L ILOI O P OORRTTFFO O
Jeanne Mougenot
Jeanne Mougenot SPEOS P r o g r aSpeos mme de photographie p r o fe s s i o n n e l l e 2018/2020
64W Programme de photographie professionnelle
2 018 / 2 0 2 0
L’excision: portrait d’une violence ritualisée.
Selon une enquête récente, nous estimons à 60 000 le nombre de femmes qui trouvent refuge en France après avoir été excisée, soit pour échapper à une seconde excision soit pour permettre à leurs enfants d’y réchapper. Pour ce reportage je suis allée à la rencontre de femmes ayant vécu une ou plusieurs excisions pour mettre un visage sur ces abus à travers les portraits de cinq femmes, originaires de la Guinée-Conakry et de la Côte d’Ivoire, qui font partie des pays les plus touchés par l’excision, des sociétés dans lesquels l’excision est pratiquement institutionnalisée. Dans une société ou l’on appelle à une mobilisation face aux violences faites aux femmes, ces portraits appellent à une mobilisation du grand public sur un sujet peu connu et pourtant meurtrier.
Fatoumata, 35 ans, originaire de Guinée-Conakry. Excisée une première fois à l’âge de 4 ans et la deuxième fois à 18 ans avant d’être mariée. Elle a laissé sa fille au pays, caché dans un village reculé, chez une amie, elle ne dort plus la nuit à l’idée qu’elle se fasse exciser. «J’ai subi des viols politiques, mais l’excision c’est pire (…) l’excision est un virus qui tue plus qu’Ebola».
Mariama, 25 ans, originaire de Guinée-Conakry. Elle a été excisée 2 fois à l’âge de 10 ans. Sa petite soeur a été excisée le même jour qu’elle et y a perdu la vie suite à une hémorragie. Mariama a bien l’intention de militer contre l’excision quand elle obtiendra son titre de séjour. «On m’a dit que c’est Jeanne d’Arc qui avait libéré Orléans des Anglais, c’est une combattante, jeune qui plus est, je veux être comme elle ».
Diariatou, 24 ans, originaire de Guinée Conakry. Orpheline et réduite en esclavage par son oncle, elle a été excisée une première fois à 5 ans. Mais après avoir été mariée de force à un ami de son oncle, sa famille a voulu l’exciser une deuxième fois, « il ne voulait plus voir de lèvres sur mon corps ». Diariatou a alors fui pour échapper à cela, « je préférais mourir plutôt que d’être excisée encore une fois ».
M’mah, 23 ans. Originaire de Guinée Conakry. Victime d’un mariage forcé, elle est venue se réfugier en France. Excisée une première fois par ses tantes, elle est accusée d’être une sorcière car elle aurait fait poussée ce qu’on lui a coupé. Elle sera donc excisée une deuxième fois, « c’est la tradition, chez moi, les hommes veulent que les femmes soient excisées ». M’mah ressent des douleurs dans tous les aspects de sa vie, pendant l’accouchement, pendant ses règles, les rapports sexuels lui font mal et ne lui procurent donc aucun plaisir « j’aimerais subir une reconstruction chirurgicale, ce n’est pas encore fait, mais j’aimerai bien ».
Aminata, 34 ans, originaire de la Côte d’Ivoire. Elle est venue en France pour fuir un mariage forcé. Elle a été excisée une seule fois, à l’âge de 17 ans pour prouver à la famille de son futur mari qu’elle était bien vierge. L’excision l’a détruite physiquement et mentalement, cela lui a fait perdre son identité de femme « je n’étais pas une femme tout entière, je n’avais plus d’identité, c’est le clitoris qui faisait de moi une femme, sans cela, je ne savais pas dans quel genre j’étais ». C’est la réparation chirurgicale qui lui a permis de redevenir une femme à part entière.
Biographie
Je suis une photographe documentaire spécialisée dans les sujets sociaux. Mais ce n’est pas la seule corde à mon arc car je suis également portraitiste et photographe corporate, aussi bien dans le domaine du reportage en entreprise que du portrait. J’ai choisi de faire ce métier car j’ai toujours su que je voulais faire un métier dans le domaine l’art et la culture, après une licence d’histoire de l’art qui m’a laissé sur ma fin, j’ai décidé de me tourner vers la photographie car c’est un art que j’ai toujours pratiqué en tant que passion. Je me suis tournée, de par mon parcours, dans une photographie qui s’intéresse plus à la construction d’une histoire que vers la technique, même si elle est bien sur primordiale dans la fabrication d’une bonne image. Mon but dans la photo est de raconter des histoires ou d’explorer des concepts à travers l’image.
Contacts
Jeanne Mougenot Photographe indĂŠpendante +33 6 63 59 84 34 jeanne.mougenot@gmail.com jeannemougenot.com @jeemgt /@lesvisagesdejeanne