Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

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Elaboré par : Siwar SOUSSI Dirigé par : Hayet BADRANI


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

DEDICACES

A mes chers parents, Sami et Houda, aucun hommage ne pourrait être à la hauteur de l’amour dont ils ne cessent de me combler, que Dieu leur procure bonne santé et longue vie. A mes chères sœurs, Pour leur aide envahissante et leur compréhension, je les remercie pour tout le soutien et l’amour qu’elles me portent. A mon frère, Pour son aide, son écoute, ses encouragements et son respect, que dieux lui apporte tout le bonheur qu’il mérite. A mes amis, pour leur amour, leur présence, leur soutien moral, et leurs encouragements, les mots ne suffissent pas pour vous remercier. A ma chère grand-mère Khadija, que dieux lui apporte une longue vie. A ma chère grand-mère Biya, que Dieu bénisse son âme. A tous les membres de ma famille, pour l’amour et le respect qu’ils m’ont toujours accordés. Je dédie ce travail avec tous mes vœux de bonheur, de santé et de prospérité.

Siwar

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Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

REMERCIEMENTS

Je commence par louange à « Dieu » le miséricordieux, pour la patience, la compétence et le courage qu’il m’a inspirée pour réaliser ce travail. Je voudrais exprimer ma grande gratitude à la directrice de mon mémoire Mme Hayet BADRANI, pour son dévouement, ses encouragements et ses précieux conseils qui ont guidé mes réflexions et enrichi mon projet.

Tous mes remerciements vont à l’ensemble des enseignants de l’ENAU, pour les efforts qu’ils ont déployés durant ces cinq dernières années dans le but de nous assurer une formation de qualité. Mes remerciements s’adressent, aussi, à mes amis et ma famille, à qui je dédie ce travail, pour leur soutien sans faille depuis tant d’années. Qu’ils puissent tous, trouver ici, l’expression de ma gratitude et de mon grand respect. Que ce travail leur exprime ma reconnaissance la plus profonde. Enfin, j’adresse mes remerciements les plus dévoués aux membres de l’honorable jury pour avoir accepté d’évaluer mon travail en espérant qu’ils y trouvent les qualités de clarté et de motivation qu’ils attendent.

Siwar

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Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

Sommaire Avant-propos ............................................................................................................................ 8 Introduction ............................................................................................................................. 9 Problématique ........................................................................................................................ 10 Méthodologie .......................................................................................................................... 13

CHAPITRE I. LES QUARTIERS HISTORIQUES DES MEDINAS, CE TRESOR DU PASSE ........................................................................................ 15 1.

Notions principales ..................................................................................................... 16

2.

La ville historique, une ville palimpseste .................................................................. 17

3.

La médina, une ville historique ................................................................................. 19

4.

Le quartier historique comme lieu à réinvestir ....................................................... 22

Synthèse I : Un lieu de vie dans l’oubli, quel avenir pour les quartiers historiques des médinas ? ................................................................................................................................ 26

CHAPITRE II.VERS LA SAUVEGARDE ET LA REVITALISATION DES QUARTIERS HISTORIQUES ............................................................... 27 1.

Evolution des attitudes envers la protection du patrimoine urbain ................... 28

2.

Les organismes de protection .................................................................................... 30

3.

Succession de chartes et évolution de la notion du patrimoine ............................. 30

4.

Instruments et méthodes de sauvegarde : entre restauration et transformation . 32

5.

Etude d’exemples référentiels .................................................................................... 37

Synthèse II : pour la reconquete des quartiers historiques ............................................... 44

CHAPITRE III. LA VILLE DU KEF « UNE ROCHE ELEVEE SUR L’HISTOIRE ET LA CULTURE »................................................................. 45 1.

Contexte géographique et naturel ............................................................................. 47

2.

Morphogénèse de la ville ............................................................................................ 49

3.

Diagnostic : les spécificités de la médina du Kef..................................................... 54

Synthèse III : Le centre historique du Kef et son circuit touristique .............................. 60

CHAPITRE IV. LE QUARTIER HISTORIQUE SIDI BOUMAKHLOUF : LIEU DE MEMOIRE ET DE CONVIVIALITE ............... 61 1.

Présentation ................................................................................................................ 62 5


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2.

Analyse urbaine ......................................................................................................... 63

3.

Etude des composantes du quartier .......................................................................... 64

4.

La spiritualité dans la mémoire du quartier ........................................................... 70

5.

Référence des événements culturels .......................................................................... 71

6.

L’histoire de la protection du quartier Sidi Bou Makhlouf et son échec .............. 72

7.

Etat des lieux ............................................................................................................... 72

8.

Eléments graphiques du quartier .............................................................................. 76

Synthèse IV : Le quartier de Sidi Bou Makhlouf au Kef, entre valorisation et abandon .................................................................................................................................. 77

CHAPITRE V. LA CULTURE ET L’ART POUR REDYNAMISER L’ESPACE URBAIN HISTORIQUE ............................................................ 78 1.

Les projets culturels à travers l’innovation artistique pour l’actualisation des

traditions et de l’identité locale ........................................................................................... 79 2.

Le concept des ‘’quartiers artistiques’’ .................................................................. 83

Synthèse V : Les quartiers artistiques pour la revitalisation urbaine .............................. 86

CHAPITRE VI. INTERVENTION : REVITALISATION URBAINE ET ARTISTIQUE DU QUARTIER SIDI BOU-MAKHLOUF .......................... 87 1.

Objectifs du projet ...................................................................................................... 88

9.

Délimitation de la zone d’intervention ...................................................................... 88

2.

Parti architectural et choix conceptuels .................................................................. 89

3.

Programme fonctionnel ............................................................................................. 94

4.

Genèse, évolution de l’intervention et recherches formelles ................................... 95

5.

Choix de l’aspect de la greffe .................................................................................... 96

6.

Emergence du projet ................................................................................................. 98

7.

Documents graphiques ............................................................................................. 101

Conclusion générale ............................................................................................................. 106 Liste bibliographique .......................................................................................................... 107 Index des figures .................................................................................................................. 112 Table des matières ............................................................................................................... 117

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’’C'est en assurant la continuité entre le passé et le présent que nous aurons les meilleures chances de façonner l'avenir. La mémoire est un facteur essentiel de la créativité de l'homme’’ (Mayor, 1994).

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Avant-propos

En grandissant, un intérêt et une passion envers l’histoire se sont développés chez moi. Je m’intéressais surtout aux supports physiques de l’histoire : les monuments, les sites et plus encore les villes. Ce qui me passionne le plus c’est le fait que ces œuvres d’art gardent, transmettent et racontent l’histoire à travers une âme toujours vivante. Au début de l’année universitaire 2017-2018, dans le cadre de l’atelier de 5ème année «Homme, Architecture et Environnement : du contexte à la re-contextualisation », nous avons effectué un voyage d’étude à la région du Nord-Ouest tunisien, où j’avais eu la chance de découvrir la ville du Kef et son centre historique, une ville ancienne riche en histoire. A l’entrée de la ville nous avons pu observer la majorité du centre historique par le haut et je n’ai pu qu’admirer ce paysage urbain spécifique avec des constructions accrochées à la montagne et surplombées par une grande forteresse la Kasbah. J’ai trouvé le paysage d’une beauté exceptionnelle ; une mosaïque architecturale qui tire son homogénéité de sa diversité, éveillant ainsi la curiosité d’explorer, de découvrir de décortiquer la richesse de son patrimoine culturel matériel et immatériel. Se promener pour la première fois dans les rues de la médina du Kef était pour moi, un voyage dans le temps et une découverte. J’ai eu l’occasion d’expérimenter et de contempler cette richesse patrimoniale que j’ai

beaucoup admirée surtout celle du quartier de Sidi Bou

Makhlouf ; Ce quartier est un lieu glorieux qui m’a éblouie par son originalité, sa composition et plus encore par l’état délabré et abandonné de certains de ces composantes qui diminue de la valeur de cette richesse historique. En fait, un état d’abandon envahi tout le centre historique alors qu’il mérite d’être l’une des meilleures destinations touristiques de la Tunisie. Je me sentais donc concernée par le présent et l’avenir de cette ville, dont j’ai vu le cadre idéal pour mener à bien une réflexion pertinente pour mon mémoire d’architecture. Comme je me souciais de l’avenir du quartier Sidi Bou Makhlouf, étant le lieu de convergence des voiries de la médina, j’ai entamé mes travaux de recherche, et d’analyse sur cet espace urbain. Je souhaite par ce travail, pouvoir apporter un autre éclairage d’avantage architectural, urbain et artistique sur ce quartier historique ainsi que sur la médina du Kef et contribuer ainsi à la faire découvrir aux personnes qui n’ont pas encore eu la chance de la visiter.

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Introduction Les êtres humains évoluent tout comme leurs cultures. Cette évolution n’est assurée vraiment qu’en penchant notre regard vers l’avenir, avec un ancrage dans notre passé. En effet la considération du passé favorise bien la progression et ouvre des perspectives sur le futur. L’histoire garde toujours des éléments d’identité par le passé et accumule d’autres avec le temps et permet de les collectionner en un « patrimoine ». Celui-ci se présente comme le support d’une authenticité et d’une identité physique et culturelle d’un groupe humain ou d’une région géographique. Les anciennes civilisations ont laissé derrière elles une mémoire, des témoignages d’un patrimoine (matériel et immatériel) racontant une culture, un savoir-faire, des traditions et des coutumes. Elles se sont succédées pour donner lieu à des villes historiques, celles d’hier et d’aujourd’hui ; des villes palimpsestes, tel que l’avance Jean Chesneaux « la ville est un êtredans-le-temps1 » (Paquot, 2001). Les villes constituent un support physique d’une histoire, d’une stratification et d’une évolution (temporelle, spatiale et sociale) représentative de ces civilisations qui s’y sont succédées. Les villes sont alors un produit du temps ; assurant ainsi une continuité temporelle, elles sont considérées selon leurs valeurs historiques, urbaines, architecturales et symboliques Les centres se distinguent par des unités spatialement et socialement spécifiques, ceux sont les quartiers historiques centraux, les cœurs battants de ces villes. « La partie la plus ancienne de la ville, le centre historique, continue à contenir, dans sa riche stratification, de précieux éléments de qualité urbaine » (Placidi, 1999).Chaque quartier représente le lieu qui préserve l’âme, la vie et la dynamique d’une ville, c’est en fait une « unité sociale au sein de laquelle les habitants pratiquent l’essentiel de leurs activités quotidiennes, entretiennent des liens forts de sociabilité et de solidarité fondés sur la proximité et partagent des expériences et des sentiments, à l’écart de la grande ville » (Authier, 2008) Les anciens quartiers forment un patrimoine de la ville, ils jouent un rôle non seulement historique mais aussi symbolique et culturel comme un lieu d’échange et de déroulement de divers activités sociales. Cependant, ces quartiers ont été souvent présentés comme le foyer de la vie sociale malgré les difficultés qu’ils ont vécu au cours de leur évolution aux siècles derniers.

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Chesneaux, Jean, « Mémoire urbaine et projet urbain » (Paquot, 2001 pp. 107-127).

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Problématique Les quartiers historiques constituent une richesse et présente un potentiel important dans les villes anciennes. Aujourd’hui, ces anciens lieux de vies sont laissés dans l’oubli; beaucoup de ces quartiers se trouvent totalement abandonnés et délaissés suite à l’intérêt porté aux nouveaux centres urbains. En effet, suite à un étalement urbain récent, les nouvelles agglomérations jouant un rôle politique, économique et social important se sont développées à la périphérie des villes anciennes et c’est avec ce phénomène qu’a commencé la fascination des habitants par les nouveaux quartiers modernes. Ce phénomène d’urbanisation nous permet, dans un premier ordre, d’énoncer le problème du déclin d’un patrimoine culturel important, détachant les centres historiques de la vie quotidienne. Ces derniers se trouvent face à une mutation, engendrant la défiguration, la perte d’identité et le risque de leur dégradation, négligeant par ce fait l’importance du patrimoine architectural et urbain et la nécessité de les protéger. Ici, le rapport qu’entretient le citoyen à son héritage culturel, pose aussi problème. «Dans le contexte urbain contemporain, le patrimoine est souvent considéré comme un obstacle au développement, un passif

que seule une communauté bien nantie peut se

permettre de conserver. Or, l’expérience démontre qu’il peut au contraire s’avérer un puissant outil de progrès, un agent de croissance aux impacts diversifiés. Car le patrimoine est omniprésent » (Marie-Claude, 1997).

D’où notre premier questionnement : Comment peut-on façonner l’avenir des villes anciennes tout en leur permettant d’être adaptées à la communauté d’aujourd’hui ? Il s’agit, dans la plupart des cas d’un phénomène de négligence de l’histoire, en ayant l’idée qu’un passé peut survivre sans être intégré à l’évolution actuelle et continue du mode de vie. En revanche, aujourd’hui, contrairement au mouvement moderne qui préconisait la table rase, la mise en valeur du patrimoine urbain et de l’identité des lieux constitue un intérêt nouveau. Désormais, c’est principalement une question de respect du patrimoine tout en le laissant évoluer suivant les nouveaux besoins de la société. Notre deuxième question serait alors : Comment procédez à l’actualisation du patrimoine urbain tout en préservant les aspects historiques du passé ?

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La Tunisie étant habitée depuis des siècles, présente un témoignage de la succession de plusieurs civilisations qui ont fondé de nombreuses agglomérations dont nous citons les noyaux urbains vernaculaires (comme Takrouna, Matmata, Chenenni, etc.) et les médinas (comme Kairouan, Tunis, Kef, Sousse, Hammamet, Béja, etc.). Les médinas sont des centres historiques qui représentent un patrimoine urbain très important pour la Tunisie, elles sont les traces qui témoignent de l’urbanisme arabo-musulman. Cependant, leur état aujourd’hui varie d’une médina à une autre, faute du manque de conscience et de la relation emblématique actuelle du citoyen avec son héritage culturel et historique. Suite à la prise de conscience récente de ce patrimoine, des essais de protection et de sauvegarde ont été menés par des autorités sur une sélection de quartiers de quelques médinas, afin de les revaloriser ; c’était le cas pour le quartier Sidi Ben Arous à la médina de Tunis. A ce niveau, nous nous demandons alors ; Comment procéder à la sauvegarde ? Ainsi, est-il suffisant de « sauvegarder l’image » d’un quartier historique ? Située au Nord-Ouest de la Tunisie, la ville du Kef s’est développée à partir de sa médina (son centre historique) qui présente un patrimoine culturel riche et diversifié « Étagée sur les flancs du rocher primitif, au pied de la citadelle et sur le palier des sanctuaires, la Medina du Kef étale ses cubes en cascade... un site naturel exceptionnel et une ancienne et riche histoire» (Tlili, 2008) ; Une ville arabo-musulmane qui se distingue par ses paysages naturels, ses morphologies urbaines ainsi que par ses typologies architecturales assez diverses. Le centre historique du Kef représente un modèle vivant d’une diversité culturelle et d’une stratification historique visibles par les vestiges architecturaux et archéologiques qui avaient réussi à exister jusqu’à aujourd’hui. En effet, la ville du Kef est connue comme une ville culturelle. Elle est connue principalement, par la musique, les chants populaires, la poésie et les arts dramatiques. Cependant les valeurs authentiques de cet héritage culturel important, y compris diverses coutumes et traditions, sont en train de disparaitre dans une inconscience inquiétante et devant un mépris total qui avaient déjà commencé avec l’arrivée du protectorat français. Actuellement,

la médina du Kef a perdu sa qualité de lieu de concentration des activités quotidiennes ; ses habitants sont partis pour occuper les quartiers modernes qui résultent d’un étalement urbain en cours d’accélération aux alentours de la médina, ravageant les terres agricoles. Le quartier de Sidi Bou-Makhlouf, le noyau central de la Médina du Kef représente un ensemble patrimonial de forte symbolique culturelle et historique ; ce fut un ancien lieu de convergence des voiries de la médina ; le véritable cœur de l’antique cité de Cirta-Sicca et 11


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l’âme de l’ancienne médina arabo-musulmane de Chaqbanaria-Kef. Ce quartier a été décrit par l’historien Mohammed Tlili comme : « L’authentique quartier de synthèse où les nombreuses et diverses civilisations, qu’avait connues la ville, avaient laissé leurs empreintes archéologiques et architecturales » (Tlili, 1998).

Ce quartier reste parmi les plus entretenus de la médina. Toutefois, son état actuel est délabré ; ses valeurs historiques et symboliques sont menacées par la fréquentation amoindrie et occasionnelle de ses édifices et de sa place publique, ainsi que par un manque d’entretien. L’originalité de ce quartier réside dans sa position à la fois culminante et centrale dans le noyau historique. Une éventuelle intervention réfléchie pourrait viser de le redynamiser dans le cadre du circuit culturel de la médina et contribuer ainsi au développement et à l’animation de tout le tissu urbain du centre historique. D’un autre côté, nous notons que la ville est en train de se détacher de ses traditions et de sa culture et son identité spécifique, en manquant d’âme. En effet, les générations actuelles sont quasi ignorantes de l’héritage culturel présent dans la région. D’où nos, interrogations sur les sources potentielles de créativité et d’innovation comme outils de revitalisation culturelle et urbaine.

Comment peut-on revitaliser et revaloriser le quartier historique de Sidi Bou-Makhlouf au Kef, tout en mettant en rapport la culture, l’espace architectural et l’espace urbain? La présente approche vise les finalités suivantes : - Analyser en vue de comprendre et de revitaliser le centre historique de la ville du Kef en tant que patrimoine architectural et urbain et le connecter au reste de la ville nouvelle. -Créer une dynamique de vie, en actualisant l’image du quartier de Sidi Bou Makhlouf par celle d’un quartier attrayant et convivial. - Dégager et discuter des outils qui permettent de réconcilier passé et présent d’un quartier historique, en favorisant la diversité architecturale et l’interprétation contemporaine. - Valoriser l’art en tant que levier pour développement, local afin de renforcer le sentiment d’appartenance à la ville.

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Méthodologie Dans le but de développer des réponses adéquates aux questionnements posés par la problématique, nous avons mené une approche qui évolue en quatre temps : Dans un premier temps, nous nous intéressons à une étude théorique portant sur l’évolution de la notion du patrimoine et précisément celui architectural et urbain, en caractérisant les villes anciennes comme des villes historiques et en dégageant leur problème principal étant l’étalement urbain qui risque leur dégradation. Nous nous arrêtons sur les médinas pour la confirmation de leur aspect historique et patrimonial, ensuite nous nous consacrons à l’étude des quartiers historiques tout en soulignant leur importance ainsi que celle de leurs espaces publics structurants. Deuxièmement, nous procédons, à la recherche de manières judicieuses d’intervention sur ce patrimoine urbain pour sa mise en valeur. Il s’agit de la fondation d’une base théorique fondée sur l’étude des différentes théories sur la mise en valeur du patrimoine urbain, afin de saisir les concepts et les méthodes de sauvegarde du patrimoine et de prouver la nécessité et l’utilité derrière l’actualisation de ce dernier. Ces approches vont nous aider à mieux comprendre comment aborder le renouvellement de notre patrimoine plus particulièrement les quartiers du tissu ancien, et de choisir la solution adéquate pour chaque cas, ce qui permettra un bon traitement de l’ensemble architectural et urbain. Par la suite, nous nous sommes référés à quelques projets similaires, à partir des quels nous dégageons un ensemble de concepts en relation avec notre problématique, que nous allons investir dans la conception et dans l'élaboration du projet. La troisième étape porte sur l’étude du contexte d’intervention : la ville du Kef comme ville possédant un patrimoine culturel important, en dressant la morphogenèse et l’évolution historique de son centre historique. Nous commençons par une découverte de ses spécificités locales avant de préparer un diagnostic qui dégage ses potentialités principales et les problèmes éventuels qui bloquent la promotion de son patrimoine culturel. L’analyse du circuit touristique de la ville nous mène à choisir le quartier de Sidi Bou-Makhlouf; le quartier central de la médina pour y mener une analyse plus approfondie de l’existant et de son histoire ainsi que de l’état des lieux. En quatrième lieu, et en se référant aux outils de la revitalisation urbaine d’un quartier historique, nous visons non seulement l’intervention architecturale adéquate, mais aussi la réaffectation des espaces actuellement désaffectés. Notre projet s’annonce culturel et vise à renforcer le sentiment d’appartenance à la ville chez les jeunes artistes ainsi qu’aux visiteurs 13


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et les intégrés à la vie du quartier, tout en les sensibilisant aux approches interprétatives et réflexives. Ceci ne pourrait avoir lieu en absence d’un esprit libre, innovant et créatif. Finalement, l’étape de l’élaboration de la proposition d’intervention, en s’appuyant sur les différentes synthèses développées. Elle annonce nos différents choix conceptuels et de représentation. Un aspect particulier est à traiter avec soin : l’insertion de l’activité artistique qui intègre l’art à l’urbain et le considère comme outil de mise en valeur du patrimoine

Figure 1: Schéma méthodologique synthétisé

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CHAPITRE I. LES QUARTIERS HISTORIQUES DES MEDINAS, CE TRESOR DU PASSE

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1. Notions principales 1.1

Le patrimoine

Selon le dictionnaire Larousse, le patrimoine est l’ensemble des biens que l’on tient de ses ascendants par héritage. C’est l’héritage commun d’une collectivité. « Le patrimoine est un produit en constant devenir ». (Corboz, 2009)

1.2

Le patrimoine architectural et urbain

Il englobe l’ensemble des constructions qui témoignent des traditions, fait partie de la mémoire collective et du savoir-faire d’une société. Ce patrimoine comprend les tissus, les villes et les ensembles urbains hérités des siècles précédents.

Figure 2 : Les caractéristiques d'un patrimoine architectural et urbain

Exemples

Figure 3 : Square de la place Girod et à Saint Etienne

Figure 4 : Versailles France

Figure 5 : La ville de Florence

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1.3

La ville historique

« La ville ancienne est caractérisée par ses limites, la lenteur de son rythme de vie, la petite échelle des pleins et des vides qui forment son tissu, la solidarité dans la proximité des éléments de son bâti dont aucun n’est doté d’autonomie mais dont chacun se trouve par rapport aux autres dans une relation d’articulation »2 (Giovanonni, 1989).

Les villes historiques, porteuses de la mémoire collective des citadins, représentent un ensemble de fragments de strates historiques de différentes typologies. Elles racontent à travers leurs morphologies, bâtiments et voiries une histoire et représentent grâce à leurs valeurs identitaires, un potentiel à mobiliser et à valoriser. Ceci, afin de réaliser la continuité historique qu’elles évoquent, ainsi afin de s’adapter à l’évolution du mode de vie.

2. La ville historique, une ville palimpseste La ville est à l'image d'un palimpseste urbain : Le palimpseste Du grec ancien « palímpsêstos », «gratté de nouveau ». C’est

un

manuscrit

écrit

sur

un

parchemin préalablement utilisé, et dont on a fait disparaître les inscriptions pour y écrire de nouveau.3

2.1

Figure 6 : Un ancien manuscrit palimpseste

La ville palimpseste

C’est une stratification à la fois temporelle, spatiale et sociale, elle implique des logiques duales entre reproduction et anticipation, entre permanence et substitution ou encore entre sédimentation et modernité. La ville, en tant que palimpseste urbain, traduit la résistance de l'habiter face à l'acte de projeter et de construire. « Cette permanence est celle de la mémoire, de la sédimentation ancienne de la ville ». (Le Roy, 1758) Figure 7 : Ville palimpseste (collage)

2

Extrait de l’introduction de l’ouvrage de Gustavo Giovannoni. (1989). Définition du terme « palimpseste », dictionnaire sensagent.leparisien, consulté le 16 juillet 2018, en ligne : http://dictionnaire.sensagent.leparisien.fr/palimpseste/fr-fr/#anchorLittre 3

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Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef « La ville est au fond un bâtiment, mais un bâtiment collectif, réalisé par de nombreux auteurs et habité par de nombreuses personnes, sur de longues périodes » (Didier, 2013)

Figure 8 : Explication de la construction de la ville sur elle même

2.2

Déclin des villes historiques par l’étalement urbain

« Les centres historiques sont souvent reconnaissables par la structure de leurs voiries et de leurs parcellaires qui posent à l’urbanisme actuel des problèmes de circulation et d’hygiène» (Abdessalam, 2017)

Aujourd’hui, à cause du phénomène d’étalement urbain des villes par des agglomérations nouvelles qui visent un développement plus adapté, par leurs morphologies et leurs infrastructures. Certains de ces noyaux anciens ont bien du mal à retrouver leur vie dynamique dans une ville qui poursuit sa mutation. Ils ont perdu alors leurs rôles, leurs « centralité », vu même une ignorance de leur valeur symbolique dans la société. Même s’ils ont conservé leurs états initiaux, ils se détachent petit à petit de la vie actuelle.

Figure 9 : L'étalement urbain des villes

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3. La médina, une ville historique « Si la médina est un patrimoine, elle est d’abord une ville historique. » (Abdelkefi, 2014)

3.1

Le tissu de la médina

Le tissu de la médina avec ses spécificités et ses caractéristiques façonne avec l’irrégularité de ses voiries et les murs des bâtiments qui le composent, une histoire. La richesse de la médina en émotions et en symboles est exprimée dans chaque pas, séquence et détail, où chaque espace est une mémoire en soi chez les habitants de la médina et une expérience d’une riche histoire pour les autres. La médina est aussi considérée comme l’espace du sacré, placée sous la protection d’un saint ou marabout. Comme toute ville historique, elle se caractérise par ses échanges avec les zones rurales environnantes qui la nourrissent et par les activités marchandes qui la soutiennent, malgré les remparts, qui la ferment et la protègent de la menace des envahisseurs.

Figure 10 : Tissu urbain des médinas

Une grande partie d'une médina est occupée par les souks. On utilise les placettes dans une vocation commerciale et sociale, d’où l’importance de ces espaces, considérés comme des espaces multifonctionnels dans la composition du tissu de la médina .Elle se caractérise donc par une grande mixité d'activités humaines formant un espace où se juxtaposent les fonctions résidentielles, économiques, sociales et culturelles.

Figure 11 : Quartier de la médina de Tunis

Figure 12 : Souk la médina à Marrakech

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3.2

La médina, vers la perte d’identité

Le déclin des villes arabes traditionnelles a été déclenché par le protectorat français qui a engendré l’étalement de la ville dans l’espace ; une nouvelle agglomération a été construite à la périphérie de la ville ancienne. « Les différentes extensions urbaines autour des villes tunisiennes transforment les médinas autant que les tissus européens en quartiers marginalisés ne répondant plus aux critères de la centralité urbaine » (Aouali, 2006). Fascinés par les nouvelles constructions, la pluparts des habitants de la médina ont choisi d’s’y installer en laissant derrière leur histoire, leur identité et leur culture. Les nouvelles agglomérations ont réussi à bien les accueillir et à devenir les nouveaux centres économiques et culturels. C’est avec ce phénomène que la structure de la ville a été bouleversée, il a engendré en fait la dévalorisation des médinas. Les médinas du Maroc ont été étudiées par J.F.Troin pour expliquer ce phénomène, il pense que « les années 1930 représentent un tournant primordial dans l’Histoire du Maroc car ce fut l’époque où commença «la crise des médinas », qui furent progressivement confrontées à une paupérisation, ainsi qu’à une irrémédiable densification » (TROIN, 2002) Transformation sociale et spatiale La fermeture et l’abandon de quelques bâtisses dans la plus part des médinas par la perte de ses habitants, ont donné lieu à la dégradation de certaines constructions, à l’installation de nouveaux habitants migrants, ou encore à la démolition de certaines constructions.

Figure 14 : Démolition d'une maison historique dans la médina du Kef

Figure 13 : Impasse Bou Hadra à la médina de Tunis

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3.3

La médina aujourd’hui, un statut paradoxal

« La réhabilitation de nos médinas n’est pas seulement une reconnaissance envers le passé, c’est plutôt une obligation envers notre présent et notre avenir » (Serghini, 2003),

Les médinas se trouvent dans un enjeu actuel entre passé et futur. En revanche, les médinas font aujourd’hui l’objet de discours contradictoires. Malgré l’intérêt qu’elles présentent et la prise de conscience de leur valeur, quelques médinas se trouvent aujourd’hui paupérisées et en dégradation. La matérialisation de cet intérêt en Tunisie était par l’instauration de l’Association de Sauvegarde de la Médina (A.S.M) et de l’Institut National du Patrimoine (I.N.P) qui ont travaillé sur plusieurs projets de restauration et de mise en valeur du patrimoine. Mais plusieurs travaux n’étaient pas suffisants pour la sauvegarde. Ainsi, par les formes d’appropriation des habitants le discours contradictoire s’affirme. Les constructions récentes agressent le paysage architectural environnant par l’indifférence des nouveaux habitants ; ils rasent les anciennes demeures afin de construire à leurs places des nouvelles constructions. C’est en fait une perte qui s’intensifie de plus en plus, celle de la culture de référence du modèle de la médina, de son rythme et de son ambiance. Exemple la médina de Tunis Progressivement,

et

pendant

colonisation(1881-1956),

le

la

période

centre

moderne

de a

accueilli les activités économiques, engendrant une nouvelle centralité culturelle, religieuse, politique et fonctionnelle

Ainsi,

la

Médina

a

connu

le

déplacement de ses habitants vers les nouvelles Figure 15 : L'étalement de la médina de Tunis

constructions. La médina de Tiznit c’est la ville ancienne. La ville «moderne» s’est développée hors des remparts quelques années avant l’Indépendance (1956) autour des grands axes traversant la cité, au Sud et à l’Ouest. Figure 16 : Plan de la vile de Tiznit

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4. Le quartier historique comme lieu à réinvestir Le terme quartier historique désigne des divisions administratives d’une ville ou les parties d’une ville qui constituent l’entité vivante à l’intérieur de la ville. Elles sont un ensemble d’îlots ou de bâtiments présentant des caractéristiques traditionnelles de point de vue morphologique et organisationnel. Un quartier historique en tant que cœur de ville, est une identité avant d’être un territoire. En effet, ces lieux constituent «l’espace de rencontre du fait urbain et des valeurs humaines» (Metton, 1974). C’est l’espace de vie d’hier et le support qui permet la transmission d’un héritage et l’identification d’une communauté, dont il porte l’âme. Il porte en lui aussi une valeur patrimoniale, un caractère, une symbolique et un sens qu’il les a approprié avec le temps. Aujourd’hui, le terme patrimoine renvoie de plus en plus à un espace urbain, le quartier ancien. Comme le dit Bourdin, « il s’est formé une sorte de mythe des quartiers anciens » (Bourdin, 1984) Un quartier historique assure par sa présence aujourd’hui et par la mémoire collective héritée, la continuité à travers le temps de son aspect référentiel par rapport à l’histoire et de celui de socialisation par rapport au reste de la ville. En effet la vie sociale d’aujourd’hui essaie de se créer en se référant à celle d’hier.

Figure 17 : Les quartiers historiques et la mémoire (schéma personnel)

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Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

4.1

Un espace de référence

1.1.1. Par rapport à l’histoire «Le quartier ancien est le lieu de notre enracinement, nous nous y retrouvons» (Bourdin, 1984)

Un quartier historique est un territoire d’attachement identitaire. Il existe aujourd’hui comme un support transmettant un héritage chargé d’une valeur, d’une symbolique et identifiant la communauté initiale qui l’a habité. C’est le catalyseur d’une continuité historique et spatiale des villes anciennes. 1.1.2. Par rapport à la mémoire collective « La pierre, le sol, le lieu permettent de réunir les individus et leurs souvenirs et donne à cette collectivité l’illusion et le sentiment qu’elle peut perdurer et que son histoire dure» (Halbwaschs, 1957)

Ces lieux retrouvent toujours leurs vies dans la mémoire collective de ses anciens habitants. Elle redonne sens à un lieu qui existe aujourd’hui mais qui a était construit et exploité depuis longtemps. «Patrimoine et mémoire collective sont des manières de dire socialement le passé. […] C’est une réinscription de l’histoire dans le mouvement présent de la société » (Rautenberg, 2003) Un quartier historique est un tout que nous pouvons le découvrir dans les mémoires collectives de ses anciens habitants. Il peut prendre

des

formes

architecturales

(monuments, mode de construction…), artistique (peintures, musiques…), orales (mythes et légendes…) ou à travers divers formes de représentations sociales et

Figure 18 : L'espace historique mémorisé

symboliques. « La relation entre espace et mémoire devient alors primordiale, les lieux nous disent quelque chose du passé individuel et collectif, ils suscitent des souvenirs, sous forme d’impressions, d’affects, d’images et de symboles. » (TLILI N, 2017)

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4.2

Un espace de socialisation

1.1.3. Socialisation héritée « Une unité sociale au sein de laquelle les habitants pratiquent l’essentiel de leurs activités quotidiennes, entretiennent des liens forts de sociabilité et de solidarité fondés sur la proximité et partagent des expériences et des sentiments, à l’écart de la grande ville » (Authier, 2008).

En effet comme annonce Authier, les quartiers qui étaient des pôles d’attraction demeurent généralement des lieux de forte concentration de population, d’activités économiques, religieuses et culturelles. 1.1.4. Composition spatiale adaptée Ces quartiers sont souvent des nœuds urbains importants. Centraux ou non, ils se distinguent par une polarité urbaine, c’est en fait un élément de distribution ou un espace de convergence.

Figure 19 : Noyau de la ville de Florence

4.3

La place publique dans les quartiers historiques

La place centrale existe depuis dans

les

premières

l’antiquité

constructions

d’ensembles urbains. L’agora grecque et le forum romain, ce sont des lieux publics de rassemblement quotidien, de commerce et de communication. Ces espaces jouent un rôle important dans l’organisation de la vie urbaine et

dans l’animation de l’espace

Figure 20 : Reproduction de l’agora de Milet.

public en général.

24


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Il s’agit de l’âme, du noyau autour duquel se développe le quartier ancien et joue généralement le rôle d’un élément de distribution. En effet la place publique représente avant tout l’avantage et la possibilité de recevoir des activités diverses qui répondent aux besoins des usagers de l’espace ; espaces de circulation, de rassemblement et de promenade. Elle favorise donc la rencontre, l’échange et la mixité sociale des habitants et permet la pratique de diverses activités, sociales, religieuses, institutionnelles, politiques et commerciales. Dans les quartiers historiques, les espaces publics sont un héritage riche en valeurs qui met en scène les monuments historiques du quartier et qui mérite d’être protégé, conservé et valorisé afin de le transmettre aux générations futures.

4.4

La place publique dans les quartiers des médinas

Les villes arabo-musulmanes, se distinguent par leur tissu urbain original. Elles présentent dans leurs morphologies urbaines la présence des places publiques faisant partie de leurs structures hiérarchiques : place, placette, rue, ruelle et impasse.

Figure 21 : Vue de la médina de Tunis en1899

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Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

SYNTHESE I : UN LIEU DE VIE DANS L’OUBLI, QUEL AVENIR POUR LES QUARTIERS HISTORIQUES DES MEDINAS ?

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CHAPITRE II.VERS LA SAUVEGARDE ET LA REVITALISATION DES QUARTIERS HISTORIQUES

«Une ville donne la place à l'inattendu, au surprenant, au différent, c'est plutôt bien. Parce qu'elle est un organisme vivant qui évolue, une ville doit accepter le défi de la contemporanéité. Il faut aller vers le futur et ne pas avoir peur, le futur n'est pas l'œuvre du diable. Moi, je suis plutôt rebelle, tout en étant reconnaissant envers nos ancêtres qui nous ont donné une culture, une histoire. Etre rebelle, c'est être contemporain. Et je fais des choses de notre temps...» (Renzo Piano, 2015)

27


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

Le patrimoine en tant que bien hérité a trouvé un grand intérêt à travers la prise de conscience internationale de son importance ainsi que de la nécessité de le protéger et le sauvegarder. En effet, sa sauvegarde a été mise en place progressivement par une succession de textes juridiques, des chartes, de lois, d’accords et de décrets, définissant des modes de protection particulaires. Depuis les années 1960, un intérêt croissant se dégage pour les quartiers anciens. Graduellement, la notion du patrimoine avait poursuit une évolution et s’est élargie du simple monument isolé vers les ensembles, les paysages et les villes historiques. Ainsi, sa valeur immatérielle symbolique s’est considérablement renforcée. On a abouti aujourd’hui, à une reconnaissance et une valorisation internationales à la fois physiques et symboliques du patrimoine urbain. L’évolution de la notion de patrimoine est aussi révélatrice de l’évolution de la perception et de l’attitude envers cet héritage. Sa mise en évidence s’est réalisée à travers la succession et la différence des attitudes envers le patrimoine urbain, aussi à travers les différentes « chartes » et conventions internationales. Ces dernières ont engendré parallèlement à leurs successions, un changement des concepts, des objectifs, des théories et des instruments de sauvegarde et de mise en valeur de ce patrimoine.

1. Evolution des attitudes envers la protection du patrimoine urbain 

L’approche mémorielle de Ruskin

« Nous n’en avons pas le moindre droit. Ils ne nous appartiennent pas. Ils appartiennent en partie à ceux qui les ont édifiés, en partie à l’ensemble des générations humaines qui nous suivront » (Ruskin, 1849)

L’anglais John Ruskin (1819-1900)4 a considéré les tissus anciens des villes comme « des objets patrimoniaux intangibles » (CHOAY, 1999) et qu’il faut les protéger dans leurs états initiaux.

En fait, il a initié le passage de l’unité architecturale à l’ensemble urbain

patrimonial. Il a refusé la ville industrielle et s’est opposé à la destruction des tissus urbains anciens caractérisant l’identité de la ville.

4

RUSKIN, John est un écrivain anglais, poète, peintre et critique d’art (1819-1900). Il a notamment écrit : les sept lampes de l’architecture.

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L’approche historique de Camillo Sitte

« La ville ancienne acquiert un statut muséal, c’est à-dire non plus une ville de mémoire, mais une ville référente, muséifiée, dont le rôle est terminé, mais la beauté plastique demeure » (CHOAY, 1999)

Sitte 5(1843-1903) a étudié les villes anciennes d’une façon approfondie, afin de découvrir les principes qui régissent leurs organisations. Dans un but pédagogique de conservation, il a pensé que les villes anciennes doivent être conservées pour nourrir la connaissance et procurer un certain plaisir esthétique. Contrairement à Ruskin, Sitte n’a pas rejeté la ville moderne, il a été conscient de la nécessité de repenser la construction des villes. 

L’approche historiale de Gustavo Giovanonni

L’italien Gionvannoni (1873-1943), a développé une réflexion plus profonde sur le patrimoine urbain qui dépasse la conservation et appelle à penser à l’articulation entre le nouveau et l’ancien, donc à prendre en considération le patrimoine urbain. Il a réactualisé l’apport de ses prédécesseurs (Ruskin et Sitte) en pensant au rôle de l’ensemble ancien dans l’élaboration de la ville contemporaine. Giovannoni a cru qu’il faut traiter ce patrimoine comme un élément opérationnel. Il a pensé que les centres historiques peuvent conserver une valeur d’usage. « L’approche de Giovannoni est novatrice, car elle aspire à traiter la ville ancienne comme un objet en soi où il est possible d’y adapter la vie moderne ». (Fioux, 2016).

Figure 22 Evolution de la théorisation du patrimoine urbain (schéma personnel)

5

SITTE, Camillo (1843-1903) est un théoricien de l’architecture autrichien. Reconnu pour son livre : l’Art de bâtir les villes (1889).

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Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

Conclusion : Ruskin, Sitte et Giovannoni partagent l’idée que c’est l’ensemble qui est porteur de valeur patrimoniale. Mais chacun présente un point de vue différent concernant le rôle du patrimoine. Leurs pensées sont aussi différentes au niveau des buts et des manières de conservation. La réflexion urbanistique de Giovannoni synthétise dans un premier temps, celles de Ruskin et de Sitte et s’ouvre sur la transformation et l’élaboration d’une démarche de création.

2. Les organismes de protection UNESCO C’est « l’organisation des nations unies pour l’éducation,

la science et la culture ». Elle est responsable de la protection et la conservation du patrimoine mondial pour les générations futures. Figure 23 : Logo de l’UNESCO

Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS) : Une organisation internationale conseillère de l’UNESCO, crée en 1965. Elle s’occupe de l’évaluation des biens culturels candidats à l’inscription sur la liste du patrimoine mondial et des méthodes et des techniques de conservation. Figure 24 : Logo de l’ICOMOS

3. Succession de chartes et évolution de la notion du patrimoine La fin du XIXe siècle a vu l’introduction de la notion de patrimoine urbain et le développement des théories établissant l’importance de sa conservation. Mais c’est au début du XXe siècle qu’on a assisté véritablement aux premières formes de reconnaissance de cette dimension du patrimoine et de sa prise en charge. L’initiation a été avec la Charte d’Athènes de 1931, qui porte sur la Restauration des Monuments historiques. Un des instigateurs de la conférence, Giovannoni, par sa notion de patrimoine urbain, argumente la nécessité d’accorder aux parties anciennes de la ville une valeur patrimoniale. Toutefois, la conférence préfèrera s’en tenir qu’aux monuments dans la ville. En 1964, L’ICOMOS a été créé et a adopté les principes de la charte internationale de la conservation et la restauration des monuments et des sites, connue sous le nom de la charte de Venise. Cette charte élargie la définition de « monument » à son « environnement rural et

30


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

urbain »et introduit les œuvres modestes6. Dans la charte de Venise, la restauration n’est pas seulement l’acte de conserver l’intégrité du bien culturel mais également d’en révéler la valeur culturelle et de rendre plus lisible la conception originelle.

Figure 25 L’assimilation de l’ensemble urbain patrimonial au monument historique d’architecture

Une deuxième vague qui débute avec les années 1970 est marquée par une réactualisation de l’esprit de la conservation. En lien avec la notion de patrimoine culturel mise en avant par l’UNESCO en 1972, la valeur patrimoniale des artefacts tient non seulement à leur pouvoir d’évocation historique, mais surtout à leur signification culturelle et à leur portée identitaire. C’est en tant que milieu de vie que sont appréciés les ensembles urbains patrimoniaux.7 En 1982, la charte du patrimoine québécois, est rédigée par le comité francophone de l’ICOMOS Canada. Elle abolit les limites de temps et définit le patrimoine d’une manière plus large englobant les paysages et les ensembles ainsi que le folklore et le savoir-faire.8 En 1983, le comité anglophone de l’ICOMOS Canada rédige la Charte d’Appleton pour la protection et la mise en valeur de l’environnement bâti. Dans cette charte, il s’agit plutôt d’environnement bâti, la notion de patrimoine s’élargit pour englober le cadre de vie en général. En 1987, le comité international des villes et villages historiques rédige la Charte de Washington. Elle concerne les villes grandes ou petites et les centres ou quartiers historiques, avec leur environnement naturel ou bâti,

ou en tant que «documents historiques» et

expression des cultures urbaines traditionnelles diverses. « Résultant d’un développement plus ou moins spontané ou d’un projet délibéré, toutes les villes du monde sont les expressions

6

Charte internationale sur la conservation et la restauration des monuments et des sites Charte de Venise, Venise, 1964, Art.1, disponible sur http://www.international.icomos.org/charters/venice f.htm 7 ICOMOS, charte des artefacts, 1970 8 ICOMOS Canada, comité francophone, Conseil des monuments et sites du Québec, Charte de conservation du patrimoine québécois, Déclaration de Deschambault, Québec, 1982, 3. Définitions du patrimoine et de la conservation, disponible au http://www.icomos.org/docs/deschambault.html,

31


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matérielles de la diversité des sociétés à travers l’histoire et sont de ce fait toutes historiques »9. Dans la charte de la nouvelle Zélande rédigée en 1992, on traite de la notion de «Heritage Value» et donc des significations esthétiques, historiques, scientifiques, culturelles et sociales associés à l’activité humaine. C’est un traitement des lieux qui ont une valeur d’héritage culturel, et qui constituent un contexte exprimant l’identité de la communauté. L’accent est mis sur les valeurs associatives véhiculées par les lieux patrimoniaux.10 La charte de Burra de l’ICOMOS Australie, qui a été mise à jour en 1999, précise davantage la notion de lieux et biens patrimoniaux définis. Elle insiste sur « les significations qui font généralement référence aux dimensions immatérielles du patrimoine telles que les qualités symboliques ou commémoratives »11

4. Instruments et méthodes de sauvegarde : entre restauration et transformation L’élargissement de la définition du patrimoine a eu lieu passant des monuments aux bâtiments, ensembles et paysages urbains à travers les multiples attitudes et la succession des chartes. Elle a engendré la mise en place d’approches et d’outils visant la protection et la mise en valeur de ce patrimoine urbain. Ces outils varient d’une simple restauration (la procédure qui par le moyen de techniques appropriées redonne ou préserve l’état originel d’un édifice ou d’un ensemble patrimonial), à d’autres opérations d’interventions visant la transformation du bâti ainsi que l‘urbain de la ville historique. Ces approches vont nous aider à mieux comprendre comment aborder le renouvellement de notre patrimoine plus particulièrement le tissu ancien, et de choisir la solution adéquate pour chaque cas, ce qui permettra un bon traitement de l’ensemble architectural et urbain.

4.1

La restauration et ses limites

« Tout le monde s’accorde à reconnaitre que les capacités techniques et scientifiques, si elles sont nécessaires ne suffisent pas pour traiter la question patrimoniale. Les réussites conservatoires sont d’ailleurs là pour témoigner que l’on peut mener à bien des opérations conservatoires sans pour autant sauvegarder la ville historique » (Abdelkafi, 2003).

9

ICOMOS, Charte internationale pour la sauvegarde des villes historiques, charte de Washington, Washington, 1987, disponible au http://www.international.icomos.org/charters/towns f.htm 10 ICOMOS, la charte de la nouvelle Zélande rédigée en 1992 11 La charte de Burra de l’ICOMOS Australie ,1999

32


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

Au début de la sensibilisation au concept de la sauvegarde, le but était principalement la conservation, la restauration et la reconstitution. Mais traiter la ville historique comme un phénomène statique n’est pas la bonne manière. On se préoccupe essentiellement de préserver ce patrimoine tel qu’il est, que nous avons oublié l’utilité derrière et c’est là ou se pose la question de prise de conscience du rôle de l’histoire dans la vie contemporaine.

4.2

Les limites de la restauration de l’urbain

La mémoire collective n’est pas figée dans le temps. En effet, la conservation de l’identité urbaine reste problématique car l’image urbaine qu’on essaie de garder par des opérations de restauration, ne répond pas toujours aux besoins de la société contemporaine. Tout en gardant une identité à partir de la mémoire de ses paysages urbains particuliers, la ville doit rester un lieu de vie, toujours actuelle et renouvelée. Ceci s’adapte bien évidement à l’architecture recréée qui assure l’évolution des villes en redonnant une seconde vie à un patrimoine délaissé ou désaffecté.

4.3

La nécessité d’utiliser, d’actualiser, de transformer

« L'historicisme prend la forme d'une idéologie de l'action (...) D'où son lien permanent avec le réformisme» (LAROUI, 1974)

Une conscience de l’histoire peut être alors la solution pour la sauver. Ce mécanisme de prise de conscience aidera certainement à trouver la solution adéquate pour chaque cas afin de pouvoir intégrer un patrimoine dans la vie moderne. De plus, cette intégration comme annonce Maheu Vionnet est abouti par la transformation et par l’ajout des éléments nouveaux « On ne peut restaurer ou mieux conserver qu’à condition de transformer, il faut actualiser la signification du monument, éclairer le témoignage du passé d’un nouveau jour qui le rende perceptible par une sensibilité de notre époque. Ce sont parfois des éléments nouveaux qui mettent en valeur ceux du passé » (Vionnet, 1986)

Le besoin de transformer les espaces publics Intervenir sur des espaces publics peut s’avérer une mesure efficace, ou même une nécessité pour revitaliser et valoriser l’image d’un quartier ou un centre ancien.

Historique des transformations Depuis l’Antiquité, le sujet de transformation des bâtiments historiques existait. Les régimes politiques, religieux et économiques naissent et meurent cédant place à de nouvelles 33


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

transformations, même des bâtiments symboliques ont fait l’objet d’une modification. Les temples grecs et romains de l’Antiquité sont devenus des églises chrétiennes. Les monastères du moyen-âge se sont changés en maisons de campagne et les châteaux-forts en palais. Le réemploi de ces bâtiments a été avant tout une question de bon sens économique et il s’est souvent fait sans tenir compte du passé ou du caractère des constructions.

4.4

La transformation par l’insertion contemporaine ; un outil d’actualisation, de patrimonialisation et de revitalisation urbaine

« Rêver l'architecture de demain, faire renaître le patrimoine, actualiser l'histoire... Prolonger l'imagination des créateurs, associer les matériaux d'aujourd'hui et les nouvelles technologies aux constructions du passé, donner des racines à la modernité... Exposer la diversité des patrimoines culturels, transmettre des savoirs... » (Wilmotte, 2007)

C’est en réinjectant un sentiment d'appartenance des habitants au patrimoine que cette insertion est effectuée. L’ajout d’une architecture contemporaine sur un ensemble historique peut l’actualiser, assurer la continuité du passé vers l’avenir, le redynamiser et favoriser sa protection. En effet, l'actualisation se pose comme alternative au fait de mort immatérielle d’un patrimoine. Ainsi, d’un point de vue théorique, ces deux notions, patrimoine et développement, semblent converger comme cite Veschambre, « vers une même volonté de mieux intégrer la dimension temporelle, de mieux articuler le passé, le présent et le futur des sociétés, dans une logique de transmission et de solidarité intergénérationnelle » (VESCHAMBRE, 2009)

Les enjeux de l’intervention urbaine « Le patrimoine et la ville sont en constante évolution, ainsi toute intervention de design urbain du patrimoine doit assurer une actualisation et le maintien à long terme de sa pertinence dans ce milieu urbain évolutif» (Marie-Claude, 1997) C’est dans la mesure où cette intervention ne met pas en péril l’identité historique. En effet la sauvegarde d’un bâtiment aujourd’hui dépend directement de sa capacité à s’intégrer dans la société contemporaine et de sa capacité de répondre à ses besoins. Il y’a certainement quelques transformations qui ont défiguré le patrimoine au nom de la modernisation mais c’est un acte non conscient qui engendre la dévalorisation du tissu ancien et qui témoigne de l’ignorance historique de quelques habitants. Alors afin que cette intervention soit juste, réussie et durable, elle doit assurer la relation entre ses objectifs de conservation et de mise en valeur avec sa capacité de répondre aux besoins d’aujourd’hui. C’est en fait un équilibre à

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Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

établir entre la conservation et l’insertion d’une nouvelle architecture et donc un défi de composer avec les exigences de la conservation et ceux de la modernisation. Le patrimoine urbain n’est plus considéré uniquement comme une valeur à transmettre, il est devenu un outil multiple au service de la ville et de ses habitants. C’est en effet à la fois un outil de revitalisation urbaine, de cohésion sociale, de développement économique et touristique et enfin, un outil au service du développement durable permettant à la fois la préservation et le renouvellement de la ville.

4.5

Le renouvellement urbain

Le renouvellement urbain est une forme d'évolution de la ville, il est couramment défini comme l’acte de « refaire la ville sur elle-même ». Cette stratégie intègre des processus d’intervention spatiale architecturale et urbaine, c’est une mutation de la ville sur ellemême12. Le renouvellement urbain consiste à réinvestir des espaces situés au sein du tissu urbain, sous utilisés, en voie d’exclusion urbaine ou dont l’usage n’est plus en adéquation avec leur valeur historique.

La restructuration

La requalification

Outils de renouvellement urbain des

L’aménagement/

quartiers

réaménagement

historiques

La rénovation urbaine

La réhabilitation Figure 26 : Outils du renouvellement urbain des quartiers historiques

La Réhabilitation Cette stratégie vise l’amélioration de la qualité de vie des populations Au fait, elle contribue à la valorisation des potentialités sociales, économiques et fonctionnelles« c’est les dispositions prises en vue de rendre à une ville ou à un ensemble historique ses qualités d l’installation d’équipements, d’infrastructures et d’espaces publics, conservant ainsi l’identité et les

12

ANNE RENÉ-BAZIN, sociologue-urbaniste, Les Cahiers du GRIDAUH - Le renouvellement urbain dans les Centres anciens. Evolution et pratiques des outils juridiques – 2004, P191.

35


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef caractéristiques disparues du secteur, sa dignité, ainsi que son aptitude à jouer un rôle social ». (Abdelkafi, 2014)

La Requalification Il s’agit de réappropriation qui consiste à requalifier ou à réutiliser une zone, à construire un nouveau pôle de centralité. « les objectifs principaux de la requalification sont de créer de nouveaux quartiers attractifs, par une offre innovante en matière de loisirs urbains et de commerces, de mettre en valeur les qualités paysagères des sites requalifiés, de reconquérir les friches industrielles ou encore de désenclaver certaines parties de la ville continue, quartiers denses et anciens des villes centres et des agglomérations » (Gasnier, 2004)

Le réaménagement / l’aménagement

« C’est

la modification apportée à la

répartition des éléments de construction et d’équipement d’un îlot, d’un quartier, d’une ville, en vue d’une utilisation plus satisfaisante »13.

Figure 27 : Projet d'aménagement de la place Sainte-Anne à Rennes

La rénovation C’est la démolition des structures morphologiques et typologiques dans un secteur urbain dégradé et sa conséquente substitution par un nouveau modèle urbain. Aujourd’hui, ces stratégies se développent sur des tissus urbains dégradés auxquels on ne reconnaît pas de valeur en tant que patrimoine architectural ou ensemble urbain à préserver. (Abdelkafi, 2014) La restructuration C’est une procédure d’urbanisme que d’architecture permettant de remodeler les voiries à l’intérieur d’un tissu urbain pour atteindre une meilleure fonctionnalité et également créer des parcelles de terrain aptes à la construction. (Abdelkafi, 2014)

13

Extrait du dictionnaire multilingue de l’aménagement de l’espace, Presses Universitaires de France. Paris

36


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

5. Etude d’exemples référentiels

Nous proposons une méthode d'analyse d’interventions déjà réalisées de façon à s’éclairer sur la transformation et plus spécifiquement sur celle visant la revitalisation urbaine. Ceci va guider notre intervention et permettra

la compréhension des différents enjeux et défis

auxquels les interventions sur les ensembles historiques sont confrontées. Deux références sont considérées :

»

o

Le Théâtre « Le Diamant

o

La Médiathèque du Valais

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Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

Projet n°1. Théâtre Le Diamant : Lieu de rayonnement Québec, 2018, dans l’ancienne bâtisse du YMCA, Robert Lepage.

« Le Diamant est une occasion de régénérer l'espace public urbain et de formaliser une véritable place de spectacles, inscrite entre patrimoine et contemporanéité. Trait d'union entre la Place d’Youville et la Place d'Aiguillon, la lanterne urbaine formée par les axes générateurs du Yeux-Québec sert à l'appropriation créative et culturelle des concepteurs faisant rayonner le Québec à l'international. Le Diamant deviendra un milieu de vie fertile, stimulant et inattendu, propice à la recherche, à la création et à la diffusion; un lieu d'innovation, de mémoire et de continuité. »14 (Lepage, 2012)

Figure 28 : Plan masse

Figure 29 : Perspective sur l'ensemble du projet et de la placette

14

Robert Lepage, Extrait du site web de la boite d’architecture Coarchitecture

38


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

Un site historique à revitaliser Le quartier historique : Le YMCA de la place D’Youville a été bâti en 1879 L’architecte : Joseph-Fernand Peachy, architecte de l’église Saint-Jean-Baptiste La valeur historique Avec l’avènement du tramway, la place D’Youville est devenue un point central de la ville. Les années 1930 ont suivi avec la construction du

Monument

national

Palais

Montcalm. L’arrivée du cinéma de Paris à la fin des années 1940, puis du Carnaval au cours de la décennie

Figure 30 : Le YMCA

suivante concourra à la vivacité de ce carrefour, reconnu dans les années 1960 pour ses tavernes et bars clandestins rythmant la vie culturelle de la capitale. Les années 1970, avec l’apparition de nouveaux médias, l’aménagement des Cineplex dans les banlieues et la création du Grand Théâtre, où s’installera notamment l’OSQ, amèneront toutefois une dévitalisation de ce centre, décentralisation qui laissera la place D’Youville pratiquement déserte pendant deux décennies. Concepts intégrant l’urbain 

Revitalisation du centre-ville historique

Le Diamant, qui récupérera le site et la façade du YMCA, s’inscrit dans le mouvement de revitalisation du centre-ville historique. 

Continuité urbaine et sauvegarde du patrimoine L’image du projet témoigne d’un souci visible d’inscrire la nouvelle salle de spectacle dans la trame historique de la ville. Figure 31 : Plan explicatif du concept

39


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

En fait l’enveloppe du bâtiment a été inclinée pour rejoindre la ligne tracée par la côte d’Abraham. La continuité sur les deux façades du nouvel élément, lie la Place d’Youville à la Place d'Aiguillon.

Figure 32: Schéma du concept de liaison (source : Auteur)

Lieu de rayonnement culturel

Le projet accueillera des spectacles de cirque et d’opéra, ainsi que des propositions artistiques de plusieurs partenaires, un espace pluridisciplinaire pouvant recevoir également toutes sortes de collaborations et de formes scéniques, théâtre aussi bien que cirque et opéra. Situé sur la Place d’Youville, au cœur du Vieux-Québec, il sera lieu de diffusion culturelle et de création en devenant pour les visiteurs, une vitrine du savoir-faire. 

Intervention par contraste

L’enveloppe transparente du bâtiment visait la différence avec le reste du quartier. Son concept s’inscrit dans une philosophie conceptuelle qui consiste à donner une valeur interne et externe au bâtiment (parallèle avec le diamant qui a une valeur externe (beauté) et interne (richesse). Figure 33 Schéma explicatif de l'intervention

Figure 34 : Perspective du projet

40


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

Projet n°2. Médiathèque du Valais Genève, 9235m², Meier et architectes associés En 2014, les architectes ont opté pour la conservation et la mise en valeur des deux arsenaux en y intégrant des fonctions nouvelles: l’Arsenal cantonal (1895, architecte Joseph de Kalbermatten) disposé au Nord du site, et l’Arsenal fédéral (1917) disposé au Sud. L’objectif du projet est de regrouper sur le site des anciens arsenaux militaires de la Ville. Ils présentent aujourd’hui une

vocation

culturelle,

notamment la Médiathèque du Valais et les Archives d’Etat. Figure 36 : Perspective sur l'ensemble du projet

Figure 35 : La transformation sur l'ensemble de l'extérieur

41


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

Figure 38 : Coupe longitudinale

Figure 39 : Coupe transversale

Figure 37 : Façade Ouest

Les concepts 

La notion d’ensemble

L’enjeu

principal

de

l’intervention

architecturale est d’assurer l’assemblage de deux bâtiments à haute valeur patrimoniale en un ensemble cohérent. La liaison est mise en place par un nouveau bâtiment.

Figure 40 : Plan

42


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

« Nous avons ensuite dû créer un nouveau bâtiment de liaison, dont l’écriture contemporaine se démarque de l’existant. C’est un espace de distribution, d’échanges, un lieu qui assure la centralité de toute l’institution. »15 (Frochaux, 2017) 

L’intervention contemporaine par contraste

La mise en place d’un nouveau bâtiment de liaison reliant les différents plateaux des deux arsenaux existants de vocation avant tout distributive. Il devient également un espace de référence: lieu de tous les passages, de tous les regards et de la collectivité. La forme pliée composée de facettes triangulaires planes fait référence au cristal de roche de la nature valaisanne. Sur l’extérieur une façade en panneaux d’acier inoxydable poli dans laquelle se reflètent le paysage, le ciel et les bâtiments

existants,

proposant

ainsi

une

observation changeante de la substance historique du lieu. L’enjeu majeur du projet a été d’assurer l’intégration

d’espaces

biens

spécifiques

et

différenciés de l’affectation initiale dans une Figure : 41 jonction entre nouveau et ancien (© Laurent Miranda)

structure existante:

L’intervention contemporaine tout en préservant la substance historique. 

Un pôle culturel

Ce rassemblement a pour vocation la création d’un véritable pôle culturel, scientifique et patrimonial qui favorise les échanges disciplinaires et encourage la recherche, la formation et les rencontres, l’optimisation de la gestion et conservation du patrimoine valaisan ainsi que son accessibilité au public. Il est aujourd’hui un lieu de référence pour les

rencontres

entre

artistes

et

opérateurs

culturels.

15

Extrait de l’article de Marc Frochaux sur le site web, https://www.espazium.ch/larsenal-culturel-la-mdiathquevalais-sion , suite à son interview avec Martin Jaques, l’architecte en charge du projet

43


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

SYNTHESE II : POUR LA RECONQUETE DES QUARTIERS HISTORIQUES

44


CHAPITRE III. LA VILLE DU KEF « UNE ROCHE ELEVEE SUR L’HISTOIRE ET LA CULTURE »


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

Mon village, salut! Nom sec et rocailleux, Toi qui te nommais Kef, autrement dit : Rocher, Jadis tu te nommas d'un nom évocateur, Mariant le numide et le parler de Rome, Rappelant le soleil qui assèche et assomme Ainsi que la Déesse aux baisers capiteux ; Indélébilement par le ciseau gravé Sur le cippe, la stèle ou le marbre glorieux, Ô nom, toi qui fus doux sur des lèvres inhumaines Lesquelles, trop meurtries d'avoir dans des buccins Soufflé, te susurraient : Sicca Veneria Tu chantes à mon oreille, ô nom que modula Jadis l'hiérodule au fond du soir serein, Quand bruissait le temple jusqu'aux architraves, Les jets d'eau hoquetaient en sanglots graves...

Bastion numide, avant d'être berceau d'Arnobe, Après les soirs sanglants, tu eus les blanches aubes et vers ton ciel jaillit d'emblée et d'un élan La croix du Christ avec l'islamique Croissant. Ottomane Kasbah, millénaire défi Au vent chaud du désert, aux hiémales pluies, Tu domines la plaine comme un vol de rapace. Le temps passe sur toi sans laisser nulle trace : A ta masse carrée et superbement haute, D'un air crâne et hautain, impavide, s'accotent Le village pentu, ses rues qui dégringolent Vers l'olivaie - haut lieu de buissonnière école...

Extrait des "Nouvelles Bambochades Tunisiennes", Enfantines keffoises, Benedetto Félix Pino (Sicca Venier)

46


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

1. Contexte géographique et naturel 1.1

Position géographique

La ville du Kef se situe au nord-ouest de la Tunisie. Elle se trouve à environ 175 kilomètres à l’ouest de Tunis et à 40 km à l’est des frontières algériennes. Elle occupe une position stratégique de la quelle dépondait les communications entre le nord tunisien et l’Est algérien. Elle se situe aussi à l’intersection de différents écosystèmes constituant ainsi le milieu transitoire entre le nord et le centre de la Tunisie.

Figure 42 Position géographique (source : travail de groupe)

La ville du Kef est liée à la capitale Tunis par la route nationale RN5. Elle est notamment traversée par la GP17 qui relie Tabarka aux régions du centre Ouest du pays. •

Accès aérien :

Figure 43 : La ville du Kef et son centre historique (source : travail de groupe)

Aéroport de Tabarka : 120Km Aéroport Tunis Carthage : 180Km

Aéroport de Monastir : 190km Aéroport de Nfidha : 160Km •

Voies ferrées :

Le gouvernorat est doté d’une voie ferroviaire qui assure le

Figure 44 : Accessibilités (source : travail de groupe)

transport des voyageurs ainsi que celui des marchandises.

47


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

1.2

Cadre naturel

Grace à un ensemble de données naturelles, le site du Kef a été choisi depuis l’antiquité pour s’installer. 1.2.1

Climat

La situation de la ville en altitude lui donne une fraicheur typique. Mais le climat est rude avec des moyennes de températures de 7 à 9° pour les mois le plus froid et de 25 à 27 ° pour le mois le plus chaud .Il neige souvent aux mois de janvier et février. Les précipitations annuelles moyennes sont de 521 mm . 1.2.2

Relief

Figure 45 : Les précipitations annuelles

La ville du Kef, la ville en hauteur est implantée à 750 m d’altitude sur le mont rocheux du djebel Dyr qui est un des massifs les plus caractéristiques du haut-tell tunisien.

Figure 46 : L'implantation de la ville (Source : travail de groupe)

Le Kef est caractérisé par une morphologie riche et un relief varié. A l’Est et au Sud de la ville : extensions des terrains plats. Au Nord et à l’Ouest : relief montagneux. 1.2.3

Orientation

La ville est orientée sud-ouest. Le sud Est est le côté donnant sur les plaines. Elle est protégée à l’ouest par le rocher de la Kasbah, au nord-Est par le rocher de la chgaga et à l’Est par Borj Rouach qui la protège du vent dominant Nord-ouest. Figure 47 : Morphologie et orientation

48


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

1.3

Terre des richesses naturelles

La région du Kef est caractérisée par un patrimoine naturel particulier. 1.3.1

Sources d’eau

La ville du Kef bénéficie, grâce à son implantation en hauteur, d’un rassemblement des eaux donnant lieu à une importante nappe phréatique d’où émergent plusieurs sources qui alimentent la ville, dont la plus célèbre est Ras El Ain.

1.3.2

Terre fertile

Aux extrémités de la ville s’étend des plaines agricoles caractérisant l’économie de la ville, qui se base principalement sur le secteur agricole.

Figure 48 : Vue sur les plaines agricoles

2. Morphogénèse de la ville La ville du Kef est un lieu chargé d’histoire. En effet toutes les civilisations qui se sont succédées en Tunisie ont occupés cet endroit qui apportait plusieurs dénominations successives dont les plus retenues sont Cirta et Sicca Veneria. La présence humaine au Kef remonte à l’époque préhistorique. Selon son développement chronologique et historique, l’évolution de la ville du Kef peut se repartir en 5 grandes périodes :

L’époque antique : punique, numide et romaine.

Le moyen âge : la christianisation, byzantine et arabe.

La période Turco-Husseinite.

La période coloniale.

La période post coloniale.

49


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

2.1

L’époque antique

Du 4éme au 5éme siècle Au 4éme siècle av.J.c, Le Kef apparait sous la forme d’un hameau agricole fortifié, permettant ainsi la création d'alliances politiques avec les villes voisines, une ville-temple et un centre de pèlerinage. Période punique Au 5éme siècle avant J.C la première formation d’une structure urbaine nouvelle s’affirme, ainsi Cirta gagne son caractère défensif et ou on y exerçait aussi des fonctions religieuses et économiques. Période numide

Sous le contrôle des numides, Cirta est devenue la capitale du royaume numide unifié. Figure 49 : Carte du royaume numide

Période romaine En 146 av. J.C et suite à la chute des carthaginois et des numides qui ont résisté ensemble contre les invasions des romains Cirta est devenu Sicca Veneria, une ville romaine qui a connu une période prospère ainsi qu’une remarquable évolution urbaine et architecturale. Elle a connu l’édification de plusieurs importantes réalisations monumentales tel que les Thermes romains. Elle était un véritable chef-lieu des activités religieuses économiques et politiques de l’empire Romain.

Figure 50 : Thermes Romain aujourd’hui

50


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

2.2

Le moyen âge

La christianisation Dès

256,

Sicca

important

est

devenue

évêché-cité.

monuments religieux

un

Plusieurs

ont été édifiés

comme l’église Saint Pierre (Dar ELKous) et la chapelle paléochrétienne édifiée sur les vestiges des anciens thermes romains.

Figure 51 : Dalle funéraire chrétienne

Figure 52 : Plan et coupe de l'église Saint Pierre du Kef

Epoque byzantine Au 4éme siècle après J.-C. et après l’invasion et la destruction engendré par les vandales, la ville a été reprise par les byzantins ou elle avait changé de Sicca Venéria à Sicca Bénéria (La ville bénie) et

avait

repris son

évolution par l’édification de plusieurs bâtiments comme la basilique au pieds de la kasbah.

Figure 53 : Basilique du Kef

Epoque arabe A partir de 648, la ville change, son nom devient Shaqbanaria , une ville islamisée mais non soumise. Elle devient l’ultime carré de résistance berbère Kharéjite Soufrite du nord.

51


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

Epoque Turco-Husseinite A la fin du 16éme siècle et pendant le règne des hafsides, la ville

sera prise par les

ottomans et c’est à cette époque que son nom est devenu celui actuel (El Kef = le rocher). La ville adapta un caractère défensif renforcé en 1601 par un fort au sommet de la colline .Le Kef

devint, un centre militaire et

Figure 54 : Plan des rempart et de la kasbah du Kef

administratif, un véritable bastion avancé de la Régence de Tunis face à l’Ouest. En 1740 la fortification a été renforcée par un autre fort et une ceinture de remparts. A la fin du 17éme siècle, la ville est devenue une métropole confrérique et maraboutique, elle fut un foyer de personnalités religieuses .Ainsi elle abritât à cette époque une communauté juive dans la Hara auprès de la synagogue (Ghriba).

2.3

Période coloniale

A partir de 1881, la colonisation a confirmé la position stratégique de la ville. Elle est devenu en assurant un rôle administratif actif, une place militaire

française, un centre de

colonisation et d’exploitation minière d’où la fonction de relais routier et ferroviaire de

Figure 55 : La colonisation de la médina

premier ordre dans le nord-ouest. Après la greffe de la ville coloniale, une grande partie du rempart a été détruite cédant place à un grand boulevard divisant la ville en une ville haute et une ville basse qui s’est juxtaposé à la médina. Facilitant ainsi la traversée et le control militaire, il est devenu alors le

Figure 56 : Les constructions coloniales sur les limites de la médina

nouveau centre de la ville.

52 Figure 57 : Détails architectoniques coloniaux au Kef


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

La ville ancienne du Kef constituait, jusqu’à une date récente la zone forte et dominante de la région ainsi que le centre politique et religieux le plus important.

2.4

Evolution urbaine et historique de la ville

Figure 58 : Echelle historique et développement morphologique de la ville (source : travail de groupe)

Figure 59 Etalement urbain de la ville à travers le temps (source : travail de groupe)

53


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

3. Diagnostic : les spécificités de la médina du Kef 3.1

Facteurs historiques : Le Kef, une ville stratifiée

Le centre historique du Kef a connu une succession de civilisations et de cultures à partir du 4éme siècle av J.-C. Des traces de cette succession existent encore au sein des quartiers de la médina actuelle. On y trouve des monuments datant de la période romaine et byzantine qui sont homogénéisés avec le reste du tissu, ce qui signifie que la médina d’aujourd’hui est construite sur les traces des villes plus anciennes. Elle se caractérise alors par une stratification des couches historiques qui lui donne l’aspect d’une ville palimpseste, créant ainsi un paysage urbain très varié qui a continué de changer même pendant la période de la colonisation et qui continue de se modifier jusqu’à aujourd’hui. Les colons n’ont pas juste greffé leur nouvelle ville à la ville ancienne par l’intermédiaire d’un boulevard, ils ont laissé leurs traces dans les quartiers de la médina aussi.

Figure 61 : Stratification historique de la ville

Figure 60 : Vue sur la médina

Figure 62 Façade urbaine du quartier Ras-El-Ain (travail de groupe)

3.2

Le facteur social, la ville des convivialités

Admettant une position stratégique entre le nord tunisien et l’Est algérien et au centre de la région du Kef, la ville occupe un rôle important dans la vie économique et sociale. Le centre ancien se caractérise par une coexistence sociale. Ainsi, la ville est depuis longtemps monothéiste. La ville a connu une convivialité religieuse : on y trouve alors les lieux de culte des trois religions (La synagogue, les mosquées et l’église Saint-Pierre).

54


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

3.3

Le facteur morphologique, la médina en hauteur 3.3.1

Le développement urbain concentrique

Le paysage urbain de la médina s’intègre parfaitement au paysage naturel, la médina s’est étalée suivant la pente du terrain, autour d’un centre et à partir du sommet. Elle s’est étendue par parties tout en ayant l’allure de croissant dont la cavité est orientée vers le nord.

3.3.2

Figure 63 : Plan concentrique

La fortification

En plus des murailles de la médina, la kasbah avec ses deux forts et sa position stratégique au sommet de la pente, a joué un rôle important pour la fortification de la ville ancienne. Figure 64 : Les remparts de la médina

3.3.3

L’ascension

La ville est conçue en hauteur et est couronnée par la kasbah, portant alors l’allure d’une tour. Ainsi, en plus de leur aspect irrégulier et étroit, plusieurs ruelles de la médina sont en pente, tout en suivant la morphologie du terrain, elles caractérisent le circuit de ruelles par une alternance d’escaliers urbains et de plateformes.

55 Figure 65 : Circuit en pente (source : auteur)


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

3.3.4

L’aspect de la cinquième façade

Etant construite sur une pente, la médina se caractérise par l’aspect de la cinquième façade. On arrive à observer les quartiers, l’irrégularité des voiries, les patios des maisons et les plaines agricoles entourant la ville, tout en se baladant dans ses ruelles.

Figure 66 : Vue à partir de la kasbah

3.3.5

Les ambiances (ruelles et séquences)

Le fait que la médina est construite sur une pente rend unique non seulement son aspect général, mais aussi les séquences visuelles dans les quartiers. L’altitude offre des vues panoramiques, des percés descendantes sur des constructions plus basses ou bien ascendantes, où la kasbah reste toujours un élément repère. L’altitude accompagnée de l’irrégularité de ce tissu ancien, donne un paysage urbain dynamique.

Figure 68 : Escaliers urbains

Figure 67 : Les ruelles de la médina ; un jeu d’ombre et de lumière

56


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

3.4

Les monuments

La présence d’un Patrimoine architectural et urbain de qualité dans la médina qui représente par ses composantes un tissu urbain témoin de son ancienneté et de sa valeur authentique.

57


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

3.5

L’héritage culturel keffois

Etant donné que la ville ancienne a connu une succession de civilisation, le Kef se trouve aujourd’hui célèbre par un héritage riche. Elle se distingue notamment dans la musique, les chants populaires, la poésie et le théâtre, etc. C'est dans ce contexte que le Festival Bou Makhlouf est organisé chaque année au mois de juillet et le Festival Saliha, une fois tous les deux ans. Ainsi, plusieurs autres festivals se fêtent dans le centre historique aussi.

3.6

Le patrimoine culturel, un potentiel touristique sous exploité

Figure 69 : Circuit touristique du centre historique

La médina du Kef s’impose par son patrimoine culturel riche et diversifié comme une destination importante pour le tourisme culturel. Avec la prise de conscience récente de l’ensemble de ce patrimoine architectural et de son importance en tant que centre historique keffois, un projet d'aménagement et de mise en valeur du circuit touristique et culturel de l'ancienne Medina du Kef a été mis en place par l’ASM. Ce projet visait la revitalisation de la vieille médina et l’augmentation des capacités d'accueil de la ville. « Beaucoup de travail a été fait depuis, aussi bien au niveau de la médina, des monuments que des structures d'accueil et d’animation » (Tlili, 2016). Il a inclus les ruelles de la médina où ils ont relié les différents monuments par la signalétique. Le départ de ce circuit se fait de « la mosquée zaouïa ElKadria » pour aboutir au temple des eaux à « Ras Elaine ». En plus des monuments historiques le circuit renferme aussi des services comme le musée de des arts et traditions patrimoniaux (la zaouïa Rahmaniya) et le locale de l’Association de la sauvegarde la médina (Dar el-Kehiya). Conclusion : circuit touristique non animé et manquant d’activités socioculturelles. 58


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

Vous, oliviers du Kef, qu'êtes-vous devenus ? On y chassait la grive aux premiers froids venus Et certains garnements aux heures les plus chaudes Des longs après-midi allaient à la maraude Dans les vergers, enclos par le mur végétal Que dressait l'acérée phalange des nopals Est-il vrai qu'en vertu de l'auto souveraine Une route aujourd'hui au cœur de ton domaine Passe ? Et l'on a décimé tes arbres séculaires. Les odeurs de l'essence et sa pollution Sont venus supplanter la végétation Et l'herbe n'est plus, où tout est goudron et pierres Adieu, mon olivaie, qui fus ma Brocéliande ! Il est bien mort, hélas ! Les temps de mon enfance, Emportant dans sa mort l'enfantine légende Qui longtemps a charmé mes rêves d'innocence... Salut, ma Bandusie, ô fontaine, ô sphinx, qui sourds on ne sait d'où et chantes éternelle Par tes tuyaux rangés comme ceux des syrinx ! Mais pour te louanger ma flûte est par trop frêle...

Extrait des "Nouvelles Bambochades Tunisiennes", Enfantines keffoises, Benedetto Félix Pino(Sicca Venier)

59


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

SYNTHESE III : LE CENTRE HISTORIQUE DU KEF ET SON CIRCUIT TOURISTIQUE

60


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

CHAPITRE IV. LE QUARTIER HISTORIQUE SIDI BOUMAKHLOUF : LIEU DE MEMOIRE ET DE CONVIVIALITE

61


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

1. Présentation

Le quartier de Bou Makhlouf se trouve au pied de la Kasbah et au centre de la médina du Kef. Le quartier était le cœur battant de la ville, il a joué un rôle important dans la convergence et dans la distribution du tracé des voiries de la Médina, le véritable cœur de l’antique cité de Cirta-Sicca et l’âme de l’ancienne médina arabo-musulmane de Chaqbanaria-Kef. On ne peut pas le visiter

sans admirer le charme de ses

bâtiments et l’harmonisation de son image parfaite et unique.

Ce quartier a été décrit par l’historien

Mohammed TLILI « l’authentique quartier de synthèse où les nombreuses et diverses civilisations, qu’avait connues la ville, avaient laissé leurs empreintes archéologiques et architecturales ».

Les voiries de la médina Figure 70 : Convergence des voiries de la médina

Figure 71 : Vue sur le mausolée vers 1908 (archive de Mohamed Tlili)

Sens de convergence des voiries 62


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

2. Analyse urbaine

63


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

Au niveau de La Kasbah, la forteresse implantée au sommet de la ville, nous observons vers le bas, au pied du rocher la totalité du quartier de Sidi Bou Makhlouf, la composition entre les différents bâtiments, les toitures, leurs patios ainsi que la placette qu’on y accède en descendant par un escalier urbain.

3. Etude des composantes du quartier 3.1

L’espace public

D’après Pierre Merlin : « L’analyse de toute place doit aussi s’interroger sur l’historicité et sur la signification de cet objet urbain qui a vu sa fonction évoluer au cours du temps. La question de la place est inscrite

dans la

problématique actuelle de l’urbain et du public. » (Merlin, 1988)

Figure 72 : Signalétique de la place

Une placette publique structurant le quartier grâce à la position centrale qu’elle occupe par rapport aux bâtisses qui la composent. La présence de la placette dans le tissu marque la volonté initiale d’en faire un espace de rencontre et de rassemblement des citoyens, un évènement dans le parcours de la médina. En fait elle était un lieu d’échanges socioéconomiques et un espace pour des manifestations Figure 73 : La place des arts

religieuses, elle diverge vers des petites ruelles.

A droite nous observons des façades des maisons que chaque propriétaire a décorées selon son choix. Quant à la basilique, un monument de la période byzantine. Construite en pierre taillé la basilique témoigne de l’ancienneté du quartier ainsi que de l’ancienneté de sa fréquentation. Figure 74 : Façade d'une habitation

64


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

3.2

La basilique

On avance vite pour découvrir le monument à auges (pierres creusées) qui se distingue du reste de l’ensemble par son architecture qui témoigne de son ancienneté. La visite de ce monument à auges est une promenade dans la profondeur du temps. C’est en fait

une

basilique byzantine qui date du 4éme siècle, mais certains disent que ce n’est pas sa première fonction, ils croient qu’elle était une

Figure 75: Le patio de la basilique

sorte de maison fortifiée qui a servi de « banque » ou l’on met argent, blé ou des denrées précieuses. Pendant la période musulmane,

elle a été reconvertie

en

mosquée « La Grande mosquée ». En 1966, le monument a été restauré et a retrouvé son état initial. Aujourd’hui la basilique accueille quelques évènements à caractère culturel

Figure 76 : La basilique transformée en mosquée

(poésie, exposition…) grâce à l’importance qu’elle représente pour la ville.

Elle fait 35m de long sur 25m, elle se compose de deux parties principales :

L’atrium La salle cruciforme 

L’atrium

Figure 77 : Plan de la basilique

Un patio bordé par une succession d’arcades reposant des chapiteaux et des colonnes de l’époque byzantine. Les galeries autour du patio sont voutées, en voute d’arrête et soutenu en tout par 12 piliers, cinq portes extérieurs donnent actuellement accès à la cour.

65


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

La salle cruciforme

Elle est en forme de croix grecque, la grande salle est voutée en voute d’arrête et est flanquée de quatre chambres voutées en berceau. Elle s’inscrit dans un carré terminé du côté ouest par une abside en cul de four avec trois niches rectangulaires, assez profondes.

Figure 78 Abside de la basilique

3.3

La placette Sidi Bou Makhlouf

En allant un peu plus en avant, on arrive à une petite placette aménagée en larges paliers pavés avec un arbre au centre, contrastant les trois façades blanches homogènes, percés par des ouvertures vertes qui encadrent la placette. Cet endroit a réussi à devenir aujourd’hui grâce à l’importance qu’il a eu au cours de l’histoire, l’image repère de

l’identité

culturelle de la ville. Figure 79 : Placette Bou Makhlouf

3.4

Le Fondouk

A gauche, un fondouk dont la façade extérieure est composée d’une porte monumentale, cloutée encadrée d’une baie de plein cintre taillée en pierre de kedhel. Flanquée par six petites portes distribuées de part et d’autre elle donne une certaine animation à la place. Le fondouk se compose d’un ensemble de Ghorfas agencées et articulées, surmontée chacune par un puit de lumière et donnant sur un patio central, animé par un plan d’eau, autour duquel s’organise une galerie. Figure 80 : Un puit de lumière du fondouk

66


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

Le monument se distingue par son architecture arabomusulmane, par ses espaces, ses agencements et par ses volumes traditionnels, il fait partie d’un type classique, celui du caravansérail (oukala, fondouq) : s’inspirant du khân de l’Orient. Son plan est de forme rectangulaire, ordonné suivant une distribution axiale et une stricte symétrie. « La conception d’ensemble du bâtiment semble répondre à trois fonctions : les chambres pour le dépôt, la grande salle pour les transactions et les boutiques extérieures pour la vente publique. Ce n’est pas un hasard si l’on relève à ce niveau des anciens souks la présence de la corporation des zayyatin (vendeurs d’huile en détail). » (Tlili, 2013)

Figure 81 : Plan du fondouk

Historique du monument Ce lieu était à l'origine une "oukala- ezzit" (comptoir ou agence de l’huile) construite en 1807 par le premier ministre de Hamouda Bey Youssef SahebEtabaa, au profit de l'entretien des remparts de la ville. Il servait de lieu de dépôt et de vente en gros de l’huile collectée. Ensuite, il fut transformé en Dekiya puis fondouk pour les gens de passage et les marchands ambulants et ça finit squattérisé (oukalisé) par des nombreuses familles rurales immigrées dans les années 50. Fin des années 60, il a été transformé, en un gite d'étape, aussitôt abandonné avec l'abandon du grand projet touristique des années 60. Ce n'est qu'à la fin des années 80 qu'il a été transformé en centre culturel pour les enfants, mais depuis et malgré tous les efforts, les lieux sont à l’abandon. (Tlili, 2013) Figure 82 : La galerie du Fondouk aujourd’hui

67


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

3.5

La maison du cheikh de la Zaouïa

À l’origine c’est un Habous public institué au profit de la Zaouïa de BouMakhlouf, sous forme de six boutiques des anciens souks. Quatre de ces boutiques

étaient

transformées

en

maison du Cheikh de la Zaouïa en général et les deux autres en café. Après la destitution de l’institution des Habous, le conseil du gouvernorat du Kef, propriétaire déjà de l’Oukala en

Figure 83 : Placette de sidi Bou Makhlouf en 1905

face, avait pris possession de l’ensemble.

Cette maison a été restaurée et aménagée vers 1967 dans le cadre de l’ensemble monumental et historique du quartier restauré par l’ASM. Elle fut réservée à l’habitat du dernier cheikh de la Zaouïa sidi Ben Aissa sans aucun titre de propriété. Depuis la disparition de ses dernières occupantes, elle est restée vide. (Tlili, 2016)

Figure 84 : Le complexe de Sidi Bou Makhlouf (source : archive Mouhamed TLILI)

3.6

Le mausolée de Sidi Bou Makhlouf

Au fond c’est le mausolée de Sidi Abdallah Bou-Makhlouf harmonieuse

avec

son

composition

élégante

et

volumétrique,

surmontée d’un minaret à base octogonale Figure 85 : Vue sur les coupoles (source : Auteur)

68


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

de style hanafite revêtu en partie de petits carreaux de céramique émaillés et de trois coupoles blanches, de formes et de grandeurs variées. Le mausolée domine la médina, en donnant une image embématique à son paysage urbain et architectural, une célèbre icone qui symbolise la ville du Kef partout dans le monde. Historique du monument

Il est fondé au début du 17éme siècle, la grande salle et le minaret remontent au milieu du 19éme siècle, c’est une

des

principales traces de l’époque arabe. Au début il y a eu, un simple sanctuaire à ciel ouvert consacré au saint Abdallah BouMakhlouf, la première construction sur la tombe était la première‘’qubba’’simple au 18éme

siècle,

les

autres

coupoles

Figure 88 : Plan de la zaouïa

étaient

construites vers 1835. Une autre partie a été ajoutée, elle se compose d’une grande salle, une cour et le minaret. La grande salle, dont le plan est une composition entre le plan basilical, grec et latin, est surmontée d’une grande coupole centrale reposant de part et d’autres sur une double arcade en plein cintre appuyés sur des colonnes antiques

Figure 87 : Coupe transversale

récupérées, ouvrant sur des nefs latéraux basses en voutes d’arrêtes. Celle de droite aboutit à un petit mihrab, tandis que celle de gauche met en communication directe l’entrée des femmes avec la turba. La salle est d’une richesse et d’une variété décorative ; tous les murs sont recouverts de panneaux de petits carreaux de céramique émaillée encadrée en faïence noir, cette décoration met en scène l’aspect cérémonial, spirituel. Derrière cette salle se trouve une autre salle qui abrite le tombeau

Figure 86 : Les tombeaux des Saint Bou Makhlouf

de Sidi Abdallah Bou- Makhlouf et les tombeaux de ses deux fils.

69


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

4. La spiritualité dans la mémoire du quartier « Tout lieu de culte, tout monument sacré reflète à travers son architecture la conscience que possède une culture de sa relation avec le divin » (Vitebsky, 1998)

À travers son architecture typique, l’espace de Zaouïa reflète l’idéologie de l’Islam confrérique ou soufi. Elle désigne un édifice où le culte et la culture se mêlent. Elle joue le rôle d’institution d’enseignement des disciplines religieuses et littéraires. C’est là où les mouvements mystiques, soufis, maraboutiques ce déroulent ainsi que d’autres activités spirituelles tel que la prière, le dhekir et la hadhra. Depuis le 19éme siècle, la Zaouïa de Sidi Bou Makhlouf fut le siège de la confrérie des Aissaouias du Kef, originaires de la ville marocaine de Meknès C’est en fait l’espace où

Figure 89 : Hadhra Aissaoui dans la zaouïa de Sidi Bou Makhlouf

les soufis se retirent, tout en permettant un élan de leurs âmes vers un monde immatériel. Le soufisme et l’art « Celui qui connait Dieu crée par sa volonté spirituelle. C'est-à-dire que la forme ainsi créée n’a pas seulement une réalité subjective, mais correspond aussi à la présence divine dans l’homme »(Ibn Arabi,1215)

La zaouïa était l’espace où les soufis pouvaient se retirer et permettre selon la pensée soufi un élan de l’âme, loin du monde matériel. Le soufisme a exercé une influence sur l’art et la création, la société tunisienne a donné une importance à la musique mystique qui s’est inséré dans son système cérémonial. En effet, il existe un patrimoine musical religieux qui est très populaire inspiré des confréries soufies.

70


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

5. Référence des événements culturels Plusieurs événements culturels aujourd’hui mais la plupart s’organisent dans la kasbah vue sa capacité à accueillir un grand nombre de public.

Figure 91 : Une ville de festivités

Figure 90 : L'espace extérieur de la kasba

Conclusion La place de Bou Makhlouf a constitué le noyau du centre historique et de la vie sociale, un pôle d’attraction, une source d’inspiration, un espace de sociabilité et de rencontres. Ce quartier est une icône qui constituait l’image repère de la ville, qui a été et qui demeure encore dans la mémoire collective des keffois. Ce quartier est donc un support physique d’une histoire et d’une évolution, il reflète l’aspect monothéiste et l’aspect de stratification et d’agencement de plusieurs styles architecturaux de la ville du Kef. Le quartier Bou Makhlouf n’est pas un quartier important uniquement pour ses valeurs historiques, culturelles et cultuelles, sa morphologie urbaine ainsi que sa place centrale dans la médina ont contribué à sa transformation en un lieu symbolique de rencontres et d’organisation des événements et des fêtes régionales. L’originalité de ce quartier ainsi que son importance historique, offrent la possibilité de créer un ensemble urbain (culturel) qui vise la revitalisation de la totalité du centre historique.

71


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

6. L’histoire de la protection du quartier Sidi Bou Makhlouf et son échec En 1976, à l’occasion de la restauration du quartier de Bou Makhlouf ; l’ensemble de ce tissu urbain traditionnel composé de la Kasbah, de la Basilique et de Bou Makhlouf fut classé comme un ensemble monumental et historique protégé. De remarquables experts avaient veillé à cette perception et à cette institution. «Depuis nous n’avons fait, soit au niveau de l’INP, de l’ASM ou de la municipalité, que respecter les prescriptions élaborées pour préserver cette entité urbaine et architecturale exceptionnelle où les composantes monumentales sont solidaires y compris l’architecture dite mineure. »16 (Tlili, 2016) Un projet de mise en valeur du circuit touristique qui relie les différents monuments après la révolution a été élaboré par l’ASM comme nous avons indiqué avant. Mais aujourd’hui au quartier, nous n’avons vu aucun signe de mise en valeur lors de notre visite. C’est un état qui ne prouve pas la valeur culturelle du quartier.

7. Etat des lieux 7.1

Le mausolée

Le mausolée est ouvert à la visite, mais il indique plusieurs pathologies qui mettent l’icône de la ville du Kef dans un grand danger de dégradation.

7.2

Le Fondouk

Depuis quelques années, le Fondouk a été abandonné.

Aujourd’hui,

malgré

son

emplacement stratégique et l’importance de son image extérieure,

il est complétement dans

l’oubli. Sa façade est le seul élément entretenu, puisqu’elle est face au café qui s’étend sur la petite placette. Figure 92 : Façade du fondouk

16

Mohamed TLILI, Article « L'ANCIENNE OUKALIT EZ-ZIT DU KEF », Mercredi 27 mars 2013

72


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

Il présente des anomalies dues à l’abandon tels que :

s

73


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

7.3

La placette, la basilique et les vestiges romaines

La placette principale dans le réseau des voiries de la médina est aujourd’hui utilisée comme parking pour voitures. Figure 93 : Vue sur la placette

Après les travaux de restauration à son état initial dans les années 60, la basilique se trouve aujourd’hui en bon état, sauf quelques traces d’humidité. D’ailleurs, elle abrite parfois des événements et des expositions.

Figure 94: Exposition dans la basilique

En revanche, tout un espace qui appartient à ce monument est non exploité,alors qu’il pouvait être utilisé afin de jouir de cette architecture.

Des vestiges d’un habitat datant de la période romaine qui a été antérieur à la construction de la basilique existent aujourd’hui dans le quartier,

Figure 96:L'espace arrière la basilique

il s'agit là de la suite des vestiges d'une résidence écrasée

par

la

oukala

(les

structures

archéologiques de la villa sont devenues les fondations). Elles présentent une dent creuse entre le fondouk et la basilique, que nous puvons pas remarquer la préscence.

Figure 95: Les vestiges romains

74


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

7.4

Maison de cheikh Aissaouia et le café

Aujourd’hui, il ne reste de cette maison que la façade extérieure, tout le reste a été démoli. Seulement la façade extérieure a été sauvée pendant les travaux de démolition afin de garder l’image du quartier.

Avant

Figure 97 : Maison du cheikh avant démolition

Après

Figure 98 : Maison du cheikh après démolition et construction du nouveau bâtiment

Le nouveau bâtiment a été construit à la place de la maison du cheikh : c’est un « hotel du charme ».

Le café Sidi Bou Makhlouf est le seul espace qui anime occasionellement le quartier. En effet il a réussi a garder l’image du quartier dans la mémoire collective des habitants jusqu’à aujourd’hui.

Figure 99: L'entrée au café

75


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

8. Eléments graphiques du quartier

Plan du quartier ECH1/500

5,4 m 6 ,5 m 6m

Coupe-façade urbaine sur la placette (façades nord-ouest) ECH1/500

Façade Sud-est ECH1/500

76


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

SYNTHESE IV : LE QUARTIER DE SIDI BOU MAKHLOUF AU KEF, ENTRE VALORISATION ET ABANDON

77


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

CHAPITRE V. LA CULTURE ET L’ART POUR REDYNAMISER L’ESPACE URBAIN HISTORIQUE

« Elément essentiel du développement local, de l’attractivité du territoire et de la cohésion sociale, la culture s’inscrit dans une économie de la connaissance et de la créativité ». (Pascal MANGIN, 2017)

78


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef « La résurgence des sentiments et des revendications d’appartenance à une histoire, à une culture, à un quartier est symptomatique du besoin humain de se reconnaître et d’être reconnu dans son identité. Les quartiers historiques expriment les savoirs et savoir-faire des civilisations qui les ont produits. Ils jouent un rôle essentiel dans la connaissance et l’organisation de la vie de la cité » (colin, 2008)

Il est alors nécessaire d’identifier et de promouvoir les dimensions immatérielles des quartiers historiques (pratiques, savoir-faire, valeurs).

1. Les projets culturels à travers l’innovation artistique pour l’actualisation des traditions et de l’identité locale 1.1

La culture, une identité locale

Figure 100 : Axes de la culture

Au sein d’une communauté urbaine, les projets culturels qui actualisent les traditions de la ville contribuent à renforcer le sentiment d’appartenance à la ville, au-delà des origines sociales ou ethniques. Ils peuvent être identifiés à la ville qui, elle-même, se reconnait en eux. La culture représente un rattachement à des valeurs traditionnelles qui sont une composante essentielle du cadre de vie, elle est donc indissociable du patrimoine. En effet, la culture et le patrimoine sont des moyens pour donner une identité aux villes.

79


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

1.2

La créativité basée sur la culture et l’innovation sociale pour un développement local

« Elément essentiel du développement local, de l’attractivité du territoire et de la cohésion sociale, la culture s’inscrit dans une économie de la connaissance et de la créativité ». (Mangin, 2017)

En effet l’ensemble de traditions et de pratiques sociales caractérisant l’identité culturelle sont celles inscrites dans la vie actuelle de la communauté selon le concept du « patrimoine vivant » ils contribuent ainsi à l’actualisation des identités des villes. La culture est l’expression de l’humanité et l’expression de sa créativité. Elle est liée essentiellement aux pratiques populaires, à la connaissance, aux talents et à la civilisation. C’est le moteur d’innovation économique et sociale, en effet elle peut s’ancrer dans le monde actuel en l’appréhendant en tant qu’acte de créativité et en tant que productions contemporaines (culturelles, identitaires et symboliques). Ainsi, l’avenir des villes est lié à la manière dont elles transmettent leurs identités locales afin de favoriser la créativité et exploiter au mieux la diversité culturelle. « La perspective dynamique propose que les objets étudiés (fêtes, pratiques, manifestations...) ne soient plus traités comme des survivances de faits anciens qui se seraient abâtardis, mais au contraire comme l'expression contemporaine de représentations conflictuelles des identités [...] et des groupes sociaux qui l'investissent» (Derèze, 2005)

La créativité basée sur la culture peut générer de l’innovation sociale. Parmi toutes les activités dont se manifeste la culture, l’art (La musique, l’art visuel, le cinéma, la poésie, le théâtre..) est celle qui favorise et stimule la plus la créativité et l’innovation chez les êtres humains « La création et la créativité font partie intégrante des processus de revitalisation des quartiers historiques. La créativité dans les processus de revitalisation permet souvent l’émergence de projets impliquant de nouveaux modes de relation entre acteurs et une nouvelle appréhension du territoire… » (Colin, 2008)

Les activités culturelles et le développement local

Dans les villes, les métropoles et les régions, la culture est une composante essentielle du cadre de vie, une source de revenus liés au tourisme, ainsi qu’un levier de créativité pour la production de biens et services nouveaux. La contribution de la culture à l'emploi peut varier de 3 à 7 % voire plus. La culture joue un rôle capital dans le développement local. En effet, elle est une source d'emplois et de revenus à l’échelle nationale, aussi bien qu’au niveau local. 80


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

Une identité urbaine sera valorisée grâce à la créativité et à la diversité culturelle.

1.3

Les activités culturelles dans l’espace public

Aujourd’hui, l’espace public est un vecteur important dans la société, mais il se trouve parfois mal occupé et détaché des activités (musées, centres de culture et d’art…). Les artistes sont un des acteurs qui peuvent occuper ces lieux pour et les rendre plus «vivables», de les dynamiser et activer. Ce sont en fait, des lieux qui offrent la confrontation directe avec le public, ils offrent aussi plus de possibilité de création et de liberté. De cette manière, le vide devient une priorité et l’enjeu de la ville de demain se situe dans la reconquête de l’espace public.

1.4

Facteurs de l’émergence d’une dynamique artistique dans un espace urbain historique

1.4.1

Les artistes, entre culture locale et créativité artistique

« Les artistes disposent en effet d’une véritable intelligence de la ville : ils savent composer avec sa matérialité, son image et révéler ses qualités. » (Ambrosino, 2013)

La présence professionnelle des artistes dans un quartier s’associe généralement à sa revalorisation ; elle est assurée par l’innovation qu’ils procèdent dans la production, l’exposition et la diffusion de leurs créations. La création est celle qui contribue à la transformation

d’un lieu.

Figure 101 : Artistes en plein air

Avec les artistes le quartier se transforme en un paysage, un atelier à ciel ouvert. Le renouvellement se fait par la mise en scène de ces activités et par des traces physiques, fournissant une nouvelle visibilité. Les artistes se construisent autour d’un mode de vie particulier, ils animent les lieux et avec leur présence, ils prouvent que le quartier peut changer. Leurs relations qu’ils tissent entre eux et l’affinité entre leurs activités, forment un des facteurs qu’au tour du quel se construit la vie sociale des quartiers artistiques et permet de mieux comprendre leurs rôles dans les nouvelles dynamiques. En effet, les artistes matérialisent le savoir des pratiques culturelles locales, par un acte de création en une œuvre ou un produit. Leurs pratiques dans l’espace architectural et urbain peuvent contribuer à la reconnaissance d’un ancrage d’une identité locale de la création, ce qui permet selon Charles AMBROSINO la confrontation milieu/identité culturelle. 81


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

Alternance

Savoir culturel et création

Alternance Connaissances culturelles/affinités des

local/global

activités artistiques Confrontation milieu/identité culturelle

Figure 102 : La culture et la création chez les artistes

L’interaction entre les acteurs

1.4.2

Afin d’insérer une nouvelle dynamique, il faut tenir compte de la multiplicité d’acteurs qui peuvent interagir entre eux. Cette interaction caractérisera une nouvelle vie qu’une nouvelle vision des

sociale ainsi

lieux. Ces relations permettront de construire des approches plus innovantes, ce qui permettra à son tour de créer de nouveaux produits répondant au besoin social local 17

Figure 103 : Interaction entre acteurs

Le quartier serait ainsi le fruit de pratiques sociales et spatiales émanant d’une pluralité d’acteurs :

les

artistes

et

autres

professionnels de l’art, les administrations de la ville, les habitants de la zone qui n’appartiennent

pas

à

la sphère des

professions artistiques, mais aussi les urbanistes, les spéculateurs fonciers ou encore les simples visiteurs qui, par le seul fait de leurs “énonciations piétonnières”18

Figure 104 : Espace urbain convivial

(Traversier, 2009)

17

Les membres d’urbact culture, Culture et régénération urbaine, le rôle des activités culturelles et des industries

créatives dans la la régénération des villes Européennes, septembre 2006 18

Mélanie Traversier, Le quartier artistique, un objet pour l'histoire urbaine, 2009

82


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

1.4.3

Le concept artistique « HAPENING »

Citant l’exemple des Happenings de Allan Kaprow et John Cage marquent déjà que l’« objet final » (vendable, décorable ou collectionnable) est oublié, et que le processus de création de l’œuvre et l’immédiateté de l’acte artistique sont mis en avant, la performance doit être une expérience temporaire. Le happening est sans doute un prolongement de l'installation ou de l'environnement. Il est né d'un désir de spatialiser la peinture, d'intégrer les êtres humains dans l'œuvre d'art. « Un Happening est un environnement exalté, dans lequel le mouvement et l'activité sont intensifiés pendant un temps limité (disons une demi-heure) et où, en règle générale, des gens s'assemblent à un moment donné pour une action dramatique ». (Kaprow, 1965)

Un composant principal du Happening a été l'implication du spectateur. Le spectateur a été utilisé pour ajouter un élément de hasard ainsi, à chaque fois qu'une pièce a été réalisée ou exposée, elle ne sera jamais la même que la fois précédente. Contrairement aux précédentes œuvres d'art qui sont statiques. Le Happening pourrait évoluer et offrir une rencontre unique pour chaque personne qui participait à l'expérience. Dans cette même perspective l’approche directe que l’artiste a avec le public, via des lieux de passages et de rassemblements, vient interroger, au sein du processus lui-même, la place qu’aura le public dans la conception de l’œuvre. Cette approche va changer le statut de l’artiste comme « maitre créateur » pour un statut d’acteur/catalyseur.

2. Le concept des ‘’quartiers artistiques’’ 2.1.1

Genèse du concept

Le regroupement d’acteurs impliqués dans la production culturelle, est un phénomène ancien qui a été connu par la notion de « cluster culturel », cette notion restait floue faute de l’imprécision géographique du territoire et des activités culturelles introduites. Ensuite cette notion change et devient ‘’le district culturel’’ qui avait comme priorité la production marchande de la culture sans tenir compte de la relation avec le territoire physique. 2.1.2

Définition

«Bien que le phénomène qu’elle recouvre soit ancien, l’idée de quartier artistique est nouvelle » (Traversier, 2009)

83


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

Les quartiers artistiques apparaissent comme des manufactures de sens, à la fois lieux de consommation et de production de culture Au sein de ces quartiers, le territoire est à la fois un site de création, d’exposition, de contemplation et de vente, ces quartiers articulent la rencontre de l’artiste avec ses publics. Ces quartiers contribuent à l’amélioration de la qualité des milieux de vie en recouvrant de multiples dimensions, à la fois historique, sociologique, sensible, économique et temporelle en favorisant un accès à la culture et plus spécifiquement la culture locale, au patrimoine et à une vie urbaine de qualité (lieu de socialisation, de connaissance, etc.) (novembre 2011) 2.1.3

Le quartier artistique pour la mise en valeur du patrimoine

« Un territoire fort de son passé ; les quartiers artistiques se constituent au sein de territoires socialement, économiquement et physiquement marqués par leur histoire ; par une structure urbaine, une configuration immobilière ainsi qu’un stock immobilier favorables à l’émergence d’une urbanité nouvelle » (Ambrosino, 2013)

Le fait qu’un quartier possède une valeur patrimoniale et que cette valeur est inscrite dans la culture de la ville, ne suffit pas de parler d’un quartier culturel actuel, la présence des activités culturelles, est le point le plus important en ce qui concerne les quartiers à vocation culturelle, cette vocation peut certainement en plus de réactiver le patrimoine et l’histoire immatérielle, contribuer à valoriser plus le patrimoine urbain et architectural, car ces lieux reconnus pour leurs richesses historiques représentent un atout pour les quartiers culturels à cause de leur importance pour l’identité de la ville ; l’intérêt patrimonial des lieux constitue sans doute, une valeur ajoutée. Ce lieu est un point important dans la ville (un noyau central ou lieux de de poly fonctionnalité qui se distingue par la présence de monuments, espaces publics ou éléments symboliques. Un quartier artistique va donc consolider et actualiser la dynamique ancienne de ces lieux identitaires et dans ce cas la jonction entre culture et patrimoine va agir comme levier de développement économique et touristique.

84


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

2.1.4

Références

La place de Tertre à Montmartre La place correspond au centre de l'ancien village de Montmartre, à quelques mètres de la basilique du Sacré-Cœur et de l'église Saint-Pierre de Montmartre. Avec ses nombreux artistes dressant leurs chevalets chaque jour pour les touristes, la place du Tertre est un rappel de l'époque où Montmartre était le lieu de l'art moderne : à la fin du XIXe et au début du XXe, de nombreux peintres comme Toulouse-

Figure 105 : Place de Tertre

Lautrec, Picasso, Modigliani et Utrillo y vivaient. Elle est un des lieux de Paris les plus visités par les touristes. Connu sous le nom du « quartier des artistes-peintres »,

l’art

plastique

règne sur cette place déjà plus d’un siècle et c’est pour cela qu’elle est devenue

aujourd’hui,

un

lieu

incontournable pour les touristes du monde entier. Figure 106 : Place de Montmartre

85


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

SYNTHESE V : LES QUARTIERS REVITALISATION URBAINE

ARTISTIQUES

POUR

LA

86


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

CHAPITRE VI. INTERVENTION : REVITALISATION URBAINE ET ARTISTIQUE DU QUARTIER SIDI BOUMAKHLOUF

87


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

Introduction Après avoir achevé les parties théorique et analytique, nous aborderons notre projet tout en s’appuyant sur les concepts tirés des projets de références et sur les potentialités du quartier par présenter le parti architectural principal. Nous définissons ensuite les concepts tirés et notre programme fonctionnel afin de pouvoir faire nos choix en ce qui concerne cette intervention. En effet, l’analyse urbaine du quartier a relevé une forte valeur symbolique du lieu architectural et urbain, mais cette richesse se trouve mal prise en charge. D’ailleurs, elle a subit une dégradation importante et doit subir une revitalisation sur plusieurs niveaux. « Nous ne sommes pas, des ennemis du développement de la médina. Au contraire, nous étions parmi les premiers, à le faire réellement et concrètement mais pas à n'importe quel prix au point où l'on verra notre propre patrimoine complètement défiguré pour des raisons bassement mercantiles. Nous sommes pour un développement responsable, durable et qui respecte son environnement, l'histoire et l'identité culturelle... » (Tlili, 2016)

1. Objectifs du projet 

Ramener les gens au cœur du centre historique du Kef afin d’animer/dynamiser le quartier.

Mettre en valeur la qualité de repère dans la ville

Proposer des nouvelles manières de vivre l’espace : o Présenter des lieux de détente, d’échange social et d’activités artistiques et culturelles tout en visant la promotion culturelle du territoire. o Simuler les potentialités du site pour créer un lieu d’échange et de découverte, un lieu communautaire. o Offrir des espaces de création artistique. o Exploiter l’art au service du patrimoine et de la société.

9. Délimitation de la zone d’intervention A l’échelle urbaine : la placette, les espaces adjacents à la basilique, les escaliers urbains. Proposer un aménagement de la placette A l’échelle architecturale : le fondouk et la basilique Proposer une intervention

88


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

2. Parti architectural et choix conceptuels

Le concept de construire la ville sur elle-même du renouvellement urbain se trouve évident en tirant les concepts des projets de références (la transformation par l’ajout d’une autre entité) ou encore l’aspect palimpseste du quartier Sidi Bou Makhlouf. Cette intervention formelle et fonctionnelle peut se traduire par « une greffe urbaine et architecturale ».

Une injection de la fonction culturelle et artistique peut unifier les éléments du quartier en un seul élément. Etant un ancien lieu de partage cette intervention peut actualiser cet aspect de rencontre et d’échange social du quartier.

89


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

2.1. Concepts En se référant à des projets similaires, et pour le renouvellement et le réaménagement de la placette nous optons pour les concepts suivants : 2.1.1. L’intervention contemporaine « Aujourd'hui, l'intervention ne rime plus avec stricte préservation du patrimoine, mais bien plus avec une démarche palimpseste qui ajoute une strate contemporaine à la ville historique.» (SABBAH, 2015)

Le renouvellement urbain est une solution face à l’étalement urbain. De ce fait l’évolution de la ville par sa reconstruction sur elle-même s’applique dans le sens de la ville-palimpseste. Elle est une ville qui se renouvelle sans perdre son caractère historique et patrimonial. Cette revitalisation du tissu ancien touche plusieurs aspects : culturel, identitaire, fonctionnel, économique et social. C’est un ensemble d'actions sur le palimpseste urbain en tant que stratification de "mémoires", alors l’architecture parasitaire peut-elle être un outil contemporain de renouvellement urbain ? 2.1.2. La greffe urbaine et architecturale

Aujourd’hui, la mise en valeur du patrimoine urbain et de l’identité des lieux sont un intérêt nouveau. C’est principalement une question de respect du patrimoine tout en le laissant évoluer suivant les nouveaux besoins de la société. Ceci dit, l’insertion d’une architecture contemporaine dans un espace urbain patrimonial pose un défi d’actualité, cependant elle présente un des importants aspects de faire la ville sur la ville. Cette intervention urbaine peut se manifester sous la forme d’une greffe.

La greffe est l'intervention qui injecte à l'existant une nouvelle entité pour lui introduire un nouvel mode, une nouvelle vie, prolonger la vie de 1’organisme greffé. Indépendamment de la taille, l’emploi de la greffe affecte tout l'organisme. Nous retrouvons le principe de la greffe dans diverses disciplines (la botanique, la médecine, l’agriculture...).

Figure 107 : La greffe dans l'agriculture

90


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

L’architecture parasitaire est une forme de greffe où l'existant devient un hôte et la greffe est le parasite, que lie la relation de symbiose. « Le concept de l’architecture parasitaire se caractérise par des greffes architecturales qui s’implantent sur des bâtiments existants offrant des possibilités d’échange. En fixant de nouveaux éléments architecturaux à un bâtiment, une communauté improductive peut se développer de façon positive, sans rejeter sans histoire, permettant ainsi à la société de se développer davantage autour de ces additions » (MAJID, Decembre 2016)

Figure 108: Parasite-Office-by-Za-BorArchitects

Figure 109 : Musée royal de l'Ontario | Studio Daniel Libeskind

Il s’agit d’un acte contemporain d’intervention architecturale sur des bâtiments existants qui peut être temporaire ou permanent. La greffe crée une jonction entre le nouveau (parasite) et l’existant (hôte) pour le compléter, le solidifier et former une architecture hybride. Elle est aussi un système qui ne peut pas exister de lui-même parce qu’il il tire son énergie du milieu auquel il participe. En revanche, le potentiel de cette architecture est dans l’énergie qu’elle peut insuffler dans son hôte. Comme explique Sébastien Marot « Se fondre peu à peu dans le tissu vivant, ce n’est pas chercher à être le caméléon squelettique qui oublierait de vivre, mais plutôt permettre à l’autre de continuer à vivre.»19 (Sébastien, 1997)

Pour les bâtiments anciens, la greffe architecturale constitue une stratégie de création et de transformation qui fait appel à une réflexion urbanistique, architecturale et fonctionnelle, qui vise à initier un nouvel usage , révéler et redonner vie au patrimoine20. La greffe produira une structure unificatrice du quartier qui mettra en évidence sa morphologie urbaine et qui créera des liens à plusieurs échelles.

19 20

Dans le livre de Pélissier (1997), Sébastien Marot cite le document de présentation du projet Zone B La greffe architecturale: Rabat, un terrain d'expérimentation | Mémoire de fin d'étude

91


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

2.1.3. L’unification « La greffe pour confirmer l’unité »

La placette, un espace public structurant o Une réinterprétation du site 

L’architecture des vides centraux c’est l’architecture de l’unité.

Chercher l’unité dans la diversité.

Insérer un élément confirmant la liaison

entre

les composantes du quartier qui semble être homogène. 

Une nouvelle strate qui marque son époque.

Garder l’intervention seulement au niveau des espaces abandonnés et non valorisées afin de les exploiter et de revitaliser l’ensemble du quartier.

II s'agit de reconquérir un espace perdu afin de créer des connexions, de faire des jonctions et de nouveaux liens.

Intérioriser l’extérieur

Une nouvelle entrée qui crée la liaison avec la ruelle en haut

(La façade arrière)

Créer un passage au fondouk

Liaison avec la placette

92


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

2.1.4. L’actualisation de l’idée de partage Dans les quartiers historiques, la place reflète l’histoire et la mémoire collective des citadins. En fait, elle est souvent conservée grâce au besoin continu d’un espace pareil, présentant des potentiels qui lui permettent de recevoir des activités diverses qui répandent aux besoins des usagers de l’espace. Le quartier de Sidi Bou Makhlouf est un ancien espace de partage qui est devenu aujourd’hui un simple lieu de passage ; la place centrale de la médina, était un espace important ou tout le monde se rencontre. La place sera donc une proposition d’un temps de pause selon les nouveaux besoins des citoyens.

Espace de

Espace

partage et

public et

d’échange

espace privé

Sens du flux des visiteurs

Figure 110 : Schéma de l'actualisation de l'idée de partage

Figure 111 : Hiérarchie des espaces

En effet, intervenir sur des espaces publics est une nécessité pour revitaliser et valoriser l’image d’un quartier ou d’un centre ancien. « Tout espace public au sein du quartier doit permettre l’accueil des activités moteur de toute revitalisation et revivification. » (TLILI N, 2017)

-La greffe architecturale sera donc l’espace d’échange intérieur qui s’étale jusqu’à l’espace public. -Cela mettra en évidence l’espace public structurant. 2.1.5. Intervention par la culture 

La culture et l’art ; outils de revitalisation urbaine.

La ville du Kef est une ville connue par ses artistes.

La zaouïa était l’espace où les soufis pouvaient se retirer et permettre selon la pensée soufi un élan de l’âme loin du monde matériel vers un monde immatériel et donc la stimulation de la spiritualité.

Quartier Sidi Bou Makhlouf est un lieu de culte, de culture et de sociabilité.

L’art et la culture sont un levier du développement local

93


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

Intervenir par des activités de culture et d’art (musique, art plastique, poésie, théâtre, …).

Espaces

Espace de

Espaces

d’exposition

partage et

pour les

et de vente

d’échange

artistes

Figure 112 : Organigramme spatial

« L’art devait se produire et s’exposer là où vivait la société elle-même : dans la rue, dans des parcs. Faire littéralement exploser les limites de la pratique artistique, abolir les frontières entre les arts et construire un lien définitif entre l'art et la vie. » (PARIS, 2007)

Etendre l’activité artistique intérieure sur la placette par des ateliers et des espaces d’exposition.

3. Programme fonctionnel Les fonctions culturelles et artistiques relatives au patrimoine doivent donc assurer la liaison entre les différentes composantes du quartier. Unification fonctionnelle

Un quartier artistique

Il faut prévoir des espaces pour les activités de création artistique (musique, théâtre, poésie, peinture, ainsi l’intercommunication entre les usagers (artistes, visiteurs, journalistes…), l’exposition (permanente, temporaires) et la vente. L’ensemble comprendra : 

Une réception et un hall d’accueil

Une exposition permanente

Une exposition temporaire

Des ateliers pour les artistes (musique, art plastique, poésie, théâtre…)

Bibliothèque

Des ateliers polyvalents de partage (à l’intérieur) et des ateliers (à l’extérieur) afin d’étendre l’espace de travail sur tout le quartier.

94


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

4. Genèse, évolution de l’intervention et recherches formelles 

Esquisse 1

La première esquisse était de proposer une intervention seulement sur le fondouk puisqu’il pose le problèmede dégradation.

Figure 113 Modélisation de la première esquisse

Lacunes : Sans une intervention urbaine qui repense la totalité du quartier, la revalorisation reste limitée. 

Se

Esquisse 2

greffer à la basilique par un volume

simple et régulier.

Figure 114 : Modélisation de la deuxième esquisse

Figure 115: Façade de l'esquisse

95


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

Lacunes : 

L’intervention sur chacun des bâtiments à part peut nier la notion d’ensemble du quartier même si les fonctions sont toutes culturelles.

L’intervention sur la basilique par une forme régulière comme celle des bâtiments du quartier ne reflète pas l’effet artistique ni les ambiances qu’on cherche à créer.

Esquisse 3

Suite

à

de

nombreuses

manipulations

architecturales nous avons arrivés à concevoir la greffe d’une nouvelle forme contemporaine confirmant la liaison entre les édifices et les espaces urbains du quartier. Ceci favorisera la

diversité

architecturale

et

l’aspect

palimpseste du quartier, afin de le dynamiser et de revitaliser tout l’ensemble historique.

Figure 116 : 1er croquis de la forme par rapport à l'urbain

5. Choix de l’aspect de la greffe L’échafaudage C’est la greffe d’un outil qui sert à la construction.

 Concept

Figure 117 : Echafaudage dans un chantier

La greffe dans le quartier de Sidi Bou Makhlouf doit être l’outil de la revitalisation

Greffer un échafaudage artistique La diversité dans l’unité tout comme l’aspect du quartier Sidi Bou Makhlouf. Figure 118 : Maquette d’esquisse personnelle

96


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

La lumière Le contraste La transparence

contrastPersonn el de Fin d’Etudes en architecture

Figure 119: puit de lumière du fondouk

Figure 120 : Esquisse de la forme

La transparence de la greffe

Figure 121: Schéma explicatif

Figure 122 : Aspect de la greffe

Profiter de l’espace vide pour installer

des

aménagements

urbains en continuité avec la forme choisie at apte à recevoir les fonctions choisies

Figure 123 : Des installations extérieures pour les ateliers

Liaison entre un espace urbain et un espace architectural

97 Figure 124;Axonométrie arrachée de la greffe


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

Réhabilitation et requalification de la basilique avec

6. Emergence du projet

exploitation de l’espace derrière en un espace

Réaménagement de l’espace extérieur par des

polyvalent liant de la basilique au fondouk Restauration, requalification et reconversion

installations pour les activités artistiques

du fondouk

Exposer les ruines par une dalle de verre Aménagement d’une autre entrée Continuité dans la forme introduite

Mobilier urbain pour les installations d’artistes 98


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

6.1 L’intervention à l’échelle urbaine On constate un manque au niveau du mobilier urbain, la placette n’est pas adaptée à assurer le partage et l’échange entre les artistes et les visiteurs Concepts : La temporalité (éphémère) et la flexibilité (la polyvalence des espaces) Exemples d’aménagements urbains proposés :

Figure 125 : Espace d'exposition Figure 126 : installation de tables

Espaces polyvalents

Rangement s

Figure 127: Espace apte à accueillir des ateliers

Figure 128 : Banc public

Figure 129 : Espace polyvalent de performances

99 Figure 130 : Des espaces de vente


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

6.2 Echelle architecturale 

Choix des matériaux : L’acier et le verre

o Changement des qualités spatiales

o Intérioriser la façade extérieure

de

la

basilique ;

créer

un

espace

ouvert

polyfonctionnel

et en

Figure 131.L'espace des ateliers participatifs

double hauteur

o La relation du bâti avec la lumière naturelle : le contraste entre ombre et lumière donne à l’espace une

touche

de

spiritualité. Figure 132 : L'espace polyvalent nouveau

o Agrandir les espaces à l’intérieur du fondouk : afin de pouvoir les utiliser comme

des

ateliers

communs des artistes.

Figure 133: Pièces du fondouk avant intervention

Figure 134: Pièces du fondouk après intervention

100


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

o Créer des espaces de rangement d’exposition 7

et dans

les

pièces du fondouK

Figure 135 : Solution pour l'exposition

6.3 Echelle technique

Figure 136 Détail montrant l’assemblage de la nouvelle structure avec l’existant (Source ingénieur: Monji Maatoug)

7. Documents graphiques Les graphiques suivants ont été présentés au pré-jury du 10 octobre 2018

Plan masse ECH 1/5000

101


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

102

Plan RDC


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

Vue sur la faรงade Nord-Est

Plan Etage ECH 1/500

103

Faรงade Sud-Ouest ECH 1/500


Revitalisation artistique du quartier historique Sidi Bou Makhlouf au Kef

104


105


Conclusion générale Ce projet s’inscrit dans une réflexion sur le centre historique de la ville du Kef, qui s’appuie sur son tissu historique diversifié et plus spécifiquement sur le fameux quartier de Sidi Bou Makhlouf. Par son emplacement central et ses spécificités architecturales et urbaines, ce quartier semble être un point de départ et un moteur de création afin de renouveler le centre historique et le sauver de son état délabré, dont il souffre depuis des années. A travers une lecture analytique du centre historique, nous avons réalisé que sa dévalorisation est due principalement à un étalement urbain par la ville nouvelle et donc à des changements dans le mode de vie des keffois qui écarte petit à petit la médina de leur quotidien. Aujourd’hui nous avons trouvé nécessaire alors de revaloriser le quartier de Sidi Bou Makhlouf, en l’inscrivant dans une vision architecturale et urbaine, tout en préservant ce qui reste du patrimoine et en créant une cohérence avec les besoins de la société contemporaine. Ceci est principalement afin de créer des espaces de partage et d’échange social des visiteurs avec les artistes et donc de redynamiser le quartier. Après avoir effectué une recherche sur les manières d’intervention, avoir analysé quelques projets références et analysé le quartier afin d’en tirer ses potentialités, nous avons choisi de construire une nouvelle strate historique qui marque son époque par un contraste avec les autres bâtiments. Nous y injecterons des activités artistiques tout en confirmant la liaison qui existe entre les composantes du quartier, ainsi qu’avec la placette qu’on va l’exploiter afin d’assurer le partage entre les artistes et les visiteurs. À travers le programme fonctionnel proposé, nous revitaliserons ce site, en faisant de lui une adresse pour divers activités artistiques. Nous inviterons les habitants, les visiteurs et les artistes du Kef à fréquenter le quartier, à mieux vivre en communauté et à découvrir les richesses artistiques, historiques et patrimoniales de la ville. Ainsi, nous espérons que ce complexe artistique de Sidi Bou Makhlouf serait un enrichissement au circuit touristique culturel du centre historique du Kef. Ce lien passé-présent du le projet va assurer, sur une longue durée, la transmission d’un certain nombre de valeurs collectives, spatiales ou temporelles (identitaires, historiques, matérielles, sociales, territoriales) dans lesquelles la communauté puisse se reconnaitre.

106


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La charte de Burra de l’ICOMOS Australie ,1999

111


Index des figures Figure 1: Schéma méthodologique synthétisé ......................................................................... 14 Figure 2 : Les caractéristiques d'un patrimoine architectural et urbain ................................... 16 Figure 3 : Square de la place Girod et à Saint Etienne ............................................................. 16 Figure 4 : Versailles France ..................................................................................................... 16 Figure 5 : La ville de Florence ................................................................................................. 16 Figure 6 : Un ancien manuscrit palimpseste .......................................................................... 17 Figure 7 : Ville palimpseste (collage) ................................................................................... 17 Figure 8 : Explication de la construction de la ville sur elle même ........................................ 18 Figure 9 : L'étalement urbain des villes .................................................................................. 18 Figure 10 : Tissu urbain des médinas ...................................................................................... 19 Figure 11 : Quartier de la médina de Tunis ............................................................................. 19 Figure 12 : Souk la médina à Marrakech ............................................................................... 19 Figure 13 : Impasse Bou Hadra à la médina de Tunis .......................................................... 20 Figure 14 : Démolition d'une maison historique dans la médina du Kef ................................ 20 Figure 15 : L'étalement de la médina de Tunis ....................................................................... 21 Figure 16 : Plan de la vile de Tiznit ...................................................................................... 21 Figure 17 : Les quartiers historiques et la mémoire (schéma personnel) .............................. 22 Figure 18 : L'espace historique mémorisé ................................................................................ 23 Figure 19 : Noyau de la ville de Florence ................................................................................ 24 Figure 20 : Reproduction de l’agora de Milet. ......................................................................... 24 Figure 21 : Vue de la médina de Tunis en1899 ....................................................................... 25 Figure 22 Evolution de la théorisation du patrimoine urbain (schéma personnel) .................. 29 Figure 23 : Logo de l’UNESCO .............................................................................................. 30 Figure 24 : Logo de l’ICOMOS .............................................................................................. 30 Figure 25 L’assimilation de l’ensemble urbain patrimonial au monument historique d’architecture ............................................................................................................................ 31 Figure 26 : Outils du renouvellement urbain des quartiers historiques .................................... 35 Figure 27 : Projet d'aménagement de la place Sainte-Anne à Rennes ..................................... 36 Figure 28 : Plan masse ............................................................................................................ 38 Figure 29 : Perspective sur l'ensemble du projet et de la placette ......................................... 38 Figure 30 : Le YMCA ............................................................................................................. 39 Figure 31 : Plan explicatif du concept ..................................................................................... 39 Figure 32: Schéma du concept de liaison (source : Auteur) .................................................... 40

112


Figure 33 Schéma explicatif de l'intervention .......................................................................... 40 Figure 34 : Perspective du projet............................................................................................. 40 Figure 35 : La transformation sur l'ensemble de l'extérieur .................................................... 41 Figure 36 : Perspective sur l'ensemble du projet ...................................................................... 41 Figure 37 : Façade Ouest .......................................................................................................... 42 Figure 38 : Coupe longitudinale ............................................................................................... 42 Figure 39 : Coupe transversale ................................................................................................. 42 Figure 40 : Plan ........................................................................................................................ 42 Figure : 41 jonction entre nouveau et ancien (© Laurent Miranda) ......................................... 43 Figure 42 Position géographique (source : travail de groupe) ................................................. 47 Figure 43 : La ville du Kef et son centre historique (source : travail de groupe) .................... 47 Figure 44 : Accessibilités (source : travail de groupe) ............................................................. 47 Figure 45 : Les précipitations annuelles .................................................................................. 48 Figure 46 : L'implantation de la ville (Source : travail de groupe) .......................................... 48 Figure 47 : Morphologie et orientation .................................................................................... 48 Figure 48 : Vue sur les plaines agricoles.................................................................................. 49 Figure 49 : Carte du royaume numide ..................................................................................... 50 Figure 50 : Thermes Romain aujourd’hui ................................................................................ 50 Figure 51 : Dalle funéraire chrétienne ...................................................................................... 51 Figure 52 : Plan et coupe de l'église Saint Pierre du Kef ......................................................... 51 Figure 53 : Basilique du Kef .................................................................................................... 51 Figure 54 : Plan des rempart et de la kasbah du Kef ................................................................ 52 Figure 55 : La colonisation de la médina ................................................................................. 52 Figure 56 : Les constructions coloniales sur les limites de la médina ..................................... 52 Figure 57 : Détails architectoniques coloniaux au Kef ............................................................ 52 Figure 58 : Echelle historique et développement morphologique de la ville (source : travail de groupe) ..................................................................................................................................... 53 Figure 59 Etalement urbain de la ville à travers le temps (source : travail de groupe) ............ 53 Figure 60 : Vue sur la médina .................................................................................................. 54 Figure 61 : Stratification historique de la ville ......................................................................... 54 Figure 62 Façade urbaine du quartier Ras-El-Ain (travail de groupe) .................................... 54 Figure 63 : Plan concentrique................................................................................................... 55 Figure 64 : Les remparts de la médina ..................................................................................... 55 Figure 65 : Circuit en pente (source : auteur) ........................................................................... 55 Figure 66 : Vue à partir de la kasbah....................................................................................... 56 113


Figure 67 : Les ruelles de la médina ; un jeu d’ombre et de lumière ....................................... 56 Figure 68 : Escaliers urbains .................................................................................................... 56 Figure 69 : Circuit touristique du centre historique ............................................................... 58 Figure 70 : Convergence des voiries de la médina ................................................................... 62 Figure 71 : Vue sur le mausolée vers 1908 (archive de Mohamed Tlili) ............................... 62 Figure 72 : Signalétique de la place ......................................................................................... 64 Figure 73 : La place des arts..................................................................................................... 64 Figure 74 : Façade d'une habitation......................................................................................... 64 Figure 75: Le patio de la basilique .......................................................................................... 65 Figure 76 : La basilique transformée en mosquée .................................................................... 65 Figure 77 : Plan de la basilique ................................................................................................ 65 Figure 78 Abside de la basilique .............................................................................................. 66 Figure 79 : Placette Bou Makhlouf .......................................................................................... 66 Figure 80 : Un puit de lumière du fondouk .............................................................................. 66 Figure 81 : Plan du fondouk ..................................................................................................... 67 Figure 82 : La galerie du Fondouk aujourd’hui ....................................................................... 67 Figure 83 : Placette de sidi Bou Makhlouf en 1905 ................................................................ 68 Figure 84 : Le complexe de Sidi Bou Makhlouf (source : archive Mouhamed TLILI) ........... 68 Figure 85 : Vue sur les coupoles (source : Auteur) .................................................................. 68 Figure 86 : Les tombeaux des Saint Bou Makhlouf ................................................................. 69 Figure 87 : Coupe transversale ................................................................................................. 69 Figure 88 : Plan de la zaouïa .................................................................................................... 69 Figure 89 : Hadhra Aissaoui dans la zaouïa de Sidi Bou Makhlouf ........................................ 70 Figure 90 : L'espace extérieur de la kasba............................................................................... 71 Figure 91 : Une ville de festivités ............................................................................................ 71 Figure 92 : Façade du fondouk ................................................................................................. 72 Figure 93 : Vue sur la placette ................................................................................................. 74 Figure 94: Exposition dans la basilique ................................................................................... 74 Figure 95: Les vestiges romains ............................................................................................... 74 Figure 96:L'espace arrière la basilique ..................................................................................... 74 Figure 97 : Maison du cheikh avant démolition ....................................................................... 75 Figure 98 : Maison du cheikh après démolition et construction du nouveau bâtiment ............ 75 Figure 99: L'entrée au café ....................................................................................................... 75 Figure 100 : Axes de la culture ............................................................................................... 79 Figure 101 : Artistes en plein air .............................................................................................. 81 114


Figure 102 : La culture et la création chez les artistes ............................................................. 82 Figure 103 : Interaction entre acteurs ....................................................................................... 82 Figure 104 : Espace urbain convivial ....................................................................................... 82 Figure 105 : Place de Tertre ..................................................................................................... 85 Figure 106 : Place de Montmartre ............................................................................................ 85 Figure 107 : La greffe dans l'agriculture .................................................................................. 90 Figure 108: Parasite-Office-by-Za-Bor-Architects .................................................................. 91 Figure 109 : Musée royal de l'Ontario | Studio Daniel Libeskind ............................................ 91 Figure 110 : Schéma de l'actualisation de l'idée de partage ..................................................... 93 Figure 111 : Hiérarchie des espaces ......................................................................................... 93 Figure 112 : Organigramme spatial ......................................................................................... 94 Figure 113 Modélisation de la première esquisse ................................................................... 95 Figure 114 : Modélisation de la deuxième esquisse ................................................................. 95 Figure 115: Façade de l'esquisse .............................................................................................. 95 Figure 116 : 1er croquis de la forme par rapport à l'urbain ...................................................... 96 Figure 117 : Echafaudage dans un chantier ............................................................................. 96 Figure 118 : Maquette d’esquisse personnelle ........................................................................ 96 Figure 119: puit de lumière du fondouk ................................................................................... 97 Figure 120 : Esquisse de la forme ............................................................................................ 97 Figure 121: Schéma explicatif.................................................................................................. 97 Figure 122 : Aspect de la greffe ............................................................................................... 97 Figure 123 : Des installations extérieures pour les ateliers ...................................................... 97 Figure 124;Axonométrie arrachée de la greffe ........................................................................ 97 Figure 125 : Espace d'exposition.............................................................................................. 99 Figure 126 : installation de tables ............................................................................................ 99 Figure 127: Espace apte à accueillir des ateliers .................................................................... 99 Figure 128 : Banc public .......................................................................................................... 99 Figure 129 : Espace polyvalent de performances ..................................................................... 99 Figure 130 : Des espaces de vente ........................................................................................... 99 Figure 131.L'espace des ateliers participatifs ......................................................................... 100 Figure 132 : L'espace polyvalent nouveau ............................................................................ 100 Figure 133: Pièces du fondouk avant intervention ................................................................. 100 Figure 134: Pièces du fondouk après intervention ................................................................. 100 Figure 135 : Solution pour l'exposition .................................................................................. 101

115


Figure 136 Détail montrant l’assemblage de la nouvelle structure avec l’existant (Source ingénieur: Monji Maatoug) .................................................................................................... 101

116


Table des matières AVANT-PROPOS ............................................................................................... 8 INTRODUCTION ............................................................................................... 9 PROBLEMATIQUE ......................................................................................... 10 METHODOLOGIE........................................................................................... 13 CHAPITRE I. LES QUARTIERS HISTORIQUES DES MEDINAS, CE TRESOR DU PASSE ........................................................................................ 15 1. NOTIONS PRINCIPALES ........................................................................ 16 1.1

Le patrimoine .............................................................................................................. 16

1.2

Le patrimoine architectural et urbain ...................................................................... 16

1.3

La ville historique ....................................................................................................... 17

2. LA VILLE HISTORIQUE, UNE VILLE PALIMPSESTE ................... 17 2.1

La ville palimpseste .................................................................................................... 17

2.2

Déclin des villes historiques par l’étalement urbain............................................. 18

3. LA MEDINA, UNE VILLE HISTORIQUE............................................. 19 3.1

Le tissu de la médina .................................................................................................. 19

3.2

La médina, vers la perte d’identité .......................................................................... 20

3.3

La médina aujourd’hui, un statut paradoxal .......................................................... 21

4. LE QUARTIER HISTORIQUE COMME LIEU A REINVESTIR ...... 22 4.1

Un espace de référence ............................................................................................... 23

1.1.1. Par rapport à l’histoire .......................................................................................... 23 1.1.2. Par rapport à la mémoire collective ...................................................................... 23 4.2

Un espace de socialisation .......................................................................................... 24

1.1.3. Socialisation héritée ............................................................................................... 24 1.1.4. Composition spatiale adaptée ................................................................................ 24 4.3

La place publique dans les quartiers historiques .................................................... 24

4.4

La place publique dans les quartiers des médinas................................................... 25 117


Synthèse I : Un lieu de vie dans l’oubli, quel avenir pour les quartiers historiques des médinas ? ................................................................................................................................ 26

CHAPITRE II.VERS LA SAUVEGARDE ET LA REVITALISATION DES QUARTIERS HISTORIQUES ............................................................... 27 1. EVOLUTION DES ATTITUDES ENVERS LA PROTECTION DU PATRIMOINE URBAIN .................................................................................. 28 2. LES ORGANISMES DE PROTECTION ................................................ 30 3. SUCCESSION DE CHARTES ET EVOLUTION DE LA NOTION DU PATRIMOINE................................................................................................... 30 4. INSTRUMENTS ET METHODES DE SAUVEGARDE : ENTRE RESTAURATION ET TRANSFORMATION .............................................. 32 4.1

La restauration et ses limites ................................................................................... 32

4.2

Les limites de la restauration de l’urbain ................................................................. 33

4.3

La nécessité d’utiliser, d’actualiser, de transformer ............................................... 33

4.4 La transformation par l’insertion contemporaine ; un outil d’actualisation, de patrimonialisation et de revitalisation urbaine ................................................................... 34 4.5

Le renouvellement urbain .......................................................................................... 35

5. ETUDE D’EXEMPLES REFERENTIELS.............................................. 37 Projet n°1. Théâtre Le Diamant : Lieu de rayonnement ................................................... 38 Projet n°2. Médiathèque du Valais ...................................................................................... 41 Synthèse II : pour la reconquete des quartiers historiques ............................................... 44

CHAPITRE III. LA VILLE DU KEF « UNE ROCHE ELEVEE SUR L’HISTOIRE ET LA CULTURE »................................................................. 45 1. CONTEXTE GEOGRAPHIQUE ET NATUREL .................................. 47 1.1

Position géographique ................................................................................................ 47

1.2

Cadre naturel .............................................................................................................. 48

1.2.1 Climat ..................................................................................................................... 48 1.2.2 Relief ...................................................................................................................... 48 1.2.3 Orientation ............................................................................................................. 48 118


1.3

Terre des richesses naturelles .................................................................................... 49

1.3.1 Sources d’eau ......................................................................................................... 49 1.3.2 Terre fertile ............................................................................................................ 49

2. MORPHOGENESE DE LA VILLE ......................................................... 49 2.1

L’époque antique ........................................................................................................ 50

2.2

Le moyen âge ............................................................................................................... 51

2.3

Période coloniale ........................................................................................................ 52

2.4

Evolution urbaine et historique de la ville................................................................ 53

3. DIAGNOSTIC : LES SPECIFICITES DE LA MEDINA DU KEF ..... 54 3.1

Facteurs historiques : Le Kef, une ville stratifiée .................................................... 54

3.2

Le facteur social, la ville des convivialités ............................................................... 54

3.3

Le facteur morphologique, la médina en hauteur ................................................... 55

3.3.1 Le développement urbain concentrique ................................................................. 55 3.3.2 La fortification ....................................................................................................... 55 3.3.3 L’ascension ............................................................................................................ 55 3.3.4 L’aspect de la cinquième façade ............................................................................ 56 3.3.5 Les ambiances (ruelles et séquences) .................................................................... 56 3.4

Les monuments ........................................................................................................... 57

3.5

L’héritage culturel keffois........................................................................................ 58

3.6

Le patrimoine culturel, un potentiel touristique sous exploité ............................. 58

Synthèse III : Le centre historique Kef et son circuit touristique .................................... 60

CHAPITRE IV. LE QUARTIER HISTORIQUE SIDI BOUMAKHLOUF : LIEU DE MEMOIRE ET DE CONVIVIALITE ............... 61 1.

PRESENTATION ...................................................................................... 62

2.

ANALYSE URBAINE ............................................................................... 63

3. ETUDE DES COMPOSANTES DU QUARTIER................................... 64 3.1

L’espace public ........................................................................................................... 64

3.2

La basilique ................................................................................................................. 65

L’atrium ................................................................................................................. 65 119


4.

La salle cruciforme................................................................................................. 66

3.3

La placette Sidi Bou Makhlouf ................................................................................. 66

3.4

Le Fondouk ................................................................................................................ 66

3.5

La maison du cheikh de la Zaouïa ............................................................................ 68

3.6

Le mausolée de Sidi Bou Makhlouf........................................................................... 68

LA SPIRITUALITE DANS LA MEMOIRE DU QUARTIER ............. 70

5. REFERENCE DES EVENEMENTS CULTURELS .............................. 71 6. L’HISTOIRE DE LA PROTECTION DU QUARTIER SIDI BOU MAKHLOUF ET SON ECHEC ...................................................................... 72 7. ETAT DES LIEUX ..................................................................................... 72 7.1

Le mausolée ................................................................................................................. 72

7.2

Le Fondouk ................................................................................................................. 72

7.3

La placette, la basilique et les vestiges romaines .................................................... 74

7.4

Maison de cheikh Aissaouia et le café ....................................................................... 75

8. ELEMENTS GRAPHIQUES DU QUARTIER ....................................... 76 Synthèse IV : Le quartier de Sidi Bou Makhlouf au Kef, entre valorisation et abandon .................................................................................................................................. 77

CHAPITRE V. LA CULTURE ET L’ART POUR REDYNAMISER L’ESPACE URBAIN HISTORIQUE ............................................................ 78 1. LES PROJETS CULTURELS A TRAVERS L’INNOVATION ARTISTIQUE POUR L’ACTUALISATION DES TRADITIONS ET DE L’IDENTITE LOCALE ................................................................................... 79 1.1

La culture, une identité locale ................................................................................... 79

1.2 La créativité basée sur la culture et l’innovation sociale pour un développement local 80 1.3

Les activités culturelles dans l’espace public ........................................................... 81

1.4 Facteurs de l’émergence d’une dynamique artistique dans un espace urbain historique ................................................................................................................................ 81 1.4.1 Les artistes, entre culture locale et créativité artistique ........................................ 81 1.4.2 L’interaction entre les acteurs ................................................................................ 82 120


1.4.3 Le concept artistique « HAPENING »................................................................... 83

2. LE CONCEPT DES ‘’QUARTIERS ARTISTIQUES’’ ....................... 83 2.1.1 Genèse du concept ................................................................................................. 83 2.1.2 Définition ............................................................................................................... 83 2.1.3 Le quartier artistique pour la mise en valeur du patrimoine .................................. 84 2.1.4 Références .............................................................................................................. 85 Synthèse V : Les quartiers artistiques pour la revitalisation urbaine .............................. 86

CHAPITRE VI. INTERVENTION : REVITALISATION URBAINE ET ARTISTIQUE DU QUARTIER SIDI BOU-MAKHLOUF .......................... 87 1. OBJECTIFS DU PROJET ......................................................................... 88 9. DELIMITATION DE LA ZONE D’INTERVENTION ......................... 88 2. PARTI ARCHITECTURAL ET CHOIX CONCEPTUELS ................ 89 2.1.

Concepts ...................................................................................................................... 90

2.1.1. L’intervention contemporaine ................................................................................ 90 2.1.2. La greffe urbaine et architecturale ........................................................................ 90 2.1.3. L’unification « La greffe pour confirmer l’unité » ................................................ 92 2.1.4. L’actualisation de l’idée de partage ....................................................................... 93 2.1.5. Intervention par la culture ...................................................................................... 93

3. PROGRAMME FONCTIONNEL ........................................................... 94 4. GENESE, EVOLUTION DE L’INTERVENTION ET RECHERCHES FORMELLES .................................................................................................... 95 5. CHOIX DE L’ASPECT DE LA GREFFE .............................................. 96 6. EMERGENCE DU PROJET .................................................................... 98 6.1

L’intervention à l’échelle urbaine ............................................................................. 99

6.2

Echelle architecturale ............................................................................................... 100

6.3

Echelle technique ..................................................................................................... 101

121


7. DOCUMENTS GRAPHIQUES............................................................... 101 CONCLUSION GENERALE ........................................................................ 105 LISTE BIBLIOGRAPHIQUE ....................................................................... 107 INDEX DES FIGURES .................................................................................. 112 TABLE DES MATIERES .............................................................................. 117

122


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