Petite galerie en salle d’attente Collection B. MÊlois
L’amateur d’art ...même le bleu de ses yeux était un Klein d’oeil.
Faux pas rêver, cependant Mélois ne s’en est jamais privé. Il a rêvé d’amitié avec ses pairs, de collection d’art contemporain, il est le plus grand collectionneur de ses propres œuvres et à la faveur de ses cours de recréation il a accumulé en près de quarante ans un choix impressionnant d’œuvres d’artistes du vingtième siècle parmi les plus grands. Tous lui ont amicalement dédicacé l’œuvre choisie. Ces œuvres ont-elles été échangées, acquises ou dérobées, sont-elles vraies ou fausses, à moitié vraies, à moitié fausses ? Nous ne le saurons pas, nous savons seulement qu’elles existent, qu’elles sont exceptionnellement réunies dans cette exposition rare. Découvrez-les en ayant en tête cette mise en garde de Paul Valéry: « Il ne dépend que de toi que je sois tombe ou trésor, que je parle ou me taise, ami n’entre pas sans désir ». André Bénéraux Paris, juillet 2012
Claudine PARINAUD … Bernard MÉLOIS ... à bâtons rompus … autour de l’exposition « Faux pas rêver »
CP : À quel âge as-tu commencé ta collection ? Quel fut ton premier achat ? BM : Ma première acquisition fut un mobile de Calder. J’étais encore étudiant. J’adorais tordre du fil de fer et la tentation était grande de le réaliser moi-même à moindre coût, mais j’ai pensé que je n’aurais pas aimé que Calder refasse pour lui mon Icare. « Ne fais pas à autrui ce que tu n’aimerais pas que l’on te fasse. » Alors j’ai cassé ma tirelire et avec Alexandre, ça été le début d’une grande amitié. CP : Je ne suis pas surprise que tu sois devenu ami avec Calder. Oui, je l’ai bien connu, avec André nous l’avons visité souvent dans sa demeure de Saché. Tout comme toi, il aimait travailler loin de la ville, écologiste avant l’heure. Alors que nous déjeunions dans la grande salle de la maison, selon la formule que nous appelons couramment « cuisine à l’américaine », il était tout heureux de se raconter, de nous montrer les ustensiles de cuisine – louche, écumoire, fourchette etc … suspendus contre le mur – qu’il avait fabriqués immédiatement après son mariage. Peu argenté à l’époque il avait dit à sa femme : « Tu t’occupes du potager, moi je fais les accessoires de cuisine ».
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Je comprends que tu aies cassé ta tirelire pour acquérir une de ses œuvres. Vous avez tous deux eu cet amour du « faire » et du « fer », cet amour de la vie simple près de la nature. Votre seule différence était que Sandi (pour les intimes) aimait bien le vin, un peu trop peut-être – au mieux tu prends du cidre comme tout bon breton. Je me souviens qu’après un déjeuner bien arrosé, il nous conduisit André et moi dans sa DS, à très vive allure sur la petite route sinueuse pour nous montrer son (ses) atelier(s) de travail. Ayant pris la « place du mort » j’étais inquiète, mais je compris immédiatement qu’il maitrisait bien ses réflexes, et combien l’homme était puissant. Outre l’énorme bâtiment, il y avait une « petite maisonnette » où il travaillait ses œuvres sur papier. La porte d’entrée était si basse qu’il devait plier son corps pour y entrer. Ce fut pour moi des moments rares et enchanteurs tout comme cela fut le cas lors de notre première visite en 1976 à La Ferté Milon. Que je retrouve d’ailleurs à chacune de mes visites, sans André malheureusement puisqu’il nous a quittés en 2006; mais tous ses textes critiques, je veux dire élogieux, nous restent. La vie continue, les relais se passent et pour mon plus grand bonheur Blaise, notre fils, navigue également en Méloisie. Comme il dit « je suis né avec un oiseau de Mélois au pied de mon lit ». Passons du « fil de fer » de Calder, au « fil de laine » avec ton œuvre dédicacée par Annette Messager. Rencontre fortuite, rencontre voulue ? BM : Ma collection possède certaines œuvres pour lesquelles je n’ai pas eu forcément
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le coup de foudre. Mon Annette Messager a été un achat d’opportunité, un ami collectionneur en difficulté passagère me l’avait proposé à bon prix. Je le revendrai à l’occasion tout comme mes deux boîtes de merde d’artiste de Manzoni. Leur valeur sûre avait motivé mon achat, je ne regrette pas, leur revente permettra une autre acquisition et Piero ne m’en voudra certainement pas, lui qui, lucide, m’avait dit à notre dernière rencontre : « c’est de la merde, revends-la tant qu’il est encore temps, les conserves sont périssables. » Je revendrai aussi mon Tàpies et mon Beuys que je n’aime pas du tout . CP : C’est en 1971, à la Galerie Mathias Fels (fils du critique d’art Florent Fels), que je découvrais l’œuvre de Manzoni et ces boîtes de merde. La galerie Mathias Fels située au cœur des grandes galeries de l’époque et de la Rive Droite : Louise Leiris, Louis Carré, Maeght, Ariel ... était minuscule par sa taille, mais c’est Mathias qui avait le plus d’audaces et présentait des artistes très avant-gardistes et provocateurs qui ne manquaient pas de surprendre le visiteur, car sur les cimaises des galeries voisines on admirait des Picasso, Léger, Juan gris, Masson, Miró, Chaissac. Mathias Fels considérait ses choix incontournables pour qui voulait commencer une collection. C’est chez lui que je vis également les premiers pots de Jean Pierre Raynaud, mais ceux-là de « fleurs » et vides ; mais revenons à tes deux pots de merde de Manzoni, sache qu’il t’en reste un seul car tu en as offert un à André. Sommes-nous dans la multiplication des petits pains ! BM : Piero m’en avait donné plusieurs, je ne comptabilise pas celle offerte à André ! 30g par boîte, ce n’est pas beaucoup. CP : On ne parle que de ces boîtes de merdes d’artistes mais ces jours derniers, parcourant les cimaises de la galerie parisienne Di Meo qui présentait un accrochage d’artistes italiens, j’ai vu quelques très belles œuvres de Manzoni, j’ai parcouru le catalogue raisonné – deux volumes – sur cette œuvre brève dans le temps puisqu’il est mort à l’âge de 29 ans, mais dense et marquante dans l’histoire de l’art. Je me promets
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d’ailleurs de prendre le temps de mieux découvrir toute sa démarche. J’ai appris aux côtés d’André que l’on ne peut parler ou juger de l’œuvre d’un artiste si l’on ne connaît pas l’homme et n’a pas dialogué avec lui. N’est-ce pas exact en ce qui concerne ton œuvre et toi-même? BM : Exactement, je ne peux dissocier l’artiste de son oeuvre. Un artiste prétentieux génère une oeuvre prétentieuse que je n’aimerais pas posséder. Je n’aimerais pas non plus que quelqu’un que je n’apprécie pas acquière une de mes oeuvres, je la sentirais en otage. CP : Pourquoi n’as-tu pas de Buren dans ta collection ? BM : J’en ai eu deux, mais je m’en suis vite séparé. La plupart des amis qui les découvraient chez moi repartaient persuadés, en me le disant parfois, que c’étaient des faux que j’avais réalisés moi-même en tendant de la toile rayée achetée au Marché Saint-Pierre. Ces deux Buren jetaient la suspicion sur l’ensemble de ma collection. C’est donc sans état d’âme que j’ai décidé de les confier à Christie’s qui me les a vite revendus à NY, leurs experts les ayant authentifiés. CP : Buren est un artiste incisif, critique, tout comme Manzoni, et sa renommée internationale ne peut être contestée. En 1963, la sténotypiste d’André qui enregistrait et dactylographiait tous ses entretiens lui dit un jour : « Mon fils peint, mais il est arrivé à un point d’évolution qui me sidère. Je serais heureuse que vous acceptiez de le rencontrer et que vous me fassiez connaître votre avis. » C’était l’époque où Buren présentait le tissu rayé blanc et gris acheté au Marché Saint Pierre, dont son atelier était voisin. « J’ai écouté Daniel Buren avec une grande attention … Sa décision était prise et nul ne pouvait influencer sa vocation … L’essentiel qui naît de l’acte créateur lui-même est la mutation Espace-Temps qui peut devenir
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transformation de la Réalité et surtout implique de nouvelles fonctions sensibles. » concluait André dans son article paru dans Galerie des Arts n°50, février 1968. Ce Pompon dans ta collection. Tu ne peux affirmer que tu l’as connu, c’est FAUX, il est décédé en 1933 . Explique-toi ! BM : Je suis très ennuyé pour présenter ce Pompon dans cette exposition. La dédicace qui l’accompagne le décrédibilise, j’ai pourtant toutes les garanties de son authenticité, mais on n’est jamais à l’abri de l’erreur complaisante d’un expert ! « Au futur Mélois, un digne confrère ». Honteux, je dois avouer qu’à l’évidence cette dédicace est fausse. Pompon ne pouvait pas me connaître ni présager de mon œuvre future, mais le temps étant relatif, de bonne foi on en perd la notion. Ma fille Mathilde, enfant, me questionnait sur la technique de Phidias : « Est-ce que c’est un sculpteur à soudures comme toi, papa ? », elle ignorait alors que 25 siècles nous séparaient. J’ai tant de plaisir à posséder ce lion et depuis si longtemps que je finis par croire avoir bien connu François (il m’appelait Bernard ), comme je peux imaginer aussi avoir bien connu Rodin dont je ne possède hélas encore aucune œuvre, et c’est un regret ... CP : Quelles sont les œuvres de Picasso et de Dali que tu possèdes ? BM : De Picasso, j’ai une petite peinture sur bois « le jambonneau ». J’ai l’original inestimable, l’Ermitage en possède une copie. J’ai aussi une grande linogravure en trois couleurs sans titre, acquise à la foire de Bâle en 1989. Quant à Dali, j’ai un grand dessin en deux couleurs, rehaussé de lavis, monogrammé SD, de la période des objets mous, trois pointes sèches figurant au catalogue Dali de Charles Sahli édition 1989, j’ai aussi deux anamorphoses figurant au même catalogue. Mon unique Miró, hélas de piètre qualité, apparaît quant à lui au catalogue d’une exposition Braque, Chagall, Dali, Miro, Picasso, à la galerie Orangerie-Reinz à Cologne. CP : Je n’ai jamais rencontré Picasso. Il se protégeait beaucoup. Peu de gens
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l’approchaient dans son intimité. Mais ses amis Edouard Pignon, le peintre, et sa femme Hélène Parmelin, écrivain (tous deux communistes ce qui explique cela), Dominique Sassi chez qui il travaillait ses céramiques à Vallauris, inconditionnels, témoignent qu’il était agréable. Mais je me souviens surtout d’un témoignage du fils de Juan Gris Lorsque son père possédait un atelier au Bateau Lavoir, en même temps que Picasso. « Chaque matin Picasso faisait le tour de tous les ateliers des artistes du Bateau Lavoir. Au bout de quelques temps ces derniers comprirent que Picasso « le génie » restituait leurs travaux avec sa vision mais que les idées étaient les leurs. Alors tous décidèrent de cacher leurs dernières œuvres sous leur lit lorsque Picasso les visitait ». Pour mieux expliquer l’homme je rappellerai l’une de ses réponses, extraite de son entretien avec Brassaï, qui figurait à l’entrée de l’exposition des Archives de Picasso à l’Hôtel Salé (des centaines de cartons, plus de vingt années de décryptage), la plus émouvante et intéressante exposition qu’il me fut permis de voir. « Sans doute existerat-il, un jour, une science que l’on appellera « une science de l’homme » qui cherchera à pénétrer plus avant l’homme à travers l’homme création. Je pense souvent à cette science et à laisser à la postérité une documentation aussi complète que possible. » Ainsi, fidèle à son désir, dans l’une des vitrines, on pouvait voir quelques uns de ses tickets de métro, de ses cartes d’adhésion au Parti Communiste, de chèques non encaissés … c’était fascinant. Le Léonard de Vinci du XXe. De cette démarche tu n’es pas très éloigné … ton grand atelier, ta vaste maison, ta boulimie, ta passion de la récupération te permettent de collectionner sans cesse au fil de tes relectures des objets du quotidien. B.M. : C’est vrai qu’il était difficile d’approcher Picasso mais, tu vas rire, c’est par le plus grand des hasards que je l’ai connu en 1959, j’avais tout juste 20 ans. Je me promenais dans les rues de Vallauris avec ma chienne scottish Galla (un hommage à Dali), soudain déboule, sorti d’on ne sait où, un teckel à poils ras. C’était Lump le chien de Pablo. Pablo
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courait derrière lui pour le rattraper. C’est comme ça que nous avons sympathisé. C’est drôle, non ? Je lui ai rendu hommage avec une grande sculpture en bronze et tôles émaillées, « Notre Père qui êtes aux cieux ». Je l’ai représenté luttant avec le centaure qu’il avait esquissé avec une lampe torche, dans le noir de son atelier, devant l’objectif du photographe américain Gjon Mili. J’ai beaucoup aimé Pablo. J’ai connu Dali d’une façon plus banale que Pablo. J’avais un marchand suisse qui éditait ses gravures. Nous sommes allés le visiter ensemble à Cadaquès l’été 1985. Mon travail l’enthousiasmait, il se plaisait à répéter « Mélois qui fait de l’art avec des seaux à caca ». Avant de mieux connaître Salvador, je le détestais. Son cinéma et ses élucubrations métaphysiques m’exaspéraient, en privé c’était un Atelier Madoura, Vallauris 1970 homme simple, inquiet, emprunt de doutes, un grand artiste. En écho à sa série d’anamorphoses j’avais réalisé une sculpture de présentation qui était elle-même une anamorphose de son portrait. Mon bronze fut longtemps exposé au Musée Dali de Montmartre à Paris avec ses propres anamorphoses, à tel point que ma sculpture finit par être considérée comme une œuvre de Salvador. J’eus un jour la surprise de voir à la télévision Amanda Lear, son ancienne muse, la présenter comme une anamorphose de Dali ! Les Dali de ma collection sont des échanges. Avec André tu as connu Dali plus longuement et plus intimement que moi ? André est très souvent cité dans la version allemande du « Salvador Dali 1904/1989 » édité
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conjointement par la Staatsgalerie de Stuttgart et la Kunsthaus de Zurich. CP : Oui, je l’ai bien connu et fréquenté à Paris, à Cadaquès. André avait une grande complicité avec ce génie. Dès qu’il arrivait à Paris, à l’Hotel Meurice, Dali téléphonait à André « Parinaud venez me voir … je vous attends ». Dès qu’André pénétrait dans son salon Dali était tout disponible pour lui, ils parlaient de science souvent, de la modernité et des avancées scientifiques. Dali demandait à André de lui trouver tel ou tel livre. Ce personnage que l’on a toujours eu tendance à présenter comme un clown à cause de ses excès et de ses provocations qu’il ne réservait d’ailleurs qu’aux interlocuteurs qu’il recevait, par curiosité, mais dont il comprenait très vite qui lui faisait face, et à qui il ne donnait que ce qu’ils étaient venus chercher. J’ai souvent été le témoin de telles scènes. Je ne suis pas étonnée de voir un Ben dans ta collection. Quand l’as-tu rencontré ? BM : Ben et moi, on est fâchés depuis très longtemps, pour des raisons obscures que je ne veux plus évoquer. À ceux qui lui parlent de moi, il répond :« je ne connais pas ce Mesloy là ». Il m’a pourtant offert il y a 25 ans ce petit tableau sérigraphié qui dit sans ambages : « J’aime Mélois » et c’est bien signé Ben ! C’est tout Ben, et je crois que je l’aime pour ça. CP : Je pensais que tu avais une grande complicité avec Ben. Tous les deux maniez toujours humour et provocation qui me paraissaient bien compatibles et suis étonnée que vous soyez « brouillés ». Je me souviens d’un accrochage au musée municipal d’art moderne de la ville de Paris : un tableau de Ben annonçait « je signe tout, même le gardien », cinquante centimètres plus loin sur une chaise un gardien tête baissée, je l’ai touché pensant que c’était un
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mannequin, que nenni, il s’était endormi. BM : J’ai dans ma collection « Il ballerino », une lithographie de 1973 de Marino Marini. Avec Marino, le courant est tout de suite passé. La rencontre s’est faite à Venise, quelques mois avant la mort de Peggy Guggenheim, notre amie commune. Hélas, un an à peine après Peggy, Marino disparaissait. Je l’aurai très peu connu. Ses accents chantants m’ont manqué. J’aime son œuvre et suis heureux de posséder « Il ballerino ». CP : Toi, sculpteur, pourquoi as-tu choisi de Marino Marini une lithographie et non une sculpture ? Le prix me diras-tu ! Mais il y a quarante ans les prix n’étaient pas excessifs. J’aime les dessins des sculpteurs – l’instant d’avant le volume où tout reste à faire mais qui témoigne déjà du sujet, avec une économie de moyen. Ainsi j’ai appris à aimer les dessins d’un Rodin par exemple, que je vois chaque dimanche lorsque je rends visite à une très chère amie depuis quarante ans – dans la galerie d’accueil de son appartement quatre dessins font face à ta grande sculpture de 1990 que j’appelle ta danseuse en hommage à Degas, mais que tu as intitulée « A last Degas in Las Vegas » car tu as découvert l’un de ses seins. J’ai découvert et apprécié aussi le dessin d’un Gilioli dont je ne connaissais que les sculptures. Un ami belge m’avait adressé par mail le portrait de sa compagne par Gilioli, un visage d’un seul jet au feutre. Le dessin est partie intégrante de chaque œuvre. On tient le dessin en mains, on tourne autour de la sculpture, deux jouissances différentes. Un Pape de Marini dans une petite ruelle de Beausoleil, un cavalier de Marini dans les allées de Biennale des Antiquaires, je me souviens. J’en viens à cette œuvre d’Hitler, surprenante par sa médiocrité picturale et par sa présence dans ta collection ! Peu de gens savent qu’Hitler peignait. Trois fois inscrit au concours d’entrée aux Beaux Arts de Vienne, il ne fut jamais admis. Alors, raconte moi comment et pourquoi ! BM : Permets-moi de ne pas répondre à cette question embarrassante. Il faut d’ailleurs
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minimiser l’importance de l’œuvre d’A.H. dans ma collection, c’est une œuvre très mineure d’un peintre très mineur et je ne peux m’empêcher de penser que si A.H. avait eu le talent de mon ami Pablo, il se serait totalement investi dans sa peinture et la face du monde en eût été changée ... mais on ne refait pas l’histoire. CP : De toutes les « célébrités » présentes dans ta collection, tu sembles leur préférer cet inconnu pour moi, Adek, alias Albert. Mais cela ne m’étonne nullement car c’est un marginal heureux de créer tout comme toi qui a fait le choix de te protéger, de te cacher pour créer. Le succès et la notoriété sont venus à ton insu, car à chaque fois qu’un nouveau visiteur t’approchait et pénétrait par le long couloir empli de seaux émaillés, protégés par la photo du garde des sceaux du moment, on comprenait immédiatement que l’on ressortirait transformé et tombé en Méloisie à vie. Les battants de ton immense porte de fer s’ouvraient uniquement si l’on avait été coopté par des Méloisiens. Aujourd’hui les expositions de ton œuvre se multiplient et tu t’es dit que ce n’était pas si désagréable et je te rappellerai ta phrase qui caractérise tout ton caractère « à chaque fois qu’un grand de la sculpture décède j’avance d’une case ». Adek était je crois un grand ami de Dali ? BM : Oui, le surréalisme les avait réunis, mais Adek est avant tout mon ami de cinquante ans. Nous avons eu des ateliers très proches, on se voyait pratiquement tous les jours, nos origines bretonnes nous avaient rapprochés. Il a la plus grande collection de ma première période. Avoir fait des échanges avec lui a sauvé ces pièces car j’ai pratiquement tout détruit de mes recherches initiales. Il est le seul à en posséder. Il a le numéro 1 de mon catalogue émail et j’ai sa toute première toile, qu’il signait encore Albert en 1954. CP : Pour conclure: « Faux ou Faut pas rêver? » BM : Dans ma collection, tout n’est sans doute pas vrai mais tout peut être vrai. Tout
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n’est sans doute pas faux mais tout peut être faux. Les dessins signés Mélois qui accompagnent le catalogue, avec toutes les garanties d’une œuvre authentique sont peut-être eux-mêmes des faux. Aux experts patentés de séparer le bon grain de l’ivraie ! Pour moi, tout est bon grain. Ma collection est ma vie. Je crée pour collectionner. Je me flatte d’être le plus grand collectionneur de moi-même et mon spécialiste, après André, toi-même et maintenant Blaise pour la génération montante. Mes choix m’orientent vers les artistes qui m’aiment et que j’aime, vers des œuvres qui me font rêver car, quoi qu’en dise l’affiche de l’exposition, IL FAUT RÊVER !
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CATALOGUE RAISONNÉ acquisitions 1959 - 2012 Adek
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Anonyme
p. 23
Ben
p. 24
Beuys
p. 25
Buffet
p. 26
Calder
p. 27
Dali
p. 28 - 30
Duchamp
p. 31 - 32
H.
p. 33
Klein
p. 34 - 35
Magritte
p. 36
Manzoni
p. 37
Marini
p. 38
Messager
p. 39 - 52
Miro
p. 40
Ortega
p. 41
Picasso
p. 42 - 43
Pompon
p. 44
Prévert
p. 45
Tapies
p. 46
Windsor (H.R.H. Prince Ch.)
p. 47
Bourgeois
p.48
Filliou
p.49
Viallat
p.50
Koons
p.52
Utrillo
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À Bernard, mon fabuleux ami-calmant – Adek 1965
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À Mélois – Anonyme (XIXème siècle)
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À l’incroyable Mélois – Ben
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Für Mélois – Beuys
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À Mélois – Bernard Buffet
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To my friend Mélois – Alexandre Calder
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À Mélois mon ami – Dali
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À Mélois – Dali
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Para Melois que tento talente tiene – Dali
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À Mélois – Duchamp
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À mon ami Mélois – Marcel
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FĂźr meinen sehr lieben Freund MĂŠlois, den ich so sehr bewundere! A.H.
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À mon ami Mélois qui a eu 20 ans hier – 10/02/1959 Yves Klein
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À Mélois – Yves Klein
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À Mélois une fois – Magritte
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Al mio caro amico Melois – Manzoni 1964
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A te, Melois – Marino Marini
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À Mélois grand sculpteur – Annette Messager 2008
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Au jeune Mélois à qui je souhaite de devenir aussi vieux que moi – Miró
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Te saludo amigo Melois, me gusta lo que haces – Ortega
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À Mélois – Picasso
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À Mélois – Picasso
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Au futur Mélois un digne confrère – François Pompon
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Pour faire le portrait d’un photographe mort, à l’ami Mélois – Prévert 1980
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Para mi querido amigo Melois –Tàpies
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To my dear friend Mélois and his wife – Charles Winsor 1987
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A Mélois dont j’apprécie le travail - Louise Bourgeois février 2013
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A l’ami Mélois – Robert Filliou février 1969
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A l’ami Mélois – Viallat 2014
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Pour mon ami Mélois – Annette Messager 2015
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To Melwa – Koons 2015
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Pour MÊlois que ma mère a bien connu - Maurice Utrillo
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Merci à toutes les personnes qui ont contribué d’une manière ou d’une autre à la réalisation ce projet, en particulier à Aurélie Filipetti, ministre de la culture et à Claudine Parinaud pour l’entretien. Cette publication a été éditée à l’occasion de l’exposition en salle d’attente, du 1er au 26 août 2012, à La Ferté-Milon (France). Conception et réalisation: Mathilde Mélois Crédits photos: Michèle Mélois Support artistique: Clémentine Mélois Achevé d’imprimer en avril 2013
L’édition originale de ce catalogue a été limitée à 40 exemplaires numérotés de 1/40 à 40/40 et X exemplaires numérotés de I/X à X/X Exemplaire numéro XXX