Solidarité 4/2013

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Numéro 4, novembre 2013

POINT FORT Visions pour un monde meilleur ACTUALITÉ Deuxième rating des communes Le magazine de


2 éDITORIAL Chère lectrice, cher lecteur, Lorsque j’étais éclaireuse, j’ai pris une résolution que je n’ai ja- Lors d’un échange de vues, des représentants de la DDC nous mais abandonnée et qui reste un défi passionnant: quitter ce ont demandé ce que Solidar espère accomplir en Chine. Que peut donc faire une ONG suisse de moyenne importance, aux monde en meilleur état qu’il n’était à mon arrivée. C’est loin d’être évident! D’autant que nous faisons exactement ressources limitées, contre les violations des droits de la personne humaine et l’inégalité sociale? Ou le contraire et que notre «empreinte» contre l’exploitation de la main-d’œuvre pèse bien plus lourd sur la planète que dans une puissance économique en ce à quoi nous aurions droit. Mais il en va pleine expansion? de la prise de conscience écologique En coopération au développement et en comme de la volonté d’«améliorer» le protection de l’environnement, ces quesmonde: tout commence à petite échelle, tions sont récurrentes. Le dalaï-lama leur autour de soi, dans son propre cadre soa apporté une réponse convaincante: «Si cial. En effet, relever des défis concrets tu crois que tu es trop petit pour agir, au niveau local, comme le font les orgatente donc de dormir avec un moustique nisations partenaires de Solidar, est soudans la pièce!» vent bien plus efficace que de formuler Solidar Suisse veut piquer et déranger là des concepts grandiloquents, dont cerEsther Maurer où règne l’injustice. Mais nous pouvons tains ne manquent certes pas de pertiDirectrice de Solidar Suisse être bien davantage qu’un «moustique nence, mais qui sont si complexes qu’ils perturbateur»! Avec nos partenaires et n’ont jamais été appliqués. Le présent numéro de Solidarité donne donc la parole aux coordinatrices nos bénéficiaires, nous voulons concevoir et instaurer un monde et aux coordinateurs dans nos pays prioritaires: leurs visions et fondé sur la justice sociale. Nous soutenons des structures déleurs expériences s’inscrivent dans nos valeurs communes et mocratiques qui répondent aux besoins fondamentaux de tous dans notre orientation stratégique, tout en étant marquées par les êtres humains. Un travail décent pour une vie décente: telle leur histoire et leur vécu personnels. Ces responsables tirent est notre contribution à la paix et au respect des droits de la leur motivation quotidienne de la conviction qu’un monde socia- personne humaine dans le monde. Merci de votre soutien. Esther Maurer lement plus juste est possible.

Revue de presse

17.09.2013 La Suisse, cheval de Troie chinois «La signature d’un traité de libre-échange (TLE) avec la Chine, une première pour un pays occidental, fait peser une responsabilité spéciale» sur notre pays, reconnaît Umberto Bandiera, syndicaliste chez Unia. Pour beaucoup, la Suisse a servi de cheval de Troie de Pékin, une attitude d’autant plus pernicieuse qu’aucune mention des droits des travailleurs n’est faite dans le traité. (…) Le mouvement syndical et son allié Solidar, qui soutiennent d’ores et déjà l’ONG Labour Action China (LAC) et la confédération indépendante de Hongkong (HKCTU), n’en resteront pas là. (…) Selon Jason Chan, syndicaliste chinois récemment invité à Genève, les consommateurs suisses ont tout à perdre de cet accord, avec l’afflux attendu de nombreux produits bas de gamme. Les normes de sécurité sont notamment moins strictes, relève le militant.

05.10.2013 Des maisons pour les déplacés de guerre La Suisse, via son organe de développement et de coopération, est très active au Sri Lanka, sorti en 2009 d’un conflit qui a duré près de trois décennies. Elle cherche aussi à favoriser la réconciliation. (…) «Nous ne construisons pas que les maisons, mais également les infrastructures qui vont avec, comme des écoles par exemple», explique Jean-Michel Jordan, responsable de la DDC au Sri Lanka. (…) Aujourd’hui, la vie a repris son cours, alors que l’endroit avait longtemps été déserté, puis envahi par la végétation. «Nous collaborons aussi avec les ONG suisses, Solidar, la fondation Terre des Hommes Lausanne.»


3 POINT FORT Visions du monde entier

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Les responsables des bureaux de coordination de Solidar dans huit pays livrent leurs visions pour un monde meilleur 6 Des variétés indigènes améliorent les conditions de vie de la petite paysannerie au Salvador 9 Des coopératives du Nicaragua s’ouvrent à la nouvelle génération 10 Par le théâtre, de jeunes Boliviens s’investissent en faveur d’une société plus juste 13

POINT FORT

Comment pouvons-nous rendre le monde meilleur? Propositions locales et mondiales de personnes qui collaborent avec Solidar Suisse.

POINT DE VUE L’égalité des droits est une vision pour laquelle il vaut la peine de continuer à se battre 12 ACTUALITÉ Constat du deuxième rating des communes de Solidar: acheter équitable est possible

POINT DE VUE

Pour instaurer l’égalité des droits, il faut répartir, valoriser et rémunérer le travail autrement.

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CHRONIQUE 11

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CONCOURS 16 RéSEAU Nouvelles des OSEO régionales 17 ACTUALITÉ PORTRAIT Jason Chan s’engage pour les droits des travailleuses et des travailleurs migrants chinois 18

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Deuxième rating des communes de Solidar: des communes pleines d’élan, d’autres à la traîne.

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PORTRAIT

Jason Chan aide les travailleuses et les travailleurs migrants à faire valoir leurs droits et à obtenir des indemnités en cas de maladie professionnelle.

IMPRESSUM Editeur: Solidar Suisse, Quellenstrasse 31, Postfach 2228, 8031 Zürich Tél. 021 601 21 61, E-mail: contact@solidar.ch, www.solidar.ch CP 10-14739-9 Lausanne. Membre du réseau européen Solidar Rédaction: Katja Schurter (rédactrice responsable), Rosanna Clarelli, Eva Geel, Alexandre Mariéthoz, Cyrill Rogger

Layout: Binkert Partner, www.binkertpartner.ch / Spinas Civil Voices Traduction: Irene Bisang, Interserv SA Lausanne, Milena Hrdina, Jean-François Zurbriggen Correction: Jeannine Horni, Milena Hrdina Impression et expédition: Unionsdruckerei/subito AG, Platz 8, 8201 Schaffhausen Paraît quatre fois par an. Tirage 37 000 ex.

Le prix de l’abonnement est compris dans la cotisation (membres individuels 50.– par an minimum, organisations 250.– minimum). Imprimé sur papier recyclé et respectueux de l’environnement. Page de titre: Des semences indigènes évitent de coûteux investissements aux agriculteurs et agricultrices. Photo: Luca Zanetti. Dernière page: Soutenez nos programmes de développement en achetant des cartes-cadeaux de Solidar.


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POINT FORT

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VISIONS DU MONDE ENTIER Nous nous enlisons trop souvent dans le stress quotidien pour avoir le temps de nous poser des questions sur la finalité de nos actions. Nous ouvrons ici une tribune réservée à ces réflexions: des responsables de bureaux de coordination de Solidar évoquent leurs visions d’un monde plus juste, et nous présentons des projets et des personnes qui proposent une alternative à l’inégalité.


6 POINT FORT Nous avons prié les responsables des bureaux de coordination de Solidar dans nos pays prioritaires de nous livrer leurs visions d’un monde meilleur.

INVESTIR DANS LES ÊTRES HUMAINS Je n’ai pas le pouvoir de changer le monde, mais je suis convaincue que je peux faire évoluer les choses autour de moi. La crise actuelle est sans précédent et le marché du travail - le moteur du développement – stagne, car les investissements ne créent pas d’emplois. La mondialisation et son inique commerce Nord-Sud ont aggravé la pauvreté et creusé les inégalités. Le moyen le plus efficace, c’est d’investir dans les êtres humains, surtout dans l’éducation de la jeunesse et la vulgarisation agricole. Associée à des crédits, la légalisation de titres de propriété débouche sur l’application de technologies nouvelles, accroît les rendements et diversifie les marchés. Le commerce équitable du café est aussi une solution. Tout cela ne suffit toutefois pas pour battre en brèche la pauvreté en milieu rural. Organiser les paysannes et les paysans et accroître la confiance en soi des femmes et des jeunes sont des préalables indispensables. Posséder des biens ne suffit pas pour vivre: la solidarité est tout aussi indispensable. L’inégalité n’a rien de durable.

Carmen Ayón Nicaragua

DÉCIDER DE SON EXISTENCE Nombre de personnes des pays moins développés se porteraient mieux et n’auraient aucune raison de quitter leur pays si elles pouvaient décider, de leur propre chef et sur place, comment elles entendent vivre leur vie. Pour bénéficier de cette possibilité, elles devraient évoluer dans un contexte adéquat, comprenant notamment la stabilité politique et économique. Alors qu’un tel cadre va souvent de soi dans les sociétés occidentales, ce n’est pas le cas ailleurs. Des initiatives locales d’entraide améliorent la compréhension de la démocratie et peuvent favoriser un développement économique plus durable et, partant, accroître la satisfaction sur place. Leur réalisation requiert néanmoins le soutien de personnes vivant dans des démocraties telles que la nôtre.

Daniel Bronkal Sri Lanka

LA FORMATION D’ABORD Je pense souvent à Soledad, à son sourire chaud et franc. Comme toutes les adolescentes, elle avait des rêves dont elle parlait volontiers, espérant trouver sur sa route des gens partageant ses vues. Elle était la première de son école, où elle arrivait chaque jour pleine d’espoir, après une demi-heure de marche. Son vœu le plus cher, entrer à l’université, n’a pas été exaucé. L’échec à l’examen d’admission a eu raison de son sourire. Comme elle, de nombreux élèves sont confrontés à un système éducatif qui les empêche de développer leurs capacités et leurs valeurs. Il ne fait que détruire leurs rêves. Or l’éducation joue un rôle vital, pour Soledad, toute la jeunesse et la société. L’éducation permet aux jeunes de comprendre leur cadre de vie, d’agir et d’acquérir le sens de la solidarité, de la justice et des responsabilités, ainsi que le respect de la diversité, soit les fondements d’une société démocratique. Comme Soledad, j’ai un rêve. Je rêve d’une éducation capable de servir de base à une société plus juste.

Martín Pérez Bolivie


POINT FORT 7

PARTICIPATION ACTIVE DROITS FONDAMENTAUX Le monde est face à de multiples problèmes. Voilà pourquoi je suis convaincu que chacun doit s’investir pour son entourage, sa ville, son pays afin de contribuer à un monde meilleur. J’ai grandi dans les Balkans, une région marquée par son passé. Le défi majeur consiste à y instaurer une atmosphère de tolérance et de compréhension entre les nations, afin de garantir à tous le respect des libertés et des droits fondamentaux. De plus, nous devons aider les plus démunis d’entre nous et mobiliser toutes nos énergies et capacités pour accroître le bien-être de toute la société. Le défi est de taille, et le relever pourrait prendre des décennies. Nous devons faire preuve de patience et de persévérance. C’est notre seul moyen de pouvoir affirmer ensuite avoir contribué à améliorer le monde.

Nikola Mikasinovic Serbie

Améliorer le monde relève d’une décision personnelle. Vais-je «suivre le courant» ou m’investir activement? Les gens se sentent souvent démunis face aux «puissants» de ce monde. Or, le dénonciateur Edward Snowden vient de montrer que l’action d’un seul individu peut avoir des conséquences énormes. Certes, peu auront l’occasion de provoquer un tel bouleversement; mais chacun et chacune d’entre nous peut améliorer le monde, en commençant par ses décisions quotidiennes. Quel est mon comportement vis-à-vis des personnes de mon entourage? Quel soutien puis-je apporter aux personnes dans le besoin qui, bien que vivant loin d’ici et de mes préoccupations, aimeraient profiter de leur vie autant que nous en Europe? Grâce à son large appui en Europe, Solidar aide les victimes de catastrophes naturelles et de conflits armés. Et j’espère que partout dans le monde quelqu’un est toujours prêt à fourni une assistance aux défavorisés. L’essentiel, c’est la volonté de défendre et d’aider autrui, et d’exercer ainsi une influence positive sur le monde.

Stephan Titze Pakistan

CINQ PROPOSITIONS 1. Solidarité: nous nous mettons à la place des autres pour comprendre ce qu’ils vivent et agir pour améliorer leur bien-être. 2. Respect: nous respectons la diversité des êtres humains et des organismes vivants en combattant la discrimination et favorisons un développement social et économique respectueux de l’environnement. 3. Vision d’un monde meilleur: avec notre entourage, nous envisageons comment améliorer les conditions de vie et la durabilité écologique. 4. Culture de la paix: nous respectons les droits de la personne humaine et le droit de tout être humain à mener une vie décente. Nous réglons les conflits par le dialogue. 5. Responsabilité: au quotidien, nous œuvrons pour notre épanouissement personnel et le bien de la collectivité. Le Salvador est connu pour son taux de violence (l’un des plus élevés d’Amérique centrale) et la faiblesse de ses institutions. Il compte parmi les pays gravement menacés par la pauvreté et la destruction de l’environnement. Je souhaite contribuer à ce que cela change.

Yolanda Martinez Salvador


8 Thema Dessin de Corinne Bromundt

CIRCULER LIBREMENT Je souhaite que les personnes vivant au Kosovo comprennent la démocratie et la liberté d’expression, et qu’elles défendent leurs droits. Il faut créer des emplois et respecter les droits des travailleurs (vacances, salaire équitable, horaires de travail décents, congé maternité). De plus, chaque habitante et habitant, qu’il vive en ville ou à la campagne, doit bénéficier des mêmes chances et d’un accès à des soins de santé gratuits. Les femmes doivent pouvoir suivre une formation et décider elles-mêmes de leur vie. Enfin, je souhaite que la déclaration de Tony Blair selon laquelle la libre circulation doit être perçue comme une chance et non comme une menace se concrétise. Les Kosovars, hommes et femmes, doivent pouvoir circuler librement (sans visa) en Europe, pour voir comment fonctionnent les pays européens et transposer les exemples positifs chez eux. Car personne ne doit être contraint à quitter le Kosovo pour des raisons économiques.

Syzane Baja Kosovo

CHANGER LE MONDE POUR LES ÊTRES HUMAINS Le monde change et nos actions influencent l’orientation de cette évolution. Il faut des femmes et des hommes qui s’engagent pour l’égalité, la paix et la solidarité et qui mettent en pratique des idées novatrices. Il importe de créer des institutions garantissant la démocratie, la bonne gouvernance et le respect des droits humains, tout en renforçant les organisations de la société civile qui s’investissent pour la justice sociale et économique. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) doit repenser les règles du commerce international: les pays en développement ne doivent plus être seulement des consommateurs potentiels des produits en provenance des pays industrialisés, mais devenir les acteurs de leur

Paul Taryam Ilboudo Burkina Faso

prospérité, pour que la croissance économique profite aussi aux démunis. Dans sa forme actuelle, la mondialisation détruit en effet l’économie des pays en développement. Les Etats doivent investir nettement plus dans la santé, l’éducation et l’environnement. Pour terminer, la communauté internationale doit œuvrer main dans la main avec les organisations de la société civile, afin d’appliquer une politique visant à préserver l’environnement, de réduire ainsi l’impact des catastrophes naturelles et d’encourager les énergies renouvelables. Le monde change, changeons le monde pour les êtres humains!

Photos: AltoTeatro, Jürg Gasser, Olivia Heussler, Frederic Meyer, Heide Mitsche, Solidar, Katyussa Veiga, Luca Zanetti


POINT FORT 9 THEMA

Outre des variétés locales de blé, Irene Rivera (à droite) cultive aussi des plantes médicinales.

VIVRE MIEUX GRÂCE AUX SEMENCES LOCALES Au Salvador, petits paysans et paysannes améliorent leurs conditions de vie en cultivant des variétés indigènes. Texte et photo: Yolanda Martinez «J’ai passé ma vie à cultiver du jicama», explique Irene Rivera, originaire de Nahuizalco, une commune de l’ouest du Salvador. «Le jicama est récolté en hiver, saison où l’on ne trouve pas d’autre fruit. Sa vente marche donc très bien.» Irene vend ce tubercule juteux à la saveur douceâtre sur les marchés participatifs, où les agriculteurs et les agricultrices proposent directement leurs produits aux client-e-s. Avec ses revenus, cette mère qui élève seule ses trois enfants parvient à couvrir les frais de production et les be-

sécheresse, et le maïs a plus de goût. Je sélectionne moi-même les semences et ne dois pas les acheter au prix fort.»

Préférer les produits locaux aux aliments de base importés L’indépendance qu’Irene Rivera a acquise en cultivant des variétés indigènes ne va pas de soi. Le principe de la souveraineté alimentaire – c’est-à-dire le droit des populations d’accéder à des aliments nutritifs, durables, adaptés à la culture régionale et qu’elles produisent selon leurs règles – a été mis à mal par la politique agricole du gou«Les semences locales vernement salvadorien, qui a résistent mieux aux inondade tout temps négligé la petions et à la sécheresse.» tite paysannerie. Et l’accord de libre-échange conclu en soins de sa famille. Pour nourrir les siens, 2006 avec les États-Unis n’a fait qu’afelle cultive des variétés indigènes de ha- faiblir encore la production vivrière au ricots et de maïs. «Les semences locales profit de l’importation de produits agrirésistent mieux aux inondations et à la coles subventionnés. La multiplication

des monocultures, comme celle du sucre pour les agrocarburants, a ensuite poussé les prix des denrées alimentaires de base vers le haut. Le gouvernement actuel tente certes d’encourager l’autosuffisance des petits producteurs et productrices, ainsi que la commercialisation de leur surplus, mais il se heurte aux limites de la faisabilité politique. La diversification accroît la production Irene Rivera fait partie d’un comité de femmes qui l’aide à améliorer ses méthodes de culture: «Nous nous diversifions sans cesse, afin de produire des aliments de base en suffisance, expliquet-elle. Nous contribuons en outre à protéger les sols, car nous ne brûlons pas les chaumes, et nous utilisons des engrais biologiques. Nous avons beaucoup appris sur la manière de préserver les sols et l’eau. Nous protégeons ainsi l’environnement et améliorons l’alimentation.»

La sécurité alimentaire grâce à la diversité Au Salvador, Solidar Suisse apprend aux petits agriculteurs et agricultrices à utiliser des techniques écologiques et encourage la culture de variétés indigènes de maïs, de haricots et de légumes, ainsi que la création de banques de semences. Ce projet préserve ainsi la diversité génétique et réduit les coûts de production: les petits paysans n’ont pas besoin d’acheter les semences et la culture s’avère moins coûteuse. Lors de rencontres nationales, agriculteurs et agricultrices ont de plus l’occasion d’échanger leurs expériences en vue d’améliorer la politique agricole. www.solidar.ch/ salvador-projets


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10 Thema

UN VENT NOUVEAU SOUFFLE SUR LES COOPÉRATIVES Le soutien financier avisé des jeunes inspire de nouvelles idées aux coopératives nicaraguayennes. Texte: Veronica Pfranger. Photos: Lilliam Leal Après trois heures de route, nous arrivons à Tuma-La Dalia. Toute pimpante, la petite ville est prête à célébrer la «Journée des agricultrices et des agriculteurs» (Día del Campesino) et les 23 ans de la fédération de coopératives UCA La Dalia. Des étals ornés de ballons et de

Les coopératives au Nicaragua Le Nicaragua compte une multitude de coopératives: au total 4192 en 2012. Beaucoup sont actives dans la production agricole et jouent un rôle essentiel pour la sécurité alimentaire nationale. La fédération de coopératives Unión de Cooperativas Agropecuarias (UCA) de La Dalia est un partenaire de premier plan de Solidar Suisse dans son projet visant à améliorer les conditions de vie des petits agriculteurs et agricultrices. www.solidar.ch/nicaragua-projets

feuilles de palmier proposent des boissons, des galettes de maïs et du fromage frais de production locale. La fête a de quoi être belle: depuis la création des douze coopératives affiliées, la qualité de vie de leurs 562 membres s’est nettement et durablement améliorée. Les choses ne sont pourtant pas allées sans mal: il a fallu lutter dur pour faire valoir les titres de propriété, développer de nouvelles méthodes de culture, afin d’optimiser les revenus, et améliorer la commercialisation des produits. La promotion de l’égalité homme-femme et le soutien financier apporté aux jeunes comptent aussi parmi les clés du succès. Un changement de génération réussi «Notre secret, c’est le changement de génération», déclare Ceydi Matamoro, l’une des six personnes, toutes âgées de 17 à 27 ans, qui répondent à mes questions. La promotion ciblée des jeunes est à l’origine d’une nouvelle mentalité. Enfants des membres fondateurs de la co-

opérative, les jeunes connaissent ses succès et ses échecs. «La petite paysannerie produit 80% des récoltes agricoles, mais ce fait reste largement méconnu», explique Pedro Antonio Pérez, 27 ans. Seule une revalorisation du métier permettrait de faire bouger les choses. C’est en assurant elles-mêmes le traitement du café et sa commercialisation, que les coopératives peuvent obtenir de meilleures conditions et de meilleurs prix sans passer par des intermédiaires. Redonner quelque chose Pedro Antonio Pérez est en quatrième année d’agronomie à l’université de Matagalpa, mais travaille d’ores et déjà comme bénévole à l’Escuela de Campo, l’école d’agriculture de la coopérative, ouverte à tous les agriculteurs et à toutes les agricultrices. Les élèves se retrouvent une fois par semaine dans un champ où ils testent de nouvelles méthodes de production. «Je peux leur transmettre mes connaissances et leur apprendre à améliorer leurs récoltes», explique Pedro An-


CHRONIQUE

THEMA 11

Pedro Antonio Pérez et Ceydi Matamoro bâtissent l’avenir de la fédération de coopératives UCA La Dalia.

Hans-Jürg Fehr Président de Solidar Suisse plupart des membres d’un certain âge ne savent guère lire et écrire. Ils ne peuvent donc pas s’acquitter de tâches administratives, et encore moins participer aux négociations concernant les prix du marché et l’accès aux marchés internationaux. C’est là un frein à l’essor commun. Les jeunes peuvent exposer leurs visions d’avenir et ils sont pris au sérieux. Ce sont d’ailleurs de jeunes membres des coopératives, plus ouverts au monde, qui gèrent le développement des exploitations agricoles. Ensemble, ils œuvrent aussi pour une évolution des comportements, tant en famille qu’en société. Voici ce qu’en dit Ceydi Matamoro: «Nos collègues ne sont plus machos, ils nous respectent, nous les femmes, et bousculent la hiérarchie familiale.» tonio. Une manière pour lui de «restituer» sa bourse d’études à la coopérative et d’acquérir de l’expérience en matière d’enseignement.

«Nos collègues ne sont plus machos.» À ce jour, le programme de promotion soutenu par Solidar a permis à une cinquantaine de jeunes de suivre une formation supérieure. Les conditions à remplir sont pourtant strictes: obtenir une bonne moyenne et travailler au moins cent heures chaque année pour la coopérative. Ils gardent ainsi le contact avec la coopérative et assument leurs responsabilités: Ceydi Matamoro, 24 ans, est par exemple responsable des bourses d’études à l’UCA La Dalia. Proposer de nouvelles visions Les jeunes assurent une autre tâche importante en rédigeant les procèsverbaux des différentes coopératives. La

L’exode rural perd de son attrait Les visions des jeunes gagnent du terrain lorsque la génération montante entre à la direction de l’UCA ou prend en charge des tâches au sein de la collectivité. Elle peut alors insuffler de nouvelles idées dans la coopérative, comme c’est le cas à La Dalia. L’exode rural perd ainsi de son attrait, car les jeunes croient en un avenir à la campagne. Ils peuvent en effet y jouer un rôle crucial, notamment pour la sécurité alimentaire, et exercer une certaine influence au niveau national. Dans la salle ouverte, la musique s’éteint. Tandis que les couples de danseurs s’inclinent sous les applaudissements du public, le président de l’UCA La Dalia s’empare du micro. Lui aussi n’a que 28 ans. Après sa formation d’agriculteur, il a choisi de mettre ses connaissances au service de la direction de la fédération de coopératives.

Une aide après la fuite La guerre civile en Syrie a fait des centaines de milliers de morts, poussé trois millions de personnes à l’exil, blessé et traumatisé un nombre incalculable d’hommes et de femmes. Nous en entendons parler chaque jour, prenons note des crimes contre l’humanité, de l’implication des grandes puissances et de l’ingérence des régimes arabes. Nous condamnons le despote Bachar el-Assad, mais devons admettre que la plupart de ses opposants sont de la même trempe. Nous sentant impuissants, nous voulons intervenir, soutenir les forces progressistes en lutte contre la dictature. Mais qui sont-elles? Comment les aider? Et si nous aidions le mauvais camp? Et si notre soutien allait à fins contraires? Si les œuvres d’entraide telles que Solidar Suisse doivent respecter certaines limites, elles peuvent néanmoins agir. Notre aide humanitaire ne parvient certes pas à la population restée dans le pays, mais atteint ceux qui ont dû le quitter. Les réfugiés ont pu échapper à la violence des armes, mais pas à la violence de la misère. Nous ne sommes ni impuissants ni démunis face à ces violences. Nous pouvons nous y opposer, et nous le faisons. Des millions de personnes ne vivent et ne survivent que grâce à l’aide humanitaire de l’ONU, du CICR et de nombreuses œuvres d’entraide comme la nôtre. Nous opposons notre solidarité aux chefs de guerre, même en sachant qu’elle ne les impressionne pas du tout. Nous savons en revanche qu’elle vient en aide à leurs victimes innocentes.


12 point de vue

L’ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES: UN DÉFI DE TAILLE L’égalité des sexes est une vision de la coopération au développement pour laquelle il faut continuer à lutter. Répartition, rémunération et considération du travail sont essentielles. Texte: Annemarie Sancar, ancienne responsable des questions de genre à la DDC inégalité et lever le voile sur les rapports de force entre les sexes? Le travail est un point essentiel: son organisation sexospécifique façonne le quotidien et la qualité de vie des hommes et des femmes. Les différences en termes de temps investi, de rémunération et de reconnaissance sont flagrantes. Sur les photos, les femmes du Sud apparaissent marquées par la lutte pour la survie: des récipients sur la tête, une pioche à la main pour travailler la terre aride et des enEnviron trois quarts des fants accrochés sur le dos. personnes les plus pauvres Contrairement à ce que sugdu monde sont des femmes. gèrent ces images, elles ne sont pas simplement des vicindicateur l’intégrité des femmes et des times. Elles gèrent une crise et mobijeunes filles, rien ne permet de penser lisent leur énergie afin de (sur)vivre dans qu’une égalité totale et durable des sexes des conditions difficiles, avec des ressources limitées. soit pour bientôt. Le délai pour la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) est fixé à 2015, mais il y a peu de chances que le troisième d’entre eux, à savoir l’égalité des sexes, soit atteint. Les femmes sont certes plus nombreuses au Parlement, dans le secteur privé et sur les bancs d’école: progrès il y a donc eu. Il n’en reste pas moins que trois quarts des personnes les plus pauvres au monde sont des femmes. Et si l’on prend pour

Qui accomplit quel travail? Moyennant quelle reconnaissance? Le genre est une thématique transversale de la coopération au développement. Mais de quoi s’agit-il exactement? A quoi ressemble une politique qui favorise l’égalité des sexes? Que faire pour provoquer un changement structurel? Comment repolitiser les origines de cette

Des Etats sociaux forts pour le Sud Pour que cela change, l’autosuffisance, la prise en charge et les soins doivent être reconnus comme des activités productives. Chez nous, on commence enfin à parler de la valeur économique du travail de care, et d’aucuns réclament sa reconnaissance sociale et son subventionnement public. Dans les pays du Sud, sou-

mis eux aussi au diktat de la croissance, il faut également exiger un Etat social fort et obtenir l’égalité des sexes. Ces pays ont d’une part besoin d’une politique agricole qui investit non seulement dans la production destinée à l’exportation, mais aussi dans l’économie de subsistance de la petite paysannerie. Ils doivent d’autre part adopter une politique assurant des soins de santé à un prix abordable et la sécurité sociale, également aux personnes âgées. Un tel cadre améliorerait la qualité de vie de tous, mais en particulier celle des personnes qui veillent sur toute leur famille, soit le plus souvent les femmes. Leurs tâches ne vont pas de soi et jouent un rôle crucial dans le développement du pays, économique aussi. Ce n’est que lorsque l’importance de ces activités sera reconnue que le troisième Objectif du millénaire sera à notre portée.


POINT FORT 13 Moira Cuellar lutte contre l’ignorance, afin d’attirer l’attention sur les problèmes sociaux.

REMETTRE LA NORMALITÉ EN CAUSE Par le théâtre, les jeunes Boliviennes et Boliviens plaident en faveur du changement. Texte: Andrea Riera, Solidar Suisse. Photo: Katyussa Veiga

La troupe de théâtre ose remettre la normalité en question. Ses jeunes membres ne veulent ni s’enliser dans la peur ni laisser la violence régenter vie. «Ce qu’il y a de beau «Si nous ne provoquons pas leur dans le théâtre, c’est que le changement, qui le fera?» nous nous exprimons et montrons à nos parents ce c’est ton père. Il hurle, car il n’arrive pas à qu’ils sont, poursuit Roxana. Après la reouvrir. Tu regardes ta mère. Elle s’essuie présentation, les gens nous félicitent les mains et te dit d’aller dans ta chambre. pour le message que nous transmet«Parfois, je ne sais pas comment réagir tons.» avec mon père, déclare Roxana Nuñez, LanzArte offre aux jeunes un lieu où dé17 ans, de la commune de Tarabuco. Il couvrir leurs sentiments, développer leurs idées et guérir leurs blessures. boit trop et devient très violent.» Tu es en train d’aider ta mère à faire la vaisselle après le repas du soir. Un bruit venant de la porte vous fait sursauter:

Remettre la normalité en cause L’an dernier, Roxana a rejoint une troupe de théâtre de LanzArte. C’est la meilleure chose qui lui soit jamais arrivée: «Découvrir que je suis capable de jouer un rôle, que je ne dois plus être timide» fut une expérience révélatrice.

Susciter la réflexion À 13 ans, on ne sait pas vraiment qui l’on est ni ce que l’on souhaite devenir. Pour être accepté, on suit donc le mouvement. Ce n’est pas le cas de Fernando Altamirano de Huanuni. «Désormais je ne me tais plus, et je ne laisse plus personne me

dicter mes idées, affirme Fernando. Le théâtre nous permet de susciter la réflexion et de provoquer des changements. Car les problèmes sont foison: drogue, alcoolisme, violence, inégalités. Même si nous n’amenons qu’une seule personne à évoluer, c’est déjà une énorme réussite!» Ne plus être égoïste Moira Cuellar, 17 ans, vit dans le village de La Bélgica, où il n’y a ni théâtre ni cinéma: «Il n’y a rien du tout ici», déclare-telle. Au sein de LanzArte, elle participe à la création d’une pièce sur la traite des êtres humains et, avec quelques collègues, elle est à l’origine de la première bibliothèque de La Bélgica. «Nous souhaitons promouvoir la culture afin que les gens ne restent pas dans l’ignorance. Si nous ne provoquons pas le changement, qui le fera? Pour pouvoir construire un avenir meilleur, nous devons cesser d’être égoïstes», affirme Moira.

LanzArte Solidar Suisse soutient le programme LanzArte, afin d’encourager la participation des jeunes et la lutte contre toutes les formes de discrimination. Le théâtre offre à des jeunes issus de différents groupes sociaux et ethniques la possibilité de s’épanouir et favorise le débat et la réflexion sur des problèmes sociaux. Des rencontres annuelles permettent aux jeunes de différentes régions du pays d’échanger leurs expériences et de collaborer avec les autorités pour créer des espaces culturels de rencontre. www.solidar.ch/bolivie-projets


14 Brèves Coupe du monde au Qatar: protestations contre les violations des droits humains

Nicaragua: La culture du café menacée par un champignon La rouille du caféier sévit dans les plantations de café de toute l’Amérique centrale depuis 2012. Des scientifiques supposent que le développement du champignon au-dessus de 1500 mètres d’altitude est dû à la hausse des températures moyennes. Au moins 20% de la récolte ont été perdus fin 2012. Par ailleurs, le cours mondial du café a chuté de plus de moitié ces deux dernières années, notamment parce que le Brésil et le Vietnam ont considérablement étendu leurs plantations. Dans le nord du Nicaragua, les coopératives des petits producteurs et productrices s’attendent à perdre 30 à 40% de la récolte qui débute en novembre. Il leur sera par conséquent difficile de procéder aux investissements nécessaires pour protéger les caféiers ou les remplacer. Les plants très atteints par la maladie doivent en effet être arrachés, et il faut ensuite attendre trois ans pour qu’un nouvel arbrisseau commence à produire. Vu l’évolution du cours sur le marché mondial, il y a de quoi se demander s’il vaut encore la peine d’investir dans un renouvellement des plantations. Solidar Suisse dispense conseils et soutien financier aux coopératives et au syndicat rural ATC. www.solidar.ch/nicaragua-projets

Plus de huit ans avant le coup d’envoi de la Coupe du Monde 2022, plusieurs dizaines d’ouvriers et d’ouvrières ont déjà trouvé la mort sur les chantiers des installations sportives. Les conditions de travail y relèvent de l’esclavage. Début octobre 2013, Solidar Suisse a demandé, dans une lettre, au conseiller fédéral Didier Burkhalter d’intervenir auprès du gouvernement qatari pour qu’il fasse cesser l’exploitation des personnes travaillant sur ces chantiers et qu’il veille

Pas d’accord de libreéchange sans respect des droits humains Le Conseil fédéral a négocié un accord de libre-échange avec la Chine. Alors que ce document compte 1200 pages, le terme «droits humains» n’y est jamais mentionné. Les négociations ont pourtant duré deux ans et porté sur les moindres détails. Le Conseil fédéral n’a exigé ni la fermeture des camps de travail forcé ni le respect de la liberté syndicale. Voilà pourquoi Solidar Suisse a lancé une action en ligne à mi-octobre. Les parlementaires siégeant à la Commission de

La coupe est pleine! Quartiers rasés, expulsions, expropriations, opérations foncières, cadences infernales imposées aux travailleurs du bâtiment, juridiction d’exception, délimitation de zones d’exclusion commerciale, explosion des dépenses et des dettes, corruption… Tout cela au nom du sport et de la compétition? Cela suffit! Pourquoi tire-t-on si peu de leçons de l’organisation de ces grands événements sportifs? Qui en profite vraiment? Pourquoi faut-il les analyser à travers la grille de lecture de la mondialisation néolibérale? A la lumière des expériences faites en Afrique du Sud, au Brésil, en Chine, en

au respect des normes du travail de l’OIT. Solidar a également prié le conseiller fédéral d’inciter la FIFA à assumer ses responsabilités. Le 3 octobre, cent personnes ont manifesté dans le même sens devant le siège de la FIFA à Zurich.

politique extérieure du Conseil national ont été invités à prendre leurs responsabilités et à refuser un accord de libreéchange qui fait fi des droits de la personne humaine. 1019 personnes ont participé à cette action, mais la commission a tout de même approuvé l’accord. Le dernier mot revient donc au Parlement.

Inde, en Argentine et en Angleterre, ce livre montre en quoi les gouvernements des pays du Sud, en particulier, devraient remettre en question les belles promesses des grandes institutions sportives et les examiner à la lumière des conséquences économiques, sociales et environnementales. Solidar Suisse a apporté une contribution financière et rédactionnelle au livre. A l’occasion de son lancement, une conférence aura lieu le 2 décembre à Genève, à laquelle participera notamment Fabien Ollier, directeur de la revue «Quel Sport?» et co-auteur du livre. Plus d’infos: www.solidar.ch/nouvelles


actualité 15

Penser globalement, agir localement: les communes doivent veiller à n’acheter que des biens produits dans des conditions décentes.

Quand les communes s’engagent

Des communes suisses améliorent le quotidien des citoyens du Sud. Comment? Réponse avec le rating de Solidar. Texte: Lionel Frei et Alexandre Mariéthoz Photos: Benjamin Pütter et Sabine Rock Solidar Suisse a examiné la pratique de 88 collectivités publiques – dont 18 en Suisse romande – en matière de solidarité internationale (voir encadré). Objectif: inviter les communes suisses à contribuer, en finançant des projets de qualité et en achetant équitable, à un monde plus juste. Solidar avait déjà mené un premier rating en 2011. L’évolution observée est encourageante. Plus de la moitié des communes ont évolué dans un sens positif ou maintenu un niveau élevé. Coopération au développement: l’exemple genevois Un point mérite tout particulièrement d’être souligné. Les communes genevoises consacrent des montants très généreux à la coopération au développement. Un véritable exemple de solidarité pour le reste de la Suisse. Les communes

vaudoises, à l’exception de Montreux, se situent en tête du peloton romand. En revanche, les résultats sont plus contrastés dans l’Arc jurassien – avec une mention bien à Delémont et à Moutier. Les communes fribourgeoises sont plutôt à la traîne. Quant aux villes du Valais romand, elles ont toutes refusé de participer au rating – ce que Solidar Suisse regrette. Globalement, les villes romandes prennent au sérieux leurs responsabilités en matière de coopération au développement. Et leur contribution financière a plutôt tendance à augmenter. Achats publics: penser au social C’est surtout dans le domaine des achats publics qu’un effort substantiel doit encore être consenti. Si le réflexe d’achat écologique est désormais bien implanté, l’engagement des collectivités locales en

vue d’achats publics équitables, veillant à des conditions de production décentes dans le Sud, fait plus lentement son chemin. Un important potentiel d’amélioration existe notamment en Valais, à Neuchâtel, à Fribourg et dans le Jura. Dans l’arc lémanique, de gros efforts méritent d’être signalés, notamment à Nyon, Carouge et Vevey. Quant aux deux grandes villes, Lausanne, et surtout Genève, elles se distinguent par une politique d’achats socialement responsable. Un quotidien durablement amélioré Grâce à l’analyse et aux conseils de Solidar Suisse, nous constatons une amélioration progressive et une prise de conscience, notamment au niveau des élu-e-s communaux. Réjouissant, car de petits gestes ici contribuent à de grands changements dans le Sud: accès à l’eau potable, salaires décents, meilleure prévention des catastrophes naturelles, net recul du travail des enfants.

Critères d’évaluation Les données du rating 2013 ont été recueillies directement auprès des responsables communaux. Les résultats ont ensuite été comparés à ceux de l’édition 2011. Pour chacun des deux domaines analysés – coopération au développement et achats publics équitables – 50 points pouvaient être attribués au maximum. Découvrez les résultats sur www.solidar.ch/rating


16 concours Le sudoku de solidar 7

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1 2

8 3

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5 3

6

Règles du jeu Complétez les cases de la grille avec les chiffres de 1 à 9, afin qu’il n’y ait aucune répétition et aucun doublon dans chaque colonne, ligne et carré de 3x3. La solution se trouve dans les cases grises lues horizontalement, selon l’équivalence ci-dessous: 1=R, 2=M, 3=N, 4=T, 5=E, 6=U, 7=O, 8=D, 9=A.

7

3

Envoyez la solution à Solidar Suisse à l’aide du talon-réponse cijoint, sur une carte postale ou par courriel à contact@solidar.ch, objet «sudoku».

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Prix Toutes les personnes ayant trouvé la bonne réponse recevront un signet fabriqué à la main en Bolivie.

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La date limite d’envoi est le 13 décembre 2013. Les noms des gagnant-e-s seront publiés dans Solidarité 1/2014. Le concours ne donne lieu à aucune correspondance ni à aucun recours. Le personnel de Solidar Suisse n’a pas le droit de participer. La solution de l’énigme de Solidarité 3/2013 était «indépendance». Le gagnant a été tiré au sort: Ramiz Haider de Münsingen a gagné une dose de safran du Kosovo. Nous remercions vivement toutes les personnes qui ont participé au jeu.

Solution

Les personnes défavorisées

Qu’aimeriez-vous

ont aussi un rêve

lire dans Solidarité? Dans la rubrique «Point fort», chaque numéro de Solidarité aborde un sujet particulier. Y a-t-il des thèmes que nous devrions approfondir à votre avis? Des sujets dont vous regrettez l’absence dans Solidarité ou qui vous intéressent tout simplement? N’hésitez pas à nous le faire savoir par courrier électronique (contact@solidar.ch) ou au moyen du talon ci-joint. Nous nous réjouissons de vous lire!

Elles aimeraient être en bonne santé et vivre dans la dignité. Ni plus ni moins. Grâce à un legs ou à un héritage, vous contribuez à réaliser ce rêve. Pour toute information complémentaire, consultez le site www.solidar.ch/testament ou adressez-vous directement à Christof Hotz 044 444 19 45.


réseau 17 Cette rubrique constitue la plateforme des organisations de notre réseau. On y trouve des informations sur les associations régionales de l’OSEO, qui dispensent notamment un soutien aux personnes sans emploi et aux migrant-e-s. Une longue histoire et des racines communes unissent Solidar et les OSEO régionales.

OSEO Zurich: le «retour au travail» Pour reprendre pied dans la vie active après une maladie ou un accident, il faut pouvoir compter sur la responsabilité des entreprises, qu’elles soient multinationales ou familiales. Il faut aussi un organisme pour soutenir les personnes en quête d’emploi et les orienter vers le sec-

Course contre le racisme Malgré le froid et la grisaille, 270 personnes ont participé à la course contre le racisme, organisée le 29 septembre à la Bäckeranlage, à Zurich. C’est là un nouveau record! Outre les conseillères et conseillers municipaux Claudia Nielsen, Daniel Leuppi, Gerold Lauber et Andres Türler, relevons la présence de nombreuses équipes de migrant-e-s proches des syndicats et de la jeunesse de certains partis. Leur engagement sportif en faveur de l’intégration et contre la xénophobie a permis de récolter 55  000 francs. Cette somme sera répartie entre le service d’information aux sans-papiers de Zurich, l’OSEO Zurich et l’école autonome de Zurich. www.laufgegenrassismus.ch

OSEO Suisse centrale: formations proposées par le bureau régional de Zoug Le bureau régional de Zoug se concentre sur la formation des personnes sans emploi qui suivent les cours de l’association pour les mesures du marché du travail. A son actif figurent aussi les FemmesTische, où l’on parle santé et éducation, et des cours d’allemand en bloc, propo-

teur adéquat. Forte de ce constat, l’OSEO Zurich a créé, en avril 2013, un service qui recense les sociétés zurichoises prêtes à créer des postes extraordinaires. Jusqu’ici, quarante-cinq entreprises ont accepté de jouer le jeu et de permettre aux personnes concernées de repartir d’un bon pied. www.sah-zh.ch

OSEO Berne: nouvelle directrice Claudia Müller a pris les commandes de l’OSEO Berne le 1er octobre 2013. Responsable de la gestion opérationnelle et membre de la direction du centre médical social de Berne jusqu’à la fin septembre, elle avait aussi mené avec succès la réorganisation de deux foyers. Infirmière diplômée, spécialisée en psychiatrie, elle a soutenu et accompagné des personnes en difficulté dans leur intégration professionnelle et sociale. Claudia Müller suit actuellement une formation en emploi de coach SCA. www. sah-be.ch

sés depuis l’année dernière dans plusieurs institutions. Ces derniers s’adressent à des employé-e-s sans formation qui peinerait à suivre un cours de langue classique. Dès l’année prochaine, une plateforme en ligne devrait mettre les nombreux supports préparés pour ces cours à la disposition d’un public plus large. www.sah-zs.ch

125e anniversaire du Parti socialiste: félicitations! Plus de 3000 membres et sympathisant-e-s du PS, venus de tous les coins du pays, se sont retrouvés à Berne le 7 septembre 2013 pour fêter les 125 ans du parti. Le parti socialiste et l’Union syndicale suisse ont fondé l’Œuvre suisse d’entraide ouvrière (OSEO), qui a ensuite donné naissance aux associations OSEO régionales et à Solidar. Le réseau OSEO a tenu un stand et apporté son salut fraternel au PS pendant la fête. Des participant-e-s au programme Etcetera de Berne ont distribué des sachets remplis de biscuits faits maison dans les cuisines de SAHltimbocca, un programme d’intégration professionnelle de l’OSEO Zurich.


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«Le monde des affaires n’est pas pour moi» Jason Chan encourage les travailleuses et les travailleurs migrants à faire valoir leurs droits, ce qui n’est pas du goût de tout le monde. Texte: Eva Geel. Photo: Silvia Luckner


Lors de sa visite en Suisse, Jason Chan a diffusé des informations sur les violations des normes du travail en Chine.

Jason Chan venait à peine de retrouver son bureau de la Wing Lok Street, à Hongkong, que des officiels chinois invitaient sa cheffe à prendre un café, afin de l’interroger sur le séjour de Jason en Suisse. Pourquoi? A Genève, il a présenté devant le Conseil des droits humains de l’ONU un rapport sur les nombreuses violations des droits humains et du travail en Chine. Ce faisant, il a mis le doigt sur des questions délicates, comme l’absence de droits des travailleurs migrants. Discrimination des migrant-e-s Chemise à carreaux, collier blanc et visage fin, Jason Chan a des allures d’étudiant. L’avocat et travailleur social, a pourtant 38 ans et enquête pour l’ONG Labour Action China (LAC) sur les condi-

portrait 19 tions de travail dans les usines chinoises. Il conseille aussi les personnes qui souffrent d’une maladie professionnelle. Sa conclusion: «La loi discrimine les tra-

peuvent pas les guérir, ils améliorent leur qualité de vie et allongent leur espérance de vie. Lorsqu’une plainte est rejetée ou qu’il ne peut pas aider toutes les victimes, Jason se sent frustré. Les normes du travail Mais il n’a jamais songé à font partie intégrante abandonner, même s’il gagnerait bien plus dans le secdes droits fondamentaux. teur privé et s’il doit continuer vailleuses et les travailleurs migrants: à vivre avec ses parents, au 17e étage leurs salaires sont plus bas et leurs pres- d’une tour de Hong Kong. «Le monde tations sociales moindres. Lorsque des des affaires n’est pas pour moi. En tralois existent, c’est leur application qui vaillant pour la LAC je fais quelque chose pose problème.» qui a du sens.» Indemnités refusées Les personnes qui souffrent d’une maladie professionnelle, telle la silicose, ont en principe droit à une indemnité. En réalité, le patron graisse la patte aux médecins pour qu’ils établissent de faux diagnostics. Ou alors il propose une indemnité minime pour éviter une plainte. Souvent atteintes d’une maladie à l’issue fatale, ces personnes sont placées devant un choix difficile, car un procès coûte cher, dure des années et implique de longs trajets jusqu’au tribunal. Beaucoup de victimes acceptent donc un arrangement financier qui ne suffit ni à payer un traitement médical ni à entretenir leur famille. «La situation des personnes atteintes est souvent désespérée, et elles n’ont souvent plus la force de lutter. Mais nous devons respecter leur décision», estime Jason, même s’il condamne quant à lui le procédé patronal. Faire respecter les droits La LAC est une organisation non gouvernementale (ONG) qui vient en aide aux victimes de maladies professionnelles: elle leur fournit des conseils et une aide financière, les héberge et calcule les compensations à exiger. Elle leur procure aussi des appareils médicaux pour le traitement de la silicose, une maladie mortelle qui touche souvent les tailleurs de pierres précieuses ou semi-précieuses. Si les appareils ne

La joie de pouvoir agir Jason a aussi droit à des moments de joie: quand l’ONU reprend une de ses propositions et somme la Chine officielle de s’expliquer sur la situation des travailleuses et des travailleurs migrants. Ou quand il peut atténuer la souffrance des gens. Récemment, il a ainsi rencontré les survivant-e-s d’un incendie survenu dans une fabrique de jouets: «Permettre aux victimes de raconter ce qu’elles ont vécu les soulage», explique Jason. Et il sait de quoi il parle, puisqu’il a travaillé dans des camps de réfugiés et pour Amnesty International. A la LAC, il espère intégrer les normes du travail dans la lutte pour les droits humains. «Les organisations comme l’ONU se focalisent souvent sur les droits humains, sans voir que les normes du travail font partie intégrante des droits fondamentaux. J’espère arriver à changer cela.»

Votre don est une aide réelle Un don de 50 francs permet à notre partenaire Labour Action China d’offrir une assistance juridique à trois personnes et de les aider à déposer une demande de compensation pour maladie professionnelle. www.solidar.ch/chine


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ZukunftMuster nicht vor klimabedingten Katastrophen geschützt. Deshalb unterstützt Solidar Sehr geehrte Frau

Burkina Faso ist immer wieder von Dürren betroffen, wie zuletzt im August 2012. Mehr als die Hälfte des Landes war von einer drohenden Hungersnot bedroht. Vor allem Kinder gehören zu den Leidtragenden. Solidar Suisse interveniert frühzeitig, um einer Katastrophe zuvorzukommen. Während der Schulzeit verteilt Solidar in den Schulkantinen Essen und in den Schulferien erhalten die Kinder und ihre Familien Lebensmittelpakete u.a. mit Reis, Mais und Bohnen. Dennoch ist die Bevölkerung auch in

… un repas de midi, et tous les élèves d’une classe du Burkina Faso pourront manger à leur faim.

Projekte, die sich mit Wiederaufforstung, verbesserten Anbautechniken oder erneuerbaren Energien beschäftigen. Mehr Infos zum weltweiten Entwicklungsprogramm

chuftete Moses Khoele fast Elf täglich Jahre lang auf den schuftete Baustellen Moses eines Khoele grossen fast täglich auf den Baustellen eines grossen von Solidar Suisse auf: www.solidar.ch r Unternehmens. Trotz sengender Johannesburger Hitze und Unternehmens. schwerer Zementsäcke Trotz sengender hat er Hitze und schwerer Zementsäcke hat er Au Burkina Faso,–les sont récurrentes. La dernière remonteden à août rn gemacht – in der Hoffnung, seinedass Arbeit er gern seinen gemacht Kindern den in sécheresses der Besuch Hoffnung, einer dass er seinen Kindern Besuch einer 2012. Plus de la moitié du pays a été menacée par une grave famine, dont les pree ermöglichen kann. höheren Schule ermöglichen kann. mières victimes sont toujours les enfants. Afin de prévenir une catastrophe, Solidar

Suisse intervient alors très tôt. En période scolaire, Solidar distribue à manger dans les cantines; pendant vacances, les enfants leur famille des paquets eitgeber eines Tages zwang, Bis ihn sichsein über Arbeitgeber eine Arbeitsvermittlungsagentur eines les Tages zwang, sich etüber eine reçoivent Arbeitsvermittlungsagentur alimentaires, composés de riz, de maïs et de haricots. A l’avenir, d’autres catastrosen: «Wir hatten gar keine anstellen Wahl. Wer zu lassen: sich weigerte, «Wir hatten wurdegar entlassen. keine Wahl. Wer sich weigerte, wurde entlassen. phes climatiques s’abattront sans doute sur la population de cette région vulnérable. versprochen, dass sich nichts Sie haben ändernuns würde.» versprochen, dass sichdes nichts ändern würde.» Voilà pourquoi Solidar soutient projets qui encouragent le reboisement, améliorent les modes de culture ou favorisent les énergies renouvelables. Complément d’informations sur le programme coopération au développement de Solidar s Khoele bei der Vermittlungsagentur Aber seit Moses angestellt Khoele ist,bei erhält der Vermittlungsagentur er für diedegleiche angestellt ist, erhält er für die gleiche Suisse dans le monde entier: www.solidar.ch

den halben Lohn: «Das Geld Arbeitreicht nur noch einfach dennicht halben mehr. Lohn: Irgendwann «Das Geld konnte reicht einfach nicht mehr. Irgendwann konnte cht mehr zahlen. Da habeich ichdie meine Miete Tochter nicht mehr gebeten, zahlen. die Da Schule habezuich meine Tochter gebeten, die Schule zu arbeiten zu gehen. Es tat mir verlassen in der Seele und arbeiten weh.» zu gehen. Es tat mir in der Seele weh.»

… une machine à coudre, et une famille du Sri Lanka pourra ouvrir un atelier de couture dans son village.

er Engagement so wichtig: Deshalb Mit einer ist Vielzahl unser Engagement von Projekten so helfen wichtig:wir Mitausgeeiner Vielzahl von Projekten helfen wir ausgeerinnen und Arbeitern in Südafrika beuteten Arbeiterinnen bei ihrem Kampf undfür Arbeitern menschenwürdige in Südafrika bei ihrem Kampf für menschenwürdige ngen, indem wir Gewerkschaften Arbeitsbedingungen, und Basis-organisationen indem wir Gewerkschaften unterstützen und und Basis-organisationen unterstützen und über ihre Rechte aufklären. die Betroffenen über ihre Rechte aufklären.

uns bei dieser wichtigen Arbeit Bitte helfen mit einer Sie Spende. uns bei dieser wichtigen Arbeit mit einer Spende. n ganz herzlich für Ihre Solidarität. Ich danke Ihnen ganz herzlich für Ihre Solidarität.

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25.10.12 15:32

… une émission de radio, et les cueilleurs et cueilleuses de canne à sucre de Bolivie seront informés de leurs droits. … un poulailler, et une famille du Burkina Faso disposera d’un moyen d’existence durable.

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