Casablanca, enjeu des pouvoirs Mouvements sociaux et environnement urbain. ijso I 2005
Casablanca, enjeu des pouvoirs. Mouvements sociaux et environnement urbain. Introduction Les émeutes, quelques dates I – Casablanca, la ville à la veille du Protectorat - L’ancienne Médina intra-muros, un noyau homogène - L’éclatement de l’ancienne Médina, l’apparition de ses faubourgs et de la ville européenne
II - Ville et pouvoir colonial. A- Le projet urbain de Lyautey, comment asseoir son pouvoir. - Les premières préoccupations sécuritaires - La constitution d’un terreau propice aux mécontentements, le plan Prost - Un urbanisme capitaliste - La juxtaposition B - La ségrégation ethnique, et sociale - La séparation des communautés - Lyautey et l’élite indigène, la Nouvelle médina C - La ville du Pouvoir - Le degré de représentativité - L’indigénisation des architectures - L’appropriation spatiale et l’extension de la ville Européenne - Les différents modes d’urbanisation D - L’émergence des contradictions - L’apparition des derbs, la ségrégation sociale. - Les bidonvilles - Émeutes et nationalisme III - Tournant de la stratégie urbaine coloniale. A - «Le logement pour le plus grand nombre» - Les cités de recasement en réponse aux bidonvilles - La «périphérisation», une continuation de l’exclusion et de la différenciation spatiales B - Ecochard, «la marge de manœuvre» - L’idéologie sécuritaire coloniale: «la ceinture rouge» - Spéculations et enjeux personnels contrariés - Des espaces à «haut risque» C - La projection des Pouvoirs sur l’espace de la ville - Un zonage maintenu - L’État dans la ville
- Une «ville linéaire industrielle» - Réseaux routiers, intégration urbaine et maintien de l’ordre IV – Au lendemain de l’Indépendance politique A - 1956-1970, «l’aménagement conjoncturel». - L’organisation spatiale, similitude, continuité ou rupture - De la ségrégation spatiale à la hiérarchisation sociale; mouvements de modernisation - La multiplication des distances et l’éloignement; la croissance continue de la périphérie, source d’exclusion - La spécialisation productrice de disparités - Émeutes et conditions socio-spatiales, 1965 B - Une période décisive, la décennie 70 - Un début de prise en charge - La crise économique de 1973 et ses effets - L’occupation hiérarchisée violente, les causes lointaines V - 1981, une accélération de la politique urbaine marocaine A - Casablanca dans l’émeute - La conjoncture économique, les causes immédiates - L’émeute, les symboles visés, la symbolique des destructions. Pillage, revanche et mécontentement social. - Témoignage B - La ville, nouvel enjeu politique, «l’urbanisme de l’urgence» - Les émeutes et la réaction immédiate - Le maillage administratif - Le schéma directeur et l’élaboration de nouveaux instruments de planification urbaine - «L’armature urbaine» - Une politique de logements sociaux - Le bidonville, une forme d’habitat en voie de disparition? - La structuration de la périphérie C - Aménagement et contrôle socio spatial L’aménagement, instrument de maîtrise de la ville - Intégration, ségrégation et répression - Inégalités et morcellement - Des instruments de planification, au service d’une politique sécuritaire - Des représentations sociales négatives, des contenus sociaux peu différenciés VI - Une «citoyenneté par effraction» A- Les émeutes, conséquence d’un processus d’exclusion - «Le logement et le monde des signes» - Une exclusion institutionnelle, la «ville légale» versus la «ville légitime» B - Émeutes ou mouvements sociaux ?
- Une forme de citadinité - La rue et l’émeute, mise en abîme; l’espace, enjeu et support de la contestation - Les compétences citadines à l’épreuve de l’exclusion
Les dynamiques actuelles Vers une persistance des mêmes logiques I - La juxtaposition A - La fragmentation, une persistance B - Les différents tissus Description, présentation. C - La radio-concentricité La centralité urbaine, le réseau viaire et la question des mobilités urbaines II - Les dynamiques actuelles
A - Les zones d’extensions B - «Les espaces de reconversion» (M. Nachoui), de nouvelles tendances
C - La permanence de la question du logement Le logement économique et l’habitat insalubre
Bibliographie
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Casablanca, enjeu des pouvoirs. Mouvements sociaux et environnement urbain.
L’implication des grandes villes occidentales dans les changements historiques, les bouleversements politiques, sociaux, économiques, intellectuels, artistiques, révèle leur rôle essentiel dans nos sociétés et nos histoires. Pour ce qui est du monde arabe Mohammed Berdouzi écrit que, «dans une rétrospective historique fort schématique, le rôle politique de la ville semble s’être inversé. Dans le monde Khaldounien, la ville était le centre du pouvoir d’État, dynastique, princier, impérial, sultanien ou autre. Certes, ce pouvoir prenait appui sur la campagne de diverses manières dont, notamment, la propriété foncière, les liens de soumission, de servage et d’allégeance, les réseaux de production et d’échanges; les engagements collectifs au service militaire «tribal» et ainsi de suite. Mais, un peu comme le cerveau dans la boîte crânienne, le pouvoir politique d’antan était littéralement sous muraille en ville. […] Par contre, dans le monde moderne, la ville s’est muée en centre de contestation, de révolution ou de rotation pacifique des élites au pouvoir. Du Paris de la Commune, à Téhéran du bazar, à Berlin qui cassa son mur, la ville moderne démontre sa puissance de remise en cause des ordres établis, même les plus puissants». Claude Liauzu rajoute que «dans le monde arabe et le Maghreb, à l’exception de la guerre paysanne algérienne, dont l’enjeu est aussi la prise d’Alger, c’est bien la ville qui est le centre des mouvements populaires contemporains comme celui du pouvoir. Avec les indépendances et la croissance urbaine, ces dominantes se renforcent. La ville, lieu d’accélération des évolutions, d’accumulation des potentialités de la société débloquée, est l’espace où le politique vient aux masses, où les masses viennent au politique.» On semble ainsi assister à l’émergence d’une nouvelle forme de pouvoir avec laquelle il faut désormais compter, la rue et cette définition semble d’à propos lorsqu’il y est écrit: «la rue, les milieux populaires, le peuple susceptible de s’insurger -céder à la pression de la rue». Cette dernière semble donc devenir un élément de contre-pouvoir mais surtout le lieu rendant possible la confrontation des Pouvoirs: celui des Etats et celui «du peuple détenant le Pouvoir du droit d’exiger quelque chose, la capacité effective d’exercer une autorité sous peine de sanction» (Jacqueline Russ). La sanction étant le mécontentement sous ses expressions les plus diverses et, dans le cas de Casablanca, l’émeute et sa menace. Comme une sorte de mise en abîme, la rue est avant tout vécue et sentie, mais son «infinie diversité ne doit pas nous empêcher de reconnaître en elle les expressions multiples d’un modèle unique et comme l’échantillon d’un espace plus général» (Jean Loup Gourdon). La ville, et à travers elle la rue, subit une évolution physique et, dans la mesure où une ville est le reflet de sa société, par corrélation, une évolution de son implication politique. C’est sous cet angle de vue qu’il s’agit d’analyser Casablanca et son rôle en tant que moteur des changements, lieu des possibles et dont la mise en abîme, la rue, est le théâtre; espace où deviennent envisageables l‘expression spontanée, les rassemblements, les échanges, les réflexions, «l’apprentissage» politique; le lieu où vit la conscience collective dans sa forme la plus essentielle. Ici la ville est perçue dans son sens premier, celui de cité, «de communauté organisée et maintenue par des lois qui forme un ensemble politique» (Jacqueline Russ). Plus qu’une communauté, c’est une collectivité, un ensemble concerné, un groupe au comportement commun, réagissant à des stimuli semblables. Nous nous attacherons à analyser ces stimuli et à établir les rapports existants entre les structures sociales et les configurations humaines de la ville, d’une part et le maintien des forces établies ou leur contestation, voire leur renversement, par les contrepouvoirs émergents, d’autre part.
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A Casablanca, le caractère cyclique des émeutes amène à s’interroger sur la réalité du pouvoir de la rue et sur son réel «potentiel urbain de changement socio-politique». Finalement, il s’agit de se demander si la population casablancaise peut intervenir de manière positive dans la production de son environnement urbain et, si oui, comment. Par corrélation, comment les différents gouvernements en place utilisent-ils leur pouvoir, ou en usent-ils, et quels moyens adoptent-ils pour intervenir sur la ville et donc sur sa population et son organisation spatiale, sociale et politique. A ce sujet Claude Liauzu écrit que «la ville est la clef de voûte de l’organisation spatiale contemporaine de l‘Afrique du Nord, où le maillage étatique et le maillage urbain se resserrent, avec la pénétration du capitalisme dans le tissu social, à travers le dispositif politique de la colonisation et le processus de nationalisation des sociétés.» On tentera donc de mettre en évidence l’articulation entre la crise urbaine ou l’inégalité de l’occupation sociale de l’espace; les mouvements sociaux ou émeutes, la réaction de la société civile; et la stratégie d’intervention, les actions multiples des différents appareils d’Etat dans le champ urbain. A cet effet, Casablanca est sûrement une des villes du Maroc qui a le plus bénéficiée, depuis le début du siècle, d’une attention particulière de la part des responsables politiques, tant au niveau de l’administration de son territoire que de celui de la planification et de l’organisation de son espace. Il ne s’agit pas de démontrer des relations de conséquences directes mais plutôt une véritable corrélation, un système de rapports, qu’entretiennent les différentes autorités publiques (l’administration coloniale puis l’État marocain) avec une population urbaine en émeute ou ayant fait preuve de sa capacité à mener des émeutes. Mohamed Naciri se demande même si la gestion urbaine, comme moyen de régulation des rapports sociaux et de reproduction du pouvoir, peut prévenir les soubresauts d’une ville. Cette Interrogation ne manque pas d’ambiguïté, de quels aménagements s’agit-il et à quel niveau d’espace urbain interviennentils comme «antidotes» aux mouvements qui secouent plus ou moins périodiquement la ville? Pour nous donc, la notion historique est une donnée fondamentale qui permet d’évaluer les mutations et les dynamiques d’un espace et d’une société à travers les processus de quelques émeutes urbaines, les plus significatives, tant dans leurs causes immédiates (augmentation des prix des denrées de première nécessité par exemple), que dans leurs causes lointaines, essentiellement urbaines, ainsi que leur conséquence sur l’espace. Mais il s’agit également de mettre en évidence «les outils» du pouvoir de chacun des acteurs et leur élaboration au fil du temps. Enfin, tenter de définir l’émeute et son sens; mais surtout, de savoir si ces émeutes peuvent être comparées ou mener à une forme d’organisation politique avec une portée plus ou moins efficace. Efficacité mise en question dans la mesure où ces émeutes, au Maroc, aboutissent généralement à une intervention spatiale et des stratégies d’intervention publiques renforçant, le plus souvent, les «causes lointaines» des violences urbaines.
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Les émeutes, quelques dates: La révolte de 1952 est liée au mouvement nationaliste. Des habitants du bidonville des Carrières Centrales secouent Casablanca et l’ordre colonial. Elle a pour conséquences la mise en place d’une politique du logement social d’envergure à l’égard des «masses indigènes» et le découpage de Casablanca en 14 arrondissements au lieu des 7 préexistants. La période coloniale est aussi le moment où on voit apparaître les premiers bidonvilles et «espaces sous-intégrés» (selon la formule de M. Naciri) avec l’expansion du modèle capitaliste, la «taudification» de la médina, la poussée de l’exode rural, une croissance urbaine et une pression démographique inédites pour la société marocaine. Avec l’émergence d’un prolétariat urbain, rien n’a été prévu du point de vue du logement pour ces nouveaux citadins dont on retient plus l’origine rurale et dont on n’envisage pas l’intégration sociale et spatiale dans un premier temps. Les priorités accordées à l’aménagement des villes (découpages administratifs, tracés de grandes artères, équipements) sont guidées par des impératifs économiques et par une volonté de contenir les différents mouvements de protestation que connaît le Protectorat depuis son arrivée. En Juin 1965, la première insurrection urbaine du Maroc indépendant éclate. Elle inspire au pouvoir, la nécessité d’une prise en charge efficace des problèmes de la ville. «Aussi, la période qui suit (1965-1971) connaît une réflexion approfondie sur les problèmes de l’aménagement urbain et rural et le début des recherches sur les conséquences de la croissance urbaine en vue d’un aménagement des villes dans une perspective à long terme» (Naciri). A Casablanca, le désir d’aménagement urbain répond à deux objectifs: d’une part, prévenir le développement anarchique de la ville; d’autre part, «accroître l’omnipotence d’un Etat indépendant face à la montée du prolétariat et de l’intelligentsia urbains» (Ameur). Parallèlement, l’adoption par le Maroc de la Charte communale en 1976, qui suppose des élections au suffrage universel des collectivités locales montre, a priori, un désir d’impliquer les populations dans la gestion urbaine. La décentralisation, consacrée juridiquement par cette Charte communale, reste toutefois limitée par une tutelle excessive des appareils de l’Etat, notamment du Ministère de l’Intérieur et de l’Habitat. Cette période est plus marquée par des volontés et une idéologie plutôt que par une action concrète dans l’espace urbain. 1981, émeute des espaces périphériques de Casablanca. L’État accélère alors sa politique du logement social et prend en charge la résorption de tous les bidonvilles. Entre autre, il découpe la ville en 4 préfectures au lieu d’une, en 5 en 1985 puis 6 en 1991, tout en multipliant massivement la création de commissariats et d’arrondissements. Création également d’une agence urbaine en 1984 dépendant du Ministère de l’Intérieur; élaboration et adoption définitive des instruments de planification urbains (Schéma directeur en 1984, plans d’aménagement communaux en 1989), renforcement du parc de transport en commun (autobus et taxis), réaménagement des réseaux routiers, réalisation de la grande mosquée, mise en œuvre du projet du Schéma d’assainissement. Les découpages administratifs effectués récemment à Casablanca et en passe d’être étendus au reste du pays, amenuisent les prérogatives des corps municipaux et leur confèrent un rôle mineur. Aujourd’hui, «vagues de grèves, émeutes urbaines, résurgence de l’Islam: la profondeur des mouvements sociaux et la radicalisation des courants idéologiques qui se développent actuellement au Maghreb, ce retour en force du social et cette remontée des cultures sont des composantes majeures de la configuration historique nouvelle qui se dessine, où les masses exclues du fonctionnement du système politique, réinvestissent celui-ci» selon Claude Liauzu. On pourrait ajouter qu’ils le réinvestissent à travers la ville. Il note également que «le point d’articulation entre leurs nations et le système monde, ces fonctions de relais, hypothèquent leurs capacités de décision et jouent de plus en plus directement dans le modelage de leur espace.» A cette occasion, on peut rappeler les conséquences des interventions du F.M.I. et de la Banque mondiale sur les budgets des Etats et sur les politiques de soutien des prix des denrées alimentaires, et les affrontements qui en ont résultés dans de nombreuses capitales des pays en développement. Claude Liauzu écrit à ce sujet que «les forces qui réorganisent actuellement le tissu urbain du Caire, D’Alger, comme de Casablanca sont en rapport étroit avec ces déterminations internationales. C’est que l’espace, bien plus qu’une localisation, est l’une des composantes de l’appareil productif ainsi que de la reproduction sociale. Autrement dit, il est un enjeu stratégique. Et l’originalité des villes des pays en voie
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de développement tient à cette importance du politique, du pouvoir, dans leur fonctionnement. Aussi, la masse peut-elle être définie comme l’ensemble des exclus du champ politique et des mécanismes de décision. Précisément, les intrusions dans la cité de ces exclus signifient la crise du système urbain et d’un modèle disloqué.» Il s’agit donc, à la lumière des ces trois émeutes, de mettre en évidence le rapport existant entre une certaine situation urbaine et son incidence sur la montée des mécontentements menant à une révolte; mais également mettre l’accent sur la corrélation existant entre les pouvoirs politiques, les trois émeutes énoncées précédemment, et l’élaboration des trois instruments de planification urbaine de Casablanca: le plan Prost en 1917, celui d’Ecochard en 1952 et enfin, le dernier Schéma directeur de Casablanca projeté par Pinseau en 1981. Car en effet, ces différents plans semblent correspondre à différents tournants des politiques urbaines ayant des retombées sur l’évolution spatiale de la ville. Nous nous attacherons donc à analyser ces retombées et les réponses ainsi données à la population casablancaise.
Vue des ruines d’Anfa, In Georg Braun, Franz Hogenber, Civitates orbis terrarum, Cologne, Bertram Bucholtz, 1572. In, Casablanca. Mythes et figures d’une aventure urbaine.
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- 1 8 3 1 : Réouverture des activités et des é c h a n g e s commerciaux inte rn ati o nau x, avec l'ouverture du port de Casablanca par S i d i Abderrahmane.
1800
1850
- 1 8 3 6 : Installation des 1ers Européens. -Casablanca est une bourgade de 1000 habitants. -Une douane permanente est c r é é .
- 1 8 5 0 : Intensification des exportations de laine et de rgain vers l ' E u r o p e . 1892 : Construction du Sour Jdid ( n o u v e l l e e n c e i n t e )
1900
-Casablanca compte 20 500 h a b i t a n t s .
-1894 à 1908: Règne de Moulay Abdellaziz.
1905
- 1 9 0 6 : Conférence d'Algésiras, place le Maroc sous c o n t r ô l e international. -Juillet 1907: Assassinat de 9 Européens.
I - Casablanca, la ville à la veille du Protectorat Comme écrit donc précédemment, remonter aux origines de la constitution de la ville semble essentiel dans la mesure où il permet de démonter la mise en place de systèmes particuliers qui trouvent leur logique au fil de l’histoire et des évènements. L’ancienne Médina intra-muros, un noyau homogène Le docteur Weisgerber décrit, en 1900, dans Le Bulletin de la Société de Géographie, la province de la Chaouia, région de Casablanca, comme habitée de tribus Berbères fortement mélangées d’Arabes et parlant la langue de leurs conquérants. Ils sont organisés en Douars, qu’il compare à de petites républiques. «Le sol appartient à la communauté, la propriété privée est peu représentée, les membres de la tribu l’exploitent selon les normes de la collectivité». C’est-à-dire que la tendance est vers l’homogénéité sociale, plutôt que vers la disparité ou la catégorisation, « […] par analogie, l’habitat se caractérise par sa ressemblance, mis à part les différences de superficies ou d’ornementation, des maisons des notables; mais cela n’est pas frappant», «c’est ce qui donne une apparente uniformité de l’espace» écrit Mostafa Nachoui. Selon le Dr Weisgerber, Dar El Beïda compte, en 1897, 20 500 habitants sur une superficie de 47 hectares. Ce serait donc une ville moyenne de cette époque, entourée de murailles, ce qui lui donne une densité de 436 habitants à l’hectare. La fin du XIX ème siècle marque un tournant, celui de la fin du système tribal, mais aussi la volonté de consolidation du système étatique national. En 1831, Sidi Abderrahmane, après une cessation des activités du port, le rouvre définitivement au commerce international, tout en y installant une douane. J. L. Miège fait partir l’histoire moderne de Casablanca à partir de ce moment, il remarque aussi, que c’est la date de trois grands évènements historiques: «Le débarquement français en Algérie, l’arrivée au pouvoir en France de la bourgeoisie d’affaires et l’ouverture du chemin de fer Manchester-Liverpool». Il voit dans ce rapprochement plus qu’un symbole, la ville née au moment où s’affirment les grandes forces qui infléchiront son destin, «la révolution technique, la bourgeoisie capitaliste et l’expansion européenne en Afrique». A cette même époque, l’Occident manque de laine et de céréales et un échange commercial se met en place avec le Maroc. Dès 1839 s’installent les premiers Européens à Casablanca. Mais, avec le temps, alors qu’on subit des problèmes de ravitaillement en céréales en Europe, Casablanca seul port, avec Tanger, accessible, attire plus que jamais l’attention. L’assassinat, le 30 Juillet 1907, de neuf ouvriers Européens su port est le prétexte pour une intervention française. Le débarquement en Août 1907, décide de l’orientation que prendra la ville: un point de ravitaillement pour les troupes en opération, une base stratégique. Avant cette date, l’urbain c’est l’intra-muros, la campagne, l’extra-muros. La muraille est la ligne de démarcation, la limite est claire et ne se pose pas le problème de la définition de la ville ou de l’organisation spatiale.
-Aout 1907: Intervention f r a n ç a i s e , débarquement.
1910 -1908 à 1912: Règne de Moulay H a f i d
1911
-Juillet 1906 à Mars 1912: A t t a q u e s incessantes des tribus de la Chaouia contre la p r é s e n c e f r a n ç a i s e .
-30 Mars: Convention de Fès,instauration officielle du régime du Protectorat.
1912
-Nomination du Mal. Lyautey comme résident g é n é r a l .
Lieutenant Etévé, vue d’ensemble prise de Ballon, 1900. in Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine
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- 1 8 3 1 : Réouverture des activités et des é c h a n g e s commerciaux inte rn ati o nau x, avec l'ouverture du port de Casablanca par S i d i Abderrahmane.
1800
1850
- 1 8 3 6 : Installation des 1ers Européens. -Casablanca est une bourgade de 1000 habitants. -Une douane permanente est c r é é .
- 1 8 5 0 : Intensification des exportations de laine et de rgain vers l ' E u r o p e . 1892 : Construction du Sour Jdid ( n o u v e l l e e n c e i n t e )
1900
-Casablanca compte 20 500 h a b i t a n t s .
-1894 à 1908: Règne de Moulay Abdellaziz.
1905
- 1 9 0 6 : Conférence d'Algésiras, place le Maroc sous c o n t r ô l e international. -Juillet 1907: Assassinat de 9 Européens. -Aout 1907: Intervention f r a n ç a i s e , débarquement.
1910 -1908 à 1912: Règne de Moulay H a f i d
1911
-Juillet 1906 à Mars 1912: A t t a q u e s incessantes des tribus de la Chaouia contre la p r é s e n c e f r a n ç a i s e .
-30 Mars: Convention de Fès,instauration officielle du régime du Protectorat.
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-Nomination du Mal. Lyautey comme résident g é n é r a l .
Historiquement, de l’ancienne Anfa du Moyen Age, il ne reste rien. De la ville de Sidi Mohamed Ben Abdellah en 1770, on ne voit plus qu’une partie du mur qui entoure l’ancienne médina et la place forte des canons. Casablanca, à la veille de la mise en place du Protectorat français en 1912, n’est donc qu’une petite ville répartie en trois quartiers distincts, encore visibles pour la plupart aujourd’hui. Le secteur dit européen est cantonné au Nord-est de la ville. Il est en rapport direct avec le port, qui est l’unique voie pour le commerce et les relations avec l’extérieur, grâce aux portes de Sidi Belyout et el Marsa. On y trouve les différents consulats. La médina accueille donc, bâtiments administratifs (tribunal, douane, consulats étrangers) et demeures citadines (résidences du Gouverneur, des Européens, des fonctionnaires et principaux commerçants de la ville). Le secteur musulman se localise au Nord-Ouest et à l’Ouest de la ville c’est-à-dire, centré sur Bâb Marrakech, donc tourné vers le sud marocain, soit la région qui l’alimente en populations et en vivres. La topographie de cette partie musulmane de la ville est fidèle au type urbain de la médina arabe, à savoir des ruelles étroites plutôt que des rues, des impasses plutôt que des places, et une structure compacte, concentrique plutôt que linéaire, un tissu dense. Le mellah, situé au Sud et Sud-Ouest, accueille la population juive marocaine. Contiguë à la médina, il ne suffit bientôt plus, car dès 1926, la cité devient la première ville juive du pays. La médina (intra-muros) et les quartiers qui lui sont limitrophe (ancienne médina extramuros) recueillent alors une population mixte, formée d’Israélites et de Musulmans, qui n’habitent pas encore les quartiers européens. Il ne subsiste aujourd’hui du Mellah qu’une petite partie. Enfin, les agglomérations bidonvilloises Une Nouala, habitation en Bab es-Souk, la porte du Souk, n’existent pas encore en 1912, mais on roseaux qu’on trouve dans le 1907. Le tour du Monde, 1911. retrouve la baraque, forme initiale de quartier des Tnakers. l’habitation rurale. C’est le quartier des tnakers (terme qui désigne une petite habitation rurale en roseaux accompagnée de son enclos), et qui accueille les populations migrantes au Nord et NordOuest de la ville. Il contient une grande partie de la population marocaine dans quelques maisons en terre, des cabanes en roseaux et une multitude de huttes. L’espace de la ville est aéré et on y trouve beaucoup de jardins et de vergers. La ruralité de cette zone d’habitat est évidente, tout autant que son imminente prolétarisation. En effet, le quartier industriel naissant des Roches Noires appelle une main-d’œuvre bon marché, non qualifiée qui sera encadrée par les ouvriers Européens. Avant la mise en place d’une politique d’urbanisme, la ville équivaut donc à l’ensemble de ces trois quartiers. Les cimetières et le souk sont extérieurs mais adjacents à la ville. De chaque porte, donnant sur le continent, partent différentes routes reliant la ville à ses régions limitrophes. L’éclatement de l’ancienne Médina, l’apparition de ses faubourgs et de la ville européenne
La Médina vue de ballon en 1907. A droite, on peut remarquer le grand Souk extérieur (future Place de France) et l’Oued Bouskoura . Au premier plan, on distingue le Mellah. In Casablanca. Mythes et figures d’une aventure urbaine.
Abdellaziz.
1905
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- 1 9 0 6 : Conférence d'Algésiras, place le Maroc sous c o n t r ô l e international. -Juillet 1907: Assassinat de 9 Européens. -Aout 1907: Intervention f r a n ç a i s e , débarquement.
1910 -1908 à 1912: Règne de Moulay H a f i d
1911
-Juillet 1906 à Mars 1912: A t t a q u e s incessantes des tribus de la Chaouia contre la p r é s e n c e f r a n ç a i s e .
-30 Mars: Convention de Fès,instauration officielle du régime du Protectorat.
1912
-Nomination du Mal. Lyautey comme résident g é n é r a l .
1913 -Liaison de Casablanca et Rabat par voie de chemin de fer. M a l a d i e s épidémiques ( t y p h u s ) .
1914
-78 000 habitants Casablanca à 40 % dont d'Européens. -Dahir relatif à l'alignement et au plan d' aménagement. 1er plan de la ville par l'architecte A g a c h .
1915
-Début de la 1ère construction de la ville européenne à proximité de l'Ancienne M é d i n a .
Très vite, ce synthétique noyau de ville va s’étendre du fait d’une spéculation enclenchée par les débuts de l’industrie et l’arrivée de plus en plus nombreuse d’Européens. Avec ces derniers, se pose le problème de la définition des limites spatiales de la ville, de la frontière entre l’urbain et le rural; avant, la muraille était la ligne de démarcation entre l’urbain, intra-muros et la campagne, extra-muros. Vers la fin du siècle, les commerçants étrangers à Casablanca revendiquent l’autorisation de construire, ce qui leur est refusé du moins en principe, le sultan étend alors le mur de l’enceinte à l’Ouest de la ville (Sour Jdid), mais ils refusent de s’y installer du fait de son éloignement du port et du centre des affaires. En 1907, des zones sont déjà réservées aux Européens essentiellement constituées de camps militaires. Avec l’intensification des activités portuaires et l’apparition d’une population européenne de plus en plus importante, des entrepôts et des constructions apparaissent hors les murs et commence à se poser alors la question de la limitation et de l’organisation spatiale. Du fait de la présence à l’Est du cimetière de Sidi Belyout et à l’Ouest du quartier des nouveaux faubourgs, l’espace européen s’installe donc sur l’espace du souk, proche du centre des affaires, du port et de la Médina. En réalité, les Européens s’approprient énormément de terrains hors du périmètre de la ville; mais par l’intermédiaire de leurs protégés car ils n’en ont eux-mêmes pas le droit comme écrit précédemment. Les immigrants marocains sont également de plus en plus nombreux, attirés par le nouveau développement économique de la ville. Le quartier des tnakers se densifie et bientôt, ne suffit plus. Apparaissent alors les faubourgs de la Médina. Le Sour Jdid refusé par les Européens, est également envahit. La ville populaire marocaine s’étend donc naturellement vers l’Ouest et naît alors la préoccupation de limiter son développement. En réalité, la naissance de la ville Européenne commence donc dès 1907; reste seulement le problème de l’espace nécessaire pour son pôle et son extension, car les alentours de la ville sont alors comme « […] une mer de cahutes, sous forme d’une banlieue indéfinie d’une grande ville encore absente» (Cohen, Eleb). Avec l’installation du Protectorat, ce «système équilibré», qu’était la ville de Casablanca, va donc être totalement bouleversé; les murs de la ville seront dépassés et démolis par étapes successives, surtout du côté du secteur européen, alors qu’ils subsistent toujours du côté du secteur marocain. L’administration française, détruit des pans de murs, qui entravent le bon fonctionnement des activités du port, mais ne touche jamais au reste de la Médina. Elle vide cette dernière de ses activités en les réinstallant dans la nouvelle ville européenne, qu’elle est en train de créer, entraînant la prolétarisation de la population marocaine. Parallèlement, la Médina connaît une densification, les nouveaux arrivants qui voient la ville européenne leur être refusée, sont obligés de s’installer dans la médina avec pour conséquence, une parcellisation de plus en plus importante des habitations et une précarité grandissante. La ville marocaine populaire s’étend elle-même vers l’Ouest, dépassant largement le mur qui entoure l’ancienne Médina de ce côté-ci.
Homogénéité sociale
Ressemblance de l’habitat
Bifurcation sociale
Disparité de l’habitat
Catégorie favorisée
Aisance
Uniformité spatiale
Ségrégation spatiale
Intégration
1916 -Lyautey nomme Henri Prost pour repenser le plan d'urbanisme de la ville de Casablanca et établir une d i v i s i o n fonctionnelle de l ' e s p a c e .
1917
Catégories défavorisées D’après un schéma de Mostafa Nachoui.
Promiscuité
Sous/non intégration
Intervention f r a n ç a i s e , débarquement.
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1911
-1908 à 1912: Règne de Moulay H a f i d -Juillet 1906 à Mars 1912: A t t a q u e s incessantes des tribus de la Chaouia contre la p r é s e n c e f r a n ç a i s e .
-30 Mars: Convention de Fès,instauration officielle du régime du Protectorat.
1912
-Nomination du Mal. Lyautey comme résident g é n é r a l .
1913 -Liaison de Casablanca et Rabat par voie de chemin de fer. M a l a d i e s épidémiques ( t y p h u s ) .
1914
-78 000 habitants Casablanca à 40 % dont d'Européens. -Dahir relatif à l'alignement et au plan d' aménagement. 1er plan de la ville par l'architecte A g a c h .
1915
-Début de la 1ère construction de la ville européenne à proximité de l'Ancienne M é d i n a .
1916 -Lyautey nomme Henri Prost pour repenser le plan d'urbanisme de la ville de Casablanca et établir une d i v i s i o n fonctionnelle de l ' e s p a c e .
1917
Plan de Casablanca en 1900. Par le Docteur Félix Weisberger. Casablanca est entourée de verdure, l’espace de la ville est aéré et on y trouve beaucoup de jardins et de vergers; on voit déjà apparaître les premiers bâtiments extra-muros, les Fondouks, grandes cours rectangulaires entourées de hauts murs, comprenant un bâtiment d’habitations ou de bureaux et de magasins. On peut distinguer les trois entités constitutives de la ville, la médina, le mellah et le quartier des Tnakers. L’enceinte neuve, ou Sour Jdid existe déjà. Weisberger situe, entre autre, les différents consulats alors présents.
1918 -Implantation du palais du sultan en dehors de la ville européenne et lancement du projet du quartier des Habous pour la bourgeoisie c i t a d i n e marocaine.
-1908 à 1912: Règne de Moulay H a f i d
pI013
1911
-Juillet 1906 à Mars 1912: A t t a q u e s incessantes des tribus de la Chaouia contre la p r é s e n c e f r a n ç a i s e .
-30 Mars: Convention de Fès,instauration officielle du régime du Protectorat.
1912
-Nomination du Mal. Lyautey comme résident g é n é r a l .
1913 -Liaison de Casablanca et Rabat par voie de chemin de fer. M a l a d i e s épidémiques ( t y p h u s ) .
1914
-78 000 habitants Casablanca à 40 % dont d'Européens. -Dahir relatif à l'alignement et au plan d' aménagement. 1er plan de la ville par l'architecte A g a c h .
1915
II - Ville et pouvoir colonial. A - Le projet urbain de Lyautey, comment asseoir son pouvoir. L’idée que le façonnement de l’espace urbain peut contrecarrer l’influence «néfaste» des villes remonte au XIX ème siècle. Le Maroc va être un banc d’essai pour la mise en pratique de cette conception, pendant la période coloniale. L’avance qu’il réalise en matière d’urbanisme, pendant la première partie du XX ème siècle, est due à la croyance de Lyautey «qu’une ville où l’ordre urbain règne en matière d’aménagement physique et d’hygiène, est une ville où l’ordre social est garanti». Les villes européennes construites par la colonisation doivent créer un tel environnement pour la pérennité du pouvoir colonial selon Mohamed Naciri. Pour Marguerite Rollinde et Didier Le Saout, «au Maroc en particulier, probablement à cause de la concentration prolétaire à Casablanca, le Protectorat français a sciemment préparé la machinerie anti-émeute, ou plutôt la machine à prendre au piège l’émeute qu’on écrase, la manifestation de masse.» Les premières préoccupations sécuritaires Dans un premier temps, l’administration française se préoccupe de savoir comment limiter l’extension de la ville indigène et comment dégager le port des contraintes du Nord-Est de la Médina et de son mur de ce côté; d’autant plus que c’est là qu’habitent les Européens et qu’il faut assurer leur protection, surtout des attaques des indigènes durant les premières années du
-Début de la 1ère construction de la ville européenne à proximité de l'Ancienne M é d i n a .
1916 -Lyautey nomme Henri Prost pour repenser le plan d'urbanisme de la ville de Casablanca et établir une d i v i s i o n fonctionnelle de l ' e s p a c e .
1917
Plan des combats terrestres du 19 Août 1907, L’Illustration, 1907. in Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine.
1918 -Implantation du palais du sultan en dehors de la ville européenne et lancement du projet du quartier des Habous pour la bourgeoisie c i t a d i n e marocaine.
1919
-Casablanca compte plus de 100 000 h a b i t a n t s .
1911
incessantes des tribus de la Chaouia contre la p r é s e n c e f r a n ç a i s e .
pI014 -30 Mars: Convention de Fès,instauration officielle du régime du Protectorat.
1912
-Nomination du Mal. Lyautey comme résident g é n é r a l .
1913 -Liaison de Casablanca et Rabat par voie de chemin de fer. M a l a d i e s épidémiques ( t y p h u s ) .
1914
-78 000 habitants Casablanca à 40 % dont d'Européens. -Dahir relatif à l'alignement et au plan d' aménagement. 1er plan de la ville par l'architecte A g a c h .
1915
-Début de la 1ère construction de la ville européenne à proximité de l'Ancienne M é d i n a .
1916 -Lyautey nomme Henri Prost pour repenser le plan d'urbanisme de la ville de Casablanca et établir une d i v i s i o n fonctionnelle de l ' e s p a c e .
1917
1918 -Implantation du palais du sultan en dehors de la ville européenne et lancement du projet du quartier des Habous pour la bourgeoisie c i t a d i n e marocaine.
1919
-Casablanca compte plus de 100 000 h a b i t a n t s .
-Mise en place d'une politique d ' h y g i è n e accompagnée de la destruction de c e r t a i n s logements de
Protectorat. En effet, du 8 Juillet 1906, jour où les tribus de la Chaouia viennent réclamer l’éloignement des contrôleurs Français de la douane, l’arrêt immédiat de la construction du port et la destruction du chemin de fer «descaville», jusqu’au 30 Mars 1912, la ville de Casablanca n’est jamais tranquille. «Les marocains attaquent les Européens à l’intérieur du mur et même, dans le secteur européen» (H.G. Conjeaud), ce qui va obliger à un réaménagement total de la ville européenne existant en fait depuis 1907. Il faut souligner le fait que le port commence à se construire juste au pied de la vieille Médina. Celle-ci abrite au début du siècle (comme on peut l’observer sur le plan du docteur Weisgerber) toutes les ambassades et les administrations étrangères, communiquant avec le port par la porte d’El Marsa. A l’époque des troubles et des soulèvements, les indigènes attaquent fréquemment jusqu’à l’intérieur de la Médina, l’administration française opte alors pour la création de la ville coloniale et le transfert de toutes les administrations étrangères hors de l’ancienne Médina. C’est à ce moment que se pose le problème de la communication de la ville européenne avec le port, le mur de l’ancienne Médina faisant obstacle. Dès le premier plan de Prost, sa démolition est décidée. De plus, face à un certain désordre et un urbanisme sauvage de la zone européenne, l’administration française lance le mot d’ordre de l’organisation urbaine de la ville en établissant un zonage. L’ancienne Médina qui est le domaine de cohabitation des trois communautés, se voit réservée aux indigènes dans sa grande partie et seulement une parcelle aux Israélites; la zone agricole de l’Ouest qui est la plus développée, doit être réservée à l’habitation européenne aisée; Bab Marrakech qui est la place centrale pour les Marocains, se voit transférée dans la nouvelle Médina, le long de la route de Médiouna; Sidi Belyout et Bab Kabir qui sont des espace secondaires devant constituer la zone la plus importante et la plus dynamique. On détruit donc le mur côté Est et Nord-Est et on rase le cimetière musulman, on canalise l’Oued Bouskoura, on crée le port, le chemin de fer etc. «Les centres névralgiques d’autrefois déclinent devant le dynamisme des centres créés: la place de France et le nouveau centre administratif» comme l’écrit Naciri. On peut rajouter, que des préoccupations sécuritaires d’un autre ordre inquiètent le Protectorat. En effet, pour Abderrahmane Rachik «il s’agit d’éloigner une population «indigène» «hygiéniquement dangereuse» des quartiers Européens». La ville est alors soumise à de nombreuses épidémies de typhus, variole ou de choléra par exemple. Comme en témoigne le recueil de souvenirs d’une émigrée espagnole à Casablanca, Marina Lopez Gador, où l’on voit le lourd tribut payé à la mort par la variole qui sévit alors à l’état endémique au Maroc. Les différentes orientations urbaines du Protectorat marquent donc la ville, son organisation sociale et spatiale et son développement futur. C’est dans cette mesure qu’il s’agit d’analyser la politique urbaine avant l’Indépendance de 1956, en tant qu’elle pourrait constituer le terreau propice aux émeutes, jetant les bases d’une certaine forme de cité et donc, d’une certaine forme de citoyenneté; mais en aucun cas de dénoncer ni de dresser un réquisitoire contre «l’impérialisme et le colonialisme européen». On s’attachera plutôt à observer les mécanismes qui structurent cette évolution pour donner ce qu’est Casablanca aujourd’hui. Vue aérienne de l’Ancienne Médina et des camps militaires, vers 1914. On aperçoit en bas à droite, le quartier Liberté; à gauche; les faubourgs de la Médina; et déjà, la croissance de la ville le longs des principaux axes pénétrants qui donneront le futur plan radio-concentrique. in Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine
-Nomination du Mal. Lyautey comme résident g é n é r a l .
p1913 I015 -Liaison de Casablanca et Rabat par voie de chemin de fer. M a l a d i e s épidémiques ( t y p h u s ) .
1914
-78 000 habitants Casablanca à 40 % dont d'Européens. -Dahir relatif à l'alignement et au plan d' aménagement. 1er plan de la ville par l'architecte A g a c h .
1915
-Début de la 1ère construction de la ville européenne à proximité de l'Ancienne M é d i n a .
1916 -Lyautey nomme Henri Prost pour repenser le plan d'urbanisme de la ville de Casablanca et établir une d i v i s i o n fonctionnelle de l ' e s p a c e .
1917
1918 -Implantation du palais du sultan en dehors de la ville européenne et lancement du projet du quartier des Habous pour la bourgeoisie c i t a d i n e marocaine.
1919
1920
1921
-Casablanca compte plus de 100 000 h a b i t a n t s .
-Mise en place d'une politique d ' h y g i è n e accompagnée de la destruction de c e r t a i n s logements de Derb Ghallef et Derb Omar.
-1920 à 1930: F o r m a t i o n définitive des 2 g r a n d s bidonvilles de Ben M'sik et C a r r i è r e s Centrales, construction de la Nouvelle Médina et des cités ouvrières à l'Est de Casablanca.
La constitution d’un terreau propice au mécontentement, le plan Prost Lyautey, en 1917, choisit Henri Prost (lauréat du Grand Prix de Rome et premier prix du concours international d’Anvers) pour repenser le plan d’urbanisme de la ville de Casablanca et établir une division fonctionnelle de l’espace. Mais que peut donner une organisation spatiale guidée par des impératifs économiques et des préoccupations sécuritaires et sanitaires? Un urbanisme capitaliste «La politique urbaine, menée par Lyautey et son gouvernement, est le résultat d’une combinaison entre les contraintes objectives d’un mode de production capitaliste (infrastructure routière, portuaire, ferroviaire, aménagement des zones industrielles, centre des affaires…), d’une part, et d’autre part la formulation d’un projet de société» (A. Rachik). Le premier acte d’urbanisme colonial à Casablanca est l’agrandissement du port, l’année même de l’instauration du Protectorat, en 1912. Cette décision est prise par Lyautey, et est surtout due à l’essor du grand capital français au Maroc. Le projet doit aboutir à un port de 140 hectares avec deux jetées longues de plus de 1500 mètres, facilitant ainsi les échanges et un développement économique. Le choix du port indique l’option strictement capitaliste de la politique du Protectorat. Concernant le plan Prost, il part de l’idée que Casablanca en tant que ville commerciale et industrielle, doit avoir deux pôles: le port avec qui elle communiquera avec l’étranger, et la gare ferroviaire qui la reliera aux différentes régions du pays. C’est dans cette idée qu’à l’Est de l’ancienne médina, entre le port et la gare, doivent se rassembler le commerce et l’industrie. La direction des vents détermine ce choix: de dominante Ouest et Sud-Ouest, ils peuvent emporter les fumées des usines vers l’Est. Cette dernière zone doit donc être un secteur commercial et industriel par contre celui de l’Ouest sera réservé à l’habitat aisé. Reste un problème de communication avec le port, Prost ne voit qu’une solution, celle de détruire l’ancienne médina, du moins dans sa partie Est. Parmi les contraintes majeures, il y a celle de la réalisation d’un port moderne et ses liaisons ne peuvent pas être entravées par la présence de la médina ancienne de forme mais pas d’histoire à ses yeux. Ce n’est qu’en 1945 qu’on détruit le cimetière. Le plan Prost comprend également le boulevard circulaire, qui représente les limites du «plan d’aménagement», mais non de l’espace urbain. Le boulevard d’Amade (actuel Hassan II) prolongé par la route de Bouskoura (actuel Abdelmoumen), sépare les parties Est et Ouest. Il propose aussi la route Balande (actuel Almohades) comme route de promenade, passant entre le port et l’ancienne médina. Enfin, le boulevard de la gare (devenu Mohammed V), pour relier la place de France (devenue place Mohammed V) à la gare des voyageurs et la route de Médiouna, comme route commerçante, reliant à la Nouvelle Médina. Il faut noter que toutes ces routes sont déjà des axes de circulation avant la proposition du plan. Au niveau de la sécurité, la ville est ceinturée de camps militaires, doublés de cinq postes de douanes (à Ain Sebaa, à la Joncquière, sur la route de Médiouna, sur la route d’El Jadida et sur celle d’Azemmour). La juxtaposition Dès son établissement à Casablanca, le Maréchal Lyautey, fait un choix fondamental, celui de la préservation/conservation intégrale de la ville traditionnelle (la médina). Parallèlement à cette «préservation», on dote la métropole
Vue aérienne verticale de la médina en 1914. Le développement extra-muros de la ville. En haut à droite le port. in Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine
1916
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-Lyautey nomme Henri Prost pour repenser le plan d'urbanisme de la ville de Casablanca et établir une d i v i s i o n fonctionnelle de l ' e s p a c e .
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1918 -Implantation du palais du sultan en dehors de la ville européenne et lancement du projet du quartier des Habous pour la bourgeoisie c i t a d i n e marocaine.
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-Casablanca compte plus de 100 000 h a b i t a n t s .
-Mise en place d'une politique d ' h y g i è n e accompagnée de la destruction de c e r t a i n s logements de Derb Ghallef et Derb Omar.
-1920 à 1930: F o r m a t i o n définitive des 2 g r a n d s bidonvilles de Ben M'sik et C a r r i è r e s Centrales, construction de la Nouvelle Médina et des cités ouvrières à l'Est de Casablanca.
1922 -1921 à 1929: Pénurie de maind ' o e u v r e .
- 1 9 2 2 : Construction de la Nouvelle M é d i n a .
1923
- En 1923, la presse réclame la construction du b o u l e v a r d circulaire Grande ceinture/Crêtes
1924 -Construction de Derb Carlotti .
On peut remarquer notamment, qu’à la base des tracés, le sol avant d’être urbain a une destination rurale. Il est découpé en parcelles agricoles, séparées parfois par des sentiers qui sont à l’origine du morcellement urbain à venir, mais aussi des tracés des routes urbaines futures. M. Nachoui ajoute à cela que les routes pâtissent du phénomène de spéculation foncière; elles en dépendent, alors qu’il faudrait que ce soit elles qui dirigent et organisent les alignements des constructions et le plan de la ville. En effet, Prost, du fait de l’étalement urbain déjà en marche, se trouve confronté à certaines contraintes quant au tracé des réseaux, obligé de contourner ou de relier certains points de la ville, reprenant finalement quelques unes des voies déjà existantes. En rouge, on a localisé la Place de France (1) et la Place de la République (2, place administrative) «Le plan de Prost, accrédite la place de France comme pôle signifiant de la main-mise coloniale, liée aux avenues et boulevards parés de noms prestigieux, rappel du fondement de la pensée colonialiste fondatrice et organisatrice, représentations devant être intimement ancrée dans la pensée de tous les citadins.» (M.Dernouny,G. Léonard) Projection des voies par H. Prost en 1915
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-Lyautey nomme Henri Prost pour repenser le plan d'urbanisme de la ville de Casablanca et établir une d i v i s i o n fonctionnelle de l ' e s p a c e .
En jaune: la Nouvelle Médina;en bleu: la zone résidentielle européenne;en rouge: le centre des affaires entourant l’Ancienne Médina (en blanc) avec au sud l’extension du Maarif;en blanc: la zone industrielle. Dans ce document, on peut noter l’extension des dispositifs du plan aux quartiers de la périphérie, qui n’étaient pas pris en compte dans les emprises étudiées en 1917 par Prost. On peut noter également la juxtaposition de tissus et de quartiers.«Le rapport de non étanchéité entre espaces contigus spatialement, mais distants mutuellement, a engendré le plan Prost», selon M. Nachoui. Il faut limiter l’extension de la ville indigène ancienne, la séparer de la ville européenne qui naît à côté, créer des quartiers indigènes plus loin et de préférence vers l’Est, déloger les nwalas et l’habitat insalubre qui est dispersé un peu partout au sein même de la ville européenne en gestation, tout en édifiant la loi sur le Typhus et les maladies infectieuses. Côté européen, la ville s’étend en espace et non en constructions, du fait de la spéculation foncière entre autre. La communication entre les deux zones n’est pas évidente par manque de routes, ou par l’installation d’obstacles comme la voie de chemin de fer ou encore des no man’s land ou des casernes militaires.
1917
1918 -Implantation du palais du sultan en dehors de la ville européenne et lancement du projet du quartier des Habous pour la bourgeoisie c i t a d i n e marocaine.
1919
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Henri Prost, plan d’aménagement et d’extension de Casablanca, plan de zonage, 1932.
-Casablanca compte plus de 100 000 h a b i t a n t s .
-Mise en place d'une politique d ' h y g i è n e accompagnée de la destruction de c e r t a i n s logements de Derb Ghallef et Derb Omar.
Henri Prost, plan d’aménagement et d’extension de Casablanca, 1917.
1921
-1920 à 1930: F o r m a t i o n définitive des 2 g r a n d s bidonvilles de Ben M'sik et C a r r i è r e s Centrales, construction de la Nouvelle Médina et des cités ouvrières à l'Est de Casablanca.
1922 -1921 à 1929: Pénurie de maind ' o e u v r e .
- 1 9 2 2 : Construction de la Nouvelle M é d i n a .
1923
- En 1923, la presse réclame la construction du b o u l e v a r d circulaire Grande ceinture/Crêtes
1924 -Construction de Derb Carlotti .
l ' e s p a c e .
1917
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1918 -Implantation du palais du sultan en dehors de la ville européenne et lancement du projet du quartier des Habous pour la bourgeoisie c i t a d i n e marocaine.
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1921
-Casablanca compte plus de 100 000 h a b i t a n t s .
-Mise en place d'une politique d ' h y g i è n e accompagnée de la destruction de c e r t a i n s logements de Derb Ghallef et Derb Omar.
-1920 à 1930: F o r m a t i o n définitive des 2 g r a n d s bidonvilles de Ben M'sik et C a r r i è r e s Centrales, construction de la Nouvelle Médina et des cités ouvrières à l'Est de Casablanca.
1922 -1921 à 1929: Pénurie de maind ' o e u v r e .
- 1 9 2 2 : Construction de la Nouvelle M é d i n a .
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- En 1923, la presse réclame la construction du b o u l e v a r d circulaire Grande ceinture/Crêtes
1924 -Construction de Derb Carlotti .
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d’une importante série d’instruments d’urbanismes, discipline alors inédite, elle permet à l’administration coloniale la création d’une dizaine de villes nouvelles au Maroc, à proximité des villes traditionnelles. Les principes de base en matière de développement urbain consacrent donc cette condition essentielle: la séparation complète des agglomérations européennes et «indigènes», et cela pour des raisons politiques, économiques, sanitaires, et esthétiques. Cette politique reflète une certaine philosophie du pouvoir et une organisation privilégiant une société libérale se préoccupant essentiellement d’enrichir ses compatriotes Européens. De ce fait, la ville coloniale, au lieu d’assurer une continuité à l’espace historique préexistant, au contraire, «s’inscrit d’emblée dans une logique d’ordres spatiaux distincts, qui sont l’expression de rapport sociaux inégaux (distance culturelle/distance physique)» selon Abdelmajid Arrif. Durant toute la période du Protectorat, ces principes marquent fortement le territoire de la ville, consacrant ainsi la séparation des quartiers européens des quartiers indigènes, accompagnée d’une densification et d’une «taudification» des villes traditionnelles. Dans le même temps où elles sont reconnues dans leurs spécificités, ces dernières se voient vidées de toute dynamique d’expansion propre. Le Protectorat se montre scrupuleux dans la protection des façades mais fait peu de cas du surpeuplement et de la dégradation de l’intérieur des maisons. Khalid Mikou évoque le fait que «les cités traditionnelles étaient réputées pour leur capacité à «digérer»en quelque sorte la ségrégation sociale» et on le voit dans la mixité du Casablanca initial évoqué auparavant; mais au début du siècle se constitue une rupture dans l’histoire urbaine, un tournant dans l’évolution des villes marocaines en général et de Casablanca en particulier. La ville au fil du temps se constitue ainsi d’une juxtaposition, entre autres, de ces entités urbaines. «Elle est la conséquence de leur stratification historique. Leur croissance se réalise dans le temps, d’une manière planifiée ou spontanée, mais par portions rajoutées les unes aux autres. Cette addition successive de quartiers finit par produire un espace urbain «de fait» selon Khalid Mikou, dont la caractéristique principale est une hiérarchie entre ses différentes composantes, une distribution qui produit de la séparation (de ségrégation ou de fragmentation) plus qu’elle ne fait le lien, à l’intérieur des groupes sociaux». B - La ségrégation ethnique, et sociale La séparation des communautés Ainsi, si la planification urbaine coloniale est déterminée par une dimension principalement économique, un projet politique et socio culturel vient envelopper l’aménagement de l’espace urbain. Les conceptions sociales et urbanistiques de Lyautey, Prost et Ecochard marquent la formation et l’évolution de la ville à travers le type d’occupation et les formes d’habitat et «d’habiter». «J’ose dire, écrivait Lyautey, que dans toute ma carrière coloniale, la conception qui a toujours commandée mes actions a été la conception sociale». Cette dernière est caractérisée par la séparation ethnico-spatiale entre la population européenne et la population marocaine au sein de laquelle la politique économique, et sa boulimie de main-d’œuvre, crée une importante classe ouvrière, masse prolétarienne au vrai sens du terme marxiste. Avec le Protectorat, il faut désormais construire pour la population européenne, en même temps qu’ordonner le bâti déjà existant. Il s’agit de dédensifier le centre-ville, d’éviter le plus possible la communication entre les couches sociales différentes, de supprimer tout nomadisme, d’établir un zonage social et ethnique extrêmement rigide en séparant les quartiers marocains des quartiers européens. Ce plan doit obéir au principe que Lyautey recommande sur la question des villes au Maroc, fort de son expérience algérienne, d’un sens esthétique marqué par l’exotisme orientaliste et de la nécessité d’administrer efficacement les villes marocaines. Il tient fermement à maintenir une ségrégation des types d’habitat, de manière à ce que coexistent, au sein d’une même ville, deux cités, l’européenne et «l’indigène». Cette idée, selon laquelle il faut faire évoluer de manière duale deux sociétés culturelles, se justifie par un respect de la culture autochtone: «Nous avons estimé qu’il fallait faire non des villes européennes, mais des villes nouvelles en dehors et à côté des villes indigènes. Nous voulions au contraire, éviter d’envahir ces villes, de les déformer, de les dénaturer...» pour H. Prost cité par P. Lavedan; et trouve également une solide argumentation dans le courant culturaliste Cette planification «est objectivement une pratique sociale fondée sur des préoccupations hygiénistes, sur des sentiments de peur et de
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-Casablanca compte plus de 100 000 h a b i t a n t s .
-Mise en place d'une politique d ' h y g i è n e accompagnée de la destruction de c e r t a i n s logements de Derb Ghallef et Derb Omar.
-1920 à 1930: F o r m a t i o n définitive des 2 g r a n d s bidonvilles de Ben M'sik et C a r r i è r e s Centrales, construction de la Nouvelle Médina et des cités ouvrières à l'Est de Casablanca.
1922 -1921 à 1929: Pénurie de maind ' o e u v r e .
- 1 9 2 2 : Construction de la Nouvelle M é d i n a .
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- En 1923, la presse réclame la construction du b o u l e v a r d circulaire Grande ceinture/Crêtes
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mépris à l’égard de «l’indigène», et par conséquent, sur un désir profond pour le regroupement de cette population «dangereuse» et son éloignement spatial de la ville réservée aux européens, afin d’assurer facilement son contrôle», selon Khalid Mikou. Ce principe d’urbanisme colonial au Maroc semble ainsi impliquer une stratégie géoculturelle de première importance. Lyautey et l’élite indigène, la Nouvelle médina Si la politique coloniale s’appuie sur les caïds (chefs tribaux) en milieu rural pour maintenir la paix et «diminuer les frais du personnel indigène» (M. De Lanessan, cité par P. Espérandieu), elle ne peut atteindre ce but en milieu urbain. Comme le souligne L. Saint (Résident général au Maroc entre 1926 et 1933, cité par R. Gruner), «assurer l’ordre et acquérir la confiance de la masse de nos protégés n’est possible que par l’intermédiaire de ses guides naturels et qualifiés, l’élite des agriculteurs et commerçants indigènes». Le Protectorat au Maroc veut éviter l’expérience algérienne et associer l’élite «indigène» à l’exercice du pouvoir politique colonial. Ainsi, au Maroc, cette élite va servir d’intermédiaire entre les français et les masses urbaines et rurales, et permettre, faute de troupes militaires suffisantes pendant le début de la conquête, de dominer et gérer le pays. D’autant plus que, dans les années 20, le plan de Prost est entravé par la vieille médina, ce noyau s’étend toujours du fait du développement de son espace extra-muros; cette situation entraîne les pouvoirs publics du Protectorat à proposer la création de la nouvelle médina indigène, pour endiguer cette extension qui menace le développement spatial et social de la ville européenne voulue. On encourage et favorise alors son installation hors du plan d’aménagement, à la porte de l’immigration des Marocains venus du Albert Laprade, Sud principalement. Elle est loin du centre-ville de projet de nouvelle ville indigène, quatre kilomètres. L’administration coloniale ignore 1917. l’habitat «indigène» en général, il n’en est pas de même pour l’habitat des notables et de la bourgeoisie citadine marocaine. On assiste ainsi à la création d’une belle opération urbaine résidentielle destinée à cette catégorie sociale, appelé quartier Habous, doté d’équipements, de mosquées, de places et de commerces. «La réalisation de ce quartier s’explique par la volonté de séduire l’élite citadine «indigène» en construisant une zone urbaine prestigieuse propre à elle, tout en essayant de respecter son identité culturelle, et de pouvoir ainsi l’intégrer à l’exercice du pouvoir» selon A. Rachik. La réussite architectural de ce quartier est alors synonyme urbanistique de «Protectorat». Quand bien même la longue et Une rue d’habitation dans le quartier des Habous coûteuse construction de la cité Habous par Prost ne (Nouvelle Médina) en 1925. in Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine va toucher en fin de compte que 5000 habitants, alors que la ville en abrite d’ores et déjà plus de 100 000. A la ségrégation ethnique entre la population marocaine et européenne, un important processus de différenciation socio-spatiale est entamé au sein même des couches sociales «indigènes», entre les bidonvilles, la médina (délabrée et sur occupée) et Derb Ghallef («anarchique»), d’une part et le quartier des Habous, regroupement des couches sociales aisées musulmanes, d’autre part. En s’inscrivant dans l’espace, le projet de Lyautey donne naissance à une Vue aérienne d’ensemble de la nouvelle Médina ville réservée à la population européenne juxtaposée en 1924. in Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine à une zone urbaine dotée d’une architecture et d’une
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-Implantation du palais du sultan en dehors de la ville européenne et lancement du projet du quartier des Habous pour la bourgeoisie c i t a d i n e marocaine. -Casablanca compte plus de 100 000 h a b i t a n t s .
-Mise en place d'une politique d ' h y g i è n e accompagnée de la destruction de c e r t a i n s logements de Derb Ghallef et Derb Omar.
-1920 à 1930: F o r m a t i o n définitive des 2 g r a n d s bidonvilles de Ben M'sik et C a r r i è r e s Centrales, construction de la Nouvelle Médina et des cités ouvrières à l'Est de Casablanca.
1922 -1921 à 1929: Pénurie de maind ' o e u v r e .
- 1 9 2 2 : Construction de la Nouvelle M é d i n a .
1923
- En 1923, la presse réclame la construction du b o u l e v a r d circulaire Grande ceinture/Crêtes
1924 -Construction de Derb Carlotti .
1925
1926 -Casablanca compte 120 000 h a b i t a n t s dont, 1/2 de Marocains, 1/3 d'Européens (dont 1/2 de Français) et 1/6 d'Israélites.
1927
occupation de l’espace inspirées de la tradition arabo-musulmane, pour l’élite «indigène» citadine (quartier Habous), avec par la suite, un espace périphérique, au sud du quartier des Habous, qui sera la zone réservée a la «masse». Les autorités réalisent des logements «indigènes», soit pour intégrer l’élite citadine (Habous), soit pour assurer la main-d’œuvre nécessaire (cités ouvrières, maintien d’habitat anarchique, organisation spatiale de deux agglomérations de bidonvilles), soit pour éviter la mort physique de la population européenne qui pourrait être causée par le typhus. L’aménagement de la ville concerne surtout les quartiers d’habitat européen et le plan de Prost crée un espace qui serait, en quelque sorte le «terreau fertile» des mécontentements futurs.
C - La ville du Pouvoir
Selon les colonies, la répartition des différentes fonctions induites par la domination européenne entre les villes est assez variable. Dans certains pays, elles sont concentrées dans une grande capitale coloniale comme Manille ou Bangkok par exemple; au Maroc, l’équilibre est plus harmonieux entre les centres économiques (Casablanca) et administratifs (Rabat). Cependant, le gigantisme et le poids économique de Casablanca par rapport au reste du pays, en fait une ville de domination écrasant la hiérarchie urbaine. Le degré de représentativité Les Européens au Maroc constituent une toute petite minorité dans les villes de l’intérieur (5% au total à Fès ou à Marrakech en 1952, 15% à Meknès), mais leur poids est beaucoup plus sensible dans les villes atlantiques sans pour autant être prépondérant: à Rabat et à Casablanca environ le tiers de la population est européenne en 1921, en 1952 seulement 20% des habitants casablancais sont européens. Malgré leur présence minoritaire, ils détiennent la majorité au sein de la Municipalité. Ainsi, cette dernière reproduit à l’échelle des villes, la fiction d’un partage du pouvoir entre protecteurs et protégés. En 1945, au conseil de la Municipalité à Casablanca, 28 Français représentent les 100 000 Européens présents dans la ville, 12 conseillers, les 30 000 musulmans et 4, la communauté juive forte de 60 000 personnes. J.L. Pinol écrit que «la balance peut pencher en faveur des Marocains comme à Marrakech, car, au-delà des apparences ethniques et confessionnelles, les conseillers municipaux sont tous des notables choisis dans les familles fidèles à la France.» La majorité est ainsi maintenue par le Protectorat au sein de la Municipalité, et détient donc ainsi les pouvoirs juridiques et institutionnels d’organisation de la ville. Les symboles De plus, le fameux respect, invoqué dans la conjoncture du mouvement colonial, a une valeur démonstrative incontestable: «L’architecture et la planification urbaine sont considérées comme des moyens de démontrer la supériorité des Français comme civilisation, comme nation et comme membres d’une «race», et de prouver cette supériorité aux populations indigènes et aussi aux Français eux-mêmes» selon G. Wright et P. Rabinow.Pour Mohamed Naciri, l’aménagement entrepris dans ces conditions n’a pas que des ambitions d’ordre sociopolitique concernant la colonie européenne. «Il doit avoir également une vertu didactique pour la population marocaine en mettant en valeur, par contraste, modernité et tradition urbaine, ville coloniale et ville «musulmane». Prost, réalisant la pensée de Lyautey, opte pour un plan radioconcentrique ayant pour centre la place de France et pour perspective la mer. L’Hôtel de ville, place de la République, conçu par Marius De larges et hautes avenues dédiées à la voiture, Boyer. 1928-36; In Casablanca. Mythes et figures d’une aventure urbaine. bordées de hauts immeubles, viennent organiser
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1921
-Mise en place d'une politique d ' h y g i è n e accompagnée de la destruction de c e r t a i n s logements de Derb Ghallef et Derb Omar.
-1920 à 1930: F o r m a t i o n définitive des 2 g r a n d s bidonvilles de Ben M'sik et C a r r i è r e s Centrales, construction de la Nouvelle Médina et des cités ouvrières à l'Est de Casablanca.
1922 -1921 à 1929: Pénurie de maind ' o e u v r e .
- 1 9 2 2 : Construction de la Nouvelle M é d i n a .
1923
- En 1923, la presse réclame la construction du b o u l e v a r d circulaire Grande ceinture/Crêtes
1924 -Construction de Derb Carlotti .
1925
1926 -Casablanca compte 120 000 h a b i t a n t s dont, 1/2 de Marocains, 1/3 d'Européens (dont 1/2 de Français) et 1/6 d'Israélites.
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-1925 à 1929: Théodore Steeg, résident général.
la ville coloniale, contrastant avec les ruelles de la Médina et surplombant de leurs nombreux étages les petites constructions intra-muros. Le système de zonage, appliqué par l’architecte à travers son plan d’aménagement en 1917, vient marquer l’espace urbain et son devenir, ainsi que le domination européenne spatialement. Le centre et l’Ouest de Casablanca sont réservés à la population européenne (équipements structurants, immeubles, villas…). L’Est est occupé plutôt par les unités productives et leur main-d’œuvre (usines, entrepôts, cités, bidonvilles…). Entre les deux pôles de la cité moderne doivent se situer les zones d’habitat de la population musulmane. Comme la médina ancienne est déjà saturée, des quartiers extra-muros s’étendent vers l’ouest en même temps que l’axe de la route de Marrakech est occupé par une quantité de commerces et d’ateliers d’artisanat. Le Sud voit se développer la nouvelle médina et le bidonville de ben M’sik. Cette structure urbaine est intimement liée à la politique urbaine coloniale; elle se caractérise par la volonté politique d’assurer la prospérité des colons regroupés dans un espace propre à eux (institutions politiques, financières, administratives dotées d’une architecture monumentale). A cet effet est construites au centre, une vaste et verdoyante place administrative, bordée d’impressionnants bâtiments publics. Elle a pour but, comme mentionné précédemment, d’affirmer la puissance économique, urbanistique et «civilisationnelle» des autorités publiques à l’égard de la société. L’architecture est ainsi sensée impressionner et/ou séduire l’élite “indigène”. L’action poursuivie doit aboutir à transformer l’élite traditionnelle en l’attirant autrement que par la répression à la civilisation du «progrès», le quartier des Habous vient appuyer cette idée, mais la réaction observée est tout à fait différente de celle escomptée; à ce sujet M. Naciri écrit que «si cette attitude a sauvé les médinas de la destruction, elle a, au contraire, exacerbé les frustrations des Marocains et alimenté la vigueur du nationalisme dans les villes traditionnelles». Les Marocains vont lancer le mouvement de lutte national qui, à l’instar du fait colonial, part de la ville. «L’indigénisation» des architectures L’action menée par Lyautey au Maroc témoigne directement de l’intérêt pour le passé architectural et de son utilisation dans un but politique selon Jean-Luc Pinol. Dès sa nomination en 1912, Lyautey instaure un service des antiquités, des beaux-arts et des monuments historiques. Non seulement on préserve les bâtiments du passé, on les restaure, mais on invente un style arabisant, «hispano-mauresque», censé reproduire ce qui exprime le mieux la culture locale, doublé d’un dépouillement berbère dans la conception d’ensemble et du raffinement andalou dans la décoration, «dans un étrange mouvement d’inspiration respectueuse et de domination effective» (J.L. Pinol). En 1916-1919, les frères Pertuzio, du bureau d’architecture d’Henri Prost, édifient à Casablanca, un somptueux palais pour le sultan Moulay Youssef, allié de la France. Casablanca, qui ne fait pas partie des villes impériales antérieures, doit bénéficier à son tour de l’aura d’un sultan, gage de son développement commercial selon J.L. Pinol. Le palais, sobre de conception mais vaste, présente un toit plat, des loggias et des arcades de type mauresque, tandis que les jardins, dessinés par J.C.N. Forestier, mêlent des éléments arabes et d’autres hérités de la tradition française. «La France, mieux que les artistes autochtones, serait donc à même de capter l’essence de la culture marocaine» pour J.L. Pinol. Le vocabulaire architectural joue alors sur quelques éléments architecturaux récurrents: balcons, arcades déambulatoires autour des places, censés évoquer l’Orient tout en marquant une rupture (importance des ouvertures par exemple). Leur insertion dans un style dépouillé, marque le modernisme des architectes. «Ce souci esthétique n’est pas gratuit et cache des arrière-pensées économiques» selon J.L. Pinol. Au Maroc comme dans les autres colonies, le tourisme est en pleine expansion après la Première Guerre mondiale. Ainsi, pour satisfaire les attentes d’exotisme des visiteurs, il est urgent de préserver les monuments historiques et d’adopter, pour les bâtiments modernes, un style susceptible de se fondre dans le paysage, même si le plan ou le confort intérieur restent européens. Ce programme a aussi des buts politiques, comme pour la création des Habous, la préservation des vieilles villes musulmanes, l’entretien ou même la construction de mosquées sont les signes matériels d’un discours de séduction destiné aux musulmans et centré sur le thème d’une colonisation bienveillante. J.L. Pinol rajoute que de même, «la découverte de l’architecture précoloniale ne s’accompagne pas forcément d’une revalorisation des descendants des bâtisseurs, au contraire: selon le discours colonial, les peuples colonisés ont laissé se dégrader les symboles d’une grandeur passée et le mérite de leur sauvetage revient à la
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-1920 à 1930: F o r m a t i o n définitive des 2 g r a n d s bidonvilles de Ben M'sik et C a r r i è r e s Centrales, construction de la Nouvelle Médina et des cités ouvrières à l'Est de Casablanca.
1922 -1921 à 1929: Pénurie de maind ' o e u v r e .
- 1 9 2 2 : Construction de la Nouvelle M é d i n a .
La place de France, aujourd’hui «des Nations-Unies», vers la fin des années 1920. Au fond, les magasins Paris-Maroc dont les architectes sont Hippolyte Delaporte et Auguste Perret.
1923
- En 1923, la presse réclame la construction du b o u l e v a r d circulaire Grande ceinture/Crêtes
1924 -Construction de Derb Carlotti .
Le mellah et la place de France, en 1935. On aperçoit le périmètre des destructions protégé par une palissade. La tour de l’horloge a été déplacée le long des murailles. 1925
Organisation de la place de France en 1928 -Remparts,tour -Arcades -Terrasses 1926 -Casablanca compte 120 000 h a b i t a n t s dont, 1/2 de Marocains, 1/3 d'Européens (dont 1/2 de Français) et 1/6 d'Israélites.
1927
-1925 à 1929: Théodore Steeg, résident général.
1928 -Construction de derb Lihoudi en 1 9 2 8 .
1929
-Tours, toits surmontés d’une tour
1- Bab el Kebir 2- Tour de l’horloge 3- Kissaria 4- Compagnie d’Orléans 5- Banque d’Etat du Maroc 6- Compagnie des grands circuits marocains 7- HotelsBrasseries 8- Magasins Modernes (ParisMaroc) 9- Cinéma Vox
1921
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F o r m a t i o n définitive des 2 g r a n d s bidonvilles de Ben M'sik et C a r r i è r e s Centrales, construction de la Nouvelle Médina et des cités ouvrières à l'Est de Casablanca.
1922 -1921 à 1929: Pénurie de maind ' o e u v r e .
- 1 9 2 2 : Construction de la Nouvelle M é d i n a .
1923
- En 1923, la presse réclame la construction du b o u l e v a r d circulaire Grande ceinture/Crêtes
1924 -Construction de Derb Carlotti .
Henri Prost, place Administrative, esquisse préliminaire, Novembre 1914.
1925
La place administrative, actuellement place Mohammed V et le centre de Casablanca, aujourd’hui. La hiérarchie des lieux est remise en question, la place de France et celle de la République sont les nouveaux centres symboliques de la ville. La dernière accueille les bâtiments administratifs, tous aussi imposants les uns que les autres.
1926 -Casablanca compte 120 000 h a b i t a n t s dont, 1/2 de Marocains, 1/3 d'Européens (dont 1/2 de Français) et 1/6 d'Israélites.
1927
-1925 à 1929: Théodore Steeg, résident général.
1928 -Construction de derb Lihoudi en 1 9 2 8 .
1929
Schéma de l’organisation des centres symboliques en 1930 -Espaces verts -Cimetière -Port -Bâtiments publics
A-La place de France B-La place de la République 1-Hôtel de ville 2-Hôtel des postes 3-Théatre 4-Palais de justice 5-Caserne 6-Préfecture 7-Cathédrale 8-Gendarmerie
1923
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- En 1923, la presse réclame la construction du b o u l e v a r d circulaire Grande ceinture/Crêtes
1924 -Construction de Derb Carlotti .
1925
Coupe d’une rue de l’Ancienne Médina.
1926 -Casablanca compte 120 000 h a b i t a n t s dont, 1/2 de Marocains, 1/3 d'Européens (dont 1/2 de Français) et 1/6 d'Israélites.
1927
-1925 à 1929: Théodore Steeg, résident général.
1928 -Construction de derb Lihoudi en 1 9 2 8 .
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Une ruelle de l’Ancienne Médine de nos jours.
Le Boulevard Moulay Youssef aujourd’hui. Section du Boulevard Moulay Youssef. «La ville européenne de l’occupant commence par être caractérisée comme étant l’évoluée, la moderne et le symbole de la civilisation; celle des indigènes, l’archaïque, la sous développée et la dominée; elle est restée enfermée sur elle-même du fait du mur qui l’entoure. Par contre la ville européenne dans sa grande partie connaît une véritable extension par le simple fait qu’elle matérialise la première étape de consolidation du pouvoir du Protectorat sur le pays et l’extension de son influence» (M. Nachoui). Au sujet de la percée donnant sur le port, Lyautey s’écrit en1925:«Regardez cette rue,c’est l’axe de ma ville.Elle ira droit à la mer.(...)Ces remparts?Je les supprime.(...)On m’a dit:«Vous avez d’un coté des maisons basses, de l’autre des maisons élevées...» Jai répondu:«Justement!A gauche,c’est la façade de la ville indigène,un foundouk arabe.A droite, ma façade de la ville européenne,de grands immeubles à la française...C’est très bien...» Section du Boulevard de la gare.
1930 -Casablanca c o m p t e 160 000 habitants, dont 20 000 juifs et 80 000 musulmans.
Une rue de la ville européenne aujourd’hui. Le côté Ouest de l’avenue Hassan II, aujourd’hui. 1931
1932
-Dahir du 2 J a n v i e r interdisant d'habiter des noualas et des baraques inclues dans le périmètre
construction du b o u l e v a r d circulaire Grande ceinture/Crêtes
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pI025 -Construction de Derb Carlotti .
1925
1926 -Casablanca compte 120 000 h a b i t a n t s dont, 1/2 de Marocains, 1/3 d'Européens (dont 1/2 de Français) et 1/6 d'Israélites.
1927
-1925 à 1929: Théodore Steeg, résident général.
1928 -Construction de derb Lihoudi en 1 9 2 8 .
1929
puissance coloniale.» L’appropriation spatiale et l’extension de la ville Européenne Face à l’afflux progressif de Marocains dans l’ancienne Médina et la nécessité d’endiguer son extension spatiale, Lyautey propose une politique urbaine se fondant sur la limitation du développement de la vieille ville. La création de la ville européenne à côté de cette dernière, l’encercle et l’étouffe, marquant ainsi la volonté de limiter spatialement les zones d’habitat marocain. De plus, la ville européenne occupe une grande partie des terres de Casablanca. On a dit précédemment, qu’elle apparaît à partir de 1907, juste au pied du mur de l’ancienne Médina. Le plan de Prost la limite par le boulevard circulaire. En réalité, les Européens se sont appropriés énormément de terrains hors du périmètre d’aménagement avant même l’installation officielle du Protectorat dans le pays. On peut citer l’exemple de l’officier Baudin, membre du conseil de guerre, qui achète le terrain situé à l’Est des camps militaires dès 1912 -alors que son statut de fonctionnaire d’Etat européen ne lui permet pas de s’adonner à des opérations immobilièrespour le revendre en lot aux européens. On voit ainsi la naissance des quartiers d’Anfa (le plus beau, le plus riche), des Roches Noires, du Maârif, Ain Sebaa. L’habitat y est surtout individuel, sous forme de villas plus ou moins spacieuses, réservé aux Européens. Le quartier Liberté prend naissance sous forme d’immeubles à l’image européenne avec des décorations extérieures. Certains ne dépassent pas le rez-de-chaussée, d’autres atteignent six étages. Aux Roches noires, le terrain est également revendu en petits lots à des européens. Les constructions s’y constituent sous forme d’immeubles atteignant rarement les quatre étages. Par la suite, plusieurs unités industrielles viennent s’installer dans le quartier. Devant ces développements, l’administration française à Casablanca, au lieu d’intervenir comme elle le fait pour l’habitat marocain, regrette seulement l’essor de quartiers aussi excentrés dès 1922. A partir de 1926, l’extension du périmètre municipal annexe à la ville, la ceinture de «villages» de Beaulieu, Ain Sebaa, Ermitage, Oasis, Ain Diab…Tous ces futurs quartiers sont réunis par le nouveau boulevard circulaire «Grande Ceinture/Crêtes» que réclament les journaux de 1923. Ainsi la ville Européenne part du centre ville vers toutes les périphéries dans toutes les directions en contournant certaines zones. Cette structure a fait que la ville s’est constituée de plusieurs noyaux de quartiers futurs, éloignés les uns des autres. L’étalement du tissu urbain de Casablanca est alors essentiellement dû à la dispersion de l’habitat européen d’autant plus que du fait de son organisation en jardins, ce dernier est très demandeur d’espace. Deux conditions physiques déterminent le choix de situer la zone de villas au Sud-Ouest: la direction des vents comme écrit précédemment, mais également, la topographie. En effet, celle de la région de Casablanca se subdivise en deux parties distinctes, séparées par une ligne d’orientation Nord-Sud. A l’Est, la surface est caillouteuse, il est donc difficile d’y aménager des jardins. Au contraire, au Sud-Ouest s’étend une surface argileuse avec une topographie presque plane, plus favorable à l’habitat aisé, en villas et facile à aménager en jardins créant ainsi un nouveau tropisme Est/Ouest.
1930 -Casablanca c o m p t e 160 000 habitants, dont 20 000 juifs et 80 000 musulmans.
1931
1932
-Dahir du 2 J a n v i e r interdisant d'habiter des noualas et des baraques inclues dans le périmètre municipal. Rassemblement de bidonvilles donnant lieu à la formation de Ben Ms'ik, Carrières Centrales et Derb J d i d .
Les différents modes d’urbanisation
En plus de l’immeuble du centre ville, la villa comme mode d’urbanisation moderne, pour une seule famille dans la plupart des cas s’étale vers l’Ouest principalement. Ces deux formes de constructions se voient essentiellement attribuées aux Européens alors que d’autres, tout à fait différentes apparaissent dans les secteurs marocains. On y trouve entre autre les cités ouvrières, les bidonvilles, les cités de recasement, la maison marocaine «améliorée» sorte de construction intermédiaire entre l’immeuble européen et la maison de l’ancienne médina, avec une architecture composite, associant l’ancien au moderne. D’après ce bref aperçu on peut même dégager les catégories socio-professionnelles, car, écrit M. Nachoui, «chaque type d’habitat correspond plus ou moins à une catégorie sociale». Ainsi, la villa côtoie le bidonville et l’homogénéité des espaces et loin d’être une priorité. En effet, vers la fin du Protectorat, la ville de Casablanca dépasse toutes les prévisions dans la prolifération de logements insalubres, «ville champignon sans urbanisme» selon Ecochard à son arrivée. L’administration française s’est surtout occupée de l’exploitation des
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1926 -Casablanca compte 120 000 h a b i t a n t s dont, 1/2 de Marocains, 1/3 d'Européens (dont 1/2 de Français) et 1/6 d'Israélites.
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-1925 à 1929: Théodore Steeg, résident général.
1928 -Construction de derb Lihoudi en 1 9 2 8 .
Vue aérienne d’Anfa supérieur en 1928, avec en premier plan l’hippodrome. in Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine 1929
1930 -Casablanca c o m p t e 160 000 habitants, dont 20 000 juifs et 80 000 musulmans.
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-Dahir du 2 J a n v i e r interdisant d'habiter des noualas et des baraques inclues dans le périmètre municipal. Rassemblement de bidonvilles donnant lieu à la formation de Ben Ms'ik, Carrières Centrales et Derb J d i d .
On peut remarquer le besoin d’espace de ce type d’habitat. La ville européenne s’étale essentiellement à l’ouest de la ville, on voit ainsi l’apparition de quartiers de lotissements dispersés aux abords de la périphérie. Le quartier de l’Oasis, celui d’Anfa, le plus riche et le plus beau, le CIL, le Polo, l’Ermitage, Racine etc. A partir de 1926, l’extension du périmètre municipal annexe à la ville, la ceinture de «villages» de Beaulieu, Ain Sebaa, Ermitage, Oasis, Ain Diab…Tous ces futurs quartiers sont réunis par le nouveau boulevard circulaire «Grande ceinture/Crêtes».
Section de l’allée des Marronniers à Anfa
Section de l’avenue du Lido à Anfa
Section de la rue des Charmilles à l’Oasis
Villa à Anfa en 1928. L’architecte est M. Boyer. in Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine
d'Européens (dont 1/2 de Français) et 1/6 d'Israélites.
pI027 1927
-1925 à 1929: Théodore Steeg, résident général.
richesses et créée une ville plus commode à ses concitoyens. Entre temps, la ville de Casablanca s’est ceinturée d’innombrables noyaux et quartiers indigènes insalubres, mal construits et surpeuplés. 1928 -Construction de derb Lihoudi en 1 9 2 8 .
1929
1930 -Casablanca c o m p t e 160 000 habitants, dont 20 000 juifs et 80 000 musulmans.
1931
1932
-Dahir du 2 J a n v i e r interdisant d'habiter des noualas et des baraques inclues dans le périmètre municipal. Rassemblement de bidonvilles donnant lieu à la formation de Ben Ms'ik, Carrières Centrales et Derb J d i d .
1933
-1933 à 1936: H. Ponsot, résident g é n é r a l .
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D - L’émergence des contradictions Ces différentes situations accentuent la ségrégation et le sentiment d’exclusion décrit par Franz Fanon dans les années trente. Pour Marguerite Rollinde et Didier Le Saout, «l’ostentation des quartiers publics, qui signifie la domination de l’État et ses prétentions internationales, et le luxe de la consommation tout autant ostentatoire, sont des provocations latentes qui valent encore dans le Casablanca d’aujourd’hui.» Ainsi, l’irruption de la rue tient à la ségrégation urbaine qui ne cessera de se recomposer. Elle tient d’abord pour eux, à la distinction des quartiers publics et d’affaires; à la différentiation résidentielle des quartiers d’habitat familial, de ceux qui ont un emploi, par rapport aux quartiers d’entassement des sans travail et des occasionnels. «Entre ces deux pôles, le plan de la ville laisse voir la juxtaposition, les gradations, les dégradations, les imbrications, emboîtements, recouvrements successifs et les zones de contacts et d’affrontements.» De plus, l’afflux de migrants ruraux dès l’entre-deux-guerres révèle l’une des principales failles de l’urbanisme de Lyautey: l’insuffisance des espaces réservés au logement des Marocains. Les quartiers populaires n’ont pas été pris en compte, ou fort peu, par les projections de Prost et les premiers quartiers d’habitat spontané naissent dans les délaissés des plans d’aménagement de la ville. Dès 1939, écrit J.L. Pinol, «ces tentes, ces huttes ou ces maisons construites en matériaux de récupération abritent 80 000 Marocains à Casablanca.» L’apparition des derbs, la ségrégation sociale Cette situation s’aggrave par la suite, avec le temps, on voit apparaître des faubourgs attenants à la nouvelle Médina. Le «Derb» est une combinaison de plans modernes et traditionnels, ressemblant dans certains aspects à l’ancienne médina et dans d’autres à la ville européenne. «En réalité, c’est une création mi-spontanée, mi-dirigée, il ressemble à la ville européenne dans le tracé rectiligne de ses rues qui se coupent à angle droit, mais il s’apparente relativement à la médina dans l’étroitesse de ses rues, dans l’absence de surfaces libres et de jardins. Ses habitants sont essentiellement des catégories pauvres, surtout des artisans et des ouvriers» écrit J.L. Miège en 1953. Dès 1920, l’autorité municipale veut recaser les habitants des derbs insalubres qui se sont implantés dans le secteur réservé à l’habitat européen et qui sont voués à la démolition, comme Derb Omar, Benjdia par exemple, elle choisit Derb Baladia, à côté de Derb Carlotti pour les accueillir. Egalement en Nouvelle Médina, les abords de la route de Médiouna sont occupés par les refoulés des alentours du grand souk de l’Ancienne Médina. Profitant du Dahir du 2 Janvier 1932, qui interdit d’habiter les nwalas et baraques inclues dans le périmètre municipal, surtout à l’époque du Typhus, l’administration municipale déloge plusieurs petits bidonvilles et les fait rassembler en trois grands bidonvilles, autour de la ville; ce sont les bidonvilles de Ben M’sik, Carrières centrales et Derb Jdid. «Enfin, pour voiler son intention et Vue d’ensemble de la Nouvelle Médina et de ses derbs en 1924. in dérouter les esprits» selon M. Nachoui, Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine elle crée l’extension de la Nouvelle Au premier plan, Bousbir; à gauche, le derb Baladiya; à droite, le Médina. Parallèlement, l’autorité oblige derb Carlotti; au fond le quartier de Habous et le palais du Sultan; les destinataires de cette opération, au On constate que la Nouvelle Médina commence déjà à avoir des faubourgs attenants. départ et à aller s’installer plus loin, en
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-Casablanca c o m p t e 160 000 habitants, dont 20 000 juifs et 80 000 musulmans.
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1932
-Dahir du 2 J a n v i e r interdisant d'habiter des noualas et des baraques inclues dans le périmètre municipal. Rassemblement de bidonvilles donnant lieu à la formation de Ben Ms'ik, Carrières Centrales et Derb J d i d .
1933
dehors du périmètre urbain. Pour contrôler la situation, des endroits précis leur sont réservés. C’est donc, le début des bidonvilles organisés. En même temps, l’autorité procède au transfert de toutes les activités qui étaient autour de l’Ancienne Médina, vers la Nouvelle et aux alentours. Enfin, de l’autre côté de la route de Médiouna, on construit la prison civile. Au sein même de la Nouvelle Médina, la ségrégation sociale est parfaite, le percement de la oie de chemin de fer passant entre les Habous et ses faubourgs, achève la séparation spatiale de ces deux entités. Les riches Marocains sont ainsi tournés vers la ville européenne et ouverts sur elle, sorte de zone tampon entre cette dernière et les quartiers populaires contrôlés par la douane installée sur l’artère de Médiouna, passage quasi obligatoire pour pouvoir accéder au reste de la ville. Par conséquent et à partir de ce moment, au sein même des Marocains, une séparation presque totale au niveau spatial se crée entre les bourgeois et les pauvres, alors qu’il y avait auparavant une cohésion dans l’Ancienne Médina. Rapidement, les bourgeois quittent les Habous pour aller construire des villas tout près, à Mers Sultan. Ils font ainsi partie, mais en périphérie extérieure tout de même, de la ville Européenne. Ils sont remplacés par une population plus modeste de fonctionnaires et moyens commerçants. Cette migration vers le Nord est considérée comme une migration d’intégration, par contre, les plus défavorisés, émigrent vers le Sud, de plus en plus vers la périphérie. La première migration est délibérée, la seconde se fait par contrainte. «Ces phénomènes d’intégration et de marginalisation à la fois, s’inscrivent dans une politique voulue et appuyée par l’administration protectrice, une politique basée en fin de compte sur le maintien de l’ordre, pour la sécurité de l’Européen et de ses biens» selon M. Nachoui. Les bidonvilles
-1933 à 1936: H. Ponsot, résident g é n é r a l .
1934
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- M a l a d i e s épidémiques ( t y p h u s ) .
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-1938 à 1946: Début timide d'une politique du
Les bidonvilles naissent et se développent avec l’installation du Protectorat au Maroc, ceci étant, Casablanca connaît déjà d’autres types d’habitats sommaires qui se rencontrent à la base, essentiellement dans les campagnes marocaines (Zribas, Nwalas, ou Cahutes). Le développement des bidonvilles sous leur forme actuelle est du à divers raisons. Les premiers bidonvilles utilisant les déchets de l’industrie, sont construits et habités par des européens, qu’on trouve au milieu même de la ville européenne. Goulven rapporte qu’en 1922, il y a des petits bidonvilles dans la rue de Marseille (quartier Liberté) et à T.S.F. (du côté du quartier Bourgogne). Ils sont habités par des Espagnoles et des Portugais (J.M. Goulven 1922). Les Marocains rencontrent pour la première fois ces nouveaux matériaux et imitent les Européens. De plus, si les quartiers européens sont neufs, l’implantation des marocains y est très ancienne. Avant l’appropriation/confiscation Bidonville, carte postale de 1932. in Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine. de ces espaces par les Européens, il y a donc des sortes de «bidonvilles», des gourbis ruraux, dont les habitants travaillent la terre. L’installation européenne, tout en s’amplifiant, ne touche pas à certains de ces noyaux qu’elle contourne et finit par englober. Ils constituent par la suite les futurs bidonvilles. De fait, presque chaque quartier périphérique aujourd’hui est pourvu de ces anciennes installations humaines. Les fermes agricoles des européens participent également à l’apparition des bidonvilles. Pour illustrer cette situation, nous prendrons Edmond Brion, vue aérienne , datant de 1970, de la cité en exemple la périphérie Est de la ville, ouvrière de la Cosuma (usine), bd du Commandant Runser, notamment dans les quartiers de Ain Sebaa et 1932-1937. in Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine. Sidi Moumen. Pendant le Protectorat, du fait de
Rassemblement de bidonvilles donnant lieu à la formation de Ben Ms'ik, Carrières Centrales et Derb J d i d .
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-1933 à 1936: H. Ponsot, résident g é n é r a l .
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Parmi les bidonvilles rassemblés, on peut prendre l’exemple du bidonville des Carrières Centrales. Par son histoire et le nombre des ses habitants, il est de loin le plus connu et le plus important à Casablanca et au Maroc. C’est dans la carrière d’Aïn Mâzi, près de la centrale électrique des Roches Noires que commence l’apparition du bidonville. Y vivent les ouvriers qui participent au chantier de construction de la centrale. Après quoi, le bidonville est déplacé près des Huileries Marocaines, un kilomètre plus loin de son lieu d’origine. Après la fin des travaux du chemin de fer, de la route de Rabat et la formation de la zone industrielle des Roches Noires en 1939, la municipalité achète trois parcelles de 17 hectares, au-delà du tracé du chemin de fer. Elle y installe le bidonville qui prend désormais le nom de Carrières Centrales. Cette fois-ci, il est aménagé, avec des alignements, des bornes fontaines etc. Ainsi, le bidonville qui n’a que 300 baraques en 1925, en compte 4 000 en 1939 et 13 250 avec 48 834 habitants en 1950. Ce bidonville suit de près les mutations et l’histoire de la ville de Casablanca, donnant de la main-d’œuvre avec générosité pour servir le capital étranger, mais aussi, jouant un rôle prépondérant pour l’acquisition de l’Indépendance, «à tel point qu’il subit le châtiment le plus sévère car ses habitants se sont soulevés avec violence contre l’occupation après la déclaration de l’Indépendance, mais surtout, selon M. Nachoui, après l’exil et la déportation de la famille royale. C’est pour cela qu’il est le quartier le plus aimé et visité par Mohammed V, et finit d’ailleurs par porter son nom (Hay Mohammadi).» De 1930 à 1944, la formation définitive des grands espaces bidonvillois (Carrières centrales à l’est et Ben m’sik au sud) par une politique de regroupement, de refoulement et de marginalisation pour des raisons d’ordre hygiénique et sécuritaire et pour céder de l’espace à la nouvelle ville en pleine extension.
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-1938 à 1946: Début timide d'une politique du logement social.
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-1936 à 1943: M a r c e l Peyrouton, résident général.
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Vue du bidonville des Carrières Centrales dans les années 40, à gauche, la cité ouvrière Lafarge (du nom de l’usine), d’Edmond Brion. On peut distinguer, en arrière plan, la zone industrielle. in Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine.
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leur éloignement de la ville, les fermiers laissent à leurs ouvriers, la possibilité de s’installer à côté de leur lieu de travail. A partir de là, se constituent de nombreux petits noyaux de bidonvilles. Les sociétés industrielles jouent aussi un rôle important dans la naissance des bidonvilles. C’est le cas de la société des phosphates qui, en s’installant à Ain Sebaa, à Oukacha, à partir de 1921, réserve une partie de son vaste terrain à ses ouvriers pour qu’ils construisent des baraques temporaires, dans l’attente de la construction d’une cité ouvrière. Ce bidonville existe encore aujourd’hui. Enfin, les quartiers bourgeois de villas surtout à l’Ouest de la ville peuvent être, de même, mis en cause dans l’apparition et le développement des bidonvilles. Les Européens ayant besoin de personnel de maison, font appel à des marocains et marocaines, généralement des catégories pauvres. Ces derniers ne pouvant se déplacer aisément entre les lieux de travail préfèrent s’installer tout près des zones de villas, en se réfugiant dans de petits douars comme Lhjajma, France-ville ou Bachko. Ces différents bidonvilles sont généralement appelés «bidonvilles sauvages» parce qu’ils sont nés et se sont développés sans contrôle, ni organisation, ni équipement, à l’initiative des habitants. Mais avec leur développement et leur importance croissante, l’administration française, en décidant d’organiser la ville, procède au rassemblement de plusieurs d’entre eux, petits et éparpillés, en un seul «organisé et surveillé», les Carrières Centrales (Mostafa Nachoui). Cette politique, poursuivie après l’Indépendance, permet de pouvoir facilement déménager et réinstaller ailleurs les habitants des bidonvilles sauvages, ce qui n’est pas le cas du bidonville rassemblé qui ne peut l’être qu’en cas de recasement ou en cas d’utilité publique. «Les déguerpissements peuvent être menés soit après l’apparition des maladies comme le Typhus, ou pour rétablir un peu d’ordre dans l’organisation urbaine, ou encore quand ils gênent l’extension, la construction et le bon fonctionnement du système urbain. «On considère ainsi le bidonville comme un corps illégal et de fait, il est indésirable, il faut le combattre et le marginaliser, à défaut le considérer comme un paria à rejeter le plus loin possible» écrit Mostafa Nachoui.
-1938 à 1946: Début timide d'une politique du logement social.
1939
-1936 à 1943: M a r c e l Peyrouton, résident général.
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Services de l’urbanisme, carte des bidonvilles en 1953. in Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine 1942
Les bidonvilles s’éloignent de plus en plus, ils se situent essentiellement à l’est. Ils sont les cibles principales des politiques de recasement, seulement ils restent en marge de la ville.
-Décembre 43 : A. Balafrej (arrêté en janv.44) et El Tazidi fondent la parti nationaliste de l'Istiqlal.
1943 -Revendication d e l'Indépendance par le parti de
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Émeutes et nationalisme
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-1938 à 1946: Début timide d'une politique du logement social.
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-1936 à 1943: M a r c e l Peyrouton, résident général.
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-Décembre 43 : A. Balafrej (arrêté en janv.44) et El Tazidi fondent la parti nationaliste de l'Istiqlal.
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-Revendication d e l'Indépendance par le parti de l ' I s t i q l a l . Déclaration du Manifeste pour l'Indépendance en Mars 1944. 1 e r s affrontements.
-1943 à 1946: Gabriel Putaux, résident génaral.
-Casablanca compte 500 000 h a b i t a n t s .
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En «Décembre 1952, à la suite de l’assassinat du leader syndicaliste tunisien Fehrat Hached, «car la pratique politique des assassinats a déjà sa place dans ce colmatage des issues» (Marguerite Rollinde et Didier Le Saout), les syndicalistes marocains appellent à la grève générale. «Le rassemblement des rues converge vers la Bourse du travail; celle-ci encerclée, devient une souricière pour multiplier les brutalités et les arrestations, mais plus encore, le mitraillage fait rage dans la rue. Dans les services qui s’échangent entre la Résidence et le Palais, un jeune officier de l’armée française du nom de Mohammed Oufkir, fait ses classes» écrivent Marguerite Rollinde et Didier Le Saout. Ces derniers qualifient le mouvement national comme étant «un mouvement de résistance identitaire». Ils remontent à 1944 pour deux raisons. D’abord pour «situer la césure entre un comportement nationaliste qui intériorise l’infériorité par rapport à l’Autre, et la subit, et un comportement qui s’insurge contre la discrimination née de la situation coloniale et se mobilise en masse contre la marginalisation des Marocains.» Claude Liauzu ajoute qu’à «l’époque coloniale, c’est le miroir européen, celui de l’ostentation bourgeoise ou celui du petit blanc, qui alimente la revendication syndicale et nationaliste.» Ainsi émerge une contradiction entre le modèle urbain et les moyens d’y accéder. Il faut enfin signaler que le Manifeste de l’Indépendance est rendu public en 1944. Le développement accéléré de la future métropole commence à mettre en effet en relief ces contradictions socio-urbaines. Jusqu’en 1918, la Médina est le seul espace urbain à Casablanca qui abrite toutes les couches sociales marocaines, soit environ 50 000 habitants sur une superficie de 45 hectares. Parallèlement à la sur occupation et à la dégradation de la médina, émerge une série importante de nouvelles formes urbaines d’habitation qui traduit une nouvelle distribution spatiale des catégories sociales «indigènes» à Casablanca. Le Protectorat s’intéresse jusqu’alors à l’habitat «indigène» soit pour intégrer l’élite citadine, soit pour assurer la main-d’œuvre nécessaire, soit pour éviter les épidémies. Il faut attendre le début des années 50 pour que le pouvoir colonial intervienne en faveur des masses urbaines «indigènes» mais pas sans que ces dernières aient été passives. On assiste en effet aux premiers mécontentements urbains débouchant sur des émeutes. Ces mécontentements se multiplient dans un contexte marqué par l’effervescence politique consécutive à la lutte entre les nationalistes et les tenants de l’ordre colonial. Cette période correspond également à une forte croissance économique et à une migration rurale et européenne massive vers la ville, avec donc parallèlement la montée de la violence armée nationaliste contre l’ordre colonial. En effet, malgré la crise urbaine aiguë dont souffrent les marocains, et malgré la pression croissante du mouvement nationaliste sur l’administration coloniale, l’habitat «indigène» à Casablanca n’est pas retenu initialement comme une urgence de premier ordre. Au début des années 50, l’aménagement est mené comme une exigence d’abord économique, «j’étudierais la répercussion sur les ports les routes et les aérodromes, de la production globale prévue au programme de cinq ans» écrit Ecochard. L’importance du conflit sanglant opposant nationalistes et colons en Décembre 52, se fait sentir sur le changement de cette politique urbaine coloniale. La conséquence de ces tensions sociales violentes est de détourner immédiatement l’action de l’administration coloniale, déjà engagée en milieu urbain, en faveur des masses indigènes. En effet, vu le poids démographique qu’ils représentent et les conditions misérables et précaires de leurs habitations, les habitants des bidonvilles de Casablanca sont les principaux artisans de la lutte anti-coloniale. Ainsi, au début des années 50, le mouvement nationaliste entre dans une nouvelle phase historique qui se caractérise par la multiplication des actions violentes dans les grandes villes. Des émeutes finissant dans le sang se déclenchent dans les quartiers populaires de Casablanca en 1952. A cette occasion, G. Spillman écrit que «de violentes bagarres, dont l’épicentre se situe au bidonville des Carrières Centrales, opposent la force de police au Prolétariat. Plusieurs Européens furent massacrés dans des conditions atroces…». Il ajoute que «des cellules terroristes se constituent, elles mêlent vite à leur action de nombreux assassinats, principalement à Casablanca.» L’ouvrage de M. De La Varde, un Français habitant Casablanca, témoigne également de la violence des actions menées contre l’administration coloniale et contre la population européenne: «Le bidonville de Ben M’sik, foyer du terrorisme, est un objet d’inquiétude pour une nombreuse population européenne qui ne peut plus prier en paix sur les tombes, ni fleurir les morts» (le
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-1938 à 1946: Début timide d'une politique du logement social.
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-1936 à 1943: M a r c e l Peyrouton, résident général.
bidonville étant implanté à proximité d’un cimetière européen). Politiquement, la rue de Strasbourg à Derb Omar, rue des Bourgeois Fassis, devient la rue des idées du nationalisme marocain importé de Fès; c’est le noyau géopolitique du pays à ce moment. De l’autre côté en marge de la Nouvelle Médina, surgit la rue de Suez, que les Français baptisent rue du «crime», devenue El Fida (rédemption) à l’Indépendance. Cette rue, en plein quartier populaire, aura une importance politique durant les mouvements nationalistes. Cette dépossession du boulevard El Fida à la rue de Strasbourg traduit le passage du nationalisme bourgeois, calme, au nationalisme populaire revendicateur et violent. Enfin, l’histoire de ce boulevard va prendre encore plus d’importance au moment de l’Indépendance au niveau des manifestations sociales. Notons la signification socio-spatiale de la nomination des rues et quartiers. Avec la proclamation du Manifeste de L’Indépendance au début des années quarante, l’administration coloniale ne pouvant plus rien faire devant l’ampleur des manifestations des Marocains partout éparpillés autour et dans le centre-ville, change alors d’orientation et proclame l’établissement d’un nouveau plan de la ville en faisant appel pour cela, à Ecochard. «L’habitat du plus grand nombre» devient une de ses priorités. L’habitat indigène n’est donc pris effectivement en charge qu’après le passage du mouvement national et des revendications pour l’Indépendance, à l’action violente en milieu urbain. Dans un tel contexte, une politique réelle et rapide du logement social voit le jour. Service de l’urbanisme, plan des secteurs d’habitat musulman à Casablanca,en 1951. On y a ajouté la localisation de certains quartiers comme 1-Anfa supérieur, 2-le CIL, 3- l’Oasis, 4- le Polo, 5- le quartier Liberté. On remarque la dichotomie entre l’ouest européen et l’est indigène. On peut voir aussi la cité Ain Chok. in Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine
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-Décembre 43 : A. Balafrej (arrêté en janv.44) et El Tazidi fondent la parti nationaliste de l'Istiqlal.
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-Revendication d e l'Indépendance par le parti de l ' I s t i q l a l . Déclaration du Manifeste pour l'Indépendance en Mars 1944. 1 e r s affrontements.
-1943 à 1946: Gabriel Putaux, résident génaral.
-Casablanca compte 500 000 h a b i t a n t s .
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Les Habous: à gauche de la voie ferrée, la partie commerçante et touristique, à droite, son derb, populaire. La voie de chemin de fer matérialise encore aujourd’hui la séparation entre deux populations.
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-1938 à 1946: Début timide d'une politique du logement social.
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-1936 à 1943: M a r c e l Peyrouton, résident général.
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Ain Sebaa, Sidi Moumen, Roches Noires, Maârif, Oasis, Polo, Anfa, Beauséjour, sont autant de petits noyaux qui constituent les quartiers européens, aussi bien à L’Est qu’à l’Ouest de Casablanca, tout en appliquant une sorte d’organisation spatiale, doublée d’une ségrégation éthnique. Le tissu urbain de la ville est donc très lâche, formé d’une nébuleuse tout autour du centre qui fait tâche d’huile. M. Nachoui rajoute que la ville est incontestablement constituée par plusieurs débuts de quartiers, ce n’est qu’après que la jonction entre ces différents quartiers « intercalaires » s’est faites sur une longue durée. L’espace résidentiel de Casablanca durant le Protectorat, s’est donc formé en grappe et non pas en tissu continu.
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Casablanca en 1950
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-Décembre 43 : A. Balafrej (arrêté en janv.44) et El Tazidi fondent la parti nationaliste de l'Istiqlal.
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-Revendication d e l'Indépendance par le parti de l ' I s t i q l a l . Déclaration du Manifeste pour l'Indépendance en Mars 1944. 1 e r s affrontements.
-1943 à 1946: Gabriel Putaux, résident génaral.
-Casablanca compte 500 000 h a b i t a n t s .
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logement social.
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pI034 -1936 à 1943: M a r c e l Peyrouton, résident général.
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-Décembre 43 : A. Balafrej (arrêté en janv.44) et El Tazidi fondent la parti nationaliste de l'Istiqlal.
1943
1944
-Revendication d e l'Indépendance par le parti de l ' I s t i q l a l . Déclaration du Manifeste pour l'Indépendance en Mars 1944. 1 e r s affrontements.
-1943 à 1946: Gabriel Putaux, résident génaral.
-Casablanca compte 500 000 h a b i t a n t s .
1945
-E. Labonne, résident général
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-Nomination de l'architecte Ecochard pour l'élaboration des plans d' aménagement de Casablanca.
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- Discours du roi Mohammed V à T a n g e r condamnant le massacre du 7 Avril, de la population de Casablanca. Création d'un service de l'urbanisme et de
Dans les recherches effectuées, la plaidoirie de Maître Jean-Charles Legrand, pique la curiosité et donne une idée plutôt précise des évènements et de leur organisation spatiale. En effet, le 14 août 1953, Maître Legrand défend un jeune accusé marocain ayant participé aux émeutes des 7 et 8 Décembre 1952 à Casablanca et répondant devant le tribunal militaire, des meurtres de trois Européens, Ribes, Ramajo et Siorat. A cette occasion, l’avocat relate dans les détails les échauffourées survenues dans la ville durant deux jours poussant à requérir au concours des troupes pour assurer le maintien de l’ordre. Notamment dans ce cas précis à l’angle de la rue du lieutenant Mannevy et de la rue de l’école industrielle à proximité immédiate de la rue El Kébir El Fassi Al Afou. Dans la matinée du 8 Décembre ; les Marocains du quartier de Carrières Centrales en état d’émeute depuis la veille au soir, vont enterrer dans le cimetière de Ben M’sick, quelques uns de leurs tués au cours de la nuit. De tous les quartiers parcourus par le cortège funèbre, d’autres Marocains se joignent à eux et c’est une foule évaluée à plusieurs milliers de personnes qui se trouve ainsi réunie dans la nécropole. La des orateurs les excitent à la rébellion et les invitent à se rendre en cortège à la maison des syndicats où doit se tenir sous le couvert du syndicalisme marocain, un meeting de protestation contre l’action des autorités françaises. Les manifestants se forment alors en une longue colonne, encadrée et menée par des chefs de section qui draine sur son passage, une multitude de désoeuvrés et s’avance vers la ville européenne. Au pont du chemin de fer de la route de Médiouna, un barrage de police lui barre la route sur le pont et est sur le point d’être submergé, le service d’ordre tire une salve qui met les émeutiers en déroute. Ceux-ci se dispersent dans les rues adjacentes et c’est ainsi que plusieurs centaines de manifestants se regroupent aux carrefours des rues du lieutenant Mannevy et de l’école industrielle. S’armant de grosses pierres et de pavés dans les chantiers des construction voisins, les émeutiers attendent le passage des Européens, formant le dessein d’atteinte à leurs personnes et quand l’un d’eux se présente, ils l’assaillent de leurs projectiles. Ainsi, certains passants européens, cyclistes, motorisés, sont blessés ou tués aux carrefours La répression engendre la terreur et la terreur engendre la haine et réciproquement. […] Le 7 Décembre au matin, la ville est en révolte sourde. Des mots d’ordre violents ont couru. Qui les a lancés ? Nous le saurons. Ils volent de bouche à oreille. Le marchand de menthe les passe au porteur d’eau, qui les transmet à l’épicier chleuh (berbère) ou au barbier. Au dehors, les évènements de Tunisie sont graves et sont discutés longuement, Fehrat Hached a été tué. La session de l’ONU va s’ouvrir. L’heure est lourde. A 10 heures, des syndicalistes, réunis à la maison des syndicats, commentent l’ordre de grève qu’a lancé la confédération des syndicats. La grève est interdite, mais sous peine d’amende et n’apparaît pas possible dès lors, de procéder à des arrestations. Pourtant dans l’après-midi, des syndicalistes auraient été arrêtés. La police le nie. Le soir, une foule est autour du commissariat des Carrières Centrales. La foule est pressante, les policiers peu nombreux, des coups de feu partent : six morts seront enterrés le lundi matin au cimetière Ben M’sick et il y a quatre blessés. Dans la nuit, on entend encore des coups de feu claquer. A neuf heures, lundi, au même commissariat, une fusillade éclate faisant vingt morts et des blessés. Mais on tire maintenant partout. Lundi à 10 heures, on dénombre vingt six morts et quatorze blessés. La première victime européenne, l’Espagnol Mira, est assommé lundi à dix heures trente, à onze heures, les Marocains au cimetière Ben M’sick vont en longues files enterrer leurs morts de la nuit. Des orateurs improvisés vont exploiter ce rassemblement. Montés sur des toits, ils vont être des meneurs. «Les émeutes ont leurs lois et l’histoire de troublantes concordances» (1789). Cette foule quitte le cimetière. Témoignages : «J’ai vu un immense cortège de Marocains en direction de la ligne de chemins de fer. Le passage a duré vingt minutes environ. Les gens là étaient divisés en deux groupes différents, chacun d’eux commandé par un Marocain paraissant évolué et instruit. Il s’agissait de groupes de vingt cinq à trente personnes. A la tête de certains des groupes, flottait le drapeau rouge, emblème chérifien. Le cortège occupait à peu près la moitié de la rue, bien formé, en ordre. Il ne criait pas constamment mais par période, poussant une clameur se répercutant depuis la tête du cortège.» «J’ai vu, depuis ma fenêtre, un immense cortège de Marocains, en bon ordre, en rangs de sept ou huit personnes, qui étaient encadrés par des serre-files qui avaient du cœur à l’ouvrage et
logement social.
1939
pI035 -1936 à 1943: M a r c e l Peyrouton, résident général.
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déployaient beaucoup d’activité pour faire avancer le cortège, alors que la masse du cortège ellemême paraissait passive, non armée.»[…] «Nous allions de l’autre côté du pont où vous avez tiré demander au palais du Sultan tout proche, la protection de notre souverain.» Mais le Sultan quitte Casablanca pour Rabat en auto à dix sept heure. Alors devant cette masse compacte de quatre à cinq milles hommes, le commissaire Vergnolle, tenant avec dix hommes le pont de Médiouna, a décidé d’interdire le passage. Nul ne pouvait savoir ce qu’il adviendrait de la ville si cette colonne y pénétrait. Les sommations sont faites dans les formes réglementaires, la colonne poursuit sa marche, on tire…La foule ainsi dispersée ne va pas s’arrêter. Elle reflue vers les derb, remonte la rue de l’école industrielle, se répand dans les rues et ruelles, là où les balles ne l’atteindront plus. Elle court, crie, hurle et les hommes sur leurs épaules portent leurs morts et leurs blessés victimes de la fusillade. Et c’est avec une incroyable rapidité, en quelques minutes, la succession des agressions des Européens. Cette rapidité même, exclut la préméditation et le guet-apens. Explosion d’un sentiment complexe où se mêlent la terreur, la colère, la douleur et qui jette en avant cette foule. Il n’y a plus d’individus mais une foule. Que vous le vouliez ou non c’est un procès politique que vous jugez.»
1941
1942
-Décembre 43 : A. Balafrej (arrêté en janv.44) et El Tazidi fondent la parti nationaliste de l'Istiqlal.
1943
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-Revendication d e l'Indépendance par le parti de l ' I s t i q l a l . Déclaration du Manifeste pour l'Indépendance en Mars 1944. 1 e r s affrontements.
-1943 à 1946: Gabriel Putaux, résident génaral.
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-Casablanca compte 500 000 h a b i t a n t s .
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-E. Labonne, résident général
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-Nomination de l'architecte Ecochard pour l'élaboration des plans d' aménagement de Casablanca.
1947
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- Discours du roi Mohammed V à T a n g e r condamnant le massacre du 7 Avril, de la population de Casablanca. Création d'un service de l'urbanisme et de
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- Palais du sultan - Cimetière musulman - Rue du Lieutenant Mannevy - Rue de l’école industrielle - Les bidonvilles 1 - Bidonville de Ben M’sick 2 - Bidonville des Carrières centrales
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-Décembre 43 : A. Balafrej (arrêté en janv.44) et El Tazidi fondent la parti nationaliste de l'Istiqlal.
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-Revendication d e l'Indépendance par le parti de l ' I s t i q l a l . Déclaration du Manifeste pour l'Indépendance en Mars 1944. 1 e r s affrontements.
III - Tournant de la stratégie urbaine coloniale.
On nomme un nouveau résident général en 1951. Il insiste sur la «nécessité de «nourrir, vêtir et loger» les populations marocaines. «Il est vrai, écrivent M. Eleb et J.L. Cohen, que la montée du mouvement national -le Manifeste de l’Indépendance est rendu public le 11 Janvier 1944- impose de répondre à des attentes jusque-là méprisées». L’élaboration d’un projet d’équipement est réalisée dans le cadre du plan quadriennal 1953-56, ce projet vise à poursuivre de front l’équipement social et l’équipement économique du pays, en réservant une attention particulière à l’élévation du niveau de vie de la population. «C’est pour calmer les masses urbaines en ébullition, notamment les habitants des bidonvilles qu’à partir de 1952 des fonds très importants seront dégagés (…) en faveur de notre politique du logement» (discours du résident général). Les objectifs d’Ecochard sont alors de fournir des logements économiques à la catégorie populaire des Marocains. Mais cela ne va pas sans de nombreuses oppositions de forces hostiles à l’idée de faire concessions» aux Marocains. A - «Le logement pour le plus grand nombre»
-1943 à 1946: Gabriel Putaux, résident génaral.
-Casablanca compte 500 000 h a b i t a n t s .
1945
-E. Labonne, résident général
1946
-Nomination de l'architecte Ecochard pour l'élaboration des plans d' aménagement de Casablanca.
1947
1948
- Discours du roi Mohammed V à T a n g e r condamnant le massacre du 7 Avril, de la population de Casablanca. Création d'un service de l'urbanisme et de l'architecture dépendant de la direction de l'intérieur et dirigé par Ecochard.
1949
1950
-Révolte liée au mouvement nationaliste, des habitants du bidonville des c a r r i è r e s c e n t r a l e s s e c o u e n t Casablanca et l'ordre colonial. - 1952 : 682 000 dont habitants 9 % 1 d'Européens, les
Les cités de recasement en réponse aux bidonvilles
Une politique de recasements est farouchement menée par Ecochard d’autant plus qu’à la fin du Protectorat, la ville de Casablanca dépasse toutes les prévisions en matière de logements insalubres. «Elle est née dans le désordre et s’y est développée» selon M. Ecochard; elle est devenue pour lui «la ville champignon sans urbanisme». «Du fait que l’administration française s’est occupée essentiellement de l’exploitation des richesses du pays et de la prospérité de ses citoyens, entre temps la ville de Casablanca s’est ceinturée d’innombrables noyaux et quartiers indigènes insalubres, mal construits, surpeuplés….» C’est en 1948 qu’Ecochard déclare: «pendant 35 ans, on a oublié les Marocains […]», ses objectifs sont alors de fournir des logements économiques à la catégorie populaire des Marocains. C’est en homme de gauche, membre du CIAM donc à tendance nettement sociale, qu’il veut faire profiter les «bidonvillois» des opérations de recasement, en proposant ses trames dites «trames Ecochard». C’est par la création de la cité «Ain Chok» en 1946 pour résorber le bidonville de Ben M’sik et d’autres petits bidonvilles dans le secteur que commence les politiques de recasement sous les auspices de l’Office Chérifien de l’Habitat créé en 1942. Cette opération est à la fois une réussite et un échec selon A. Adam. Réussite de par son plan, sa verdure et son espace; par contre elle n’est pas habitée par les bidonvillois de Ben M’sik. L’expérience s’est multipliée et continue de l’être, on l’a retrouve entamée à la fin du Protectorat dans les quartiers de Hay Mohammadi, Sidi Othmane, Sidi Bernoussi et se poursuit après l’Indépendance dans d’autres quartiers comme Lalla Mériam, Daima, Hay Hassan, Ferrara I, II, III, IV, V, Al Qods, Sidi Moumen, Moulay Rchid, Hassan II… «Habitat du plus grand nombre», détail de la grille présentée par le groupe marocain au CIAM d’Aix-en-Provence, 1953, vue du bidonville des Carrières Centrales.
1942
pI037
-Décembre 43 : A. Balafrej (arrêté en janv.44) et El Tazidi fondent la parti nationaliste de l'Istiqlal.
1943
1944
-Revendication d e l'Indépendance par le parti de l ' I s t i q l a l . Déclaration du Manifeste pour l'Indépendance en Mars 1944. 1 e r s affrontements.
-1943 à 1946: Gabriel Putaux, résident génaral.
-Casablanca compte 500 000 h a b i t a n t s .
1945
-E. Labonne, résident général
Vue aérienne de la Cité Ain Chok, «cité modèle» pour musulmans, 1952. in Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine.
1946
-Nomination de l'architecte Ecochard pour l'élaboration des plans d' aménagement de Casablanca.
De 1944 à 1955, une nouvelle politique urbaine a d’abord produit la cité de Aïn Chock en 1946. Cette intervention timide de l’administration coloniale allait se renforcer avec la montée des tensions violentes nationalistes contre l’ordre colonial. A la recherche d’une quelconque légitimité (politique et ou sociale), l’administration coloniale lance alors un vaste programme de construction plus particulièrement en faveur des masses bidonvilloises.
1947
1948
- Discours du roi Mohammed V à T a n g e r condamnant le massacre du 7 Avril, de la population de Casablanca. Création d'un service de l'urbanisme et de l'architecture dépendant de la direction de l'intérieur et dirigé par Ecochard.
La cité d’Ain Chok en 1950, architecte:E. Brion. in Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine.
1949
1950
-Révolte liée au mouvement nationaliste, des habitants du bidonville des c a r r i è r e s c e n t r a l e s s e c o u e n t Casablanca et l'ordre colonial. - 1952 : 682 000 dont habitants 9 % 1 d'Européens, les Musulmans atteignent 69 %. -Protestations multiples contre plan le Ecochard.Campa gne de presse.
1951
- F é v r i e r , approbation du l a n p d'aménagement la par
Service de l’urbanisme, cité d’Ain Chok,projet d’extention,1951,plan d’ensemble. in Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine.
1943
pI038
1944
-Revendication d e l'Indépendance par le parti de l ' I s t i q l a l . Déclaration du Manifeste pour l'Indépendance en Mars 1944. 1 e r s affrontements.
-1943 à 1946: Gabriel Putaux, résident génaral.
-Casablanca compte 500 000 h a b i t a n t s .
1945
-E. Labonne, résident général
1946
-Nomination de l'architecte Ecochard pour l'élaboration des plans d' aménagement de Casablanca.
1947
1948
- Discours du roi Mohammed V à T a n g e r condamnant le massacre du 7 Avril, de la population de Casablanca. Création d'un service de l'urbanisme et de l'architecture dépendant de la direction de l'intérieur et dirigé par Ecochard.
Exemple d’aménagement d’un bloc,étude Pelletier,1952.
Michel Ecochard,exemple d’un groupement de cellules à trame 8x8 m.,1951. in Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine.
Avec Ecochard, l’évaluation des besoins en habitat «social» et les modèles d’habitat convenant au mode de vie «marocain» feront l’objet de nombreuses études; le Ministère des Travaux Publics, chargé pendant cette période, de l’urbanisme et de l’habitat, mène de nombreuses recherches sur les normes de surface, l’insertion du patio, les choix d’habitat collectif ou individuel, unifamilial ou bifamilial, sur les transformations qu’ont apportées les habitants aux trames 8x8 m d’Ecochard et les leçons qui peuvent en être tirées. Les lotissements, l’habitat économique, les médinas, les ilôts insalubres et les bidonvilles, deviennent la cible essentielle de l’Etat au lendemain de l’Indépendance. Mais l’habitat n’est pas inséré dans un schéma global ou dans une analyse de causalité ou de compréhension des mécanismes urbains dans leur ensemble.
1949
1950
-Révolte liée au mouvement nationaliste, des habitants du bidonville des c a r r i è r e s c e n t r a l e s s e c o u e n t Casablanca et l'ordre colonial. - 1952 : 682 000 dont habitants 9 % 1 d'Européens, les Musulmans atteignent 69 %. -Protestations multiples contre plan le Ecochard.Campa gne de presse.
1951
1952
- F é v r i e r , approbation du l a n p d'aménagement la par Commission du G r a n d Casablanca présidée par le secrétaire du général Protectorat. -Avril 1952. Le secrétaire du Protectorat donne
Vue aérienne en 1958, de la cité d’habitation, Carrières Centrales,1951-1955. in Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine
pI039 1944
-Revendication d e l'Indépendance par le parti de l ' I s t i q l a l . Déclaration du Manifeste pour l'Indépendance en Mars 1944. 1 e r s affrontements.
-1943 à 1946: Gabriel Putaux, résident génaral.
-Casablanca compte 500 000 h a b i t a n t s .
1945
-E. Labonne, résident général
1946
-Nomination de l'architecte Ecochard pour l'élaboration des plans d' aménagement de Casablanca.
1947
1948
- Discours du roi Mohammed V à T a n g e r condamnant le massacre du 7 Avril, de la population de Casablanca. Création d'un service de l'urbanisme et de l'architecture dépendant de la direction de l'intérieur et dirigé par Ecochard.
-Révolte liée au mouvement nationaliste, des habitants du bidonville des c a r r i è r e s c e n t r a l e s s e c o u e n t Casablanca et l'ordre colonial. - 1952 : 682 000 dont habitants 9 % 1 d'Européens, les Musulmans atteignent 69 %. -Protestations multiples contre plan le Ecochard.Campa gne de presse.
1951
1952
Cette proposition est déjà un avantage bien appréciable pour les bidonvillois qui passent à présent du bidonville à un habitat en dur, salubre, même si la construction est sommaire. Mais cette solution ne manque pas d’inconvénients et ne résout pas au final, la ségrégation et donc l’exclusion spatiale des populations marocaines. Les bidonvillois ne sont pas recasés sur place, ils sont rejetés en périphérie urbaine, de plus en plus loin du centre. Ces nouveaux quartiers de recasement restent complètement isolés du reste de la ville par les distances et les espaces vides qui les séparent du centre urbanisé et des équipements. Ils manquent d’ailleurs, du moins dans les débuts du programme, de commerces et de services. «Lyautey et Prost étaient des «culturalistes», ils préférèrent les cités modèles, alors qu’Eric Labonne et Ecochard sont des «progressistes» selon J. Déthier, «ils préfèrent le quantitatif en favorisant l’habitat du plus grand nombre, les cités satellites, les unités d’habitations etc. A cette politique, on peut répliquer qu’elle mène à disperser, à atomiser la ville dans sa périphérie en une série d’unités constituant des types de quartiers abstraits, isolés du corps et de l’organe vital urbain». Les cités ouvrières construites pour les Marocains ont toutes la même architecture, en rez-dechaussée en générale, sur des petites superficies, avec le minimum d’équipement et de confort, «elles se ressemblent tellement par leur monotonie et la muraille qui les entoures, comme des souricières …» selon Déthier. On peut souligner qu’au niveau spatial, on constate plusieurs éléments majeurs comme le fait qu’il est rare qu’il existe une cité dépassant un hectare; ou encore qu’on les trouve très dispersées et jamais l’une à côté de l’autre, mais surtout, elles se situent toutes à l’Est de la ville, principalement à Aïn Sebaa, Hay Mohammadi, Roches Noires et Belvédère. Contrairement aux cités ouvrières, les logements de fonction pour Européens du secteur industriel sont beaucoup plus nombreux et diversifiés. Il va de soi que ces logements se différencient totalement des cités ouvrières au niveau des superficies; Au niveau spatial, «la plus grande majorité de ces logements de fonction pour Européens se trouvent à l’est, mais jamais à côté des cités ouvrières marocaines, et uniquement dans des quartiers européens» précise M. Nachoui. Franz Fanon évoque également les disparités urbaines et décrit la ville du colon, comme étant une ville en dur, «tout de pierre et de fer», une ville «illuminée, asphaltée, où les poubelles regorgent toujours de restes inconnus, jamais vus, même pas rêvés». Il l’oppose à celle du colonisé, «la ville indigène, le village nègre, la médina, la réserve, un lieu mal famé, peuplé d’hommes mal famés. On y naît n’importe où, n’importe comment. On y meurt n’importe où, de n’importe quoi. C’est un monde sans intervalles, les hommes y sont les uns sur les autres».
1949
1950
- F é v r i e r , approbation du l a n p d'aménagement la par Commission du G r a n d Casablanca présidée par le secrétaire du général Protectorat. -Avril 1952. Le secrétaire du Protectorat donne satisfaction au Conseil municipal de Casablanca pour être admis à examiner le projet
La «périphérisation», une continuation de l’exclusion et de la différenciation spatiale
B - Ecochard, «la marge de manœuvre»
La Charte d’Athènes marque, par sa conception humaniste et par ses principes urbanistiques et architecturaux, le travail et la réflexion d’Ecochard. Mais ce dernier ne peut concilier ses propres principes (progressistes, humanistes voir utopiques?) avec ceux d’une certaine population casablancaise. Sous la pression des nationalistes revendiquant l’indépendance du Maroc et refusant les réformes politiques, notamment les réformes municipales, l’administration coloniale engage donc un programme d’habitat de grande envergure en faveur des masses urbaines dans l’espoir de trouver une légitimité sociale et politique auprès de celle-ci. Mais l’opposition locale: la presse et la municipalité entre autre relayés par la vague de contestation des industriels et des propriétaires fonciers, font barrage à l’action d’Ecochard. L’importance du pouvoir de négociation du Conseil municipal et de son poids politique dans les relations avec le pouvoir colonial le poussent à aller jusqu’à présenter un contre plan, dit plan municipal. Ces propositions ne font que maintenir et reproduire le plan radioconcentrique réalisé par Prost en 1917. Maintenir le zonage de la ville tel qu’il est, reste le moyen le plus simple pour défendre l’ensemble des intérêts mis en cause par le plan Ecochard. l’idéologie sécuritaire coloniale: «la ceinture rouge»
pI040
-E. Labonne, résident général
1946
-Nomination de l'architecte Ecochard pour l'élaboration des plans d' aménagement de Casablanca.
1947
1948
- Discours du roi Mohammed V à T a n g e r condamnant le massacre du 7 Avril, de la population de Casablanca. Création d'un service de l'urbanisme et de l'architecture dépendant de la direction de l'intérieur et dirigé par Ecochard.
1949
1950
-Révolte liée au mouvement nationaliste, des habitants du bidonville des c a r r i è r e s c e n t r a l e s s e c o u e n t Casablanca et l'ordre colonial. - 1952 : 682 000 dont habitants 9 % 1 d'Européens, les Musulmans atteignent 69 %. -Protestations multiples contre plan le Ecochard.Campa gne de presse.
1951
1952
1953
- F é v r i e r , approbation du l a n p d'aménagement la par Commission du G r a n d Casablanca présidée par le secrétaire du général Protectorat. -Avril 1952. Le secrétaire du Protectorat donne satisfaction au Conseil municipal de Casablanca pour être admis à examiner le projet d' aménagement de la zone de la banlieue. Les militaires sont satisfaits du plan E c o c h a r d . -Aout. Après modifications, approbation définitive du plan Ecochard. Le plan prend force de loi. -Décembre. Le résident général déclare que des "fonds importants seront dégagés en faveur de notre politique du logement".
1954
-Déportation en Corse du Roi Mohammed V. -L'urgence face à la résorption des
Devant l’émigration rurale massive vers Casablanca et la sur-concentration urbaine des masses «indigènes» dans les bidonvilles et la médina, et devant la volonté politique sans précédent de l’administration coloniale de construire pour les «indigènes», le plan d’aménagement d’Ecochard élabore un programme d’habitat de grande envergure. La municipalité de Casablanca s’inquiète justement de l’augmentation démographique rapide des «indigènes» et des projections démographiques d’Ecochard. Si la population européenne représente 28 % de l’ensemble des habitants de Casablanca en 1936, elle ne représente plus que 24 % en 1950 et 22 % en 1965. Mais les choix spatiaux d’Ecochard ne conviennent pas à plus d’un. Sur ce point aussi, le conseil municipal n’est pas seul à mener le combat contre les nouvelles projections relatives à l’habitat marocain. La presse quotidienne devient le support idéologique de diffusion de la contestation politique du logement social et s’érige contre l’importance du programme de construction d’habitat économique pour la population marocaine. Le conseil municipal pose le problème de l’existence et du devenir de l’habitat européen. Ceci traduit l’angoisse de la population européenne d’être encerclée, voire absorbée par les logements «indigènes». La répartition spatiale de l’habitat marocain dans la ville telle qu’elle est projetée par Ecochard, est appelée par la presse casablancaise «ceinture rouge», dans la mesure où elle encercle les zones d’habitat destinées à la population européenne. La planification de l’habitat marocain, et plus précisément musulman, destiné essentiellement à des couches sociales modestes et défavorisées, part à l’ouest d’Anfa, Beauséjour, en passant au sud par la nouvelle médina, pour rejoindre l’est. Par ailleurs, dans la presse de Février 52, on reproche carrément, au plan d’aménagement d’Ecochard de présenter un danger «pour la sécurité des quartiers européens, par la multiplication des zones d’habitat marocain à la périphérie», on peut aussi y lire: «Faire des Marocains les gardiens de toutes les entrées de Casablanca, route de Mazagan mise à part, c’est leur conférer une mission qui répugne à leur fierté naturelle. Ils n’ont pas en général une vocation de policiers.» Ainsi, en plus de l’ampleur du programme d’habitat marocain de masse, c’est la localisation projetée d’une cité de recasement dans la zone européenne résidentielle de villas, à l’Ouest de Casablanca, qui suscite le plus l’opposition du conseil municipal et des riverains. Ce choix spatial se justifie par l’existence d’un bidonville à proximité de la zone de villas, et par le souhait formulé par Ecochard de ne pas en déplacer la population travaillant dans les quartiers résidentiels, afin de leur éviter d’effectuer 7 Km de trajet depuis la zone d’habitat la plus proche. Finalement, pour arriver à un compromis, la Commission du Grand-Casablanca décide de limiter les lotissements à 10 000 habitants en demandant à Ecochard d’envisager leur translation vers le sud. L’acceptation de ces deux principes par l’administration coloniale, traduit la force dont dispose le conseil municipal. Spéculations et enjeux personnels contrariés On peut penser que le mouvement moderne, après la seconde guerre mondiale, aurait pu être en mesure d’infléchir la tendance de l’urbanisme casablancais par l’application de ses principes. Mais Michel Ecochard, chef du service de l’urbanisme et fervent partisan du mouvement, malgré tous les efforts possibles, d’incontestables réalisations et l’orientation décisive donnée à la politique de l’habitat pour le plus grand nombre au Maroc, se heurte à des forces conservatrices. Entre autre, l’une parvient du service des Beaux-Arts et des Monuments historiques mais aussi des milieux d’affaires. La législation de l’urbanisme des années 50, dont les principes généraux constituent encore de nos jours la référence en la matière, complétant et modifiant celle de 1914, ne s’inscrit nullement dans une optique de réformes et n’atténue en rien la ségrégation sociale dans la distribution de l’extension de la ville. Qualifiée de «législation de l’ordre et de la contrainte» par ceux-là même qui voulait la réformer (projet de loi cadre du 30 Juin 1971), cette législation a pour objectif premier de veiller à maintenir une séparation très nette entre les espaces réservés aux Européens et les espaces réservés à la population autochtone. Des espaces à «haut risque»
pI041
-E. Labonne, résident général
1946
-Nomination de l'architecte Ecochard pour l'élaboration des plans d' aménagement de Casablanca.
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1948
- Discours du roi Mohammed V à T a n g e r condamnant le massacre du 7 Avril, de la population de Casablanca. Création d'un service de l'urbanisme et de l'architecture dépendant de la direction de l'intérieur et dirigé par Ecochard.
Les espaces périphériques longtemps ignorés, sont maintenant considérés comme des espaces de mécontentement social, par conséquent un espace privilégié d’intervention de l’Etat. L’espace périphérique de Casablanca, à contenu social modeste et défavorisé, est donc à présent dominé par trois formes d’habitat : le logement économique, les cités de recasement (logement social) et les bidonvilles. Rappelons que l’espace urbain de Casablanca est soumis à une sorte de zonage qui a condamné cet espace périphérique à devenir le support exclusif du logement économique et social, et des bidonvilles. Le zonage détermine plus ou moins l’évolution spatiale de la ville et permet de produire une structure urbaine qui se caractérise par une ségrégation résidentielle excessive entre les couches sociales aisées et moyennes, d’une part, et les couches sociales modestes et défavorisées, d’autre part. L’extension urbaine de la périphérie se réalise donc principalement grâce aux initiatives de l’administration coloniale 1952-1953 et à celles de l’Etat marocain à partir de 1981. La peur de l’encerclement des quartiers européens conduit l’administration coloniale à regrouper les populations et à les refouler vers la périphérie. C - La projection des Pouvoirs sur l’espace de la ville
1949
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-Révolte liée au mouvement nationaliste, des habitants du bidonville des c a r r i è r e s c e n t r a l e s s e c o u e n t Casablanca et l'ordre colonial. - 1952 : 682 000 dont habitants 9 % 1 d'Européens, les Musulmans atteignent 69 %. -Protestations multiples contre plan le Ecochard.Campa gne de presse.
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Les rectificatifs introduits en 1952 dans le plan d’aménagement initial d’Ecochard sont la conséquence de l’importance des pressions exercées sur lui, et par là, sur l’administration coloniale d’une manière générale. Ainsi, la croissance urbaine et le zonage social sont au centre des débats qui aboutissent à l’adoption du plan Ecochard en 1952. Pour la première fois, la poussée de l’immigration des ruraux marocains est prise en compte par des zones d’extension planifiée. De son plan, on retient donc que pour le zonage, il demeure fidèle à l’organisation spatiale tracée par H. Prost à savoir les quartiers résidentiels à l’Ouest, meilleur emplacement; et les quartiers industriels à l’Est avec leur armée de main- d’œuvre. La ville de Casablanca, à l’époque de la colonisation, est donc en quelque sorte divisée en deux grandes parties: la ville européenne, entre la mer et la ligne du chemin de fer Rabat/Marrakech, et la ville indigène se situant au-delà du tracé de la voie ferrée, poussée toujours plus loin à l’intérieur du pays. La frontière entre ces
- F é v r i e r , approbation du l a n p d'aménagement la par Commission du G r a n d Casablanca présidée par le secrétaire du général Protectorat. -Avril 1952. Le secrétaire du Protectorat donne satisfaction au Conseil municipal de Casablanca pour être admis à examiner le projet d' aménagement de la zone de la banlieue. Les militaires sont satisfaits du plan E c o c h a r d . -Aout. Après modifications, approbation définitive du plan Ecochard. Le plan prend force de loi. -Décembre. Le résident général déclare que des "fonds importants seront dégagés en faveur de notre politique du logement".
1954
Un zonage maintenu
-Déportation en Corse du Roi Mohammed V. -L'urgence face à la résorption des
Michel Ecochard, plan de zonage de Casablanca et de sa banlieue, 1952. in Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine.
1948
pI042
massacre du 7 Avril, de la population de Casablanca. Création d'un service de l'urbanisme et de l'architecture dépendant de la direction de l'intérieur et dirigé par Ecochard.
1949
1950
-Révolte liée au mouvement nationaliste, des habitants du bidonville des c a r r i è r e s c e n t r a l e s s e c o u e n t Casablanca et l'ordre colonial. - 1952 : 682 000 dont habitants 9 % 1 d'Européens, les Musulmans atteignent 69 %. -Protestations multiples contre plan le Ecochard.Campa gne de presse.
1951
1952
1953
- F é v r i e r , approbation du l a n p d'aménagement la par Commission du G r a n d Casablanca présidée par le secrétaire du général Protectorat. -Avril 1952. Le secrétaire du Protectorat donne satisfaction au Conseil municipal de Casablanca pour être admis à examiner le projet d' aménagement de la zone de la banlieue. Les militaires sont satisfaits du plan E c o c h a r d . -Aout. Après modifications, approbation définitive du plan Ecochard. Le plan prend force de loi. -Décembre. Le résident général déclare que des "fonds importants seront dégagés en faveur de notre politique du logement".
1954
-Déportation en Corse du Roi Mohammed V. -L'urgence face à la résorption des bidonvilles."On va au plus pressé, c'est la suppression des bidonvilles, après, on verra" (Conseil du gouvernement).
1955
1956
-Mise à l'écart d'Ecochard, retour à Paris. -Début (jusqu'en 56)de l'extension massive et rapide de l'espace périphérique. -Janvier 1954, "Casablanca,1ère ville chantier d'Afrique du Nord, 87 milliards de constructions nouvelles depuis 1946" titre Le petit Marocain du 21 Janvier 54. -Mars 1954: 48 attentats dont 11
Michel Ecochard, surfaces occupées par les différentes populations de Casablanca de 1918 à 1950, in Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine On peut remarquer l’importance de l’emprise des quartiers européens à l’ouest; alors qu’à l’est se développe peu à peu la ville marocaine; contradictoirement , c’est la population «indigène» qui a la plus forte croissance démographique. On distingue la frontière socio-spatiale matérialisée par la voie ferrée.
direction de l'intérieur et dirigé par Ecochard.
pI043 1949
1950
-Révolte liée au mouvement nationaliste, des habitants du bidonville des c a r r i è r e s c e n t r a l e s s e c o u e n t Casablanca et l'ordre colonial. - 1952 : 682 000 dont habitants 9 % 1 d'Européens, les Musulmans atteignent 69 %. -Protestations multiples contre plan le Ecochard.Campa gne de presse.
1951
1952
1953
- F é v r i e r , approbation du l a n p d'aménagement la par Commission du G r a n d Casablanca présidée par le secrétaire du général Protectorat. -Avril 1952. Le secrétaire du Protectorat donne satisfaction au Conseil municipal de Casablanca pour être admis à examiner le projet d' aménagement de la zone de la banlieue. Les militaires sont satisfaits du plan E c o c h a r d . -Aout. Après modifications, approbation définitive du plan Ecochard. Le plan prend force de loi. -Décembre. Le résident général déclare que des "fonds importants seront dégagés en faveur de notre politique du logement".
1954
-Déportation en Corse du Roi Mohammed V. -L'urgence face à la résorption des bidonvilles."On va au plus pressé, c'est la suppression des bidonvilles, après, on verra" (Conseil du gouvernement).
1955
1956
1957
-Mise à l'écart d'Ecochard, retour à Paris. -Début (jusqu'en 56)de l'extension massive et rapide de l'espace périphérique. -Janvier 1954, "Casablanca,1ère ville chantier d'Afrique du Nord, 87 milliards de constructions nouvelles depuis 1946" titre Le petit Marocain du 21 Janvier 54. -Mars 1954: 48 attentats dont 11 à la bombe en 15 jours à Casablanca. -Doublement du nombre d' arrondissements de la ville, passant de 7 à 14 -Août
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:
deux villes est matérialisée par la voie de chemin de fer. On peut souligner l’exception de situation de la Nouvelle Médina, mais qui, comme on l’a vu précédemment, connaît elle même une division sociale également matérialisée par la voie ferrée. Une chose est sûre, c’est que le Protectorat, du fait même de son statut d’occupant, rencontre des difficultés à se faire accepter, et donc à faire régner une certaine sécurité en assurant la tranquillité des Européens. En découle la nécessité d’organiser la ville de sorte qu’elle garantisse le plus possible une cohabitation. Cette dernière, risquée, s’obtient en préservant la séparation des espaces résidentiels et a pour conséquences un enclavement produisant ségrégation économique, sociale et spatiale. Les quartiers européens sont dégagés mais les quartiers marocains sont surveillés de près selon M. Nachoui. Leur emprise est restreinte le plus possible pour permettre un meilleur contrôle, mais les espaces européens sont laissés libres d’étendre leur occupation. Des «no man’s land» sont laissés entre les différentes zones, surtout entre les quartiers marocains et les quartiers européens qu’on tente «d’européaniser» le plus possible et la population marocaine qui y est acceptée, très réduite en nombre, est «paisible, non contestataire et coopérante» selon M. Nachoui. Ceux qui y sont tolérés sont souvent de riches Marocains. La domination politique et culturelle se reflète ainsi sur l’espace, essentiellement monopolisé par l’occupant. M. Nachoui souligne que «ce principe est intéressant tant au niveau de la sécurité qu’au niveau économique et psychologique».
L’État dans la ville
A. Adam écrit que «Les étrangers détiennent à peu près tout ce qui fait la richesse de la ville, et les Français y ajoutent l’hégémonie politique: non seulement l’Etat français possède au Maroc la véritable puissance, mais l’administration est exercée à peu près uniquement par les Français […] Casablanca est l’orgueil des Français du Maroc. Ils s’y sentent chez eux […] Elle est leur œuvre et écrase de la hauteur de ses immeubles, de la largeur de ses avenues, du luxe de ses édifies publics, la terne et pauvre ville indigène qu’elle assiège de toutes parts. Elle est à leurs yeux, le témoignage d’une civilisation puissante, créatrice de richesses, un témoin qui n’a pas même à souffrir du voisinage de la splendeur maghrébine passé, comme à Fès, à Marrakech ou même à Rabat». C’est dans cette mesure que l’attention et les actions des pouvoirs publics se portent en permanence et en particulier sur l’espace que représente le centreville. Ce dernier est perçu collectivement comme la traduction de l’état de développement et de prospérité d’une ville, voire d’une nation. Par conséquent, les différentes transformations que connaît le centreville sont, entre autre, le résultat de ces exigences esthétiques et symboliques. Quand l’Ancienne Médina se caractérise par ses rues étroites, ses nombreuses impasses et ses formes spatiales irrégulières, la ville nouvelle européenne qui la côtoie, est soumise à une nouvelle structuration de l’espace: un espace L’immeuble Liberté. In L’Architecture d’aujourd’hui, prévu pour la circulation automobile. «L’ancienne n°35, mai 1951. (architecte: L. Morandi) médina, enceinte de remparts, ville moyen-âgeuse en plein Chicago, aux ruelles étroites et sordides, Le centre ville reste un espace symbolique, les mal pavées, aux maisons en terrasses mal blanchies, tours se multiplient, sensées ainsi signifier le pouvoir économique du Protectorat. L’architecture aux cent mosquées pittoresques dit-on, cocktail racial des loisirs se développe parallèlement. et baragouinant des langues méditerranéennes ; et «D’un côté la ville moderne, gardée par cinq la ville européenne qui se dresse à côté, affreuse buildings orgueilleux – deux banques, un hôtel, et incohérente avec ses autobus et ses taxis, ses les Galeries Lafayette et les gares autobus. La ville indigène, cachée à nos regards par une immense buildings insolites ou stupides en face de ces palissade de bois. L’Orient que nous attendions vieilleries mauresques, s’étend la Place de France, s’abrite derrière des publicités géantes (Gabriel toujours animée, toujours grouillante, criaillante, Bertrand, 5 août 1950).
direction de l'intérieur et dirigé par Ecochard.
pI044 1949
1950
-Révolte liée au mouvement nationaliste, des habitants du bidonville des c a r r i è r e s c e n t r a l e s s e c o u e n t Casablanca et l'ordre colonial. - 1952 : 682 000 dont habitants 9 % 1 d'Européens, les Musulmans atteignent 69 %. -Protestations multiples contre plan le Ecochard.Campa gne de presse.
1951
1952
1953
- F é v r i e r , approbation du l a n p d'aménagement la par Commission du G r a n d Casablanca présidée par le secrétaire du général Protectorat. -Avril 1952. Le secrétaire du Protectorat donne satisfaction au Conseil municipal de Casablanca pour être admis à examiner le projet d' aménagement de la zone de la banlieue. Les militaires sont satisfaits du plan E c o c h a r d . -Aout. Après modifications, approbation définitive du plan Ecochard. Le plan prend force de loi. -Décembre. Le résident général déclare que des "fonds importants seront dégagés en faveur de notre politique du logement".
1954
-Déportation en Corse du Roi Mohammed V. -L'urgence face à la résorption des bidonvilles."On va au plus pressé, c'est la suppression des bidonvilles, après, on verra" (Conseil du gouvernement).
1955
1956
1957
-Mise à l'écart d'Ecochard, retour à Paris. -Début (jusqu'en 56)de l'extension massive et rapide de l'espace périphérique. -Janvier 1954, "Casablanca,1ère ville chantier d'Afrique du Nord, 87 milliards de constructions nouvelles depuis 1946" titre Le petit Marocain du 21 Janvier 54. -Mars 1954: 48 attentats dont 11 à la bombe en 15 jours à Casablanca. -Doublement du nombre d' arrondissements de la ville, passant de 7 à 14 -Août
55
:
mélange disparate et bagarreur d’Européens, d’Arabes et de Juifs, et aux jours d’émeutes, de chars, de gardes républicains et de tirailleurs sénégalais » écrit Michel de La Varde. L’urbanisme colonial et les constructions d’immeubles à la française sont bien menés dans la ville européenne car symbole du triomphe, de la prospérité et de la domination du couple modernisation/colonisation. Grands boulevards, prestigieuse place support de bâtiments administratifs, une seconde place d’affaire côtoyant la médina, un grand parc, des églises monumentales et des immeubles de bureaux et d’habitations imposants par leur architecture et leur occupation de l’espace. Ces transformations spatiales affectent le centre-ville et son contenu, elles ont tendance à inscrire sur le sol un nouveau contenu social à l’image des nouvelles formes urbaines triomphantes et les contrastes sont énormes entre l’espace vieux, dense et délabré de la médina et la place moderne Mohamed V (ancienne Place de France) qui la côtoie physiquement jusqu’au début des années 70. Pour A. Rachik, il s’agit tout simplement «de refouler la médina et de l’éliminer symboliquement».
Une «ville linéaire industrielle»
La ville continue de répondre aux exigences économiques du Protectorat et en ce sens est également une continuation du plan Prost. Une structure portuaire et une structure urbaine sont imaginées par Ecochard, articulées en une «cité linéaire littorale». Il emprunte ces principes à la «ville linéaire industrielle», l’un des trois établissements humains définis par Le Corbusier. En complément à cette «cité linéaire industrielle et ouvrière», les deux «établissements humains» mettent à jour des composantes de la ville de Prost: la «cité des affaires», correspondant au centre et au port existant, et la «résidence, entourée de sa ceinture de boisement». M. Nachoui écrit que pour parler de la formation de l’espace urbain casablancais, il faut tenir compte de plusieurs éléments, mais l’un des plus importants est certainement le fait que la ville est choisie par le Protectorat pour devenir une métropole économique du pays. Elle domine une région des plus rentable, elle est également au centre du «Maroc utile», notamment des trois grandes plaines du Haouz, du Tadla et du Gharb. Elle représente en fait le «poids du pouvoir économique» de la colonisation. Réseaux routiers, urbaine et maintien de l’ordre
intégration
Pour servir ces exigences économiques, Ecochard étudie alors le réseau routier. L’idée d’assurer la bonne marche du nouveau système capitaliste et, par conséquent de l’ordre colonial, est une idée que nous retrouvons en permanence chez les architectes du Protectorat. Le projet d’Ecochard est maintenu à ce niveau, et ce malgré les oppositions, car il s’agit de la mise en jeu de l’ordre politique colonial. N’oublions pas le contexte d’effervescence nationaliste, c’est dans cette mesure que la Défense nationale a jugé indispensable la réalisation des grandes voies de circulation et le maintien du plan pour assurer la sécurité. La réalisation massive des grands réseaux routiers urbains et les tensions socio-politiques de 1952 sont donc en étroite corrélation. Nous partons toujours de l’hypothèse selon laquelle les conflits violents opposant le gouvernement en place et la société civile
M. Ecochard, schéma de croissance et de zonage de la ville de Casablanca, 1951. in Casablanca, le roman d’une ville.
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l'ordre colonial. - 1952 : 682 000 dont habitants 9 % 1 d'Européens, les Musulmans atteignent 69 %. -Protestations multiples contre plan le Ecochard.Campa gne de presse.
- F é v r i e r , approbation du l a n p d'aménagement la par Commission du G r a n d Casablanca présidée par le secrétaire du général Protectorat. -Avril 1952. Le secrétaire du Protectorat donne satisfaction au Conseil municipal de Casablanca pour être admis à examiner le projet d' aménagement de la zone de la banlieue. Les militaires sont satisfaits du plan E c o c h a r d . -Aout. Après modifications, approbation définitive du plan Ecochard. Le plan prend force de loi. -Décembre. Le résident général déclare que des "fonds importants seront dégagés en faveur de notre politique du logement".
1954
-Déportation en Corse du Roi Mohammed V. -L'urgence face à la résorption des bidonvilles."On va au plus pressé, c'est la suppression des bidonvilles, après, on verra" (Conseil du gouvernement).
1955
1956
1957
-Mise à l'écart d'Ecochard, retour à Paris. -Début (jusqu'en 56)de l'extension massive et rapide de l'espace périphérique. -Janvier 1954, "Casablanca,1ère ville chantier d'Afrique du Nord, 87 milliards de constructions nouvelles depuis 1946" titre Le petit Marocain du 21 Janvier 54. -Mars 1954: 48 attentats dont 11 à la bombe en 15 jours à Casablanca. -Doublement du nombre d' arrondissements de la ville, passant de 7 à 14 -Août 55 : Négociations p o u r l'indépendance du Maroc à Aixles-Bains. -Novembre: Retour d'exil du R o i MohammedV.
1958
- 2 M a r s : Proclamation de l'Indépendance politique du M a r o c .
peuvent marquer profondément l’évolution de la ville. Ainsi les actions et interventions de l’administration coloniale, comme celles de l’Etat marocain par la suite, s’inscrivent au niveau de la construction de logements de masse, des équipements administratifs et des voies routières. Établir un plan de circulation urbaine est à la fois une réponse à des exigences sécuritaires du pouvoir politique, qu’une tentative d’assurer une circulation fluide de la marchandise et de la population. Face aux actions politiques, puis meurtrières (1952-55), du mouvement nationaliste dans les grandes villes, le Protectorat et son administration tentent de repenser le système circulatoire en fonction de la gravité et de l’ampleur des évènements. Le centre étant saturé, la circulation un véritable chaos, Ecochard dégage les grandes artères, et crée une rocade qui viendra diviser et enclaver les quartiers de l’Est (elle n’est construite qu’en 1979, par le gouvernement marocain). Il écrit à ce sujet «Haussmann, cherchant la sécurité, créa la circulation, cherchant la circulation, nous arrivons à la sécurité», différence de point de départ, mais résultat équivalent. Devant la violence coloniale et la résistance active de la population urbaine marocaine, les grandes voies de circulation prévues par le plan et l’élargissement de grandes artères sont jugées nécessaires à la sécurité par la défense nationale. Ce plan donne satisfaction à l’autorité militaire. Il est indispensable de le maintenir. Il propose un renforcement du plan radio-concentrique de la ville établie par Prost en 1917. Il est repris, 30 ans après, en 1984 par le schéma directeur de Casablanca. Il existe donc des tournants dans la stratégie urbaine coloniale provoqués par une pression sociale (épidémies, émeutes, violences nationalistes, etc.). Cette dernière exerce donc des effets notables sur la politique engagée qui marquent fortement le paysage de la ville et principalement la périphérie. Cet espace périphérique après certaines émeutes violentes, devient d’ailleurs subitement un enjeu politique de taille. On, peut donc dire que ces stratégies dans leur dimension planificatrice se trouvent liées, dans l’histoire récente de Casablanca, à des périodes de conflits entre les pouvoirs politiques et la société urbaine, et essentiellement celle située à la périphérie. Dans cette dernière, certaines émeutes violentes sont une véritable source de dynamique spatiale et urbanistique. L’un des premiers plans d’aménagement de Casablanca élaboré en pleine guerre coloniale par Prost en 1917, tente entre autres, de séparer spatialement les deux populations européenne et marocaine, puis d’établir un zonage pour assurer des zones urbaines socialement et ethniquement distinctes. Ce type de plan accentue les disparités sociales au niveau résidentiel et provoque la marginalisation d’une bonne partie de la population cantonnée dans les bidonvilles, essentiellement, ou dans les quartiers qui lui sont réservés. Le second plan d’aménagement en 1952 est aussi né dans une conjoncture marquée par la violence menée par le mouvement nationaliste contre l’ordre colonial. Une réponse immédiate est également faite à travers une nouvelle planification urbaine mais elle maintient le zonage de Casablanca -source de ségrégation- tout en menant une politique massive du logement social dans l’espoir d’intégrer les populations urbaines des bidonvilles. L’habitat de masse «indigène» devient subitement une urgence et un enjeu politique de taille pour l’administration coloniale. Ces plans sont les seuls à être approuvés par les instances compétentes. Dans des périodes où la politique urbaine est très active (élaboration d’instruments de planification urbaine, politique massive du logement social, intervention multiple dans le tissu urbain), les habitants n’arrivent pas encore à s’imposer comme mouvement social à travers par exemple des comités de quartiers ou des associations, mes exercent tout de même une certaine influence sur la production de leur environnement.
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- 1952 : 682 000 dont habitants 9 % 1 d'Européens, les Musulmans atteignent 69 %. -Protestations multiples contre plan le Ecochard.Campa gne de presse.
- F é v r i e r , approbation du l a n p d'aménagement la par Commission du G r a n d Casablanca présidée par le secrétaire du général Protectorat. -Avril 1952. Le secrétaire du Protectorat donne satisfaction au Conseil municipal de Casablanca pour être admis à examiner le projet d' aménagement de la zone de la banlieue. Les militaires sont satisfaits du plan E c o c h a r d . -Aout. Après modifications, approbation définitive du plan Ecochard. Le plan prend force de loi. -Décembre. Le résident général déclare que des "fonds importants seront dégagés en faveur de notre politique du logement".
1954
-Déportation en Corse du Roi Mohammed V. -L'urgence face à la résorption des bidonvilles."On va au plus pressé, c'est la suppression des bidonvilles, après, on verra" (Conseil du gouvernement).
1955
1956
1957
-Mise à l'écart d'Ecochard, retour à Paris. -Début (jusqu'en 56)de l'extension massive et rapide de l'espace périphérique. -Janvier 1954, "Casablanca,1ère ville chantier d'Afrique du Nord, 87 milliards de constructions nouvelles depuis 1946" titre Le petit Marocain du 21 Janvier 54. -Mars 1954: 48 attentats dont 11 à la bombe en 15 jours à Casablanca. -Doublement du nombre d' arrondissements de la ville, passant de 7 à 14 -Août 55 : Négociations p o u r l'indépendance du Maroc à Aixles-Bains. -Novembre: Retour d'exil du R o i MohammedV.
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- 2 M a r s : Proclamation de l'Indépendance politique du M a r o c .
IV - Au lendemain de l’Indépendance politique
A - 1956-1970, «l’aménagement conjoncturel». L’expérience marocaine à l’Indépendance jusque dans les années 70, ne diffère pas tellement de celle du Protectorat, elle n’est dans ses grandes lignes, que la poursuite de la politique de l’époque précédente. La distribution géographique des différentes formes d’habitat et des types de construction ne changent pas. Il s’agit alors de mettre en lumière les disparités sociales et leur inscription dans l’espace durant cette période afin d’établir une corrélation avec leur capacité à promouvoir d’autres formes d’aménagement en réponse aux mouvements urbains que Casablanca connaît après l’Indépendance. Les différentes formes d’aménagement qui vont être alors entreprises seront-elles une manière de tenir compte d’une certaine demande sociale en matière «d’espace urbain collectif», équipements d’infrastructure, d’éducation et de santé, ou encore un moyen d’éviter les émeutes plutôt que de résoudre leurs causes? L’organisation spatiale, similitude, continuité ou rupture? De façon générale, après 1956, la ville de Casablanca continue toujours sa croissance, ainsi de nouveaux quartiers suburbains ne cessent d’apparaître dépassant les limites administratives de la ville. Parallèlement à ces extensions, les vides urbains inter-quartiers se construisent peu à peu. Après 1956, les migrations internationales des populations européenne et juive marocaine sont désormais inéluctables et irréversibles. Les villes du Maroc déplacent leur centre de gravité (ce que n’avait pas pris en compte l’aménagement d’Écochard, puisque celui-ci travaillait sur une ville coloniale), et par là même, la ségrégation spatiale promue par l’urbanisme colonial se transforme en ségrégation sociale promue par le niveau de vie. Les Européens quittent définitivement les quartiers qui leur étaient proposés, et l’élite citadine marocaine les remplace dans ces logements d’un nouveau type; les juifs marocains sont de plus en plus nombreux à émigrer et donc à vider le mellah et la vieille médina; «bidonvillois» et migrants ruraux s’entassent dans la médina jusqu’à sa taudification. Parallèlement à ces mobilités multiples de population, le courant de l’exode rural prend de plus en plus d’importance. Le paysage social de la ville s’ancre comme auparavant dans une hiérarchie d’habitat et de quartiers. Le développement séparé des communautés durant le Protectorat relevait essentiellement d’une option politique; sur le terrain, cela se traduit par un éclatement physique de la ville, un assemblage discontinu de quartiers plus ou moins achevés. Mais à l’Indépendance, la mise en place d’un nouvel ordonnancement social au sein de la ville va finalement refléter une détermination économique. Mohamed Naciri rajoute qu’ «avec l’Indépendance et le départ progressif des Européens, la dichotomie apparue avec le temps va s’atténuer progressivement. Dans un premier temps, les Marocains, surtout les plus aisés, vont quitter la vieille médina pour la ville nouvelle. Par la suite, la croissance rapide de la population des villes multiplie les formes de croissance urbaine sous intégrées: bidonvilles, lotissements clandestins. Leur imbrication dans l’espace avec d’autres formes d’habitat plus aisé (logements pour les classes moyennes, villas pour la minorité privilégiée) rend les principes d’aménagements coloniaux dépassés. Le passage sur de très courtes distances, parfois la largeur d’une rue, du bidonville au quartier de villas devient petit à petit, le contraste fondamental de la ville au Maroc» et de Casablanca en particulier. Ainsi, retrouvant son indépendance politique, le Maroc ne peut faire table rase de l’époque de la colonisation. Pour M. Nachoui, «les marques et stigmates de celle-ci sont toujours présentes et apparentes dans l’espace casablancais, précisément sa ségrégation et ses séquelles subsistent encore». Les quartiers européens de jadis sont donc habités par l’élite et la peut nombreuse classe supérieure marocaine. La ségrégation ethnique va être remplacée par une ségrégation socio-économique. La démarcation spatiale n’est plus la ligne de chemin de fer, mais la route du 2 Mars approximativement, c’est-à-dire entre l’Est et l’Ouest; et même l’extension et l’organisation de l’espace urbain vont suivre fidèlement les orientations et les réalités sociales tracées pendant le Protectorat.
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-Décembre. Le résident général déclare que des "fonds importants seront dégagés en faveur de notre politique du logement". -Déportation en Corse du Roi Mohammed V. -L'urgence face à la résorption des bidonvilles."On va au plus pressé, c'est la suppression des bidonvilles, après, on verra" (Conseil du gouvernement).
1955
1956
1957
-Mise à l'écart d'Ecochard, retour à Paris. -Début (jusqu'en 56)de l'extension massive et rapide de l'espace périphérique. -Janvier 1954, "Casablanca,1ère ville chantier d'Afrique du Nord, 87 milliards de constructions nouvelles depuis 1946" titre Le petit Marocain du 21 Janvier 54. -Mars 1954: 48 attentats dont 11 à la bombe en 15 jours à Casablanca. -Doublement du nombre d' arrondissements de la ville, passant de 7 à 14 -Août 55 : Négociations p o u r l'indépendance du Maroc à Aixles-Bains. -Novembre: Retour d'exil du R o i MohammedV.
1958
- 2 M a r s : Proclamation de l'Indépendance politique du M a r o c .
1959 -Casablanca compte 1 005 900 habitants officiellement.
1960
-Grève générale organisée par l'UMT (Union Marocaine du T r a v a i l ) .
-Les dernières troupes quittent le p a y s .
1961
-Remise en question du régime par les étudiants au 6ème congrès de l ' U N E M .
-Février 61: Mort de Mohammed V. Le Roi Hassan II prend sa succession.
1962
De la ségrégation spatiale à la hiérarchisation sociale; mouvements de modernisation A l’Indépendance, politique de recasement et sélections socio-économiques tendent ensemble, à segmenter la ville; d’un côté les bourgeois avec leur habitat individuel spacieux, de l’autre, les pauvres et les prolétaires dans leur habitat collectif très restreint. De plus, le renouvellement du parc de logements reste faible du fait même de l’histoire récente des constructions. Ségrégation ethnique, puis sociale, étant imposées, l’espace et la société seraient donc hiérarchisés selon ces mutations. Certes, l’élite marocaine avait commencé à investir les quartiers résidentiels de villas (le Polo) avant 1956, mais le phénomène n’était pas général. On trouvait encore les notables casablancais bien implantés à Derb Sultan, au quartier Habous, aux alentours immédiats du palais royal. La conquête par étapes (C.I.L., Anfa) des quartiers en direction de Aïn Diab se fait au fur et à mesure de la conséquente fortune de ces nouveaux demandeurs de logement. L’attraction manifeste d’un nouveau genre de vie s’impose dans des attitudes nouvelles face au travail (dans les quartiers de type européen), au déplacement dans la ville (la voiture), à la conception de l’habitat (le confort moderne). La Médina, délaissée par ses premiers habitants ayant opté pour des migrations inter-urbaines, enfle alors en densité humaine, sous la pression, déjà ancienne à Casablanca, de nouveaux arrivés. Le bidonville (qui a par ailleurs représenté un bastion de la résistance armée) se sature par une parcellisation intensive, ou se développe en petits quartiers (douars) sur d’autres sites, dans les poches de quartiers résidentiels. Ainsi, subsistent malgré la politique de recasement, des lambeaux de bidonvilles par endroits dans la ville même. De plus, des noyaux de bidonvilles apparaissent autour de la ville de plus en plus loin et de plus en plus nombreux, participant à l’éloignement constant de ses habitants. Pour Claude Liauzu: «La ville de Casablanca juxtapose et oppose les segments d’un espace éclaté: médina et ville moderne, beaux quartiers et quartiers populaires, centre urbanisé et périphéries… Dépossédée de ses fonctions et de son statut, au mieux, survivance fossilisée, le plus souvent dégradée et paupérisée, abandonnée par les citadins et envahie par les ruraux, la Médina est déchue de sa centralité. A travers une lutte entre la ville «musulmane» et la ville «européenne» sous la colonisation. Lutte qui se poursuit depuis les Indépendances. C’est le modèle occidental qui s’est imposé comme dominant. Tout fondateur d’empire est un bâtisseur: la formule, courante dans l’entourage de Lyautey, vaut aussi pour les fondateurs d’Etat suivants, et elle va inspirer les utopies urbanistiques des nouvelles classes dirigeantes. Mais les symboliques prestigieuses du centre ne cachent pas l’essentiel: l’ancien modèle a cédé la place à un «flou urbain». Flou révélateur des difficultés qu’éprouvent les pouvoirs à maîtriser ce lieu stratégique et à faire assurer par la ville sa fonction majeure, le contrôle de l’espace national.» La multiplication des distances et l’éloignement; la croissance continue de la périphérie, source d’exclusion A ces difficultés urbaines s’ajoutent d’autres éléments d’exclusion. L’extension de l’espace résidentiel ne va cesser de prendre de l’ampleur, vers des périphéries de plus en plus éloignées. Là encore, il est facile de constater la différence considérable entre l’Ouest et l’Est. En effet, le quartier Qods représente l’unique extension vers l’Est en habitat collectif, logeant les catégories socio-professionnelles relativement moyenne; il est à plus de 12 Km du centre ville. Alors que Aïn Diab, qui représente l’ultime extension de l’habitat individuel en villas vers l’Ouest, est à 7 Km du centre. Par analogie, il est difficile de pouvoir habiter à l’Ouest, mais il est très facile de vivre à l’Est. La politique du Protectorat, poursuivie par l’Etat marocain, semble avoir comme conséquence une extension de l’habitat individuel consommateur d’espace; alors que l’habitat social, de petite superficie, devant s’étaler moins, s’est au contraire beaucoup plus développé que le premier. C’est ainsi que les distances se multiplient pour ceux qui ne peuvent bénéficier d’un moyen de déplacement comme la voiture; créant un peu plus de ségrégation et d’exclusion. Cet état traduit
1956
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nouvelles depuis 1946" titre Le petit Marocain du 21 Janvier 54. -Mars 1954: 48 attentats dont 11 à la bombe en 15 jours à Casablanca. -Doublement du nombre d' arrondissements de la ville, passant de 7 à 14 -Août 55 : Négociations p o u r l'indépendance du Maroc à Aixles-Bains. -Novembre: Retour d'exil du R o i MohammedV.
1958
- 2 M a r s : Proclamation de l'Indépendance politique du M a r o c .
1959 -Casablanca compte 1 005 900 habitants officiellement.
1960
-Grève générale organisée par l'UMT (Union Marocaine du T r a v a i l ) .
-Les dernières troupes quittent le p a y s .
1961
-Remise en question du régime par les étudiants au 6ème congrès de l ' U N E M .
-Février 61: Mort de Mohammed V. Le Roi Hassan II prend sa succession.
1962
également une réalité toujours présente aujourd’hui à Casablanca, la bourgeoisie, de part sa structure, est très réduite numériquement et évolue très lentement en nombre d’individus, alors que le contraire s’applique à la catégorie opposée. La réalité d’extension est donc nettement guidée par cette réalité sociale. L’ampleur du phénomène des bidonvilles selon la distance au centre-ville en 1982
Distance
Nombre de foyer
%
Nombre d’habitants
%
Moins de 4 Km
3 600
7,2
21 900
7,7
De 4 à 6 Km
19 900
40
109 400
38,7
Plus de 6 Km
26 200
52,8
151 350
53,6
Total
49 700
100
282 650
100
Ainsi, les bidonvilles s’éloignent de plus en plus du centre ville et ce phénomène varie selon qu’on soit à l’Est ou à l’Ouest de la ville. Plus on va vers l’Est, plus les bidonvilles sont nombreux, et inversement, plus on va à l’Ouest moins on en trouve. M. Nachoui souligne que dans un rayon de 4 kilomètres autour du centre-ville, les bidonvilles sont très réduits en nombre et en espace du fait de la politique de relocalisation de ces derniers vers les périphéries par l’administration française. A environ 6 kilomètres vers l’Est, se trouvent les deux plus grands bidonvilles de Ben M’sik et Carrières Centrales. Au-delà de 6 kilomètres, surtout vers l’Est et le Nord-Est, se concentrent la plupart des petits bidonvilles. Les habitants des bidonvilles représentent en 1982, 12,9% du total de la population casablancaise et occupent 6% de la superficie de la ville. Au niveau de l’espace habitable, ils sont avantagés par rapport à la population des «maisons marocaines» en dégradation; mais «cette mémoire résidentielle, faite de déplacements forcés et répétitifs, n’est pas sans influer sur le sentiment de précarité et de rejet qu’éprouvent les bidonvillois par rapport à leur insertion dans l’espace urbain casablancais», selon Abdelmajid Arrif. L’importance des bidonvilles selon les secteurs en 1982
Secteur
Nombre foyers
Ouest
5 850
Sud
de %
Nombre d’habitants
%
11,7
27 050
9,6
19 700
39,6
115 600
40,9
Est
24 150
48,7
140 000
49,5
Total
49 700
100
282 650
100
La spécialisation productrice de disparités Au zonage et à la juxtaposition vont répondre une spécialisation des espaces périphériques. Leur extension se fait par division des secteurs.
1963
Ainsi, le quartier Californie par exemple est entièrement consacré aux villas, Oulfa, au logement social etc. La partie Ouest de Casablanca se voit attribuer la vocation de l’habitat aisé en villas. - D é c r e t p r o m u l g u é définissant les zones d'habitat économique.
1964
1965
-De violentes é m e u t e s secouent les villes du Maroc et Casablanca en particulier.
Le transfert de l’aéroport international d’Anfa à Nouacer entraîne l’extension de l’habitat aisé, précisément de la haute bourgeoisie, vers l’Ouest et le Sud-Ouest. C’est une option dans
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-Grève générale organisée par l'UMT (Union Marocaine du T r a v a i l ) .
-Les dernières troupes quittent le p a y s .
1961
-Remise en question du régime par les étudiants au 6ème congrès de l ' U N E M .
-Février 61: Mort de Mohammed V. Le Roi Hassan II prend sa succession.
l’urbanisme des risques selon M. Nachoui, qui veut qu’il n’y ait pas de quartiers populaires entre l’aéroport et l’habitat aisé… On observe ainsi une continuation des principes sécuritaires et de la logique de zonage, générateurs d’exclusion, lancés par Prost et poursuivis par Ecochard. En s’accentuant, les contradictions sociales s’inscrivent donc avec force sur l’espace urbain. Si la densité démographique dans les années 70 est de 17 habitants à l’hectare dans la zone de villas d’Anfa, elle est de l’ordre de 1500 dans la médina, de 1000 dans la Nouvelle Médina et aux alentours de 800 à la périphérie de Ben M’sik. Si les habitants des villas représentent 8,5% de la population totale de Casablanca, ils occupent 28,4% de la superficie de la ville, par contre, les habitants des logements économiques représentent 47,5% de la population et seulement 29% de la superficie de Casablanca. La division et les disparités entre l’Est et l’Ouest s’accentuant; la frontière qu’était la voie ferrée pendant le Protectorat est remplacée peu à peu par la Route de Médiouna. Cette dernière matérialise, en effet, la séparation physique entre les quartiers populaires et le reste de la ville. Point stratégique, elle sera d’ailleurs l’objet d’attentions particulières, notamment son élargissement au lendemain des émeutes de 1981.
1962
1963
- D é c r e t p r o m u l g u é définissant les zones d'habitat économique.
1964
1965
-De violentes é m e u t e s secouent les villes du Maroc et Casablanca en particulier.
La répartition des zones d’habitat (source: SDAU, 1984)
1966
-Novembre: Attachement de la Direction de l'urbanisme et de l'habitat au Minitère de l'Intérieur.
1967
-Création du CERF(Centre d'Expérimentatio n, de Recherche et de Formation).
1968
A l’Indépendance politique, le Maroc hérite également des structures d’un Etat centralisé. La population qui a largement combattue pour l’Indépendance attend des répercussions sur ses conditions de vie. Mais les aspirations à un développement harmonieux et durable ne trouvent pas de support réaliste sur le plan matériel. Malgré un énorme effort budgétaire et technique pour Khalid Mikou, l’État qui s’emploie seul a résoudre les problèmes du logement du plus grand nombre, est contraint d’admettre la nécessité d’y intéresser la promotion privée. Un décret est alors promulgué en 1964 définissant les zones d’habitat économique. La réglementation a «pour but de permettre à une population urbaine peu fortunée d’accéder au logement …». Les documents d’urbanisme, en application des dispositions de ce décret, prévoient des zones où doivent trouver place ce genre d’habitat qui a la spécificité de présenter des normes moins contraignantes que l’habitat des immeubles de type européen. Ces zones seront aménagées par leurs propriétaires et par les promoteurs privés, par morcellement et lotissements successifs. Toutes les extensions des villes marocaines se sont fait sur ce modèle. Ainsi de nouveaux «morceaux de ville» viennent se rajouter à l’espace existant, ne faisant qu’accentuer le phénomène de juxtaposition préexistant. Dès les années 50 et jusqu’à l’Indépendance, le fait alors marquant de cette décennie en matière d’urbanisation est le développement de l’habitat «sous-intégré» selon l’expression de M. Naciri, habitat du plus grand nombre et des plus pauvres. L’État marocain considère que la
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pI050 - D é c r e t p r o m u l g u é définissant les zones d'habitat économique.
solution à apporter au problème de l’habitat précaire constitue un investissement improductif en termes de croissance économique. En fait, les dimensions du problème se révèlent être quelquesunes des conséquences majeures du développement colonial (déstructuration du monde rural, désintégration des villes marocaines), et le jeune État marocain n’est alors aucunement préparé à maîtriser la croissance urbaine de Casablanca.
1964
1965
-De violentes é m e u t e s secouent les villes du Maroc et Casablanca en particulier.
Dès 1965, le gouvernement se trouve confronté pour la première fois depuis l’Indépendance, à une révolte urbaine: la gravité des évènements va-t-elle inspirer au pouvoir la nécessité d’une prise en charge efficace des problèmes de la ville? Émeutes et conditions socio spatiales, 1965
1966
-Novembre: Attachement de la Direction de l'urbanisme et de l'habitat au Minitère de l'Intérieur.
1967
-Création du CERF(Centre d'Expérimentatio n, de Recherche et de Formation).
1968
1969
1970
-Projet de loicadre (non promulguée) d'aménagement urbain et rural dont, entre autres, le SDAU ( S c h é m a d i r e c t e u r d'aménagement u r b a i n ) .
-Casablanca compte 1 5885 450 habitants officiellement.
1971 -Création du Ministère de l'urbanisme, de l'habitat, du tourisme et de l'environnement.
1972
Pendant les années soixante, l’État ne cesse de subir des pressions socio-politiques, d’abord de la part des partis politiques issus du mouvement national, puis de la part la société urbaine qui s’impose progressivement. Ainsi, les syndicats de l’UMT (Union marocaine du travail) organisent une grève générale en 1960; il en est de même au complexe industriel de Safi en 1967, donnant lieu à l’arrestation du secrétaire général de l’UMT, suivit d’une grève de protestation ayant pour conséquence l’arrestation des responsables de la presse de l’Istiqlal, de l’UNFP et du PCM (parti communiste). L’union nationale des étudiants Marocains (UNEM) met également en cause le régime politique pendant son 6ème (1961) et 8ème congrès (1963) ce qui finit par l’arrestation de son président. Les grèves des lycéens et des étudiants prennent de l’ampleur à partir de 1968. Les établissements scolaires deviennent le théâtre de conflits graves qui aboutissent à la fermeture de certaines universités et à la dissolution de l’UNEM en Janvier 1973. Les émeutes dans les grandes villes en 1965 finissent par secouer le pouvoir politique. D’autant plus que l’attitude de laisser faire de l’État à l’égard de la ville et de l’habitat urbain, pendant les années soixante, se fait sentir sur l’urbanisation de Casablanca. Exceptées quelques opérations urbaines publiques ponctuelles, la croissance urbaine périphérique est réalisée principalement par les promoteurs privés. Dans les faits, le recensement général de la population en 1971, révèle une situation urbaine catastrophique. La moitié des logements constituant le parc immobilier urbain national est jugée défectueuse. Gilles Perrault, malgré l’aspect controversé de son ouvrage, nous permet tout de même de recueillir quelques informations, mêmes si contestables, sur la situation urbaine et sa relation avec l’émeute ainsi que sur le déroulement des évènements. D’abord une manifestation d’étudiants, elle devient vite une émeute touchant une grande partie de la ville. Cette dernière nourrit «mois après mois, écrit Perrault, des cohortes de paysans déracinés échoués avec leur famille à la lisière des villes. […] De 5 % au début du siècle, l’urbanisation passe à 30 % en 1965. On dort d’abord sur des cartons, puis dans des cahutes en tôles […] Misère et pénurie côtoient un luxe sans complexes. […] Ainsi intriqué dans la ville, les quartiers où végètent les chômeurs et les tours altières construites pour les bureaux d’affaires, la marée glauque des bidonvilles et les palais privés encerclés de hautes murailles du quartier des Crêtes. […] Comme en 1952, la foule assiège le commissariat des Carrières Centrales, où l’on dit que sont retenus des dizaines de Lycéens. Les policiers ouvrent le feu, faisant des dizaines de victimes, […] Oufkir tombe du ciel. Il aime l’hélicoptère pour la capacité qu’il lui donne de fondre sur l’ennemi […]. Lui aussi se souvient des émeutes anti-françaises de 1952 et de leur répression qu’il avait jugée molle. […] Puis l’hélicoptère remonte une à une les longues avenues de Casablanca, dispersant sous son feu les cortèges.[….] Des chars d’assaut et quatre cents camions chargés de troupes convergent sur Casablanca. […] Il a fallu trois jours à Oufkir pour mater la ville.» Ce mouvement urbain est finalement très vite réprimé, mais il induit une réorientation de l’aménagement du territoire, en vue d’une meilleure concordance entre planification rurale et planification urbaine. La prise de conscience est d’autant plus marquée, que le manque de considération des coûts sociaux de l’urbanisation (qui a prévalu, en partie, dans les choix d’une priorité de l’aménagement rural, peu de temps après l’Indépendance) trouve écho dans les résultats du recensement de 1971: le taux de croissance annuel moyen de 1960 à 1971 est de 3,5 % pour Casablanca, quand celui de la même période pour l’ensemble du Maroc atteint 4,3 %, faisant passer le taux d’urbanisation de 29,15 % en 1960, à 35,2 % en 1971. (Source: Population légale du Maroc,
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Recensement de 1971.) A ajouter à cela, les résultats de l’enquête de consommation des ménages menée en 1970-71 qui révèlent une forte inégalité sociale, 18,8 % de la population est responsable de la moitié de la Dépense Nationale.
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B - Une période décisive, la décennie 70
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-De violentes é m e u t e s secouent les villes du Maroc et Casablanca en particulier.
La période allant de 1965 à 1971, connaît alors une réflexion approfondie sur les problèmes liés à l’aménagement urbain (et rural) et le début de recherches sur les conséquences de la croissance urbaine et la nécessité de planifier les villes dans une perspective à long terme. Mais cela ne va pas sans une émeute, en effet on peut encore émettre l’idée que cette réflexion est poussée par la pression sociale qui a secouée Casablanca en 1965. L’émeute inscrit donc désormais le mouvement urbain dans un type nouveau de dynamique sociale. Un début de prise en charge
1966
-Novembre: Attachement de la Direction de l'urbanisme et de l'habitat au Minitère de l'Intérieur.
1967
-Création du CERF(Centre d'Expérimentatio n, de Recherche et de Formation).
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1969
1970
-Projet de loicadre (non promulguée) d'aménagement urbain et rural dont, entre autres, le SDAU ( S c h é m a d i r e c t e u r d'aménagement u r b a i n ) .
-Casablanca compte 1 5885 450 habitants officiellement.
1971 -Création du Ministère de l'urbanisme, de l'habitat, du tourisme et de l'environnement.
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Pour Khalid Mikou, les années 70 sont un moment de transformations considérables dues à un essor économique sans précédent (hausse des cours du phosphate) conjugué avec la marocanisation, ce qui contribue au développement urbain. L’augmentation consistante des crédits alloués sur le budget de l’Etat, l’instauration de nouveaux instruments de planification (schémas directeurs, plans d’aménagement…), la création d’organismes spécialisés sous tutelle (Fonds National d’Achat et d’Équipement du terrain FNAET, Établissements Régionaux d’Aménagement et de construction ERAC…) occasionnent un développement sans précédent du cadre bâti. On assiste aussi à la mise en place du CERF (Centre d’études, de recherche et de formation), dépendant de la division de l’urbanisme et de l’habitat au Ministère de l’intérieur, qui multiplie les enquêtes, notamment dans les bidonvilles. Son ouverture sur des établissements universitaires et sur d’autres départements ministériels comme celui de la santé ou de l’équipement marque une nouvelle volonté d’approche des fonctionnements urbains. Le Service de l’urbanisme, anciennement dirigé par Ecochard, se transforme après l’Indépendance, en Ministère de l’Habitat. Ceci prouve selon Khalid Mikou, la volonté politique de l’État marocain de continuer le programme Ecochard. Mais ce ministère a une courte durée d’existence et le Service de l’urbanisme se perd au sein du Ministère des travaux publics jusqu’en 1967. A partir de cette date le service de l’Habitat est intégré au Ministère de l’intérieur traduisant le dessein de l’État d’intervenir dans le champ urbain. Ce nouvel intérêt politique pour l’espace urbain (d’ailleurs sans crédits budgétaires importants entre 1968 et 1972) transforme le Service de l’Habitat en Ministère à part, à partir de 1972, nommé Ministère de l’Habitat, de l’urbanisme, du tourisme et de l’environnement. Les conditions de fortes tensions sociales contribuent, entre autres, à la création de nouvelles structures d’intervention pour la réalisation de lotissements et de logements économiques qui voient le jour à partir de 1975, pour se renforcer au début des années quatre-vingt. La création d’un Ministère de l’habitat et de l’urbanisme, permet à l’État marocain de mettre en place une politique du logement. Elle est destinée principalement aux couches moyennes, porteuses selon lui d’une force motrice de développement. Ainsi cette nouvelle situation traduit certes la volonté Vue aérienne de l’ensemble d’habitation de Hay de l’État d’intervenir efficacement dans le champ Hassani, vers 1965 (Ministère de l’habitat. In urbain mais cette politique, aussi ambitieuse soit- Casablanca, portrait de ville. elle, une fois ses réalisations traduites en nombre Hay Hassani est une opération de relogement du bidonville de derb Jdid entreprise au lendemain de logements fournis, ne touche en fin de compte de l’Indépendance. On remarque la reproduction qu’une partie de la catégorie sociale moyenne selon de l’urbanisme et de l’architecture de l’époque précédente. A. Rachik.
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-Novembre: Attachement de la Direction de l'urbanisme et de l'habitat au Minitère de l'Intérieur.
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-Création du CERF(Centre d'Expérimentatio n, de Recherche et de Formation).
1968
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1970
-Projet de loicadre (non promulguée) d'aménagement urbain et rural dont, entre autres, le SDAU ( S c h é m a d i r e c t e u r d'aménagement u r b a i n ) .
-Casablanca compte 1 5885 450 habitants officiellement.
Les bidonvilles et les médinas sont également l’objet des recherches et études menées pendant cette période, s’appuyant sur la reconnaissance de l’existant et sur le terrain. Avec le plan quinquennal 1973-77, les pouvoirs publics se rendent donc compte de la nécessité de mettre, à la disposition des ménages des bidonvilles, les équipements et les services urbains, de façon à mieux intégrer ces quartiers à la ville, plutôt que de continuer à mener une politique de recasement et de démolition. Des restructurations de bidonvilles voient le jour en 1978. Elles ont pour objectifs l’amélioration des conditions de vie des populations à bas revenus et la fourniture des services urbains et sociaux. Le programme de réalisation de ces projets comporte, à la fois, la restructuration des bidonvilles, la réalisation des trames sanitaires pour les familles des baraques surdensifiées et des baraques démolies précédées de la réalisation d’infrastructures. En matière d’habitat, des approches nouvelles font donc leur apparition. La recherche de moyens d’amélioration et d’intégration plutôt que des moyens répressifs est préconisée; cette optique ne peut prendre place qu’en restituant l’habitat précaire et les conditions de vie de ses habitants dans un contexte plus large. Des recherches sont menées sur les différents types d’habitat (standards, technique, densités) existants et à créer, ainsi que toute une réflexion sur les normes à appliquer dans les interventions sur l’habitat «économique» et «social», sur les moyens d’abaisser les coûts de la construction en vue d’en améliorer l’accessibilité au plus grand nombre à travers les recherches de matériaux locaux (béton de terre stabilisé, plâtre, roseau…). Paradoxalement et malgré une volonté en faveur de l’habitat urbain, les crédits affectés par le plan 1968-72 sont inexistants et les plans d’urbanisme coloniaux ne sont pas remis en question par le nouveau gouvernement. Ils continuent à traduire une volonté de stratifier l’espace, d’établir une division fonctionnelle et un zonage social rigide, avec pour conséquence la destruction des logiques urbaines existantes au nom de la modernisation. S’y enracine un système à la fois désarticulé et conflictuel. De plus, le cadre législatif n’est pas suffisant pour contrôler le développement harmonieux de la croissance de la ville. «Malgré les efforts déployés par les autorités, la production de cette période se révèle néfaste du point de vue de la qualité intrinsèque de la construction et de l’aspect culturel de l’architecture dans les zones d’extension» pour A. Rachik Malgré une certaine prise de conscience du jeune Etat marocain, ce n’est qu’à partir du plan triennal de 1978-1980 et le plan quinquennal de 1981-1985 qu’il prévoit une action concrète en faveur des catégories sociales pauvres, non solvables, et plus précisément les habitants des bidonvilles.
1971 -Création du Ministère de l'urbanisme, de l'habitat, du tourisme et de l'environnement.
1972
1973 - P l a n quinquennal, priorité à l'habitat urbain du grand n o m b r e .
1974 -Création des E R A C (Etablissements Régionaux d'Aménagement et de Construction) et du FNAET (Fonds National d'achat et d'équipement de t e r r a i n s ) .
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La crise économique de 1973 et ses effets De plus, la crise économique de 1973 a des conséquences négatives sur les volontés de l’État. Cette crise diminue le pouvoir d’achat et augmente le taux de chômage atteignant officiellement 22,5%. Le plan quinquennal de 1973-77 avait prévu la réalisation de 14 884 logements par l’ERAC et 1 200 logements au cours du plan de 1978-80. C’est ce qui explique la montée en flèche du rythme des constructions de logements à partir de 1975. Mais en 1980, seuls 8 500 logements sont achevés, soit seulement 53% de l’ensemble du programme prévu entre 1974 et 1980. Sur les 8 500 logements réalisés par l’ERAC entre 1974 et 1980, Casablanca monopolise plus de 37% de la production, soit environ 3 207 logements. Il faut attendre 1981 et les nouvelles émeutes pour qu’une politique d’intégration des espaces périphériques soit immédiatement affichée par l’État. L’occupation hiérarchisée violente, les causes lointaines Ainsi les inégalités économiques, sociales, spatiales sont ancrées de longues dates mais s’aggravent avec le temps. La croissance économique mais surtout, le développement industriel sont à l’origine d’un accroissement de ces inégalités qui n’est pas pour autant compensé par une politique étatique de redistribution. Le modèle industriel appliqué lors de la colonisation engendre une forte croissance en moins d’un quart de siècle et modifie profondément l’économie ancienne et particulièrement à Casablanca où s’implante et se développe une importante population ouvrière. Ainsi, au fil du temps, la
-Création du CERF(Centre d'Expérimentatio n, de Recherche et de Formation).
pI053 1968
1969
1970
-Projet de loicadre (non promulguée) d'aménagement urbain et rural dont, entre autres, le SDAU ( S c h é m a d i r e c t e u r d'aménagement u r b a i n ) .
-Casablanca compte 1 5885 450 habitants officiellement.
1971 -Création du Ministère de l'urbanisme, de l'habitat, du tourisme et de l'environnement.
1972
1973 - P l a n quinquennal, priorité à l'habitat urbain du grand n o m b r e .
1974 -Création des E R A C (Etablissements Régionaux d'Aménagement et de Construction) et du FNAET (Fonds National d'achat et d'équipement de t e r r a i n s ) .
1975 -Elaboration du SDAU de Casablanca a p p r o u v é . -Elaboration d'un plan de circulation pour Casablanca.
1976
-"La Verte" S a h cons n a t i
Marche vers le a r a , ensus o n a l .
question de la rémunération du salaire des ouvriers et celle du logement vont s’imposer comme des facteurs primordiaux de déséquilibre, à ce sujet, M. Naciri écrit que «les responsables de l’économie pendant les années soixante considéraient les dépenses dans le secteur social (santé, logement) comme un investissement improductif». Ces choix aggravent les disparités croissantes au sein des Casablancais. Dans cet écart s’installe une violence «structurelle» à laquelle finira par répondre une violence «colérique», une «décharge» qui «consiste essentiellement à se libérer collectivement de ces aiguillons subis» pour reprendre les mots d’Elias Canetti. De ce fait, avec la crise, le fossé devient insupportable, les problèmes divers s’inscrivent avec force dans l’espace urbain, à la ségrégation spatiale, s’ajoute l’insuffisance de terrains utilisables, un déséquilibre du marché foncier, une mauvaise répartition des fonctions urbaines, l’absence d’équipements importants, des difficultés de déplacement, la précarité des transports en commun, accentués par une inefficacité en matière de gestion liée à l’émiettement des structures et des pouvoirs. Ces différents problèmes, ajoutés à une spéculation effrénée, ont pour conséquence l’apparition d’un écart considérable de niveau de vie. D’un côté, on trouve une population vivant dans des quartiers insalubres, sous-équipés. Mohamed Berdouzy décrit Casablanca comme étant alors une juxtaposition de différentes villes:«la ville bidon», accueillant un «surplus» humain rural; «la ville bazar» en référence à la médina, en état de «taudification», et la «ville prolétaire», cité ouvrière ou industrielle en opposition à la «ville mondaine», ville bourgeoise, une ville qui quitte la ville, y compris le centre ville, une ville de quartiers où on vit en vase clos et dont on ne sort en général que pour aller aussi loin que possible, loin de la ville dont on est censé être citoyen; alors qu’on pourrait rêver d’une «ville civile». L’organisation tripartite de la ville (la médina ancienne, les médinas et cités nouvelles et la ville «européenne» ou ville nouvelle) ne créant aucun élément d’intégration ni d’équilibre s’accentue entre autre, avec la poussée urbaine et démographique, et a pour conséquence une forte ségrégation entre zone d’habitat très dense au sud-est de la ville et le reste. Les politiques d’aménagement urbain contribuent donc elles aussi à des déséquilibres favorisant les tensions sociales et la violence. C’est dans un tel contexte que vont germer les émeutes de 1981, expression des inégalités socio spatiales. De fait, lorsque les émeutiers déferlent, c’est depuis la périphérie vers les centres-villes où s’opèrent toujours les principales destructions, pour tenter de s’approprier un espace qui, d’ordinaire, leur est interdit. Ainsi, l’organisation de la ville héritée de l’époque coloniale n’est pas remise en question, lors des deux décennies qui suivent l’Indépendance, la ville n’est pas gérée sur la base d’une planification urbaine; les différents plans d’urbanisme qui sont établis sont spatialement trop limités, incohérents et peu suivis en pratique, ce qui favorise une croissance urbaine marquée par la spontanéité. Ces conditions sociales et spatiales apparaissent alors comme le terreau idéal, apte à exacerber les tensions sociales.
priorité à l'habitat urbain du grand n o m b r e .
pI054 1974
-Création des E R A C (Etablissements Régionaux d'Aménagement et de Construction) et du FNAET (Fonds National d'achat et d'équipement de t e r r a i n s ) .
V - 1981, une accélération de la politique urbaine marocaine
1975 -Elaboration du SDAU de Casablanca a p p r o u v é . -Elaboration d'un plan de circulation pour Casablanca.
1976
-"La Verte" S a h cons n a t i
Marche vers le a r a , ensus o n a l .
1977
D e s restructurations de bidonvilles voient le jour.
1978 -Plan triennal: - N o u v e l l e appellation, Ministère de l'habitat et de l'aménagement du territoire. -Programmation de la résorption des grands bidonville en les restructurant.
1979
1980
-Discours royal relatif à la construction de la mosquée Hassan II, au réaménagement de la Corniche et à un projet de métro à Casablanca.
-28 Mai : Hausse des prix de l'alimentation de p r e m i è r e nécessité.
1981
-6 Juin: Réduction de l'augmentation des prix de l'alimentation de 5 0 % . - 18 Juin: L'UMT lance un appel à la grève. -20 Juin: La CDT (Confédération Marocaine du Travail) lance un mot d'ordre de g r è v e . Des émeutes s e c o u e n t Casablanca.
1982
-Juillet: Demande royale à l'architecte Pinseau pour la réalisaton du SDAU de Casablanca. -Nomination d'un
Les conditions socio-économiques et leur inscription violente dans l’espace déterminent ainsi, entre autre, l’explosion des tensions sociales en 1981. A cette situation s’ajoute la crise urbaine qui s’accentue donc pendant les années 80 (en 1970, 40,5% des ménages urbains occupent deux pièces d’habitations, en 1985, ce taux est à 54,5 %). A - Casablanca dans l’émeute La conjoncture économique, les causes immédiates Au-delà des causes lointaines vues précédemment, existent des causes plus immédiates. Sont ainsi impliquées les politiques restrictives dues à des directives du FMI, entraînant l’augmentation des prix, crise accentuant les contradictions sociales qui s’inscrivent avec plus de force dans l’espace urbain. En effet, la densité démographique est de 17 habitants à l’hectare dans la zone de villas d’Anfa, de 1500 dans la médina, 1000 dans la nouvelle. Les habitants des zones villas représentent 8,5 % de la population totale de Casablanca, ils occupent 28,4 % de la superficie de la ville; les habitants des logements économiques représentent 47,5 % de la population et seulement 29 % de la superficie de Casablanca. Les mesures d’austérité économique se traduisent par une augmentation de la taille des familles et du taux d’occupation des pièces par personne (TOP) qui passe de 2,1 en 1971 à 2,5 en 1985. La suppression par le FMI des subventions à la consommation le 29 Mai 1981, a pour conséquence immédiate une hausse des prix des denrées alimentaires de première nécessité -ce qui fait appeler ces émeutes par A. Adam, «les émeutes du pain»- auxquels s’ajoutent des conditions climatiques particulièrement défavorables avec une longue période de sécheresse. Selon Françoise Imbert, ces émeutes sont improprement appelées «révoltes de la faim» par la presse internationale et non «émeutes FMI» ou «émeutes de la vie chère». Sur le plan économique, des petites et moyennes entreprises ferment provoquant des licenciements massifs et collectifs accompagnés d’une dégradation du pouvoir d’achat et d’une baisse des revenus touchant de plein fouet les classes populaires. Une vague de migration vient alimenter les bidonvilles et renflouer la réserve de chômeurs. La hausse des prix décidée le 28 Mai 1981 déclenche comme écrit précédemment, une colère extraordinaire et une aggravation du climat social. Le gouvernement, par le biais du Premier ministre, décide de revenir sur 50% de cette hausse des prix. Mais les couches populaires et les syndicats refusent cette mesure et réclament son abrogation pure et simple. Dans un tel climat, la CDT (Confédération démocratique du travail, c’est en fait un syndicat) appelle à la grève générale le 20 Juin, précédée de l’UMT (Union marocaine du travail) qui fait un appel à la grève générale le 18 Juin à Casablanca, à Mohammedia et à l’échelle nationale dans le secteur des transports (aériens, chemins de fer, etc.). Le mouvement de grève est largement suivi, rejoint par des secteurs comme l’enseignement, les postes, la santé et les commerçants. A ce sujet Mohammed Mounfiq écrit que «la majorité écrasante des commerçants, petits et moyens, y participent et leur boutiques sont restées fermées pendant deux jours. L’association de ce secteur à la grève est d’une grande importance, car elle a constitué le prolongement de l’action syndicale dans les quartiers et dans les foyers populaires.» Cette situation a donc pour conséquence une aggravation et une explosion des tensions sociales se caractérisant à la fois par leur immédiateté et leur spontanéité, mais essentiellement par leur invasion dans le champ urbain. Passant ainsi d’une lutte ouvrière à un véritable phénomène de lutte urbaine.
1977
pI055
D e s restructurations de bidonvilles voient le jour.
1978 -Plan triennal: - N o u v e l l e appellation, Ministère de l'habitat et de l'aménagement du territoire. -Programmation de la résorption des grands bidonville en les restructurant.
1979
1980
-Discours royal relatif à la construction de la mosquée Hassan II, au réaménagement de la Corniche et à un projet de métro à Casablanca.
-28 Mai : Hausse des prix de l'alimentation de p r e m i è r e nécessité.
1981
-6 Juin: Réduction de l'augmentation des prix de l'alimentation de 5 0 % . - 18 Juin: L'UMT lance un appel à la grève. -20 Juin: La CDT (Confédération Marocaine du Travail) lance un mot d'ordre de g r è v e . Des émeutes s e c o u e n t Casablanca.
1982
-Juillet: Demande royale à l'architecte Pinseau pour la réalisaton du SDAU de Casablanca. -Nomination d'un n o u v e a u directeur de la Sureté Nationale. -Découpage spatial de Casablanca en 5 préfectures. -Casablanca compte 2 63 470 h a b i t a n t s .
1983 -Remaniement de la législation sur l'expropriation. -Création de l ' A g e n c e F o n c i è r e Nationale. -Abandon de la restructuration di bidonville pour adopter la formule du recasement.
1984
-Le ministère de l'habitat signe une convention pour le recasement de la population de Ben M'sik. -Début des travaux de la cité de recasement. Appel aux bidonvillois pour verser leur apport financier .
1985
-La Direction de l'urbanisme et de l'aménagement confiée de nouveau au Ministère de l'intérieur.
L’émeute, les symboles visés, la symbolique des destructions. l’émeute: pillage, revanche et mécontentement social.
Après avoir tenu compte de l’épaisseur historique d’un processus ancien de relégation sociale et spatiale installé peu à peu, ainsi que des conditions immédiates de production de ces émeutes et de la violence dont elles sont porteuses, il parait essentiel, pour éclairer le phénomène de transgression brutale de l’ordre établi, de mettre en évidence les symboles visés durant ces émeutes. En effet, ils ne font que confirmer et mettre en évidence l’importance du sentiment d’exclusion économique, urbaine et sociale. Malgré l’aspect controversé de son ouvrage (et son interdiction au Maroc), il est intéressant de noter le point de vue de Gilles Perrault au sujet des émeutes de 1981; il écrit qu’en 1980 «tout a changé depuis Mars 1965, et rien n’est changé. La ville s’est monstrueusement développée, telle une pieuvre suçant la substance humaine du Maroc. Tours orgueilleuses et hôtels de luxe criaient la prospérité; la marée des bidonvilles s’étendait sur des kilomètres. Ils sont à présent deux millions à survivre dans le contreplaqué et la tôle ondulée. Les miséreux infiniment plus nombreux; les riches toujours plus riches […]. Mars 1965 a été une explosion de colère; désespoir et démoralisation furent au cœur de Juin 1981.» Le 18 Juin 1981, à Casablanca, deux syndicats appellent à la grève. Le 20 Juin, des incidents éclatent dans la périphérie de la ville: plus de 300 personnes quittent les bidonvilles du nord pour manifester leur mécontentement en s’en prenant aux symboles de richesse des quartiers résidentiels et en dressant des barricades tout au long de leur parcours. Les symboles visés traduisent une rancœur réelle envers une élite économique ne se souciant que de sa prospérité. Les saccages désignent toujours les interlocuteurs visés et constituent une reformulation en acte des sentiments de frustration, d’humiliation et d’injustice. La cible principale demeure partout les symboles de l’Etat, Préfectures, commissariats, administrations doivent faire fasse aux assauts. Et à la destruction de monuments, symboles du pouvoir politique, s’accompagne celle des symboles du pouvoir économique. Les objets de convoitise, les signes de richesse des quartiers résidentiels ne sont pas épargnés. Ces destructions s’inscrivent dans une logique d’appropriation, aussi temporaire soitelle, le centre-ville devient tout à la fois à la portée des émeutiers et inaccessible. Ce n’est pas par hasard, si ceux sont les résidences de responsables politiques et de grandes maisons bourgeoises qui sont fortement endommagées. C’est l’agression contre les limites qu’évoque Elias Canetti, une agression amplifiée dans la culture arabo-musulmane par la symbolique conférée au seuil de la maison. Dans la même logique, sont détruits les emblèmes des institutions et des entreprises étrangères. En outre, les destructions perpétrées lors de ces émeutes par ces minorités socioéconomiques prennent sens à la lumière du paramètre spatial. En effet on assiste, comme écrit précédemment, à un déplacement de la population mécontente de l’Est vers l’Ouest de la ville s’appropriant un espace lui étant interdit et illustrant par la même occasion, la dichotomie existant entre ces deux zones, sorte d’Apartheid urbain remis en question par l’émeute et les émeutiers. Témoignage (de Mohammed Mounfiq in Emeutes et mouvements sociaux au Maghreb sous la direction de Didier Le Saoult et Marguerite Rollinde) A cette occasion, il nous semble intéressant de retranscrire le témoignage de ce personnage. Il permet d’observer le quadrillage de la ville, l’efficacité de certains dispositifs spatiaux, comme l’autoroute, projetée par Ecochard et exécutée en 1979, venant diviser des quartiers considérés comme «dangereux» (le bidonville de Ben M’sik par exemple). Mohammed Mounfiq écrit donc à ce sujet «ce jour là, le samedi 20 Juin 1981, dans l’après-midi, je me rendais, en autocar de Rabat à Casablanca, dans ma famille à Sbata, un quartier populaire au Sud de la ville. A la sortie de l’autocar vers Mohammedia, un barrage de la gendarmerie était dressé. Les gendarmes ordonnaient aux conducteurs de prendre la déviation vers la route côtière pour joindre Casablanca. L’autoroute véritable artère de circulation qui divise Casablanca en deux parties- était bloquée aux abords d’El Bernoussi, quartier populaire situé au nord de la ville, le quartier était pratiquement mort alors qu’il était connu pour son intense activité. Les commerces et services étaient fermés. Mis à part quelques autocars qui déposaient
1978
pI056
-Plan triennal: - N o u v e l l e appellation, Ministère de l'habitat et de l'aménagement du territoire. -Programmation de la résorption des grands bidonville en les restructurant.
1979
1980
-Discours royal relatif à la construction de la mosquée Hassan II, au réaménagement de la Corniche et à un projet de métro à Casablanca.
-28 Mai : Hausse des prix de l'alimentation de p r e m i è r e nécessité.
1981
-6 Juin: Réduction de l'augmentation des prix de l'alimentation de 5 0 % . - 18 Juin: L'UMT lance un appel à la grève. -20 Juin: La CDT (Confédération Marocaine du Travail) lance un mot d'ordre de g r è v e . Des émeutes s e c o u e n t Casablanca.
1982
-Juillet: Demande royale à l'architecte Pinseau pour la réalisaton du SDAU de Casablanca. -Nomination d'un n o u v e a u directeur de la Sureté Nationale. -Découpage spatial de Casablanca en 5 préfectures. -Casablanca compte 2 63 470 h a b i t a n t s .
1983 -Remaniement de la législation sur l'expropriation. -Création de l ' A g e n c e F o n c i è r e Nationale. -Abandon de la restructuration di bidonville pour adopter la formule du recasement.
1984
-Le ministère de l'habitat signe une convention pour le recasement de la population de Ben M'sik. -Début des travaux de la cité de recasement. Appel aux bidonvillois pour verser leur apport financier .
1985
-La Direction de l'urbanisme et de l'aménagement confiée de nouveau au Ministère de l'intérieur. -Avril: Elaboration finale du Schéma Directeur et du Plan de Zonage. - J u i l l e t : Inauguration de la 1ère tranche de la cité de MoulayR'chid par le chef de l'Etat.
des voyageurs qui, à leur tour, se dispersaient rapidement, il n’y avait pas de circulation, pas de taxis, pas de bus, pas de voitures particulières non plus. Je me dirigeais vers Derb Sultan en empruntant la route de Médiouna, grande avenue allant du centre au sud de la ville, réputée pour ses embouteillages infernaux, mais ce jour là, elle était anormalement calme, triste et déserte, à part quelques passants. En m’engageant dans cette avenue, j’ai remarqué qu’un cordon de sécurité était en place entre le quartier des Habous et le Palais royal. Arrivé enfin à Derb Sultan, tout était fermé. Il y régnait un climat très tendu. Les habitants étaient devant leur porte d’entrée, des jeunes rassemblés par petits groupes au coin des rues. Des proches et amis m’apprirent que des manifestations s’étaient déroulées là à partir de la fin de la matinée et qu’il y avait eu des accrochages entre des jeunes manifestants et les forces de sécurité. Ces dernières, n’avaient pas cessé de charger et de tirer à balles réelles sur les manifestants qui tentaient d’accéder aux grandes avenues et/ou de joindre les quartiers voisins […]. J’ai fait le tour du quartier pour voir ce qui se passait et tenter de me rendre à Sbata dans ma famille. Des manifestants qui se dirigeaient vers Sahat Essraghna par une rue adjacente ont rapidement été chargés. Le quartier était encerclé et quadrillé par les Compagnies mobiles d’intervention (CMI), sorte de CRS, et les gardes mobiles. Toute tentative de traverser la place et de joindre un autre quartier était risquée. Le lendemain, dimanche 21, vers 10 heures du matin, des jeunes se sont rassemblés dans les rues donnant sur la place et sur les grandes avenues. L’activité n’avait toujours pas repris. C’était pourtant un quartier très animé, même le dimanche. Le quadrillage avait été levé et déplacé sur les grandes artères, semblait-il. Mais peu de gens osaient traverser la place. […] Un jeune qui a accepté de me conduire sur sa mobylette à Sbata, m’a fait savoir que des accrochages ont eu lieu la veille à Sidi Othman, Sbata, Aïn Chok et Ben M’sik (bidonvilles), qu’il y a eu des blessés et même des morts et de nombreuses arrestations. […] Dans l’aprèsmidi, je suis sorti du quartier. J’ai vu la façade d’une agence bancaire complètement brisée, une pompe à essence détruite, une pharmacie saccagée. Plusieurs poteaux et fils électriques étaient également arrachés. […] Le lundi 22, la situation est revenue lentement à la normale. […] Le quadrillage des quartiers était levé. Mais me trouvant à Derb Sultan ce jour-là de nouveau, j’ai vu des camions et des blindés de l’armée tourner périodiquement autour du quartier par les grandes avenues qui l’entourent. Il semble que c’était le même cas dans d’autres quartiers où ont éclaté les émeutes. Cela a duré plusieurs jours.» On voit ainsi, à la lumière de ces informations, que les manifestations et les émeutes éclatent pour la plupart, dans des quartiers populaires de Casablanca (l’ancienne Médina, Derb Sultan, Aïn Chok, Sbata, Ben Msik, Sidi Othman, Bournazel, Hay el Mohammadi, Aïn Sbaa, El Bernouss) ayant déjà massivement participés aux émeutes passées. Il est à ce sujet essentiel de souligner la «géographie» des émeutiers; venant de la périphérie, elles s’attaquent, comme écrit dans la partie précédente, aux symboles de la richesse (agence bancaires, voitures de luxe etc.) et de la répression (commissariats et véhicules de la police, locaux des forces auxiliaires etc.) mais également au centre symbolique de la ville. De plus, un tel témoignage nous permet d’observer l’«efficacité» du zonage. En effet, il permet dans de tels cas de pouvoir maintenir une certaine population d’un côté de la ville et de lui interdire l’accès à certains quartiers avec facilité. On parle même de la mise en place par la suite d’un cordon de sécurité autour des quartiers aisés et des centres d’affaires afin d’arrêter et de mater des manifestants qui tenteraient de joindre ces lieux. On peut également mieux comprendre l’intérêt du pouvoir pour les larges avenues quadrillant les quartiers populaires créant ainsi des frontières physiques dont l’espace est facilement appropriable par les forces de l’ordre devenant un obstacle infranchissable par les émeutiers comme avait pu l’être la voie ferrée pendant le Protectorat. B - La ville, nouvel enjeu politique, «l’urbanisme de l’urgence» (A. Rachik) A partir des années 80, l’espace urbain au Maroc devient alors un enjeu politique de taille. Cela va donc de paire avec les tensions sociales violentes qui ont secouées les villes du pays, dont Casablanca en 1981. Elles ont pour conséquence la prise de conscience de la nécessité d’une approche de la ville qui prenne, ou reprenne, en compte les aspects sociaux autant qu’urbanistiques.
pI057 1980
-Discours royal relatif à la construction de la mosquée Hassan II, au réaménagement de la Corniche et à un projet de métro à Casablanca.
-28 Mai : Hausse des prix de l'alimentation de p r e m i è r e nécessité.
1981
-6 Juin: Réduction de l'augmentation des prix de l'alimentation de 5 0 % . - 18 Juin: L'UMT lance un appel à la grève. -20 Juin: La CDT (Confédération Marocaine du Travail) lance un mot d'ordre de g r è v e . Des émeutes s e c o u e n t Casablanca.
1982
-Juillet: Demande royale à l'architecte Pinseau pour la réalisaton du SDAU de Casablanca. -Nomination d'un n o u v e a u directeur de la Sureté Nationale. -Découpage spatial de Casablanca en 5 préfectures. -Casablanca compte 2 63 470 h a b i t a n t s .
1983 -Remaniement de la législation sur l'expropriation. -Création de l ' A g e n c e F o n c i è r e Nationale. -Abandon de la restructuration di bidonville pour adopter la formule du recasement.
1984
-Le ministère de l'habitat signe une convention pour le recasement de la population de Ben M'sik. -Début des travaux de la cité de recasement. Appel aux bidonvillois pour verser leur apport financier .
1985
-La Direction de l'urbanisme et de l'aménagement confiée de nouveau au Ministère de l'intérieur. -Avril: Elaboration finale du Schéma Directeur et du Plan de Zonage. - J u i l l e t : Inauguration de la 1ère tranche de la cité de MoulayR'chid par le chef de l'Etat.
1986
-La régie autonome de distribution d'eau (RAD), prend en charge l'opération d'assainissement.
-Avril: Signature d'un protocole d'accord marocojaponais pour l'élaboration d'un projet de métro centre/périphérie. -Introduction de 5 sociétés privées
Il s’agit ici de se demander comment les différents appareils de l’Etat assurent la gestion de ces tensions sociales violentes et répétitives. Et comment les stratégies alors adoptées se traduisent dans l’espace urbain, les formes qu’elles génèrent notamment en périphérie, leur influence sur la croissance urbaine et sur la structure urbaine d’une manière générale. Les instruments de planification urbaine sont revus et repensés juste après l’émeute de 1981, mais cela les rend-ils obligatoirement marqués par des préoccupations d’ordre sécuritaire? La planification urbaine va t’elle toujours être synonyme, entre autres, de la mise en place d’un dispositif de control et d’encadrement des catégories sociales populaires? Les émeutes et la réaction immédiate Les différents projets urbains formulés avant 1981 se heurtent donc aux émeutes qui secouent les villes marocaines et Casablanca particulièrement. La violence sociale contraint l’Etat à repenser sa politique urbaine, à rectifier certaines actions prévues auparavant et finalement à adopter une «nouvelle stratégie urbaine multidimensionnelle», selon l’expression de A. Rachik, en prenant particulièrement en charge les espaces périphériques. Les tensions sociales violentes précipitent et exercent alors une pression considérable sur l’intervention en cours du pouvoir politique dans le tissu urbain pour la détourner en faveur des catégories sociales peu ou non-solvables. Contrairement à la période de Lyautey et à celle d’Ecochard, en 1981, les facteurs économiques ne justifient donc aucunement l’élaboration, des plans d’urbanisme de Casablanca (Schéma directeur, plan de zonage, plans d’aménagement). Cependant les violences collectives sont, comme pour 1952, à l’origine non de la fabrication des documents d’urbanisme, mais plutôt de l’accélération de leur élaboration voir de leur reformulation, puis de la rapidité de l’approbation définitive des instruments de planification urbaine. De 1956 à 1981: un discours très optimiste en faveur de la résorption des bidonvilles domine cette période; mais, l’action de l’Etat reste très limitée comme vu précédemment et échelonnée dans le temps. Ce n’est qu’à partir des évènements de 1981 qu’une série de décisions relatives au contrôle socio-politique et à l’aménagement (et au réaménagement) de l’espace urbain de la métropole, interviennent d’une manière efficace. Ainsi, l’élaboration des instruments de planification urbaine, la résorption de tous les bidonvilles et la réalisation des réseaux routiers deviennent le cheval de bataille de l’Etat. Le plan d’aménagement d’Ecochard est en vigueur normalement jusqu’en 1984. Le premier schéma directeur de la métropole d’après l’Indépendance est élaboré en 1975 par la Délégation du ministère de l’Habitat (MUHTE), mais il reste lettre morte. Le plan quinquennal de 1981-1985 est mis en route mais reste dans les tiroirs du ministère car son processus est avorté par l’émeute de 1981.Mais à partir de cette date une nouvelle politique urbaine va voir le jour, accompagnée d’un nouveau Schéma directeur. Toutes ces mesures sont couronnées en 1985 par le transfert des compétences d’urbanisme et d’aménagement du territoire, exercées jadis par le ministère de l’Habitat, au ministère de l’Intérieur. Le pouvoir d’aménagement est donc unifié et centralisé au niveau de l’espace urbain. Le maillage administratif De 1956 jusqu’en 1976, la ville de Casablanca compte une seule préfecture et 14 arrondissements. Après 1976, année de la démocratisation du pays, Casablanca connaît une succession de divisions administratives et communales; cela pour permettre l’organisation des élections communales et parlementaires mais également pour «rapprocher L’administration des citoyens» selon M. Nachoui. De 1976 à 1981, la ville compte une seule préfecture; pour ce qui est des communes, en 1976, elle est divisée en cinq communes urbaines (Ain Diab, Ain Chok, Mers Sultan, Ben M’sik et Ain Sebaa), toutes sous l’autorité de la Communauté urbaine de Casablanca. En 1981 et après les émeutes du 20 Juin, la ville voit une révision de sa division administrative. On assiste alors à la création de cinq préfectures (Ain Sebaa/Hay Mohemadi; Ben M’sik/Sidi Othman; Ain Chok/Hay Hassani et Mohamedia/Zenata). En 1985, on en rajoute
nécessité.
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-6 Juin: Réduction de l'augmentation des prix de l'alimentation de 5 0 % . - 18 Juin: L'UMT lance un appel à la grève. -20 Juin: La CDT (Confédération Marocaine du Travail) lance un mot d'ordre de g r è v e . Des émeutes s e c o u e n t Casablanca.
1982
-Juillet: Demande royale à l'architecte Pinseau pour la réalisaton du SDAU de Casablanca. -Nomination d'un n o u v e a u directeur de la Sureté Nationale. -Découpage spatial de Casablanca en 5 préfectures. -Casablanca compte 2 63 470 h a b i t a n t s .
1983 -Remaniement de la législation sur l'expropriation. -Création de l ' A g e n c e F o n c i è r e Nationale. -Abandon de la restructuration di bidonville pour adopter la formule du recasement.
1984
-Le ministère de l'habitat signe une convention pour le recasement de la population de Ben M'sik. -Début des travaux de la cité de recasement. Appel aux bidonvillois pour verser leur apport financier .
1985
-La Direction de l'urbanisme et de l'aménagement confiée de nouveau au Ministère de l'intérieur. -Avril: Elaboration finale du Schéma Directeur et du Plan de Zonage. - J u i l l e t : Inauguration de la 1ère tranche de la cité de MoulayR'chid par le chef de l'Etat.
1986
-La régie autonome de distribution d'eau (RAD), prend en charge l'opération d'assainissement.
-Avril: Signature d'un protocole d'accord marocojaponais pour l'élaboration d'un projet de métro centre/périphérie.
1987
-Introduction de 5 sociétés privées d'autobus à Casablanca. -Création de la Préfecture de Derb Sultan-Al F i d a . - J u i l l e t : Inauguration de la préfecture de Ben M'sik-Sidi Othmane par le R o i . -Réalisation de 6000 logements pour le
une sixième (Mers Sultan/El Fida). Le 26 Décembre 1990, après les émeutes de la ville de Fès le 14 Décembre 1990, on crée une septième préfecture à Casablanca (Sidi Bernoussi/Zenata). La Wilaya dominant l’ensemble, considérée comme «une sorte de supra-organisme», selon les termes de M. Nachoui, s’occupe de la coordination et de la complémentarité entre les différentes préfectures. A cette division administrative, on superpose une division communale. C’est par l’Arrêté du 4 Mai 1983 que la ville de Casablanca est redivisée en 14 Communes Urbaines (Ain Chok, Hay Hassani, Ben M’sik, Sidi othman, Sidi Moumen, Sidi Bernoussi, Ain Sebaa, Hay Mohamadi, Roches Noires, Sidi belyout, Anfa, Maârif, Mers Sultan, Méchouar, Fida); puis on y rajoute une quinzième par la création de la Commune Urbaine du Méchouar en Octobre 1984. Pour les élections communales de 1992, la wilaya de Casablanca sera divisée en 35 Communes urbaines et rurales. Au niveau spatial, la Wilaya étend son influence et son contrôle sur toutes les préfectures. L’idée de segmentation politique de l’espace casablancais était absente chez les responsables politiques avant Juin 1981. «C’est une manière, dictée par les émeutes localisées à la périphérie et à la Nouvelle Médina, de suivre le gigantisme progressif de la métropole et d’exercer un contrôle sur le champ social et spatial» selon A. Rachik. On peut rajouter que cette division administrative est, par la même occasion, accompagnée de la multiplication de commissariats de police et d’arrondissements. Ces derniers apparaissant alors comme une forme de contribution, par leurs effets dissuasifs, à la neutralisation ou à la diminution de la violence collective, malgré une possible augmentation du mécontentement social. Casablanca n’est plus une seule préfecture. La métropole est nommée Wilaya, et son siège est installé en centre-ville. Elle regroupe plusieurs préfectures appelées le GrandCasablanca, coordonnées au niveau de l’aménagement urbain par une seule structure: l’Agence urbaine de Casablanca (AUC) à laquelle est confié le schéma directeur de la ville et la révision des schémas d’autres villes. L’AUC doit pouvoir constituer un observatoire permanent chargé de rassembler toutes les données, en évolution constante, indispensables à la connaissance du développement de la ville (statistiques sur les permis de construire, connaissance de l’évolution des emplois, mis à jour des programmes d’équipements…). Elle doit également assurer la programmation des équipements, des activités et des logements; l’élaboration des documents d’urbanisme, des plans d’aménagements sectoriels; et enfin, elle participe au contrôle des réalisations. Le schéma directeur et l’élaboration de nouveaux instruments de planification urbaine En 1981 une demande royale est émise à l’architecte Pinseau (agence parisienne, également maître d’œuvre de la grande mosquée Hassan II) pour la réalisation du schéma directeur (SDAU) de Casablanca. Ce dernier est un document d’urbanisme définissant, à moyen et à long terme, pour une période de 20 ans, l’aménagement global de l’agglomération et de son extension urbaine de même que les grands problèmes de la ville et les actions majeures à y réaliser. Le SDAU porte essentiellement sur l’élargissement du plan d’Ecochard, à savoir l’élargissement du périmètre urbain à Mohammedia et aux communes de banlieue. Il s’agit, en réalité, d’une actualisation du plan Ecochard, s’appuyant sur des données actualisées, sur la base du recensement général de 1982. De plus, il s’intéresse à la modernisation des infrastructures routières et ferroviaires, et prévoit des modifications importantes du zonage, permettant la construction d’immeubles collectifs dans de nombreux quartiers. Le plan Pinseau est avant tout un instrument de programmation de logements et d’équipements collectifs en prévision des 4 millions d’habitants que devait compter la capitale en l’an 2000. Il doit également fournir un cadre nécessaire à la progression des grands investissements d’infrastructures (eau, électricité, assainissement). Parallèlement au SDAU, des PDA (plans directeurs d’aménagement) approuvés en 1989, couvrent l’ensemble de la Wilaya. Il existe ainsi un PDA pour chaque commune au 1:2000ème, ils définissent des zones par type (urbaine, industrielle, naturelle ou agricole) et établissent les règlements d’occupation du sol. Ils prévoient également les zones urbanisables futures, les espaces nécessaires pour les voiries, les infrastructures, équipements publics et espaces verts. Ce tournant de la stratégie urbaine prend plus de poids encore en 1984. On crée l’Agence urbaine dépendant du Ministère de l’intérieur. Cette dernière est suggérée par le
directeur de la Sureté Nationale. -Découpage spatial de Casablanca en 5 préfectures.
pI059
-Casablanca compte 2 63 470 h a b i t a n t s .
1983 -Remaniement de la législation sur l'expropriation. -Création de l ' A g e n c e F o n c i è r e Nationale. -Abandon de la restructuration di bidonville pour adopter la formule du recasement.
1984
-Le ministère de l'habitat signe une convention pour le recasement de la population de Ben M'sik. -Début des travaux de la cité de recasement. Appel aux bidonvillois pour verser leur apport financier .
1985
-La Direction de l'urbanisme et de l'aménagement confiée de nouveau au Ministère de l'intérieur. -Avril: Elaboration finale du Schéma Directeur et du Plan de Zonage. - J u i l l e t : Inauguration de la 1ère tranche de la cité de MoulayR'chid par le chef de l'Etat.
1986
-La régie autonome de distribution d'eau (RAD), prend en charge l'opération d'assainissement.
-Avril: Signature d'un protocole d'accord marocojaponais pour l'élaboration d'un projet de métro centre/périphérie.
1987
schéma directeur. Sa fonction est d’établir les documents d’urbanisme et de coordonner l’action des différents intervenants en milieu urbain (la commune urbaine, la communauté urbaine, la préfecture et la délégation de l’habitat). Le Département de l’urbanisme, de l’aménagement du territoire et de l’environnement est alors confié, une nouvelle fois, au Ministre de l’intérieur. Le Ministère de l’habitat et de l’aménagement du territoire se contente dorénavant du seul secteur de l’habitat. Le Dahir du 25 Janvier 1984 annonce dans son article 3 que le «schéma directeur et d’aménagement urbain de la Wilaya de Casablanca est établi par le Ministère de l’intérieur après avis des assemblées préfectorales et du Conseil de la Communauté urbaine». Le nouveau schéma directeur doit tenir compte des évènements sociaux de 1981 et un décret du 18 Avril 1985, stipule que «le SDAU doit prendre en considération les impératifs de la sécurité des citoyens (…) et réduire autant que possible les disparités sociales en matière d’habitat». Le 14 Avril 1984, l’équipe de l’agence parisienne Pinseau termine l’élaboration du schéma directeur du Grand-Casablanca et le chef de l’Etat nomme le premier gouverneur de l’Agence urbaine de Casablanca le 25 Juillet 1984. En 1984, on assiste à l’élaboration et à l’adoption définitive des instruments de planification urbains (Schéma directeur en 1984, plan d’aménagement communaux en 1989). «L’armature urbaine» La volonté d’intégration spatiale se manifeste à travers la création et l’élargissement des réseaux routiers liant la périphérie au reste de la ville. Mais également par le renforcement des moyens de transport en commun (introduction de sociétés privées d’autobus à partir de 1985); la multiplication des «petits taxis» (taxis urbains); l’utilisation des voies ferrées existantes comme celles d’un RER ou encore, l’élaboration d’un projet de métro liant la périphérie sud-est au centre. En parallèle, la réalisation d’une «nouvelle grande armature urbaine» selon l’expression de A. Rachik, permet d’organiser cet espace autour de ces équipements structurants. Des réseaux routiers sont réalisés, élargis, mis en valeur (terres-pleins centraux, plantations d’arbres) pour mettre en relief et en parfaite lisibilité cet espace occupé par les bâtiments officiels. On assiste à l’élargissement des axes principaux comme essentiellement la route de Médiouna, axe stratégique dans l’organisation de la ville. Cet élargissement ne peut nous empêcher de nous souvenir du rôle essentiel de cette voie dès les premières émeutes des années 50. En effet, elle est déjà le chemin par lequel les émeutiers pénètrent et envahissent le centre ville et l’ouest en général. Son élargissement semble alors lourd de sens. Parmi les actions majeures, le plan d’aménagement projette également la réalisation d’une route
-Introduction de 5 sociétés privées d'autobus à Casablanca. -Création de la Préfecture de Derb Sultan-Al F i d a . - J u i l l e t : Inauguration de la préfecture de Ben M'sik-Sidi Othmane par le R o i .
1988
-Réalisation de 6000 logements pour le recasement du bidonville de Ben M ' s i k . -Création d'un établissement p u b l i c (Attacharouk) dépendant du Ministère de l'Habitat pour la� réalisation de 9000 logements économiques à Sidi Moumen. -Début de la construction de la zone villas moyennes à SidiO t h m a n e . -Mai: Incendie à Ben M'sik, 28 baraques en feu et décès d'une e n f a n t . -Mai: Début d'aménagement de la Route de Médiouna liant le centre à la
L’actuel schéma directeur d’aménagement urbain de Casablanca (Pinseau) 1984. Il n’est en fait qu’une continuation du plan Ecochard, on y reprend la linéarité le long de la côte et les principes de zonage. Il est normalement obsollète mais reste en vigueur dans l’attente du nouveau SDAU en préparation.
recasement.
1984
pI060
-Le ministère de l'habitat signe une convention pour le recasement de la population de Ben M'sik. -Début des travaux de la cité de recasement. Appel aux bidonvillois pour verser leur apport financier .
1985
-La Direction de l'urbanisme et de l'aménagement confiée de nouveau au Ministère de l'intérieur. -Avril: Elaboration finale du Schéma Directeur et du Plan de Zonage. - J u i l l e t : Inauguration de la 1ère tranche de la cité de MoulayR'chid par le chef de l'Etat.
1986
-La régie autonome de distribution d'eau (RAD), prend en charge l'opération d'assainissement.
-Avril: Signature d'un protocole d'accord marocojaponais pour l'élaboration d'un projet de métro centre/périphérie.
1987
-Introduction de 5 sociétés privées d'autobus à Casablanca. -Création de la Préfecture de Derb Sultan-Al F i d a . - J u i l l e t : Inauguration de la préfecture de Ben M'sik-Sidi Othmane par le R o i .
1988
-Réalisation de 6000 logements pour le recasement du bidonville de Ben M ' s i k . -Création d'un établissement p u b l i c (Attacharouk) dépendant du Ministère de l'Habitat pour la� réalisation de 9000 logements économiques à Sidi Moumen. -Début de la construction de la zone villas moyennes à SidiO t h m a n e . -Mai: Incendie à Ben M'sik, 28 baraques en feu et décès d'une e n f a n t .
1989
-Mai: Début d'aménagement de la Route de Médiouna liant le centre à la périphérie en passant par la Nouvelle Médina. - J a n v i e r : Prolongement du réaménagement de la route de Médiouna entre la cité Ain Chock et la cité Djamàa. -Approbation définitive des p l a n s d'aménagement. -Embellissement du centre-ville et aménagement r o u t i e r .
1990 -Juin: Grand incendie à Ben
reliant entre elles les différentes préfectures, «la route des préfectures» (elle permet la liaison rapide des préfectures entre elles en cas d’urgence…). Enfin l’autoroute projetée par M. Ecochard quelques années auparavant, est construite en 1979, et vient souligner une certaine continuité de la nouvelle politique urbaine avec celle du Protectorat. Ainsi, la réalisation de nouvelles voies et surtout le réaménagement et l’élargissement des réseaux routiers, pendant les années 80, sont un ensemble d’opérations à la fois importantes, gigantesques et rapides. Une politique de logements sociaux L’urgence exercée par les émeutes de 1981, pousse également le gouvernement à accorder la priorité à la construction massive de logements sociaux. Cette politique urbaine s’inscrit essentiellement dans la périphérie de la ville où est construite la majeure partie des habitats économiques. L’émeute apparaît ainsi comme une variable importante dans le dynamisme de l’urbanisation périphérique, démontrant sa capacité à exercer une pression effective sur le pouvoir politique dans le but d’intervenir dans le champ urbain. Il s’agit donc de se demander si les différentes formes d’interventions prises alors vont reproduire des logiques ségrégatives, inspirées de mesures sécuritaires, accentuant le sentiment d’exclusion socio-spatiale; ou au contraire vat-on assister à la mise en place d’une véritable politique d’intégration urbaine des espaces périphériques?
Le bidonville, une forme d’habitat en voie de disparition?
Lors d’une conférence de presse donnée en Juillet 1981 le chef de l’Etat, déclare que «l’émeute concerne des quartiers où se trouvent des masures contraires à la dignité islamique que nous avons laissées se construire.» En effet, les conditions de vie dans les bidonvilles, lamentables et précaires, les rend forcement un espace «à haut risque» comme l’écrit A. Rachik. Ainsi, à la suite des émeutes, le Ministère de l’habitat programme la résorption de l’ensemble des bidonvilles, soit environ 280 000 habitants dont 57% résident dans la seule préfecture de Ben M’sik-Sidi Othmane. La formule de restructuration du plus grand bidonville de la métropole (Ben M’sik) qui avait été mise en place auparavant, est abandonnée pour adopter une solution plus simple, celle Opérations publiques MHAT Opérations para-publiques ERAC Opérations privées Opérations municipales Projet Nassim
Opérations de logements projetées par le SDAU
travaux de la cité de recasement. Appel aux bidonvillois pour verser leur apport financier .
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1985
-La Direction de l'urbanisme et de l'aménagement confiée de nouveau au Ministère de l'intérieur. -Avril: Elaboration finale du Schéma Directeur et du Plan de Zonage. - J u i l l e t : Inauguration de la 1ère tranche de la cité de MoulayR'chid par le chef de l'Etat.
1986
-La régie autonome de distribution d'eau (RAD), prend en charge l'opération d'assainissement.
-Avril: Signature d'un protocole d'accord marocojaponais pour l'élaboration d'un projet de métro centre/périphérie.
1987
-Introduction de 5 sociétés privées d'autobus à Casablanca. -Création de la Préfecture de Derb Sultan-Al F i d a . - J u i l l e t : Inauguration de la préfecture de Ben M'sik-Sidi Othmane par le R o i .
1988
-Réalisation de 6000 logements pour le recasement du bidonville de Ben M ' s i k . -Création d'un établissement p u b l i c (Attacharouk) dépendant du Ministère de l'Habitat pour la� réalisation de 9000 logements économiques à Sidi Moumen. -Début de la construction de la zone villas moyennes à SidiO t h m a n e . -Mai: Incendie à Ben M'sik, 28 baraques en feu et décès d'une e n f a n t .
1989
-Mai: Début d'aménagement de la Route de Médiouna liant le centre à la périphérie en passant par la Nouvelle Médina. - J a n v i e r : Prolongement du réaménagement de la route de Médiouna entre la cité Ain Chock et la cité Djamàa. -Approbation définitive des p l a n s d'aménagement. -Embellissement du centre-ville et aménagement r o u t i e r .
1990 -Juin: Grand incendie à Ben M'sik: 300 b a r a q u e s environ sont rasées par le feu, manifestation des bidonvillois vers le siège de la préfecture, implantation de tentes pendant 3
du recasement. Et c’est dans le cadre d’une politique de réalisation de villes moyennes à la périphérie sud-est de Casablanca que le ministère de l’habitat conçoit un plan d’aménagement, en 1983, dans le but de créer une ville nouvelle à Ben M’sik-Sidi Othmane. Le recasement de la population bidonviloise de Ben M’sik et celle d’Al Massira (25 000 habitants) s’insèrent dans cette nouvelle ville.L’intérêt pour ces deux bidonvilles (certes, les plus grands) ne va pas sans rappeler leur importante implication pendant les dernières émeutes. Avant les émeutes de Juin 1981, les bidonvillois de Ben M’sick sont relogés au bidonville de Massira rappelle M.Nachoui, après, un vaste programme de relogement né, s’étendant sur toute la superficie de la commune de Sidi Othman, Le Ministère de l’habitat juge initialement «commode de réaliser l’opération de résorption sur deux sites d’intervention». Le premier site est un terrain de 76 ha. où sont prévu 5 500 logements, mais sa situation géographique intéressante, notamment sa proximité des grands réseaux routiers comme les boulevards et l’autoroute, empêche la construction d’une cité de recasement. Par conséquent, seul le second site est retenu. Situé au Sud-est de Ben M’sik (environ 3km plus loin), il possède une surface de 140 ha, il est actuellement appelé quartier Moulay Rchid. Jusque là, cet espace était encore rural en majorité. La grande partie des terrains sur laquelle s’étendent ces initiatives est acquise par l’Etat. Le programme doit se réaliser par tranches, selon plusieurs méthodes de constructions, mais toutes en trames évolutives améliorées, en propriété et en copropriété. Les interventions se font après des enquêtes pour dégager les catégories socio-économiques d’après leurs revenus. En général, deux schémas de constructions sont appliqués pour deux catégories socioprofessionnelles. Pour les plus pauvres, ne pouvant prendre en charge la totalité de la construction, est mis en place un système où l’État prend en charge la construction du rez-dechaussée, puis on laisse l’initiative à l’acquéreur de construire le premier étage, dès qu’il le peut. Le deuxième système, qu’on appelle «castor» selon M. Nachoui, consiste à donner le terrain à ceux qui peuvent matériellement construire seuls et d’un seul coup les deux niveaux, dans un temps limité. Est également possible la copropriété. Dans ce cas, on a le droit de chercher une personne qui n’est pas nécessairement «bidonvilloise» mais qui peut financer la construction devenant en échange, copropriétaire à part entière. «Le changement de logement change rarement la situation professionnelle ou le niveau économique des habitants, mais le changement de l’image sociale est considérable; ils ne sont plus des «Karianistes» (bidonvillois), mais des «Bloquistes» (de bloc)» (M. Nachoui). On dénombre environ 204 100 ménages habitant des bidonvilles en 1982, presque autant « Le choix est laissé d’opter pour un plan uni-familial qu’en 1970, ils ne sont plus que 165 000 en 1989, ou bi-familial, selon les besoins et les moyens. La parcelle de 60 m2 peut recevoir une construction à 122 500, si on tient compte des opérations de deux niveaux, de 50 m2 de plancherpour chaque étage. résorption en cours de réalisation en 1989. L’unité d’habitation comprend deux chambres, un salon, La politique du logement social à Casablanca une cuisine et un WC.» (A. Rachik) concerne ainsi essentiellement deux grands bidonvilles, celui de Ben M’sik (82 000 habitants) et celui d’Al Massira (25 000 habitants). Elle doit produire environ 18 000 logements. Le Ministère espère la résorption totale des bidonvilles en 1985. En 1999, 3 000 ménages habitant à Sidi Othmane n’ont pas encore étaient recasés.
La structuration de la périphérie
Depuis la période du Protectorat jusqu’à aujourd’hui, on voit donc que l’histoire de l’espace périphérique sud-est de Casablanca est en étroite
La cité de recasement de Moulay Rchid aujourd’hui. In Casablanca, l’urbanisme de l’urgence.
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l'urbanisme et de l'aménagement confiée de nouveau au Ministère de l'intérieur. -Avril: Elaboration finale du Schéma Directeur et du Plan de Zonage. - J u i l l e t : Inauguration de la 1ère tranche de la cité de MoulayR'chid par le chef de l'Etat.
1986
-La régie autonome de distribution d'eau (RAD), prend en charge l'opération d'assainissement.
-Avril: Signature d'un protocole d'accord marocojaponais pour l'élaboration d'un projet de métro centre/périphérie.
1987
-Introduction de 5 sociétés privées d'autobus à Casablanca. -Création de la Préfecture de Derb Sultan-Al F i d a . - J u i l l e t : Inauguration de la préfecture de Ben M'sik-Sidi Othmane par le R o i .
1988
-Réalisation de 6000 logements pour le recasement du bidonville de Ben M ' s i k . -Création d'un établissement p u b l i c (Attacharouk) dépendant du Ministère de l'Habitat pour la� réalisation de 9000 logements économiques à Sidi Moumen. -Début de la construction de la zone villas moyennes à SidiO t h m a n e . -Mai: Incendie à Ben M'sik, 28 baraques en feu et décès d'une e n f a n t .
1989
-Mai: Début d'aménagement de la Route de Médiouna liant le centre à la périphérie en passant par la Nouvelle Médina. - J a n v i e r : Prolongement du réaménagement de la route de Médiouna entre la cité Ain Chock et la cité Djamàa. -Approbation définitive des p l a n s d'aménagement. -Embellissement du centre-ville et aménagement r o u t i e r .
1990 -Juin: Grand incendie à Ben M'sik: 300 b a r a q u e s environ sont rasées par le feu, manifestation des bidonvillois vers le siège de la préfecture, implantation de tentes pendant 3 mois pour les sans-abris avant leur recasement. - J u i l l e t : Lancement d'un projet de 9000 logements à Sidi-
corrélation avec la politique du logement social et avec les émeutes Comme écrit précédemment, dans la troisième partie, l’origine du logement économique à Casablanca commence en 1941-46 avec la réalisation de la cité Aïn Chock, mais prend réellement corps en 1952 avec les constructions d’Ecochard et sa trame de 8x8 m, soit 64 m2. A l’Indépendance, elle sera finalement reproduite par les promoteurs privés pendant les années soixante (cité Jamaa, quartier M’barka). Toujours pendant les années soixante, l’Etat adopte une nouvelle forme d’habitat avec la «Trame sanitaire améliorée» (TSA) de 48 m2 donnant naissance à la cité Lalla Marièm. Par la suite on assiste à la mise en place de politiques de restructuration des bidonvilles. Enfin, en 1982, la formule du recasement est adoptée pour la population de Ben M’sik et d’El-Massira, projetant ainsi la construction de 13 500 logements à Moulay Rchid. L’espace périphérique correspond donc généralement à la présence des bidonvilles, de l’habitat illégal, des cités ouvrières, des cités de recasement, etc. Avec une croissance démographique et urbaine importante; la ville se trouve quasiment encerclée par une urbanisation périphérique sous forme de logements économiques et sociaux. La périphérie, comme le souligne A. Rachik, représente ainsi, au cours du temps, soit un espace urbain marginal, délaissé par les différents gouvernements, soit un terrain privilégié et ponctuel de l’intervention politique. Espace continuellement perçu comme une menace potentielle pour l’ordre et donc comme un véritable enjeu politique. La réalisation de ces différents ensembles de logements pose également la question de l’étalement urbain et de ses conséquences; en effet, on peut se demander si cette périphérie correspond plus à la création de villes moyennes ou à une simple tendance à la «périphérisation». A ce sujet M. Nachoui écrit que «ce qui est révélateur, ce sont les espaces choisis pour les recasements. En effet, il n’y a pas un espace unique pour tous les relogés et de plus, tous les espaces de relogement se localisent de plus en plus loin, vers les périphéries et précisément, à l’est et au sud-est de la ville» reléguant encore une fois, toujours plus loin les populations des catégories sociales défavorisées et reproduisant constamment les mêmes schémas d’exclusion spatiale dénoncés plus haut. C - Aménagement et contrôle socio spatial L’aménagement, instrument de maîtrise de la ville Il faut rappeler qu’il existe une entrave fondamentale et constante aux politiques urbaines d’après l’Indépendance: l’insuffisance des crédits budgétaires et l’insolvabilité des ménages des bidonvilles. Cette situation rend les réalisations difficiles et rarement accessibles aux catégories les plus pauvres de la population casablancaise et cela, malgré une certaine volonté politique des pouvoirs en place. Cependant, pour Claude Liauzu «le système unitaire et intégratif qu’était la cité musulmane n’a pas résisté à la colonisation, à l’explosion urbaine et aux mutations sociales contemporaines. Il a laissé place à un système beaucoup plus complexe, à la fois désarticulé et conflictuel. Une enquête récente de l’UNESCO a montré l’aggravation des inégalités dans les villes marocaines. Dans une telle perspective, les politiques urbaines sont déterminantes pour le devenir des sociétés maghrébines. Le renforcement des «classes moyennes», une intégration sélective des couches populaires et la ségrégation des masses exclues de l’urbanisation: tels semblent être les axes de ces politiques.» Intégration, ségrégation et répression Les stratégies de l’époque coloniale se sont inscrites dans des extrêmes: la ségrégation totale, la séparation entière des communautés, le refus de la ville pour les masses qui affluent, et une intégration sélective. Choix qui ont étés modulés en fonction de multiples données et qui ont évolués dans le temps, surtout à partir des années trente et dans les années cinquante mais qui, et c’est l’essentiel, sous-tendent la constitution d’une société urbaine «castée». Après les Indépendances, si l’accès à la citadinité est beaucoup plus largement ouvert, les Etats s’efforcent de délimiter les catégories appelées à en bénéficier, de trier les candidats à l’urbanisation, de maîtriser la conquête de la ville en fonction des intérêts des classes dominantes, reléguant en périphérie les catégories sociales peu ou non-solvables. Aussi, l’appropriation de
finale du Schéma Directeur et du Plan de Zonage.
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- J u i l l e t : Inauguration de la 1ère tranche de la cité de MoulayR'chid par le chef de l'Etat. -La régie autonome de distribution d'eau (RAD), prend en charge l'opération d'assainissement.
-Avril: Signature d'un protocole d'accord marocojaponais pour l'élaboration d'un projet de métro centre/périphérie.
1987
-Introduction de 5 sociétés privées d'autobus à Casablanca. -Création de la Préfecture de Derb Sultan-Al F i d a . - J u i l l e t : Inauguration de la préfecture de Ben M'sik-Sidi Othmane par le R o i .
1988
-Réalisation de 6000 logements pour le recasement du bidonville de Ben M ' s i k . -Création d'un établissement p u b l i c (Attacharouk) dépendant du Ministère de l'Habitat pour la� réalisation de 9000 logements économiques à Sidi Moumen. -Début de la construction de la zone villas moyennes à SidiO t h m a n e . -Mai: Incendie à Ben M'sik, 28 baraques en feu et décès d'une e n f a n t .
1989
-Mai: Début d'aménagement de la Route de Médiouna liant le centre à la périphérie en passant par la Nouvelle Médina. - J a n v i e r : Prolongement du réaménagement de la route de Médiouna entre la cité Ain Chock et la cité Djamàa. -Approbation définitive des p l a n s d'aménagement. -Embellissement du centre-ville et aménagement r o u t i e r .
1990 -Juin: Grand incendie à Ben M'sik: 300 b a r a q u e s environ sont rasées par le feu, manifestation des bidonvillois vers le siège de la préfecture, implantation de tentes pendant 3 mois pour les sans-abris avant leur recasement.
1991
- J u i l l e t : Lancement d'un projet de 9000 logements à SidiM o u m e n . -Août: Nouvel incendie à Ben M'si, 40 baraques prennent feu.
l’espace est-elle l’un des enjeux clefs des stratégies de reproduction et de mobilités sociales. Ainsi, au Maroc, entre 1973 et 1977, les deux tiers des 275 00 habitations programmées ont été réservées aux salaires supérieurs à 1500 dirhams 150 euros), soit à moins de 20 % de la population urbaine, et entre 1978 et 1980, 40 % de la population n’a bénéficié que de 7 à 8 % des logements du plan triennal. Ces seuils écartent la plupart des ouvriers selon Claude Liauzu. Les relégations économique, spatiale et politique entretenues, ressenties comme autant de violences par les populations marginalisées, entretiennent un climat protestataire qui semble, dans un tel contexte, irréversiblement cyclique. Inégalités et morcellement «La ville est l’espace du pouvoir, le centre du maillage imposé aux sociétés.» (Claude Liauzu). La logique de zonage n’est pas remise en question et le SDAU n’est qu’une sorte de continuation du schéma d’Ecochard (produit du conflit des différents intérêts vus précédemment). Les composantes schématiques de Casablanca sont toujours: la médina, restée dans une situation de dégradation; l’héritage du centre ville colonial, aspect de l’urbanisme réglementaire; la zone de villas occupées par la grande et la moyenne bourgeoise, extravertie, consommatrice d’espace; les zones dites d’habitats économiques, véritables extensions des villes, conceptions hâtives, conduisent le plus souvent à une conception fragmentée de la ville. Venant aggraver cette situation, le découpage administratif est inégal et peut paraître injuste d’après J.F. Troin. Pour lui, il a été créé des communes riches et d’autres pauvres constamment liées à l’Etat pour leur financement. Le resserrement administratif qui a été fait pour des raisons sécuritaires ne permet pas aux responsables locaux d’avoir une vision d’ensemble, nécessaire à la bonne gouvernance du territoire. A. Rachik note également que le découpage des espaces périphériques, rapidement exécuté, soit un mois après les tensions sociales de 1981, peut être mis en correspondance avec la structure sociale de l’espace urbain. Chaque préfecture se trouve articulée plus ou moins, à un espace géographiquement et socialement distinct suivant le zonage qui domine et marque profondément la structure urbaine de Casablanca. Ce principe de zonage, encore une fois, n’est pas remis en question, il est pourtant générateur d’exclusion et de segmentation de la ville, et cette fragmentation est donc accentuée par les divisions administratives. De plus, pour s’assurer de la réalisation des ces objectifs, l’Etat confie l’ensemble de ces projets relatifs à la métropole au Ministère de l’intérieur. Ce dernier étant dans l’inconscient commun, synonyme d’efficacité politique. Après les émeutes de 1981, il intègre aussi le Service de l’Urbanisme, de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement en 1985. En évinçant le ministère de l’habitat, le Ministère de l’intérieur a actuellement la main mise sur l’Agence urbaine créée en 1984. Il nous semble que cette situation ne fait qu’illustrer une situation «policière» dont les logiques sont plutôt sécuritaires. De plus, la situation d’urgence induite par les émeutes de 1981, lance rapidement le plan d’aménagement de Moulay Rchid (recasement du bidonville de Ben M’sik) avant l’élaboration même du SDAU, éloignant ainsi des populations «indésirables». Cette solution, parait en effet, souligner le désir d’écarter la cité de recasement des réseaux routiers importants de la ville en pratiquant ainsi un urbanisme de dissimulation et de marginalisation. Cette situation illustre également, un «urbanisme de l’urgence» selon l’expression de A. Rachik. Les émeutes participent ainsi, d’une certaine manière, à un processus de régénération de l’ordre et au renforcement des dispositifs militaires et policiers. Casablanca dès le mois de Juillet 1981, est érigée en Wilaya dont relèvent cinq préfectures destinées «à rapprocher l’administration des citoyens de façon à mieux adapter aux dimensions actuelles de capitale économique, la structure de l’agglomération et à amener une meilleure gestion du terrain urbain» selon l’Agence urbaine de Casablanca en Juillet 89 (Casablanca à l’horizon 2000), elle-même sous tutelle du Ministère de l’intérieur comme écrit précédemment. Ces cinq préfectures portent le nom des quartiers dans lesquels elles sont implantées et la superposition de la carte des nouvelles implantations et de celle des foyers d’émeute en 1981, révèle des choix stratégiques. En effet, les préfectures se situent aux abords des quartiers considérés comme incontrôlables car trop pauvres, trop vastes, trop subversifs.
japonais pour l'élaboration d'un projet de métro centre/périphérie.
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-Introduction de 5 sociétés privées d'autobus à Casablanca. -Création de la Préfecture de Derb Sultan-Al F i d a . - J u i l l e t : Inauguration de la préfecture de Ben M'sik-Sidi Othmane par le R o i .
1988
-Réalisation de 6000 logements pour le recasement du bidonville de Ben M ' s i k . -Création d'un établissement p u b l i c (Attacharouk) dépendant du Ministère de l'Habitat pour la� réalisation de 9000 logements économiques à Sidi Moumen. -Début de la construction de la zone villas moyennes à SidiO t h m a n e . -Mai: Incendie à Ben M'sik, 28 baraques en feu et décès d'une e n f a n t .
1989
-Mai: Début d'aménagement de la Route de Médiouna liant le centre à la périphérie en passant par la Nouvelle Médina. - J a n v i e r : Prolongement du réaménagement de la route de Médiouna entre la cité Ain Chock et la cité Djamàa. -Approbation définitive des p l a n s d'aménagement. -Embellissement du centre-ville et aménagement r o u t i e r .
1990 -Juin: Grand incendie à Ben M'sik: 300 b a r a q u e s environ sont rasées par le feu, manifestation des bidonvillois vers le siège de la préfecture, implantation de tentes pendant 3 mois pour les sans-abris avant leur recasement.
1991
- J u i l l e t : Lancement d'un projet de 9000 logements à SidiM o u m e n . -Août: Nouvel incendie à Ben M'si, 40 baraques prennent feu.
1992
-Novembre: destruction de 400 baraques, intervention des forces de l'ordre contre les bidonvillois et arrestation de 2 h a b i t a n t s . -Décembre: au Incendie b i d o n v i l l e Lahouna à Hay Mohammadi.
-Casablanca c o m p t e officiellement 3.1 m i l l i o n s d'habitants.
A ce sujet, Françoise Imbert retranscrit les propos tenus par J.F. Clément en 1995, lors d’une conversation téléphonique où il souligne l’efficacité de ce quadrillage: «En moins de quinze minutes, toute tentative d’émeute peut être mise en échec par le déploiement des forces de l’ordre. Dans chaque quartier, à chaque point sensible, des hommes au service de l’administration sont aux aguets». Le quadrillage permet tout à la fois la localisation des individus, leur surveillance et leur encadrement. Il cloisonne l’espace en même temps qu’il le fige. Cette technique est utilisée chaque fois qu’il faut imposer ou réimposer un ordre social. Françoise Imbert rappelle à cette occasion, la réalisation notamment de la «voie des préfecture», itinéraire de quinze kilomètres reliant les préfectures entre elles. Cette volonté de contrôle au travers des réformes législatives et des aménagements urbains est au final la conséquence négative des émeutes, jouant en leur défaveur, et obtenant un résultat inverse de celui escompté par les émeutiers. Ce constat souligne le caractère inéluctable de l’aspect cyclique des émeutes. Les solutions étatiques relancent les germes de futures émeutes et en exacerbent les causes premières. Des instruments de planification, au service d’une politique sécuritaire Selon A. Rachik, «les plans d’aménagements élaborés en 1987-89, traduisent un souci sécuritaire exagéré». En effet, les espaces démographiquement denses, lieux d’émeutes, sont la cible des nouveaux plans. Une stratégie de dédensification spatiale de la Nouvelle-Médina, de son extension et de certaines zones périphériques sud-est est projetée. Le déménagement de la population est la seule formule proposée, notamment à travers le recasement. Les quartiers perçus comme étant des zones à risque sont ainsi dédensifiés spatialement et démographiquement. On n’hésite pas, à prévoir le déménagement de 70 000 ménages, soit 20 000 ménages à la préfecture de Ben M’sik-Sidi Othmane, 20 000 à la Médina intra-muros et 30 000 à Derb Sultan-Al Fida. De plus, des quartiers récemment construits et répondant aux normes des conditions d’hygiène modernes et aux règles d’alignement sont directement touchés par les Plans d’aménagement. Les réalisations des promoteurs privés entre 1962 et 1975, à un moment où l’intervention de l’Etat était presque inexistante, dans les communes d’Al Fida (Nouvelle Médina-extention) et de Ben M’sik sont également l’objet de restructuration. Ainsi, des lotissements pourtant conforment aux normes et récemment construits, sont en partie détruits par les Plans d’aménagement afin de céder la place, à l’élargissement des réseaux routiers, aux espaces verts, aux équipements collectifs et publics. A Al Fida par exemple, le plan prévoit la démolition de 2 979 logements entraînant le déménagement d’environ 5 000 habitants. De ce fait, en observant les différents Plans d’aménagement, on remarque qu’ils concernent les zones urbaines à contenu social modeste ou défavorisé et qu’ils perçoivent la densité comme étant un rapport population/espace et non un rapport habitants/pièces d’habitation, illustré par le taux d’occupation par pièce (TOP). Raser certains îlots pour aérer l’espace ne change pas la situation des
L’autoroute de Casablanca-Rabat à la hauteur de l’avenue du 2 Mars. In Casablanca, portrait de ville.
Sidi-Othmane aujourd’hui, les quartiers populaires sont systématiquement bordés de larges avenues venant quadriller l’espace
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bidonville de Ben M ' s i k . -Création d'un établissement p u b l i c (Attacharouk) dépendant du Ministère de l'Habitat pour la� réalisation de 9000 logements économiques à Sidi Moumen. -Début de la construction de la zone villas moyennes à SidiO t h m a n e . -Mai: Incendie à Ben M'sik, 28 baraques en feu et décès d'une e n f a n t .
1989
-Mai: Début d'aménagement de la Route de Médiouna liant le centre à la périphérie en passant par la Nouvelle Médina. - J a n v i e r : Prolongement du réaménagement de la route de Médiouna entre la cité Ain Chock et la cité Djamàa. -Approbation définitive des p l a n s d'aménagement. -Embellissement du centre-ville et aménagement r o u t i e r .
1990 -Juin: Grand incendie à Ben M'sik: 300 b a r a q u e s environ sont rasées par le feu, manifestation des bidonvillois vers le siège de la préfecture, implantation de tentes pendant 3 mois pour les sans-abris avant leur recasement.
1991
- J u i l l e t : Lancement d'un projet de 9000 logements à SidiM o u m e n . -Août: Nouvel incendie à Ben M'si, 40 baraques prennent feu.
1992
-Novembre: destruction de 400 baraques, intervention des forces de l'ordre contre les bidonvillois et arrestation de 2 h a b i t a n t s . -Décembre: au Incendie b i d o n v i l l e Lahouna à Hay Mohammadi.
-Casablanca c o m p t e officiellement 3.1 m i l l i o n s d'habitants.
1994 - Mort du roi Hassan II, intronisation du nouveau roi Mohammed VI. Volonté politique maniffeste en faveur du développement du logement économique.
1999
Mai 2003: Cinq attentats simultannés
ménages restant sur place. Le SDAU et les différents PA, paraissent ainsi aérer l’espace pour mieux le contrôler en cas de violences urbaines sans en régler les causes profondes. Pour A. Rachik, l’urbanisme alors prôné est un urbanisme qu’on peut qualifier de «haussmannien» souhaitant le quadrillage du champ social et la facilité du contrôle spatial grâce à une voirie large, une densité démographique faible et un espace géographique régulier, géométrique et lisible. Des représentations sociales négatives, des contenus sociaux peu différenciés De manière générale, les nouveaux plans d’aménagement n’ont prévu aucun traitement urbanistique pour atténuer les disparités sociales au niveau de l’habitat, ni aucune opération de réhabilitation urbaine des milliers de logements délabrés. «L’urgence exercée par l’explosion des tensions sociales en 1981 donne la priorité à la construction massive d’habitats sociaux sans trop se soucier de la qualité de la conception architecturale et urbanistique du quartier et du logement» selon A. Rachik. Au moment même où l’on reconnaît l’échec de la politique massive du logement social en France, débat entamée depuis les années 60 et 70, et au moment où on met en cause le principe de standardisation des logements dans les grands ensembles qui correspondent à une «tendance d’homogénéisation sociale, et par conséquent, à une répétition des violences sociales meurtrières» comme l’écrit A. Rachik; le Ministère de l’habitat au Maroc engage tout de même, depuis 1981, une politique du logement social marqué par le principe de standardisation de logements individuels à perte de vue. Réponse à l’émeute, cherchant à être un rempart à de nouvelles tensions, les opérations de recasement ne font que produire et reproduire de nouveaux espaces dotés d’une certaine forme de violence sociale. La conception architecturale de la cellule de recasement est une quasi-reproduction de la trame Ecochard, vieille de quelques décennies, et à l’unité des baraques se trouve substituée l’uniformité fonctionnelle des logements. Les logements sont ainsi exigus, standardisés, répétés uniformément, monotones et produits en série. Les pratiques des habitants illustrent d’ailleurs une réaction contre une telle situation. Ils n’hésitent pas à essayer de se démarquer soit par des inscriptions sur les façades, soit par des peintures de couleur venant orner les contours des portes ou des fenêtres, tentant La rue 72 de la cité M’barqa à Sidi Othman. In de remédier ainsi à une certaine monotonie. Casablanca, portrait de ville. De plus, les réalisations s’inscrivent dans un parcellaire A sidi-Othmane aujourd’hui, la trame Ecochard résultant d’un découpage de lotissement identiques s’est densifiée avec le temps, les logements aboutissant à des habitations dupliquées indéfiniment sont souvent surélevés. «On [sur la photographie précédente] distingue les trois étapes de la selon pratiquement le même plan type, ennuyeux or, transformation de la maison à cour 8x8 en petit cette forme d’habitat dit économique constitue le cadre immeuble sur l’emprise, puis en immeuble à de vie de la majorité des Casablancais. encorbellement.» (J.L. Cohen,M. Eleb) Illustrant l’incapacité des politiques urbaines à répondre à une certaine forme de demande: l’habitat spontané, qualifié souvent de clandestin a un taux d’accroissement très fort. C’est l’ultime recours pour des populations à la recherche d’une intégration urbaine et qui ne trouvent pas de réponse adaptée à leurs besoins selon les conditions du marché réglementé. Connu d’abord sous la forme de bidonvilles, densification des médinas et des logements sociaux, cette habitat construit en dur exprime actuellement l’inadéquation entre la croissance de la ville et sa capacité à intégrer certains types de populations. Sidi-Othman aujourd’hui.
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dépendant du Ministère de l'Habitat pour la� réalisation de 9000 logements économiques à Sidi Moumen. -Début de la construction de la zone villas moyennes à SidiO t h m a n e . -Mai: Incendie à Ben M'sik, 28 baraques en feu et décès d'une e n f a n t .
1989
-Mai: Début d'aménagement de la Route de Médiouna liant le centre à la périphérie en passant par la Nouvelle Médina. - J a n v i e r : Prolongement du réaménagement de la route de Médiouna entre la cité Ain Chock et la cité Djamàa. -Approbation définitive des p l a n s d'aménagement. -Embellissement du centre-ville et aménagement r o u t i e r .
1990 -Juin: Grand incendie à Ben M'sik: 300 b a r a q u e s environ sont rasées par le feu, manifestation des bidonvillois vers le siège de la préfecture, implantation de tentes pendant 3 mois pour les sans-abris avant leur recasement.
1991
- J u i l l e t : Lancement d'un projet de 9000 logements à SidiM o u m e n . -Août: Nouvel incendie à Ben M'si, 40 baraques prennent feu.
1992
-Novembre: destruction de 400 baraques, intervention des forces de l'ordre contre les bidonvillois et arrestation de 2 h a b i t a n t s . -Décembre: au Incendie b i d o n v i l l e Lahouna à Hay Mohammadi.
-Casablanca c o m p t e officiellement 3.1 m i l l i o n s d'habitants.
1994 - Mort du roi Hassan II, intronisation du nouveau roi Mohammed VI. Volonté politique maniffeste en faveur du développement du logement économique.
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Mai 2003: Cinq attentats simultannés dans éclatent Casablanca dans le quartier des consulats, près de celui de Belgique et face
Après s’être penché sur la stratégie urbaine à l’égard de Casablanca, on peut donc identifier trois tournants principaux ayant eu des retombées socio-spatiales importantes sur la ville: la période du Maréchal Lyautey à travers Henri Prost entre 1917 et 1925, la période de Michel Ecochard entre 1947 et 1955 et la période de 1981, jusqu’à l’heure actuelle. On peut constater que ces trois périodes, fondamentales dans l’évolution urbaine de la ville, se caractérisent par plusieurs points communs en étroite corrélation. En effet, elles correspondent aux moments où le Maroc connaît des mouvements urbains pendant le XXème siècle. Ces émeutes sont donc à l’origine d’aménagements significatifs qui sont à la fois une réponse de l’Etat à une demande latente et une volonté d’accroître l’emprise exercée par l’encadrement administratif, entre autres, de la population. La ville apparaît alors comme le produit des différentes forces mises en jeu, comme l’espace où s’inscrivent les conflits, les compromis entre les différents acteurs, locaux, nationaux, voir même internationaux. Ainsi, souvent les politiques engagées ne font que aggraver les causes «lointaines» (par opposition aux causes «immédiates») des émeutes en renforçant les dispositifs d’éloignement et de ségrégation, pour mieux se protéger d’une population jugée «à risque». C’est ainsi qu’on pourrait alors expliquer l’aspect cyclique des émeutes. L’aménagement urbain semble pouvoir contenir les mouvements sociaux comme il est capable également de les provoquer ou du moins de les nourrir. Les politiques à chaque fois engagées ne tentent pas de mettre en avant les prémisses des formes légitimes de participation politique mais les réformes nécessaires à la prévention et à la répression des prochaines émeutes. D’où le caractère cyclique des mouvements urbains au Maroc et à Casablanca en particulier. La gestion des turbulences urbaines dans cette dernière est à ce titre significative. Au plan Prost succède donc le plan Ecochard qui vise à exclure les noyaux d’habitats «sous-intégrés» (Naciri). L’existence de ce type d’habitat n’est pas réellement prise en compte par le pouvoir colonial, il s’est multiplié en dépit des nombreux arrêtés municipaux. La décennie 80 correspond également à un moment de reprise en main de Casablanca, la situation de tension conduit les pouvoirs publics à adopter une nouvelle politique pour discipliner le développement de Casablanca. Elle a pour conséquence la refonte des structures administratives et communales qui se traduit par un découpage qui répond plus à des préoccupations politiques et sécuritaires qu’à des préoccupations économiques et sociales. Ainsi, depuis 1981, année de troubles violents, les formes d’intervention de l’Etat dans l’espace urbain se multiplient. Elles prennent le caractère d’une action coordonnée des structures, des responsabilités et des compétences, resserrant par la même occasion le dispositif administratif dans les grandes villes. Les émeutes poussent donc les pouvoirs publics à accorder plus d’attention à la ville de Casablanca en multipliant les interventions et donnant plus de soutien aux catégories pauvres mais en continuant à exercer une forte ségrégation. Les différentes interventions ne semblent pas agir efficacement. Les divisions administratives se sont succédées, le Schéma directeur, plans de zonage et plans d’aménagement sont mis sur pied et leur exécution commence. On assiste à de rapides changements de l’aspect de la ville de Casablanca mais sans jamais vraiment compromettre l’ancien zonage. On observe après 1981 que chaque commune urbaine (CU) essaie d’avoir son quartier de villas, comme le quartier Rahma fait de villas dans la commune urbaine de Sidi Othman (actuelle commune urbaine de Moulay Rchid), le quartier Qods dans la commune urbaine de Sidi Bernoussi etc. Comme une tentative de correction, fut-elle minime, de la ségrégation spatiale née sous le Protectorat, entre l’Est et l’Ouest de Casablanca. Au sein des zones de villas d’Anfa, Beauséjour, Gautier, Mers Sultan et Hôpitaux, on voit apparaître des immeubles de différents standings, en général du haut standing, même si la situation diffère selon les quartiers. Cette politique perdure au Maroc et les déséquilibres spatiaux laissent apparaître l’échec de planifications urbaines qui expriment avant tout le choix et les intérêts de l’Etat. Des choix orientés en direction des classes moyennes et aisées, des grandes percées destinées au tourisme et au commerce de luxe. Des aménagements qui se font au détriment de la périphérie, le premier ministre déclare d’ailleurs même dans les années soixante-dix, «qu’il serait illusoire d’espérer satisfaire les plus pauvres, tant que les classes moyennes n’auront pas obtenu leur
zone villas moyennes à SidiO t h m a n e .
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-Mai: Incendie à Ben M'sik, 28 baraques en feu et décès d'une e n f a n t . -Mai: Début d'aménagement de la Route de Médiouna liant le centre à la périphérie en passant par la Nouvelle Médina. - J a n v i e r : Prolongement du réaménagement de la route de Médiouna entre la cité Ain Chock et la cité Djamàa. -Approbation définitive des p l a n s d'aménagement. -Embellissement du centre-ville et aménagement r o u t i e r .
1990 -Juin: Grand incendie à Ben M'sik: 300 b a r a q u e s environ sont rasées par le feu, manifestation des bidonvillois vers le siège de la préfecture, implantation de tentes pendant 3 mois pour les sans-abris avant leur recasement.
1991
- J u i l l e t : Lancement d'un projet de 9000 logements à SidiM o u m e n . -Août: Nouvel incendie à Ben M'si, 40 baraques prennent feu.
1992
-Novembre: destruction de 400 baraques, intervention des forces de l'ordre contre les bidonvillois et arrestation de 2 h a b i t a n t s . -Décembre: au Incendie b i d o n v i l l e Lahouna à Hay Mohammadi.
-Casablanca c o m p t e officiellement 3.1 m i l l i o n s d'habitants.
1994 - Mort du roi Hassan II, intronisation du nouveau roi Mohammed VI. Volonté politique maniffeste en faveur du développement du logement économique.
1999
Mai 2003: Cinq attentats simultannés dans éclatent Casablanca dans le quartier des consulats, près de celui de Belgique et face à un restaurant italien branché; près d'un hotel de luxe et du cercle de l'alliance israélite, dans le centre; et enfin à La Casa Espagna, centre
propre logement». On retrouve encore aujourd’hui cette occupation hiérarchisée de l’espace urbain casablancais. De telles ségrégations décrivent bien les échelles de transition imposées entre les degrés de la citadinité et la marginalisation qui en écarte une masse grandissante. Elles renvoient à une politique fondée sur la sélection des catégories appelées à bénéficier de la ville. Ainsi, les différentes interventions du pouvoir politique adoptent des plans d’urbanismes aboutissent à la production et à la reproduction de la structure urbaine de Casablanca. Et il suffit alors de l’élément déclencheur conjoncturel pour que les acteurs recourent à l’émeute comme une des seules possibilités d’action et de transgression de normes établies.
La Tour de l’horloge, symbole de l’ancienne Place de France, avec le minaret de la mosquée Hassan II en arrière plan. Les mêmes logiques sont continuellement reproduites. Casablanca cherche toujours à «se créer une image de prestige, une monumentalité symbolique, des signes forts et rassurants de sa puissance et de sa pérennité. L’Etat, par ce moyen, signifie sa présence tutélaire» (J.F. Troin). Ainsi de nombreux projets voient le jour. L’un des plus signifiant est l’implantation de la Grande Mosquée Hassan II, avec la projection de la percée d’une avenue imposante la reliant au centre-ville, réalisée pour redonner à la mégapole actuelle, une dimension spirituelle et culturelle qui lui manquait. Les tours du Twin Center aujourd’hui, vues depuis le boulevard Zerktouni, architectes: Ricardo Bofill et Élie Moulay. In Casablanca, portrait de ville.
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-Mai: Début d'aménagement de la Route de Médiouna liant le centre à la périphérie en passant par la Nouvelle Médina. - J a n v i e r : Prolongement du réaménagement de la route de Médiouna entre la cité Ain Chock et la cité Djamàa. -Approbation définitive des p l a n s d'aménagement. -Embellissement du centre-ville et aménagement r o u t i e r .
1990 -Juin: Grand incendie à Ben M'sik: 300 b a r a q u e s environ sont rasées par le feu, manifestation des bidonvillois vers le siège de la préfecture, implantation de tentes pendant 3 mois pour les sans-abris avant leur recasement.
1991
- J u i l l e t : Lancement d'un projet de 9000 logements à SidiM o u m e n . -Août: Nouvel incendie à Ben M'si, 40 baraques prennent feu.
1992
-Novembre: destruction de 400 baraques, intervention des forces de l'ordre contre les bidonvillois et arrestation de 2 h a b i t a n t s . -Décembre: au Incendie b i d o n v i l l e Lahouna à Hay Mohammadi.
-Casablanca c o m p t e officiellement 3.1 m i l l i o n s d'habitants.
1994 - Mort du roi Hassan II, intronisation du nouveau roi Mohammed VI. Volonté politique maniffeste en faveur du développement du logement économique.
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2003
Mai 2003: Cinq attentats simultannés dans éclatent Casablanca dans le quartier des consulats, près de celui de Belgique et face à un restaurant italien branché; près d'un hotel de luxe et du cercle de l'alliance israélite, dans le centre; et enfin à La Casa Espagna, centre c u l t u r e l hispanique d'un pourvu restaurant très fréquenté. Les kamikazes viennent pour la plupart, des bidonvilles de
VI - Une «citoyenneté par effraction» A - Les émeutes, conséquence d’un processus d’exclusion «Les émeutes de Casablanca se manifestent comme le produit d’un processus cumulatif de problèmes sociaux. Il s’agit d’une sorte de prise de revanche contre l’ordre social établi, l’émeute n’est pas un phénomène pathologique ni un comportement irrationnel, c’est une expression sociale violente, née des contradictions socio-spatiales grandissantes dans les villes. Dans ces conditions, la rupture avec la marginalité et l’intégration à la ville ne peuvent s’effectuer que par une conquête. Processus où le poids des masses, que les grandes vagues d’émeutes concrétisent, est déterminant» (M. Rollinde). Les émeutes entrouvrent une fenêtre sur la société en son désordre et en ses mutations et mettent en lumière les déséquilibres socio-spatiaux subis par certaines populations. Le mouvement urbain est alors l’occasion pour ces dernières, de signaler au reste de la ville leur situation, et de mettre sur la place publique l’injustice qu’ils subissent. La rue et son appropriation deviennent soudain un enjeu politique essentiel. «Le logement et le monde des signes» «La lutte pour l’habitat est bien l’une des priorités des populations citadines. Elle explique en particulier l’importance des migrations intra-urbaines dans les grandes villes. «Si le logement est devenu un poste du budget familial, la fragilité des revenus et l’insuffisance des ressources hypothèquent l’accès à l’univers moderne. L’habitat est le lieu d’une nouvelle forme de sous-intégration, de frustration, où est ressenti profondément, durement, le fossé qui sépare réalités et aspirations. Il aggrave le hiatus entre deux systèmes de valeurs, les normes et les codes qu’ils proposent, et le dédoublement des conduites […]. Demeure aujourd’hui une certaine stigmatisation identitaire des minorités dans ces quartiers populaires périphériques qui repoussent les populations vers une extra-territorialité empreinte de relégation et d’humiliation»écrit Claude Liauzu. Les représentations négatives, le sentiment de rejet renforcent un peu plus les déséquilibres spatiaux existants avec une perception négative de son quartier d’habitation, ce qui creuse les écarts symboliques entre les statuts sociaux des individus. Pour Bonetti, «l’habitat constitue un instrument privilégié (…). Par un renversement métonymique, les individus se voient attribuer les qualités sociales conférées à leur habitat». Reléguer en périphérie certains habitants dans des cités de recasements aux inconvénients vus dans les parties précédentes, revient à les exclure d’un sentiment d’appartenance à une citoyenneté et de la participation par là même au débat public. M. Castells rajoute que «le logement est le monde des signes, un monde chargé de pulsions et de frustrations et l’agencement de ses symboles est hautement expressif de l’insertion sociale et de l’évolution psychologique de ses habitants.» Les espaces «sous-intégrés» sont ainsi soumis à une ségrégation spatiale, sociale et psychologique.Un tel état de fait, comme situation d’exercice des compétences citadines semble difficile. La citadinité devient alors comme un rapport conflictuel permanent et une situation problématique pour certains groupes sociaux marginalisés. La mémoire résidentielle, les compétences à construire un territoire (l’organisation collective, les pratiques d’habiter, les moyens formels de négociation et de médiation avec les autorités) et le rapport à la ville ou à la citadinité sont alors problématiques. C’est une autre forme de sousintégration que doivent subir les populations périphériques et cela malgré une présence longue et continue dans l’espace urbain. La question des «compétences citadines» permet, également, d’interroger la dimension spatiale de la citadinité. L’expérience de la citadinité se vit à des échelles spatiales multiples allant de l’unité résidentielle, au quartier et plus largement à la ville. Une exclusion institutionnelle, la «ville légale» versus la «ville illégitime» On peut aussi faire allusion à la difficulté rencontrée par les habitants des espaces sous-intégrés à se construire un propre cadre institutionnel -en se constituant en organisations de quartiers par exemple ou en associations-.capable de dialoguer avec les représentations du
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- J a n v i e r : Prolongement du réaménagement de la route de Médiouna entre la cité Ain Chock et la cité Djamàa. -Approbation définitive des p l a n s d'aménagement. -Embellissement du centre-ville et aménagement r o u t i e r .
1990 -Juin: Grand incendie à Ben M'sik: 300 b a r a q u e s environ sont rasées par le feu, manifestation des bidonvillois vers le siège de la préfecture, implantation de tentes pendant 3 mois pour les sans-abris avant leur recasement.
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- J u i l l e t : Lancement d'un projet de 9000 logements à SidiM o u m e n . -Août: Nouvel incendie à Ben M'si, 40 baraques prennent feu.
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-Novembre: destruction de 400 baraques, intervention des forces de l'ordre contre les bidonvillois et arrestation de 2 h a b i t a n t s . -Décembre: au Incendie b i d o n v i l l e Lahouna à Hay Mohammadi.
-Casablanca c o m p t e officiellement 3.1 m i l l i o n s d'habitants.
1994 - Mort du roi Hassan II, intronisation du nouveau roi Mohammed VI. Volonté politique maniffeste en faveur du développement du logement économique.
pouvoir sur un même registre politique. Pour Claude Liauzu, le refus colonial de permettre le développement de municipalités dotées d’un minimum d’indépendance a eu beau jeu de s’abriter derrière le respect du pouvoir du sultan. Depuis l’Indépendance, l’Etat contemporain a maintenu la ville sous influence. Les analyses des réformes récentes comme celle de 76 au Maroc, confirment l’impossibilité d’une vie communale réelle, faute d’un budget le permettant, d’un personnel administratif compétent et d’une participation populaire.Dans un tel contexte de division, se creuse également un clivage entre les «acteurs» et le «système». Les structures dites «représentatives» sont le plus souvent sous la domination de l’Etat, et cela depuis 1912. Toute initiative d’une minorité, a fortiori lorsqu’elle est socio-économiquement et spatialement marginalisée, est analysée ou contrôlée. A cette absence de relais et d’alternative s’ajoute «un sentiment de peur à l’encontre de la sphère du politique» selon A. Rachik. Les instances politiques sont perçues comme inaptes à pacifier les relations entre l’individu et «la chose publique». Au Maroc en particulier, dans le langage courant, la politique est fréquemment associée aux «jeux», aux «pièges» et sous-entend de manière générale de mauvaises intentions. L’émeute apparaît alors comme un phénomène structurel, engageant les groupes exclus de toute régulation par la négociation collective. Les populations marginalisées spatialement se voient également exclues institutionnellement, à cette occasion on peut évoquer la difficulté de reconnaissance des bidonvilles ou des édifices illégaux, le résident à très peu de droit voire aucun, aucun droit légal de propriété ou de location, aucune légitimité institutionnelle ni reconnaissance. Ainsi, l’habitation les exclut psychologiquement, mais les coupe aussi des liens avec les systèmes institutionnels. Elle montre la faiblesse de leur place de citoyens. «L’habitation est le lieu où on constate de façon brutale, par sa visibilité sans failles, le manque de place du citoyen dans le système social, puisque dans les espaces sous-intégrés, l’espace témoigne de la non-reconnaissance institutionnelle de ces populations et il évoque l’abandon dans lequel elles sont laissées. Ces différentes échelles présentent des champs et des registres de compétences différents et variés. Elles constituent des scènes et des situations d’interaction multiples engageant des espaces de référence et d’appartenance différents» selon Naciri. Liées à la spécificité de la vie urbaine, ces compétences citadines s’enrichissent des «tensions entre la distance et la proximité, entre les localisation et la mobilité, entre l’hétérogénéité et l’intégration, entre les lignes de force qui commandent le devenir des villes et la gestion collective des enjeux de la cité» (Y. Grafmeyer). B - Émeutes ou mouvements sociaux L’émeute serait alors le reflet de toutes ces contradictions et de cette exclusion. Si l’on se risque à une définition de l’émeute, on constate que cette violence colérique est fréquemment assimilée à l’imprévisible, à l’irrationnel, au chaos, à la transgression de l’ordre contrairement à une violence organisée et calculatrice qui serait perçue comme un moyen de s’imposer dans le jeu politique. Cependant, l’un et l’autre ont en commun la transgression de l’ordre établi par des populations qui sont en situation de frustration et de marginalisation et qui mettent en question, le temps de leur action, les assises de l’État. La rue et l’émeute, mise en abîme; l’espace enjeu et support de la contestation
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Mai 2003: Cinq attentats simultannés dans éclatent Casablanca dans le quartier des consulats, près de celui de Belgique et face à un restaurant italien branché; près d'un hotel de luxe et du cercle de l'alliance israélite, dans le centre; et enfin à La Casa Espagna, centre c u l t u r e l hispanique d'un pourvu restaurant très fréquenté. Les kamikazes viennent pour la plupart, des bidonvilles de Casablanca. -Décembre: N o u v e l l e de autoroute contournement entamée au sud de la ville.
Les causes immédiates offrent à des groupes défavorisés, non une organisation mais une occasion. Dans ce cas, l’activité de ces groupes sporadiques ne peut être qu’intermittente et de type explosif. Il n’y a pas de médiation d’un groupe plus ou moins «stratégique», mais une instrumentalisation et une appropriation par la rue d’une occasion d’affrontement direct et anonyme. Cela n’est possible que dans la rue. D’autre part, la définition fréquemment empruntée à Habermas selon laquelle «l’espace» public est celui d’un débat et d’une expression citoyenne garantis par un Etat qui s’y confronte à la société civile, semble d’à propos ici. A cette occasion, il ne trouve pas d’applications aujourd’hui alors qu’on ne trouve guère de «gouvernement» urbain démocratique et l’Etat prétend tout régenter. Il faut noter ici l’importance de la rue, espace fonctionnel de circulation mais aussi lieu par excellence de commerce et de négociation, de rencontres, d’échange, de relations diffuses. Les émeutiers, en fait, ne s’approprient pas la rue, ils sont la rue.
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-Juin: Grand incendie à Ben M'sik: 300 b a r a q u e s environ sont rasées par le feu, manifestation des bidonvillois vers le siège de la préfecture, implantation de tentes pendant 3 mois pour les sans-abris avant leur recasement. - J u i l l e t : Lancement d'un projet de 9000 logements à SidiM o u m e n . -Août: Nouvel incendie à Ben M'si, 40 baraques prennent feu.
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-Novembre: destruction de 400 baraques, intervention des forces de l'ordre contre les bidonvillois et arrestation de 2 h a b i t a n t s . -Décembre: au Incendie b i d o n v i l l e Lahouna à Hay Mohammadi.
-Casablanca c o m p t e officiellement 3.1 m i l l i o n s d'habitants.
1994 - Mort du roi Hassan II, intronisation du nouveau roi Mohammed VI. Volonté politique maniffeste en faveur du développement du logement économique.
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Mai 2003: Cinq attentats simultannés dans éclatent Casablanca dans le quartier des consulats, près de celui de Belgique et face à un restaurant italien branché; près d'un hotel de luxe et du cercle de l'alliance israélite, dans le centre; et enfin à La Casa Espagna, centre c u l t u r e l hispanique d'un pourvu restaurant très fréquenté. Les kamikazes viennent pour la plupart, des bidonvilles de Casablanca. -Décembre: N o u v e l l e de autoroute contournement entamée au sud de la ville.
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-Juin: Pour accélérer la production du l o g e m e n t économique, le ministère de l'Habitat met en place une politique de fonds de garantie supposée aider le besoin de 100 000 logements par an.
La rue retrouve ici un de ses nombreux sens. Pour Imbert Françoise «ce n’est pas d’être entre eux qui visiblement les porte, c’est le sentiment de venir ensemble à l’existence. Cette violence s’exprime comme un rituel de communication sociale des populations marginalisées.» La rue reste en fait le seul espace public au sens de lieu possible d’expression du citoyen, elle prend ici tout son sens ou tous ses sens. L’absence d’écoute, le manque de représentativité institutionnelle, comme vu précédemment, et la nécessité d’une certaine médiatisation des événements font que, pour rendre visible l’expression de leur mécontentement, les acteurs sociaux sont conduits à se représenter dans le centre-ville, au pied des symboles du pouvoir. Il se produit un mouvement quasi pendulaire du quartier vers le centre-ville. Seule l’occupation brutale par les acteurs d’un espace public qui tacitement ne leur est pas destiné, peut entraîner une prise en compte de leur protestation. Car la ville est un espace de pouvoir, et les mouvements tentent alors de se l’approprier à travers l’appropriation de la rue. La population qui ne peut accéder à la ville, et à travers elle se voit refuser l’accès à un modèle, se l’approprie alors symboliquement. «La foule monte sur la rue comme on monterait sur une scène.» De plus, dans la ville traditionnelle, l’espace public est lié aux lieux d’activités commerciales, artisanales (rues des tanneurs, rue des potiers, etc.) et culturelles et même s’il est soumis à l’autorité du pouvoir; les espaces publics et essentiellement les lieux de résidence, sont pris en charge par les groupes eux-mêmes. La rupture qui s’opère dès le Protectorat affecte essentiellement ces formes traditionnelles de structuration. En effet, elle est intimement liée à la réappropriation de l’État de certaines fonctions accompagnée d’une certaine main-mise sur l’espace public. Ce dernier, soumis à l’autorité du pouvoir devient alors un enjeu de contrôle et la scène de confrontations de forces. (Mutin et Metral) Une forme de citadinité D’après M. Rollinde, D. Le Saout, l’émeute peut être associée à un langage. «A mesure que les formules d’opposition, dans des situations où la régulation démocratique des conflits est inexistante, révèlent leur inefficacité ou leur retournement dans une participation à l’ordre existant, l’esprit d’insoumission se propage souterrainement puis affleure à la surface en explosions brutales.» Si l’émeute correspond à une forme d’action qui s’exprime par le recours à la violence, on ne saurait la réduire à cette seule manifestation. Pour cela, Rollinde et Le Saoult, la distingue des incivilités et préviennent également d’une assimilation facile à des révoltes de la faim ou à une culture spécifique; «comme si les différents niveaux de développement des sociétés marquaient obligatoirement des formes distinctes d’émergence de la contestation de part et d’autre de la Méditerranée.» Pour D. Le Saout, l’émeute est «une forme non conventionnelle d’action politique. Une action collective spontanée et/ou préméditée, illégale et qui recruterait en bas de l’échelle sociale. L’habilitation de l’émeute peut se fonder soit sur un point de vue subjectiviste en prêtant des intentions politiques aux agents (la révolte). Dans une perspective objectiviste, en revendiquant les «circonstances atténuantes» pour les agents (la violence, comme expression «sauvage» du désespoir. Ou comme l’interprétation «politique» de pratiques («symptômes d’un mal être») dont le sens profond échappe aux agents. Stigmatiser vise alors à retirer tout sens politique aux actions collectives. Pendant une émeute, il n’est en aucun cas question d’une «domestication», d’un encadrement de la foule, d’une organisation du déroulement de l’émeute, ce qui représente une différence notable avec les manifestations, mode organisé de contestation politique. Il est donc difficile de pouvoir définir le mouvement urbain qu’est l’émeute. Les soulèvements se déroulent selon un processus de prises de pouvoir symboliques, celle de la conquête de l’espace public mais également de la destruction des symboles de l’État qui n’a répondu ni aux besoins ni aux demandes des populations marginalisées. Le recours à la violence dépendant de la question de la représentation politique semble alors être la forme nouvelle de participation politique, de citoyenneté. L’émeute est alors un moyen légitime de protester pour des groupes qui n’ont pas d’autres opportunité de se faire entendre, une forme de protestation qui compose un répertoire d’action collective, lui-même caractérisé «comme un moyen qu’ont les gens d’agir en commun sur la base d’intérêts partagés» (Charles Tilly) et à laquelle participent aussi les agents de l’État pour contrôler ou réprimer les actions collectives.
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environ sont rasées par le feu, manifestation des bidonvillois vers le siège de la préfecture, implantation de tentes pendant 3 mois pour les sans-abris avant leur recasement. - J u i l l e t : Lancement d'un projet de 9000 logements à SidiM o u m e n . -Août: Nouvel incendie à Ben M'si, 40 baraques prennent feu.
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-Novembre: destruction de 400 baraques, intervention des forces de l'ordre contre les bidonvillois et arrestation de 2 h a b i t a n t s . -Décembre: au Incendie b i d o n v i l l e Lahouna à Hay Mohammadi.
-Casablanca c o m p t e officiellement 3.1 m i l l i o n s d'habitants.
1994 - Mort du roi Hassan II, intronisation du nouveau roi Mohammed VI. Volonté politique maniffeste en faveur du développement du logement économique.
1999
2003
Mai 2003: Cinq attentats simultannés dans éclatent Casablanca dans le quartier des consulats, près de celui de Belgique et face à un restaurant italien branché; près d'un hotel de luxe et du cercle de l'alliance israélite, dans le centre; et enfin à La Casa Espagna, centre c u l t u r e l hispanique d'un pourvu restaurant très fréquenté. Les kamikazes viennent pour la plupart, des bidonvilles de Casablanca. -Décembre: N o u v e l l e de autoroute contournement entamée au sud de la ville.
2004
2005
-Juin: Pour accélérer la production du l o g e m e n t économique, le ministère de l'Habitat met en place une politique de fonds de garantie supposée aider le besoin de 100 000 logements par an.
«Les compétences citadines à l’épreuve de l’exclusion»
Ces émeutes apparaissent comme une nouvelle forme de contestation sociale liée au processus de l’urbanisation de la ville. Mais ne peuvent être comparées à un mouvement social ou politique. Dans une logique de mobilisation collective, les protestations donnent lieu à des échanges et à des moments de négociation. Ce n’est pas le cas lors de ces émeutes, qui ne relèvent pas d’un calcul très marqué du rapport entre le coût et les intérêts, mais qui rendent compte du mécontentement sous une forme colérique spontanée et non structurée. Le phénomène de l’émeute est loin de répondre à la définition sociologique du concept de mouvement sociale: «organisation nettement structurée et identifiable ayant pour but explicite de grouper des membres en vue de la défense ou de la promotion de certains objets précis, généralement à connotation sociale» selon A. Touraine. Les émeutes de Casablanca semblent également être loin de répondre au concept sociologique de mouvement social. En effet, G. Rocher la définit comme étant «une organisation nettement structurée et identifiable ayant pour but explicite de grouper des membres en vue de la défense ou de la promotion de certains objets précis, généralement à connotation sociale.» Or ces émeutes n’ont pas débouchées sur des formes directement politiques, et le milieu local n’est pas devenu l’assise d’une vie associative, par exemple, comparable à celle née dans d’autres régions ou dans d’autres pays. L’approche marxiste définit le mouvement social «par sa capacité à changer le système socioéconomique dans lequel il est clos. Sinon on ne risque de considérer comme mouvement social que tensions, piétinements sur place, peut-être riche en intensité sociale… mais finalement immobile dans la mesure où le système n’a pas bougé, ne s’est pas renversé» (Lojkine J.). A la lumière de ces définitions, le concept de mouvement social ne peut se confondre avec celui d’émeute qui se caractérise par sa spontanéité, le manque d’organisation, l’absence de mot d’ordre, de porte-parole etc. Mais ces es émeutes peuvent être une nouvelle forme de contestation sociale. En effet, l’émeute devient une forme spécifique de la contestation sociale qui interpelle directement les instances étatiques. Par conséquent, si les émeutes sont éphémères, leurs effets sur les champs politique, social et spatial peuvent être relativement durables. Seulement, les politiques menées par la suite renforcent les dispositifs de contrôle par la ségrégation et l’exclusion. Aggravant ainsi la violence subis par les émeutiers, habitants des périphéries. Au-delà, elles traduisent aussi le refus d’une participation vécue comme factice (on a vu précédemment, l’exclusion institutionnelle). Elle peut être envisagée comme une autre forme de participation politique dont les règles répondent à une autre logique que celle du mouvement social, s’accompagnant d’une prise différenciée de la parole. Prise de parole, conquête et appropriation de l’espace public, transgression des normes témoignage d’un échec de l’intégration et d’une volonté nouvelle d’être citoyen, «citoyen par effraction» selon l’expression de Françoise Imbert. Les habitants apparaissent plus comme des acteurs confrontés à l’État et à ses lacunes et l’interpellant sur le terrain de la vie quotidienne par défaut de régulation étatique, que comme des «citoyens par défaut» selon Depaule. Il rajoute que sur ce terrain, soit ils revendiquent, violemment à l’occasion, en tant qu’exclus, une législation de leur place et de leur statut, soit formant de «nouveaux» groupes citadins, ils cherchent qu’on reconnaisse leur pouvoir et leur position dans l’espace urbain. Et chez les uns et les autres, d’une manière directe ou indirecte, s’exprime l’affirmation de leur légitimité (citoyenne) et de leur volonté d’intégration. Il s’agit alors de se demander quel urbanisme espère ces populations. Certes l’urbanisme a toujours été politique, seulement il convient de préciser ce qu’il y a de politique dans l’urbanisme, selon les urbanismes, les contextes ou les périodes considérées. La politisation de l’urbanisme signifie en premier lieu et pragmatiquement, non pas seulement que les politiques occupent la scène publique qui est celle de l’urbanisme et qu’ils sont au contact direct avec les habitants à même le terrain, mais que ce sont les politiques plus que les techniciens qui sur la question de la ville et des projets, répondent ou offrent, entendent ou proposent et négocient des solutions. C’est en fait la situation de Casablanca aujourd’hui alors que les émeutes tentent de décrire
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-Novembre: destruction de 400 baraques, intervention des forces de l'ordre contre les bidonvillois et arrestation de 2 h a b i t a n t s . -Décembre: au Incendie b i d o n v i l l e Lahouna à Hay Mohammadi.
-Casablanca c o m p t e officiellement 3.1 m i l l i o n s d'habitants.
1994 - Mort du roi Hassan II, intronisation du nouveau roi Mohammed VI. Volonté politique maniffeste en faveur du développement du logement économique.
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Mai 2003: Cinq attentats simultannés dans éclatent Casablanca dans le quartier des consulats, près de celui de Belgique et face à un restaurant italien branché; près d'un hotel de luxe et du cercle de l'alliance israélite, dans le centre; et enfin à La Casa Espagna, centre c u l t u r e l hispanique d'un pourvu restaurant très fréquenté. Les kamikazes viennent pour la plupart, des bidonvilles de Casablanca. -Décembre: N o u v e l l e de autoroute contournement entamée au sud de la ville.
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-Juin: Pour accélérer la production du l o g e m e n t économique, le ministère de l'Habitat met en place une politique de fonds de garantie supposée aider le besoin de 100 000 logements par an.
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- Février : Le SDAU de Casablanca, par élaboré l'équipe Pinseau - ayant permis la modernisation d e s infrastructures routières et ferrovières ainsi que la construction d'immeubles et collectifs d'équipements dans de
une volonté différente qui pourrait être une autre forme d’urbanisme, un urbanisme politique. Ce dernier signifie de manière plus fondamentale que «le débat public est ouvert d’essence politique sur l’organisation de la ville et de l’être-ensemble dans la ville devient davantage la garantie d’un meilleur urbanisme ou d’un urbanisme optimal […] c’est la politique comprise comme offre de politique en direction des habitants, c’est la politique en tant qu’appel à l’invention ou à la réinvention de la cité par elle-même.» (Yves Chalas). Saaf A. écrit que «la question de la citoyenneté articulée à la ville et à l’habitat est encore très marginale au Maroc. Elle se pose plus en terme de citadinité et d’accès à un espace public lieu d’un «face-à-face Etat/population» où les compétences citadines sont mises à mal pour la maîtrise et la constitution d’un territoire de négociation et d’initiative […] L’exemple marocain illustre la difficulté qu’éprouvent certains groupes sociaux à se constituer en structures autonomes de mobilisation face à l’État qui amorce toute forme de structuration et de mobilisation dans l’espace public». Gilles Deleuze, dans sa préface au livre d’Antonio Negri, «L’anomalie sauvage», décrit deux manières d’envisager le monde: celle du pouvoir et celle de la puissance. Dans un cas, on trouverait les œuvres de Platon, Rousseau et Hegel, dans l’autre celles de Machiavel ou Spinoza. La première situation repose sur l’idée d’équilibre, de contrat originel, la seconde, décrit des conditions d’affrontement et de contradictions. Richard Scoffier, dans une conférence donnée en Juin 99, applique cette opposition à nos villes et donne à lire deux types de formations urbaines: l’une «collection d’objets régie par une raison transcendantale», espace du pouvoir; l’autre «mouvement perpétuel de choc permanent des forces entre elles», espace de la puissance.
Les marchandises américaines dans la vitrine des Galeries Lafayette en mars 1943. in, Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine.
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-Décembre: au Incendie b i d o n v i l l e Lahouna à Hay Mohammadi.
-Casablanca c o m p t e officiellement 3.1 m i l l i o n s d'habitants.
1994 - Mort du roi Hassan II, intronisation du nouveau roi Mohammed VI. Volonté politique maniffeste en faveur du développement du logement économique.
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Mai 2003: Cinq attentats simultannés dans éclatent Casablanca dans le quartier des consulats, près de celui de Belgique et face à un restaurant italien branché; près d'un hotel de luxe et du cercle de l'alliance israélite, dans le centre; et enfin à La Casa Espagna, centre c u l t u r e l hispanique d'un pourvu restaurant très fréquenté. Les kamikazes viennent pour la plupart, des bidonvilles de Casablanca. -Décembre: N o u v e l l e de autoroute contournement entamée au sud de la ville.
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-Juin: Pour accélérer la production du l o g e m e n t économique, le ministère de l'Habitat met en place une politique de fonds de garantie supposée aider le besoin de 100 000 logements par an.
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- Février : Le SDAU de Casablanca, par élaboré l'équipe Pinseau - ayant permis la modernisation d e s infrastructures routières et ferrovières ainsi que la construction d'immeubles et collectifs d'équipements dans de n o m b r e u x quartiers - est caduc, mais toujours en application dans l'attente du nouveau schéma directeur en cours de réalisation. Les p l a n s d'aménagement et les plans de zonage sont t o u j o u r s d'actualité.
UN ETAT DES LIEUX Les dynamiques actuelles Vers une persistance des mêmes logiques
Aujourd’hui, les tendances et les phénomènes urbains décrits auparavant restent généralement, d’à propos à Casablanca. La morphologie, à l’échelle de la région, persiste dans une certaine linéarité accentuée par la création d’une nouvelle autoroute de contournement, plus au sud, qui adopte les mêmes directions que la rocade tracée par Ecochard. Cette dernière n’est d’ailleurs plus une autoroute, entre Casablanca et Mohammedia c’est une nationale, la limitation de vitesse est réduite et les taxis entre autre, peuvent à présent l’emprunter. La logique de développement linéaire de l’agglomération suivant l’axe côtier, est donc toujours de vigueur reliant ainsi les villes portuaires, allant d’El Jadida en passant par Casablanca, Mohammedia, Rabat et Kenitra, la plus au Nord. Cet aspect étant clairement voulu par le dernier schéma directeur. A une échelle concernant plus celle de la ville, la radio-concentricité consolidée par le plan Prost, persiste également, renforçant de ce fait la centralité, déjà fort présente dès les débuts de la création de la ville. La fragmentation dénoncée précédemment est encore une réalité. La persistance de ces tendances n’empêche pas l’apparition de nouveaux phénomènes. I - La juxtaposition A - La fragmentation, une persistance La juxtaposition de différents tissus urbains, décrits dans les premières parties, persiste, et est encore fortement perceptible. Malgré la présence de quelques changements, Casablanca reste une ville fragmentée avec toutes les conséquences négatives observées précédemment. Elle ne s’est pas faite par addition progressive de faubourgs, c’est une ville nouvelle «née de nulle part» (l’une des définitions que donne Thomas More au mot «utopie») organisée et conçue par zones dès les années 20. Comme un grand nombre des grandes villes marocaines, Casablanca se caractérise donc par un éclatement des espaces qui la compose, offrant différentes qualités de quartiers, de tissus, de bâtis, de rues et d’espaces publics. Cet aspect, doublé d’un éparpillement des nouvelles implantations et d’une «périphérisation» constante, génère une «discontinuité et une non-contiguïté extrêmes du tissu avec une absence d’articulation et de communication aisée entre les différents «éclats»» (Françoise Navez-Bouchanine). Cette hétérogénéité se retrouve à l’échelle du bâti et donc de l’habitat, mais aussi des niveaux d’équipements et de service, créant de nombreuses inégalités comme développé auparavant. Schématiquement, on trouve ainsi l’ancienne Médina, sous-équipée, et très proche des niveaux de vie des quartiers périphériques défavorisés, alors qu’elle est considérée comme faisant partie du territoire urbain de la ville et de son centre. Elle possède des densités de bâti et de population très fortes et un taux de pauvreté important. Elle est actuellement extrêmement dégradée. Il en va de même pour la nouvelle médina malgré son aspect touristique et commercial. L’ancienne ville coloniale représente essentiellement le centre ville actuel, noyau sur-équipé, elle reste le centre des affaires. Les immeubles y sont généralement occupés par des bureaux ou encore par des familles appartenant aux classes moyennes mais aussi, et surtout, aux classes défavorisées, ne pouvant entretenir les immeubles, ce qui confère à certaines rues et à leurs façades, un aspect fortement dégradé. Les quartiers de villas occupés par une catégorie aisée de la population, car la bourgeoisie
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- Mort du roi Hassan II, intronisation du nouveau roi Mohammed VI. Volonté politique maniffeste en faveur du développement du logement économique.
Mai 2003: Cinq attentats simultannés dans éclatent Casablanca dans le quartier des consulats, près de celui de Belgique et face à un restaurant italien branché; près d'un hotel de luxe et du cercle de l'alliance israélite, dans le centre; et enfin à La Casa Espagna, centre c u l t u r e l hispanique d'un pourvu restaurant très fréquenté. Les kamikazes viennent pour la plupart, des bidonvilles de Casablanca. -Décembre: N o u v e l l e de autoroute contournement entamée au sud de la ville.
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-Juin: Pour accélérer la production du l o g e m e n t économique, le ministère de l'Habitat met en place une politique de fonds de garantie supposée aider besoin de 100 le 000 logements par an.
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- Février : Le SDAU de Casablanca, par élaboré l'équipe Pinseau - ayant permis la modernisation d e s infrastructures routières et ferrovières ainsi que la construction d'immeubles et collectifs d'équipements dans de n o m b r e u x quartiers - est caduc, mais toujours en application dans l'attente du nouveau schéma directeur en cours de réalisation. Les p l a n s d'aménagement et les plans de zonage sont t o u j o u r s d'actualité.
- Aout: Création par le gouvernement d'Al Omrane, h o l d i n g regroupant l'ANIH (agence nationale contre l'habitat insalubre), le SNEC (société
marocaine délaisse son centre et ses immeubles pour aller vivre plus en périphérie. Ces zones sont composées de maisons plantées généralement au milieu de jardins consommateurs d’espace. Les densités de bâti et de population sont ainsi faibles ou du moins largement plus basses que dans les quartiers défavorisés. Les quartiers dits «populaires» généralement, addition, en grande majorité, de logement économique, mais aussi de logement illégal ou clandestin et de bidonville. Le bâti y est souvent monotone, quadrillé par de larges avenues. Relégués aux périphéries de la ville, ils connaissent de fortes densités, voire une surpopulation de l’habitat. On peut ajouter la zone d’activités et essentiellement d’activités industrielles, fixée par le plan Prost à l’extrémité Est de la ville, protégeant ainsi le reste de la ville des fumées des usines, les vents venant essentiellement de l’ouest, et en relation avec le port mais aussi avec la réserve de main d’œuvre que suppose la proximité des quartiers de logements économiques. Enfin, à l’extrémité ouest de la ville, s’étend le long des plages et de la Corniche (boulevard du front de mer où l’on vient se balader les soirs d’été), une zone de loisirs, avec de nombreuses piscines et un grand parc d’attractions. B - Les différents tissus Description, présentation.
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- Mort du roi Hassan II, intronisation du nouveau roi Mohammed VI. Volonté politique maniffeste en faveur du développement du logement économique.
Mai 2003: Cinq attentats simultannés dans éclatent Casablanca dans le quartier des consulats, près de celui de Belgique et face à un restaurant italien branché; près d'un hotel de luxe et du cercle de l'alliance israélite, dans le centre; et enfin à La Casa Espagna, centre c u l t u r e l hispanique d'un pourvu restaurant très fréquenté. Les kamikazes viennent pour la plupart, des bidonvilles de Casablanca. -Décembre: N o u v e l l e de autoroute contournement entamée au sud de la ville.
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- Février : Le SDAU de Casablanca, par élaboré l'équipe Pinseau - ayant permis la modernisation d e s infrastructures routières et ferrovières ainsi que la construction d'immeubles et collectifs d'équipements dans de n o m b r e u x quartiers - est caduc, mais toujours en application dans l'attente du nouveau schéma directeur en cours de réalisation. Les p l a n s d'aménagement et les plans de zonage sont t o u j o u r s d'actualité.
- Aout: Création par le gouvernement d'Al Omrane, h o l d i n g regroupant l'ANIH (agence nationale contre l'habitat insalubre), le SNEC (société
L’évolution urbaine de Casablanca en 1960, 71, 82 et 84.
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Les tendances actuelles
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Les différents tissus. - L’ancienne Médina - La nouvelle Médina - L’habitat économique - Les bidonvilles et habitat illégal - La ville coloniale - Les activités, industrielles essentiellement - Les villas - Les zones de reconversion, le long des axes pénétrants essentiellement, en périphérie du centre - Les bâtiments orientés des années 50 - Les équipements importants - Les extentions en villas - Les extentions sous forme d’immeubles collectifs et d’habitat économique - Les déguerpissements d’habitat insalubre et illégal
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italien branché; près d'un hotel de luxe et du cercle de l'alliance israélite, dans le centre; et enfin à La Casa Espagna, centre c u l t u r e l hispanique d'un pourvu restaurant très fréquenté. Les kamikazes viennent pour la plupart, des bidonvilles de Casablanca. -Décembre: N o u v e l l e de autoroute contournement entamée au sud de la ville.
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-Juin: Pour accélérer la production du l o g e m e n t économique, le ministère de l'Habitat met en place une politique de fonds de garantie supposée aider le besoin de 100 000 logements par an.
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- Février : Le SDAU de Casablanca, par élaboré l'équipe Pinseau - ayant permis la modernisation d e s infrastructures routières et ferrovières ainsi que la construction d'immeubles et collectifs d'équipements dans de n o m b r e u x quartiers - est caduc, mais toujours en application dans l'attente du nouveau schéma directeur en cours de réalisation. Les p l a n s d'aménagement et les plans de zonage sont t o u j o u r s d'actualité.
- Aout: Création par le gouvernement d'Al Omrane, h o l d i n g regroupant l'ANIH (agence nationale contre l'habitat insalubre), le SNEC (société n a t i o n a l e d'équipement et de construction) et la société Attarouk (société créée à l'origine en 1984 pour l'achèvement du projet de relogement du bidonville de Ben M'sick) , initié par le gouvernement afin de faciliter la production de l o g e m e n t économique et
C - La radio-concentricité La centralité urbaine, le réseau viaire et la question des mobilités urbaines Le centre aujourd’hui continue d’accueillir une grande partie des commerces et activités. Il possède les attributs propres à susciter l’animation urbaine. Centre de décision avec les bâtiments publics, centre d’affaire avec la présence des grandes banques et les sièges sociaux des grandes entreprises, centre commercial accueillant les commerces en général et de luxe en particulier, centre de loisir où se sont implantés une grande partie des cafés, des théâtres, des cinémas, des restaurants, plus récemment un musée/salle d’exposition etc. Pour remédier à cette tendance, sans véritablement y palier, on crée par exemple un technopôle au sud de la ville, avec des immeubles de bureaux et des centres commerciaux. Le plan Prost de 1918 est radioconcentrique, «tant que Casablanca ne dépasse pas 500 000 habitants, ce schéma ne présente que des avantages» écrit Pinseau, dans le rapport du schéma directeur. En effet, on peut avancer le fait qu’étant donné que la ville s’insère alors dans un demi-cercle n’excédant pas 2 Km de rayon, le centre est accessible à pied depuis une grande partie des quartiers. Seulement, aujourd’hui, la ville s’est étalée et développée, Casablanca accueille plus de 3,5 millions d’habitants et les populations défavorisées, comme démontré précédemment, se sont éloignées, toujours plus avec le temps, en périphérie. L’accessibilité aux équipements et activités y devient de plus en plus aléatoire et coûteuse, les migrations quotidiennes deviennent très longues et les voies pénétrant la ville sont saturées en voitures. Aux heures de pointe, la circulation devient intenable. Cet encombrement de la circulation dans le centre et sur les principales pénétrantes est accompagné de difficultés de stationnement, notamment aux abords des grands équipements, des centres administratifs et des zones d’activités. La forte ségrégation entre zones d’habitats très denses en population au Sud et Sud-Est et les zones d’emplois concentrés au centre et au nord-est entraîne un allongement de la longueur et de la durée des déplacements et un accroissement du coût de transport pour l’usager, d’autant plus que les populations des quartiers Est sont peu motorisées ou surtout en deux roues. Ces dernières assurent en 1984, 26 % de la mobilité. De plus, ce que souligne Pinseau déjà en 1984, prévaut encore aujourd’hui : «dans la centralité existe une valeur symbolique liée à la modernité, au développement des activités économiques et aux échanges culturels, dans laquelle ne se reconnaît qu’une partie réduite de la population. Les catégories les moins favorisées, souvent d’origine rurale encore récente, moins facilement mobiles, demeurent attachées à une vie de quartier, où les échanges sont réduits aux biens et aux services les plus nécessaires, concrétisés par le four, le hammam, et les commerces de proximité». Aujourd’hui, cette centralité engendre de plus des effets négatifs sur les représentations symboliques comme démontrés précédemment. II - Les dynamiques actuelles
A - Les zones d’extensions
L’extension de l’espace résidentiel est un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur actuellement, vers des périphéries de plus en plus éloignées. Là encore il est aisé de constater la différence entre l’est et l’ouest. En effet dans les années 90 remarque M. Nachoui, le quartier Qods représente l’ultime extension vers l’est en habitat collectif, logeant des catégories socio-professionnelles relativement moyennes. Il est à plus de 12 Km du centre ville. Alors que Ain Diab, une des dernières extensions de l’habitat individuel en villas vers l’ouest, est à 7 Km. Ainsi, à l’Est, et au Sud-Est de la ville essentiellement, les quartiers de villas s’étalent encore et encore, consommateurs d’espace et créant de la sorte de véritable enclaves résidentielles. Les populations aisées vont de plus en plus loin acheter des parcelles agricoles de plus en vastes, afin d’y construire leur villa, modèle que l’on rêve souvent d’atteindre. On peut alors observer, le long des voies allant vers l’aéroport par exemple, ou longeant la côte ouest, des maisons construites en fond de terrains immenses, se voulant toutes aussi luxueuses les unes que les autres. Alors qu’à l’Est et le long de la rocade, les logements sociaux, bidonvilles,
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italien branché; près d'un hotel de luxe et du cercle de l'alliance israélite, dans le centre; et enfin à La Casa Espagna, centre c u l t u r e l hispanique d'un pourvu restaurant très fréquenté. Les kamikazes viennent pour la plupart, des bidonvilles de Casablanca. -Décembre: N o u v e l l e de autoroute contournement entamée au sud de la ville.
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- Aout: Création par le gouvernement d'Al Omrane, h o l d i n g regroupant l'ANIH (agence nationale contre l'habitat insalubre), le SNEC (société n a t i o n a l e d'équipement et de construction) et la société Attarouk (société créée à l'origine en 1984 pour l'achèvement du projet de relogement du bidonville de Ben M'sick) , initié par le gouvernement afin de faciliter la production de l o g e m e n t économique et
habitats clandestins ou insalubres ne cessent de se multiplier et de gonfler, alimentés par une migration constante. L’extension périphérique se fait donc encore par spécialisation des secteurs, mais cela n’empêche pas de «buter» contre des ensembles d’habitations, plus ou moins importants, anciennement installés. Tel est le cas du quartier Oulfa qui se retrouve face aux bidonvilles de Ferrara ou de Lkhadir. De même pour le quartier de Californie qui se spécialise dans les villas luxueuses et de grandes superficies et qui rencontre sur son passage des habitations semi rurales de Dar Sidi Ali Lhajjam et Ouled Hafid ; ou encore pour le quartier de Sidi Moumen avec les lotissements clandestins. B - «Les espaces de reconversion» (M. Nachoui), de nouvelles tendances Phénomène récent, la reconversion est un événement assez remarquable à Casablanca. Elle implique un changement total dans le type de construction par rapport à ce qui existait auparavant. Elle entraîne ainsi la démolition de certaines constructions, remplacées par un nouveau type de bâti. Le plus souvent, ce sont des villas qui sont remplacées par des immeubles. Ce phénomène est déjà décrit en 1984, par Pinseau dans le rapport du Schéma directeur où il remarque que ce sont essentiellement les angles d’îlots, particulièrement convoités, qui sont touchés en premier par la construction d’immeubles. Il déplore également ce processus car, pour lui, les quartiers de villas offrent des espaces de verdure et de respiration dans une ville qui manque de parcs et qui se densifie fortement. Ces reconversions touchent les espaces déjà anciens de la ville, mais presque uniquement les espaces qui étaient le lieu d’habitation des Européens remarque M. Nachoui. Cela pouvant s’expliquer par le fait qu’ils vivaient dans les espaces avantageux, prêts du centre, et essentiellement dans des villas rendant possible une densification du bâti. Généralement, ces nouveaux logements sont appréciés par une catégorie de population relativement aisée. Tout d’abord, à cause de la réputation des dits lieux déjà acquise du fait du prestige qui auréole les quartiers européens aux yeux des Marocains; ensuite par la proximité de ces quartier du centre ville, leur situation privilégiée s’ajoute à leur facilité d’accès par les grandes artères de circulation qui les bordent. Ce type de logement, qu’il soit de l’ordre de la propriété ou de la location, est coûteux, paramètre de sélection sociale considérable. Cela permet aux anciens bourgeois de détruire leurs villas et de construire à la place des immeubles. Dans certains quartiers, les villas déjà existantes commencent ainsi à se densifier se transformant avec le temps en immeubles. Des nouveaux quartiers de «standing» apparaissent donc autour du centre, dans sa proche périphérie essentiellement, généralement dans un rayon de 4 Km. Le visage urbain change de la sorte petit à petit. Certains endroits deviennent méconnaissables, d’autres commencent à peine à évoluer dans ce sens. Ce schéma est également fortement perceptible le long des artères pénétrantes de la ville. En effet les façades de ces voies, en partant du centre vers la périphérie, se densifient verticalement. Certaines maisons persistent encore, perdues au milieu de hauts immeubles créant des situations étranges. M. Nachoui rappelle que la reconversion en habitats sommaires existe également, mais plus à l’est, il ajoute: «une certitude aujourd’hui, Casablanca est la métropole du pays, son dynamisme mène des personnes à la richesse et d’autres à la dégradation et à la pauvreté.»
C - La permanence de la question du logement Le logement économique et l’habitat insalubre
Aujourd’hui, subsistent toujours différents lambeaux de bidonvilles malgré la politique de recasement et de logement économique. On peut constater des disparitions soit totales soit partielles de bidonvilles, ou seulement la diminution de certains, notamment les plus anciens et les plus grands. Seulement, Casablanca, capitale économique d’un pays qui rencontre un fort taux de chômage et des périodes de sécheresses critiques qui poussent la population rurale à migrer, semble ne pas être dans la capacité de contrer l’apparition de plus en plus loin et de plus en plus nombreux, de noyaux et de nouvelles poches de bidonvilles dans sa périphérie essentiellement. Il y en a donc qui disparaissent et d’autres qui naissent et partout
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-Juin: Pour accélérer la production du l o g e m e n t économique, le ministère de l'Habitat met en place une politique de fonds de garantie supposée aider le besoin de 100 000 logements par an.
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- Février : Le SDAU de Casablanca, par élaboré l'équipe Pinseau - ayant permis la modernisation d e s infrastructures routières et ferrovières ainsi que la construction d'immeubles et collectifs d'équipements dans de n o m b r e u x quartiers - est caduc, mais toujours en application dans l'attente du nouveau schéma directeur en cours de réalisation. Les p l a n s d'aménagement et les plans de zonage sont t o u j o u r s d'actualité.
- Aout: Création par le gouvernement d'Al Omrane, h o l d i n g regroupant l'ANIH (agence nationale contre l'habitat insalubre), le SNEC (société n a t i o n a l e d'équipement et de construction) et la société Attarouk (société créée à l'origine en 1984 pour l'achèvement du projet de relogement du bidonville de Ben M'sick) , initié par le gouvernement afin de faciliter la production de l o g e m e n t économique et
à travers la ville, des clairières urbaines se retrouvent souvent envahies par des constructions «bidonvilloises». Le développement de la ville en mitage et en plusieurs «quartiersnoyaux» crée des interstices, vides urbains qui ont parfois été utilisés comme des terrains agricoles de culture et d’élevage, permettant la naissance d’une grande partie des bidonvilles dont plusieurs sont encore présents à ce jour. Autour de ces bidonvilles rescapés des destructions, certains de leurs habitants continuent toujours d’avoir des pratiques agricoles et d’élevage. Les services publics ne paraissent pas réussir à accompagner cette expansion effrénée. «Les usines qui ont contribué à l’enrichissement de la ville ne recrutent plus, au contraire: 50.000 emplois industriels y ont disparu entre 1994 et 2002. Le taux de chômage, dans la région, est d’environ 25% - bien plus que la moyenne nationale - même s’il est difficile de le déterminer précisément du fait de l’importance du secteur informel: cireurs de chaussures, journaliers et vendeurs de rue. «La situation n’a pas changé», souligne Zakaria Boujidi, de l’Association du travail culturel et volontaire de Casablanca. «A Sidi Moumen, quartier d’où venaient les auteurs des attentats, il y a encore plus de bidonvilles qu’avant. Le gouvernement réformateur du roi Mohamed VI s’est fixé comme objectif d’éliminer tous les taudis et a entrepris la construction d’une dizaine de villes nouvelles pour désengorger les grands centres urbains. La population de Casablanca croît de 100.000 habitants par an, et il manque à la ville 250.000 logements, selon des chiffres officiels. Pour satisfaire la demande, des immeubles apparaissent partout, et des logements sont proposés aux habitants des quartiers insalubres à prix réduit. «Beaucoup de gens ont bénéficié de ce programme», affirme Zahidi Elarbi. «Mais pour changer véritablement le quartier, les taudis dans lesquels ces gens vivaient doivent être détruits. Au lieu de ça, ils les vendent à d’autres.»» (Reuters). Il en va de même pour l’habitat clandestin, véritables constructions «en durs» se multipliant à la périphérie, sur le modèle généralement de l’habitat économique mais n’ayant aucune légalité, aucun permis de construire ni de titre foncier. A la lumière des recherches historiques et des études de M. Nachoui, on peut distinguer trois sortes de bidonvilles à Casablanca. - Les bidonvilles dits spontanés, construits en bois et en tôles, nés et développés sans organisation, ni intervention des pouvoirs publics, ils n’ont pas de route goudronnées ni d’éclairage public. - Les bidonvilles organisés, construits en bois et tôles également, mais rassemblés et organisés par les pouvoirs publics. De ce fait, ils ont l’éclairage public, les bornes fontaines et les bennes poubelles. - Les bidonvilles améliorés, dans ce cas là, on trouve plusieurs sortes. Les bidonvilles anciens durcis par la suite ; l’intérieur construit en dur, couvert de tôles et de zinc ou ciment. Ou des lotissements clandestins de l’œuvre des habitants qui achètent un terrain sans garantie, des habitations sommaires, sorte de mur en pierres non cimentés du dehors, mais construits en briques cimentées de l’intérieur (double paroi), le toit est en tôle avec surélévation. Type de construction qu’on qualifie de semi-rurales, surtout à Sidi Moumen. M. Nachoui souligne qu’auparavant, chaque famille occupait un grand espace, puis profitant de la crise du logement, commencent à spéculer en vendant ou en louant de petites parcelles. Parfois, une seule baraque peut faire 2 mètres sur 3. Les bidonvilles se densifient entre autre ainsi.
On remarque ainsi que Casablanca ne réussit pas à aller à l’encontre des directions prises dès ses débuts. Elle reste une ville fragmentée et génératrice de ségrégation, incapable de loger la totalité de sa population. Les extensions périphériques sont toujours calquées sur le même modèle dans une logique «d’apartheid urbain», de processus de divisions par zones. Elle demeure également consommatrice d’espace et ne préserve pas ses terres agricoles, s’étalant constamment et ce, malgré de nouvelles tendances. Comment alors faire de la ville un lieu où chaque individu et chaque couche de la société se sentent impliqués, pour le bon fonctionnement de la collectivité.
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