Solidarité 4/2019

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Le magazine de Solidar Suisse | NumĂŠro 4, novembre 2019

FOCUS

Burkina Faso


02 Éditorial

Depuis 45 ans, Solidar Suisse s’engage au Burkina Faso, le quatrième pays le plus pauvre du monde. Depuis 45 ans, nous nous mobilisons pour y améliorer l’éducation et la formation des enfants et des jeunes, renforcer la société civile, accroître la sécurité alimentaire et contribuer ainsi à l’amélioration des conditions de vie de la population pauvre du pays, essentiellement rurale. Nous le faisons systématiquement en collaboration avec nos organisations partenaires enracinées dans le terreau local.

CHÈRE LECTRICE, CHER LECTEUR,

Barbara Burri Codirectrice de Solidar Suisse

Le Burkina Faso est un bon exemple de l’évolution de la coopération au développement au fil du temps et de la façon dont nous adaptons nos activités aux réalités changeantes : ce pays a été longtemps caractérisé par un vivre-ensemble harmonieux. La situation a radicalement changé ces quatre dernières années. Des attentats terroristes et une méfiance croissante entre les différents groupes ethniques mettent la cohésion sociale en péril dans le pays. C’est pourquoi nos projets explorent de nouvelles pistes et conjuguent continuité et innovation. Nous continuons donc à mettre l’accent sur la formation des jeunes afin de leur offrir des perspectives. Dans les régions menacées du nord du pays, ils sont désormais également sensibilisés aux dangers d’une escalade de la violence. Comme le dit si bien notre coordinateur Dieudonné Zaongo : « Une jeunesse instruite risque moins d’être endoctrinée politiquement ou religieusement et peut développer une tolérance culturelle et religieuse. » Nous créons par ailleurs des espaces de rencontres pour que les différents acteurs sociaux et religieux puissent s’asseoir autour d’une même table et réfléchir ensemble à des solutions pour un avenir pacifique au Burkina Faso.

Barbara Burri


Sommaire 03

SOMMAIRE 04

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Focus – Burkina Faso 04 La richesse sociale du Burkina Faso est de plus en plus menacée par des attentats 08 Lutter contre la propagation de la méfiance à l’ombre d’arbres à palabres 09 Comprendre le travail des enfants pour agir efficacement

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10 De meilleurs services de base grâce à la participation de la population locale

12 Un œil sur Rating des communes Solidar 2019 : toujours davantage de communes se montrent solidaires Une enquête de Solidar le révèle : Nestlé achète de l’huile de palme issue du travail des enfants et du travail forcé

14 À chaud Coup d’œil sur l’actualité

15 Racontez-nous Comment choisir qui représentera mes intérêts si je deviens incapable de discernement ?

16 Le défi Par la danse, la chorégraphe Patricia Sejas veut transformer le regard de la jeunesse bolivienne sur elle-même et sur le monde

19 Ensemble S’engager avec Solidar Suisse

17 Chronique 18 Sudoku et Revue de presse 19 Impressum 20 Envoyez une carte cadeau de Solidar


FOCUS – BURKINA FASO

04 Burkina Faso


Burkina Faso 05

Au cours de ses 45 années d’engagement au Burkina Faso, Solidar Suisse a été témoin de nombreux développements dans le pays – de divers coups d’État à près de 30 ans de régime autoritaire de Blaise Compaoré en passant par la révolution de Thomas Sankara. Et nous avons apporté notre contribution sur cette toile de fond : par exemple, en initiant une éducation multilingue ou en renforçant la société civile pour que la population puisse profiter des possibilités de participation offertes depuis la décentralisation en 2006.

COHABITATION HARMONIEUSE EN PÉRIL Au Burkina Faso, la majorité de la population cohabite en paix malgré la grande pauvreté et les nombreuses disparités ethniques et religieuses. Cette richesse sociale est de plus en plus mise à mal par des attentats perpétrés dans le nord du pays. Texte : Dieudonné Zaongo, responsable du bureau de coordination de Solidar Suisse au Burkina Faso. Photos : Andreas Schwaiger et Jürg Gasser

Au Burkina Faso, les élèves suivent mieux les leçons depuis qu’elles sont également données dans leur langue maternelle et pas seulement en français, langue qu’ils peinent à comprendre au début.

À première vue, le Burkina Faso est confronté à de nombreux problèmes. Le pays est gravement touché par le changement climatique, 40 % de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté et 65 % ne savent ni lire ni écrire. Bien que le taux d’alphabétisation des 15 – 24 ans soit un peu supérieur, les chances de trouver un emploi sont faibles en raison d’un manque de qualifications et, dans les zones rurales surtout, d’une pénurie d’emplois. Pour échapper à la pauvreté, les jeunes et souvent même les enfants cherchent à gagner leur vie dans les mines d’or ou en ville. Ils y sont exposés aux ma-


ladies, aux pesticides, aux drogues et à la violence, ce qui leur coûte souvent la vie. Ou bien ils aident leurs parents dans les champs de coton pour assurer la survie de la famille (lire en page 9). Coexistence pacifique Même si la prospérité financière est hors de portée pour beaucoup, on peut dire que le pays se caractérise par une grande richesse sociale. Pendant des générations, des personnes de religions diverses et de 60 ethnies et langues différentes ont cohabité en paix, même si le pays a été marqué par des régimes autoritaires. Durant ses quatre années de présidence, Thomas Sankara – bien qu’arrivé au pouvoir suite à un coup d’État – a profondément enraciné l’engagement de la population civile dans les années 1980. Même après le coup d’État de Blaise Compaoré et pendant ses 27 ans au pouvoir, un climat de paix et de sécurité sociale a été préservé et la destitution de Compaoré en 2014 a été déclenchée par des manifestations populaires largement pacifiques. Depuis 45 ans, Solidar Suisse contribue au développement du pays : sécurité alimentaire, travail décent, participation de la société civile (à découvrir en page 10) et amélioration des conditions de vie de la population pauvre. Je suis responsable du bureau de coordination de Solidar, mais avant tout Burkinabé. Ayant grandi dans une famille d’agriculteurs, j’ai toujours aidé mes parents aux champs pendant mes vacances. Aujourd’hui encore, je me sens particulièrement

proche des gens de la campagne. Je connais les conditions difficiles dans lesquelles vivent et travaillent les paysan-ne-s, et je sais par expérience qu’il suffit parfois de peu de choses – une motopompe, deux chèvres, une formation – pour prendre son envol et devenir un acteur économique dans son village. Je sais que le soutien des autorités

« Les jeunes ont besoin de perspectives pour continuer de croire qu’il est possible de s’extraire de la pauvreté. » locales et des organisations de la société civile favorise l’accès de la population à de meilleurs services sociaux de base. Et je sais qu’une école où les enfants reçoivent un enseignement dans les langues nationales peut les aider à acquérir une bonne formation et à s’intégrer dans le monde du travail. C’est précisément pour cela que Solidar Suisse se mobilise. C’est particulièrement le cas dans la région du Plateau central, au cœur du pays, où nous avons obtenu de bons résultats : par exemple, la mise en place d’une éducation multilingue, dont les principes sont désormais intégrés dans la formation des enseignants ; la sécurité alimentaire des paysans grâce à de meilleures


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Opportunités de formation pour les jeunes ou techniques culturales pour lutter contre le changement climatique : Solidar soutient la population burkinabé dans sa lutte pour de meilleures conditions de vie.

techniques et la création de greniers collectifs ou encore la réintégration scolaire des enfants qui travaillaient dans des mines d’or. Des milliers de personnes déplacées à l’intérieur du pays Malheureusement, la situation au Burkina Faso a changé à un rythme inquiétant ces quatre dernières années. Paix sociale et sécurité disparaissent au profit de conflits tous azimuts qui engendrent une insécurité grandissante. Ceux qui sont censés protéger la population sont devenus la cible privilégiée des groupes islamistes qui n’épargnent personne, que ce soit les communautés religieuses, l’armée ou les forces de sécurité. Plus de 480 000 Burkinabés ont été déplacés à l’intérieur du pays et des décennies de coexistence pacifique et de compréhension entre les différentes religions et groupes ethniques sont de plus en plus entravées par la méfiance et les accusations de complicité dans la situation actuelle. Le budget de l’Etat est largement entamé pour l’urgence sécuritaire. Les autres secteurs prioritaires en sont négativement impactés. Dans le même temps, les organisations de la société civile et les syndicats n’ont jamais été aussi forts. Nous assistons à une véritable vague de grèves, de revendications et de manifestations. Le pays est plus instable que jamais. Et pourtant, je crois qu’il existe une solution à laquelle chacun doit contribuer.

Éducation plurilingue et perspectives Dès le début, Solidar Suisse s’est engagée en faveur du développement de l’éducation multilingue, laquelle contribue de manière significative à la diversité culturelle. Un jeune instruit est moins susceptible d’être endoctriné politiquement ou religieusement et peut développer une tolérance culturelle et religieuse. L’éducation multilingue doit s’imposer dans tout le pays, car si la diversité culturelle et linguistique est une force indéniable, elle peut entraîner des divisions et des conflits ethniques en l’absence de coordination et de reconnaissance. Si les jeunes se laissent endoctriner, c’est aussi parce qu’ils ont perdu confiance dans l’État et qu’ils ne voient aucune perspective pour euxmêmes. Il est donc crucial de renforcer la capacité d’action et les moyens de subsistance de la population. Pour que les gens continuent de croire qu’il est possible de sortir de la spirale de la pauvreté. Afin de promouvoir la cohésion sociale dans les régions septentrionales menacées, Solidar soutient depuis février l’ONG locale « Union Fraternelle des Croyants » (UFC). Cette organisation a une grande expérience de la promotion de la cohabitation culturelle et du dialogue inclusif dans la région du Sahel (voir page 8). Goutte d’eau ? Certainement. Mais dans le désert, une goutte a une portée très différente de celle qui tombe dans la mer. www.solidar.ch/burkina-faso


Solidar renforce les échanges entre les communautés du nord du pays afin de préserver la confiance mutuelle.

DIALOGUES DE PAIX À L’OMBRE D’ARBRES À PALABRES L’an dernier, diverses attaques terroristes ont eu lieu dans le nord du Burkina Faso. Cette réalité impacte la stabilité sociale. Texte : Meret Balmer, assistante au sein du programme international de Solidar Suisse. Photo : Guillaume Colin/Pauline Penot

Dans la région frontalière entre le Burkina Faso et le Mali, toute vie publique risque de disparaître. Les gens ont toujours plus peur de quitter leur domicile car ils craignent d’être victimes d’un attentat. Dialogue pour la paix Les gens n’ont pratiquement plus de lieux publics pour parler de leurs problèmes ; la méfiance gagne. Un nouveau projet de Solidar Suisse vise à contrer cette évolution : il crée des lieux de rencontre et ouvre des perspectives aux jeunes. Divers acteurs sociaux et religieux se réunissent autour d’une même table pour discuter de la façon de remédier à la situation tendue. Notre organisation partenaire interconfessionnelle « Union Fraternelle des Croyants » (UFC) organise par ailleurs des rencontres à l’ombre « d’arbres à palabres ».

Votre don compte Avec 50 francs, vous soutenez un jeune au Burkina Faso en lui offrant un stage pratique incluant le gîte et le couvert. Avec 90 francs, une émission de radio peut être diffusée à large échelle pour promouvoir la tolérance culturelle et religieuse et le respect mutuel.

Elles offrent à la population l’occasion d’échanges de vues. Créer des perspectives pour les jeunes Un autre aspect concerne l’intégration des jeunes. Bon nombre d’entre eux ne vont pas à l’école et n’ont pas d’emploi, raison pour laquelle ils sont vulnérables aux tentatives de recrutement par des groupes terroristes. Solidar Suisse veut aider la jeunesse à trouver un emploi ou une formation. Une étude doit sonder les possibilités qui se présentent dans la région. Les résultats serviront à élargir les programmes de formation pour les professions offrant les meilleures perspectives. Solidar organise également des ateliers pour informer les jeunes sur le danger que représentent les groupes terroristes. « Il est important pour nous de contribuer à la prévention de la violence et à la promotion du dialogue interreligieux », lance Diabaté Souleymane du Conseil des jeunes du Sahel, qui a participé à un tel atelier. « Nous nous félicitons que Solidar Suisse implique les jeunes. » Ils propagent leurs propres messages de tolérance et d’acceptation. Fin juin, à Gorom Gorom, à 70 kilomètres de la frontière malienne, une quarantaine de jeunes chrétiens et musulmans ont débattu de la manière dont ils pouvaient œuvrer à « une meilleure coexistence dans la paix et la sécurité ».


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AVEC LES PARENTS CONTRE LE TRAVAIL DES ENFANTS Le travail des enfants est une triste réalité dans les champs de coton du Burkina Faso. Afin de s’attaquer efficacement à ce problème, Solidar sonde les facteurs qui poussent les parents à envoyer leurs enfants au travail. Texte : Meret Balmer, assistante au sein du programme international de Solidar Suisse. Photo : Christof Hotz

la chercheuse Elisa Mosler s’est penchée sur les raisons de ce phénomène à l’appui d’une approche psychosociale. Elle a cherché à savoir pourquoi les parents emmenaient leurs enfants aux champs plutôt qu’à l’école. Les résultats montrent que les parents considèrent le travail aux champs comme faisant partie de l’éducation et « craignent que leurs enfants ne réussissent pas leur vie professionnelle s’ils ne font qu’aller à l’école », révèle Elisa Mosler. Beaucoup de parents inscrivent leurs enfants à l’école, mais il arrive fréquemment que ces derniers n’y aillent pas durant la période des récoltes. L’exemple montre toute l’importance de connaître la motivation des parents pour provoquer un changement de comportement.

Des enfants triment aux champs au lieu d’aller à l’école : les commerçants suisses de coton ne doivent plus en tirer parti.

Dans l’ouest du Burkina Faso, la production de coton est la principale source de revenus de la population. Pauvres pour la plupart, les parents emmènent souvent leurs enfants dans les champs de coton car ils sont tributaires de ces revenus supplémentaires. « C’est la seule façon de nous nourrir, de nous vêtir et de parvenir à nous acquitter des frais de scolarité », constate Monique, 14 ans. Comme elle, 250 000 enfants aident à cultiver et à récolter l’or blanc au Burkina Faso. Pourquoi les parents envoient-ils leurs enfants travailler ? L’Organisation internationale du travail (OIT) lutte contre le travail des enfants. Cette forme de travail a des répercussions négatives sur leur développement. Le Burkina Faso en a interdit le principe et a réitéré cette interdiction à maintes reprises depuis. Néanmoins, de nombreux enfants triment encore pendant des heures dans les champs, ne vont pas à l’école régulièrement et sont exposés à des produits chimiques dangereux. Mandatée par Solidar Suisse,

Stratégie d’intervention en prise sur la réalité L’enquête a également montré que les parents préféreraient que leurs enfants n’entrent pas en contact avec des substances toxiques, mais qu’ils n’ont pas les moyens d’acheter des vêtements de protection. Les mesures mises en œuvre par Solidar tiennent compte de ces résultats : nous informons les parents sur la façon dont ils peuvent mieux se protéger, euxmêmes et leurs enfants, en cas de manipulation de produits chimiques. Vu le succès du projet pilote, 1000 producteurs de coton supplémentaires sont sensibilisés, avec le soutien de l’Agence allemande pour la coopération internationale.

Premiers succès de notre campagne La campagne que nous avons lancée en début d’année – et à l’appui de laquelle nous avons appelé les négociants suisses Reinhart et Dreyfus à prendre des mesures contre le travail des enfants dans leur chaîne d’approvisionnement – a provoqué une réaction très positive de leur part et des sociétés de production au Burkina Faso. Les discussions ont montré que nous avions pu sensibiliser l’ensemble de la branche et que la volonté de s’impliquer dans la réduction du travail des enfants était bien réelle. www.solidar.ch/stop-travail-enfants


10 Burkina Faso

« JE PENSAIS QU’ILS N’EN VOULAIENT QU’À MON ARGENT » Grâce à la participation politique, les Burkinabés parviennent à améliorer sensiblement les conditions de vie dans les villages. Texte : Katja Schurter, rédactrice responsable de Solidarité. Photos : arrêts sur image

« Je ne savais pas que les impôts servaient à payer l’infrastructure de notre ville, sourit Ludwine Oueadraogo. Je pensais qu’ils voulaient simplement me prendre mon argent. Je n’avais aucune idée de ce qu’il devenait. » Il en va autrement aujourd’hui, car Ludwine écoute depuis quelque temps Radio Bassy. « Maintenant je sais : mes dix francs contribuent à la vie en communauté. » Beaucoup de Burkinabés connaissent encore mal leurs devoirs citoyens et les possibilités de participer à la vie politique. Solidar Suisse soutient donc Radio Bassy, dont les émissions de sensibilisation atteignent les villages les plus reculés. Solidar Suisse œuvre aussi pour que la population exprime ses préoccupations et prenne pleinement part à la vie publique. Des succès notables Au Burkina Faso, cela ne fait que 13 ans que la capitale ne décide plus de tout et que les communes s’administrent elles-mêmes. « La société civile n’est cependant pas encore assez organisée pour exercer une influence sur les autorités, explique Dieudonné Zaongo, responsable du bureau de Solidar dans le pays. Nous encourageons dès lors la création de réseaux capables d’intervenir auprès des administrations. Par exemple, pour améliorer les services publics de base. » Et le succès est au rendez-vous : à Zorgho, à plus de 100 kilomètres à l’ouest de la capitale Ouagadougou, une initiative s’est attaquée aux problèmes d’hygiène et d’assainissement. Auparavant, les latrines du marché étaient dans un tel état, que clients et marchands préféraient aller se soulager dans la nature. « Après notre intervention, la situation s’est nettement améliorée, raconte Gérard Oueadraogo, du réseau local des organisations de la société civile (OSC). À présent, les gens qui viennent au marché utilisent les toilettes. » Les habitantes et les habitants d’une banlieue de Ouagadougou se sont pour leur part

plaints des accidents provoqués par les nombreux animaux en liberté. « La commune a décidé que les animaux devaient rester sur des parcelles clôturées », se réjouit Séverin Kabore de Radio Bassy. Place au dialogue Solidar Suisse encourage par ailleurs le dialogue : entre les communautés religieuses, les organisations de femmes et de jeunesse, d’une part, et les autorités, d’autre part. Lors de ces échanges, les personnes concernées évoquent par exemple des problèmes au niveau des services publics «  et les responsables comprennent ce qu’ils doivent changer », estime Maryam Neya, une villageoise.

« Si l’on veut améliorer les services de base, la société civile doit avoir son mot à dire. » « Nous voudrions que les autorités prennent l’habitude d’utiliser ces espaces de dialogue pour mener des consultations avant de prendre des décisions importantes, complète Dieudonnée Zaongo. Cela évitera que certaines communes reçoivent trop d’argent ou soient négligées. » Car la population peut désormais donner son avis sur le budget communal. Les stations de radio jouent un rôle clé dans la circulation de l’information. L’émission Interpellation citoyenne, diffusée chaque jour pendant une demi-heure atteint par exemple 55 000 personnes. « Même celles qui habitent loin de la maison communale savent ainsi où parler de leurs soucis », indique l’animateur Séverin Kabore. Albert Tarpage, de Radio Laafi à Zorgho, ajoute quant à


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lui : « Avant, la commune placardait ses décisions en français. Nul ne les lisait. La radio reprend ces résolutions en moré, la langue locale, et explique ce qui les a motivées. Depuis, les gens prennent part beaucoup plus activement à la vie publique. » La radio diffuse aussi les informations dans des communes qui ne participent pas au projet. « Elles peuvent s’inspirer de nos expériences pour animer leur développement local », assure Cyrille Birba, de Ziniaré. Lutte contre le travail des enfants À Méguet, un village voisin de Zorgho, les enfants sont nombreux à interrompre leur scolarité pour s’engager dans la mine d’or toute proche. « Tous savent que les enfants travaillent sur les sites d’orpaillage, mais nul ne fait rien », se révolte Mathieu Soudre, du réseau des OSC. Celui-ci a entrepris de lutter contre la déscolarisation : « Nous collaborons avec les écoles et avec les parents pour les sensibiliser. Nous allons aussi à la rencontre des enfants dans les mines pour les inciter à retourner à l’école », explique-t-il. Il est d’ailleurs persuadé qu’il faut faire intervenir différentes instances pour obtenir des résultats. Le but est d’éviter aux enfants de subir le même sort qu’Abdoulaye : « Sur les sites d’orpaillage, les enfants souffrent. J’ai compris que l’école est la meilleure solution. » Grâce à l’appui du réseau d’OSC, ce jeune de 11 ans fréquente à nouveau l’école.

Les protagonistes du film « Citoyens-Acteurs du changement » Ludwine Oueadraogo, Séverin Kabore, Abdoulaye et Mathieu Soudre (de haut en bas) nous disent ce que signifie pour eux la participation politique.


12 Un œil sur

DES COMMUNES TOUJOURS PLUS SOLIDAIRES Les résultats du rating Solidar des communes 2019 sont très réjouissants : de plus en plus de communes suisses achètent de manière socialement responsable et s’engagent dans la coopération au développement. Texte : Katja Schurter, rédactrice responsable de Solidarité. Photo : Iwan Schauwecker

UN ŒIL SUR

Pour la quatrième fois déjà, Solidar Suisse a évalué dans quelle mesure les communes suisses assument leur responsabilité sociale. À chaque fois les résultats s’améliorent : le 20 août dernier, nous avons décerné seize distinctions, alors qu’il n’y en avait que trois en 2011. La satisfaction régnait parmi les communes récompensées. Lors de la remise des prix, le maire de Küsnacht, Markus Ernst, a ainsi déclaré : « Cette distinction confirme que nous utilisons nos ressources à bon escient. Voilà pourquoi nous tenons à axer mieux encore nos achats sur les critères de durabilité sociale. » La Suisse romande en tête Sur les seize communes en tête du classement, onze sont romandes. Carouge, dans la banlieue genevoise, atteint un nouveau record : 97,5 points sur 100. Par ailleurs, plus aucune commune ne termine avec 0 point. En d’autres termes, les communes sont toujours plus nombreuses à soutenir des projets de lutte contre la pauvreté dans le monde et veillent à ce que les uniformes, les ordinateurs et les pavés qu’elles achètent soient produits dans des conditions de travail décentes. Sachant que leur pouvoir d’achat avoisine 16 milliards de francs par an, il est évident qu’elles ont de l’influence et doivent servir d’exemple. Il est d’ailleurs réjouissant de constater que même de petites communes tiennent de plus en plus compte de la durabilité dans leurs acquisitions. Lyss et Rheinfelden ont par exemple nettement amélioré leur score dans ce domaine. Cette année, c’est Uster qui enregistre la plus forte progression : en relevant le montant consacré à la coopération au développement et en réorientant sa politique d’achat, cette ville a gagné pas moins de 50 points. Elle totalise désormais 73,6 points et était à deux doigts de remporter cinq globes. Nouvelle loi en vue L’avenir s’annonce d’ailleurs prometteur : la nouvelle loi sur les marchés publics (LMP) devrait entrer en vigueur en janvier 2021. Solidar a lutté pendant des années pour que la Suisse adopte cette base légale qui attribue une valeur contraignante au prin-

Felix Gnehm, codirecteur de Solidar, récompense le maire de la commune de Küsnacht, Markus Ernst.

cipe des achats durables. Dès que sa révision sera sous toit, nous inciterons les communes à exploiter les moyens offerts par la LMP pour intégrer la durabilité dans leurs directives sur les achats et à appliquer ensuite ces directives avec rigueur. Les progrès potentiels sont particulièrement importants en Suisse alémanique, car un tiers des communes étudiées ne font rien ou presque. Nous pourrons ainsi prendre en compte le nouveau cadre légal fourni par la LMP dans notre prochaine évaluation des communes. « Le rating des communes nous pousse à utiliser au mieux les possibilités de concrétiser notre engagement social »: Markus Ernst a bien résumé la philosophie de notre démarche.

À vous de jouer ! Participez à notre effort en incitant votre commune à acheter durable. Vous trouverez une lettre type à cette fin de même que les résultats de toutes les communes évaluées sur www.solidar.ch/rating. Nous serions très heureux de prendre connaissance d’une éventuelle réponse de votre commune et en rendrons volontiers compte dans un prochain numéro de Solidarité.


Un œil sur 13

Le travail dans les plantations est dangereux. Les accidents y sont fréquents.

NESTLÉ TIRE PROFIT DU TRAVAIL FORCÉ Une enquête de Solidar Suisse révèle que le travail des enfants et le travail forcé sont courants dans les plantations malaisiennes de palmiers à huile. Nestlé est impliquée. Texte : Katja Schurter, rédactrice responsable de Solidarité. Photo : Solidar

En Suisse, les magasins regorgent de produits contenant de l’huile de palme qui provient en grande partie de Malaisie et entre notamment dans la composition des produits Nestlé. En achetant cette huile, la multinationale suisse de l’alimentaire profite du travail des enfants et du travail forcé. Preuve en sont les résultats d’une enquête de Solidar Suisse dans deux plantations de la province malaisienne de Sabah où Nestlé se fournit. Livrés au bon vouloir des propriétaires Dans les plantations de palmiers à huile, le travail est rude et dangereux. La majorité des travailleurs-euses, principalement des migrants venus d’Indonésie, sont dans l’illégalité. Bien que ce secteur de l’économie malaisienne soit tributaire de la main-d’œuvre étrangère, la migration est régie de manière très stricte : la police opère de fréquentes razzias et expulse les sans-papiers. Vivant la peur au ventre, les ouvriers-ères sont sans défense face aux propriétaires. Les employeurs refusent de leur accorder des postes réguliers, confisquent leur passeport et leur versent des salaires de misère. « Mon revenu, raconte le cueilleur Abduh M.*, dépend de la récolte. Il arrive que nous n’ayons pas de quoi manger. » Le travail est pénible : les sacs d’engrais transportés à dos d’homme pèsent jusqu’à 50 kilos et l’épandage de pesticides provoque de fréquents problèmes. Saiful K.*, qui travaille dans une plantation, est clair : « Même lorsque nous portons de longues manches, nous entrons en contact avec les produits chimiques. » *Noms modifiés

Privés d’école, les enfants travaillent Entre 50 000 et 200 000 enfants vivent dans les plantations. Ati, 18 ans, était l’un d’entre eux : « Depuis tout petit, j’aide ma mère à rassembler les fruits. » Ati n’a pas pu aller à l’école. Les enfants nés sur place sont souvent apatrides, car la Malaisie n’établit pas d’acte de naissance pour les enfants des migrants. Privés de papiers, ils n’ont pas accès à l’école publique ni aux soins médicaux. Ils n’ont ensuite pratiquement aucune chance de vivre ailleurs que dans une plantation. Depuis 2018, Solidar Suisse soutient donc les écoles mises sur pied par les employés des plantations. « Ces centres offrent l’occasion aux enfants d’aller à l’école », souligne Ismaïl B.*, qui travaille comme enseignant sur place. C’est leur seul moyen d’échapper à ce cercle vicieux. Les belles promesses ne suffisent pas … Solidar exige que Nestlé fasse montre de transparence absolue sur ses filières d’approvisionnement et prenne des mesures pour mettre fin à l’exploitation. La multinationale entend examiner les reproches qu’on lui adresse et a proposé un dialogue. Simone Wasmann, responsable de la campagne, estime que « si Nestlé prend vraiment sa responsabilité sociale au sérieux, elle doit faire pression sur ses partenaires commerciaux de Sabah afin de garantir que les travailleurs et travailleuses bénéficient d’emplois fixes et de mettre fin à l’exploitation des enfants. » www.solidar.ch/huiledepalme


Photo : Solidar

NICARAGUA : DU CHOCOLAT POUR RITTER SPORT

Photo : Christian Aid

14 À chaud

BANGLADESH : DES POTAGERS VERTICAUX POUR LES RÉFUGIÉS

Photo : Vulcan/Seahorse

Un projet de Solidar lancé en 2017 dans la commune de Waslala (nord du Nicaragua) aide les petits producteurs et productrices de cacao à améliorer la qualité de leurs produits et à s’ouvrir des débouchés. Et ça marche : 225 familles, réunies pour commercialiser leur production ont déjà fourni cette année 30 tonnes de cacao à Ritter Sport, fabricant allemand de chocolat. Le prix de vente permet d’assurer des conditions de travail décentes. Elba Soza en bénéficie, alors qu’une commercialisation ne lui avait guère été profitable jusqu’alors. « C’est la première fois que nous pouvons vendre notre cacao à un prix sûr, qui nous garantit un revenu », se réjouit-elle. En 2019, les premiers producteurs et productrices ont obtenu le label UTZ.

GHOST FLEET

À CHAUD

Au Festival du film pour les droits humains, Solidar projettera le documentaire Ghost Fleet sur la traite d’êtres humains dans le secteur thaïlandais de la pêche. Le golfe de Thaïlande ayant été vidé de ses poissons, les bateaux doivent franchir des milliers de miles pour en trouver. La corvée incombe à de jeunes hommes migrants. Attirés à coups de belles promesses, ils sont vendus aux entreprises de pêche. Ils passent souvent plus de dix années en mer, certains mourant d’épuisement, d’autres optant pour le suicide. La militante Parima Tungpuchayakul s’est donné pour mission de libérer ces pêcheurs réduits à l’esclavage. Le film témoigne de son engagement et nous oblige à revoir nos modes de consommation. Projection le 6 décembre au Kosmos à Zurich. www.solidar.ch/agenda

Depuis 2017, Solidar Suisse apporte une aide humanitaire aux Rohingyas qui ont fui le Myanmar. En mars, nous avons lancé un nouveau projet qui améliore les conditions de vie de quelque 13 500 bénéficiaires. Faute de place, nous avons créé des potagers verticaux : les réfugiés cultivent désormais des légumes sur les parois et les toits des habitations. Nous encourageons en outre la création de petites entreprises, afin de diversifier les sources de revenus et d’ouvrir de nouvelles perspectives professionnelles. La construction de 400 abris et des mesures destinées à réduire les risques de catastrophe contribuent à améliorer les conditions de vie de plus de 5000 réfugiés et habitants locaux extrêmement pauvres.


Racontez-nous 15

Et où dois-je conserver ces documents ? Conservez les originaux à un endroit sûr, auquel seuls vous et les personnes autorisées avez accès.

Un décès, cela se prépare, même si vous n’avez pas de volonté particulière à faire respecter. René Bätschmann, spécialiste de la protection des adultes, nous l’explique. Interview : Christof Hotz, chargé de la collecte de fonds chez Solidar Suisse. Photo : VoBox AG

Je serai bientôt à la retraite. Comment m’y prendre pour que ma volonté soit respectée s’il devait m’arriver quelque chose ? Je vous recommande de ne pas attendre l’approche de la retraite pour penser à votre avenir. Vous devriez le faire au moment où vous fondez une famille ou achetez un logement : consultez un ou une spécialiste pour établir des directives anticipées du patient, un mandat pour cause d’inaptitude et un testament. Quelle est la différence entre ces trois documents ? Un testament règle le partage de votre succession après votre mort ; les directives anticipées et le mandat pour cause d’inaptitude consignent vos souhaits et vos besoins avant votre décès, par exemple en cas de maladie ou pour le cas où vous perdriez votre capacité de discernement. Comment rédiger mon testament pour faire preuve de solidarité ? Le testament doit respecter les mêmes règles de forme que le

mandat pour cause d’inaptitude. Il doit soit être rédigé à la main, daté et signé, soit établi par un notaire. Pour qu’il soit valable, vous devez veiller à respecter les parts réservataires de vos héritiers légaux. Quand faut-il établir un mandat pour cause d’inaptitude ? Nul ne pouvant prévoir à quel moment surviendra une incapacité de discernement, toute personne majeure devrait établir un tel mandat. Il vous permet de désigner une personne qui représentera vos intérêts en cas de besoin. En l’absence de mandat, c’est l’autorité compétente qui s’en charge. Pour le testament, je peux demander conseil à un-e notaire ; pour les directives anticipées, à mon médecin de famille. Et pour un mandat pour cause d’inaptitude ? Vous trouverez des spécialistes dans une étude de notaires, auprès d’un service de consultation juridique ou dans une entreprise spécialisée.

Que faut-il encore prévoir ? Il vaut la peine de consulter un spécialiste pour éviter que les documents établis ne soient attaqués légalement ou déclarés non valides le moment venu. Pouvez-vous donner un exemple illustrant la nécessité d’agir à l’avance ? Oui, bien sûr. C’est le cas d’un couple, mari et femme étant propriétaires à parts égales de leur logement. À la suite d’un accident, l’épouse a perdu sa capacité de discernement. Si rien n’avait été prévu, c’est l’autorité de la protection de l’adulte qui aurait défendu ses intérêts. Sans l’accord de cette autorité, le mari n’aurait pas pu rénover leur logement, ni le louer et encore moins le vendre. Or, dans son mandat pour cause d’inaptitude, l’épouse avait désigné son mari pour la représenter. Ce dernier peut donc décider de leur bien commun. René Bätschmann est fondateur et associé de VoBox AG, entreprise spécialisée dans la prévoyance.

RACONTEZ-NOUS

L’ESSENTIEL ? S’Y PRENDRE À TEMPS !

Comment dois-je m’y prendre pour adapter mon testament ou l’un des deux autres documents ? Vous pouvez apporter à la main des compléments, dûment datés et signés, à un testament ou à un mandat pour cause d’inaptitude qui ont été rédigés à la main. Les documents établis par un notaire doivent être refaits à neuf. Quant aux directives anticipées, vous avez intérêt à remplir un nouveau formulaire et à détruire l’ancien.


16 Le défi

DANSER POUR TRANSFORMER LA BOLIVIE DE DEMAIN La chorégraphe Patricia Sejas transforme, grâce à la danse, le regard des jeunes Boliviens sur eux-mêmes et sur le monde. Elle est prochainement en tournée dans une cocréation entre la Bolivie et la Suisse.

LE DÉFI

Texte : Lionel Frei, chargé de communication à Solidar Suisse. Photos : Tony Suarez

« Un voyage infini de surprises, d’émotions et de mouvements. » C’est en ces termes que Patricia Sejas décrit la danse contemporaine. Un art pour lequel la chorégraphe, professeure et danseuse consacre sa vie. A 61 ans, cette femme dynamique, au discours fleuri, accompagnera une troupe de jeunes Boliviens pour le spectacle de danse Travesía qu’elle a cocréé et qui sera présenté à Genève (voir encadré). « L’art a la capacité d’atteindre l’âme. Notre proposition est de faire sentir ce que vivent les jeunes Boliviens dans une proposition sensible et humaine », détaille Patricia Sejas. Après une formation à la danse folklorique et classique elle devient, au début des années 1980, membre d’un groupe pionnier de danse contemporaine bolivienne, le « Melo Tomsich Contemporary Dance Studio ». « Ce qui était génial à l’époque c’est qu’il n’y avait ni chorégraphes ni danseurs formés pour donner des ateliers. Nous avions seulement envie d’explorer le mouvement et l’espace et de retrouver notre corps individuel, mais aussi

Le spectacle Travesía en tournée à Genève À l’occasion de ses 5 ans, Solidar Suisse Genève a initié un projet de cocréation entre Patricia Sejas et la chorégraphe genevoise Noelia Tajes. Travesía, le spectacle de danse qui en résulte, est programmé au Théâtre de la Parfumerie le lundi 18 novembre, ainsi que le mercredi 20 dans le cadre des festivités des 30 ans de la Convention des droits de l’enfant. Composé d’une troupe de cinq jeunes Boliviens et d’autant de Genevois, le spectacle mêlant hip-hop et danse contemporaine abordera la thématique de la migration, vue à travers le regard de la jeunesse. Un workshop pour professionnels et plusieurs représentations scolaires sont également prévus. Informations et inscription sur www.solidar.ch/geneve


collectif » rigole-t-elle. Une expérience qui ne la quittera plus. Depuis, elle multiplie les ateliers de danse contemporaine, les formations, notamment à l’Universidad Católica Boliviana (UCB), les collaborations artistiques et les directions de compagnie. LanzArte : danser pour avancer Son parcours croise celui de Solidar Suisse en 2006, quand elle est sollicitée pour accompagner les jeunes de la ville de Cochabamba (4e plus grande ville de Bolivie) dans le cadre de LanzArte. Objectif du projet : offrir, grâce à l’art et notamment à la danse, la possibilité à des jeunes marginalisés de réfléchir sur eux-mêmes, d’exprimer leurs aspirations et de faire ainsi émerger ce que vit la jeunesse du pays sur la scène publique. Le projet, d’abord local, a suscité un immense intérêt et essaimé depuis dans les principales villes du pays. Appuyée par de nombreux partenaires institutionnels importants, l’expérience se poursuit jusqu’à aujourd’hui, après avoir déjà touché 20 000 personnes. L’expertise et l’enthousiasme de Patricia Sejas n’y sont évidemment pas pour rien dans ce succès. Mais la relève est déjà prête : les jeunes ayant vécu l’expérience LanzArte servent à leur tour d’animateurs afin de transmettre leur expérience à la nouvelle génération. La boucle est bouclée. Un regard tendre sur la jeunesse La chorégraphe témoigne avec bienveillance de la situation de la jeunesse bolivienne : « Entre la course effrénée du quotidien et une certaine passivité face à la société et leur avenir, je sens que les jeunes Boliviens ont aujourd’hui besoin de « s’arrêter » et de regarder avec d’autres yeux ce qui se passe autour d’eux. » Pour la chorégraphe, « avec la danse, les jeunes se réapproprient leur vécu et peuvent développer des attitudes créatives et socialement positives. » Un engagement citoyen, mais non partisan pour une femme qui se tient à distance de la politique institutionnelle : « Je m’intéresse à mettre en lumière ce qui nuit à notre société. C’est au final par mon art que je m’engage. »

Président de Solidar Suisse

La danseuse et chorégraphe Patricia Sejas en action.

Carlo Sommaruga

Le défi 17

Sensibilisation indispensable En début d’année, nous avons lancé la campagne sur le travail des enfants dans le coton au Burkina Faso. Une campagne mettant en exergue deux choses. D’une part, le fossé entre les engagements des États sur les droits de l’enfant et la réalité effective dans laquelle vivent les enfants. D’autre part, le rôle scandaleux des sociétés de trading avec siège en Suisse. Pour améliorer les conditions de vie de ces enfants et pour pousser les entreprises à se responsabiliser sur les conditions sociales et environnementales au lieu de production, le rôle de la société civile est essentiel. Ici en Suisse, tout d’abord par le soutien apporté à des organisations comme Solidar Suisse qui s’engagent pour le travail décent et ensuite par la pression sur les autorités politiques afin de fixer un cadre légal contraignant pour des multinationales responsables. Au niveau politique il y a beaucoup à faire. Tout particulièrement lorsque l’on entend des élus affirmer que le travail des enfants dans les champs de coton du Burkina Faso est comparable à la participation volontaire des enfants à la cueillette des pommes de terre pendant les vacances scolaires d’automne. On se croirait sorti de Tintin au Congo. En effet, il n’y a aucune comparaison possible. Chez nous les enfants sont nourris et, pour la grande majorité, ne vivent pas dans la pauvreté. Chose importante, ils sont tous scolarisés. Or, au Burkina Faso les enfants sont envoyés dans les champs contre leur volonté, en les sortant de la scolarité. Cela pour aider leur famille pauvre à survivre. Le travail de sensibilisation de Solidar Suisse reste vraiment indispensable !


18 Sudoku et Revue de presse

7 1

9 4

3 8

3

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3

Envoyez la solution à Solidar Suisse sur une carte postale ou par courrier à contact@solidar.ch, objet « sudoku ».

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Compléter les cases vides avec les chiffres 1 à 9. Chaque chiffre ne peut figurer qu’une seule fois sur chaque ligne, dans chaque colonne et dans chacun des carrés de 3 × 3 cases. La solution se trouve dans les cases grises lues horizontalement, selon la clé suivante : 1 = I, 2 = A, 3 = T, 4 = C, 5 = R, 6 = O, 7 = B, 8 = E, 9 = H

7

5

2

LE SUDOKU DE SOLIDAR

5

6 8

1er prix Un tissu du Burkina Faso 2e prix Des mangues du Burkina Faso 3 e prix Du thé de moringa du Burkina Faso La date limite d’envoi est le 13 décembre 2019. Le nom des gagnante-s sera publié dans le Solidarité 1/2020. Aucune correspondance ne sera échangée concernant ce concours. Tout recours juridique est exclu. Les collaborateurs et collaboratrices de Solidar Suisse ne peuvent pas participer au concours. La solution du concours paru dans Solidarité 3/2019 était « stop violation ». Françoise Taboada de Ste-Croix gagne un tissu du Burkina Faso, Rosmarie Beutler de Untersiggental un T-shirt du projet LanzArte en Bolivie et Jacques-Ali Monnin de Tavannes un sac shopper de Changemaker. Nous remercions toutes celles et tous ceux qui ont participé au concours.

REVUE DE PRESSE

Solution :

Carouge est la commune la plus solidaire de Suisse selon Solidar RTS, 12.8.2019

Les mains sales de l’huile de palme Le Temps, 17.09.2019

Carouge (GE) est la plus commune la plus solidaire de Suisse. Cette ville arrive en première place de la liste établie pour la quatrième fois par Solidar Suisse. Au total, seize collectivités, dont onze romandes, obtiennent l’évaluation la plus élevée. En 2016, seules 12 communes figuraient à ce rang. Parmi les 87 communes décortiquées, dont 23 romandes et 13 qui participaient pour la première fois, aucune ne repart sans aucun point dans cette évaluation, se félicite Solidar. Ces données étaient à nouveau établies en se basant sur l’engagement financier pour la coopération au développement (50 points) et les achats équitables (50 points). Les villes suisses dépensent environ 16 milliards de francs par an en biens et prestations. Leur poids sur le marché est « significatif », ajoute l’œuvre d’entraide.

À Sabah, une province malaise sur l’île de Bornéo, 85 % des surfaces agricoles sont consacrées à l’huile de palme. Environ 9 % de l’huile de palme consommée sur le plan mondial provient de ce petit territoire. Et une bonne partie finit dans les confiseries, cosmétiques et produits de nettoyage vendus en Suisse, notamment dans les biens fabriqués par Nestlé, a démontré une enquête de l’ONG Solidar Suisse. Celle-ci s’est penchée sur le sort des travailleurs œuvrant pour deux plantations. « L’immense majorité proviennent d’Indonésie et sont dans le pays illégalement, relate Rizal Assalam, un chercheur indonésien qui s’est rendu sur place pour l’ONG helvétique. » Sabah compte 1,2 million de résidents étrangers, soit près d’un tiers de sa population. Et 840 000 d’entre eux sont des migrants clandestins, selon le Département de l’immigration de Sabah.

Une ONG dénonce le travail forcé dans des plantations d’huile de palme fournissant Nestlé Le Parisien, 18.9.2019 L’enquête donne un goût amer aux produits chocolatés… Dans un rapport publié mardi, l’organisation Solidar Suisse détaille les violations des droits de l’homme qu’elle a constatées dans des plantations d’huile de palme fournissant Nestlé en Malaisie. « Travail des enfants, accès limité à la santé et à la scolarisation, salaire insuffisant, exclusion : les violations des droits humains recensées sont nombreuses et graves », affirme l’organisation, qui dit s’appuyer notamment sur des entretiens avec des dizaines de travailleurs. « Nestlé communique sur une série de mesures, mais ils ne disent jamais quelle est l’étendue de ces mesures et quel est leur impact. Il y a toujours le doute qu’on soit dans du social washing », affirme Lionel Frei, chargé de communication de Solidar Suisse.


Ensemble 19

FAIRE UN DON S’ENGAGER Luttez à nos côtés pour un monde équitable. À tous les niveaux, les possibilités d’agir sont infinies. Voici quelques propositions concrètes.

Augmentez la valeur de votre don Vos dons réguliers en faveur de conditions de travail décentes prendront encore de la valeur si vous recourez au débit direct. Ce système réduit les frais administratifs et économise les frais d’affranchissement et du papier. Il accroît donc les sommes destinées à nos projets sur le terrain. Il vous suffit de remplir un formulaire de débit direct, que vous pourrez bien entendu annuler en tout temps.

CONSOMMER DURABLE

PARTICIPER À NOTRE SONDAGE

Échanger des jouets au lieu d’en acheter La majeure partie des jouets vendus en Suisse sont produits en Chine, le plus souvent dans des conditions de travail inhumaines. Solidar s’engage depuis cinq ans à améliorer la situation sur place. Un moyen d’agir consiste aussi à échanger des jouets au lieu d’en acheter des neufs. Par exemple à l’une des bourses aux jouets organisées près de chez vous.

Combien donneriez-vous pour un T-shirt équitable ? Nous ne voulons pas que des travailleurs et des travailleuses soient exploités pour produire nos vêtements ou que cette production oblige des enfants à travailler. Combien sommes-nous toutefois prêts à payer pour un T-shirt produit dans des conditions décentes ? Pour le savoir, nous organisons un sondage ! Les résultats seront publiés dans le prochain numéro de Solidarité.

Plus d’infos : www.solidar.ch/agenda

Sondage :

www.solidar.ch/t-shirt-equitable

IMPRESSUM Éditeur Solidar Suisse, Quellenstrasse 31, case postale 2228, 8031 Zurich, tél. 021 601 21 61 email : contact@solidar.ch, www.solidar.ch CP 10-14739-9 Lausanne Membre du réseau européen Solidar Rédaction Katja Schurter (rédactrice responsable), Marco Eichenberger, Lionel Frei, Eva Geel, Cyrill Rogger Layout artischock.net

Traduction Milena Hrdina, Katja Schurter, Jean-François Zurbriggen Correction Barbara Heuberger, Catherine Vallat Impression et expédition Unionsdruckerei/subito AG, Walther-BringolfPlatz 8, 8201 Schaffhouse Paraît quatre fois par an. Tirage : 37 000 ex. Le prix de l’abonnement est compris dans la cotisation (membres individuels 70.– par an

minimum, organisations 250.– minimum). Imprimé sur papier recyclé et respectueux de l’environnement. Photo de couverture La formation de plombier ouvre des perspectives pour ces jeunes Burkinabèes. Photo : Jürg Gasser. Dernière page Faites plaisir à vos proches et soutenez nos projets dans le monde avec l’achat d’une carte cadeau.

ENSEMBLE

Faire un don : www.solidar.ch/don-regulier


OFFREZ UNE CARTE CADEAU SOLIDAR À VOS PROCHES. Des personnes touchées par la pauvreté, l’exploitation ou la guerre recevront votre soutien.

Offrez par exemple un petit élevage de poules contre la faim pour les Rohingyas réfugiés au Bangladesh et confrontés à l’extrême pauvreté. Découvrez nos autres cartes sur le bon de commande ci-joint ou sur : www.solidar.ch/cadeau

C’EST AUSSI SIMPLE QUE ÇA : Commandez des cartes cadeaux Solidar d’une valeur de 50 francs chacune au moyen du coupon de commande ci-joint ou sur la page www.solidar.ch/cadeau Vous recevrez par la poste vos cartes cadeaux avec une enveloppe pour les offrir ainsi qu’un bulletin de versement pour le paiement de votre don. Nous garantissons une livraison avant Noël pour toutes les commandes réceptionnées avant le 20 décembre.

Avec chaque carte, vous soutenez les projets de Solidar Suisse en faveur des personnes les plus démunies.

Pour toutes questions, n’hésitez pas à nous contacter au 021 601 21 61 ou sous contact@solidar.ch

www.solidar.ch


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