Magazine Strøm - Édition Automne / Hiver 2023

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NUMÉRO DIX-SEPT AUTOMNE–HIVER 2023-2024 C E N T R É S U R L’ É Q U I L I B R E ARCHITECTURE N AT U R E SANTÉ HOLISTIQUE


Crédit photo : Flore Tellier

l’hiver est magique

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23 Nov. - 23 Déc. Marché de Noël allemand de Québec 28-31 Déc. Festivités du Nouvel An sur Grande-Allée 02-11 Fév. Carnaval d’hiver de Québec et course en canot à glace Mi-Fév. - Mi-Mars Village Nordik - Port de Québec 17-25 Fév. Pentathlon des neiges Hôtel Nomad a été certifié en 2023 Biosphère Sustainable lifestyle pour hôtels et entreprise carboneutre (scope 1+2)

Crédit photo : Mélanie Jean Photographe

+1 (418) 694-1884 - www.hotelnomad.ca


MAGAZINE

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Dans ce numéro ARCHITECTURE

De la nécessité du sanctuaire, par Hugues Lefebvre-Morasse

10 — 13 I N S P I R AT I O N

L’art comme refuge : Entretien avec Anaïs Barbeau-Lavalette

14 — 17 MONDE

Périples sacrés, par Franck Laboue

18 — 21 SOCIÉTÉ

Réputé silencieux : Entretien avec Olivier Niquet

22 — 36

Le langage des gens du Nord : Entretien avec Daniel Chartier Sans l’ombre d’un regret : Entretien avec sœur Lise Tanguay

SANTÉ HOLISTIQUE 42 — 51

Gua sha : Une technique ancestrale Strøm spa nordique Saint-Sauveur : D’une maison privée à un spa d’envergure

B I E N - Ê T R E AU T R AVA I L

La reconnaissance au travail : Créatrice d’élan naturel, par Julie Tremblay-Potvin

58 — 60 C U LT U R E

Le silence, par Joannie Roberge

62 — 63 À TA B L E

Recette : Cake salé au saumon fumé, par Kevin Lafrenière

64 — 75

À table en Italie, par Emiko Davies Les métiers du vin, suite, par Stéphanie Dupuy

Guillaume Lemoine

Sarah Lamarche

Impression

Président

Directrice artistique

Imprimerie Solisco Inc

Emilie Lefebvre-Morasse

Bianca Des Jardins

Vice-présidente marketing et ventes, rédactrice en chef

Photographe

Ventes publicitaires Christine Mailloux, cmailloux@stromspa.com 514 761-7900, poste 4304

Arianne Filion

Catherine Gaudet

Pour collaborer au contenu Arianne Filion, afilion@stromspa.com

Rédactrice en chef adjointe

Réviseure linguistique

Geneviève Dion

Gaëlle Meslin

Directrice principale, marketing et ventes

Réviseure linguistique

Myriam Dumont

Pierrette Brousseau

Directrice marketing

Réviseure linguistique

Sarah-Maude Dalcourt

SLRR Cabinet de traduction

Directrice Production et marque

Traduction

Éditeur Strøm spa nordique 1001, boul. de la Forêt L’Île-des-Sœurs (Québec) H3E 1X9 Dépôt légal — ISSN 2369-5897 Bibliothèque nationale du Canada et Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Les opinions émises dans les articles du Magazine Strøm n’engagent que les auteurs. Les disponibilités, millésimes et prix mentionnés dans le magazine peuvent être modifiés sans préavis. Toute reproduction, en tout ou en partie, est interdite sans la permission de Strøm spa nordique. Tous droits réservés. Poste publication — 42293512

D O S S I E R S T H É M AT I Q U E S

MAGAZINE STRØM

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N O S CO L L A B O R AT E U R S

Depuis ses débuts, le Magazine Strøm a l’immense privilège de collaborer avec des experts de tous les horizons pour la rédaction des articles qui le composent. Avec grande générosité, ils nous livrent leur savoir et partagent leur point de vue, certains de saison en saison, d’autres de façon ponctuelle. C’est avec beaucoup de fierté que nous vous invitons à les découvrir juste ici.

MAGAZINE STRØM


S T É P H A N I E D U P U Y Décrocher son pre-

E M I KO DAV I E S Emiko est une autrice de

F R A N C K L A B O U E Natif de Bretagne, Franck est un éternel curieux. Conseiller spécialiste chez Voyageurs du Monde, il a fini par poser ses valises au Québec. Il écrit pour le magazine depuis près de cinq ans.

K E V I N L A F R E N I È R E Kevin est le sous-

JOANNIE

J U L I E T R E M B L AY- P O T V I N Passionnée

mier emploi à la SAQ lui aura vraiment donné la piqûre ! Plusieurs formations et 18 ans dans l’industrie du vin plus tard, Stéphanie aime boire le vin, le partager et surtout, en parler ! La sommelière écrit pour le Magazine Strøm depuis 2008.

R O B E R G E D iplômé e en philosophie et en rédaction professionnelle, Joannie se spécialise en édition littéraire avant de fonder La Bonne Mine, une boîte d’évaluation de manuscrits et d’ateliers d’écriture.

livres de cuisine australo-japonaise ayant reçu de nombreux prix. Elle vit en Toscane avec son mari et ses deux enfants, où elle offre des ateliers de cuisine.

chef exécutif des restaurants du Strøm spa nordique, où produits locaux, ingrédients de saison et saveurs d’inspiration nordique se réunissent pour donner lieu à une expérience gastronomique mémorable.

de l’humain, des organisations et des nouveaux modèles, Julie est cofondatrice et présidente de l’entreprise De Saison – Art de vivre et de travailler.

H UGUES LEFE BVR E - M O R A SSE Designer montréalais, Hugues se spécialise dans l’architecture et le design urbain. Fidèle collaborateur du Strøm spa nordique, il écrit également pour le magazine depuis de nombreuses années.


Chers lecteurs, C’est avec beaucoup de fébrilité que nous vous recevons depuis le début de l’automne 2023 dans nos nouvelles installations situées près de Saint-Sauveur. Cinq ans après l’ouverture de la station thermale dans le Vieux-Québec, nous sommes fiers de pouvoir enfin vous accueillir dans un cinquième établissement signé Strøm. Cette inauguration a une signification toute particulière pour nous, puisque nous nous déposons sur les lieux du premier spa nordique au Québec. En 2022, nous avons fait l’acquisition du Polar Bear’s Club et du Bagni Spa Station Santé, situés de part et d’autre de la majestueuse rivière à Simon, au cœur des Laurentides. C’est sur le site du Polar Bear’s Club qu’il y a plus de 60 ans, le cycle thermal a commencé à être pratiqué au Québec, grâce à la proximité entre le sauna au bois qui y avait été construit et la rivière. Quelques décennies plus tard, la thermothérapie y est toujours aussi vivante et aimée.

En adéquation avec notre mission, nous souhaitons faire évoluer ces lieux de détente déjà fort appréciés et reconnus afin d’y offrir une expérience encore plus complète. La construction de ponts liant les deux rives permettra notamment aux visiteurs de profiter d’un parcours thermal immersif. L’ajout de services, d’expériences et de notre offre gastronomique contribuera également à bonifier le moment de détente de chacun et chacune. En effectuant cette modernisation, nous désirons perpétuer les valeurs Strøm, mais aussi honorer la tradition et célébrer la mémoire de ceux ayant fait rayonner la thermothérapie au Québec pour la première fois. Parce que la proximité du bâti et de la rivière est un atout exceptionnel, nous porterons un grand soin à la mise en valeur de la nature environnante, dans le respect de l’histoire du lieu. Nous sommes également ravis que l’équipe extraordinaire jusqu’alors en place demeure et intègre la grande famille Strøm.

Photo : © Bianca Des Jardins

UN MOT DU PRÉSIDENT

À 45 minutes de Montréal, Strøm SaintSauveur est, comme nos autres établissements, situé à proximité des centres urbains, en plein cœur de la nature. Les Laurentides étant la troisième région touristique en importance au Québec, nous espérons que l’établissement desservira aussi bien une clientèle locale que des visiteurs venus des quatre coins du pays et de l’international. Nous vous convions dès maintenant à venir découvrir ou redécouvrir cet endroit où nature et bien-être ne font qu’un, sur les berges de l’inoubliable rivière à Simon.

Guillaume Lemoine Président


Pèlerinage intérieur Depuis des générations, l’humanité a ressenti le besoin viscéral de se tourner vers des lieux de réflexion, d’introspection et de connexion avec le divin. Des enceintes sacrées des églises aux retraites au cœur de la nature, des spas luxueux aux espaces de méditation, tous ont pris leur place parmi nos écrins spirituels. Au fil du temps, nous avons assisté à une transformation sociale à travers la métamorphose subtile des lieux où nous nous recueillons. Nous avons découvert que ces endroits transcendent les cultures et ne se limitent pas aux murs saints. Derrière cette (r)évolution évidente se cache une vérité profonde : l’origine de notre voyage intérieur ne réside pas dans le lieu lui-même, mais en nous. Les sanctuaires modernes offrent une trame de fond, un contexte propice à la contemplation, à l’apaisement de l’esprit agité et à la connexion avec soi. Ils nous enveloppent de calme et de beauté, nous invitant à ralentir et à nous recentrer. Parfois, il suffit de définir un espace, de nous synchroniser avec ce qui nous entoure, de changer les perspectives. D’adopter plus souvent cet état d’esprit qui est propre au voyage et qui parle d’ouverture, d’attention, d’émerveillement et du moment présent. Un rituel qui doit être rétabli pour nous rappeler d’accorder à notre voix intérieure le temps et l’attention qu’elle mérite. C’est un acte d’amour envers nous-mêmes, une démarche pour comprendre notre essence et notre place dans le monde. Ce numéro est une exploration riche et variée de la thématique de la quête d’équilibre. Des récits d’églises, de forêts, d’art, de silence et de guérison qui nourrissent l’âme, le corps et l’esprit. Avec toute notre bienveillance, Emilie Lefebvre-Morasse et l’équipe éditoriale

UN MOT DE L A RÉDACTION

« Le véritable voyage, ce n’est pas de parcourir le désert ou de franchir de grandes distances sousmarines, c’est de parvenir en un point exceptionnel où la saveur de l’instant baigne tous les contours de la vie intérieure. » – Antoine de Saint-Exupéry


De la nécessité du sanctuaire Par Hugues Lefebvre-Morasse, designer de l’environnement La relation qu’entretient la société québécoise avec les religions est on ne peut plus particulière. Les églises qui se dressent fièrement dans notre paysage témoignent de la ferveur spirituelle qui animait autrefois les communautés. Cependant, avec la Révolution tranquille, le Québec a connu une transformation sociale majeure, et les anciennes pratiques religieuses ont perdu de leur emprise sur la société, laissant place à une quête de nouveaux repères et à une émergence de valeurs laïques. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une situation où de nombreuses églises catholiques sont menacées de démolition, leurs murs chargés d’histoire témoignant de la transition profonde d’une société. Dans ce contexte, la nécessité des sanctuaires devient plus importante que jamais, tant pour préserver notre patrimoine architectural que pour répondre aux besoins spirituels de notre époque. Quels sont les espaces sacrés d’aujourd’hui, quelles pratiques occupent ces lieux, quelles motivations habitent les gens en quête de spiritualités nouvelles?

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Comme l’ont si bien dit les historiens de l’architecture Luc Noppen et Lucie K. Morisset, au Québec, « nos églises sont nos châteaux ». Cette citation met en lumière la valeur unique que revêtent les églises dans la province. Alors qu’en Europe, les joyaux architecturaux sont des résidences privées, au Québec, ce sont nos églises, espaces collectifs et communautaires, qui portent cette distinction. Ces lieux de recueillement, avec leur architecture soigneusement conçue, jouent un rôle crucial pour élever le corps, le cœur, l’âme et l’esprit. Ils représentent non seulement des structures physiques, mais aussi des lieux où l’histoire, la spiritualité et la communauté se rejoignent. En explorant l’importance des sanctuaires dans notre société contemporaine, on met en évidence à la fois les anciens sanctuaires qui doivent se réinventer, et les nouveaux, qui offrent des expériences spirituelles renouvelées. Alors que nous réfléchissons à l’avenir de nos églises au Québec, il devient essentiel de trouver des moyens de transformer ces anciens sanctuaires en espaces qui répondent aux besoins actuels. Que ce soit par la réutilisation créative des structures existantes ou par la création de nouveaux bâtiments, il est important d’explorer des possibilités novatrices pour les formes de spiritualité contemporaines.

ARCHITECTURE


La bibliothèque Monique-Corriveau, à Québec Photo : © Stéphane Groleau

D E S E S PACE S À R EQ UA L I F I E R , D E S VO C AT I O N S CO N S E R V É E S

Au Québec, le patrimoine bâti religieux offre un parc immobilier propice à la réinvention de la spiritualité au-delà des pratiques traditionnelles. Les églises trouvent aujourd’hui de nouvelles vocations qui leur permettent de continuer à jouer un rôle central dans la vie de la communauté. Leur architecture, empreinte de symboles et de majestuosité, contribue à élever nos sens et à nous connecter à des dimensions spirituelles plus profondes. Détachées de la religion, les églises offrent toutefois encore des espaces propices à la communion, au recueillement, à la réflexion et au soin, tout en s’inscrivant dans la lignée du service à la communauté. Un exemple concret est celui du Théâtre Paradoxe, dans le sud-ouest de Montréal. Géré par un organisme culturel qui fait aussi de la réinsertion sociale, cet espace sacré a été réinventé pour accueillir des évènements. Avec sa grande salle à l’acoustique impeccable, le théâtre offre une communion de groupe, où les individus peuvent se rassembler, partager des émotions et expérimenter une forme de transcendance collective grâce

à la musique. Cette réutilisation créative de l’architecture religieuse maintient une vocation communautaire et permet de nourrir l’âme à travers l’art devenu spiritualité. On dit souvent des bibliothèques qu’elles sont des sanctuaires de savoir et de littérature. C’est d’autant plus vrai lorsqu’elles s’installent dans d’anciennes églises. La bibliothèque Monique-Corriveau, à Québec, et la chapelle des Sœurs-Grises récupérée par l’Université Concordia, à Montréal, en sont des exemples significatifs. Les lieux ont été transformés en aires de sérénité, offrant aux visiteurs un environnement propice au travail intellectuel, à la réflexion et à la contemplation. Les lignes élégantes et les espaces apaisants de l’architecture d’origine ont été sauvegardés, créant ainsi des espaces qui nourrissent notre être tout en préservant le silence et la tranquillité inhérente des lieux. Les visiteurs peuvent ainsi trouver la quiétude nécessaire à leur recueillement.

ARCHITECTURE

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Enfin, Le Monastère des Augustines propose un exemple inspirant de réutilisation d’un couvent comme lieu de soins et de bien-être. Transformé en établissement d’hébergement, il offre aux visiteurs une expérience holistique de ressourcement et d’introspection. Les espaces réaménagés, en harmonie avec l’architecture d’origine, offrent des environnements propices à la relaxation et à la connexion intérieure. Communion par l’art, sérénité du silence ou encore retraites de ressourcement... Ces exemples de reconversion témoignent de la richesse et de la diversité des possibilités offertes par l’architecture religieuse au Québec. Ils illustrent comment les endroits dédiés à la spiritualité peuvent évoluer pour répondre aux besoins contemporains, tout en préservant leur essence sacrée et en offrant des expériences renouvelées aux individus en quête de sens. POUR DE NOUVELLES FORMES DE SPIR ITUALITÉ

Outre la transformation des églises d’antan, nous observons aussi la création de nouveaux types de sanctuaires qui répondent aux besoins spirituels émergents. Ceux-ci relatent l’importance de l’architecture et des lieux sacrés au-delà des dogmes religieux. L’espace de méditation de l’UNESCO à Paris, conçu par l’architecte renommé Tadao Ando, en est un exemple évocateur. Sa conception minimaliste crée une atmosphère apaisante propice à l’élévation de l’esprit et à la recherche de la paix intérieure. Les lignes épurées, les jeux de lumière subtils et les matériaux soigneusement sélectionnés favorisent la contemplation et invitent les individus, quelles que soient leurs croyances, à se connecter à leur essence profonde. Cet espace sacré inclusif souligne le rôle essentiel que l’architecture joue dans notre quête de spiritualité, transcendant les frontières culturelles et religieuses. Il permet de souligner l’importance universelle des sanctuaires, qui peuvent aujourd’hui prendre une multitude de formes.

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S E R É A P P R O P R I E R L E S S A N C T UA I R E S

Devant la disparition progressive des anciennes pratiques religieuses et à la nécessité de renouveler nos façons de pratiquer la spiritualité, il est crucial de reconnaître l’importance des sanctuaires dans notre société moderne. Malgré notre détachement de la religion, les espaces spirituels continuent de jouer un rôle essentiel en offrant des lieux d’introspection et de connexion à quelque chose de plus grand que soi. Parfois, ces lieux prennent des formes surprenantes. Si certains préfèrent ceux empreints d’une majestuosité comme nos anciennes églises, d’autres trouvent aussi cette connexion spirituelle et ce réconfort dans la nature. La spiritualité peut aussi vivre à travers les traditions et les rituels que l’on pratique avec nos proches, et le sanctuaire deviendra dès lors l’endroit où nous prenons simplement le temps d’être ensemble pour vrai. En somme, la préservation et la création des sanctuaires, qu’ils soient anciens ou nouveaux, religieux ou non, ne se limitent pas à une question architecturale, mais s’étendent à la valorisation de leur vocation et de leur utilisation. Ce sont des espaces qui nous nourrissent, qui nous connectent à une dimension plus profonde de notre être et qui renforcent les liens qui nous unissent en tant que communauté. En prenant soin de ces sanctuaires et en veillant à leur évolution en harmonie avec notre époque, nous préservons notre héritage culturel tout en créant des lieux où tous et toutes peuvent continuer de développer spiritualité et bien-être.

ARCHITECTURE

La spiritualité peut aussi vivre à travers les traditions et les rituels que l’on pratique avec nos proches, et le sanctuaire deviendra dès lors l’endroit où nous prenons simplement le temps d’être ensemble pour vrai.


Le Monastère des Augustines, à Québec Photo : © Le Monastère des Augustines

ARCHITECTURE

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Photo : © Eva-Maude TC


L’a r t com me ref uge Entretien avec A naïs Ba rbeau-Lava lette Anaïs Barbeau-Lavalette est scénariste, réalisatrice et romancière. Elle est également cofondatrice, avec l’écosociologue Laure Waridel, de Mères au front, un mouvement qui rassemble des mères et des grand-mères, et qui a pour but la protection de l’environnement et de l’avenir de leurs enfants. Engagée et inspirante, elle nous partage le fruit de sa réflexion sur son processus créatif, et sur la place des rencontres qui transforment.

ANAÏS BARBEAUL AVA L E T T E

Bonjour, Anaïs. Que pourriez-vous nous dire sur le rôle que joue le récit dans votre vie ? « D’abord, comme lectrice, les fictions, les essais ont comme effet de m’élargir, de me rendre plus vaste. Ce sont des révélateurs de portes que j’ai à l’intérieur de moi, mais dont j’ignore jusque-là l’existence. Certaines lectures viennent donner un coup de pied dans une porte, ou en ouvrir d’autres délicatement, dépendamment de la lecture et du type de plume. Il y a des bouts de moi, jusqu’alors en dormance, qui sont révélés par la fréquentation de certaines voix. Ça, j’aime ça. Ça me fait ça aussi quand je rencontre des gens uniques, dans le sens où la rencontre d’une œuvre peut facilement être comparée à la rencontre de quelqu’un de singulier. Ces rencontres peuvent être marquantes, influencer ma trajectoire de vie, si je m’y ouvre et que je me laisse y être poreuse. En tant qu’autrice, évidemment, mon travail naît d’un désir de raconter une histoire. Et peu importe ce que je raconte, je choisis toujours avec soin mes sujets, parce que je sais qu’ils vont m’habiter d’une façon profonde et durable. Je n’écris pas un livre en une semaine, ni un scénario d’ailleurs, alors je pense mes sujets en sachant que nous cohabiterons longtemps. C’est toujours particulier de parler de l’état de création, parce que c’est tellement fragile et intime. C’est sans doute une disposition très rare, une qualité de présence, encore là, très rare, très vulnérabilisante. Ça demande une ouverture entre soi et soi, sans défense, qui n’arrive pas souvent dans le monde ordinaire. Au quotidien, on est rarement aussi directement branché sur son essence. C’est ce qui rend l’écriture précieuse et particulière : l’état d’écriture, surtout littéraire, qui ne ressemble à à peu près rien d’autre. »

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Quels sont, pour vous, les éléments essentiels à l’atteinte de cet état d’écriture ? « Ce n’est pas quelque chose qui peut se forcer. En revanche, il y a naturellement des dispositions favorables. Pour écrire un roman... je fais la distinction, parce qu’il y a quelque chose de plus mathématique, de beaucoup moins intime dans l’écriture d’un scénario. Ça ne veut pas dire que c’est plus facile à écrire, mais disons que je n’ai pas besoin de la même introspection. Donc, pour écrire un roman, normalement, il faut que je m’isole. Je vis très entourée, j’ai trois enfants, mon chum est travailleur autonome, on n’a pas d’horaires fixes, donc il faut tricoter des petites alcôves de temps. J’aime provoquer des résidences d’écriture où je m’extrais de ma vie habituelle, souvent à la campagne. Récemment, j’ai pris l’habitude d’aller écrire près du fleuve, parce que le fleuve Saint-Laurent m’inspire, même si ce n’est pas nécessairement sur lui que j’écris. Sa présence me nourrit beaucoup, de plein de façons. Quand je m’isole, je n’ai pas absolument besoin d’être seule ; je peux être entourée de d’autres qui ont le même désir de créer. Ce qui compte est le silence, pour être vraiment juste entre soi et soi. On peut être dix dans la même maison ; chacun se lève tôt et entre en création en préservant sa petite bulle, puis on se retrouve après pour échanger. La nature m’est aussi essentielle. Sans doute parce que j’ai une vie urbaine super animée avec beaucoup d’amis et beaucoup de vie autour de moi. Je pense que c’est une histoire de contrastes. »

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Justement, vous mettez souvent de l’avant, dans vos romans, des sujets qui s’opposent : la mort qui fait partie de la vie, le besoin de fuir ou de rester, l’extraordinaire dans l’ordinaire. Le faites-vous de façon volontaire ? « J’aime bien réfléchir à l’humain dans ses extrêmes. J’ai l’impression que souvent (et je m’inclus là-dedans), on prend un raccourci et on se définit d’une seule couleur, alors que je pense qu’on est beaucoup plus complexes que ça. Nos extrémités se révèlent par rapport à ce qu’on rencontre. Il faut donc se permettre de rencontrer des matières, des langages, des œuvres qui nous bousculent et qui nous amènent dans un extrême ou dans l’autre. Ce serait vraiment plate de se résumer soit à la douceur, soit à la sauvagerie... Ce qui est magnifique, dans l’être humain, c’est qu’on est habité de tous ces extrêmes-là, et souvent, quand on écrit, on est poussé à réfléchir à tout ça. Si j’écris Femme forêt ou Femme fleuve, je me rends rapidement compte que la beauté, ce n’est pas juste doux et apaisant, c’est aussi tragique et violent. Ce que je trouve extraordinaire, dans la petite enfance, c’est qu’elle n’est pas juste réconfortante, elle est brutale, cette petite vie naissante-là me ramène directement à la mort. Tout ça me fait prendre du recul sur la condition humaine, et je trouve ça fascinant de la regarder à travers tous ces spectres. » La liberté est un sujet qui domine aussi vos récits. Parmi les métiers que vous exercez, l’un vous fait-il sentir plus libre que les autres ? « L’écriture est le métier où je me sens le plus libre. C’est particulier, mais je me fais presque une obligation de liberté en écriture. Ça fait vraiment partie du plaisir, depuis le début. Même si j’ai écrit des choses qui pouvaient être difficiles, par exemple dans la Femme qui fuit [NDLR : le roman retrace le récit de Suzanne Meloche, sa grandmère, qui a abandonné ses enfants lorsqu’ils étaient très jeunes]. Je tiens toujours à avoir un réel plaisir à écrire, et une réelle liberté à plonger les mains, oui dans le réel si le réel m’inspire, mais à me nourrir totalement et librement de mon imaginaire et de ce que la vie m’inspire. Quand tu écris un livre, c’est à la fois le plus grand risque, parce qu’il n’y a rien pour te couvrir, c’est toi et tes mots, mais c’est aussi la plus grande liberté. »

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Vous avez commencé à écrire des romans plus tardivement dans votre carrière. Comment cela est-il arrivé ? « J’écris depuis que je suis toute petite. J’ai toujours aimé écrire, mais vraiment pour le plaisir. Mon métier principal avait toujours été, jusqu’à tout récemment, cinéaste. Dernièrement, je dis que j’ai deux métiers, mais c’est récent que je l’assume. C’est tellement un immense cadeau que je sois lue, que les gens soient reconnaissants et qu’ils cueillent mes mots, qu’ils me comprennent et qu’ils me suivent où j’ai envie de les amener. Il y a quelque chose de bouleversant là-dedans, parce que j’ai besoin d’écrire, donc j’écrirais même si je n’étais pas lue. Mais de savoir qu’en plus, ces mots-là peuvent raisonner et s’inscrire chez les lecteurs, que ça fait bouger certaines choses en eux... Les plus grands et les plus bouleversants témoignages que j’ai reçus, c’est après des livres plus qu’après des films, alors que j’adore aussi mon métier de cinéaste. Bref, j’ai l’impression d’être encore naissante comme autrice, alors que je suis dans un chapitre, je dirais, plus mûr dans mon cinéma. » Comment entrevoyez-vous la suite des choses ? « J’ai besoin de faire les deux, ce qui est assez magnifique. Ce n’était pas calculé, mais les deux se nourrissent l’un l’autre. Après avoir traversé l’immense tempête qu’est un film, qui est une grosse aventure, galvanisante, chargée... ce qui m’aide à me retrouver et à recoller celle que je suis rendue (parce que je pense qu’on se transforme, d’une aventure créative à l’autre), c’est l’écriture. L’écriture me permet cette introspection-là, de me re-rencontrer à chaque fois. C’est super sain, j’aime vraiment ça, donc je crois que je n’arrêterai jamais ni un, ni l’autre. C’est un jeu d’équilibre intime, personnel, et même créatif. Les murs que je rencontre dans les films me servent de leçons dans l’écriture par la suite, et vice versa. »

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UN VIN DU DOURO À PARTAGER



Périples sacrés Par Franck Laboue, Voyageurs du Monde Ils m’appelaient « le bedeau » en Beauce. J’étais un vrai rat d’église, un passionné du patrimoine religieux. Les lieux saints ont cette énergie invisible, ce magnétisme indéfinissable qui m’attire vers eux. Pourtant, comme beaucoup de personnes de ma génération, je n’ai pas grandi dans la foi, avec comme seul bagage mon baptême en poche. Alors que les églises ferment ou se voient transformées, notre rapport au sacré se voit bousculé. L’héritage de nos ancêtres, leur foi qui a fait déplacer des montagnes dans l’adversité, tout cela se retrouve dans chacune de nos églises... C’est peut-être vers eux que se dirigent nos émotions. Deux millénaires plus tard, il y a un peu de nous dans chaque clocher. UNE VISION DIFFÉRENTE DES LIEUX SAINTS

Après avoir quitté le granit des églises de ma Bretagne natale, je me suis vu déambuler avec incrédulité au sein des églises chauffées du Québec. Un paradoxe quand je repense à l’humidité froide des pierres sacrées du Finistère. Si notre patrimoine religieux provincial est regardé au passé, chaque projet de voyage à l’étranger comportera cet attrait indescriptible vers notre socle commun. Dévot, croyant ou simplement laïc, nos escapades sont saupoudrées de lieux chrétiens majeurs, pour la plupart véritables chefs-d’œuvre architecturaux. Personnellement, j’ai été ému dans la vieille ville de Jérusalem, arpentant avec des inconnus la Via Dolorosa, le chemin qu’aurait emprunté Jésus jusqu’à sa crucifixion. Arrivé au Saint-Sépulcre, avec ses siècles de dévotion gravés à ses murs, il était difficile de rester insensible à l’électricité des lieux. Peut-être était-ce l’odeur de l’encens qui m’enivrait, ou tout simplement la symbolique de ce site gorgé de piété. J’ai eu le tournis à Florence et à Sienne, là où le beau a eu raison de mes dernières barrières. Le surréalisme de Gaudi enchante et renverse chaque visiteur à Barcelone, où la beauté du sacré s’est construite sur plusieurs siècles, démontrant que la foi des hommes est pleine de ressources insoupçonnées. Du gothique de Cologne au modernisme tropical des cathédrales de Rio de Janeiro, je suis un voyageur enchanté : je me sens toujours un peu chez moi passé le seuil d’une église, comme si un cordon ombilical invisible nous liait, elle et moi.

L’Inde et ses joyaux architecturaux Photo : © Bianca Des Jardins

Santa Maria del Fiore, à Florence Photo : © Sarah Lamarche

MONDE

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À L A R E N C O N T R E D E S A U T R E S C R O YA N C E S

Insatiables curieux, la foi des autres remet en question la nôtre, notre vide spirituel. Peut-on vivre sans ce morceau d’âme dans le monde d’aujourd’hui ? On ira se questionner, en partageant le repas du shabbat dans la communauté juive, en Israël notamment. Au-delà de la symbolique religieuse, le jour du shabbat est aussi l’occasion de se réjouir en famille, de vider son esprit des soucis et considérations matérielles, pour se plonger dans l’étude de la Torah et accueillir dans sa maison le bien-être du shabbat. Peut-être irons-nous nous dépayser en Inde à Bénarès, ou à Varanasi, connue pour être l’une des plus anciennes villes au monde et l’un des lieux les plus saints de l’hindouisme. Située sur les rives du Gange, vénéré pour ses eaux pures, Bénarès ne laisse pas le voyageur indifférent. En se promenant à travers les rues de la ville et le long des Ghâts, le voyageur a un aperçu concret de la vie des pèlerins de Varanasi. On déambule jusqu’à Bengali Tola pour la visite du sanctuaire de la déesse-mère Kali, puis jusqu’au bord du fleuve vers Dashashwamedh, le plus célèbre Ghât de la ville où, selon le mythe hindou, dix chevaux furent sacrifiés.

Enfin, de passage en Asie du Sud-Est, nous irons faire des offrandes au Tak Bat en Thaïlande. Le Tak Bat est une pratique religieuse d’une profonde générosité et une source de mérite religieux pour les fidèles bouddhistes. Ce rite pratiqué le matin par les bouddhistes avec ferveur, concentration et sérieux constitue probablement le lien le plus étroit entre les laïcs et les moines. En échange de la nourriture qui leur est donnée, les moines bonzes bénissent les fidèles. Au marché de Ton Payom, le plus grand marché de la ville à 10 minutes du centre de Chiang Mai, les habitants s’affairent entre les étals pour acheter des offrandes destinées aux bonzes. Vêtus de leurs robes couleur safran, les bonzes commencent alors leur quête matinale auprès des fidèles. L’A D R E S S E V O YA G E U R S D U M O N D E : L’ I G L E S I A , E L J A D I D A

Au sein de la citadelle portugaise d’El Jadida, à l’intérieur des remparts, découvrez un hôtel de charme dans une église espagnole du 19 e siècle. Sous les hauts plafonds voutés de la nef, les meubles d’antiquaires de Marrakech se mêlent aux lustres, aux collections de vieilles radios, chapeaux, réveils, miroirs, sacs, et participent à l’ambiance personnalisée du salon. Profitez de la vue sur la cité, depuis la terrasse qui se situe au pied du clocher. Depuis celle du cloître, la vue sur l’océan et le port s’offre à vous. Cet hôtel a été conçu par les propriétaires du Beldi Country Club, ce qui vous donne déjà la garantie d’un bon cocktail alliant charme et authenticité. C O U P D E C Œ U R V O YA G E U R S D U M O N D E : SEMAINE SAINTE À SÉVILLE

Récemment, j’ai retrouvé Séville la pieuse sur mon chemin de voyageur. Les magasins de vêtements pour les baptêmes côtoyaient les dames sortant des églises pluricentenaires. À Séville, la tradition de la Semaine sainte est très intense et revêt une dimension spirituelle et esthétique absolument unique. Pendant une semaine, le cœur de la ville entière bat au rythme des processions. Une foule de plusieurs dizaines de milliers de Sévillans et visiteurs, croyants et non-croyants, se mêle aux quelque cinquante hermandades pour commémorer la mort de Jésus-Christ. L es membres de ces confréries revêtent leurs costumes traditionnels et traversent la ville depuis leurs églises respectives jusqu’à la cathédrale, en passant par la carrera oficial (itinéraire officiel). Les processions comportent deux ou trois pasos – grandes plateformes décorées de représentations religieuses – escortés de nazarenos, pénitents vêtus d’une tunique et masqués de hautes cagoules coniques. Les cortèges s’accompagnent de tambours et trompettes, d’encens et parfois de saetas, ces émouvantes chansons flamencas entonnées a cappella par les Espagnols depuis leurs balcons, pour honorer les confréries. La ferveur prend fin avec la résurrection du Christ. Les costumes sont rangés, les chars démontés, mais le répit n’est que de courte durée. Quelques jours plus tard s’ouvre la Feria de Abril – festivités, festins et flamenco : l’essence même de Séville.

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Une cathédrale à Séville, en Espagne Photo : © Sebastian Malecki

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Réputé silencieux Entretien avec Olivier Niquet Olivier Niquet est chroniqueur radio, coanimateur de l’émission de radio quotidienne La journée (est encore jeune) sur ICI Première, auteur et conférencier. Il a publié en avril 2022 Les rois du silence, un essai ayant pour mission d’aider les introvertis et les extravertis à mieux se comprendre. Inspiré par son parcours d’introverti dans les médias, mais aussi dans la vie de tous les jours, il souhaite donner une voix aux plus silencieux d’entre nous.

OLIVIER NIQUET

Bonjour, Olivier. Quelles sont les raisons qui vous ont motivé à parler plus ouvertement d’introversion dans les médias ? « Les introvertis, par définition, sont assez silencieux. On ne les voit pas beaucoup, surtout dans les médias, justement. Quand j’ai commencé à parler de mon introversion à la radio, je recevais des messages de gens qui me disaient “merci de parler de nous, moi aussi je suis introverti, et je me sens reconnu”. Je me suis donc rendu compte qu’il y avait un public pour ça… je voulais dire un marché, mais je n’ai pas écrit un livre pour faire de l’argent (rires) ! En tant que société, on laisse souvent parler les extravertis. Je voulais donner la parole aux gens qui ne parlent pas. »

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Qu’est-ce qui, dans l’introversion, est le frein à l’expression ? « Il y a une question de neuropsychologie derrière ça que je ne pourrais pas expliquer en détail. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il faut différencier la gêne et l’introversion, parce que la gêne, c’est la peur de parler aux gens. Moi, je n’ai pas nécessairement peur de parler aux gens. Bien préparé, je suis capable de parler devant une salle de plusieurs centaines de personnes sans problème. Ça ne me stresse pas. Mais improviser une conversation, parler de la pluie et du beau temps, ça, je n’y arrive pas. » Pourquoi ? « Souvent, j’aimerais que les discussions soient plus significatives, parce que ça me coûte cher en énergie d’avoir une discussion. Au lieu de rester en surface et de parler de la météo, j’aimerais trouver une façon de personnaliser le propos. J’aurais envie de dire “j’ai vu ta photo Instagram, t’étais en voyage, comment c’était ?” Mais ces références-là me viennent rarement en tête sur le moment… Néanmoins, même si je ne suis pas bon dans le small talk, je reconnais que c’est utile et important dans la société. Ce n’est pas menaçant, il n’y a pas de conséquences à ça, on montre simplement qu’on peut être amical. »

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Comment votre introversion est-elle reçue en contexte social ? « Je pense que ça peut être lourd, car je dirais que je suis un cas assez extrême d’introversion. J’ai de la difficulté à nourrir une discussion. Quand tu parles et que ton interlocuteur ne relance pas la conversation ou ne répond presque pas, tu peux avoir l’impression qu’il n’est pas intéressé, alors que ce n’est pas nécessairement le cas. Ma blonde, par exemple, dans les premières années de notre relation, devait trouver ça difficile que je ne dise pas un mot de la soirée pendant un souper avec ses amies que je connaissais à peine. Mais dans tous les cas, je montre toujours que la discussion m’intéresse, même si je n’y participe pas très activement. Je ne suis pas dans mon coin avec mon téléphone, je ne regarde pas ailleurs. Mon écoute est active, et les gens le reconnaissent. Alors, si j’accepte totalement ma condition, j’essaie aussi de m’améliorer pour que ce soit plus agréable pour les autres. Je le fais avec le temps, sans me dénaturer. »

Quel est votre rapport au silence ? « J’aime être seul dans le silence. Je trouve ça précieux et important, entre autres car c’est là que j’assimile et mets ensemble les connaissances que j’ai apprises dans la journée. C’est là que jaillissent mes meilleures idées de projets, de sujets. Par contre, de nos jours, on n’est presque plus jamais seul à regarder dans le vide. On est sur son téléphone, on écoute de la musique, un balado, la télé. Il y a toujours quelque chose dans lequel on peut se réfugier. Bizarrement, il y a aussi des moments où le silence me rend inconfortable. Si, par exemple, je croise quelqu’un que je ne connais pas trop en sortant du bureau, et qu’on se rend compte qu’on s’en va tous les deux prendre le métro, et qu’on a 10 minutes à marcher ensemble et pas tant de choses à se dire que ça, ça peut vite devenir inconfortable. Même un court silence d’ascenseur peut générer chez moi un malaise, alors que j’apprécie pourtant le silence, et que je suis réputé silencieux! »

Comment vous y prenez-vous ? « Une chose qui aide beaucoup, c’est de calculer comment je répartis mon énergie au quotidien. Si je participe à une réunion de deux heures au travail pour un brainstorm, c’est sûr que je vais sortir de là vidé. Je ne m’organiserai pas une soirée après, je le sais d’avance. J’aime ça, les partys, les 5 à 7, tout ça. Je ne suis pas casanier, mais je sais que ce genre d’évènement me prend de l’énergie, et que j’ai besoin le lendemain de prendre ça relax. »

« Ma blonde, par exemple, dans les premières années de notre relation, devait trouver ça difficile que je ne dise pas un mot de la soirée pendant un souper avec ses amies [...] »

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Arrive-t-il que des extravertis vous demandent d’être plus volubile ? « Ah, ça, c’est la pire chose qu’on peut dire à un introverti ! “Pourquoi tu ne parles pas ?” “Parle plus !” Personnellement, ça me met de la pression, et je parle encore moins. Si j’étais capable, si je voulais parler plus, je le ferais ! C’est hors de mon contrôle. Ce raisonnement s’applique à toutes sortes de conditions. Tu ne peux pas juste dire à quelqu’un qui fait de l’anxiété : “ben prends sur toi !” Ce n’est pas quelque chose que l’on peut contrôler facilement comme ça. On assiste souvent au même genre de situation avec les enfants. On leur demande “Pourquoi tu es gêné ? Pourquoi tu ne parles pas ? Dis bonjour à la madame”, et souvent, ça fait juste ajouter à leur stress. J’ai deux enfants, dont un qui est un peu plus comme moi, et je ne lui mets pas de pression. Je le vois aller dans son équipe de hockey, il n’a pas beaucoup d’affinités avec ses coéquipiers, et on en rit. Il trouve ça drôle, car il sait que j’étais comme ça plus jeune (et encore aujourd’hui). Je ne le force pas à aller parler à du monde et à se faire des amis, ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. Juste le fait qu’il comprenne qu’il est comme ça, c’est déjà un pas dans la bonne direction. »

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Diriez-vous que vous avez démocratisé l’introversion ? « J’ai peut-être contribué à la faire connaître, oui. Mais je pense que l’important, c’est d’accepter tous les types de personnalité. Je ne demande pas des accommodements raisonnables pour les gens introvertis, mais peut-être juste de faire un petit effort pour reconnaître qu’ils existent, et leur faire de la place. Et s’ils ne la veulent pas, la place, c’est correct aussi. Mais peut-être qu’ils attendent juste qu’on les interpelle pour dire ce qu’ils ont à dire. Ça m’est arrivé souvent d’avoir des choses à dire, mais de ne pas oser, ou de n’être pas capable de m’insérer dans la conversation. Si quelqu’un m’avait demandé “toi, qu’est-ce que t’en penses, de ça ?”, ça aurait aidé. On est dans un monde où tout le monde se bat pour avoir de l’attention. C’est celui qui crie le plus fort et le plus vite qui attire l’attention, surtout dans les médias et sur les réseaux sociaux. Alors que nous, les introvertis, il faut qu’on réfléchisse avant de se prononcer. S’il y avait un meilleur équilibre, si on donnait plus de place aux gens qui réfléchissent avant de parler, peut-être que ça irait mieux dans le monde. »

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Photo : © Jp Valery


Si le silence fait partie de nos paysages et de nos saisons, il s’est aussi installé au cœur de notre langage.


Le langage des gens du Nord Entretien avec Daniel Chartier Imaginez l’hiver. Un grand champ dans la campagne, recouvert de neige à perte de vue. Une forêt où chaque pas est étouffé par le calme qui règne. Les animaux qui hibernent, ou partis vers le Sud le temps que s’achève la saison froide. La ville, endormie après une longue tempête. Dans tous ces tableaux, un thème récurrent : le silence. Puisque l’hiver invite et appelle le silence, c’est tout naturellement que Daniel Chartier, professeur titulaire à l’Université du Québec à Montréal et directeur du Laboratoire international de recherche sur l’imaginaire du Nord, de l’hiver et de l’Arctique, a été amené à l’étudier au cours de sa carrière. Il constate, après des années à s’intéresser aux peuples du Nord, que si le silence fait partie de nos paysages et de nos saisons, il s’est aussi installé au cœur de notre langage.

DA N I E L CHARTIER

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Bonjour, Daniel. Nous pensons connaître le silence, mais le connaissons-nous vraiment ? « D’un point de vue technique, le silence, le vrai, se retrouverait seulement dans les studios de radio fermés. Ce serait insupportable de vivre dans une absence si complète de sons. On a besoin de résonance pour se retrouver. Le silence absolu serait donc un objectif et une illusion à la fois, car c’est assez angoissant. Par contre, ce qu’on appelle silence, c’est une absence de sons violents : le bruit des machines, quelque chose qui tombe par terre, un son répétitif fort ou dérangeant. Le silence peut aussi être un trop-plein de microsons, comme une rivière qui coule dans une forêt et qui s’apparente au silence. Plusieurs exemples analogues se retrouvent dans la nature, le bruit d’une chute, du vent. On met ces sons dans la catégorie de ce qui est silencieux, voire apaisant. À l’opposé, tout ce qui relève de l’intervention humaine est souvent associé au bruit. »

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Il y a donc un lien clair entre nature et silence ? « Tout à fait ! Et nous sommes chanceux, car nous vivons dans un milieu hivernal où la nature est accessible. Nous avons à portée de main un outil extraordinaire pour parvenir au silence. La forêt, entre autres, est réputée pour être un endroit fermé et ouvert à la fois, un écosystème qui nous envahit, nous enveloppe, et crée du silence. Plusieurs écrivains parlent d’ailleurs de la nature comme de quelque chose dans lequel on pénètre, et qui nous change à jamais. J’aime beaucoup l’écrivaine Marie Le Franc, une Bretonne qui s’est installée au Québec dans les années 1930. En arrivant, elle est tout de suite allée dans les Laurentides, fascinée par la forêt. Elle avait l’impression que le lac n’avait qu’une seule fonction, celle de produire du silence. Comme si on pouvait produire l’absence ou le vide par des éléments naturels. » Et quel lien faites-vous entre culture et silence ? « Le silence est une construction culturelle, et c’est aussi un langage entre les personnes. Le choix de ne pas parler, le besoin d’être en silence. Le silence touche à qui nous sommes, à notre relation aux autres, mais aussi au rapport à l’environnement. On parle parfois du silence comme d’une arme des gens du Nord. Contrairement aux peuples du Sud, nous arrivons à être beaucoup plus silencieux, et cela peut créer un malaise déstabilisant qui nous “protège”, en quelque sorte. Être capable de ne pas parler, de fournir des réponses simples, de ne pas répondre tout de suite, de tolérer le silence en présence d’autrui… tout ça est propre aux peuples nordiques. Le silence est une richesse du langage, mais il est beaucoup plus subtil que la parole. Il faut culturellement pouvoir en saisir les nuances, que la relation qu’on a avec l’autre s’y prête, et que chacun le valorise. »

Photo : © Kristaps Grundsteins



« Être capable de ne pas parler, de fournir des réponses simples, de ne pas répondre tout de suite, de tolérer le silence en présence d’autrui… tout ça est propre aux peuples nordiques. »

Pourquoi s’est-il inséré dans le langage des gens du Nord ? « Il y a plusieurs hypothèses. Le passage de l’hiver et la nécessité du calme en est une. En effet, comme on passe traditionnellement l’hiver à plusieurs dans une maison, on deviendrait fous si tout le monde devait parler tout le temps, en même temps. Ce serait cacophonique. Vous l’aurez sûrement ressenti, après une fin de semaine dans un chalet avec des amis, on est content que le dimanche arrive et de revenir au silence. La qualité du silence instaurée par l’hiver peut aussi devenir addictive, ce qui fait qu’on la recherche à longueur d’année, et que le silence s’installe dans notre langage. La neige est un isolant contre le froid, mais aussi contre le son. Quand on sort dehors après une tempête de neige, même en ville, on a l’impression que c’est très silencieux, mais c’est simplement qu’on a plusieurs dizaines de centimètres d’isolant par terre qui absorbe les sons.

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Chez les Scandinaves, il y a aussi une éthique de la marche en forêt. Jamais on ne parle, jamais on ne lève la voix. La forêt est pour eux aussi sacrée qu’une église. On y pénètre, et une solennité s’installe. Quelqu’un qui parle en faisant du ski n’aura rien compris. Il ne se maîtrise pas. C’est un autre aspect, ça : la maîtrise de soi. C’est une valeur que beaucoup de peuples du Nord considèrent comme importante, et qui passe par la capacité à parler avec modération, quand il est approprié de le faire. Chez d’autres peuples, comme chez les Finlandais, dire quelque chose que d’autres ont déjà dit dans la conversation est considéré comme mal. Ça donne lieu à des conversations un peu limitées, presque oppressantes. Ici, on reprend les idées des autres, il y a plus de liberté. Nous sommes un peuple nordique latin, donc oui, on aime le silence, mais on aime aussi parler ! »

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Quels sont les bienfaits du silence sur le corps, et sur le bien-être de façon générale ? « Premièrement, une chose est sûre : le bruit répétitif est violent pour le corps, ça a été prouvé. Si, par exemple, il y a une voie ferrée près de chez soi, et qu’on entend constamment les trains passer, on va finir par oublier le son, mais le corps, lui, va continuer de le ressentir et d’y réagir de façon négative. Idéalement, nous vivrions donc dans un monde plus silencieux. Ensuite, nous avons, en tant qu’être humain, besoin de moments de contemplation, de calme. De nos jours, les spas sont l’un de ces endroits où on peut aller se recueillir, et à une certaine époque, on le faisait plutôt à l’église. Il y a toujours, à mon avis, un lien entre le corps, le silence et la paix de l’esprit. Ce ne sont pas trois notions indépendantes. Leur codépendance se manifeste aussi après une journée de ski, par exemple. L’apaisement que l’on peut observer est lié à la fois à l’effort physique, au calme ressenti, au froid et à la chaleur, et au corps, qui a pensé à autre chose. » Dans un quotidien rempli de stimuli, avons-nous perdu de vue l’importance du silence ? « Il est vrai que de nos jours, nous sommes sollicités beaucoup, et parfois même en silence. Un téléphone peut nous agacer autrement que par sa sonnerie. La quantité d’informations à laquelle nous avons accès, ainsi que le tri perpétuel que nous devons faire afin de sélectionner et retenir les plus pertinentes, créent une fatigue du corps et de l’esprit. Si on pouvait s’exposer à moins de stimuli, du moins à certains moments, cela ferait le plus grand bien. Quand il y a trop de paroles ou trop d’informations, on ne distingue plus ce qui est autour de nous. On a l’impression que des choses très simples deviennent graves, et c’est là qu’on perd notre jugement. Sans vide, les choses prennent beaucoup d’importance, alors qu’au contraire, elles n’en ont plus. Le silence permet de dégager les pensées. »

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« Sans vide, les choses prennent beaucoup d’importance, alors qu’au contraire, elles n’en ont plus. Le silence permet de dégager les pensées. »



Sans l ’ombre d ’un reg ret Entretien avec sœur Lise Tanguay Sœur Lise Tanguay a consacré sa vie à venir en aide aux malades. Il y a près de 60 ans, elle a rejoint les Augustines, une communauté religieuse ayant jeté les fondations de la dispensation et de l’administration des soins de santé au Québec1. Elle raconte le passé avec émotion et reconnaissance, et nous livre, lucide et optimiste, ses souhaits pour l’avenir.

SŒUR LISE TA N G U AY

Bonjour, sœur Lise. Merci de nous accueillir au Monastère des Augustines, qui est maintenant un lieu d’hébergement non confessionnel ouvert au public, mais aussi votre maison. Depuis quand habitez-vous ici ? « Je suis arrivée en 1965. J’ai fait mon cours d’infirmière de 1961 à 1964, puis j’ai enseigné un an à l’école infirmière. La religieuse qui était en charge à l’Hôtel-Dieu de Saint-Georges partait faire sa maîtrise aux États-Unis et m’a demandé de la remplacer. Ça changeait mes plans, parce que je voulais entrer en communauté, mais elle m’a dit que si j’avais vraiment la vocation, je l’aurais aussi l’année suivante (rires). Ça m’a permis de prendre une belle année d’expérience et de vivre en appartement. Ensuite, je suis entrée en communauté, j’ai suivi la formation de trois ans, puis j’ai commencé à travailler à l’Hôtel-Dieu en 1968. J’en garde de très bons souvenirs; nous formions une belle famille en tant qu’équipe soignante. Éventuellement, je me suis aussi spécialisée en psychiatrie, car le domaine m’intéressait beaucoup. »

Avant de devenir sœur, vous avez donc vécu la vie de jeune femme à Québec ? « Oui, et j’ai fait une belle jeunesse. J’avais un beau groupe d’amies, on aimait aller patiner, aller danser. On se rencontrait les fins de semaine, c’était agréable. J’ai même eu un ami, à un moment donné. Mais l’appel de la vocation était plus fort. » Comment avez-vous ressenti cet appel ? « C’est très jeune, en voyant ma mère s’occuper des malades, que je l’ai ressenti, et vers 12 ou 13 ans, j’ai su que je deviendrais religieuse. J’avais envie de donner ma vie pour les malades. C’est difficile à décrire, mais je le sentais intérieurement. C’est mystérieux, l’appel. C’est comme l’amour : quand on décide de partager sa vie avec quelqu’un en particulier, pourquoi choisit-on cette personne-là et pas quelqu’un d’autre ? C’est un beau mystère ! »

Sœur Lise Tanguay dans une chambre avant la réhabilitation, vers 2012, Le Monastère des Augustines

Source 1

inistère de la Culture et des Communications du Québec. (2013). Arrivée des Augustines M en Nouvelle-France. https://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=26548&type=pge

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La profession d’infirmière, surtout depuis la pandémie, connaît des moments difficiles. Les infirmiers et infirmières sont surmenés, leurs conditions de travail se dégradent, plusieurs quittent le système de la santé malgré des besoins de plus en plus criants. Quel regard portez-vous sur tout ça ? « Le système de santé n’est vraiment pas facile à vivre pour ces jeunes-là. Dans les années 1980, on a mis à la retraite toutes les infirmières d’expérience, et c’est là qu’on a commencé à briser le système. On ne peut pas remplacer du jour au lendemain des personnes ayant une grande expérience dans le domaine des soins par des personnes qui commencent dans la profession, même si elles sont pleines de bonne volonté. Il fallait profiter de l’expérience des anciennes, poursuivre la transmission. Mais on a mis fin à ça trop vite, et on ne s’est jamais remis de l’impact de cette décision. Par contre, j’ai été hospitalisée il y a deux ans, et je dois dire que j’ai trouvé les soins impeccables. Le personnel était vraiment bien, même si tout le monde était surchargé. J’ai aussi pu bénéficier des nouvelles techniques et technologies de soin, qui sont extraordinaires. Il ne faut pas bouder le progrès, mais il faut que les infirmiers et infirmières d’aujourd’hui soient bien habiles et éveillés pour arriver à suivre tout ça. »

Avez-vous des regrets face à la vie que vous avez choisie ? Avez-vous l’impression d’être passée à côté de quelque chose ? « Je n’ai jamais regretté. Et ce n’est pas que ça a toujours été rose ! Des problèmes, il y en a partout. La vie en communauté, c’est des femmes qui cohabitent mais qui ne se sont pas choisies, qui n’ont pas reçu la même éducation, alors forcément il y a eu des moments plus difficiles. Et bien sûr, vers l’âge de 30 ans, je me suis posé des questions. Je me suis dit : “si je continue dans cette voie, mais que dans quelques années, je sors de la communauté, il sera trop tard pour avoir des enfants”. J’ai rêvé quelques fois de bercer l’enfant tout en faisant mes prières. Ça n’aurait pas été incompatible nécessairement, mais dans le cadre d’une vie de dévotion, c’était impossible, alors j’ai dû faire un choix. C’est normal, comme femme, de se poser des questions à certaines périodes de la vie. Mais fondamentalement, ces questionnements ne m’ont jamais fait douter de mon choix, et j’ai été très heureuse. » Qu’aimeriez-vous léguer ? « J’aimerais que les gens de façon générale se donnent les outils pour vivre une vie équilibrée, qui leur correspond. Une vie, aussi, où on a le temps d’être ensemble. J’ai été très émue, durant la pandémie, par les témoignages de ceux et celles qui redécouvraient leur famille, les repas pris ensemble. C’est ça que je souhaiterais, que les gens se redécouvrent et vivent ensemble pour vrai, qu’ils donnent du temps aux choses essentielles, au partage et au repos. Oui, le travail, c’est important, mais au détriment des personnes et des familles ? C’est essentiel de prendre le temps de se parler, il ne faut pas juste écouter la télévision et être sur son cellulaire. »

Qu’est-ce que ça veut dire, pour vous qui avez été infirmière, de « prendre soin » ? « C’est d’abord d’être attentive à la personne avec qui l’on est. C’est de la considérer non pas seulement par le biais des soins qu’elle doit recevoir, mais dans son ensemble. On prend soin de la personne physiquement, oui, mais aussi psychologiquement. Elle vit peut-être du stress et de l’angoisse. Elle a sûrement une famille, des amis autour d’elle, mais peut-être pas non plus. On ne peut pas juste considérer la maladie ou la personne qu’on voit extérieurement, c’est tellement plus profond que ça, et c’est tellement beau quand on apprend à connaître les gens. Les besoins sont également différents d’une personne à l’autre. »

En avez-vous un, vous, un cellulaire ? « Ah, ben oui, j’en ai un, et je ne voudrais pas m’en passer (rires) ! On peut se servir de tout, mais il faut en faire bon usage. On serait malheureux, si la technologie disparaissait ! Mais la modération a bien meilleur goût. »

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PA R T E N A R I AT É D I TO R I A L

Les subtilités du thé, réinventées avec passion Lao est une histoire de découverte, d’innovation et de qualité ; le fruit des efforts de trois amis passionnés souhaitant révolutionner l’univers du prêt-à-boire.

DE S A R T S M A R TI AUX AU R ITUEL DU TH É

Tout commence en 2013, lorsque Jonathan Cloutier passe neuf mois en Chine afin de perfectionner sa pratique des arts martiaux. C’est là, dans la petite ville de Muping, dans un salon de thé ancestral et au contact de son propriétaire, Zhang Wei, qu’il se découvre un amour pour le thé et son univers, les subtilités de son goût et le rituel qui l’entoure. À son retour au Québec, Jonathan continue de s’intéresser au thé. Il s’approvisionne alors chez Camellia Sinensis, où il retrouve la qualité qui l’a tant charmé en Chine. En 2016, alors que le kombucha connaît son heure de gloire en Occident, Jonathan décide d’unir son intérêt pour le thé à son désir d’entrepreneuriat. Il lance alors Lao avec deux complices, Kim Décary et Philippe Boivin. Le trio vend sa toute première bouteille de kombucha en 2017. D E S KO M B U CH A S U N I QU E S

Lao offre depuis des kombuchas uniques au goût équilibré, faits à base de thé de qualité supérieure et d’ingrédients simples et naturels. Provenant de différentes régions du monde, les thés sont fermentés, permettant ainsi à chaque bouteille de renfermer une grande variété de micronutriments bénéfiques pour la santé. Mais on boit Lao pour son goût, d’abord et avant tout. C’est pourquoi cinq profils de goût, inspirés de l’univers de la sommellerie, ont été réfléchis afin de faciliter le choix du consommateur : floral, aromatique, rustique, herbacé et fruité. Ces profils, indiqués sur l’emballage, offrent un aperçu des saveurs contenues dans chacune des bouteilles.

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COMME AU VI GNOB LE

Au fil du temps, Jonathan, Kim et Philippe se rendent compte que travailler le thé et produire du kombucha s’apparente en plusieurs points au travail du vigneron et à la production du vin. En effet, le thé et le vin sont deux boissons millénaires dont l’élaboration est un art, dont le processus de fabrication souvent artisanale se transmet de génération en génération, et dont la dégustation, conviviale, est pratiquée comme un rituel. Ces similitudes donnent l’idée à l’équipe de créer un mousseux sans alcool à base de thé. Lao entreprend donc un voyage audacieux pour repenser l’expérience des boissons pétillantes sans alcool. C’est le Gyokuro Okabe, un thé vert d’ombre japonais, qui est retenu pour l’élaboration des premières Bulles de thé. La variété des feuilles, les assemblages subtils et les méthodes de fermentation naturelle sont une source d’inspiration inépuisable et permettent de créer un éventail de saveurs tout aussi complexes et intrigantes que celles des meilleurs vins. En offrant une option saine et délicieuse pouvant remplacer le mousseux traditionnel, Lao conserve le caractère festif et rassembleur du vin, tout en honorant l’évolution des préférences de consommation, à l’apéro comme au repas. Bulles de thé se déploie en une véritable expérience raffinée, digne des plus grands rituels de thé, et des occasions les plus spéciales. Une nouvelle saveur sera d’ailleurs dévoilée à l’automne 2023.

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Kombucha Tonique Boréal Photo : © Simon Goupil

Dans le cadre d’une association avec Strøm, Lao a aussi développé une saveur de kombucha exclusive, le Tonique Boréal, fait à partir de thé Wulong Jin Shuan, de sapin baumier, de baie de genièvre et de poivre des dunes. Une association entre l’Asie et le Québec au goût unique. À découvrir dans les restaurants Nord. Bulles de thé, une boisson sans alcool qui rappelle le vin mousseux Photo : © Kim Décary


Gua sha : Une technique ancestrale Strøm spa nordique a un ADN résolument scandinave ; le nord et la forêt boréale sont au cœur de tout ce que nous faisons. C’est donc tout naturellement que notre gamme de soins de la peau B O R É A L est née de la richesse et du pouvoir des ingrédients naturels d’ici. Néanmoins, notre désir de vous offrir le meilleur des soins et des pratiques ne se limite pas à un seul territoire, ni à une seule culture ou à une seule tradition. Partout dans le monde, les individus adoptent des routines beauté et bien-être afin de se sentir bien, de corps et d’esprit. Et si de nouvelles techniques innovatrices sont parfois la base de ces rituels, ceux-ci prennent aussi souvent racine dans des gestes et des connaissances centenaires qui se transmettent de génération en génération.

Pour cet ajout à notre gamme de soins, nous sommes allés à la rencontre d’une pratique de la médecine traditionnelle chinoise : le gua sha. Afin d’en apprendre un peu plus sur le sujet, nous avons discuté avec Léa Bégin, fondatrice de Min ra, avec qui le Strøm collabore pour cette nouvelle intégration, ainsi que Phiane Duquet, championne mondiale en massothérapie, spécialiste en massage gua sha, à qui l’héritage ancestral a été transmis par sa famille. Voici donc le gua sha, en 10 points.


1. U N

OUTIL DE SOIN DE TOUS LE S JOURS

Plus qu’un rituel pour le soin du visage, le gua sha est traditionnellement utilisé au quotidien, sur tout le corps. « On y a par exemple recours pour atténuer les maux de dos, les maux de tête, pour relaxer une mâchoire serrée, ou encore pour faire diminuer l’excès de chaleur du corps, selon l’application en médecine traditionnelle chinoise », explique Phiane Duquet.

4 . L’ I N T É G R A T I O N

A U X P R AT I Q U E S

DE SOINS DE L A PE AU

Parce qu’il stimule la circulation sanguine, le gua sha est aussi pratiqué pour ses bienfaits sur la peau du visage. Drainage lymphatique, redéfinition de l’ovale du visage, coup d’éclat au teint, effet lifting, atténuation des rides et ridules… les bienfaits sont nombreux. Léa Bégin parle même de la technique comme d’une alternative non invasive ou encore d’un complément aux injections de Botox ou aux fillers.

8. À

LA MAISON

Pour bien effectuer le rituel à la maison, un mode d’emploi pas à pas est fourni. Il importe de bien suivre les directives, et surtout, d’écouter son ressenti. Si l’apparition de légères rougeurs peut survenir, il faut toutefois demeurer attentif à ne pas blesser la peau.

5 . L’ O U T I L

9. L E

« Gua sha » signifie littéralement « gratter le mal », complète Mme Duquet. « L’effet de drainage et l’activation de la circulation sanguine encouragés par le mouvement sont reconnus pour évacuer les déchets métaboliques, et donc permettre de soulager certains déséquilibres ou d’apaiser les tensions musculaires. »

L’objet avec lequel on pratique le gua sha est une pierre plate angulaire, taillée pour s’adapter au relief du visage. Les matériaux utilisés dans la fabrication peuvent varier. Dans le cas de la pierre B O R É AL , il s’agit de porcelaine composée d’un mélange de kaolin (pour la blancheur), de quartz (pour la translucidité) et de feldspath (pour la résistance). La porcelaine est travaillée au Québec en petites quantités par Louise Bousquet, selon le savoir-faire de Limoges, en France. Le procédé de fabrication et la composition donnent un outil mat, non poreux, robuste, durable, facile à manipuler et à agripper, même lorsqu’utilisé avec une huile de soin.

En combinaison avec la porcelaine, on utilise une huile, dans notre cas, l’huile rituel visage, corps et cheveux B O R É A L . En plus de permettre à l’outil de glisser adéquatement afin de produire des mouvements efficaces, l’utilisation combinée d’un produit permet de nourrir et d’hydrater l’épiderme. Faire pénétrer l’huile avec une pierre plutôt qu’avec les doigts permettrait également une meilleure application et un effet prolongé, affirme Léa Bégin.

3. L A

6. L A

10 . C O N T I N U E R

2 . L’ É T Y M O L O G I E

DIMENSION SPIRITUELLE

« Selon l’art ancestral de la lithothérapie, l’objet utilisé recèlerait des propriétés différentes selon la pierre à partir de laquelle il est fait. Par conséquent, le gua sha aurait traditionnellement une inf luence non seulement sur l’aspect physique, mais aussi sur les émotions des individus », raconte Phiane Duquet. Son utilisation dans la médecine traditionnelle chinoise est donc ancrée dans une approche holistique du bien-être et de la santé.

GESTUELLE

« Ce n’est pas la pierre qui fait le travail, c’est la technique », affirme Phiane Duquet. La connaissance des points d’acupuncture, des méridiens et de certains principes de la réflexologie faciale contribue à une pratique informée et efficace du gua sha.

7. L’ I M P O R T A N C E

Photo : © Bianca Des Jardins

PRODUIT ADAP TÉ

DE SE RENSEIGNER

Bien que le gua sha soit une pratique de plus en plus populaire en Occident, surtout pour ses bienfaits esthétiques, ses racines et ses utilisations sont vastes. Si la méthode vous intéresse, nous vous encourageons fortement à vous renseigner sur les principes et l’histoire derrière ce rituel bien-être ancestral. Les savoirs d’ailleurs et d’autrefois ont une valeur inestimable, et leur application moderne est une façon de leur rendre hommage.

DE L A THÉORIE

Bien connaître la théorie derrière l’utilisation permet aussi d’adopter les bons gestes. Par exemple, au lieu de libérer les liquides stagnants qui causent les œdèmes, la mauvaise utilisation du gua sha peut plutôt favoriser la congestion.

Faites l’essai du soin dès maintenant en vous procurant la porcelaine B O R É A L pour rituel gua sha.

SANTÉ HOLISTIQUE

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Strøm spa nordique Saint-Sauveur : D’une maison privée à un spa d ’enverg ure

Après s’être implanté à l’Île-des-Sœurs, à MontSaint-Hilaire, à Sherbrooke, puis sur les berges du Saint-Laurent dans le Vieux-Québec, Strøm spa nordique est fier de pouvoir devenir le milieu d’équilibre d’une nouvelle communauté en s’installant dans les Laurentides, là où la tradition des spas nordiques est déjà bien établie.

En effet, c’est sur le bord de la rivière à Simon qu’est né le premier spa nordique au Québec dans les années 60, qui sera plus tard connu sous le nom de Polar Bear’s Club. Ayant, en 2022, fait l’acquisition du Polar Bear’s Club et du Bagni Spa Station Santé, le spa situé de l’autre côté de la rivière, Strøm est heureux de pouvoir suivre les traces de ceux et celles qui furent les premiers à faire rayonner la thermothérapie dans la province. C’est dans le respect de l’histoire du lieu et des valeurs partagées avec les propriétaires précédents que nous continuerons de faire évoluer le site, où la proximité du bâti et de la rivière donne vie à un environnement de détente exceptionnel. Pour rendre hommage à ce lieu si significatif et influent, voici son histoire retracée, depuis ses débuts.

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SANTÉ HOLISTIQUE


La rivière à Simon Photo : © Bianca Des Jardins

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D É B U T D E S A N N É E S 19 6 0

Paul Charette achète la terre d’un fermier à Piedmont pour la somme de 350 $. Située sur le bord de la rivière à Simon, la terre comprend aussi une maison habitable. M. Charette y fait bâtir une seconde maison près de la rivière, où il réside. La maison initiale est louée. Il fait ensuite construire à l’intention de sa femme un sauna au bois juste au-dessus de la rivière à Simon. Ce sauna est encore accessible aujourd’hui.

M. Charette commence à inviter certains de ses amis, dont Giovanni Ramacieri, un entrepreneur et designer reconnu, à venir profiter du sauna et de la rivière à Simon. Les hommes (les femmes seront admises plus tard) s’y réunissent entre amis, souvent le samedi en fin de journée, après le ski. Lorsque l’eau de la rivière est gelée, on y creuse même un trou afin de pouvoir s’y immerger.

SANTÉ HOLISTIQUE

L E S AU N A AU B O I S

À l’époque, le sauna au bois, en plus d’un foyer, contient un tonneau en acier inoxydable et un échangeur de chaleur contenant de l’eau qui permet de propulser de la vapeur. Puisque l’humidité conduit la chaleur, cela en fait un sauna plus chaud qu’un sauna sec traditionnel, qui ne va pas au-delà de 90 °C. En plus de sa capacité chauffante, l’atout de ce sauna est d’être situé tout près de la rivière, ce qui facilite le cycle chaud-froid.

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A P P E L L AT I O N D ’A N TA N

À l’époque, on ne va pas « au spa », mais bien « au sauna ». Il n’y a pas d’autre installation, et les amis invités par M. Charette se changent dans la cave en arrivant, comme on le ferait dans une maison privée. L’endroit n’est pas connu du public : les nouveaux visiteurs sont amenés et référés par des membres existants.

Le sauna au bois suite à l’incendie de 1993 Photo : Gracieuseté de Spiro Trent

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A N N É E S 19 8 0

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Paul Charette vend l’endroit à Giovanni Ramacieri, qui lui donnera peu à peu une vocation plus « commerciale ». Le sauna deviendra accessible le vendredi et le dimanche également. Graduellement, les visites deviennent payantes. On demandera aux « membres » 3 $ ou 5 $ par visite, ou alors 25 $ par année pour un « abonnement ». L’endroit ne porte pas encore de nom, et les frais d’abonnement servent à couvrir ceux reliés à l’entretien du sauna. Il rappelle un club privé, que l’on fréquente l’automne et l’hiver seulement. M. Ramacieri nomme le lieu « Polar Bear’s Club ».

Le spa est acheté par Robert Larose, un des membres. Il ajoute des jours d’ouverture à l’horaire. Deux décennies de grands changements s’en suivent : on passe d’un bain et d’un sauna à sept bains et trois saunas. L’abonnement coûte désormais quelques centaines de dollars par année.

Vue de l’ancienne réception, en 1994 Photo : Gracieuseté de Spiro Trent

SANTÉ HOLISTIQUE


6 O C TO B R E 19 9 3

J U I N 19 94

SEPTEMBRE 20 08

Le sauna au bois est victime d’un incendie. M. Larose profite de la réfection du sauna pour procéder à un agrandissement majeur du spa et à un rafraîchissement des installations. Il fait ajouter des bâtiments, ainsi que de nouveaux services et attraits.

Un permis pour construire une passerelle allant de la réception du spa à la grande terrasse est obtenu, de même qu’un permis pour détruire la maison bâtie par M. Charette à l’époque et y ériger à la place le bâtiment abritant bain vapeur, vestiaires et salles de massothérapie. Dans les années qui suivent, des chambres destinées à la location sont également ajoutées.

Le spa est vendu à Dominique Bock et François Carrier. Dans la décennie qui suit, d’importants travaux de réaménagement et de modernisation auront lieu, dont l’ajout d’une nouvelle réception, la rénovation des saunas dont le sauna originel au bois, l’ajout de salles de massothérapie ainsi que l’ouverture d’un bistro, qui sera plus tard renommé Chez Fabrice en l’honneur de Fabrice Coutanceau, qui l’a opéré pendant de nombreuses années.

Vue récente du site avant l’acquisition par Strøm spa nordique Photo : © Polar Bear’s Club


2022

2023

2025

Acquisition du Polar Bear’s Club par Strøm spa nordique.

Première phase d’actualisation : ajout d’expériences, de services, de l’offre gastronomique et du design emblématiques Strøm.

Deuxième phase d’actualisation : transformation structurelle.

Aperçu de la modernisation du site suite à l’acquisition par Strøm spa nordique Photo : © Strom spa nordique

D E S B I E N FA I T S Q U I P E R D U R E N T

Contrairement à la pratique de l’expérience thermale répandue de nos jours, les membres des débuts fréquentent souvent le sauna, mais n’y restent pas de nombreuses heures. Ils effectuent trois ou quatre cycles sauna-rivière qui durent chacun de 20 à 30 minutes, puis s’en vont. Les bienfaits rapportés par les premiers membres sont les mêmes que ceux pour lesquels on pratique l’expérience thermale aujourd’hui : efficacité de l’alternance chaud-froid sur le bien-être physique, thérapie musculaire, détente et moment pour soi. À l’époque, le mot qui circule est que les endorphines que procure le rituel se font ressentir entre le deuxième et le troisième cycle. Nous tenons à remercier Caroline Richer La Flèche et Derek Russell Murray pour leur généreuse contribution à cet article.

Certains membres qui fréquentaient l’endroit à ses débuts sont encore des clients du spa aujourd’hui, préférant le sauna au bois originel aux autres installations.

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Le sauna originel, aujourd’hui restauré Photo : © Bianca Des Jardins

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Faites l ’essai du pouvoir de la forêt boréale


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Ingrédients actif clés Aubépine • Épinette noire du Québec • Vitamine E •

Mode d’emploi Appliquer la crème sur une peau parfaitement propre. Masser doucement jusqu’à pénétration complète. — Pour un usage quotidien, matin et / ou soir

Photo : © Bianca Des Jardins

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Et si on invitait le bien-être au travail ? Œuvrons ensemble pour des milieux de travail sains. w ww .g roup eentrepri ses ens a nte.com


La reconnaissance au travail : Créatrice d ’ élan naturel Par Julie Tremblay-Potvin, cofondatrice et présidente de De Saison – Art de vivre et de travailler

Le besoin de reconnaissance est un besoin humain fondamental. Celui-ci est lié à notre besoin d’appartenance – c’est-à-dire d’exister avec les autres. C’est pourquoi nous cherchons naturellement à être reconnus, ou en d’autres mots, considérés, par les membres des différents groupes sociaux auxquels nous appartenons : dans notre famille, dans nos cercles sociaux, et bien sûr, au travail. En effet, le simple « sentiment » d’être vu et entendu pour un bon coup ou un commentaire en réunion, ou encore pour ce que nous sommes (notre humour, notre esprit stratégique, notre écoute, notre savoir-faire ou notre unicité) peut faire très plaisir. Plus encore, cela contribue à notre sentiment d’estime, nous rassure et donne du sens à notre affiliation. Surtout, ça nous donne envie de continuer à être nous-mêmes et à faire la différence ! En cette ère plutôt individualiste, nous pourrions être tentés de nous croire au-dessus du besoin de reconnaissance, capables de nous suffire à nous-mêmes, de nous auto-reconnaître. Et pourtant, l’humain est encore et toujours un être social. Se sentir reconnu et reconnaître en retour les gens qui nous entourent, c’est penser : « Nous sommes interreliés, nous nous soutenons et nous avons un effet bénéfique les uns sur les autres. » Le sentiment de sécurité psychologique nous permet de nous reposer, de penser un peu moins à soi et un peu plus à nous. Et ça, c’est ce qui a permis à la race humaine de construire le monde tel qu’on le connaît aujourd’hui.

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PLUS QUE DIRE MERCI!

Si le besoin de reconnaissance est très souvent exprimé, il n’est pas toujours facile de savoir comment y répondre, notamment au travail. C’est comme si ça ne nous venait pas toujours naturellement. Et, comme toute chose, quand ça devient une obligation et qu’on ne comprend pas vraiment à quoi ça sert, il est moins motivant de le faire. Cet enjeu de reconnaissance existentielle est également au cœur du discours sur les initiatives d’équité, diversité et inclusion au sein des organisations : un article publié dans le Journal of Personality and Social Psychology en juin 2022 annonce les couleurs de la découverte : « la diversité pour des raisons d’affaires (meilleure productivité, créativité, service à la clientèle) repousse les candidats et employés au lieu de les attirer. » R E C O N N A Î T R E L’A U T R E D E L A B O N N E FAÇO N , C ’ E S T L’A I D E R À S ’ É P A N O U I R

La reconnaissance, sous certaines formes – mais pas n’importe lesquelles – peut réellement nous aider à augmenter notre saine motivation au travail, ce que Jacques Forest , professeu r au Dépa r t ement d’organisation et ressources humaines à l’Université du Québec à Montréal, décrit comme « l’énergie nécessaire pour nous mettre en mouvement ». Et si nous pensions un peu moins à notre propre besoin de reconnaissance, et commencions plutôt à offrir de la reconnaissance à nos pairs ? Un effet d’entraînement pourrait ainsi se créer ! Explorons ma intenant les ty pes de reconnaissance :

BIEN - Ê TRE AU TR AVAIL

L A RECONNAISSANCE EXISTENTIELLE : DE LA T R A N S A C T I O N À L A R E L AT I O N

Le premier pas vers une reconnaissance sincère et porteuse de sens est de ramener le phénomène du travail au niveau humain. Les personnes s’allient entre elles pour réaliser des choses. Il ne s’agit pas que d’individus qui se déplacent dans un lieu ou devant un ordinateur pour accomplir des tâches. Dans cet esprit, reconnaître l’autre comme personne à part entière, s’intéresser à elle et l’apprécier dans son imperfection devient beaucoup plus important pour augmenter la qualité de la relation que la simple reconnaissance du travail effectué par cette personne, approche qui peut renforcer la nature transactionnelle du travail. Comment y arriver ? En accordant de l’attention à l’autre, en posant des questions, en soutenant des échanges informels et en passant du temps ensemble en mode collaboratif.


L A RECONNAISSANCE DES BESOINS

Reconnaître la personne dans son unicité, c’est aussi accepter d’entendre et de reconnaître les besoins qui lui sont propres et qui sont en constante évolution ! Cela peut avoir un effet rassurant et renflouer les réserves d’énergie afin de lui donner l’élan de continuer. Pour y arriver, l’écoute, la flexibilité et la personnalisation sont de mise. Les nouvelles mesures flexibles en organisation, telles que le télétravail, les horaires flexibles et les programmes d’équité, de diversité et d’inclusion pourraient offrir le plus grand avantage en ce sens. Elles facilitent l’aménagement de mesures pour mieux soutenir la satisfaction de ces besoins (par le travail ou à l’extérieur du travail). Et les autres types de reconnaissance ? Les trois autres types de reconnaissance sont plus classiques, mais non moins importants. Il vaut la peine de les distinguer, puisqu’on peut offrir de la reconnaissance et quand même se demander pourquoi les membres de son équipe ne se sentent pas pleinement reconnus. L’utilisation de plusieurs types est la clé ! L A RECONNAISSANCE DES EFFORTS E T D E L’ I N V E S T I S S E M E N T

Ceci fait référence à tout ce qui a trait à la durée, mais aussi à l’intensité de l’investissement ou des efforts. Il n’est donc pas du tout dépassé de reconnaître l’ancienneté des gens, ou encore leurs heures supplémentaires, leur investissement dans un projet spécial ou leur persévérance dans un dossier difficile, et ce, peu importe le résultat. Dans certains cas, la reconnaissance de l’effort et de l’investissement peut aussi amener les personnes à s’offrir un peu de répit et à prendre soin d’elles au lieu de constamment pousser la machine dans l’espoir de recevoir de la reconnaissance. Mise en garde : veillez à ne pas simplement reconnaître l’effort et l’investissement « supplémentaire », mais bien à reconnaître l’effort et l’investissement de tous, même dans le quotidien.

BIEN - Ê TRE AU TR AVAIL


L A RECONNAISSANCE D E L A P R A T I Q U E D E T R AVA I L

L A RECONNAISSANCE DES R É S U LTAT S O U D E L E U R I M PA C T

Par exemple, demander à un employé de former une autre ressource peut être une marque de reconnaissance de la pratique de son travail, au même titre que la reconnaissance de l’agilité, de l’ouverture ou de l’esprit d’apprentissage d’une personne (et non seulement de l’excellence).

Finalement, la reconnaissance est moins une pratique formelle qu’une façon d’être et de communiquer. La chose à retenir est par conséquent qu’il faut donner un sens à la reconnaissance.

Ce type de reconnaissance fait quant à lui référence à la façon de faire les choses. En d’autres mots, c’est comme dire : « Je t’ai observé travailler, j’ai vu ton travail et je reconnais le soin que tu lui portes, l’éthique de travail dont tu fais preuve, ton savoirêtre et ton savoir-faire. »

Pour finir, ce type de reconnaissance peut être très puissant, puisqu’il boucle la boucle de tout l’investissement et de tous les efforts fournis. Ce type de reconnaissance offre un regain d’estime de soi instantané aux membres d’une équipe puisqu’elle leur rappelle la raison d’être de leur affiliation : accomplir des choses ensemble.

Ensuite, il suffit de trouver son style et de l’adapter aux besoins et préférences de ses collaborateurs, au travail comme dans la vie, afin de leur offrir la reconnaissance significative dont ils ont réellement besoin, d’augmenter leur sentiment de motivation et d’ainsi bâtir une relation de collaboration humaine, durable et surtout, sincère.

J O U R N É E ÉQ U I L I B R E

Parce que le bien-être est l’une de ses valeurs fondamentales, Strøm spa nordique offre désormais à tous ses employés une Journée équilibre. Cette journée de congé annuelle permet à chacun et à chacune de prendre un moment pour soi en vivant l’expérience thermale au Strøm de son choix.

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BIEN - Ê TRE AU TR AVAIL


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Le silence Par Joannie Roberge, conseillère littéraire et fondatrice de La Bonne Mine Du calme d’un village après une tempête de neige au mutisme étouffant d’un secret, le silence peut être angoissant ou apaisant. Au bord de la mer, on l’apprécie volontiers, mais dans une maison à l’orée d’une forêt sombre, on l’appréhende. Dans les cinq livres suggérés, le silence exerce une pression sur les protagonistes en forçant une introspection, ou en les confrontant à leurs démons intérieurs que le chaos du quotidien camoufle.

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Le poids de la neige de Christian Guay-Poliquin (La Peuplade, 2016)

Quelques solitudes de Marianne Brisebois (Hurtubise, 2022)

Une panne d’électricité paralyse le village alors que le narrateur, dont le nom demeure inconnu, vient de subir un grave accident de voiture. On plonge dans un huis clos psychologique où sa convalescence est assurée par un vieil inconnu : « Il se penche, se relève, et pivote sur lui-même comme si son âge n’était qu’un déguisement. » Lauréat du Prix du Gouverneur général 2017, l’auteur nous saisit par ses observations précises et captivantes. Dans l’urgence de la situation, les gestes banals du quotidien deviennent des actes de survie ; entretien du feu, préparation du café, changements de pansements. On regarde les jours défiler par la fenêtre de la maison de laquelle le narrateur est prisonnier ; les variations de luminosité, la neige qui s’accumule, les sapins qui percent l’horizon maculé. Guettant une possible visite impromptue de Joseph, ou mieux, de Maria. Un roman contemplatif, campé dans la brutalité de l’hiver nordique. Les deux hommes tiendront-ils le coup jusqu’au printemps?

Le deuxième roman de Marianne Brisebois aborde le deuil d’une longue relation amoureuse. Du jour au lendemain, plus de nouvelles de ses amis, qui semblent avoir choisi leur camp. Lili se retrouve seule dans sa chambre d’enfance, avec un budget limité pour rebâtir sa vie. Elle décide de répondre à une annonce Kijiji et d’emménager dans une grande maison sur l’île Verte, étonnamment abordable. Cette mise à l’écart, bien que douloureuse, lui permet de construire sa propre identité, de remettre en question les choix qu’elle a faits à l’adolescence, et de s’ouvrir à de nouvelles réalités. Il en va de même pour son étrange colocataire, dont la quête devient rapidement aussi captivante que celle de la protagoniste. Les retours dans le temps permettent de déployer deux intrigues en parallèle et d’approfondir des personnages attachants.

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À la maison de Myriam Vincent (Poètes de brousse, 2022)

Femme de Vitruve de Sara Lazzaroni (Leméac, 2023)

Paul à la maison de Michel Rabagliati (La Pastèque, 2019)

Jessica et son conjoint attendent leur premier enfant et cherchent pour cette raison à emménager dans plus grand. Contraint par la crise immobilière et la pandémie, le couple achète une maison à l’architecture étrange en banlieue de Montréal, loin de leurs amis. En arrêt préventif, la narratrice se retrouve seule entre les murs blancs de leur nouvelle demeure, que bizarrement aucune peinture n’arrive à recouvrir. La solitude de sa grossesse, qui ne ressemble en rien à ce qu’Instagram lui avait promis, laisse toute la place à des phénomènes angoissants. Les portes claquent, les vitres semblent impossibles à nettoyer, les robinets s’ouvrent comme dans les films d’horreur. La maison lui jouet-elle des tours ? Ou pire, lui veut-elle du mal ? Avec sa plume juste, Myriam Vincent aborde la santé mentale des jeunes mères et le système qui banalise leur expérience. Un roman confrontant qui nous tient en haleine jusqu’à la fin.

Simone et Nora ne se connaissent pas, mais gagnent toutes les deux leur vie en mettant leurs charmes au service du placement de produits. Elles fréquentent des lieux publics et des évènements mondains dans le but d’inciter à la consommation. Leurs patrons exercent un contrôle excessif sur leur poids, la couleur de leurs cheveux, leurs passe-temps. Elles doivent constamment représenter la femme idéalisée, source de désir et d’envie. Impossible de révéler la nature de leur travail à qui que ce soit, elles vivent avec le fardeau de leurs secrets sans pouvoir se confier. Le roman à deux voix aborde la solitude qui grandit derrière l’apparente perfection, lorsque la mise en scène se termine. L’écriture de Sara Lazzaroni s’en tient à l’essentiel et cultive les non-dits, en contraste avec les artifices présents dans le récit.

Le neuvième tome de la série, récompensée deux fois au Festival international de la Bande Dessinée d’Angoulême, est plus sombre que les précédents, même si l’on sourit quelques fois. Paul se retrouve seul dans sa maison d’Ahuntsic dessinée avec exactitude, jusqu’à l’emplacement des arbres et des haies de cèdres. Son jardin se détériore au même rythme que sa vie, désertée par les gens qu’il aime. Sa mère est malade, sa femme l’a quitté et sa fille, qu’il ne voit presque plus, lui annonce qu’elle part vivre en Angleterre. La mélancolie des jours et des saisons qui défilent est décrite avec tendresse et réalisme. La solitude de son quotidien laisse également place à quelques souvenirs de son enfance et de sa vie de jeune père. Cet album, dans lequel on peut se plonger même sans avoir lu les précédents, raconte le deuil et la nostalgie.

C U LT U R E

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Photo : © Bianca Des Jardins


Nouveau

Espace gastronomique d’inspiration nordique Par le chef Raphaël Podlasiewicz et sa brigade

Restaurant ouvert au public sur la Rive-Sud de Montréal Par Strøm spa nordique 1887, av. Bourgogne, Chambly


Photo : © Bianca Des Jardins


Cake salé au saumon fumé Une création de Kevin Lafrenière, sous-chef exécutif des restaurants du Strøm spa nordique

Portions

Temps de préparation

Temps de cuisson

8

20 min

50 min

Une recette parfaite pour le brunch, l’apéro ou même pour un souper tout en légèreté, accompagné d’une verdure. Facile à réaliser, ce cake saura impressionner par ses garnitures réfléchies et le contraste entre la fraîcheur du fenouil croquant, le fumé du saumon et l’acidité du vinaigre.

Préparation 1

2

3 Ingrédients

1 oignon, tranché finement 20 ml + 100 ml d’huile de tournesol 200 ml de vin blanc 4 œufs 250 g de farine 1 c. à thé de poudre à pâte 2 pincées de sel ½ c. à thé de graines de fenouil, moulues 250 g de saumon fumé à chaud

4

5

6

Garnitures

Crème sure Aneth frais Fenouil émincé Vinaigre de cidre Huile d’olive 100 g de saumon fumé à froid 1 œuf poché Câpres de marguerites ou régulières Sel et poivre

À TA B L E

Faire frire l’oignon à feu moyen dans 20 ml d’huile de tournesol pendant 8 à 10 minutes jusqu’à ce qu’il soit légèrement doré. Déglacer avec 100 ml de vin blanc et cuire jusqu’à évaporation du vin. Retirer du feu. À l’aide d’un batteur sur socle muni du fouet, mélanger 100 ml d’huile de tournesol, les œufs et les 100 ml de vin blanc restants pendant 2 minutes. Ajouter en pluie la farine, puis la poudre à pâte, le sel et les graines de fenouil en mélangeant à basse vitesse. Ajouter l’oignon et le saumon fumé grossièrement émietté. Mélanger délicatement. Verser l’appareil dans un moule à pain de 9 x 5 pouces préalablement recouvert d’enduit à cuisson antiadhésif de type Pam et cuire dans un four préchauffé à 350 °F pendant environ 50 minutes. Démouler et faire refroidir sur une grille.

Présentation 1 2

3

4

Trancher le cake délicatement. Mettre dans l’assiette 1 c. à soupe de crème sure, garnir d’aneth, de sel et de poivre, et y disposer une tranche de cake. Ajouter le fenouil assaisonné de quelques gouttes de vinaigre de cidre, d’huile d’olive, d’aneth, de sel et de poivre. Garnir d’une ou deux tranches de saumon fumé à froid, d’un œuf poché et de quelques câpres, au goût.

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À table en Italie Par Emiko Davies, autrice culinaire En raison de mon métier, je passe la majeure partie de mes journées chez moi, dans une petite ville de Toscane, à tester et à retravailler des recettes, à préparer ou photographier des plats pour la rubrique culinaire que j’écris, ou pour mon infolettre.

Mes deux enfants, qui ont respectivement 5 et 10 ans, ont grandi en me voyant à l’œuvre, et ont été impliquées souvent dans mes expérimentations en cuisine. Plus d’une fois, elles ont cassé des œufs, roulé de la pâte et cuisiné à mes côtés, et ces moments partagés me procurent toujours la plus grande joie, encore aujourd’hui. Si mes filles ne sont pas nécessairement intéressées à manger ce que nous préparons, l’acte de la préparation est toujours un succès, car ces instants me permettent de créer un lien avec elles et de leur apprendre à aimer la nourriture. Je vis en Italie depuis presque 20 ans maintenant. J’ai quitté Sydney, en Australie, en 2005. J’ai grandi en Australie dans les années 80, et en Chine dans les années 90, élevée par une mère d’origine japonaise qui, comme sa propre mère, voyait les aliments comme remèdes du quotidien. Pour combattre la fatigue, il fallait manger quelque chose de vinaigré, et pour se réchauffer les jours de grand froid, des gâteaux de riz brûlants étaient la solution. Dès l’enfance, j’ai donc compris que le rôle de la nourriture était de nous nourrir et de nous faire du bien. M’intéresser à la cuisine italienne et avoir ma propre petite famille ici m’a fait comprendre à quel point la relation que les Italiens et les Italiennes ont avec la nourriture et avec l’acte de nourrir les autres est importante. La nourriture est leur façon de dire « je t’aime ». Et c’est la mienne aussi. C’est probablement pourquoi je me sens si bien en Italie. Manger et boire dans la joie et simplement pour le plaisir d’être ensemble est vraiment

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un art que les Italiens ont su maîtriser. Dans Why Italians Love to Talk About Food, Elena Kostioukovitch écrit : « Le parfum du ragú qui mijote, le bouquet d’un vin local, le souvenir d’un repas : les Italiens parlent de ces détails aussi naturellement que nous parlons de politique ou de sport, et souvent avec la même fougue. » En Italie, être à table, c’est être ensemble. Pour tout le monde, et dès un très jeune âge, les repas sont une activité sociale d’importance. À la maternelle et au primaire, les enfants s’assoient avec leur professeur et toute leur classe pour le dîner, où ils partagent le même repas. Le souper est également une occasion de se rassembler, et les enfants attendent que leurs parents rentrent du travail pour manger en famille. C’est donc dire que même les jeunes enfants se couchent assez tard – aux alentours de 21 heures en semaine, voire plus tard. En contrepartie, ils ont la chance de passer du temps de qualité avec leurs parents et leur fratrie autour d’un bon repas. La nourriture n’est pas seulement un carburant, de la même manière que les repas ne se limitent pas à l’acte de se nourrir. La nourriture permet cette connexion à l’autre. C’est aussi une question de culture et d’identité, de famille et de traditions ; c’est une source de joie, et ça ne devrait pas être une source de culpabilité. Savourer une viennoiserie et un cappuccino au déjeuner, ou un gelato en soirée lors d’une passeggiata pendant les longs et chauds mois d’été, ce n’est pas seulement la norme, mais un rituel que tout le monde, peu importe l’âge, attend avec impatience.

À TA B L E

Emiko et son aînée en cuisine Photo : © Emiko Davies



Pour ma part, je veux que mes enfants gardent un bon souvenir des repas, qu’elles se rappellent s’être senties en sécurité à la table. On ne peut pas partager un moment de complicité si personne n’est détendu. D’ailleurs, dès l’âge de trois ans, ma fille aînée a commencé à ressentir beaucoup d’anxiété face à la nourriture. Il lui est arrivé souvent de refuser d’aller jouer avec des amies par peur de se faire offrir ou de devoir manger certains aliments devant les autres. L’heure du repas à l’école la rendait aussi très nerveuse : elle pouvait passer des jours à ne pratiquement rien manger, et je l’observais maigrir à vue d’œil. Comme nous tous, son estomac est là où elle ressent le plus l’impact des émotions qu’elle vit. Peu importe ce qu’il y a dans son assiette, et même si c’est son repas préféré, elle peut soudainement perdre l’appétit si quelque chose ne va pas. Pour l’aider à avoir une relation positive avec la nourriture, il était important pour moi qu’elle respecte d’abord sa faim et les signaux envoyés par son corps, et ensuite, que l’acte de faire à manger et de manger demeure amusant, accessible et réconfortant. Il nous est arrivé de faire pour le plaisir des pâtes, de la pizza, des gâteaux, du gelato maison, ou de nous filmer alors que nous exécutions une recette, comme à la télévision. Et à la fin, peu importe si elle mangeait ou non ce que nous avions préparé : nous faisions juste explorer. Je la laissais s’amuser avec de la farine ou des légumineuses sèches, faire des dessins avec, mettre ses mains dedans. Elle m’accompagnait au marché et on jouait à nommer les fruits et les légumes que l’on voyait. Nous sommes aussi allées cueillir des petits fruits sauvages, visiter des fermes appartenant à des amis pour voir des chèvres se faire traire, des abeilles qui s’affairaient dans leur ruche, assister à la confection de la mozzarella et ramasser des œufs frais tout juste pondus. Bien sûr, vivre en Italie rend tout ça possible et facile. Avec le temps et les années, ma fille a su surmonter son anxiété entourant la nourriture. Elle partage maintenant des repas dans la bonne humeur, avec nous, avec ses amies et avec ses compagnons de classe, et commande sans inquiétude dans les trattorias des plats qu’elle n’aurait jamais voulu manger avant.

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[...] je crois qu’il est essentiel d’aider les enfants, et surtout les filles, à voir la nourriture comme une source de joie et de connexion [...]

Les deux filles d’Emiko en cuisine Photo : © Emiko Davies



Emiko dans son nouvel atelier-boutique, Enoteca Marilu Photo : © Sofie Delauw

San Miniato, où vit Emiko, en Toscane Photo : © Sarah Lamarche


Quelques années plus tard, cette approche de l’alimentation s’est aussi imposée à moi à la naissance de sa sœur. Ma plus jeune est, depuis toute petite, en surpoids. Elle est active, en santé, et mange des repas sains et faits maison, mais elle est simplement plus corpulente – comme moi quand j’étais petite. Comme avec ma plus vieille, je crois qu’il est essentiel d’aider les enfants, et surtout les filles, à voir la nourriture comme une source de joie et de connexion plutôt que comme quelque chose dont il faut se priver ou avoir peur. Nous avons donc, encore une fois, cuisiné ensemble ma plus jeune et moi, entre autres parce qu’elle a toujours été très intéressée à m’aider en cuisine, tout comme j’adorais le faire avec ma mère quand j’étais petite. Et chaque fois que je partageais sur mes réseaux sociaux ou mon blogue du contenu où l’on voyait ma fille, pétillante et souriante, faire des pâtes comme une experte, aider sa grande sœur à préparer la panna cotta, travailler la pâte feuilletée maison ou savourer un minestrone, je recevais une avalanche de messages, en particulier de personnes qui avaient physiquement ressemblé à ma fille dans le passé, ou ayant des enfants de corpulence similaire. Les gens me confiaient à quel point leurs enfants adoraient regarder les miennes cuisiner, ou comme ils auraient aimé que leurs parents n’aient pas diabolisé la nourriture lorsqu’ils étaient plus jeunes.

l’enseignement que j’ai reçu en grandissant, celui de l’amour inconditionnel d’un parent pour le corps de ses enfants, peu importe la taille ou la forme qu’il prend ou prendra dans le futur. Je veux que mes filles sachent qu’elles sont parfaites comme elles sont. J’ai fini par comprendre que tout ce que je veux pour elles (ou pour toute personne pour qui je cuisine) est qu’elles se sentent confortables, en sécurité, et aimées autour de la table. J’ai confiance en leur appétit. Je veux qu’elles écoutent leur corps et leurs envies, et je respecte leurs préférences (on en a tous, de toute façon). Je suis infiniment reconnaissante de vivre dans une culture où, à chaque repas, nous célébrons l’acte de manger plutôt que de le craindre. Nous aimons la nourriture ainsi que la nature et les artisans derrière. Les repas sont des moments de partage remplis d’amour lors desquels il n’est pas question de diaboliser la nourriture, de forcer qui que ce soit à manger quoi que ce soit, ou de restreindre certains aliments. Et cette simplicité entourant l’acte de se nourrir contribue à une vie plus légère et heureuse, et est un excellent prétexte pour apprendre à mes deux filles à s’aimer, à se faire confiance et à respecter leur corps et qui elles sont. Parce que l’unique but est de vivre dans la joie, vraiment. Et se sentir bien à table, ensemble, est tout aussi important, sinon plus, que ce qu’il y a sur la table.

Ce n’est pas facile de nourrir les autres, et notamment quand il s’agit de sa propre famille. Il peut être ardu en tant qu’adulte d’écouter et de faire confiance à son corps, surtout lorsqu’on a grandi dans la culture des régimes et de ses dictats malsains. Alors imaginons devoir faire confiance au corps de ses enfants ! Pourtant, les tout-petits sont souvent plus en contact avec leurs besoins que l’on croit. Bref, soutenir ma fille dans son rapport à son corps me donne parfois l’impression de nager à contre-courant, parce que la société ne voit pas que tous les corps sont beaux, et ne normalise pas le fait qu’un corps puisse changer, souvent de façon spectaculaire, au cours d’une vie. Je pense donc que la meilleure façon que j’ai d’appuyer mes filles dans leur rapport à leur corps et à la nourriture doit s’inspirer de

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Les métiers du vin, suite Par Stéphanie Dupuy, sommelière

Dans la dernière édition du magazine, je racontais deux métiers pratiqués par peu de gens et méconnus de beaucoup d’entre nous. Ces métiers, souvent manuels et riches d’une longue tradition, fascinent pour leur unicité, mais aussi pour les connaissances et le savoir-faire hors du commun qu’ils requièrent pour être exercés. Voici la suite de cette brève incursion dans le monde des métiers insoupçonnés du vin. MERRANDIER

Le métier de tonnelier faisait partie de nos découvertes dans l’article précédent. Pour fabriquer ses barriques, le tonnelier travaille avec du chêne déjà conditionné en planches de grande qualité, exemptes d’imperfection. La minutieuse tâche de transformer un chêne en billots, puis en merrains (planches qui seront assemblées pour former une barrique), est celle du merrandier. Le chêne utilisé en merranderie et en tonnellerie provient de différentes forêts importantes dans le monde : de l’Europe de l’Est, des États-Unis, et bien sûr, de la France. Les forêts de Tronçais, de Cîteaux et de Darney abritent la crème de la crème en matière de chênes français destinés à la fabrication de barriques. Ces arbres représentent 1 % seulement du bois français mis en marché annuellement et constituent donc une rareté. Très élancés, ils mesurent généralement plus de 25 mètres de hauteur et sont dépourvus de branches sur la majeure partie de leur tronc. Ils ont une croissance très lente (environ 5 mm de diamètre par an) qui confère au grain du bois la densité parfaite pour une barrique. Avec un rythme de croissance aussi lent, les chênes sont donc bichonnés par plusieurs générations pendant 150 à 200 ans. Cela signifie que les forestiers prélèveront cette année des chênes dont les glands ont germé entre 1823 et 1873 !

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Lorsque l’arbre est jugé assez mature, il est vendu, souvent aux enchères. Tout le tronc, de la base aux premières branches, sera utilisé pour la fabrication de merrains. Arrivé sur le site de transformation, la merranderie, le chêne sera tronçonné en billots d’un mètre ensuite fendus en deux dans le sens de la longueur afin de respecter le fil (sens du grain) de l’arbre et de garantir l’étanchéité de la barrique. Chaque moitié de billot sera ensuite fendue de nouveau en environ cinq quartiers qui seront travaillés en deux ou trois merrains. Finalement, les merrains seront placés à l’extérieur, à la merci des vents et des intempéries pour une période d’un an et demi à deux ans et demi avant d’être envoyés en tonnellerie. Seulement 30 % du chêne sera utilisé par le merrandier. La tête, le pied, l’écorce, l’aubier et le cœur seront utilisés à d’autres fins comme la production de copeaux, la scierie pour charpentes ou encore la fabrication de meubles. Malgré tout, un chêne permettra la fabrication de huit à 15 barriques, selon sa taille.

PÉPINIÉRISTE

Au 19 e siècle, le phylloxéra, un insecte d’un demi-millimètre apparenté au puceron, est introduit accidentellement en France par l’importation de plants de vigne américains. Originaire du Mississippi, cet insecte s’attaque au système racinaire de la vigne et la tue complètement en trois ans à peine. La situation devient rapidement hors de contrôle et catastrophique en France, puis en Europe, et bientôt presque partout sur la planète. Des millions de kilomètres carrés de vignes sont perdus. C’est de ce ravage et de la nécessité de trouver une solution qu’est né le métier de pépiniériste.

À TA B L E

Plusieurs méthodes infructueuses ont été mises en œuvre afin de contrer le phylloxéra, mais comme il était observé que les vignes américaines (Vitis labrusca) n’étaient pas affectées par l’insecte, l’option de la greffe s’imposa. La technique est simple ; un greffon de l’espèce Vitis vinifera désirée (chardonnay, pinot noir, cabernet sauvignon, etc.) qui donnera les feuilles et les fruits est greffé sur un pied de vigne américain appelé porte-greffe. En hiver, alors que la vigne est en dormance et que la sève ne circule plus, les sarments, soit les tiges de la vigne porte-greffe, sont coupés à environ 30 cm de longueur. Les sarments du greffon sont aussi coupés, mais à quelques centimètres seulement, en prenant soin de conserver un œil (un bourgeon en devenir) sur la coupe. Au printemps, les deux morceaux sont assemblés par un ouvrier ou une ouvrière à l’aide d’une machine emportepièce actionnée par des pédales, qui retire un morceau au porte-greffe et taille le greffon afin que les deux s’imbriquent parfaitement. Pensez à deux morceaux de casse-tête qui s’emboîtent. Les sarments ainsi assemblés sont entreposés dans des lieux frais pour favoriser la stratification. En mai, les sarments encore dénués de racines sont mis en terre. Entretien, irrigation, traitements… les bons soins du pépiniériste sont nécessaires afin que les sarments se développent jusqu’à devenir un plant de vigne. Vers le mois de novembre, alors que la vigne retombe en dormance, les plants sont arrachés. Le système racinaire ainsi que la qualité de la greffe sont contrôlés et la vigne est mise en chambre froide, prête à être livrée au viticulteur.


Il existe quelques régions dans le monde qui ont été épargnées par le phylloxéra. C’est le cas du Chili, protégé par la cordillère des Andes, de vignobles insulaires comme les îles Canaries, ou encore de vignobles comme Barolo et Barbaresco, en Italie, dont les sols sableux ne permettent pas la prolifération de l’insecte. On dit que les cépages cultivés dans ces terroirs sont francs de pied. Autrement, aujourd’hui, la presque totalité des vignes d’Europe est greffée. Le métier de pépiniériste, bien qu’il soit méconnu de la majorité des consommateurs de vin, n’en est pas moins absolument essentiel.

Adoptez les rituels de l’apéro avec Amermelade, le premier apéritif amer québécois!

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D’origine québécoise, Nathalie Bonhomme produit du vin dans la région chaude et ensoleillée de Valence en Espagne. Cette cuvée est un assemblage de monastrell (mourvèdre) et de cabernet sauvignon. On y retrouve beaucoup de fruits dans un ensemble riche et charnu, sans pour autant être dépourvu de fraîcheur.

FA L DA S DA S E R R A , DÃO, MAIA S 2021, B I OLOG I QUE 14 0 70 472 – 17, 3 5 $

Voici un vin typiquement portugais avec un assemblage de cépages indigènes ; jaen, alfrocheiro, touriga nacional et tinta roriz. Il est produit par la famille Lourenço, très respectée dans la région du Dão. Ce vin, aux arômes de fruits rouges et noirs mûrs avec des notes d’épices, est parfait en accompagnement d’un plat de pâtes à la saucisse ou encore de côtelettes de porc grillées.

C AT H E R I N E E T P I E R R E B R E T O N , V O U V R AY, É PAU L É J E T É 2 0 2 1, B I O L O G I Q U E , N AT U R E 12 10 3 411 – 2 5 ,9 5 $

Catherine et Pierre Breton proposent ici une charmante cuvée 100 % chenin blanc. On y retrouve des notes de pomme jaune, de poire et de miel, le tout avec une fraîcheur vivifiante soutenue par une agréable amertume qui ajoute de la texture et ouvre l’appétit. Un vin idéal pour l’apéro avec de la baguette et du camembert.

À TA B L E

Dans une bouteille d’Amermelade, vous trouverez l’histoire du classique aperitivo italien et un savoureux vent de fraîcheur bien local avec des saveurs comme le myrique baumier et l’argousier. Découvrez les produits des Spiritueux Iberville dans toutes les SAQ et aux restaurants du Strøm spa nordique.



Cinq refuges pour se recueillir en nature Pour la première fois, nous sommes fiers de pouvoir vous présenter un cinquième refuge Strøm spa nordique. Celui-ci s’ajoute aux quatre autres établissements qui, depuis plusieurs années, vous accueillent pour un moment de détente unique.

I N S TA L L AT I O N S

La rivière à Simon 2. Un sauna sec avec blocs de sel 1.

Photo : © Bianca Des Jardins Photo : © Polar Bear’s Club

Découvrez-les tous au fil de ces pages, alors qu’ils se parent tranquillement de leurs couleurs d’hiver.

S A I N T- S AU V E U R


I N S TA L L AT I O N S 1.

L’hiver, le site qui se déploie sur plusieurs paliers

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I N S TA L L AT I O N S

ÎLE- DES -SŒURS

Différents bassins et aires de détente vus d’en haut 2. Un sauna finlandais 1.

Photos : © Bianca Des Jardins

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Photos : © Bianca Des Jardins

I N S TA L L AT I O N S

M O N T- S A I N T- H I L A I R E

Un bassin chaud en plein air 2. La piscine tempérée 1.

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I N S TA L L AT I O N S

VIEUX- QUÉBEC

Station de repos dans la rivière Strøm 2. L’une des entrées de la rivière Strøm 1.

Photos : © Olivier Staub

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I N S TA L L AT I O N S 1.

Un sauna finlandais avec vue sur la rivière Magog

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I N S TA L L AT I O N S

SHERBROOKE

Le bâtiment qui longe la rive 2. Un des nombreux bassins chauds de la station thermale 1.

Photos : © Adrien Williams

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