Spectra 49 feb 2005 fr

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Office fédéral de la santé publique 3003 Berne, www.bag.admin.ch Février 2005/no 49

Une nouvelle plate-forme pour un échange dans de nombreuses langues

Informations sur la santé pour les migrants. Mise en place il y a six mois, la plate-forme Internet www.migesplus.ch offre une vue d'ensemble du matériel d'information disponible dans les langues des migrants, indique les organes auprès desquels les documents peuvent être obtenus et centralise conseils et savoir-faire. www.migesplus.ch, une nouveauté suisse dans ce domaine, s'adresse en premier lieu aux professionnels de la santé, contribue à combler des lacunes d'information et constitue une contribution notable à la promotion de la santé des migrants vivant en Suisse.

Prévention et promotion de la santé

spectra

La Suisse plurielle

Halima Yussuf (Somalie) est employée de bureau auprès de «Radio Rabe».

S

ur mandat de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), la CroixRouge suisse (CRS) a conçu une plate-forme Internet consacrée à des thèmes relevant de la santé et dont les informations sont disponibles en 25 langues. migesplus.ch comporte une banque de données qui donne un aperçu thématique et commenté des informations disponibles dans les différentes langues de la population migrante et indiquant les organes où les documents peuvent être obtenus.

Une trentaine d'organisations et d'institutions productrices de brochures, de vidéos, etc. sont partenaires du projet dont l'objectif ne se limite toutefois pas à mettre du matériel existant à disposition, mais dont l'élément central est d'identifier les lacunes d'information et de les combler par la promotion de nouvelles offres.

La nouvelle plate-forme est bien utilisée: le nombre moyen mensuel de visiteurs du site a atteint 590, et celui des commandes de matériel d'information est de 32. Devant le succès de la plate-forme offerte jusqu'ici en allemand et en français, les responsables ont décidé de mettre en ligne dès février une version en italien.

P. P.

3052 Zollikofen

Utiliser les synergies, assurer la qualité La production de matériel d'information en plusieurs langues est complexe et onéreuse. C'est pourquoi www.migesplus.ch centralise le plus possible le savoir-faire et l'expérience tout en continuant à les développer. migesplus.ch a mis en place un réseau de graphistes, de traducteurs et de rédacteurs afin de promouvoir et de coordonner de manière optimale l'analyse et la production de matériel d'information manquant.

Cette systématisation et cette norma-

(photo: Edouard Rieben)

lisation des données permettent de contribuer de manière substantielle au développement et à l'assurance de la qualité.

Les spécialistes comme relais multiplicateurs Le principal groupe-cible du projet est constitué par les professionnels de la santé. www.migesplus.ch leur offre un aperçu du matériel d'information disponible et renforce par la leurs compétences professionnelles au bénéfice de la population migrante. Les spécialistes endossent ainsi un rôle de relais multiplicateurs dans la mesure où ils utilisent les documents déjà à disposition dans leur activité quotidienne et les remettent à leur clientèle. En effet, le succès d'un traitement et d'une bonne collaboration dépend, pour une large part, du niveau d'information qui se veut le plus grand possible.

La plate-forme www.migesplus est bien entendu reliée au site Internet www.miges.ch, centre de contact pour le secteur Migration et santé.

Objectif principal: égalité des chances Le projet «migesplus – Informations sur la santé destinées aux migrants» s'appuie sur la stratégie de la Confédération «Migration et santé 2002 – 2006», qui vise un système de santé basé sur l'égalité des chances, accessible à tous et que chacun sait utiliser. L'une des priorités de cette stratégie est l'information, la prévention et la promotion de la santé auprès de la population migrante.

Contact: Verena Hanselmann, section Egalité des chances et santé, OFSP, 3003 Berne, verena.hanselmann@bag.admin.ch www.migesplus.ch

Les photographies de cohabitation entre la population de migrants et la population indigène présentées dans ce numéro de spectra ont été prises dans le cadre du projet «La Suisse plurielle». Une équipe de photographes a documenté, au mois d'octobre 2004, la vie quotidienne dans trois quartiers différents de Suisse: Ursula Markus à Molino Nuovo (Lugano), Edouard Rieben dans la Lorraine (Berne) et Pierre-Antoine Grisoni à Maupas (Lausanne). Les trois photographes ont bénéficié d'un soutien scientifique pour leur travail.

Le projet a été réalisé en étroite collaboration avec le Forum politique de la Confédération (Käfigturm), le Forum suisse pour l'étude des migrations et de la population (Neuchâtel), la Commission fédérale des étrangers et l'Office fédéral de l'immigration, de l'intégration et de l'émigration, et son financement a été assuré par le crédit d'intégration de la Confédération.

Egalité des chances La stratégie Migration et santé 2002 2006 de la Confédération doit aider à éliminer les obstacles existants aujourd'hui pour les migrants et leur faciliter l'accès au système de santé suisse. Pour y parvenir, des chiffres et des faits représentatifs sur l'état et le comportement de santé ainsi que le recours au système de santé seront relevés pour la première fois auprès de la population migrante. >> page 4 Interview Les hôpitaux doivent disposer des compétences transculturelles suffisantes pour traiter et suivre les migrants aussi bien que les Suisses. Le projet «Migrant-Friendly Hospitals» veut contribuer à atteindre cet objectif. Entretien avec Peter Saladin, responsable du projet, sur les défis à relever pour parvenir à l'égalité des >> page 5 chances.

Prévention VIH pour les requérants d'asile Un nouveau film vidéo prenant en compte leur diversité culturelle, doit informer les requérants d'asile arrivant en Suisse sur le VIH/sida et les sensibiliser à la prévention. La possibilité pour les requérants de procéder à un test volontaire de dépistage VIH et de bénéficier d'un conseil complémentaire est actuellement à l'étude dans les cantons qui les >> page 7 accueilleront.

spectra no 49 • Février 2005

Point fort: migration et santé

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Les droits de l'homme s'appliquent aussi aux migrantes et aux migrants Les droits des migrantes et des migrants. Les débats actuels sur la réglementation de l'immigration et du séjour ou la controverse sur l'aide d'urgence aux requérants d'asile (opposants) posent la question fondamentale des droits de l'homme pour les migrants qui constituent, avec leurs familles, des groupes particulièrement vulnérables.

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a xénophobie virulente va de pair avec une mobilité internationale croissante. «Ce processus global de déracinement entraîne un nombre grandissant de victimes et de tragédies humaines, situation honteuse et indigne s'il en est, qui ne doit pas être acceptée telle quelle alors que les droits de l'homme sont universellement reconnus» nous dit Christina Hausammann, juriste et membre du comité de direction du Verein Menschenrechte Schweiz (MERS ; association suisse pour les droits de l'homme). En effet, la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 n'a-t-elle pas posé comme principe irrévocable la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables? Les conventions ratifiées par la Suisse en matière de droits de l'homme ainsi que la Constitution fédérale de la Confédération suisse garantissent les mêmes droits à toutes les personnes séjournant sur le territoire suisse.

L'interdiction de discrimination La Constitution fédérale stipule que «tous les êtres humains sont égaux devant la loi » et précise, dans l'article 8, alinéa 2, que nul ne doit subir de discrimination «du fait notamment de son origine, de sa race, de son sexe, de son âge, de sa langue, de sa situation sociale, de son mode de vie, de ses convictions religieuses, philosophiques ou politiques ni du fait d'une déficience corporelle, mentale ou psychique». Hélas, cette notion d'égalité pour tous peine à pénétrer la conscience collective aujourd'hui, déplore Christine Hausammann. La croyance à des différences «naturelles» justifiant prétendument un traitement différencié est ancrée trop profondément dans les esprits et marque visiblement la discussion actuelle sur la réglementation de l'immigration et la négociation du statut des étrangers vivant dans notre pays.

Toutes les conventions sur les droits de l'homme stipulent l'interdiction de discrimination; le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (pacte II) tout comme la Convention européenne des droits de l'homme (CEDH) énoncent de manière explicite que chaque Etat partie doit respecter les droits reconnus et «les garantir à tous les individus se trouvant sur le territoire et relevant de leur compétence» (art.

2 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966, ratifié en 1992 par la Suisse; art. 1 en relation avec l'art. 14 CEDH de 1950, ratifiée en 1972 par la Suisse).

Seuls des situations d'urgence peuvent permettre de déroger à ces règles pour limiter les droits exclusivement aux citoyens de l'Etat en question. Il ne peut toutefois s'agir que de droits politiques. En outre, seuls les pays les plus pauvres, aux ressources précaires, peuvent déroger au principe d'égalité en restrei-

gnant l'accès des individus de nationalité étrangère à leurs institutions sociales.

Pas de droit à l'immigration ou au séjour Il est également reconnu qu'à ce jour, un droit de l'homme à l'entrée sur le territoire d'un Etat étranger est pratiquement aussi inexistant que celui de séjourner dans un Etat étranger. La réglementation de l'immigration reste donc fondamentalement l'affaire de chaque Etat. Les dérogations à l'expulsion sont exceptionnelles et sont accordées uniquement en cas de menaces de torture, de traitement inhumain ou de peine de mort, lorsqu'il est avéré qu'une personne gravement malade ne bénéficierait pas de soins suffisants dans son pays, ou lorsqu'une mesure xénophobe sépare les familles. Par conséquent, les étrangers sont aussi protégés d'un refoulement ou d'une extradition arbitraires.

Avertissements à La Suisse Christina Hausammann démontre, à l'aide des exemples suivants, qu'il existe encore en Suisse des domaines dans lesquels les migrants ne bénéficient pas entièrement des droits de l'homme: • En cas de divorce, voire dès le départ du domicile conjugal, les conjoints étrangers de citoyens suisses peuvent se voir retirer leur autorisation de séjour. Cette mesure frappe principalement des femmes étrangères qui, dès lors, sont contraintes de rester auprès de leurs maris, y compris lorsqu'elles sont victimes de violence, pour ne pas être expulsées. La règle qui leur impose de «rester près de leur époux» est discriminatoire dans la mesure où elle rend l'épouse étrangère systématiquement dépendante de son partenaire.

• La Jurisprudence ne permet d'invoquer l'art. 8 de la CEDH (droit au respect de la vie privée et familiale) que si les personnes concernées jouissent d'un droit de séjour fixe (avec droit à la prolongation) en Suisse. Cette situation exclut de fait plusieurs catégories de personnes de la protection accordée à la famille: les bénéficiaires d'autorisation de séjour normale (permis B) et les réfugiés accueillis provisoirement pour des raisons humanitaires.

• Le droit des étrangers en vigueur n'autorise l'immigration à des ressortissants de pays non européens que dans des conditions très particulières, notamment aux personnes professionnellement très qualifiées. Parallèlement, il existe pour une catégorie, celle des danseuses de cabaret, une loi qui autorise des femmes à entrer en Suisse pour y exercer une activité dans les métiers du sexe, activité problématique et peu protégée.

• Des délais toujours plus courts entravent (par ex. en cas de déci-

Cours d'italien pour requérantes d'asile, organisé par l'OSEO

sions de non-entrée en matière dans le droit d'asile) concrètement le droit à interjeter recours contre une décision d'extradition.

Récemment, la Suisse a été plusieurs fois rappelée à l'ordre par des instances internationales pour son interprétation des droits de l'homme à l'égard de personnes étrangères. Le Comité des droits de l'homme de l'ONU, le Comité de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciales et le Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants ont manifesté leur inquiétude face aux tendances racistes et xénophobes en Suisse et ont critiqué, en particulier, le traitement d'étrangers lors de gardes à vue et de détentions en vue de leur refoulement, ainsi que les méthodes d'expulsion ressenties comme particulièrement inhumaines.

(photo: Ursula Markus)

système de santé ou aux prestations de soin. Le droit à la santé semble toutefois pour le moins chancelant ces temps derniers, notamment en ce qui concerne les requérants d'asile, nous dit Christina Hausammann. Il y aurait partout des problèmes avec les traducteurs et les coûts engendrés par l'interprétariat. La pression énorme exercée tous azimuts sur les coûts suscite le débat sur la nature des prestations médicales à fournir aux requérants d'asile démunis et sur la question de savoir s'il faut procéder à des interventions chirurgicales non vitales ou ne correspondant pas au niveau de soins offert dans le pays d'origine.

Droit à la santé?

Si le droit à la santé n'existe pas de manière explicite en Suisse, il procède néanmoins (mise à part l'obligation de s'assurer contre la maladie) de l'interdiction de discrimination – nul ne peut être exclu de l'accès au

Contact: Thomas Spang, responsable de la section Egalité des chances et santé, OFSP, 3003 Berne, thomas.spang@bag.admin.ch

Les droits de l'homme Les droits de l'homme s'articulent comme suit: les droits fondamentaux de citoyenneté et les droits politiques dont font partie: le droit à la vie, l'interdiction de la torture et de l'esclavage, les garanties juridiques, le droit à la non-discrimination ainsi que la liberté de conscience et de croyance, la liberté d'opinion, d'information et de réunion, la protection de la sphère privée et familiale, et le droit à la participation politique.

Viennent s'y ajouter les droits économiques et sociaux (le droit au travail et à la sécurité sociale, droit à la santé, à l'alimentation et au logement) ainsi que les droits cultu-

rels (droit à la formation, participation à la vie culturelle, droit à l'identité culturelle). Il est question, depuis quelque temps, de droits de l'homme de la «troisième génération», les droits de la solidarité, comme le droit à un environnement sain, le droit à la paix ou au développement.

Les principaux droits des migrantes et des migrants sont également consignés dans la Convention de l'ONU sur la protection des droits de tous les travailleurs itinérants et de leurs familles de 1990, mais qui n'a, à ce jour, été ratifiée par aucun Etat occidental.

Point fort: migration et santé

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Compétences linguistiques pour le «trialogue»

En première ligne

Certificat suisse pour les interprètes communautaires. Les interprètes communautaires assurent la compréhension entre les professionnels de la santé et les migrants lorsqu'il n'y a aucune référence linguistique commune. Ils sont un maillon essentiel de la chaîne des soins.

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es normes de qualité contraignantes ont été définies en 2004 pour la formation et la certification des interprètes communautaires.

Une bonne traduction requiert, outre une formation solide dans les techniques de l'interprétariat, la connaissance des aspects sociaux et culturels de la migration ainsi que des connaissances linguistiques approfondies.

C'est pourquoi l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) a chargé la Fédération suisse pour la formation continue (FSEA) de développer des méthodes de contrôle spécifiques.

Le projet a été conduit en collaboration avec les écoles-club Migros, la Zürcher Hochschule Winterthur et de nombreux professionnels des langues.

Exigences pratiques Le travail des interprètes communautaires requiert une grande souplesse linguistique et une expression fluide et compréhensible. Un vocabulaire riche est nécessaire pour reproduire une traduction fidèle; ces professionnels des langues doivent également être capables de traduire

Prévention du jeu excessif et recherche: de la législation à l'action Le Centre du Jeu Excessif du Département de psychiatrie du CHUV invite les 1er et 2 mars 2005 à Lausanne à deux journées consacrées à la prévention de l'addiction aux jeux de hasard et d'argent, en partenariat avec les associations «Rien ne va plus» (Genève), «Azzardo e Nuove Dipendenze» (Gallarate, Italie), la «Swiss Society of Addiction Medicine» et l'Institut suisse de prévention de l'alcoolisme et autres toxicomanies (ISPA). Ces journées appellent à dresser un état des lieux des stratégies de prévention existantes, de clarifier l'interface entre législation et mise en oeuvre, et de promouvoir la mise en réseau des différents acteurs émergents dans le contexte suisse et international.

Contact et inscription: Centre du jeu excessif, Rue Saint-Martin, 7 CH-1003 Lausanne, Fax 021 316 44 41, cje@hospvd.ch, www.jeu-excessif.ch www.gambling-problems.ch

des situations et des termes complexes dans la langue de tous les jours. Les interprètes communautaires doivent également comprendre des textes écrits et en reproduire le contenu par oral.

Le profil d'exigence axé sur la pratique a été décrit en détail dans le référentiel du Conseil de l'Europe et introduit dans l'échelle de compétence européenne. Des examens ont été développés sur cette base dans les langues nationales, allemand, français et italien.

Un test pour le punjabi, l'ibo et le macédonien...

Le profil d'exigences esquissé s'applique par analogie aux langues d'interprétariat. La biographie et la formation des interprètes communautaires ne garantissent toutefois pas automatiquement qu'ils maîtrisent la langue des migrants avec la précision et la souplesse nécessaires.

Il a donc fallu développer une méthode de contrôle pour de nombreuses langues.

La méthode en cours de test repose sur un entretien téléphonique

structuré entre le ou la candidat(e) et des experts avérés des différentes langues. Le déroulement des entretiens a été normalisé, mais les experts peuvent l'adapter en y introduisant des situations et des modes de langage particuliers aux différents pays d'origine.

Certificat INTERPRET pour des interprètes communautaires En ce début de 2005, on compte dans toute la Suisse quelque 200 interprètes communautaires titulaires du Certificat INTERPRET. Ce nombre devrait concerner entre 400 et 500 personnes d'ici la fin de l'année 2005. Le certificat (la demande de reconnaissance fédérale a été déposée) atteste que ces personnes sont en mesure de rendre possible la communication entre le personnel médical et les migrants en situation de «trialogue».

Contact: Stefan Enggist, section Egalité des chances et santé, OFSP, 3003 Berne, stefan.enggist@bag.admin.ch

Echanges et suggestions d'un niveau élevé Deuxième forum migration santé élargi. Des intervenants brillants, le nombre important d'institutions du secteur de la migration représentées et, bien sûr, le lieu de la réunion – Gurten, situé à 860 m d'altitude - ont contribué au niveau élevé du deuxième forum migration santé élargi qui s'est tenu au début du mois de septembre 2004.

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lus de cent experts se sont réunis, le 8 septembre 2004, sur la colline bernoise du Gurten. Un large éventail d'intervenants a informé les participants sur l'état de mise en œuvre de la stratégie «Migration et santé 2002 – 2006» élaborée par la Confédération et présenté des projets déjà avancés. Ainsi, Peter Saladin de H+ a présenté, en tant que responsable, le projet Migrant-Friedly Hospitals, Gabriela Rutschmann, coresponsable d'INTERPRET a parlé de l'interprétariat communautaire et de la médiation culturelle et Laurent Subilia, des hôpitaux universitaires de Genève, a décrit ses expériences avec des requérants d'asile traumatisés et menacés d'expulsion. Madeleine Wick, co-responsable du projet Iamaneh Suisse, a parlé de la santé reproductive des populations migrantes, Caren Weilandt du Wissenschaftliches Institut der Ärzte Deutsch-

land, a esquissé un monitoring de la santé de la population migrante en Suisse, et Osman Besic, du Centre Migration et Santé de la Croix-Rouge suisse a présenté la nouvelle plate-forme Internet www.migesplus.ch.

Les principaux projets dans le domaine de la formation et de la recherche ont été ensuite présentés au cours de plusieurs ateliers de courte durée, en plein air et sous un soleil radieux. Une discussion plénière aborda la distorsion entre stratégie et nécessité d'économie: «Pourquoi une stratégie Migration et santé est-elle nécessaire, précisément en temps de pression aux économies.»

Pour terminer le forum, les participants ont pu se rendre dans la zone de rencontres, animée par un marché coloré et des stands d'information tenus par les nombreuses organisations qui ont profité de l'occasion pour parler de leurs projets plus en détail.

Fil rouge – Prévention des dépendances dans les institutions pour adolescents Les institutions pour enfants et adolescents sont souvent très concernées par les problèmes de drogue, puisqu'elles accueillent des enfants et des jeunes particulièrement exposés en raison des nombreux problèmes rencontrés dans leur famille d'origine et/ou de leur évolution personnelle.

Soucieux de faire porter ses activités

de prévention sur tous les contextes socio-culturels dans lesquels vivent les jeunes, l'OFSP a lancé dès 1994 un programme national nommé Fil rouge.

Journée de clôture Le programme Fil rouge se terminera au printemps 2005. La Journée de clôture «Nouvelles approches de la prévention dans les foyers pour en-

fants et adolescents. Le procédé fait la différence!» se déroulera le jeudi 21 avril 2005 au Casino à Berne.

Veuillez trouver le programme détaillé ainsi qu'un formulaire d'inscription sous www.bag.admin.ch, en choisissant les rubriques thèmes, dépendances, prévention, institutions pour adolescents.

Les débats autour de la santé portent, à ce jour, essentiellement sur les aspects financiers et, notamment sur la question importante de savoir comment juguler définitivement l'irrésistible ascension des coûts.

Cette perspective limitée prétérite des solutions efficaces dans des domaines importants. Lors de son forum 2004, la Communauté suisse de travail pour la politique sociale (CSPS) s'est prononcée pour un lien plus étroit entre la politique de santé et la politique sociale et préventive. Une conception plus large de la santé implique de tenir compte de manière accrue de l'influence des conditions de vie sociale sur l'apparition et le déroulement de maladies. Les programmes de santé et de prévention doivent être conçus pour être efficaces et durables afin d'accroître la qualité des mesures et d'utiliser les moyens financiers de manière efficiente, durable et appropriée.

Nous savons aujourd'hui que des mesures de soin et de prévention classiques n'influencent les facteurs définissant la santé (les conditions-cadre de notre vie économique et sociale) que de manière marginale. Une politique de santé multisectorielle et globale dans le contexte de la migration s'imposant comme nécessaire, ne peut atteindre ses objectifs que si elle intègre, outre le secteur de la santé au sens strict du terme, des aspects politiques proches, comme les politiques sociale, de la migration et de l'intégration.

L'OFSP est parvenu, dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie «Migration et santé 2002 –2006» à traiter le sujet de manière multisectorielle et à intégrer diverses organisations nationales oeuvrant dans des secteurs connexes.

La présente édition de spectra aborde différents volets qui contribuent directement à la mise en œuvre de la stratégie. «migesplus» répond à un besoin général en Suisse, de rédiger de manière systématique des informations importantes sur la santé dans les langues des migrants et de les mettre à leur disposition. Le projet Migrant-Friendly Hospitals souligne la nécessité et la volonté de certaines organisations de se confronter au pluralisme de notre société pour mettre en place une égalité des chances, et de le faire effectivement au sein d'un réseau initié par l'OFSP. Le monitoring de santé des populations migrantes comble une lacune au niveau des données concernant un groupe socialement défavorisé et pose une base importante pour la conception de futures mesures de santé publique. Le caractère global de la mise en oeuvre de la stratégie est illustré par la variété des thèmes exposés dans ce numéro: les droits de l'homme dans le secteur de la migration et de la santé, le travail sur les dépendances et la professionnalisation des interprètes culturels complètent la présente édition.

Nous vous souhaitons une bonne lecture!

Thomas Spang, responsable de la section Egalité des chances et santé

spectra no 49 • Février 2005

Point fort: migration et santé

Des chiffres et des faits, base importante pour améliorer l'offre de santé Monitoring de l'état de la santé de la population migrante en Suisse. Comment le système suisse de santé peut-il tenir compte des besoins d'une société empreinte par la migration? De nombreuses questions sur l'état de santé et le comportement sanitaire de la population migrante demeurent sans réponse et doivent donc être éclaircies pour satisfaire à cette priorité de la stratégie de la Confédération, «Migration et santé 2002 – 2006». Un monitoring de l'état de santé de la population migrante en Suisse doit y contribuer et sera conduit sur mandat de la Confédération.

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onformément au principe de l'égalité des chances, les populations migrantes doivent avoir accès au système de santé qui doit leur apporter les prestations particulières nécessaires. Cette affirmation est une idée directrice de la stratégie Migration et santé de la Confédération.

L'approvisionnement en données indispensables fait partie du domaine d'intervention «Recherche» de cette stratégie. Mandaté par les offices fédéraux de la santé publique (OFSP) et des migrations (ODM, ancien Office fédéral des réfugiés, ODR), le

gration dans l'Enquête suisse sur la santé sont attendus en automne 2005.

Complément à l'Enquête suisse sur la santé Le «Monitoring de la santé de la population migrante en Suisse» est conçu pour saisir et décrire l'état de santé et le comportement sanitaire des populations migrantes à l'aide de méthodes qui ont fait leurs preuves dans le cadre de l'Enquête suisse sur la santé. L'objectif est de mettre en place et de mener, pour

aux personnes concernées et dont les prestations, de ce fait, ne leur profitent que d'une manière insuffisante.

Les migrants forment - de par leur forte présence en Suisse - un groupe significatif au sein de la structure sociale. Il n'existe pourtant que des données lacunaires concernant l'état de santé et les soins de la population migrante ainsi que de l'utilisation qu'elle fait du système de santé. Le monitoring de la santé de la population migrante suisse est conçu pour combler cette lacune.

Structure modulaire Le «Monitoring de la santé de la population migrante en Suisse» est construit de manière modulaire. L'Enquête suisse sur la santé ne prend en compte, parmi les migrants, que les personnes qui sont en mesure de se faire comprendre d'une manière suffisante dans l'une des trois langues nationales. Dans le module I du monitoring, qui exploite les données existantes de l'ESS, le groupe de migrants analysé est donc celui qui est représenté dans l'ESS. Il s'agit d'Italiens, de Français, d'Autrichiens et d'Allemands. Le module II, quant à lui, représente une enquête supplémentaire concernant les personnes appartenant aux groupes de nationalités étrangères quantitativement significatifs, faisant partie de la population résidente permanente et Sylvie Samba du Congo-Brazaville,est technicienne de surface au foyer pour personnes âgées de l'Armée du Salut (photo: Edouard Rieben) étant d'une langue maternelle autre que française, allemande ou italienne. La langue Forum suisse pour l'étude des micompléter l'ESS, une enquête audans laquelle est effectué l'entretien grations et de la population a mené, près des groupes de migrants insufest la langue maternelle de la peren 2004, une enquête sur la valeur et fisamment saisis pour des raisons sonne, ou l'allemand resp. le franle côté utilisable des données exislinguistiques. çais. Les sujets du module III sont des tantes pour la mise en place d'un personnes du domaine de l'asile. monitoring de l'état de santé de la La migration, Une des difficultés essentielles renpopulation migrante. Les résultats de une chance ou une tare? contrées dans les modules II et III rél'enquête font apparaître l'existence La situation des migrants est side dans la diversité des langues: les de certaines données qui, toutefois, avant tout caractérisée par le fait questionnaires doivent être traduits ne livrent que des informations séqu'ils doivent se réorienter socialedans les langues étrangères, puis les lectives sur certains groupes de miment et selon un nouveau mode de réponses retraduites dans les langues grants. L'OFSP et l'ODM ont décidé, vie au sein d'une société d'imminationales. Ce travail exige une gransur la base de cette enquête, d'attrigrés. Ce processus d'intégration de subtilité, notamment dans la forbuer un mandat de développement ouvre aux migrants la voie pour mulation des questions, du doigté et d'un nouvel instrument d'enquête une nouvelle vie, mais entraîne la connaissance des aspects qui resainsi que la réalisation d'un premier également des tensions psychosotent des tabous culturels et religieux. recueil de données et son analyse. Il ciales qui peuvent soit être vaincues s'agit de voir si cette enquête pourra par une intégration croissante soit, être, à moyen terme, intégrée dans le dans des cas extrêmes, conduire à cadre de l'Enquête suisse sur la santé une marginalisation. De telles ten(ESS). Le mandat a été octroyé sions entre les aspects sociaux et conjointement au Wissenschaftliéconomiques du pays d'origine et ches Institut der Ärzte Deutschlands ceux du pays d’accueil peuvent se Contact: Rahel Gall Azmat, (Institut scientifique des médecins traduire par des problèmes de santé. section Egalité des chances et santé, d’Allemagne) et à l'Institut LINK de Elles doivent être surmontées au OFSP, 3003 Berne, Lucerne. Les premiers résultats ainsi sein d'un système de santé dont les rahel.gallazmat@bag.admin.ch que l'étude de faisabilité de l'intéstructures sont souvent étrangères

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«Un accès aux hô

Migrant-Friendly Hospitals, le rése pour les Suisses. Le projet «Migrant-Frien de la population migrante. Une aide au fi mission. spectra: Monsieur Saladin, vous êtes le responsable du projet «Migrant-Friendly Hospitals», qu'est-ce qui vous attire?

Peter Saladin: le proche avenir réserve aux hôpitaux, avec la globalisation et l'élargissement de l'UE, de nombreux nouveaux défis. Les flux migratoires modifient la composition de la «clientèle». C'est pour moi une grande chance de pouvoir contribuer à ce que chacun, d'où qu'il vienne et quelle que soit sa situation, ait les mêmes chances d'accès au système de santé suisse que les Suisses. Cette mission ne nous est pas dictée uniquement par la Constitution (égalité des chances), mais aussi par des réflexions sociales, politiques et économiques. Relevons le défi de manière constructive.

L'UE a lancé elle aussi un projet «Migrant-Friendly Hospitals». Le projet suisse est-il une imitation du modèle?

Le projet pilote de l'UE a démarré il y a trois ans, avec 12 hôpitaux.

Nous n'avons pas tout à fait suivi la même voie que l'UE, car nous essayons d'entrer en contact sur un large front avec les hôpitaux et les centres hospitaliers suisses. Nous sommes aussi des Européens et, à ce titre, nous devons suivre les évolutions et réagir en conséquence. L'idée fondamentale est donc la même. A ce propos, le projet européen s'est récemment achevé sur la «Déclaration d'Amsterdam» qui nous livre également un principe directeur. La déclaration se trouve sous www.miges.ch.

Vous avez vous-même dirigé un hôpital. Quels sont les problèmes rencontrés quotidiennement avec les migrants?

La diversité culturelle est visible en bien des endroits: au cours de l'entretien entre le médecin et le patient, lors des traitements individuels, aux urgences, à la maternité, dans l'infrastructure, dans les lieux de culte, en cuisine, etc. On se demande toujours comment l'hôpital peut garantir qu'il comprend correctement les modes de vie des patients et comment il peut contribuer au mieux à une guérison, alors que les barrières linguistiques et culturelles semblent insurmontables.

Mais le personnel des hôpitaux est devenu un microcosme en soi aujourd'hui. Dans les grands hôpitaux universitaires, par exemple, on recense jusqu'à 70 nationalités parmi les agents hospitaliers. Sans eux, les hôpitaux suisses ne fonctionneraient pas. Ils sont une source de richesse.

Chacun sait que l'hôpital est un lieu de vie, de mort, de naissance et de souffrance, mais que le bien le plus précieux pour lequel nous travaillons est la santé. Le fait que chaque société ait établi certaines „philosophies“, certains usages, rituels et tabous autour de ces réalités essentielles de la vie constitue précisément la richesse de notre temps.

La pression est aussi un problème auquel le personnel de l'hôpital doit faire face. Comment, dans cette si-

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Point fort: migration et santé

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ôpitaux facilité pour les migrants doit devenir la norme»

eau d'hôpitaux pour la population migrante. Pour les migrants, l'accès au système de santé est souvent jalonné d'obstacles plus importants que ndly Hospitals» vise l'égalité des chances. Il veut créer un réseau d'hôpitaux qui se distinguent par des compétences particulières dans la prise en charge nancement doit encourager les nouveaux projets. Peter Saladin, chef du projet «Migrant-Friedly Hospitals» s'est entretenu avec spectra sur le défi de cette

Peter Saladin

tuation de stress permanent, aborder des patients qui nécessitent davantage de temps et de patience?

Un autre aspect ne doit pas être passé sous silence: la xénophobie et le racisme existe dans notre pays, le personnel des hôpitaux et les patients ne sont pas épargnés.

Enfin, il faut aussi aborder les questions financières: comment payer des prestations supplémentaires nécessaires, comme le recours aux interprètes? La Confédération, les cantons, les caisses maladie et les hôpitaux doivent remplir leur tâche.

La formation et le perfectionnement des agents hospitaliers sont un sujet important. Il faut leur permettre de se familiariser avec ce phénomène de la migration et d'acquérir les compétences transculturelles indispensables. Ce sujet doit être intégré à plein titre dans la formation et le perfectionnement.

L'OFSP est votre donneur d'ordre, qui sont vos autres interlocuteurs?

Mes interlocuteurs sont avant tout les directeurs d'hôpitaux. Il s'agit en fait de gestion d'entreprise. L'hôpital doit développer, comme toute autre entreprise, une stratégie pour aborder cette nouvelle situation et ancrer la compétence transculturelle à tous les niveaux du personnel. Naturellement j'ai informé les gouvernements cantonaux sur le projet. Un représentant des responsables cantonaux de l'intégration siège au sein de notre comité consultatif. Puis, il y a les milieux scientifiques, les ONG participantes et les associations professionnelles, les associations de soignants, la FMH, santésuisse, etc., au total une palette diversifiée d'organisations et d'organismes de formation continue.

Le groupe des migrants est également représenté au sein du comité consultatif.

Notre système de santé est, d'un côté, confronté à la globalisation et, de l'autre, au fédéralisme suisse. Nous avons 26 autorités cantonales de la santé. Comment faites-vous pour relever ce défi typiquement helvétique?

C'est un fait que la situation est complexe en Suisse. Il y a, d'une part, la Confédération, gardienne de la loi sur l'assurance maladie (LAMal), mais qui ne pratique pas de politique de santé nationale et, d'autre part, les cantons qui peuvent, eux, organiser une politique hospitalière autonome. Il existe des hôpitaux publics et privés, des grands, des petits, des centres hospitaliers universitaires, mais aussi des établissements de santé, des cliniques psychiatriques, des institutions de réhabilitation, etc. Quelle que soit la structure, des personnes vivent et travaillent dans toutes ces institutions, des patients, des employés, avec des histoires culturelles, linguistiques et sociales les plus diverses. Chaque établissement doit aborder la situation à sa manière, rechercher et mettre des solutions en œuvre. Notre projet ne veut, ni ne peut, donner des ordres aux hôpitaux, mais souhaite les sensibiliser à ces modes de vie divers et leur proposer des suggestions, des idées et des lignes directrices. La promotion de la compétence culturelle incombe aux directions des institutions de santé. Il faut y aiguiser la conscience du fait que la prise en considération des besoins légitimes et différents des clients et des collaborateurs par le management devient une question de survie pour une institution. Pour comprendre l'idée de la compétence transculturelle, nous pouvons recourir à notre propre expérience de la migration à l'intérieur de la Suisse. Un Bernois qui arrive à l'hôpital universitaire de Genève fait la même expérience: peut-être comprend-il la langue, en partie ou pas du tout, il ne connaît pas les usages locaux ni la structure hospitalière, etc.

Sans doute le lecteur peut-il imaginer ce qu'il ressentirait, en tant que patient aux urgences, dans un pays asiatique où personne ne se soucierait de son «identité culturelle».

Comment les différents cantons abordent-ils aujourd'hui le problème de la migration?

Respectons le principe selon lequel plusieurs voies mènent à Rome. Mon objectif principal est d'oeuvrer en contact direct avec les responsables hospitaliers représentés au sein du groupe central dont font partie 25 hôpitaux, de rassembler les expériences et connaissances disponibles aujourd'hui dans les hôpitaux, de développer de nouvelles connaissances et de les mettre à la disposition de tous les hôpitaux sous forme de recommandations. Mais l'uniformité n'est pas notre objectif, des approches diverses ont parfaitement leur place. Les seules solutions «nationales» que nous recherchons, sont le financement et la formation. Certains regroupements centraux ou régionaux pourraient éventuellement présenter des avantages économiques et au niveau de l'exploitation, comme c'est déjà le cas dans le domaine de l'interprétariat où des services d'intermédiaire sont actuellement en place.

Mot-clé, financement: comment les choses se passent-elles?

Nous connaissons des problèmes de financement à divers niveaux, dont l'un est le financement des prestations d'interprétariat. Les hôpitaux sont très intéressés. Un grand nombre a déjà mis en place les services correspondants ou recourt à des organismes spécialisés. Mais ces services coûtent de l'argent. Il sera impossible, à l'avenir, de faire passer ces frais dans le «déficit de l'hôpital», compte tenu du système de financement lié aux prestations prévu dans la révision de la LAMal. Je pense que l'entretien entre le médecin et le patient est une condition essentielle du traitement et de son succès et que, par conséquent, il doit être payé au titre de prestation obligatoire.

Lorsqu'un ou une interprète est nécessaire, pour des questions de compréhension mutuelle, les coûts engendrés font partie de la prestation obligatoire. Cette idée s'applique tout particulièrement au domaine de la psychiatrie.

Les choses sont différentes lorsqu'il s'agit du financement de prestations hospitalières fournies à des «sans papiers» qui ne devraient pas se trouver à l'hôpital! Bien que la situation de droit paraisse claire, au sein de la LAMal, il n'existe pas encore de solution entre la Confédération et les caisses maladie.

Il est question également de créer un label de qualité pour les Migrant-Friendly Hospitals. Il faudra certainement des normes uniformes.

La question du label est encore en suspens. La création d'un nouveau label ne me semble pas d'une grande actualité. Quelle en serait l'utilité?

Quels seraient les avantages concurrentiels pour un hôpital ou un établissement porteur du label? Les hôpitaux sont réticents à créer de nouvelles structures que personne ne finance. Pour moi, la question prioritaire est celle de savoir comment mettre les hôpitaux et d'autres établissements de santé en réseau pour échanger les expériences et développer l'idée de la bonne gestion de la diversité culturelle. Notre groupe central réfléchit encore à ce sujet. Bien sûr, nous louchons un peu du côté de l'Europe où il a été décidé de poursuivre le projet européen des MFH dans le cadre du mouvement de l'OMS des hôpitaux promoteurs de santé. Nous réfléchissons pour savoir si cela doit être le cas pour la Suisse également.

A combien se montent les fonds dont vous disposez pour soutenir des projets, et quels projets soutenez-nous?

La Confédération a autorisé un pool de projets total de 650'000 francs pour trois ans pour financer des projets hospitaliers. Toutes les conditions pour un soutien figurent dans un règlement. Ce règlement et le formulaire de demande peuvent être téléchargés sur le site de H+ (www.hplus.ch). Nous soutenons les

projets novateurs, promoteurs de qualité et durables, et ceux qui encouragent la mise en réseau d'hôpitaux avec les établissements précédant et ceux succédant au séjour à l'hôpital. Faire de nouveaux projets signifie pour les hôpitaux un surcroît de frais de personnel et de coûts. Il est donc compréhensible que nous n'ayons pas encore enregistré de ruée sur ces fonds jusqu'ici. Un projet financé à l’Hôpital universitaire de Genève traite, par exemple, de l'accès des femmes enceintes présentes illégalement sur le territoire, aux examens gynécologiques, et de l'évaluation des conséquences sanitaires par rapport à un groupe témoin.

Vous avez élaboré un calendrier ambitieux. Le réseau des MFH doit être en place à fin 2005, et votre projet s'achève à fin 2006.

Le réseau fonctionne déjà. Il existe un groupe central de 25 hôpitaux ainsi qu'un comité consultatif au niveau stratégique. Nous devons entretenir l'élan qui a suscité une première acceptation très positive de l'idée.

Comme je l'ai déjà dit, nous examinons encore la manière d'institutionnaliser le réseau au-delà de l'achèvement du projet. Il s'agit avant tout de sensibiliser les responsables d'hôpitaux et l'ensemble des agents hospitaliers. Le savoir-faire et la gestion de la qualité hospitalière doivent intégrer la notion «d'accès facilité aux migrants». Une bonne gestion de la diversité doit devenir une norme entrepreneuriale.

www.hplus.ch

Peter Saladin • Etude des sciences publiques et administratives à l'Université de St-Gall, docteur rer. publ., docteur h.c. de l'Université de médecine de Varna (BG).

• 1969 – 1986: diverses fonctions au sein de l'Office fédéral des affaires économiques extérieures (DFE) dans les domaines de la politique internationale en matière de développement, d'économie et de commerce; attaché financier auprès de l'ambassade de Suisse à Washington D.C. USA; président de la Commission pour la garantie contre les risques à l'exportation.

• 1986 - 1989: secrétaire général du Département fédéral de l'économie publique, Berne • 1990 - 2003: président de la direction de l'Hôpital de l’Île, Hôpital universitaire du canton de Berne.

• Depuis 1998: président de l'Association suisse des établissements hospitaliers, H+ les Hôpitaux de Suisse.

Point fort: migration et santé

spectra no 49 • Février 2005

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Ancrer l'interculturalité dans l'aide en matière de dépendance Migration et dépendance. Les membres des communautés de migrants recourent trop peu aux institutions d'aide en matière de dépendance, bien moins souvent que le nombre de personnes touchées par les problèmes de drogue ou d'alcool dans ces couches de la population ne le laisserait attendre. Un projet pilote, mené par le Réseau Contact de Berne, a livré des recommandations importantes pour pallier ces déficiences. Il s'agit dès lors d'examiner si la démarche préconisée dans le projet peut être reprise pour les institutions d'aide en matière de dépendance oeuvrant dans toute la Suisse. Une étude de faisabilité au niveau national révèle que les obstacles à un accès global des populations migrantes à l'aide en matière de dépendance sont encore nombreux. L'étude esquisse également des critères de qualité applicables à une aide en matière de dépendance durable et adaptée aux besoins des migrants.

L

orsque la scène de la drogue ouverte prit une ampleur inédite, au milieu des années 80, divers professionnels de terrain eurent l'impression de trouver – surtout à Berne – un nombre exceptionnellement important d'Italiens de la seconde génération parmi les toxicomanes. Ce qui les inquiétait particulièrement était l'absence des familles concernées dans le circuit de l'offre suisse aux soins. A la fin des années nonante, l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) chargea donc l'Institut d'ethnologie de l'Université de Berne d'analyser la situation des familles de migrants italiens touchées par un problème de drogue. La question centrale était de trouver pourquoi les familles italiennes, avec un problème de dépendance, recouraient avec une telle réticence à l'offre de conseil et de thérapie existant en Suisse, et quelles mesures concrètes pourraient améliorer l'accès aux institutions. L'étude1), rédigée par Dagmar Domenig sous la responsabilité de Corina Salis Gross, a révélé, en particulier, des lacunes dans l'offre de conseil et de thérapie pour les toxicomanes d'origine italienne et pour leurs familles.

Au vu de ces résultats, le Réseau Contact mit en place, en collaboration avec le Centro Familiare Emigrati de Berne et sous la direction de Dagmar Domenig, le projet «Migration et dépendance». Soutenu financièrement par l'OFSP (dans le cadre de la stratégie «Migration et santé 2002 - 2006» de la Confédération) et par le canton de Berne, le projet pilote «Migration et dépendance», prévu pour trois ans, démarra en automne 2001 sous la responsabilité de Réseau Contact.

Projet pilote de Réseau Contact Berne Le projet pilote «Migration et dé-

pendance» s'adressait à des personnes individuelles et à des familles dans un contexte de migration et avec une problématique de dépendance. L'objectif était de faciliter l'accès aux offres de Réseau Contact aux personnes touchées par la migration.

Ainsi, les entretiens se tenaient dans la langue maternelle des personnes concernées ou en présence d'un ou d'une interprète. Certains collaborateurs ont eux-mêmes fait des expériences de la migration ou se sont spécialisés dans ce domaine par des formations continues. Le Réseau Contact travaille également en collaboration avec des communautés étrangères.

Le projet pilote de Réseau Contact Berne était novateur et exemplaire sur bien des points: l'orientation systématique, conceptuelle et stratégique d'une institution d'aide en matière de dépendance sur les besoins et des particularités de clients avec un contexte migratoire était une première en Suisse et posait un défi majeur à tous les intervenants. Dans le cadre du projet, le Réseau Contact Berne a aussi publié la brochure «S'informer sur le cannabis» dans les différentes langues de la population migrante. Elle est disponible en 14 langues (albanais, allemand, anglais, arabe, croate, espagnol, français, italien, portugais, russe, serbe, tamoul, turc, vietnamien) et peut être commander chez l'lSPA.

Ancrer une démarche transculturelle dans l'aide en matière de dépendance Comment reprendre pour d'autres cantons et institutions oeuvrant dans l'aide en matière de dépendance la démarche prometteuse préconisée par le projet pilote de Réseau Contact Berne? L'OFSP a commandé, pour répondre à cette question, une étude nationale de faisabilité qui comporte

Impressum «spectra – Prévention et promotion de la santé» est un bulletin d’information de l’Office fédéral de la santé publique qui paraît six fois par an en français, en allemand et en anglais. Il publie également des opinions qui ne coïncident pas avec la position officielle de l’office.

Editeur: Office fédéral de la santé publique 3003 Berne Tél. 031 323 54 59 Fax 031 322 24 54 www.bag.admin.ch Réalisation: Pressebüro Christoph Hoigné, Allmendstr. 24, 3014 Berne hoigne@datacomm.ch

No 49, Février 2005 Responsable de la commission de rédaction: Markus Allemann, markus.allemann@bag. admin.ch Textes: Collaborateurs de l’OFSP, Chr. Hoigné et d’autres auteurs Traduction: Marie-Françoise DörigMoiroud Photos: Pierre-Antoine Grisoni, Christoph Hoigné, Ursula Markus, Edouard Rieben Graphisme: Lebrecht typ-o-grafik 3147 Aekenmatt

Impression: Beag Druck AG Emmenbrücke Tirage: 7000 ex. allemands, 4000 ex. français, 1500 ex. anglais Il est possible de commander des numéros séparés et des abonnements gratuits à: Office fédéral de la santé publique, Section campagnes 3003 Berne Tél. 031 323 87 79 Fax 031 322 24 54 kampagnen@bag.admin.ch Le prochain numéro paraîtra en avril 2005.

deux volets: le but du premier volet était d'examiner la possibilité d'une transposition au niveau national.

Pour ce faire, l'étude s'est concentrée sur trois niveaux : fédéral (OFSP, section Egalité des chances et santé), cantonal (responsables cantonaux de l'intégration, responsables cantonaux et communaux des questions de dépendance) et les organismes d'aide en matière d'alcool et de drogue (institutions ambulatoires et hospitalières) ainsi que les instances professionnelles QuaTheDA, COSTE et les associations régionales en matière de dépendance A+S, GREAT, STCA. Une enquête sous forme de questionnaires écrits et d'entretiens avec les collaborateurs du système d'aide aux toxicomanes dans les différents cantons doit permettre de mettre en évidence les compétences locales spécifiques, ainsi que les besoins dans le domaine de la migration et d'étudier la possibilité d'adapter le projet pour obtenir un effet multiplicateur. La compatibilité du projet avec les politiques d'intégration actuelles des cantons doit également être examinée.

Le second volet de l'étude consistait à évaluer brièvement l'expérience et les connaissances accumulées au cours du projet pilote. Ce savoir accumulé doit servir à définir des critères de qualité pour un travail adapté aux besoins de la migration dans le domaine des dépendances. Ces critères de qualité sont la condition à une large implantation d'une approche transculturelle des dépendances. Par ailleurs, les atouts et les faiblesses du projet en terme de transposition ont été révélés. La première partie de l'étude a été conduite par Walter Grisenti, la seconde par le Forum suisse pour l'étude des migrations et de la population (FSM).

Les résultats Principaux résultats et recommandations de l'étude de faisabilité: Un potentiel nuancé: la situation de départ pour l'implantation de méthodes adaptées aux besoins des migrants est différente selon qu'il s'agit d'aide en matière de toxicomanie ou d'alcoolisme. Dans le domaine de la toxicomanie, il existe une conscience du problème ainsi que des ressources en personnel permettant d'initier un changement transculturel au sein des institutions; en revanche, l'état d'esprit et les conditions (capacité, nombre de lits, personnel, répercussions sur l'ensemble de la communauté soignante) sont moins favorables dans le secteur de l'aide en matière d'alcoolisme. Un rapprochement des deux secteurs pourrait faciliter le changement de mentalité.

Une sensibilisation et une information lacunaire: certes, tout le monde s'accorde à reconnaître que la migration est un vaste sujet, mais dans les faits, les connaissances en matière de migration et de dépendance sont souvent faibles dans les institutions. Il faut donc mettre en place une stratégie de communica-

tion et d'information «Migration et dépendance».

Mise en réseau insuffisante: l'effet multiplicateur ne peut se faire sans l'implication des différents acteurs: la Confédération, les cantons et les institutions.

L'étude révèle le manque de réseau entre les responsables de l'intégration (services d'intégration), les responsables des questions de dépendance et les institutions d'aide en matière de dépendance. Une meilleure mise en réseau pourrait libérer des forces et des synergies.

Un processus plutôt qu'un projet: les auteurs recommandent de veiller, lors d'une transposition, à ne pas poursuivre un projet limité dans le temps. Ils préconisent, au contraire, de mettre en place un processus apte à modifier l'organisation durablement. Parallèlement, ils recommandent l'utilisation, dès le début, d'instruments de l'assurance qualité afin d'augmenter la légitimation des approches adaptées à la migration, facteur particulièrement positif en période de pression à l'économie.

Créer de la reconnaissance: actuellement, la pression sur les coûts frappe de plein fouet l'aide en matière de toxicomanie, comme de nombreuses autres institutions publiques. Cette situation entrave l'introduction d'approches adaptées à la migration et la mise à disposition des ressources nécessaires.

Les institutions ayant déjà introduit des méthodes de travail répondant aux besoins de la migration et celles qui s'y intéressent devraient bénéficier d'une reconnaissance particulière.

Intégré dans QuaTheDA Les résultats issus de l'étude de faisabilité servent de base à la définition de critères et de normes de qualité semblables à ceux du nouveau Référentiel modulaire QuaTheDA (Qualité Thérapie Drogues Alcool) que l'OFSP est en train de développer pour l'aide ambulatoire en matière de dépendances.

René Stamm, responsable de QuaTheDA à l'OFSP, en illustre le fonctionnement, par un exemple: «responsables des concepts d'intervention et de traitement des institutions doivent se prononcer sur la conception des prestations répondant aux besoins de la migration si ce type de prestation fait partie de leur offre. Cette approche incite les institutions à une réflexion de fond sur le sujet.» Ainsi, l'implémentation de l'exigence de qualité «répondant aux besoins de la migration» par exemple, conduit à des conséquences en matière d'embauche de personnel et de mise en réseau avec les acteurs concernés, à savoir les communautés de migrants et les institutions.

Contact: Verena Hanselmann, section Egalité des chances et santé, OFSP, 3003 Berne, verena.hanselmann@bag.admin.ch 1) Domenig, Dagmar, Corina Salis Gross und Hans-Rudolf Wicker (2000). Studie Migration und Drogen: Implikationen für eine migrationsspezifische Drogenarbeit am Beispiel Drogenabhängiger italienischer Herkunft: Schlussbericht. Bern: Institut für Ethnologie der Universität Bern.

Point fort: migration et santé

spectra no 49 • Février 2005

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Film d'information pour les requérants d'asile Prévention VIH/sida pour les requérants d'asile. Une nouvelle vidéo d'information prenant en compte les différences culturelles doit informer les requérants d'asile sur le VIH/sida lors de leur arrivée en Suisse et les sensibiliser à la prévention.

(OFSP) ont constitué un groupe de travail interdépartemental qui s'est penché, dans un premier temps, sur les questions suivantes: • Comment informer tous les requérants d'asile sur le VIH/sida dès leur arrivée?

• Comment informer tous les requérants d'asile susceptibles de séjourner un certain temps en Suisse sur la possibilité de procéder à un test de dépistage, sur les avantages et les inconvénients du test, et comment leur offrir une possibilité de le faire?

• Comment leur apporter un conseil adéquat après le test?

• Comment savoir pour chaque requérant d'asile séropositif si les conditions d'une thérapie antirétrovirale sont médicalement données.

Matériel d'information audiovisuel Au club de boxe

Mandatée par le groupe de travail, la Croix-Rouge suisse a recensé les films de prévention et d'information consacrés à la thématique du VIH/sida en Europe. Conclusion: il n'existe pas de matériel utilisable, mais l'intérêt est grand, en Suisse comme en Europe, de mettre en place des moyens d'information audiovisuels adaptés. Une agence publicitaire zurichoise a donc été chargée de développer un concept et, après son approbation par les groupes professionnels, de réaliser un film d'information qui sortira en

(photo: Pierre-Antoine Grisoni)

A

u début de 2004, la demande de tests VIH obligatoires pour les requérants d'asile avait fait les gros titres des journaux et suscité des débats houleux. Il n'est pas plus question de faire subir un test de dépistage obligatoire aux requérants d'asile que d'en faire subir un à d'autres groupes de la population.

S'appuyant sur la discussion entamée, l'Office fédéral des réfugiés et l'Office fédéral de la santé publique

Forum Lost in Translation?

«Lost in Translation»: le titre du film est attirant. Il suscite la curiosité. Où est l'infidélité? De quelle traduction s'agit-il? Comment traduire «Lost in Translation» en français?

Deux personnes se rencontrent dans un monde étranger. La notion d'étranger les concernent à plusieurs titres: elles sont étrangères par rapport à elles-mêmes, étrangères l'une pour l'autre et se trouvent dans un monde où l'on parle une langue complètement étrangère. La communication est-elle possible?

Le film de Sofia Coppola ne livre pas de réponse. Il reste un goût de nostalgie de la compréhension et de la recherche d'une langue commune.

Bien avant l'arrivée du film sur les écrans, un livre avait été publié, portant le même titre: «Lost in Translation». Il raconte l'histoire d'une migration, celle d'Eva Hoffman, 13 ans, qui, à la fin des années cinquante, quitte la Pologne avec ses

parents pour gagner le Canada. L'auteur nous raconte, en anglais et non en polonais, la manière dont elle essaie de trouver sa place dans le nouvel environnement. Elle cherche sa voie entre deux mondes: le nouveau, qui lui est toujours étranger, et l'ancien, auquel elle devient de plus en plus étrangère avec le temps. Elle se trouve entre deux langues, perdue dans la traduction. Ce combat pour la langue fait penser aux nombreux patients qui arrivent dans nos hôpitaux, qui ne comprennent pas et qui ne sont pas compris.

Une équipe canadienne de chercheurs a étudié le lien entre le fait d'être de langue étrangère et la durée du séjour en hôpital. La durée du séjour de patients de langue étrangère était sensiblement plus longue pour les maladies et interventions suivantes que pour les personnes de langues nationales (anglophones ou francophones dans le cas de Toronto où l'étude a été menée): pontage coronarien, syndrome coronarien instable et angine de poitrine, apoplexie, trépanation, diabète sucré, prothèse de la hanche ainsi que les interventions intestinales et rectales. L'ab-

DVD et sera traduit dans 15 langues.

Le concept d'information, le scénario et les idées de réalisation ont été soumis non seulement à l'approbation des organisations gouvernementales et non gouvernementales, mais aussi à celle des représentantes et représentants du groupe-cible.

Le défi pour la production d'un tel film d'information consiste à tenir compte des particularités culturelles et sociales et des tabous qui les accompagnent ainsi que de l'analphabétisme de certains requérants d'asile. La sortie du film est attendue pour le printemps. Il sera projeté dans les centres d'accueil de la Confédération mais pourra également être utilisé dans un contexte beaucoup plus large pour la prévention VIH auprès des populations migrantes.

Nouvelle publication: Qu'avons-nous appris?

Prévention dans le sport

Le groupe de travail conclut que la question du test VIH ne doit pas être traitée dès l'arrivée en Suisse mais seulement dans les cantons dans lesquels les requérants seront accueillis.

Les trois cantons de Genève, Neuchâtel et Zurich étudient actuellement la possibilité de mener un projet pilote en la matière. Une attention particulière est accordée aux questions de la protection des données, des coûts et de la mise en œuvre concrète. En l'état actuel des choses, on estime que les projets pilotes pour des tests VIH volontaires accompagnés d'une offre de conseil complémentaire pourraient démarrer au printemps 2005.

Durant les douze dernières années (1992–2004), l'OFSP - dans le cadre du paquet de mesures destinées à réduire les problèmes liés à la toxicomanie - a lancé, avec des partenaires nationaux, des programmes de prévention dans les milieux fréquentés par les jeunes. Les étapes importantes et les résultats seront relatés dans une série de publications intitulée «Qu'avons-nous appris?». Quatre tomes seront publiés, chacun consacré à un domaine particulier: la prévention dans le sport, dans l'institution de jeunesse, dans le travail pour la jeunesse et dans la commune.

La première publication, parue au mois d'octobre 2004, s'intitule «Prévention dans le sport» et offre un récapitulatif de presque onze années d'engagement en faveur de la prévention des toxicomanies dans le sport. Les principaux projets de prévention sont présentés en détail, ainsi que des informations et évaluations tirées de la pratique.

Format A4, 64 pages.

Contact: Brigit Zuppinger, section sida, OFSP, 3003 Berne, tél. 031 322 96 36, brigit.zuppinger@bag.admin.ch

Commande: BBL-EDMZ, 3003 Berne (numéro de commande: 361.800.1.d) ou en ligne sous: www.bag.admin.ch

Tests VIH volontaires dans les cantons

sence de concordance linguistique a conduit, dans ces domaines, à un séjour prolongé à l'hôpital. Ce manque de compréhension aurait pu être comblé grâce à la traduction. Les faits sont clairs: les patients de langue étrangère engendrent des coûts élevés faute de traduction. Les auteurs de l'étude démontrent que les patients de langue étrangère restent à l'hôpital en moyenne une demie journée de plus que les autres patients avec la même pathologie.

Les médecins sont, eux aussi, souvent «lost in translation», ainsi que le démontre un rapport scientifique sur les soins et les coûts des soins apportés aux requérants d'asile à Bâle.

L'analyse des dossiers médicaux des patients requérants d'asile fait ressortir leur désarroi. Un exemple parmi tant d'autres illustre cette constatation: «Des difficultés linguistiques et l'inobservation de la posologie par le patient entravent gravement l'amélioration des facteurs de risque cardio-vasculaires».

Le film, le livre et les deux études nous rappellent que la traduction et l'interprétariat font partie des axes

d'intervention de l'orientation stratégique de la Confédération dans le secteur Migration et santé. Il y aurait beaucoup à gagner, et rien à perdre, si les services d'interprétariat étaient introduits et financés à grande échelle.

Je voudrais finir sur un autre extrait des dossiers médicaux analysés. Manifestement, on a pu sauver, ici, ce qui semblait «lost in translation»: «L'augmentation permanente des prestations médicales à fournir au patient, gros demandeur de prestations, suscite une divergence d'opinions que nous avons pu surmonter grâce au service de l'interprète. Il devient possible, dès lors, d'achever le traitement et de fermer le dossier.»

Dr Alexander Bischoff Institut de la science des soins infirmiers Université de Bâle

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Actifs et légers dans la nouvelle année Bougez plus, vivez mieux. Au début du mois de janvier 2005, l'Office fédéral de la santé publique, l'Office fédéral du sport, Promotion Santé Suisse et la Société générale d'affichage ont lancé conjointement une nouvelle campagne nationale, intitulée DEPART/ARRIVEE, qui invite la population suisse à opter pour une alimentation équilibrée et à pratiquer une activité physique quotidienne dès le début de la nouvelle année.

A

vec la campagne DEPART/ARRIVEE et son slogan «Bougez plus, vivez mieux», les partenaires à l'origine du projet invitent la population suisse à démarrer la nouvelle année avec plus d'entrain. Après les jours de fêtes, le moment est particulièrement propice à un DEPART plus actif et mieux équilibré pour atteindre, à l'ARRIVEE, une qualité de vie et un bien-être meilleurs. Activité physique et alimentation équilibrée peuvent s'intégrer dans notre quotidien sans grande difficulté. Il suffit, en effet, de se promener pendant la pause de midi ou de descendre du bus deux ou trois arrêts avant et de finir le trajet à pied pour pratiquer 30mn d'activité physique par jour, soit le minimum recommandé. Ou encore de compléter son petit déjeuner par un jus d'orange fraîchement pressé, de croquer une pomme à dix heures et de manger une salade en

entrée pour consommer trois des cinq portions de fruits et légumes recommandées par jour.

Activité physique au quotidien et alimentation appropriée favorisent un bilan énergétique équilibré. En 2005, Année internationale du sport et de l'éducation physique, l'accent sera mis non seulement sur l'alimentation, mais également sur l'activité physique quotidienne afin qu'un poids corporel normal redevienne la règle.

Les informations sur la campagne figurent sur le site Internet www.suissebalance.ch qui présente de nombreuses idées pratiques et utiles en relation avec le sujet de la campagne – par exemple les pyramides sur les denrées alimentaires et l'activité physique.

La Société générale d'affichage qui a lancé la campagne DEPART/ARRIVEE en collaboration avec l'agence publicitaire Publicis AG, a placé sur tout le territoire national des affiches de divers formats afin que près de 85% de la population soit interpellée par ce message plusieurs fois au cours des premières semaines de la nouvelle année.

Contact: Hans-Peter Roost, chef de la section Jeunesse, nutrition et activité physique, OFSP, tél. 031 322 95 05 www.suissebalance.ch

L'alcool ne rend pas sexy Consommation d'alcool à risque. La Croix-bleue a démarré l'année 2005 avec une nouvelle campagne d'affichage pour poursuivre le succès de l'année précédente. Le sujet et le groupe-cible sont nouveaux.

«I

l/elle n'a pas de problème avec l'alcool mais sans l'alcool.» Le message de la campagne 2004 était que les problèmes d'alcool peuvent toucher tout le monde.

Les personnes habituées précocement à une consommation d'alcool régulière sont particulièrement en danger. C'est pourquoi la Croixbleue cible particulièrement les jeunes sur ses affiches 2005. Trois bouteilles au «look jeune» sont sensées représenter des jeunes à la mode, mais le message leur dit que l'alcool ne rend pas sexy et qu'une consommation excessive est tout sauf attrayante. Par ce message illustré, la Croix-bleue veut inciter les jeunes, mais pas seulement eux, à réfléchir sur leur comportement avec la boisson.

Interpeller les jeunes Les affiches s'adressent sciemment aux jeunes dont les réactions physiques et psychiques à l'alcool sont plus fortes que celles des adultes. La consommation d'alcool modifie la perception de la réalité et peut très fortement déstabiliser les jeunes en phase de perturbations psycho-émotionnelles. Que l'alcool jouisse d'un statut particulier dans notre société et que sa consommation soit taxée de «normale» fausse l'appréciation des dangers occasionnés par la consommation de cette substance. La précocité des habitudes de boisson accroît d'autant le danger de rencontrer plus tard des problèmes d'alcool. Souvent, les jeunes boivent pour se sentir forts et adultes; la pression du groupe joue également un rôle important. Le recours à la bouteille permet de surmonter la timidité. On est «in» désormais, lorsqu'on boit de manière excessive le week-end pour oublier la frustration de la semaine. Mais

quand on est «plein», on a souvent le cerveau «vide» et le message veut montrer que la solution du problème est artificielle et passagère, alors que se profile, subrepticement, un problème bien plus important.

Une campagne en partenariat Quelque 2'100 affiches sont visibles depuis la mi-janvier dans les agglomérations de Bâle, Berne, St-Gall et Zurich. La campagne, qui a doublé le nombre d'affiches par rapport à 2004, a pu être mise en place grâce à l'agence publicitaire Publicis et à la Société générale d'affichage qui renoncent à une grande partie de leurs coûts, ainsi qu'à un soutien financier de l'Office fédéral de la santé publique.

Contact: Walter Liechti, directeur Croix-bleue, Lindenrain 5, 3001 Berne, tél. 031 300 58 63 www.blaueskreuz.ch

Les offres répondant aux besoins des femmes Nouvelle publication. «Au féminin, s'il vous plaît! La pratique», nouvelle publication parue au mois de janvier, contient des informations sur le projet «Femmes-Réseau-Qualité» et ses résultats. Le projet est né de l'engagement de la Confédération pour la promotion d'une intervention en toxicomanie répondant aux besoins particuliers des femmes.

D

epuis le début des années nonante, des efforts d'encouragement des offres et des structures adaptées aux femmes dans l'aide en matière de dépendances sont fournis en Suisse. En possession d'une étude scientifiquement fondée (Ernst ML., Rottenmanner I., Spreyermann Ch.: Femmes-Dépendances-Perspectives.

1995), l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) a lancé un projet d'encouragement de l'intervention en matière de drogues adaptée aux femmes. En 2001, le mandat est élargi à la promotion des offres sexospécifiques, et à un instrument de développement de la qualité «Au féminin s'il vous plaît! Promotion des offres de prises en charge à bas seuil pour les femmes toxico-dépendantes» voit le jour. Le guide publié par l'OFSP en allemand, en français et en anglais, définit les objectifs principaux des offres répondant aux besoins particuliers des femmes. Il comporte des checklists relatives aux prestations de services nécessaires ainsi que des

critères de qualité concernant la structure, les processus et les résultats. Ainsi, une institution désirant introduire une offre de conseil en gynécologie doit définir des heures d'ouverture, mettre un local à disposition (structure), encourager les clientes à prendre soin de leur corps (processus) afin d'améliorer leur état de santé (résultat).

Ancrer les offres répondant aux besoins spécifiques des femmes Dans les années 2001 à 2003, cet instrument a été introduit auprès de diverses institutions sous la forme du projet «Femmes-Réseau-Qualité», avec pour objectif d'institutionnaliser les offres spécifiques aux femmes, de mettre les institutions participantes en réseau et de permettre au public d'accéder aux expériences faites dans ce domaine. La toute récente publication «Au féminin s'il vous plaît! La pratique» présente le projet et les résultats obtenus.

Les auteurs (Marie-Louise Ernst, Régine Linder, Franziska Eckmann, Valérie Dupertuis et Geneviève Praplan) veulent apporter un soutien aux professionnels dans le développement d'offres et de prestations de qualité destinées aux femmes. Selon l'introduction, rédigée par Irmgard Vogt, médecin (Université de Francfort/Main), de premiers résultats démontrent la plus grande efficacité du travail en matière de dépendance répondant aux besoins particuliers des femmes. Un bref récapitulatif décrit le déroulement et la méthodologie de l'ensemble du projet. Puis, l'ouvrage explique pas à pas le développement de la qualité du travail en matière de dépendances répondant aux besoins particuliers des femmes. Les auteurs ont suivi fidèlement la structure d’«Au féminin s'il vous plaît! Promotion des offres de prises en charge à bas seuil pour les femmes toxicodépendantes». De nombreuses indications pour atteindre les objectifs, des méthodes, des obstacles et écueils

éventuels ainsi que des tactiques, des stratégies et des instruments pour en venir à bout sont destinés à soutenir les efforts fournis lors de l'introduction d'offres spécifiques aux femmes.

Enfin, des exemples de réussites montrent que le développement de la qualité d'offres «pour» les femmes peut très bien s'intégrer dans le quotidien des institutions. Les rapports passionnants sur des offres développées dans le cadre du projet «Femmes-Réseau-Qualité» vont de l'intégration d'une planificatrice familiale et de la formation des collaboratrices à la conception d'un manuel traitant de la violence jusqu'à l'accompagnement de clientes vers des services médicaux. Ils encouragent aussi bien les professionnels que les institutions à suivre leur exemple et à faire preuve de créativité lors de l’introduction de ce type d’offres.

Contact et commande: Andrea Schärmeli, section Drogues, OFSP, 3003 Berne, andrea.schaermeli@bag.admin.ch