Metal Gear Solid - Rise Of Outer Heaven - 6. Assaut

Page 1

écrit par Sunwalker d'après une histoire et des personnages crées par Hideo Kojima

Texte distribué gratuitement sur www.suniverse.fr Metal Gear Solid : Rise Of Outer Heaven est une oeuvre relevant de la fanfiction réalisée bénévolement. Ce texte est sous lisence Creative Commons by-nc-nd. Merci d'en respecter les règles. Metal Gear Solid et les noms qui lui sont affiliés sont des marques déposées par Konami Digital Entertainment. Aucune exploitation commerciale n’est permise sans leur autorisation. Le site www.suniverse.fr et les textes qui y sont proposés ne sont en aucun cas associés avec Konami Digital Entertainment.

1


― Bâtiment dégagé, fit la voix dans l'oreillette de com. ― Allons-y, docteur. Restez près de moi. Snake retira la sureté de son arme et ouvrit la porte. Une vague d'air chaud se glissa à l'intérieur. Des coups de feu claquaient au loin et des grondements de moteurs se joignaient aux cris des soldats en pleine bataille et aux hurlements des sirènes d'alerte. Les sentinelles qui gardaient l'entrée gisaient au sol dans une mare de sang. Snake balaya rapidement du regard les alentours. Un autre soldat du GLF avait été abattu au coin du bâtiment et il n'y avait pas d'autre ennemi en vue pour l'instant. D'un signe de la main, Snake invita Madnar à sortir du laboratoire. Le vieux scientifique hoqueta de surprise en découvrant les cadavres au sol mais la stupeur quitta bientôt son visage ; Il avait l'air plus habitué à la mort que le civil lambda. Un homme surgit d'une ruelle et trottina vers eux, un fusil de précision sanglé dans son dos. Snake fit rapidement les présentations : ― Dr. Madnar, voici Gray Fox, un ami. Les deux hommes se serrèrent la main. ― C'est vous le responsable de tout ça ? Demanda Madnar en montrant les corps ensanglantés. ― De ça et du reste, avoua fièrement Fox en faisant allusion aux bruits de fusillade. ― Vous avez les explosifs ? S'enquit le scientifique. ― Vous parlez bien anglais, docteur, souligna Fox en ouvrant la sacoche qui pendait à son côté pour en montrer le contenu. ― Ça devrait faire l'affaire, dit Madnar après s'être penché au-dessus du sac de C4. Le hangar où est entreposé Metal Gear est à environ cinq-cent mètres d'ici. Passez devant, je vais vous guider. Fox tendit un pistolet au vieil homme mais celui-ci secoua vivement la tête en le repoussant. ― Vous êtes dingue ? C'est vous les soldats. Je risquerais de blesser l'un d'entre nous et on serait bien avancés. ― Restez près de nous, reprit Snake. Suivant la direction montrée par le scientifique, les trois hommes se glissèrent parmi les bâtiments de Galuade, Fox en tête, Snake fermant la marche. La forteresse était en ébullition. Des soldats du GLF couraient dans tous les sens, armes à la main et disparaissaient en direction de la bataille qui faisait rage entre la résistance et les hommes d'Eguabon. Chaque fois qu'un groupe hostile passait tout près, les trois hommes se mettaient à couvert pour ne pas se faire repérer. La radio de Snake bipa. Tout en continuant de se déplacer, il prit la communication : ― Snake. ― C'est Schneider ! Hurla le résistant, pour couvrir la cacophonie de la bataille tout près. On est dans les murs. Vous en êtes où avec votre arme secrète à détruire ? ― Je suis en chemin, répondit Snake en se mettant à couvert, alors qu'une jeep remplie d'hommes en armes passait en trombe. Madnar et Fox l'imitèrent instantanément et le véhicule s'éloigna. Les trois hommes reprirent aussitôt leur chemin et traversèrent une large place à découvert. ― Vous feriez bien de vous bouger, mon vieux, reprit Schneider. Si j'en crois Diane, votre bombardement est prévu dans trente-cinq minutes. Si vous voulez évacuer la zone avant que Galuade se transforme en brasier, vous feriez mieux de pas trainer. ― Je sais. Les bombes ont tendance à me faire courir plus vite. Mais pourquoi vous vous inquiétez comme ça pour moi ? ― Sans votre aide, on n'aurait jamais pu donner l'assaut. Je vous en doit une. Quelle est votre position dans la base ? ― On file droit sur un hangar au sud-est de la prison. C'est là qu'est notre objectif. ― Compris. Le temps de réquisitionner un véhicule et je passe vous prendre. ― Comment vous vous en sortez, Schneider ? 2


― Votre diversion a fonctionné à merveille. On les a pris par surprise. Ils sont un peu désorganisés du coup et on avance bien. Je n'ai perdu qu'une poignée d'hommes. Toujours pas de signe d'Eguabon. Si vous voyez quelques chose... Snake mit fin à la conversation alors que Madnar indiquait un grand hangar droit devant. ― C'est ce bâtiment, dit-il. ― D'accord, acquiesça Fox. Pas de gardes en vue. J'imagine que cet endroit est protégé autrement. ― Il y a des tourelles automatiques à détection de mouvements disséminées dans le hangar. Le seul moyen de les désactiver est d'utiliser une télécommande... ― ...Ou de les détruire, coupa Snake. Vous savez combien de tourelle il y a et quelles sont leurs positions ? Le scientifique réfléchit quelques secondes. ― Comme ça, je dirais qu'il y en a six. Une à l'autre bout du hangar, qui fait face à la porte, une de chaque côté de Metal Gear et il me semble me souvenir d'une quatrième sur le mur Est, mais je n'en suis plus très sûr. ― Ok, docteur. C'est déjà mieux que rien. Quelle hauteur la tourelle de l'entrée ? ― Environ quatre mètres, fixée sur la poutre maitresse du mur du fond. Snake jeta un œil vers le hangar puis vers Fox. Ce dernier épaula son fusil d'assaut, acquiesça et prit la tête de la file en direction du hangar. ― Restez bien derrière moi, faites ce que je dis et marchez dans mes pas, ordonna Snake à Madnar. Arrivé devant la porte, Snake se plaça à côté de la porte, adossé au mur, une main sur la poignée. Fox orienta le canon de son fusil d'environ quarante-cinq degrés vers le haut et fit un signe de la tête. Snake ouvrit brusquement la porte et poussa le battant. Fox s'engouffra à l'intérieur du hangar, aligna la tourelle du fond et pressa la détente à trois reprises. L'arme automatique grésilla et se mit à pendre au bout de ses fils d'alimentation. Elle était hors-service. Snake entra à la suite de Fox, Madnar sur ses talons. Des coups de feu résonnèrent sur le côté. Madnar se jeta au sol derrière une caisse d'armement. Fox fit un pas de côté pour éviter la rafale de l'arme automatisée et envoya une salve vers le mur Est ce qui réduisit la machine au silence. Nouveaux coups de feu. Snake fit volte-face, s'accroupit et pointa son Five-seveN. Son arme eut deux reculs avant que la tourelle ne soit abattue. Plus que deux. Fox traversa le hangar, serpenta entre les caisses de matériel et se jeta derrière l'une d'elle alors que des balles sifflaient autour de lui. Snake vint se placer à couvert tout près. Ne percevant plus de mouvements puisque tout le monde était planqué, les tourelles se turent et reprirent leur position de veille. Tout s'était passé très vite. Les deux agents de Fox-Hound soufflèrent quelques secondes. Snake brandit son paquet de cigarettes. ― On s'en grille une, Frank ? ― Bonne idée. Snake jeta le paquet de cigarettes le plus loin possible, à l'autre bout du hangar. Percevant le mouvement, les deux tourelles repassèrent à l'action et firent feu en direction du paquet de clopes. Les deux soldats sortirent de leur couvert et détruisirent les deux tourelles avant même qu'elles aient eut le temps de se réorienter vers eux. ― Ça fait six, compta Fox. ― Ça y est, c'est fini ? Demanda la voix tremblante de Madnar. Snake et Fox partirent chacun d'un côté pour faire le tour du hangar et sécuriser chaque recoin. Ils ne trouvèrent pas d'autres tourelles. ― Ça a l'air dégagé, docteur, affirma Snake, en s'approchant de la forme camouflée sous une bâche, encadrée des deux dernières armes automatisées qu'ils avaient détruites. ― Oui, c'est Metal Gear, dit le scientifique en venant se placer à leurs côtés. Aidez-moi à enlevez ça, vous voulez bien ? Fox opina et se plaça de l'autre côté pour aider le docteur à découvrir l'engin camouflé. Snake resta 3


devant Metal Gear alors que la bâche glissait et tombait en tas sur le sol de béton. Il leva les yeux pour observer l'objectif de sa mission. Quelque chose bougea sous la bâche. Un bruit mécanique se fit entendre et une partie de la toile s'écarta pour révéler une nouvelle tourelle automatique. ― Merde ! Snake fit volte-face et se jeta à couvert. Madnar resta immobile derrière une des jambes métalliques. Fox contourna Metal Gear et la tourelle posée au sol entre ses jambes et envoya une salve dans le servomoteur de l'arme. Il y eut une petite explosion puis le canon s’affaissa et une fumée grise s'éleva du mécanisme grillé. Snake se releva et se massa l'épaule en grimaçant. L'odeur âcre des composants carbonisés se joignit au parfum familier de poudre qui flottait dans l'air. ― Ça va aller, Snake ? S'enquit son ami. ― C'était juste, cette fois-ci. Je suis tombé sur mon épaule blessée mais je suis pas touché. Madnar et Fox rejoignirent l'agent de Fox-Hound alors qu'il pouvait enfin contempler en détail la fameuse arme secrète mise au point pour Eguabon. Campé sur ses deux larges jambes blindées équipées de vérins et de servomoteurs, Metal Gear mesurait près de 7 mètres de haut. Le cockpit ressemblait à celui d'un hélicoptère de combat et le siège et les commandes du pilotes étaient visibles à travers la verrière blindée. Un énorme lanceur de missiles était juché à la droite du cockpit et le symbole et les écriteaux marqués sur la coque de l'armement ne laissaient pas de doute sur sa fonction ; c'était le lanceur nucléaire et les bouches de deux tubes de lancement s'ouvraient à son sommet. Le reste de l'équipement était disséminé un peu partout sur la carcasse d'acier couleur camouflage. Snake compta un canon Vulcan 15mm, un lanceur d'obus moyenne portée, un projecteur sur la partie ventrale de l'engin pour éclairer dans d'obscurité et une poignée d'antennes et de capteurs qui pointaient vers l'extérieur. Le moteur et l'ordinateur de bord reposaient à l'arrière du poste de commande dans un bloc massif équipé de radiateurs et d'aérations. Les pieds mécaniques articulés rappelaient ceux d'un oiseau et semblaient pouvoir parfaitement s'adapter à n'importe quelle surface. L'ensemble faisait très artisanal et n'avait rien à voir avec d'autres armes conventionnelles mais Metal Gear avait l'air malgré tout terriblement dangereux et efficace dans le style robot de science-fiction. ― Bon sang, souffla Snake. Si ça fonctionne aussi bien que ça a l'air menaçant, c'est tout à fait l'arme ultime. ― TX-55, c'est le nom de code du projet, n'est pas fonctionnel comme je vous l'ai dit, fit Madnar. Je faisais tout pour gagner du temps mais la programmation de l'ordinateur de bord n'est pas terminée. J'ai prétexté des bugs du mécanisme gyroscopique qui maintient l'équilibre de la machine. Et puis de toutes façon, même sans ça, Metal Gear n'aurait été rien de plus qu'un vulgaire tank bipède. Madnar s'approcha d'une caisse de matériel frappé de l'hélice à trois pales, jeta le couvercle sur le côté et la renversa brusquement. ― Arrêtez ! S'écria Snake horrifié, alors que le contenu de la caisse se répandait au sol. Il n'y eut pas d'explosion nucléaire. Les tubes des ogives de la taille d'une jambe heurtèrent violemment le sol et roulèrent sur le béton. Madnar ramassa une ogive sans trop de difficulté et la lança vers Snake. Surpris, l'agent de Fox-Hound l’attrapa par réflexe et fut étonné de constater à quel point elle était légère. ― Ouvrez-là, conseilla Madnar. Fox se baissa pour prendre un autre tube et en dévissa la tête conique en même temps que Snake. ― Elle est vide, s'étonna ce dernier. ― Elles le sont toutes, affirma le scientifique en montrant les autres boites empilées près de la première. C'est les soldats d'Outer Heaven qui sont venus avec ces caisses. Ils ont prétexté les avoir volées quelque part dans un entrepôt abandonné d'ex-URSS. Avec ces armes ils ont obtenu la confiance d'Eguabon. C'était la seule chose qui lui manquait pour parachever Metal Gear. Mais quand il a découvert qu'elles étaient factices, il a vite déchanté. 4


― C'est pour ça qu'Outer Heaven est parti, dit Snake. Le GLF a compris qu'il avait été roulé alors il s'est retourné contre les mercenaires. ― C'est cela, acquiesça Madnar. Snake secoua la tête en laissant tomber l'ogive démontée. ― Il y a un truc que je ne comprends pas dans tout ça. Pourquoi apporter des têtes nucléaires factices ? Qu'est-ce que ça signifie ? On dirait... une mise en scène. Mais dans quel but ? Des coups de feux claquèrent non loin du hangar. ― Ne perdons pas plus de temps, messieurs. Placez vos explosifs et détruisons cet engin. Fox s'agenouilla et déposa sa sacoche par terre. Il en retira trois blocs de C4 de la taille d'une main et s'avança vers Metal Gear. ― Le blindage au niveau des articulations des jambes et des pieds est plus faible, expliqua Madnar. Placez vos bombes près de ces mécanismes. Collez-en aussi sur l'ordinateur de bord. Avec tout ça, Metal Gear ne sera plus d'aucune utilité à quiconque. Les deux hommes suivirent les directives du scientifique russe et placèrent leurs C4 aux endroits appropriés puis se laissèrent tomber au sol, après avoir escaladé le robot pour piéger son ordinateur de bord. Ils firent le tour de l'appareil pour s'assurer que les détonateurs étaient bien en position et clignotaient pour signaler qu'ils étaient actifs. Fox attrapa la télécommande dans son sac. ― Je pense que c'est bon, dit-il. Sortons et prenons nos distances. Le petit groupe quitta le hangar et alla se mettre à l'abri derrière un bâtiment voisin. Fox souleva le capuchon de sécurité de sa télécommande et actionna le déclencheur. Les explosions furent quasisimultanées. Le souffle de la déflagration endommagea une partie du hangar qui s'effondra partiellement sur la carcasse fumante de Metal Gear dont le cockpit fendu apparaissait à travers les murs déchirés. La radio de Snake bipa. ― Ici Big Boss. Quelle est ta situation ? ― Nous venons de détruire Metal Gear, monsieur. ― Comment va le concepteur ? ― Madnar est sauf. ― Quittez Galuade immédiatement ! Les bombardiers sont en route. Largage prévu dans moins de quinze minutes. Tirez-vous d'ici les gars ! Snake coupa la communication et se tourna vers Fox. ― On doit trouver un moyen de sortir d'ici. Le bombardement est imminent. Une jeep arriva en trombe et s'arrêta devant le hangar en flammes. Des hommes du GLF en sortirent et discutèrent à grands renforts de gestes en observant les dégâts. ― On pourrait réquisitionner leur voiture, proposa Fox. Je m'occupe de celui de droite. Sur ces mots, il engagea une balle dans son fusil d'assaut et sortit à découvert. Snake le suivit et pointa son arme sur sa cible tout en courant vers le véhicule. Les deux hommes attendirent la dernière seconde avant d'abattre les ennemis, juste au moment où ceux-ci s'apercevaient de leur présence et attrapaient leurs armes. Les soldats du GLF s'effondrèrent. Fox bondit sur le siège conducteur. La clé était toujours sur le contact. Il alluma le moteur. Il sentit la chaleur des balles frôler son visage avant même d'entendre les coups de feu. Aussitôt, il se coucha dans la voiture. Snake se mit à couvert le long du côté passager. D'autres véhicules, remplis de soldats d'Eguabon qui leurs tiraient dessus, arrivaient de l'axe principal. L'explosion les avait fait converger par ici. Les balles ricochaient sur la portière, perçaient le pare-brise. Snake ramassa le AK de l'un des soldats tués, longea le côté de la voiture en restant accroupis. Il sortit la tête de son couvert, appuya le canon de son arme sur le capot et fit feu sur les véhicules en approche. Ses tirs touchèrent le radiateur du camion de tête. Le moteur du véhicule hoqueta et commença à produire une épaisse fumée blanche. Le 5


conducteur donna un grand coup de volant sur la gauche dévoilant son flanc droit. Snake en profita pour viser les roues du camion. Lorsque les pneus avant droits éclatèrent, le camion, déséquilibré par son brusque changement de direction, pencha dangereusement sur le côté. Le conducteur tenta de redresser l'assiette du véhicule mais l'incendie, qui se déclara tout à coup dans le moteur, le déconcentra. Le camion bascula sur le flanc et glissa sur une vingtaine de mètres, déversant au passage les soldats qui s'y trouvaient. La jeep qui suivait le camion s'écarta brusquement pour éviter la collision mais il était trop tard. La voiture roula sur des débris du camion, décolla et partit en tonneau. Les véhicules suivants s'écartèrent de justesse des deux premiers accidents et se séparèrent pour prendre en tenaille les agents de FoxHound. Les balles pleuvaient toujours contre la carrosserie de leur jeep. La portière passager s'ouvrit près de Snake et Fox rampa maladroitement à l'extérieur. ― Merde, alors. Ils étaient pas sur la liste, ceux-là. Comment tu t'en sors ? Fox risqua un œil au-dessus de la jeep. ― Oh ça va. Comme d'habitude, quoi. Fox se plaça à l'arrière du véhicule et ouvrit le feu vers les jeeps ennemies qui prenaient position sur la place autour d'eux. Les soldats du GLF sautaient de leurs transporteurs et se mettaient à couvert derrière pour mieux riposter. ― On est cernés, Frank ! ― J'avais remarqué, répliqua Fox en abattant un soldat du GLF. ― Il nous faudrait des grenades pour dégager le passage. Fox fouilla dans sa sacoche. ― J'ai bien peur d'avoir oublié de passer par le rayon grenades en faisant mes courses tout à l'heure. Une grenade dégoupillée roula de dessous la voiture et s'arrêta juste entre eux. Les deux hommes se regardèrent. Sans hésiter plus longtemps Fox renvoya la grenade vers la jeep ennemie la plus proche. Les soldats n'eurent pas le temps de s'enfuir. L'explosion les envoya au sol, fit tanguer la jeep sur ses suspensions et en creva les pneus. ― J'ai une idée, s'écria Fox en fouillant dans sa sacoche. Tu saurais toucher une cible volante de la taille d'un poing ? ― Je crois oui. ― Alors vise-moi ça. Sur ces mots, il lança un pain de C4 vers un camion garé en travers du passage. Snake visa et tira une salve vers le projectile. L'explosion fut bien plus puissante que la précédente et ils sentirent la chaleur des flammes, même à vingt mètres de distance. Le camion fut littéralement déchiré en deux et il ne resta plus grand chose des soldats qui s'en servaient de couverture. Fox attrapa un autre explosif tandis que Snake remplaçait son chargeur. ― Prêt ? Snake acquiesça en reprenant appui sur le capot. Le bloc de C4 décrivit une trajectoire en cloche en direction d'une jeep. En le voyant arriver, les soldats du GLF s'égaillèrent dans toutes les directions. Snake tira vers sa cible mais ne parvint pas à la toucher. Le pavé de plastique roula au sol, hors de vue. ― Raté ! S'écria Snake. ― Il ne m'en reste plus que deux. Attends une minute... Où est Madnar ? Les deux hommes se tournèrent vers le bâtiment derrière lequel ils s'étaient réfugiés au moment de la destruction du hangar. Madnar était toujours appuyé contre le mur, regardant dans leur direction, le visage livide. Il ne savait pas quoi faire alors que les véhicules ennemis et leurs occupants étaient stationnés à seulement six mètres de sa position. Si seulement il avait accepté de prendre une arme, il aurait pu faire diversion... Une haute silhouette apparut dans le dos du scientifique. Leone attrapa Madnar et lui braqua un flingue sur la tempe. Impossible de sauver le vieil homme. A cette distance, ils risquaient de le blesser, 6


lui, plutôt que le lieutenant d'Eguabon. Leone passa le coin du bâtiment et rejoignit ses hommes en se servant de Madnar comme bouclier humain. ― Cessez le feu ! Ordonna-t-il de sa voix puissante. (le silence se fit sur la place.) Vous êtes piégés messieurs. Rendez-vous ou j'élimine le docteur. ― Qu'est-ce qu'on fait ? Chuchota Snake. ― Passe-moi un nouveau chargeur. Snake obéit. ― C'est mon dernier. (il en profita pour vérifier le contenu de son magasin.) Il me reste dix-huit balles. Tu crois qu'on peut les avoir avec tout ça ? Fox sourit tristement. ― Tu te souviens en Irak, quand on arrivait à se sortir des pires situations ? Hé bien, c'est pareil que maintenant. ― Donc on va se faire tuer. Une explosion secoua la place. Une jeep en flammes virevolta dans les airs. Les soldats du GLF firent volte-face, se mirent à couvert sur l'autre flanc de leurs véhicules et recommencèrent à tirer, dans l'autre direction cette fois. Des coups de feu claquaient tout près et des rugissements de moteurs se rapprochaient. Dans la panique, Leone traina Madnar en arrière et passa le coin du bâtiment derrière lequel il disparut. La fusillade continuait de plus belle. Snake et Fox restèrent à l'abri pour éviter de recevoir une balle perdue venant de leurs sauveurs providentiels. Une jeep lancée à toute allure percuta les deux moitiés du camion éventré et fonça droit sur eux alors que les soldats du GLF changeaient de position. La jeep s'arrêta au niveau des agents de FoxHound. Schneider se pencha par la portière du conducteur. ― J'vous dépose quelque part ? Les deux hommes sautèrent dans la voiture, alors que d'autres véhicules de la résistance débarquaient sur la place en faisant le ménage dans les rangs du GLF à grand coup de lance-roquettes et de fusil d'assaut. Le quatrième passager de leur véhicule était un membre de la résistance armé d'un vieux M16. ― On va par-là, fit Snake en montrant l'endroit où avait disparu Leone avec son otage. Schneider passa la première et démarra en trombe dans la direction indiquée. ― On poursuit qui ? Cria-t-il pour couvrir le bruit des moteurs. ― Leone, le second d'Eguabon. Il vient d'enlever un homme que je dois ramener vivant. La jeep de Schneider crissa sur le sol de terre en prenant un virage sec. Un nuage de poussière flottait au loin. C'était le véhicule de Leone qui s'éloignait. Schneider fit prendre de la vitesse à sa jeep pour rattraper l'autre. Il tenait fermement le volant pour ne pas perdre le contrôle sur ce terrain partiellement accidenté. ― Pas de nouvelles d'Eguabon, Snake ? ― Non, je ne l'ai pas vu, désolé. ― Combien de temps avant le feu d'artifice ? Snake regarda sa montre. ― Six minutes. On ferait bien de pas trainer et de rejoindre la sortie. ― Je crois que Leone a la même idée que nous ; la porte principale est dans cette direction. Des tirs sifflèrent à leurs oreilles. Les occupants du véhicule se baissèrent par réflexe alors qu'une jeep débouchait en dérapant d'une rue latérale pour se lancer à leur poursuite. Le résistant qui les accompagnait ouvrit aussitôt le feu sur les soldats du GLF bientôt imité par Snake et Fox, qui se tenaient à tout ce qu'ils pouvaient pour ne pas être éjectés, alors que Schneider manœuvrait pour éviter les balles. ― J'suis à sec, dit Snake après quelques secondes. Schneider balança un sac en toile à l'arrière. Il était rempli de munitions. Snake prit ce dont il avait 7


besoin et tira à nouveau vers leur poursuivant. Le pare-brise du véhicule du GLF explosa, faisant perdre momentanément le contrôle au conducteur. Fox en profita pour le tuer de deux balles dans la tête. La jeep partit en zigzag. L'homme placé sur le siège du passager éjecta le cadavre et prit aussitôt la place du conducteur. ― On se rapproche, cria Schneider. Les bâtiments de la forteresse défilaient à toute allure de chaque côté. La voiture de Leone n'était plus qu'à dix mètres, droit devant. Le lieutenant était aux commandes et Madnar était allongé à l'arrière, apparemment inconscient. L'homme qui accompagnait l'officier passa du siège passager à l'arrière. Il commença à farfouiller dans une caisse. Les tirs de leur poursuivant reprirent. Le nouveau conducteur était bien plus doué que le précédent et restait bien baissé derrière le tableau de bord. Seul sa casquette et ses yeux étaient visibles. Il donnait des coups de volant totalement imprévisibles et son tireur les harcelait toujours avec son AK47 ce qui obligeait Schneider à tout faire pour ne pas qu'ils soient touchés. ― On n'arrivera jamais à le buter, s'écria Fox en rechargeant son fusil d'assaut. ― Les gars, vous feriez bien de buter celui-là d'abord, lança Schneider. Les passagers regardèrent vers l'avant. Le type d'en face avait fini de fouiller dans sa caisse. Il venait d'épauler un lance-roquettes RPG-7 qu'il pointait tant bien que mal dans leur direction. Snake et Fox visèrent et tentèrent de l'aligner sans blesser Madnar où Leone. Trop tard. La roquette partit laissant une trainée de fumée grise dans son sillage. Schneider donna un coup de volant sur le côté pour se déporter de la trajectoire. Ses passagers se baissèrent sur leurs fauteuils. Par la plus grande chance, la roquette passa trop haut. Elle frôla le pare-brise ce qui la dévia légèrement et ils sentirent sa chaleur lorsqu'elle les survola. Une terrible explosion tonna derrière eux. Ils se redressèrent pour voir la jeep qui les poursuivait faire un vol plané dans les airs et atterrir en flammes au milieu de la route en terre. ― C'était pas si compliqué que ça, plaisanta Fox. ― Il recharge, cria Schneider. Le type au RPG-7 était, en effet en train de fourrer une nouvelle roquette dans le canon de son arme. ― Approche-toi, encore, demanda Snake. ― Accrochez-vous. Schneider écrasa l'accélérateur et la jeep bondit en avant. En moins de deux secondes elle fut au niveau de celle de Leone et les deux véhicules se percutèrent. Le porteur du lance-roquettes perdit un peu l'équilibre et bascula sur le dos en relâchant son arme. Le temps que les passagers de Schneider reprennent leurs esprits, suite à la collision, il avait lui-aussi récupéré son arme. Fox prit appui sur le bord du pare-brise, respira un grand coup puis pressa la détente. Une tache sombre s'imprima dans le front du tireur. Il tomba de la jeep et déclencha son RPG7 par accident. La roquette partit n'importe comment et frappa un bâtiment plus loin le long de la route. Des morceaux de béton volèrent et s'éparpillèrent sur la voie. Leone passa de justesse avant qu'ils ne bloquent le passage. Schneider tira le frein à main et tourna dans une rue latérale avant de bifurquer à nouveau sur la route principale, une fois les débris passés. Leone avait repris un peu d'avance. Après un virage pour prendre un autre axe, bétonné celui-là, la poursuite les fit traverser une grande esplanade où étaient stationnés quelques véhicules que s'affairaient à charger des soldats du GLF. Surpris, ils regardèrent passer les deux véhicules sans réagir puis deux jeeps se lancèrent à leur poursuite. Les balles ricochèrent bientôt sur le pare-choc arrière. ― Merde, on peut pas être tranquilles, ragea Fox. Les trois tireurs répondirent à leurs poursuivants. L'adhérence était meilleure sur cette route et Schneider rattrapa rapidement Leone. Ce dernier, les voyants dans son rétroviseur, tendit son bras en 8


arrière et leur tira dessus à l'aide de son pistolet sans quitter la route des yeux. ― Putain! S'écria le chef de la résistance. C'est quand vous voulez, les gars. Snake lâcha son AK et passa aussitôt par-dessus le pare-brise. Schneider s'approcha encore un peu alors que Leone venait de tirer sa dernière balle. Snake profita qu'il recharge son arme pour courir sur le capot de sa jeep et sauter vers celle de Leone. En sentant la voiture remuer en faisant un bruit sourd, le lieutenant d'Eguabon se retourna en pointant son flingue. Snake lui donna un coup de pied dans l'avant bras. L'arme disparut vers l'avant. ― Chien d'américain ! Ragea Leone. Snake se jeta sur lui et l'agrippa au cou. Leone lui donna un coup de tête qui le renvoya sur les sièges arrière, sur Madnar. Sonné, Snake mit quelques secondes à reprendre ses esprits. Quand il allait s'attaquer à nouveau à Leone, il vit que ce dernier brandissait un énorme couteau de combat qui ressemblait sacrément à une machette. La lame fendit l'air et Snake l'esquiva en roulant sur le côté. Sans quitter la route des yeux ni perdre le contrôle de sa conduite, Leone frappa avec son couteau sans jamais toucher au but. Snake lui donna un nouveau coup de pied pour le désarmer. Le couteau se ficha dans la cuisse de son propriétaire. Leone poussa un hurlement de douleur et perdit un peu le contrôle de sa jeep. L'agent de Fox-Hound se jeta sur le siège passager et prit le volant pour redresser la trajectoire du véhicule. Délaissant la conduite, Leone saisit Snake au cou avec ses énormes mains et commença à serrer. Le souffle coupé, ce dernier lâcha le volant pour tenter de se libérer. En vain. Il donna de violents coups de poing au visage de l'officier Gindran sans plus de succès. L'air avait du mal à affluer à ses poumons, sa vue commençait à se troubler et sa tête à bourdonner. Il allait bientôt perdre connaissance et Leone le tuerait. Un objet brillant attira son attention à travers le voile sombre qui s'abattait progressivement sur ses yeux. Snake tendit la main, tâta l'objet. Une poussée d'adrénaline afflua dans son corps alors qu'il s'en saisissait. Il le tira d'un coup sec, Leone hoqueta de douleur. Il n'eut pas le temps de réagir. Snake lui planta le couteau dans le bras. Le lieutenant d'Eguabon lâcha prise en poussant un hurlement de douleur alors que le sang coulait à flot de ses blessures. Snake récupéra le couteau et frappa le colosse en pleine poitrine. Leone eut le souffle coupé mais attrapa à nouveau le cou de Snake. Celui-ci tenta de récupérer le couteau mais l'arme restait fichée dans l'abdomen du lieutenant. Un coup de feu claqua dans leur dos. Fox en était à l'origine. Leone poussa un nouveau cri de douleur, alors qu'une partie de son bras valide disparaissait dans un nuage de sang sous l'impact du tir. Il lâcha Snake. L'agent de Fox-Hound ne perdit pas de temps. Prenant appui avec ses bottes il retira le long couteau du corps de son ennemi et le lui planta dans le crâne. Leone fut pris de spasmes, ses yeux se révulsèrent et il bascula sur le bord de sa portière. Snake acheva de la pousser par-dessus bord. Le corps roula au bord de la route. Snake se jeta sur le fauteuil du conducteur et redressa la trajectoire du véhicule alors qu'il allait percuter le mur d'un bâtiment. La poursuite les avait effectivement conduit droit vers l'entrée de la forteresse. Les portes, tordues par l'explosion qui avait servi à les forcer, étaient grandes ouvertes. Les jeeps s'engouffrèrent dans le passage et prirent le pont qui enjambait la rivière. Entre temps, l'équipe de Schneider avait réussi à se débarrasser d'un de leurs poursuivants mais le dernier continuait toujours de les harceler à grand renfort de AK47, tout en gardant néanmoins ses distances. La radio de Snake bipa. ― Comment ça se passe, devant ? Fit la voix de Schneider dans son oreillette. ― Je vais bien. On va où, maintenant ? ― On file vers le camp. D'ici deux kilomètres, tu vas tomber sur un petit chemin de terre qui part vers l'est. Ça va nous rapprocher du camp mais avant, il faudrait se débarrasser de notre poursuivant. ― Qu'est-ce qu'il se passe, souffla une voix sur le siège passager. C'est quoi tout ce sang ? Je suis blessé ? 9


Snake se tourna vers le vieil homme qui avait repris connaissance. ― Rassurez-vous, ça n'est pas votre sang docteur. ― Qu'est-ce qu'il s'est passé ? ― C'est une longue histoire mais on vient de s'enfuir de Galuade. Madnar se tourna en arrière, vers la jeep de Schneider qui se faisait tirer dessus par un véhicule du GLF. Le chef de la résistance le salua d'un signe de la main, comme si de rien n'était. Le scientifique plissa les yeux et mit sa main en visière pour regarder vers l'horizon, vers les murs de la forteresse qui s'éloignaient. Une puissante explosion résonna au loin. Des flammes montèrent haut dans le ciel. Et l'explosion qui suivit fut encore plus énorme que la suivante. Il y en avait une nouvelle toutes les trente secondes environ et des champignons rouges-orangés montaient haut dans le ciel. Snake jeta un œil à sa montre : 0800. L'ONU était à l'heure quand il s'agissait de tout faire péter. ― Où est Ellen ? Schneider entendit la question via la radio de Snake et celui-ci lui donna la réponse. ― On a rendez-vous avec le reste des résistants dans une clairière. Votre fille est sauve et vous la retrouverez dans cinq minutes. Le chemin annoncé se profila. Snake braqua et s'engagea sur le passage accidenté. Il dû un peu lever le pied pour ne pas perdre le contrôle. Madnar, allongé à l'arrière, faisait son possible pour rester à bord alors que les explosions du bombardement résonnaient avec violence derrière eux. ― Bon, il commence à sacrément me gaver lui, cria Fox. Il me reste plus que deux chargeurs. Schneider vira vers le chemin alors que l'agent de Fox-Hound allait à nouveau tirer sur leur poursuivant. Ses balles se perdirent dans la nature alors qu'ils étaient secoués dans tous les sens. ― Hé, chauffeur, y a moyen d'avoir une conduite plus souple ? ― Désolé. Si vous pouviez vous occuper rapidement de l'autre, ça m'arrangerait. Je voudrais pas qu'ils découvrent le camp. ― Ouais, ouais, on y travaille. La radio de Snake bipa. Décidément, pas moyen d'être tranquille ! ― Le bombardement a débuté, annonça sombrement Big Boss. ― Je suis au courant. On entend les explosions d'ici. Ne vous inquiétez pas, on a quitté la forteresse et on file se réfugier au camp de la résistance. ― Ça ne vous met pas pour autant à l'abri. ― Quoi ? ― Eguabon s'est enfui de Galuade il y a dix minutes. Nous avons capté ses communications radios. On sait qu'il est encore dans le coin alors l'ONU a décidé de bombarder toute la zone. Ça comprend une superficie allant de la forteresse jusqu'à l'affluent de la rivière. ― Ça veut dire que le camp de la résistance est dans cette zone ? ― Précisément. Vous ne serez pas en sécurité tant que vous n'aurez pas quitté la région des montagnes Gindranes. ― Combien de temps avant que les bombardiers soient sur nous ? ― A ce train-là, ils survoleront le camp dans huit minutes. ― Merde ! Et Eguabon, on est sûrs qu'il est dans la zone, au moins ? Les arbres défilaient de chaque côté de la route. La jeep du GLF s'était rapprochée à toute allure en rebondissant sur la route accidentée, profitant du ralentissement de Schneider pour éviter de finir dans le décor. C'était un miracle que leur poursuivant ne se soit pas encore enroulé autour d'un arbre. Fox glissa son dernier chargeur dans son fusil. ― Bon sang, j'y crois pas. Huit chargeurs et ce type est encore à nous coller au train. C'est une vraie 10


machine ! Sur ces mots il épaula son fusil, alors que les balles sifflaient autour d'eux, et tâcha d'aligner tant bien que mal l'autre véhicule. Les arbres se couchèrent brusquement au bord de la route. Un tank M60 surgit de la jungle en rugissant et écrasa brusquement le côté droit de la jeep ennemie qui partit en tonneau dans les arbres. Le char d'assaut prit de la vitesse et commença à se rapprocher irrémédiablement. Fox écarquilla les yeux. ― C'est une blague ? Le tank gagna de la vitesse et fut bientôt à quelques mètres de leur pare-choc. ― Accélère ! S'écria Fox. ― Faut savoir ce que voulez, les gars ! Le tank bondit sur une bosse et tomba sur l'arrière de la jeep. Le véhicule se cabra et une partie à l'arrière se déchira sous le poids de l'engin de guerre permettant au véhicule de retomber par miracle sur ses quatre roues. ― Passez devant ! Fox et le résistant acquiescèrent et passèrent sur le capot. Le réservoir de la jeep avait été endommagé par la collision avec le tank et l'essence se répandait dans leur sillage. Fox fit signe à Snake de se rapprocher ce qu'il fit en levant un peu le pied. Quand les deux voitures furent presque en contact, le résistant sauta sur la jeep de Snake et Fox l'imita. Ne restait plus que Schneider. Le tank se rapprocha brusquement et les chenilles agrippèrent la carrosserie de la voiture. Le véhicule ralentit fortement alors que ses pneus éclataient sous le poids du tank. La jeep de Snake s'éloigna. Le chef de la résistance bondit et, prenant appui sur le dossier de son siège, grimpa sur le toit du tank alors que sa voiture était réduite en pièces sous le véhicule blindé. ― C'est quoi ce boucan ? S'étonna Diane en jetant un œil vers la route. Une jeep déboula en cahotant dans la clairière et manqua de basculer sur le côté en s'arrêtant en dérapage. Snake, Fox, Madnar et un résistant en descendirent en trombe. Diane s'avança vers eux, inquiète. ― Steve, ça va, tu n'es pas blessé ? Le résistant secoua la tête. ― Je vais bien, petite sœur. On doit se tirer d'ici vite fait. ― Où est Kyle ? Le petit groupe partit en courant vers les résistants rassemblés dans la clairière. Diane les suivit en répétant sa question : ― Où est Kyle ? ― Il arrive, répondit Snake, le souffle court. ― On l'attend pas ? S'étonna-t-elle. ― Il sera là bien assez tôt, fit Fox. Ellen Madnar quitta le groupe et se jeta dans les bras de son père. Tous deux échangèrent quelques mots en russe. ― Pas le temps pour les câlins, lança Fox. On file au camp au plus vite. Il va falloir évacuer par la rivière. ― Pourquoi ça ? S'étonna Diane. ― Ils bombardent toute la zone montagneuse et ça comprend aussi le camp. On se bouge ! Le groupe s'enfonça parmi les arbres. Diane se tourna en arrière en entendant un cliquètement métallique accompagné d'un rugissement de moteur. Le tank surgit d'entre les arbres à l'autre bout de la clairière, écrasa et renversa les véhicules garés là et fila droit dans leur direction. Il leur restait environ sept-cent mètres à parcourir dans la jungle lors de leur course éperdue vers le camp. Dans leur dos, le tank se rapprochait en écrasant les arbres sur son passage. Rien ne semblait le 11


ralentir. ― Pourquoi ils ne tirent pas ? S'étonna Diane, le souffle court. ― Ils veulent sans doute récupérer Madnar vivant, expliqua Fox. Ils ne peuvent pas prendre le risque de le tuer par accident. Trois minutes plus tard, ils débouchèrent sur le camp et se dispersèrent parmi les tentes. ― Direction la rivière, ordonna Diane. On jette les zodiacs à l'eau et on met les voiles. Les résistants coururent en direction de la rivière. Les arbres s'écroulèrent devant eux et un second tank apparut. Il fonça dans le tas, écrasa les tentes et les malheureux qui ne s'étaient pas poussés. ― Comment c'est possible ? S'écria Diane. ― Ils ont du coordonner leur assaut par radio, hasarda Fox. Ce fut la débandade sur le camp. Tout le monde partit dans tous les sens en hurlant et tirant inutilement contre le blindage des tanks. ― Snake ! Cria quelqu'un. Alors que le premier char se frayait lentement un chemin au milieu des abris de fortune de la résistance, Snake vit Schneider, sain et sauf, lui faire signe sur le toit de l'engin de guerre. ― Passez-moi du C4 ! Fox fit passer un explosif à Snake. ― Aide-le, je m'occupe de l'autre, lança-t-il en s'éloignant. C'est ce moment-là que choisirent les soldats du GLF pour commencer à ouvrir le feu. A la réflexion et vu la tournure des événements, ils préféraient sans doute voir Madnar mort plutôt que de le laisser disparaître avec ses connaissances. Snake fonça vers le char d'assaut, roula au sol pour éviter une rafale de mitrailleuse qui lui était destinée puis lança son bloc de C4 au chef de la résistance. Schneider l'attrapa de justesse puis rampa jusqu'au bord droit du tank en mouvement et colla l'explosif juste au-dessus des chenilles. Il se laissa ensuite glisser jusque de l'autre côté de l'engin puis fit signe à Snake. ― Allez-y, faites-le sauter ! Ordonna Schneider. Snake contourna le tank et, restant à bonne distance, il prit appui contre un arbre, visa l'explosif et fit feu. L'explosion fut terrible. Les chenilles se dispersèrent dans la nature et la carrosserie blindée se déchira partiellement. Le M60 s'immobilisa brusquement. Sonné par l'onde de choc, les oreilles sifflantes, Schneider se releva en titubant. L'écoutille du tank s'ouvrit et un homme apparut. Il retira le casque de protection auditive qu'il avait sur les oreilles et le jeta au loin. Il repéra instantanément Schneider, dégaina son pistolet, le pointa sur le résistant. ― Eguabon ! Hurla ce dernier en se jetant sur le chef du GLF. Le Général perdit son arme et tout deux roulèrent sur le tank. Fox courrait vers le second char d'assaut. Il bondit sur le côté lorsque l'ordre de faire feu fut donné et que les balles sifflèrent près de lui. Il lui restait encore bien trop de distance à couvrir pour atteindre son objectif sans risquer de se faire trouer la peau. Rapidement, il balaya le camp du regard et localisa Madnar près d'un tronc couché, sa fille apeurée près de lui. Fox fonça dans leur direction. Les tirs du tank le suivirent et il dut se jeter à l'abri derrière un rocher pour éviter une volée de balle. D'un bond il se releva, jeta son dernier pain de plastique, épaula son fusil d'assaut et fit feu. Il toucha sa cible en l'air. L'explosion endommagea à peine le tank mais celui-ci s'immobilisa. L'onde de choc avait dû résonner à l'intérieur de l'habitacle et sonner quelques instants les hommes qui étaient aux commandes. L'agent de Fox-Hound profita de la diversion pour s'élancer vers Madnar et sa fille. ― On doit pas rester là, ils cherchent à vous abattre, maintenant ! Madnar lui jeta un regard horrifié puis se tourna vers sa fille. Tous deux eurent une conversation brève mais agitée en russe, puis le docteur glissa un objet dans la poche de sa fille. Ellen n'avait pas l'air d'accord. Dans leur dos l'écoutille du second tank s'ouvrit et deux hommes du GLF armés de 12


mitrailleuses lourdes vinrent s'accroupir sur le toit de l'engin de guerre puis joignirent leurs tirs à la cacophonie des mitrailleuses de la tourelle. Le GLF ne voulait plus prendre le risque de se faire à nouveau attaquer par un ennemi situé hors du champ de vision du tank. Madnar embrassa sa fille sur le front et s'élança en courant à l'autre bout du camp en faisant de grand signe pour signaler sa présence aux tireurs. ― Qu'est-ce que vous faites, docteur ? Cria Fox. C'est de la folie ! ― Protégez ma fille. C'est moi qu'ils veulent ! Le premier tank explosa à ce moment-là et l'onde de choc les plaqua tous trois au sol. Quand Fox se releva, il vit Madnar se remettre sur ses pieds en titubant, sonné par la déflagration toute proche. L'un des artilleurs juchés sur le tank visait dans sa direction et pouvaient ouvrir le feu à tout instant, pendant que l'autre abattait les résistants qui passaient à portée. ― Bougez, docteur ! Le scientifique n'entendait pas. Diane surgit de nulle part et se jeta sur le vieil homme pour le mettre à terre au moment où les balles griffaient l'air au-dessus d'eux. Madnar repoussa la jeune femme et découvrit avec horreur qu'elle avait prit une balle dans la tête en le protégeant. Elle s'était sacrifiée pour lui. Rapidement, le scientifique roula sur lui-même pour se glisser derrière un arbre couché, alors que l'artilleur du tank continuait de le harceler inlassablement. Madnar s'éloigna vers la jungle en rampant. Les balles sifflaient au-dessus de lui mais l'angle de tir n'était pas assez satisfaisant pour permettre aux artilleurs de le toucher. Le tank s'anima, ses chenilles patinèrent dans la terre et il avança en direction du scientifique, sans que celui-ci ne s'aperçoive de la menace qui se profilait dans son dos. Une énorme explosion toute proche fit trembler le sol sous leurs pieds. Un mur de flamme s'éleva dans les airs à environ un kilomètre de là. ― Les bombardiers se rapprochent, Frank, souffla Snake en se mettant à couvert près de son ami et d'Ellen Madnar. Fox resta silencieux, serrant les lèvres alors qu'il réfléchissait à la marche à suivre. ― Snake, amène Ellen à la rivière et tirez-vous d'ici dès que possible ! ― Quoi ? S'écria l'autre, surpris. ― Je vais récupérer le docteur et on vous rejoint tout de suite. (Snake resta immobile, n'en croyant pas ses oreilles.) Allez-y maintenant ! Je vous couvre. Snake hésita encore une seconde puis prit Ellen par la main et tous deux s’élancèrent à travers le camp lorsque Fox déclencha son tir de couverture en direction du tank. Les artilleurs se plaquèrent contre la carrosserie blindée du toit du char pour éviter les balles. Gray Fox profita de cette diversion pour se lancer en direction du scientifique qui rampait toujours vers la jungle. Du coin de l’œil, il découvrit, avec surprise, Schneider aux prises avec Eguabon sur le toit du premier M60 immobilisé par Snake. Les deux hommes se jetaient sauvagement l'un contre l'autre et enchainaient les coups de poing. Fox lâcha encore une salve en direction des artilleurs puis s'accroupit près de Madnar et le força à se relever. ― Vite, docteur ! Poussé par Fox qui couvrait leur progression en tirant sur les soldats du GLF, Madnar longea le camp en direction de la rivière. De là où ils étaient, ils percevaient les reflets argentés du cours d'eau à travers les arbres. Snake et Ellen débouchèrent sur la rive. Trois zodiacs avaient déjà été mis à l'eau et descendaient la rivière avec à leur bord quelques rescapés du massacre. Deux autres résistants s'acharnaient à déplacer un bateau. Les deux nouveaux arrivants se joignirent à eux et il ne leur fallut que quelques secondes pour pousser l'embarcation dans l'eau. Les résistants prirent place à bord et aidèrent Ellen à les rejoindre. Snake se tourna vers la lisière des 13


arbres pour tenter d'apercevoir les retardataires. ― Montez ! S'écria un des passagers du bateau. On doit partir ! Snake lui jeta un regard remplit d'incompréhension mais monta à bord à contrecœur. Cet homme avait raison. Fox pouvait très bien ne pas s'en tirer et les attendre, lui et le scientifique, ne ferait que risquer leur vie inutilement. Mais Fox allait s'en tirer, comme toujours. Le bateau s'éloigna lentement du bord, poussé par le courant qui les emporta de plus en plus vite. Ellen était en larmes et se serrait contre Snake. ― Papa, souffla-t-elle. ― Je les vois ! s'écria Snake. La jeune fille s'appuya au bord de l'embarcation et jeta un regard plein d'espoir en direction du camp. Fox et Madnar quittaient le couvert des arbres et couraient vers la rive. L'explosion les prit tous par surprise. Le choc fut énorme et l'onde de choc malmena le zodiac et faillit le retourner. Les passagers du bateau se retrouvèrent jetés contre le plancher et sentirent la chaleur des flammes au-dessus de leurs têtes. Quand ils relevèrent les yeux vers la rive, ils virent l'énorme boule de feu qui montait vers le ciel. A cette distance, impossible de savoir ce qu'il restait ni s'il y avait des survivants au bombardement. ― Non ! Hurla Ellen en s'effondrant. Les yeux écarquillés, Snake avait du mal à croire ce qui venait de se passer. Où était passé son ami ? Il était impossible que Frank Jaeger soit mort comme ça. Aussi bêtement. Aussi inutilement. Pas après tous les dangers qu'ils avaient affrontés tous les deux. Alors qu'il refusait de quitter la rive des yeux, le bateau continuait de descendre la rivière et Ellen ne cessait de pleurer son père disparu. Quarante minutes plus tard, ils aperçurent les zodiacs qui les précédaient amarrés le long du cours d'eau. Les survivants de la résistance étaient assis tout près et soignaient les blessés. Snake et Ellen touchèrent terre et titubèrent, encore sous le choc, vers un espace isolé du reste du groupe. Ils restèrent là immobiles et silencieux. Ce fut Ellen qui rompit le silence après de nombreuses minutes : ― Merci. De m'avoir sauvée, je veux dire. Je suis désolé pour votre ami. Snake se tourna vers elle, le regard vide mais ne dit rien. ― Mon père m'a donné ça avant qu'on se sépare. Elle lui tendit un disque de données. ― Qu'est-ce que c'est ? S'étonna l'agent de Fox-Hound. ― Je ne sais pas mais il m'a demandé de vous le donner. Il a dit que c'est ce qu'ils avaient convenu de faire. Je ne sais pas de quoi il parlait. Snake tourna la boite entre ses doigts et lu l'étiquette qui y était collée : TX-55. Le nom de code qu'avait utilisé Madnar pour parler de Metal Gear. Cet objet venait de le ramener à la réalité et lui rappelait l'objectif de sa mission. Snake se leva et s'éloigna de la jeune fille en allumant sa radio. ― Ici, Snake, dit-il. ― Snake, répondit la voix de Big Boss dans l'oreillette. Tu es vivant ! ― Fox, ne s'en est pas tiré. Madnar non plus. Big Boss garda le silence, apparemment très affecté par ces sombres nouvelles. ― Je n'aurais rien pu faire pour les sauver, reprit Snake. Je pense qu'Eguabon est mort et que le GLF n'existe plus. Il était au camp la dernière fois que je l'ai vu. En train d'affronter Kyle Schneider. ― La mission n'est donc pas un échec... Tu as détruit Metal Gear et arrêté Eguabon. Je ne pensais pas que tu irais si loin. J'imagine que tu mérites ta place à Fox-Hound, si tu es toujours intéressé, bien sûr. Snake laissa passer quelques secondes avant de reprendre la parole. ― Il y a d'autres survivants, ici. On a échoués à environ huit kilomètres au sud du camp. Il y a des blessés et des gens qui aimeraient rentrer se reposer. Vous pouvez envoyer des hélicoptères ? 14


― Gardes ta radio allumée, nous allons quadriller le signal. ― Bien reçu, Opération Intrude N313 accomplie. Ici Solid Snake, terminé.

15


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.