Metal gear Solid r i s e
o f
o u t e r
h e a v e n
écrit par Sunwalker d'après une histoire et des personnages crées par Hideo Kojima
Texte distribué gratuitement sur www.suniverse.fr Metal Gear Solid : Rise Of Outer Heaven est une oeuvre relevant de la fanfiction réalisée bénévolement. Ce texte est sous lisence Creative Commons by-nc-nd. Merci d'en respecter les règles. Metal Gear Solid et les noms qui lui sont affiliés sont des marques déposées par Konami Digital Entertainment. Aucune exploitation commerciale n’est permise sans leur autorisation. Le site www.suniverse.fr et les textes qui y sont proposés ne sont en aucun cas associés avec Konami Digital Entertainment.
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Le camion s'arrêta au barrage routier. Deux mercenaires entreprirent de faire le tour du véhicule, chacun en inspectant minutieusement l'un des flancs. Un autre homme s'arrêta au niveau de la cabine. L'occupant ouvrit sa vitre et lui fit passer des papiers. Les deux hommes échangèrent quelques mots le temps d'effectuer le contrôle, puis le conducteur récupéra ses documents. Les deux mercenaires se rejoignirent à l'arrière de la remorque. Ils soulevèrent la bâche, grimpèrent sur le marche-pied et, après avoir jeté un œil à la cargaison, rejoignirent la terre ferme, avant de faire signe à leur camarade qu'il n'y avait rien à signaler. On leva la barrière. Le contrôleur tapa du plat de la main sur la portière, le conducteur passa la première et traversa le barrage. La barrière fut rabaissée derrière lui et les mercenaires, armes à la main, se mirent à patrouiller le long du pont, attendant le prochain contrôle. Le Havoc passa en rugissant au-dessus du barrage, traversa le gouffre, puis survola le camion qui s'engageait dans la forêt. Snake baissa ses jumelles en secouant imperceptiblement la tête. Ça ne va pas être de la tarte de traverser ce pont, se dit-il. Si seulement j'avais une aile volante, je pourrais passer d'un bond de l'autre côté... Après une bonne heure planté en haut du promontoire, jumelles vissées sur les yeux, à rechercher la moindre faille de sécurité, il en était venu à la conclusion qu'il n'y avait pas trente-six solution pour passer le checkpoint : Il allait falloir prendre un camion. Hors de question d'en voler un et de se pointer devant la barrière en faisant mine de bosser pour Outer Heaven ; sans les papiers que chaque conducteur présentait au contrôleur, il aurait tôt fait d'être repéré. Pas moyen non plus de forcer le barrage en fonçant dans le tas. Vu le nombre de sentinelles et leur armement, il se ferait allumer avant même d'avoir percuté la barrière. Non, la solution la moins suicidaire consistait sans doute, comme à son arrivée à Zanzibar, à se glisser dans la remorque, parmi le chargement transporté par le véhicule. Et croiser les doigts pour que les mercenaires ne soient pas trop regardant sur le contenu. Après avoir replié ses jumelles, Snake s'enfonça dans la forêt en direction du sud. Il reprit exactement le même chemin qu'il avait emprunté le jour précédent et, l'espace d'un instant, il eut l'étrange sensation que quelqu'un le suivait. Il se retourna vivement mais il n'y avait personne. Après avoir passé plusieurs heures à crapahuter dans cette forêt, il s'était habitué à la présence de Vanessa et du docteur Madnar et il s'attendait presque à les voir encore marcher dans ses pas, chaque fois qu'il faisait volte-face. La jeune femme avançait d'un pas résolu et le scientifique trainait de plus en plus la patte alors que la fatigue s'accumulait. Vanessa, pensa-t-il. Il y a moins de vingt-quatre heures, elle était encore en vie. Pleine d'énergie, de force et de détermination. Elle n'aurait pas dû mourir sur ce foutu pont ! Pas comme ça. Pas ce jour-là. Après toutes les épreuves qu'elle avait traversé dans sa vie, elle ne méritait pas ça. Fox était-il ne serais-ce qu'au courant de la présence de son amour perdu à Zanzibar ? Chassant ces pensées parasites, il reprit sa marche. Il ne fallait pas qu'il se laisse distraire par le passé et par ses souvenirs. De toute façon il était trop tard pour faire quoi que ce soit et empêcher les événements dramatiques de la matinée. Impossible de revenir en arrière, non plus. Et, quand bien même il en aurait eu la possibilité, qu'aurait-il pu faire pour éviter le pire ? Tout s'était passé tellement vite. Tout se passe toujours tellement vite dans ces cas-là. Un moment votre camarade est à vos côtés, l'arme à la main, tous ses sens aux aguets, l'instant d'après il est la cible d'un tireur embusqué et meurt dans vos bras en vous suppliant du regard. Et il n'y a jamais rien à faire. Il faut faire avec, vivre avec. Et continuer à avancer. Pour la mission. Depuis toutes ces années, Snake avait vu tomber au combat nombre de ses frères combattants. Rares étaient les moments où il s'autorisait à penser à eux, car il savait que cela ne lui apporterait rien de positif de revivre sans cesse le moment où tout avait basculé. Dans ces cas-là, il préférait se rappeler des bons moments passés avec eux. Quand ils étaient pleins de vie, plaisantaient, parlaient de leurs frères et sœurs, de leurs enfants pour l'avenir desquels ils se battaient. Vanessa Heffner 2
n'était pas la première et ne serait sans doute pas la dernière. Snake décida de garder d'elle cette conversation qu'ils avaient eu au bord de l'eau, quand la jeune femme s'était ouverte à lui et lui avait raconté sa vie. Ils avaient ris et plaisanté à ce moment-là. C'était une fille bien, pensa-t-il. Un bon soldat. J'aurais aimé qu'elle se batte plus longtemps à mes côtés... Il lui fallut environ trente minutes pour retrouver le Bâtiment A. Protégé par le couvert des arbres, il passa un moment à observer les portes grandes ouvertes de l’entrepôt occupant visiblement une bonne partie du rez-de-chaussée. Il vit passer un mercenaire devant l'entrée, mais personne ne mit le pied dehors. Contrairement à la veille, lorsqu'il s'était évadé avec Vanessa et le docteur Madnar, il n'y avait pas de camion stationné sur l'aire de chargement ni de palette attendant d'être chargée. S'assurant qu'il ne serait pas remarqué, Snake sortit à découvert et s'élança vers la sortie de secours. Pas de poignée de ce côté-ci mais peu importait, puisque retourner dans le Bâtiment A n'était pas son objectif. L'agent de Fox-Hound dépassa la porte contourna le container remplit de carton et se glissa derrière. Il risqua un coup d’œil à l'angle de sa couverture. Personne en vue. Il grimpa sur le container en plaçant son pied dans une ouverture et se pencha à l'intérieur pour manipuler les cartons qui y étaient entassés. Après avoir fouillé quelques secondes, il remit pied à terre après avoir trouvé celui qui lui convenait. Il avait choisit une boite en assez bon état, ouverte uniquement sur une face et suffisamment volumineuse pour permettre à un homme accroupis, et surtout particulièrement dingue, de se glisser dessous pour infiltrer en toute discrétion une forteresse ennemie. Vingt-cinq minutes s'écoulèrent avant qu'un camion ne se présente en marche arrière sur l'aire de chargement. Le mercenaire qui se trouvait au volant descendit du véhicule et s'engouffra dans l’entrepôt Quelques secondes plus tard, un chariot élévateur transportant une première palette de caisses passa la porte et chargea le tout dans la remorque du camion. Une deuxième palette suivit cinq minutes plus tard. Par chance, ou tout simplement parce que personne ne faisait jamais grand cas d'une simple boite en carton, personne ne remarqua la volumineuse boite brune posée à quelques pas de l'entrée de l’entrepôt Personne ne remarqua non plus que deux mains se glissaient sous les bords du carton pour le soulever à quelques centimètres du sol. Personne ne vit la paire de botte de combat qui apparaissait sous la boite et lui permit de grimper d'un bond à l'arrière du camion pour aller se fondre au cœur du chargement. Quand la troisième palette se présenta devant la remorque, les mains avaient disparu et la boite était posée sur la palette. Une boite en carton comme toutes les autres. Il fut difficile de garder son équilibre dans cette position au moment où le camion démarra. Quand on se trouve enfermé dans une boite en carton, on n'a pas beaucoup de prises pour se tenir et éviter de glisser dans tous les sens. Heureusement, la remorque était suffisamment chargée pour permettre à la boite humaine de s'appuyer sur ses congénères qui l'empêchaient ainsi de s'abimer sans se plaindre du dérangement. Dès le départ du camion, Snake alluma son GPS. N'ayant aucun moyen d'observer à sa guise le trajet emprunté, la localisation par satellite était son seul moyen de voir quelle route il allait emprunter, et combien de kilomètres il allait parcourir Toujours regarder où on va, lui disait Big Boss durant sa formation. Le sens de l'orientation est le sens le plus important en mission. Tu as beau avoir une bonne vue, une parfaite audition et tous tes autres sens en état de fonctionner, si tu ne sais pas où tu es ni où tu vas, tu es mort. Le temps pour le récepteur de verrouiller les satellites, puis le point rouge apparut au centre de 3
l'écran. Pour l'instant, Snake n'avait pas vraiment besoin de regarder son appareil pour comprendre qu'il roulait sur un chemin de terre en direction du nord. Les suspensions du camion grinçaient alors qu'il empruntait la route accidentée à travers la forêt qui aboutissait au pont. Le camion finit par ralentir. L'écran du GPS lui indiqua qu'ils venaient d'atteindre le barrage routier après un peu plus de deux kilomètres de circulation en pleine forêt. Le véhicule s'immobilisa totalement et Snake parvint à entendre des voix à travers l'épaisseur de sa boite en carton. Il attendit, tendu, littéralement prêt à bondir hors de sa boite et à se débarrasser de ses ennemis s'il était découvert. Il capta les bruits de pas des hommes qui faisaient le tour du camion, puis il les entendit grimper sur le marche-pied. Le poids des deux mercenaires fit légèrement basculer le véhicule vers l'arrière. Après avoir tapé de la main sur certaines caisses, balayé la cargaison avec leurs torches et ouvert l'une des premières boites pour contrôler son contenu, les membres d'Outer Heaven mirent pied à terre et rabaissèrent la bâche de protection de la remorque. Ils n'avaient apparemment rien remarqué. Jusque-là tout se passait comme prévu. Juste au-dessus, Snake entendait l'hélicoptère de combat qui tournoyait autour du barrage, le bruit de ses rotors terriblement proche et menaçant. Le camion redémarra brusquement. Le point rouge sur l'écran de son GPS s'avança sur le pont... et en atteignit l'autre extrémité. Quand le Havoc s'éloigna pour retourner vers le sud, Snake souleva son carton, passa par-dessus les caisses de matériel qui le séparait de l'arrière du camion et écarta discrètement la bâche pour étudier le terrain tout en suivant la progression du véhicule à l'aide de son GPS. Il estima qu'ils roulèrent pendant six kilomètres à travers la forêt, puis les arbres s'écartèrent et une zone large de plusieurs kilomètres apparut au centre de l'écran de l'appareil de localisation. Le chemin de terre se changea bientôt en béton puis le camion commença à longer une série de bâtiments. Sur le coup, Snake crut qu'il était déjà arrivé au Bâtiment B mais, comme le conducteur ralentissait à peine, il comprit que ça n'était pas le cas. Il se rappela alors que Madnar lui avait expliqué qu'en chemin il allait devoir traverser l'aéroport. Le véhicule longea des hangars dans lesquels étaient stationnés une poignée d'avions de chasse de tout un tas de modèles et nationalités différents. D'autres appareils étaient parqués le long de la route, près de longs containers contenant vraisemblablement des missiles. Un peu plus loin, ils dépassèrent une section héliport sur laquelle étaient posés deux hélicoptères de combat russes, cinq hélicoptères de transport de troupe de type Huey, ainsi que trois unités de leur équivalent militaire, le AH-1 Cobra. L'aéroport abritait aussi quelques gros porteurs et d'autres avions plus légers. Au détour d'un virage, Snake crut discerner le nez blanc d'un avion de ligne qui dépassait d'un grand hangar, mais l'image disparut derrière la construction voisine, lorsque le camion prit un virage. Peut-être s'agissait-il du Boeing 767 de Marv, songea-t-il. Il y avait même de fortes probabilités que ce soit le cas. Derrière les hangars on pouvait apercevoir une piste parfaitement entretenue et longue de plusieurs kilomètres. Le dernier bâtiment qu'ils dépassèrent fut une petite tour de contrôle au toit couvert d'antennes et de capteurs, puis le camion quitta le bitume, laissant derrière lui l'aéroport, et s'engagea sur une route accidentée, qui grimpait en pente douce vers un petit plateau montagneux. Arrivé au sommet, le camion ralentit à nouveau. L'écran du GPS affichait une large plaine désertique sur laquelle étaient placés un ou deux blocs rocheux ici ou là. En tout cas, rien qui pouvait présenter le moindre danger, car, vu l'étendue qui s'ouvrait devant eux, il était aisé de les contourner, même à vive allure. Le camion s'engagea prudemment sur le sol poussiéreux, passa entre deux piquets de bois semblables à de nombreux autres alignés en travers du passage et à intervalle régulier. On aurait dit des repères mais pour quoi faire ? Quel était l'intérêt de marquer un terrain aussi dégagé ? 4
Le camion braqua brusquement sur la gauche après s'être glissé entre deux autres portes-repères. Le véhicule roula sur une trentaine de mètres, dépassa de nouveaux piquets puis bifurqua vers le nord. A quoi est-ce que joue le conducteur ? S'étonna Snake en se cramponnant au chargement. L'ensemble de la plaine était hérissé de petits piquets de bois semblables, tous parfaitement alignés et séparés d'environ cinq mètres les uns des autres. Encore une fois, après avoir laissé derrière lui quelques repères, le conducteur tourna à quatre-vingt dix degrés vers l'ouest. Essayant de comprendre ce qui était en train de se passer, Snake se souvint que Madnar avait mentionné un champs de mines qui entourait la base du Bâtiment B. Activant aussitôt la fonction de détection d'explosifs antipersonnel de son GPS, l'agent secret comprit enfin à quoi rimaient toutes ces manœuvres. L'écran de son appareil affichait tout un tas de petites paillettes brillantes qui saupoudraient l'ensemble de la zone. C'étaient des mines. Un bon paquet, apparemment. Le point rouge qui représentait sa position se bornait à passer entre les points lumineux au gré des changements de direction. Les piquets de bois n'avaient qu'un seul but : permettre aux conducteurs d'emprunter une voie d'accès non-minée en s'aidant des repères. Ces types avaient sans doute appris par cœur le chemin exact en comptant les repères avant chaque changement de direction. Ingénieux, efficace et terriblement mortel. Une personne qui n'était pas au courant de la disposition des mines n'aurait pas fait plus de cent mètres dans ce désert avant de déclencher accidentellement l'une des nombreuses charges disséminées entre les repères. Heureusement que je n'ai pas décidé de détourner un camion, pensa Snake. Il fallut une dizaine de minutes de navigation entre les portes-repères pour atteindre l'autre extrémité du champs de mine. Cinq kilomètres plus loin, le camion ralentit à nouveau puis passa de l'autre côté d'un mur d'enceinte. Snake retourna se camoufler dans sa boite en carton. Il l'avait déjà compris mais l'écran de son GPS le lui confirma en affichant de nombreux bâtiments agencés les uns avec les autres : il venait de pénétrer dans la base abritant le Bâtiment B. Snake dut se tenir aux planches de la palette pour éviter d'en tomber lorsqu'elle fut déchargée. Il attendit patiemment que le calme se fasse et qu'il n'entende plus la moindre présence ennemie aux alentours, puis il retira son carton. Dégainant aussitôt son M9, il constata que l’entrepôt dans lequel il s'était fait déposer ne contenait rien d'autre que du matériel. Pas le moindre signe de vie. L'agent secret se déplaça parmi les caisses qui jonchaient le sol, s'approcha prudemment de la fenêtre la plus proche. Il vit une sentinelle qui faisait sa ronde autour du bâtiment voisin et une jeep qui passait au loin. Snake activa sa radio. ― Campbell, répondit le colonel dans son oreillette. ― Ici Snake. Je suis dans un entrepôt pas loin du Bâtiment B. D'après mon GPS, je suis en plein cœur de la base. Le problème c'est que je manque de temps pour fouiller chacune des constructions. Sait-on précisément dans quel type d'endroit est retenu Marv ? ― Reste en ligne, je passe sur l'autre fréquence. Snake attendit quelques minutes en continuant d'observer l'activité ennemi à travers la vitre. ― Snake, reprit la voix de Campbell. ― Je suis là, colonel. ― Je viens de contacter White, notre agent infiltré dans la place. D'après les dernières informations à sa disposition, Marv serait toujours retenu dans le laboratoire de biologie où les mercenaires le forcent à travailler à la mise au point de l'OILIX. ― OK, et comment je suis censé localiser ce laboratoire ? ― White m'a transmis les coordonnées géographiques du bâtiment. 5
Snake saisit la latitude et la longitude qui lui donnait le colonel. ― OK. D'après mon GPS, le labo est à huit-cent mètres de ma position. ― Dépêches-toi de le trouver, Snake. Le temps nous est compté ! A couvert derrière un camion stationné le long d'un hangar, Snake jeta un coup d’œil en direction du laboratoire de biologie. Après avoir fait le tour du bâtiment en prenant garde de ne pas se faire repérer, il avait constaté que le seul moyen d'accéder à l'intérieur était de passer par la porte d'entrée. Les fenêtres aux vitres blindées étant scellées et ne s'ouvrant pas, il était impossible de passer par là. En revanche, pas moyen de passer par la porte pour l'instant : une jeep était stationnée devant et deux mercenaires armés montaient la garde autour du véhicule. Comme son moteur tournait, Snake pria pour qu'elle soit sur le point de filer d'ici au plus vite. Il fut exaucé quinze minutes plus tard. La porte s'ouvrit en coulissant et un homme sortit du laboratoire d'un pas assuré, un téléphone cellulaire vissé à l'oreille. Snake frissonna en le voyant embarquer dans la jeep en compagnie des sentinelles. C'était Gray Fox. Lorsque le véhicule se fut éloigné libérant le passage, Snake traversa la route en courant, espérant qu'il n'arrivait pas trop tard. Découvrant la serrure électronique qui verrouillait la porte il jura intérieurement, mais pressa machinalement l'un des boutons du panneau de commandes. A sa plus grande stupéfaction, la porte coulissa dans un chuintement discret. L'agent secret pénétra à l'intérieur du sas de décontamination, son arme à la main. La porte se referma dans son dos, puis lorsque l'air de l'extérieur fut purifié, le sas s'ouvrit sur un couloir désert. Snake s'y engagea d'un pas hésitant. Le couloir principal était coupé à deux reprises par un passage transversal. Le laboratoire disposait apparemment d'un bon nombre de pièces. Les panneaux fixés aux murs ou sur les portes n'étaient pas non plus d'une grande aide. Rien que du charabia scientifique pour nommer les différents équipements installés dans les différentes salles du labo. Il allait falloir tout fouiller. Chaque porte coulissait dans la paroi, s'ouvrant sur une pièce contenant du matériel dont l'utilité lui était totalement inconnue. Aucun signe de Marv. Aucun signe de vie tout court, d'ailleurs et ça valait mieux, parce que déclencher l'alerte si près du but n'était vraiment pas envisageable. Alors qu'il s'engageait dans un autre couloir, une porte coulissa à l'autre extrémité du passage. Un homme en blouse de laborantin apparut. Trop occupé à étudier ses documents, il ne remarqua pas la présence de l'agent secret. Snake se mit malgré tout à couvert au coin du mur qu'il venait de passer et attendit que le chercheur, qui s’éloignait en lui tournant le dos, disparaisse dans une salle voisine. L'agent de FoxHound s'approcha à pas feutrés de la pièce d'où était sorti le chercheur. Il posa l'oreille contre le panneau métallique et entendit des bruits d'activité et d'appareils électroniques. C'était peut-être le labo de Marv. Il actionna la commande d'ouverture, la porte coulissa. Un panneau de verre sablé lui masquait l'intérieur de la pièce. Contournant prudemment le panneau, il déboucha dans une pièce carrée remplie de tout un tas d'ordinateurs et d'équipement électronique reliés entre eux par des câbles électriques qui couraient le long des murs, au sol et au plafond. Au milieu de la pièce se trouvait une sorte de fauteuil high-tech duquel partaient des tubes branchés à une cuve remplie de liquide blanc. Le bruit d'un respirateur artificiel s'ajoutait aux bips irréguliers des appareils électroniques. Il y avait un homme assis dans le fauteuil. Impossible de voir son visage puisqu'il était de dos et que l'imposant dossier permettait tout juste de discerner le haut de son crâne chauve. Snake enjamba prudemment une série de câbles et, l'arme pointée vers le fauteuil et son invisible occupant, commença à faire le tour de la pièce. C'était peut-être Marv, mais on était jamais trop 6
prudent. Alors qu'il longeait un bureau, il avisa un étrange casque en métal qui lui était bien trop familier. Continuant malgré tout de faire le tour de la pièce, Snake avait un mauvais pressentiment et la décharge électrique qui lui parcourut l'échine vint ajouter à son inquiétude. Il put enfin voir l'occupant du fauteuil. L'homme portait une armure noire et, malgré sa tête nue, Snake reconnut sans mal le cyborg à qui il croyait avoir réglé son compte dans le Bâtiment A. Black Puma. Les tubes acheminant le liquide blanc de la cuve étaient reliés à ses bras, à la manière d'une étrange perfusion. Les indicateurs des appareils de diagnostic qui traçaient le signal de son rythme cardiaque étaient clairs : il était en vie. Il aurait dû être impossible de survivre à l'explosion qui avait mis fin au combat. Pour un homme normal en tout cas. Mais Black était un cyborg. Il y avait quelque chose à propos de son visage démasqué qui retenait l'attention de Snake. Couvert de cicatrices, l'homme n'avait plus aucun signe de pilosité ni de cheveux. Le tout avait sans doute disparu dans les flammes qui lui avaient laissé ces affreuses brûlures. Pourtant, même s'il ne se rappelait pas avoir vu un homme défiguré de la sorte, il avait la sensation de l'avoir déjà rencontré. Black ouvrit brusquement les paupières, et ses yeux bruns se plantèrent droit sur lui. Snake se figea, un instant paralysé par la surprise. Lorsqu'il ouvrit le feu avec son pistolet, il était trop tard. Le mercenaire se leva d'un bond de son fauteuil débranchant dans ce mouvement des câbles reliés à son exosquelette. La balle ricocha sur son armure et se perdit dans le plafond. L'instant d'après, Black le saisissait fermement au cou et le plaquait violemment contre le mur au fond de la pièce. Suffoquant, l'agent secret essaya de porter sa main libre à sa gorge pour tenter de se libérer. Il lutta, donna des coups de pied au cyborg, sans parvenir à le faire lâcher prise. Trop dangereux de lui tirer dessus de si près. C'est alors qu'une lueur passa dans le regard de Black et une image s'imposa dans l'esprit embrumé de l'agent secret. Black eut un léger mouvement de recul, comme si lui aussi avait ressentit cette étrange sensation. Il relâcha suffisamment son emprise pour permettre au sang et à l'oxygène de circuler à nouveau. ― Tu aurais dû écouter ton ami et rentrer chez toi pendant qu'il était encore temps, Snake, répliqua le cyborg. Sur ces mots, ils resserra ses doigts. Snake pointa son pistolet sur le visage découvert du cyborg. Avec une vivacité surhumaine, Black détourna le M9 au moment où un coup de feu claquait dans la pièce. Plus moyen de bouger ni de faire quoi que ce soit pour se libérer. Black le tenait fermement et l'agent secret, prisonnier de l'étreinte, ne faisait pas le poids face à la force que l'armure fournissait à son porteur. ― Black ! S'écria quelqu'un dans la pièce. L'interpellé se retourna, libéra la main armée. Le docteur Madnar observait la scène avec horreur. Snake profita de cette diversion providentielle pour donner un violent coup sur la tête du cyborg à l'aide de la crosse de son pistolet. Ce dernier lâcha aussitôt prise et poussa un hurlement de douleur, alors que du sang, aussi clair que celui contenu dans la cuve, commençait à couler de la plaie qui s'était ouverte sur le dessus de son crâne. Effrayé, Madnar quitta la salle en courant, laissant le champs libre aux deux hommes pour s'affronter. Dégagé de l'emprise qui le retenait, Snake glissa le long du mur puis roula par terre pour s'éloigner du mercenaire blessé. Le souffle encore un peu court, il voyait danser des étoiles devant ses yeux et avait la tête qui tournait, mais il ne pouvait pas se permettre d'être à nouveau attrapé. Se remettant sur pied, il visa Black et pressa la détente. Ce dernier dévia le projectile en interposant son bras sur la trajectoire de la balle, puis il fonça droit vers Snake. L'agent secret se jeta par-dessus une table sur laquelle étaient posés plusieurs ordinateurs. Lancé à pleine vitesse, le cyborg renversa le meuble et son contenu alla se briser par terre en produisant des étincelles. Snake fit de nouveau feu, visant la tête du mercenaire. D'un mouvement sur le côté, celui-ci 7
esquiva le tir qui réduisit au silence un appareil fixé au mur. Le cyborg ramassa ensuite la table renversée et la jeta vers l'agent secret, sans montrer le moindre signe d'effort. Malgré la roulade qu'il effectua pour s'écarter du point de chute, la table le percuta sur le flanc droit et continua sa course en arrachant l'un des tubes de la perfusion de liquide blanc. Black écarquilla les yeux en découvrant ce qu'il venait de faire, accidentellement, alors que le contenu de la cuve se répandait par terre. Snake serra les dents en se relevant. Une douleur lancinante lui ravageait tout le côté droit. Après ses quelques secondes d'observation, Black reprit le combat et bondit vers lui. L'agent secret s'écarta au dernier moment. La botte métallique du cyborg passa à quelques centimètres de son visage et le mercenaire toucha le sol tout près de lui, trainant dans son sillage le deuxième tube relié à la cuve. Sans réfléchir, Snake attrapa la perfusion et tira dessus de toutes ses forces. Il parvint à déconnecter le tube du bras, arrachant une plainte au mercenaire qui tituba un instant. En deux pas, Black fut de nouveau sur lui et le désarma d'un violent coup du plat de la main. Le M9 alla se perdre dans la pièce. Le bras engourdit par l'attaque, Snake ne put qu'esquiver le coup suivant d'un pas sur le côté. Alors que son poing passait tout près du visage de l'agent secret, Black manqua presque de perdre l'équilibre, comme sonné. Snake profita de sa maladresse passagère pour lui expédier un puissant coup de pied entre les omoplates ce qui envoya le cyborg s'écraser tête la première dans l'écran d'un appareil de mesure. Le cyborg poussa un cri de douleur alors qu'il recevait une décharge électrique. Par miracle, il réussit à s'écarter de la source du danger et tourna vers Snake son visage qui venait d'être brûlé par le passage du courant. Le cyborg s'ébroua et lança son poing vers l'agent secret qui détourna instinctivement la frappe d'un mouvement de son bras. A sa plus grande stupéfaction, la puissance du coup du mercenaire était bien moindre que celle de ses précédents assauts. Snake remarqua alors le liquide blanc qui s'écoulait de l’exosquelette, là où étaient précédemment connectées les perfusions. Il perd de l'énergie, comprit-il en contrant aisément une nouvelle attaque. A mesure que le liquide se répandait sur le sol du laboratoire, Black semblait redevenir progressivement un simple humain, malgré son équipement high-tech. Maintenant à armes égales avec le mercenaire, Snake put appliquer les techniques de combat au corps à corps qu'il avait appris. Saisissant le bras de son adversaire, il le tira vers lui, puis d'un coup de coude lui brisa l'articulation. L'armure ne supporta pas la force l'impact et se disloqua en produisant une petite vague d'étincelles à l'endroit où des circuits se rompirent. ― Qu'est-ce qu'il m'arrive ? S'écria Black en retenant son membre cybernétique brisé. Snake ne lui laissa pas le loisir de trouver la réponse à cette question. Entourant le buste du cyborg avec son bras, il plaça son genou derrière les cuisses de son adversaire et lui donna une forte pression. Poussé contre la jambe de l'agent de Fox-Hound, Black bascula en arrière, tournoya dans les airs et s'écrasa lourdement sur le dos. Sonné par l'impact, il mit quelques instants à retrouver ses esprit. Il tenta de se relever mais ses forces l'avaient quitté, le condamnant à rester allongé, baignant dans le liquide, qui s'était écoulé de ses ports cybernétiques, tout au long du combat. Le silencieux du M9 apparut brusquement dans son champs de vision. ― Bouge pas ! Ordonna Snake. Qui es-tu ? J'ai l'impression de te connaitre. ― Tu sais qui je suis. Le Gindra, il y a cinq ans. La résistance. Effaçant mentalement les cicatrices et les brûlures qui marquaient le visage du cyborg, Snake en reconstitua les traits et la vérité s'imposa à lui : ― Schneider, souffla-t-il. Kyle Schneider, leader de la résistance Gindrane. L'autre opina en silence. ― Que t'est-il arrivé ? La dernière fois que je t'ai vu tu affrontais Eguabon. Je te croyais mort 8
dans le bombardement ! ― Il s'en ai fallut de peu, en fait. Comme tu peux le voir, les bombes ont fait leur office. J'ai été gravement mutilé. Merci les Nations-Unies. Ça faisait des mois qu'on leur demander de nous filer un coup de main pour écraser le GLF et Eguabon et, alors qu'on était sur le point de porter un coup fatal au régime et d'en sortir victorieux, ils ont tout gâché. ― Le bombardement de l'ONU a été lancé pour vous venir en aide, répliqua Snake. ― C'est ce qu'ils ont voulu te faire croire. Le bombardement avait un tout autre objectif : détruire toute trace du prototype de Metal Gear, afin d'empêcher quiconque d'en récupérer l'épave, et éliminer tous les témoins. Le seul risque qu'ont pris les Nations-Unies c'est que tu sois tué avant d'avoir pu prendre la fuite avec les plans du TX-55. Tu n'imagines pas le nombre de victimes qu'a causé ce bombardement. Ne parlons pas du GLF qui a été dissout dans les flammes de Galuade. J'ai même eut le privilège de voir périr Eguabon sous mes yeux. Je te parle plutôt des victimes collatérales et innocentes de ce massacre. Les membres de la résistance et leurs familles qui n'ont pas pu évacuer à temps. Des combattants, mais aussi des femmes, des enfants. Ils n'avaient aucune échappatoire quand les bombes sont tombées ! Ils sont morts comme des animaux. Snake baissa son arme. ― Non, c'est impossible. L'ONU a tout fait pour vous aider. Quand j'ai été envoyé au Gindra, il n'a jamais été question de récupérer les plans de Metal Gear. Ni l'ONU ni la CIA n'étaient au courant de l'existence de cette arme secrète. ― Tu crois ? Ça ne t'a pas empêché pour autant de ramener le disque de données aux États-Unis. Snake resta silencieux, ne sachant pas quoi répliquer. Schneider se tendit brusquement. Ses traits ravagés par ses blessures passé et présentes se tordirent en une grimace de douleur. L'espace de quelques secondes il chercha de l'air sans parvenir à inspirer. Puis il se calma. Son visage avait prit une pâleur fantomatique. ― Sans lui, je n'aurais... jamais survécu au Gindra, reprit-il dans un souffle. Il est venu... et nous a sauvés. Il nous a apporté plus que ce que nous aurions pu espérer... après une telle trahison. Il nous a offert un nouveau chez nous... Une nouvelle famille... L'espoir d'une nouvelle vie... d'un nouveau départ. ― De qui est-ce que tu parles ? ― Saladin. ― Le leader d'Outer Heaven ? Je croyais que la compagnie de mercenaire avait quitté le Gindra quelques jours plus tôt. ― Ils... ils ne sont jamais partis. Une fois leur mission accomplie, il ne leur restait plus qu'à rester dans l'ombre... et attendre de voir comment tout ça allait se terminer. Saladin ne nous a pas traités comme... de simples porte-flingues, mais comme des hommes et des femmes. Simplement, comme des êtres humains. Évidemment, ça parait assez ironique... dans la bouche du type qui porte une combinaison cybernétique et qui se vide de son sang artificiel. Le glissement de la porte coulissante attira leur attention. La visage méfiant du docteur Madnar apparut au coin du panneau de verre sablé. Voyant que le combat était terminé, il se détendit, s'approcha des deux hommes et ausculta brièvement Schneider qui était à nouveau sujet à une crise de convulsions. ― Il a perdu beaucoup de sang, remarqua Madnar en montrant la flaque de liquide blanc qui s'étendait à leurs pieds. Sur ses mots il se dirigea rapidement vers la cuve de sang blanc, déroula un nouveau tube de perfusion et s'accroupit auprès du cyborg. La crise s'arrêta et les traits de ce dernier se détendirent. Il secoua faiblement la tête. La peau de son visage était devenue si pâle qu'elle en était partiellement translucide et laissait apparaitre un réseau complexe de veines grises qui couraient sous sa peau. ― Non... docteur. Pas... cette fois. Je me suis battu pour Outer Heaven... pour Saladin, jusqu'à ce 9
jour tant attendu. Mais... je n'en peux plus de tout ça... Cette douleur... Ce corps... qui n'est pas le mien... Et je ne veux pas voir ce qu'il adviendra demain, quand tout ça aura commencé... Je préfère quitter un monde... que je connais qu'en découvrir un nouveau... bouleversé. ― Vous êtes vraiment sûr de vous, Black ? Demanda Madnar, l'air grave. ― Quand j'ai rejoint Outer Heaven... Saladin m'a dit que j'étais libre... de partir quand je le voulais... que je ne lui devais rien, ni à lui ni à mes frères. C'est la première des libertés qu'il m'a offerte. Celle du choix. Je crois qu'il est temps pour moi de partir. (le scientifique acquiesça et remit la perfusion en place.) Docteur... je ne m'appelle pas Black mais Kyle... Kyle Schneider. L'ancien résistant d'Afrique du Sud s'éteignit en silence, laissant aux deux hommes le soin de porter sur son corps une couverture de survie. ― Il a rejoint sa famille disparue, dit Snake. Madnar opina en silence puis l'agent de Fox-Hound reprit la parole : ― Je suis content de vous retrouver docteur. Content que vous alliez bien. ― Ils ne m'ont pas fait de mal, si c'est ce que vous craignez, le rassura le vieil homme. Où est Vanessa ? ― Elle n'a pas survécu à l'explosion du pont. ― Mon Dieu... Pauvre enfant, elle ne le méritait pas... Le scientifique semblait vraiment affecté par cette funeste nouvelle. Après tout, il avait sympathisé avec la jeune femme. ― Non, avoua Snake, elle ne le méritait pas, mais le temps presse et je dois toujours remplir ma mission. Je cherche le docteur Marv et, d'après les informations que l'on m'a donné, il serait retenu ici. Madnar lui lança un regard triste. ― Oui, il est ici. Je vais vous conduire à lui. Allongé sur le lit de sa chambre, le docteur Marv dormait paisiblement. D'un sommeil dont il ne sortirai jamais. ― Il est mort, souffla Snake, en cherchant le pouls du biologiste tchèque. ― Après l'attaque du pont, ils m'ont conduit ici pour m'occuper de lui. Il était déjà très affaiblit par les interrogatoires que lui avaient fait subir les mercenaires d'Outer Heaven. Il est mort il y a deux heures à peine. ― C'est lui que Fox est venu voir, avant que je n'arrive ici. ― Oui. Gray Fox voulait constater le décès par lui-même. Le docteur Marv n'a jamais cédé la moindre information, vous savez. Il refusait que son invention ne tombe dans des mains malhonnêtes. ― Tout est perdu, soupira Snake. Sans Marv, pas d'OILIX. Ma mission est un échec. Madnar s'approcha d'une table et tapota du plat de la main sur une grosse mallette à fermeture électronique. L'agent secret se plaça près de lui. La mallette était munie d'une serrure électronique. ― La formule de l'OILIX est là-dedans, expliqua Madnar. Le docteur Marv a simplement caché la clé électronique en lieu sûr et n'a jamais voulu divulguer sa localisation. Snake se pencha au-dessus de la fente de la serrure électronique. Il y avait un symbole familier gravé à côté. Une série de cercles s'enchevêtrés. ― Ce dessin est une représentation atomique, dit Madnar. L'agent de Fox-Hound caressa le symbole du bout des doigts, puis il retira un objet bleu marine de l'une de ses poches et l'étudia à la lumière de la fenêtre. Les mêmes cercles en ornaient la surface. ― Qu'est-ce que c'est ? Demanda Madnar, d'un air intéressé. ― C'est la broche que Vanessa utilisait pour attacher ses cheveux. Elle me l'a confiée avant de 10
mourir. D'après elle, ce bijou devait m'être utile dans un avenir proche. Tout en parlant il manipulait l'objet dans tous les sens. Remarquant une petite fente sur l'une de ses faces, il glissa l'ongle de son pouce à l'intérieur et fit levier. La broche émit un petit cliquetis et un mécanisme à ressort fit sortir une petite tige métallique de la broche. Snake la porta à la lumière. ― Je crois bien que c'est maintenant que je vais en avoir besoin. Sur ces mots, il glissa la tige dans la fente de la mallette La clé s'ajusta parfaitement à la serrure. Une diode verte s'alluma et les verrous magnétiques claquèrent simultanément en déverrouillant la mallette ― Bon Dieu, souffla Madnar en écarquillant les yeux. Snake ouvrit la mallette avec délicatesse. Une boite cubique d'une vingtaine de centimètres de côté était calée dans la mousse qui en protégeait les faces intérieures. Enfiché sur la partie supérieur de la boite, un petit écran à cristaux liquide affichait tout un tas d'informations pour la plupart chiffrées. ― C'est un caisson de confinement, dit Madnar en se penchant au-dessus du cube. Cette mallette ne contient pas la formule de l'OILIX, mais un échantillon de l'OILIX elle-même ! Sa capacité d'auto-réplication permet d'en produire en quantité illimitée. Pas besoin de formule du moment qu'on a une algue génétiquement modifiée fonctionnelle ! Snake se saisit avec délicatesse du cube de confinement, le fit tourner dans ses main. ― Incroyable que l'avenir énergétique de la planète repose sur une si petite chose, dit-il. Percevant un bruit tout proche, il reposa vivement le cube en sécurité dans son logement et dégaina son M9. ― Qu'est-ce qu'il se passe, Snake ? ― J'ai entendu quelque chose. Restez là, docteur. L'agent secret s'approcha à pas feutrés de la porte et actionna le mécanisme d'ouverture en prenant garde de rester à un bon mètre du seuil. Le panneau coulissa dans le mur. Aussitôt un épais nuage de fumée s'engouffra dans la pièce. ― Des fumigène, s'écria-t-il. Couchez-vous docteur. Snake risqua un œil dans le couloir mais, avec toute cette fumée, il ne discernait pas grand chose. C'était déjà tout juste s'il pouvait voir ses bottes. La fumée s'agita au bout du couloir, comme portée par un courant d'air. Quelque chose approchait. Sans hésiter, Snake dirigea son arme vers le milieu du passage et ouvrit le feu à plusieurs reprises. Il ne toucha pas sa cible et ses balles se perdirent dans le mur de béton au fond du couloir. L'instant d'après il sentit une présence. Il perçut d'abord le déplacement d'air qui indiquait que quelqu'un se trouvait tout près de lui. Puis il entendit un frottement sur le sol. Ça provenait de la droite. Pivotant vivement dans cette direction, il aperçut une silhouette longiligne. Avant qu'il ait eu le temps d'ouvrir le feu, elle fendit la fumée et lui donna un violent coup de matraque dans l'estomac. Snake se plia en deux sous la douleur. Le coup suivant fusa vers le plafond et le cueillit sous la mâchoire, l'envoyant direct au tapis. Avant de perdre connaissance, il distingua, à travers la fumée, la chevelure blonde de son agresseur, puis tout disparut dans l'obscurité et le silence se fit.
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