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« L’aventure comporte toujours des risques »

Aucune aventure n’est trop extrême pour Louis-Philippe Loncke. Braver le désert de Simpson en Australie, traverser la Pologne en kayak ou être le premier à traverser à pied la vallée de la mort aux Etats-Unis ne sont que quelquesuns de ses exploits. En plus, il réalise toutes ses expéditions de manière totalement indépendante, sans aucune aide extérieure.

Curieux de découvrir ses expériences, nous le rencontrons à Bruxelles. C’est là qu’il a étudié, ce qui donne lieu à des retrouvailles joyeuses et nostalgiques avec la ville. Après un léger retard de train, l’arche du parc du Cinquantenaire apparaît, illuminée par un pâle soleil d’hiver. C’est l’heure d’une nouvelle aventure, pour laquelle, heureusement, nous n’avons pas eu à amener notre barda.

Vous possédez un palmarès impressionnant. Que signifie l’aventure pour vous ?

« Pour moi, l’inconnu est synonyme d’aventure. Il suscite une énorme envie de découverte, avec les risques qui l’accompagnent. Car l’aventure comporte toujours des risques. Le défi étant de les surmonter pour avoir le dernier mot. Bien sûr, il faut pouvoir compter sur un certain taux de réussite. Car celui qui affirme que la chance n’existe pas n’est pas un aventurier mais un idiot. Mon premier contact avec l’aventure a eu lieu pendant mes années de scoutisme. L’autosuffisance et la nature sauvage m’ont immédiatement séduit. Et j’ai définitivement attrapé le virus de l’aventure pendant mon année sabbatique en Australie. Au départ, je m’y rendais pour me consacrer à ma première passion : la plongée sous-marine. Mais ce projet a changé lorsque j’ai vu le film “Alone across Australia” alors que je me trouvais chez une famille d’accueil australienne. C’est là que l’idée de me plonger dans la nature en toute indépendance, comme dans le film, a germé. »

C’est une forme extrême de voyage, pourquoi vous obsède-t-elle autant ?

« Je suis toujours à la recherche de défis. Parvenir à s’en sortir de manière totalement indépendante offre une immense satisfaction. Je peux aller assez loin dans ce domaine. Par exemple, un passant a voulu m’aider en ramassant mon bâton de marche. Un beau geste, car il était évident que le poids de de plomb de mon sac à dos m’empêchait de plier les genoux. Mais je lui ai malgré tout indiqué que je pouvais le faire moi-même. C’est un détail, mais au bout d’un moment, on a vraiment envie de tout faire seul. Toute forme d’aide est considérée comme de la triche. Tout comme Ronaldo qui n’est pas heureux de rester sur le banc, je ne veux pas d’aide. On peut comparer cette envie d’accomplissement à un virus. Il se répand à la vitesse de l’éclair et vous envahit complètement. Voyager seul me plaît aussi beaucoup car vous ne devez penser qu’à vousmême. Personne ne me ralentit et je ne ralentis personne. Il faut juste veiller à y arriver seul. »

Ce n’est pas une tâche facile. Comment gardez-vous votre motivation lorsque les difficultés et les défis s’accumulent ? « Au cours de mes nombreuses expéditions, j’ai régulièrement rencontré le danger. J’ai certainement frôlé l’accident 25 fois, j’ai été secouru deux fois et j’ai été porté disparu une fois. Il faut accepter cette part de risque. C’est ça l’aventure. Bien sûr, comme votre sac à dos, cela peut vous peser au bout d’un moment. Bien souvent, lutter mentalent est plus dur que de lutter physiquement. Les températures extrêmes, par exemple, positives ou négatives, peuvent mettre le mental à rude épreuve et vous amener à vous demander “mais pourquoi je fais ça ?”. La manière de gérer ces pensées est le facteur déterminant de la réussite ou non de l’aventure. J’ai deux tactiques différentes dans ces moments-là. Si je ne veux pas faire un pas de plus, par exemple, je pense à un stimulus négatif derrière moi, comme un ours polaire affamé qui ne me laisse pas d’autre choix que d’avancer. Et si je suis d’humeur positive, j’essaie d’imaginer une situation idyllique devant moi. Qu’au prochain tournant, Margot Robbie m’attend avec deux pizzas fumantes, par exemple. »

Original comme technique. Quelle a été votre expérience la plus dangereuse jusqu’à présent ?

« Difficile à dire, mais j’opterais pour mon expérience de mort imminente en Pologne. Je voyageais en kayak quand j’ai vu un ferry s’approcher au loin. Le bateau était tracté par un système de câbles sous-marins. Comme je m’approchais, un câble géant a soudain émergé de l’eau. J’ai alors dû lutter pour sauver ma vie pendant cinq longues minutes afin d’éviter d’être empalé par le câble à cause du courant. Une situation que vous n’auriez pas cru possible avant de la vivre. C’est le côté fascinant de l’aventure. » 

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