LANGUEDOC-ROUSSILLON
N°2
DÉCORATION ARCHITECTURE BIEN-ÊTRE
ARCHIDESIGN
Maisons intelligentes de Dubuisson Les nouveaux Thermes de Balaruc
LES FAISEURS D’UNIVERS
Encore des artisans surprenants
BIEN-ÊTRE & ÊTRE BIEN N°2 MARS/AVRIL/MAI 2012
Et si l’essentiel n’était pas visible ?
ATTRACTIONS TERRESTRES
GASTRONOMIE CULTURE
Côte Vermeille et cirque de Mourèze
EVENEMENTS
Le Carré d Art expose Mark Manders Musique et monuments
BON LIT, BON VIN
L 17309 - 2 - F: 7,50 € - RD
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L’adresse incontournable de l’univers de la maison et de la décoration. CHALET DES PINS 2 bis, rue des Jonquilles 66210 Bolquère - Pyrénées 2000
Création graphique : www.square-partners.com - Photo : Gilles Plagnol
L’adresse incontournable de l’univers Tél.maison +33 (0)4.68.04.76.84 de la et de la décoration.
En exclusivité EXCLUSIVITÉ ENENEXCLUSIVITÉ La collection de seaux haut de gamme de l’Orfèvrerie d’Anjou. L‘abus d’alcool est dangereux pour la santé à consommer avec modération
ÉDITO Tout d’abord un grand merci à vous, chers lecteurs, qui nous avez encouragés par vos mails nombreux et enthousiastes. Lancer un magazine peut paraître une gageure, alors nous n’oublions pas que le Soleil brille pour les audacieux, et nous faisons partie de ceux-là. Au travers de vos commentaires, nous vous reconnaissons comme étant désireux de vous détendre et, aussi, de vous enrichir. Et pour vous, la rédaction a le plaisir de vous proposer une nouvelle rubrique, un temps de réflexion autour de notre, de votre recherche personnelle du bien-être. Y sont mis en avant ceux qui en parlent avec science (hommes de lettres, philosophes, sages…), et ceux qui prolongent cette quête par des prestations de grande qualité. Rendez-vous donc à la rubrique « Bien-être & être Bien », page 66. Pourquoi « Bien-être & être Bien » ? Parce que nous pensons que l’un est indissociable de l’autre. Cette chronique est notre pierre à votre cathédrale de l’authenticité. BLEU magazine poursuit sa promesse esthétique en parcourant les chemins de la création. Il espère réussir ici un savant dosage entre l’esthétisme, la qualité et la sincérité humaine. Nos journalistes nous ont, une nouvelle fois, rapporté quelques bijoux dénichés en Languedoc-Roussillon. Leurs reportages vous garantissent des instants rares, à savourer. A chaque fois, leurs découvertes sont les fruits de projets de femmes ou d’hommes inventifs, courageux, incroyablement indépendants, qui nous enseignent que tout est possible quand on choisit la voie de ses passions. Et, si de partout, les voix s’unissent pour nous plonger dans la morosité d’une “crise inéluctable”, ces hommes et ces femmes nous montrent un tout autre chemin. Et l’extraordinaire réussite de leur projet nous souffle de ne pas perdre pour autant nos énergies positives et notre âme de bâtisseurs. Il ne reste plus qu’à nous autoriser à rêver ou à partir à leur rencontre. Un coup de cœur particulier pour l’exposition de Marc Manders au Carré d’Art à Nîmes, qui saura vous réconcilier avec l’art contemporain par l’œuvre bouleversante et la muséographie sensationnelle. La rédaction vous souhaite de prendre autant de plaisir avec BLEU Magazine que nous en avons pris à le concocter pour vous… Isabelle Osterstock Rédactrice en chef
Prochain numéro le 15 juin
BLEU MAGAZINE SOMMAIRE
LANGUEDOC-ROUSSILLON
2
n°2
décoration architecture bien-être
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archidesign
Maisons intelligentes de dubuisson les nouveaux Thermes de Ballaruc
les faiseurs d’univers
encore des artisans surprenants
Bien-ÊTre & ÊTre Bien n°2 Mars/avril/Mai 2012
n°2 Mars/avril/Mai 2012
et si l’essentiel n’était pas visible ?
aTTracTiOns TerresTres
gastronomie culture
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côte vermeille et cirque de Mourèze
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le carré d art expose Mark Manders Musique et monuments
BOn liT, BOn vin
L 17309 - 2 - F: 7,50 € - RD
BLEU MAGAZINE www.bleumagazine.fr N°2 - Mars-Avril-Mai 2012
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Directeur de la publication Marc TOURNAIRE marctournaire@bleumagazine.fr Rédactrice en chef Isabelle OSTERSTOCK isabelleosterstock@bleumagazine.fr
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Direction artistique & Infographie CATAPAC
Impression ROXYPRINT (66)
Responsables Commerciales •GARD-LOZERE Catherine CAJET 06 51 76 14 91 catherinecajet@bleumagazine.fr Diffusion : MLP ISSN : en cours CPPAP : en cours Prix de vente : 7,50 € Bleu Magazine est édité par Les éditions en couleur SARL au capital de 999 euros 7, Rue Aristide Bergès - 66330 Cabestany Gérant : Marc Tournaire
Dépôt légal à parution. Toute reproduction du titre, des textes, des articles ou photographies, totale ou partielle publiés dans Bleu Magazine est interdite sans accord préalable. La rédaction n’est pas responsable des textes, illustrations et contenu des publicités qui lui sont communiqués par les auteurs.
• Hôtel Riberach : dormir dans les anciennes cuves de la coopérative de Bélesta. (66) • La Villa Juliette : doublé gagnant pour les chambres d’hôtes rattachées à la Villa Tempora et sa dégustation de vins piscénois. Pézenas (34)
40 I MAGIE DE L’EAU • Le Boudoir, retenu pour l’originalité de son cadre et son accueil. Grande variété de soins… Carcassonne (11) • Spa de Beaulieu, pour l’architecture contemporaine de ce site de soins de qualité caché dans les ruelles du quartier de l’Ecusson. Montpellier (34)
Comité de rédaction Cédric MIRALLES, Isabelle OSTERSTOCK, Marc TOURNAIRE
PUBLICITé Directeur commercial Stéphane MALLET - 06 79 99 75 12 stephanemallet@bleumagazine.fr
Parenthèses
32 I BON LIT BON VIN
Photographes Paul DELGADO, Caroline FERNANDEZ, Luc FORTANIER, Pep IMAGIRA, Judy JANUARIUS, Steven MORLIER, Tim SOMERSET, Sylvain THOMAS.
Ont collaboré à ce numéro : Stéphanie AUGE, Aurélie BERNEOUD, Alain BONNERIEZ, Gwenaël CADORET, Marie CAMUS, Aurélia DUBUC, Caroline FERNANDEZ, Jean-Louis FERRER, Virginie GALLIGANI, Liliane LAFAZ, Olga O., Hadrien VOLLE
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à portée de main
notre environnement visible 6 I archidesign Une architecture de bon sens en relation avec son environnement. • Les thermes de Balaruc, un ambitieux projet de collaboration architecturale entre Lyon et Montpellier. (34) • Maison contemporaine : Philippe Dubuisson, lauréat du prix d’architecture du Languedoc-Roussillon. Audrey et Bruno nous ouvrent leur porte et nous parlent de la réalisation de leur maison à Rivesaltes (66).
14 I Les faiseurs d’univers • Luthier : Frédéric Becker nous invite à entrer dans son monde, Montpellier. (34) • Costumière créatrice de mode : Eve Meunier. Spécialisée dans les costumes d’époque, des créations originales résolument ancrées dans l’air du temps qui invitent au voyage… dans le temps. Thuir (66) • Arsoie Cervin : Catherine Deneuve, la reine Sophia d’Espagne, entre autres, ne jurent que par les bas de soie fabriqués par cette manufacture. Sumène (30) • Opticien-lunetier-créateur : Bruno Chaussignand. Elton John, Colin Farrell ont été séduits par ses créations. Ses modèles exclusifs sont vendus dans seulement quelques magasins en France. C’est la haute couture de la lunette. Montpellier (34)
48 I Trésors dans notre assiette • L’Octopus : Fabien, Meilleur Ouvrier de France. Avec Rachel et Laurent, ils forment le trio issu du Bristol à Paris et proposent une cuisine innovante, gastronomique et créative. Béziers (34) • Les Loges du jardin d’Aymeric : Une adresse « plaisir et santé » dans un petit coin sauvage du Conflent. Clara (66)
56 I ATTRACTIONS TERRESTRES ou une nature 4 étoiles • Le cirque de Mourèze et son dédale de dolomites aux allures lunaires. Pour les amoureux de la randonnée et/ou de la photo. (34) • Le sentier littoral de la Côte Vermeille, sauvage, à découvrir serpentant entre falaises, aloès et vignes. (66)
Culture(s)
64 I Pensées iInfiniment bleues • Citations si vraies, si Bleu !
66 I BIEN-ÊTRE & ÊTRE BIEN • Ils en parlent : le philosophe David Lucas à propos du bien-être intérieur. • Ils le font : Jardin intérieur. Marguerittes (30)
72 I ART & ÉvénementS • Carré d’Art Exposition Nîmes (30) • Musique en Monuments et Festival des Abbayes.
26 I Provocations
80 I Les mille et une feuilles de J-L. Ferrer
• Innovations, esthétique, plaisir des yeux telle a été la quête de nos têtes chercheuses. De préférence, créations en Languedoc-Roussillon, mais sans fermer aucune porte.
• Des livres, des éditeurs, des sujets de chez nous.
82 I LE PETIT AGENDA
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ARCHIDESIGN
Des thermes amarrés à l’étang de Thau
La terrasse, réservée aux accompagnants et aux curistes, offre une vue exceptionnelle sur l’étang de Thau. Un moment de sérénité et de détente.
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L’entrée des curistes se situe sur le parvis de la rue du Mont Saint Clair. La promenade qui longe les thermes proposera de nouveaux aménagements paysagers se prolongeant jusqu’aux façades.
BLEU MAGAZINE
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Balaruc-les-Bains, au bord de l’étang de Thau, un Nouvel Etablissement Thermal, le NET, verra bientôt le jour. Un projet qui, une fois achevé, sera l’un des établissements thermaux les plus importants de France. Découverte d’une architecture maritime alliant transparence et discrétion.
TEXTE VIRGINIE DELABAN PHOTOS CABINET D.H.A.
Un vaisseau-amiral amarré à l’étang de Thau Sur la presqu’île de Balaruc-les-Bains, face au Mont Saint Clair et au bord de l’étang de Thau, un Nouvel Etablissement Thermal (NET) sortira bientôt de terre. Vu de l’étang, on image la silhouette élégante de cette coque de bateau ancrée dans le paysage portuaire. Cet immense navire, de plus de 100 mètres de long sur 5 niveaux, occupera 16 800 m2 et pourra accueillir jusqu’à 900 curistes. A l’intérieur, l’espace se compose de 350 cabines de soins, 5 bassins et 1 coin santé. Réalisé par le cabinet d’architecture lyonnais DHA et l’agence montpelliéraine Marc Galligani, l’ouvrage, qui répond aux besoins de renouvellement des deux structures existantes mais vieillissantes, sera l’un des établissements thermaux les plus importants de France. Inséré dans un environnement constitué essentiellement de résidences occupées par les curistes en saison, il sera le vaisseau-amiral de l’activité thermale de la commune.
Les nouveaux thermes de Balaruc, imaginés par le cabinet Lyonnais DHA et l’agence montpelliéraine Marc Galligani, s’installent au bord de l’étang de Thau. Son élégante silhouette en forme de coque de bateau se distingue sur le bord de la plage.
Entre transparence et histoire Côté esthétique, le projet multiplie les références maritimes dans un cadre qui, il faut bien l’avouer, se prête éminemment à la comparaison. Malgré l’allure imposante de ce monolithe, le bâtiment paraît flotter. Une impression suscitée par les larges espaces vitrés du rez-de-chaussée ouverts sur l’étang. Au-dessus de ce premier niveau, l’aménagement, sur les ponts supérieurs de la façade, d’ouvertures aux formes arrondies très « nautiques », n’est pas sans rappeler celui des paquebots de croisières, tout comme, encore un peu plus haut, les passerelles et les rideaux d’élingues renvoyant aux mâts des bateaux. La coque du bâtiment est réalisée en céramique blanc nacré. Toujours à l’extérieur, et afin de faire vivre l’édifice au rythme des saisons, les architectes ont inséré des câbles verticaux tendus sur lesquels une végétation, répartie à chaque niveau, viendra s’enrouler et se déployer, transformant ainsi l’apparence des thermes. Du côté des espaces extérieurs, la référence à l’histoire du thermalisme de la commune de Balaruc-les-Bains se prolonge par la présence de bains de pieds mis en scène entre l’étang et les bassins intérieurs. 7
ARCHIDESIGN
Le hall est un lieu d’exception avec ses transparences et sa grande luminosité apportée par un puits de lumière végétalisé.
Discrétion et vision onirique A l’intérieur, de nombreuses transparences, ouvrant sur l’étang, permettent de profiter du paysage tout en préservant la discrétion des lieux de soins. Ainsi, au rez-de-chaussée, un espace largement vitré sur l’étang et le parvis d’entrée, offre des perspectives réciproques entre les thermes et le paysage environnant. Dès l’accueil de l’établissement, l’accent est mis sur la fluidité des espaces, la fraîcheur et la convivialité. Une cascade végétale coule au sein d’un immense puits de lumière transperçant le bâtiment sur toute sa hauteur. Plus loin, l’espace des 5 bassins entièrement vitrés donne l’impression d’une continuité avec l’eau de l’étang. Les étages supérieurs sont plus intimistes. Les ambiances aseptisées habituelles des espaces de soins sont gommées, au profit d’un esprit plus cocooning et coloré. Enfin, sur le toit du bâtiment, trois toiles tendues sur des mâtures, semblables à de grandes voiles, protègent du soleil le pont supérieur et ses terrasses et concourent ainsi à définir la silhouette du projet, qu’on le découvre depuis la promenade ou du bord de l’étang. Ce triptyque de toile tendue achève la silhouette maritime de l’ensemble. Un véritable havre de paix.
Sur plus de 800 m² la piscine offre 5 bassins à disposition des curistes pour effectuer leurs soins dans un cadre agréable et lumineux face à l’étang de Thau.
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BLEU MAGAZINE
ARCHIDESIGN ne maison d’architecte à 140 000 euros ? Le rêve de primo-accédants. Un défi pour l’architecte Philippe Dubuisson, lauréat du prix d’architecture Languedoc-Roussillon, en 2011. Capable de construire bon marché sans renoncer à la qualité, toujours sobre et élégant, il s’illustre dans un domaine que l’on pourrait croire réservé aux constructeurs. Quand l’architecture contemporaine réinterprète le modèle pavillonnaire.
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TEXTE ET PHOTOS CAROLINE FERNANDEZ
Audrey et Bruno n’y croyaient pas vraiment. Convaincus de l’intérêt à faire appel à un architecte, et après en avoir sollicité plusieurs, ils ont pensé qu’aucun ne serait intéressé par leur demande. Audrey se souvient : « Les architectes que l’on a vus n’ont pas eu envie de relever le défi, parce que construire une maison avec 300 000 euros c’est facile. Mais quand on leur impose un petit budget, ça devient plus compliqué. Donc, ça ne les intéressait pas ». Avec un budget de 140 000 euros, l’objectif du jeune couple était d’avoir trois chambres, sans exigence de superficie. Un challenge relevé par Philippe Dubuisson qui les oriente vers une construction BBC – bâtiment de basse consommation énergétique. Alors que la consommation moyenne d’un logement en France est de 240 kWhep/m²/an (kilowatt/heure d’énergie primaire par mètre carré et par an), le label BBC fixe à 50 kWhep/m²/an la consommation maximale d’une maison neuve. La consommation moyenne d’un logement est donc divisée par près de 5. La qualité de l’enveloppe, une priorité Audrey et Bruno justifient d’une consommation de 30 kWhep/m²/ an. Pour réaliser un habitat économe, Philippe Dubuisson a créé un cocon parfaitement étanche. 128 m2 de construction traditionnelle avec du parpaing et une isolation en polystyrène par l’extérieur pour éviter les ponts thermiques, déperdition de chaleur par le plancher. Les fenêtres, elles, sont équipées d’un double-vitrage thermique et phonique. Cette stratégie, dite « passive », privilégie les investissements dans une enveloppe, façade et toitures, de qualité. 30 % des besoins énergétiques d’une maison dépendant de son orientation, l’architecte choisit de maximiser l’apport solaire,
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Sur la base d’un plan horizontal, cette construction contemporaine située à Rivesaltes offre une succession d’espaces transparents et lumineux, en interdépendance avec l’extérieur.
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Pour une
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dĂŠsobĂŠissance inventive
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ARCHIDESIGN
Maison individuelle implantée dans un lotissement de Toulouges. L’habitation fermée au nord, s’ouvre au sud grâce à une baie vitrée de 10 mètres de long.
grâce à des baies vitrées de 10 mètres de long. Aucune ouverture en façade nord, exposée au froid et à la tramontane. « On a beaucoup travaillé sur l’inertie. Grâce à ses grandes fenêtres, les calories sont emmagasinées et, la nuit, elles vont être restituées dans toute la maison, les deux étages n’étant pas séparés par de la laine de verre.» Un choix qui permet aux futurs habitants d’économiser en équipements thermiques. Chez Audrey et Bruno, le système de chauffage est uniquement constitué d’un poêle et de panneaux solaires qui produisent l’eau chaude. Leurs dépenses hebdomadaires en chauffage n’excèdent pas les 5 euros. Le label BBC implique cependant un surcoût que le jeune couple évalue à 20 000 euros. Audrey explique : « L’isolation par l’extérieur, le vitrage très performant… C’était plus cher, mais avec le coût de l’énergie qui ne cesse d’augmenter, en 5 ans ce sera amorti. Parce qu’on a eu aussi des avantages fiscaux quand on a déposé le permis, dont 40% d’intérêts d’emprunt déductibles sur 7 ans ».
La pièce à vivre, espace décloisonné, est en hiver le radiateur de la maison. Seulement équipé d’un poêle à granules, Audrey et Bruno justifient d’une consommation de 30 Kwh ep/m2/an.
« La lumière, matière première de l’architecture » Au rez-de-chaussée, les rayons du soleil inondent l’espace
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décloisonné qui forme une seule et grande pièce à vivre. Le rapport à la lumière est primordial pour l’architecte : « La lumière doit être la matière première de l’architecture. On doit sculpter avec la lumière. Surtout dans un pays méditerranéen où l’ombre a beaucoup d’importance ». L’avantage des baies vitrées n’est donc pas seulement économique. En créant une relation naturelle entre l’intérieur et l’extérieur, il est aussi esthétique et apporte un confort de vie à ses occupants : « Notre regard n’est pas arrêté, donc on ne se sent pas à l’étroit. On s’y sent vraiment bien parce qu’elle est épurée. C’ est le style Dubuisson que l’on aime beaucoup », expliquent Audrey et Bruno. Un style contemporain inspiré de l’architecture japonaise et portugaise, notamment, avec des volumes généreux et de grandes ouvertures. Farouchement opposé à ce qu’il nomme l’architecture « générique » reproduisant des schémas au mépris des contextes historiques, géographiques et sociaux, Philippe Dubuisson défend une architecture du moment, en relation avec le lieu et les gens. Un parti pris parfois difficile à mettre en œuvre compte tenu des réglementations. L’architecte cite en exemple un projet dont le permis a été refusé à deux reprises. Motif : un toit-terrasse quand le règlement impose une toiture à deux pentes avec de la tuile canal rouge. « J’arrive à expliquer que le règlement qui est fait ne s’adapte pas au projet que l’on veut faire. Mais il n’y a pas de règle : que des individus, des décideurs différents, des membres de la DDE, des architectes… que je dois convaincre », dit-il. Des projets menés comme autant de combats Même si Philippe Dubuisson se défend de toutes règles, il en applique cependant une : celle de s’imposer un questionnement alternatif. Une stratégie de contournement comme une désobéissance inventive permettant des propositions autres que celles des catalogues. « Quand je dis oui, je veux aller au bout du concept, au bout de la réalisation, sans transiger. Je pense que la maison c’est un tout. Et consulter un architecte uniquement pour un permis de construire, c’est hérétique.» La liste de ses projets menés comme autant de combats est longue. Il cite un nouvel exemple, celui d’une maison individuelle située sur une petite parcelle triangulaire : « On avait un terrain de 370 m2, en trapèze. En respectant les 5 mètres devant et 4 mètres en périphérie, il ne restait plus que 50 m2. Donc, il faut arriver à faire comprendre à la mairie et à la DDE que ces réglementations ne sont pas pertinentes ». Avec une méthode qui se passe de recette, Philippe Dubuisson défend une architecture respectueuse de lignes pures, avide de simplification et de transparence dont la cohérence entre usage et conditions locales impose sa pertinence culturelle.
La protection lumineuse se fait par des lames horizontales en acier et bois installées à l’extérieur. Dessinées par l’architecte, elles sont faites sur mesure comme les portes et dressing de l’habitation.
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FAIS EURS D’ U N IVERS
L’homme qui parle aux violons Fréderic Becker en plein travail dans son atelier au cœur d’un hôtel particulier de Montpellier.
L
uthier et archetier formé en Italie, Frédéric Becker vit de sa passion, pour la musique d’abord pour le violon ensuite. Avec le temps, la magie opère de mieux en mieux, comme un dialogue sans parole avec l’instrument. TEXTE VIRGINIE GALLIGANI PHOTOS SYLVAIN THOMAS
Enclavement du manche sur le coffre à l’aide d’un ciseau à bois.
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BLEU MAGAZINE
Un décor magique à mi-chemin entre l’atelier du menuisier et le musée du violon.
« Après 150 heures de travail : les premiers sons »
Les doigts s’appliquent, persévèrent sur une pièce qui résiste. Minutieusement, avec patience, Frédéric refait le même geste. Les crins de l’archer glissent, il les lisse avec délicatesse. Sous ses mains, un violon prend forme tout doucement. 150 heures de travail manuel lui permettront de voir le jour et d’émettre ses premiers sons : « Lorsque l’on tend les cordes pour la première fois et que l’on essaie l’instrument, c’est un moment très émouvant, raconte Frédéric Becker. Une émotion qui prend encore plus de force lorsqu’un musicien se l’approprie et qu’il
progresse dans sa musique grâce à l’objet. C’est alors une immense satisfaction ». Dans son bel atelier installé dans une folie montpelliéraine du XIXe , en plein cœur du centre-ville, Frédéric et ses acolytes s’affairent dans une ambiance appliquée et musicale. Un décor magique à mi-chemin entre l’atelier du menuisier et le musée du violon. De coins en recoins, un bazar savamment organisé mêle outils de menuisier, pièces de bois, archers suspendus et violons. Sculpture de la voûte et début du travail : ragrayure du bord du fond avec une gouge. A droite, travail de dégrossissage de la voûte avec un rabot à voûte.
opérations : conception, fabrication, vernis, vieillissement, acoustique. A chaque étape, on effectue des choix qui définissent ce que sera l’instrument à l’arrivée. Choix du bois, de la densité, de la voûte, des proportions… ». Frédéric utilise de l’érable, de l’épicéa ou de l’ébène en provenance d’Italie et d’Allemagne. Pour les archers, c’est le pernambouc du Brésil qu’il préfère : « Pour les cordes, je privilégie du boyau de mouton ou de bœuf et des fibres synthétiques filées alu, argent, chrome et tungsten ». Et s’il aime entendre jouer « ses » violons, il reconnaît avoir, parfois, un petit pincement au cœur quand un musicien ne tire pas le maximum d’un instrument. Lui, connaît le potentiel de chacune de ses réalisations car c’est une relation charnelle qui se développe avec le bois, mais aussi instinctive : « Avec les années, je m’aperçois que je travaille de plus en plus à l’instinct, à l’œil. Je mémorise des sensations qui évoluent avec les modèles. C’est un matériau vivant, rien n’est figé et c’est ce qui est enthousiasmant ». Artisans et non artistes Sa passion, Frédéric la découvre à 16 ans. A cette époque, il apprend le violon et s’intéresse à l’ébénisterie. Sa première visite d’un atelier de luthier lui donne l’aperçu d’un univers qui le séduit. Après son bac, il intègre, en Italie, l’école de lutherie de Crémone, la capitale de la lutherie du XVIIIe siècle : « Je suis resté là-bas quatre ans. Le luthier qui nous apprenait, partait du principe qu’il fallait travailler vite, que c’était le meilleur moyen d’apprendre et que si on se trompait, on corrigerait sur le suivant.
Une relation charnelle Tout en continuant son ouvrage, Frédéric parle de sa passion : « Dans ce métier, on est responsable du début à la fin de l’instrument que l’on réalise. On contrôle toutes les 15
FAIS EURS D’ U N IVERS A la fin de la première année, j’avais déjà construit deux violons ». La deuxième année, Frédéric a la chance de travailler dans l’atelier du luthier-enseignant : « J’observais les différentes phases, la rapidité… Peu de paroles, pas de discours, mais des gestes d’une incroyable précision. C’était formidable pour apprendre. En Italie, les luthiers de sa génération se considéraient comme des artisans et non des artistes ». A la fin de ses études, Frédéric travaille auprès d’un luthier à Orléans, puis à Paris, où il apprend l’archèterie et la restauration. Au concours international Antonio Stradivari, qui a lieu tous les trois ans, il obtient le Prix Sacconi de la ville de Crémone pour les luthiers de moins de 30 ans.
Restauration : retouche de vernis.
Archèterie : reméchage d’un archer.
Les violons : beauté et profondeur des vernis, gamme de tons chauds allant du jaune doré au rouge brun.
La relève est assurée L’orchestre et le festival Radio France le décident à poser ses valises avec sa famille à Montpellier où il ouvre son atelier et fonde, avec une dizaine d’autres luthiers, l’association nationale des luthiers et archetiers pour le développement de la facture instrumentale, puis le Lam en 2008 (association des luthiers à Montpellier). Aujourd’hui, Frédéric emploie trois personnes venant d’horizons différents : « Cela pourrait être un métier très solitaire, mais au contraire, chacun a appris des techniques différentes et les échanges permettent à tous d’évoluer. C’est très enrichissant ». Pour lui, les qualités fondamentales d’un luthier sont la patience, l’oreille et, bien sûr, la curiosité pour se remettre toujours en cause et apprendre. Et puis, la suite semble assurée puisque son fils, âgé de 26 ans, étudie la lutherie en Angleterre : « C’est une fierté qu’il ait choisi ce métier mais c’est aussi une responsabilité. Je le pousse à aller faire des expériences ailleurs même si, un jour, ça me plairait qu’il reprenne l’atelier ». Sites et coordonnées p 84
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BLEU MAGAZINE
FAIS EURS D’ U N IVERS
Quand le costume inspire le prêt-à-porter C
ostumière pour le théâtre, Eve Meunier invente un prêt-à-porter inspiré et original. Spécialisée dans le costume d’époque, elle ose, avec la fantaisie que lui offre la scène, des créations à porter dans la rue. Des pièces uniques résolument dans l’air du temps.
TEXTE ET PHOTOS CAROLINE FERNANDEZ
Tout en gardant son style et son univers, Eve Meunier s’inspire de ses recherches en tant que costumière pour créer des pièces uniques.
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BLEU MAGAZINE
Toutes travaillées diferemment, avec un gros tissage ou plus fin, les matières sont mélangées. La soie avec le velours, la laine avec le lin...
« Se mettre en scène sans se prendre au sérieux »
Dans un théâtre, la costumerie désigne la pièce où sont rangés les costumes. Eve Meunier a choisi d’ouvrir la sienne au public, en installant son atelier éponyme au cœur de Thuir. Au milieu des tissus, machines à coudre et mannequins, la costumière, ciseaux en main, suit minutieusement le tracé défini en pointillé sur une grande pièce de tissu. « Moi, ce que j’aime le plus c’est couper, tailler. C’est à ce moment-là que l’on décide du volume et de la forme. Même si chaque étape est importante, couper est irréversible. » Une leçon de couture apprise très tôt à ses dépens. Eve n’a que 13 ans lorsqu’elle décide de confectionner sa première pièce. Un pantalon taillé dans un vieux drap que lui avait donné sa mère. « Une toile de coton très douce tellement elle était vieille. Je voulais me faire un pantalon, mais je n’ai jamais pu rentrer dedans. » Depuis, la petite fille des Aspres sait lire un patron et n’a pas cessé de manier l’aiguille et le fil. Diplômée des arts plastiques et d’une école de costumier du spectacle, Eve signe de nombreuses créations pour des compagnies théâtrales, des chorégraphes et metteurs en scène. « Mon inspiration vient de mes recherches. Que ce soit dans le costume d’époque, dans l’histoire du costume de scène, de danse ou du vêtement folklorique traditionnel.Tout cela m’inspire par la suite pour créer des vêtements. »
Chaque pièce est un prototype Du prêt-à-porter sur mesure réalisé après entretiens avec ses clientes. Eve dessine un croquis qui évoluera ensuite au gré des essayages. Quand elle ne travaille pas sur commande, elle s’affranchit du dessin pour avancer pas à pas. « Dans mes créations de prêt-à-porter, je travaille beaucoup à l’envie. Evidemment, j’ai un point de départ mais je construis au fur et à mesure, sans but d’efficacité de montage. Je cherche à m’amuser tout en trouvant l’harmonie du vêtement. Tous les stylistes ne travaillent pas ainsi, sauf quand on fait un prototype. Mais moi, je travaille en modèle unique, donc chaque pièce est un prototype. » Eve mélange les matières naturelles, comme la soie, le coton, le lin et la laine. Mais pas seulement. Avec des fils de métal et du tulle, les formes les plus classiques s’encanaillent. Les codes se détournent. Farouchement antimeringue, elle concède le bustier en échange de feutre, plumes et tarlatane pour le bas de la robe de mariée. Le prêt-à-porter doit être à la mode ce que le costume est au théâtre. L’occasion d’une fantaisie. « Il faut savoir mettre en valeur son corps en faisant preuve de recul sur soi, en jouant avec les vêtements. Se mettre en scène sans se prendre au sérieux », dit-elle. Une fantaisie élégante et féminine parfois dans le registre XVIIIe de la créatrice Vivienne Westwood ou, plus récemment, inspirée des années 30. Un tournant dans l’histoire de la mode, selon la jeune costumière : « On quitte le corset, les femmes découvrent un peu de liberté et donc, à cette époque, les créateurs ont eu des audaces de volume, avec les ceintures aux hanches tout en restant dans l’élégance ». La mode selon Eve est ainsi. Originale, elle se veut aussi flatteuse et facile à porter. De quoi offrir une belle mise en scène de la féminité. Sites et coordonnées p 84
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FAIS EURS D’ U N IVERS
L’Arsoie ressuscite le mythique bas de soie
C’
est l’histoire d’une aventure familiale, née au cœur des Cévennes gardoises, qui franchit les siècles
et perpétue un savoir-faire unique au monde. L’Arsoie, manufacture de bas et de collants haut de gamme distribués sous la marque Cervin, est une entreprise atypique. Rencontre avec Serge Massal, le maître des lieux et le gardien des secrets d’une fabrication 100% française. TEXTE Stéphanie Augé PHOTOS SYLVAIN THOMAS
Le ballet incessant des machines livre une mélodie envoûtante et une chorégraphie millimétrée. Mais le résultat est là...
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BLEU MAGAZINE
1 tonne de ferraille pour donner naissance à 7 grammes de bas de soie
Edouard, la légende de l’entreprise Arsoie. Entre ses mains, un savoir-faire unique.
Le réglage des métiers Reading : un travail d’orfèvre !
Ils habillent les jambes interminables des danseuses du Crazy Horse, sont portés par la reine Sophia d’Espagne, ont pour ambassadrice de charme l’effeuilleuse glamour, Dita Von Teese, et Carole Bouquet, Catherine Deneuve, Arielle Dombasle les adorent. Eux, ce sont les bas de soie couture signés Cervin qui réédite le mythique modèle immortalisé par l’incandescente Marilyn Monroe et la mystérieuse Marlene Dietrich. Comment imaginer aujourd’hui que cet accessoire de séduction massive, symbole de féminité durant des décennies, a failli disparaître ? A qui la faute ?
Aux collants bien sûr, qui, apparus dans les années 60 sur les gambettes de BB, allaient conquérir le monde grâce à leur composition révolutionnaire en Nylon puis en Lycra. Ainsi, les secrets de fabrication des bonneteries allaient s’évanouir et les femmes oublier leurs fameux bas de soie. Une épopée familiale Mais à Sumène, joli village niché dans les premiers contreforts des Cévennes, Serge Massal résiste. Héritier de l’entreprise familiale, garant d’un savoir-faire transmis de génération en génération, il se donne une mission : fabriquer les bas Fully Fashioned comme en 1950 et les réhabiliter aux yeux du monde. L’histoire de L’Arsoie débute dans les années 20, sur ces
terres suménoises. Auguste Massal, arrièregrand-oncle de Serge, revient de la guerre en mauvaise santé. Ne pouvant plus exercer un travail physique, il crée son entreprise d’emballage de bas de soie, dans cette région où règnent les filatures et les manufactures. Très vite, Germain, le frère d’Auguste, reprend le flambeau et lance, en 1953, Cervin, le nom de l’entreprise, avant de passer définitivement les rênes à Serge, en 2004. Ce dernier fera de son bas Fully Fashioned, avec ou sans couture, le fleuron de l’entreprise. Car, entre temps, les manufactures ont fermé une à une, passant de plus de 200 en France à 4 ou 5 aujourd’hui. Conquérant, le sourire en bandoulière, Serge Massal, qui a toujours refusé la fabrication de masse, arbore avec fierté sa fabrication 100% française, artisanale et authentique aux quatre coins du monde. 7 grammes de délicatesse Il faut dire que le pari était un peu fou, avouonsle, puisque Serge Massal le confesse lui-même. Retrouver les machines d’époque, les fameux métiers Reading, les remettre en route et ressusciter des produits complètement disparus. Son rêve, c’est aussi inventer et créer, sur ces machines d’un autre temps, des produits modernes, à la technicité jamais vue jusqu’alors comme le collant en soie et Lycra et les vêtements en soie façon lingerie ! Pari réussi, mais il aura fallu de multiples recherches aux quatre coins de la France avant que Serge Massal ne mette enfin la main sur deux authentiques métiers Reading de 1930 et 1950, endormis au fond d’une grange. Les deux monstres d’acier, longs de plus de 15 mètres et pesant chacun près de 20 tonnes, sont rapatriés à Sumène où va commencer un long travail de remise à neuf et de déchiffrage de l’impressionnant mode d’emploi, avant leur remise en route en 1999. Une troisième machine complètera les ateliers quelque temps plus tard, faisant de L’Arsoie la seule entreprise au monde à posséder 5 métiers d’époque sur la petite dizaine existants encore. Et le paradoxe est réel lorsque l’on pénètre dans les ateliers. 21
Lende du luthier beau reportage dans un endroit étonnat.....
On est d’abord fasciné par le ballet hypnotique du va-et-vient des têtes de la machine qui tissent et croisent les si délicats fils de soie. Une chorégraphie savamment orchestrée par un seul homme, Edouard, l’unique personne capable, à ce jour, de dompter les métiers pour qu’ils réalisent ces bas d’exception : bas de soie couture, à talons pyramidaux, cubains, bas jarretière, bas Nylon et autres collants de luxe... Du travail d’orfèvre. L’Arsoie entre dans l’histoire. Elle devient la seule entreprise capable de produire de façon artisanale d’authentiques bas couture Fully Fashioned, en Nylon cristal 100% soie, mais aussi en cachemire et soie. Les chiffres font tourner la tête : il faut une heure de fabrication pour que la machine donne naissance à une paire de bas, soit 7 grammes de délicatesse ! 22
Etape délicate : dérouler les bas un à un.
Serge Massal, l’héritier passionné et novateur.
A la conquête de la Chine et des USA Le savoir-faire inégalé et la qualité exceptionnelle des bas et collants Cervin en font le chouchou des plus grandes maisons de couture et de lingerie françaises ainsi que des créateurs en vogue. Jean Paul Gaultier, Agent Provocateur, Lise Charmel, Aubade, Fogal, etc., font appel à L’Arsoie pour leurs collections. Et le succès ne se dément pas. Déjà distribué dans 30 pays, Cervin part à la conquête de la Chine et des Etats-Unis, particulièrement sensibles au charme et à l’élégance de ce témoignage du luxe à la française. La saga de la famille Massal a encore de beaux jours devant elle. Cela va… de soie ! Sites et coordonnées p 84 BLEU MAGAZINE
FAIS EURS D’ U N IVERS
Les lunettes de Bruno Chaussignand sont conçues grâce à un alliage unique de plastique, réalisé à base de fleur de coton. Une production exclusive réalisée avec la collaboration de l’artiste, dans le Jura.
La haute couture pour les regards
E
n moins de dix ans, Bruno Chaussignand a créé l’une des marques de lunettes les plus tendance au monde. Présent dans les boutiques d’avant-garde, il est la nouvelle coqueluche des people. Pourtant, installé dans sa petite boutique au cœur de Montpellier, il reste humble. TEXTE Gwenaël Cadoret PHOTOS STEVEN MORLIER ET KATELL RAULT
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C’est un peu le Géo Trouvetou de la paire de lunettes. Bruno Chaussignand, cheveux en bataille, le regard énigmatique, aurait pu devenir ingénieur ou chercheur. Mais le Drômois a préféré écouter son cœur. Lui qui s’amusait, petit, « à acheter trois paires de lunettes pour en faire une », se décidera, à 16 ans, à devenir opticien. « J’ai senti que je pouvais amener de la créativité, de la qualité, pour lutter contre le complexe de porter des lunettes. » Il va donc suivre les cours de la prestigieuse école nationale d’optique de Morez, dans le Jura. Boulimique d’innovations, il accumulera les distinctions. Un vent d’air frais, dans un secteur assez conservateur. La lunette, objet de désir Son diplôme en poche, il doit attendre 2003 pour réunir de quoi créer sa boutique. Ce sera O Mil’yeux, au cœur de Montpellier. « L’idée, c’était de montrer que la lunette pouvait être un accessoire de mode. Comme un bijou. Je voulais arriver à trouver ce que veulent les gens. Et si cela n’existait pas, on allait le créer sur mesure ! » Rapidement, il développe donc sa marque de lunettes, qui porte son nom. En moins de cinq ans, les marchés américains et européens s’intéressent à lui. Accompagné par sa compagne Marina, experte en communication et marketing, il décide, en 2008, de structurer son projet. « On a redéfini l’ADN des collections. » Elles deviennent saisonnières, au fil des grands salons de l’optique. Jouant sur le made in France, la qualité technique et le soin des finitions, il bascule dans le haut de gamme. Sa lunette devient objet de désir. Avec un matériau de prédilection : un plastique, à base de fleur de coton, qu’il fait transformer sous ses yeux, dans le Jura. « La coupe des couleurs est aléatoire. C’est ce qui rend uniques les lunettes. » Parmi les meilleurs créateurs au monde Son grand boom, il le vit en janvier dernier,
Les paires de lunettes sont systématiquement retravaillées et adaptées pour épouser parfaitement le visage de chaque client.
lors de la fashion week parisienne. « Je ne m’attendais pas à un tel buzz ! ». Tout à coup, ses lunettes sont demandées dans les concept stores du monde entier, de l’Australie à la Russie, en passant par le Japon ou la Corée. Des stars comme Elton John ou Colin Farrell ont été séduites. Bruno Chaussignand garde, pourtant, les pieds sur terre. « Je préfère prendre les choses avec simplicité. J’ai mis beaucoup de temps pour accepter d’avoir une marque à mon nom. J’ai des envies, je ne fais pas de projection. Je veux aller le plus loin possible. » Jusqu’à devenir une grande marque ? « Je ne sais pas. Si je me développe, c’est pour augmenter ma liberté de création. Ce n’est pas l’argent qui me motive. » La recette de ses collections reste d’ailleurs artisanale. « Mes derniers modèles, je les ai créés dans un TGV entre Montpellier et Paris ! ». Un travail nerveux, intense, qui donne un ton unique et cohérent à ses lunettes. Et si, l’an passé, le magazine de design « Wallpaper » l’a classé dans les 40 meilleurs créateurs du monde, l’homme a le triomphe modeste.
« On a redéfini l’ADN des collections »
Des lunettes au style inimitable, entre pleins et déliés, rappelant les standards du design et l’architecture moderne.
Sites et coordonnées p 84
« Il n’y a que le plaisir qui me guide. Je ne suis pas designer, parce que je n’ai pas fait d’école. » Pourtant, à 37 ans, il fait partie de ceux qui dictent les nouvelles tendances de la lunette. 25
Provocations.
PROVOCATIONS TEXTE AURELIE BARNEOU ET SOPHY MONFORT
Ces objets qui nous attirent. Innovations, esthétique, plaisir des yeux et changements, telle a été la quête de nos têtes chercheuses. De préférence création en Languedoc-Roussillon, mais sans fermer aucune porte.
Tendance pastel Montre O’clock. Made in Italy Mécanisme garanti 2 ans, étanche à 30 mètres. 3 tailles de bracelets – S : 16 cm ; M :18 cm ; L : 20 cm. 32 € Premium Lifestyle 5 bis, rue Louis Blanc 66000 Perpignan Tél. : 04 68 34 82 43 www.oclockfrance.com
Tout un symbole Bracelet Claudie fait à la main à Montpellier. Colombe en argent massif apposée sur une nacre gravée ou naturelle. Chaque modèle est une pièce unique. De 39 à 49 € www.lesoiseauxdenatacha.com
Rocking baby « Rocking Rabbit » de Bjön Dahlström en bois laqué brillant. 85x30 cm. Existe en noir, rouge et blanc 159 € Lluck 16, bd du Jeu de Paume 34000 Montpellier Tél. : 04 67 60 52 04 www.lluck.com
Son, nouvelle génération Enceintes Urban Station 2.1 d’Urban Factory. Compatible avec ordinateur, smartphone, MP4… grâce à leur prise jack. 86x71x188 mm. Caisson : 9 Watts. 79,90 € Fnac. www.fnac.com
Ecrin naturel Arbre à bijoux designé par Reine Mère. Taillé dans du bois du Jura. 45 € De la luce 2, rue SaintCôme 34000 Montpellier Tél. : 04 67 06 90 75 www.reinemere.com
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Design et fonctionnel Tapis Pappelina Molly Purple. En plastique tissé main. 70x100 cm. 75 € Violette 2, rue du Petit-Saint-Jean 34000 Montpellier Tél. : 04 67 92 99 29.
Déjeuner en forêt Table haute Jardin Eden par Sodezign. La mousse naturelle séchée par fumigation et incorporée sous un plateau de verre de 8 min . Ne nécessite aucun entretien. H : 72 cm, L : 90 cm, P : 60 cm. 699 € www.sodezign.com
Ebénisterie haute couture Coffret à cigares en sycomore , édition limitée en l’honneur de l’année du Dragon. Contenance : 110 cigares, 2 humidificateurs, 1 hygromètre à aiguille. 2 885 € www.boutiqueeliebleu.com
Porte-vélo Cycloc
Un bijou pour iPad Une coque « Liquids » pour iPad 2 signée White Diamonds, incrustée de cristaux Swarovski. Par White Diamonds 39,90 € www.accessoiresdugsm.com
Andrew Lang, designer londonien, nous facilite la vie avec le Cycloc, porte-vélo nouvelle génération ! Une solution intelligente pour rationaliser son rangement. Simple d’utilisation, le Cycloc utilise la force de gravité pour maintenir le vélo et libérer la place au sol. Sa forme de seau permet de ranger tous les accessoires. Ce concept primé à maintes reprises s’adapte à tous les vélos. La version noire est en plastique recyclé. 75 € www.filedanstachambre.com
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PROVOCATION S
Allo Papa Tango Charly Magno Radio XL Radio en bois, compatible avec un lecteur MP3. Fonctionne avec 4 piles AA ou sur secteur. Reçoit FM-AM. Réalisée à la main dans un village agricole en Indonésie, Magno Radio s’inspire d’une époque rétro tout en utilisant des technologies nouvelles. Le bois utilisé est contrôlé et obtient le label FCS*. Une pièce de collection, un véritable coup de coeur 100% écolo ! Par Singgih Kartono 239 € www.designdecollection.fr
Des plantes œuvres d’art Superbes, les plantes verticales à fixer au mur pour une décoration intérieure design ! Tubes en céramique à partir de 59 € en métal à partir de 129 € Flower Box 25, rue de l’Aiguillerie 34000 Montpellier. www.flowerbox-gallery.com
Des coussins haute couture On habille et réchauffe son intérieur avec des coussins fleuris et colorés. Magellan 59 €, Duomo 30 €, Notting Hill 28,80 € Madura, 36 rue de la Loge 34000 Montpellier. www.madura.fr
Une commode hommage aux J.O. Les J.O. de Londres approchent ! On aime la commode Transition aux couleurs de l’Union Jack en hêtre laqué signé Moissonnier. 6 200 € www.moissonnier.com
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PROVOCATION S Canapé Cocoon SAGA Design Christophe Delcourt Collection de sièges pour extérieur, structures en acacia italien massif huilé-teinté. L 231 x H 188 x P 115 cm 7 730 € Roche Bobois, Lattes (34), Cabestany (66) www.roche-bobois.com
Vive la mariée!
Mes lunettes de soleil bio et écolo Faites à la main aux Etats-Unis à partir de bois exotiques récupérés sur des chantiers de fabrication de yachts de luxe ! Les bois utilisés sont issus de forêts certifiées FSC*. 286 € * L’écolabel FSC garantit la gestion durable des forêts. www.iwoodecodesign.com
Bouquet de mariée parme et blanc. Composée de roses blanches « Akito « et de mini roses parme, cette composition parfait une robe cousue de satin et de délicates dentelles. La Fleureuse vous propose des créations sur mesure en accord avec votre univers : poétique, tendance ou décalé. Par Stéphanie Bouchet 50 € 10 bd L.J.Grégory 66300 Thuir. Tél. : 04 68 53 42 22 www.lafleureuse.com
Un joli sac de sport Sac en toile et Nylon Ce sac aux couleurs acidulées possède plusieurs poches, ce qui en fait un allié idéal le temps d’un petit week-end en balade ou pour aller faire du sport Les Toiles du Soleil - 66260 Saint-Laurent-de-Cerdans www.toiles-du-soleil.com
Une lampe nature et design Lampe Jinkoh Les luminaires design de Bleu Nature : de véritables œuvres d’art. Le côté fonctionnel et naturel de ces lampes écologiques est magnifié par leur aspect décoratif. Dimensions 56x13x65 cm. 460 € Livraison : 6 à 8 semaines. www.greeen-store.com
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Cœur musical Petits démons déhoussable. Ce petit cœur boîte à musique est réalisé dans différents tissus et diffuse doucement « La javanaise ». Par Babeth Rodriguez 39 € Atelier boutique 14 rue de la Cloche d’or 66000 Perpignan www.petitsdemons.fr
Chaise Comback Kartell joue à nouveau avec la réinterprétation de la chaise Windsor. Un retour au passé glorieux de l’Angleterre du XVIIIe siècle pour une chaise version « Comback » à la structure brillante. La matière plastique brillante aux couleurs vives, alliée à sa forme rétro lui confère légèreté et contemporanéité. Elle est disponible en trois structures Dimensions : H 90 cm, L 56 cm, P 47/61 cm. Existe en blanc, orange,, rouge, moutarde, gris béton, noir. 959,99 € Par Patricia Urquiola pour Kartell Isotta 5 rue de la République 66000 Perpignan Tél. : 04 68 35 11 20
Crème pour le corps à la fleur d’oranger. Des soins naturels signés Le Couvent des Minimes 13€ En exclusivité chez Marionnaud www.marionnaud.fr
Un seul meuble dans la maison Banc-coffre-pouf-plateau La Nomade du Design présente ce très beau banc-coffre utilisable aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. La combinaison du plateau en teck avec la structure en polyester renforcé (fibres de verre) rend cet ensemble design très doux au toucher. Pratique, vous gagnez en espace de rangement en soulevant le plateau. A combiner avec le pouf-coffre qui profite des mêmes finitions et qui devient un siège d’appoint chic et utile ! Dim. plateau : 50x55x39 cm. Dim. banc : 128x44,5x39 cm Par La Nomade du Design 539 € (pouf-coffre), 1069€ (banc avec plateau) www.decoclico.fr
Un art traditionnel ancestral Magnifiques paniers en osier ! Cet objet, réalisé par Marie Berrichon, une créatrice locale, est le plus classique et chic qui soit. Son osier pousse à quelques mètres de l’endroit où on le vanne. On a gardé l’écorce, et la hanse est gansée de peau retournée. Un plaisir d’aller au marché avec cette œuvre d’art au bras ! Atelier Saultiss La Rocateilles 66360 Canaveilles, Tél. : 04 68 97 09 15
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Riberach
Modernité et confort en lieu et place de l’ancienne coopérative de Bélesta et de son pressoir (à gauche).
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enté par une évasion dans un site des plus bucoliques, alliant un confort hautement design et la découverte de crus locaux élégants ?
Alors n’hésitez pas à nous suivre à Bélesta, un authentique village aux frontières des Fenouillèdes et du pays catalan. Ici nous attendent les chais de Riberach et ses vins issus d’un des terroirs roussillonnais les plus en altitude, ainsi que l’établissement hôtelier du même nom, installé dans une bâtisse à la renaissance fantastique. TEXTE OLGA O. PHOTOS PEP IMAGIRA
Destination Bélesta, le choc des cultures Au cœur des P.-O., au centre du triangle Montpellier-Barcelone-Toulouse, Bélesta semble loin de tout. Pourtant, à moins de 30 km de Perpignan, on s’y rend par des routes traversant des paysages d’une beauté sauvage et singulière. Non loin, le piton rocheux Força Réal offre un panorama du Roussillon à couper le souffle. Au centre du village préservé, un bâtiment longiligne surprend par sa façade contemporaine. C’est le complexe hôtelier et la cave qui ont ouvert leurs portes en octobre 2010. Laissons-nous guider, prêts pour le grand écart entre culture méridionale et germanique, entre modernité et tradition. On y trouve, avec curiosité et plaisir, à la fois une farouche volonté d’exploiter les richesses
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BO N LIT BON VIN locales pour nous en restituer le meilleur, et une intention visible de nous transporter en Europe du Nord par les choix architecturaux et décoratifs. Par quel processus enchanteur les protagonistes ont-il réussi une telle réalisation ? Créateurs et financeurs du projet : Luc Richard et son épouse, Karin Pühringer Le fils du pays, Luc Richard, a vu son grandpère s’occuper de ses vignes et faire son vin. Il a été témoin de l’activité de l’immense cave coopérative qui recevait alors jusqu’à 250 000 hl de jus, puis de sa fermeture. Il part étudier et fait sa vie professionnelle loin d’ici. Si Luc est un enfant du pays, Karin, elle, est allemande. Ils sont tous deux architectes aux parcours brillants : Paris, Berlin, Marseille,Vienne et de superbes réalisations à leur actif. Mais à Bélesta, début 2006, c’est un nouveau départ. Luc est entraîné, avec quelques amis, dans un projet initié par Jean-Michel Mailloles. Objectif : redonner vie au vignoble et à la cave. Leur premier millésime voit le jour en 2007. C’est rapidement que cette grande bâtisse, tristement désertée et partiellement détruite, inspire à Luc et Karin, une idée de plus grande envergure : concevoir un espace dédié au tourisme haut de gamme et au vin prometteur de Bélesta. L’exploitation de cette immense structure métallique encore debout et la double série de cuves de 500 hl inutilisées, devient leur challenge. Ce grand édifice en ruine aura deux fonctions : cave de vinification et boutique de vente d’un côté et établissement hôtelier et sa table gastronomique de l’autre. La déclinaison des crus donne lieu à de belles vitrines graphiques, visibles dans la cave de dégustation et de vente.
En contrebas, un espace dédié à la détente : la piscine naturelle pour les beaux jours.
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Du jamais vu ! La partie hôtelière ressemble plus à un paquebot ou à un loft (c’est selon) qu’à une bâtisse traditionnelle catalane. Très créatifs, Karin et Luc imaginent l’installation des chambres dans les anciennes cuves. L’effet obtenu est très réussi : de beaux volumes ouverts, côté vallée, sur des terrasses individuelles. Ainsi 18 chambres dont 7 dans et 11 au-dessus des caves à vin, occupent désormais les lieux de l’ex-cathédrale du vin. Pour la déco, l’ensemble est extrêmement design et sobre, limite froid. Luc ne veut pas parler de luxe, pourtant tout y est parfait jusque dans les moindres détails. Pendant plus d’un an, la bataille fut rude, obligés
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de jongler avec une vingtaine d’entreprises locales pour avancer les travaux selon leurs idées. Fidèle aux louables habitudes germaniques, le “paquebot” fonctionne aux énergies renouvelables : photovoltaïque et géothermie, et bénéficie avant tout d’une excellente isolation. Un projet d’avant-garde pour la région qui se concrétise par l’ouverture, en octobre 2010, de Riberach Hotel Cave Restaurant. Si vous avez la chance d’être accueilli par Luc, vous verrez un homme tranquille, la tête bien sur les épaules, qui partagera son optimisme et vous parlera avec lucidité du travail titanesque accompli. Côté restauration ? Pour se mettre en forme avant la randonnée du matin sur les sentiers du dolmen, un superbe petit déjeuner à base de produits locaux, venus des meilleurs artisans, est proposé. Il sera pris à l’emplacement des anciennes presses, face à la baie vitrée monumentale. Pour déjeuner ou dîner, la table de Laurent et Julie Lemal vous accueille avec une carte gastronomique basée sur des produits frais et une cuisine contemporaine, à partir de laquelle vous composerez votre menu. La carte des vins est ouverte à tous les meilleurs crus du terroir local : « c’est la diversité qui fait la richesse et la curiosité du palais », dit Luc. Qu’en est-il du vin Riberach ? Dix hectares de vignes sont parsemés entre la vallée de l’Agly et celle de la Têt. Le climat est favorable à des vignes saines, sans traitement. Des conditions qui ont permis une conversion rapide en agriculture biologique, concrétisée par un agrément obtenu en 2011. Cueillis à la main, transportés par petites quantités, délicatement triés et transférés par gravité dans les cuves, les raisins donnent le meilleur d’eux-mêmes. Patrick Rodrigues, œnologue des lieux et Moritz Herzog, sommelier autrichien, jouent les alchimistes pour nous livrer des vins complexes, tout en subtilité. Il y a 4 rouges faits d’assemblages divers, 2 blancs très étonnants et 1 rosé prometteur, à la belle robe perlée, qui verra le jour en 2012. Des créations que l’on peut déguster dans l’ancien stand de vente de la cave coopérative, réaménagée avec modernité. Prêts à prendre un billet pour cette belle évasion nature ?
Les chambres sont spacieuses et la déco, design et apaisante, est assurée par Karin.
Luc Richard, à gauche, teste le blanc 2011. La visite de la cave est très instructive, alors n’hésitez pas à demander Patrick Rodrigues, guide averti, chaleureux et surtout œnologue des lieux.
Karin Pühringer et Luc Richard devant leur ultime plan du projet.
Agriculture Biologique Superficie du domaine : 10 ha Appellation : Vin de Pays des Côtes Catalanes Des rouges déclinés depuis 2006 en 4 thèmes : • Thèse : 90% grenache noir (saveur de mûres et fleur d’oranger) • Antithèse : 90% syrah (alliant fraîcheur naturelle à un fruit épicé) • Hypothèse : carignan issus de vignes centenaires • Synthèse : assemblage des trois cépages (aux accents de griottes, d’olives noires et de thym) Production : 25 hl/ha Un œnologue de qualité : Patrick Rodrigues
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Deux Villas, de la passion,du mystère, de l’authenticité
C’
est au cœur du remarquable village de Pézenas, bourg seigneurial au Moyen Age connu pour avoir accueilli Molière durant les dix années où Paris ne voulait plus de lui, que Marie et Serge Schwartz sont tombés en amour non seulement pour une maison de famille au charme authentique, mais aussi pour la vigne et le vin que l’on élève sur ces terres appelées « Languedoc Pézenas ». Une belle histoire, faite de passion et de volonté, guidée par le cœur et le goût du travail bien fait. Rencontre.
TEXTE Stéphanie Augé PHOTOS PEP IMAGIRA
« Un jardin méditerranéen aux mille essences, des chambres spacieuses et lumineuses »
De touristes à propriétaires Le destin joue parfois des tours inattendus qui changent à jamais l’existence.Venus en vacances chez des parents dans le Languedoc, Marie et Serge, lorrains d’origine, parisiens d’adoption, achèvent leur séjour par une journée touristique à Pézenas. Est-ce le cachet des immeubles en pierre de taille classés monuments historiques, la beauté des hôtels particuliers des XVIe et XVIIe siècles, la Collégiale Saint-Jean signée Jean-Baptiste Franque, ou l’exceptionnelle lumière qui embrasse la ville qui a agi sur eux comme un aimant ? Un peu de tout cela certainement et un soupçon de curiosité aussi qui les pousse, voici huit ans, à jeter un œil sur la vitrine d’une agence immobilière. Et elle était là. Coup de foudre immédiat. Majestueuse avec sa façade presque rose, ses arbres centenaires et son jardin aux essences méditerranéennes. Son nom :Villa Juliette, perchée sur les hauteurs de la ville, face au Parc Sans Souci – cela ne s’invente pas ! Elle attendait ses nouveaux propriétaires. Après deux visites et 48 heures de réflexion, la belle centenaire entamait une nouvelle vie et ses nouveaux hôtes avec elle ! Changement de vie radical Un virage définitif dans la vie de ce couple qui quittait alors un poste dans le marketing pour Marie et une carrière de cadre dans l’hôtellerie
La belle Villa Juliette au cœur de son jardin arboré, véritable havre de fraîcheur et de sérénité.
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BO N LIT BON VIN et la restauration, pour Serge. Marie prit en charge la rénovation et la transformation de cette maison de maître en chambres d’hôtes accueillantes. « Nous voulions quelque chose de simple, d’élégant et d’harmonieux. L’esprit des lieux, c’est la douceur de vivre du sud, une décoration légère, confortable et sans chichi. Nous recevons nos clients comme des amis ou de la famille », explique-t-elle. Une maison qui garde en elle les secrets de son histoire et de son nom. Juliette. Un si joli prénom en l’honneur de qui ? Les plus anciens du village l’ont toujours connue nommée ainsi. Le mystère reste entier et contribue sans doute à son charme. Ce que l’on sait d’elle, on le découvre en la regardant. Une belle demeure dans laquelle on est accueilli par un immense micocoulier de plus de 200 ans, une étonnante piscine en pierre du Brésil, des arbres de Judée, une œuvre façon impressionniste peinte à même un mur, de la pierre de taille blanche qui habille les sols et un escalier d’époque en bois qui mène aux trois spacieuses chambres et à la suite parentale. Et Serge créa la Villa Tempora Amoureux de la culture biologique, passionné de gastronomie et de vin et gardant en lui le vieux rêve d’en faire lui-même, Serge a donné naissance à un domaine viticole en 2008, la Villa Tempora. Un nom poétique inspiré de la notion du temps qui passe et de l’existence. Associé à Jean-Pierre Sanson, chef de culture de plusieurs vignerons locaux, ils acquièrent des parcelles aux alentours des villages de Caux et de Neffiès, sur les premiers contreforts des Cévennes méridionales, au cœur de l’appellation Languedoc Pézenas. Là, sur ces terres d’une grande diversité, à la fois argilocalcaires, basaltiques et villafranchiennes qui donnent de la minéralité aux vins, ils élèvent des vignes âgées de 25 à 45 ans. Un travail 100% bio, « non pas affiché comme une bannière , explique Serge, mais simplement parce que cela correspond à notre philosophie : le respect de la vie des sols, de la terre, des auxiliaires de culture qui font la qualité du vin. Nous ne tassons pas les sols et ne levurons pas. Ainsi la biodiversité naturelle enrichit les goûts, les arômes de nos vins. Un bon terroir ne ment pas, c’est la vigne qui fait le vin».
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Une cuisine au charme rustique où Achille, le Snauzer règne en maître de maison.
Romantisme et pureté pour une nuit douce et calme dans la chambre blanche.
Les vignes bénéficient d’une culture naturelle en bio.
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Les cuves de la Villa Tempora où la métamorphose s’opère lentement.
Marie et Serge, un couple d’épicuriens. Domaine Villa Tempora Agriculture biologique depuis 2008 Certification Ecocert Superficie du domaine : 6 hectares Appellation : AOC Languedoc Pézenas Cépages : Rouge : Grenache-Syrah-et vieux Carignan / Blanc : Bourboulenc / Marsanne AOC Languedoc AOC Languedoc-Pézenas AOC Blanc-Rosé Production : 25 hl/ha Soit 15 000/ 20 000 bouchons /an Vignes âgées de 25 – 45 ans Œnologues : Serge Schwartz et Jean-Pierre Sanson
Des vins bios, des vendanges manuelles Les six hectares de vignes donnent entre 15 000 et 20 000 bouteilles par an, vinifiées naturellement. Des rouges, rosés et blancs aux saveurs ensoleillées de fruits rouges, aux accents de garrigue et de rocailles, le Languedoc capturé en bouteille ! Une exigence du travail bien fait à chaque étape, de la création des vins jusqu’aux vendanges, manuelles. Un amour du vin, des convictions et savoir-faire qui sont déjà reconnus en France et à l’étranger. La cuvée rouge Villa Tempora 2009 a, en effet, été couronnée de la médaille d’argent aux
World Wine Decanter Awards 2011. Une belle reconnaissance qui encourage Serge et son associé à poursuivre selon leurs convictions. Deux nouveautés devraient ainsi enrichir la cuvée 2011 : un rouge léger, hommage à Brassens, baptisé « Le Temps des Copains », et un rosé à partager entre amis « L’Arroseur à rosé ». Les vins de Serge joliment nommés : « Un temps pour Elle », « Villa Tempora », « Le Démon de Midi », « L’Ange vin », se dégustent dans la cuisine de Marie, moment de convivialité et de partage, où les deux Villas se répondent comme deux sœurs, inséparables et complices.
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MAGIE DE L’ EAU
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Boudoir d’op ra E
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ais de reine de Saba et bain romain pour un boudoir de décor d’opéra qui se cache dans la Cité de Carcassonne. TEXTE MARIE CAMUS PHOTOS JUDY JANUARIUS
Face au parking, place Davilla, le mur austère de ciment gris n’attire pas le regard. Un hublot rond troue la façade, zoome sur trois flacons orientaux. Une lourde porte de bois sombre affiche la liste des soins du Boudoir de Carcassonne. Comme dans un théâtre, il faut passer de l’autre côté ; entrer dans un décor d’opéra pour être transporté dans un monde de bien-être. Tente royale et bain impérial La porte se referme sur la lumière du jour. Le temps se suspend dans un parfum d’ambre et de fleur d’oranger. Des lustres baroques illuminent les rayures bayadères de la vaste tente marocaine. Dans une douce pénombre, les jeux de lumière font briller les vitrines remplies de fioles précieuses, poudrées d’or et de pétales de rose. Les lanternes de métal ciselé tamisent la lumière dans le salon oriental aux
«La dame de la nuit» veille entre lumières tamisées et miroirs dorés.
Une ambiance orientale, un bain turc pour de modernes odalisques
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MAGIE DE L’ EAU
Des objets choisis avec soin en harmonie avec ce lieu enchanteur.
manucure. L’équipe mixte peut ainsi réserver des temps de Boudoir aux hommes.
Nuit étoilée dans le bain romain.
Embarquement immédiat pour un voyage immobile L’accueil chaleureux et les explications des soins mettent à l’aise, la musique douce et les mains expertes invitent à vider l’esprit et réconforter le corps. Les produits utilisés, Reine de Saba et Roi Salomon, sont les références du néohamman chic. Les parfums guident le choix des soins, balinais, indien ou détente orientale. La vapeur, la tiédeur, le bruit des gouttes d’eau du hammam font oublier l’extérieur, les massages ressourcent. Des soins de prince et de princesse, pour repartir délassé et épanoui du Boudoir oriental. Sites et coordonnées p 84
profonds coussins grenat. Un couloir sombre permet le changement de décor et le fond du boudoir se transforme en hammam. A travers la vapeur, le bain romain scintille de toutes ses mosaïques, les colonnes de pierres entourent un bassin disparaissant dans le sol.
Des filles et un garçon Auréolé de plumes, croulant sous les bijoux, un buste échappé d’un tableau surréaliste veille sur le boudoir. La “dame de la nuit” est un souvenir de l’Opéra Bouffe, explique Emilie, qui dirige le salon depuis sa création. Esthéticienne, elle a travaillé dans des îles lointaines avant de se Associer les plaisirs fixer à l’ombre de la Cité. De ses voyages, elle a Les propriétaires de l’Opéra Bouffe, un gardé l’inspiration pour les soins, les ambiances restaurant du soir, baroque et atypique, ont musicales et les parfums exotiques. voulu créer, juste à côté, un endroit intime, Sobrement vêtue de noir, fine et pâle, elle dédié aux soins de beauté, le Boudoir. Ils ont s’anime en sourire et voix douce. Elle s’est mis en scène leur fantaisie, inventé un décor entourée de professionnels de l’esthétique : XIXe de tableau orientaliste, construit un bain Thiphaine, une chaleureuse brunette et Morgan, turc pour de modernes odalisques. un jeune homme aussi habile en coiffure qu’en 42
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MAGIE DE L’ EAU Construit au XVIIe siècle, cet hôtel particulier, classé aux Monuments historiques, a retrouvé son âme.
Evasion bien-être au cœur de la ville
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C’
est l’une de ces adresses magiques dont les ruelles du quartier montpelliérain de l’Ecusson ont le secret. Caché derrière une lourde porte de bois, le Spa de Beaulieu propose une expérience sensorielle unique dans un lieu chargé d’histoire, tout aussi exceptionnel. TEXTE AURELIA DUBUC PHOTOS JUDY JANUARIUS
Exception du lieu C’est difficile à croire. Et pourtant, il y a encore quelques mois, cet hôtel particulier classé aux Monuments historiques était à l’abandon après avoir abrité, pendant des années, l’une des discothèques les plus courues de la ville. Grâce à Grégory Jullien (et le cabinet d’architecture « Le 8 »), spécialiste de la rénovation de châteaux, les lieux ont retrouvé leur âme. Et ce petit bijou d’architecture du XVIIe siècle est revenu à la vie. Fort de son expérience au Spa Starwellness de l’Hôtel du Cap Eden Roc à Antibes, le jeune propriétaire a imaginé un lieu sur mesure où tout a été pensé jusque dans le moindre détail pour offrir une parenthèse enchantée et bien méritée au citadin pressé.
Parenthèse enchantée pour citadin pressé...
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MAGIE DE L’ EAU
Découverte des soins sur mesure Terraké le temps d’un thé.
Une prise en charge subtilement personnalisée Baigné de lumière, imprégné de la senteur délicate des huiles essentielles, le hall d’accueil, où vous vous installez confortablement, est une première étape vers la sérénité. Le temps de boire un thé et vous êtes invité à remplir votre « Carnet de beauté du Beaulieu ». Pour une approche la plus personnalisée possible, y sont notamment consignées vos préférences en matière de massage – plus ou moins appuyé –, ainsi que les éventuelles précautions à prendre en fonction de votre condition physique. Rendez-vous ensuite au Bar à senteurs où sont présentés les quatre univers de soin proposés par Terraké. Terre, eau, air, végétal ? Suivant le parfum qui vous séduira le plus, c’est vous qui allez déterminer le protocole beauté qui vous correspond le mieux. Ainsi, raffinement suprême, quel que soit l’espace soin dans lequel vous pénétrerez, ce sera la même ambiance
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sensorielle qui vous escortera. A présent, il ne vous reste plus qu’à vous laisser guider vers le hammam, résolument contemporain, avec ses petits carreaux en pâte de verre blancs et verts qui habillent ses murs et son plafond voûté. Après ce prélude enchanteur, place au Cœur de Massage®, certainement l’une des prestations les plus représentatives du Spa, s’il ne fallait en choisir qu’une. Au programme ? Trente minutes d’attention accordées à vos pieds, délassés dans un bain aromatique avant d’être gommés puis modelés, suivies d’une heure de massage relaxant et tonifiant. Etirements, pétrissages, pressions et effleurements s’enchaînent dans Grégory Jullien, créateur du lieu, s’est une chorégraphie parfaite tandis que votre tête inspiré de son expérience dans les spas repose sur un oreiller douillet. C’est ce type de les plus prestigieux. petite attention qui, sans nul doute, vous fera, Sites et coordonnées p 84 vous aussi, succomber lorsque vous franchirez la lourde porte en bois du Spa de Beaulieu.
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TRESORS DAN S N OTRE A S S IETT E
Cuisine vivante
Poitrine de cochon confite et légumes de saison en fin bouillon au menu déjeuner.
A l’Octopus : « Ma recette préférée, c’est celle que je ferai demain » « Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger », écrivait Molière ; nous dirons ici, « il faut manger sain pour vivre bien ». Deux restaurateurs de talent, respectueux de la nature, qui se font un honneur de parer vos assiettes de mets sains, de légumes de saison et de douceurs de leur invention. L’un est situé au cœur de Béziers, l’autre se cache dans un petit village du Conflent. Désireux de satisfaire à la fois vos papilles gourmandes et votre santé, leurs tables chaleureuses vous attendent. 48
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pour vin nature
Une salle esprit bistrot aux notes jazzy côté rue, un espace lumineux avec vue sur les citronniers côté cour.
L
es créations culinaires de l’Octopus sont à l’image du chef Fabien Lefebvre : équilibrées et personnelles, elles ajoutent au Sud une touche zen. Fines et généreuses, elles n’ont rien à cacher et tout à révéler.
TEXTE MARIE CAMUS PHOTOS PAUL DELGADO
La porte translucide nous invite à la pousser : entrons…
Du Bristol à Béziers Installé derrière les allées Paul Riquet, l’Octopus a été préparé dans les coulisses parisiennes du Bristrol. Fabien, Rachel et Laurent travaillaient ensemble dans ce palace 5 étoiles, ouvert 24h/24. Le trio se forme pour reprendre, en 2005, le Framboisier, dans la ville natale de Fabien. Plus riches en talents qu’en deniers, ils commencent par dépoussiérer le décor. Ils choisissent un nom qui tranche avec les intitulés attendus. L’Octopus est voulu comme un lieu ni coincé, ni branché, où l’on se sent bien. En salle, Laurent y veille. Quant à Rachel, 49
TRESORS DAN S N OTRE A S S IETT E
Emblématique, le poulpe se décline à l’Octopus en cotoyant le boudin catalan.
elle prend les clés de la cave et le parti des vins naturels, bien avant que la mode s’en empare. Fabien débride les produits méditerranéens d’une touche ludique très gourmande. Des produits et des hommes Fabien maîtrise ses classiques pour mieux les détourner. Il a gagné son col tricolore de Meilleur Ouvrier de France encouragé par Michel del Burgo, chef du Bristol. Il a continué dans cette dynamique avec son successeur, Eric Fréchon. Pour son restaurant, Fabien traque le meilleur des produits, locaux si possible. La carte l’annonce, tous les poissons sont sauvages et respectent les quotas et saisons de pêche. Méditerranéenne, elle vient de Barba, à Béziers. Cabillauds, soles et coquilles Saint Jacques d’exception arrivent de Bretagne – il connaît le nom du bateau qui les pêche. Ce chef fait preuve de la même exigence avec la viande, parle avec admiration de son charcutier philosophe d’Hérépian. Et comme le plus difficile de tout est le végétal, il a commencé à 50
Fabrice Lefebvre dans ses cuisines.
créer un potager avec un maraîcher. S’il propose des produits qualité “palace” , il évite les prix parisiens. Fabien a envie que les Biterrois et ses amis puissent goûter sa cuisine. Chose faite dès la première proposition à 22€ au déjeuner, sans transiger ni sur la qualité ni sur le service. Il souhaite aussi « donner ce qu’il n’a pas eu » à son équipe, en préservant août et Noël pour la famille. L’esprit est là : quand son second part en congé paternité, un ancien revient le remplacer.
pur jus d’entrailles de seiche. Les produits d’ici en sortent sublimés, le goût poussé vers l’épure dans une présentation d’une vraie force visuelle. « Ma recette préférée, c’est celle que je ferai demain », annonce le chef qui peaufine un cochon confit à la cire. Sites et coordonnées p 84
L’élégance japonaise de Megumi pour la pâtisserie
De nature à épure Les produits et plats connus, revisités par la créativité de Fabien, donnent beaucoup plus que le sobre intitulé de la carte. Sur l’emblématique poulpe, mer et montagne sont mariées à la catalane, le noir brillant d’un boudin grillé tranche sur le tendre poulpe, masqué sous l’écume orangée du jus de cuisson émulsionné. Le blanc de cabillaud cuit à la perfection, les fins copeaux de seiche, nacrés comme des perles, sont sobrement assaisonnés d’un suc ébène, BLEU MAGAZINE
Un écrin
TRESORS DAN S N OTRE A S S IETT E
au pied du Canigou Pour accompagner quelques asperges sauvages, les morilles tout juste cueillies. Les fantastiques cadeaux que nous offre la nature, passés par le talent du chef, Gilles Bascou.
L’asperge sauvage au goût unique, et si c’était ça le vrai luxe ?
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Une ambiance feutrée pour de jolies tables dans un cadre épuré mariant l’ancien et le contemporain.
Tartare d’autruche de Cerdinya, rillettes de pommes de terre, jus de betteraves et tuile aux graines de pavot.
Les Loges du jardin d Aymeric
A
u-dessus de Prades, dans les Pyrénées-Orientales, par une jolie route buissonière vous découvrirez les Loges du Jardin d’Aymeric. Le contraste est frappant car si la montagne est belle cette demeure au pied du Canigou révèle bien là sa chaleur de havre de paix. Le restaurant nous conforte dans cette impression et nous propose de vrais plaisirs gastronomiques. A découvrir absolument. TEXTE Alain Bonnariez PHOTOS PAUL DELGADO
Gilles Bascou, enfant du pays catalan, travaille une cuisine saine et sans artifice.
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TRESORS DAN S N OTRE A S S IETT E
Incontournable dessert, cette création à base de tome de chèvre et miel mérite sa place au panthéon culinaire.
Juste un privilège… Bienvenue chez Geneviève et Gilles, propriétaires des Loges du Jardin d’Aymeric. Soit en plein cœur du village de Clara, entre les murs d’un restaurant gastronomique emmitouflé dans une ancienne demeure cossue, restaurée avec soin, grâce à un savant mélange d’ancien et de contemporain, accompagné de couleurs chaudes dans un style épuré. Ici, loin du stress et du quotidien, le lieu invite aux plaisirs de la table, aux saveurs oubliées et celles qui deviendront inoubliables. Cuisinier-artiste ou artiste-cuisinier ? Dans sa cuisine habillée d’Inox d’une propreté quasi clinique, Gilles Bascou jongle avec les aliments, les condiments, les ustensiles. Le mouvement se dessine souple, presque aérien. Avec pour unique perspective : tutoyer l’excellence. Les mains agiles en quête de perfection, le chef découpe, assemble, rassemble, teste, encore et encore, lentement. Cuisinier-artiste. Ou l’inverse. A chacun son
Passer une nuit dans une des trois chambres pour profiter pleinement du dîner et, partir, le matin, à pied dans la montagne…
appréciation, son interprétation. Mais pour tout le monde, un même constat : un moment délicieux. Singulier. L’œil pétillant, car sûr de son coup, le maître des lieux s’empresse de faire goûter une de ses créations, dont lui seul détient le secret. Le sorbet de tome de chèvre au miel, un met incontournable qui met en éveil tous les sens et les bouscule avec délice. « Profite, savoure. Et dis m’en des nouvelles… ». La philosophie des produits frais La carte de la maison est un supplice, tant les tentations sont grandes : des viandes ou poissons frais cohabitent avec des accompagnements de saison, sans sauce superflue. Car elle est bien là, la touche maison ! Dans la fraîcheur des produits présentés par Geneviève au visage toujours souriant. Gilles, 43 ans, originaire d’Ansignan a été formé à l’école hôtelière du Moulin à Vent à Perpignan et est passé, entre autres, par quelques bonnes adresses sur la Côte d’Azur, où le mot d’ordre a toujours été : « Pour réaliser des bons plats il faut obligatoirement de
bons produits : pas de bon resto sans produits sains ! ». Une philosophie gastronomique à “consommer” sur place, les yeux braqués sur le potager. Par passion puis par nécessité, ce membre des Toques Blanches du Roussillon y cultive et récolte toute sa palette de fruits et légumes bio pour accompagner ses réalisations. Confidences : « Si, à l’occasion, je manque de courgettes, de tomates ou autre, je me tourne vers des petits producteurs locaux avec qui je travaille depuis longtemps. Je n’imagine pas mon métier autrement… ». Avec vue sur le Canigou Si le bonheur est donc dans l’assiette, il l’est aussi dans le pré. Autour des Jardins, il est possible de randonner, avec vue sur le Canigou et de profiter ainsi de la flore luxuriante. De se surprendre béat devant l’alignement des cyprès ou de s’attarder sur les genêts en fleurs. Et en cas de fatigue après la rando ou… le dîner, trois chambres lovées à l’étage aux tons chatoyants et au confort cotonneux n’attendent plus que vous. Sites et coordonnées p 84
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ATT RACTIONS TERR ES TRES
43°37’12.64 N / 3°21’28.83 E
Mourèze,
quand la pierre se fait dentelle
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Grandiose et pourtant à côté de chez nous. Atmosphère mystérieuse de Mourèze. Plaisir sans cesse renouvelé de parcourir le sentier littoral de la côte Vermeille. Revisitons ou découvrons ensemble ces lieux sublimes classés quatre étoiles.
N
iché dans les contreforts des Cévennes, à deux pas du lac du Salagou, le cirque de Mourèze est un lieu unique en son genre. Dédale chaotique de pierres, il est un véritable paradis pour les randonneurs… et les photographes.
TEXTE ET PHOTOS Gwenaël Cadoret
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ATT RACTIONS TERR ES TRES
Au détour d’un rocher, le village apparaît curieusement mimétique avec la roche environnante.
Bienvenue sur la Lune ! Le cirque dolomitique de Mourèze, à deux pas du lac du Salagou, est, sans aucun doute, l’un des lieux naturels les plus étonnants que compte le LanguedocRoussillon. Sur 340 hectares, cette forêt de pierres – la plus grande d’Europe –, enchevêtrement de failles et colonnes, offre un spectacle saisissant vieux de 130 millions d’années. Plusieurs chemins de randonnée permettent de découvrir ce patrimoine unique. Suivant les couleurs, on passe de la balade d’une heure à l’excursion sportive d’une journée. Une vue imprenable Sur chaque chemin, les paysages sont différents, mais sublimes. Avec une constante : le point de vue sur le village de Mourèze et son
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église Saint-Marie du XIIe siècle, créée à même la pierre. Les plus courageux auront même le droit, en grimpant le Mont Liausson (500 m d’altitude), à de belles surprises : une vue imprenable sur le lac du Salagou et des vestiges archéologiques témoignant d’une présence humaine dès 7000 av. J.-C. Pour vivre au mieux son aventure, l’idéal est de dormir dans le village. L’auberge Val Mourèze, avec ses chambres design et sa bâtisse de caractère, est l’option la plus simple et la plus agréable. Et après l’effort, le réconfort. A moins de vingt minutes de route, le restaurant De Lauzun, une étoile Michelin, renouvelle en permanence ses plats, en s’appuyant sur de petits producteurs. Ici, il faut se laisser
surprendre, car l’inventivité des assiettes y contribue. Une table à ne manquer sous aucun prétexte, pour parfaire un voyage entre réel et irréel. Pratique Auberge du Val Mourèze Ouvert de février à octobre Route de Salasc 34800 Mourèze Tél. : 04 67 96 06 26 aubergedemoureze@gmail.com http://www.aubergedevalmoureze.com Restaurant De Lauzun 3, boulevard de l’Esplanade 34150 Gignac Tél. : 04 67 57 50 83 http://delauzun.canalblog.com
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LANGUEDOC-RO
USSILLON
2
n°2 décoration architecture bien-être
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Maisons intelligent
es de dubuisson les nouveaux Ther mes de Ballaruc
les faiseurs
d’univers encore des artisan s surprenants
i 2012 n°2 Mars/avril/Ma
n°2 Mars/avril/Ma
i 2012
Bien-ÊTre &
re Bien et si l’essentiel n’ÊT était pas visible ?
aTTracTiOns T
côte vermeille et
eveneMenTs
erresTres
cirque de Mourèze
gastronomie culture
le carré d art ex pose Mark Mande rs Musique et monum ents
BOn liT, BOn vin
L 17309 - 2 - F: 7,50 €
- RD
ATT RACTIONS TERR ES TRES
Quand la Côte Vermeille nous émerveille 42 ° 3 0 ’ 5 6 N / 0 3 ° 0 8 ’ 2 5 E
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E
xceptionnel, le littoral qui s’étend du sud d’Argelès à Cerbère en passant par Collioure et Port-Vendres l’est à plus d’un titre. A votre tour, laissez-vous transporter par la beauté sauvage et la force qui se dégagent de cette rencontre entre les Pyrénées et la Méditerranée..
Le jaune des ajoncs épineux, argelacs en pays catalan, tranche sur le vert des cistes et le bleu pâle des fleurs de romarin.
TEXTE AURELIA DUBUC PHOTOS PEP IMAGIRA
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ATT RACTIONS TERR ES TRES
Le sentier littoral, anciennement nommé sentier des douaniers nous permet de découvrir une côte encore vierge et sauvage. La lumière changeante nous révèle une palette de bleu de mer tout en profondeur et transparence avec, en point fixe le phare du cap Béar.
Des vignes baignées de lumière semblant se jeter dans la mer, des criques encore sauvages, un chemin des douaniers, de toute beauté, accessible à tous… A 30 minutes à peine de Perpignan, la Côte Vermeille est un véritable paradis pour les marcheurs, les plongeurs et, plus généralement, les amoureux d’authenticité. Le sentier parfumé Les lumières particulières de ce site exceptionnel inspireront, tour à tour, Matisse, Derain, Braque, Picasso… Les phares du cap Béar et du cap Cerbère, bienveillants postes frontière entre mer et montagne, semblent veiller sur la flore remarquable qui s’éveille à leurs pieds avec le printemps. Le sentier 62
littoral est bordé d’élégants asphodèles et de cistes blancs et délicats. Le promeneur se laisse enivrer par les senteurs de lavande, de thym et de romarin tandis que le jaune éclatant des argelacs, au parfum de miel, donne à l’ensemble des allures de tableau impressionniste. Mais les petits chemins qui se perdent dans la lande réservent bien d’autres surprises. Pour avoir l’occasion, à la nuit tombée, d’observer les loutres aller se désaltérer, réservez une chambre à l’Hôtel des Elmes. Situé sur la plage, il vous offrira l’occasion de faire une dernière baignade avant de déguster, à son restaurant, la cuisine aux senteurs catalanes du nouveau chef, Gérald Desmullier.
Contacts : Communauté de communes de la Côte Vermeille Passage du Vieux Port 66660 Port-Vendres Tél. : 04 68 98 30 60 www.cotevermeille.com Hôtel des Elmes/Restaurant La Littorine Plage des Elmes 66650 Banyuls-sur-Mer Tél. : 04 68 88 03 12 www.hotel-des-elmes.com
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Les vrais gourmands lisent en remuant les lèvres, pour déguster les Mots. Yvan Audouard
La vie n'est pas un restaurant mais un buffet. Levez-vous pour vous servir. C'était un moustique snob. Il ne buvait que du sang bleu.
Dominique Glocheux
Jean Cazalet
« Vice : plaisir que l'on n’a pas goûté. » Louis Aragon
Il n'y a pas d'innovation sans désobéissance.
Michel Millot - Extrait d'un Cours de design à l'ENSAD - 29 Nov. 2000
Avoir une vie facile est un but difficile à atteindre. William Cowper
« Bien que Dieu soit tout-puissant, il n’envoie pas la pluie quand le ciel est bleu. » Proverbe afghan
« Comment pourrais-tu goûter aux plaisirs si tu ne goûtes pas déjà au plaisir d'être ? » Claude Charles
Les plaisirs ne sont jamais vains, au moins pendant la minute où on les goûte. Jean Anouilh
L'âme a la couleur du regard. L'âme bleue seule porte en elle du rêve, elle a pris son azur aux flots et à l'espace. »
Pensées infiniment bleues
« Il faut toute la vie pour apprendre à vivre. » Sénèque
Guy de Maupassant
BIEN-ÊTRE ET ÊTRE B IEN
«Et si l’essentiel n’était pas visible ?»
L’
art de vivre recouvre de multiples volets : la plupart des médias se limitent aujourd’hui à proposer mille et une offres attrayantes, autour de la gastronomie, la décoration et les sorties sympas, persuadés faire le tour de la question. Or, quelle est la finalité de vivre selon un « art de vivre » sinon l’accès au bien-être
chacun de nous ?
pour
A ce stade, on arrive à la question fondamentale :
Qu’est-ce que le bien-être ? Peut-on, ou doit-on, comparer le bien-être à un iceberg, avec sa face visible et sa face immergée ? J’oserai l’analogie. Le bien-être de surface peut être entretenu par ces offres abondantes et facilement accessibles, disposées à nourrir le corps et les sens. C’est le premier niveau du bien-être, palpable, dont on prend volontiers soin. Avoir recours au plaisir des sens, c’est poser une pommade sur un état qui réclame diversion et chaleur, mais avouons-le, seule la rééducation s’attaque aux causes qui compromettent le bien-être.
Le bien-être intérieur, lui, est certainement plus difficile à évoquer et à décrire, et cela en souligne aussi toute la profondeur. Pourtant, l’élan actuel, vers les multiples propositions et disciplines qui prétendent prendre soin de l’âme ou des énergies, est de plus en plus considérable. Il dévoile notre besoin croissant de s’en préoccuper, faisant sans
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doute écho au mal-être généré par la déshumanisation de notre société, du fait d’une technologie trop envahissante. Après avoir posé la question sur la définition du bienêtre et ses voies d’accès, à des spécialistes des soins profonds, et de la paix intérieure, les réponses sont aussi diverses que riches. Dans la chronique « Ils en parlent », BLEU Magazine vous propose ce rendez-vous. Partir à la découverte de la version de chacun : philosophes, maîtres d’arts martiaux, thérapeutes en arts énergétiques, hommes de toute spiritualité, et bien d’autres encore, dont la quête est de connecter extérieur et intérieur pour que, malgré la mouvance de nos vies, de façon autonome, nous sachions apaiser nos maux et laissions monter la joie, quelles que soient les circonstances. Dans la chronique « Ils le font », vous découvrirez des lieux agencés pour accueillir des démarches telles que méditation, soins holistiques, relaxation, arts martiaux…
Et là nous pourrons dire que l’approche de l’art de vivre proposée par BLEU Magazine a dépassé le stade marchand mais bien pris en compte l’être dans sa richesse et sa diversité. Isabelle Osterstock
Rédactrice en chef
BLEU MAGAZINE
ILLUSTRATION MAÏLO/M-L VAREILLES
Urbanisation, accélération, dégradation. Fragilisé, l’être part en quête de bien-être en recherche d’apaisement Une des clés : réunifier le visible et l’invisible.
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BIEN-ÊTRE ET ÊTRE B IEN
Le bien-être, ils en parlent Aujourd’hui, paroles de philosophe.
D
avid Lucas, docteur en philosophie (1), interrogé sur la définition du bienêtre intérieur, a accepté de nous répondre, jugeant notre ouverture courageuse et enrichissante.
Bleu Magazine: Comment la philosophie aborde-t-elle la notion de bien-être recherché par l’homme, et quelle définition donnez-vous au bien-être intérieur ? David Lucas : La définition du bien-être présente trop de variantes pour pouvoir être assénée d’un trait. Les meilleures définitions sont, à mon avis, celles que l’on donne aussi du bonheur, alors différencié de la simple joie ou des plaisirs fugaces. Ce bien-être intérieur est proche du bonheur évoqué de façon exemplaire par Aristote(2) comme souverain bien, et dans le bouddhisme comme cessation de la souffrance. Le bien-être est, de prime abord, difficile à définir, précisément parce que l’« être » a une part de subjectivité qui résiste aux généralités. Le « bien-être » du sportif n’est certes pas celui du gourmet ! Il est pourtant vrai que nous comprenons tous parfaitement cette expression, et que le « souverain bien » d’Aristote est justement commun à tous les hommes. Le bonheur n’est pas non plus une utopie, car nous en avons tous fait l’expérience personnelle, mais il est susceptible de « plus » ou de « moins » et, pour revenir au Bouddha, il doit cohabiter avec l’expérience de la souffrance… en tous les cas tant que nous n’avons pas atteint l’Eveil ! (3) B. M. : Le bien-être est-il un état ou une démarche ? D. L. : Sans hésitation, un état. Mais on n’arrive pas à un tel état sans entamer certaines démarches… Ces démarches ne montrent pas le même visage en fonction des traditions philosophiques, qu’il s’agisse d’ascèse, de méditation, de prière ou de raisonnement ; mais toutes me semblent consister en une certaine transformation. La culture, comme passage de l’épais au subtil et dépassement des inclinations naturelles, donne bien à penser le sens de ces démarches. Cette culture est d’ailleurs fort utile à une époque où le soupçon pèse sur ce qui dissuade d’être
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BLEU MAGAZINE
« soi-même », « spontané » et « nature ». Au moyen de l’esprit, de la raison, de la grâce et de tout ce que les différentes cultures conçoivent comme moyen de se transformer soi-même, le bien-être intérieur vient finalement toujours de ce que l’on « cultive son jardin »… B. M. : Pourrions-nous le rapprocher de l’accès à une harmonie avec ce qui nous entoure (regard porté sur l’extérieur) ? Ou plutôt une paix avec soi-même (regard tourné vers soi) ? D. L. : Le bien-être intérieur est la paix avec soi-même. Le comble du bien-être est même de ne plus dépendre de ce qui nous entoure… Mais cela implique nullement de s’opposer à l’entourage, bien au contraire ! Il y a même un lien organique entre la paix avec soi-même et la paix avec les autres ; la première étant à la fois la condition et la garantie de la seconde. B. M. :Y a-t-il une voie ou des voies permettant d’accéder à ce bienêtre intérieur? D. L. : Des voies, peut-être même autant qu’il y a d’individus ! Quoi qu’il en soit, garder contact avec des voies, que l’on pourrait appeler classiques ou traditionnelles, diminuera considérablement les risques de se perdre, car le marché du bien-être intérieur est aussi le terrain de prédilection des guides aveugles et ambitieux de transformer les autres sans s’être transformés soi-même… Le discernement et l’esprit critique sont alors de rigueur, et il est bien certain qu’aucune voie de bien-être intérieur ne consiste à ne plus penser par soi-même. B. M. : Alors, retournons visiter les sages antiques. Bonjour Aristote. (3) D. L. : Aristote a effectivement expliqué que les biens extérieurs sont des compléments au bonheur mais qu’ils n’en constituent aucunement l’essence. « Il (le sage) est l’homme le plus chéri des dieux. Et ce même homme est vraisemblablement aussi le plus heureux de tous. Par conséquent, de cette façon encore, le sage sera heureux au plus haut point. » Livre X de l’éthique à Nicomaque. Propos recueillis par I. Osterstock
(1) David Lucas, originaire de Rodez, est docteur en philosophie. Il dirige actuellement le centre de formation et de recherche Gaeris Sciences Humaines, qui propose des solutions contre la souffrance au travail et le mal-être dans les organisations. Il est l’auteur, entre autres, de «Réfléchir en marchant, récit de voyage dans l’Himalaya» et «Le démon intérieur», publiés aux Editions du Portique. Au travers de divers articles, il conduit une réflexion critique et originale inspirée de la philosophie antique et de la pensée traditionnelle. Assez largement en marge des milieux académiques, il conseille aussi les décideurs et responsables d’entreprise en vue de concevoir un mode d’organisation du travail alternatif et plus humain. www.baglis.tv/intervenants/1594-david-lucas.html
(2) Aristote est un philosophe grec né en Macédoine, en -384, et mort en -322. Disciple de Platon à l’Académie pendant plus de vingt ans, il prit ensuite une distance critique vis-à-vis des thèses de son maître. Il fut également précepteur d’Alexandre le Grand. Il travaille sur la signification de l’être en tant qu’être et établit les fondements de la théologie dans « La métaphysique », qui restera un ouvrage de référence influençant profondément l’ensemble de la tradition philosophique occidentale et orientale. Son œuvre est considérable et touche l’ensemble des domaines de la connaissance. La cosmologie, la biologie et l’observation de la nature seront les thèmes de plusieurs traités. Le philosophe ne négligera pas pour autant la politique et la morale, où, développant une conception finaliste de l’essence de la cité, il se prononcera pour la recherche d’un bien suprême menant à la vertu : le Bonheur. www.evene.fr/celebre/biographie/aristote et philo.mimetik.org
(3) Dans le contexte de l’enseignement du Bouddha, le Bonheur pourrait se définir comme la libération de la souffrance, au sens le plus large du terme. « Lorsque vous n’êtes plus attaché au bonheur vous pouvez véritablement être heureux.» Réf. : Le bonheur-Liberté, bouddhisme profond et modernité, Serge-Christophe Kolm, PUF,1994
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BIEN-ÊTRE ET ÊTRE B IEN
Le bien-être, ils le font Quand le Jardin Intérieur invite à cultiver toutes les voies de l’équilibre TEXTE ET PHOTOS AURELIA DUBUC
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rançois Loutrel, professeur de taï chi chuan, a imaginé un espace novateur. S’y mêlent, en toute harmonie, différentes approches visant à améliorer le bien-être, notamment celles reposant sur l’énergétique chinoise.Visite guidée. Comme l’enseigne la pensée chinoise, seule la prise en charge de l’individu dans sa globalité peut lui permettre de se réintégrer dans son unité et donc dans sa plénitude. D’où la volonté de François Loutrel de créer un lieu non marchand n’obéissant à aucun dogmatisme où chacun pourrait venir trouver les ressources nécessaires à son mieux-être. En 2007, son choix se porte sur une ancienne usine de confection près de Marguerittes. Les travaux à prévoir sont conséquents mais les surfaces pleines de promesses.
Le mouvement fluide permet de jouer avec le plein et le vide (Yang, Yin). Le poids porté sur la jambe fléchie (yang) a pour effet l’autre jambe plus longue (vide, yin). Rechercher la stabilité dans le déplacement amène à poser l’esprit émotionnellement, tandis que la coordination tend à faciliter la mémorisation.
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Une synergie de savoir-faire et de savoir-être Entièrement rénové selon les principes du feng-shui, le bâtiment de 700m2 est aujourd’hui transfiguré. Les murs clairs et les grandes ouvertures font la part belle à la lumière. Les fontaines d’eau laissent entendre leur chant délicat. Sur le parquet du vaste dao chang, François Loutrel, directeur de l’école de taï chi chuan ITCCA Méditerranée, enseigne les fondements de cette discipline chinoise ancestrale. Contrairement aux arts martiaux externes qui utilisent la force musculaire pour repousser l’adversaire, ici seule l’énergie est agissante, mise au service de l’intention. Par l’attention aux sensations internes s’opère une harmonisation du schéma corporel. Et peu à peu, le corps s’ouvre à la conscience. Quelques mètres plus loin, l’espace de physiothérapie propose
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des soins holistiques basés sur les 4 éléments fondateurs de toute vie. L’eau, dont les vertus dynamisantes sont amplifiées par l’équipement de balnéothérapie-chromothérapie dernière génération. Le feu, symbolisé par le sauna finlandais où l’organisme se déleste de ses toxines. L’air, avec l’utilisation du bol d’air Jacquier qui permet de faire le plein d’oxygène en quelques minutes. Et enfin la terre, à travers les massages aux pierres chaudes ou aux compresses de boue médicinale (fango). A l’étage, une salle de méditation et deux petites pièces où un pôle d’acupunctrice, ostéopathe et psychologue diplômés d’Etat assure une prise en charge globale visant à harmoniser le corps et l’esprit. Et parce qu’une meilleure connaissance de soi est intimement liée à une meilleure connaissance du monde, le Jardin Intérieur accueille aussi des conférences et des rencontres artistiques.
Le taï chi chuan demande un minimum de persévérance, de patience et une certaine rigueur. La paix, la sagesse et la sérénité s’acquièrent tout au long du chemin.
Après 15 à 20 mn environ d’action, le corps et l’esprit sont obligés de se relâcher pour évoluer vers une méditation en mouvement. Il faut à peu près 4 ans de pratique pour jouer plus subtilement avec son système énergétique.
Les temps forts à venir •Les 13 et 14 avril : stage de massage interactif. Objectif : enclencher un processus d’autoguérison des tensions par la libération du mouvement spontané présent dans le système nerveux extrapyramidal. •Du 28 au 30 avril : stage de taï chi chuan. •Les 5 et 6 mai : portes ouvertes du Jardin Intérieur et colloque «Médecines quantiques, médecines énergétiques». •Du 22 au 24 juin : stage de massage tantrique. Objectif : remettre de l’ordre dans les centres énergétiques y compris par rapport à la sexualité. •Du 20 au 22 juillet : stage d’énergétique humaine et découverte de la formation Lemniscate Processus consistant à devenir son propre thérapeute en réactivant le mouvement vital et en retrouvant l’accès à son potentiel énergétique.
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© MARK MANDERS
AR T & EVENEM EN TS
Mark Manders, un artiste
donnant sa valeur au temps
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usqu’au 13 mai, la nouvelle exposition du Carré d’Art de Nîmes est consacrée à Mark Manders. Un artiste qui a exposé au MoMA de New York, à la Pinacothèque de Munich ainsi qu’au Carrillo Gil Museum de Mexico, et qui, mystérieusement en France, n’a convaincu que le FRAC Bourgogne à Dijon pour se porter acquéreur de l’une de ses œuvres. Heureusement pour notre région, c’est au Carré d’Art, à Nîmes, que revient le plaisir d’accueillir sa première exposition monographique dans l’Hexagone.
© MARK MANDERS
TEXTE HADRIEN VOLLE PHOTOS PEP IMAGIRA
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Son atelier, qui est aussi sa maison, est une immense usine désaffectée. Ci-contre : Still Life with Books, 2010, bois, résine époxy peinte, toile peinte, fer et impression offset sur papier, 247 x 170 x 100 cm. Hammer Museum, Los Angeles. Ci-dessus : vue de l’atelier avec les œuvres en cours de conception.
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Hésitation salutaire Manders est né à Volkel aux Pays-Bas en 1968. Il réside encore aujourd’hui dans ce pays. Son atelier, qui est également sa maison, est une immense usine désaffectée. Manders a mis du temps avant de se fixer à un médium artistique, hésitant, jusqu’à 18 ans, entre peinture, musique, sculpture et écriture. L’idée lui vient alors
Ramble Room Chair, 2010, bois, époxy peint, impression offset sur papier, chaise, 85 x 65 x 180 cm. Courtesy de l’artiste et Zeno X Gallery, Anvers
© MARK MANDERS
Le musée d’art contemporain de la ville a été dessiné par l’architecte anglais Norman Foster, à qui l’on doit entre autres l’hôtel de ville de Londres, la Russia Tower de Moscou et plus près de chez nous, le viaduc de Millau. Face à la Maison Carrée antique, cet écrin pour l’art, inauguré au début des années 1990, est un rectangle de verre de 2000 m2. Très lumineux, le bâtiment est construit autour d’une cour centrale, sorte d’atrium en résonance avec la Nîmes romaine dont l’âme habite toujours la ville. Françoise Cohen, la commissaire d’exposition, souligne que : « Mark Manders est une figure des artistes d’artistes, qui suscite de l’intérêt auprès de ses pairs. Pourtant il est encore peu connu auprès du public ». Aucune galerie n’a choisi de le représenter en France à l’heure actuelle. Une belle place à prendre ?
Le Carré d’Art de Nîmes, lumineux batiment contemporain accueille une exposition remarquable de Mark Manders en plus de l’exposition permanente.
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Le Carré d Art apparaît entre deux colonnes de la Maison Carrée erigée au premier siècle. Il est l’unique temple antique au monde entièrement conservé.
de mettre à plat son interrogation, en dessinant un plan sur le sol, comme l’aurait fait un architecte. C’est ainsi qu’apparaît sa première œuvre : « Inhabited for a Survey (First Floor Plan for a Portrait of the Artist as a Building) ». Avec elle, il a enfin une vue générale sur ses interrogations. La réponse lui vient naturellement : il délaisse l’écriture pour devenir l’artiste qu’il est aujourd’hui. Mark Manders débute sa carrière à la fin des années 1980. Trois axes le guident : tout d’abord, il fait le choix de travailler sur la représentation humaine. Peu d’artistes dans l’art contemporain lui donnent une réelle importance. Le travail du sculpteur est, en partie, basé sur les visages. En modelant ces statues pour leur donner un air “frais”, récent, comme si elles étaient en cours de séchage, il les rend “vivantes”. Il fait ainsi résonner son travail à la statuaire grecque archaïque, dont le rendu devait donner une impression de vie. On trouve également dans son œuvre des représentations d’animaux, telle « Abandoned Room, Constructed to Provide Persistent Absence » représentation de trois chiens allongés (dont deux sont recouverts de plastique). Sont-ils morts ou vivants ? Cela nous conduit à la seconde interrogation artistique de Manders : la relation entre la sculpture et la mort à travers les âges. Enfin, l’artiste entretient un rapport particulier à la machine : « cheminées, tuyaux, portes, vocabulaire de l’usine, chaque chose est reliée à une autre dans l’œuvre de Mark, comme pour ne faire qu’un seul bloc », explique Françoise Cohen. 74
Une interrogation sur l’humain « Certains critiques ont comparé son travail à des natures mortes», précise la commissaire. Autre résultante de cette réflexion artistique, la lenteur de certaines réalisations. Une œuvre commencée en 1992 peut être terminée en 2010. C’est le cas pour « Abandonned Room ». « Mark aime prendre le temps, il travaille d’après mémoire. Ses créations sont façonnées par le précieux passage des années », précise Françoise Cohen. Manders considère que le spectateur, face à une création, entre dans le cerveau de l’artiste. Ce qui explique la dénomination de certaines sculptures, notamment ses « Autoportraits » qui sont des visages de femmes. L’artiste s’y dévoile complètement, détaché de l’apparence physique L’exposition du Carré d’Art ira dans ce sens : laisser le public pénétrer l’intérieur de l’artiste. La première salle « sera une reproduction artistique de ce que peut être son atelier », nous apprend la commissaire. Cette installation, baptisée Mind Study, est un livre ouvert sur le désir de l’artiste. Cette initiative du Carré d’Art de Nîmes est une chance de découvrir un artiste passionnant, peu connu, mais qui ne laissera pas indifférent. Sites et coordonnées p 84
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Musique en Monuments
à Narbonne, quand la musique se mêle au patrimoine
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usique en Monuments est une saison de concerts accueillis entre les murs du Palais des Archevêques, joyau de la Narbonne médiévale. Un programme né de la volonté de l’équipe municipale, qui offre au public un samedi après-midi par mois de musique.
La musique transcendée par le lieu, le lieu transcendé par la musique.
TEXTE HADRIEN VOLLE PHOTOS LUCIE BIRAL
Une idée qui plaît Nicole Cathala, adjointe au maire déléguée à la culture, raconte : « Nous voulions que les Narbonnais s’approprient les plus beaux lieux de la ville. Dans un premier temps, nous organisions ces concerts dans la maison des Trois Nourrices, mais face au succès croissant, nous nous sommes concentrés sur le Palais des Archevêques, la maison étant devenue trop étroite !». La démarche s’inscrit également dans un désir de faire connaître les jeunes artistes locaux à la ville qui les a vus grandir. Nicole Cathala précise : «C’est aussi la possibilité donnée à des musiciens sortant du Conservatoire municipal et amorçant une carrière, de se produire chez eux». Ce fut le cas, en 2009, pour la mezzo soprano Clémentine Margaine, couronnée, en 2011, aux Victoires de la musique classique. Elle réside aujourd’hui à Berlin, et est membre de 76
la prestigieuse troupe du Deutsche Oper où elle terminera la saison dans le rôle-titre de la Carmen de Bizet. Une belle seconde moitié de saison A Narbonne, le reste de la saison est d’une grande richesse. Nicole Cathala aime à rappeler que : «La programmation peut être classique, jazz et même orientale. Nous essayons de satisfaire tout le monde». Romantisme et baroque le 31 mars avec Double Je, formation insolite, réunissant basson, trompette et piano qui se rencontreront dans de célèbres compositions, d’Albinoni et Schumann, ainsi qu’autour du concerto de Hindermith, œuvre rare méritant une attention toute particulière. Le 28 avril, autre belle union entre le compositeur baroque italien Scarlatti et le flamenco. Prouesse rendue possible par la claveciniste Catherine Latzarus et le BLEU MAGAZINE
La programmation peut être classique, jazz, et même orientale.
guitariste Marc Loopuyt, les deux musiciens ayant déjà expérimenté cette tentative en 2007 avec un enregistrement baptisé «Flamenco Barroco». Le 12 mai, place aux mandolines napolitaines et aux airs si populaires que sont, entre autres, «O sole mio» et «Funiculi, funicula». Enfin, le point de croix de cette saison finement brodée se fera à la Belle-Epoque. Un récital réunira le 2 juin, Vanessa Hidden et le pianiste Tristan Michel. Tous deux auront le plaisir à nous faire revivre les rengaines du Montmartre d’avant la Grande Guerre. «Les concerts ont lieu le samedi à 16h30, après les courses !», rassure, souriante, Nicole Cathala, et pour ceux qui craignent que ce soit long, «les concerts durent une heure quinze au maximum». Un temps pour prendre soin de ses oreilles tout en nourrissant ses yeux, et peut-être son âme...
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CULTURE ( S)
Musique, monuments et… vins !
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e Languedoc-Roussillon, riche d’une cinquantaine d’abbayes, inspire, depuis fort longtemps, des hommes épris à la fois de patrimoine, de musique et de la richesse locale : le vin.
La cathédrale d’Elne et l’abbaye de Saint-Génis-des-Fontaines font partie des monuments qui accueillent le festival.
TEXTE Olga O PHOTOS FREDERIC HEDELIN
Ainsi aujourd’hui, Bernard Soustrot, trompettiste de notoriété internationale, appuyé par Christian Bourquin, met en place un festival au programme attractif : le festival des Abbayes. Après quatre concerts de préfiguration en 2011, ce sont dix concerts qui vont être donnés, cet été, sur les cinq départements du Languedoc Roussillon, dans des lieux religieux ou de moindre importance mais tout aussi riches et puissants. Un orchestre : (les Cordes de France), composé d’une dizaine d’interprètes tous issus des conservatoires nationaux supérieurs de musique) ou des grandes écoles de musique. Un format adéquat qui s’adapte à la taille des divers lieux qui leur ouvrent les portes. Ces jeunes, qui ont entre 19 et 25 ans, suivent un parcours de perfectionnement, heureux d’être dirigés par de fameux musiciens. Le soliste de cette formation est Bernard Soustrot en personne. L’organiste titulaire est Jean Dekyndt, directeur du Conservatoire de Montpellier. Le répertoire proposé nous permettra de réviser nos classiques, avec les œuvres de Mozart, d’Elgar, de Mendelssohn, de Torrelli et de Bach. On se régalera également avec un concert
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« Orgue et trompette » et un concert « Chant et guitare », style renaissance. La conception du festival est simple et conviviale. Les concerts ont lieu à 19 heures, suivis de l’intronisation des musiciens par la confrérie viticole locale. La soirée s’achève systématiquement par la dégustation de crus locaux sous l’égide de Philippe Faure-Brac, sommelier de renom international (élu Meilleur sommelier du monde en 1992), qui nous intéressera à l’histoire de chaque région, de chaque cépage, et à l’art de déguster les vins. Voilà un festival qui se présente comme un efficace vecteur pour la promotion de la musique, du patrimoine, de la viticulture et de l’histoire du Languedoc-Roussillon. En juillet, demandez le programme ! Le 10 : Abbaye de Saint-Génis-des-Fontaines (P.-O.) Le 11 : Abbaye de Caune Minervois (Aude) Le 12 : Abbaye d e Saint-Papoul (Aude) Le 16 : Abbaye de Arles-sur-Tech ( P.-O.) Le 17 : Abbaye de Chartreuse-Valbonne (Gard) Le 22 : Abba ye de Quarante (Hérault) Le 23 : Cloître-Abbaye de Elne (P.-O.) Le 25 : Abbaye de Saint-Gilles (Gard) Le 26 : Cathédrale de Mende (Lozere)
LES SENTIERS GOURMANDS EN CLAPE VIGNERONNE La 9ème balade oeno-gastronomique « Les Sentiers Gourmands en Clape Vigneronne » se déroulera le dimanche 20 mai au départ de la cave La Vendémiaire à Fleury d’Aude. Le parcours de 6 km se déroulera entre petites parcelles de vignes et bosquets qui permettront de découvrir une autre facette du vignoble de La Clape. Les départs seront échelonnés de 10h30 à 14h. Le promeneur recevra un pochon pour glisser son verre à vin, les couverts, un livret de dégustation et enfin un chapeau de paille. Il s’engagera pour une balade ponctuée de 6 arrêts gastronomiques avec un menu proposé par Marc Schwall des Cuisiniers Cavistes à Narbonne. Près de 30 vins AOC Languedoc-La Clape seront présentés par les vignerons ou les caves coopératives. Les participants auront la possibilité d’acheter les vins dégustés en fin de balade. Le menu : Crémeux de choux fleur, coulis de crevettes au corail
Einstein on the Beach
Biréli Lagrène / Sylvain LucLe Théâtre de l’Archipel Perpignan Musique – guitares Le 17/04 à 20h30 Etourdissant, étincelants, ces improvisateurs hors pair se rencontrent une nouvelle fois après un premier album en 2000 (« Duet ») Robert Wilson - Philip Glass - Lucinda Childs Opéra Berlioz / Le Corum Montpellier Les 16/03 à 18h – 17/03 à 18h – 18/03 à 15h Opéra en quatre actes Textes de Christopher Knowles, Samuel L. Johnson et Lucinda Childs Créé le 25 juillet 1976 à Avignon Antoine Hervé et J ean-françois Zygel
Johann Sebastian Bach David Fray, direction Opéra Berlioz / Le Corum Montpellier Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon Les 25/05 et 26/05 à 20h30
Gâteau d’œuf aux morilles, vinaigrette au suc de viande, roquette et huile d’olive. Carré de saumon mi-cuit, haricot coco et fèves, jambon noir et basilic frais. Poitrine de cochon de Villemagnole caramélisée, jus à la sauge, pommes de terre Franceline aux oignons rouges et graisse de canard. Fromages. Sablé au beurre demi sel ganache chocolat blanc, framboises et pistache. Café.
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El Llac de les Mosquès Théâtre de l’Archipel Perpignan Danse Le 03/05 à 20h30 Spectacle intense et drôle à la fois, chargé d’énergie et de sensibilité, où la chorégraphe et danseuse Sol Pico explore son répertoire habituel entre humour, lecture croisées et musique live.
Concert d’improvisation à deux pianos Théâtre de NarbonneLe 10/03 à 20h45 Choc de pianos assuré ! Les biens connus Antoine Hervé et Jean-françois Zygel se livrent à leur exercice favori, l’improvisation, dans un duel frénétique Dambë Danse - Chorégraphie et danse Salia Sanou Théâtre de Narbonne Les 26/04 et 27/04 à 19h30 Dans ce spectacle intimiste, Salia Sanou se raconte et redécouvre pour nous l’univers des sensations de son enfance à Léguéma, son village natal. Le Suicidé Théâtre de l’Archipel Perpignan Les 20/03 et 21/03 à 20h30 Un homme réveille sa femme en pleine nuit parce qu’il a envie de saucisson. Le couple se dispute et le propos très vite s’emballe.
Conseils pour une jeune épouse Théâtre Jean Vilar Montpellier Les 03/04, 04/04, 05/04 et 06/04 à 20h Conseils pour une jeune épouse est une création de femmes, mise en scène par un homme, pour... tous les publics. Gérard Lenorman ZingaZanga Bézier Chanson française Le 14/04 à 20h30 Grace ZingaZanga Bézier Musique rock Le 22/05 à 19h, 23/05 à 20h30 et 24/05 à 19h Robert Plankett Théâtre de la Vignette Montpellier Mise en scène Jeanne Candel / Collectif La Vie Brève Théâtre Les 8/03 à 19h15 et 09/03 à 20h30 Robert Plankett est metteur en scène, personnage de théâtre et décédé prématurément à la suite d’un A.V.C.
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C U LTURE ( S)
Les 1000 et une feuilles De Jean-Louis Ferrer
Observer les oiseaux en Camargue Michel Gauthier-Clerc Delachaux et Niestlé (15 €)
Montpellier International Business Incubator Margot Guislain Archibooks (12,90 €) Le Montpellier International Business Incubator (MIBI) est « LE » nouveau centre d’affaires de la capitale régionale. Sa vocation : être le point d’accueil des entreprises françaises ou étrangères en Languedoc-Roussillon. MIBI est aussi un bâtiment spectaculaire, un énorme triangle sur trois niveaux de verre et d’acier... Une œuvre architecturale respectueuse de toutes les règles environnementales, signée Emmanuel Nebout. Un livre qui prouve aussi que l’architecture est bien un art à part entière.
Une herbe pousse Michel Arnaudiès Balzac Editeur (16 €) Cet éditeur situé à Baixas donne la parole à des auteurs rares et sensibles, comme le Catalan Michel Arnaudiès. Son dernier roman nous entraîne à Céret où il présida longtemps l’association des Amis du Musée. Son héros est tellement proche de lui ! La tête dans les nuages, mais avec les pieds sur terre, poète et peintre. Un héros qui tente de s’éloigner de la réalité en fuyant son village et ses rumeurs, ses faits divers, tout en essayant de s’en sortir la tête haute.
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La passion du savoir-faire (Col. Pierre Hénin) Jacques-Olivier Durand et Marcel Lescroart Editions Atelier Baie (55 €) Depuis plus de 45 ans, Pierre Hénin collectionne les outils qui ont rythmé, au fil des siècles, la vie des hommes, de leur naissance à leur mort. Une collection qui rassemble plus de 10 000 pièces et qui sort de l’ombre une centaine de métiers souvent oubliés. Au travers de ces 1 000 outils, Jacques-Olivier Durand et Marcel Lescroart racontent aussi l’aventure d’un homme passionné. Un livre sublime illustré par quelque 400 clichés du photographe écossais, Ray Wilson.
Carte du Languedoc-Roussillon 2012 Editions Michelin (6,65 €) Même à l’heure du GPS et autres détecteurs de radars, la carte Michelin reste l’instrument indispensable pour découvrir une région en toute sécurité, jugez plutôt… Côté nouveautés, une carte 2012 indéchirable et imperméable, un plan précis de Montpellier et des alertes pour indiquer, l’air de rien, les zones nécessitant une vigilance accrue des conducteurs : fortes pentes, parcours difficiles, sans oublier les zones de contrôle de vitesse renforcées... Décidément, Bibendum a plus d’un tour dans son sac !
Michel Gauthier-Clerc est l’un des meilleurs spécialistes des oiseaux sauvages. Destiné au public comme aux ornithologues, son livre offre des informations détaillées pour observer les animaux ainsi que sur les sites d’observation, des analyses sur les espèces et des propositions de circuits. L’auteur donne aussi les bonnes adresses pour être hébergé, se restaurer ou se déplacer. L’ouvrage est agrémenté d’une riche iconographie, d’un tableau complet des oiseaux de Camargue et de leur présence au fil des mois.
La cuisine des pays cathares Francine Claustres Sud Ouest Éditions (13,90 €) La cuisine des pays cathares recèle des recettes variées et raffinées, à l’image de la culture de cette région. Francine Claustres est une passionnée de cuisine de terroir. Pour elle, celle des pays cathares se définit par ses paysages et ses climats différents. Des Pyrénées, à la plaine du Lauragais en passant par le bord de mer, de la graisse d’oie à l’huile d’olive, les spécialités et leurs ingrédients forment une riche palette de saveurs.
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Un guide pratique et léger qui vous permettra d’identifier facilement la flore en parcourant la montagne. Cette convivialité de lecture grâce à : • Une classification simple et originale par couleur des fleurs rencontrées • Une illustration riche • Des pictogrammes permettant immédiatement de savoir si la plante est : médicinale, toxique, comestible, protégée, menacée • Une carte du Parc au début de l’ouvrage précisant les écosystèmes présents. Ouvrage créé en collaboration avec le Parc Naturel Régional des Pyrénées Catalanes
EN VENTE A PARTIR DE FIN MAI DANS TOUTES LES LIBRAIRIES ET MAISONS DE LA PRESSE
Sites et Coordonnées Villa Juliette Villa Tempora Chemin de la Faissine 34120 Pezenas Tél. :67 35 25 38 Riberach Hôtel Cave Restaurant 2a, route de Caladroy - 66720 Bélesta Tél. : +33(0)4 68 50 30 10 site : www.riberach.com Studio d’architecture Philippe Dubuisson 23 rue Joseph Coma 66100 Perpignan Tél. : 04 68 66 80 64 http://www.philippe-dubuisson-architecte.com L’Arsoie Route de Saint Roman de Codières 30440 Sumène www.cervin-store.com Olivier Marchand Tél : 06 35 34 07 98 www.laforgedesanquenbea.book.fr Frédéric Becker, Luthier archetier 6 rue Boussairolles 34000 Montpellier Tél. : 04 67 58 79 19 www.luthier-becker.com
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La Costumerie Showroom Atelier 4 bis, bd Marceau 66300 Thuir Tél. : 04 68 53 36 26) lacostumerie.over-blog.com O Mil’Yeux Place Saint Côme, 34000 Montpellier Tél. : 04 67 63 51 67 omilyeux.com et www.brunochaussignand.com Le Jardin intérieur. ZA de la Ponche 30320 Marguerittes. Tél. : 04 66 26 16 83/06 48 35 35 47 www.jardin-interieur-nimes.com
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Carré d’Art 16 place de la Maison Carrée 30000 Nîmes Tél. : 04 66 76 35 70 Octopus 12, rue Boieldieu 34500 Béziers Tél. : 04 67 49 90 00 www.restaurant-octopus.com restaurant-octopus@orange.fr
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