Notice PFE : Nouveau Cœur de ville - Projet de réhabilitation de l'amphithéâtre gallo-romain d'Arles

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N O U V E A U D E V I L L E

C Œ U R

Projet de réhabilitation de l’amphithéâtre gallo-romain d’Arles

UNIT

UE101C - PROJET 10 PFE - Métamorphoses DE.MEM DUFIEUX P. TUT.SEP CHAVARDES B.

SRC

MARCH ARCH

S10 DEM AHD 19-20 Promo


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NOUVEAU

CŒUR

DE

VILLE

Pr o j e t d e r é h a b i l i t a t i o n d e l ’a m p h i t h é â t r e g a l l o - r o m a i n d ’A r l e s

Sibylle Thubert

Sous la direction de Benjamin CHAVARDES

ÉTUD. THUBERT Sibylle UNIT UE101C - PROJET 10 PFE - Métamorphoses

SRC

DE.MEM TUT.SEP

DUFIEUX P. CHAVARDES B.

MARCH ARCH

S10 DEM AHD 19-20 Promo


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Remerciements

Mes études d’architecture ont toujours été rythmées par la volonté de questionner notre rapport à la culture. J’y ai alors réalisé des projets en tout genre : scénographie pour des expositions, insertions de panneaux d’annonces culturelles dans un mobilier urbain, réalisations de projets qui prenaient leur essence même dans l’histoire du lieu. Mon rapport d’étude questionnait déjà la volonté d’intervenir dans notre patrimoine bâti.

Je tiens avant toute chose à remercier les personnes qui ont été essentielles dans mon parcours. Je commence donc naturellement par mes parents qui ont été d’un véritable soutien durant ma scolarité. Je remercie également le corps enseignant des Écoles Nationales Supérieures d’Architecture de Montpellier et de Lyon. Je remercie à ce titre tout particulièrement le Professeur Philippe DUFIEUX, et Monsieur Benjamin CHAVARDES, dont l’accompagnement a été d’une grande richesse.

Il y a un peu plus d’un an, j’ai commencé la rédaction de mon mémoire. Celui répondait à la question de l’intervention sur l’existant mais cette fois-ci en s’appuyant sur un patrimoine particulier : les amphithéâtres gallo-romains. C’est donc tout naturellement, que mon choix s’est porté sur l’amphithéâtre gallo-romain d’Arles pour y proposer un projet dans le cadre de mon PFE.

Ce projet n’aurait pu voir le jour sans l’apport précieux des documents fournis par la Direction du Service du Patrimoine de la ville d’Arles. Je leur en suis très reconnaissante. Je termine mes remerciements par ceux portés à mon fiancé, Martin LAUREAU pour son soutien indéfectible qui m’a été d’une très grande aide.

Cet écrit présente toute la réflexion autour de mon projet d’intervention sur les arènes, de l’analyse à la présentation succincte de ce dernier.

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Introduction Patrimoine, nom masculin 1 : Ce qui est considéré comme un bien propre, une richesse. Ce qui est considéré comme l’héritage commun d’un groupe La première définition implique que le patrimoine appartienne à quelqu’un, une personne physique ou morale. Il y a donc une relation, quelle qu’en soit sa nature, entre l’objet et son propriétaire. La notion de richesse nous indique que l’objet appelé patrimoine n’est pas simplement une propriété, mais un bien singulier qui constitue une fierté, suscite l’intérêt ou la curiosité, et peut être un symbole. En un mot, un objet auquel on accorde de l’importance.

voir la précédente. De plus, aujourd’hui, ces édifices sont gérés par des entités (communes, régions, état) mettant ainsi à distance les habitants de leurs monuments. La vie évolue, la culture change, le patrimoine bâti devient un patrimoine à protéger et à sauvegarder. Pendant des siècles, la notion de patrimoine se rapportait à un bien propre dont on avait hérité. On pouvait alors l’utiliser, le transformer, le faire évoluer, l’adapter au progrès et au besoin. L’Antiquité, le Moyen-Âge, la Renaissance, les époques se sont succédées en s’appropriant ce qui avait été laissé par les ancêtres. Le présent s’appuyait sur le passé pour créer le futur.

La deuxième définition nous donne des précisions sur l’origine des “biens propres”. Elle inclut le fait que la possession d’un patrimoine est possible grâce à une histoire, à une filiation. Elle précise même que cette filiation n’est pas l’affaire d’une personne, mais celle d’un groupe.

Les interventions sont, aujourd’hui restreintes par peur d’abîmer le patrimoine matériel et donc l’Histoire. Les projets novateurs sont donc éphémères et rendent impossible l’appropriation durable de l’édifice par les habitants des villes.

En 1840, la première liste des monuments historiques français est établie. De cette liste vont découler des réglementations, des actions qui vont générer une véritable rupture. Le patrimoine sanctuarisé est figé dans son état originel, quitte à détruire des traces d’une époque plus récente pour

Dans ce contexte, une véritable question se pose :

Comment permettre à une ville de se ré-approprier son patrimoine tout en le préservant ?

1

Dictionnaire Larousse

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Introduction

Mon analyse concerne la ville d’Arles, et plus précisément son amphithéâtre gallo-romain. Cette ville, nommée dans l’Antiquité “La petite Rome”, possède un patrimoine unique dont les arènes font partie. Celui-ci témoigne d’une prospérité longue de plusieurs siècles.

L’amphithéâtre retrouve alors son aspect “originel”. Il semble pourtant abandonné à lui-même.

C’est au premier siècle après J-C que l’amphithéâtre est construit suite à la création de la colonie romaine d’Arelate. On se rend à l’amphithéâtre pour assister aux chasses et aux combats d’animaux. L’après-midi, c’est une foule exitée et passionnée qui se précipite dans les gradins de l’amphithéâtre dans l’espoir de trouver la meilleure place pour voir les stars du jour : les gladiateurs. Les arènes sont au cœur de la vie de l’ensemble de la société romaine, du consul à l’esclave, car tous peuvent y accéder.

Aujourd’hui, Arles “Ville d’art et de Culture” expose fièrement son amphithéâtre et le patrimoine immatériel qu’il représente. Mais en dehors des férias, l’édifice est oublié des Arlésiens. Situé au carrefour de plusieurs rues, il devient un rond point. Les arlésiens en oublient même son existence au quotidien.

En 1830, année de son classement au titre des monuments historiques l’amphithéâtre est à nouveau utilisé comme lieu de spectacle via la tauromachie.

Afin de résoudre la problématique, ce PFE s’attachera tout d’abord à présenter la ville d’Arles et son patrimoine unique. Il développera ce qui compose son patrimoine matériel, immatériel, et l’importance du tourisme dans l’économie globale de la cité. Dans un deuxième temps, l’objectif sera d’appréhender au mieux l’amphithéâtre, son architecture, son histoire, ses spécificités, ses forces et faiblesses. Enfin, dans une troisième partie, seront développés des axes de projets et de réflexions permettant aux arlésiens de se ré-approprier leur monument.

Au Vème siècle, la gladiature est abolie. Néanmoins, l’activité de la ville perdure grâce à son port important. Les conquêtes et les invasions sont nombreuses. Pour survivre, Arelate se réfugie dans son amphithéâtre. On y construit un château, trois tours de défense et deux chapelles. Les habitants viennent progressivement s’y installer. En 1825, le maire d’Arles décide la destruction des 214 habitations qui le recouvrent.

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1

UNE VILLE AU PATRIMOINE M U LT I P L E

I.1. Patrimoine matériel: une ressource historique, culturelle et économique.............. 13

I.1.a. De Arelate à Arles.....................................................15 I.1.b. Des plans de sauvegarde nationaux et internationaux ....................................................................21 I.1.c. Ressources Naturelles .............................................27

I.2. Patrimoine immatériel .................................31

I.2.a. Le marché ..................................................................33 I.2.b. La culture taurine .....................................................35 I.2.c. Les rencontres d’Arles ..............................................41

I.3. Tourisme, première activité économique de la ville.......................................................................43

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UN SITE MONUMENTAL

3

U N P R OJ E T M I X T E AU RY T H M E D E L A V I L L E A R L É S I E N N E

II.1. Construction d’un édifice unique...............49 III.1. Connecter l’amphithéâtre, la ville et ses habitants.............................................................79

II.1.a. Qu’est ce qu’un amphithéâtre ?..............................51 II.1.b. Construction d’un monument millénaire..............53

II.2. Histoire de l’amphithéâtre d’Arles ..............59

II.2.a. Mise en scène de la gladiature................................60 II.2.b. Construction d’une forteresse.................................61 II.2.c. Patrimonialisation et cristallisation .........................63 II.2.d. Des projets éphémères.............................................63

III.1.a. De nouveaux espaces communs partagés........81 III.1.b. Une rampe isolante................................................83 III.1.c. Le marché, un lieu de sociabilité..........................85

III.2. Faire vivre l’inhabité....................................87 III.2.a. Habiter l’inoccupé..................................................89

III.2.b. Habiter le vide.........................................................93

II.3. Nécessité de projet......................................65 III.3. Mettre en lumière l’amphithéâtre.............95

II.3.a. Une situation stratégique.........................................67 II.3.b. État sanitaire : un édifice en reconstruction permanente...........................................................................69 II.3.c. Travaux de restauration..............................................71 II.3.c. Classement de l’édifice, classement multiple soumis à des réglementations...........................................75

9

III.3.a. Mise en lumière du patrimoine matériel...........97 III.3.b. Mise en lumière du patrimoine immatériel......99 III.3.c. Rendre visible autrement......................................101



I.

U N E V I L L E A U PAT R I M O I N E M U LT I P L E I . 1 . Pa t r i m o i n e m a t é r i e l : u n e r e s s o u r c e h i s t o r i q u e , c u l t u r e l l e e t é c o n o m i q u e I . 2 . Pa t r i m o i n e i m m a t é r i e l , p o r t e u r d ’é c o n o m i e I . 3 . To u r i s m e , p r e m i è r e a c t i v i t é é c o n o m i q u e d e l a v i l l e

11



I.1

PAT R I M O I N E M AT É R I E L R E S S O U R C E H I S T O R I Q U E , C U LT U R E L L E E T É C O N O M I Q U E

I.1.a. De Arelate à Arles I.1.b. Des plans de sauvegarde nationaux et internationaux I.1.c. Ressources Naturelles

13


Rhôn e

La Gaule narbonnaise, une succession de ports

Rhôn e Rô Rh hRn ôhe nôene RR Rn hh he ôô ône n e

Lugdunum

Vienna

Valentia

Arausio Avenio

Carpentoracte Apta

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0

e ee ti titi Os OsOs es e es s teirtiteirer OsVOsOsV V rsrsrs e VeVeVe Osti rs Ve

14

Os

Premier réseau exploité par Rome dès le IIème s.

Ve Ver rsVe s VeOrss Ost rstiOs ie VeOestie rsti Oes Ve ti 25 50 Vers e rs O Os st ti ie e

es eses ag agag rt rtrt eCsaeseCsaCa asgagasgs retrrtretrer CaVCaCaV V s e rsrsrs ag VeVeVe Cart eognoene ng goa ar a ra rs arsT Tarrr s Ts Ve r r r e e e V V V gnoene aoe rgn rao arg Tra TaTrar Vresrs VeVres e agon Tarr Vers

Réseau d’Agrippa (-39; -38)

rs

Autres voies gauloises et romaines

Ve

es

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Villes moins importantes

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Villes de grande taille

Ca

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Villes portuaires importantes

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Vers

Tolosa Tolosa Tolosa Tolosa Ve Tolosa rs Tolosa Ost ie Tolosa Carcaso Carcaso Carcaso Carcaso Carcaso Carcaso Carcaso Ruscino Ruscino Ruscino Ruscino Ruscino Ruscino Ruscino

Ve

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Ve

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Baeterrae

al

Arelate

Tolosa

Échanges commerciaux

Nicaea Arausio Arausio Arausio Aquae Forum Julii Arausio Sextiae Avenio Carpentoracte Avenio Carpentoracte Arausio Avenio Carpentoracte Avenio Carpentoracte Arausio Apta Apta Massilia Antipolis Arausio Antipolis Apta Carpentoracte Nemausus Avenio Nemausus AntipolisNicaea Apta Nemausus Antipolis Nicaea Carpentoracte Nemausus Avenio Nicaea Apta Arelate Carpentoracte Avenio Arelate Antipolis Nicae Aquae Arelate Aquae Nemausus Forum Julii Forum Julii Apta Aquae Arelate Baeterrae Forum Julii Nic Sextiae Baeterrae Antipolis Apta Sextiae Aquae Nemausus Forum Julii Baeterrae Antipolis Arelate Sextiae Nemausus Baeterrae Nic Sextiae Aquae Forum Juli Nic Arelate Massilia Baeterrae Massilia Sextiae Arelate Aquae Forum Juli Massilia Aquae Forum Juli Baeterrae Massilia Sextiae Mer Méditerranée Baeterrae Sextiae Massilia Massilia Massilia ie

Nemausus

Lugdunum Lugdunum Lugdunum Lugdunum Lugdunum Vienna Vienna Lugdunum Vienna Lugdunum Vienna Vienna Vienna Vienna Valentia Valentia Valentia Valentia Valentia Valentia Valentia Antipolis

100km

Méditerran MerMer Méditerranée Mer Méditerran Mer Méditerran Mer Méditerr Mer Méditerr Mer Méditerr


I.1.a.

De

Arelate

L’histoire de la ville d’Arles est intimement liée à la volonté humaine de maîtriser l’eau. La ville d’Arles située en amont de l’embouchure du Rhône, à l’endroit même où ce dernier se sépare en trois bras, fait de ce site un point stratégique. Dernière colline avant la mer, au milieu des marais, le site isolé est peuplé dès la préhistoire. . Genèse d’une cité resplendissante S’organise dès la fin du Vème siècle avant J-C, un port de commerce nommé Théliné. Alors sous l’occupation grecque, la cité a pour fonction de gérer le Rhône et d’approvisionner la ville de Massalia, l’antique Marseille. Le port évolue et devient une colonie grecque. La ville se développe selon un plan quadrillé, typique de l’urbanisme hellénistique. Au début du IVème siècle avant J-C, sous l’impulsion celte, la ville est à nouveau sous ascendance autochtone et ceci pendant près de trois siècles. Elle retrouve alors son nom “Arelate”, le site près de (are) l’étang (late).

à

Arles

C’est en 49 av. J-C, que Arles devient colonie romaine, suite à son aide apportée à Jules César dans la conquête de Marseille. Sous Octave, futur empereur Auguste, les habitants alors gaulois deviennent des citoyens romains. La cité se modifie pendant près de trois siècles, subissant des transformations majeures au travers de différents plans d’urbanisme. Preuve de son opulence, la ville se dote d’édifices caractéristiques d’une ville prospère de l’époque : un théâtre, des thermes, un cirque, un amphithéâtre, et des temples. Outre le fait qu’Arelate soit une cité romaine, ce sont ses ressources économiques et sa place stratégique qui lui permettent de se développer rapidement. La ville se trouvant à la confluence de trois axes de communication : le fleuve (Rhône), la mer (mer Méditerranée) et la route (la via Tolosa); elle est l’endroit où tout se passe dans la Gaule Narbonnaise. Elle sera appelée “la petite Rome gauloise” par le poète gallo-romain Ausone. La ville doit encore aujourd’hui son essor à la civilisation romaine. Les traces de cette époque florissante sont nombreuses. Notamment l’amphithéâtre qui fait l’objet de ce PFE.

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I.1.a.

De

Arelate

Arles : un port marchand de grande ampleur

Au Moyen-âge, Arles est une ville exposée au danger. Preuve en est la construction de plusieurs enceintes, au fur et à mesure de son développement. À Arles, les invasions sont nombreuses. Francs, Lombards, Wisigoths envahissent la cité, la pillent et la détruisent. La population diminue et la ville se renferme sur elle-même. Certains édifices romains sont détruits, d’autres sont entièrement transformés et abritent maintenant des maisons, châteaux, églises. Au Xème siècle, les derniers Maures quittent la cité qui retrouve ainsi stabilité et sécurité. Elle connaît une reprise de son économie et de sa démographie. La population s’installe à l’intérieur des remparts antiques, et doit changer d’organisation. Les remparts ne permettant pas aux 15 000 habitants de la cité de s’y réfugier, de nouveaux quartiers émergent à l’extérieur de l’enceinte. Nommés bourgs, ils sont organisés autour de la cité (aujourd’hui le centre historique).

à

Arles

Au XIIIème siècle de nouveaux remparts voient le jour. Ils protégeront les bourgs pendant la guerre de Cent Ans. L’activité du port reste la richesse majeure de la ville. Du XI au XIIIème siècle, Arles est une place commerciale très active. Des marchandises du monde entier y transitent. Sel, épices, poissons, poteries, cuirs, tissus, arrivent de toute la Méditerranée pour être distribués dans toute la France. Draps, métaux, peaux, bois, laine, produits alimentaires et bien d’autres, à l’inverse sont acheminés vers Arles pour être exportés dans tout le bassin méditerranéen. Sous l’influence du port de Marseille qui grossit lui aussi, la ville arlésienne demeure au Moyen-âge une place-forte de l’économie marchande.

16


I.1.a.

De

Arelate

Prise de conscience de son patrimoine

Arles continue à se développer et c’est au moment de la révolution industrielle que des changements majeurs s’opèrent. Prosper Mérimée crée la première liste des monuments historiques, dont les arènes d’Arles font partie. En 1825, le Baron de Chartrouse (1772-1843) alors maire d’Arles demande le dégagement de l’amphithéâtre et du théâtre. Pour que cela puisse se faire, il rachète les habitations, puis les fait détruire. En 1830, l’amphithéâtre, déjà bien désobstrué accueille sa première course de taureaux. Le théâtre, qui était lui aussi occupé par des habitations moyenâgeuses, est dégagé en 1833. Il retrouve, lui aussi, sa fonction de théâtre assez rapidement.

à

Arles

d’ouvriers viennent s’installer à Arles pour travailler dans les nouveaux ateliers du chemin de fer. La ville est raccordée à la ligne Paris-Lyon-Marseille en 1848 et devient une nouvelle destination pour les amateurs d’archéologie. Les années qui suivent vont être marquées par des classements successifs et la mise en place de plans de sauvegarde. Entre 1840 et 1860, l’ensemble des édifices romains et romans de la ville sont classés au titre des monuments historiques. Au XXème siècle, de grands travaux de sauvegarde et de restauration auront lieu suite aux deux guerres mondiales successives.

La ville est encore à l’époque, comme depuis l’Antiquité, un port important (13ème port sur le plan national). C’est le développement du chemin de fer qui change la donne, les voies maritimes et fluviales deviennent secondaires. Plusieurs centaines

La ville et la cité d’Arles, gravure de J. Peytret, 1660 ; médiathèque d’Arles, photo C.I.C.L.

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Morphogénèse de Arelate à Arles

0 100

300

600m

1er siècle après JC : Arelate

Moyen-Âge : extension des remparts d’Arles

1825: connexion au réseau ferré

2020 : une ville étendue et un centre vide

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I.1.a.

De

Arelate

Ville d’Art et de Culture

Arles est labellisé “Ville et Pays d’Art et d’Histoire” (VPAH) depuis 1986. Cette reconnaissance lui a donné les moyens humains et matériels nécessaires à la mise en valeur de la diversité de son patrimoine unique. Ses édifices antiques romains constituent un véritable trésor. Reconnus mondialement, ils sont inscrits au Patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis 1981, ce qui a permis à la ville d’entreprendre un Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV) de ses édifices romains. Les patrimoines matériels et immatériels de la ville participent grandement à sa renommée. Les édifices romains et romans sont admirés par des dizaines de milliers de touristes tous les ans. Férias, rencontres d’Arles, la Camargue Gourmande et d’autres, sont autant d’événements qui participent à la reconnaissance de la ville comme “ville d’Art et de Culture”. Le centre historique de la cité arlésienne s’est progressivement vidé de ses habitants, pour devenir un centre touristique et culturel.

19

à

Arles


Délimitation du secteur sauvegardé 54 hectares

L

0

50

100

h eR

ôn

e

200m

Zone secteur sauvegardé

Agrandissement zone sauvegardée

20

+ 38 hectares


I.1.b.

Des

plans de sauvegarde internationaux

Deux plans de sauvegarde ont été successivement mis en place au niveau du centre historique de la ville. Désormais, le secteur sauvegardé arlésien s’étend sur 92 hectares et regroupe les quartiers suivants : la Roquette la Cité Méjan Cavalerie Hauture (quartier le plus haut de la ville d’Arles) une parties des quartiers de Trébon, Barriol, Chabourlet et Mouleyres Ce dernier plan impose des réglementations en ce qui concerne la préservation d’une zone urbaine. Outre les 44 édifices classés au titre des monuments historiques, la mise en place d’un secteur sauvegardé permet d’établir la limite des abords de ces mêmes monuments. Le classement au patrimoine mondial de l’UNESCO des édifices gallo-romains du centre historique d’Arles a fait évoluer les actions menées par la ville dans son rapport à la culture. Son patrimoine étant maintenant reconnu internationalement , ce sont des touristes du monde entier qui viennent admirer les 44 monuments historiques.

nationaux

et

MONUMENTS UNESCO

Amphithéâtre Sujet de ce PFE, l’amphithéâtre d’Arles sera ici présenté de façon succincte. Une étude particulière lui est dédié en deuxième partie. Construit au 1er siècle, les arènes d’Arles permettent alors d’accueillir 25 000 personnes soit la moitié de la population de la ville. L’édifice est somptueux. Il est le plus grand amphithéâtre gallo-romain jamais construit. Au Moyen-Âge, le monument se transforme en véritable forteresse. En1825, le bâti moyenâgeux est détruit à la demande du marie d’Arles suivant l’avis de Prosper Mérimée, alors responsable de la mise en place d’une liste des monuments historiques français. Le monument sera classé en 1840 au titre des monuments historiques et en 1981 au patrimoine mondial de l’UNESCO comme édifice faisant partie de l’ensemble des édifices romains et romans d’Arles. Aujourd’hui, le monument à ciel ouvert sert de musée et de lieu de spectacle notamment pour des événements de tauromachie.

21


I.1.b.

Des

plans de sauvegarde internationaux

Théâtre antique Le théâtre antique se trouve au sud de l’amphithéâtre. Permettant d’accueillir près de 10 000 personnes dans l’Antiquité il a aujourd’hui retrouvé sa fonction. Symbole de la prospérité de l’antique Arelate, il est construit au 1er siècle avant JC. Sa construction commence en 40 avant JC, seulement six ans après la transformation de la cité celte en colonie de droit romain. Il est très fréquenté par les habitants de la cité. Son classement en 1840 au titre des monuments historiques permet la destruction des édifices moyenâgeux ajoutés. En 1981, il fera partie de l’ensemble galloromain et roman classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Thermes de Constantin

Les thermes de Constantin datent du IVème siècle. Dans l’Antiquité romaine, ce sont des établissements abritant des bains publiques, lieu de grande mixité sociale. Ils permettent à la population de se laver tout en offrant un certain nombre de services permettant d’y passer la journée.

nationaux

et

Classé au titre des monuments historiques une première fois en 1840, ils seront classés dans leur intégralité suite à des fouilles en 1922. Aujourd’hui, ce sont les thermes les mieux conservés de France. Ils sont eux aussi classés en 1981 au titre du patrimoine mondial de l’UNESCO. Depuis, ils ont été l’objet de plusieurs restaurations, dont la dernière date de 2009. L’objectif a été alors de créer un accueil aux visiteurs et de proposer un parcours de visite. Ce projet a été réalisé par l’architecte Fanzutti. Cloître Saint Trophime Le cloître Saint Trophime conjugue deux styles architecturaux : gothique et roman. Construit entre 1150 et 1398, il est le cloître de l’ancienne cathédrale d’Arles, Saint Trophime. Unique par sa composition architecturale, et ses dimensions, il est classé en 1846 au titre des monuments historiques et en 1981 au patrimoine mondial de l’UNESCO dans le même ensemble que celui de l’amphithéâtre et du théâtre. Le cloître est à ce jour un des plus grands cloîtres de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur (28 m de long sur 25 m de large). Son orientation est originale,

22


I.1.b.

Des

plans de sauvegarde internationaux

car il n’est pas accolé directement à une nef ou à un transept de la cathédrale. Les Alyscamps Nécropole païenne puis chrétienne, érigée en dehors au Sud-Est de la cité, elle est aujourd’hui dans la nouvelle ville. Sa réputation est connue de toute la chrétienté dès l’Antiquité notamment suite au martyre de Saint Genest, saint arlésien, qui sera décapité en 303. Plusieurs églises seront construites et détruites. De grandes personnalités de l’Église du sud de la France (évêques, saints et martyres) y sont enterrés. Elle sera classée en 1862 au titre des monuments historiques, ce qui n’empêchera pas de grandes modifications aux abords de la nécropole lors de l’arrivée du chemin de fer Paris-Lyon-Marseille. Aujourd’hui, la nécropole est un point de départ des chemins de Saint Jacques de Compostelle.

nationaux

et

Les Cryptoportiques Au moment où Arles devient colonie romaine, la ville construit les édifices caractéristiques de son rang de ville impériale. Un des premiers édifices qui sera construit est un forum construit dans la pente de la colline d’Hauture et disparu aujourd’hui. Des cryptoportiques sont édifiés. Ce sont des galeries qui ont pour objectif de compenser la dénivellation du lieu choisi. Exceptionnellement bien conservés aujourd’hui, ils mesurent 90 mètres de long sur 60 mètres de large et se trouvent à 6 mètres sous terre au plein cœur du centre historique. Classées au titre des monuments historiques en 1841 et au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1981, ils sont accessibles à la visite aujourd’hui.

23


Ensemble UNESCO

Thermes de Constantin

Le

Cryptoportiques

Cloître Saint Trophime

0

50

100

200

24

Limite Secteur Sauvegardé

ô Rh

ne


Amphithéâtre

Théâtre antique

Alyscamps

25


Faune et flore de la Camargue

Parc naturel régional des Alpilles

Arles Parc naturel régional

Plaine du Crau

de Camargue

F LO R E

1. Choux ligneux 2. Perovkia atricifolio 3. Grande Mauve

FA U N E

1

2

5

6

3

4

7

8

4. Herbe de la pampa 5. Héron Garde Bœuf 6. Flamants Roses

7. Diverses espères de canards 8. La Cistude

26


I.1.c.

Ressources

Parc Naturel Régional de Camargue

Situé au niveau du delta du Rhône, le Parc Naturel Régional de Camargue s’étale sur près de 100 000 ha, avec 75 kilométres en bord de côte méditerranéenne. Aujourd’hui, la zone s’étend sur trois communes : Arles, Les Saintes-Maries-de-la-mer et Port-Saint-Louis-du-Rhône. Son statut officiel date de 1970, mais son caractère exceptionnel est remarqué dès 1928, année de la création de la réserve botanique et zoologique. Exploité depuis le VIème siècle avant J-C, le Parc Naturel Régional de Camargue doit sa beauté à son occupation et sa gestion permanente par l’homme. Du fait de la présence de marais, de champs et de rizières, la question de la place de l’eau est depuis toujours un élément central de la construction du paysage camarguais par l’homme. De nombreux aménagements hydrauliques ont été construits afin d’irriguer et de drainer les champs.

naturelles

Au XIXème siècle, une digue est construite permettant de limiter la propagation de l’eau en cas de crues ou d’invasion d’eau salée. Sa forme en delta et le mélange eau douce/eau salée sont à l’origine de paysages variés. Pendant que les taureaux de combat camarguais préfèrent les bas prés baignés d’eau douce, les flamants roses sauvages parcourent les prés-salés. Deuxième plus grand delta de la Méditerranée et plus grand delta de France, les paysages camarguais possèdent des écosystèmes d’une grande richesse écologique. Ce sont, chaque année, près de 150 000 oiseaux qui transitent et y font une halte. Ce sont la riziculture, les marais salants et le tourisme qui font vivre le site. Néanmoins, l’activité humaine y est fortement réglementée afin de préserver les lieux.

27


Faune et flore des Alpilles

Parc naturel régional des Alpilles

Arles Parc naturel régional

Plaine du Crau

de Camargue

F LO R E

1. Les genets scorpions 2. Oliviers 3. Le chêne Kermes

FA U N E

1

2

5

6

3

4

7

8

4. Pins d’Alep 5. Lézard ocellé 6. Aigle de Bonelli

7. Pélobate cultripède 8. Faucon crécerellette

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I.1.c.

Ressources

Parc Naturel Régional des Alpilles

Situé au Nord Est d’Arles, le Parc Naturel Régional des Alpilles prend place dans le dernier paysage montagneux avant le delta du Rhône. Il s’étend sur 51 000 hectares où la nature et l’homme ont trouvé leur équilibre. Il est créé le 1er février 2000. Son premier objectif est alors la sauvegarde de 13 espèces d’oiseaux en voie d’extinction. Le parc est reconnu pour la richesse de sa biodiversité. Il se compose de terres cultivées notamment vignes et oliviers, de forêts, de garrigue.

naturelles

La faune et la flore des Alpilles sont protégées depuis plusieurs années (Zone Natura 2000, programme européen LifeZone Natura 2000). Malgré ces réglementations, des espèces sont aujourd’hui menacées. Le parc a donc vocation à sauvegarder une nature singulière et fragile. Le parc attire aujourd’hui par la pluralité des villages de caractère qui s’y trouvent. 600 000 touristes viennent chaque année pour profiter d’une zone protégée d’exception.

Sur les 51 000 hectares, 42,5 % des terres sont cultivées, 9,5 % sont des territoires artificialisés (villages, routes, ...) et 48 % de la réserve sont des espaces naturels. Le parc s’étend sur 15 communes impliquées dans la préservation et la sauvegarde de leur territoire. La charte du parc des Alpilles a été établie et appliquée en 2007, mais c’est en 1989 que ces mêmes communes se penchent sur le sujet. Ils créent L’Union des Élus des Alpilles.

29



I.2

PAT R I M O I N E I M M AT É R I E L P O R T E U R D’ÉCONOMIE

I.2.a. Le marché I.2.b. La culture taurine I . 2 . c . Le s re n c o n t re s d ’A r l e s

31


Un marché qui contourne le centre historique Depuis

à

Vème siècle

Centre Historique

Aujourd’hui

Boulevard des lys

2 Porte Agnel

Porte Faix

(Place du Forum)

5

L

h eR

ôn

e 4 Place Royal

(Place de la République)

3 Porte du Marché Neuf (Rue du Président Willson)

1

Place du Marché Neuf

0

50

100

200

Zone du Marché aujourd’hui

32


I.2.a.

Le

Port de grande importance depuis l’Antiquité, Arles a toujours été un lieu de commerce stratégique. Ce n’est néanmoins que dans un texte d’un auteur inconnu datant du Vème siècle que l’on a connaissance d’un premier marché à Arles : “Tout ce que l’Orient, tout ce que l’Arabie aux parfums pénétrants, tout ce que l’Assyrie féconde peuvent produire, tout cela se rencontre à Arles en une aussi grande abondance que dans les pays d’origine”. C’est en 1584, que Henri III envoie une lettre confirmant l’existence de la tenue d’un marché le mercredi et le samedi. Comme on peut le voir sur la carte ci-contre, le marché du mercredi et du samedi s’est beaucoup déplacé. Dans le centre historique pendant de nombreuses siècles, il a aujourd’hui été déplacé aux abords du centre historique sur le boulevard des Lices.

marché

Chaque exposant dispose uniquement de 5 mètres linéaires. C’est donc sur près de 2,5 km le samedi que l’on peut trouver fruits, légumes, vêtements, produits locaux, étrangers, et produits en tout genre. Tous les premiers et troisièmes mercredis de chaque mois a lieu la brocante d’Arles. Elle dure toute la journée. Sa longue histoire et son impact économique font du marché un véritable patrimoine immatériel de la cité d’Arles. Chaque année, ce sont près de 500 000 touristes qui s’y rendent.

Il a pris beaucoup d’ampleur et sa réputation dépasse la ville d’Arles. Plus gros marché de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, il a lieu tous les mercredis et samedis matin. Le mercredi, ce sont 300 forains qui se réunissent et 500 le samedi.

33

Marché du Samedi Photo arles-info.fr


«Les Arènes d’Arles» Vincent Van Gogh, 1888

34


I . 2 . b. Ta u ro m a c h i e La culture taurine n’est désormais plus considérée comme faisant partie du patrimoine immatériel de la cité. Reconnue comme tel pendant cinq ans, elle a été supprimée de ce dernier à la demande des associations anti-corridas, et malgré un travail important de recherche et d’études effectué par plusieurs corps de métiers : psychologues, vétérinaires, médecins, toreros. Il est important de préciser est que la culture taurine (qui était inscrite comme patrimoine immatériel) ne se limite pas à la tauromachie. Elle englobe les spectacles taurins, les férias et l’élevage de taureaux “bravo”. Ces derniers utilisés dans les spectacles, appartiennent à ce jour à la race bovine la plus pure d’Europe. Si leur usage pour la représentation venait à être supprimé, c’est une race entière qui s’éteindrait.

Origine de la tauromachie à Arles

L’image du taureau est, et a toujours été, l’image de la puissance, de la colère, de la rage. Dès la préhistoire, l’homme semble vouer une admiration pour cette bête incontrôlable. Preuve en est le nombre de représentations picturales dans les différentes grottes. L’auroch (en celte : aur, sauvage et och, le taureau) est l’animal à l’origine de la création des jeux. Les grecs associent le taureau à la brutalité. Zeus choisit l’image de la bête féroce pour pouvoir séduire Europe. Par la suite, ce sont les Romains qui reprendront cette image, en l’utilisant notamment dans des

et

Culture

Ta u r i n e

sacrifices. L’historiographie ne nous donne néanmoins pas d’information réelle sur le moment où le taureau a été utilisé pour la première fois dans des jeux. Ce que nous savons, c’est que les divertissements qui avaient lieu dans les amphithéâtres faisaient appel à des taureaux, et que ces derniers étaient extrêmement appréciés par les Romains. Les chasses d’animaux qui se produisaient le matin dans les arènes faisaient combattre des animaux sauvages entre eux dans des mises en scène extraordinaires. L’auroch, encore sauvage, était alors utilisé. Il combattait aussi l’homme. C’est en l’an 815, sous Alphonse II des Asturies, lors de fêtes royales, que la première corrida a lieu. La culture taurine s’implante dans la péninsule ibérique et se développe. La noblesse comme le peuple sont férus de ces activités. Des courses se déroulent dans des villages. Le taureau est alors lâché en liberté totale et devant eux une foule court dans l’espoir de lui échapper. Ce n’est, toutefois, qu’au XIIIème siècle qu’une forme de réglementation voit le jour. Elle régit le déroulé et les acteurs des spectacles taurins. A cause de la désorganisation totale et de la « cruauté » des mises à mort, la tauromachie aurait pu être oubliée et supprimée. Effectivement, l’Église catholique est alors encore extrêmement puissante. Elle décide en l’an 1567, de menacer d’excommunication tout catholique se vouant aux spectacles bovins. Mais par peur d’un soulèvement populaire de trop grande

35


La Camargue, lieu idéal pour le taureau de combat

Élevage de taureau en Camargue

Morphologie du taureau de Combat

Moins de Moins de1010 10 àà100 10 100 100 à500 100 à 500 500 àà22000 500 000 Plus de Plus de2 2000 000 0 25 50

100km

36

Taureau en corrida face à un torero


I . 2 . b. Ta u ro m a c h i e importance, cette interdiction est levée en 1583. Du XIXème, l’Espagne retiendra la construction de places et lieux dédiés aux spectacles taurins. Les premiers toreros entrent en scène dans les arènes pleines. Tous viennent admirer le torero et son adversaire nerveux. C’est aussi, dans ce même siècle, que la France connaît sa première corrida. À Arles, elle a lieu en 1830. Aujourd’hui il est évident que les spectacles taurins font partie d’une culture et d’un patrimoine. Si l’on s’arrête à la définition du dictionnaire du terme patrimoine « ce qui est considéré comme l’héritage commun d’un groupe», l’élevage, l’entraînement et le spectacle taurin sont un patrimoine pour Arles.

Le toro Bravo : taureau de combat

Le taureau de combat, appelé aussi « toro de lidia » ou encore « toro bravo » en espagnol, est une race bovine de combat venant d’Espagne. Élevé pour les spectacles de tauromachie (de la corrida à la course en passant par la féria). Cette race compte aujourd’hui 180 000 individus dont 6 000 têtes en Camargue. Elle est à ce jour une des plus pures existantes dans l’élevage bovin. L’espèce est utilisée dès la préhistoire. À cette époque, le taureau est redouté, il ne peut être chassé. Il est appelé : l’auroch sauvage. C’est par la suite, lors de la création des premières corridas que des sélections génétiques vont avoir lieu. À la base, une trentaine de taureaux vont être choisis puis vont

et

Culture

Ta u r i n e

se reproduire et donner naissance à des taureaux qui vont à leur tour être sélectionnés. L’objectif est alors de garder les taureaux les plus combattifs et de castrer et engraisser les plus faibles qui seront élevés pour leur viande. La production de Toro Bravo est réglementée par un organisme gestionnaire de la race, l’Association des Eleveurs Français de Taureaux de Combat. Elle a pour fonction de vérifier la reproduction des individus. C’est donc elle qui tient le livre de généalogie de l’espèce. Introduite en France par un matador espagnol au XIXème siècle, l’espèce arrive en Camargue où elle profite aujourd’hui d’un cadre optimal pour son élevage. Sachant qu’il est nécessaire à chaque taureau de disposer de 2 à 3 hectares de nature, le Parc Naturel Régional de Camargue est idéal. Les troupeaux sont organisés suivant une hiérarchie : un chef qui est généralement un taureau gracié, des taureaux adultes prêts à combattre et des taureaux plus jeunes. Il ne peut y avoir plusieurs taureaux graciés dans un même troupeau. Le toro bravo est un taureau qui mesure entre 130 et 140 cm au garrot et entre 400 et 650 kg. Seuls des individus pesant au minimum 440 kg peuvent combattre. Cette race se caractérise par des bêtes à la robe foncée et unie (majoritairement noire), un cou fin, un corps élancé et musclé, des cornes longues qui pointent en avant. Outre son usage tauromachique, les taureaux sont connus pour leurs cuirs et leurs viandes. La viande est d’ailleurs protégée par l’AOC « taureaux de Camargue ».

37


I . 2 . b. Ta u ro m a c h i e

LES FÉRIAS

Les férias d’Arles sont de grandes festivités qui ont lieu deux fois par an et sur plusieurs jours : les ferias de Pâques et les ferias du Riz sont les événements de l’année à ne pas manquer. La ville entière s’anime au rythme de ce qui se passe dans les arènes et dans les rues. De tradition hispanique, la France s’est aujourd’hui appropriée ces événements.

Les Férias de Pâques

Les férias sont souvent liées à des événements religieux. C’est le cas des ferias de Pâques. Elles ont lieu en avril. Ce sont alors près de 500 000 personnes qui viennent voir la ville en fête. 50 000 d’entre eux se précipitent aux arènes voir les corridas. On les appelle les aficionados. Outre les corridas qui se déroulent dans les arènes, des abrivados se déroulent dans les rues. Ce sont alors plusieurs taureaux qui courent en furie dans les rues de la vieille ville. Le jour, les

et

Culture

Ta u r i n e

Peñas jouent de la musique sur des places tandis que les bandas se baladent en fanfare. Le soir, la ville s’anime grâce aux bodegas, bars en plein air.

Les férias du Riz

La Camargue est productrice de riz. Pour en fêter la récolte, mi-septembre, des ferias ont lieu. Les corrida de Rejon et le Goyesque d’Arles font la réputation de ces ferias. Les corridas de Rejon sont les corridas à cheval. Le torero est à cheval et combat le taureau. Le Goyesque d’Arles est le dessin qui est réalisé sur le sable de la piste. Depuis plusieurs années, la piste est décorée de façon éphémère par des artistes sélectionnés. La première corrida qui se déroule dans ce cadre s’appelle la corrida Goyesque. Cette représentation est beaucoup appréciée pour ces caractéristiques artistiques inégalées. Depuis quelques années, le festival culinaire La Camargue Gourmande se déroule en même temps que les férias.

38


I . 2 . b. Ta u ro m a c h i e

et

Culture

Ta u r i n e

L’Observatoire Nationale des cultures taurines

Corrida Goyesque, Septembre 2019

Féria de Pâques 2014, © 2014 Shutterstock

La corrida Goyesque des férias du riz 2017

L’Observatoire National des Cultures Taurines est une association à but non-lucratif. Créé en 2008 par André Viard (ancien matador Français). Son objectif est de défendre tout ce qui fait partie de la culture taurine : élevage, courses landaises, course camarguaise, corrida, corrida portugaise, corrida rejon, ainsi que la viande de taureaux camarguais. L’association regroupe des aficionados, des chirurgiens, des universitaires, des psychologues et des critiques taurins. Elle obtient en 2011, l’inscription de la culture taurine au registre du patrimoine culturel immatériel. Malheureusement, en 2016, suite à des plaintes, le Conseil d’État décide la radiation de la culture taurine de ce même registre. Aujourd’hui, l’association mène différentes actions pour la sauvegarde et la diffusion de la culture taurine. D’autres associations défendent la dimension patrimoniale de la tauromachie comme les amis du musée taurin d’Arles.

39


Les Rencontres d’Arles 2019 (exposition Philippe Chancel)

ŠPhilippe Chancel, Exposition Philippe Chancel 40


I.2.c.

Les

Rencontres

Les Rencontres d’Arles un événement photographique incontournable en France. Depuis 1970, le festival se veut être l’endroit où s’expose la richesse du patrimoine photographique mondial. Professionnels, touristes, locaux, se déplacent pour assister cet événement. En 2019, 145 000 personnes sont venues admirer les photographies. Avec ses 50 expositions, le festival s’est forgé une renommée internationale. Des collaborations avec des musées et des institutions françaises et étrangères ont permis de financer l’événement. Tout l’été, de début juillet à fin septembre, la ville est transformée en musée à ciel ouvert. Les rues deviennent les couloirs d’accès aux monuments historiques de la ville, eux-mêmes salles d’exposition.

41

d’Arles



I.3

LE TOURISME, PREMIÈRE ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE DE LA VILLE D’ARLES

43


Un commerce touristique

0

50

100

200

Musées, espaces culturels,...

Évènements/ Musées Nombres de visites

Restauration

Férias de Pâques

50 000

7 300 000 euros

Musées de Camargue

20 300

141 100 euros

145 000

30 000 000 euros

58 573

351 000 euros

Musée départemental

157 265

1 300 000 euros

Arènes Romaines

255 600

3 600 000 euros

Théâtre antique

122 100

1100 000 euros

Cloître Saint Trophime

112 400

616 000 euros

1 371238

44 000 000 euros

Commerces alimentaires Commerces non alimentaire 15% 46% 39%

Rencontres d’Arles Musée de Réattu

TOTAL

44

Euros


To u r i s m e

Naturel

Tous les ans, ce ne sont pas moins de 2 millions de touristes qui se déplacent dans la «petite Rome». Grâce à son patrimoine culturel, architectural et naturel détaillé précédemment, Arles a fait du tourisme sa première activité économique. Le pays d’Arles concentre à lui seul près de 85 % du tourisme régional avec 1,5 millions de touristes sans compter ceux qui viennent dans Arles même. Cela correspond à 40 fois la population d’Arles. On peut distinguer 2 types de tourismes dans le pays d’Arles : Tourisme muséal : centré sur le pays d’Arles par sa richesse architecturale et culturelle.. Tourisme nature et découverte :centré sur les Parcs Naturels Régionaux du territoire arlésien et la nature unique qu’ils préservent

Le tourisme muséal

La cité romaine d’Arles, dont l’ensemble des édifices gallo-romains est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, a acquis une renommée internationale . Le Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur des éléments inscrits a permis de faire connaître au niveau international des édifices dans un état de conservation exceptionnel. Outre les visites des édifices ou des musées, c’est toute une économie qui s’organise autour de l’accueil des touristes. Elle génère près de 470 millions d’euros d’activité par an. Comme il est possible de le voir sur la carte ci-contre,

et

Muséal

le centre historique accueille principalement des commerces alimentaires ou des activités de services. Frank Gehry crée la fondation Luma en 2013, qui se veut être un centre culturel d’importance internationale. La fondation LUMA soutient et subventionne des œuvres d’arts de tout style dans l’objectif d’une meilleure compréhension de l’art et de la culture. De plus dans des bâtiments industriels, des ateliers d’expérimentation pour la réalisation de projets imprégnés d’histoire et de sens sont proposés. La ville espère enregistrer une augmentation de sa fréquentation d’ici 2022 de 25 % soit 500 000 personnes de plus.

Le tourisme naturel

Moins développé que le tourisme muséal, ce dernier s’est développé autour du Delta du Rhône et du dernier massif montagneux avant la Méditerranée. Ce tourisme fut « inventé » vers la fin du XIXème siècle, par le Marquis de Baroncelli qui « crée » la Camargue tel que nous la connaissons aujourd’hui. Il développe pour cela la culture gardienne et ses traditions. Ainsi, ce sont plusieurs milliers de visiteurs qui viennent admirer les paysages naturels et singuliers entre terre et mer. En Camargue tout comme dans les Alpilles, la faune et la flore sont d’une richesse inégalée.

45



II.

U N S I T E M O N U M E N TA L

II.1. II.2. II.3.

Construction d’un édifice unique Histoire de l’amphithéâtre d’Arles Nécessité de projet

47



II.1

CONSTRUCTION D’UN ÉDIFICE UNIQUE

I I . 1 . a . Q u ’e s t c e q u ’ u n a m p h i t h é â t r e ? II.1.b. Construction d’un édifice millénaire

49


Des amphithéâtres partout en France

SUISSE Saône

Lausanne

FRANCE

Genève

Lyon e

èr

Vienne

Is

Grenoble

ITALIE

Rhône

Valence

Dura

Avignon

nce

Orange

Nîmes

Arles

0 25 50

100km

Ville possédant un amphithéâtre SUISSE

De l’édifice ouvert à l’espace clos Saône

Lausanne

FRANCE

Genève

Lyon e

èr

Vienne

Is

Grenoble

ITALIE

Rhôn e

Valence

Dura

Avignon

nce

Orange

Nîmes

Arles

Theatron

50

Amphitheatrum


II.1.a.

Qu’est

ce

qu’un

`

En France, il existe à ce jour 42 amphithéâtres, ayant tous été construits entre le Ier siècle avant J-C et Ier siècle après J-C. Ils ont tous le même modèle, bien que des différences notables aient été remarquées. L’amphithéâtre gallo-romain tel que nous en avons les traces aujourd’hui est directement hérité d’une architecture grecque : le Théâtre. Appelé theatron, ce dernier est un édifice en demi-lune qui a pour objectif la représentation en public de drame. La Rome antique va donc ré-interpréter cet édifice pour un faire un cercle complet que l’on nommera l’amphithéâtre. («amphi» tout autour et «theatron» voir). Au début, les romains imaginent les arènes pour que les combats d’animaux qui se déroulent en pleine rue puissent avoir un vrai terrain de jeux. Ce n’est que quelques années plus tard que la gladiature y trouvera sa place.

`

amphithéâtre

?

Les journées à l’amphithéâtre sont alors très organisées. Le matin se déroulent les combats d’animaux. Des espèces en tout genre se combattent à mort. Par la suite viennent les «venationes». Elles consistent en des chasses d’animaux. Des hommes armés chassent des ours, des sangliers, des biches comme s’ils étaient en forêt. Ceci est rendu possible par une scénographie tout à fait unique. Des arbres et des buissons sont installés dans les arènes. On peine à voir de temps en temps l’action tant la reproduction de la flore est réelle. A l’heure du déjeuner, l’amphithéâtre se vide et l’arène laisse place à un spectacle macabre : les mises à mort de prisionniers. Seuls les esclaves y assistent, ayant pour mission de garder les places de leurs maitres dans les gradins. L’aprés-midi, l’amphithéâtre se remplit à nouveau d’une foule trés variée. Hommes, femmes, enfants, et esclaves se bousculent pour assister aux combats de gladiateurs. Il s’agit de combats libres ou de répliques de scènes guerrières ayant fait la gloire de l’Empire. Les combattants ont tous une spécialité et donc une arme associée. Il est important de préciser que 90 % des combats ne mènent pas à la mort. Le prix de la formation d’un gladiateur est élevé ! Néanmoins de sombres périodes pour la gladiature ont existé notamment sous le règne de l’empereur Claude, assoiffé de sang.

51


Un espace minĂŠral isolĂŠ

Plan Masse

52

0

5

10

20m


II.1.b.

Construction

d’un

Typologie architecturale, un édifice fait de couloir L’amphithéâtre suit un plan elliptique mesurant 136 m de long, et 107 m de large. Le plan se développe autour de cheminements qui mènent d’un point extérieur - en dehors de l’édifice - à un point intérieur que sont les gradins. Ils décrivent des rayons autour de l’amphithéâtre. Le centre de l’amphithéâtre est appelé l’arène. Son nom vient du terme latin arena qui signifie sable. Aujourd’hui ce terme est aussi utilisé pour désigner l’édifice en lui-même. L’amphithéâtre d’Arles mesure 21 mètres de haut aujourd’hui, mais dans l’antiquité, un velum (protection contre le soleil) était installé encore 6 mètres au-dessus des restes actuels. L’édifice avait une hauteur totale de 27 mètres. Les circulations sont elliptiques ou rectilignes. Elles permettent de faire le tour de l’édifice sur différentes hauteurs. On les appelle les galeries. Leur nombre dépend de la taille de l’édifice. À Arles, bien qu’il n’en reste plus que quatre, il y en avait sept dans l’Antiquité. Chaque travée forme le cheminement concentrique qui a pour objectif d’atteindre rapidement sa place.

monument

millénaire

À chaque membre de la société antique est associée une place attitrée dans les gradins, alors nommés caveas. Prima cavea : réservée aux consuls, sénateurs, et empereurs. Ils y ont généralement quatre accès directs : deux dans la longueur de l’ellipse et deux dans la largeur. Media cavea : ce sont les hommes aux statuts moins importants qui s’y installent. L’accès nécessite de prendre des escaliers, les vomitoires. Ultima cavea : on y retrouve les femmes, enfants et esclaves. L’ensemble de la société pouvait aller à l’amphithéâtre. L’objectif politique des jeux était de divertir la société afin qu’elle ne s’occupe pas des affaires politiques. Les gladiateurs possèdent leurs propres espaces. Leurs circulations ont lieu en sous-sol à l’abri des regards des spectateurs. Les jeunes gladiateurs arrivent dans l’arène par un sous-terrain qui joint l’amphithéâtre à l’école de gladiature à proximité. Sous l’arène, se trouvent aussi les cheminements et les cages des bêtes qui attendent leur tour.

53


Composition de la façade et des gradins

387

Ultima Cavea 665

Media Cavea

175 0.1800

177 177.1482

0.0000

295

Prima Cavea

473

0.1800

Éléments disparus aujourd’hui

Coupe et Façade 01 2

54

5m


Les circulations

Plan RDC Circulations concentriques Circulations elliptiques

0 5 10 20m

Plan RDC 0 5 10

20m

55

Une boucle

De la rue à l’arène


Un terrain recréé

Terres / sables rajoutés Terres / sables creusés

0

2.5

5

Les briques dans la construction

Mortier

Brique triangulaire

56

10m


II.1.b.

Construction

d’un

Typologie constructive : au centre de la nouveauté La création des amphithéâtres a contribué à l’évolution de l’architecture. Outre la forme, qui est entièrement nouvelle, l’édifice abrite des matérialités novatrices pour l’époque. Ces dernières participent largement au fait que les amphithéâtres galloromains soient encore debout aujourd’hui. Les amphithéâtres sont commandés par des consuls ou de riches sénateurs. Outils politiques de distraction, les arènes sont édifiées rapidement, grâce à une méthodologie proche de la construction en série. En effet, ce sont les militaires qui construisent ces édifices. Ils se divisent en spécialité. Pendant que le premier groupe s’occupe des arcades, l’autre fait les pylônes… Et on peut procéder ainsi avec tous les éléments qui composent les amphithéâtres.

Un terrain entièrement créé

L’amphithéâtre d’Arles est construit sur la colline de l’Hauture. Qui dit colline dit dénivelé, comme on peut le voir sur le schéma ci-contre. Les romains ont dû créer un terre-plein et une rampe pour pouvoir bâtir l’édifice. Construit sur un terrain calcaire et sablonneux, dans un premier temps le bâtiment s’affaisse et la galerie supérieure s’effondre au 1er siècle après J-C. Aujourd’hui, la durabilité et le bon état de conservation du monument nous montrent que la fragilité de l’édifice était toute relative. Cela fait 2000 ans qu’il est debout.

monument

millénaire

Matérialité

La construction des arènes nécessite l’usage de plusieurs matériaux : -

le bois la pierre et/ou la brique le mortier

Le bois était principalement utilisé lors de la construction pour maintenir des éléments comme une voûte ou une arcade. Ce sont donc des éléments éphémères. La pierre et la brique étaient les matériaux de construction proprement dit. Les pierres pouvaient constituer la structure, ou un simple parement. Comme on peut le voir sur le schéma ci-contre les briques romaines étaient de forme triangulaire ce qui permettaient la réalisation de formes courbes beaucoup plus facilement. Le mortier antique est un élément de construction qui fut inventé pour l’édification des amphithéâtres gallo-romains. Non-visible, il est utilisé pour faire du remplissage et baissé le prix de la construction. Ancêtre du béton, il possède comme composant de la poudre de pierres volcaniques, utilisée pour ses caractéristiques d’élasticité. C’est d’ailleurs grâce à lui que les arènes sont toujours debout.

57



II.2

H I S TO I R E D E L’A M P H I T H É ÂT R E D ’A R L E S

II.2.a. II.2.b. II.2.c. II.2.d.

Mise en scène de la gladiature Construction d’une forteresse Pa t r i m o n i a l i s a t i o n e t c r i s t a l l i s a t i o n Des projets éphémères

59


II.2.a.

Mise

en

scène

de

la

gladiature

C’est en 49 avant Jésus-Christ, que la ville de Théliné devient une colonie romaine : Arelate. La ville, véritable port stratégique dans la Gaule Narbonnaise, grossit. Elle se munit de monuments caractéristiques d’une ville impériale. C’est ainsi que l’amphithéâtre voit le jour au 1er siècle après J-C. C’est un édifice permettant d’accueillir 25 000 personnes chaque jour. Les arènes deviennent le lieu qui rythme la ville des Arlésiens, devenus romains. Ce sont tous les membres de la société qui se bousculent pour pouvoir voir les gladiateurs, les chasses d’animaux, et partager l’excitation qui embrase l’amphithéâtre lors des spectacles. Avec la fin de la gladiature, au Vème siècle, les arènes se vident et changent d’usage.

60


II.2.b.

Construction

d’une

forteresse

Dès le VIème siècle, l’amphithéâtre est réexploité en habitat temporaire. Des maisons en bois sont bâties dans ses gradins. Au cours du temps, les matériaux changent, la pierre remplace le bois et l’amphithéâtre devient forteresse. Ce sont un château, deux chapelles et 214 maisons qui s’installent à l’intérieur de ces murs. Fortifiées, trois tours sont installées pour pouvoir observer tout ce qui se passe autour de la ville. Point stratégique, situé en hauteur, il permet de contrôler un large horizon. Du Moyen-Âge au XIXème, les arènes perdront progressivement des éléments caractéristiques d’un amphithéâtre. Les pierres disponibles sur place seront réutilisées pour construire le quartier des arènes : la piste des gradins la dernière hauteur de façade des galeries des escaliers

61


L’a m p h i t h é â t re d e p u i s 1 9 5 2

62


II.2.c.

Patrimonialisation

et

cristallisation

Avec la prise de conscience de la notion de patrimoine, au milieu du XIXème siècle, l’amphithéâtre d’Arles ouvre une nouvelle page de sa vie. En effet, les arènes sont dégagées par destruction des maisons entre 1825 et 1840. Néanmoins la décision est prise de garder les trois tours construites au Moyen-âge. Le constat est rude : les deux tiers de l’édifice antique ont disparu. Malgré cela, il faut sauver l’amphithéâtre. Il est classé au titre des monuments historiques en 1840. Preuve d’une nouvelle naissance, une première représentation de tauromachie a lieu en 1830.

II.2.d. Des

projets

éphémères

Plusieurs campagnes de restauration ont eu lieu au XXème et XXIème siècle. La dernière date de 2007. L’objectif principal est le nettoyage des façades, la reconstruction d’une partie de la galerie supérieure. L’amphithéâtre est sujet à une nouvelle protection. En effet, il est classé en 1981 au patrimoine mondial de l’UNESCO dans un ensemble nommé “Monuments romains et romans d’Arles” qui comprend donc plusieurs édifices. Des gradins métalliques ont été installés pour permettre à 13 000 spectateurs d’assister aux spectacles de tauromachie en tout genre.

63



II.3

NÉCESSITÉ DE PROJET

II.3.a. Une situation stratégique II.3.b. État sanitaire : un édifice en reconstruction permanente I I . 3 . c . Tr a v a u x d e r e s t a u r a t i o n I I . 3 . d . C l a s s e m e n t d e l ’é d i f i c e , c l a s s e m e n t m u l t i p l e s o u m i s à des réglementations

65


Une situation stratégique

SUISSE Lausanne

Vaucluse

Saône

FRANCE

Genève Lyon e

Vienne

èr

Is

Grenoble

Alpes de Haute Provence

ITALIE

Rhôn e

Valence

Gard anc

Arles

Le

petit

Rhône

Dur

Avignon

e

Orange

Nîmes

0 25 50

Arles

100km Bouches du Rhône Var

66

0

50

100

200


II.3.a.

Une

situation

L’amphithéâtre d’Arles est le mieux conservé de France. Non loin de celui de Nîmes qui a été reconstruit en partie à l’identique, il est celui qui possède (en pourcentage) le plus grand nombre de pierre d’origine. La région Provence-AlpesCôtes-d’Azur compte plusieurs vestiges antiques d’amphithéâtres dont certains ont fait l’objet de grands travaux de restructuration, souvent critiqués. C’est le cas de l’amphithéâtre de Fréjus, qui a été entièrement bétonnisé, enchâssé dans un sarcophage de béton. L’amphithéâtre d’Arles se trouve dans le centre historique. C’est la zone la plus visitée, mais aussi la moins habitée. Les arènes se trouvent en bord de remparts ce qui les rend extrêmement accessibles par le boulevard des Lices, très animé le mercredi et le samedi grâce au marché. Sa situation dominante permet aux touristes qui le souhaitent de bénéficier d’un magnifique point de vue sur la ville en haut de la tour nord (à ce jour seule tour accessible à la visite). Le tourisme est générateur de la première activité économique de la ville. Les abords des édifices classés, très attractifs, représentent donc une aubaine pour l’activité commerciale.

67

stratégique


Une façade abîmée par le temps

Patines biologiques Végétations Fissures

68


II.3.b.

État

sanitaire : un édifice permanente

en

reconstruction

Grâce à de nombreuses interventions de préservation et de restauration, l’amphithéâtre d’Arles est aujourd’hui l’édifice gallo-romain le mieux conservé en France. Cela ne l’empêche pas d’avoir subi des dégradations. Nous classerons celles-ci suivant le document de l’ICOMOS , le glossaire illustré sur les formes d’altérations de la pierre.

Dégradations naturelles DÉTACHEMENT

ALTÉRATIONS

FISSURES

COLONISATION BIOLOGIQUE

Érosion : processus responsable de l’évolution des reliefs (façades) engendré dans le temps par les intempéries

Tâche : manque quelconque de couleur ou d’aspects différents du reste

Fissures : se traduit par toute fente ou craquelure visible, affectant la surface d’une maçonnerie, d’un enduit, d’un dallage, d’un appareil sanitaire…

Végétation : ensemble des plantes qui poussent dans un lieu donné selon leur nature

Partie manquante : ceci concerne l’ensemble des éléments qui ont disparu depuis la création de l’édifice ou de sa modification.

Dépôts/salissures : quelque chose qui souille/qui salit autre chose de façon superficielle. Etat de ce qui est légèrement taché

69

Patines biologiques: se qualifie par l’ensemble des éléments biologiques, micro-organisme,… qui viennent en surface et qui donnent à l’édifice un aspect de moisissures verdâtres.


II.3.b.

État

sanitaire : un édifice permanente

LES DÉCHETS POLLUANTS

Des poubelles sont installées dans divers points stratégiques pour les touristes. Néanmoins on note, lors de la visite, la présence de nombreux déchets abandonnés en divers endroits (cannettes, bouteilles, papiers usagés), liée à l’activité touristique, aux travaux de rénovation, et à la présence nocturne supposée de nombreux sans abri (matelas abandonnés et cachés).

reconstruction

Dégradations anthropiques

Il s’agit ici de déterminer toutes les dégradations générées par l’homme et présentes sur l’édifice.

en

L’AMPUTATION L’HOMME

DU MONUMENT PAR

En entrant dans les arènes d’Arles, on voit tout de suite que des gradins antiques manquent. Bien que moins visibles, d’autres éléments comme la piste, la galerie supérieure, certains couloirs et escaliers ont eux aussi disparu. Comme on peut le voir sur la coupe ci-jointe, c’est jusqu’à prés de 6 mètres de hauteur dont la façade de l’édifice a été amputé par l’homme.

LA POLLUTION DE L’AIR

Situé au carrefour de plusieurs axes de circulation, l’ensemble des murs sont noircis par les résidus de combustion d’hydrocarbures des véhicules. Un grand projet de restauration a permis récemment de restituer son aspect d’origine à une partie de la façade extérieure.

70


I I . 3 . c . Tra v a u x

de

restaurations

La volonté, initiée par Posper Mérimée, de classer l’amphithéâtre au titre des monuments historiques, est à l’origine d’un projet de destruction des maisons moyenâgeuses. Il commence en 1825 et se terminera en 1840. Ensuite, des campagnes de restauration de l’édifice vont s’enchaîner jusqu’en 2007. Des projets sont encore menés par la Direction du Service du Patrimoine de la ville d’Arles. Cette dernière se questionne sur plusieurs sujets: la suppression des gradins métalliques le retour au volume antique avec une surélévation de la piste le dégagement des souterrains

L’intérieur de l’amphithéâtre avant restauration, photo D. Roman, vers 1860 (Museon Arlaten)

Destruction arènes bombardement allié sur Arles, août 1944

71

1948, Corrida de l’après guerre


Campagnes de restauration

déblaiement, reprise des maçonneries, construction des arcs des entrées souterraines, reconstruction des voûtes des galeries souterraines, construction du perron

1845-1851

consolidation des grandes dalles extérieures par des barres de fer

1864

1861

trois arcades du portique avec leurs corniches

1875

1873

reconstruction de deux vomitoires, d’une voûte antique en moellons, de quatre rangées de gradins

restauration des suite des passages consolidations rayonnants de la galerie circulaire du premier étage de gradins et de la galerie extérieure

déblaiement et nettoyage des galeries après le bombardement du 17 juillet.

1891-1896 1902-1910

1886

restauration de la tour Sarrazine, consolidation des arcades supérieures, des trois portes pratiquées dans le podium et du décor extérieur (pilastres, frises, corniches, arcades…) restauration de la partie supérieure de la tour est

1897

reconstruction des voûtes et vomitoires inférieurs, réparation des gradins

72

restauration des murs et voûtes supportant et couvrant les escaliers

1944

1919-1938

restauration de la grande entrée sud, restauration des voûtes écroulées des parements extérieurs

1


38

déblaiement et nettoyage des galeries après le bombardement du 17 juillet.

on de la grande d, restauration des roulées des s extérieurs

travaux d’entretien réguliers Installation des gradins

relevé général du monument, études archéologiques, protection du monument, aménagement des espaces d’accueil et de sanitaires adaptés

1944 1946-1979

1945

Restauration de ces dommages

2001-2007

1984 1987 relevé topographique et photogéométrique (3 travées).

73

restauration de la travée 45


Patrimoine complexe aux classements divers

Classement au titre des monuments historiques en 1830

Classement au patrimoine mondiale de l’UNESCO en 1981

74


II.3.d.

Classement de l’édifice, classement soumis à des réglementations

La ville et l’amphithéâtre font l’objet de différents classements qui imposent des réglementations strictes en terme d’intervention sur les arènes. L’ensemble du centre historique est en secteur sauvegardé depuis 1993 et bénéficie d’un PSMV (Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur du Patrimoine). Ce plan a été mis en place suite au classement au patrimoine mondial de l’UNESCO d’un ensemble d’édifices dont fait partie l’amphithéâtre de la ville L’amphithéâtre est donc classé sous deux titres : monument historique français, et patrimoine mondial l’UNESCO. Ces classements impliquent donc le respect de réglementations et de chartes diverses (Charte d’Athènes et Charte de Venise). La culture taurine a été inscrite en tant que patrimoine immatériel français de 2011 à 2016.

75

multiple



III.

UN PROJET MIXTE, AU RYTHME DE LA VILLE ARLÉSIENNE Force est de constater qu’Arles est une ville d’art et d’histoire. Pourtant elle semble dépossédée de son patrimoine. Les touristes se le sont appropriés, et les arlésiens semblent s’en être détachés. L’objectif d’un programme mixte est donc de pouvoir faire pénétrer la ville dans l’édifice, tout en permettant aux habitants et aux touristes de se côtoyer dans un amphithéâtre restauré et réhabilité. L’amphithéâtre doit réintégrer le quotidien des arlésiens tout en restant disponible à l’accueil des touristes. Un projet mixte pour répondre à trois objectifs : - Connecter l’amphithéâtre, la ville, et ses habitants - Faire vivre l’in-habité - Mettre en lumière l’amphithéâtre

77



III.1

C O N N E C T E R L’A M P H I T H É ÂT R E , L A V I L L E E T S E S H A B I TA N T S

L’homme a besoin de relations sociales au travers de rencontres et d’échanges. III.1.a. De nouveaux espaces communs partagés III.1.b. Une rampe isolante III.1.c. Le marché, un lieu de sociabilité

79


Tr a i t e m e n t s s o l s e t v é g é t a t i o n s Arbre de haut-jet Arbre en cépée Arbuste

Logique d’implantation d’arbres en Camargue

Fo n c t i o n s / U s a g e s

Projet

Fo n c t i o n s / U s a g e s

Aujourd’hui

Pierre Calcaire

Parking Piétons

Maisons Rues sans trottoirs d’habitation Piétons

Terre

Asphalte

Tauromachie Musées et Galerie Marchande Matérialité

Matérialité

Tauromachie Musée amphithéâtre

Pierres, tuiles, ...

80

Pierre Calcaire

Piétons

Terre sableuse

Pierre Calcaire

Maisons d’habitation

Pierre, tuiles, ...


III.1.a.

De

nouveaux

espaces

CONSTAT

communs

partagés

PROJETS

L’amphithéâtre est situé au cœur d’un rond point. Les piétons ne peuvent trouver leur vraie place. Les trottoirs, lorsqu’ils existent, sont trop étroits pour pouvoir permettre aux personnes de déambuler en toute sécurité. La place des arènes est très minérale. On note l’absence de végétations ou d’ombre, pourtant nécessaire sous un climat méditerranéen. ENJEUX Créer des moyens de connexion entre l’amphithéâtre et son environnement proche Permettre aux piétons de pouvoir circuler en toute sécurité Créer des zones d’ombre

Comme beaucoup de villes du Sud, Arles est très minérale. Son climat méditerranéen implique de fortes chaleurs et des sécheresses l’été. Il ne s’agira donc pas de créer de grandes pelouses susceptibles de sécher pendant la saison estivale, mais de proposer la plantation d’arbres caractéristiques de la région telle que la charte du Parc de Camargue le propose : succession d’arbres de hauts jets, d’arbres en cépées et d’arbustes. Deux places vont être recréées, celle de la place de la Majore et celle qui fait la jonction entre l’amphithéâtre et le théâtre antique au sud.

PROGRAMME L’environnement proche de l’amphithéâtre, transformé, s’équipe de places végétalisées.

81


Franchir l’obstacle

Pierre calcaire typique d’Arles

Bois pour les zones «bancs»

Plan Masse 0

5

10

20m

82

Pierre de granite de Fontvieille


III.1.b.

Une

rampe

CONSTAT

Comme on peut le voir sur la coupe suivante, l’amphithéâtre est cloisonné et isolé du centre historique à cause d’une rampe. Effectivement, construit sur un terrain entièrement créé par les romains, l’amphithéâtre se trouve séparé de la rue haute par un dénivelé de plusieurs mètres de hauts. ENJEUX Penser à un aménagement permettant de rendre la différence de hauteur plus douce et franchissable. Proposer une nouvelle façon d’admirer l’édifice. Permettre aux restaurateurs qui se trouvent aux abords de bénéficier d’une terrasse plus grande

isolante

PROJETS

Le mobilier installé a la volonté de proposer une réinterprétation des gradins de l’amphithéâtre. Réalisé en pierre, il est recouvert à certains endroits de bois. Ceci a pour but de suggérer la pause, permettre à l’usager de s’asseoir à un endroit précis. La pierre utilisée vient de la carrière de Fontvieille (carrière de granite qui se trouve au nord d’Arles). L’aménagement sera rythmé par des plantations d’arbres qui permettront de proposer de l’ombre dans un lieu très minéral.

PROGRAMME Proposer un mobilier urbain de grande dimension pour permettre le franchissement, l’aménagement de terrasses de restaurant, la détente, l’observation de l’amphithéâtre.

83


Répartition programmatique

Non alimentaires ( galeries d’arts, déco,...) Alimentaires ( épiciers, boulangerie, boucherie,...) Billeterie Spectacles taurins Restauration ( rapides, gastronomiques,...) Accès aux musées

84


III.1.c.

Le

marché,

un

lieu

de

sociabilité

CONSTAT

PROJETS

Nous avons précédemment établi une analyse autour du marché d’Arles. Celui-ci est le plus grand de la région, mais aussi le plus ancien. Son importance s’est accrue aux cours des siècles, passant d’un marché de proximité à un marché de grande ampleur. Ainsi, il fait le tour du centre historique, mais n’a plus de lien avec lui. Depuis plusieurs années, un nouveau phénomène est apparu. Certains forains s’installent désormais dans des locaux dans le centre historique tout en gardant une part de leur activité sur le marché. C’est le cas notamment d’un poissonnier. La ville d’Arles suit une forme architecturale typique des centres anciens : commerces en rez-de-chaussée, et espaces d’habitations à l’étage.

La galerie marchande se trouvant en rez-dechaussée, elle réinterprète le schéma architectural de la ville. Son implantation permet à des commerçants, des restaurateurs, de s’installer dans des espaces spécialement aménagés et très accessibles. La distribution des espaces, présentés ici, favorise les espaces de restauration à l’Est pour permettre l’aménagement de terrasse et la création d’un nouveau dynamisme dans une zone inexploitée. L’aménagement de tels espaces génère la création de nouveaux espaces de circulation : une rue extérieure une rue intérieure basse une rue intérieure haute

ENJEUX Profiter de la centralité de l’amphithéâtre pour en faire un lieu de sociabilités et d’échanges

PROGRAMME

Créer une “galerie marchande”.

85



III.2

FA I R E V I V R E L’ I N - H A B I T É L’amphithéâtre est un lieu inhabité : simple un lieu de passage.

III.2.a. Habiter l’inoccupé III.2.b. Habiter le vide

87


To u j o u r s p r a t i q u é j a m a i s h a b i t é

Plan RDC

Espaces occupés par des aménagements éphémères

0 5 10

Votre Epicier d'Arles

Boulangerie

Boulangerie

Aujourd’hui

Votre Epicier d'Arles

Projet 88

20m

Boucherie

Zoom sur devanture


III.2.a.

Habiter

l’inoccupé

CONSTAT

PROJET

L’amphithéâtre est un édifice construit pour et par le passage. Les divers cheminements de l’édifice sont dans des états différents de conservation. L’hiver, certains se remplissent d’eau de pluie, au point d’être inaccessibles. L’été, l’ombre produite par l’édifice procure une fraîcheur dans l’ensemble des circulations encore existantes. Les travées, au nombre de soixante, sont alternativement des endroits de passage ou des voies sans issue. Il ne reste aujourd’hui que dix escaliers. Plusieurs travées sont déjà “habitées” par des aménagements éphémères et insalubres. Ce sont des éléments qui possèdent une façade en bois, mais qui ne sont pas aménagés. Disons plutôt que c’est l’usage qui en définit l’aménagement intérieur. Ainsi, il y a déjà neuf travées inaccessibles aux visiteurs et aménagées de la sorte.

Nous allons développer le mode d’intervention dans les travées. 42 travées sont exploitables. L’amphithéâtre possède soixante travées. Dix d’entre elles, sont occupées par des escaliers. Au nord et au sud, deux travées sont conservées. Ce sont les grandes entrées de l’édifice. Six autres, seront utilisées comme passage pour maintenir un accès facile aux gradins. Sur l’ensemble de ces travées vont être installés des aménagements : les « modules ». Ce sont des éléments amovibles. Ils sont pérennes, mais peuvent être retirés si une autre fonction l’impose. Ils ne sont donc pas éphémères. Deux modules sont proposés pour s’adapter à l’architecture des travées. Le « grand module » : il s’insère dans les travées initialement prévues pour la circulation. 22 travées seront ainsi transformées. Le « petit module » : il prend place dans les 20 travées sans issue disponibles (anciennement escaliers). Chaque module propose deux adaptations en fonction de l’existant et des besoins. Le grand module est donc mono-orienté ou entièrement traversant. Ainsi, en temps de férias, le spectateur peut y avoir accès sans avoir à quitter l’amphithéâtre. Le petit module est pensé pour s’adapter au sol des travées, mais aussi aux ouvertures qui les composent. Il est donc mono orienté sur sol plat, ou traversant en cas de dénivelés avec une double hauteur. Il est adapté à la morphologie du lieu. Les modules sont en bois, et sans aucune attache physique à l’édifice. Ils s’adaptent à lui, sans le déteriorer.

ENJEUX Requalifier l’ensemble des circulations. Hiérarchiser les cheminements. Trouver une fonction, un usage et une manière d’intervenir dans les travées. PROGRAMMATION Créer une galerie marchande. Restaurer les circulations

89


Le ÂŤGrand ModuleÂť

Module traversant

Module mono-orientĂŠ 90


Le ÂŤ Pe t i t M o d u l e Âť

Module traversant

Module mono-orientĂŠ 91


Réinterprétation Plan R+2 0 5 10

20m

Sens de circulation Musée de la culture taurine Musée de l’amphithéâtre

Réprise du cadatre moyenâgeux

92


III.2.b.

Habiter

CONSTAT

L’amphithéâtre est à ce jour le mieux conservé de France (en pourcentage de pierres d’origine dans l’édifice). Néanmoins, beaucoup d’éléments ont disparu au cours des siècles, comme expliqué précédemment. Des gradins ont été détruits. Dans l’Antiquité, les arènes comptaient 32 rangées de gradins. Aujourd’hui, seuls 11 rangées sont complètes. La galerie extérieure supérieure a elle aussi été supprimée, mais sa restauration a été commencée. Aujourd’hui, il est possible de cheminer sur les ¾ de la galerie, le dernier quart étant toujours inexistant.

ENJEUX

Reconstruire les éléments détruits en respectant l’existant. Permettre de réutiliser les cheminements antiques. Trouver un programme qui pourrait permettre à ce vide de trouver une fonction

le

vide

PROJET

Le musée remplace les éléments disparus en s’adaptant à la fois aux exigences d’un musée, mais aussi à l’existant. Il aura pour logique constructive de reprendre le tracé du cadastre moyenâgeux. Les escaliers toujours présents sont restaurés et permettent l’accès à la galerie supérieure qui est entièrement reconstruite. Cette nouvelle forme, permet de proposer un nouveau cheminement. La galerie est reconstruite grâce à la pierre de la carrière de Fontvieille. Le projet de musée propose un dialogue entre le bois et la pierre. Ce choix de matériaux est une réponse climatique et écologique au projet. L’inertie thermique de la pierre permettra la durabilité et la faible consommation énergétique du musée. De surcroit, elle sera favorable à la bonne conservation des œuvres

PROGRAMME

Créer un musée s’inspirant du passé

93



III.3

M E T T R E E N L U M I È R E L’A M P H I T H É ÂT R E

III.3.a. Mise en lumière du patrimoine matériel III.3.b. Mise en lumière du patrimoine immatériel III.3.c. Rendre visible autrement

95


Programme du musée de l’amphithéâtre

La construction de l’amphithéâtre La forteresse Attrait du patrimoine Aujourd’hui

Sens de circulation

Plan R+2 0 5 10

Musée de la culture taurine 20m

96

Musée de l’amphithéâtre


III.3.a.

Mise

en

lumière

CONSTAT

L’amphithéâtre d’Arles est aujourd’hui occupé par le Musée des Arènes d’Arles. Il est constitué d’une scénographie sommaire avec des éléments de présentation au début du parcours. Il se poursuit ensuite par une déambulation très peu guidée. Le visiteur est livré à lui même dans l’édifice. L’amphithéâtre de Nîmes quant à lui, propose aussi une déambulation, mais cette fois-ci rythmée par des zones d’arrêt explicatives permettant la compréhension de l’histoire antique du monument.

du

ENJEU

matériel

PROJET

Le projet s’implante sur un quart de l’édifice. Il propose un parcours historique de l’amphithéâtre avec une succession de salles dédiées à chaque époque significative pour l’édifice : antiquité, Moyen-Âge, grands travaux de Mérimée et enfin aujourd’hui. C’est une approche plus sensible et plus archéologique. Elle ne se limite pas à l’histoire antique de l’édifice. Son entrée et sa sortie seront identiques à celles du musée de la culture taurine que nous développerons par la suite.

Proposer une nouvelle façon de transmettre l’histoire et la culture par l’intermédiaire d’un nouveau musée de l’amphithéâtre

patrimoine

PROGRAMME

Création d’un musée construit à l’intérieur de l’amphithéâtre

97

Zone d’implantation des musées


Programmation du musée de la culture taurine

Le taureau de Combat

Histoire Élevage Introduction à la tauromachie

Oeuvres (Peintures, sculptures,...)

Courses

Corridas

Sens de circulation

Plan R+2 0 5 10

Vétements

Férias 20m

Musée de la culture taurine Musée de l’amphithéâtre

98


III.3.b.

Mise

en

lumière

du

CONSTAT

La culture taurine est un patrimoine immatériel, qui fait vivre Arles. Ses festivités la rendent vivante et sont un pilier de son économie. L’amphithéâtre est depuis le début du XIXème siècle le lieu de spectacles de tauromachie. Souvent méconnue, la culture taurine est décriée et critiquée. Plusieurs associations sont nées avec le souhait de faire connaître la culture taurine au travers d’un musée. Aujourd’hui aucune proposition n’a su répondre à leurs attentes. Les collections existent : photos, gravures, affiches, vêtements, sculptures, etc. Une grande diversité d’œuvres qui n’attendent que d’être présentées.

immatériel

PROJET

D’un point de vue architectural le projet de musée s’inscrit dans la continuité de celui de l’amphithéâtre. Ils auront la même entrée et sortie. Les éléments structurels seront les mêmes que ceux du musée précédemment détaillé. Les salles s’enchaînent en respectant l’existant. (exemple : lorsqu’un escalier est présent, on le contourne). Les cloisons s’inspirent du cadastre moyenâgeux. Les musées sont mono-orientés. Ils n’ont pas de visibilité sur l’intérieur de l’amphithéâtre. Ainsi la lumière naturelle provient de puits de lumière ou de parois translucides installées au niveau de la galerie extérieure.

ENJEUX

Proposer un lieu dédié à la découverte de la culture taurine

patrimoine

PROGRAMME

Création d’un musée proposant de suivre l’évolution d’un taureau de l’élevage au spectacle

99


Un nouvel amphithéâtre Retrouver l’ensemble des points de vues de l’antiquité

Musées

De nouveaux gradins époussant la forme des musées Galerie marchande

100


III.3.c.

Rendre

visible

CONSTAT

L’amphithéâtre fait partie des édifices gallo-romains les mieux conservés. Malgré cela, les gradins métalliques de 1952, détériorent le monument. La rouille suinte et tâche les pierres antiques. L’aménagement a rendu inutilisables certains passages. Ils sont désormais recouverts de mousse. Le nombre de places a été divisé par deux depuis l’antiquité (de 25 000 spectateurs à 13 000 aujourd’hui). Lieu de spectacle, l’amphithéâtre est, à ce jour, inaccessible aux personnes en situation de handicap.

Permettre à un plus grand nombre de spectateurs de venir voir les spectacles de tauromachie en utilisant des accès plus sains PROGRAMME

Créer des gradins durables et accessibles

PROJET

Plusieurs rangées de gradins en pierre remplacent la forêt de poteaux métalliques. L’ensemble est réalisé en pierre de Fontvieille (granite). Ils viennent épouser la forme des musées ajoutés tout en développant de nouveaux accès. L’accès aux gradins est différencié de celui du musée ou encore de celui de la galerie marchande. Les voies d’accès aux gradins sont délimités par la mise en place de grilles. L’ensemble des éléments taurins existants (torils, chapelles, salle d’opérations,… ) sont conservés.

ENJEU

autrement

101


Arles

AMPHITHÉÂTRE

Touristes

Habitants


Conclusion « Petite Rome » de l’Antiquité, Arles n’a pas à rougir de sa place au sein du patrimoine français et mondial. Elle a su traverser les époques en conservant son corps et son âme. Aujourd’hui, un projet doit lui permettre de faire à nouveau battre son cœur : l’amphithéâtre. Telle a été ma volonté au travers de la construction de ce PFE. Après avoir eu la chance d’obtenir l’intégralité des plans, coupes, élévations (archéologiques) de l’amphithéâtre grâce à la Mairie d’Arles, je me suis passionnée à essayer de comprendre cet édifice aussi beau que complexe. La réalisation de plusieurs maquettes 3D des différentes époques marquantes du monument, m’a permis de mieux l’appréhender afin de vous proposer une réponse qui réponde aux attentes d’un projet de fin d’études. Ainsi l’idée d’un projet pluriel est née. Maintenu en vie grâce au tourisme, l’amphithéâtre pourrait désormais battre fièrement au rythme du cœur des arlésiens. Une galerie marchande, deux musées, de nouveaux gradins, de nouveaux accès et liaisons avec la ville, seraient comme autant d’artères accueillant la vie arlésienne et lui apportant l’oxygène dont il a tant besoin. On pourrait alors rêver qu’il devienne le modèle précurseur d’une nouvelle utilisation du patrimoine bâti inhabité, modèle permettant peut être la génération d’un nouveau mode de pensée l’avenir des vestiges antiques et d’imaginer pourquoi pas une nouvelle forme d’inscription: « monuments historiques vivants »

ANTIQUITÉ

MOYEN-ÂGE

103

AUJOURD’HUI


104


Bibliographie

HISTOIRE et CONSTRUCTION

- ADAM Jean-Pierre, La construction Romaine (7e édition), Matériaux et techniques, Picard, 2017 - DESSALES Hélène, Petit catalogue des techniques de la construction romain, Matériel Dialectique, Archéologie de la construction - DUVAL Paul Marie, Observations sur les amphithéâtres, particulièrement dans la Gaule romaine, Travaux sur la Gaule (1946-1986) ,Rome : École Française de Rome, 1989. pp. 1087-1095

- GOLVIN Jean Claude, Aquarelles et études

- HEIJMANS Marc, ROTHÉ Marie-Perre, Carte archéologique de la Gaule, 13/5. Arles, Crau, Camargue, Première Édition, 2008 LEGISLATION / RÉGLEMENTATION - ICOMOS, Conseil International des monuments et des sites, Charte Internationale sur la conservation et la restauration des monuments et des sites (Charte de Venise 1964), ICOMOS, 1964

latives à la protection des monuments historiques, Direction de l’initiative parlementaire et des délégations, Septembre 2014 - RYKNER Didier, A quoi sert la législation des monuments historiques ? (2) : les arènes de Fréjus, [en ligne], 22 juin 2010

AMPHITHÉÂTRE D’ARLES

- ZUGMEYER Stéphanie, L’amphithéâtre d’Arles, Rapport de synthèse des travaux de suivi archéologiques des restaurations des travées 09 à 01 et 60 à 53, Octobre 2014, Arles - Inrap, Archéologie Préventive, Guide pratique de l’aménageur, Inrap, Mai 2019 - Inrap, Les étapes de la fouille, [en ligne], 21 décembre 2015 - Direction du services du Patrimoine d’Arles, Ensemble de Plans, coupes, élévations

TOURISME CULTUREL

- République Française, Code du Patrimoine, [en ligne], legifrance.gouv.fr, consulté juin 2019

- Ministère de l’Économie et des Finances, Études économiques, Chiffre Clés du tourisme,DGE, Direction générale des entreprises, Édition 2018

- République Français, Note sur les lois re-

105

- Ministère de l’Économie et des Finances,


106


Bibliographie

Études économiques, Analyse: Valorisation touristiques des monuments historiques,DGE, Direction générale des entreprises, Édition 2018

la conservation du patrimoine bâti, Faculté de l’Aménagement, 2012

- Conseil National du Tourisme, Le poids économique et social du tourisme, Ministère de l’Économie et des Finances, Session 2010

- SERAIN CLÉMENT, Les politiques de l’Union européenne pour la conservation-restauration du patrimoine culturel,In Situ [En ligne], 34 | 2018, mis en ligne le 25 mai 2018,

-PRATS Michèle, Les retombées économique du patrimoine culturel en France, ICOMOS, Paris, 2011

- VIOLIER Philippe, La troisième révolution touristique, Monde du Tourisme [en ligne], Hors-série, 2016

INTERET MONUMENT

- VAN BALEN Koenraad, The Nara Grid : An Evaluation Scheme Based on the Nara Document on Authenticity, 2016

et INTERVENTIONS DANS UN

- CHOAY Françoise, L’allégorie du Patrimoine, Editions du SEUIL, Paris, 1992 - Institut National du Patrimoine, Conservation - Restauration, Orientation bibliographique, 2019 - PANTS Alix, La réutilisation du patrimoine monumental protégé : la braderie des monuments historiques ?, Université Paris 1. Panthéon Sorbonne, Institut de Recherches et d’études supérieures du tourisme, Juin 2012 - TANGUAY Mathieu, Conserver ou restaurer ? La dialectique de l’oeuvre architecturale, histoire d’un débat qui a contribué à la formation de la culture de

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R é s u m é

Les arènes d’Arles, construites au 1er siècle après J-C, sont, à ce jour, l’amphithéâtre gallo-romain, le plus ancien et le plus grand jamais construit sur le territoire français. À l’usage de la gladiature, puis utilisé comme une véritable enceinte dans laquelle se déploie un village fortifié, et retrouvant sa fonction de spectacles aujourd’hui, l’amphithéâtre est l’exemple même de l’adaptabilité d’un patrimoine à vivre et revivre dans le temps. Néanmoins, bien qu’étant un des monuments antiques les mieux conservés, ces dimensions exceptionnelles semblent pourtant être fantomatiques. L’édifice fonctionne comme un véritable rond point que l’on observe de l’extérieur, mais dans lequel on ne rentre jamais. La rampe qui entoure le monument participe à cette mise à distance. Monument classé au titre des monuments historiques, mais aussi au patrimoine mondial de l’UNESCO, le monument est un véritable collage d’architecture qui va du 1er siècle après J-C au Moyen-âge. La trace de l’usage que l’on en fait aujourd’hui n’est visible que par des constructions non-pérennes dans le temps. Quelle trace allons-nous laisser ? Comment intervenir dans un édifice à l’architecture lapidaire ? Comment donner à voir les arènes d’Arles comme elles n’ont jamais pu être vu ?

A b s t r a c t

The Arles arenas, built in the 1st century AD, are, to this day, the oldest and largest Gallo-Roman amphitheatre ever built on French territory. First used for gladiators, then used as a real enclosure in which a fortified village unfolds, and regaining its function as a spectacle today, the amphitheatre is the very example of the adaptability of a heritage to be lived and relived in time. Nevertheless, despite being one of the best preserved ancient monuments, its exceptional dimensions seem to be ghostly. The building functions as a veritable roundabout that can be seen from the outside, but into which one never enters. The ramp that surrounds the monument contributes to this distance. A monument classified as a historical monument, but also a UNESCO World Heritage Site, the monument is a veritable collage of architecture that goes from the 1st century AD to the Middle Ages. The trace of its use today is only visible through constructions that did not survive in time. What trace are we going to leave? How can we intervene in a building with lapidary architecture? How can we show the arenas of Arles as they have never been seen before?


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