Cci64

Les suppléments du quotidien

Pays basque Semaine de l’industrie l’industrie, du 7 au 13 avril

Les défis

de l’innovation

Supplément gratuit au journal du mercredi 9 avril 2014. Ne peut être vendu séparément

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Quatrième Semaine de l’industrie

TROIS QUESTIONS À ...

ANDRÉ GARRETA,

président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) Bayonne Pays basque Quel est l’intérêt d’organiser une Semaine de l’industrie ?

Il s’agit de faire prendre conscience de l’importance de l’industrie dans la croissance économique et l’emploi. La perte de compétitivité de notre économie, depuis 10 ans, est liée au déclin de notre activité industrielle. En 10 ans, la part de l’industrie dans la valeur ajoutée est passée de 18 à 12,5 %, alors qu’elle est de 25 % en Allemagne, 21 % en Suède ou encore 18 % en Italie. Cela s’est traduit, au cours de la même période, par une perte de 750 000 emplois dans l’industrie. La part de marché des produits français en Europe est passée de 17 % à 13,5 %. Si nous avions maintenu notre part de marché au niveau d’il y a 10 ans, nos exportations auraient été supérieures de 180 milliards d’euros. Comme le rappelle le rapport Gallois, « la côte d’alerte est atteinte », nous connaissons un « véritable décrochage ». Il est temps de redresser la barre. C’est notre responsabilité collective vis-à-vis des générations futures.

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Pourquoi notre économie ne peut-elle pas se passer d’industrie ?

L’activité de production est à la base du développement économique et entraîne avec elle le com-

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merce et les services. Il faut savoir que 80 % des échanges mondiaux et 80 % des dépenses d’innovation sont générés par l’industrie et les services à l’industrie. Cela signifie qu’un pays ou un territoire privé d’industrie s’exclut du commerce international et du mouvement d’innovation qui prépare l’avenir.

J’ajoute que l’industrie a un effet multiplicateur en termes d’emplois. Un emploi créé dans l’industrie induit trois emplois indirects, qui sont plus qualifiés et mieux rémunérés.

Qu’en est-il de la situation au Pays basque et de l’action de votre CCI ?

Toutes les études montrent les risques, pour le Pays basque, d’une économie trop résidentielle. Nous serions menacés par le vieillissement de la population, le départ des jeunes vers d’autres horizons, une société peu innovante et créative. Nous devons nous mobiliser collectivement pour redonner à l’industrie la place qu’elle mérite dans notre économie. C’est l’objectif que s’est fixée notre Chambre de commerce et d’industrie. Il inspire notre action dans nos trois missions, d’appui aux entreprises, de formation et de gestion des équipements. Je tiens aussi à souligner le rôle majeur que joue l’ESTIA, notre école d’ingénieurs, qui forme 200 ingénieurs par an et participe puissamment à l’effort d’innovation, de recherche-développement et d’attractivité du territoire. Il ne peut pas y avoir d’industrie sans ingénieurs. Enfin, c’est l’ambition qui nous anime dans la gestion du Port de Bayonne, outil logistique essentiel pour soutenir l’activité industrielle, ou encore dans la gestion de trois pépinières d’entreprises dont la vocation est de faciliter la création d’entreprises nouvelles et innovantes.

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Recueilli par F. F.

Zoom sur... …LE PROGRAMME « AMBITION CROISSANCE »

En partenariat avec l’État, le Conseil régional et Aquitaine développement innovation, l’agence de l’innovation et du développement industriel dans la région (ADI), les chambres de commerce et d’industrie (CCI) d’Aquitaine ont lancé un vaste programme baptisé « Ambition croissance », qui vise à soutenir dans leur développement les PME de l’industrie. La CCI Bayonne Pays basque est à l’initiative de ce programme et le pilote donc tout naturellement pour l’Aquitaine. À l’issue d’une sélection drastique, basée sur l’étude de près de 5 000 bilans,

650 entreprises représentant le cœur de l’industrie régionale et un vrai potentiel de développement ont finalement été retenues et bénéficient d’un plan d’accompagnement sur 3 ans.

Objectif ? « Les aider à passer un cap grâce à un partenariat à quatre, ÉtatRégion-ADI-CCI, en les aidant dans leur recrutement et leurs investissements et en développant par exemple leurs activités à l’export, souligne Peio Olhagaray, directeur du développement économique à la Chambre de commerce et d’industrie de Bayonne.

Nous offrons à ces entreprises une logique d’accompagnement très ciblée et sophistiquée. »

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L’innovation : un état d’esprit ÉCONOMIE Autour de la Semaine de l’industrie, la CCI Bayonne Pays basque se mobilise

Commerce et services L’innovation ne se limite donc plus au seul volet technologique. « Aujourd’hui, l’essentiel des progrès techniques ne se fait pas par le biais d’innovations technologiques, mais par des innovations comportementales, organisationnelles et managériales, précise Peio Olhagaray, directeur du développement économique à la CCI de Bayonne. Nous avons donc basculé dans l’innovation globale. Elle va s’appliquer aux produits, aux process, aux techniques commerciales, aux ressources humaines… Et surtout, elle va concerner toutes les entreprises. Est innovant ce qui est nouveau dans les pratiques des entreprises ! » Un concept qui s’élargit, qui ouvre de multiples perspectives, et qui ne se limite plus exclusivement aux compétences de technologues. Chacun, à son niveau, dans le commerce et les services, est donc porteur d’innovations. La CCI Bayonne Pays bas-

Les bonnes ondes de Telerad ANGLET Le seul concepteur français de systèmes radio pour la navigation aérienne est un modèle d’innovation Fondée en 1960, Telerad est spécialisée dans la conception, la fabrication, la commercialisation et la mise en service de systèmes radio pour le contrôle du trafic aérien.

Ces équipements, fondamentaux pour la sécurité dans le ciel, permettent d’établir les communications entre les avions et les tours de contrôle des aéroports ou les centres de communication aéronautique.

Les clients de cette PME technologique, basée à Anglet, sont donc à chercher parmi les directions de navigation aérienne civile et militaire, les collectivités territoriales gérant des aéroports, ou encore de grands donneurs d’ordre industriels comme Ineo et Thalès. « Dans ce marché de niche, grâce à notre expertise et la performance de nos produits, nous innovons dans le sens où nous travaillons avec ces grandes entreprises sur un mode collaboratif, et non par des contrats de sous-traitance, en nouant de nombreux partenariats », explique Patrice Mariotte, le président du directoire de Telerad.

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n estime que l’innovation, c’est-à-dire l’art de créer de nouveaux produits ou procédés, représente 80% des gains de productivité dans l’ensemble de l’économie des pays à revenu élevé.

L’innovation, c’est le thème de La Semaine de l’industrie, organisée jusqu’au 13avril. Pour Arnaud Groff, l’un des participants à la conférence organisée par la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) Bayonne Pays basque ce vendredi 11 avril (voir page 4), l’innovation, réside, pour une entreprise, dans la « capacité à créer de la valeur en apportant quelque chose de nouveau dans le domaine considéré, tout en s’assurant que l’appropriation de cette nouveauté se fasse de manière optimale ».

Selon ce docteur ingénieur, membre d’un comité d’experts européens, cette définition permet d’appréhender toutes les formes d’innovations– sociale, sociétale, processus, etc. – nécessaires au développement économique durable d’une entreprise.

L’aciérie Celsa, sise sur le port de Bayonne et spécialisée dans la production de billettes d’acier, est un modèle d’économie circulaire. ARCHIVES JEAN-DANIEL CHOPIN

que accompagne et conseille justement ces entreprises porteuses d’innovations. Dans l’organisation tout d’abord, pour développer plus facilement et rapidement des services et des produits. Objectifs : un gain de temps, une agilité supplémentaire de production dans toute la chaîne, de la commande à la livraison.

Responsabilité sociétale Exemple avec l’entreprise BSE, implantée à Hendaye, qui développe et conçoit des véhicules spéciaux, tels que des ambulances, des véhicules médicalisés ou adaptés aux personnes à mobilité réduite, des véhicules funéraires, sur la base de véhicules utilitaires et même de 4x4.

«Cetteentrepriseacomplètement industrialisé la façon de développer ses produits, en gagnant du temps dans la phase de conception et en s’adaptant aux demandes des clients, souligne Pierre-Michel Etcheverry, responsable du pôle PME-PMI de la CCI. Elle fait travailler localement un bureau d’études en Soule, un designer à Bayonne, le pôle Compositadour de la Technocité pour toute la partie technique et technologique, une entreprise d’Irun spécialisée dans la production de poly-

ester… » Des interactions qui participent du dynamisme de l’écosystème économique basque.

L’innovation organisationnelle, c’est le credo d’EMAC, l’un des premiers fabricants français de mélanges de caoutchouc et polymères, notammentàdestinationdel’industrie automobile. Cette société mauléonnaise a récemment reçu le trophéeRSEdesCCId’Aquitaine,unprix qui récompense l’ensemble de ses actions engagées depuis plusieurs années en matière de développementdurableetderesponsabilitésociétale.

Économie circulaire Sur le port de Bayonne, l’aciérie Celsa, spécialisée dans la production de billettes d’acier, constitue de son côté un modèle d’économie circulaire. « C’est une fantastique machine à recycler des métaux, souligne Peio Olhagaray. On oublie trop souvent que c’est une société dont la vocation première est de faire du recyclage intégral. » Ses déchets venus du monde entier sont ainsi triés, contrôlés, nettoyés, calibrés et passés au four pour devenir notamment des ronds à béton. Ou quand les déchets de l’un de-

viennentlamatièrepremièredel’autre… La marbrerie Retegui de SaintJean-de-Luz bénéficie quant à elle d’un accompagnement de la CCI sur le plan technique grâce à l’Estia, l’écoled’ingénieursdeBidart,etdans la recherche de financements. L’entreprise a réalisé un bond en avant en développant des techniques permettant d’alléger considérablement la pierre en l’associant à des matériaux composites (voir ci-contre). Résultat? Une innovation fertile en matière de design et de recherche de nouveaux marchés, notamment à l’étranger.

Depuis le début de l’année, les CCI de la région se mobilisent à travers le programme Innovation Aquitaine. « Nous mettons en place un dispositif pour que toute entreprise puisse accéder à de la connaissance et à de l’accompagnement pour innover, détaille Peio Olhagaray. Nous nous adressonsmêmeenprioritéàdesentrepreneurs qui ne sont pas, en apparence, sur le créneau de l’innovation, comme les restaurateurs, les hôteliers, les commerçants, les spécialistes de services à la personne… » L’innovationnesedécrètedoncplus, c’est avant tout un état d’esprit !

Frédéric Filali

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Quatrième Semaine de l’industrie

REPÈRES

80 %

La part des dépenses d’innovation générées par l’industrie dans le monde.

1 796

Le nombre d’entreprises industrielles au Pays basque en 2013.

1 000

Le nombre de projets d’embauche dans l’industrie en 2013.

79 %

Le taux d’entreprises industrielles du Pays basque qui ont confiance en l’avenir (source : baromètre entreprises CCI Bayonne - fév. 2014).

Une concurrence de géants L’entreprise, qui emploie 82 salariés, réalise un chiffre d’affaires de 9,5 millions d’euros, dont 65 % à l’export. Dans un secteur où la con-

Assemblage d’une radio chez Telerad : elle fera la liaison entre l’avion et la tour de contrôle. PHOTO DR

currence pèse lourd, Telerad lutte notamment contre un groupe allemand de quelque 9 000 salariés, une société italienne appartenant au géant aéronautique Finmeccanica, ou encore une filiale anglaise de la 4e entreprise d’armement dans le monde, l’Américaine Northrop Grumman…

C’est au nez à la barbe de ces mastodontes que la PME angloye a remporté en 2012, en partenariat avec General Dynamics, le contrat de couverture radio du trafic aérien américain – 50 % du marché mondial. « Nous disposons d’une vraie expertise, explique Patrice Mariotte. Et l’innovation techno-

logique constitue un enjeu majeur : dans notre domaine, il est indispensable de maintenir un très haut niveau de R&D (recherche et développement, NDLR), qui représente un investissement annuel d’environ 10 % de notre chiffre d’affaires. Notre bureau d’études, qui réunit une quinzaine d’ingénieurs, dans le domaine de la radio, de l’électronique et du logiciel embarqué, travaille également pour Thalès. » Pour la CCI de Bayonne, qui accompagne son développement stratégique, Telerad représente « un modèle d’entreprise innovante ».

F. F.

Taille de guêpe pour Retegui SAINT-JEAN-DE-LUZ Diversification dans le design de luxe pour la marbrerie Le destin de la marbrerie BergezRetegui a basculé en 2003 avec le recrutement d’un ingénieur informaticien et l’achat d’une commande numérique.

L’usinage de pointe permettait alors à la SARL, installée à SaintJean-de-Luz depuis trois générations, de diversifier son activité, jusqu’alors cantonnée aux articles funéraires et à la décoration de bâtiments intérieurs et extérieurs.

Objectif affiché : détourner le marbre de son utilisation première. « Notre savoir-faire nous a permis de nous tourner vers les secteurs du nautisme et de l’aéronautique, indique son gérant, Claude Retegui. Or le marbre est lourd et fragile. Nous avons donc dévelop-

pé des techniques permettant d’alléger considérablement la pierre tout en lui garantissant une grande solidité. Nous allions le marbre à des matériaux composites grâce à des collages complexes, des assemblages avec nids d’abeilles en aluminium et des combinaisons avec fibre de verre ou de carbone. »

Salles de bain VIP Aujourd’hui, les 12 salariés de Retegui réalisent ainsi l’habillage en marbre de salles de bain pour des avions VIP Airbus et des yachts de luxe Couach.

Outre son activité funéraire traditionnelle, la société vient également de lancer une nouvelle marque de mobilier et d’objets, en collaboration avec le designer Jean-Louis Iratzoki.

Une gamme luxueuse, destinée à l’univers de la maison et à l’hôtellerie, qui doit permettre à Retegui de s’affirmer à l’export. La CCI de

Claude Retegui (au premier plan) avec son responsable de production, Olivier Ducout. DR

Bayonne aide d’ailleurs la société luzienne à conquérir de nouveaux marchés.

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A la découverte des entreprises

Demandez le programme !

SCOLAIRES Plusieurs PME ouvrent leurs portes aux collégiens et lycéens du Pays basque

CCI Une semaine de conférences, témoignages d’entrepreneurs, visites d’entreprises et d’expositions

Collèges Léon Bérard, Aturri, Marracq et Saint-Michel Garicoïtz, lycées St-Joseph, Barbusse, Louis de Foix et St-Thomas-d’Aquin, Bac pro Sen, Insup… Autant d’établissements scolaires qui participent à cette Semaine de l’industrie. Cette année encore, plusieurs entreprises ont bien voulu ouvrir leurs portes pour permettre aux élèves du Pays basque de découvrir leurs métiers. C’est le cas de Technoflex, Groupe Lauak, Inoxyform, Traimeca Pyro, Akira Technologies, Ets Jean-Claude Idiart, Inox Pyrénées, BMS Circuits, Darraidou, B Braun Medical et l’Atelier bayonnais de Meca Soudure.

Du lycée à l’entreprise Les élèves du lycée Louis de Foix, à Bayonne, participent pour la 3e année consécutive à ces visites d’entreprises. « Il s’agit tout simplement d’intéresser nos élèves à l’industrie, explique Cécile Palerme, adjointe au chef de travaux.

Nous avons dans notre établissement des formations à la fois technologique et professionnelle. Ces visites ont lieu dans le cadre du processus d’orientation, puisqu’on y amène surtout des élèves de fin de seconde. Cela permet d’illustrer concrètement ce qu’est la vie dans l’entreprise. » L’occasion pour ces jeunes âgés de 16 et 17 ans de faire le lien entre l’enseignement au lycée et les besoins des entreprises.

Au total, une quarantaine d’élèves de seconde générale et technologique se rendent donc cette semaine dans les locaux d’Inoxyform, entreprise bayonnaise qui conçoit et fabrique des équipements de restauration, et de Traimeca Pyro, société d’Urrugne spécialisée dans la fabrication de gaines pyrométriques pour l’industrie pétrolière.

Petit clin d’œil, son directeur général, Marc Chauveau, est un ancien élève du lycée Louis de Foix !

Supplément gratuit au journal du 9 avril 2014 Président-directeur général : Olivier Gérolami Directeur général délégué, directeur de la publication : Patrick Venries N° commission paritaire : 0410 C 86477 Chef de projet : Thomas Villepreux Illustration de Une : AFP Secrétariat de rédaction : Étienne Czernecka Rédaction : Frédéric Filali Publicité : « Sud Ouest » publicité Pays basque Siège social : Journal Sud Ouest 23, quai des Queyries, CS 20001 33094 Bordeaux Cedex Tél. 05 35 31 31 31 www.sudouest.fr

Florent de Laverny d’Amblard (à g.), aux côtés de son manageur Cédric Depuiset, « comprend et conçoit ce que l’entreprise attend d’un alternant ». PHOTO F. F.

Payé pour apprendre FORMATIONS À 29 ans, Florent de Laverny d’Amblard a trouvé sa voie dans l’alternance et l’industrie aéronautique De son propre aveu, sa période de « petits boulots » a connu un tournant décisif en 2006. Ce jour de novembre, Florent de Laverny d’Amblard est victime à 22 ans d’une terrible chute sur un chantier. L’intérimaire dans le bâtiment souffre d’une double fracture tibia-péroné. Sa convalescence durera un an et demi et il en gardera d’importantes séquelles à la cheville : difficultés de flexion, rhumatismes et douleurs chroniques. Six nouveaux mois lui seront nécessaires pour bénéficier de la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH).

Une pré-orientation, qui passe par l’obtention d’un BTS, lui est proposée. « Mais avec mon seul Bac littéraire en poche, je craignais de ne pas avoir le niveau, expliquet-il. Après avoir exercé encore quelques petits boulots, j’ai finalement eu envie de réapprendre. J’avais atteint un âge où je souhaitais décrocher un vrai métier. »

Candidature spontanée Le déclic survient lors d’une réunion organisée par le réseau Cap Emploi et la CCI de Bayonne. Il veut devenir tourneur, via un contrat de professionnalisation.

« Mais, à 27 ans, l’apprentissage, synonyme d’études, me faisait encore un peu peur… » Florent se jette finalement à l’eau et, grâce à une candidature spontanée, décroche un contrat d’alternance chez le prestigieux constructeur de turbines d’hélicoptères Turbomeca. Cela passe par l’obtention d’un Bac professionnel de technicien d’usinage.

« Avec mon seul Bac en poche, je craignais de ne pas avoir le niveau. Après quelques petits boulots, j’ai eu envie de réapprendre » À la rentrée 2012, il intègre le Centre de formation des apprentis de l’industrie (CFAI) de Tarbes, avec deux années d’alternance au programme – contre trois en temps normal. Florent trouve rapidement son rythme d’études, deux semaines au CFAI, suivies de deux semaines à l’usine Turbomeca de Tarnos, où il usine des pièces métalliques derrière sa machine à commande numérique. Il gagne un peu plus de 1 100 euros chaque mois, sans compter certains avantages, participation au bénéfice et 13e mois. « Je suis payé pour apprendre », sourit-il.

Totalement épanoui, il donne toute satisfaction à son manageur Cédric Depuiset, chef de ligne :

« De par son âge, il a un profil atypique par rapport aux alternants que l’on accueille habituellement.

L’inquiétude que l’on avait au départ concernait sa capacité à reprendre des études. Cela se passe finalement très bien. Florent ne le dira pas, mais il est major de sa promotion à l’heure où l’on parle… Dans son travail, il est beaucoup plus autonome que nos plus jeunes apprentis. Il comprend et conçoit ce que l’entreprise attend d’un alternant. Au final, Florent est très facile à manager ! Il est aujourd’hui un opérateur comme un autre. »

L’espoir d’être embauché Et notre apprenti de confirmer : « Je suis bien ici, c’est ce que je cherchais. J’ai des responsabilités et mon statut de travailleur handicapé ne gêne en rien mon travail.

Je limite juste la station debout prolongée et je ne porte pas de charges lourdes. Chez Turbomeca, tout est adapté, d’autant que l’entreprise dispose d’un réseau de tuteurs de travailleurs handicapés. » Optimiste sur l’obtention de son Bac pro en juin prochain, Florent de Laverny d’Amblard, 29 ans, nourrit par la suite l’espoir d’être embauché par le leader mondial des turbines d’hélicoptères. Et se félicite d’avoir choisi l’apprentissage dans l’industrie : « Il faut avoir une idée en tête, foncer et aller jusqu’au bout ! » F. F.

Lancée ce lundi dans les locaux de la société Telerad (voir page 3), la Semaine de l’industrie se poursuit jusqu’au vendredi 11 avril. Outre des visites d’entreprises pour les collégiens et les lycéens (voir par ailleurs), le programme prévoit plusieurs expositions dans les locaux de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Bayonne.

La première, proposée par l’entreprise Metal Improvement Company, installée à Bayonne depuis 1983, présente des photographies d’Emmanuel Lattes sur des instants de vie au cœur de l’usine. La deuxième, réalisée par l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), propose une immersion dans l’univers industriel: grâce à la conception 3D, ces photos permettent de mesurer les évolutions technologiques de nombreux secteurs industriels. La troisième, baptisée « Les Passeurs », voit le sculpteur Pascal Billard poser son regard sur l’industrie.

L’innovation dans les PME Le temps fort de cette 4e Semaine de l’industrie est programmé ce vendredi 11 avril de 9 h 30 à 12 h 30 à la CCI, avec une conférence et des témoignages sur le développement par l’innovation, organisationnelle, commerciale ou technologique, dans les PME. Après la présentation du Programme innovation des CCI, un panorama de l’industrie au Pays basque et une intervention de l’expert Arnaud Groff sur l’innovation au quotidien, plusieurs chefs d’entreprises viendront témoigner de leurs expériences : Olivier Ducout (marbrerie Bergez-Retegui, voir page 3), Manu Mérin (Forge Adour), José Monteiro (Gora), Jean Tellechea (BSE) et Pierre Lafargue (Pyreverre).

Jérémy Lagardeur, de l’Estia, évoquera le thème de la créativité et l’artiste Pascal Billard le processus de création artistique.

Inscriptions au 05 59 46 58 69.

La CCI de Bayonne. ARCH. J.-D. CHOPIN