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SOCIÉTÉ

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Ode au temps blanc

Par Julie Tremblay-Potvin, cofondatrice et présidente de l’entreprise De Saison – Art de vivre et de travailler

ENFIN ! — Vous voilà installé(e), magazine à la main. À quelle fréquence vous arrive-t-il de laisser vos yeux et votre cerveau vagabonder loin des écrans de votre téléphone et de vos pensées ? Avez-vous déjà songé à faire de ces temps d’arrêt un mode de vie ? Serait-ce impensable, alors que la vie va si vite ? Ou est-ce déjà chose faite ? S’agit-il d’un luxe que vous n’osez pas vous accorder ? Ou encore d’un souhait profond, un besoin même, auquel vous ne savez hélas pas trop comment répondre ? Entre le souhait et la réalité d’un quotidien qui respire davantage, il y a une question de perception. Arrêtons de voir nos temps de pause comme du temps de paresse, du temps volé à notre liste de tâches et même comme une récompense bien méritée au bout de notre dur labeur. Non, pour leur faire de la place plus souvent, pour faire taire la culpabilité, il faut les considérer comme des actions stratégiques et utiles, voire nécessaires et incontournables au bon fonctionnement de notre outil principal de travail : notre cerveau.

RALENTIR

Entre la fatigue pandémique et le tollé d’actualités aussi désolantes que polarisantes qui nous dégringolent dessus semaine après semaine, le monde n’a jamais été aussi épuisé. En avril 2021, 80 % des gestionnaires affirmaient terminer leur journée de travail exténués au point où ils n’avaient plus aucune énergie pour autre chose. Plus largement, la majorité des personnes affirmaient travailler davantage en télétravail, utilisant les périodes habituellement allouées aux déplacements pour se mettre à l’œuvre. Plusieurs se demandaient même comment ils arriveraient à reprendre leurs autres rôles sociaux après la pandémie, tellement le travail prenait maintenant une grande place dans leur vie.

CHANGEMENT DE CULTURE

Mais comment en sommes-nous arrivés, comme société, à supprimer la majorité de nos temps blancs ? D’abord, la culture de performance est devenue la culture dominante, de sorte que les attentes au travail prennent souvent le dessus sur les besoins des autres sphères. Ou pire, nous n’entendons plus nos besoins réels, étourdis par le FOMO (fear of missing out), cette peur de manquer quelque chose ou de rater des occasions. L’autre coupable, bien sûr, est l’hyperconnectivité. C’est possiblement celle-ci qui a mis le clou dans le cercueil de nos temps blancs. L’instantanéité est devenue notre drogue. La petite souris dans notre cerveau s’abreuve de nouveautés et de stimulations à s’en donner mal à la tête. Mais elle n’arrive tout simplement plus à s’arrêter, droguée à la flambée d’hormones que lui procurent ces activités.

C’est ainsi que nous avons perdu nos temps blancs : ces temps vides, exempts de sollicitation, pendant lesquels notre esprit peut vagabonder librement, comme le temps d’attente dans une file à l’épicerie ou au bout du fil, lors d’un déplacement en taxi ou en autobus. Ceux-ci nous indisposent désormais tellement qu’on les comble sur-le-champ, en attrapant notre téléphone, en consultant nos messages, notifications de toutes sortes et fils d'actualité. Bref, nous arrivons de moins en moins à prendre du temps pour renflouer nos propres énergies et apaiser notre espace mental hyperstimulé.

Ah, ces humains ! Mieux vaut en rire ! Mais on se questionne aussi, non ? Vous serez d’accord avec moi pour dire qu’il est possible de poser la question autrement : à côté de quoi passons-nous si nous n’avons plus de temps blancs à savourer ? À côté de la vraie connexion : la relation à soi, à la nature, au rythme naturel des choses. La connexion aux autres, même. Celle qui nous a tant manqué en temps de pandémie. Saurons-nous rétablir cet habile équilibre entre stimulation, recharge mentale et inspiration ? Eh bien, les temps blancs peuvent nous y aider.

UN OUTIL DE SAINE PERFORMANCE APPELÉ TEMPS BLANC

La définition officielle du concept, que nous avons chez De Saison traduit de l’anglais whitespace et adapté, c’est « du temps stratégique en marge du quotidien pour prendre du recul, apaiser son espace mental, réfléchir stratégiquement et se déposer ». À titre de conseillère stratégique en entreprise, de professionnelle des communications et de la créativité, je suis une habituée des lacs-à-l’épaule, ces « retraites d’affaires » pendant lesquelles on reconnecte, réfléchit et planifie, loin de nos ordinateurs. L’idée derrière les temps blancs, c’est de créer pour nous-mêmes ces petites pochettes de temps au quotidien. Cela vous semble un luxe inaccessible ? Et si ces quelques minutes quotidiennes vous permettaient de reprendre possession de votre expérience du travail et de la vie, d’avoir des journées hautement plus satisfaisantes et moins épuisantes ?

SE DÉCOLLER LE NEZ DE L’ARBRE POUR MIEUX VOIR LA FORÊT

Il existe plusieurs types de temps blancs, du plus petit, comme la pause entre deux rencontres au travail, au plus grand : la fameuse retraite ou le lac-à-l’épaule. Entre les deux, il y a tous les moments de transition, les déplacements en voiture, la marche vers l’école, la séance d’entraînement, où l’on prend le temps de tracer la ligne entre notre journée de travail et le retour à la sphère familiale. Ces instants de pause s’invitent même au bureau, où l’on dit que de consacrer 20 % de notre temps au temps blanc pourrait aider à stimuler la créativité et l’innovation, encourager l’agilité stratégique et les apprentissages, ainsi que contribuer à prioriser la santé globale et le sentiment d’appartenance à l’équipe. Enfin, il y a ce temps pour nous-mêmes, en fin de soirée ou lors de nos jours de congé, que nous oublions parfois d’orienter de façon intentionnelle et satisfaisante.

JUSTEMENT, QUE FAIT-ON PENDANT CES FAMEUX TEMPS BLANCS ?

On laisse la poussière de nos pensées se déposer ou bien on les jette sur papier dans un désencombrement mental géant. Nos « il faut que », nos projets, nos souvenirs passés, notre discours intérieur. Les études démontrent que seulement 20 minutes passées à l’extérieur (seul, en silence et sans aucun écran) sont suffisantes pour abaisser de façon significative le taux de cortisol dans notre corps, et donc le stress. On en profite pour marcher, observer la nature autour de nous, se reconnecter à nos cinq sens. On se détache ainsi un peu de nos pensées, on les laisse traverser notre esprit pendant qu’on se concentre quelques minutes sur la nature environnante. À l’intérieur, on obtiendra les mêmes bienfaits en touchant par exemple une tasse de thé fumant, en écoutant le bruit de la bouilloire, en ouvrant la fenêtre pour prendre une bouffée d’air frais. Un premier pas accessible vers la pleine conscience. Une fois toute votre agitation mentale calmée, il y a fort à parier que vous vous sentirez plus présents, plus conscients de ce qui est autour de vous. Vous serez habités d’un sentiment de calme et de satisfaction. Bref, vous y verrez plus clair. Vous disposerez à ce moment d’un meilleur recul stratégique pour orienter votre journée de façon réaliste, en fonction des vrais besoins et des vraies priorités. Et ça, c’est de la saine productivité ! Joyeux Temps blanc !

DE L’INTENTION À L’ACTION

De Saison outille les individus, équipes et gestionnaires dans cette transformation du monde du travail sans précédent. Sa mission : promouvoir des réflexes de saine performance, pour la santé des individus, de leurs familles, des organisations et des collectivités dans leur ensemble.

desaison.ca

Pour poursuivre la discussion sur la transformation du monde du travail et l'importance des temps blancs avec Julie TremblayPotvin et Marie-Andrée Mackrous, de De Saison, suivez notre balado Centré sur l’équilibre.

Le parcours d’un proche aidant : Entretien avec Charlotte Beaudet

Coordonnatrice clinique au service Info-aidant de l'Appui pour les proches aidants

VENIR EN AIDE À CEUX QUI AIDENT QUOTIDIENNEMENT — L’ Appui pour les proches aidants est un organisme visant à favoriser l’émergence d’une conscience sociale favorable aux personnes proches aidantes et à améliorer leur qualité de vie. L’organisme propose plusieurs services, dont le service Info-aidant, qui s’adresse aux proches aidants et à leur entourage, mais aussi aux intervenants et aux professionnels de la santé. Info-aidant est un service confidentiel et gratuit où des conseillers formés offrent de l’écoute téléphonique, de l’assistance par courriel, de l’information et une redirection vers les ressources appropriées selon les besoins. En somme, des outils pour que les proches aidants puissent s’accomplir dans leur rôle tout en prenant soin d’eux.

Que pouvez-vous nous dire sur la proche aidance ? Comment ce rôle se manifeste-t-il dans la vie de quelqu’un ?

« Un proche aidant offre des soins et services à un proche de façon gratuite et non organisée, que ce soit un membre de la famille, un parent, un ami, un voisin. Toutes ces personnes qui soutiennent quelqu’un en position de vulnérabilité, malade, aux prises avec un problème de santé mentale, de santé physique ou de dépendance sont des proches aidants.

C’est assez rare que les gens se reconnaissent comme proche aidant au début de leur parcours. Ils se disent que c’est normal de prendre soin d’un être cher, et qu’un titre ne leur revient pas à cause de ça. Nous avions d’ailleurs effectué une étude en 2016, et 20 % des gens qui consacraient 10 heures ou plus à un proche de façon hebdomadaire ne se reconnaissaient pas dans le rôle de proche aidant. Au service Info-aidant, on se rend compte que les gens nous contactent alors que ça fait plusieurs années qu’ils sont proches aidants, qu’ils commencent à peine à l’accepter et, épuisés, à penser à demander de l’aide.

La plupart du temps, on devient proche aidant de façon graduelle, comme on le fera auprès d’une personne âgée qui perd tranquillement en autonomie. Le rôle de proche aidant arrive ainsi rarement comme une évidence au premier jour. On peut aussi être un proche aidant “de passage” dans la vie de quelqu’un qui se rétablira par la suite, comme auprès d’une personne souffrant d'un problème de santé mentale, par exemple la dépression. »

Dans quel état d’esprit sont les proches aidants qui tendent la main pour obtenir de l’aide ?

« En plus de l’épuisement, présent dans presque tous les cas, nous constatons souvent de l’impuissance chez les proches aidants, face à l’évolution de la maladie, aux choix médicaux que la personne aidée fait pour elle-même, aux conflits entre les membres de la famille sur certains enjeux. La charge émotive qui vient avec une situation où il n’y a pas d’issue, où la personne n’a pas d’emprise sur ce qui passe est immense, mais on ne peut malheureusement pas donner un coup de baguette magique. En revanche, on essaie toujours de considérer les événements dans leur globalité, d’analyser tous les aspects du problème afin de donner au proche le plus de pouvoir possible, de s’assurer qu’il est outillé pour agir au mieux sur les choses qu’il peut contrôler.

La culpabilité, qui entraîne une sorte de confrontation intérieure chez le proche aidant, est aussi souvent observée. Mettre ses limites génère de la culpabilité chez l’aidant, car il craint l’impact que la priorisation de son propre bienêtre pourrait avoir sur l’être cher s’il lui offre moins de temps, lui prodigue moins de soins. »

Comment s’y prendre pour soutenir un proche aidant dans son rôle ?

« Tout d’abord, constatez tout ce que la personne fait : la reconnaissance est essentielle. Ensuite, il est important de prendre soin d’elle. On peut lui demander comment elle va, comment elle vit la situation, initier une discussion. Beaucoup de proches aidants ne s’ouvrent pas nécessairement à leurs amis et à leur famille sur leur réalité par peur d’alourdir leurs relations, de créer des malaises ou de faire porter leur fardeau à ceux qu’ils aiment, alors de leur manifester notre ouverture et notre écoute peut être très précieux. »

Y a-t-il aussi du beau malgré les épreuves ?

« Bien sûr ! Il n’est pas rare que la proche aidance change la relation entre l’aidant et l’aidé. Une vulnérabilité se révèle, une intimité aussi, où l’on découvre de nouvelles facettes de celui ou celle que l’on pensait connaître. Une forme plus pure des besoins et des émotions émerge, et cela donne souvent lieu à de très beaux échanges. Le proche aidant peut également se découvrir des forces, des habiletés, notamment du point de vue de l’organisation et de la communication. De la complicité et de la confiance peuvent se développer, pas juste entre l’aidant et l’aidé, mais aussi au sein de la famille, où les membres qui s’entraident peuvent tisser des liens plus forts. »

L’Appui peut-il fournir de l’aide à n’importe quel proche aidant, peu importe ses besoins et ceux de l’aidé ?

« Oui. Nous faisons affaire avec des organismes à travers le Québec, qui souvent ne desservent pas l’entièreté de la province, donc selon l’endroit où la personne qui appelle réside, les ressources que nous lui proposerons seront différentes. Nous avons un répertoire de ressources, également accessible au public, qui nous permet de trouver celles qui correspondent le mieux aux besoins que la personne nous nomme, et à ceux que l’on constate lors de l’appel. Parmi les services que les gens peuvent rechercher, je pense entre autres au répit, aux ateliers de stimulation dans des centres de jour ou à la maison pour les personnes atteintes d’Alzheimer, à l’aide pour donner le bain à domicile, au soutien individuel ou en groupe. Comme chaque situation est différente, l’éventail des demandes que l’on peut recevoir est très large. »

S'outiller en trois temps : Voici par où commencer pour assurer son rôle de proche aidant sans s'oublier

Se questionner sur ses limites : Quand on commence à donner du temps et des soins à un être cher, on se dit souvent qu’on le fera jusqu’à ce qu’on ne soit plus capable. Mais après plusieurs années, une charge que l’on portait avant peut devenir trop lourde. On a le droit de repenser nos limites, qui peuvent changer avec le temps et les circonstances.

S’éduquer sur la maladie : Pour se préparer à ce qui s’en vient.

S’informer sur les ressources disponibles : Le CSLC, les services de soutien à domicile pour le proche aidé, les groupes ou séances de soutien individuel venant en aide aux proches aidants… Se familiariser avec les ressources pour savoir vers qui se tourner et comment procéder lorsque nous en aurons besoin permet de se sentir prêt, entouré, et nous aidera à adopter les bons réflexes le moment venu.

Crédit photo : Bianca Des Jardins

Pour écouter l’entrevue complète avec Charlotte Beaudet, suivez notre balado Centré sur l’équilibre.

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La culpabilité parentale nous rend-elle vraiment service ?

Par Lory Zephyr, psychologue spécialisée en santé maternelle, périnatalité et attachement

TEMPS D’ARRÊT — Après avoir retiré peignoir et sandales, vous vous immergez complètement dans un bassin chaud au spa. Ce moment, vous en avez tant rêvé ! Vous passez tellement de temps à prendre soin de votre famille, à tenter d’atteindre les objectifs au travail, et bien sûr, à entretenir vos relations sociales que vous attendiez avec impatience ce temps de relaxation. Vous commencez tranquillement à vous détendre, à profiter du silence, rare et réconfortant, quand soudainement, la culpabilité pointe le bout de son nez : « Comment se débrouille mon ou ma partenaire avec les enfants à la maison ? Devrais-je annuler mon massage pour faire avancer ce projet urgent au travail ? Ce moment pour moi était-il vraiment nécessaire ? » Ces questions font naître dans votre esprit cette émotion que tout le monde vit, mais dont on parle encore très peu. Regardons de plus près la culpabilité, afin de l’aborder dans toute sa complexité.

LA CULPABILITÉ, UNE ÉMOTION AU SERVICE DE L’AUTRE

Nous avons tous déjà ressenti de la culpabilité. S’il est vrai que cette expérience émotionnelle est désagréable, nous ne prenons pas toujours conscience qu’elle est au service de l’humanité. En effet, la culpabilité peut être

catégorisée comme une émotion morale qui a pour but de guider nos actions vers l’intérêt collectif plutôt

que l’intérêt individuel. Elle peut aussi être qualifiée d’émotion sociale, c’est-à-dire qu’on peut la ressentir lorsque nous sommes en contact avec les autres. Concrètement, on se sent coupable lorsque nous évaluons que nous avons transgressé une norme morale en causant du tort à une autre personne (ou même à un animal). La culpabilité nous amènera à réparer la faute que nous aurons commise.

Imaginons par exemple que vous êtes devenu parent pour la première fois il y a à peine huit mois. Cette précieuse beauté a toutefois bon appétit… la nuit ! Le manque de sommeil vous conduira sûrement à être plus inattentif et déconcentré. Autrement dit, vous mettez le beurre d’arachides dans le micro-ondes et votre cellulaire dans le réfrigérateur. Ce n’est donc pas surprenant que vous ayez oublié d’appeler votre amie pour son anniversaire. C’est bien parce que vous ressentez de la culpabilité que vous prendrez le temps de lui téléphoner, de lui offrir vos excuses, et peut-être même de l’inviter à prendre un bon café.

Cette situation représente parfaitement l’un des bénéfices de la culpabilité. En effet, en plus de vous amener

à réparer ce que vous percevez comme une transgression, la culpabilité anticipée que nous pourrions

ressentir dans certaines situations nous conduit à nous abstenir de poser certaines actions. Supposons que vous êtes tenté de manger les chocolats d’Halloween de votre enfant lorsqu’il est couché (classique !). C’est votre culpabilité qui vous motivera à ne pas le faire. Finalement, la culpabilité est aussi utile pour renforcer les liens sociaux. Plus précisément, se sentir coupable est associé à notre empathie. Ainsi, montrer à l’autre que vous vous sentez inconfortable face à une action posée lui suggère que vous tenez à la relation, et que vous êtes attristé par le tort que vos gestes lui ont fait subir.

LA CULPABILITÉ PARENTALE SCRUTÉE À LA LOUPE

Seulement, la culpabilité n’est pas innée ; elle s’acquiert et se développe avec le temps. Il s’agit d’un apprentissage qui se fait dès la petite enfance. Ainsi, certaines personnes sont plus susceptibles que d’autres de se sentir coupables. Pour les parents d’aujourd’hui, ressentir cette émotion découle bien souvent d’attentes élevées et d’une perception intégrée de ce qu’est un « bon » parent. Par exemple, les mamans peuvent percevoir qu’elles doivent majoritairement consacrer leur temps à leur famille. À noter que, même si les mots sont souvent utilisés de façon interchangeable, la honte et la culpabilité sont des concepts différents. Alors que la culpabilité suit une action inadéquate isolée, la honte renvoie au sentiment que notre personne entière est fautive, en se disant par exemple : « je suis une mauvaise personne ». De ce point de vue, la honte fragilise davantage l’estime personnelle et la santé psychologique de façon générale. Par ailleurs, si la culpabilité dans la parentalité peut s’avérer utile, comme lorsque vous vous excusez à votre enfant pour votre impatience, la honte ressentie de façon répétée est davantage le symptôme d’une psychopathologie telle que la dépression.

Bien sûr, les papas comme les mamans peuvent ressentir de la culpabilité dans leur rôle parental. Toutefois, les attentes sociétales basées sur les images véhiculées sont différentes. À cet effet, certaines études ont permis d'observer que les femmes ressentaient davantage de culpabilité que les hommes. Il n’est donc pas étonnant que l’on entende plus souvent dans le langage courant les mots « culpabilité maternelle » et non « culpabilité paternelle ». Dans tous les cas, dans la parentalité, l’enjeu ne réside pas toujours dans la faute que vous auriez commise, mais bien dans la culpabilité que vous pourriez ressentir parce que vous avez l’impression de ne pas répondre aux hautes exigences que vous avez intégrées face à ce rôle.

L’AUTOCOMPASSION : UN REMÈDE POUR DIMINUER SON SENTIMENT DE CULPABILITÉ

L’autocompassion invite à se traiter soi-même avec autant de gentillesse et de compréhension qu’on le ferait avec un ou une ami(e). En effet, les exercices d’autocompassion démontrent que les attentes que vous avez envers vous-même sont supérieures à celles que vous avez envers toute autre personne. Développer

votre autocompassion est une opportunité de reconnaître et d’accepter votre propre ressenti plutôt que de chercher à vous mettre constamment dans la position de «faire toujours mieux».

Revenons à l’exemple de la culpabilité ressentie alors que vous prenez du temps pour vous. Que diriezvous à un autre parent qui vous fait part de ce même sentiment ? Votre réponse serait probablement qu’il fait bien de prendre du temps pour se ressourcer, qu’il peut faire confiance à son ou sa partenaire pour prendre soin des enfants et que le projet au travail peut bien attendre. Pour vous soutenir dans votre cheminement vers l’autocompassion, prenez le temps d’écrire ce que vous diriez à votre ami(e), puis, ce que vous vous diriez dans le même contexte. Remarquez-vous des différences dans le contenu ? Avez-vous l’impression que le ton est différent entre votre discours interne et celui que vous communiquez à un proche ? Relevez les éléments qui soutiennent votre autocompassion pour pouvoir les appliquer (et les répéter !) consciemment dans votre quotidien.

La culpabilité est une émotion aussi salutaire pour vous que pour les autres. Encore faut-il être capable de la ressentir de façon équilibrée, et non de manière envahissante. Prenez le temps de l’observer, afin de mieux reconnaître et comprendre cette émotion. Cela vous permettra de voir si cette dernière est justifiée… ou si vous vous autorisez simplement à profiter de votre moment bien-être au spa!

Pour poursuivre la discussion sur la culpabilité parentale avec Lory Zéphyr et sa partenaire d'affaires Jessika Brazeau, suivez notre balado Centré sur l’équilibre.

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