Pli Bel Lari : bien plus qu’un ravalement de façade du quartier

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L'invEntion sur LE tErrain

VIVRE-ENSEMBLE

Pli Bel Lari : les couleurs nouvelles d’un quartier En 2014, Pli Bel Lari, c’était quelques Guadeloupéens rompant leur isolement pour repeindre les façades des murs du quartier Vatable de Pointe-à-Pitre, alors en déshérence. Sept ans plus tard, c’est une méthode de vie et d’entraide pour faire revivre la cité grâce au soutien de toutes les populations.

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n ce début d’année 2021, toutes les générations se croisent entre le visage d’un Bouddha, les plantes et les pierres d’un jardin zen qui a poussé pendant la crise sanitaire au cœur du quartier Vatable. Au sein d’une « dent creuse », terrain vague encastré entre deux bâtisses, ce havre de paix est l’un des derniers projets de Pli Bel Lari. Un bénévole de l’association, le paysagiste Jean-Bernard Lamasse, en a eu l’idée. D’autres membres de tous âges ont nettoyé, l’entreprise Jardin et Paysage a gracieusement terrassé le lieu, puis d’autres volontaires ont repeint les murs. « Rien qu’en protégeant les lieux, notamment les jardins et fresques, certains jeunes contribuent désormais à l’effort collectif initié par Pli Bel Lari. Ça n’a pas toujours été facile, il a fallu en passer par des phases d’incompréhension », explique l’artiste graffeur Pacman, quasi quadragénaire dont la famille est originaire de la Dominique voisine. Ce n’est pas le moindre tour de force de cette opération que d’être parvenue à faire se parler des générations en levant des années de malentendus : les adolescents qui « tenaient les murs » ne sont désormais pas les derniers à donner des coups de main aux anciens. RAVALEMENT DE FAÇADES QUI FAISAIENT GRISE MINE Tout a commencé un week-end de mars 2014. Quelques seaux de peinture, pas mal de pinceaux et beaucoup d’huile de coude… Une poignée d’habitants du quartier Vatable de Pointe-à-Pitre décident de se prendre en main, histoire de redonner des couleurs aux rues et 56

façades qui font grise mine quand d’autres s’écroulent. « J’étais très triste de voir mon quartier se délabrer, ça allait de mal en pis », se remémore Maxe Custos, née au 47, rue Dugommier, là même où cette septuagénaire réside toujours. Très vite, cinq maisons sont repeintes, dix, vingt… Et ainsi de suite. « D’autres s’y mettaient d’eux-mêmes et retapaient leur intérieur », reprend la doyenne, aux abords du centre historique et de l’usine Darboussier, l’ancien poumon économique de la ville. Autrefois très commerçantes et animées, ces rues emblématiques du centre-ville tombaient en décrépitude, abandonnées au marché de la drogue et à la prostitution. « Alors, pour notre dignité, parce qu’on connaît la valeur de ce quartier, on a initié ce projet », reprend Sylvie Adelaïde, présidente de l’association Atelier Odyssée. Cette architecte, urbaniste et artiste peintre va du coup fédérer les premières bonnes volontés pour ce projet qui prend pour nom Pli Bel Lari. Un slogan, doublé d’un objectif : remettre de la couleur dans le quotidien. PAS FORCÉMENT FAIRE BEAUCOUP, MAIS FAIRE BIEN « Et les questions sont vite arrivées : pourquoi faire ceci ? La mairie était-elle derrière ? Il a fallu faire un effort de pédagogie, en leur disant que ce n’était que le fruit de notre bonne volonté ! » Dans ce quartier peuplé de précaires, de personnes âgées, de migrants débarqués des îles voisines, il a fallu lever les suspicions avant que les habitants ouvrent leurs portes. Sylvie Adelaïde a misé sur le temps, juste soutenue par deux partenaires : un fournisseur de peinV

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