Solidarité 1/2013

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Numéro 1, février 2013

POINT FORT L’aide humanitaire en 2013 MOZAMBIQUE Le fléau de la malaria Le magazine de


2 éDITORIAL Chère lectrice, cher lecteur, Selon l’ONU, l’aide humanitaire doit être fournie indépendam­ ment de l’âge, du sexe, de la couleur de peau, de la religion, du pays d’origine, etc. Bref, elle doit être impartiale.

Le soutien que la Suisse apporte à l’aide humanitaire n’est pas «impartial», lui non plus. Un appel de fonds, lancé au lendemain d’une catastrophe naturelle, réunit en un temps record davanta­ ge d’argent qu’une catastrophe humanitaire due à une «défail­ lance» humaine, comme celle provoquée en Syrie par un dictateur qui méprise à l’évidence les droits humains. Lorsque la catastrophe survient dans le monde arabe, l’afflux de fonds s’amenuise en­ core, même si des dizaines de milliers de réfugié-e-s grelottent sous des tentes en plein hiver et ont tout autant besoin de protection et de nourriture que les victi­ mes d’une inondation.

Et pourtant! Je me souviens parfaitement d’une conversation que j’ai eue en octo­ bre avec une collègue de l’organisation Norwegian People’s Aid, l’un des mem­ bres du réseau européen Solidar. Alors que nous discutions des mesures à prendre dans les camps de réfugié-e-s entourant la Syrie, elle a affirmé haut et fort: «Fournir de l’aide, c’est aussi prendre parti, car on crée deux catégories de per­ sonnes: les bénéficiaires de l’aide et C’est vrai! Nos donatrices et nos dona­ ceux qui ne reçoivent rien. Venir en aide Esther Maurer teurs ont néanmoins pris le parti de venir aux réfugié-e-s dans le cadre d’un conflit Directrice de Solidar Suisse en aide à la population dans le besoin, revient à s’exposer sans défense aux également dans le cas syrien. Les dons belligérants qui entretiennent des liens avec ces réfugié-e-s. Dans le pire des cas, notre aide permet reçus dépassent nos attentes et nous vous en sommes vive­ d’économiser de l’argent sur les médicaments et la nourriture, ment reconnaissants. afin d’acheter des armes.» Nous espérons, chère lectrice, cher lecteur, qu’en 2013 aussi C’est vrai! Faut-il pour autant refuser une aide d’urgence à des vous ferez preuve de la même «partialité». Esther Maurer êtres humains qui souffrent?

Revue de presse

19.12.2012 Combattre l’exploitation des travailleurs en Chine Unia s’est engagé, par une résolution de son congrès, à mener une campagne pour des conditions de travail décentes en Chine. Elle mettra notamment en lumière le rôle des entreprises suisses en Chine. L’objectif est également de participer à la mise en place de réseaux de solidarité en coopération avec Solidar Suisse qui, parmi ses projets, compte «celui de donner aux travailleurs chinois qui subissent des irré­ gularités les moyens financiers de saisir les tribunaux de leur pays», a précisé Esther Maurer, directrice de Solidar, l'ONG suisse des syndicats.

24.12.2012 Pas de spéculation sur les denrées alimentaires On ne joue pas avec la nourriture! Début octobre, les Jeunesses socialistes ont lancé une initiative visant à interdire la spéculation sur les denrées alimentaires. Cette initiative est notamment soutenue par Solidar Suisse. Les entreprises, les banques et les caisses de pensions doivent cesser d’investir dans des pro­ duits financiers qui servent à parier sur les variations des cours des céréales, du maïs ou du soja. L’initiative veut aussi contribuer à stabiliser les prix des den­ rées alimentaires dans le Sud. Feuilles de signatures sous www.solidar.ch

04.01.2013 Les femmes, pivots de la communauté La coopérative Maria Luisa Ortiz lutte contre la violence sexuelle. Durant le pre­ mier semestre de 2012, près de 300 femmes ont reçu un soutien psycholo­ gique spécialisé et plus d’un millier de personnes ont suivi des formations à la prévention de la violence. «La coopérative m’a appris l’estime de moi», témoigne Ma­ gali, 15 ans. La coopérative est soutenue notamment par Solidar Suisse, par le can­ ton de Vaud via la Fédération vaudoise de coopération (FEDEVACO), et par Espace Femmes International (EFI) via la Fédéra­ tion genevoise de coopération (FGC).


3 POINT FORT L’aide humanitaire

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Aide d’urgence et prévention des catastrophes

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Liban: aider les réfugié-e-s syriens à surmonter l’hiver

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Salvador: atténuer l’impact d’inondations toujours plus violentes

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Pakistan: deux ans après les inondations du siècle, la vie a repris son cours

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POINT DE VUE Olivier de Schutter: la production locale prévient les famines

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ACTUALITÉ Spéculation financière: on ne joue pas avec la nourriture!

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Comment mesurer le travail de Solidar en Bolivie?

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POINT FORT

Qu’est-ce que l’aide humanitaire? Comment prévenir les catastrophes? Quel est l’impact du réchauffement climatique?

POINT DE VUE

Denrées alimentaires: les pays pauvres doivent réduire leur dépendance aux marchés mondiaux.

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CHRONIQUE 13 CONCOURS 16 RÉSEAU Nouvelles des OSEO régionales 17 PORTRAIT Au Mozambique, Filomena João aide la population à prévenir la malaria

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ACTUALITÉ

La dérégulation des marchés financiers a transformé le monde en un énorme casino.

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PORTRAIT 18

Au Mozambique, la malaria tue fréquemment des enfants. Filomena João lutte contre ce fléau.

IMPRESSUM Editeur: Solidar Suisse, Quellenstrasse 31, Postfach 2228, 8031 Zürich Tél. 021 601 21 61, E-mail: contact@solidar.ch, www.solidar.ch CP 10-14739-9 Lausanne. Membre du réseau européen Solidar Rédaction: Katja Schurter (rédactrice responsable), Rosanna Clarelli, Christian Engeli, Alexandre Mariéthoz, Cyrill Rogger

Layout: Binkert Partner, www.binkertpartner.ch / Spinas Civil Voices Traduction: Irene Bisang, Ursula Gaillard, Milena Hrdina, Daniel Süri, Jean-François Zurbriggen Correction: Jeannine Horni, Carol Le Courtois Impression et expédition: Unionsdruckerei/subito AG, Platz 8, 8201 Schaffhausen Paraît quatre fois par an. Tirage 37 000 ex.

Le prix de l’abonnement est compris dans la cotisation (membres individuels 50.– par an minimum, organisations 250.– minimum). Imprimé sur papier recyclé. Page de titre: Solidar distribue une aide d’urgence à Mentawai, dans la région de Sumatra, peu après un tsunami. Photo: Stephan Titze. Dernière page: Merci de tout cœur pour votre solidarité! Photo: Henriette Eppenberger.


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Sauver des milliers de vies Qu’est-ce que l’aide humanitaire? En quoi se différencie-t-elle de la coopération au développement? Quels sont les défis liés au réchauffement climatique? Notre dossier répond à ces questions, à la lumière des projets de Solidar Suisse. Nous soutenons la population après des catastrophes. Nous réduisons aussi l’impact des prochaines inondations ou sécheresses – par exemple au Pakistan, au Liban ou encore au Salvador. Photo: Debora Neumann


POINT FORT

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En 2010, au Pakistan, les habitant-e-s regagnent leurs maisons détruites après les pires inondations du siècle.


6 Catastrophes: prévenir et guérir Qu’est-ce que l’aide humanitaire? Comment prévenir les catastrophes? Tour d’horizon des activités de Solidar. Texte: Rolf Stocker, Solidar Suisse Photos: Alexandre Ventura, Debora Neumann, Mónica Vásquez

L’éventail des formes de soutien aux personnes en situation d’urgence est large. Il va de l’aide humanitaire à la coopération au développement. Après une catastrophe, on distingue plusieurs phases de soutien. Il s’agit, d’abord, d’apporter les premiers secours: sauver des vies, mettre les personnes blessées en sécurité et panser leurs plaies. L’aide d’urgence – un créneau où Solidar s’active – est dispensée dans les jours et les semaines qui suivent, afin de répondre aux besoins urgents de la population: nourriture, eau potable, hy­ giène et installations sanitaires. Une fois ces besoins garantis, il importe d’organiser des logements temporaires

et des installations de cuisson, de dis­ penser une aide psychosociale et de permettre l’accès à l’école et à quelques loisirs. Protéger avant tout les femmes de la violence est un sujet de préoccu­ pation constant. Organisation de petite taille, Solidar ne peut pas intervenir à grande échelle. Elle se concentre sur le soutien aux person­ nes passant à travers les mailles du filet. Dans ce contexte, notre souci est de ne pas provoquer de conflits: cela passe, notamment, par la définition de critères très clairs pour l’octroi des aides. Com­ prendre la réalité locale et déceler les tensions possibles revêtent une grande importance.

Stimuler un effet à long terme Durant la phase de réhabilitation – après trois mois environ, Solidar contribue à ce que les personnes touchées puissent ré­ organiser leur vie: des semences et des outils leur sont distribués afin qu’elles puissent cultiver à nouveau leurs champs. Notre ONG fournit aussi des aides au démarrage et des possibilités de recon­ version professionnelle. Solidar applique des modèles «argent contre travail». Les habitant-e-s reconstruisent les infra­ structures – par exemple des écoles ou des installations d’irrigation – et sont rétribués pour leur travail. Grâce à cette approche, les participant-e-s se sentent à nouveau utiles. Ils ont besoin d’une


POINT FORT 7 Qu’elle soit victime de violences (Sri Lanka, à gauche) ou d’inondations (El Salvador, à droite), la population a besoin d’une aide pour renouer avec une existence normale (Pakistan, au milieu).

occupation afin ne pas sombrer dans la dépression et la léthargie. Il est essentiel qu’ils puissent reprendre leur destinée en main. Car le choc résultant d’une catas­ trophe est immense. Après un ou deux ans, Solidar transfor­ me ses projets de réhabilitation en pro­ grammes de coopération au développe­ ment, afin que le soutien apporté déploie un effet à long terme – par exemple au Sri Lanka ou au Pakistan (voir page 10). Fournir une aide humanitaire lors de con­ flits armés est particulièrement difficile. La précarité de la situation en terme de sécurité, ainsi que le danger d’être instru­ mentalisé politiquement, réduisent les possibilités d’intervention. C’est pourquoi nous soutenons des réfugié-e-s syriens non pas dans leur propre pays, mais en nous concentrant sur les personnes qui ont fui au Liban (voir page 8). Prévenir la prochaine catastrophe Toutes les activités déployées visent à réduire l’impact de futures catastrophes.

Les maisons sont construites de manière à ne pas être emportées par la prochaine crue, à ne pas s’envoler lors de la pro­ chaine tempête ou à ne pas s’effondrer à nouveau lors du séisme suivant. La dis­ tribution de semences résistantes à la sécheresse, la diversification de la pro­ duction, ainsi que la formation continue aux méthodes de culture durables, cons­ tituent d’autres mesures cruciales. Des systèmes d’alarme très efficaces, facili­

Aide très ciblée Solidar Suisse fournit une aide humani­ taire lorsque des partenaires de la co­ opération au développement ou du réseau européen Solidar sont actifs dans la région concernée. Une excellente connaissance du contexte local permet de mieux répondre aux besoins de la population. Grâce à sa présence de longue date au Sri Lanka, Solidar a pu aider, de manière ciblée, les réfugié-e-s internes à réorganiser leur vie après la guerre civile de 2009. Le gouvernement avait expulsé de nombreuses ONG et, la sécurité n'étant plus garantie, d’autres organisations avaient quitté le pays. Sans l’action de Solidar, la population n’aurait probablement reçu aucune aide. Avec une telle approche, il s’avère cependant impossible d’intervenir lors de chaque catastrophe.

Des changements durables Avec la transition vers la coopération au développement, notre travail se déplace de l’aide individuelle vers l’engagement en faveur de changements structurels. Nous collaborons, le plus souvent, avec des Avec le réchauffement coopératives et des climatique, une prévention accrue organisations syn­ des catastrophes est vitale. dicales – ce qui s’explique par la tant une évacuation rapide, sont aussi grande importance que nous accordons mis en place. à des conditions de travail décentes. Il Au Salvador, les habitant-e-s s’organisent importe aussi que la population s’organise en vue de la prochaine inondation (voir pour répondre à ses propres besoins. Une page 9). Avec la recrudescence des ca­ telle appro­priation du projet garantit une tastrophes liées au réchauffement clima­ aide aux effets durables. tique, la prévention des désastres et la Car l’eau ne jaillit pas durablement d’une réduction de leur impact sont vitales. fontaine que personne n’entretient.


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Après sa fuite, Khalil Qabbanis s’est retrouvé, avec ses six enfants, dans une chambre sans chauffage à Bekaa.

n’importe quel emploi. Il a entre-temps vu fondre ses maigres économies, car le coût de la vie est bien plus élevé au Liban qu’en Syrie. Son principal souci? «Nous n’avons pas de quoi manger. Mais l’hiver m’inquiète aussi, car nous n’y sommes pas préparés.»

Un avenir incertain

Au Liban, Solidar Suisse aide les réfugié-e-s syriens à surmonter les rigueurs de l’hiver. Texte: Katja Schurter. Photo: Solidar En novembre dernier, l’arrivée de l’hiver constituait une menace sérieuse pour les réfugié-e-s syriens au Liban. Christian Gemperli, collaborateur de Solidar, s’est déplacé dans la vallée de la Bekaa, afin de dresser l’inventaire des besoins de la population déplacée. Il a pu y constater de gros problèmes de logement. «L’hiver ressemble à celui du Plateau suisse – les températures descendent au-dessous de zéro et il neige. Les gens vivent dans des tentes ou des logements précaires, sans couvertures, fourneaux ou maté­ riaux de chauffage.» Des logements très chers C’est le cas de Khalil Qabbanis*. En sep­ tembre, il a dû quitter, sous une pluie de grenades, son village de la région de Da­ mas. Il a fui vers la vallée de la Bekaa. Depuis, il vit avec ses trois filles et ses trois fils dans l’unique pièce d’une

petite cabane, mise à sa disposition par un villageois. Contrairement à de nom­ breux autres réfugié-e-s, il a eu la chan­ ce, jusqu’ici, de ne pas devoir payer de loyer. Contrairement aux pays voisins, le gouvernement libanais interdit l’éta­ blissement de camps. Dans la vallée de la Bekaa, la plupart des réfugié-e-s habi­ tent donc dans des logements et des

Aider les réfugié-e-s «oubliés» Nombre de réfugié-e-s ne sont pas enre­ gistrés. Pour plusieurs raisons: de peur que leur identité soit transmise aux servi­ ces secrets syriens, parce qu’ils ignorent qu’il fallait effectuer cette démarche, ou encore parce que le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) est à la limite de ses capacités. «Depuis deux semaines, ils sont nom­ breux à tenter, en vain, d’appeler la hot­ line», témoigne Christian Gemperli. Les personnes non inscrites ne reçoivent pas le soutien du HCR. Dans la vallée de la Bekaa, Solidar distri­ bue des couvertures, des poêles et des matériaux de chauffage. «Nous pouvons aussi soutenir les réfugié-e-s non enre­ gistrés. Pour ce faire, nous examinons avec la population locale si les personnes concernées sont bel et bien réfugiées.» Les quelque 50 000 réfugié-e-s vivent disséminés – un véritable casse-tête logistique pour la distribution de l’aide.

Une incertitude terrible A côté de l’aide d’urgence, Solidar Suisse soutient des activités de loisirs pour les enfants. Un théâtre de marionnettes con­ tribue à leur faire oublier – certes provi­ soirement – les horreurs de la guerre; il diffuse aussi des messa­ ges sur l’hygiène de base. «Les gens vivent dans des La situation est difficile tentes ou des garages – sans pour les adultes égale­ ment. «Le pire, c’est de ne couvertures ni poêles.» pas savoir, estime Chris­ garages privés. Ils doivent payer jusqu’à tian Gemperli. Les réfugié-e-s ignorent 250 francs pour une seule pièce. Le pro­ totalement quand ils pourront rentrer priétaire de son logement a fait savoir à chez eux, qui sera alors au pouvoir et s'il Khalil Qabbanis qu’il devrait également, leur faudra s’attendre à des représailles.» dès le mois suivant, s’acquitter d’un loyer. www.solidar.ch/syrie Ses efforts pour trouver un travail sont restés vains – même s’il accepterait *Nom modifié


POINT FORT 9 Lors d’inondations, l’eau arrive jusqu’à la poitrine de Rosa Lilian Molina.

«Notre existence est menacée» Au Salvador, le réchauffement climatique augmente l’intensité des catastrophes natu­ relles. Plongée dans une réalité inquiétante. Texte et photos: Alexandre Mariéthoz «Depuis mon arrivée, j’ai connu sept inondations. L’eau peut monter jusqu’à deux mètres. Souvent, les vaches et les chèvres se noient.» Rosa Lilian Molina, mère de quatre enfants, est établie depuis 1991 à Santa Marta. Ce village de 600 habitant-e-s vit principalement de l’agriculture et de l’élevage. Il se situe à proximité du Rio Lempa, le plus grand fleuve du Salvador. Récoltes détruites Rosa Lilian Molina est membre de la commission communale de la protection civile. Cette structure gère notamment le système d’alarme, les mesures d’éva­ cuation et l’entretien des abris d'urgence. Avec succès. «Nous n’avons jamais déploré le moindre mort, explique Rosa Lilian Molina. En revanche, les inonda­ tions déciment le bétail et détruisent les récoltes. Il faut ensuite attendre six mois avant la prochaine récolte de maïs. Et les cas de malaria augmentent.»

Aider les villages vulnérables Rocío García de Las Heras est responsa­ ble, au sein du bureau local de coordina­ tion de Solidar, du programme de pré­ vention des catastrophes. Elle souligne à quel point le réchauffement climatique touche le Salvador. «Depuis une dizaine d'années, les événements extrêmes sont encore plus fréquents. On observe à la fois davantage de sécheresses et d’ouragans.» Le programme Solidar, cofinancé par le projet d’aide humanitaire de la Commis­ sion européenne (ECHO), aide les villa­ ges les plus menacés à se protéger des inondations. Il optimise aussi la coordina­ tion entre les groupes locaux de protec­ tion civile et les organismes nationaux. «Dans les communes, les habitant-e-s savent déjà comment réagir, souligne Rocío García de Las Heras. Vu que les catastrophes sont plus fortes, il faut renforcer les moyens à disposition de la protection civile.»

Nouveaux abris Sur le terrain, Rosa Lilian Molina observe déjà des améliorations: «Nous avons bénéficié de conseils techniques pour mieux protéger les récoltes. Nous avons aussi reçu du matériel: radios, couver­ tures, outils. Et, surtout, de nouveaux abris sont construits.» Il reste toutefois du pain sur la planche. Rosa Lilian Molina souligne la nécessité d’améliorer la gestion des abris. «Lors des inondations d'octobre 2011, la Municipalité a distribué davantage de nourriture à certaines familles. Ce genre d’arbitraire provoque des tensions. Le programme actuel dispense une aide plus professionnelle, sur la base de critères clairs.» Il permet aussi aux villa­ ges de mieux faire entendre leurs reven­ dications. La société hydraulique qui exploite le Rio Lempa a ainsi accepté de financer un système d’alarme plus effi­ cace et l’amélioration des digues. Au fait, Rosa Lilian Molina a-t-elle déjà songé à quitter la région? «Jamais. Je suis attachée à cette terre. Et je me battrai pour continuer à y vivre.»

Votre don compte Grâce à votre don de 50 francs, une famille victime d’inondations recevra, dans un abri d’urgence, des matelas et des couvertures. www.solidar.ch/salvador-1.html


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Deux ans après les inondations, Bashiran Mai et sa famille habitent enfin dans une maison.

après le déluge, L’ESPOIR

Au Pakistan, deux ans après les inondations du siècle, les sinistré-e-s ont reconstruit leurs maisons. Avec l’appui de Solidar. Texte et photos: Stephan Titze, Solidar Suisse Bashiran Mai vit, avec son mari et leurs six enfants, dans le village de Basti Bahar Shah Maoua Shenh Wala, sur les rives de l’Indus. Comme beaucoup, elle a tout perdu en 2010, lorsque le fleuve est sorti de son lit et a détruit ou endomma­ gé plus de 1,7 million d’habitations. On a dénombré 14 millions de sinistré-e-s, dont la plupart vivaient sous le seuil de pauvreté avant la catastrophe. C’était le cas de Bashiran Mai, dont la famille sub­ siste avec les deux francs par jour que son mari gagne comme mécanicien. Une année dans un camp «L’inondation fut le début d’une période difficile, raconte-t-elle. Nous avons dû fuir le village pour nous mettre à l’abri. Durant des heures, nous avons porté notre fille handicapée, alors que l’eau nous arrivait à la poitrine.» La famille a passé toute une année dans un camp de réfugié-e-s, car elle n’avait pas de quoi reconstruire sa

maison. «Chacun se souciait de soi, ex­ plique la jeune femme. Nous ne recevions pratiquement aucune aide.» Les habitant-e-s pauvres du village ont pu reconstruire leurs maisons, grâce à Soli­ dar Suisse. Une étude, réalisée en faisant du porte-à-porte, a déterminé la taille, le revenu et la fortune des ménages. La liste des familles retenues a été affichée publiquement pendant deux semaines, pour permettre à quiconque de contester la sélection. La famille de Bashiran Mai figurait parmi les plus démunies. Elle a reçu du matériel et des ouvriers qualifiés l’ont aidée à reconstruire sa maison. «Nous avons alors repris espoir», confie Bshiran Mai. Eau verte et nauséabonde Shazad Bibi a également bénéficié de l’appui de Solidar. Divorcée et mère de trois enfants, elle comptait parmi les plus démuni-e-s du village, car nul ne voulait

lui donner du travail. Avant l’inondation, elle vivait déjà sans installations sani­ taires. La montée des eaux n’a fait qu’aggraver sa situation: «L’eau était ver­ te et sentait très mauvais. Presque tout le monde a eu la fièvre et la diarrhée, se souvient-elle. Nous ignorions pourtant que l’eau sale était à l’origine des mala­ dies.» Grâce à une formation, Shazad Bibi explique à présent cette relation de cause à effet aux gens de son entoura­ ge. Et elle est très fière d’avoir à nouveau une maison – avec des toilettes.

Des maisons résistantes A Basti Bahar Shah Maoua Shenh Wala, Solidar a aidé 900 familles à reconstruire leurs maisons. Désormais résistantes aux inondations, elles com­ portent douche et toilettes. Jusqu’alors, 80% des habitant-e-s n’avaient pas accès à des installations sanitaires. Plus de 1700 manœuvres et 600 arti­ sans ont, par ailleurs, suivi une forma­ tion sur des techniques pour bâtir des maisons capables de résister à la mon­ tée des eaux. Des cours sur l’hygiène et les maladies sont aussi organisés. www.solidar.ch/pakistan-1.html


point de vue 11

Plaidoyer pour LA Souveraineté alimentaire La production régionale prévient les pénuries alimentaires dues aux catastrophes naturelles. Texte: Olivier de Schutter, Rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation

La prévention des catastrophes et la sé­ curité alimentaire sont étroitement liées. Mais pour empêcher les famines et les pénuries alimentaires, il ne suffit pas de constituer des stocks et de maintenir la praticabilité de routes d’approvisionne­ ment. Il faut aussi se poser des questions sur la répartition globale de la production agricole et sur la dépendance des pays vis-à-vis du commerce mondial pour leur approvisionnement alimentaire. Incitations à exporter A l’Organisation mondiale du commerce (OMC), les opinions divergent sur la ma­ nière de garantir la sécurité alimentaire.

La production régionale protège des variations brutales de prix. Certains sont d’avis qu’il faut démanteler les barrières commerciales pour les pro­ duits agricoles, car tous les pays gagne­ raient à ce que les aliments soient pro­ duits où les coûts sont moindres. Cette argumentation a pu convaincre dans les années 1980 et 1990, lorsque la sur­ production et les prix à la baisse étaient des réalités. Les pays pauvres ont donc été incités à importer des denrées ali­

mentaires plutôt qu’à les produire euxmêmes. Ils ont restructuré leur agricul­ ture, de la production pour leur population vers la production à l'exportation. Menaces climatiques Mais les changements climatiques – à savoir les sécheresses et les inondations plus fréquentes – mettent en péril la capacité de régions entières à produire suffisamment de nourriture. Consé­ quence: d’ici à 2080, 600 millions de personnes supplémentaires seront me­ nacées par la faim. Un nouvel argument a donc surgi: si les régions concernées ne peuvent plus produire suffisamment pour nourrir leur population, c’est au commerce de garantir leur sécu­ rité alimentaire. On s’attend à ce que le commerce des denrées alimentaires double entre 2000 et 2030 si l'on n’investit pas massivement dans l’extension de l’agriculture en Afrique et si la capacité des pays concernés à gérer le réchauffe­ ment climatique ne s'améliore pas. Moins dépendre des marchés A l’OMC toujours, d’autres rappellent , au contraire, qu’une progression du com­ merce international des biens agricoles ne réduit pas la faim. La période des prix

bas des denrées alimentaires est révo­ lue. La croissance démographique, l’adoption d’une alimentation plus riche en protéines dans les pays émergents et en développement, ainsi que la concur­ rence croissante entre la production de denrées alimentaires et de carburant, dopent la demande. Les prix des denrées alimentaires sur les marchés internatio­ naux augmentent et sont de plus en plus instables. En restant dépendants des importations, les pays pauvres se retrou­ veront dans une situation précaire. Le changement climatique exige plutôt une décentrali­sa­tion de la production des denrées alimentaires, afin que chaque région puisse, si possible, couvrir seule ses besoins essentiels. Car en cas de récoltes perdues suite à une catastrophe, la concentration de la production dans certaines régions provoque des chocs de prix sur les marchés. La production régionale semble essentielle pour préve­ nir une telle situation. Le renforcement de la souveraineté ali­ mentaire régionale ne rend pas le com­ merce superflu. Mais ce dernier ne rem­ place pas les investissements dans la production agricole pour réduire les iné­ galités. Sinon, des régions entières doivent craindre pour leur stabilité sociale en cas de nervosité des marchés.


12 actualité

On ne joue pas avec la nourriture Des millions de personnes meurent de faim – alors que d’autres spéculent en toute impunité sur les denrées alimentaires. Ce scandale doit cesser. Texte: Andrea Arezina, Solidar Suisse. Illustration: Corinne Bromundt

Il est presque midi. Assise devant mon ordinateur, ma concentration baisse. Je me demande ce que je vais manger. De retour au bureau, je suis de nouveau pleine d’énergie et allégée des 25 francs que m’a coûté le repas au restaurant. En Suisse, les dépenses pour l’alimen­ tation représentent environ 20% de notre budget. La réalité est tout autre dans le Sud. Au Mozambique ou au

Nicaragua, les gens utilisent 60 à 80% de leur revenu pour se nourrir. Davantage de nourriture Vous souvenez-vous de l’explosion des prix de 2007-2008, lorsque les prix du riz et des céréales augmentèrent de 126%? Probablement pas, car en Suisse cette hausse ne s’est guère répercutée sur le budget des ménages. Mais dans les pays

en développement, le nombre des per­ sonnes sous-alimentées s’est accru de 40 millions. Un milliard d’êtres humains dans le monde souffrent aujourd’hui de la faim ou sont sous-alimentés. Cela ne relève ni du hasard, ni d’une responsabilité indivi­ duelle mal assumée, ni de la météo. Serait-ce dû à une pénurie alimentaire? Que nenni! Il y a bien assez de denrées


pour nourrir l’ensemble de la population mondiale. Durant la dernière décennie, la production des principaux aliments de base, comme le riz, le maïs et le blé, a augmenté d’un quart.

troisième grande banque européenne sur le marché des matières premières, UBS occupant le cinquième rang. Les caisses de pensions figurent parmi les bailleurs de fonds majeurs des banques pour cette spéculation sur les matières premières. En Suisse, elles Dérégulation des marchés Le problème est ailleurs: nombre de per­ gèrent environ 700 milliards de dollars. sonnes ne peuvent s’offrir ces denrées Selon une étude de KPMG, elles ont alimentaires. De plus, trop peu de den­ investi, en 2009, 1,75% de leur fortune dans les matières premières – ce qui La dérégulation des marchés représente plus de financiers a transformé le monde 12 milliards de dol­ lars. En Europe, les en un casino. caisses de pensions gèrent des sommes rées de première nécessité sont cul­ plus élevées uniquement en Grandetivées localement. Dès lors, les prix du Bretagne et aux Pays-Bas. marché mondial dictent leur loi. Or, ils sont deux fois et demi plus élevés qu’il Halte à ce jeu meurtrier! y a dix ans. L’une des raisons de cette Différentes études montrent que la spé­ augmentation réside dans la spéculation culation financière a des conséquences boursière sur les matières premières. La sur les prix des marchandises. Une dérégulation des marchés financiers, expertise de John Baffes et Tassos initiée dans les années nonante, a trans­ Haniotis, économistes réputés, conclut formé les bourses des marchandises en «que les activités des fonds indiciels ont gigantesques casinos. Les banques joué un rôle clef dans l’envolée des prix créent aujourd’hui constamment de de 2008». Baffes est l’analyste respon­ nouvelles possibilités de placements. sable, au sein de la Banque mondiale, du Aujourd'hui, tous ceux et celles qui ont marché des matières premières. Le nom­ une épargne peuvent investir dans l’un bre d’études critiques sur la spéculation des innombrables fonds – et parier sur s’accroît, contrairement à celles qui s’attachent à réfuter les liens entre des prix à la hausse. envolée des prix et spéculation sur les denrées alimentaires. Des profits mirobolants Les banques spéculent aussi avec leurs La deuxième plus grande banque alle­ propres fonds. Un procédé particulière­ mande, la Commerzbank, est récemment ment lucratif, car elles accèdent ainsi sortie du marché des transactions spé­ facilement à des crédits meilleur marché. culatives sur les denrées alimentaires. En outre, les banques disposent généra­ Une décision prise suite à une large lement d’un immense avantage en campagne d’ONG, qui a suscité un vif matière d’informations: leurs courtiers écho auprès de l’opinion publique. sont directement présents dans les bour­ On ne joue pas avec la nourriture! C’est ses et, via les nombreux ordres de leur pourquoi Solidar Suisse soutient très clientèle, disposent de points de repère activement l’initiative «Pas de spéculation quant à l’évolution du marché. Le Crédit sur les biens alimentaires». Les signatu­ Suisse a engrangé, en 2011, un bénéfice res nécessaires doivent être récoltées de 321 millions de dollars grâce à la d'ici fin 2013. Si vous n'avez pas encore spéculation sur les matières pre­mières. signé, faites-le dès maintenant: Pour UBS, le profit a atteint 152 millions www.solidar.ch/linitiative-stop-lade dollars. Le Crédit Suisse est ainsi la speculation.html

CHRONIQUE Hans-Jürg Fehr Président de Solidar Suisse et conseiller national

De l’eau grâce à la démocratie Au Mozambique, les femmes de Chiba­ bava ne doivent plus passer six heures par jour à transporter l’eau de la rivière jusqu’au village. Une eau polluée, qui rendait souvent les gens malades. Le village dispose désormais d’un puits, qui fournit de l’eau potable. Les femmes peuvent consacrer davantage de temps aux champs. Le revenu fami­ lial s’en trouve amélioré et les gens sont un peu moins pauvres. Toutefois, il n’y a pas que le résultat qui compte. Il y a aussi le chemin pour y arriver: les gens de Chibabava ont décidé ensemble, dans le cadre d’un processus démocratique, à quoi ils voulaient consacrer les modestes moyens que l’Etat met à leur disposi­ tion. C’était une première. Lors d’assemblées consacrées au budget, ils ont défini quel besoin élémentaire devait être satisfait en priorité: l’eau, l’école ou l’accès aux soins. Autrefois, les problèmes des gens étaient discu­ tés par des politiciens lointains, d’abord par les colons portugais, puis par leur propre caste dirigeante. Les nanti-e-s veillaient à la satisfaction de leurs propres besoins, ils soignaient leur clientèle et il ne restait rien pour les pauvres. Démocratiser les institutions est primordial pour lutter contre la pauvreté. Mais la démocratie, cela s’apprend. De bas en haut. Solidar encourage ce processus. Notre équipe, au Mozambique, conseille et accompagne femmes et hommes sur le difficile chemin vers l’autodéter­ mination et la prise de responsabilité.


14 Brèves Salvador: évacuation brutale

Bolivie: une rencontre très créative En octobre 2012, 150 jeunes se sont rassemblés dans la ville bolivienne de Cochabamba pour un échange de trois jours. Ils ont présenté des pièces de théâtre, des courts métrages et des danses sur différents thèmes: vie sans violence, droit à l’information et travail digne. Ces créations ont été conçues dans le cadre de LanzArte, qui offre à des jeunes de différentes régions du pays la possibilité d’exprimer, par des moyens créatifs, leurs interrogations, leurs idées et leurs rêves. Le programme de Solidar stimule la confrontation des jeunes avec des questions actuelles de société. Il contribue ainsi à la construc­ tion d’une société juste et démocratique. www.solidar.ch/bolivie.html

Fin octobre dernier, la police a violem­ ment évacué, au centre de San Salva­ dor, 1700 stands fixes – qui font vivre près de 5000 familles. Les dommages engendrés par l’opération policière se montent à 1 987 000 dollars. L'opération a été menée sous prétexte d'améliorer la sécurité. Un tel argument est absurde. Les vendeurs et vendeuses de rue ne représentent aucun danger. De plus, l'insécurité est surtout concen­ trée dans les faubourgs, qui sont le théâtre de violences entre les gangs – les tristement célèbres ''maras''. Les personnes évacuées sont revenues au centre-ville. Elles y vendent leurs produits à même le sol. La nuit, plu­ sieurs personnes dorment sur place,

Un énorme gisement d’informations Afin de faciliter l’accès aux informations sur la coopération au développement, Alliance Sud a développé un portail multi­ média. Il présente plus de 100 films, classés thématiquement, de l’énergie à la culture en passant par les migrations et

Cinéma Nord/Sud Les 18e journées du cinéma Nord/Sud se dérouleront dans plusieurs villes, du 20 février au 20 mars. Thème princi­ pal: «Acheter, jeter, recycler. Le défi mondial des déchets». D’autres films traitent de la mondialisation de l’éco­ nomie, de la production d’équipements de football au Pakistan et du commerce équitable. Pour consulter le programme: www.filmeeinewelt.ch/index_fr.html

Afrique du Sud: grévistes agressés Le 15 octobre 2012, une manifestation du personnel de la voirie a été attaquée. Des agresseurs armés de fouets ont

par crainte que la police confisque toute leur marchandise. La Municipalité de San Salvador, présidée par le candidat de la droite à l’élection présidentielle de 2014, refuse de négocier un nouvel emplacement. www.solidar.ch/news

les matières premières. Il sera constam­ ment enrichi de nouvelles productions. Ces vidéos, d’environ cinq à dix minutes en moyenne, sont pour la plupart en fran­ çais ou en allemand. Le portail permet d’accéder à des vidéos, des infographies, des caricatures, des photos et des blogs. www.alliancesud.ch/multimedia/fr

poursuivi et battu les manifestant-e-s. Trois personnes ont été blessées. Les agresseurs se sont ensuite rendus à la consultation pour les travailleurs et tra­ vailleuses intérimaires (CWAO), mena­ çant de tout dévaster. Le personnel de la voirie était en grève depuis deux semaines. Il protestait contre le fait d’être employé par des entreprises sous-traitantes plutôt que directement par l’administration com­ munale. Les conséquences de cette politique sont particulièrement néfas­ tes: prestations sociales inférieures, salaires de misère – qui ne sont sou­ vent pas payés sous prétexte que les rues ne seraient pas assez propres. Solidar Suisse soutient fermement la CWAO et son engagement pour les droits des employé-e-s de la voirie.


actualité 15 La population bolivienne s’implique toujours davantage dans le développement communal.

Un effet très mobilisateur L’impact de la coopération au développement doit pouvoir se mesurer. Comment? Entretien avec Joachim Merz, responsable du programme Solidar en Bolivie. Entretien: Katja Schurter. Photo: Joachim Merz

Peux-tu démontrer l’impact du travail réalisé par Solidar en Bolivie? L'an dernier, le programme de promotion culturelle urbaine (voir encadré) a fait l’objet d’une évaluation externe. L’impact d’un fonds auquel les communes peu­ vent s’adresser pour de la formation continue ou des conseils techniques a été mesuré. L’évaluation a montré que la moitié des communes boli­viennes utili­ saient ce service. Les communes qui y ont eu recours ont beaucoup mieux géré leur budget que les autres, et leur usage de cet argent n’a fait l’objet d’aucune contestation. Le fond a donc contribué à l’efficience de l’administration.

Cet aspect est difficilement quantifiable, mais pour que la population puisse parti­ ciper, il faut que les structures communa­ les fonctionnent. Elles appellent la popu­ lation à déposer des projets et à élaborer des propositions qui améliorent l’accès à la formation et la santé ou qui renfor­ cent la participation. Ces trois dernières années, 15 initiatives déposées par des femmes et 70 projets préparés par des jeunes ont été primés. Les projets rete­ nus ont été dotés d’un certain montant et leur réalisation a bénéficié d’un accompa­ gnement. Les projets ont aussi fait l’objet d’une campagne de communication, afin de susciter le dépôt d’autres propositions.

Est-ce que l’appel à ce fonds renforce la participation des femmes et des jeunes – l’un des objectifs de Solidar?

Quelle est la portée de ces initiatives? L’évaluation a montré qu’elles avaient un effet incroyablement mobilisateur. Les

propositions sont venues de tous les coins du pays. Les gens se rendent compte qu’en s’engageant, ils peuvent changer quelque chose et améliorer leur quotidien. En plus, ces initiatives servent de levier: à Quillacollo, par exemple, un réseau féminin a monté un service de conseil juridique. Nous avons soutenu ce projet à hauteur de 1000 francs. Cela a incité la commune à investir 40 000 francs pour l’installation des locaux. Un signal fort: celui qui aura recours à la violence devra désormais rendre des comptes. Mais peut-on vraiment attribuer cet effet au projet? D’autres facteurs n’influencent-ils pas le succès ou l’échec d’une réalisation? D’autres facteurs jouent, bien sûr, aussi un rôle. Quand il s’agit d’obtenir des changements durables, il est parfois dif­ ficile de déterminer précisément l’origine de tel effet. Mais nous sommes tenus d’évaluer notre travail de manière interne et externe. Cet exercice régulier est très utile pour améliorer encore nos projets.

Promotion culturelle en Bolivie Le programme «Promocion cultura ciudadana» stimule le fonctionnement démocratique des communes et ren­ force l’impact du service public. Soli­ dar encourage ainsi l’égalité des chances et améliore les conditions de vie de personnes défavorisées. www.solidar.ch/democratie-etdeveloppement


16 concours Le sudoku de Solidar 3

5 8

2 7

1

5

Envoyez la solution à Solidar Suisse, sur une carte postale, ou par e-mail à contact@solidar.ch, sujet «sudoku». Toutes les réponses correctes partici­ pent au tirage au sort.

8

1 7

Prix Trois bons gebana d’une valeur de 40 francs avec un set de dégustation comportant 12 sortes de fruits secs exotiques. www.gebanashop.ch

3 7

4 9

8 2

Solution

Invitation

Règles du jeu Complétez les cases de la grille avec les chiffres de 1 à 9, afin qu’il n’y ait aucune répétition et aucun doublon dans chaque colonne, ligne et carré de 3x3. La solution se trouve dans les cases grises lues horizontalement, selon l’équivalence ci-dessous: 1=C, 2=H, 3=S, 4=O, 5=R, 6=P, 7=T, 8=E, 9=A

1

4 2

9

6

6 3

5

La date limite d’envoi est le 18 mars 2013. Le nom des gagnant-e-s sera publié dans Solidarité 2/2013. Le concours ne donne lieu à aucune correspondance, ni à aucun recours. Le personnel de Solidar n’a pas le droit d’y participer. La solution de l’énigme de Solidarité 4/2012 était «aide urgente». Silvia Bertschinger, de Winterthur, a gagné un porte e-Pad; Monique Tschalèr, de Chêne-Bourg, et Suzanne Bonzon, de Bière, ont quant à elles gagné une clef USB. Nous remercions vivement tou-te-s les participant-e-s au jeu, ainsi que l’OSEO Vaud et l’OSEO Suisse centrale pour les prix offerts.

Quand je ne serai plus là …

Assemblée générale 2013 de Solidar Suisse Lundi 6 mai, 16h30, à Zurich, Volks­ haus, Weisser Saal, Stauffacherstr. 60. Programme 16h30: Assemblée statutaire Tou-te-s les membres de Solidar Suisse sont invités. Veuillez vous an­ noncer d’ici au 15 avril, par courriel (contact@solidar.ch) ou par téléphone (021 601 21 61). L’assemblée se terminera par un apéritif. 18h Débat public sur l'aide humanitaire avec Peter Maurer, président du CICR. Informations sur: www.solidar.ch/agenda

Après ma mort, je veux permettre à des enfants de bénéficier, au Burkina Faso, d’une école de qualité. Vous voulez savoir comment rédiger un testament et quelles sont les règles importantes en la matière? Commandez notre notice ou contactez-nous! Vous trouverez de plus amples informations sur la rédaction d’un testament dans nos notices: http://www.solidar.ch/fr/legate-und-testament.html. Vous pouvez aussi contacter Stéphane Cusin, service donateurs: 021 601 21 61 ou stephane.cusin@solidar.ch


réseau 17 Cette rubrique constitue la plateforme des organisations de notre réseau. On y trouve des informations sur les associations régionales de l’OSEO, qui dispensent notamment un soutien aux personnes sans emploi et aux migrant-e-s. Une longue histoire et des racines communes unissent Solidar et les OSEO régionales.

OSEO Vaud: INIZIO au service de l’art A l’occasion du centenaire de la créa­ tion du Sacre du printemps au Théâtre des Champs-Elysées à Paris, le choré­ graphe Cisco Aznar revient à Lausanne pour une création lyrique en l’honneur

OSEO Suisse centrale: nouveau directeur Le 1er février 2013, Ruedi Fahrni est devenu le nouveau directeur de l’OSEO Suisse centrale. Il succède à Felix Föhn, qui a quitté l’organisation au bout de 14 ans pour reprendre la direction de l’établissement pénitentiaire de Wauwi­ lermoos, dans le canton de Lucerne. Felix Föhn a dirigé l’OSEO Suisse cen­ trale avec beaucoup de dynamisme: les effectifs du personnel et le nombre d’activités proposées ont doublé au cours des six dernières années. Il a également accompli un travail remar­ quable au sein de la conférence régio­ nale, qui réunit les directrices et les

directeurs des associations régionales OSEO. Avant d’être nommé à la direction de l’OSEO, Ruedi Fahrni a été responsable du service de l’asile et des réfugié-e-s au sein de l’Office des migrations du canton de Schwyz. Il a aussi dirigé Pro Arbeit, une organisation zougoise sans but lucratif. Que ce soit dans l’économie privée ou au sein d’œuvres d’entraide, Ruedi Fahrni a occupé diverses fonc­ tions dirigeantes. Il a mené à bien de nombreux projets dans les domaines juridique et institutionnel. www.sah-zs.ch

du chef-d’œuvre de Stravinsky. L’Opéra nouvellement rénové accueillera, les 3 et 5 mai 2013, le chorégraphe cata­ lan et les danseurs de l’Ecole-Atelier Rudra Béjart, sous la direction de Michel Gascard. Ce Sacre sera accom­ pagné d’une pièce d’ouverture, Mulam­ bo. INIZIO, la Mesure d’éducation spécialisée en vue de l’insertion profes­ sionnelle (MESIP) de l’OSEO Vaud, contribuera à l’événement en confec­ tionnant les masques originaux des danseurs et danseuses. Ici encore, et de manière toute particulière, les objets produits par les participant-e-s d’INIZIO seront initiateurs de rencontres, en tis­sant des liens entre deux mondes. www.oseo-vd.ch www.opera-lausanne.ch


18

La malaria, notre ennemie Au Mozambique, beaucoup d’enfants meurent de la malaria. Filomena João lutte contre la propagation de cette maladie. Texte et photo: Christian Engeli


portrait 19 Mais quand j’ai entendu que Solidar organisait des cours pour lutter contre la malaria, je n’ai pas hésité.

Filomena João mène un travail de sensibilisation, afin d’éviter que de nombreux enfants soient infectés par la malaria.

Pour lutter contre la malaria au Mozam­ bique, Solidar ne se contente pas de distribuer des moustiquaires, elle forme aussi des comités anti-malaria. Filomena João fait partie de l’un d’eux. Elle transmet à toutes celles et ceux qui l’écoutent le message suivant: nous pouvons tenir tête à la malaria, nous ne sommes pas sans défense devant la maladie. «La maladie nous tue, en particulier nos enfants. J’ai vu tant de gens souffrir de cette maladie. Je me suis toujours sentie si impuissante, si démunie, et désespérée. Mais maintenant, je peux agir. J’ai cinq enfants. Heureusement, ils sont tous en bonne santé. Je ne connais pas précisé­ ment mon âge. Je ne sais ni lire, ni écrire.

Elle montre comment utiliser la mousti­ quaire. Et cette illustration-là me permet d’expliquer les symptômes de la malaria: accès de fièvre, frissons, violents maux de tête. Quand ton enfant présente ces symptômes, tu dois immédiatement aller chez le médecin.»

Un rituel plein de sens Dans notre village, 15 personnes pou­ vaient participer. Heureusement, j’en étais. Le cours était excellent, très utile. Pendant trois jours, nous avons tout Millions de victimes appris sur la malaria: comment elle se Toutes ces choses, et bien d’autres transmet, comment on peut assécher les encore, Filomena João me les raconte lieux de ponte des moustiques, quelles avec un enthousiasme contagieux. Elle a plantes on peut utiliser pour éloigner les déjà parlé avec des centaines, si ce n’est moustiques, quels sont les symptômes de la maladie. Presque tout était nouveau «Assécher les pour moi. Quand j’étais petite, flaques d’eau et couper je voyais souvent mes pa­ l’herbe à ras.» rents enfumer la maison; ils me disaient que c’était effi­ cace contre la malaria. Devenue adulte, des milliers de personnes. Je suis sûr j’ai fait comme eux, mais je ne connais­ qu’elles ont aussitôt asséché les flaques sais pas le sens effectif de ce rituel. d’eau autour de leurs maisons et fauché Aujourd’hui, je sais que la fumée est l’herbe. censée chasser les moustiques, syno­ Au Mozambique, la malaria est encore nymes de fièvre ou même de mort pour l’une des premières causes de mortalité tes enfants. Aujourd’hui, je comprends infantile. L’année dernière, on a dénom­ bré près de quatre millions de cas – dont mieux certaines choses. la moitié étaient des enfants de moins Parler de la malaria au puits de cinq ans. Toutes les personnes qui ont participé au Mais il y a quelques années, ce chiffre cours font désormais partie, dans notre était de six millions. Un progrès qui est district, de l’équipe de prévention contre aussi dû à l’engagement inlassable de la malaria. Nous allons d’un village à Filomena João. l’autre pour transmettre notre savoir. Mais je n’attends pas qu’une assemblée soit organisée pour prendre la parole. Je m’approche des gens et je leur parle. Le matin, par exemple, quand je vais cher­ cher de l’eau au puits. Ou quand je vois Prévenir la malaria les gens faire la queue devant le dispen­ saire. Je vais vers eux et je discute de la Solidar Suisse veut enrayer la diffusion maladie. Je leur explique comment éviter de la malaria au Mozambique et faire qu’elle se répande. Je le fais parce que diminuer le taux de mortalité dû à cette la malaria est notre ennemie. maladie. Notre organisation forme des Solidar m’a donné un grand livre avec comités anti-malaria, qui montrent à la des images sur la malaria. On voit, par population comment se protéger de la exemple, ce que tu peux faire afin que maladie. Un accent particulier est mis les moustiques ne pondent pas à proxi­ sur la distribution de moustiquaires et mité de chez toi: assécher toutes les l’amélioration des soins. flaques d’eau et couper l’herbe à ras. www.solidar.ch/mozambique.html Regarde, cette page est très importante.


MERCI! Nos donateurs et donatrices ont témoigné d’une immense solidarité avec les réfugié-e-s syriens au Liban. Grâce à votre générosité, Solidar a pu distribuer de la nourriture et des articles de première nécessité à 1300 familles. Nous avons pu former des bénévoles sur place et, en prévision de l’hiver, fournir des couvertures et des poêles aux réfugié-e-s. Solidar Suisse vous remercie de tout cœur!


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