Numérique et solidarité : ce qu’a changé le confinement

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visions dE La soLidarité soCiaLE

ANALYSE

Numérique et solidarité : ce qu’a changé le confinement Avec la distanciation, les acteurs comme les bénéficiaires ont dû se confronter à une numérisation de leurs pratiques, dévoilant ainsi, mais aussi réduisant, la fracture numérique sur le terrain de la solidarité. De quoi poser les premières briques d’un chantier aussi indispensable qu’immense.

L

es premières semaines de confinement de mars 2020 ont été marquées par une désorganisation brutale de l’activité sociale et solidaire. Les magasins d’Emmaüs Défi ont dû fermer, les commerçants du réseau solidaire Le Carillon ne pouvaient plus, pour beaucoup, offrir aux sansabri un accès aux toilettes, à l’eau, au chargement de leur téléphone, etc. Les centres de formation et d’accompagnement social ne pouvaient plus recevoir leur public et manquaient de personnel en raison de la fermeture des écoles, et donc de la garde d’enfants à domicile, etc. La réponse à l’urgence sociale, aggravée par la crise, a alors tant bien que mal migré vers le numérique. L’association Amelior, qui fédère les travailleurs de la collecte et de la revente, les ferrailleurs du recyclage et du réemploi, a, par exemple, monté une cagnotte solidaire en ligne pour tenter de compenser les revenus perdus de ces travailleurs précaires, Roms 42

pour la plupart1. Partout en France, de nombreux collectifs se sont constitués spontanément ou sous l’impulsion d’associations existantes, via les réseaux sociaux grand public, afin de collecter des denrées alimentaires, des produits d’hygiène, etc. On a constaté une accélération générale des pratiques numériques solidaires : formation et accompagnement à distance, soutien psychologique par téléphone, groupes de discussion en ligne, etc. Entourage, le réseau social des personnes sans abri, a observé une mobilisation de nouveaux citoyens et une utilisation plus fréquente de l’application par les personnes en précarité, accueillant de nouveaux profils de bénéficiaires : des mères seules ou de jeunes couples avec peu de revenus. Cependant, l’impréparation de la plupart des acteurs de la solidarité, mais aussi des bénéficiaires, en raison d’un manque d’expérience et d’infrastructures numériques existantes, a provoqué beaucoup de difficultés et de confusion. « Avant le confinement,

seul un quart des conseillers dans les missions locales en France métropolitaine et dans les territoires ultramarins avaient des pratiques numériques autres que le mail et le téléphone », rapporte ainsi Ahmed El Khadiri2, responsable de la stratégie numérique de l’Union nationale des missions locales, réunissant des associations d’insertion sociale et professionnelle de jeunes de 16 à 25 ans en difficulté. Et, du côté des bénéficiaires, dans le cas de la formation professionnelle, neuf stagiaires sur dix ont découvert la formation à distance à l’occasion de la crise sanitaire, observe l’étude Défi Métiers3. « BRICOLER » DES SOLUTIONS NUMÉRIQUES Dans l’urgence, beaucoup se sont d’abord saisis des outils accessibles sur le marché, sans trop de réflexion préalable. Les formateurs de POLE, plateforme d’orientation linguistique et d’accès à l’emploi à destination des migrants, ainsi que de FIDE (ForV

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