’exploitations agricoles sur plus de quatre siècles. Dans un enclos destiné au stockage, une aire de battage des céréales a été mise en évidence.
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LE CONDITIONNEMENT DES PRODUITS ALIMENTAIRES Une fois acheminés dans l’exploitation agricole ou expédiés vers d’autres habitats les productions végétales (cultures) et animales (élevage et parfois chasse) étaient stockées. Les fonctions du stockage sont relatives à la conservation des semences, indispensables à la pérennité du système de production agricole, à celle des denrées consommées par les habitants qui les ont produites, ainsi qu’à celle relevant d’une production excédentaire destinée à être redistribuée vers la population non productrice (aristocrates, serviteurs, artisans, commerçants, soldats …) ou vendue à l’extérieur de la collectivité, selon différentes modalités.
LES MOYENS DE STOCKAGE Le stockage alimentaire peut être effectué dans divers contenants pour lesquels la documentation archéologique est parfois lacunaire. Il en est ainsi des matériaux périssables, comme les sacs de toile, les paniers et autres vanneries, ou les coffres en bois, qui ne sont généralement pas conservés. Les structures documentées en France septentrionale sont le silo enterré, le grenier surélevé, la cave et le cellier, ainsi que la céramique de stockage. Dans l’Ouest, l’entrepôt de marchandises peut se faire aussi dans des souterrains.
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Silo à céréales dans lequel deux corps ont été inhumés, Vénizel (Aisne).
LE STOCKAGE SOUTERRAIN Le silo est une fosse assez profonde et volumineuse, permettant le stockage en atmosphère confinée des céréales d’une capacité variant alors de 0,20 à 15 m3, avec une moyenne à 3 m3, ce qui représente 2,20 tonnes de céréales. Le principe de fonctionnement est le suivant : on creuse une fosse en sape, avec un diamètre d’ouverture n’excédant pas 1,20 m. Le fond de la fosse ne doit pas être au contact de la nappe phréatique (en contexte de fond de vallée) sous peine de voir pourrir le grain stocké. Ce dernier peut être déversé dans le silo encore humide, ce qui représentera d’ailleurs un avantage certain dans la mesure où le niveau d’humidité du grain permettra, une fois le bouchon hermétique installé, de remplacer l’oxygène interstitiel par du gaz carbonique. Le bouchon est constitué d’une alternance de couches de paille, de cendre et d’argile, maintenues par une claie de bois tressé (noisetier par exemple). Le grain au contact des parois et du fond du silo va germer et produire une couche compacte et étanche d’une dizaine de centimètres d’épaisseur. Le silo est alors stabilisé en atmosphère confinée, permettant la conservation des céréales pendant plusieurs années, voire plusieurs dizaines d’années. La morphologie des silos de l’âge du Fer correspond à quatre grandes catégories, avec quelques variables liées à d’éventuels surcreusements. Ils sont tronconiques (en forme de tronc de cône), piriformes (forme de bouteille ou de poire), discoïdes (forme aplatie avec une panse large), ou cylindriques. La morphologie dominante est celle du tronc de cône, autorisant un volume fonctionnel important, tout en restant assez résistant à l’érosion des parois. Le silo doit être rempli et vidé intégralement à chaque utilisation. Cette forme de stockage ne permet donc pas un accès facile et répété aux produits. Les silos sont utilisés à plusieurs reprises, jusqu’à l’érosion de leurs parois, engendrant une nette augmentation de leur diamètre d’ouverture. Quand ce dernier dépasse 1,20 m, la structure ne peut plus être bouchée hermétiquement et est donc abandonnée, servant parfois de dépotoir. Par ailleurs, surtout entre le Ve et le IIIe siècle avant notre ère, on enregistre un retour à une pratique funéraire très particulière au sein de certaines structures d’ensilage, comme à Venizel « le Creulet » (Aisne). L’inhumation en silo, dans ou en périphérie des habitats, pose encore de nombreuses interrogations : elle concerne les deux sexes, toutes les tranches d’âge, et les défunts sont soigneusement installés ou au contraire jetés depuis la surface, avec ou sans mobilier d’accompagnement. Les hypothèses d’interprétation sont nombreuses, mais l’association d’un corps périssable et d’une structure de conservation milite en faveur d’une certaine forme de « momification symbolique ». L’hypothèse d’un culte aux dieux souterrains (chtoniens) a également été avancée.
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Silos enterrés et greniers bâtis permettaient de conserver les céréales, soit sur le long terme en vue d’un usage différé (semailles), ou pour une utilisation immédiate (consommation).
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UN APERÇU DE L’AGRICULTURE GAULOISE SUR LE PLATEAU DU SANTERRE. LES RÉSULTATS ISSUS DE LA FOUILLE DE LA PLATE-FORME AGRO-INDUSTRIELLE DE PÉRONNE (SOMME)
Sur les communes d’Eterpigny et de Barleux, une opération archéologique a été réalisée en 2010 et 2011 en préalable à la construction du Canal Seine-Nord Europe et d’une plateforme agro-industrielle de Péronne. Ainsi, lors des diagnostics, les archéologues ont pu faire des observations sur une surface d’environ 75 hectares dont 12, répartis en plusieurs secteurs, ont été fouillés. Une occupation continue depuis l’âge du Bronze jusqu’à la fin de la période romaine Les premiers témoignages correspondent à des vestiges d’habitations ou des lieux de stockage de céréales (silos enterrés ou greniers) du début de l’âge du Bronze, soit environ 2000 ans avant notre ère. Au premier âge du Fer, une série de petits bâtiments alignés constitue le premier « village » gaulois, mais ce n’est qu’à partir du IVe siècle avant notre ère qu’un important réseau de fossés apparaît et façonne le paysage. Ces grandes structures linéaires, suivies sur plusieurs centaines de mètres, délimitent les parcelles ou bordent des chemins. D’autres fossés circonscrivent des enclos et protègent les zones d’habitations, de stockage ou de pacage, constituant ainsi les premières exploitations agricoles de la région. Sur le secteur d’Eterpigny-Barleux, le plus spectaculaire de ces enclos possède un double fossé dont l’entrée dite « en touches de palmer » est caractéristique de l’époque gauloise dans cette partie de la Picardie. D’une superficie d’environ 3000 m² il protégeait les récoltes stockées dans un grenier aérien sur poteaux et quatorze silos enterrés. Au début de l’époque romaine, une nouvelle ferme est construite, elle-même entourée d’un fossé. Elle perdura jusqu’au début du IVe siècle de notre ère. Production et stockage des récoltes
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Les quatorze silos d’époque gauloise découverts sur le site n’ont pas tous été utilisés au même moment. Au fil du temps de nouvelles structures d’ensilage ont été creusées pour remplacer celles devenues impropres à la conservation
des denrées. Leurs volumes compris entre à peine 1 m3 et 8,5 m3 sont adaptés à une utilisation dans un cadre plurifamilial pour la consommation de céréales ou les semailles, voire les échanges commerciaux pour les plus importants. Il est également possible d’envisager que d’autres denrées alimentaires y ont été stockées comme les légumes-racines qui peuvent être prélevés en fonction des besoins. Dans cet ensemble, une structure dont la morphologie s’apparente à un silo, se singularise par sa grande contenance : plus de 30 m3. Son unicité pour la période gauloise nous interroge sur sa fonction. A-t-elle servi pour l’entreposage de denrées ? Un tel volume s’accorde mal avec ce que l’on connaît des modes d’ensilage à cette période durant laquelle les risques de perte devaient être limités au minimum. Pour la remplir, il aurait aussi été nécessaire de disposer de vastes espaces cultivés et même si ces derniers étaient déjà très développés, à lui seul, le contenu de cette structure aurait rassemblé la production de plusieurs dizaine d’hectares ce qui paraît peu probable. La fonction de cette excavation reste une énigme qui trouvera peut être une explication lors de la fouille d’autres sites. Cultiver au fil des saisons L’alternance des saisons dans la ferme gauloise d’Eterpigny peut être évoquée par l’étude des graines carbonisées retrouvées dans l’une de ces structures de stockage où elles étaient plaquées contre les parois et en partie germées (blé amidonnier, orge vêtue et millet) ; ce sont les traces du dernier contenu du silo. La répartition des semis sur deux saisons est perceptible à partir des mauvaises herbes qui les accompagnent. Certaines espèces comme le brome seigle ou la matricaire inodore polluent les cultures d’hiver. D’autres - le chénopode blanc et la persicaire à feuille de patience vivent dans les cultures d’été.
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Vue aérienne des fossés de l’enclos et de l’entrée en « touche de palmer ». Les silos apparaissent sous la forme de taches circulaires.
Epis de blé amidonnier.
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Coupe d’un silo du IIe siècle avant notre ère. La forme en entonnoir est caractéristique de ce type de structure archéologique.
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LE STOCKAGE EN GRENIER SURÉLEVÉ Le grenier complète le silo au sein des unités domestiques. Il s’agit d’un bâtiment surélevé, sur pilotis et généralement équipé de pare-souris (pierre plate ou segment de tronc d’arbre) entre le poteau porteur et le plancher. Le grenier est construit sur 4, 6 ou 9 poteaux. Les surfaces au sol de ces édifices varient de 2 à 16 m2, avec une moyenne de 7 m2 pour les 4 poteaux, de 4 à 30 m2 pour les 6 poteaux (moyenne de 15 m2) et de 9 à 36 m2 pour les 9 poteaux (moyenne de 18 m2). On ignore si les dimensions au sol sont toujours celles du bâtiment proprement dit, dans la mesure où il est possible que certains planchers soient nettement débordants. Le grenier affecte un plan carré ou rectangulaire et l’élévation est réalisée en clayonnage et torchis, surmontée par une toiture en chaume ou en bardeaux (planchettes de bois). L’espace interne est dévolu au stockage alimentaire, sous différentes formes, mais peut également servir de remise pour les outils ou pour l’entrepôt de certains matériaux organiques non alimentaires destinés à être transformés (fibres végétales ou animales pour le tissage...). Le stockage des denrées alimentaires végétales peut être effectué en vrac, ou dans divers contenants, comme des céramiques, des sacs de toile, des vanneries ou des coffres. Il concerne tout aussi bien les céréales, que les légumineuses, les légumes ou les fruits. Le stockage des productions alimentaires animales est possible dans de grands vases de stockage (dolia) sous la forme de salaisons, attestées par des cupules de corrosion chimique sur la paroi interne de certains récipients (un tiers d’entre eux sur l’oppidum de Villeneuve-Saint-Germain dans l’Aisne au Ier siècle avant notre ère). Certaines pièces de viande (bœuf) auraient pu être conservées par séchage comme la viande des Grisons. Le grenier est donc une structure multifonctionnelle permettant un accès aisé et répétitif aux produits stockés, ce qui représente un net avantage par rapport au silo enterré. Néanmoins, son édification est coûteuse en temps, en énergie et en matériaux et il convient de préciser que les produits stockés doivent impérativement être surveillés régulièrement (problèmes d’humidité ou au contraire de combustion, ravages des insectes...).
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Reconstitution d’un grenier surélevé à quatre poteaux. À l’intérieur, les denrées stockées étaient à la fois protégées de l’humidité et des rongeurs grâce aux disques de bois qui les empêchaient d’y accéder.
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LES CAVES ET LES CELLIERS
LE STOCKAGE DANS DES CÉRAMIQUES
Les caves et celliers semi-enterrés sont des fosses assez volumineuses, dotées de parois verticales (parfois boisées) et d’un fond plat (parfois enduit). Les caves sont généralement de plan carré et les celliers de plan rectangulaire. Les caves sont souvent nettement plus profondes et dotées d’aménagements internes plus élaborés. L’accès devait se faire à l’aide d’une échelle (cave) ou d’un escalier en bois (cellier). L’avantage de ces structures est d’offrir une température à peu près constante tout au long de l’année, propice à une bonne conservation des denrées alimentaires, qui sont entreposées dans des céramiques ou des contenants en matériaux périssables (sacs, vanneries, paniers, coffres). Un autre avantage non négligeable de ces structures est qu’elles permettent une bonne conservation de productions végétales sensibles à la lumière comme certains légumes par exemple.
Le stockage en céramique est attesté depuis le Néolithique ancien, quasiment jusqu’à nos jours. Les plus grands vases, d’un volume d’une centaine de litres, peuvent assurer une conservation de produits solides (céréales, légumineuses, légumes, pièces de viande, etc.) et liquides (eau, bière, hydromel, vin). Il est intéressant de noter que toutes les unités domestiques sont dotées de mobilier de mouture (meules à va-et-vient jusqu’au début du IIe siècle avant notre ère et rotatives par la suite), ce qui implique que la production de farine à la période gauloise a toujours été pratiquée par les différentes unités domestiques consommatrices, même dans les oppida. Les céréales majoritairement cultivées à l’âge du Fer dans le Nord de la France n’étant pas panifiables (amidonnier, épeautre et orge vêtue), leur consommation s’est probablement effectuée sous forme de bouillie ou de galette. La farine a pu être stockée quelques jours dans des pots et des urnes culinaires de plus petite taille que les grands vases de stockage, directement au sein des maisons.
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La meule rotative permet de produire de la farine plus rapidement.
Fragment de galette de céréales, Villeneuve-d’Ascq (Nord).
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Dolium destiné au stockage, Ier siècle avant notre ère, Villeneuve-Saint-Germain (Aisne).
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ÉVOLUTION DU STOCKAGE ENTRE LE VIE SIÈCLE ET LE IER SIÈCLE AVANT NOTRE ÈRE ET LA GESTION ÉCONOMIQUE DES SURPLUS Au VIe siècle avant notre ère le stockage est majoritairement effectué dans des greniers surélevés. Tous les habitats de la fin du premier âge du Fer (période dite de Hallstatt) comportent des greniers, les silos étant alors très minoritaires : on compte généralement entre trois et cinq greniers pour un silo. Certains sites ont livré de véritables batteries de greniers (Bazancourt « Pomacle » dans la Marne ou Bucy-le-Long « le Grand Marais » dans l’Aisne) qui correspondent à la centralisation des récoltes par l’élite, en vue de leur redistribution dans un processus socio-économique de clientélisme. Au siècle suivant, les effectifs des greniers et des silos sont généralement équivalents, certains habitats préférant les uns plutôt que les autres, sans déterminisme environnemental. C’est aux IVe et IIIe siècles avant notre ère que le stockage alimentaire devient le plus visible avec la création de grandes batteries de silos pouvant accueillir jusqu’à cent cinquante structures d’ensilage, comme à Menneville « la Bourguignotte » (Aisne). Ces batteries de silos, distantes les unes des autres de 8 à 10 km, contiennent généralement très peu de mobilier et les sédiments de comblement des structures ne sont pas anthropisés, confirmant leur éloignement des habitats producteurs contemporains. Il est probable que ces installations spécifiques au stockage soient dépendantes de plusieurs sites de production, leur implantation en fond de vallée résultant de la volonté de rapprocher les stocks supra-communautaires des voies terrestres et fluviales de
circulation. Le IIe siècle avant notre ère est caractérisé par une implantation assez diversifiée des habitats, qu’ils soient ouverts ou enclos, en fond de vallée, sur les pentes ou les plateaux. On enregistre encore quelques batteries de silos au début du IIe siècle avant notre ère, comme à Betheny « les Equiernolles » (Marne), mais la seconde moitié de ce siècle est caractérisée par une nette raréfaction des structures de stockage, alors que le nombre de sites est en constante augmentation et que le climat s’améliore sensiblement. C’est vers 120 avant notre ère qu’apparaissent les premiers oppida dans le Nord de la France. Ces sites sont de véritables villes fortifiées, avec quartiers d’habitations et quartiers artisanaux. Dans les sites ruraux voisins, le stockage est alors assuré par quelques greniers, rarement des silos, et les capacités de conservation des productions végétales semblent assez dérisoires. Elles ne concernent probablement que les besoins des habitants du site et celui des semences. La part excédentaire des récoltes n’est plus visible archéologiquement. Parmi les hypothèses qui peuvent être avancées, la plus pertinente est celle d’un transport rapide des surplus vers les oppida consommateurs, sans stockage préalable dans les établissements ruraux producteurs. Dans les villes, la conservation des productions végétales (et animales ?) pourrait avoir été pratiquée dans de grands bâtiments, du type « granges », tels que ceux qui ont été identifiés dans le cadre de fouilles de grande superficie sur les oppida de Villeneuve-Saint-Germain (Aisne) et de Manching (Bavière).
Les surplus alimentaires et les sous-produits de l’élevage (cuir, toisons, laine, fromages, ...) produits par les fermes étaient convoyés vers d’autres habitats dans des chariots tractés par des animaux, ou portés par des animaux de bât. Les cheptels pouvaient être conduits sur pieds. Sur des chemins gaulois, on a découvert des traces profondément ancrées dans le sol qui témoignent de passages répétés de véhicules de transport. À la ville ou dans les agglomérations, les productions font probablement l’objet d’un marché, dont toute ou partie des transactions étaient réglées en numéraire comme le souligne le développement de la monnaie à cette période, le troc demeurant possible. C’est certainement dans de telles occasions que les forgerons des fermes se procuraient la matière première nécessaire à leur activité. Le nord-ouest du Bassin parisien est pauvre en minerai de fer, aussi des réseaux d’échanges à moyenne ou longue distance, depuis d’autres régions productrices, avaient cours. L’étude des activités de forge et de leur organisation régionale à la fin de la période gauloise a montré que les oppida et certains villages ouverts étaient des centres de redistribution. Les forgerons des fermes alentours devaient donc s’y approvisionner. Les villes étaient, elles aussi, soumises aux contraintes d’acheminement du métal et devaient être ravitaillées durant la belle saison. Contrairement à la voie terrestre, impraticable en période humide et neigeuse, la voie fluviale semble être la plus propice à cet acheminement car elle est plus adaptée aux cargaisons pondéreuses. Toutefois, il n’était probablement pas question d’affronter les crues de
fin d’automne, ni de se risquer à la baisse du niveau d’eau de la période estivale. Ainsi, la navigation devait être importante au printemps et au début de l’automne. L’organisation de ces échanges est difficile à restituer pour les périodes protohistoriques. Le fer semble avoir une valeur commerciale importante étant donné la présence de très nombreux lingots déposés et sacrifiés dans l’enceinte des sanctuaires, aux côtés des armes et des restes de sacrifices animaux et humains, comme à Thézy-Glimont (Somme) ou encore à Gournay-sur-Aronde et Saint-Just-en-Chaussée (Oise). Cette valeur varie suivant la qualité du métal. En effet, l’investissement en temps et en savoir-faire dans la préparation en forge des lingots de fer de bonne qualité est non négligeable. Il fallait le chauffer et le battre longtemps, l’étirer pour ensuite le replier sur lui-même plusieurs fois en pratiquant des soudures. Cette mise en œuvre était très gourmande en fer qui s’oxydait à la température et à l’air du foyer de forge. La qualité du métal était matérialisée par la forme finale du lingot, de sorte qu’un acheteur pouvait la reconnaitre à vue. Ces catégories de matière devaient alors représenter une valeur marchande différente. On achetait un type de fer en fonction de la production envisagée. Les fermes sans forgeron s’équipaient en produits finis sur ces « marchés » or un artisan pouvait également se déplacer dans la ferme voisine pour y pratiquer son art. Sans infrastructure pérenne, il travaillait en extérieur, dans un foyer confectionné au sol. Il venait avec ses outils, enclume, marteau pinces, ciseaux… Tout ceci n’était également envisageable qu’en période sèche.
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ÉCOULER LES PRODUCTIONS ET ACQUÉRIR DE LA MATIÈRE PREMIÈRE
Lingot de fer, Glisy (Somme) à partir de cette matière première, le forgeron fabriquait ses objets.
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Creusets de bronzier et coulures de bronze, Saint-Quentin (Aisne).
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LE CHARBONNAGE C’est également à cette période de l’année que le forgeron ou des charbonniers préparaient le charbon de bois nécessaire au travail de la forge car ce dernier nécessite un combustible dont le pouvoir calorifique est beaucoup plus élevé que celui du bois sec. Grâce au charbon de bois, le forgeron pouvait atteindre les températures suffisantes pour déformer le fer par martelage. Il existait donc une activité importante de charbonnage, probablement, mais pas nécessairement, au plus près de la ressource en bois. Le charbon de bois peut être produit simplement à l’étouffée, généralement au printemps ou en été, lorsque la terre est aisée à travailler. Cette activité a laissé peu de traces archéologiques, cependant quelques exemples permettent d’envisager l’usage de charbonnières en meule. À Travecy-Tergnier (Aisne), plusieurs fosses circulaires de deux à trois mètres de diamètre et d’une faible profondeur présentent une surface rubéfiée irrégulière et un remplissage cendreux. Leur répartition et leur morphologie en font de bons exemples de charbonnières pour l’époque augustéenne (27 avant notre ère à 14 de notre ère). Des structures semblables ont aussi été découvertes au cours des fouilles de l’A28 aux alentours du Mans sur le site de La Bazoges et sont datées de la seconde moitié du second âge du Fer.
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Reconstitution d’un atelier de forge, archéosite des Gaulois d’Esse (Charente).
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Amphore à vin, Variscourt (Aisne).
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Le calendrier de Coligny partage, nous l’avons vu, l’année gauloise en deux périodes : l’une sombre et l’autre claire. La saison sombre commence avec Samain ; Samonios en langue gauloise est aussi le nom de l’une des quatre fêtes celtiques importantes. Elle avait lieu aux alentours du premier novembre, et marque la fin de l’année et le début de la nouvelle, la fin de la saison claire et le début de la saison sombre. Elle revêt une réelle importance pour les Celtes puisqu’elle est mentionnée sur le calendrier de Coligny : Tri nox Samoni (les trois nuits de Samain), durant le mois de samonios. La fête suivante, Imbloc a lieu vers le 1er février, au mois d’anagantios selon le calendrier de Coligny. Vient ensuite le pendant de Samain, Beltaine, qui a lieu au Ier mai, le mois de giamonios. C’est le passage de la saison sombre à la saison claire. La dernière a lieu au début du mois d’août pendant la période des récoltes. Selon les saisons, chacune de ces fêtes aurait donné lieu à des cérémonies présidées par les druides. C’est durant celle de Samain que d’importants banquets rituels auraient pris place mais ils sont également envisageables lors des trois autres grands moments de festivités. Les vestiges archéologiques liés à ces banquets se traduisent par la spécificité de certains assemblages osseux : sélection des morceaux et découpe de grosses pièces de viande. Couplés aux estimations des âges d’abattage dans un intervalle ne dépassant pas le trimestre, ces enseignements permettent de proposer des consommations extraordinaires à certains moments de l’année, où bœuf, porc, mouton et chèvre sont impliqués dans des proportions
Rythme d’abattage des trois espèces domestiques principales suivant les saisons (d’après les stades d’usure des dents), Souppes-sur-Loing (Seine-et-Marne). % d'abattus
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C’est sur ces cérémonies porteuses d’espoir de futures récoltes abondantes durant lesquelles des sacrifices étaient consentis, ou moment de festivité pour fêter le renouveau de la nature, ou bien de réjouissances pour le retour à la lumière, ou encore de festins pour honorer la générosité de la nature que ce clôt cette courte évocation de la saisonnalité des campagnes gauloises.
35 30 25 20 15 10 5
hiver
été
automne
hiver
quatrième année
printemps
été
automne
hiver
troisième année
printemps
été
automne
hiver
deuxième année
printemps
été
automne
hiver
première année
printemps
été
automne
printemps
0
cinquième année
Nul ne sait si durant ces agapes, un barde était accroché à un arbre …
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variables suivant les lieux et la nature des fêtes. Que ce soit au printemps, au moment où la nature s’éveille et que les travaux agricoles reprennent, à la fin de l’été, lors des récoltes, ou au début de l’hiver, lorsque les activités agricoles rentrent dans leur phase de repos, où l’on passe de la saison claire à la saison sombre, des pratiques de consommation collectives impliquant un grand nombre de pièces de viande prélevées sur des animaux sélectionnés sont avérées. La fête de Samain correspond, par ailleurs, au pic d’abattage des porcs (automne de leur seconde année), ce qui assurait une manne importante en viande fraîche pour les festins et autres banquets, sans contrainte de stockage préalable. Parallèlement, certains animaux sont probablement sacrifiés, déposés au fond d’une fosse. Ces pratiques renvoient alors à des rituels propitiatoires chtoniens, où l’association entre animal et silo plus spécifiquement, est lourde de sens puisqu’elle exprime la combinaison des ressources carnées et végétales. Lors de la fête des feux de Beltaine (Ier mai), des festivités devaient regrouper une foule impressionnante. La consommation alimentaire devait y être considérable, à un moment de l’année suivant de près les difficiles temps de soudure d’une année à l’autre (fin de l’hiver et début du printemps), ce qui illustre clairement l’importance déterminante du stockage. Les produits alimentaires végétaux semblent être abondamment consommés, c’est du moins ce que laisse supposer les nombreux vestiges de meules brisées volontairement puis déposées dans des fosses ou des fossés. Lors de ces festivités le vin était aussi consommé en abondance comme en témoigne la découverte d’amphores dans quelques établissements ruraux de Picardie comme à Glisy (Somme), cependant elles sont présentes en bien plus grand nombre dans les sanctuaires. Dans ces espaces cultuels, après des consommations massives de vin, le col de certaines amphores était « sabré » d’un coup de lame, les panses brisées et l’ensemble déposé dans des fosses.
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LE TEMPS DES FÊTES
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Seau à garniture de bronze, Thugny-Trugny (Ardennes).
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Seau à garniture de fer, Acy-Romance (Ardennes).
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Gril, Actiparc (Pas-de-Calais).
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Vase peint aux chevaux, Eterpigny (Somme).
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Collier torsadé en fer, Poulainville (Somme).
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Grand fer de lance, Poulainville (Somme).
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POUR LA JEUNESSE
POUR TOUS
Cohat Yves, Nougier Louis-René, Brochard Pierre, Au temps des Gaulois, Paris, Hachette Jeunesse, 2006 (Coll. La vie privée des Hommes).
Brun Patrice et Ruby Pascal, L’âge du fer en France. Premières villes, premiers états celtiques, Paris, La Découverte, 2008.
Coulon Gérard, Des Gaulois aux Gallo-Romains, Paris, Gallimard 2008, (coll. Les yeux de la découverte).
Buchsenschutz Olivier, Les Celtes de l’âge du Fer, Paris, Armand Colin, coll. « civilisations », 2007.
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César (BG) : César. La Guerre des Gaules, texte traduit par L.-A. Constans, introduction de P. Fabre. Paris : Les Belles Lettres, 1950, XXVI-368 p. (Collections Les grandes œuvres de l’Antiquité classique). Palladius : De agricultura, Traité d’agriculture/opus agriculturae, éd. J.-C. Schmitt, Teubner, Leipzig, 1898. Pline l’Ancien : Pline l’Ancien. Histoire naturelle, traduit par A. Ernout. Paris : Les Belles Lettres, 1947-1998 (Collection des universités de France, Série latine). Strabon : Strabon. Géographie, traduit par R. Baladié. Paris : les Belles Lettres, 1996, VIII-298 p. (Collections des universités de France. Série grecque ; 373).
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BIBLIOGRAPHIE DES RÉFÉRENCES CITÉES DANS LE CATALOGUE
Tacite : Tacite. Annales, tome I, livres I-III, texte établi et traduit par P. Wuilleumier. Paris : les Belles Lettres, 1974-1994 (Collection des université de France. Série latine ; 18).
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TABLE DES ILLUSTRATIONS ET CRÉDITS Première de couverture : Scène de labour © B. Clarys Quatrième de couverture : Soc d’araire, original en chêne, Chevrières (Oise) ; fouille V. Bernard, L. 49 cm x 10,5 x 7,5 cm © Musée Antoine Vivenel, Compiègne (France) / S. Lancelot, Inrap Page 7 : Détail de l’évocation d’un paysage gaulois aux portes d’Amiens © B. Clarys Page 12 : Photographie aérienne, Bray-lès-Mareuil (Somme) © R. Agache, Drac de Picardie Page 13 : Carte des fermes gauloises © Coll. Base Fer / Inrap Page 14 : Tombe de Boves (Somme) ; fouille S. Gaudefroy, Inrap. Crochet de ceinture en bronze : L.7, 6 cm ; bracelets en bronze Ø. 7,9 cm et Ø. 6,6 cm (fragment) ; collier de perles : verre, lignite, ambre et os, Drac de Picardie, service régional de l’archéologie © S. Lancelot, Inrap ; - Pince à épiler en fer, Glisy (Somme) ; fouille S. Gaudefroy, Inrap, H. 15 cm, Drac de Picardie, service régional de l’archéologie © S. Lancelot, Inrap ; - Fibules en fer, Glisy (Somme) ; fouille S. Gaudefroy, Inrap, Drac de Picardie, service régional de l’archéologie © S. Lancelot, Inrap Page 15 : Scène de toilette © B. Clarys Page 16 : Calendrier en bronze de Coligny (Ain) © Musée gallo-romain de Lyon Fourvière / C. Thioc et J.-M. Degueule Page 17 : Détail du calendrier de Coligny (Ain) © Musée gallo-romain de Lyon Fourvière / C. Thioc et J.-M. Degueule Page 18 et 19 : Restitution d’un paysage hivernal à l’époque gauloise aux portes d’Amiens © B. Clarys Page 20 : Pollens des milieux forestiers © M. Boulen, Inrap ; Pollens des milieux anthropisés © M. Boulen, Inrap ; - Hache à emmanchement à douille, Ribemont-sur-Ancre (Somme), L. 10,6, l. tranchant 6,6, L. 10,4, l. tranchant 6,1 cm © M. Bourguet /Dépôt du Conseil général de la Somme au Musée de Picardie à Amiens ; - Herminette, Mondeville (Calvados) ; fouille C.-C. Besnard-Vauterin, L. 13,5 x 5,5 cm © Musée de Normandie-Ville de Caen / O. Caillebotte-Arciveuro Page 21 : Fossé du site de Glisy « Les Terres de Ville » (Somme) ; fouille S. Gaudefroy, Inrap © S. Gaudefroy, Inrap ; - Photographie aérienne du site de Glisy « Le Bois du Canada » (Somme) ; fouille S. Gaudefroy, Inrap © A. Boucher Page 22 : Fossé du site Glisy « Les Quatorze » (Somme), en cours de fouille © S. Gaudefroy, Inrap Page 23 : Photographie aérienne de Glisy « Les Quatorze » (Somme) © Artemia-Environnement/Inrap - Aménagement des parois d’un fossé © O. Carton, Inrap Page 24 et 25 : Plan d’ensemble des sites fouillés sur la commune de Glisy (Somme) © S. Gaudefroy, Inrap Page 26 : Umbo de bouclier, Glisy « Les Champ Tortus » (Somme) © Stéphane Lancelot, Inrap ; fouille A. Gapenne, Inrap, L. 36 cm, Drac de Picardie, Service régional de l’archéologie Page 29 : Reconstitution d’un bâtiment sur sablières basses et poteaux porteurs au parc de Samara © S. Gaudefroy, Inrap Page 30 et 31 : Reconstitution d’un bâtiment sur sablières basse et poteaux porteurs au parc de Samara © L. Moignet/Parc Archéologique de Samara Page 32 : 1. Hache à douille, Sermoise (Aisne) ; fouille F. Gransar, Inrap, 10,5 x 7,5 x 3 cm © CCE de Soissons 2. Herminette, Mondeville (Calvados) ; fouille C.-C. Besnard-Vauterin, L. 13,5 x 5,5 cm © Musée de Normandie-Ville de Caen / O. Caillebotte-Arciveuro 3. Scie, Villeneuve-Saint-Germain ; fouille M. Debord, L. 20,8 cm x 3,2 x 0,2 cm © Musée de Soissons / M. Minetto 4. Plane, Villeneuve-Saint-Germain ; fouille M. Debord, L. 22,9 cm x 5,3 x 3,3 cm © Musée de Soissons / M. Minetto Page 33 : - Empreinte de poteau, Poulainville (Somme) © F. Malrain, Inrap - Charbons de chêne et de noisetier © S. Coubray, Inrap Page 34 : Bâtiment de Glisy « Les Champ Tortus » (Somme) ; fouille A. Gapenne, Inrap © S. Gaudefroy, Inrap Page 35 : Reconstitution d’un bâtiment à toiture en bardeaux de chêne. Chantier naval de Pont-Rémy (Somme).© S. Gaudefroy, les Ambiani Page 36 : Restitution du chaudron de la sépulture aristocratique de Cizancourt/Licourt (Somme) Chaudron, bronze et fer ; fouille Ph. Lefèvre, réalisation J.-M. Gillet. Crémaillère, réalisation R. Harris © S. Gaudefroy, Inrap ; - Fourchette à chaudron de Bucy-le-Long (Aisne) ; fouille S. Desenne, Inrap, 74 x 10,7 x 3,7 cm © Musée de Soissons / M. Minetto Page 37 : Scène de repas gaulois © B. Clarys Page 38 : Landiers, Poulainville (Somme) ; fouille N. Buchez, Inrap, 46,3 x 36,4 et 52 x 37 cm, Drac de Picardie, Service régional de l’archéologie © S. Lancelot, Inrap Page 39 : Vaisselle en céramique, Poulainville (Somme) ; fouille F. Malrain, Inrap, Drac de Picardie, Service régional de l’archéologie © S. Lancelot, Inrap Page 41 : Plan des sites de Saint-Quentin (Aisne) © P. Lemaire, Inrap Page 42 : Plan interprété de la ferme de Vermand (Aisne) © P. Lemaire, Inrap Page 43 : Plan de l’atelier de forge du site de Ronchères (Aisne) © F. Malrain, Inrap Page 44 : Marteau, Ribemont-sur-Ancre (Somme), L.13,6 cm © M. Bourguet / Dépôt du Conseil général de la Somme au Musée de Picardie Amiens ; - Serpe, Dompierre-sur-Authies (Somme), 24,3 x 4,5 x 2 cm © Musée d’Opale Sud, Berck-sur-Mer / G. Dilly Page 45 : Photographie aérienne, Bray-lès-Mareuil (Somme) © R. Agache, Drac de Picardie Page 45 : Moutons Soay © S. Barnes, Cranborne Ancient Technology Centre (Dorset, Great Britain) - Faux, Acy-Romance (Ardennes) ; fouille, B. Lambot, 56,5 x 16,5 x 4,4 cm © Musée de l’Ardenne. Ville de Charleville-Mézières / Lisa Maronnier ; - Faux, Mondeville (Calvados) ; fouille C.-C. Besnard-Vauterin, L. 46,3 cm © Musée de Normandie-Ville de Caen / O. Caillebotte-Arciveuro Page 46 : Lest de filet, Boves (Somme) ; fouille S. Gaudefroy, Inrap, Lg. 11, lg. 9,6, ép. 2.6, poids 330 g, Drac de Picardie, Service régional de l’archéologie © S. Gaudefroy, Inrap - Restes de poissons, Acy-Romance (Ardennes) ; fouille, B. Lambot © P. Méniel, CNRS Page 47 : Animaux consommés par les Gaulois, par ordre de fréquence © S. Gaudefroy, Inrap - Distribution des âges d’abattage des porcs à Acy-Romance (Ardennes) © P. Méniel, CNRS - Crâne de truie gauloise © P. Méniel, CNRS
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- Gravure de porc du XIXe, d’après Jamet E., 1864, Race porcine d’Ille-et-Vilaine. Journal d’agriculture pratique, Paris, Maison agricole de la maison rustique, 1864, 1, p. 17-19
- Atelier à sel de Gouy-Saint-André (Nord-Pas-de-Calais) © A. Masse CDA-CG62 Page 49 : Reconstitution à Samara du four à sel de Pont-Rémy (Somme) © D. Bossut, Inrap - Pelle en bois, Sorrus (Pas-de-Calais) ; fouille Y. Desfossés, L. 73,5, l. 20 cm © Musée d’Opale Sud, Berck-sur-Mer / G. Dilly Page 50 : Couvercle en bois, Sorrus, (Pas-de-Calais) ; fouille Y. Desfossés, Ø. 56, Ep. 5 cm © Musée d’Opale Sud, Berck-sur-Mer / G. Dilly Page 51 : Mors de cheval, Ronchères (Aisne) ; fouille F. Malrain, Inrap, L. 24 cm, l. 13 cm, Drac de Picardie, Service régional de l’archéologie © S. Lancelot, Inrap Page 52 : - Socs d’araire : Villeneuve-Saint-Germain; fouille M. Debord, L. 20,1 cm x 12,4 cm © Musée de Soissons / M. Minetto ; Acy-Romance (Ardennes) ; fouille B. Lambot, l.5,2 x 8,2 cm © Musée de l’Ardenne. Ville de Charleville-Mézières / Lisa Maronnier ; Ribemont-sur-Ancre L. 12,4 cm et L. 11,7 cm © M. Bourguet / Dépôt du Conseil général de la somme au Musée de Picardie Amiens ; - Métapodes de bœuf : normal à gauche, extrémité déformée par le travail à droite (Wissous, Essonne) ; fouille J.-P. Quenez, Inrap, étude G. Auxiette, Inrap © S. Lancelot, Inrap
LES CAMPAGNES GAULOISES AU FIL DES SAISONS
Page 48 : Grille d’un four à sel, Arras (Pas-de-Calais) ; fouille G. Prilaux et A. Jacques © V. Fautrez
Page 53 : Dessin de l’araire en chêne, Chevrières (Oise) © V. Bernard/CNRS ; - Pièce métallique en fer (reille), Croixrault (Somme) ; fouille S. Gaudefroy, Inrap, L. 58 cm. Drac de Picardie, Service régional de l’archéologie © S. Lancelot, Inrap ; - Brise-motte, Chevrières (Oise), original en bois, copie en résine ; fouille V. Bernard, CNRS, L. 24 x 22 x 4,5 cm © Musée Antoine Vivenel, Compiègne (France) / S. Lancelot, Inrap ; - Socs d’araire emboités, Villeneuve-d’Ascq (Nord) ; fouille P. Quérel, Inrap, L 14,3 x 7,5 cm. Drac Nord Pas-de-Calais, Service régional de l’archéologie © S. Lancelot, Inrap Page 54 : Calendrier des semis, d’après F. Toulemonde 2013, complété Page 55 : 1 et 2. © V. Zech, CNRS ; 3. © F. Toulemonde ; 4. Cultures expérimentales, île de Saint-Germain, Paris © Aubry LAURENT, Arvalis, Institut du végétal Page 56 : Analyse factorielle des correspondances © V. Zech, CNRS Page 57 : Cartes des productions © V. Zech, CNRS Page 58-59 : Restitution du paysage gaulois sur la commune de Glisy en période estivale © B. Clarys Page 60 : Bêche ferrée, La Courbe (Orne) ; fouille C. Peuchet © Musée de Normandie. Ville de Caen / H. Paitier, Inrap Page 61 : Scène de labour © B. Clarys Page 62 : Forces, Poulainville (Somme) ; fouille F. Malrain, Inrap, 24 x 3,3 cm. Drac de Picardie, Service régional de l’archéologie © M. Minetto/Musée de Soissons et Ribemont-sur-Ancre (Somme), L. 21,8 cm. © M. Bourguet / Dépôt du Conseil général de la Somme au Musée de Picardie, Amiens ; - Fonctionnement d’une fusaïole © O. Carton, Inrap ; - Fusaïole, Glisy (Somme) ; fouille S. Gaudefroy, Inrap, Ø. 4 cm, Drac de Picardie, Service régional de l’archéologie © S. Lancelot, Inrap Page 63 : Pesons en terre cuite © Service archéologique de la ville d’Arras/ M. Redouane ; - Restitution de métier à tisser vertical à quatre barres de lisse et pesons © S. Gaudefroy, les Ambiani Page 64 : Couteaux en fer, Saint-Laurent-Blangy (Pas-de-Calais) ; fouilles A. Jacques © Service archéologique de la ville d’Arras / M. Redouane - Dépôt de restes de consommation avec de nombreux agneaux, Vermand (Aisne) ; fouille P. Lemaire, Inrap © P. Lemaire, Inrap Page 65 : Inhumation de cheval, Pontpoint (Oise) © F. Malrain, Inrap Page 66 : Faucille, Fleury-sur-Orne (Calvados) ; fouille L. Paez-Rezende, Inrap, L. 23 cm © Musée de Normandie. Ville de Caen / O. Caillebotte – Archiveuro ; - Fauchard, Ifs (Calvados), L. 34,2, l. 5,5 cm © Musée de Normandie - Ville de Caen / H. Paitier Inrap Page 69 : Sites de Villeneuve-d’Ascq (Nord) © C. Deflorenne et P. Quérel, Inrap Page 70 : Silo à céréales dans lequel deux corps ont été inhumés, Vénizel (Aisne) ; fouille F. Gransar, Inrap © S. Desenne, Inrap Page 71 : Scène de stockage © B. Clarys Page 73 : Photographie aérienne, Péronne (Somme) ; fouille D. Lamotte, Inrap © V. Thellier, AéroPhotostudio - Coupe d’un silo Péronne (Somme) ; fouille D. Lamotte, Inrap © D. Lamotte, Inrap - Epis de blé amidonnier © M. Derreumaux, Cravo Page 75 : Reconstitution d’un grenier surélevé à quatre poteaux © Asnapio, Villeneuve-d’Ascq (Nord) Page 76 : Meules rotatives © O. Carton, Inrap - Fragment de galette de céréales, Villeneuve-d’Ascq (Nord) ; fouille P. Quérel, Inrap © D. Bossut, Inrap Page 77 : Dolium, Villeneuve-Saint-Germain (Aisne) ; fouille M. Debord, Ø. 50cm, H 55 cm © Musée de Soissons / M. Minetto Page 79 : Lingot de fer, Glisy (Somme) ; fouille A. Gapenne, Inrap, H. 14,7 cm. Sect. 6,5 x 5,8 cm, 1685 g, Drac de Picardie, Service régional de l’archéologie © S. Lancelot, Inrap - Creusets de bronzier et coulures de bronze, Saint-Quentin (Aisne) ; fouille P. Lemaire Inrap, L. 12cm © D. Bossut, Inrap Page 81 : Reconstitution d’un atelier de forge, archéosite des Gaulois d’Esse (Coriobona, Charente) © Emmanuelle Cressent Page 82 : Amphore à vin, Variscourt (Aisne) ; fouille, P. Pion, H.104, Ø. 28 cm © Musée de Soissons / M. Jeanneteau Page 83 : Rythme d’abattage des trois espèces domestiques principales suivant les saisons, Souppes-sur-Loing (Seine-et-Marne) ; fouille J.-M. Séguier, Inrap © G. Auxiette, Inrap Page 84 : Seau à garniture de bronze de Thugny-Trugny (Ardennes) ; fouille B. Lambot, Ø 30 cm, H. 30 cm © Musée de l’ardenne. Ville de Charleville-Mézières / Lisa Maronnier Page 85 : Seau à garniture de fer, Acy-Romance (Ardennes). fouille B. Lambot, Ø 19 cm, H 18 cm © Musée de l’ardenne. Ville de Charleville-Mézières / Lisa Maronnier Page 86 : Gril de Saint-Laurent-Blangy ; fouilles A. Jacques (SAM) et G. Prilaux, Inrap © Service archéologique de la ville d’Arras/ M. Redouane Page 87 : Vase peint aux chevaux, Eterpigny (Somme) ; fouille D. Lamotte, Inrap, Drac de Picardie, Service régional de l’archéologie © S. Lancelot, Inrap Page 88 : Collier torsadé en fer, Poulainville (Somme) ; fouille F. Malrain, Inrap, Ø 20 cm, Drac de Picardie, Service régional de l’archéologie © S. Lancelot, Inrap
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Page 89 : Grand fer de lance, Poulainville (Somme) ; fouille F. Malrain, L. 44, l. 5,5 cm, Inrap, Drac de Picardie, Service régional de l’archéologie © S. Lancelot, Inrap
Dos de couverture : Araire en chêne, Chevrières (Oise).
ISBN 9782908095463 EAN 9782908095463 15 €