L'invEntion sur LE tErrain
INCLUSION SOCIALE
ETRE pour se former par les chemins verts En Haute-Garonne, l’école ETRE remobilise, forme et accompagne sur la voie de la transition écologique des jeunes en décrochage scolaire ou en questionnement. Elle s’appuie notamment sur le faire-ensemble, la réflexion collective et l’expérimentation. Une belle pousse qui essaime.
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«
ous avez inventé une école pour les jeunes qui n’aiment pas l’école ! » Cette réflexion d’un jeune à l’adresse de Frédérick Mathis, codirecteur de l’association 3PA (penser-parler-partager-agir)1, résume parfaitement l’ambition de l’École de la Transition écologique (ETRE)2 qu’il a initiée en 2017. Sa mission : former des jeunes en difficulté à la fois aux métiers « verts », créés pour répondre à la transition écologique, et « verdissants », c’est-à-dire existant déjà, mais en cours de transformation. « Des métiers d’avenir », note Doriane Silvestre, chargée de mission essaimage et accompagnatrice des écoles ETRE, citant des chiffres de l’Ademe (Agence de la transition écologique) : « à peu près 340 000 emplois d’ici quinze ans. » PRENDRE DES CHEMINS BUISSONNIERS « Sensibiliser aux questions de transition écologique des publics qui ne le sont pas ou très peu, principalement des jeunes issus des quartiers prioritaires de la ville de Toulouse », tel était le premier enjeu de Frédérick Mathis. Plutôt que d’intervenir directement dans leur quartier, il voit dans le décloisonnement un des éléments-clés de leur remobilisation : en lien avec les associations de prévention, il s’agit donc de les amener sur place, à 25 kilomètres de la gare la plus proche de l’école, Muret. « Tout le monde nous a dit qu’on allait se planter avec la distance Muret-Toulouse », se souvient-il. Mais finalement, ce qui devait être un obstacle, contourné grâce à une navette, va s’avérer l’un des atouts de cette formation qui suit des chemins buissonniers. 78
En rien univoque, l’école a su multiplier les dispositifs de remobilisation autour de l’environnement pour accompagner ses différents publics. « On dit “jeunes en difficulté” pour faire court, mais on a effectivement une part du public qui est plutôt en décrochage scolaire, en même temps des personnes en situation de handicap, une part qui a fait des études mais est en questionnement, précise Doriane Silvestre. C’est ce que l’on aime aussi : pouvoir mixer tous ces publics-là dans un dispositif. » Basée à Lahage, comme 3PA, dans plus de 3 000 mètres carrés de bâtiments sortis de l’abandon, l’école ne manque pas de supports de sensibilisation pour tous avec ses deux hectares de terrain, son potager, sa ferme et ses animaux. HUIT PARCOURS ET DISPOSITIFS ETRE mise sur l’expérience de terrain plus que sur un programme préétabli pour valider des connaissances. « À chaque fois que l’on mettait en place un dispositif pédagogique, on voyait bien que le public était en demande de plus », explique le fondateur. « Et dès qu’on les remettait dans le système éducatif classique, ils n’arrivaient pas à y rester », poursuit celui qui fut élève des écoles Cousinet et Montessori avant d’être diplômé d’un master en science de l’éducation. Petit à petit, 3PA va donc développer des modules plus longs et plus spécifiques. Actuellement huit dispositifs sont proposés, de la découverte des métiers verts à la formation en menuiserie, en passant par les chantiers jeunes ou la promotion des métiers de l’environnement. Tous n’ont pas lieu simultanément « parce qu’il y a quand même une notion de parcours, V
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