Design & Anthropocène. Transition écologique et numérique. par Victor Petit, pour Studios Singuliers, le Mercredi 13/04/16.
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Anthropocène. Les deux écologies (Environnement/Milieu). Les 3Rs (Middle Tech). La Grande Transition. • Transition œcologique. • Les communs. • Transition écologique et numérique.
I.Anthropocène. C’est l’âge de la Terre qui suit l’Holocène. Son contexte immédiat est géologique, et plus exactement stratigraphique. Du 24 au 28 avril 2016 se tiendra à Oslo une rencontre au terme de laquelle une quarantaine de chercheurs indiqueront s'il y a lieu ou non d'officialiser le concept. Son contexte plus ancien est celui de la science du système terre et du changement global. Et plus fondamentalement son contexte philosophique est celui de la collapsologie, ou science de l’effondrement. « Anthropocène » définit à la fois une science (Earth System Science) et une crise (crise du « développement »). Or, la science de l’anthropocène n’est en aucun cas la science de la crise anthropocénique. L’anthropocène appartient aux sciences de la nature, mais il nomme une crise qui nous empêche de séparer les sciences de la nature et les sciences sociales. La vision dominante de l’anthropocène conduit à la géo-ingénierie (au géopouvoir ou à l’écofascisme pour reprendre les termes qui étaient déjà ceux d’André Gorz dans les années 1970). Le mot d’anthropocène est fort mal choisi puisque, de l’aveu de Crutzen lui-même, seule une minorité d’être humains est responsable de cet état de fait. Parmi tous les mots concurrents, celui de capitalocène est le plus fédérateur.
Paul Crutzen, météorologue et chimiste de l’atmosphère néerlandais. Prix Nobel en 1995.
Globalisation et accélération. L’anthropocène est d’abord une question d’échelle et de rythme.
The Great Acceleration.
Limites planĂŠtaires (planetary boundaries) Johan RockstrĂśm & al., Nature, 2009 et 2005.
Mesurer les échanges écologiques inégaux : • La « valeur environnementale » peut se mesurer en : • hectares nécessaires à la production de différents services écosystémiques, hectare fantôme • « empreinte écologique » • quantité d’énergie incorporée ou « émergie » (H.T. Odum, émergie. le travail des écosystèmes incorporé dans un produit) • quantité de matière et d’énergie (« Material and Energy Flow Analysis ») • déchets et nuisances générées.
II.Les deux écologies. Globale (top-down) / Locale (bottom-up) Commun comme troisième voie ? Technocratique/Démocratique. EI-T comme troisième voie ? High Tech / Low Tech ? Makers comme troisième voie ?
Deux visions dominent : humain, maĂŽtre et protecteur vs. humain hybride.
Les deux ĂŠcologies.
Les deux écologies. Ecologie de l’environnement / Ecologie du milieu.
• La distinction entre une écologie de l’environnement et une écologie du milieu est abstraite ; mais elle a des répercussions bien concrètes. Dans le monde du design par exemple, elle permet de comprendre ce qui différencie Design for Environment et Design for Sustainability (Petit, 2015) • Dans le monde de l’urbanisme, elle permet de distinguer entre deux visions de la ville numérique : delle des Smart Cities (ex. Songdo International Business District en Corée ou Masdar City à Abu Dhabi) ; et celle des Smart Citizen (ex. le kit Smart Citizen).
III.Les 3Rs.
L’écologie est à la mode… mais les flux de matière et d’énergie ne cesse de croître.
Nous n’avons pas un problème de ressources, mais un problème de poubelles, un problème de déchets. • Recycler. Plutôt High Tech. • Écologie industrielle, économie circulaire, C2C, etc.
• Réduire. Clairement Low Tech • critique le mythe du recyclage (Philippe Bihouix, etc.) • Slow Design, etc.
• Réparer, réutiliser. Plutôt Middle-Tech. • Jugaad Innovation, etc. • FabsLabs, Repair café, etc.
• Bien sûr les TIC aggravent ce problème. • Comme l’annonçait le professeur Lorenz Hilty dans sa conférence au Lift 2016, 1) Despite Moore’s Law, we are using more material for ICT hardware, 2) Despite Koomey’s Law, we are using more and more energy for ICT services. 3) Despite increasing service-sector outputs, total requirements ar not decreasing
© Chris Jordan
Š Chris Jordan
426,000 cell phones, equal to the number of cell phones retired in the US every day
IV. La grande transition œcologique À la fois écologique et économique.
Une Grande Transition http://www.greattransition.org/
• Karl Polanyi (1983) avait identifié trois types de biens dont nous devrions renoncer à faire des marchandises relevant de la propriété privée : le travail, la terre et la monnaie. Comme le suggère Gaël Giraud (2012) et bien d’autres économistes hétérodoxes, cela ne signifie pas qu’il faille nationaliser ces biens, en faire des biens publics, mais plutôt les repenser pour en faire des biens communs. Polanyi est un auteur important pour la philosophie des communs, car c’est lui qui a mis en évidence que l’économie de marché n’est qu’une économie possible parmi d’autres, et que les trois principaux modèles économiques sont, en réalité, «la réciprocité, la redistribution et l’échange » (Polanyi, 1957, 2008, p.59)
• La transition numérique – qui implique aussi bien l’automatisation exponentielle que la création de Tiers-Lieux, FabsLabs ou Hackerspace – est liée à la transition vers une société post-salariale qui n’oppose plus le temps de travail (ou de production) et le temps de loisir (ou de consommation), et ne cherche pas tant à augmenter les emplois (ou réduire le chômage) qu’à repenser le travail comme commun. • L’économie écologique a démontré que :
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la croissance et le développement ne vont pas toujours de pair.
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le bien-être humain repose sur un juste équilibre entre quatre types d’actifs : le capital bâti, le capital humain, le capital social et le capital naturel.
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la valeur non marchande annuelle des services écosystémiques de la Terre est bien plus élevée que celle du PIB mondial (R.Costanza et al., «The value of the world’s ecosystem services and natural capital », Nature, 1997)
4.
Le PIB est un critère tout à fait insuffisant. 1. 2. 3. 4. 5. 6.
Il ne tient pas compte des externalités, qu’elles soient positives (travail des ménages, volontariat, services écosystémiques) ou négatives (pollution, criminalité, cancer). Il compte la réduction du capital naturel comme un revenu. Il ignore les seuils au-delà desquels son augmentation ne contribue plus à la qualité de vie (passé un seuil, toute hausse du PIB est contrebalancée par les coûts associés au creusement des inégalités de revenus, à la réduction du temps libre et à l’épuisement du capital naturel. Il ne tient pas compte des inégalités Il ne comptabilise pas convenablement la modification des actifs, qui affectent nos possibilités de consommation futures. Il se concentre sur les flux, alors que les stocks de capital fournissent une meilleure mesure de la qualité de vie. Or, la société devrait essayer de minimiser les flux afin de maintenir le niveau des stocks.
Le mouvement des commons. Transition écologique, démocratique et écologique
Un mouvement récent. • En réaction aux tendances dominantes : • 1968. Hardin, Tragédie des communs. • 1980. « Nouvelle enclosure » sur le vivant (1980: premier brevetage du vivant / scientific commons). • … Nouvelle enclosure sur la connaissance (dernier exemple en date : retrait de l’article 8 – sur la défense des communs – du rapport d’Axelle Lemaire autour d’une nouvelle République Numérique)
• 1990. Rencontre improbable de Richard Stallman et d’Elinor Ostrom. • COMMUNS DE LA CONNAISSANCE. Le Mouvement Floss (Free Libre Open Source Software). Puis s’étend à d’autres sphères que le logiciel, notamment à la recherche sur le vivant et aux créations littéraires et artistiques (Logiciels libres open source > Licence Creative Commons).
• COMMUNS NATURELS. Elinor Ostrom, Governing the Commons: The Evolution of Institutions for Collective Action • En bref, les COMMUNS sont des formes d’organisation sociale, gouvernés collectivement, qui ne sont ni le marché (et son dogme), ni la l’Etat (et sa bureaucratie hiérarchique) et qui récusent la logique classique des droits d’auteur & brevet d’invention. Le commun est à la fois une ressource, un collectif et un ensemble de règles démocratiques
Hess Charlotte, Mapping the New Commons (2008)
Territoire en commun ?
Médiateur des communs. http://p2pfoundation.net/ http://commonstransition.org/
• Au triptyque de l’entreprise, de l’Etat et de la société civile, il substitue celui de la coopérative, de l’Etat-partenaire, et des commoners. • Projet FLOK en Equateur. • Le modèle de Michel Bauwens est celui de la coopérative ouverte, telle qu’elle est promue par la Coopérative Intégrale Catalane et le réseau Fair.coop par exemple.
Transitions numérique et écologique. http://www.transitions2.net/
Maker=Fixer. “Si vous ne pouvez pas l’ouvrir, vous ne le possédez pas” – Owner’s Manifesto Renouveau de la culture technique : une certaine considération écologique qui se dessine dans la conception d’objets ouverts, dans la volonté de réparer plutôt que de recycler, dans l’idée que la demande prime sur l’offre, etc. // révolution des commons (naturels et intellectuels).
Cette invention ne sera pas brevetée par Aeroseed
• Urbolienne - Wiki • Vous pouvez accéder à tout les plans sous licence libre sur cette page.
Vous pouvez également participer à l'évolution de l'éolienne en ajoutant vos modifications ou vos remarques sur cette page.
FabsLabs, Hackerspaces, Tiers Lieux.
• Qu’est-ce que c’est ? « des personnes qui se réapproprient la technologie de façon conviviale, indépendante et créative » (Philipe Langlois)
• Outils démocratiques : • réseaux Internet indépendants, serveurs de démocratie locale, webradios territoriales, etc. •
•
Éthique du « faire ensemble » (i.e durables).
Projets orientés communs : • autonomie énergétique, • cartographie participative, • recyclage local de plastique etc.
Rencontre entre l’open et l’ecodesign. • Autonomie des sujets durabilité des objets.
et
• Ex. Entropie. Cette association propose tout un tas de notices de fabrication en open source allant du Lombricomposteur au four solaire. • Ex. César Harada dont la thèse s’intitulait Open hardware for the environment et qui est connu pour ces drones « éboueurs » open source (Protei), illustre parfaitement cette synergie entre préoccupations environnementales et open source, qui s’accompagne d’une vision contributive de la conception.
POC21 INNOVATION CAMP ECO HACKING THE FUTURE 15 AOÛT – 20 SEPT 2015 @ CHÂTEAU DE MILLEMONT (PARIS) • à l’initiative de deux associations, Ouishare et OpenState. • Vaste mouvement de designers (ou de « makers » de la industrielle) convaincus que les produits open source et durables partagent les caractéristiques suivantes :
3ème
•
Les 12 projets :
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Aker (Etats-Unis): Un kit en bois pour cultiver des fruits et légumes et élever des poules en ville. Ce projet a été développé par Aaron Makaruk et Tristan Copley Smith à Denver dans le Colorado.
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SolarFlower (Royaume-Uni): Une éolienne verticale Do it yourself à 30 euros, fabriquée à partir de matériaux de récupération. La version actuelle est capable de délivrer 1 kilowatt avec un vent de 60 kilomètres heures. Le projet est porté par Daniel Connell.
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Biceps Cultivatus (France) : Un meuble de cuisine qui combine culture aquaponique, conservation des aliments sans énergie, et transformation des aliments au moyen d’un robot mécanique, et compostage des biodéchets. Audrey Bigot, Valentin Martineau, Antoine Pateau et Yoann Vandendreissche sont à l’origine de ce projet.
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Own Food (France) : Une serre semi-automatisée à assembler soi-même. Elle utilise les principes de l’aquaponie et de la permaculture. Une application mobile permet de suivre ses cultures.
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Showerloop (Finlande) : Un système qui filtre l’eau en temps réel pour la réinjecter dans le pommeau, permettant de diviser par dix la quantité d’eau utilisée. Un prototype développé par Jason Selvarajan.
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Nautile (Belgique) : Une bouilloire dont le design est inspiré de la nature pour minimiser sa consommation d’énergie. Le projet est mis au point par Guillian Graves et Michka Mélo.
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Solarrose (France) : Un système de concentration solaire fabriqué à partir de miroirs qui captent les rayons du soleil et transformer leur chaleur en énergie thermique. Il a été conçu par l’association Open Source Ecologie.
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Open Energy Monitor (Royaume-Uni) : Un appareil électronique qui permet de suivre la consommation énergétique d’un bâtiment, son taux d’humidité et sa température. Les données sont accessibles via smartphone, tablette ou ordinateur.
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Vélo M2 (Belgique) : Un ensemble de modules à ajouter au vélo-cargo modulaire XYZ Cargo développé par le collectif danois N55. Les deux premiers modules imaginés sont un mini-cinéma et un mini-fablab (muni d’une imprimante multifonction). Trois collectifs bruxellois sont à l’origine de ces modules.
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SunZilla (Allemagne) : Un groupe électrogène dans lequel l’essence est remplacée par des panneaux photovoltaïques. Il peut se plier et se déplacer facilement. Quatre membres de l’association Bootschaft ont créé ce système.
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Bicitractor (France) : Un tracteur à pédales adapté aux petites et moyennes exploitations. Il permet de labourer, sarcler ou biner la terre. Ce projet est porté par le collectif FarmingSoul.
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Faircap (Espagne) : Un filtre antibactérien adaptable à n’importe quelle bouteille d’eau. Il est imprimable en 3D pour environ un euro. Le prototype a été conçu par Mauricio Cordova.
révolution
• « ils partagent librement l'information requise pour les fabriquer, les améliorer et les distribuer, permettant une diffusion maximale, reproductible et adaptable aux besoins locaux • ils ont une longue durée de vie, sont robustes, modulaires, simples à réparer, améliorer ou démonter, impliquent une consommation moindre de matières premières afin de fermer la boucle des flux de matériaux. • ils peuvent être fabriqués localement, grâce à des chaînes d'approvisionnement plus durables • ils promeuvent un changement de comportements, de consommateurs passifs à architectes et acteurs d'un mode de vie réellement durable. • ils permettent l'émergence de nouveaux modèles économiques qui répartissent les richesses équitablement »
Jerry (do it together)
• Contre le modèle en boîte noire. • « Jerry Do It Together a pour vocation d’ouvrir et de démocratiser les savoirs et technologies du numérique par : • la réappropriation grâce à la déconstruction, l’étude et le détournement d’usage; • la prise de conscience des enjeux environnementaux et sociétaux des technologies; • la promotion des modèles d’organisation ouverts, horizontaux et réutilisables »
Sans transition‌ merci de votre attention.