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LES REMPARTS DE BAYONNE
MÉTAMORPHOSE D’UNE FRONTIÈRE URBAINE
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Suzanna Rubino . année 2011-2012L
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Catherine Farelle . Directeur de mémoire Florence Bourcet . Professeur associé
MEMBRES DU JURY Président de jury
Jean Grelier Paysagiste et architecte DPLG, professeur de projet de paysage en 1ère année à l’ensnp
Directeur de mémoire
Catherine Farelle
Professeur associé
Florence Bourcet
Personnalité extérieure représentant la maîtrise d’ouvrage Personnalité extérieure reconnue pour ses compétences professionnelles
Paysagiste-urbaniste et professeur de projet de paysage en 4ème année à l’ensnp
Architecte DPLG et professeur de géométrie constructive et principes de construction 1ère et 2ème année à l’ensnp
Evelyne Bacardatz Responsable valorisation du patrimoine et «Ville d’Art et d’Histoire» de la ville de Bayonne
Philippe Dangles Architecte DPLG et scénographe
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Bayonne depuis les hauts de Sainte-Croix, la ligne verte des remparts répond à la chaîne des Pyrénées. Les contreforts de la Rhune côté français (à gauche de la photo) et les sommets des Trois Couronnes côté espagnol (droite de l’image).
PRÉAMBULE «Se souvenir qu’un «boulevard» est à l’origine une promenade plantée d’arbres qui fait le tour d’une ville et qui occupe ordinairement l’espace où étaient d’anciens remparts. Se souvenir, au fait, que c’était fortifié.» Georges Perrec, Espèces d’espaces Il est de ces lieux que l’on méconnaît un peu mieux à chaque fois. On y applique presque systématiquement une routine de la méconnaissance. Traverser la mosaïque de verts et de bleus, celle de ces Pyrénées qui deviennent Atlantiques depuis le Béarn jusqu’au Pays basque et arriver à Bayonne. Là, on longe les quais de la Nive, on arpente le Petit et le Grand Bayonne sans en chercher la fin. C’est sans cesse le même chemin, les mêmes curiosités rassurantes. Les remparts sont là quelque part, on le sait, mais on ne les cherche pas. Un jour pourtant on se gare sur l’avenue de Pampelune et on comprend. Ils sont là, ils ont résisté au lissage du temps. Les murs se dressent, gris, et la densité des verts n’a jamais été si intense que ce soir-là.
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LES REMPARTS DU GRAND BAYONNE
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La façade de la ville haute vue depuis les glacis de la corne de Saint-Léon dans les rempart du Grand Bayonne.
LES REMPARTS DU PETIT BAYONNE
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Entre le boulevard Notre-Dame et la demi-lune de Mousserolles, une échappée sur les haut de Sainte-Croix, rive droite de l’Adour depuis les fossés du Petit Bayonne.
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CONTEXTE ET GÉNÉRALITÉS A quelques 30 km. de la frontière espagnole, Bayonne est une ville de basculement entre Gascogne et Pays basque. Elle était une pièce majeure dans un réseau de villes frontalières : Bayonne, Navarrenx et Saint-Jean-Pied-de-Port qui défendaient les confins français. Pampelune, Fontarabie et San Sebastian défendaient quant à elles l’Espagne. La ville embrasse la confluence de La Nive et de l’Adour qui débouche sur l’Atlantique 7 km. en aval. Sous-préfecture du département des Pyrénées Atlantiques, elle compte 45 000 habitants et fait partie de la communauté d’Agglomération Côte Basque Adour (ACBA) qui regroupe 5 communes (Bayonne, Anglet, Biarritz, Boucau , Bidart) et compte 120 000 habitants. La ceinture des remparts est inclue dans le Plan de Secteur Sauvegardé et de Mise en Valeur (PSMV) de la «Ville d’Art et d’Histoire». Les ouvrages des fortifications sont inscrits et classés au titre des Monuments Historiques depuis 1931. L’intégralité de la ceinture fortifiée appartient à la ville et représente, si l’on considère l’ensemble de cet «entre-ville», environ 75 ha. tandis que le centre ancien en fait une trentaine. Les remparts n’ont plus de fonction militaire depuis 1905, date du déclassement de la place forte ; en revanche, la Citadelle de Vauban est occupée par le deuxième régiment d’infanterie des parachutistes de la marine. Extrait de : VIIe et dernière carte de la seconde tournée militaire de Mr le Marquis de Paulmy . Comprenant tout son séjour dans les Pyrénées et les chemins depuis Toulouse par Barèges, Pau, Navarrenx, St-Jean-Pied-de-Port et jusqu’à Bayonne. 1753 Bayonne y apparaît comme une ville majeure entourée de ses fortifications et dominée par la Citadelle au Nord de l’Adour. Les villes de Navarrenx, Saint-Jean-Pied-de-Port, Pampelune et Fontarabie formaient avec Bayonne un réseau de protection de la frontière franco-espagnole. Source : BNF . Collection géographique du Marquis de Paulmy . côte Ms6436(97G)
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A PROPOS DE L’ÉTUDE L’étude et le projet porteront essentiellement sur la ceinture des remparts qui sont la composante identitaire de la formation urbaine de Bayonne. Leur potentiel n’est donc pas seulement patrimonial. Cependant, les remparts, véritables respirations dans la ville, restent une périphérie dans les esprits et les pratiques urbaines. Ces espaces sculptés au cours de l’histoire méritent aujourd’hui de se métamorphoser à nouveau pour devenir les lieux du quotidien des Bayonnais mais aussi des lieux de découverte.
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Page de Gauche : Carte de Bayonne et de son agglomération. Localisation des 80 ha. du site des remparts en orange. Source : d’après carte IGN, géoportail 5 km
Nord
Personne baladant son chien au pied de la courtine Notre-Dame dans les fossés du Bourgneuf.
DÉCOUVERTE
SOMMAIRE PRÉAMBULE / CONTEXTE ET GÉNÉRALITÉS / A PROPOS DE L’ÉTUDE
p. 7 / 11 / 13
I - GRAPHIE DU SITE, ESQUISSE D’UNE FRONTIÈRE
p.19
II - AU-DELÀ DES FRONTIÈRES, BAYONNE DANS SON TERRITOIRE 1 - RÉCIT DE FRONTIÈRES
p. 37 p. 39
2 - EFFETS DE FRONTIÈRES, LES VILLES D’AUJOURD’HUI
p. 39
Explorations Intervalles et échappées Du sentiment de frontière à une démarche L’espace de la frontière Exemples Une typologie
ANALYSE HISTORIQUE
Un point de passage stratégique Le bas Moyen-Age, une ville gasconne dans le Royaume d’Angleterre Du Moyen-Age à la Renaissance : Bayonne devient française Bayonne dans le Grand Siècle des guerres franco-espagnoles Le Grand Règne et Les Lumières : entre pouvoir militaire et embellissements Vers un apaisement progressif des frontières Frontalité - Transfrontalité Conclusion
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Nécessaire de compréhension des fortifications Les points des confins Comparaison des places fortes françaises et espagnoles dans leur contexte actuel Navarrenx et St-Jean-Pied-de-Port Fontarabie, Hendaye et San Sebastian Pampelune et Bayonne Pampelune / Bayonne ou un nécessaire projet pour Bayonne. Le programme de coopération transfrontalière POCTEFA espoir et objectifs politiques Voyage d’étude dans le Septentrion, à la recherche de références
III - BAYONNE DANS SES FRONTIÈRES 1- CHRONOLOGIE D’UNE FRONTIÈRE URBAINE
IVe -XIe s. La frontière romaine : prémices d’une ville VIIe -XIVe s. La frontière anglaise : la ville investit les terres basses XVe - XVIe s. La frontière française ou le début de la sédimentation urbaine 1599 - 1677. La frontière Renaissance, laboratoire de la fortification bastionnée 1680 - 1750. La frontière du Grand Règne ou l’oeuvre de Vauban 1750 - 1907. La frontière avant le déclassement : la ville implose Du déclassement militaire jusqu’au classement historique, la ville entoure les remparts Histoire récente, fonctionnalisme et morcellement
2 - MORPHOLOGIES ACTUELLES
Travelling sur les remparts : quatre grands ensembles Méthode d’analyse et typologie abrégée de la frontière appliquée aux remparts Les remparts du Lachepaillet Les remparts de Saint-Léon Les remparts du Bourgneuf - Pannecau Les remparts du Morocon et de Mousserolles / La façade de l’Adour La nuit des remparts
p. 21 p. 25 p. 26 p. 28 p. 30 p. 32
p. 41 p. 44 p. 47 p. 49 p. 51 p. 57 p. 61 p. 63
p. 66 p. 68 p. 69 p. 70 p. 72 p. 74 p. 76 p. 80
p. 85 p. 87
p. 88 p. 94 p. 102 p. 108 p. 112 p. 122 p. 130 p. 146
p. 152
p. 154 p.157 p. 158 p. 168 p. 178 p.192 p. 204
3 - LIGNES, MARCHE, TRACES ET POINTS, ÉNONCÉ ET RÉSUMÉ DES PROBLÉMATIQUES
p. 206
4 - SYNTHÈSE THÉMATIQUE, APPROFONDISSEMENT DES PROBLÉMATIQUES
p. 209
ANALYSE INVENTIVE
Lignes : effacement et obstacles Marche-frontière : morcellement et mésusage Traces : oubli progressif de la force originelle du site Points : accessibilité connexions et points de repère
Topographie et hydrographie : espaces sculptés et infrastructures, pistes du projet Trame urbaine et quartiers : des pleins pour révéler les remparts Infrastructures et déplacements urbains : les remparts «pris au piège» dans un système d’ampleur territoriale Équipements, usages et rythmicité : d’un périmètre très équipé au mitage de l’enceinte, quels potentiels pour un parc urbain ? Agrément, espaces ouverts et espaces publics : les prémices d’un ensemble La question de la sécurité
IV - LA VILLE FACE AUX REMPARTS 1- RÉGLEMENTATIONS ET DISPOSITIONS FONCIÈRES Les Monuments Historiques L’ACBA et la ville, propriétés foncières Les documents d’urbanisme, les remparts mis à l’écart
2 - PROJETS ET AVENIR
Les actions de valorisation patrimoniale Politiques urbaines déjà entreprises Les nouveaux projets de la ville Les grands projets à l’échelle de l’agglomération et leur impact sur les remparts
V - VERS LA MÉTAMORPHOSE 1- LES ENJEUX POUR MÉTAMORPHOSER LES REMPARTS
ENJEUX ET PROJET
Les lignes : définir les limites La marche-frontière : rétablir une lisibilité interne Les traces : les remparts comme lieu d’expression du site de la confluence Les points : rattacher le parc à la ville
p. 208 p. 208 p. 209 p. 209
p. 213 p. 227 p. 233 p. 239 p. 247 p. 249
p. 251 p. 253
p. 254 p. 256 p. 258
p. 263
p. 264 p. 266 p. 270 p. 275
p. 279 p. 280
p.282 p. 282 p. 283 p.283
2 - A PROPOS DU PROJET, LE PROGRAMME ET LES ORIENTATIONS
p. 284
3 - LA FIN DU DÉBUT
p. 299
Les lignes : le nouveau tour de ville La marche-frontière : le parc des remparts Les traces : glacis, quais, berges et marécages Les points : salons urbains et passages Sites à approfondir Références
En guise de conclusion Lexique Annexes Bibliographie Remerciements
p. 286 p. 286 p. 287 p. 287 p. 296 p. 274
p. 300 p. 301 p. 302 p. 304 p. 306
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DÉCOUVERTE
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La porte de Mousserolles
I - GRAPHIE DU SITE, ESQUISSE D’UNE FRONTIÈRE
Explorations Intervalles et échappées Du sentiment de frontière à une démarche L’espace de la frontière Exemples Une typologie
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Graphie du site, esquisse d’une frontière / Explorations 20
Dessiner la ville dans son ensemble, la mémoire exagère et réduit, elle veut tout raconter, elle ré-explore le territoire.
EXPLORATIONS
Où l’on découvre les remparts C’est presque par hasard que l’on ressent la présence des remparts à Bayonne. Les indices s’amoncellent les uns après les autres sous nos yeux : un pan de mur gris, une porte percée dans un contrefort épais, une contre-garde envahie par la végétation, le ChâteauVieux, le Château-Neuf... mais leurs liens ne s’imposent pas comme une évidence. Tous parlent avec timidité d’un passé fort et brutal, d’un patrimoine devenu ténu malgré lui, peu à peu englouti par la ville et son désir d’extension. Les remparts de Bayonne existent pourtant bien, ce sont eux qui soutiennent la ville grâce à leur massivité immuable. Ils en sont le socle fondamental et néanmoins oublié, sur lequel Bayonne s’active. Ils sont ces espaces d’entre-deux que l’on traverse mais où l’on ne pénètre jamais. Entre la ville et ses faubourgs, comme dans un f lottement, ils gravitent sans trouver d’accroche. Où ils nous troublent Les franchir, c’est déjà avoir traversé l’Adour. Ils gardent le nœud de la conf luence que la ville embrasse. Passer par les remparts est un peu comme passer une frontière. Rien n’a vraiment changé, et pourtant tout est différent. Séparant deux mondes, comme une ligne de démarcation, une faille, ils permettent parfois le dialogue à la manière d’une charnière. Le temps de la traversée, la ligne devient un espace. Cette frontière urbaine révèle alors un intérieur dessiné par la topographie artificielle des murs et des talus. Lorsque l’on dessine la ville, la représentation ne saisit pas encore toute la complexité du système: les angles ne sont pas assez saillants et les fossés ne sont pas encore assez creusés.
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Les remparts commencent là où la ville s’arrête. Depuis cet écrin, les flèches de la Cathédrale nous rappellent vers la ville dense. Le long des courtines du Grand Bayonne, on se penche vers des vides vertigineux. Au creux des fossés, dans la sombreur de l’effet cathédrale, on ressent le poids de la ville au-dessus de nos têtes. Sur le dos des glacis on se prend à rechercher la silhouette des Pyrénées dans la lumière aveuglante du Sud-Ouest. L’enceinte du Petit Bayonne, plus calme, plus poétique, est une enveloppe ouverte sur le ciel. Elle embrasse l’Adour et la Nive de chaque côté et tente de les inviter en son sein. Là où les murs s’arrêtent aux abords de la Nive, la perspective révèle la Citadelle qui domine la ville et la confluence depuis sa colline. Le long des traces de cette frontière, toute la géographie est révélée.
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Dessin déroulé des intervalles et des échappées.
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Graphie du site, esquisse d’une frontière / Explorations 22
Où on les apprivoise S’y aventurer c’est se retrouver avec soi-même, seul avec ces murs d’un autre temps. La balade est souvent calme, parfois quelques joggers, des amoureux au pied d’un grand mur, un dormeur à l’ombre d’un frêne, un chien promenant son maître ou des jeunes profitant de la lumière du soir. Dans ce grand vide urbain, on espère parfois être le seul à connaître les lieux. Les remparts sont une expérience complexe, empreinte de poésie et de mélancolie mais aussi de brutalité humaine. Ambiance romantique entre les ruines, grandes étendues ouvertes en pleine lumière, joyeux foisonnement des étendues enfrichées, passages plus étroits entre des murs de pierre et de terre, atmosphère feutrée sous les platanes, clairsobscurs, portes mystérieuses des casemates ; c’est toute une spontanéité qui s’exprime à demi-mots. Allées impersonnelles, marécage nauséabond soumis aux fluctuations de la marée, recoins où l’on vient pisser en douce, silence pesant sous l’air lourd, brouhaha automobile en contre-haut, étendues grisâtres des parkings, terrains de sport vides, jeux pour enfants encerclés de grillages, chemins déserts ; les remparts ont aussi leur part d’existence ordinaire convenue et attristante.
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Intervalle : (lat. intervallum) 1_Espace plus ou moins large entre deux corps 2_Temps séparant deux moments Synonymes : interstice, espace, battement, blanc, différence, distance, écart, entracte, suspension, temps Interstice : (lat. interstare : se trouver entre) Petit espace vide entre les parties d’un tout Échappée : 2_court voyage par lequel on se libère de contraintes 3_espace étroit laissé libre à la vue ou au passage Synonymes : escapade, passage, trouée, brèche, évasion, vue Sources : Dictionnaire Larousse 2008
INTERVALLES ET ÉCHAPPÉES
«Cependant, toute frontière finit toujours par avoir une épaisseur. La traduction au mode du dessin planimétrique lui donne une certaine épaisseur et, par conséquent, elle acquiert un lieu entre ses deux nouveaux bords. C’est là qu’apparaît un intérieur à la frontière elle-même ; un vaste lieu de transit dans cette peau continue transférée à la topographie.» Quaderns, Frontières - Fronteres
L’épaisseur des remparts 25
Dérouler la ligne des remparts. Rendre compte des impressions de confinement, des respirations et des fluctuations de l’espace. Regarder ce qui se passe lorsque la ville s’arrête. Peu à peu la ligne de démarcation ville-ville dessine de nouvelles limites laissant apparaître de nouvelles possibilités. Des pleins encerclés de vides, des vides jouxtant des vides. Au fil d’un parcours, le corps se positionne dans l’espace, faisant abstraction des détails, un enchaînement mental d’intervalles s’articule. Dans cet espace, le temps n’est pas celui de la ville ni celui des vastes étendues, il a son propre rythme, à la fois très lent comme dans un intérieur, mais aussi si rapide du fait de l’articulation des éléments délimitant les espaces. Ainsi, les intervalles sont spatiaux et temporels.
La réunion des deux phénomènes provoque les échappées, ces brefs moments au cours desquels on perçoit d’autres espaces. Les portes sont les marqueurs physiques de ces possibilités mais la magie est plus forte encore lorsque, conscient des éléments qui entourent la ville, on recherche leur présence. Lorsqu’ils apparaissent, le temps s’accélère, et on passe à une autre échelle spatiale : le sommet de la Rhune annonçant l’Espagne dans des nuages de dentelle, le vert de l’Adour au travers des herbes, les reliefs mous de la rive droite. Parfois le voyage est moins lointain : la Citadelle, les flèches de Ste Marie de Bayonne, les façades bien rangées de la ville haute. Dans ces fortifications construites pour voir le plus loin possible sans révéler leur présence, peu de vues subsistent, masquées par la végétation, inaccessibles, obstruées par des masses bâties.
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L’empreinte des remparts, un «entre-deux» villes, une frontière urbaine. Carte d’après Géoportail
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DU SENTIMENT DE FRONTIÈRE À UNE DÉMARCHE Le sentiment de frontière exprimé précédemment ne s’impose pas dès le premier contact, Il est une synthèse. Une synthèse car il surgit au moment où l’on commence à comprendre l’archéologie urbaine. Ainsi, lors des premières explorations, on suit les murs hauts, le dos des talus, le bas des courtines, mais toujours on recherche à passer de l’autre côté, sans cesse arrêté par des barrières, des barbelés. Puis, on apprend la ville par son archéologie : les romains, la route de Dax à Pampelune, les dangereuses montagnes basques, une ville aux confins du Royaume, une ville à protéger et une ville qui protège : une place forte. Alors on repense aux espaces des remparts, les témoins du temps ; presque des gardiens de la mémoire. Peu à peu la relation s’établit ; les remparts apparaissent comme un genre de frontière, des vides peu poreux dans le tissu urbain actuel, une ligne épaisse créée par les frontières et faisant frontière à son échelle. Une redondance de frontière dans laquelle on se sent hors du temps. A la différence de ce que peut créer la frontière quand elle traverse une ville, quand elle la tranche, les fortifications de Bayonne ne semblent pas être des espaces désarticulés : aujourd’hui immergées dans l’urbanisation, elles ont été pensées comme un système infaillible et qui nous trouble encore, bien que l’on peine à les comprendre dans le désordre de la ville moderne. La situation du système ajoute au ressenti. D’un côté, la ville s’arrête sur un vide. De l’autre côté, c’est sur une ligne qui s’élève pour mieux retomber ensuite. A chaque fois, la ville recommence un peu plus loin, différente. On se demande toujours ce qu’il y a de l’autre côté même si on le sait pertinemment.
Interprétation encore peu aboutie du sentiment brut de la frontière, la carte des intervalles et des échappées (p. 22) est une manière de comprendre l’emboîtement des échelles d’espace et de temps. Questionner la frontière : une première étape dans l’appréhension et la qualification des remparts. La frontière est comme une hypothèse, sa transversalité permet toutes les questions. Puis il faut comprendre les frontières. Les remparts sont l’héritage local du bal des frontières qui eut lieu autour de Bayonne ; ils en sont la conséquence. Cette histoire est celle d’une échelle large, c’est l’histoire des marges. Enfin, il faut chercher la frontière urbaine. Interroger sa forme, explorer sa morphologie, ses variations, ses fonctions, sa temporalité, ses effets pour trouver le juste degré de métamorphose à apporter.
La frontière comme espace
Les frontières créent des villes (un réseau de points) Ces points s’entourent de frontières à leur échelle : la place forte de Bayonne Ces frontières perdent leurs fonctions
Le réseau d’espaces laissés comme une empreinte est un nouveau support pour le projet symbolique et urbain.
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Front : (lat. frons, frontis) 4a_Ligne extérieure présentée par une troupe en ordre de bataille. Faire front : tenir tête à une attaque 4b_Limite avant la zone de combat 4c_La zone de combat elle-même. Partir pour le front. Front de mer : secteur de défense côtière
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Frontière : (lat. frons, frontis : partie exposée du crâne / élément qui sert à «cacher ses pensées derrière son front» selon Cicéron. Front militaire / idée de limite) 1_limite qui sépare deux états Frontière naturelle : frontière formée par un élément du milieu naturel 3_limite, lisière entre deux choses différentes Synonymes : borne, bout, confins, démarcation, ligne, limite, lisière, séparation, limes Limes : (lat. limes limitis : sentier, chemin, route ou sillon trace / bordure / remparts selon Tacite ) Sous l’empire romain, ligne de fortifications plus ou moins continue bordant certaines frontières dépourvues de défenses naturelles Marche : (francique, marka, frontière) 1_Sous les Carolingiens territoire jouant le rôle de zone de protection militaire, à proximité d’une frontière ou dans une région mal pacifiée. (Le gouvernement des marches était confié à des marquis) 2_Zone périphérique d’un état, mal soumise ou menacée par un pays voisin Confins : (lat. confines) Limites, extrémité d’un pays, d’un territoire, d’un domaine Sources : Chaussier, 1998 et Dictionnaire Larousse, 2008
Peinture sur fond blanc pour la cellule d’un solitaire . 1968 . Joan Miró (1893-1983) . Triptyque 268 x 350 cm Fondation Miró, Barcelone
L’ESPACE DE LA FRONTIÈRE
Vaste sujet que celui de la frontière. S’attarder sur l’évolution des frontières naturelles artificielles, nationales, internationales, sur les conflits interétatiques et la globalisation ne nous servira à rien. Il faudrait plutôt parler de la notion de frontière. Cette idée assez universelle qui nous conduit tous à différencier les choses les unes des autres. L’image la plus évidente de la frontière est la ligne. Elle est la plus minimaliste et la plus créatrice d’espace. Marquer ainsi un endroit est le point de départ de tout ce qui pourrait advenir, même si elle n’est pas vraiment tangible en tant qu’objet continu. La ligne a besoin d’artefacts pour pouvoir exister autre part que sur une carte : points qui finissent par dessiner son tracé, de vastes zones interdites, murs, espaces indéfinis n’appartenant à aucun des deux côtés. C’est le temps qui décidera du devenir de la ligne. Dans un espace a priori vide, la ligne devient un événement, elle crée un ou des lieux. Ainsi «passer une frontière est toujours quelque chose d’un peu émouvant : une ligne imaginaire, matérialisée par une barrière de bois qui d’ailleurs n’est pas vraiment sur la ligne qu’elle est censée représenter mais quelques dizaines ou quelques centaines de mètres en deçà ou au-delà suffit pour tout changer, et jusqu’au paysage même.» Georges Perrec, Espèces d’espaces
Ce qui semble intéressant, c’est que la frontière convoque le temps. Selon son rôle de lien ou de barrière au cours de l’histoire, elle fut le lieu de l’attente, de la rencontre furtive des contrebandes, des rivalités millénaires ancrées dans les mémoires. L’espace qu’occupe la frontière est en fait celui du temps puisqu’au moment où on la traverse, on prend conscience de tout l’espace qu’elle crée et qui l’entoure, on regarde le paysage, on s’arrête, on n’est plus indifférent. Ainsi, les textes suivants (p. 30) évoquent la frontière mélancolique, aventureuse, menaçante. La typologie qui les suit (p. 32) est une tentative autour de la frontière. Elle s’y trouve synthétisée sous quatre formes, ce qui est essentiel pour mieux en dégager la diversité. Suite à cela, on peut sans doute avancer l’idée que les remparts sont plutôt une marche, une zone épaisse et anciennement interdite, elle-même composée de ligne de points et de traces des systèmes de défense du passé. Aujourd’hui, ce sont surtout des espaces hors du temps, une sorte de monde parallèle à la ville depuis lequel on peut la regarder.
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La frontière naturelle
Graphie du site, esquisse d’une frontière / Exemples
EXEMPLES
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Les berges de la Bidassoa . 1823 . Batty Robert (1789-1848) . Imprimé à Londres par John Murray Source : Bibliothèque municipale de Toulouse . côte A-Batty (2-14)
«En rêvant, ils approchaient de la rive française, les contrebandiers. Et là-bas, de l’autre côté de la zone étrange sur laquelle ils voyageaient comme en traîneau, cette silhouette de vieille ville qui les fuyait lentement, c’était Fontarabie ; ces hautes terres qui montaient dans le ciel, avec des physionomies si âpres, c’étaient les Pyrénées espagnoles. (...) Mais cet estuaire, qui sépare les deux pays, semble en ce moment à Ramuncho plus mélancolique que de coutume, plus fermé et plus muré devant lui par ces noires montagnes, au pied desquelles brillent à peine çà et là deux ou trois incertaines lumières. Et alors il est repris de son désir de connaître ce qu’il y a au-delà, et au-delà encore... Oh! s’en aller ailleurs.» Pierre Loti, Ramuncho
La ligne et la voie
La place forte, un point frontière
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La forêt de Brou, haut Beaujolais et haute Azergues, photo Fabrice Bunuel. Source : La défaite du paysage - Passions et Raisons du Paysage - Une Nature Sensible
«J’étais aux confins du département, je roulais près de la ligne de partage, la chevauchais probablement, et cette idée me plaisait d’être dans un entre-deux. Selon la direction que je prenais, le Nord ou le Sud, je rentrais ou je partais. Le retour, le départ. Il fallait choisir.» Brigitte Giraud, La défaite du paysage - Passions et Raisons du Paysage - Une Nature Sensible
Place-forte ou forteresse du désert dans le Sud du Maroc Source : Bernard Rudofsky, Architecture sans architectes
« - C’est un bout de frontière morte, ajouta Ortiz. C’est pour cela qu’on n’a jamais touché au fort et qu’il est toujours comme il y a un siècle. - Que voulez-vous dire par frontière morte ? - Une frontière qui ne donne pas de souci. De l’autre côté, il y a un grand désert. (...) A l’horizon qui s’était élargi, apparaissaient de bizarres dentelures de pierre, des roches acérées qui se chevauchaient dans le ciel. - Maintenant, continuait Ortiz, même dans l’armée, les conceptions ont changé. Jadis, aller au fort Bastiani était un grand honneur. Maintenant ; on dit que c’est une frontière morte, on oublie qu’une frontière est toujours une frontière et qu’on ne sait jamais.» Dino Buzzati, Le désert des Tartares
Graphie du site, esquisse d’une frontière / Une typologie
UNE TYPOLOGIE Formes
Matérialisations
Qualifications
La ligne
mur, barrière, ligne de crête, limite, front, lisière, façade, barricade, quai, contour, enceinte, ligne de partage des eaux, clôtures, périphérie, muraille, haie, chemin, front, limites, routes et voies
épaisse, haute, infranchissable, perméable, mobile, aventureuse, mouvante, stable, imaginaire, fictive, sans fin, fragmentée, souple, orientée
Les traces et les mémoires
ruines, empreinte, marque, indice, piège, chemin interdit, vestige, piste, usure, sillons
visible, invisible, perceptible, ténue, disloquée, fragmentée, effacée, oubliée, furtive, évidente, matérielle ou mémorielle, poreuse
La marche - frontière
chaîne de montagne, fleuve, chemin, no man’s land, sas, fortifications, interstice, intervalle, domaine, seuil, couloir, fossé, digue, vallée, détroit, région, entité, territoire
entre-deux, intérieur, vide, plein, synthèse, mélange, large ou étroite, plane, mouvementée, impénétrable, articulée, indépendante, dépendante, poreuse, transparente, opaque, secrète, centrale, périphérique
L’ensemble de points
système, villes, poste de douanes, péage, bornes, vides, portes et points de passage, gardes, points hauts, aéroports, ports, marques, forts, bastions, phares
minuscules, pleins, vides, mobiles, reliés, indépendants, cachés, vulnérables, retranchés, perchés, protégés, reliés
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Effets
Fonctions
Espace et temps
désir de franchir, marqueur identitaire, voisinage, marcher le long, fascination, rupture, contrebande, face à face, l’attente, disparité, aimant, confrontation, exil, bannissement, fin ou début, produit du paysage
marque, démarque, différencie, limite, contrôle, commerce, cache, sépare, rapproche, surveille, échange, paix, empêche, privé /public, déambulation
La ligne désigne le temps lent, celui de la marche du parcours de la déambulation et de l’attente. En revanche, traverser une frontière est l’histoire d’un instant, c’est un microévénement révélateur d’espace.
porosité, curiosité, perte d’identité, uniformisation, mélange, nostalgie, révélation, évocation, passage, dénigrement, désir d’effacer à jamais
N’a plus de fonction officielle. mémoire, souvenir, révélateur, archéologie
Une ligne qui s’efface, un fossé qui se remblaie, un chemin que l’on emprunte plus. Toute chose qui fut et qui pourrait être retrouvée, redessinée. Le temps redessine ce que l’on a abandonné ou voulu faire disparaître.
uni ou exclu, repli sur soi, cohabitation, conflits, convoitise, invasion, occupation, transition ou rupture, équilibre, suspension du temps, confinement
protège, met en relation, paix, interface, obstacle, mise à distance, accord, commerce, avantages fiscaux
ponctuation, symboles, interdépendance, territoire, attire, réunit et rassemble, repères, rythmes, polarités
passage, échange, réseau, trie, surveille, sécurise, stratégique, système d’alerte, impôt, résistance, guetter
La marche pour être identifiée doit être contenue dans des lignes, pourtant parfois, elle n’est pas définie clairement, d’où les conflits potentiels. On y entre ou on en sort. La zone est hors du temps, elle devient un système à l’intérieur du système. Avec ses propres logiques, ses propres rythmes. C’est un espace d’attente et d’observation. Les points sont généralement reliés par des lignes, certains s’y superposent, d’autres en sont espacés. Ils sont le rythme de l’espace. C’est l’endroit depuis lequel le regard s’ouvre à la vastitude. Un point peut avoir un intérieur, c’est alors aussi une zone.
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ANALYSE HISTORIQUE
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Carte particulière des côtes de France par Beautemps-Beaupré, ingénieur hydrographe en chef de la Marine Royale. 1826 Source: Médiathèque de Bayonne
II - AU-DELÀ DES FRONTIÈRES, BAYONNE DANS SON TERRITOIRE
1 - Récit des frontières 2 - Effets de frontières, les villes d’aujourd’hui
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1 - RÉCIT DE FRONTIÈRES Avant de commencer Face au site des remparts, il est nécessaire de comprendre le contexte dès leur formation. S’ils sont la conséquence visible de l’histoire de la frontière franco-espagnole, il convient alors de comprendre comment cette dernière évolue au cours du temps, et surtout de comprendre le rôle de Bayonne dans ces confins comme une pièce du réseau défensif français. Ce récit explique les grandes tendances liées aux frontières depuis leur fonction commerciale, de défense et jusqu’à l’idée de transfrontalité.
39 «Description exacte et particulière des costes et havres de Bayonne, St Jean de Lux, la Bour Funtarabie et lieux circonvoisins.» en 1642. Source : BNF
Un point de passage stratégique Le bas Moyen-Age, une ville gasconne dans le Royaume d’Angleterre Du Moyen-Age à la Renaissance : Bayonne devient française Bayonne dans le Grand Siècle des guerres franco-espagnoles Le Grand Règne et Les Lumières : entre pouvoir militaire et embellissements Vers un apaisement progressif des frontières Frontalité - Transfrontalité Conclusion
Au-delà des frontières, Bayonne dans son territoire / Récit de frontières L’ATLANTIQUE
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L’A dou
La Niv e
Les barthes r
Un point de passage stratégique Au commencement, Bayonne s’implante sur un éperon de terre, là où les vallées de l’Adour et de la Nive se rencontrent. L’endroit correspond à un rétrécissement conjoint de ces deux vallées très larges. Ce pincement matérialisé par deux collines se faisant face est un point de passage utile car les terres basses, appelées barthes, sont de vastes systèmes marécageux encore peu drainés. Le site romain surplombe de 15m ces plaines soumises aux marées et aux crues. Appartenant à la région romaine de Novempopulanie (neuf peuples), Bayonne ne porte pas vraiment de nom jusqu’au IIème siècle. Le nom de Lapurdum fait sans doute référence à la province du Labourd (aujourd’hui l’une des sept provinces du Pays basque). Bayonne serait née non pas d’une implantation humaine ancienne mais bien d’une stratégie militaire de l’Empire Romain alors en déclin. La première hypothèse est celle d’une ville qui protège Dax. D’une part, des attaques venues de la façade atlantique et d’autre part, du piémont pyrénéen peuplé des dangereux Vascons (Basques). Cependant, le castrum romain qui peut abriter une petite armée semble surdimensionné pour cet unique usage. La seconde hypothèse, plus probable, est celle d’une étape clé sur la route vers l’Espagne, le franchissement ne pouvant s’effectuer qu’à l’endroit du resserrement des vallées. Cette Route côtière reliant Bordeaux à Pampelune aurait supplanté la route passant par Dax et les montagnes par le col de Roncevaux, domaine des Vascons devenu trop dangereux (p.34). Les Pyrénées, avant tout zones de relations entre les peuples sont alors pour la première fois une limite administrative entre la province romaine des neuf peuples et l’Hispanie.
Les barthes
5 km
Nord
Carte topographie montrant l’implantation du site romain en noir. Échelle 1/64000e. A l’époque l’embouchure de l’Adour se situait bien plus haut dans les Landes (Cf. p. suivante). Aussi, les canaux qui quadrillent les barthes résultent des travaux de drainage entrepris peu à peu pour permettre l’exploitation des terres à partir du XVIIIe s. Source: Carte IGN 1/25000e . Ref.72356
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Au-delà des frontières, Bayonne dans son territoire / Récit de frontières
Vers Bordeaux
Dax LES TARBELLES Bayonne Guéthary Irun Lescar
La Rhune LES VASCONS
Oloron Saint-Jean-le-Vieux
Col de Roncevaux
Pampelune
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20 km.
Col de Roncevaux
La Rhune
La Rhune, montagne emblématique du Pays basque Le col de Roncevaux, 1057 m. Passage obligé par les montagnes
Pic du Midi d’Ossau
Routes principales reconnues ou présumées Bayonne Villes pourvues d’une enceinte au IVe s.
Nord
Page de Gauche : Carte des routes du Pays basque à l’époque Romaine IVe s. d’après JL.Tobie 1991. Bayonne apparaît comme un noeud routier à l’orée des Pyrénées, seule implantation possédant une enceinte avec Dax, elle protège les relations entre l’Espagne et les villes de Dax et de Bordeaux alors que l’Empire Romain est en déclin. La morphologie pyrénéenne (élévation) qui décline progressivement vers l’Océan Atlantique explique le besoin de protéger les routes côtières plus vulnérables car en situation de découvert.
Vieux-Boucau dit Port d’Albret Entre 1330 et 1578, à 30 km. de Bayonne
Capbreton ou Boucau de la Pointe Jusqu’en 1330, à 18 km. de Bayonne
Vieux Boucau
Embouchure actuelle dite du Boucau Neuf Détournée depuis 1578, à 7 km.
Source du Fond cartographique et de l’élévation : Carte des Pyrénées, 1854 . Médiathèque de Bayonne.
«Le cheminement a permis à l’homme primitif de découvrir le site favorable, auquel la route donne ensuite sa pleine expression urbaine. Rattacher le destin de la ville au chemin constitue donc une règle essentielle de méthode. Ce destin peut s’exprimer dans une carte des voies déterminées par le cadre géographique, voies ébauchées par le travail de la nature et que l’homme marquera à son tour par son empreinte.»
Seignosse 43
Marcel Poëte, Introduction à l’urbanisme, 1929, Paris, Sens & Tonka, 2000.
Page de droite : Carte des embouchures successives de l’Adour qui inf luencent directement le commerce maritime et le négoce urbain. D’après une Esquisse de l’ancien lit de l’Adour entre le Boucau et Vieux-Boucau au XVI° siècle. Dessiné sur un fond topographique des feuilles Bayonne N.E. et Vieux-Boucau S.E. de la Carte d’Étatmajor au 1 : 80 000 type 1889 par B. Saint-Jours en 1895. Source : BNF . côte GED-4793
Bayonne
Au-delà des frontières, Bayonne dans son territoire / Récit de frontières 44
Le bas Moyen-Age, une ville Gasconne dans le Royaume d’Angleterre L’essor véritable de la ville n’est pas vérifié au haut Moyen-Age, mais plutôt vers le XIe s. où Bayonne oscille entre Navarre, Pays basque et Gascogne. Si l’évêché est basco-navarrais, la population est quant à elle définitivement gasconne de par la langue. Cependant, Bayonne est un bout du monde pour les Ducs de Gasconne et l’Aquitaine qui finissent par faire don de la moitié du duché à l’évêque. La ville passe donc sous le contrôle des rois de Navarre et d’Aragon qui soutiennent l’évêché. En 1130, le Roi de Navarre Guillaume le Troubadour devient maître de la ville. Suite à sa Mort en 1137, sa fille épouse le prince Louis qui deviendra Louis VII. La ville passe donc sous la tutelle du royaume de France. Par ailleurs, la mort du Roi de Navarre laisse ce royaume sans héritier, convoité par l’Aragon et la Castille qui délaissent alors Bayonne trop éloignée. En 1152, la Duchesse Aliénor d’Aquitaine se remarie au comte d’Anjou, duc de Normandie et futur Henri Plantagenêt, Roi d’Angleterre. Cet événement apparemment lointain est en fait décisif pour l’avenir de la ville. Alors que le Vicomte de Labourd fini par céder aux rois d’Aragon, Bayonne jusque-là délaissée par le duché d’Aquitaine, redevient un point d’intérêt. Cette alliance est le commencement de trois siècles de domination anglaise. En 1172, le roi d’Angleterre donne l’Aquitaine en fief à son fils Richard. Les Vicomtes de Bayonne se mettent au service de Richard Coeur-de-Lion qui occupe le Château-Vieux de Bayonne qui en devient alors le symbole de la puissance militaire du Duché d’Aquitaine face aux royaumes Espagnols.
Royaume de d’Angleterre
Comté de Flandres
Duché de Champagne
Duché de Normandie
Duché de Bretagne
Comté du Maine
Royaume de Comté France de Blois
Comté d’Anjou Comté de Tourraine
Duché de Bourgogne
Comté du Poitou
Duché de Guyenne
Comté du Périgord
Alava et Guipúzcoa Duché de gascogne
Comté d’Auvergne
Comté de Toulouse
Navarre
Nord Carte des possessions anglaises au XIIe s. D’après Alain Benajam Source : http://www.alain-benajam.com Royaume d’Angleterre et Duché d’Aquitaine Royaume de France et Provinces sous sa domination Royaume de Castille
Royaume d’Aragon
Royaume de Navarre
Comté de Barcelone
Empire romain germanique La frontière anglo-espagnole présumée
Les rois d’Angleterre accorderont de nombreux privilèges aux Bayonnais qui resteront fidèles même lors de la reprise de la ville par la France. Ces privilèges sont non seulement fiscaux mais aussi communaux avec la naissance d’une municipalité influente et d’une bourgeoise qui perdurera par la suite face aux pouvoirs religieux et royaux. Ainsi, Bayonne acquiert un corps de ville représenté par un maire élu. Les privilèges sur les taxes permettent à Bayonne d’avoir une place d’importance dans le commerce à l’échelle de l’Atlantique et du Nord de l’Europe. Notamment entre l’Angleterre et la Flandre (ellemême région frontalière disputée possédant un riche patrimoine fortifié). Aussi, ses liens avec l’Espagne passent plutôt par la Navarre montagneuse que par la mer. Le commerce maritime s’effectue surtout avec les ports de Biscaye ou de Guipúzcoa (San Sebastian appartenant au Royaume de Castille et Fontarabie appartenant au Royaume de Navarre). La construction navale est organisée par la «Société des navires Bayonnais» qui fournit des navires de guerre et de commerce. Bayonne est le point de transit de tout bétail vers Pampelune. Elle commerce les vins de Gascogne et les produits de son arrière-pays : bois du Pays basque pour la construction navale et la tonnellerie, le pastel de Toulouse exporté en Angleterre pour les teintureries, les vins de Chalosse. Cet arrièrepays s’étend le long de la vallée de l’Adour jusqu’à Armagnac. Pendant cette période d’échanges et de commerce, l’Adour n’est jamais considéré comme une frontière, il était un lien formidable dans le ban commercial de Bayonne qui est un port pivot du duché d’Aquitaine ayant pour particularité d’être retranché dans les terres à 18 km. de l’Atlantique.
Au début du XIIIe s., les conflits entre la France et l’Angleterre reprennent suite à une instabilité du Royaume anglais survenue après la mort du roi Jean-Sans-Terre en 1216 et l’arrivée sur le trône du jeune Henri III. Bayonne sera l’une des pièces fortes du duché impliquée dans des missions qui tentent de récupérer aux Français le territoire du Nord. Les Bayonnais interviennent alors avec l’aide de leur flotte qui devient vite indispensable au duché d’Aquitaine pour récupérer certaines villes comme la Rochelle. Par ailleurs, le roi de Castille, allié des Français, menace la ville ce qui permettra aux Bayonnais d’obtenir crédit de la couronne anglaise pour renforcer les fortifications. Bayonne joue donc un rôle frontalier tant sur terre que sur mer. Une trève est signée en 1243 et l’entente entre le duché d’Aquitaine et la Navarre est scellée. En 1254, le vicomte du Béarn, allié du Roi de Castille tente de s’emparer de la ville. Le mariage de la sœur du roi de Castille, Éléonore avec le prince anglais Edouard scelle la paix anglo-castillane. Enfin, le traité de Paris, signé en 1259 entre les deux Royaumes (Français et Anglais) marque le commencement de trente années de paix. Baiona - Bayune - Bayonne. Le nom de la ville n’apparaît qu’au XIIe s. Du latin Baia «vaste étendue d’eau» ou du basque bai ona «bonne rivière» voire bai una «le lieu de la rivière». Son destin de pilier pyrénéen du Royaume de France lui donnera ses armoiries qui affichent fièrement : Nunquam Polluta «Jamais Polluée».
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Au-delà des frontières, Bayonne dans son territoire / Récit de frontières
Duché de Gascogne repris par les Français mais dépossédé de la province frontalière de la Basse-Navarre. Basse-Navarre, province convoitée par le Béarn, la Navarre espagnole, la France et l’Espagne (Castille et Aragon). Royaume de Castille et terres annexées du Pays basque : Guipúzcoa, Alava et Biscaye avec les villes frontalières de San Sebastian et Fontarabie.
DUCHÉ DE GASCOGNE
Royaume de Navarre gouverné par le roi de Pampelune. Un royaume bientôt englobé dans l’alliance espagnole. Royaume d’Aragon ennemi de la France qui s’allie avec la Castille pour réunifier l’Espagne.
Dax
Principales villes et ligne de la frontière franco-espagnole présumée. LABOURD
Nom des provinces frontalières.
Bayonne Fontarabie et Hendaye LABOURD San Sebastian
46 BISCAYE
BÉARN
Pau
BASSENAVARRE
St-JeanPied-de-Port
GUIPUZCOA
Victoria Gasteiz
Navarrenx SOULE
Pampelune
ALAVA
NAVARRE
Jaca
Burgos
ROYAUME D’ARAGON ROYAUME DE CASTILLE
Carte des Royaumes frontaliers au XIVe s. et des provinces faisant l’objet de convoitises : la Biscaye, le Guipúzcoa, l’Alava, la Navarre, la Basse-Navarre, le Labourd et la Soule.
Zaragossa
100 km
Nord
Du Moyen-Age à la Renaissance : Bayonne devient française
En 1294, Philippe Le Bel, roi de France, saisit le duché d’Aquitaine, suite à un fait divers impliquant un Bayonnais et un Normand. La ville, aussitôt reprise par l’Angleterre, se voit confier de l’argent pour l’amélioration des fortifications. A la fin de la Guerre de Cent Ans, la ville sera assiégée deux fois de suite sur ordre du roi de France Charles VII du 6 au 20 août 1436 puis en 1451 par le vicomte de Béarn et des navires de Biscaye qui bloquent l’Adour. Les Bayonnais toujours fidèles à la couronne anglaise se rendirent à l’évidence grâce à un mystérieux signe du ciel: une croix blanche (couleur de la France) qui leur indiquait qu’il ne valait mieux pas résister à l’envahisseur. En 1469 un mariage entre Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille marque la réunification de l’Espagne qui convoite alors la Navarre. Cette nouvelle alliance est soutenue par l’Angleterre qui songe encore à récupérer la Gascogne dans son duché de Guyenne. C’est aussi le début des Guerres d’Italie car l’Aragon y détient des possessions convoitées par la France. L’ancienne alliance francocastillane est alors rompue et Bayonne reprend un rôle accru dans la protection de la frontière comme «boulevard du Royaume de France» et dernière ville avant la frontière. En 1512, les Anglais et les Castillans s’emparent de la Navarre: Saint-Jean-Pied-de-Port et Pampelune. La perte de la Navarre, alliée de la France, renforce le rôle de Bayonne qui devient la seule place à pouvoir défendre le royaume français.
Le roi d’Espagne, Charles d’Autriche, deviendra Charles-Quint empereur de la Diète allemande en 1519. La France se voit alors encerclée par l’Espagne et ses possessions au Sud et à l’Est et par l’Angleterre au Nord. Durant le long conf lit qui oppose la France à l’Espagne, plusieurs attaques sont évitées notamment en 1523. Cette attaque appelée le «siège de Bayonne» entraînera par la suite la démolition presque systématique des faubourgs trop exposés en dehors des murs. François Ier qui est fait prisonnier en Italie en 1525 est conduit à Madrid où il renonce, en signant le Traité de Madrid, à la Bourgogne et la Somme face au roi Charles Quint et promet d’épouser sa fille Éléonore. Un échange eut lieu sur la rivière de la Bidassoa, qui marque la frontière franco-espagnole. Les Espagnols rendaient à la France son roi et prenaient ses enfants en attendant que la rançon soit versée. C’est à cette époque que des nouvelles techniques de fortifications en profondeur et non plus en hauteur seront importées d’Italie, avant-gardiste en la matière. Par ailleurs, une menace pèse sur Bayonne restée catholique alors que le Béarn devient protestant calviniste. La finesse du futur roi Henri IV (couronné en 1594) épargnera les guerres de religions à Bayonne qui détient les clefs du Royaume. En 1578, l’ouverture du nouveau port du Boucau Neuf, en aval de Bayonne, marquera un renouveau économique et aura des conséquences sur l’amplitude des marées dans les ports intérieurs de la ville qui seront peu à peu comblés. La guerre avec l’Espagne dura jusqu’en 1598, avant de reprendre en 1624.
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Au-delà des frontières, Bayonne dans son territoire / Récit de frontières 48
«Plan de la rivière de la Bidassoa dans laquelle est l’île où se fait la grande conférence pour la paix générale entre la France et l’Espagne et la description des villes et autres rivières adjacentes, tant de France, d’Espagne, que du Royaume de Navarre.» 1659 Suite à la signature de la paix le 7 Novembre 1659, la chaîne pyrénéenne devait former la frontière entre les deux Royaumes comme du temps des Gaules et de l’Espagne. L’île de la conférence fut le lieu de remise de l’infante d’Espagne au Royaume de France avant sa venue à Bayonne le 16 juin 1960. Source : BNF . département Cartes et plans . côte CPL GE DD-2987 (1664)
Bayonne dans le Grand Siècle des guerres franco-espagnoles Les mariages franco-Espagnols faisaient de Bayonne une ville de relations diplomatiques. En 1620, Louis XIII déclarait le rattachement du Béarn et de la BasseNavarre au Royaume. A partir de ce moment-là, les frontières du Sud-Ouest resteront plus ou moins stables dans leur tracé même si les cartes ne les représentent pas encore et bien qu’elles ne soient toujours pas visibles sur le terrain au moins jusqu’au XVIIIe s. Le conflit espagnol redevient tangible à partir de 1624 suite à l’arrivée au pouvoir du Cardinal de Richelieu et après l’entrée en guerre de la France contre les Habsbourg espagnols en 1635 pour les possessions des Pays-Bas. En 1636, 8000 hommes Espagnols envahissent le Labourd et prennent le fort de Socoa à Saint-Jean-deLuz ainsi que la redoute d’Hendaye. Les ingénieurs du roi dénoncent la médiocrité des fortifications face à une menace espagnole de plus en plus proche. Deux forts sont alors construits à la hâte sur les hauteurs du quartier de Saint-Esprit. Des hommes sont envoyés à Saint-Jean-Pied-de-Port proche du col de Roncevaux où les Espagnols étaient rassemblés. Les attaques françaises sur Fontarabie échouent en 1638. Par ailleurs, le déplacement du front vers l’Est (les Flandres et le Roussillon) ainsi que l’engagement de l’Espagne dans les Guerres d’Italie éloignaient les menaces pour un temps. Les formes bastionnées ramenées d’Italie seront très vite mises en application à Bayonne qui fera office de laboratoire. En 1653, les traités commerciaux de «bonne correspondance» renforcent durablement le commerce transfrontalier avec la province basque du Guipúzcoa (port de San Sebastian), jusqu’alors devenu difficile du fait des rivalités franco-espagnoles. En 1659, le cardinal Mazarin passait à Bayonne sur sa route vers Saint-Jean-de-Luz pour y négocier le traité de paix. La paix fut scellée en 1659, sur l’île des Faisans au milieu de la Bidassoa par le mariage de l’infante d’Espagne et de Louis XIV.
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Entrevue de Louis XIV Roy de France et de Navarre et de Philippe IV Roy d’Espagne dans l’Isle des Faisans en l’année 1659 pour la ratification de la paix et pour l’accomplissement du mariage de sa Majesté très chrétienne avec Marie-Thérèse d’Autriche, infante d’Espagne par E. Jeaurat . 1728 Source : BNF . département Estampes et photographie. côte FOLQB-201 (43)
Au-delà des frontières, Bayonne dans son territoire / Récit de frontières 50
Frontières de 1643 Territoires conquis sous Louis XIV Frontières de 1715 Places fortes remaniées ou construites ex-nihilo constituant le système de défense imaginé par Vauban Le trio défensif imaginé par Vauban pour les Pyrénées Occidentales Cf. pages suivantes
Principales villes des intendants Routes des postes 100 km Nord Carte de la France sous Louis XIV avec les places fortes de Vauban. On peut clairement identifier les zones frontalières possédant des protections naturelles (Pyrénées et Alpes) qui sont nettement moins pourvues en systèmes de défense, contrairement au Nord, vastes étendues découvertes aisément envahies. Ainsi, la France reconquiert tout le Nord de son Royaume, les terres des Flandres qui constitueront le pré carré de Vauban: cette double ligne de villes fortifiées protégeant la nouvelle frontière franco-espagnole des Pays-Bas. (Places de première ligne : Dunkerque, Bergues, Furnes, Ypres, Menin, Lille, Tournai, Condé-sur-l’Escaut, Valenciennes, Le Quesnoy, Maubeuge, Philippeville, Dinant, Givet-fort de Charlemont / Places de seconde ligne : Gravelines, Saint-Omer, Aire-sur-la-Lys, Saint-Venant, Béthune, Arras, Douai, Bouchain, Cambrai, Landrecies, Avesnes-sur-Helpe, Mariembourg, Rocroi, Mézières) (Cf. carte p. 83). Avec se dispositif, Vauban affirme une volonté de clarification de la frontière. Alors qu’elle n’était alors que juridique, elle devient physique, marquée par ces points qui la jalonnent : des repères reliés entre eux par des voies d’eau dans la vaste plaine de Flandres. Carte d’après Guillaume Lécuiller 2006 . Source : http://theudericus.free.fr/Vauban/Vauban_France/Vauban_France.htm
Le Grand Règne et Les Lumières : entre pouvoir militaire et embellissements Jusqu’au XVIe s. c’est une milice bourgeoise Bayonnaise qui se charge de la défense et de l’entretien de la ville et des ses murailles. Pourtant, cette solution n’est plus suffisante suite aux nombreuses alertes d’état de guerre qui ne manquent pas de semer la panique dans toute la ville. Cependant, le Corps de Ville est hostile à l’installation d’une garnison permanente sous autorité Royale. L’incapacité financière de la ville à entretenir les fortifications et la nécessité de faire appel à des fonds royaux vont peu à peu rendre Bayonne tributaire du pouvoir décisionnel Royal. Ainsi, le pouvoir du maire est amoindri et le conseiller d’artillerie sera bientôt nommé par le roi privant alors la ville de son autorité militaire. Les nombreux inspecteurs envoyés pour faire état des fortifications se suivent alors, suggérant de nombreuses améliorations et changements.
Gouverneur de Gramont à solliciter l’aide Royale: «Je ne prétends pas faire le personnage d’exagérateur et moins celui de prophète! Mais mon devoir et le zèle que j’ai pour le service du Roi, m’obligent à lui dire que s’il ne lui plaît pas d’entreprendre de remédier au délabrement de cette misérabla ville (...) Sa majesté se soumettra à l’un des plus fâcheux accidents qui peut jamais arriver à son état (...)Ce nombre infini que Sa majesté a employé si utilement pour les places acquises par la France et qui garantissent ses frontières, lui feront juger que l’argent qu’elle emploiera à Bayonne ne lui sera pas d’un petit avantage. (Citation extraite de l’Histoire de Bayonne, Pierre Hourmat, 1986) C’est l’ingénieur Sébastien Le Prestre, Marquis de Vauban, qui aura le projet le plus visionnaire pour rénover cette frontière du Sud-Ouest affaiblie. 51
Colbert fut nommé en 1661 contrôleur général des finances. Le traité des Pyrénées de 1659, signé par Mazarin, n’avait pas mis un terme aux conflits franco-Espagnols et en 1667, une nouvelle guerre oppose l’Espagne et la France pour les possessions des Pays-Bas espagnols (Flandres). Si les répercussions exemptaient Bayonne, la frontière Nord du Royaume sera remaniée très fortement par Vauban et sa volonté de hiérarchisation des frontières grâce au pré carré. En 1674, une alerte spéciale met la ville en garde contre l’arrivée par la mer de navires Espagnols et hollandais. A cette occasion les régions d’Orthes, Seignaux, Maremne et du Béarn se postèrent dans l’attente d’une attaque qui fut finalement avortée. Durant ces deux guerres de Dévotion (1667-1668) et de Hollande (1672-1678), les travaux sur la place forte sont poursuivis. L’ingénieur général Deshoulières, missionné par Colbert en 1674, avait déjà entamé la reprise des fortifications du Bourgneuf sur la rive droite de la Nive quand une crue encouragea le Portrait de Vauban Source: BNF . département Cartes et plans . côte CPL GE DD-2987
Au-delà des frontières, Bayonne dans son territoire / Récit de frontières
Dax
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La Rhune NEA ORT J T IN E-P SA D-D PIE
Les Trois Couronnes
52
Les Monts Basques
E
Vitoria Gasteiz M PA
P
N ELU
ESPAGNE
Mont de Marsan Carte du relief pyrénéen et situation des places fortes françaises et espagnoles. Bayonne, Saint-Jean-Pied-de-Port et Navarrenx représentent le trio défensif imaginé par Vauban. Les places fortes déjà existantes sont situées sur des points stratégiques. Saint-Jean-Pied-de-Port est au plus proche du col de Roncevaux et Navarrenx à la jonction entre le Pays basque et le Béarn. Saint-Jean-Pied-de-Port est situé dans la vallée de la Nive mais à un endroit où celle-ci s’élargit, laissant libre le champ de vision. Navarrenx profite aussi d’une position de grande visibilité dans la large vallée du Gave d’Oloron. La position de Bayonne déjà évoquée auparavant est quelque peu similaire. Ces villes ne sont donc pas situées sur des points de hautes altitudes , ce qui leur permet de se fondre au mieux dans le paysage mais à leur échelles toutes sont hissées sur de petits éperons.
Orthez X
EN
RR VA A N
Vauban reprendra toutes ces places pour les rendre plus performantes et en exploiter les caractéristiques géomorphologiques des sites.
Pau
53
Le piémont
Oloron Ste Marie
Lourdes
FRANCE
Bayonne 20 m
Navarrenx 120 m
Saint-Jean-Pied-dePort 220 m
France / Espagne La frontière
Les Pyrénées
Places fortes de premier ordre servant de point de ravitaillement en cas de guerre. Ce sont les derniers points capables de résister avant l’invasion. Places fortes du front, au plus proche de la marche, attaques plus fréquentes. Renforts (forts et redoutes) Autres villes 0 km
Jaca
Sources des cartes : d’après francetopo.fr/
50 km
Nord
Au-delà des frontières, Bayonne dans son territoire / Récit de frontières 54
Sa visite de la ville en 1680 est précédée d’une crue destructrice. Il pense alors Bayonne comme le pivot d’un trio défensif. Ce plan de défense se doit de compléter le système des Pyrénées Orientales récemment reconquises. La place de Bayonne est appuyée par deux sites fortifiés ayant déjà joués un rôle dans l’Histoire : Saint-Jean-Pied-de-Port et Navarrenx, la frontière littorale étant complétée par les forts de Socoa et de Hendaye. Le mémoire de Vauban fut remis au Roi le 30 avril 1680. Son plan prévoyait la construction de la Citadelle et l’amélioration complète de la ceinture des remparts. Pourtant, son plan ambitieux pour le quartier SaintEsprit (rive droite de l’Adour) ne pourra jamais être achevé, faute de moyens. En 1687, la ligue d’Augsbourg fit suite à la révocation de l’Édit de Nantes et liguait l’Angleterre, l’Espagne, l’Allemagne et la Hollande contre le roi de France. Bien que Bayonne n’ait pas subi d’alertes pendant cette période de tensions, les travaux du plan de Vauban furent exécutés avec une plus grande rapidité. Par la suite, les ingénieurs du génie imagineront tour à tour des améliorations, des agrandissements ou l’achèvement du projet de Vauban. En 1701 commencent les guerres de succession d’Espagne (1701-1714), après que Philippe V (duc d’Anjou et petit fils de Louis XIV) fut nommé héritier du trône d’Espagne par Louis XIV sur préconisation de Charles II (Roi d’Espagne). La France revendiquait alors son droit à la couronne d’Espagne ce qui ne manqua pas de créer des tensions avec l’Autriche qui pouvait elle aussi prétendre au trône.
La France occupait alors les Pays-Bas espagnols et étendait son royaume sur les terres basses des Flandres (Cf. Carte de la page précédente). Aussitôt, la Grande Alliance (Angleterre, Hollande et SaintEmpire) était formée à La Haye contre le Royaume de France et ses ambitions. Pendant ce temps la Reine mère d’Espagne, MarieAnne de Neubourg était bannie d’Espagne pour s’être opposée au choix du duc d’Anjou devenu roi d’Espagne. Elle résidait à Bayonne dans le ChâteauVieux. Les relations avec l’Espagne s’apaisent suite à la signature du traité d’Utrecht en 1713 dans lequel elle renonce à ses possessions en Italie et perd le droit d’occuper les Pays-Bas. Pourtant, suite à une conspiration du roi d’Espagne Philippe V contre le Régent (représentant du jeune roi Louis XV), les relations avec l’Espagne s’envenimèrent de nouveau. Le Duc de Guyenne, dit de Berwick fut prié de surveiller la frontière. La guerre était déclarée à Bayonne en janvier 1719. En février, la France envahit l’Espagne par la Bidassoa et occupait Fontarabie et San Sebastian. La paix fut proclamée en 1720 et prévoyait le mariage de l’infante d’Espagne Marie-Anne Victoire et de Louis XV. Le mariage fut révoqué par le Duc de Bourbon, qui avait pris la place de Régent et souhaitait marier Louix XV à la fille du roi du Pologne plus âgée. L’infante était alors reconduite dans son royaume. Le roi d’Espagne Philippe V outragé, scella une alliance avec l’Empereur Charles VI contre la France et l’Angleterre. La disgrâce du Duc de Bourbon joua en faveur du rétablissement de l’état de paix avec l’Espagne et le XVIIIe s. sera globalement un longue période de paix. La France se rapproche de l’Espagne et par conséquent, les nombreux plans d’améliorations resteront dans les archives et la place forte se détériorera peu à peu.
Boulevard des Capucines et rue Basse du Rempart à Paris au XVIII e XIXe s. Ci-dessous, rue basse du remparts. Sources : Eric Alonzo, cours Histoire et théorie des Infrastructures
Vue du port de Bayonne et de la Citadelle du St. Esprit, les allées marines au premier plan. Lithographie de B. d’Albe dans Souvenirs pittoresques Tome II, 1820. Source: Album Siglo XIX, http://www. albumsiglo19mendea.net/fr/
La fin du XVIIe s. sera aussi l’époque des embellissements en Europe. Lucca, en Italie, sera la première ville à substituer ses remparts par des plantations. Ces promenades en balcons sur la ville sont séparées du réseau viaire intra-muros et s’apparentent à des jardins linéaires surplombant la campagne. Ce sont les premiers espaces urbains uniquement dédiés à la promenade piétonne. Avec le temps, les fossés sont généralement bâtis et le boulevard est peu à peu intégré aux autres voies urbaines tout en gardant sa particulière ampleur qui n’est pas encore égalée et surtout son nom qui rentre dans le vocabulaire urbanistique. A Bayonne, les embellissements arriveront un peu plus tardivement vers 1730 et auront pour particularité de
ne pas prendre la place des remparts qui sont encore un enjeu fort de la frontière franco-espagnole. Les grands boulevards d’embellissement se juxtaposent donc aux remparts sans les toucher. Ils viennent tracer de longues allées rectilignes sur le replat des glacis. Ces allées répondent à une nécessité d’accès plus direct à l’Adour et au port en renouveau à cette époque. Elles ne sont donc pas destinées au simple usage piéton comme les premiers boulevards parisiens. Par ailleurs, s’inscrivant dans une mouvance européenne, elles ne parviennent pourtant pas à se libérer de la contrainte imposée par la place forte et la surveillance militaire qui est un frein au commerce depuis l’époque anglaise.
Boulevards : De l’allemand Bollwerk, ouvrage de défense, fortification, ce terme signifie d’abord le terre-plein d’un rempart, le terrain occupé par un bastion ou une courtine. Par extension, il désigne ensuite la place forte, puis la promenade ou la large voie de circulation plantée d’arbres qui, sur l’emplacement de ses anciens murs ou fortifications, fait le tour d’une ville. Sources : Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, Pierre Merlin et Françoise Choay, 2009
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Au-delà des frontières, Bayonne dans son territoire / Récit de frontières 56
Croquis des opérations menées sous le commandant John Hope à côté de Bayonne pendant l’hiver 1813 contre les troupes composant l’armée alliée. Par J. Wyld en 1840, extrait de «Maps & Plans, showing the principal movements, battles & sieges, in which the British Army was engaged during the war from 1808 to 1814 in the Spanish Peninsula and the south of France» Source: Album siglo XIX, . www.albumsiglo19mendea.net . collection du musée Koldo Mitxelena Kulturunea
Vers un apaisement progressif des frontières Le Marquis de Paulmy, ministre de la Guerre, arriva à Bayonne en 1753, et fut reçu par la municipalité qui réclamait la construction des allées et embellissements qui prirent son nom. Chaque arrivée d’une personnalité haut placée dans la ville était l’occasion, pour les Bayonnais de montrer leur dévouement et leur bonne volonté pour obtenir quelques privilèges. Ici particulièrement, car les embellissements marquent un tournant important dans l’histoire de la place forte : c’est la première fois que les remparts sont dépassés. Ce geste fort marque le début d’un désintérêt très progressif et assez lent de la place défensive de Bayonne dans le système de défense du Royaume mais surtout il légitime le pouvoir municipal jusqu’alors effacé qui dorénavant pourra négocier avec le pouvoir central pour arriver à ses fins. En 1778, pendant la Guerre de Sept ans, Richelieu avisait Bayonne d’une éventuelle attaque anglaise de Bayonne par la mer. La France est alors alliée à l’Espagne tandis que l’Angleterre s’allie au Portugal. Richelieu visitait la ville à deux reprises ainsi que les fortifications. Bayonne s’investit dans la guerre grâce à ses navires de course et ses corsaires. L’alliance avec l’Espagne durant la Guerre de Sept ans reléguait Bayonne à une place de second ordre, n’ayant plus à défendre la frontière. D’ailleurs, à la veille de la Révolution, la frontière n’est toujours pas dessinée, ni représentée sur le terrain par quelque borne que ce soit. Dauvares, dans son rapport de 1780 sur les fortifications, les décrira «négligées dans leur entretien» avec «écorchements, crevasses et brèches» ou progressent «des lierres et des arbustes qui ont pris naissance».
Peu à peu la ville semble reprendre ses droits sur ses murs et des constructions illégales fleurissent dans les fossés ainsi que des jardins nourriciers. Le XIXe s. époque des guerres Napoléoniennes, marquera une reprise des améliorations et rénovations suite à un décret en 1791 qui classe Bayonne parmi les 49 places de première catégorie, c’est-à-dire parmi celles qui «seront non seulement entretenues avec exactitude, mais encore renforcées dans toutes celles de leurs parties qui l’exigeraient et constamment pourvues des principaux moyens nécessaires à leur défense». On construit principalement des redoutes et des batteries installées en avant des ouvrages ainsi qu’un grand camp de retranchement intramuros : les casernes de Sainte-Claire. Napoléon, qui s’obstine à anéantir l’Angleterre toujours alliée au Portugal, va alors imaginer utiliser l’Espagne comme un royaume auxiliaire, une sorte d’appât. En 1808, Napoléon invite la famille Royale espagnole à Bayonne. Il exige dans la constitution de Bayonne, que Ferdinand VII abdique et cède le trône au frère de Napoléon, Joseph Bonaparte. Napoléon envahit alors le Nord de l’Espagne avec pour idée de profiter des idées séparatistes des Basques et des Catalans pour étendre l’Empire jusqu’à l’Ebre. Une guérilla soutenue par les Anglais s’organise peu à peu et le duc de Wellington et Sir John Hope lanceront bientôt une contre-offensive pour la reconquête de toutes les terres espagnoles sous domination française. Cette action se terminera en un long siège à Bayonne en Février 1813. La ville devient alors la plate-forte du ravitaillement des armées espagnoles et anglaises jusqu’à ce que l’Empire s’effondre en 1814.
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Bataille dans les Pyrénées en 1813 par W. Heath. Issu de «Martial achievements of Great Britain and her allies from 1799 to 1815» imprimé à Londres. Source: Album siglo XIX, . www.albumsiglo19mendea.net . collection du musée Koldo Mitxelena Kulturunea
Ci-contre: Carte de la frontière Pyrénéenne au XIXe s. Source: Extrait de La frontière franco-espagnole lieu de conflits interétatiques et de collaboration interrégionale dans La Frontière de Origines à nos Jours p 334. Carte de J. Sermet, Université de Toulouse Le Mirail 1975.
Suite à cet épisode la ville est très mal en point sur le plan commercial : son port est constamment en proie à l’ensablement, les routes en mauvais état mettent Bordeaux à trois jours de Bayonne. L’arrivée du chemin de fer depuis Paris en 1845, d’abord jusqu’à Bayonne, puis reliant Bordeaux à Irun en Espagne, entraînera le déclin du port. L’hypothèse du démantèlement de la place paraît de plus en plus envisageable même si des travaux d’envergure sont encore réalisés entre 1830 et 1840 pendant la Monarchie de Juillet. L’utilité des remparts ne sera vraiment remise en cause qu’à la fin du XIXe s. Trois traités consécutifs sont signés par une Commission de délimitation à Bayonne pour l’établissement définitif de la frontière francoespagnole. Parmi eux, le traité de Bayonne est signé le 2 décembre 1856 sous Napoléon III. Ce dernier fait suite au traité de 1659 en redéfinissant la frontière franco-espagnole depuis l’embouchure de la Bidassoa jusqu’aux Basses-Pyrénées, l’Aragon et la Navarre.
L’acte additionnel final de délimitation eut lieu le 2 décembre 1866. Encore en vigueur aujourd’hui, il régit la frontière de l’Atlantique à la Méditerranée. 602 bornes furent alors posées, jalonnant la frontière pour respecter au plus près des usages séculaires régulés par des faceries : accords entre vallées voisines pour l’usage commun des pâtures, la jouissance des sources... Ce qui explique l’allure sinueuse de la frontière qui n’est pas tout à fait sur la ligne de partage des eaux. Pourtant, à peine ces traités signés, des conflits à l’embouchure de la Bidassoa pointaient du doigt les failles quant aux réglementations sur le partage des eaux Atlantiques ainsi que des problèmes de contrebande. Ces incidents étaient à l’origine de la création de la Commission Internationale des Pyrénées en 1875 à Bayonne, institution qui est encore en activité et régit toute la frontière francoespagnole dans un esprit de coopération.
BAYONNE
100 km
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Au-delà des frontières, Bayonne dans son territoire / Récit de frontières 60
Le XIXe s. marque donc l’établissement de relations amicales avec l’Espagne et par conséquent la perte de l’intérêt stratégique de Bayonne et ses pivots du piémont pyrénéen, notamment dûe aux avancées dorénavant très rapides de l’artillerie. Le début du XIXe s. se caractérise par le déclassement successif des différentes places fortes dont Bayonne en 1907. De part et d’autre de la frontière, on passe alors des villes intra-muros aux agglomérations. Et l’urbanisation devient le moteur de ces régions qui s’industrialisent et deviennent des lieux de villégiature privilégiés. Ainsi, Bayonne (qui se tourne vers la sidérurgie) et Biarritz (qui se tourne vers le tourisme) s’élargissent et englobent le village d’Anglet qui devient la ville de l’entre-deux. A la fin du XXème siècle, la conurbation du BAB (Bayonne, Anglet, Biarritz) atteint les 105 000 habitants. Il en est de même côté espagnol autour de San Sebastian. Les deux zones d’attraction totalisent aujourd’hui quelques 600 000 habitants. La communauté d’agglomération du BAB (CABAB, aujourd’hui ACBA) créée en 1972 est précurseur en matière d’intercommunalité. Ces changements rapides se traduisent aussi administrativement, car ce sont aujourd’hui les collectivités territoriales qui prennent en main les relations transfrontalières de manière plus délocalisée. Ci-contre : Carte des deux conurbations «littorales» de part et d’autre de la frontière regroupant 600 000 habitants. Source : Agence d’Urbanisme Atlantique Pyrénées, AUDAP
Si les jumelages établis dès l’après-guerre avaient amorcé l’établissement de relations durables entre les communes, des institutions naissent pour réfléchir plus globalement comme par exemple la Communauté de Travail des Pyrénées créée en 1983 sous l’impulsion du Conseil de l’Europe. L’Union Européenne et la création de l’espace Schengen marquent le tournant de la vision de la frontière. On passe d’un besoin de différentiation physique entre les états souverains à la nécessité d’une structure juridique pour pouvoir coopérer plus facilement au sein d’un territoire dans lequel les frontières s’effacent; et ce sur des domaines aussi variés que l’industrie, l’environnement, le tourisme... La frontière passe donc dans les esprits de l’état de limite à celui de point de rencontre.
Frontalité - Transfrontalité C’est aujourd’hui l’Union Européenne qui donne un cadre législatif aux initiatives de coopération. Cette base est formalisée pour la frontière francoespagnole dans le Traité de Bayonne signé le 10 mars 1995. «Article Ier : Conformément à la Convention-cadre du Conseil de l’Europe relative à la coopération transfrontalière entre collectivités territoriales signée à Madrid le 21 mai 1980, le présent Traité a pour objet de faciliter et de promouvoir la coopération transfrontalière entre collectivités territoriales françaises et espagnoles.» Par ailleurs, si les relations entre le Pays basque français et espagnol étaient déjà très fortes, surtout pendant la période franquiste, le fonds commun Aquitaine-Euskadi est institué en 1992 venant sceller cette coopération spontanée entre Pays basque français et Pays basque espagnol. Les programmes, associations, agences et commissions se multiplient posant ainsi la question de leur efficience et de leur réel pouvoir. L’outil GECT (Groupement Européen de Coopération Territoriale) dont peuvent se dôter les collectivités (États, collectivités régionales et locales et organismes de droit public) est créé en 2007. Il instaure un cadre pour faciliter la coopération en agissant au nom de ses membres, issus d’au moins deux États de l’Union européenne. En décembre 2011, les régions Aquitaine et Euskadi (Pays basque espagnol) créaient un GECT pour mettre en place une Eurorégion Aquitaine-Euskadi. Cette structure représentée par les deux régions transfrontalières permettra notamment de soutenir le projet de LGV (Ligne à Grande Vitesse) qui peine à aboutir dans le Sud-Ouest. Toutes ces actions peuvent désormais être en partie financée par des fonds européens INTERRREG dépendant FEDER (Fonds européen de développement régional). Ces financements
permettent le développement de solutions communes dans les domaines du développement urbain, rural et côtier, du développement économique et de la gestion de l’environnement. Elles peuvent être initiées par les collectivités ellesmêmes (communes, communautés de communes, départements, régions) ou bien portées par des associations soutenues par ces mêmes collectivités. Ainsi, le FEDER finance à hauteur de 1,68 millions d’euros le Programme Opérationnel de Coopération Territoriale Espagne-France-Andorre 2007-2013 (POCTEFA) dont l’un des buts est de «favoriser la perception par les citoyens de la zone transfrontalière comme un espace unique et ainsi de diminuer l’effet frontière.» Bayonne et Pampelune se sont récemment engagées conjointement dans ce programme pour valoriser leur patrimoine issu de la longue histoire des frontières : leurs enceintes fortifiées. (Cf. p. 79). Autres reconnaissances du patrimoine fortifié, en 2006, le réseau Vauban était créé pour préparer le dossier du Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Le réseau regroupe 12 villes françaises. Par ailleurs, une initiative du CAUE du Nord regroupait une vingtaine de villes françaises, belges et hollandaises dans un projet européen nommé Septentrion. (Cf. p. 80)
Espace éligible au programme européen POCTEFA Source : www.poctefa.eu
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Au-delà des frontières, Bayonne dans son territoire / Récit de frontières
Conclusion
On comprend bien comment la frontière crée des points stratégiques, sortes d’avant-postes qui sont consolidés, amendés au cours du temps. Ces dynamiques sont à la fois à l’origine de la naissance des villes mais elles en sont aussi les tortionnaires : protégeant certes mais aussi contraignant la vie et le commerce dans les murs. Une sorte de dépendance et d’équilibre sont établis entre le pouvoir central et la municipalité. Les remparts apparaissent comme des sortes d’infrastructures. Ils résultent d’une volonté forte et volontariste de protection et d’intimidation, ce sont des points créés pour l’attente de l’ennemi qui sont en fait plus importants que la ligne de frontière ellemême qui en fait n’existe que très tardivement. Par ailleurs, par ce récit, l’approche originelle faite de la frontière dans la première partie s’affine peu à peu et l’idée de la temporalité paraît essentielle. Il y a d’abord la longueur de l’histoire qui ressemble à un recommencement perpétuel et qui se traduit localement par les incessantes modifications et améliorations des remparts. Il y a des événements, des temps plus courts, comme accélérés qui rythment la vie de la place forte : la venue de personnalités Royales dans la ville, des rumeurs d’attaques. Il y a la mémoire des attaques et des sièges qui perdure et marque les esprits durablement. Enfin, il y a l’attente pendant laquelle l’angoisse est palpable, le temps ne s’écoule plus et c’est le moment où l’on scrute le paysage.
L’histoire veut qu’à Bayonne les opérations d’embellissement, qui marquent le début de la lente émancipation de la ville par rapport à son passé militaire, ne se positionnent pas sur, mais au-delà des remparts. Ces allées sont une exception par rapport à d’autres villes et donc aussi une chance car elles ont permis la conservation jusqu’à aujourd’hui de cette ceinture dans sa presque totalité. Toutes les villes citées durant ce récit ne connaissent pas cette chance. Sauf peut-être Pampelune qui participe avec Bayonne au programme européen POCTEFA. Ces deux aspects font donc l’objet de la partie suivante.
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2 - EFFETS DE FRONTIÈRES, LES VILLES D’AUJOURD’HUI Avant de commencer L’histoire des frontières a laissé un patrimoine reconnaissable de places fortes dont Bayonne fut l’une des pièces maîtresses dans ce qui s’apparente en fait à un réseau de places fortes bastionnées. Comparer ces «ville-frontières» permet de comprendre les stratégies de défense mises en place de part et d’autre de la frontière et si son rôle majeur a déjà été démontré précédemment, la comparaison fait apparaître sa singularité dans cet espace.
Extrait de la couverture de l’Album des deux frontières (France et Espagne) Description des environs de Bayonne et San Sebastian. par A. Hennebutte. Album de lithographies . XIXe s. Source: Bibliothèque A-HENNEBUTTE (1-22)
municipale
de
Toulouse
.
côte
Nécessaire de compréhension des fortifications Les points des confins Comparaison des places fortes françaises et espagnoles dans leur contexte actuel Navarrenx et St-Jean-Pied-de-Port Fontarabie, Hendaye et San Sebastien Pampelune et Bayonne Pampelune / Bayonne ou un nécessaire projet pour Bayonne Le programme de coopération transfrontalière POCTEFA espoir et objectifs politiques Voyage d’étude dans le Septentrion, à la recherche de références
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Un fossé vient doubler les murs, ayant pour objectif d’éviter les attaques directes. Des caponnières, pièces inclues aux pieds des murs, protègent les fossés, les murs sont doublés de fausses braies en terres ou maçonnées. L’enceinte est ponctuée de tours qui protègent les angles importants.
Campagne
Cité
Moyen-Age Courtine
Fossé ou lice
NIVEAU DU SOL
Fausse-braie
Au-delà des frontières, Bayonne dans son territoire / Effets de frontières
Les formes de fortifications résultent des évolutions de l’artillerie. L’Antiquité et la première moitié du Moyen-Age fortifient de manière verticale. La ville est ceinte de hauts murs sur lesquels passe un chemin de ronde permettant de surveiller l’horizon. Très vite, les murs se parent de créneaux et de meurtrières pour attaquer et voir sans être vu.
angles morts
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Une catapulte : «Voici donc un de ces engins, baliste, caable ou pierrière, mu par des ressorts et des cordes bridées, propre à lancer des pierres»
Assaut d’une courtine grâce à une tour de siège. Source de cette image et de la suivante : Dictionnaire raisonné de l’architecture Française du XIe au XVIe siècle par E. Viollet-Le-Duc . 1856
Assaut au bélier. Source : Old England : A Pictorial Museum par C. Knight . 1845 sur www.fromoldbooks.org
Nécessaire de compréhension des fortifications Au XVIe s. débute un changement radical dans la poliorcétique. Avec l’apparition des canons à boulets de fer, on commence à fortifier de manière horizontale dans la profondeur du territoire pour retarder au plus les possibilités de siège. Les courtines simples sont doublées de matelas de terre et les angles stratégiques sont marqués par des bastions qui remplacent en fait les tours. La faussebraie devient la demi-lune qui protège les simples
courtines reliant les bastions entre eux. Les dehors sont travaillés pour que l’assaillant ne perçoive que le haut des courtines. Le chemin couvert protège au plus près des attaques éventuelles. Les systèmes de défense sont parfois doublés de forts ou de citadelles. Au XIX, les forts placés stratégiquement sur les points hauts dans lesquels l’artillerie n’est plus à découvert remplacent la ville bastionnée. Cité
Ci-contre : Schéma d’un fort bastionné Source : rosalielebel75.franceserv.com
Parapet Poudrière Corps de Garde Chemin de ronde Courtine
Flanc
Banquette d’infanterie Chemin de ronde
Fossé
Profil terrassé fasciné
Demi-lune maçonnée ou non
Fossé
Courtine maçonnée ou escarpe
Contre-escarpe
Chemin couvert
visibilité complète
Glacis
Renaissance
Banquette d’infanterie
NIVEAU DU SOL
Bastion 67
Bastion Orillon Escarpe Parapet
Guérite Fossés
Place d’Armes
Demi-lune
Chemin couvert
Glacis
Ci-dessus : Artillerie médiévale. Source : Dictionnaire raisonné de l’architecture Française du XIe au XVIe siècle par E. Viollet-LeDuc . 1856 Ci-contre : Artillerie du XVIe s. les boulets de pierre sont remplacés par du bronze ou du fer. Source : Otto Henne am Rhyn: Kulturgeschichte des deutschen Volkes par Zweiter Band . Berlin . 1897
Place d’Armes
Au-delà des frontières, Bayonne dans son territoire / Effets de frontières
CE E AN N FR G PA ES
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LE FORT DE SOCOA A CIBOURE 10 km. de la frontière à vol d’oiseau - 25 minutes de la frontière en voiture Sur l’Atlantique
Les points des confins
LA REDOUTE D’HENDAYE Sur la frontière Sur l’Atlantique SAINT-JEAN-PIED-DE-PORT 10 km. de la frontière -25 minutes de la frontière en voiture 50 km. de l’Atlantique
FONTARABIE Sur la frontière Sur l’Atlantique
NAVARRENX 40 km. de la frontière - 1h30 de la frontière en voiture 60 km. de l’Atlantique BAYONNE 30 km. de la frontière - 30 min. de la frontière en voiture 7 km. L’Atlantique
SAN SEBASTIAN 16 km. de la frontière 30 min. de la frontière en voiture Sur l’Atlantique
Classement des places fortes selon leur taille de part et d’autre de la frontière. On remarque que plus on s’éloigne de l’espace de marchefrontière en tant que tel, plus la ville fortifiée est importante. En effet, ces villes étaient en fait les boulevards des Royaumes. Des relais pour les temps de guerre, lieux d’approvisionnement, de transit mais aussi dernier retranchement possible en cas d’attaque. San Sebastian protégeait la Castille, Bayonne la France et Pampelune la Navarre. En revanche , la distance à l’Atlantique ne semble pas être un facteur déterminant dans la taille des fortifications bien que les places les plus proches étaient plus vulnérables, souvent protégées par des forts détachés comme Socoa ou la redoute d’Hendaye.
PAMPELUNE 30 km. de la frontière 55 min. de la frontière en voiture A 1h30 d Bayonne par l’autoroute 60 km. l’Atlantique
500 m.
Comparaison des places fortes françaises et espagnoles dans leur contexte actuel
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Places fortes françaises et espagnoles sur une carte des Frontières de France : limites méridionales . 1854 Source: L’atlas spécial de la France . Médiathèque de Bayonne
Toutes ces villes qui servirent de défense, qu’elles soient du côté français ou du côté espagnol, sont des postes existants déjà constitués, pour la plupart depuis le Moyen-Age et comportant déjà des murailles médiévales. Ces dernières sont le support des nouvelles extensions bastionnées et des Citadelles à partir du XVIe s. Les villes du piémont qui ont conservé une situation rurale ont préservé leur patrimoine qui reste généralement lisible du fait du faible degré d’urbanisation périphérique. Il s’agit ici de Navarrenx et Saint-Jean-Pied-de-Port qui n’ont en fait pas été des enjeux majeurs dans les relations frontalières.
40 km
Nord
Les villes côtières dont les fonctions frontalières étaient plus affirmées comme Fontarabie ou San Sebastian n’ont réussi à préserver qu’une mineure partie de leurs ensembles fortifiés détruits lors de conflits ou plus récemment dans la course à l’urbanisation. Les cas faisant exception sont Bayonne et Pampelune qui malgré la pression urbaine ont préservé des ensembles cohérents. Leur importance dans le système jusqu’au début du XIXe siècle a contribué à les préserver. De ce fait, les remparts se retrouvent aujourd’hui dans une position urbaine charnière et à forts enjeux : d’une part en périphérie directe du centre ancien et d’autre part comme passage obligé des quartiers périphériques vers le centre ville.
Nord
Au-delà des frontières, Bayonne dans son territoire / Effets de frontières 70
Navarrenx, monographie
500m
Navarrenx en 1753 . Source: BNF . côte Ms6440(196)
Source: Google maps
SITUATION : Basse-Navarre Construite dans la large vallée du Gave d’Oloron, entourée des collines du piémont Pyrénéen.
La ville perd son intérêt stratégique quand l’Espagne abandonne la Basse-Navarre à la France et Henri IV arrive sur le trône en 1589. La surveillance des frontières est alors transférée à St-Jean-Pied-de-Port. La cité est désarmée en 1873.
TYPOLOGIE : Bastide médiévale à l’origine, elle devient la première cité bastionnée française du XVIe siècle avec murailles parallèles remplies de terre, bastions à orillons, boulevards. Périmètre des remparts : 1,5 km. DATES D’ÉDIFICATION ET REMANIEMENTS : Entre 1538-1549 sous le roi de Navarre Henri II d’Albert par l’ingénieur Italien Fabricio Siciliano. En 1680 Vauban rajoute une demi-lune. FONCTIONS MILITAIRE : Intimidation des envahisseurs espagnols et français par blocus sur la Soule française et la Basse-Navarre espagnole. Principale ville fortifiée du Béarn et première cité française adaptée aux avancées de l’artillerie.
ÉVOLUTIONS URBAINES ET INTÉRÊTS : Dans une situation majoritairement rurale, la ville d’aujourd’hui conserve son patrimoine presque intact. Enceinte classée aux Monuments Historiques en 2002.
Nord
Saint-Jean-Pied-de-Port, monographie
500m
Saint-Jean-Pied-de-Port en direction de l’Espagne . 1759 Source: ARCHIM archives nationales . côte F/14/*8456
Source: Google maps
SITUATION : Province de Basse-Navarre. Sur une colline qui domine une vaste plaine de confluences , la ville à cheval sur la Nive est une étape obligatoire vers l’Espagne et le col de Roncevaux.
En 1685 l’ingénieur François Ferry entreprend la restauration de la Citadelle d’après le plan de Vauban ainsi que la protection du quartier d’Espagne au Sud. Les travaux sont interrompus en 1713.
TYPOLOGIE : Enceinte médiévale au Nord avec ses portes, Citadelle rectangulaire bastionnée et enceinte bastionnée au Sud.
FONCTIONS MILITAIRES : Défense de la frontière Pyrénéenne avec l’Espagne. Le rôle militaire de la ville perdure jusqu’en 1814. La Citadelle servira de prison pendant les deux Guerres Mondiales.
DATES D’ÉDIFICATION ET REMANIEMENTS : En 1350 construction de l’enceinte et de la forteresse Royale des rois de Navarre. Entre 1625 et 1627, construction de la Citadelle sous Louis XIII fils d’Henri IV par l’ingénieur Pierre de Conty. De 1635 à 1647, suite à l’entrée de la France dans la Guerre de Trente ans, Mazarin poursuit le renforcement de la Citadelle. En 1680 Vauban l’inclût dans son plan général de défense des Pyrénées occidentales.
ÉVOLUTIONS URBAINES ET INTÉRÊTS : Enceinte conservée et restaurée, dynamisme touristique et dernière étape des chemins de SaintJacques avant la traversée de Pyrénées. Ensemble classé depuis 1963 et 1986. La Citadelle a été réaffectée en collège.
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Au-delà des frontières, Bayonne dans son territoire / Effets de frontières 72
Hendaye et Fontarabie, monographie
Embouchure de la Bidassoa . 1753 . Source: BNF . côte Ms6439(172) Source: Google maps
SITUATION : Deux villes qui se font face à l’embouchure de la Bidassoa qui est à cet endroit la frontière. Hendaye en Labourd français, Fontarabie dans la province de Guipúzcoa côté Espagne. A l’origine les deux villes ne sont pas sur le front océanique. TYPOLOGIE : Une redoute à Hendaye. Le fort Charles Quint sur la partie haute de Fontarabie et les murailles autour de la ville. DATES D’ÉDIFICATION ET REMANIEMENTS : Les fortifications sont renforcées à partir de la fin du XVe siècle par Jan de Gamboa capitaine de Guipúzcoa. Il crée une nouvelle enceinte avec fossés. De 1496 à 1497 des tours circulaires et bastions sont érigés. Jusqu’en 1546, l’ingénieur Lope De Isturiçaga fait fleurir les villes bastionnées : Fontarabie, Pampelune, Saint-Sébastien. 1545 marque l’amélioration du château médiéval en place d’artillerie. Les guerres du XVIII puis la
Nord
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Révolution détruisent progressivement les remparts. 1793 destruction de la redoute d’Hendaye. FONCTIONS MILITAIRES : Fontarabie est la première place forte face à la France jusqu’au XIXe. Au Moyen-Age, Navarraise puis Castillane, la ville assure la défense face à la Gascogne anglaise et à la Navarre qui est proche du Royaume de France avec Henri IV. ÉVOLUTIONS URBAINES ET INTÉRÊTS : La fin de l’ère militaire est l’avènement de l’avancée vers l’océan de Fontarabie. Alors que Fontarabie a pu conserver quelques vestiges malgré une urbanisation violente, Hendaye ne conserve plus que quelques traces ténues de ce passé. Les murailles de Fontarabie ont été réinvesties comme espaces publics et un centre d’interprétation permet de comprendre cet héritage.
San Sebastian, monographie
Saint-Sébastien au XVIIIe . Source: BNF . côte GED 49
SITUATION : Capitale de la province basque de Guipúzcoa. Sur une péninsule entre le creux d’une anse entourée de collines et la rivière Urumae. La ville est dominée par le Mont Urgull (Hercule) qui permet d’observer l’horizon marin. TYPOLOGIE : Enceinte fortifiée qui remonte sur le Mont Urgull pour rejoindre le château de la Mota en position dominante. Un front spécial à cornes à l’Est. DATES D’ÉDIFICATION ET REMANIEMENTS : Le fort du Mont Urgull est construit dès le XIIe s par le roi de Navarre Sancho VI le sage. La province de Guipúzcoa passe sous domination de la Castille au XIIIe s. En 1489 la ville est détruite par un incendie et les anciens murs médiévaux laissent la place à des fortifications bastionnées. Sous Charles Quint, d’importants travaux sont commencés en 1515 sous la direction du Capitaine Peter Navarro qui conçoit la «Ville Nouvelle de SaintSébastien» et son front à double-cornes.
Source: Google maps
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500m
. En 1546 les murailles reliant la ville au château sont construites fermant ainsi la ville. Un projet de Citadelle est imaginée sur le mont sous Phillipe II mais le royaume manque de moyens financiers. Des restaurations sont lancées en XVIIIe s. suite à des attaques françaises. La ville est de nouveau détruite en 1813 par un incendie et les fortifications de la villes sont peu à peu abandonnées au profit de la base de la Mota sur le mont. FONCTIONS MILITAIRES : Sa situation stratégique lui vaudra de passer d’un port marchand de haut rang à une place militaire du royaume de Navarre à partir de 1573. Une importance plus forte lui est accordée au XVIIIe s. suite au siège de la ville par les Français en 1719. ÉVOLUTIONS URBAINES ET INTÉRÊTS : Seuls les vestiges du Mont Urgull sont conservés. Le reste des fortifications est démantelé en 1864 laissant place aux extensions urbaines selon une trame orthogonale. Plus localement, le nouveau musée San Telmo est niché dans le flanc du Mont Urgull.
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Au-delà des frontières, Bayonne dans son territoire / Effets de frontières 74
Pampelune, monographie
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Pampelune au XVIIIe . Source: BNF . côte GED 4683
Source: Google maps
SITUATION : Pampelune est la capitale de la Navarre. La ville occupe un méandre de la rivière Arga qui la protège au Nord des Pyrénées. Située sur un promontoire, elle domine une vaste plaine.
jusqu’en 1915, sensiblement comme à Bayonne.
TYPOLOGIE : Ensemble fortifié complet. Une enceinte complexe de 5 km. et une Citadelle. DATES D’ÉDIFICATION ET REMANIEMENTS : L’ampleur des fortifications témoignent de la convoitise de la Navarre par la Castille et l’Aragon. Le site est occupé dès l’époque romaine, étant sur la route du commerce avec la France. La muraille médiévale est très vite remplacée par des ouvrages bastionnés au XVI et XVIIe s. La Citadelle construite sous Philippe II, roi de Castille, complète le panel défensif. Le XVIIIe s. sera une époque de reprise des ouvrages. FONCTIONS MILITAIRES : Pampelune est le fief du Roi de Navarre qui résiste aux royaumes de Castille et d’Aragon qui le prennent en étau. La domination militaire sur Pampelune s’étirera
ÉVOLUTIONS URBAINES ET INTÉRÊTS : Un vaste programme de réappropriation des fortifications a été mis en oeuvre: «Murallas de Pamplona» (www.murallasdepamplona.com). Les espaces on été rendus accessibles aux habitants, conçus comme des espaces publics, ils permettent de prendre de la distance par rapport à la ville dense mais surtout de regarder l’horizon et les collines du piémont pyrénéen. Cette nouvelle promenade de 5 km. de long est séquencée, les espaces sont reliés entre eux et deviennent tantôt des mails urbains, des jardins, des esplanades occupées par les terrasses des cafés. L’accessibilité, maître mot du projet passe par la piétonnisation, la création d’ascenseurs pour rattraper les dénivelés, des passerelles pour les franchissements. La Citadelle est devenue un centre d’exposition et un jardin public. Un centre d’interprétation a pris place dans l’un des bastions. Gymnases, terrains de sports, centre de conférences se sont par ailleurs implantés dans l’enceinte fortifiée.
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Bayonne, monographie
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Bayonne en 1749 . Source: BNF . côte GEBB-565(A9,77)
Source: Google maps
SITUATION : Province du Labourd A la confluence de la Nive et de l’Adour là où les vallées se rétrécissent. Sur la route côtière vers l’Espagne à 7 km. de l’Atlantique.
FONCTIONS MILITAIRES : Lorsque Bayonne passe des Anglais aux Français en 1451, sa vocation commerciale est réduite au profit de sa fonction militaire. Bayonne est le maillon principal du plan de Vauban épaulée par Navarrenx, Saint-Jean-Pied-de-Port, Socoa, et Hendaye. La ville est contrainte dans ses murailles. Enceinte déclassée début XXe .
TYPOLOGIE : Enceinte antique, médiévale et Renaissance. Ceinture de remparts bastionnée et Citadelle. Périmètre des remparts : 3 km. DATES D’ÉDIFICATION ET REMANIEMENTS : Au IVe siècle, l’enceinte romaine s’établit sur les terres hautes. Au Moyen-Age, la ville investit les terres basses et se protège de murailles. Les Anglais construisent le Château-Vieux puis les Français le Château-Neuf. Les systèmes bastionnés et les boulevards font leur apparition à la Renaissance. En 1680, Vauban renforce Bayonne et en fait une place forte principale. Il renforce ainsi les ouvrages bastionnés Renaissance et fait édifier par l’ingénieur Ferry la Citadelle ainsi que l’arsenal et le retranchement de Sainte-Claire.
ÉVOLUTIONS URBAINES ET INTÉRÊTS : Suite au déclassement de l’enceinte, des projets programment la destruction des remparts. Conservés, ils se retrouvent aujourd’hui immergés dans le tissu urbain. La Citadelle et le Château-Vieux sont toujours occupés par les militaires. Les anciennes casernes ont été réaffectées : Campus Universitaire de la Nive, Conseil Général, parking dans le bastion Sainte-Claire. Les glacis de la tour de Sault ont été transformés en Stade de Rugby. L’enceinte est classée et ou inscrite depuis 1931.
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Pampelune Bayonne
ÉQUIPEMENTS SPORTIFS OU DE LOISIRS
Motif des villes de Bayonne et de Pampelune mettant en relief la nécessité d’un projet sur les remparts de Bayonne
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Au-delà des frontières, Bayonne dans son territoire / Effets de frontières
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Pampelune
Pampelune : la station de bus de Pampelune enterrée sous les glacis pour en redessiner la forme et mettre en scène la ville.
Bayonne : rue du Rempart de Lachepaillet et la façade de la ville haute.
Bayonne : le parking du Champ de Foire occupe les glacis devant la façade urbaine néo-basque.
Bayonne
Pampelune : promenade du Redin, ancien chemin de ronde. Les alignements anciens ont été conservés.
Pampelune : mur de pelote au flanc d’un bastion auquel on accède par une passerelle enjambant un large boulevard urbain.
Pampelune : extension des archives de Navarre et leur jardin public sur le chemin de ronde des fortifications.
Bayonne : club de Tennis de l’Aviron Bayonnais dans les fossés de la Double-Corne de Saint-Léon.
Bayonne : réhabilitation des Casernes de la Nive en Campus Universitaire, implantation de la bibliothèque dans un des talus.
Pampelune / Bayonne ou un nécessaire projet pour Bayonne Le programme de coopération transfrontalière POCTEFA espoir et objectifs politiques
Un motif subjectif de chaque ville par rapport à des critères de mise en valeur du patrimoine des remparts, des fonctions données aux espaces et leur usages ou appropriation permet la comparaison. La ville de Pampelune ayant déjà lancé un projet sur les fortifications depuis une dizaine d’années, son motif apparaît assez régulier. A Bayonne, le motif évoque la nécessité d’un projet. La conservation des ouvrages est aussi remarquable que ceux de Pampelune avec pour particularité une sédimentation des époques très forte.
Avec ce projet Pampelune et Bayonne s’inscrivent dans le volet 2 du programme : Valoriser les territoires, le patrimoine naturel et culturel dans une logique durable – Protéger et gérer les ressources environnementales – Thématique: Tourisme durable. Le programme prévoit un budget réparti sur trois ans. Si Bayonne a engagé 117 000 euros ces dix dernières années, le programme pourrait apporter 5 000 000 euros à répartir entre les deux villes pour les années 2012, 2013 et 2014.
Outre le fait d’avoir en commun les ferias, Pampelune et Bayonne qui sont jumelées depuis 1960 possèdent toutes deux un réseau d’espaces fortifiés. Si l’échelle de fortifications de Pampelune (plus tardives) est supérieure à celle des remparts de Bayonne, on retrouve de par leur architecture des situations comparables. Dans les deux cas la ville haute depuis laquelle on pouvait observer le paysage et les horizons est restée dense et compacte et les remparts deviennent par contraste des espaces de respiration remarquables, exploités différemment dans les deux cas. Récemment un dossier européen dans le cadre du Programme Opérationnel de Coopération Territoriale Espagne - France - Andore (POCTEFA 2007-2013) associait les deux villes pour demander des fonds européens en vue de restaurer le patrimoine fortifié. «Ce programme doit favoriser la perception par les citoyens de la zone transfrontalière comme un espace unique et ainsi diminuer l’effet frontière.»
Pour Pampelune, ce projet permettra de poursuivre sa politique de restauration et de réappropriation déjà très engagée comme le démontrent les images. Outre les opérations de restauration, principale raison du lancement du programme, Bayonne envisage «la mise en place de cheminements et de structures de type promenoirs belvédères avec ascenseurs, permettant une découverte patrimoniale et touristique du site, cohérente avec la programmation annuelle Ville d’Art et d’Histoire » ainsi qu’un « circuit continu qui constituera un parcours de randonnée urbaine et dessinera les contours d’un véritable centre d’interprétation de l’architecture militaire, ouvert à des actions de médiation auprès du jeune public et des habitants et donnant lieu à des publications. En période estivale notamment, ce parcours pourra, à la manière d’un musée, être régulièrement animé.» Le projet est encore en cours d’examination et dans l’attente d’une éventuelle approbation.
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Au-delà des frontières, Bayonne dans son territoire / Effets de frontières 80
Bergues, les fossés inondés envahis par la végétation. Source de la carte des Flandres : www.septentrion-nwe.org
Parc XIXe s. à Saint-Omer, ville d’Art et d’Histoire.
Sentier pédagogique sur les traces des fortifications disparues à Watten.
Parc de la Citadelle à Lille.
Réinterprétation du chemin de ronde à Gravelines.
A Ieper, passerelle au ras de l’eau et passage par les casemates.
Passage entre le parc des fortifications et la ville, à Ieper.
Passerelle au-dessus des fossés et entrée piétonne dans la ville. Ieper
Le palais de justice d’Avesne sur Helpes construit par PL. Falocci sur un bastion dominant le paysage.
Voyage d’Étude dans le Septentrion, à la recherche de références
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Les places fortes du Nord de la France, de la Belgique et de la Hollande forment un important réseau transfrontalier bien plus convoité que les places proches de la frontière franco-espagnole plus apaisée et protégée naturellement par la chaîne des Pyrénées. Ce réseau imaginé par Vauban (son pré carré) fut ainsi espagnol, belge, français, anglais... En 2003, le projet européen Septentrion (Intereg) impulsé par le CAUE du Nord réunissait 19 villes appartenant à ce territoire commun transfrontalier autour de leur patrimoine milliaire fortifié. La reconstitution de ce réseau permet l’échange de connaissances, la mise en place d’une dynamique pour trouver la place de ce patrimoine dans la ville d’aujourd’hui.
Certaines des villes proposaient des projets de redécouverte, pour d’autres, il s’agissait plus simplement de renouer avec ce patrimoine grâce à des inventaires. Le but final étant l’élaboration d’un dossier UNESCO. Ce voyage d’étude fut motivé par un esprit d’ouverture sur le sujet mais aussi dans le but de découvrir une région méconnue ayant parfois quelques similitudes avec Bayonne. Peu de villes ont abouti des projets, certains sites sont restés à l’état de friche «historique» conférant aux lieux un cachet romantique. Certaines villes ont réussi à transformer leurs fortifications en lieux de promenades très fréquentés. La clé de la réappropriation semble être la modestie des interventions face à tant d’histoire.
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Vue de la ville haute depuis les glacis derrière la demi-lune de Lachepaillet. On aperçoit la tour romaine semi-circulaire du Bourrau prise dans les façade colorées, le mur bas au second plan date du XIXe s.
III - BAYONNE DANS SES FRONTIÈRES
1- Chronologie d’une frontière urbaine 2 - Morphologies actuelles
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Avant de parcourir la ville, nous devons raconter, en quelques lignes brèves et succinctes, l’histoire de ses fortifications, de ses enceintes et de ses châteaux, qui l’ont préservée de si longues années des griffes de fer des envahisseurs, et qui l’entourent encore aujourd’hui d’un étroit corset de pierre. Cette longue ligne de murailles grises, surmontée des gazons toujours verdoyants des talus et couronnée de beaux arbres, forme de charmantes promenades qui sont, nous devons le dire, bien peu fréquentées. Extrait de Bayonne Historique et Pittoresque écrit par E. Ducéré et illustré par F. Corrèges
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1 - CHRONOLOGIE D’UNE FRONTIÈRE URBAINE
Portion de route venant de Tarnos et aboutissant à Bayonne 1775 . Atlas de Trudaine pour la généralité d’Auch - vol. I . XVIIIe siècle. Source: ARCHIM . côte F/14/*8455
Avant de commencer Chaque époque est porteuse de nouvelles techniques d’artillerie et stratégies d’attaque ayant une influence sur la forme de l’enceinte. Toutes les époques ont laissé des traces encore visibles aujourd’hui dans le paysage urbain de Bayonne. Cette sédimentation des époques qui se sont fondues et confondues au fil du temps dans la ville civile fait aujourd’hui la richesse de l’ensemble. Tant que perdure la vocation militaire, la ville reste prisonnière des ses fortifications, ce sont des frontières urbaines au sens propre du terme. Elles sont la limite au-delà de laquelle le champ de vision doit être laissé libre. De cette contrainte naîtra une trame urbaine particulière, coagulée et condensée qui fait aujourd’hui le charme de la vieille ville et participe au ressenti des remparts comme une respiration. Cette partie s’attache à décrire les principaux changements au cours des époques et à mettre en avant les relations entre la ville et son enceinte. Les inventaires photographiques des ouvrages encore visibles permettent de mettre en avant leurs qualités spatiales comme objets architecturaux dans la ville actuelle.
IVe -XIe s. La frontière romaine : prémices d’une ville VIIe -XIVe s. La frontière anglaise : la ville investit les terres basses XVe - XVIe s. La frontière française ou le début de la sédimentation urbaine 1599 - 1677. La frontière Renaissance, laboratoire de la fortification bastionnée 1680 - 1750. La frontière du Grand Règne ou l’œuvre de Vauban 1750 - 1907. La frontière avant le déclassement : la ville implose Depuis le déclassement, la ville entoure les remparts Histoire récente, fonctionnalisme et morcellement
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Bayonne dans ses frontières / Chronologie d’une frontière urbaine
IVe -XIe s. La frontière romaine : prémices d’une ville On peut encore aujourd’hui faire, en quelques minutes, le tour de la première enceinte construite par les romains et qui, entourée de ses quarante tours, devait donner à Bayonne l’apparence formidable d’un nid d’aigles dominant le cours des deux rivières.
Le camp militaire romain, Castrum, prend la forme d’un pentagone irrégulier. Les épais murs de calcaire haut d’une dizaine de mètres sont ponctués de 25 tours semi-circulaires qui, placées sur la terrasse alluviale la plus haute de la maigre avancée de terre, dominent les barthes de l’Adour et de la Nive.
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Dessin du boulevard du Rempart de Lachepaillet , Tours de Laran et Vieille-Boucherie en 1893 par F. Corrèges et aujourd’hui. Le boulevard était autrefois planté de hauts arbres. Source: Bayonne Historique et pittoresque, E. Ducéré et F. Corrèges
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Carte des fortifications romaines sur le cadastre actuel d’après P. Dangles et N. Faucherre, 1995 Lits de la Nive et de l’Adour Terres basses et fossés soumis aux inondations des marées et aux crues
L’enceinte et ses 25 tours Axes de l’enceinte (Decumanum et Cardo) Routes présumées
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INVENTAIRE DES TOURS PRÉSERVÉES 1 et 2 - Tour du Nard et tours du Château-Vieux 3 et 4 - Tour du Laran et Vieille-Boucherie rue Lachepaillet 5 et 6 - Tour des Deux-Sœurs et du Bourreau rue Tour de Sault 7 - Tour de la Plachotte et un pan de mur rue des Augustins 8 - Porte méridionale rue d’Espagne: un vestige de porte cintrée
Bayonne dans ses frontières / Chronologie d’une frontière urbaine 90
Dans cette enceinte romaine de 6 hectares, il ne s’agit sans doute pas encore d’une véritable implantation urbaine avec une population civile qui cohabiterait avec les militaires. On devine la présence du Decumanum et du Cardo, d’orthogonalité très relative, dans la trame urbaine actuelle. Aujourd’hui le font Ouest reste très lisible car c’est la limite de la ville haute. Rue du Rempart de Lachepaillet, les tours romaines qui ont subsisté sont incluses dans la façade urbaine colorée. Côté Est, on peut emprunter les rues Tour de Sault et les étroites rues des Augustins, de la Salie ou Orbe. L’entrée de la rue d’Espagne était sans doute déjà l’une des portes de l’enceinte romaine. Les constructions romaines sont fondées sur des blocs de pierre scellés avec de l’argile puis les murs sont montés avec des petits blocs de calcaire de Bidache (photo 1) liés par un ciment très solide. Cette pierre blanche à grains fins est un calcaire à filons de silice, ce qui lui donne sa rigidité et son nom : «la tigne». Par la suite, c’est la pierre ocre de Mousserolles (photo 2), une pierre tendre, qui sera utilisée pour la construction jusqu’au XVIIe s. Le calcaire de Bidache sera ensuite réutilisé pour les travaux d’endiguement de l’Adour et toutes les fortifications de Bayonne à partir du XVIIe et jusqu’au XIXe s.
LÉGENDE DE LA CARTE GÉOLOGIQUE CI-CONTRE Prolongement méridional des Landes en une vaste plaine côtière alluviale large de 2 km. formée de plages, de terrains plats et marécageux et de bosses. Dépôts littoraux sableux, sables marins et systèmes dunaires du littoral ou dunes stabilisées. Aire Quaternaire par apports et remaniements océaniques. Terres basses des barthes formant un plancher alluvial marécageux utile lors des crues. Alluvions récentes gros cailloutis et limons. Aire Quaternaire - Holocène durant la transgression marine. Les hautes terrasses de la Nive, des terrasses alluviales basses de 10 à 15 m. Galets de gros et moyens calibres qui sont à l’origine du ralentissement de l’érosion et donc la création du promontoire de Bayonne. Aire Quaternaire durant la deuxième période glaciaire dite de Mindel. Terrasses alluviales de 40 à 50 m. formant les ondulations molles des collines occidentales de la Chalosse à l’Ouest de la vallée de l’Adour. Sédiments détritiques siliceux: cailloutis, graviers, sables, grès calcaires (pierre de Mousserolles) et molassiques. Aire Tertiaire : Miocène Supérieur et Éocène Supérieur lors du comblement des vallées anciennes avant un nouvel alluvionnement. Ravins profonds et sinueux de l’amorce du piémont pyrénéen. Flyshs calcéro-gréseux et calcaires shisto-marneux avec des lits de silice ( pierre de Bidache). Aire Secondaire : Cénomanien et Campanien.
Sources : BRGM . Carte géologique de la France coupure . n° 226 Bayonne au 1/50 000 Service Public du BRGM et DRIRE Aquitaine, Recherche de Pierres pour la rénovation des Monuments Historiques, 1994
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1-Blocs de pierre de Bidache avec ses filons de silex noirs sur la Tour de la Plachotte. Ils sont issus des carrières de Bidache dans des faciès de flyshs (en vert sur la carte) un peu plus haut sur la rive gauche de l’Adour et acheminés par bateau jusqu’à Bayonne. 2-Pierre de Mousserolles sur l’une des tours du Château-Vieux. Issues de faciès très localisés datant de 37 millions d’années, uniquement à Bayonne dans des affleurements de grès calcaires Éocène (orange sur la carte) 3-Carte géologique simplifiée montrant les principaux lieux d’extraction de pierres proche de Bayonne. (Légende page de gauche) 11
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Carrières de Bidache Carrières de Mousserolles dans le quartier du même nom et à Saint-Pierre d’Irube, Hillans Voies d’acheminement des pierres
Le site romain et le site actuel
Bayonne dans ses frontières / Chronologie d’une frontière urbaine
Inventaire photographique des ouvrages
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Boulevard du rempart de Lachepaillet : façade Ouest de la ville au niveau de la tour de Laran qui rompt l’alignement, créant ainsi un petit événement. (n°3 sur le plan p.89)
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Boulevard du rempart de Lachepaillet : faรงade Sud de la ville haute au niveau de la tour de Vieille-Boucherie. (4 sur le plan p. 89)
Bayonne dans ses frontières / Chronologie d’une frontière urbaine 94
VIIe -XIVe s. La frontière anglaise : la ville investit les terres basses Le Moyen-Age marque la période d’investissement des terres basses. En superposant le cadastre actuel on remarque que les limites de la ville sont presque établies dès le Moyen-Age, les étapes successives de la fortification ne feront que reprendre et améliorer les ouvrages pour mieux confiner la ville à l’intérieur de ses murs et ce jusqu’au XXe s. Deux périodes médiévales se distinguent à Bayonne: la période anglaise qui laisse un héritage encore visible puis la reprise de la ville par les Français qui poursuivent les fortifications. Les noms des rues du Port Neuf et rue Port de Castet attestent de l’activité marchande des bords de la Nive. Activité qui est sans doute à l’origine de l’urbanisation progressive des terres basses de la rive gauche dans un premier temps puis, peu à peu, l’implantation des quartiers du Bourgneuf et Pannecau sur la rive droite. Cette urbanisation en arcade et sur pilotis au milieu des terres marécageuses crée des rues-canaux ce qui explique sans doute le fait que la forme urbaine soit assez régulière pour l’époque. Les quais sont absents et les bateaux accostent sur les grèves vaseuses de la Nive. C’est cette urbanisation progressive qui entraîne l’extension de l’enceinte en 1294, suite à l’annexion de la ville par les Français. Bien que se plaçant de manière stratégique au plus proche des reliefs, c’est aussi une anticipation de l’expansion de la ville qui comprend encore de nombreux vides. La superficie de la ville intra-muros passe ainsi de 15 à 30 hectares.
LÉGENDE DE LA CARTE CI-CONTRE OUVRAGES DISPARUS OU DÉTRUITS 1 1- Tour du Piémont et Saint-Esprit qui protégeaient la confluence et l’entrée basse de la ville à l’aide d’une chaîne. 2 - Tour du Nard qui protégeait l’angle Nord-Ouest. 8 - Tour carrée des Menons qui protégeait l’entrée urbaine par la Nive grâce à une chaîne avec la Tour de Sault, elle conservée. 9 - Tour des Clarisses absorbée dans le bastion Saint-Jacques en 1530 12 - Tour de Mousserolles Les couvents associés à leurs faubourgs 13 - Couvent des Dominicains 14 - Couvent des Cordeliers 15 - Couvent des Augustins 16 - Couvent des Carmes Les ports intérieurs fonctionnent avec les marées. 18 - Port du Verger aujourd’hui rue du 49e régiment 19 - Port Neuf aujourd’hui rue Thiers 20 - Port de Castets aujourd’hui rue Port de Castets 21 - Port du Suseye aujourd’hui rue Guilhaumin INVENTAIRE DES OUVRAGES PRÉSERVÉS OU REPRIS 1 3 - Château-Vieux et sa poterne (le donjon de Floripes à l’intérieur a disparu) 4 - Porte de Tarride ou de Lachepaillet transformée plus tard en boulevard et sa fausse-braie qui préfigure la demi-lune Renaissance. 5 - Bastion Vieille-Boucherie repris au XIVe s. 6 - Porte d’Espagne aujourd’hui dite de Saint-Léon reprise à la Renaissance. 7 - Tour de Sault 10 - Tour Carrée aujourd’hui intégrée au Château-Neuf 11 - Le portail du Morocon qui est en fait une double tour polygonale avec un passage médian qui jouait le rôle de porte d’entrée orientale de la ville, aujourd’hui intégrée au ChâteauNeuf. 17 - La cathédrale Sainte-Marie de Bayonne de style roman à l’époque, reconstruite selon le style gothique suite à deux incendies en 1258 et 1310. Les flèches qui le surmontent datent du XIXe s.
Saint-Esprit
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Carte des fortifications médiévales anglaises d’après P. Dangles et N. Faucherre, 1995
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Enceinte romaine
Urbanisation probable autour de la Nive mais aussi sur la rive droite de l’Adour
Enceinte anglaise
Faubourgs autour de leurs couvents
Routes présumées
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Bayonne dans ses frontières / Chronologie d’une frontière urbaine 96
Inventaire photographique Outre l’expansion intra-muros sur les terres basses, les faubourgs se développent généralement autour de couvents. Le faubourg de Lachepaillet ou de Tarrides autour d’un moulin et du couvent des Carmes. Le faubourg de Mousserolles et ses chais, autour du couvent des Clarisses dont l’emplacement n’a jamais été révélé. Enfin, le faubourg Saint-Léon, quartier des tanneries, sans doute le plus urbain de tous autour du couvent des Augustins. Vignes, jardins et vergers de pommes à cidre et de noyers entourent ces faubourgs. Intra-muros, le Bourgneuf se développe autour du couvent des Dominicains ou Pêcheurs. La rive droite de l’Adour, quartier Saint-Esprit, est très tôt investie et reliée à Bayonne par un pont de bois construit en 1125, ce qui permet à Bayonne d’avoir un pied en terres landaises car le faubourg est rattaché au diocèse de Dax et ne sera rattaché à la ville de Bayonne qu’en 1856. Du point de vue des fortifications, la période anglaise sera marquée par la construction du Château-Vieux en 1460 qui s’appuie sur les tours romaines sur-épaissies au coin Nord-Ouest de l’enceinte. Ce carré défensif de 35 m. de côté est l’endroit le plus propice à la surveillance de la campagne et de l’Adour. Du côté du Bourgneuf, la tour du Morocon est perchée sur une colline d’une quinzaine de mètres. Les entrées en ville par la Nive sont contrôlées au Nord et au Sud grâce à des tours jumelles reliées entre elles par de lourdes chaînes de part et d’autre de la rivière. La Tour de Sault est encore en place.
La tour anglaise de la porte de Lachepaillet avec au premier plan le boulevard du même nom. (4 sur le plan p. 95)
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Le portail du Morocon de forme polygonale typiquement anglaise sur sa colline et l’église Saint-André en contre-bas devant les bâtiments de l’hôpital militaire qui datent du XIXe s. et sont aujourd’hui occupés par un lycée technique. (11 sur le plan p. 95)
Bayonne dans ses frontières / Chronologie d’une frontière urbaine 98
Le Château-Vieux construit sur les tours de l’enceinte romaine dont on voit apparaître les pierres ocres. (3 sur le plan p.95)
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La Tour CarrĂŠe du Sault qui portait les chaĂŽnes de la Nive. (7 sur le plan p. 95)
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Plan restitué de Bayonne sous domination anglaise en 1350, dessin datant du XIXe s. La représentation semble assez fidèle, on y voit les ports rentrants dans la ville, les faubourgs, les couvents, les tours qui gardent les entrées de la Nive. Bayonne ressemble à une île au milieu des terres basses. Source: Médiathèque Bayonne . côte C1293
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Bayonne dans ses frontières / Chronologie d’une frontière urbaine 102
XVe - XVIe s. La frontière française ou le début de la sédimentation urbaine Suite à la reprise de la ville par Charles VII en 1451, le pendant du Château-Vieux est construit dans les nouveaux quartiers des terres basses : le Château-Neuf et son boulevard qui s’appuient sur la tour anglaise du Morocon. Le château et ses tours imposantes étaient plus destinés à la surveillance des Bayonnais encore fidèles au duc d’Aquitaine qu’à la pure défense des dehors. Ainsi, alors qu’à la période anglaise le mur fait l’identité de la ville, c’est elle qui provoque la nécessité d’une protection de part son extension et son commerce actif. On passe à une tout autre vision des choses sous Charles VII. Les murs se mettent à surveiller la ville elle-même. C’est le début de la sédimentation urbaine caractéristique de Bayonne : la ville enfermée dans ses limites, ne pouvant s’étendre au-delà, va peu à peu occuper tout l’espace disponible, se reconstruire sur elle-même et se densifier. La construction du château entraînera la destruction de nombreuses maisons en 1463 pour dégager une zone de surveillance intra-muros. Les faubourgs et les couvents sont peu à peu rasés et interdits de construction par peur qu’ils servent de refuges aux assiégeants. Seul le faubourg de Mousserolles, plus ancien et moins exposé, perdurera dans le temps. Aussi, l’arrivée au XVIe s. des canons à boulets de fer entraîne un doublement systématique de toutes les courtines avec une couche de terre de 20 à 25 mètres car les fortifications sont devenues obsolètes. Tous les murs sont rhabillés et renforcés par endroits de caponnières. Jean de Cologne, expert en fortifications dirige les travaux. Le retranchement de Lautrec, ouvrage en terre, est destiné à protéger la ville pendant leur durée.
LÉGENDE DE LA CARTE CI-CONTRE OUVRAGES DISPARUS OU DÉTRUITS 1 1 - Bastion du Nard un bastion à orillons qui prend le relais de la tour médiévale du Nard et protège l’Adour 2 - Fausse-braie qui sur-protège le mur médiéval à une quinzaine de mètres d’intervalle 7 - Le pied de mulet démoli en 1688 12 - Les retranchements de Lautrec à l’emplacement des faubourgs détruits de Saint-Léon et Tarride ouvrages en terre palissée destinés à protéger le front exposé à l’Espagne Les ports sont peu à peu réduits et les couvents sont relogés intramuros INVENTAIRE DES OUVRAGES PRÉSERVÉS OU REPRIS 1 3 - Poterne de Tarride 4 - Bastion Vieille-Boucherie ce tambour triangulaire protège la porte des champs 5 - Porte de Saint-Léon reprise à la Renaissance puis au XVIIIe s. 6 - Bastion du Sault qui renforce la Tour de Sault 8 - Bastion Saint-Jacques repris par Vauban en 1680 9 - Le Château-Neuf et ses tours à canons reliées entre elles par des courtines simples. Le Château sera repris par Vauban 10 - Le boulevard Notre-Dame auquel on accède par une rampe. 11 - Bastion de Mousserolles aujourd’hui occupé par une association
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Carte des fortifications médiévales françaises d’après P. Dangles et N. Faucherre, 1995 Enceinte romaine
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Dessin de Bayonne en 1570 dont l’original est à Turin. On y observe le Château-Vieux avec son Donjon et son homologue Neuf dans le quartier du Bourgneuf. Le pont de bois de SaintEsprit est protégé par la porte de France. Le premier bastion à oreillons du Nard est pointé vers l’Atlantique. La ville haute semble construite très densément sauf dans le secteur du Nard nouvellement étendu. En revanche le Bourgneuf s’urbanise peu à peu ou bien a été dé-densifié lors de la construction du Château-Neuf. La confluence et la zone d’extension des rivières prend une grande importance dans la représentation reflétant sans doute la place prise par les marais assez peu maîtrisés à cette époque. Source: Médiathèque de Bayonne . côte C1313
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La sédimentation urbaine : Rue des Augustins, le mur romain sert de fondation à une maison XVIIIe s. Dans le fond la tour romaine de Plachotte qui est aujourd’hui une maison. Source: Bayonne Historique et pittoresque, E. Ducéré et F. Corrèges
Cette mise à jour de tout le système fortifié scelle le destin de Bayonne comme place forte. On passe d’un système médiéval à un système pré-bastionné avec des boulevards tous construits sous le règne de François Ier suite à une attaque espagnole en 1523 ainsi sur le tout premier bastion de la ville dans le secteur du Nard en aval du Château-Vieux. L’urbanisme développe les constructions en hauteur et
mitoyennes et fait respecter coûte que coûte l’alignement des façades important dans les rues étroites. L’activité portuaire va peu à peu décliner à partir de ce moment-là, le royaume de France restreignant les échanges commerciaux avec l’Espagne ennemie et l’embouchure de l’Adour ayant été repoussée jusqu’à Vieux-Boucau (carte p. 43).
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Bayonne dans ses frontières / Chronologie d’une frontière urbaine
Inventaire photographique des ouvrages
Page de gauche en haut à droite : La poterne de Tarride au débouché de la rue des Prébennes et de l’Abesque dans le Grand Bayonne. Ici vue depuis les talus de la demi-lune construite plus tardivement. (n°3 sur le plan p. 103) Page de gauche en haut à gauche : Bastion des Vieille-Boucherie vu des fossés. Les f lèches de la Cathédrale, véritable point de repère, émergent du front bâti de la vieille ville. On aperçoit la tour romaine avec son crépis ocre. (n°4 sur le plan p.103) Page de gauche en bas à droite : Boulevard de Mousserolles et ses casemates depuis le haut du boulevard Notre-Dame. La rive droite de l’Adour et ses immeubles émergent derrière les branches. La silhouette des grands ensembles Breuer domine la vallée.(n°11 sur le plan p. 103) Page de gauche bas en haut à gauche : Le large boulevard Notre-Dame vu depuis les fossés à marée haute. (n°10 sur le plan p.103) Ci-contre : l’intérieur du Château-Neuf 107
Le Château-Neuf vu depuis la rue Paul Bert avec ses imposantes tours à canons aux rares ouvertures. Les bâtiments sont aujourd’hui occupés par l’Université de la Nive et les bureaux du Musée Basque et de l’Histoire de Bayonne. (9 sur le plan p. 103)
Bayonne dans ses frontières / Chronologie d’une frontière urbaine
1599 - 1677. La frontière Renaissance, laboratoire de la fortification bastionnée En 1599, la municipalité de Bayonne engage des travaux de restructuration qui n’aboutissent pas faute de moyens. Seul le bastion de Lachepaillet, dessiné par l’ingénieur du roi Errard de Bar-leDuc, sera commencé et laissé inachevé. Le projet de cet ingénieur auteur d’un traité de fortifications prévoyait la construction de bastions qui venaient remplacer tous les boulevards de la fin du MoyenAge.
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Copie du Plan de Bayonne et des bastions projetés de Bar-le-Duc par N. Tassin . 1635 Source: Médiathèque de Bayonne . côte C9
Vers 1610, deux demi-lunes sont ajoutées à la Queue du Loup et devant la porte de Mousserolles. Une double-corne protège l’entrée par l’Adour et le Château-Vieux. Mais les ouvrages les plus pérennes sont sans doute la double-corne de Saint-Léon et le bastion du réduit réalisés part l’ingénieur Desjardins (directeur des fortifications de Bayonne et de SaintJean-Pied-de-Port) en 1643 qui seront tous deux conservés par Vauban.
En 1674 et 1678 les fossés du Bourgneuf, jusqu’alors vastes terres marécageuses soumises aux marées, sont repris et re-creusés. Le projet de l’ingénieur Deshoulières imagine un reprofilage des fossés pour mieux défendre la ville grâce à la technique de l’inondation qui permet d’éloigner le front de bataille de l’enceinte de la ville. Côté Adour, un captage d’eau est établi pour laisse remonter l’eau entre le mur médiéval et la nouvelle demi-lune. Des traces sont encore visibles aujourd’hui avec la variation des marées. Côté Nive un système de barrage est imaginé au niveau des tours de Sault et des Menons. Les déblais sont réutilisés pour établir les terrassements du bastion Royal. En janvier 1677, une crue détruit la tour médiévale des Menons ainsi que toute la partie aval de la courtine Sainte-Claire qui lui était attenante. La ville perd toutes ses munitions qui y étaient entreposées et est exposée directement au front espagnol alors que la guerre avec l’Espagne a repris. Cette période marque aussi le comblement des ports intérieurs asséchés par une amplitude des marées devenue plus importante suite à l’ouverture du port. LÉGENDE DE LA CARTE CI-CONTRE OUVRAGES DISPARUS OU DÉTRUITS 1 - La double-corne de la mer
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INVENTAIRE DES OUVRAGES PRÉSERVÉS OU REPRIS 2 2 - La demi-lune de Lachepaillet qui était en fait destinée à être un bastion jamais achevée. 3 - La double-corne de Saint-Léon 4 - La demi-lune de la Queue du Loup non maçonnée. 5 - La demi-lune de Mousserolles qui se transforme plus tard en contre-garde de Mousserolles reprise par Vauban. 6 - Bastion du réduit
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Carte des fortifications au début de la Renaissance d’après P. Dangles et N. Faucherre, 1995 Enceinte romaine Enceinte anglaise Enceinte française
Enceinte Renaissance
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Inventaire photographique des ouvrages
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Corne Ouest de la double-corne de Saint-Léon vue depuis les glacis, la terrasse abrite un parking. (3 sur le plan p. 109)
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Corne Est de la double-corne de Saint-Léon, les fossés sont occupés par les tennis de l’Aviron Bayonnais. (3 sur le plan p. 109)
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1680 - 1750. La frontière du Grand Règne ou l’œuvre de Vauban Deshoulières avait, avant de quitter Bayonne, entamé la construction d’un bastion monumental : le bastion Royal à l’emplacement des murs emmenés par la crue. Ce bastion évidé de l’intérieur possède un angle pointé vers la Nive pour résister à la puissance des crues. Suite à la réclamation du Gouverneur Gramont au Roi, Vauban reçoit l’ordre de visiter Bayonne au début de l’année 1680. Il fait état avec l’inspecteur général des fortifications de Guyenne. Son travail dans la ceinture même des remparts porte surtout sur le re-profilage de tous les dehors ; il crée les demi-lunes et contre-gardes devant les courtines les plus exposées et retrace tous les chemins couverts au pied des glacis sauf sur les terrains marécageux entre le bastion Royal et Saint-Jacques. Dans la ville haute, il préconise la destruction du donjon de Florpiès à l’intérieur du Château-Vieux. La corne de Saint-Léon était re-terrassée et munie d’une demi-lune de protection en avant. Les restes du retranchement de Lautrec datant du XVe s. devaient être aplanis et Vauban ajoutait «on ne saurait souffrir ici de maisons sur pieds, ni de clos de maçonnerie, ni de fossés, à cinquante toises de la palissade, pour quelque raison que ce puisse être.» (Citation extraite de L’Histoire Bayonne, Pierre Hormat, 1986) Ainsi, Vauban renforçait les mesures contre le développement des faubourgs et le reprofilage des glacis finissait de détruire les faubourgs de Tarride et de Saint-Léon. Les glacis ainsi redessinés étaient à certains endroits soulignés par des alignements (notamment sur les demi-lunes) plantés pour l’approvisionnement en bois.
Extrait d’un plan de Bayonne montrant le projet de Vauban pour le quartier du Saint-Esprit au XVIIIe s. Source: BNF. côte GED-2753
LÉGENDE DE LA CARTE CI-CONTRE OUVRAGES DISPARUS OU DÉTRUITS 2 2 - Contre-garde du Nard 3 - Demi-lune du Nard 4 - Contre-garde du Château-Vieux 12 - La porte de France au débouché du Pont Saint-Esprit faisant le pendant de la Porte d’Espagne détruite en 1907 INVENTAIRE DES OUVRAGES PRÉSERVÉS OU REPRIS 1 1 - La Citadelle 5 - Le boulevard du Château-Vieux 6 - Demi-lune de Lachepaillet 7 - Demi-lune Saint-léon 8 - Bastion Royal qui est un bastion creux et sa poudrière 9 - Bastion Saint-Jacques et sa poudrière 10 - Demi-Lune de Mousserolles 11 - Contre-garde de Mousserolles avec ses portes et corps de garde 13 - Le bastion Sainte-Claire à l’intérieur de la ville 14 - Les allées Marines et Boufflers 15 - Les allées Paulmy
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Carte des fortifications améliorées par Vauban en 1680 d’après P. Dangles et N. Faucherre Enceinte romaine
Enceinte Renaissance
Urbanisation probable
Enceinte anglaise
Enceinte Vauban
Routes présumées
Enceinte française
Embellissements
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Première vue du Port de Bayonne prise à mi-côté sur le glacis de la Citadelle par Joseph Vernet en 1760. Musée de la Marine . Huile sur toile . 165 x 263 cm
Il créera la Citadelle, clé de voûte ex-nihilo de son projet. La colline de Castellenau jusque-là restée vierge de construction constitue un promontoire avantageux qui permet d’observer là tout le front Pyrénéen, la conf luence et l’estuaire de l’Adour. Sa silhouette vient habiter le paysage de la confluence. Stratégiquement, elle permet l’arrivée des secours venus du Nord, elle oblige l’assiégeant à prendre la ville puis le faubourg. Il prévoit aussi de circonscrire le quartier Saint-Esprit de remparts simples pour la dissuasion. (Cf. extrait de plan ci-contre) Côté Bourgneuf, outre l’achèvement du bastion Royal, les bastions de Saint-Jacques et NotreDame sont consolidés ainsi que la contre-garde de Mousserolles.
La porte de France qui marque l’entrée de la ville depuis le pont Saint-Esprit est reprise et ornée, action inscrite dans la mouvance des embellissements. Le retranchement de Sainte-Claire, décidé par Vauban en 1685, vient occuper la dernière emprise libre intra-muros et expulse par la même occasion les religieuses. Le retranchement s’isole d’un mur et d’un fossé. Cette caserne de 1600 hommes sera réaffectée comme arsenal et compte deux poudrières et des magasins. Ces constructions prenaient la places des jardins du couvent des Cordeliers.
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La vue a peu ou pas changé depuis la Citadelle, seule les f lèches pointues de la Cathédrale dépassent le sommet de la Rhune dont la masse se dessine au travers des nuages.
La porte de France. Source : Musée Basque et de l’Histoire de Bayonne via webmuseo.com
Le paysage urbain marqué par la Citadelle, ici vue depuis le pont Pannecau.
Bayonne dans ses frontières / Chronologie d’une frontière urbaine 116
Vue de Bayonne depuis la rive gauche de la Nive vers 1830 . auteur inconnu La campagne arrive jusqu’aux pieds des remparts qui abritent la ville et sa Cathédrale qui n’est pas encore ornementée de ses flèches. Au loin la Citadelle clos la perspective de la Nive. Les terres basses sont organisées selon la trame de canaux de drainage typiques du paysage des barthes qui servent, comme le montre l’image, à constituer du fourrage et ce encore aujourd’hui. L’alignement visible au bord de la Nive en rive gauche correspond sans doute à l’allée Maïté Barnetche, ancien chemin de halage qui est aujourd’hui encore praticable et constitue une promenade agréable. Source: Musée Basque et de l’Histoire de Bayonne Ci-contre en haut : maison de bois témoin de l’époque dans le quartier de Lachepaillet, photo personnelle.
Le fleuve est large et beaucoup de maisons donnant sur les quais, la vue que l’on a du port est belle. La promenade est charmante, elle a plusieurs rangées d’arbres dont les têtes se rejoignent et forment une ombre délicieuse en ce chaud climat. Arthur Young 1789 Source : Histoire de Bayonne, Pierre Hourmat
Si les faubourgs avaient déjà été rasés, la révision de Vauban interdit définitivement toute construction sur les glacis. Seules quelques habitations agricoles sont autorisées, elles doivent être en bois pour être brûlées facilement en cas d’attaque. Par conséquent, la ville intra-muros continue de se densifier en particulier dans les secteurs du Nard, et peu d’espaces publics de représentation, à part le parvis de la Cathédrale, sont réellement planifiés. En somme tout se passe dans les rues. Le milieu du XVIIIe s. marque une reprise de l’activité portuaire qui s’accompagne par le traitement de grandes allées d’ormes et promenades plantées qui facilitent l’accès à l’Adour. Ce sont les premières transgressions de la contrainte militaire, fruit des négociations entre la ville et l’armée. Les allées Boufflers et Marines longent l’Adour à partir de 1730 et les allées Paulmy remontent le front Ouest de la ville en 1773 sans empiéter sur les remparts. Ces allées qui s’inscrivent dans la mouvance des embellissements du XVIIIe s. ne se perchent pourtant pas sur les remparts comme c’est le cas dans les autres villes. Cette caractéristique bayonnaise est sans doute à l’origine de la conservation des remparts et elle annonce aussi le vis-à-vis actuel entre les deux façades de la ville (ancienne et XXe s.).
Les allées Marines et la Citadelle foisonnantes d’activités par L. Garneray . 1842 Source: Bibliothèque municipale de Toulouse . côte A-GARNERAY
Plan des quais et plantations vers 1830. Un double mail sur les allées Marines, un simple mail pour les allées Paulmy. Source: Musée Basque et de l’Histoire de Bayonne
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Plan de la ville de la Citadelle et des châteaux en 1749.
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Les glacis complètement dégagés puis la campagne cultivée et très peu habitée. (1) Seuls les longs chais du faubourg de Mousserolles subsistent. (2) Le système hydraulique des barthes est dessiné avec de nombreux canaux et des bassins à moulins et pêche. (3) On peu discerner les différents types de cultures : des prairies humides de pâture et de fourrage dans les barthes, de grands vergers à pomme sur les faces exposées au Sud et sans doute des jardins ou vignes représentés par des carrés. Intra-muros, de nombreux jardins sont encore présents, jouxtant les couvents. (4) Le système d’inondation des fossés semble être représenté avec précision, car les fossés du Grand Bayonne ne sont pas entièrement immergés. (5) Le barrage régulant l’entrée de l’eau au niveau du bastion Royal est représenté avec un bassin en avant et sans doute un système de vases communiquants. (6) Le petit ouvrage régulant l’entrée l’eau de l’Adour du côté de Mousserolles apparaît. (7) Source: BNF. côte GEBB565(A9,77)
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Inventaire photographique des ouvrages
120 La demi-lune de Lachepaillet. (6 sur le plan p. 113)
Le boulevard du Château-Vieux. (5 sur le plan p 113.)
Corps de garde de la contre-garde de Mousserolles occupé par le club Léo Lagrange. (11 sur le plan p. 113)
Vue de la contre-garde de Mousserolles depuis le boulevard Notre-Dame. (11 sur le plan p. 113)
121 Le mur pare-boulets rentrant à l’intérieur du bastion Royal et la poudrière. (8 sur le plan p.113)
La pointe Sud du bastion Royal et ses fossés. (8 sur le plan p. 113)
La face Est du bastion Saint-Jacques. (9 sur le plan p. 113)
Masse boisée de la demi-lune de Mousserolles, talus Sud. (10 sur le plan p. 113)
Bayonne dans ses frontières / Chronologie d’une frontière urbaine 122
1750 - 1907. La frontière avant le déclassement : la ville implose La reprise des guerres avec l’Espagne engendre une reprise assez radicale des fortifications jusqu’alors un peu oubliées après le passage de Vauban et les relatives années de paix. Les extensions nouvelles sont adaptées aux nouveaux canons. En 1833, l’hôpital militaire est construit le long des allées Bouff lers sur la façade de l’Adour. La recomposition totale du secteur du Nard en 1835, qui descend désormais jusqu’à l’Adour, coupe les allées Marines en deux. Par ailleurs, tous les murs sont rhabillés en 1835 avec du calcaire de Bidache car ils présentaient des brèches et étaient envahis par la végétation. Ce sont ces pierres de parement que l’on voit encore aujourd’hui. Ces remaniements marquent un accroissement des contraintes sur l’urbanisme. Dans un acte de 1811, il était stipulé que toutes les constructions de bâtiments étaient interdites ainsi que les rénovations de bâtiments anciens qui devaient être soumises au ministère de la guerre. Ces décrets établissaient trois rayons de prohibitions : 250 m. dans lequel seules les clôtures étaient autorisées, 500 m. dans lequel on tolérait les maisons de bois et en terre et enfin 1 km. qui devait être le mois perturbé possible. Ces contraintes et les dix années de la Révolution provoquent un abandon des rues, des promenades et des bâtiments. En 1837, la ville dénonçait «les habitudes d’envahissement et de conquête de l’Administration de la Guerre» qui avait réquisitionné la boucherie municipale et le Théâtre des Douanes. En 1842, face au déficit d’équipements monumentaux, la Mairie, le Théâtre et l’Hôtel des Douanes sont construits dans un seul édifice sur l’emplacement de l’ancienne salle de spectacle. La synagogue du quartier Saint-Esprit est inaugurée en 1837 et un petit temple est édifié dans le secteur
des casemates du Nard. Les nouvelles halles sont construites en 1860. L’arrivée du train à Bayonne en 1852 vient renforcer l’importance du quartier de tête de pont: le terminus de la ligne Bordeaux-Bayonne s’implantait logiquement près du port et de ses industries dans le quartier du Saint-Esprit. La voie de contournement est construite par la suite pour relier l’Espagne. Elle vient ceinturer Saint-Esprit avant de s’élancer au-dessus de l’Adour. L’église Saint-André, de style néo-gothique est édifiée vers 1860 et Boeswillald, un disciple de Violletle-Duc érige vers 1870 les f lèches de la Cathédrale de Sainte-Marie qui marquent aujourd’hui si fortement le paysage urbain de Bayonne s’élevant à 80 m. Les ponts sont peu à peu construits en maçonnerie pour faciliter la circulation. Ces actions s’inscrivent dans une politique de rationalisation de la ville intra-muros menée par la municipalité.
LÉGENDE DE LA CARTE CI-CONTRE OUVRAGES DISPARUS OU DÉTRUITS 2 1 - L’ensemble du Nard: bastion courtine de la mer et casemates 7 - Casernes de la Nive qui sont élargies (partiellement détruites) INVENTAIRE DES OUVRAGES PRÉSERVÉS OU REPRIS 1 0 - La nouvelle place d’Armes aujourd’hui place Charles de Gaulle 2 - Contre-garde du Château-Vieux (2) abrite aujourd’hui le jardin botanique 3 - Prolongement de la courtine de la demi-lune de Lachepaillet par la création d’une fausse-braie maçonnée 4 - Nouvelle Porte d’Espagne et son corps de garde 5 - Porte de Saint-Léon ancienne porte d’Espagne 6 - Bastion du Sault en 1829 8 - Ancien Hôpital militaire aujourd’hui, Lycée Paul Bert 9 - Hôtel de Ville, Théâtre et Douanes
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Carte des fortifications pendant l’Empire d’après P. Dangles et N. Faucherre, 1995 Enceinte romaine
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Enceinte XIX s.
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Enceinte Vauban
Urbanisation probable
Enceinte française
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Voie ferrée
Bayonne dans ses frontières / Chronologie d’une frontière urbaine 124
L’imposante Mairie de Bayonne de style néo-classique entourée d’un péristyle à 52 colonnes. Le pont Mayou encore en bois ne sera reconstruit en pierre qu’en 1857. On devine au fond les profils de la Citadelle. A cette époque, le port est situé comme l’indiquent les bateaux le long des allées Marines dont on aperçoit les houppiers. Dessin de B. Hennebutte imprimé par Lemercier en 1850 Source : Bibliothèque de Toulouse . côte A-HENNEBUTTE (2-1)
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Bayonne 26 juillet 1843 «Je suis venu à Bayonne étant tout petit, ayant sept ou huit ans, vers 1811 ou 1812, à l’époque des grandes guerres. Mon père faisait en Espagne son métier de soldat de l’Empereur (…). Ma mère, allant le rejoindre, s’était arrêtée à Bayonne pour attendre un convoi (…). La maison que nous habitions était riante, je me rappelle ma fenêtre où pendait de belles grappes de maïs mur. (…) Notre maison était adossée aux remparts. C’est là, sur les talus de gazon vert, parmi mes canons retournés, la lumière sur l’herbe et les mortiers renversés la gueule contre terre que nous allions jouer dès le matin. (…) Nous avions au-dessus de nos têtes un ciel éclatant et un beau soleil qui pénétrait de lumière les tilleuls et changeait les feuilles vertes en feuilles d’or. Un vent tiède passait à travers les fenêtres de la vieille porte et nous caressait le visage.» Victor Hugo (1802-1885) . Alpes et Pyrénées . Carnet de Voyage 1890. Dessin : F. Corrèges . XIXe s.
Bayonne dans ses frontières / Chronologie d’une frontière urbaine 126
Le tramway du B.A.B passe sur les allées Paulmy constituées d’un double mail d’ormeaux. Source : cartes-postales.delcampe.fr
Les allées Paulmy aujourd’hui dégradées suite à la disparition des ormes et la replantation très partielle des arbres remplacés le long des contre-allées par des palmiers (Trachicarpus fortunei) et par des conifères sur les terre-pleins. Ici le milieu et le bas de allées.
Pourtant, en 1866, la densité intra-muros atteint 400 habitants à l’hectare dans le Grand Bayonne et 600 dans le Petit Bayonne alors que les villes fortifiées de l’époque présentent généralement 250 habitants par hectares. Sous le Second Empire, un nouveau quartier SaintEsprit pouvant accueillir 8000 habitants voit le jour à l’intérieur de la boucle du chemin de fer. C’est la première opération d’urbanisme planifiée qui vise à décongestionner la ville. Elle se caractérise par son plan en damier encore visible aujourd’hui.
Dès 1870, les municipalités n’ont plus qu’un objectif : obtenir le déclassement de Bayonne et avant tout de la zone comprise ente le Château-Vieux et l’Adour. Après de nombreuses demandes et démarches, la loi du 26 juin 1907 consacre le déclassement général de la place.
Par ailleurs, la population investit aussi les allées Marines mais de manière spontanée, avec des constructions en bois. « les jardins et les baraques étaient nombreux sur les ouvrages et les terrains militaires. (...) A la porte Saint-Léon une boutique de quincaillerie en forme de grande armoire (...) dans le passage une pâtissière et un savetier (...) devant la porte de Mousserolles des tables ambulantes accueillaient des marchands d’eau de vie, de fruits, de pâtisseries, un cordonnier... (...) Jardins et arbres fruitiers occupaient une partie de la contre-garde de Mousserolles : un parterre cultivé avec quelques figuiers. (...) Un jardin avec des arbres fruitiers avait été aménagé dans la gorge du boulevard de NotreDame. » En 1877, le premier B.A.B (Bayonne-Anglet-Biarritz) est inauguré. Ce tramway à vapeur reliait les trois villes en un quart d’heure et consacrait la naissance de l’agglomération de la Côte basque. En 1888, était ouvert le B.L.B (Bayonne-Lycée-Biarritz) ligne de train au tracé sinueux. A Bayonne, la gare était située au bord de l’Adour, derrière la Mairie et les voies empruntaient les allées Paulmy et les allées Marines. Les tramways cesseront de relier Bayonne, Anglet et Biarritz en 1948.
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La naissance du BAB : Bayonne et son agglomération desservies par le tramway ici en 1914. La ligne passait par les allées Paulmy et les allées Bouff lers jusqu’à son terminus derrière la Mairie-Théâtre. Source : Southern France Including Corsica, handbook for Travellers par by Karl Baedeker . Université du Texas
Bayonne dans ses frontières / Chronologie d’une frontière urbaine
Inventaire photographique des ouvrages
128 Corps de garde attenant à la Porte d’Espagne. (11 sur le plan p. 123)
Prolongement de la courtine de la demi-lune de Lachepaillet devant le bastion Vieille-Boucherie. (11 sur le plan p. 123)
L’intérieur de la Porte de Saint-Léon. (11 sur le plan p. 123)
Le bastion du Sault qui domine la Nive et observe les collines basques. (11 sur le plan p. 123)
129 Porte d’Espagne, côté ville. (11 sur le plan p. 123)
Façade Ouest de la Porte de Saint-Léon vue depuis les talus de la double-corne. (11 sur le plan p. 123)
Les casernes du retranchement de Sainte-Claire aujourd’hui, seuls quelques bâtiments ont été conservés et ont tous trouvé de nouveaux usages : campus universitaire et bureaux du Conseil Général. (Photomontage)
Bayonne dans ses frontières / Chronologie d’une frontière urbaine 130
Du déclassement militaire jusqu’au classement historique, la ville entoure les remparts Le déclassement de 1907 marque clairement un tournant dans l’urbanisme de Bayonne. Juste avant le déclassement en 1897, une première brèche était ouverte derrière la place d’armes et des jardins publics étaient créés le long des allées Marines dans la continuité de l’Hôtel de Ville-Théâtre. En 1908, le réduit, bastion marquant la confluence fut détruit et transformé en place publique. En janvier, le journal Le Figaro s’insurgeait contre cet «urbanisme chirurgical» qui mutilait Bayonne. Suite à cette affaire, un rapport de Joseph Garat excluait désormais toute destruction des remparts au profit de percées. Leur destruction complète aurait aussi été bien trop coûteuse. La nécessité d’établir un plan d’ensemble était grande et cette tâche fut confiée à Joseph Bouvard, directeur administratif des services d’Architecture, des Promenades et Plantations de la Ville de Paris. Dans la lignée d’Alphand, celui-ci préconisait le comblement des fossés qui n’était pas du goût de tous. En juillet 1909, un contre-projet , le plan Martin (figure ci-contre) était publié dans Le Courrier de Bayonne, préconisant une limitation de l’urbanisation à proximité des remparts. Pourtant le plan Bouvard était approuvé en 1910 bien que ses recommandations ne soient pas suivies : la grande percée vers la Cathédrale est abandonnée (Cf. p. 134) et celle prévue porte d’Espagne est remplacée par une allée qui vient scinder l’ouvrage de la double-corne en deux. (Cf. p. 146). La porte de France est détruite en 1909 et le reste des fortifications entre l’Adour et le Château-Vieux est démantelé en 1912, laissant libre une grande emprise bientôt urbanisée : la place des Basques et ses immeubles vers 1950.
Contre-plan de Martin Roland en 1909 suite au plan Bouvard de 1908. Source : Musée Basque et de l’Histoire de Bayonne
En 1914, le début de la guerre suspend les négociations urbanistiques. Le monument aux morts viendra s’adosser à la contre-garde du ChâteauNeuf. LÉGENDE DE LA CARTE CI-CONTRE GRANDES MODIFICATIONS URBANISTIQUES DE BAYONNE ET DE LA MORPHOLOGIES DES REMPARTS 2 1 - Les jardins publics 3 - Le quartier du Nouveau Bayonne vers 1930, aujourd’hui des arènes et anciennement Tarride ou Lachepaillet 4 - Persée de la double-corne pour accéder en véhicule dans le centre ville. avenue de Pampelune 5 - Création du complexe Sportif Jean Dauger (vélodrome, parc des sports puis transformation en stade de Rugby de l’Aviron Bayonnais) 6 - Implantation du club de Tennis de l’Aviron Bayonnais dans les fossés de la double-corne de Saint-Léon en 1925 8 - Destruction d’une partie de l’arsenal de Sainte-Claire GRANDES MODIFICATIONS APRÈS LE CLASSEMENT AUX MONUMENTS HISTORIQUES EN 1931 2 - La place des Basques vers 1950 à l’emplacement des fortifications XIXe s. détruites début XXe s. 7 - Remblai partiel des fossés de la Queue du Loup et rabotage de la demi-lune attenante lors de la création du Stade Belascain 9 - Remblais des fossés du bastion Saint-Jacques dûs à la construction de la rocade dans les années 60 10 - La rocade : route départementale 810
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Carte des fortifications après le déclassement de la place forte en 1907 d’après P. Dangles et N. Faucherre Enceinte romaine
Enceinte Renaissance
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Urbanisation existante actuelle
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Embellissements
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Bayonne dans ses frontières / Chronologie d’une frontière urbaine 132
Vue aérienne de Bayonne en 1932 puis 1951 . La ville apparaît encore assez peu développée en dehors de ses murs. On voit très nettement la façade XIXe s. avec l’Hôtel de Ville, Théâtre et Hôtel des Douanes qui datent de 1843. Ressortant en blanc, les derniers immeubles construits à cette époque, rue Jules Labat : la Poste, le garage NivAdour, et l’immeuble Jordan sur la future place des Basques qui ressemble encore à un terrain vague après les démolitions des extensions fortifiées du Nard. Sur le front de l’Adour, les fortifications ont fait place à un jardin public. Le monument aux morts de la guerre 14-18 est construit sur le flanc du rempart subsistant. Sources : Musée Basque et de l’Histoire de Bayonne . côte. E 4099 et Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur
Projet d’aménagement de Pontremoli pour la place des Basques, après la démolition du rempart encore visible sur le plan de gauche, 1921 Source : Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur, Rapport de présentation, p.57
133 Les jardins publics : Jardin Cassin à gauche et Jardin Bonnat à droite
Aparté sur Léon Bonnat: Léon Bonnat est né à Bayonne en 1833. Peintre, portraitiste, il étudie à Paris et voyage en Espagne, en Italie et au MoyenOrient. Il deviendra le professeur de Caillebotte, Dufy ou encore Toulouse-Lautrec. En 1889, la ville lui dédie un musée qui est aujourd’hui en cours de rénovation pour plusieurs années afin de devenir le « Musée Bonnat-Helleu, musée des Beaux-Arts de Bayonne ».
Ci-contre : Léon BONNAT (1833 - 1922) . La petite sœur de l’artiste (détail) . Musée Bonnat de Bayonne Source : www.musee-bonnat.com
Bayonne dans ses frontières / Chronologie d’une frontière urbaine 134
Projet d’aménagement d’extensions et d’embellissements de Martinet pour les remparts de Lachepaillet et de Saint-Léon dans le Grand Bayonne. 1925 . Source : Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur, Rapport de présentation, p.58
En 1925, suite à la mise en place de la loi Cornudet de 1919 pour l’établissement des «Plans d’aménagement, d’extension et d’embellissement», Martinet propose un nouveau plan très proche du plan Bouvard jamais réalisé à l’exception d’un immeuble sur la place des Basques qui reste inachevée jusqu’en 1948, date à laquelle elle fait l’objet d’un nouveau projet. (Cf. page ci-contre). L’architecte Remondet construira en 1953 la place des Basques telle que l’on peut la voir aujourd’hui: commerces, bureaux, cité administrative et 250 logements. C’est aussi en 1925 que les premiers terrains de tennis de l’Aviron Bayonnais seront implantés au creux des fossés de la double-corne de Saint-Léon, en tout 6 terrains au début, 12 aujourd’hui. Vers 1930, le mode d’urbanisation de la ville est alors tout à fait original, car elle prend beaucoup de distance par rapport aux remparts et se positionne le long des axes des allées Paulmy. Pour cela, les zones encore marécageuses de Tarride sont drainées. Ainsi se constitue le second visage de la ville: le lotissement du Nouveau Bayonne, une façade de maisons bourgeoises de style néo-basque. C’est le début de la constitution de l’agglomération Bayonnaise en étroite relation avec les villes de Biarritz et Anglet. Les faubourgs de Saint-Léon ainsi que celui de Mousserolles suivront dans un style pavillonnaire balnéaire plus modeste que les maisons néo-basques. La ville renoue ainsi avec la période médiévale anglaise qui possédait des faubourgs développés. Cette période coïncide aussi avec le début du déclin du centre ville de Bayonne peu à peu déserté par la population.
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Bayonne en 1941. Le quartier du Nouveau Bayonne se constitue peu à peu le long des allées Paulmy. Source : herrero-michel.eu
En 1931, les remparts et les glacis du Grand Bayonne sont classés alors que les remparts du Petit Bayonne sont inscrits. Sur la place des Basques : le seul immeuble néo-régionaliste réalisé d’après le plan Martinet. Photo personnelle.
Bayonne dans ses frontières / Chronologie d’une frontière urbaine
Inventaire photographique de la ville qui se constitue et des remparts à l’abandon
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Derrière les remparts, la façade Ouest du Grand Bayonne d’où émergent les f lèches de la Cathédrale.
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Évolution de la population de la ville intra-muros en chute libre depuis le XXe s. Source : Rapport de présentation du PSMV de Bayonne . p. 36
Le centre ville et ses rues étroite rendues aux piétons. La place et les façades à pans de bois, premier exemple de rénovation urbaine dans le centre ancien de Bayonne.
Bayonne dans ses frontières / Chronologie d’une frontière urbaine 138
Les lotissement du XXe s. se construisent le long des allées Paulmy selon les styles à la mode : néo-basque, éclectisme, régionalisme ou Art déco.
Vue des allées Paulmy depuis l’esplanade du monument aux morts. Les maisons bourgeoises ont laissé place à des immeubles collectifs néo-régionalistes. En arrière, les arbres des jardins publics et la colline de la Citadelle. A droite : les immeubles de la place des Basques.
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Les nouveaux propriétaires en quête de lumière et d’espace entourent leurs maisons de jardins qui contribuent à l’unité des ces nouveaux quartiers de villégiature.
Bayonne dans ses frontières / Chronologie d’une frontière urbaine
La Nive et le bastion du Sault avec la porte de Saint-Léon en arrière-plan. La demi-lune en terre de la Queue du Loup est nettement présente. Elle disparaît dans la photo actuelle : le stade Belascain a induit un reprofilage intégral. On distingue à gauche le club de l’Aviron Bayonnais.
140
La porte d’Espagne et le boulevard de Lachepaillet planté à l’arrière-plan. A droite, parmi les rares espaces où l’on peut encore prendre du recul par rapport aux fortifications et à la ville. Photos anciennes de 1920. Sources des plaques de verre photographiques de cette double-page: Collections du Musée basque et de l’Histoire de Bayonne.
Les remparts et fossés du Château-Neuf vers 1920 sans doute au niveau du bastion Saint-Jacques dont l’angle est au premier plan. A droite les fossés aujourd’hui qui ont très largement été remblayés lors de la construction de la rocade dans les années 60.
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Fossés et porte de Mousserolles avec la roselière qui s’étend plus haut boulevard Notre-Dame. A droite, à marée haute, l’eau de l’Adour pénètre encore dans les fossés mais le milieu s’est appauvri par ailleurs, elle est contrainte et ne remonte plus aussi haut.
Bayonne dans ses frontières / Chronologie d’une frontière urbaine
Les fossés de Mousserolles inondés . Petit Bayonne . 1920
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La porte de Saint-Léon et sa passerelle, un boisement s’est développé sur la double-corne à gauche . 1920
Les fossés de Lachepaillet . Grand Bayonne . 1920 143
Le bastion des Vieilles-Boucheries et la promenade de la haute ville plantée. Grand Bayonne . 1920 Source des toutes le photos : Collections du Musée basque et de l’Histoire de Bayonne.
Bayonne dans ses frontières / Chronologie d’une frontière urbaine 144
Quelques usages dans les remparts qui selon les écrits restent assez peu fréquentés. Pâturage vers 1907, promenade sur les glacis, balayeurs dans les remparts de Lachepaillet, famille sur les bords de la Nive à côté du bastion Royal. Sources : exposition «Entre ville et nature, Bayonne verte et bleue» au Muséum d’histoire naturelle de la Plain d’Ansot.
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Les casernes de la Nive avant leur dĂŠmolition partielle et leur rĂŠhabilitation en campus universitaire de la Nive. Source : PSMV Mairie de Bayonne
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Le chemin de ronde au niveau de la ville-haute du Grand Bayonne n’est pas encore minéralisé et ressemble à un jardin (1). 1 La photo révèle encore tous les nivellements des glacis avec leurs chemins couverts aujourd’hui effacés (2). 2 L’avenue de Pampelune traverse la double-corne de Saint-Léon (3). 3 Le retranchement de Ste Claire est une vaste friche (4). 4 Les nouveaux quartiers des Arènes 5 Le secteur de Mousserolles et la colline (anciennement Tarrides ou Lachepaillet) et de St Léon se développent au-delà des allées (5). de Saint-Pierre d’Irube est encore assez agricole (6). 6 En revanche, les tennis et le vélodrome préfigurent le quartier des sports et des équipements (7) 7 .
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La place de Basques, à côté des jardins publics est désormais construite (1). 1 La rocade et le dernier pont sur la Nive n’ont pas encore 2 Le tissu urbain du Nouveau Bayonne est constitué été construits bien que le chantier a l’air de commencer du côté du Bourgneuf (2). surtout au niveau du front des allées Paulmy (3). Le stade vélodrome est devenu le terrain de jeu du club de rugby de l’Aviron 3 Bayonnais (4). 5 4 La zone des barthes sur la rive gauche reste vierge de toutes constructions (5).
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Toutes les voies de contournement sont établies : RD 810 arrivant du Nord par l’avant-dernier pont de l’Adour, le pont SaintFrédéric (1). 1 Le dernier étant le pont le plus à l’Ouest sur la photo : le pont Grenet (2). 2 Les casernes de la Nive sont en phase de chantier (3).Les terres basses des barthes sont désormais occupées par de nouveaux équipements, Palais des sports et 3 collège (5) 4 et une passerelle s’élance depuis la rive gauche vers le dernier espace naturel à proximité de la ville : la plaine d’Ansot, espace protégé par une Znieff et espace de promenade prisé de la population (5). 5 Le méandre de la Nive, souligné 6 s’apprête à accueillir un nouveau complexe sportif (7). par l’allée Maïté Barnetche (6) 7
Histoire récente, fonctionnalisme et morcellement
Suite au classement, les remparts, qui étaient jusque-là laissés à l’abandon vont se révéler comme des espaces laissés vides. Le tissu urbain est déjà bien en place autour du centre ville et il évolue relativement assez peu jusqu’à aujourd’hui. La ceinture des remparts restée vide devient peu à peu le support de nouveaux équipements. Dans les années soixante, la construction de la rocade viendra sérieusement entraver la lisibilité des remparts avec notamment des opérations de remblai. Plus récemment, la nécessité de rénovation du centre ancien qui passait sans aucun doute par une politique de piétionnisation a fait f leurir de nombreux parkings logés dans les triangles laissés libres entre les dessertes et les ouvrages. Un plan de sauvegarde et de mise en valeur était établi dès 1975, bien que basé sur le secteur des remparts, sa dernière actualisation évoque peu de propositions les concernant. (Cf. p.260 ) Dans le quartier de Saint-Léon, l’extension des tennis et la création des stades ont aussi un impact non négligeable. Enfin, le seul projet porté directement par le potentiel des remparts, ici plutôt architectural que purement spatial, fut la reconversion des casernes de la Nive en 2000 pour accueillir le Campus Universitaire de Bayonne ainsi que le Conseil Général. (Cf. p. 268). Cette opération est le premier pas vers une réconciliation de la ville avec ses remparts.
Source des photos aériennes: Géoportail
L’héritage ancien et récent dessinent globalement quatre grands ensembles spatiaux qui correspondent d’ailleurs aux appellations historiques des quartiers. Du côté du Grand Bayonne, les remparts de Lachepaillet ou de Tarrides marqués par les embellissements (allées Paulmy) puis les projets d’urbanisme du début du XXe s. (Jardins publics et place des Basques). Cet ensemble comprend aussi les quais de l’Adour (allées Marines). Au Sud, les remparts de Saint-Léon, lieu emblématique de la menace espagnole sont aujourd’hui marqués par de grands équipements. Du côté du Petit Bayonne, bien que l’unité soit plus grande, on peut distinguer les remparts du Bourgneuf et ceux Mousserolles, tous deux au caractère plus spontané que du côté du Grand Bayonne. L’ensemble du Bourgneuf assez dégradé et laissé à l’abandon d’un côté ; nouveau pôle d’équipements publics de l’autre (Université) mais surtout marqué par la rocade. L’ensemble de Mousserolles est quant à lui rattaché à l’Adour et au faubourg du même nom à l’Est. Le dernier ensemble est le front de l’Adour du Petit Bayonne dont peu de vestiges subsistent si ce n’est le bastion du réduit. Toutes les transformations récentes et leur impact font l’objet de la partie suivante qui observe quelles fonctions ont été assignées aux formes des remparts espace par espace.
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ANALYSE INVENTIVE
2 - MORPHOLOGIES ACTUELLES Avant de commencer Il convient maintenant de représenter des fragments de cette ceinture pour réconcilier les ouvrages les uns avec les autres. Cela permet de regarder comment ces objets d’architecture singuliers interagissent entre eux, mais c’est surtout l’occasion de regarder quelle vision nous est permise de ces éléments à travers les espaces dans lesquels ils sont inscrits aujourd’hui. Dans ce qui ressemble à un désordre chronique, des éléments de critique parfois encore anecdotiques émergent. Globalement, si les fortifications étaient conçues pour perturber l’ennemi dans sa compréhension de l’espace, les éléments contemporains venus se superposer à elles contribuent à rendre la tâche encore plus ardue. 152
Travelling sur les remparts : quatre grands ensembles Méthode d’analyse et typologie abrégée de la frontière appliquée aux remparts Les remparts du Lachepaillet Les lignes, un dialogue entre façades perturbé La marche, des espaces cloisonnés Les points, des non-repères Les traces, vers un effacement des profils
Les remparts de Saint-Léon
Les lignes, ni boulevard ni rocade : distanciation des limites La marche, encombrement et mitage Les points, potentiels de connexion non exploités
Les remparts du Bourgneuf - Pannecau Les lignes, le poids des infrastructures La marche, oubli et mise à l’écart Les traces, un marécage occulté Les points, dans l’intimité des remparts
Les remparts du Morocon et de Mousserolles / La façade de l’Adour Les lignes, un adressage des façades inégal La marche, une calme monotonie Les traces, l’Atlantique dans les remparts Les points, portes et points de vue méconnus
La nuit des remparts
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Bayonne dans ses frontières / Morphologies actuelles 154
Travelling sur les remparts : Quatre grands ensembles
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LES REMPARTS DU MOROCON ET DE MOUSSEROLLES / LA FAÇADE DE L’ADOUR LES REMPARTS DU BOURGNEUF - PANNECAU
ENSEMBLE DE SAINTE-CLAIRE
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Méthode d’analyse et typologie abrégée de la frontière appliquée aux remparts Il y a toujours un haut, un bas et un plat qui se déclinent sous différentes formes. Ce trio courtine - fossé glacis est une sorte de langage et sa force réside bien dans une systémique et non un systématisme. Ce principe s’adapte en effet au site, les formes variant sur une base commune. En revanche, lorsque l’on y superpose les fonctions, on se rend compte d’un systématisme appliqué à ces espaces fortifiés qui ont souvent les caractéristiques d’une périphérie alors qu’ils sont au coeur de la ville. Ni ville bâtie, ni campagne ; ni architecture ni paysage ; ni vernaculaire ni monumental ; en pleine ville mais non constructibles... Des espaces peu commodes car, sans leur fonction originelle, celle pour laquelle il ont été conçus, ils ne rentrent dans aucune catégorie pré-définie. Suite à l’abandon des grands projets du début du XXe siècle, ils ont subi un certain manque, ci ce n’est d’imagination, du moins de rigueur, et en ont perdu leur lisibilité et parfois leur force originelle. Ces petits fragments de remparts décortiquent l’ensemble de la ceinture selon quatre grandes séquences qui correspondent non seulement aux grands faubourgs historiques de la ville mais aussi à quatre typologies spatiales distinctes en terme d’occupation du sol. Si la singularité architecturale et la valeur patrimoniale des ouvrages pris un par un est une réalité ; dresser le tableau des ensembles spatiaux nous amène à qualifier les effets produits par cette architecture, ainsi que ceux produits par les fonctions qui leur sont appliquées. Les quatre grands ensembles spatiaux font tour à tour l’objet d’une analyse inventive selon leur morphologie puis selon la typologie de la frontière appliquée aux remparts ce qui permet de confronter les formes de cette architecture directement avec celles liées aux fonctions tenues actuellement par les espaces pour enfin aboutir à des problématiques synthétiques (p. 207).
Formes
Matérialisations
La ligne
Les façades urbaines : limites de la ville, début des remparts Autres limites physiques : murs et courtines, barrières Le chemin de ronde Les allées et embellissements Les routes, les boulevards et les rocades
Les traces et les mémoires
Les demi-lunes en terre Les profils et nivellements qui disparaissent Zones marécageuses du Bourgneuf 157 Les choses que l’histoire nous enseigne mais qui ont disparu
La marche frontière
L’ensemble des remparts Les vides et les pleins Les dehors : fossés et glacis L’entre-deux villes, ce qui est défini par ses limites linéaires Les différents espaces internes aux remparts
L’ensemble de points
Bastions et boulevards, tours, portes, passages, poternes, châteaux et poudrières
Bayonne dans ses frontières / Morphologies actuelles
Les remparts du Lachepaillet
158
Les remparts du Lachepaillet constituent la partie Ouest de l’enceinte, entre le Grand Bayonne et le quartier des Arènes (ou Nouveau Bayonne). Cet ensemble au caractère très linéaire, du moins en plan, est fortement structuré par deux axes hérités de l’histoire de la place forte. La limite de la vieille ville est soulignée à l’Est par le boulevard du Rempart de Lachepaillet. A l’Est, ce sont les allées Paulmy, vestiges des embellissements qui relient les terrains bas de l’Adour aux hauteurs de Saint-Léon. A cette structure s’accrochent quatre sous-ensembles d’ouvrages : Le Nard au Nord, le Château-Vieux, le Lachepaillet et la Vieille Boucherie au Sud. Aujourd’hui cet ensemble est morcelé du fait des fonctions qui lui sont attribuées et son caractère linéaire en pente vers l’Adour se perd.
1- Le Nard
L’ensemble du Nard dont ne reste aucun des vestiges est aujourd’hui composé de l’avenue du Maréchal Leclerc (anciennes allées Marines) qui longe le Quai Pedros au niveau de l’Adour. Au Sud, les glacis des remparts sont d’une certaine manière prolongés par le vide de la place des Basques, délimitée par les ensembles de 1950. La jonction entre la place et l’Adour est structurée par les jardins publics du début XXe s. Le jardin Bonnat d’inspiration française et le jardin Cassin d’inspiration anglaise. Bien que les fortifications aient laissé place à des espaces ouverts pour l’instant assez mal articulés, ces vides constituent de potentielles accroches aux remparts mais aussi à l’Adour dont les quais sont à l’heure actuelle occupés par des parkings. Aussi, les connexions des voies urbaines entourant les jardins sont d’une complexité inutile. Une vraie continuité est à inventer pour garantir une cohérence à l’enceinte de Bayonne sur ces anciennes terres basses.
2 - Le château-Vieux
Toujours occupé par l’Armée de Terre, le ChâteauVieux joue un rôle de point de repère dans la ville. Sa confrontation avec les bâtiments XXes. sur l’avenue du 11 Novembre est intéressante du fait de leurs hauteurs comparables et un projet de la Mairie est prévu pour requalifier les abords du Château. Le boulevard qui protégeait le Château-Vieux est aujourd’hui transpercé par la route qui rejoint la partie basse de la ville. La contre-garde qui accueille le jardin botanique est comme un îlot et un long couloir ainsi est créé dans les fossés. Sur son mur Sud, le monument aux morts sacralise une vaste esplanade de gravillons. Les glacis sont encore peu accentués à cet endroit, et pourraient constituer une transition douce avec la ville et l’Adour, transition encore peu lisible du fait de la disparité des espaces et de la largeur des voies de circulation. Cette partie des remparts est peut-être la plus utilisée et la plus fréquentée car elle relie facilement le centre aux allées et à leur nombreux parkings par la poterne de Lachepaillet qui passe de la ville intra-muros aux fossés. Le potentiel monumental et symbolique du Château-Vieux est sous-exploité.
3 - Le Lachepaillet
Lorsque la ville s’arrête au niveau de la tour du Lachepaillet, on trouve en enfilade, le boulevard du même nom, la demi-lune sur laquelle on peut encore lire les niveaux et l’entrée du parking souterrain Paulmy II dans l’angle dessiné par l’avancée de la demi-lune. La pelouse qui recouvre la dalle du parking est très peu visible depuis les alentours. Au plus proche de la ville, entre le boulevard de Lachepaillet et la contre-garde, l’étroitesse des fossés crée de sombres couloirs. En revanche les fossés en avant de la contre garde sont plus amples mais peu accueillants.
Les espaces sculptés de manière triangulaire par l’avancée de la demi-lune sont occupés par des parkings. Le triangle Nord abrite le parking souterrain Paulmy II ainsi que le parking qui longe les allées Paulmy ; le triangle Sud, le parking du Champ de Foire qui s’étale à perte de vue. Les talus des glacis ont ici été plantés à tort d’alignements qui perturbent non seulement la lisibilité des ouvrages mais aussi celle de la ville.
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Cet ensemble est à la jonction entre les remparts du Lachepaillet et les remparts de Saint-Léon. Il marque l’angle de la vieille ville avec la tour romaine de la Vieille-Boucherie et le bastion du même nom. C’est par cet endroit que l’on peut pénétrer dans les fossés mais aussi passer par la porte d’Espagne pour rejoindre la partie occidentale de la ville. La porte d’Espagne, qui appartient aussi à la doublecorne de Saint-Léon, permet le passage de la navette gratuite du centre vers les parkings. De tous les sous-ensembles, c’est peut-être celui qui a le moins souffert de ses nouvelles fonctions qui ne sont d’ailleurs pas très nombreuses.
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Bayonne dans ses frontières / Morphologies actuelles
1- Le Nard 1
1 - Parking de Gaulle devant la Mairie 2 - Jardin public Bonnat 3 - Jardin public Cassin 4 - Quai Pedros et son parking ainsi que l’avenue plantée du Maréchal Leclerc 5 - La place des Basques et l’Office du Tourisme (parking 150 places) 6 - Mail de la place des Basques faisant office de gare routière
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2 - Le Château-Vieux
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1 - La place des Basques et son mail de platanes 2 - Esplanade du monument aux morts 3 - Avenue du 11 Novembre 4 - Les allées Paulmy 5 - Le jardin botanique dans la contre-garde 6 - Le Château-Vieux 7 - Boulevard des remparts de Lachepaillet
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3 - Le Lachepaillet
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1 - Le jardin botanique 2 - Boulevard des remparts de Lachepaillet et façade de la vieille ville 3 - Terrains de jeux 4 - La demi-lune de Lachepaillet 5 - Parking Paulmy II en souterrain 6 - Bretelle d’entrée dans le parking souterrain 7 - Entrée 8 - Parking du Champ de foire et skate parc
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4 - La Vieille-Boucherie
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Photos aériennes de Bayonne. Source : www.leuropevueduciel.com/
1 - Boulevard des remparts de Lachepaillet 2 - Bastion Vieille Boucherie 3 - Porte de Saint-Léon 4 - Parking Lautrec sur la double-corne de Saint-Léon 5 - Avenue de Pampelune et son mail qui traverse la doublecorne jusqu’au centre ville 6 - Tennis de l’Aviron Bayonnais dans les fossés
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Demi-lune de Lachepaillet et ses fossés
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Courtine St Léon et la Tour romaine de la Vieille Boucherie qui forme l’angle de la ville haute
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Parking souterrain Paulmy II
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Les lignes, un dialogue entre façades perturbé Bayonne dans ses frontières / Morphologies actuelles
Sur les allées, les alignements d’arbres de haute tige sont légitimes car il permettent de souligner le pied des façades et donnent une épaisseur aux limites.
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Les allées Paulmy sont particulièrement dégradées, tant sur le plan des plantations que sur le plan de la circulation, ne jouant plus leur rôle de boulevard. Le projet de TCSP de l’agglomération va dans le sens d’une restauration. (Cf. p. 272 ). En revanche, les plantations dans le creux des fossés ou sur les glacis sont de véritables obstacles au dialogue entre les deux visages de la ville qui se font face. Les promenades de la ville haute, autrefois plantées, sont essentiellement occupées par la voiture et très sectorisées alors qu’elles seraient un lieu idéal de promenade pour les Bayonnais, un lieu de respiration contrastant avec le centre dense.
Une diversité de façades urbaines intéressantes mais qui ne dialoguent pas.
Boulevard du Rempart de Lachepaillet en marchant vers le Sud : Sur cet ancien chemin de ronde : sectorisation des usages piétons et automobiles.
Les quais et anciennes allées Marines sont systématiquement dédiés aux usages automobiles, rompant le lien de la ville à sa rivière.
Le quai Pedros et l’avenue Leclerc devant les Jardins Publics. Au fond le pont Grenet, dernier construit sur l’Adour.
Lecture difficile des façades dûe aux alignements au milieu des glacis et aux plantations dans les fossés.
Le mail de la place des Basques permet de gérer le stationnement et anime les façades des immeubles du XXe s. A droite, l’Office du Tourisme.
Contre-allée des allées Paulmy, stationnement sauvage sur le terreplein et absence de trottoir pour accéder aux nombreux services.
Terre-plein central des allées Paulmy au niveau du parking Paulmy II, plantations dégradées, remplacées partiellement par des conifères.
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Bayonne dans ses frontières / Morphologies actuelles
La marche, des espaces cloisonnés
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Vue des fossés de la contre-garde depuis la dalle du parking Paulmy II. Au fond, la poterne de Tarride qui rejoint la ville intra-muros. Une navette gratuite emprunte ces allées pour rejoindre le centre ville.
Les fossés étroits sont souvent déserts, peu accueillants et trop souvent interdits d’accès par des grilles . En bas à droite des sujets récemment plantés dans les fossés.
L’Office du Tourisme qui rompt le lien potentiel entre la place des Basques et les jardins publics et par conséquent entre les remparts et l’Adour.
Le monument aux morts adossé à la contre-garde du jardin botanique.
Les espaces de la marche, compris entre les allées et le boulevard des Remparts de Lachepaillet, sont très sectorisés. Sur les glacis, la nature des fonctions, surtout les parkings implantés en nappe, annule presque entièrement le caractère massif des murs puisque plus aucun recul n’est possible. On note aussi que lorsque le problème du stationnement est régulé, avec la création de parkings souterrains, les espaces en surface ne sont pas utilisés à leur optimum alors qu’ils pourraient devenir des espaces de représentation urbaine et de rencontre pouvant accueillir des événements. Par ailleurs, les contraintes de sécurité ont provoqué un cloisonnement systématique, les grilles et grillages de toutes sortes donnant aux remparts l’impression de lieux hostiles et dangereux. En haut : deux terrains de sport dans les fossés, de l’autre côté de la voie, l’un des alignements récents empêchant la lisibilité. Les fossés inaccessibles. En bas : les abords du Château-Vieux envahis par les voitures contribuent à l’oubli de la présence des remparts.
La pelouse surplombant le parking souterrain Paulmy II dont on aperçoit l’entrée dans la photo de droite. Les talus sont entourés de platanes.
Le parking du Champ de Foire, 350 places constamment. Au premier plan sur la photo du haut, le skate parc.
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Bayonne dans ses frontières / Morphologies actuelles
Les points, des non-repères Dans cette partie des remparts, les terrasses des ouvrages sont partout les plates-formes sur lesquelles le piéton débouche depuis la ville dense. Cependant, aucune n’incite à parcourir les remparts ni à s’asseoir pour regarder l’horizon d’ailleurs souvent obstrué par les cimes des arbres qui émergent des fossés. En outre, les portes et poternes, points de passage entre les deux villes, sont de piètre qualité, parfois même invisibles et peu accueillantes alors qu’elles ont la capacité de rythmer la promenade. En ce qui concerne les traces qui s’effacent, les terrassements sont parfois encore visibles, et induisent des nivellements intéressants ; des indices qui pourront guider le projet.
166
La terrasse du bastion Vieille-Boucherie.
Au débouché de la rue de l’Abesque qui rejoint la Cathédrale, le boulevard de Lachepaillet est un parking.
Le boulevard du Château-Vieux transpercé par la route menant à la ville haute.
Les traces, vers un effacement des profils
Le passage de la poterne qui mène directement aux fossés du Lachepaillet est invisible tout autant que la rampe qui mène au chemin de ronde de la ville haute.
Des traces des profils en terre sculptés dans la demi-lune subsistent.
Le passage de la porte d’Espagne...
Plus haut les terrassements disparaissent. Par ailleurs, ces espaces vides sont les plus propices à la compréhension des fortifications.
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Bayonne dans ses frontières / Morphologies actuelles
Les remparts de Saint-Léon
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Les remparts de Saint-Léon sont l’ancien front d’Espagne tourné vers le Sud. Au Nord, la limite entre la ville et les remparts est toujours le boulevard du Rempart de Lachepaillet. Au Sud, la limite la plus lointaine est au-delà du stade Jean Dauger. Mais la départementale RD 810 vient très fortement rompre la continuité de cet espace ouvert en passant très près des ouvrages avant de traverser la Nive (pont André Grimard). La jonction entre l’ensemble de Lachepaillet est marquée sur les glacis par le rond-point Saint-Léon très consommateur en espace. Enfin la limite Est du secteur est bien évidemment la Nive. L’intégralité de ces espaces a une vocation liée aux équipements sportifs prise depuis le XXe s, vocation qui a particulièrement endommagé les profils et cloisonné des espaces à l’origine en continuité. Trois ensembles d’ouvrages composent ce secteur: la double-corne de Saint-Léon sans doute le plus complexe de toute la ceinture, la Queue du Loup et le Sault qui jouxte la Nive. Sans doute le secteur le plus abîmé, les remparts de Saint-Léon soufrent d’une vraie désarticulation liée à une logique fonctionnaliste et le lien est à penser depuis les berges de la Nive jusqu’au rond-point de Saint-Léon.
La légende de Saint-Léon Saint patron de Bayonne, Saint-Léon était un prêtre missionnaire venu de Rouen pour évangéliser le peuple Basque au Xe s. Il est sans doute le fondateur de l’évêché. Un culte fort lui est consacré à Bayonne suite à sa mort, décapité par des pirates normands.
1- La double-corne de Saint-Léon
Au point le plus élevé de la ville, les ouvrages Renaissance de Saint-Léon sont aussi les plus complexes à comprendre, conçus pour tromper l’ennemi espagnol venant du Sud. L’ensemble s’accroche à la rue d’Espagne, rue commerçante très dynamique de Bayonne, via la porte en fer à cheval de Saint-Léon qui n’est cependant pas utilisée à sa juste valeur. Les terrasses de la double-corne sont de formidables plates-formes malheureusement régies par le stationnement ou encore inaccessibles car considérées comme dangereuses. Par ailleurs, une nouvelle continuité des fossés à ce niveau serait le point de départ d’une promenade. Occupés par les tennis de l’Aviron Bayonnais, ils ont ensuite subi le passage, vers 1914, de l’avenue de Pampelune et de sa levée qui atteint directement le centre ville mais scinde l’unité des ouvrages d’une diagonale. Enfin, le dégagement sur les glacis qui a pu être conservé grâce au stade Jean Dauger reste peu lisible du fait des équipements et des abords du stade. Cet espace pourrait compléter son offre d’activités. Un important travail sur les connexions urbaines est à effectuer dans ce secteur qui est encore trop dilaté et surtout mité.
2- La Queue du Loup
Le petit ensemble de la Queue du Loup est aujourd’hui assez simple à comprendre. La façade Renaissance de la ville est parallèle à la courtine, les larges fossés sont aujourd’hui occupés par le stade Belascain. La demi-lune a été entièrement remaniée lors de l’installation du parking souterrain Saint-Léon, faisant aujourd’hui office de gradins. Le stade est donc un équipement sur dalle et est par conséquent en gazon synthétique. Sa création, soumise à concertation et
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Rond-point Saint-Léon
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Source : Géoportail
contrôle de la part des architectes des Monuments Historiques a pourtant laissé de nombreux espaces non affectés sur le pourtour. Le déploiement de la voirie en avant sur les glacis, rend invisible des monuments comme la fontaine de Saint-Léon qui était l’une des sources de Bayonne, une organisation qui pourrait être révisée.
3- Le Sault
Étroitement lié à la Queue du Loup, le Sault est un repère. Il marque en effet le début de la ville au
0 m.
400 m.
Nord
niveau de la Nive et de l’avenue Lamarque. De construction plus tardive, son bastion de forme trapézoïdale est une curiosité dans les fortifications de Bayonne allouant une vaste terrasse. Plus en amont, les berges de la Nive sont occupées par l’omnisport de l’Aviron Bayonnais. L’aménagement des voiries a coupé le lien du secteur avec l’eau de la Nive. Enfin, le pont Grimard de la RD 810 marque le début de la promenade Maïté Barnetche qui permet de rejoindre la zone naturelle de la plaine d’Ansot en longeant la NIve (Cf. p. 214 ).
Bayonne dans ses frontières / Morphologies actuelles
1 - Parking du Champ de Foire 350 places 2 - Les allées Paulmy 3 - Rond-point Saint-Léon 4 - Ouvrage Ouest de la double-corne et parking Lautrec 5 - Avenue de Pampelune qui traverse la double-corne 6 - Partie Est de la double-corne avec le parking de la Porte d’Espagne et des zones inaccessibles 7 - Tennis de l’Aviron Bayonnais dans les fossés et dans la demi-lune 8 - La rocade RD 810 au niveau de l’avenue Forgues 9 - Les terrains d’entraînement du stade Jean Dauger
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1 - La double-corne de Saint-Léon
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1 - La rocade RD 810 au niveau de l’avenue Grimard qui prolonge le pont de la Nive 2 - Le stade Jean Dauger 3 - Les terrains d’entraînement 4 - Rue Montalibet et avenue du Docteur Moynac 5 - Cimetière 6 - Avenue du Maréchal Soult allant vers Anglet et Biarritz
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2 - La Queue du Loup
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1 - Porte de Saint-Léon 2 - Tennis 3 - Rue Tour de Sault 4 - Stade Belascain dans les fossés de la Queue du Loup 5 - Demi-lune de la Queue du Loup 6 - Bastion et Tour du Sault 7 - La Nive 8 - Cathédrale Ste Marie de Bayonne dont les flèches s’élèvent à 80 m.
3 - Le Sault 1
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Photos aériennes de Bayonne. Source : www.leuropevueduciel.com/
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1 - Bastion et Tour du Sault 2 - Entrée du parking souterrain Saint-Léon 3 - Omnisport de l’Aviron Bayonnais 4 - Entrée de ville depuis le pont Grimard (RD 810) 5 - Mur pare-boulets du bastion Royal 6 - Mail Chaho Pelletier
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Stade Belascain
Les lignes, ni boulevard ni rocade : distanciation des limites Bayonne dans ses frontières / Morphologies actuelles
Les remparts de Saint-Léon sont sans doute ceux qui possèdent le plus d’ampleur par rapport aux limites urbaines. Côté vieille ville, la configuration est sensiblement la même que dans les remparts du Lachepaillet. En revanche, la limite du nouveau quartier de SaintLéon se trouve fort éloignée et s’efface presque du fait de deux éléments. Tout d’abord il y a les équipements sportifs, comme le club de rugby de l’Aviron Bayonnais ; mais c’est surtout le passage de la départementale 810 ici avenue Forgues et avenue Grimard qui contribue à cette sensation.
172
L’emprise de cette voie et sa vocation en font une ligne de rupture qui donne à tout l’ensemble de Saint-Léon un caractère périphérique alors que le centre ville n’est qu’à 200 m. En haut : la promenade du chemin de ronde et la façade de la vieille ville dont la vue vers le Sud est obstruée par les arbres plantés dans les fossés. Ce point de la ville étant le plus haut (18 m.) on pourrait sans doute apercevoir les montagnes basques par temps clair. En bas : vue des remparts depuis la rue Montalibet, seules les f lèches de la Cathédrale émergent des masses de la végétation et les plantations basses sur le bord de la voirie obstruent la vue du haut des courtines.
L’avenue Grimard ou RD 810 : 2x2 voies, terre-plein central, barrières ... Le stade Dauger est à gauche.
La jonction entre les allées Paulmy et la RD 810 : le rond-point à feux Saint-Léon qui régule les entrées et sorties de ville.
Le quartier Saint-Léon vu depuis les glacis. La rocade et le stade l’éloignent fortement.
La Nive côté vieille ville et côté nature (allées Maïté Barnetche) vues depuis le pont Grimard.
Cet axe d’importance territoriale engendre non seulement des carrefours démesurés qui occupent une part importante des glacis, mais il est aussi affublé de nombreux reliquats de stationnements qui accentuent notablement la perception d’une voirie trop large qui empiète sur les ouvrages. Autre ligne de rupture, l’avenue de Pampelune, plus ancienne, qui divise l’ouvrage en deux le rendant presque totalement incompréhensible et qui rompt par la même occasion la linéarité des fossés. A l’Est, les quais de la Nive constituent la limite des remparts, ils sont malheureusement dédiés à la circulation automobile même si un cheminement permet de rejoindre le club de l’Aviron Bayonnais et plus loin la promenade du bord de la Nive : l’allée Maïté Barnetche. L’avenue de Pampelune et son mail permet tout de même de gérer le stationnement plus habilement qu’avec les grands parkings.
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Bayonne dans ses frontières / Morphologies actuelles
La marche, encombrement et mitage
174 Les tennis de l’Aviron Bayonnais, dans les fossés de la double-corne, commencent à être vétustes.
Le stade Belascain dans les fossés de la Queue du Loup.
Les espaces compris entre les murs et la trame viaire ont été utilisés dès le déclassement pour y implanter des équipements comme le cimetière ou l’hôpital. Mais dans les fossés et sur les glacis ce sont les équipements sportifs qui ont pris place et sont aujourd’hui les principaux vecteurs de la sensation d’une privatisation des remparts. Ainsi 12 terrains de tennis sont implantés dans les fossés de l’ouvrage Saint-Léon ce qui vient augmenter leur inaccessibilité. Si les premiers terrains étaient orientés de manière logique, parallèlement aux murs, les terrains les plus récents donnent l’impression d’un remplissage ou d’un mitage. Ces équipements ont aussi contribué au comblement des fossés sur environ 2 m.
Les abords des tennis, mitage et privatisation des fossés et des talus.
Les fossés de la Queue du Loup proches de la Nive ont quant à eux trouvé une nouvelle vocation, un stade qui couvre un parking souterrain de 450 places. Cette opération audacieuse a malheureusement elle aussi comblé une partie de la profondeur des fossés et il est regrettable que les abords n’aient pas fait l’objet de plus d’attention.
175 Le complexe sportif Jean Dauger «f lotte» sur les glacis.
Par ailleurs, entouré de grilles, l’équipement finit de cloisonner les espaces des fossés et il est nécessaire de concilier ces activités avec de potentiels passages. La seule partie des fossés restant accessible est celle qui se trouve de l’autre côté de l’avenue de Pampelune et qui ne constitue ni plus ni moins qu’un recoin. Sur les glacis, le stade Jean Dauger (ancien vélodrome) date du XXe s. Il constitue une fois de plus un espace peu perméable qui gagnerait à être raccordé plus finement à la ville. Enfin, sur les terrasses de la double-corne les parkings monopolisent l’espace. Là encore, le stationnement très dommageable à la lecture des formes, pourrait tout à fait être reconfiguré par la création de stationnements en souterrain, à l’intérieur même des ouvrages, ce qui permettrait sans doute d’augmenter le nombre de places total. Des espaces résiduels que l’on oublie. La fontaine de Saint-Léon, monument historique, se retrouve sur un rond-point. Les fossés extérieurs de la double-corne tronqués par le talus de l’avenue de Pampelune.
Les parkings Lautrec et Porte d’Espagne seule fonction des terrasses de la double-corne.
Bayonne dans ses frontières / Morphologies actuelles
Les points, potentiels de connexion non exploités
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Le corps de garde de la double-corne et l’entrée du parking Lautrec.
Le carrefour de la Porte de Saint-Léon et le début de la rue d’Espagne à gauche vue depuis la courtine de Saint-Léon.
Tout comme dans les remparts de Lachepaillet, les points qui pourraient être des repères sont banalisés. On note surtout la jonction entre la Porte de St Léon et la rue d’Espagne, un carrefour qui gagnerait à devenir un plateau piétonnier. Terrasses et autres éléments d’architecture mériteraient de devenir des points de repères qui formaliseraient ainsi l’accès au site. Le constat est similaire pour tous les points de passage, qu’ils soient d’époque ou récents, tous tendent à déprécier les remparts comme des espaces peu accessibles. Enfin, les ouvrages sont aussi les endroits depuis lesquels il est encore possible d’avoir des percées lointaines sur le paysage qui nous rappellent que les remparts protégeaient la France de l’Espagne. Des vues qu’il faut pour l’instant «aller chercher» tant la végétation ou les grilles empêchent leur apparition spontanée. En ce qui concerne les traces, les espaces ont été tellement modifiés, que très peu de profils persistent. Il pourraient cependant être recréés et devenir un nouveau fil conducteur dans cet espace en quête d’une nouvelle cohérence.
La terrasse du bastion du Sault
Ci-contre: En se hissant sur les talus on peut voir la Rhune et les monts du Pays basque qui annoncent l’Espagne. Cette observation de l’horizon était la vocation première du secteur de Saint-Léon. D’autres points de vues s’offrent au regard : la masse du ChâteauNeuf de l’autre coté de la Nive. Les châteaux d’eau sur la colline de Saint-Pierre d’Irube, au premier plan le bastion du Sault.
Portes condamnées permettant de traverser la double-corne et ainsi de passer directement de la ville haute aux fossés.
La Porte de Saint-Léon et sa passerelle servant uniquement d’accès au parking.
La rocade n’étant pas traversable par le piéton, voici l’accès au stade proposé. A droite les tennis sont derrière la grille.
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Bayonne dans ses frontières / Morphologies actuelles
Les remparts du Bourgneuf - Pannecau
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Le Bourgneuf et le Pannecau son historiquement les quartiers des terres basses en lien avec la Nive. Ils sont très tôt urbanisés et pourvus d’une enceinte. De ce côté de la Nive, la ville ne s’avance pas jusqu’aux fortifications du fait de la topographie. De fait, un certain détachement existe et aucun des bâtiments n’est visible depuis les dehors dans les fossés. Cette co-visibilité absente fait donc toute la singularité des remparts de la rive droite, qui possède une certaine nonchalance, un peu hors du temps. Les fortifications sont donc ici élevées de toute pièce pour faire face à la Nive et à ses crues.
1 - Le bastion Royal
Au Nord, la rue Pelletier et sa façade colorée est la limite de la ville dense. Elle prend aujourd’hui beaucoup de distance par rapport aux ouvrages militaires du fait du Mail Chaho, vaste espace ouvert.
Marqué par la présence monumentale du bastion Royal, cet ensemble émerge des basses terres. Ce bastion protégeait un retranchement : les casernes de la Nive avec leur arsenal dont plusieurs bâtiments subsistent occupés par le Conseil Général, et l’Université de la Nive et des Pays de l’Adour récemment relocalisée dans ces locaux. En avant des ouvrages les fossés issus d’une histoire de remblai et de modelage sont divisés en deux par la RD 810 qui a suscité un déséquilibre criant. D’un côté des espaces abandonnés et de l’autre, le Glain, nouveau pôle actif. Longtemps abandonnés les terrasses et les fossés sont plutôt enfrichés et c’est là que l’on se sent le plus ailleurs grâce à une spontanéité de la nature sur les ouvrages et ce malgré le bruit de la voie rapide.
Ces remparts de terres basses sont assez largement oubliés à l’heure actuelle, partiellement cachés par les bâtiments des anciennes casernes, il pâtissent au Sud de la rupture créée par la voie rapide RD 810. Au Sud la limite est géomorphologique : la colline de Saint-Pierre d’Irube. Entre ces deux limites se trouve un secteur relativement actif, le Glain qui faisait à l’origine partie des terres marécageuses et se retrouve aujourd’hui isolé. La perte du lien avec l’eau dans ces espaces est sans doute l’évolution la plus regrettable.
Au vu de la totalité de la ceinture, cet ensemble est celui qui a le moins souffert des tentatives d’aménagement de type espace vert ce qui lui donne sa force. Pourtant l’interdiction de traverser ces espaces ne leur permet pas de jouer un rôle dans la dynamique de la ville. La rénovation d’une poudrière en lieu d’exposition par la Mairie amorce cette envie. La présence de la rocade est à atténuer en travaillant sur les talus pour réussir à l’ancrer au sol qu’elle traverse.
Deux ensembles composent ce vaste secteur : le bastion Royal et le bastion Saint-Jacques.
2 - Le bastion Saint-Jacques Le constat pour le bastion Saint-Jacques est plus ou moins similaire si ce n’est que ses fossés ont été bien plus largement remblayés, allant même jusqu’à enfouir les sorties des casemates au niveau des fossés. La vaste esplanade créée sert durant les fêtes de Bayonne comme aire de camping.
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Bayonne dans ses frontières / Morphologies actuelles
1 - Le bastion Royal
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2 - Le bastion Saint-Jacques 1 - L’Aviron Bayonnais 2 - Parking Lauga 3 - Pont Grimard 4 - Rue du Bastion Royal et berges de la Nive 5 - Bastion Royal 6 - Casernes de la Nive non encore rénovées sur la photo et aujourd’hui occupées par le Conseil Général (seuls les deux corps de bâtiments blancs persistent) 7 - Bâtiments des casernes occupés par l’Université de Pau et des Pays de l’Adour 8 - Bastion Saint-Jacques occulté par la végétation 9 - Fossés du bastion St Jacques remblayés 10 - RD 810 11 - Fossés et anciens marécages enfrichés 12 - Bretelle d’accès au centre ville par les quais de la Nive 13 - Parking du Glain en construction 14 - Emplacement du cinéma 15 - Voie ferrée 16 - Emplacement du bowling 17 - Emplacement de la Maison des Associations 18 - Emplacement du restaurant et night-club
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L’arrivée de la voie rapide sur la rive gauche de l’Adour
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Photos aériennes de Bayonne. Source : www.leuropevueduciel.com/
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1 - L’Adour 2 - RD 810 au débouché du pont St Frédéric 3 - Emplacement des nouvelles archives départementales 4 - Avenue Duvergier de Haurrane descendant vers les remparts 5 - Avenue d’Aquitaine sur la RD 810 juste avant d’arriver sur le rond-point d’Aquitaine et les remparts
Glacis
Bastion St Jacques et fossés remblayés
Courtine St Jacques
Amphithéâtres
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Secteur du Glain
810
La Nive
Arsenal, casernes de la Nive
Courtine Saint-Jacques et ses fossés
En avant , les anciens marécages
Poudrière protégée à l’intérieur
Mur pare-bouletss à arcades
Bastion Royal
Talus de la voie rapide
Anciennes terres basses et marécages
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Poudrière protégée à l’intérieur
Secteur du Glain R aine quit
Nouveaux amphithéâtres dans les talus
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Arsenal et casernes de la Nive Autrement appelées retranchement de Ste Claire
Lieu d’exposition Mail Chaho
Conseil Général
Friche
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Bayonne dans ses frontières / Morphologies actuelles
Les lignes, le poids des infrastructures
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Les façades des maisons du Bourgneuf et les bâtiments des anciennes casernes. Vue du Mail Chaho depuis les hauteurs des fortifications.
Le f lanc du bastion Royal et les berges de la Nive goudronnées.
Au Sud, la colline de Saint-Pierre d’Irube marque la limite du site. Ce relief est souligné à sa base par la voie de chemin de fer et le pont vers l’Espagne. Contrairement au Grand Bayonne, la ville du Petit Bayonne est en retrait par rapport à l’enceinte du fait de sa position basse. Un vaste espace, le mail Chaho, sépare donc la façade de la rue Pelletier des bâtiments des anciennes casernes (aujourd’hui Conseil Général) qui annoncent le début des fortifications. Le long de la Nive, le long mur du bastion Royal marque la limite du site et l’on déplore que les quais soient dévolus à l’unique usage de la voiture ce qui constitue une scission avec le caractère premier du site : un marécage. C’est aussi ici la seule portion encore urbaine de la Nive qui ne possède pas de quais, une qualité estompée par les parkings.
crée une limite intermédiaire presque infranchissable. Contrairement à sa partie Ouest, il a ici fallu remodeler tous les fossés et l’élever sur plus de 500 m. de long pour pouvoir ensuite traverser la Nive. Alors que sur les glacis de Saint-Léon, de nombreux parkings se sont greffés à la voirie, ce sont ici des bretelles d’accès qui contribuent à élargir toujours plus l’emprise de ce système. Ceci a eu pour conséquence d’isoler deux espaces. L’espace entre les murs et la route qui conservent tant bien que mal leur aspect humide et de l’autre côté le secteur de Glain, qui ne faisant pas partie du secteur sauvegardé accueille désormais de nouvelles activités. Tous deux pâtissent à leur manière de la présence de la RD 810 et il est plus que nécessaire de reconnecter cette voirie à son socle pour accentuer et même créer un sentiment urbain lors de la traversée de Bayonne.
La voie rapide RD 810 est ici également le principal objet de la non lisibilité puisqu’en traversant le site elle Page ci-contre en bas : Largeur et emprise de cette 2x2 voies au niveau du pont, puis plus haut sur l’avenue (les fossés des fortifications sont à droite, on en aperçoit les courtines) et enfin sur le pont depuis lequel on peut enfin voir la ville et les murs des ouvrages. C’est dire le caractère symbolique que devait avoir cet axe à cet endroit puisqu’il est en quelque sorte une entrée de ville magistrale lorsque l’on arrive depuis le Nord après avoir traversé l’Adour.
La colline de Saint-Pierre d’Irube et le pont de fer marquent la limite méridionale du site. Au premier plan, allées, contre-allées et vastes parkings constituent les abords de la Nive au niveau du secteur du Glain. La seule traversée possible de la rocade pour les piétons se fait sous les piles du pont, passer au-dessus étant interdit.
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Bayonne dans ses frontières / Morphologies actuelles
La marche, oubli et mise à l’écart
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Les fossés situés entre le bastion Royal et St Jacques ont été largement remblayés. Ainsi coupés de la Nive par la voirie de la Nive, ils sont aujourd’hui interdits d’accès à cause de remontées d’eau de la Nive par le biais de la nappe qui rend les sols instables et mouvants. Ces espaces sont aujourd’hui entretenus par des chèvres des Pyrénées. A droite, le saillant du bastion Royal.
Plus haut, autour du bastion Saint-Jacques, les fossés ont aussi fait l’objet de remblais sur environ 5 m. réduisant fortement la hauteur des murs et enfouissant des sorties dans les fossés. Sur la photo de droite, la levée de la RD 810. A droite, le saillant du bastion St Jacques.
Le secteur du Glain est tout entier structuré autour d’un parking de 800 places gratuit qui fait sa popularité. Coincé entre la voie ferrée et la rocade, il possède un cinéma CGR, un bowling, un restaurant asiatique, une discothèque et la Maison des Associations qui d’entre tous est celle dont l’architecture a fait l’objet d’une attention particulière. Ci-dessus, l’arrière du cinéma et le bowling vu depuis la RD810.
La devanture du cinéma avec au premier plan la bretelle d’accès au secteur depuis le rond-point. La Maison des Associations vue depuis le talus de la voie ferrée.
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Bayonne dans ses frontières / Morphologies actuelles 186
Entre les bâtiments du Conseil Général et les murs des remparts envahis par la végétation, le parking des employés. Au fond, les arches du mur pare-boulets. A droite, les bâtiments de l’Université et des abords peu soignés.
La partie basse de l’Université, avec les nouveaux amphithéâtres qui ont pris place dans les talus des fortifications. A droite, le mail Chaho récemment rénové.
Non seulement écologique, mais aussi car ils sont propices à la mise en scène des fortifications depuis la rocade et contribueraient ainsi à marquer fortement l’entrée en ville.
Sur le site des anciennes casernes, un fossé a été restitué, longé d’un muret, il souligne les masses régulières des bâtiments.
Étant donné que la voie rapide RD 810 a scindé en deux la profondeur du front des bastions Royal et Saint-Jacques, deux espaces extra-muros sont discernables. Il y a tout d’abord les fossés entre les ouvrages et la rocade. Ces espaces étaient originellement liés à la Nive et ses fluctuations dûes aux marées. Contrairement aux glacis et dehors du Grand Bayonne, ici les profils n’étaient pas travaillés par sculpture mais grâce aux fossés inondés qui éloignaient le front. Largement remblayés lors de la construction de la rocade, ces espaces sont aujourd’hui inaccessibles du fait des remontées d’eau de la Nive. Ils s’enfrichent peu à peu et une végétation dense masque toutes percées vers les ouvrages. Ces vastes espaces pour l’instant seulement fréquentés par des chèvres pour l’entretien, pourraient jouer un nouveau rôle.
De l’autre côté de la rocade, vient le secteur dit du Glain qui est presque entièrement dédié à la voiture. S’il est enclavé de part sa position, il accueille tout de même des activités qui le rendent potentiellement attractif : un cinéma de 7 salles, un bowling, un night club, un restaurant asiatique et enfin un équipement d’une relative importance : la Maison des Associations. La Maison des Associations possède un jardin qui met en valeur les abords de la Nive mais sa position dans un recoin mal connecté lui donne une moindre importance, largement dominée par la marée de voitures du parking. On note que c’est aussi le terminus de la navette gratuite. Ce secteur est très mal connecté au centre ville et les abords de la Nive mériteraient plus d’ampleur. Par ailleurs, la pauvre qualité architecturale des bâtiments, excepté la Maison des Associations, dessert l’endroit. Enfin, intra-muros, le mail Chaho qui accueille régulièrement des événements est plutôt ennuyeux au quotidien. En revanche, la restauration des quais les rend très confortables. En ce qui concerne les anciennes casernes de la Nive : les esplanades devant le Conseil Général permettent de mettre en valeur l’élévation de ces bâtiments. Pour autant, les espaces internes à l’Université contrastent avec des abords peu invitants et peu propices à une quelconque liaison entre la ville et ses remparts. Le Bourgneuf doit encore inventer sa relation avec son enceinte, qui n’a pas été aboutie lors de l’implantation de l’Université dans les locaux de l’ancienne caserne.
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Bayonne dans ses frontières / Morphologies actuelles
Les traces, un marécage occulté
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De petites gouttières dans les ouvrages indiquent que l’eau des terrasses percolait vers les fossés. Sur les grilles, l’inscription «danger, accès interdit, sol mouvant» se réfère au caractère humide de la zone. Un couple de canards habite le semblant de mare proche de la Nive. A droite : les zones humides résiduelles apparaissent après les précipitations.
Espaces dénigrés, canalisés, l’eau fait l’objet de tentatives de maîtrise mais elle ne peut être cachée et devient une gêne rendant le terrain impraticable comme l’indiquent les panonceaux sur les grilles.
Malgré le rôle de la rocade et des voies le long de la Nive, des traces ténues du caractère humide des fossés subsistent. L’eau est canalisée de manière informelle sur les côtés, en bas du talus routier avant d’arriver dans une cuvette qui fluctue au rythme des marées. A certains endroits aux pieds des murs, des plantes hydrophiles se développent. Aussi, autre type de traces, quelques terrassements persistent à l’intérieur des ouvrages créant des pentes et des motifs intéressants. Par ailleurs, le bastion Royal possède d’étranges modifications sans doute postérieures à 1850.
Ci-dessus : profils en biais à l’intérieur du bastion Royal. Ci-dessous : d’étranges formes polygonales en négatif et autres constructions sur le bourrelé du bastion.
Page de gauche en bas, suite : dans cet espace clos, en proie à l’oubli, une végétation à la fois spontanée mais il semble aussi rapportée se développe, comme l’indique ce bosquet de bambous au milieu de l’étendue.
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Bayonne dans ses frontières / Morphologies actuelles
Les points, dans l’intimité des remparts
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Regard vers le Sud depuis le bourrelé du bastion Royal dont la pointe fait face aux caprices de la Nive. Au loin, les collines molles du Pays basque. Les nuages cachent sans doute les Pyrénées. Au premier plan, le pont Grimard traverse la Nive. A droite, au niveau des quais, le club omnisport de l’Aviron Bayonnais. Derrière, la ville nouvelle s’étage sur le relief qui croît doucement. (Photomontage)
Ici plus qu’ailleurs, il est difficile d’identifier les ouvrages comme des points de repère. Leur abandon relatif et leurs clôtures les rendent pourtant mystérieux et une certaine poésie se dégage lorsque l’on regarde l’exubérance et le fouillis des ronces et des troncs abattus s’élever en masse sur les murs encore stables. On trouve ici aussi des architectures que l’on avait jamais vues avant comme le mur pare-boulets qui se prolonge dans sa partie protégée à l’intérieur du bastion par des arches robustes. Les deux poudrières pourraient aussi devenir des points de repère. Enfin, des passages pourraient être réouverts à l’intérieur du bastion St Jacques pour relier la ville aux fossés et ainsi aux faubourgs. Enfin, les sommets des talus se révèlent être de formidables belvédères sur la Nive et la ville. Le bastion Royal et le bastion Saint-Jacques vus de l’extérieur et de l’intérieur.
En se retournant, la crête du mur pare-boulets guide le regard vers la ville dense et sa Cathédrale.
Un passage à l’intérieur du bastion St Jacques, les pierres de Bidache sont soigneusement alignées. A droite, la poudrière appartenant au Conseil Général en état de dégradation. En bas, les arches du mur pare-boulets et les chèvres pâturant à leurs pieds. A droite, la poudrière de la Mairie rénovée pour y organiser des expositions et le mur pare-boulets tous deux cachés dans le creux du bastion Royal.
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Les remparts du Morocon et Mousserolles / La façade de l’Adour
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Encerclant la partie Nord-Est de la ville ces deux secteurs sont étroitement liés puisque les remparts de Mousserolles étaient alimentés par l’eau de l’Adour. De manière géomorphologique, la colline du Morocon a été scindée en deux à l’époque anglaise et une partie se retrouve donc dans la ville, portant le Château-Neuf. Intra-muros il y a un double effet de façade avec d’un côté des maisons bayonnaises en partie basse et de l’autre les bâtiments massifs des fortifications qui dominent. Les rues des Lisses, Paul Bert et Ravignan traversent cet intervalle marqué par l’église Saint-André. De l’autre côté des murs et des profonds fossés, l’avenue Duvergier de Hauranne établit la limite avec le faubourg de Mousserolles. Enfin, c’est l’Adour qui pose la limite Nord du secteur. Pour la partie remparts trois ensembles sont présents: Sainte-Claire, le Château-Neuf, Mousserolles. De la façade de l’Adour, ne subsistent que peu de traces. Pour cet ensemble, il s’agit essentiellement de retrouver la continuité sur le haut des courtines en lien avec l’Université et d’exploiter les potentielles connexions entre la ville et les fossés par les casemates. Pour tous ces sous-ensembles, la qualité des espaces publics urbains dans l’intervalle intra-muros est une priorité.
1 - Sainte-Claire
Caractérisé par son bastion tourné vers l’intérieur de la ville, l’ensemble de Sainte-Claire est délimité côté ville par la rue des Lisses. L’ensemble faisait lui aussi partie du programme de réhabilitation des casernes et tous les bâtiments ont été rénovés. Le bastion a notamment été cureté pour y loger un parking souterrain de 440 places.
Le bâtiment hissé sur ce bastion accueille l’IUT et un système audacieux a permis de transformer les talus en bibliothèque et en amphithéâtres. A l’Est, la limite des remparts avec le faubourg est mal définie du fait des résidences dont la façade n’est pas alignée sur l’axe de l’avenue Duvergier de Haurrane. Enfin, la partie extérieure des remparts (fossés et glacis) est assez agréable à parcourir mais quelque peu monotone.
2 - Château-Neuf
L’élément fort de cet ensemble est indéniablement le Château-Neuf qui domine la ville. Dans la partie basse, les maisons sont en recul du fait de la présence de l’église St-André qui semble posée sur un rond-point. La qualité de l’espace public est déplorable surtout pour ce secteur qui possède un lycée, une Université et plusieurs écoles. L’accès aux terrasses arrières des remparts s’effectue notamment par une rampe qui est actuellement condamnée. Dans les fossés, l’eau de l’Adour arrive parfois à atteindre le niveau du boulevard Notre-Dame. Les glacis et la perception des remparts depuis l’avenue Duvergier sont passablement perturbés par les parcs de stationnement de Mousserolles.
3 - Mousserolles
Cette partie des remparts fait la jonction entre le quartier du Bourgneuf et le faubourg de Mousserolles à l’Est de l’enceinte. Celui-ci est structuré par sa double porte qui est assez commode en terme de liaison urbaine. Sa beauté réside dans la finesse des ouvrages et des coquets corps de garde à arcades mais elle est aussi liée à la présence de l’eau dans les fossés. Élément qui a pourtant engendré des espaces quelque peu dénigrés, parfois abusivement remblayés. La présence de nombreuses associations dans les casemates rend l’endroit animé certains soirs de la semaine et pendant les événements.
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Rond-point d’Aquitaine
4 - Quais et Réduit
Entre la porte de Mousserolles et la confluence ce sont les allées Boufflers qui marquent la façade de l’Adour. L’hôpital militaire contribue largement à l’alignement ainsi que les immeubles XIXe s. qui prirent la places des fossés. Comme de l’autre côté, au niveau du Nard, cette façade est trop marquée par le stationnement. A la confluence le bastion du Réduit, qui faisait autrefois front avec la majestueuse porte de France, a été reconstruit à neuf en 2006.
Source : Géoportail 0 m.
400 m.
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1 - Sainte-Claire
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1 - Bastion Sainte-Claire et parking Sainte-Claire 2 - Place Paul Bert 3 - Bâtiment de l’Université 4 - Entrée de ville depuis le pont Grimard (RD 810) 5 - Entrée de l’Université 6 - Château-Neuf (IUT / bureaux du musée Basque) 7 - Bastion Notre-Dame 8 - Courtine Notre-Dame 9 - Demi-lune de Mousserolles recouverte de végétation 10 - Parking Mousserolles 100 places
2 - Château-Neuf et 3 - Mousserolles
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Photos aériennes de Bayonne. Source : www.leuropevueduciel.com/
1 - Avenue Duvergier de Hauranne 2 - Résidences R+4 de 1966 3 - Masse boisée de la demi-lune de Mousserolles 4 - Fossés Saint-Jacques 5 - Emplacement de la Bibliothèque Universitaire (B.U) 6 - Partie basse de l’Université 7 - Bastion Sainte-Claire 8 - Place Paul Bert 9 - Entrée dans les casemates du boulevard Notre-Dame 10 - Boulevard Notre-Dame 11 - Parking de Mousserolles 12 - Porte de Mousserolles et Club Léo Lagrange dans le corps de garde 13 - Square 14 - Église Saint-André
4 - Les quais et le réduit 1 - Lycée technique Paul Bert, ancien hôpital militaire 2 - Musée Bonnat 3 - Quais et allées Boufflers (façade XIXes. de la ville)
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1 - Quais et allées Boufflers 2 - Pont Saint-Esprit 3 - Le réduit / 4 - Pont Mayou / 5 - Hôtel de ville
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ASB association
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Glacis
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Boulevard Notre-Dame
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Hôpital militaire
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Glacis
Demi-lune de Mousserolles
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Le réduit de la confluence
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Porte de Mousserolles Corps de garde
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Courtine de Mousserolles Porte de Mousserolles et son corps de garde
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Contre-garde en arrière-plan Rampe permettant d’accéder aux terrasses du Château
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Administration du Musée Basque
Parking Mousserolles
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Bayonne dans ses frontières / Morphologies actuelles
Les lignes, un adressage des façades inégal
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L’avenue Duvergier de Hauranne avec à gauche les pavillons balnéaires des années 50 et à droite les façades non alignées des résidences qui ne laissent aucune perméabilité visuelle vers des remparts. Le parc privatif désert au pied des résidences est coupé physiquement (talus abrupt) des remparts mais aussi visuellement par la végétation.
Ci-contre : La Bibliothèque Universitaire qui affiche une résille en béton sur l’intérieur du campus. Le revers du bâtiment côté remparts est presque totalement invisible et n’a pas fait l’objet d’une réappropriation, des espaces qui sont d’ailleurs interdits d’accès.
La façade arrière du Château-Neuf, très régulière, vue depuis les fossés. Rien ne laisse deviner l’épaisseur entre le bâtiment et le haut des murs. Ici encore la qualité de cet espace, pourtant attenant à l’Université, est médiocre et prive les étudiants et les habitants de lieu de rencontres fabuleux comme l’arrondi du boulevard Notre-Dame. Par ailleurs, ces bâtiments, surtout la tour anglaise, sont en pierres appareillées, mais ils sont encore enveloppés de l’austère crépis militaire qui ne ménage pas leur image.
De la même manière que pour le Lachepaillet, le problème de la qualité des espaces permettant d’asseoir les façades est ici récurrent à la seule différence que ces façades sont de qualité et de nature bien plus inégales ici. A la jonction faubourg-remparts, l’axe de l’avenue Duvergier est mal proportionné. Sur les remparts, c’est un problème d’inaccessibilité et d’abandon qui est dû à la manière dont l’Université s’est ouverte uniquement sur la ville.
Le Lycée Paul Bert, les allées Bouff lers et le parking Bouffers (350 places) constituent la façade de l’Adour.
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Bayonne dans ses frontières / Morphologies actuelles
La marche, une calme monotonie
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Les fossés des remparts du Bourgneuf sont ouverts à la promenade mais paradoxalement peu fréquentés, pourtant des espaces ouverts sur le ciel sont assez intimes entre les hauts murs et la végétation des talus, bien que parfois monotones. La continuité de la promenade est fortement altérée par la différence de niveau liée aux remblais qui projette le promeneur directement en contact avec la voie rapide. En ce qui concerne les parties hautes, les terrasses sont à l’état d’abandon mais leur linéarité leur confère une vocation de promenade idéale, qui pourrait être ponctuée par les étendues des ouvrages qui sont à la fois des belvédères et des pauses dans les parcours. La problématique du stationnement reste entière dans les espaces publics mais aussi sur une partie des glacis.
Focale sur les résidences Breuer, on aperçoit l’eau dans les fossés. Les fossés remblayés de la courtine Ste Claire.
Les fossés remblayés avec en arrière-plan le talus des résidences de l’avenue Duvergier qui se poursuit par la celui de la voie rapide. (Photomontage)
199 Le parking de Mousserolles vu depuis la demi-lune.
La place Paul Bert ou l’espace public dessiné par la voiture.
Image désuète des fossés de Mousserolles vus depuis le bastion Notre-Dame offrant une vue inhabituelle sur l’Adour. (Photomontage)
Bayonne dans ses frontières / Morphologies actuelles
Les traces, l’Atlantique dans les remparts
200 L’eau arrive encore à pénétrer dans les fossés, et c’est un spectacle lors des fortes marées..
C’est dans cette portion des remparts que l’eau est la plus présente. Amenée directement depuis l’Adour par un système de siphon, les fossés se remplissent au grès des marées. Au vu des espaces et de leur traitement, il semblerait que cette caractéristique ait voulue être occultée. L’eau a pourtant un potentiel pour magnifier les ouvrages et créer des ambiances singulières.
La masse boisée de la demi-lune de Mousserolles et ce qu’il reste des ses profils.
Dessin des fossés de Mousserolles inondés par F. Corrèges en 1893. Source : Album siglo XIX, . www.albumsiglo19mendea.net
201 Pourtant, les fossés ont été sur-creusés pour en réduire l’emprise de la surface inondée.
La présence d’une eau apparemment indésirable au vu des aménagements : les rives pavées, une digue pour assécher la partie supérieure des fossés entraînant par conséquent la pose de cette rampe d’accès. A droite : des ouvrages de maîtrise.
Bayonne dans ses frontières / Morphologies actuelles
Les points, portes et points de vue méconnus
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Les remparts possèdent un fort potentiel de connexion urbaines non exploitées. Si la porte de Mousserolles est connue et utilisée, de nombreux autres accès sont encore condamnés et en besoin de restauration. Ils permettraient notamment de s’élever sur les terrasses des ouvrages qui offrent des vues sur l’Adour et la ville.
Ci-contre : La porte de Mousserolles dont l’accès depuis le faubourg est peu évident, perturbé par la présence du rond-point de la Nautique mais aussi l’accès au parking de Mousserolles. (Photomontage)
Vues depuis le boulevard Notre-Dame.
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La porte de Mousserolles et la grille interdisant l’accès aux terrasses par la rampe.
Des portes condamnées, masquées...
Bayonne dans ses frontières / Morphologies actuelles
La nuit des remparts
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Seuls quelques espaces sont éclairés, souvent les portes.
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3 - LIGNES, MARCHE, TRACES ET POINTS, ÉNONCÉ ET RÉSUMÉ DES PROBLÉMATIQUES Avant de commencer Au vu de cet exposé, il est possible d’établir des cartes de synthèse par thème sur l’ensemble de la ceinture. Ces dernières définissent les grandes problématiques liées au site.
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Edouardo Chillida, eau-forte. Source : firstcontemporaryart.com
Lignes : effacement et obstacles Marche-frontière : morcellement et mésusage Traces : oubli progressif de la force originelle du site Points : accessibilité connexions et points de repère
Bayonne dans ses frontières / Lignes, marche, traces et points....
Lignes :
Effacement de limites et obstacles
Marche - frontière :
Morcellement et mésusage
208 Lignes des façades
Vides sans fonction définie
Avant lignes définissant l’épaisseur
Vides oubliés, inaccessibles
Recul, mise à distance
Vides remplis
Front urbain mal défini
Vides de voirie
Pleins utilisés
Alignements faisant obstacles
Vides qualifiés
Pleins potentiels
Système routier et noeuds de circulation
Les lignes de façade de la frontière sont précédées par des avant-lignes qui leur définissent une assise aujourd’hui souvent dégradée. L’absence de limites claires entraîne des dysfonctionnements spatiaux de mise en recul et d’effacement. Le déploiement démesuré de la voirie et de son caractère routier efface les tracés des remparts leur conférant un caractère péri-urbain très peu perméable et entraînant un morcellement systématique de cette marche-frontière.
Le morcellement des espaces dû à une logique de remplissage fonctionnaliste plus que de qualification, accentue la non lisibilité de la frontière depuis son intérieur mais aussi depuis ses limites. Les espaces n’assurent ni un rôle urbain ni symbolique. Le «désordre» qu’ils affichent les rend inaccessibles et peu accueillants.
Traces :
Oubli progressif de la force originelle du site
Points :
Accessibilité connexions et points de repère
209 Système hydrographique
Ouvrages repères
Apparition de mares par remontée et fluctuation des marées
Portes existantes
400 m.
Nord
Portes et passages condamnés Connexion existante par le passé et rompue physiquement par un nouveau type d’ouvrages.
Devenues ténues, les traces forment des espaces dénigrés : l’expression du site est réprimée.
Encombrés, fermés, non visibles ; les points n’assurent pas leur rôle de repère et de mise en tension entre la ville et les remparts. Le potentiel rythmique le long de la balade est sous-exploité.
4 - SYNTHÈSE THÉMATIQUE, APPROFONDISSEMENT DES PROBLÉMATIQUES Avant de commencer Confronter les morphologies léguées par l’histoire à ce qu’elles sont aujourd’hui donne un premier aperçu de l’état actuel des remparts et révèle les problématiques exclusivement liées au site. Constat qu’il faut maintenant re-contextualiser à l’échelle de la ville et de l’agglomération. Cette partie s’attache à valider et approfondir les problématiques énoncées au seul regard du site.
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Topographie et hydrographie : espaces sculptés et infrastructures, pistes du projet La force du site originel Infrastructure - Sculpture : Coupes des profils, gabarits et profondeur du front dans leur contexte urbain actuel au 1/5000e suivi de État sanitaire des ouvrages Infrastructure - Rupture Infrastructure - Verdure Vers quoi tendre?
Trame urbaine et quartiers : des pleins pour révéler les remparts Le Grand Bayonne Le Petit Bayonne Saint-Esprit Mousserolles Saint-Léon Les Arènes
Infrastructures et déplacements urbains : les remparts «pris au piège» dans un système d’ampleur territoriale Deux voies à forts enjeux pour les remparts : Les allées Paulmy suivi de La RD 810
Équipements, usages et rythmicité : d’un périmètre très équipé au mitage de l’enceinte, quels potentiels pour un parc urbain? Un espace mité et sporadique suscitant peu d’usages spontanés Les remparts support d’usages événementiels Un rôle à jouer dans l’agglomération
Agrément, espaces ouverts et espaces publics : les prémices d’un ensemble La question de la sécurité
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La colline de la Citadelle
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Bayonne dans ses frontières / Synthèse thématique...
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Les barthes de la plaine d’Ansot
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Topographie et hydrographie : espaces sculptés et infrastructures, pistes du projet Bien que l’on retrouve inlassablement, dans la morphologie, le langage de la fortification, mur - fossé - glacis, une analyse plus fine, en courbe, révèle un paysage sculpté, profilé. Un genre de paysage architecturé, fait de pliés / dépliés venus décider de la topographie en poussant les masses de terre pour creuser les fossés et remplir l’intérieur des ouvrages. Le paysage originel (schéma 1), choisi de manière stratégique s’en voit réinventé, dessiné comme une infrastructure de défense destinée à impressionner le visiteur autant qu’à lui indiquer où il était attendu pour la bataille. Un ensemble purement utile où toute la force du site est peu à peu maîtrisée, notamment son hydraulique (2). Les embellissements amorcent une nouvelle vague d’interventions relevant aussi des infrastructures. L’arrivée du train qui traverse l’Adour et vient s’appuyer sur le relief de Saint-Pierre d’Irube avant de traverser la Nive marque la limite physique de la ville au Sud. Après le pont, la levée est le premier élément qui vient perturber la zone d’expansion des crues alors contraintes. A l’Ouest, les tramways, autre infrastructure, circuleront sur les allées Paulmy qui marquent la façade urbaine. Cependant, la topographie n’en est pas affectée. C’est la rocade qui comblera les fossés en avant du bastion Royal avant de l’élancer au-dessus de la Nive (Pont André Grimard). Cette intervention rompra ainsi le dernier lien fort de la ville avec son site originel et avec les systèmes d’inondations mis au point pour les remparts du Bourgneuf (3). Aussi, elle constitue un deuxième obstacle à la force des crues de la Nive qui reporte toute la force du courant sur les quais du centre ville. Rive gauche, la voie passe au plus près des ouvrages pour rejoindre les allées Paulmy.
AVANT LES IMPLANTATIONS HUMAINES. Carte des lits de la Nive et de l’Adour et de la zone soumise aux marées et aux crues : les barthes ayant un rôle d’éponge sont contraintes entre les reliefs des larges vallées. Les barthes seront peu à peu drainées par des systèmes de canaux pour permettre les cultures. Elles constituent le lit majeur de la rivière.
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Ci-contre : carte topographique des remparts et des leurs environs directs 1/12 000e
A L’APOGÉE DU SYSTÈME FORTIFIÉ QUI UTILISE LA TECHNIQUE DES INONDATIONS POUR SE PROTÉGER DE L’ENNEMI. XVIIIe s. Au niveau de la confluence, le lit majeur de la Nive est de plus en plus réduit mais un report est créé dans les fossés du Bourgneuf (rive droite) qui sont inondés par les marées. L’Adour ayant été détourné en 1578, l’influence de l’océan qui n’est qu’à 7 km. se fait ressentir bien plus haut que Bayonne. Le bastion Royal permet de rompre la force des crues à la manière des piles d’un pont. ACTUELLEMENT, seules des traces de ce système d’inondation subsistent dans les remparts. Suite à la multiplication des franchissements du fleuve, le système hydraulique des barthes a été altéré et le lit majeur de la Nive peu à peu réduit ainsi que les espaces soumis aux fluctuations des marées. Aussi, les crues sont alors bien plus contraintes et par conséquent bien plus violentes. (Cf. page suivante).
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Bayonne dans ses frontières / Synthèse thématique...
La force du site originel
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Extrait du PPRI carte réglementaire (Plan de prévention du risque d’inondation) à Septembre 2010 non approuvé. Localisation des barthes. Source : Mairie de Bayonne
Ci-dessus : Zone naturelle des Barthes de la Plaine d’Ansot (classé ZNIEFF). Cet espace préservé aux portes de la ville joue pleinement son rôle contre les inondations comme l’indique le PPRI en rouge (zone d’aléas forts). On lit bien les nombreux canaux qui quadrillent l’espace. Juste avant les collines, on discerne l’autoroute de la Côte basque A 63 qui traverse la Nive un peu plus en amont. Septembre 2009, inondations dans le centre ville suite à de fortes précipitations couplées à de forts coefficients de marées. Sur le Quai Amiral Jaureguiberry et au niveau du Pont de la RD810 juste devant les remparts (bastion Royal). Sources des photographies : www.lepoint.fr/ et www.citizenside. com/
Au vue du PPRI, l’aléa des crues dans le centre ville est faible (en vert), pourtant, le centre ville de Bayonne est régulièrement inondé. Si la question de construire ne se pose pas pour les remparts, on peut tout de même s’interroger sur le rôle qu’ils jouaient auparavant. En effet, les marécages ayant été drainés au niveau de la confluence, ce sont les fossés inondés qui assuraient le rôle de tampon lors des crues. La Nive est une rivière de nature torrentielle caractérisée par son cours sinueux qui descend depuis les Pyrénées, la superficie de son bassin versant est de 1030 km². Si son débit moyen est de 34 m3/s. à Bayonne, son régime est entièrement soumis à l’influence des marées. Par ailleurs, en amont les pentes et vallées plus étroites ne procurent pas l’espace disponible à leur expansion qui se fait donc en aval dans les terres plates des barthes. Le risque de crues dans le centre ville de Bayonne est donc intimement lié aux capacités d’absorption et de rétention des barthes en amont de la ville comme la Plaine d’Ansot (photo ci-contre) ou les Barthes de Quartier Bas. En temps normal, les barthes retiennent l’eau de pluie temporairement avant de la rendre à la rivière. L’ingéniosité de leur fonctionnement hydraulique relève aussi de l’infrastructure puisqu’elle permet d’habiter des terres impropres grâce aux canaux qui sont aussi des opérations fines de sculpture du paysage. «Globalement, le secteur aval est vulnérable et les dernières crues (décembre 2002, février 2003, mai 2004) l’ont régulièrement montré.» Direction départementale de l’Équipement des PyrénéesAtlantiques . Dans le cadre d’un projet, les traces d’eau encore présentes ponctuellement sur le site sont des indices forts qui permettent d’imaginer que les remparts pourraient jouer un rôle dans la prévention
Coupes de la Nive et de Barthes au niveau d’un canal
Marée haute : clapet du canal fermé, pour éviter l’arrivée des eaux saumâtres dans les terres cultivées
Marée basse : clapet du canal ouvert, drainage progressif des zones cultivées
Lors d’une crue,ouverture des clapets, seule la partie haute de la digue habitée reste émergée
Lit mineur 50 à 70 m. Barthes haute et basse 300 m à plusieurs km.
Coteau
Lit majeur Barthe haute (protégée par une digue elle est habitée et cultivée : mais et prairies Barthe basse ou gouttière marécageuse et humide Ce système hydraulique est importé dès le XVIIe s. par les hollandais.
Infrastructure: Ensemble des installations réalisées au sol ou en souterrain permettant l’exercice des activités humaines à travers l’espace. Elles comportent notamment: 1_les infrastructures de transport : voirie et stationnement ; chemin de fer et métros ; rivières, canaux et ports, aéroports, etc. 2_les aménagements hydrauliques, énergétiques, de communication 3_les réseaux divers (eau, assainissement, électricité, gaz, téléphone) 4_les espaces collectifs aménagés (parcs, jardins, cimetières, terrains de sport) Source : Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, Pierre Merlin et Françoise Choay, 2009
des dégâts liés aux crues dans le centre ville en freinant le débit et en complétant le rôle des barthes qui arrivent parfois à saturation. Le reprofilage ou resculptage des fossés et la requalification des berges iraient dans ce sens.
215
Bayonne dans ses frontières / Synthèse thématique...
Infrastructure - Sculpture : Coupes des profils, gabarits et profondeur du front dans leur contexte urbain actuel au 1/5000e
216
Les fossés du Bourgneuf, les ondulations du sol permettent encore à l’eau de remonter au niveau du boulevard Notre-Dame. La petite porte dans le renfoncement du boulevard permet de rejoindre l’intérieur de la ville.
COUPE A-A’ 1/5000e 0 m.
200 m.
Quai Lesseps
Hôtel de Ville Théâtre
Place de la Liberté
Rue Thiers
Rue Albert Premier
Rue Jules Labat
Office du Tourisme
Place des Basques
BAB D 260
Allées Paulmy
A’
Rue du 49e régiment d’infanterie
Fortifications
A
La Nive
105 m.
320 m. 6 minutes à pied
LE SITE DANS SES LIMITES LE NARD
QUARTIER DU GRAND BAYONNE
État sanitaire des ouvrages
A la manière des terres basses qui sont amendées pour pourvoir être habitées (canaux, clapets portes...), les fortifications possèdent elles aussi des fossés larges de 30 à 50 m. Si au début aucun contrôle n’est exercé pour réguler leur remplissage, la Renaissance développe les fossés inondés. Ainsi, sous Vauban, tous les profils sont resculptés et retravaillés. Mais ce travail du sol n’est pas uniquement opéré dans les fossés et ainsi les glacis sont légèrement pentés, pour mieux tromper l’ennemi qui approche. Les ouvrages sont ourlés de bourrelés, tout est terrassé. A noter également l’intérieur des ouvrages qui sont percés de passages permettant de rejoindre les fossés depuis la ville intra-muros.
Alors que les profils en terre évoluent au grès de l’érosion, ils sont malgré tout protégés par la végétation en place qui limite le processus. Les murs sont eux bien plus menacés par les arbres qui poussent en haut des talus et font pression depuis l’intérieur sur les murs pouvant à terme provoquer un éclatement des têtes de maçonnerie.
Les coupes révèlent pleinement le profil originel du sol avant que la place forte ne commence à dessiner sa frontière. Aujourd’hui, tous ces espaces façonnés finement disparaissent soit du fait de l’érosion ou de leur destruction, soit parfois cachés par la végétation ou bien à cause d’un certain mésusage des espaces qui a parfois lissé ou effacé les profils.
Cette configuration est particulièrement vraie dans les remparts du Bourgneuf qui n’ont pas été entretenus pendant longtemps. Cette végétation non maîtrisée contribue tant au charme des lieux qu’à leur non lisibilité.
Désormais insérés entre les quartiers, les transects des remparts sont souvent comparables en largeur au rayon de la ville intra-muros qu’ils protégeaient soit 300 à 400 m. de profondeur. C’est dire leur potentiel.
Contre-garde de Mousserolles
Giratoire de la Nautique
Hôpital militaire Lycée Paul Bert
Rue Ravignan
Rue Laffite
Pont Mayou
Fortifications
L’Adour 175 m. 3minutes à pied QUARTIER DU PETIT BAYONNE
195 m.
160 m.
LE SITE DANS SES LIMITES MOUSSEROLLES ET L’HÔPITAL MILITAIRE
217
COUPE B-B’ 1/5000e
QUARTIER DES ARÈNES ANCIENNEMENT LACHEPAILLET
80 m.
315 m.
240 m. 3 minutes à pied
LE SITE DANS SES LIMITES LE CHÂTEAU-VIEUX
QUARTIER DU GRAND BAYONNE
218
Ste Marie de Bayonne Rue d’Espagne
Demi-lune de Lachepaillet
Boulevard du Rempart de Lachepaillet
Contre-allée Les allées Paulmy
Av. Jean Molinie
Fortifications
Glacis
Parking Paulmy II souterrain
70 m.
COUPE C-C’ 1/5000e
120 m.
Niveau du sol avant travaux 250 m. QUARTIER DES ARÈNES ANCIENNEMENT LACHEPAILLET
Rue Victor Hugo
45 m.
145 m.
200 m.
0 m.
Rue Gardin
19 m.
Rue de la Monnaie Rue Orbe
50 m.
Niveau du sol avant travaux
Château-Vieux
Rue des Gouverneurs
Allées des Tarrides
Glacis
Jardin Botanique
B’ C’
Boulevard de Lachepaillet
B C
Allées Paulmy
Bayonne dans ses frontières / Synthèse thématique...
Fortifications
LE SITE DANS SES LIMITES ENSEMBLE DU LACHEPAILLET
340 m. 5 minutes à pied QUARTIER DU GRAND BAYONNE
Boulevard Notre-Dame
80 m.
210 m. 3 minutes à pied
48 m.
Rue Poydenot
Château-Neuf
Av. Duvergier de Hauranne
Église SaintAndré
Place Paul Bert
Rue des Lisses
Rue Pontrique
Pont Marengo
La Nive
Quai Galuperie
Quai Amiral Dubourdieu
Fortifications
20m.
290 m.
LE SITE DANS SES LIMITES LE CHÂTEAU-NEUF
QUARTIER DU PETIT BAYONNE
QUARTIER DE MOUSSEROLLES 219
BU Parking Ste Claire souterrain
Demi-lune de Mousserolles Glacis
80 m. 130 m.
150 m.
170 m. 3 minutes à pied
420 m.
QUARTIER DU PETIT BAYONNE
LE SITE DANS SES LIMITES ENSEMBLE DE SAINTE-CLAIRE (UNIVERSITÉ) ET DEMI-LUNE DE MOUSSEROLLES QUARTIER DE Mousserolles
Rue Gustave Eiffel
Université de Pau et des Pays de l’Adour
Avenue Duvergier de Hauranne
Retranchement de Ste Claire Rue des Lisses
La Nive
Rue des Cordeliers
Quai Galuperie
halles
Quai du commandant Roquebert
Rue barnadou
Fortifications
Fortifications
Le réduit
Rue du Marengo
Rue Bernadou
L’Adour
Rue du Bourgneuf
E
D’
Bayonne dans ses frontières / Synthèse thématique...
D
E’
COUPE D-D’ 1/5000e Niveau du sol avant travaux 405 m. 10 minutes à pied
LA CONFLUENCE
QUARTIER DU PETIT BAYONNE
Tennis Club de l’Aviron Bayonnais Demi-lune et Double-corne de St Léon
95 m.
COUPE E-E’ 1/5000e
230 m.
Niveau du sol avant travaux 0 m.
200 m. QUARTIER Saint-Léon
Av. de Pampelune
Terrains d’entraînement Jean Dauger Glacis
RD 810 Av.Fernand Forgues
Cimetière
Av. Raymond de Martres
Ch. Abbé Édouard Cestac
Fortifications
450 m.
LE SITE DANS SES LIMITES ENSEMBLE DE LA DOUBLE-CORNE DE St LÉON ET STADE JEAN DAUGER
Boulevard du rempart de Lachepaillet
220
Conseil Général Anciennes Casernes Ste Claire Poudrière Bastion Royal
Av. d’Aquitaine sur sa levée (RD 810)
Mail Chaho Pelletier Université
Rue du Bastion Royal (bretelle d’entrée de ville depuis la rocade RD 810)
Allées des Platanes
Fortifications
Secteur du Glain
Restaurant
La Nive
Maison des Associations
25 m. 130 m. 430 m.
LE SITE DANS SES LIMITES LE MAIL CHAHO INTRA-MUROS AVEC LES ANCIENNES CASERNES LE BASTION ROYAL ET LES ANCIENS FOSSÉS DERRIÈRE LA ROCADE (SECTEUR DU GLAIN)
410 m. 5 minutes à pied
QUARTIER DU GRAND BAYONNE
250 m. 5 minutes à pied
QUARTIER DU PETIT BAYONNE
Les allées Boufflers
Rue Jacques Laffites
Rue Bourgneuf
Rue Frédéric Bastiat
La Nive
Quai Galuperie
Rue du Port de Castet
Rue du Pilori
Rue d’Espagne
221
L’Adour
Bayonne dans ses frontières / Synthèse thématique...
Infrastructure - Rupture
222
Ci-dessus et ci-contre en haut : Bayonne vue depuis le Sud-Est, sans doute depuis le bas du côteau de Saint-Pierre d’Irube, dans les barthes. La photo ancienne de 1920 illustre parfaitement le système des fortifications dont on ne devine que les parties hautes et pas les fossés. Ici sont visibles le bastion Royal et les corps de bâtiments des casernes de Sainte-Claire. Sur la photo actuelle, elles ne sont plus visibles du fait de la végétation mais aussi car les terres basses ont été refaçonnées par les infrastructures : la voie ferrée qui passe au pied du côteau et la rocade RD 810 que l’on discerne avant la masse boisée. Source de la photo ancienne : Musée Basque et de l’Histoire de Bayonne.
Infrastructure - Verdure Le franchissement des rivières est ce qui a fait naître Bayonne. A la différence de tous les ponts et passerelles, le pont de la départementale 810 est celui qui rompt le plus la continuité de la Nive. Construit dans les années 60, ses accroches avant de franchir la Nive sont très larges et ont nécessité de nombreux comblements et remblais au niveau des fossés du Bourgneuf. Les caractéristiques techniques et urbaines de cette voie sont analysées dans la synthèse des déplacements p. 233.
Enfin, s’il est vrai que les remparts apparaissent comme une ceinture verte en plan, la réalité est un peu plus triste. Les quelques qualités écologiques liées au site, anciennement humide, ont été réprimées par des remblais. Les remparts ne sont pas encore ce que les anglais appellent une «Green Infrastructure». D’autant plus que la politique de piétonnisation et de dynamisation du centre ville a repoussé près de 4000 places de parkings en dehors des murs, principalement sur les glacis qui ressemblent à des sortes de prothèses juxtaposées aux boulevards et rocades démesurés. Ainsi, près de 30% de la surface étudiée, en tout 75 ha, est vouée à la circulation automobile (voiries et parkings confondus).
Le talus de la RD 810 avant le pont André Grimard sur la rive droite de la Nive. Les fortifications sont à droite, cachées derrière la végétation et 6 mètres en contre-bas. A gauche, le secteur du Glain (cinéma, Maison des Associations, bowling, restaurants) se retrouve isolé, coupé du centre ville. 223
Le pont de fer vu depuis la rive gauche de l’Adour dans le quartier Saint-Esprit .
La passerelle piétonne de la Plaine d’Ansot : le pont Blanc.
La traversée du train sur la Nive.
Le dernier pont construit sur l’Adour au niveau du port, ici vu depuis le quai jouxtant les jardins publics.
Le pont Grimard vu depuis la proue du bastion Royal et le seul passage, sous le pont, reliant le Glain au reste de la ville.
Le pont Grimard vu depuis le pont du Génie qui marque la limite du centre ville. A gauche, le mur droit du bastion Royal et la large rue dite du Bastion Royal qui le longe. C’est aussi à partir de cet endroit que les quais de la Nive ne sont plus canalisés. A droite, les équipements de l’Aviron Bayonnais et derrière le pont, la masse boisée correspond à l’allée Maïté Barnetche qui longe la Nive jusqu’au secteur de la Floride depuis lequel une passerelle rejoint la zone naturelle des barthes de la Plaine d’Ansot.
224
Bayonne dans ses frontières / Synthèse thématique...
Vers quoi tendre? La frontière des remparts est donc d’une certaine manière une histoire d’infrastructures. Dans la perspective du projet, si l’on considère les espaces comme il le sont aujourd’hui, et sans aucune velléité de retour en arrière, ou de patrimonialisation extrême ; on entrevoit plusieurs nécessités. Il faut tout d’abord réussir à redire la frontière en travaillant sur une re-sculpture des espaces, en les reprofilant mais aussi et surtout en les ordonnant. Une nouvelle unité linéaire doit exister pour réussir à redire la finesse des talus, bourrelets, terrasses et glacis. Par ailleurs, le non traitement des axes routiers serait non seulement une négation de l’histoire des embellissements mais annulerait toute tentative de métamorphose des espaces fortifiés tant ils sont actuellement consommateurs d’espace. La perception de l’enceinte depuis ces axes doit aussi faire l’objet d’une attention particulière, puisqu’elle marque symboliquement l’entrée en ville. Enfin, l’infrastructure verte que pourrait devenir les remparts pourrait être le moyen de redire le site originel des barthes et de la conf luence tout en prenant en compte le problème des crues. Ces éléments sont ceux qui orienteront le projet en redéfinissant les espaces disponibles pour de nouveaux usages, ceux d’un parc urbain.
225
Sainte-Croix Gare
Bayonne dans ses frontières / Synthèse thématique...
Saint-Esprit
Les Arènes Grand Bayonne
Petit Bayonne Bourgneuf
Saint-Frédéric Petit Bayonne Panneacau
226
Petit Bayonne Secteur Glain
Saint-Léon Marracq
Mousserolles
Saint-léon Secteur Lauga
Saint-léon Secteur Floride
200 m.
Nord
Trame urbaine et quartiers : des pleins pour révéler les remparts Si ce sont les remparts qui ont donné à la ville ses formes actuelles, aujourd’hui c’est à leur tour de s’appuyer sur la ville pour mieux exister. Alors que les espaces sculptés des fortifications sont peu à peu oubliés, la ville continue de vivre et chaque quartier a son identité. La ville compte aujourd’hui 12 quartiers dont 6 sont adjacents aux espaces des remparts. Cette brève analyse des quartiers démontre bien évidemment leur diversité en terme de formes mais aussi de vocations et de caractéristiques sociodémographiques.
Saint-Etienne Saint-Bernard Saint-Esprit
ANGLET
Sainte-Croix Arousset
Arènes Grand Bayonne
Polo Beyris
«Bayonne, Bayonne, ville parfaite: fluviale, aérée d’entours sonores (Mousserolles, Marrac, Lachepaillet, Beyris), et cependant ville enfermée, ville romanesque : Proust, Balzac, Plassans. Imaginaire primordial de l’enfance : la province comme spectacle, l’Histoire comme odeur, la bourgeoisie comme discours.» Roland Barthes
TARNOS
BOUCAU
Petit Bayonne
Saint-Léon Marracq
Saint-Frédéric
Mousserolles MOUGUERRE
ANGLET ST-PIERRE D’IRUBE
VILLEFRANQUE
227 Carte des quartiers de Bayonne
Carte des quartiers adjacents aux remparts et des différentes typologies urbaines . Échelle :1/12 000e BASSUSSARY
Le site des remparts
Centre ancien dense : Grand et Petit Bayonne, quartier St Esprit le long de la rue Maubec et les chais du Faubourg de Mousserolles Extensions urbaines XIXe s. notamment le plan en damier du quartier St Esprit Ville néo-basque et tissu pavillonnaire principalement années 30 à 50 : quartier des Arènes (anciennement Lachepaillet ou Tarride), quartier St Léon Marracq ainsi que le quartier de Mousserolles Logements collectifs surtout années 60 à 80 Projets en cours (Tête de pont : logements, bureaux et commerces) Architecture militaire bâtie (hors murs des fortifications) Emprise des équipements majeurs
« Le vent semble avoir changé de direction au-dessus de la cité médiévale. Longtemps sous-estimée, elle a connu la plus forte progression de l'agglomération durant ces cinq dernières années. Désormais à l'étroit dans ses remparts, Bayonne a peu à peu redécouvert et pomponné ses quartiers populaires - à commencer par la rive droite de l'Adour et le faubourg Saint-Esprit, qui, avec ses cinémas d'art et d'essai, ses petits restos et ses espaces verts, séduit une clientèle jeune, un peu bobo.» «Ce n'est pas par deux, mais bien par dix que les prix ont été multipliés en quinze ans, s'étonne encore Jean-Pierre Arriol, d'Orpi. » L’Express Sarah Brethes, publié le 06/09/2007
Bayonne dans ses frontières / Synthèse thématique...
Le Grand Bayonne
228
Entre la Nive (rive gauche) et l’Adour sur une butte de 20 m de haut - 50 ha avec les remparts 4000 habitants soit 9 % de la population Bayonnaise 2764 logements - 54 logements/ha - 18 % de logements vacants - 13 % de logements sociaux Population : personnes âgées, jeunes couples, de plus en plus d’étudiants et de familles, 20 % de chômage Activités : commerces, administrations, culture, restaurants, marché... Patrimoine : Architecture, Cathédrale, Château-Vieux, Hôtel de Ville, Théâtre, remparts
Enfin depuis les années 80, la politique de piétonnisation porte ses fruits et parfois au détriment des remparts. Les remparts du Grand Bayonne sont très peu fréquentés en comparaison du centre pourtant ils restent accessibles mais servent principalement de parc de stationnement ou sont morcelés par les différentes fonctions qu’ils accueillent.
Le cœur actif de la ville qui est aussi son noyau urbain originel est un quartier dense, parfois trop dense, qui a subi de plein fouet la décroissance démographique des centres villes. Suite aux politiques (OPAH) engagées par la ville, le quartier se repeuple peu à peu. Caractérisé par le maillage étroit de ses rues, le Grand Bayonne constitue un ensemble homogène et très dynamique puisqu’il est le quartier d’accueil des commerces mais aussi des facilités administratives et culturelles. Le quartier fait partie du Secteur Sauvegardé notamment du fait de son unité architecturale exceptionnelle et de ses curiosités patrimoniales qui en font le pôle touristique de Bayonne. En revanche, le tissu urbain longtemps confiné dans les murs, n’a laissé presque aucun vide programmé, et les espaces publics sont peu nombreux. Caractéristique qui renforce le sentiment de respiration dans les espaces des remparts.
XVIe s. Pan de bois croisés et murs maçonnés
XVIIe s. Pierre, arcades, meneaux et bandeau filant
XVIIe s. Hôtel Belzunce
Rue du Pilori et le quai de la Nive vu depuis le Petit Bayonne. A l’angle de la maison en pierre, la boutique du fameux chocolatier Raux.
XVIIIe s. Maisons en pierre appareillés à porte-fenêtres cintrées et balconnets à retour arrondis ou Maisons à pan de bois destinées à être enduites
XIXe s. Maison en pierre appareillées balcons à retour droit.
Les façades mitoyennes et élevées des différentes époques façonnent le caractère du centre ville comme un ensemble cohérent et dense. Source des élévations : PSMV de Bayonne dessins de A. Bruguerolle, architecte.
Le Petit Bayonne Entre la Nive (rive droite) et l’Adour sur des terres basses - 40 ha avec les remparts 2200 habitants soit 5,5 % de la population Bayonnaise 1779 logements - 36 logements/ha - 24 % de logements vacants 17 % de logements sociaux Population : jeunes et étudiants, ouvriers, 28 % de chômage Activités et équipements : Lycée, Université, Conseil Général, commerces et restaurants, librairies, cinéma Patrimoine : Musées, remparts
Le quartier est en plein renouveau notamment grâce à l’implantation de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour en 2008 mais aussi suite à la rénovation du parc de logements. Le Petit Bayonne est lui aussi compris dans le périmètre du Secteur Sauvegardé et ses caractéristiques architecturales sont sensiblement similaires à celles du Grand Bayonne quoique relativement moins dense. La plus grande proportion d’espaces laissés libres n’a pas encore fait l’objet d’une attention aussi forte que pour les espaces publics du Grand Bayonne et bien que les quais soient de nouveau piétons, le reste des espaces publics est largement monopolisé par la voiture. Très vivant durant les fêtes de Bayonne, le quartier est le défenseur de la culture basque de la ville. On y trouve les trinquets et cafés mais aussi des institutions, notamment le Musée Basque et de l’Histoire de Bayonne ou encore la librairie de la maison d’édition basque Elkar. Le secteur du Glain au Sud, de l’autre côté de la RD 810 accueille un cinéma et la Maison des Associations qui renforcent la vocation culturelle du quartier. Les remparts du Petit Bayonne sont peu accessibles et peu visibles, la présence de la RD 810 perturbant fortement leur lisibilité.
La place Paul Bert et la rue des Lisses dans le Petit Bayonne. A gauche, la courtine du bastion Ste Claire.
Saint-Esprit Entre l’Adour et la voie ferrée 140 ha 7000 habitants soit 17,5 % de la population Bayonnaise 3998 logements - 24 logements/ha - 7 % de logements vacants 17 % de logements sociaux Population : jeunes, ouvriers 15 % de chômage Activités et équipements : Gare, commerces, centre de danse, marché Patrimoine : Synagogue, architecture industrielle
L’ancien faubourg de Bayonne marqué par les débuts de l’ère industrielle et l’immigration juive est aujourd’hui un centre secondaire qui accueille la gare. Sur la rive droite de l’Adour il fait face aux Grand et Petit Bayonne. Il est dominé par la Citadelle que l’on devine au travers des masses boisées. La trame orthogonale datant du XIXe s. a peu à peu été occupée formant aujourd’hui un ensemble bâti hétéroclite. Le dialogue entre les deux rives de l’Adour est perturbé rive gauche par les nombreux parkings des quais qui occultent les vues possibles sur le front bâti du quartier Saint-Esprit.
Le quartier Saint-Esprit relié au centre ville par le pont du même nom, ici vu depuis le pont de fer. A l’arrière plan la colline de la Citadelle.
229
Bayonne dans ses frontières / Synthèse thématique...
Les quartiers de Mousserolles et de Saint-Léon vus depuis les haut de Sainte-Croix.
La rue Poydenot dans la direction des remparts qui laissent émerger l’église Saint-André. Au premier plan, la base nautique de Bayonne donnant sur l’Adour. On aperçoit derrière le pont Saint-Esprit les grues du port de Bayonne.
230
Plaine des sports de la Floride et étendue des barthes de l’autre côté de la Nive. Le quartier de Saint-Léon secteur de Lauga vu depuis le pont Grimard.
Avenue du Maréchal Foch dans le quartier des Arènes, débouchant sur la place des Basques dont on peut voir la silhouette des immeubles. (Photomontage)
Mousserolles Entre l’Adour et la colline de Saint-Pierre d’Irube au pied de laquelle passe la voie ferrée 320 ha. dont 140 occupés par les barthes au Sud 1890 habitants soit 4,7 % de la population Bayonnaise 752 logements - 4,2 % de logements vacants 28 % de logements sociaux Population : personnes âgées, ouvriers Activités : commerces de proximité Patrimoine : anciens Chais
L’ancien faubourg industriel a principalement un caractère résidentiel. Différentes typologies se mélangent : les villas bourgeoises du bord de l’Adour, les pavillons balnéaires et les immeubles sociaux sur le plateau. Il accueillait récemment le pôle d’archives départementales. Un projet de regroupement des cliniques privées profitera bientôt des réserves foncières encore nombreuses dans le quartier. Son interface avec les remparts est marquée par les résidences de l’avenue Duvergier de Hauranne et le rond-point de la Nautique au bord de l’Adour qui éloignent malgré tout le quartier du centre ville pourtant si proche. Seule la porte de Mousserolles dans les remparts est régulièrement empruntée. L’enceinte a donc un rôle à jouer à ce niveau, pour rapprocher ce faubourg au Petit Bayonne.
Saint-Léon Entre la voie rapide RD 810 la Nive à l’Est et le boulevard d’Artixade à l’Ouest. 390 ha. 6152 habitants soit 15,3 % de la population Bayonnaise 3494 logements - 4 % de logements vacants - 16 % de logements sociaux Population : jeunes et étudiants, familles, ouvriers Activités : hôpital, collèges, lycées Patrimoine : ruines du Château de Marracq (Napoléon)
Le quartier le plus étendu de Bayonne est issu du développement de lotissements mais aussi et surtout marqué par l’implantation des grands équipements d’importance communale ou d’agglomération.
Le cimetière, le stade de rugby, le parc des sports et la piscine, le pôle sportif de la Floride, l’hôpital et trois cliniques, plusieurs lycées et un collège, anciennement l’Université, le conservatoire de musique et de danse en font un lieu attractif mais souvent engorgé du fait de la concentration de ces activités. Par ailleurs de nombreux immeubles collectifs marquent l’horizon du quartier. L’interface avec les remparts ne déroge pas aux caractéristiques du quartier puisqu‘elle se fait au niveau du stade Jean Dauger qui ne favorise pas la perméabilité du faubourg vers le centre ville, d’autant plus que les remparts sont très peu accessibles à ce niveau-là.
Les Arènes Entre les allées Paulmy à l’Est et le canal d’Artixade qui jouxte la commune d’Anglet 130 ha. 4540 habitants soit 11,1 % de la population Bayonnaise 2339 logements - 7,1 % de logements vacants 17,6 % de logements sociaux Population : personnes âgées, familles Activités : commerces de proximité, administrations Patrimoine : arènes et trinquet de pelote basque, maisons néobasques
La façade bourgeoise des allées Paulmy autrefois habitée est aujourd’hui très majoritairement occupée par des services, nombreux médecins, assurances, avocats et notaires. Malgré de nombreux services et quelques rues commerçantes, la fonction résidentielle des Arènes est prédominante. Cette vocation est illustrée par les grandes villas et pavillons tous pourvus de jardins. Quelques ensembles collectifs sont aussi présents, surtout au Nord, le long de l’Adour. La jonction avec Anglet est établie avec la zone d’activités des Pontots. L’orientation de sa trame urbaine en fait un quartier physiquement proche du centre ville de Bayonne. Bien que les remparts soient très imperméabilisés de ce côté-ci, il reste possible de les parcourir.
231
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Bayonne dans ses frontières / Synthèse thématique...
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1x1 voies entrée de ville depuis le Sud dir. Pau Toulouse par A 64
200 m.
Nord
Infrastructures et déplacements urbains : les remparts «pris au piège» dans un système d’ampleur territoriale Alors que les quartiers de la ville clarifient les limites du site, le réseau viaire et les équipements liés aux déplacements sont souvent facteurs d’une mauvaise lisibilité à la fois des ensembles mais aussi de la ville toute entière. Leur analyse physique et technique permet de jauger la marge de manœuvre du projet. L’extérieur du site est en contact avec plusieurs voies qui constituent les principales entrées de ville : - au Sud, la DR 810 (avenue d’Aquitaine, pont André Grimard, avenue André Grimard et avenue Forgues) - à l’Ouest les allées Paulmy - à l’est l’avenue Duvergier de Haurrane - au Nord les allées Boufflers et l’avenue du Maréchal Leclerc
Au cœur de la ville, les principales voies sont la rue des Platanes, la rue de Ravignan et la rue Paul Bert qui passent dans l’entre-deux ville-remparts sur la rive droite de la ville. Le boulevard du Rempart de Lachepaillet et la rue Tour de Sault constituent le tour de ville du Grand Bayonne. Toutes ces voies fonctionnent en double sens 1 x 1 voies exceptées les allées Paulmy et la RD 810 plus amplement explicitées ci-après.
233
Carte des voies et infrastructures de déplacements . Échelle :1/12 000e Le site des remparts 75 ha. dont 20 ha. dédiés à la voirie et aux parkings en surface, soit 30%.
Parkings souterrains 1670 places
Grandes dessertes extra-communales d’importance départementale : RD 810
Parkings en surface 2000 places
Entrées de villes et principales voies urbaines notamment les allées Paulmy qui attendent un projet de TCSP Dessertes internes (stationnement riverain surtout sur le boulevard de Lachepaillet) Rues piétonnes (résultant de la politique de Bayonne pour redynamiser le centre ancien) Navette électrique du centre ville (permet de relier des parkings périphériques situés sur les remparts jusqu’au centre ville et à la gare) Emprise du réseau ferré Pistes cyclables Bandes cyclables
0 - Parking De Gaulle 250 places 1 - Quai Pedros 100 places 2 - Vauban souterrain 100 places 3 - Place des Basques 150 places et gare de bus pour l’Espagne 4 - Paulmy I 125 places 1€ / journée 5 - Paulmy II souterrain 780 places 6 - Champ de Foire 350 places Gratuit 7 - Lautrec 45 places 1€ / journée 8 - Porte d’Espagne 190 places 1€ / journée 9 - Saint-Léon souterrain 450 places 10 - Lamarque 90 places Gratuit 11 - Lauga 120 places Gratuit 12 - Conseil Général, parking réservé 13 - Sainte-Claire 440 places 14 - Paul Bert 140 places 15 - Boufflers 320 places 1€ / journée 16 - Mousserolles 100 places Gratuit 17 - Glain 800 places Gratuit 18 - Gare surface et souterrain 450 places
2 voies 3 voies
15 000 20 000 45 000 65 000
2x2 voies 2x3 voies
8500 12 000 25 000 40 000
A 63 vers Bordeaux
Saturation
Autoroutes : réseau de transit Tarnos
TARNOS
Échangeurs Réseau de distribution d’importance territoriale Réseau secondaire
BOUCAU 810
Route d’importance locale
RD
Voie ferrées et gares Le site des remparts sur lequel passe la RD 810 et les allées Paulmy deux axes cruciaux dans la dynamique des flux à l’échelle de l’agglomération
Port de Bayonne 810
260
RD
RD
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Bayonne Nord
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Aéroport
Bayonne Sud
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Type de voie Seuil de gêne
ONDRES
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Bayonne dans ses frontières / Synthèse thématique...
Hiérarchisation des seuils de gêne et de saturation pour des routes de rase campagne, en véhicules par jour dans les deux sens confondus.
2500 m.
Nord
Si toutes les voies méritent d’être requalifiées, laissant davantage de place aux piétons et aux circulations douces, elles ne constituent pas pour la plupart des obstacles voire des éléments de rupture irréversibles. Par ailleurs, le passage de la RD 810 en ville qui a sérieusement modifié la topographie du site, est aujourd’hui l’un des enjeux principaux pour redonner une cohérence au site des remparts. Rive droite sur l’avenue d’Aquitaine, son caractère est très routier et rien n’indique l’entrée de la ville qui se fait à ce niveau par des bretelles consommatrices en espace et qui pourraient sans soute faire l’objet d’une simplification. Cette 2 x 2 voies est limitée à 50 km/h mais n’est pourtant pas du tout adaptée aux piétons qui ne peuvent pas la franchir si ce n’est au niveau de la Nive sous le pont Grimard. Le secteur du Glain (parking de 800 places, cinéma, Maison des Associations) s’en retrouve particulièrement isolé des dynamiques urbaines. D’autre part, après la traversée de l’Adour, la position surélevée de la route ne favorise pas l’apaisement de la circulation. Rive gauche, elle est au niveau du sol et l’arrivée au niveau du rond-point St Léon ainsi que la présence de bâtiments comme le stade J. Dauger lui donne un caractère un peu plus urbain. Pourtant, aucune traversée pour piétons au niveau de la voie n’est permise. Après le rond-point, sur l’avenue du Maréchal Soult, les voies ont été rénovées accueillant la première voie de TCSP du projet de l’agglomération qui passera par ailleurs sur les allées Paulmy. D’un point de vue plus technique, cette voie d’importance départementale est empruntée par les convois exceptionnels ne pouvant pas circuler sur l’autoroute. Cinq à six convois traversent donc Bayonne quotidiennement, d’où la largeur de bandes latérales. La traversée est en revanche interdite aux poids lourds qui empruntent l’autoroute A 63. Les comptages révèlent 22 000 véhicules par jour dans les deux sens confondus en amont de la ville et 24 000 en aval. Il faut noter que cet axe est aussi à Bayonne une entrée de ville, ce qui donne à cet axe les caractéristiques d’une voie fonctionnant à son maximum de débit, étant parfois presque à saturation. (Cf. tableau ci-contre).
A l’échelle de l’agglomération, on se rend compte que seules deux voies de contournement de l’autoroute existent et passent toutes deux dans des zones particulièrement urbanisées (RD 810 et RD 260). Ces voies calibrées entre autres pour le tourisme estival se transforment en véritables voies rapides pendant les périodes de faible affluence et ont encouragé l’utilisation systématique de la voiture. En ce qui concerne la RD 810, la Mairie d’Anglet a quant à elle engagé un projet autour de cette avenue désuète. A Bayonne, aucun projet n’a encore vu le jour ni émergé dans les débats. La route qui est gérée par le département est considérée par celui-ci comme viable du point de vue routier. Tout l’enjeu réside donc dans la conciliation des contraintes de trafic avec l’intérêt urbain que pourrait jouer une telle voie en tant qu’espace de mise en scène de la ville pour les automobilistes mais aussi comme un espace traversable par les piétons. Le projet interviendra donc sur les abords et les talus de la voie, conservant ainsi sa viabilité routière tout en l’ancrant aux espaces qu’elle traverse. Les allées Paulmy, autre voie d’importance à l’échelle de Bayonne et de l’agglomération, mais aussi de part leur position par rapport aux remparts, feront d’ici à 2013 l’objet d’un projet de rénovation dans le cadre de la mise en place de déplacements en site propre. Le projet est explicité p. 273. La problématique du stationnement sera relativement peu modifiée par ce projet, même si à terme le nombre de véhicules particuliers pourrait diminuer. Il convient donc de trouver de nouvelles techniques pour atténuer l’effet de ras de marée provoqué par les parkings : soit en les enfouissant systématiquement lorsque le contexte le permet ou bien en favorisant le parking sous mails ou encore de manière plus diffuse sur le pourtour de la couronne. Cette technique est aussi une manière d’amener l’automobiliste à traverser des endroits qu’il ne parcourt pas d’habitude. En ce qui concerne les autres voies aux abords des remparts, leur contexte urbain est avéré et il s’agira surtout d’une requalification des abords et d’une différenciation moins brute des usages qui sont encore aujourd’hui systématiquement sectorisés.
Ci-contre : Carte des infrastructures de transports à l’échelle de l’agglomération Source du fond cartographique : Géoportail
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Jardins publics
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Carrefour de la place des Basques
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Chiffres et avenir : les allées Paulmy avec leur nouveau projet des TCSP (Cf. détails p. 273) - 2 lignes de bus cadencées en site propre - 1x1 voie + 1 voie centrale pour tourner - réduction du nombre de stationnements le long des façades et aménagement d’un trottoir
Par k Profil type
236
Av. d e
Les allées Paulmy actuellement
Typologie des allées Paulmy dans leur état actuel : une contre-allée envahie par le stationnement sauvage. Deux fois trois voies séparées par un terre-plein central, des sections réservées aux bus à certains endroits. Des carrefours extrêmement complexes, source d’engorgement et gourmands en espace.
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Bayonne dans ses frontières / Synthèse thématique...
Deux voies à forts enjeux pour les remparts
Rue 40 m.
Nord
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Carrefour des jardins publics
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40 m.
Nord
150 m.
Nord
Pelouse au-dessus du Pk. Paulmy II
Stade Carrefour à l’entrée des parkings Champ de Foire et Paulmy II
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40 m.
Nord
Rond-point Saint-Léon
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La RD 810 gu or .F Av
Terrains de sport abandonnés
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Tennis
Fontaine Saint-Léon
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Stade Jean Dauger 40 m.
Nord
Avenue Grimard : différenciation des voies pour accéder au parking Lamarque. La voie rapide : deux fois deux voies séparées, des carrefours régulés grâce à des bretelles d’accès.
Fossés du bastion Royal ine
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Le Glain Av. d’Aquitaine rond-point d’entrée en ville et bretelles d’accès .
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Le Glain
Au niveau du pont Grimard rive droite, la levée.
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Profil type 2x2 voies plus parkings au niveau de l’avenue Forgues
Nord Chiffres et contraintes - Largeur des voies sur le pont : -largeur des voies : 3 m. et 3,25 m. -largeur des bandes : 50 cm. -largeur du terre-plein : 2,5 m. - 5 à 6 convois exceptionnels par jour - entre 22 000 et 24 000 véhicules par jour dans les deux sens confondus -soit environ 1850 uvp (unité de véhicules particuliers) par voie et par heure (cela en considérant 3 heures de pointe par jour) - or une voie à son maximum est à 1800 uvp/h/ voie (unité véhicules particuliers) ou 3493 uvp pour deux voies de type départementale 60 m.
Nord
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Bayonne dans ses frontières / Synthèse thématique...
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200 m.
Nord
Équipements, usages et rythmicité : d’un périmètre très équipé au mitage de l’enceinte, quels potentiels pour un parc urbain ? RIVE GAUCHE : GRAND BAYONNE - LES ARÈNES ET SAINT-LÉON
RIVE DROITE : PETIT BAYONNE ET MOUSSEROLLES
1 - Mairie-Théâtre (Scène Nationale de Bayonne, 5 salles dans l’agglomération) 2 - Office du Tourisme 3 - Poste et Cité Administrative 4 - Château-Neuf occupé par l’Armée 5 - Médiathèque 6 - Cathédrale Sainte-Marie de Bayonne 7 - Théâtre, salle de spectacle la Luna Negra, capacité : 145 spectateurs 8 - Les halles 9 - L’omnisport de l’Aviron Bayonnais, association (Rugby, Aviron, Tennis...) 10 - Stade Belascain (stade sur dalle), parking souterrain St Léon 11 - Tennis de l’Aviron Bayonnais 12 - Stade Jean Dauger Club de rugby de l’Aviron Bayonnais 13 - Palais des sports ( Gymnase, piscine, complexe sportif universitaire) 14 - Complexe sportif de la Floride (Gymnase, Stades) 15 - Centre Hospitalier de la Côte basque 16 - Cimetière 17 - Clinique Lafargue 18 - Skate parc 19 - Terrains de basket 20 - Hôtel de Police 21 - Clinique Paulmy (groupe Capio) 22 - Hôtel des Douanes et Police Municipale 23 - Les Arènes (accueillant corridas mais aussi concerts et spectacles) 24 - Le Trinquet, Fédération Nationale de pelote basque 25 - Collège Saint-Bernard 26 - GRETA Groupement d’Établissements d’Éducation pour Adultes 27 - Conservatoire Maurice Ravel
1 - Musée Bonnat 2 - Musée Basque et de l’Histoire de Bayonne 3 - Lycée Technique Paul Bert : 600 élèves 4 - Église Saint-André 5 - École Primaire 6 - Campus universitaire de la Nive : 2000 étudiants 7 - Conseil Général, Agence d’Urbanisme 8 - La Poudrière, lieu d’exposition de la Mairie de Bayonne 9 - Cinéma CGR 10 - Bowling 11 - Maison des Associations 12 - Société nautique Bayonnaise 13 - Nouveau Pôle d’Archives départementales de la Côte basque 14 - Hôpital de Camps de Prat 15 - Stades RIVE DROITE DE L’ADOUR : SAINT-ESPRIT 1 - Régiment d’infanterie de la Marine 2 - Gare 3 - Synagogue 4 - Cinéma d’art d’essai l’Autre Cinéma 5 - Cinéma l’Atlante 6 - La Poste 7 - Centre de danse ORAIBAT 8 - Maison d’Arrêt
Carte des équipements et des services dans et autour des remparts . Échelle : 1/12 000e Équipements publics administratifs
Équipements sportifs
Équipements scolaires et éducatifs
Équipements culturels
Équipements de santé
Bâtiments religieux
Structures associatives notamment dans les casemates des remparts prêtées par la Mairie. Rues commerçantes
Parkings et Parkings souterrains
Restauration
Le site des remparts
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Bayonne dans ses frontières / Synthèse thématique...
Un espace mité et sporadique suscitant peu d’usages spontanés
240
Au vu de cette carte, le centre ville de Bayonne et les alentours des remparts possèdent une répartition des équipements très homogène et de nature diversifiée. Bayonne joue aussi un rôle non négligeable au sein de l’agglomération de la côte basque puisqu’elle est la sous-préfecture du département mais aussi de par ses équipements universitaires et liés à la santé. Chaque quartier possède des équipements qui contribuent à son identité. Ainsi, le Petit Bayonne est un pôle d’enseignement et de culture tandis que le Grand Bayonne est le centre commerçant et patrimonial. Une vocation de services émerge dans le quartier des Arènes tandis qu’on observe une concentration d’équipements sportifs dans le quartiers Saint-Léon qui possède aussi l’hôpital. Le quartier de Mousserolles à vocation bien plus résidentielle accueille désormais le pôle d’archives départementales. En terme de besoins, la ville travaille à un rééquilibrage entre la rive droite et la rive gauche (la rive gauche étant mieux dotée). Par ailleurs, elle envisage la construction d’un Zénith, équipement qui ne concerne pas le centre ville, mais elle manque surtout de lieux d’expositions pour l’art contemporain pour compléter son offre culturelle, d’autant plus que le musée Bonnat qui pouvait ponctuellement accueillir ce genre de manifestations vient de fermer ses portes pour plusieurs années. Enfin, la position de Bayonne, considérée comme la capitale française du Pays basque sur l’axe transfrontalier, devrait induire un renforcement de l’offre culturelle. Le projet des remparts s’inscrit pleinement dans cette perspective qui permettrait à Bayonne d’étoffer son offre touristique. Dans cette vision d’ensemble, il faut bien sûr souligner le rôle des remparts.
Ces derniers subissent plus que ne profitent de l’implantation des équipements et on a parfois l’impression d’un mitage. Les parkings qui sont cependant indispensables à la viabilité du centre ville, sont implantés en nappe provoquant de fait une monofonctionnalité des espaces et les équipements sportifs, par définition peu f lexibles dans leurs formes, s’insèrent tant bien que mal dans les fossés : tennis et terrains de jeu vétustes qui ne sont utilisables que lorsque la météo le permet. C’est-à-dire moins de la moitié de l’année, puisque les contraintes des monuments historiques n’autorisent pas de structures lourdes pour couvrir les terrains. Enfin, il est intéressant de noter que l’Office du Tourisme quoique proche des nombreux stationnements est d’une pauvre qualité architecturale et représente un obstacle à la continuité de la place des Basques. Cependant, si les fonctions attribuées aux remparts ne sont pas toujours adaptées ou bien si elle ne suscitent pas ou très peu d’usages quotidiens, des usages et événements plus ponctuels rythment tout de même cette frontière urbaine. Les glacis, vastes espaces plans permettent notamment d’accueillir des cirques, foires ou concerts surtout sur le Champ de Foire. La plus grosse contrainte vient sans doute des fêtes de Bayonne qui sont le plus gros événement estival du Sud-Ouest et entraîne des contraintes très fortes de sécurité fortement accentuées dans des espaces comme les remparts. Enfin, ces derniers sont mis à l’honneur lors des Journées du Patrimoine qui organisent des visites guidées et aussi lors d’expositions à la Poudrière (Cf. pages suivantes). Tous ces usages événementiels sont une aubaine pour les remparts, le projet devra donc faciliter leur accueil mais aussi et surtout inventer des espaces ayant un potentiel d’usages quotidiens.
Ci-contre: Une collection du peu d’usages quotidiens observables dans les remparts eux-mêmes. Ils sont cependant appréciés des jeunes qui y trouvent refuge pour se réunir. Quelques habitués baladent quotidiennement leurs chiens. Des parents emmènent leurs enfants dans les aires de jeux. Bien évidemment, les stades sont utilisés et le jardin botanique est visité par des écoles. Enfin, les seuls habitants permanents des remparts sont les chèvres qui «entretiennent» les terrasses trop dangereuses.
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Bayonne dans ses frontières / Synthèse thématique...
Les remparts support d’usages événementiels
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Les fêtes de Bayonne : aire de camping dans les fossés du Bourgneuf Concert à la Porte de Saint-Léon Rassemblement au niveau de la poterne du Château-Vieux Sources : www.fetes.bayonne.fr
Tournoi de Tennis de l’Aviron Bayonnais Course des Remparts en mars. Vauban tout terrain Match de Rugby sur le stade Belascain Sources : tennisavironBayonnais. com et lespassionsdebasile.overblog.com
Expositions de sculptures à la Poudrière et devant le mur pareboulets (Remparts du Bourgneuf) Bourse aux plantes dans les allées de la poterne du Château-Vieux Carnaval organisé par l’Office du Tourisme Sources : www.SudOuest.fr et www. mendizabal.fr
Concert dans les remparts de Lachepaillet et nuits du patrimoine Visite d’une casemate pendant les Journées du Patrimoine De nombreux espaces internes aux remparts (casemates) sont occupés par des associations qui profitent gratuitement des locaux appartenant à la Maire Sources :www.bayonne.fr
ÉVÉNEMENTS HEBDOMADAIRES ET MENSUELS : • MARCHÉ AUX FRUITS ET LÉGUMES : tous les samedis sur le Carreau des Halles. • LA PÊCHERIE DES ALLÉES MARINES : tous les matins sauf le dimanche. • BROCANTE : tous les vendredis sur le Carreau des Halles. ÉVÉNEMENTS MENSUELS : • MATCH DE L’AVIRON BAYONNAIS : Stade Jean Dauger, 17000 spectateurs. • MARCHÉ DE MONTMARTRE, PEINTURE AMATEUR : Troisième samedi du mois de mai à octobre sur le parvis de la Cathédrale. ÉVÉNEMENTS ANNUELS : • FÊTES DE BAYONNE : juillet / début août, cinq jours dans toute la ville, 1 million de personnes. Courses de vachettes, danse et chants, pelote, gastronomie... Notamment une aire de camping dans les fossés du Petit Bayonne, des activités à la Poterne du Château-Vieux, bals sur le mail Chaho Pelletier, gare routière sur la place des Basques. • LES JOURNÉES DU PATRIMOINE : en septembre, conférences, expositions et visites guidées dans lesquelles les remparts sont mis à l’honneur. • COURSES DES REMPARTS : en mars, parcours de treck urbain dans les remparts organisé par l’association Cacao qui occupe les souterrains du bastion VieilleBoucherie. • VAUBAN TOUT TERRAIN : en janvier, course VTT, six tours dans les remparts Lachepaillet représentant une distance d’environ 20 km. • BOURSE AUX PLANTES : allées de la Poterne dans les remparts en mai. • TOURNOIS DE TENNIS DE L’AVIRON BAYONNAIS : printemps et été : 400 et 800 personnes. • FOIRE ET FÊTE FORAINE : tout le mois d’avril, sur le Champ de Foire, glacis des remparts. • FOIRE AUX LIVRES ANCIENS : avril à la Maison des Associations. • LES «MAIMORABLES» : en mai, organisé par la Scène Nationale de Bayonne avec notamment des spectacles en extérieur pouvant parfois prendre place dans les remparts. • CARNAVAL • FÊTE DE LA MUSIQUE • LA TEMPORADA : corridas aux arènes. • FOIRE AU JAMBON : Pâcques sur le carreau des Halles et le mail Chaho-Pelletier. • MARCHÉ DE NOËL : décembre, place du Réduit et pont Mayou. • LES TRANSLATINES : festival des cultures franco-ibériques et latino américaines organisé à Bayonne (dans les salles de spectacle et de cinéma) par le Théâtre des Chimères de Biarritz. ÉVÉNEMENTS AYANT MALHEUREUSEMENT PÉRICLITÉ : • JAZZ AUX REMPARTS : festival organisé par la Scène Nationale de Bayonne devenu un label discographique. • RUÉE AU JAZZ : festival off de Jazz aux remparts.
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ONDRES
Bayonne dans ses frontières / Synthèse thématique...
GRANDES ENTITÉS PAYSAGÈRES -Les Landes -Les barthes de l’Adour ou l’arrière-pays -Le Pays basque -La Côte basque
Les Landes
ESPACES DE PLEIN AIR Les plages (surf, tourisme, thalassothérapie...)
TARNOS
Les boisements (promenade et sports) Les zones naturelles (muséum d’histoire naturelle, maison de la nature, promenade et loisir éducatif) Les golfs
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Port de Plaisance
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Centre villes, pôles touristiques festifs et culturels
Lazaret
AUTRES LOISIRS SPORTIFS ET CULTURELS
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Grands équipements sportifs (patinoire, stade de rugby, centres équestres...)
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Muséums et salles d’exposition
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Les barthes de l’Adour
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Jardins Publics
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BOUCAU
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Le Pays Basque et les Pyrénées
2500 m.
Nord
Un rôle à jouer dans l’agglomération Ce dynamisme événementiel fait de Bayonne, plus que toutes les autres villes de l’agglomération, le pôle urbain par excellence. D’entre toutes, c’est elle qui, née grâce à ses remparts, a su se construire une identité au fil de son histoire tout en développant une culture de la ville. Elle est aujourd’hui devenue la capitale du Pays basque français alors quelle était historiquement gasconne. Son centre ville dynamique rayonne sur toute l’agglomération tandis que les autres villes sont toutes plus ou moins tournées vers ce qui fait leur force, l’Océan. L’agglomération de la Côte basque est à la croisée d’entités paysagères fortes et ancrées dans les esprits. Au Nord, les Landes des bois et des lacs ourlées de leurs plages attirent de nombreux touristes. Évoquant l’arrière-pays, les barthes de l’Adour sont emblématiques. Au Sud, c’est le Pays basque et toute sa culture, symbolisée par la Rhune, parcouru par les chemins de Saint-Jacques de Compostelle et les Pyrénées. Enfin, la façade Atlantique qui est à l’origine du développement urbain (villégiature, tourisme, culture du surf...) et qui, si on la longe, nous emmène en 40 minutes en Espagne.
Ce paysage a orienté les équipements de plein air et de loisirs qui sont bien sûr les plages, si tant est que l’on puisse les considérer comme des équipements. Puis viennent les boisements et les zones naturelles comme les lacs et les barthes de la plaine d’Ansot qui sont des lieux de promenade mais aussi des lieux pédagogiques. Les nombreux golfs font aussi la réputation de la région. Enfin, les villes possèdent de petits jardins publics, mais aucune d’entre elles, ne possède de grand parc urbain au sein de cette vaste conurbation. Ce constat conforte la place que pourrait jouer la ceinture des remparts si elle retrouvait sa cohérence et son unité. Par ailleurs, tous les déplacements liés aux loisirs se font en voiture, d’où la saturation du réseau viaire et la volonté de mettre en place un TCSP. Les remparts ont donc aussi cette capacité d’être un parc de proximité donnant à Bayonne un atout supplémentaire. A la rencontre entre les quartiers et les différentes villes de l’agglomération, leur présence deviendra d’autant plus nécessaire avec les deux lignes de busway projetées, reliant Tarnos à Bidard, qui passeront sur les allées Paulmy.
Les chiffres du Tourisme à Bayonne : - 1 million de nuitées - 2 millions d’excursionnistes - 114 millions d’euros de retombées économiques
Ci-contre : Carte des équipements de loisirs et de plein air de l’agglomération. Source du fond cartographique : Géoportail
Les principaux attraits touristiques de l’agglomération : - culture et patrimoine - gastronomie - paysage et océan - randonnée - fêtes de Bayonne
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Bayonne dans ses frontières / Synthèse thématique...
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Agrément, espaces ouverts et espaces publics : les prémices d’un ensemble En regardant de plus près la qualité des espaces ouverts de Bayonne, plusieurs faits sont frappants. Tout d’abord le faible ratio d’espaces publics du type places réservées aux piétons. Cette caractéristique Bayonnaise est bien évidemment liée à l’histoire de la ville qui s’est construite sur elle-même, ne planifiant pas ses vides non construits. Les quartiers XXe s. des Arènes, de Saint-Léon et de Mousserolles possèdent eux aussi peu ou pas d’espaces publics significatifs de représentation ou de démonstration. Par ailleurs, le seul vide issu d’une volonté, est bien celui lié aux remparts et à la défense de la ville. Au vu de cette carte et de l’analyse du site, la qualification de ces espaces n’est pas toujours déterminée précisément et nombre d’entre eux sont encore fermés. Pourtant ces espaces, bien que morcelés, révèlent sur la carte les prémices de ce qui pourrait être un ensemble. Historiquement à l’origine du manque d’espaces publics, les remparts sont donc la base d’une nouvelle infrastructure, mais cette fois-ci une infrastructure faite d’espaces collectifs, symboliques et de représentation.
Ayant un rôle urbain venant compléter ceux présents dans le centre ville, leur atout principal est d’être à la jonction entre les différents quartiers. Ils sont en fait un espace de cohésion qui par sa configuration, en anneau autour de la ville, contrebalance la division dûe à la rencontre des f leuves qui scinde la ville en deux. Ce nouveau réseau permet à l’enceinte de retrouver une unité, mais il n’empêche pas une variété d’ambiances et de vocations. En effet, l’idée de la ceinture verte mise en avant par la ville peut tout à fait être conciliée à des vocations urbaines. En terme de qualités écologiques, les remparts possèdent déjà quelques atouts évoqués précédemment. La partie Sud des remparts du Bourgneuf fait d’ailleurs partie de la ZNIEFF de type 2 qui s’étend depuis les barthes. Outre le patrimoine arboré, les plantes poussant dans les murs sont une valeur ajoutée. (Cf. pages suivantes) Le remparts sont donc aussi la porte d’entrée du sauvage dans la ville.
Carte des espaces publics et des typologies végétales des remparts . Échelle : 1/12 000e Jardins publics hérités du XIXe s. Espaces verts souvent résiduels (pelouses tondues régulièrement), peu d’usages Allées et mails dégradés Parc semi-public (dégradé et très peu utilisé) Espaces enfrichés : pâturés car l’entretien est devenu trop dangereux) Boisements classés Agriculture Zone naturelle des barthes de la Plaine d’Ansot accueillant le Muséum d’Histoire Naturelle Jardins familiaux Le site des remparts
GRAND BAYONNE et PETIT BAYONNE 1 - Place de la Liberté 2 - Jardins Publics et les allées Marines 3 - Place des Basques 4 - Esplanade du Monument aux Morts 5 - Jardin Botanique et allées de la Poterne de Tarride 6 - Square Dubarat 7 - Place Pasteur 8 - Place Montaut 9 - Les allées Paulmy 10 - Mail Chaho Pelletier 11 - Jardin de la Maison des Associations 12 - Square Léo Pouzac 13 - Allées Boufflers 14 - Esplanade du réduit 15 - Zone naturelle des barthes ZNIEFF de type 1 et zone Natura 2000 accueillant le Muséum d’Histoire Naturelle (Cf. pages suivantes)
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Bayonne dans ses frontières / Synthèse thématique...
Classement Natura 2000 qui se Classement ZNIEFF Zone prolonge jusque dans le centre. Naturelle d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique.
Les barthes et leurs canaux.
Les arbres des remparts (liste non exhaustive) Spontanés : chênes, frênes, noisetiers, érables champêtres, figuiers, robiniers Le sous-bois des remparts : lierre, ronces, fougères, prêles, ailantes, laurierspalme
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300 m.
Nord
Plantés : chênes rouges d’Amérique, platanes, palmiers, tilleuls, tulipiers de Virginie, albizias, érables argentés, charmes, cerisiers, bouleaux, hêtres
Secteur de la ZNIEFF de type 2 chevauchant les remparts dans la partie anciennement liée aux inondations. Sources des cartes : géoportail
Mousses, fougères et figuiers, achillée et vesce poussent sur les murs des remparts.
La question de la sécurité Pour finir, faire de ces espaces inaccessibles des lieux de passage, accessibles et de convivialité n’est pas sans poser de problèmes en matière de sécurité. Étant donnée la morphologie, hauts murs et fossés, cette question est primordiale. «Deux jeunes hommes ont par ailleurs été grièvement blessés, dans la nuit de mercredi 1er au mardi 2 août, à Bayonne, après avoir fait une chute depuis les remparts de la ville. Ils sont probablement tombés en raison d’une forte consommation d’alcool, a indiqué le Samu.» 2007, www.forum-pompier.com «La cinquième et dernière nuit de l’édition 2011 des fêtes, trois personnes ont toutefois été grièvement blessées : un jeune homme a fait une chute depuis les remparts (il avait franchi les doubles protections mises en place).» 2011, Le Sud Ouest Il est donc essentiel d’imaginer des espaces sécurisés pour la promenade quotidienne mais aussi et surtout dont l’accès peut être contrôlé voire fermé lors des fêtes de Bayonne ; événement pendant lequel tous les espaces ne peuvent être surveillés.
249 Les nombreux messages interdisant l’accès au remparts pour des raisons de sécurité. La présence des chèvres, plus que répondant à une démarche de développement durable aboutie, correspond à une nécessité de réduction des coûts d’entretien des remparts. Ceux-ci sont en effet élevés du fait de la dangerosité des opérations (hauteur des murs et instabilité des talus et rebords nécessitant un matériel et des précautions spéciales).
250
Vue du projet de Campus universitaire de la Nive.
IV - LA VILLE FACE AUX REMPARTS
1 - Dispositions foncières, protections et réglementations 2 - Projets et avenir
251
252
1 - DISPOSITIONS FONCIÈRES, PROTECTIONS ET RÉGLEMENTATIONS Avant de commencer La nécessité d’un projet d’ensemble sur la couronne des remparts semble être indispensable pour réussir à réintégrer ces espaces dans la dynamique de la ville. Outre les protections au titre des Monuments Historiques, quels sont les décideurs susceptibles de porter un projet d’ensemble sur les remparts et quelle est leur position par rapport à ces espaces ? L’analyse des documents d’urbanisme prouve que les remparts sont considérés comme l’un des marqueurs identitaires forts de la formation urbaine de Bayonne, cependant malgré la capacité des espaces des remparts à supporter des usages liés au stationnement, leur potentiel urbain et très rapidement effleuré et aucune ligne directrice forte n’est affirmée. Extrait du Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur au niveau de la double-corne de Saint-Léon. Source : Mairie de Bayonne
Les Monuments Historiques L’ACBA et la ville, propriétés foncières Les documents d’urbanisme, les remparts mis à l’écart
Le Plan Local d’Urbanisme PLU et le Plan d’Aménagement et de Développement Durable PADD Le Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur PSMV
253
La ville face aux remparts / Dispositions foncières, protections ...
Les Monuments Historiques
LISTE CHRONOLOGIQUE DES ÉLÉMENTS FORTIFIÉS CLASSÉS OU INSCRITS À L’INVENTAIRE DES MONUMENTS HISTORIQUES 1886 : Classement des restes de l’enceinte romaine 1929 : Inscription du Château-Neuf (propriété du Ministère de la Guerre) Inscription de la Citadelle (propriété du Ministère de la Guerre) Inscription des «remparts de Bayonne» dans leur totalité (propriété de la ville de Bayonne)
254
1930 : Inscription des «remparts du Petit Bayonne compris entre la Nive et l’Adour» 1931 : Classement de «l’ensemble des fortifications et glacis depuis et y compris le Château-Vieux jusqu’à la Tour de Sault, aux abords de la Nive (...) Cette mesure englobe l’espace des terrains compris entre le Château-Vieux, l’avenue du 11 Novembre, les allées Paulmy, le chemin de Saint-Léon et le prolongement de ce chemin jusqu’à la Nive.»
Fiches de classement de la Porte de Saint-Léon et du Château-Vieux. Source : Ministère de la Culture . Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, Centre de recherche des monuments historiques www.culture.gouv.fr
Pour résumer, l’ensemble des remparts du Grand Bayonne est classé tandis que la Citadelle et les remparts du Petit Bayonne sont uniquement inscrits. Ces différents classements engendrent certaines mesures préalables à toute intervention. Par exemple, lors de la réhabilitation des casernes de la Nive, une étude archéologique et documentaire était commandée par la Communauté d’Agglomération Côte Basque Adour (ACBA) dans le but de déterminer les emprises constructibles pour le nouveau pôle universitaire. Chaque intervention est donc soumise à ce type d’étude qui permet de déterminer le degré de restauration nécessaire mais aussi les modalités d’intervention pour que les ouvrages gagnent en lisibilité. Trois architectes des monuments supervisent et conseillent lors des projets : l’Architecte des Bâtiments de France (ABF), l’Architecte du Secteur Sauvegardé, et l’Architecte des Monuments Historiques (AMH). Suite à cette vague de classements, le Premier Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur était établi en 1975, prenant les remparts comme référence pour en établir le périmètre. Un nouveau plan est établi en 1991, le dernier en date étant celui de juillet 2006 qui vaut encore actuellement.
255
Carte des protections au titre des Monuments Historiques. Source : PSMV . Mairie de Bayonne
La ville face aux remparts / Dispositions foncières, protections ... 256
L’ACBA et la ville, propriétés foncières La Communauté d’Agglomération Côte Basque Adour (ACBA) regroupe Bayonne, Anglet, Biarritz ainsi que Boucau et Bidart. L’ACBA est partie prenante pour les projets dont elle a les compétences notamment en matière de développement de l’enseignement supérieur ou de déplacements. Ce dernier thème ayant une influence directe sur le périmètre des remparts. La départementale D810 relève quant à elle de la responsabilité du Conseil Général. LISTE DES ACTEURS DU FONCIER
En ce qui concerne le volet patrimoine, c’est principalement la ville qui en possède la compétence. Elle est d’ailleurs l’unique propriétaire de la majorité des espaces des remparts comme le montre la carte ci-contre et ce depuis la convention Ville-État pour la cession des terrains militaires signée en 1920. Ces caractéristiques du foncier en font l’acteur principal le plus à même de porter un projet. Enfin, la Citadelle qui appartient toujours à l’État est confiée à la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) pour la gestion et la restauration du patrimoine. TARNOS
La ville de Bayonne : propriétaire et Maître d’Ouvrage principal
BOUCAU L’ACBA : partenaire et maître d’ouvrage potentiel pour des projets ciblés et compris dans ses compétences
Le département : compétent pour les questions de voirie départementale notamment en ce qui concerne la Rocade RD 810
La région Aquitaine: propriétaire des espaces du port ainsi que la DRAC pour des opérations de restauration patrimoniale notamment pour la Citadelle L’eurorégion AquitaineEuskadi : pour ce qui concerne les transports transfrontaliers (LGV - tram-train) L’État : lorsqu’il s’agit de possession militaire comme par exemple le Château-Vieux L’Europe
ANGLET
BAYONNE
BIARRITZ
LE SITE DES REMPARTS 75 Ha. BIDARD
Carte des communes de la ACBA avec la place de Bayonne et du site des remparts. Fond cartographique géoportail. Ci-contre: Carte des propriétés foncières de la ville et de la ACBA autour du secteur des remparts. Échelle : 1/12 000e. D’après une source de la Mairie de Bayonne. Foncier communal
GUÉTHARY
ACBA
257
200 m.
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Les orientations généra du projet d'aménagem
Partie
4
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63
Secteur de renouvellement urbain d'intéret majeur projet urbain d'ensemble à définir
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Façade urbaine du fleuve ���� � ��������� � �� � ����� �� ����� ����� � ��������� ������� �� ��� ������������� ���� � ��������� � ��� � ����� �� ����� ����� � �������� ���������� �� ��� �������������Secteur prioritaire d'accueil de Escoffier - métropolitaines BKM - Duret à requalifier fonctions 03/05
Façade urbaine du fleuve à requalifier
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Quartiers 19ème et début 20ème préservation des caractéristiques patrimoniales
Pôle i
Ligne
Secteur sauvegardé (hors PLU) et quartier St Esprit
Entrée Séque
Secteur de "vigilance" opération d'ensemble de renouvellement urbain économique existant Secteur
Barrea
Secteur économique existant
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à requalifier ou à densifier Secteur de développement économi Secteur de renouvellement urbain d'intéretSecteur majeuréconomique existant à requalifier et diversifier ( mixité des occupations/fonctions) projet urbain d'ensemble à définir Pôle agricole / maraichage
à maintenir de développement économique Site potentiel pour l'accueil d'équipementsSecteur collectifs Secteur de renouvellement urbain d'intéret majeur Principales entités naturelles et paysag d'intérêt d'agglomération projet urbain d'ensemble à définir Pôle agricole / maraichage valorisation, mise en réseau... à maintenir Zone urbainecollectifs sensible Site potentiel pour l'accueil d'équipements Espace naturel sensible Principales entités naturelles et paysagères existantes . urbaine d'intérêt d'agglomération sites de renouvellement et de requalification protection, valorisation ... valorisation, mise en réseau... Zone urbaine sensible Espace naturel sensible Réseau ferré Secteur d'extension urbaine sites de renouvellement et de requalification urbaine protection, valorisation ... pouvant accueillir une desserte ferrov ouverture maîtrisée à l'urbanisation
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Secteur d'extension urbaine ouverture maîtrisée à l'urbanisation Quartiers 19ème et début 20ème
PLU de Bayonne
203 Le site de projet à cheval sur le Secteur Sauvegardé et le zonage du PLU.
réhabilitation et valorisation patrimoniale
Secteur sauvegardé (hors PLU) et quartier St Esprit réhabilitation et valorisation patrimoniale
03/05
Entrée de ville Séquence urbaine à requalifier
Séquence urbaine à requalifier
Secteur de "vigilance" Barreau nord (corridor de passage à é opération d'ensemble de renouvellement Barreau urbain nord (corridor de passage à étudier)
Escoffier - BKM - Duret
Plan de zonage du PLU montrant l’emprise du Secteur Sauvegardé se substituant au PLU. Version approuvée en 2007.
Réseau ferré Ligne potentielle de transport en com pouvant accueillir une desserte ferroviaire cadencée
préservation des caractéristiques patrimoniales Pôle Ligne potentielle de transport en commun enintermodal site propre et/ou parc de rabatte Quartiers 19ème et début 20ème préservation des caractéristiques patrimoniales Pôle intermodal et/ou parc de rabattement (emprises à réserver) Secteur sauvegardé (hors PLU) et quartier St Esprit Entrée de ville
203 PLU de Bayonne
03/05
Espa prote
Secteur d'extension urbaine ouverture maîtrisée à l'urbanisation
réhabilitation et valorisation patrimoniale Secteur économique existant Secteur prioritaire d'accueil de fonctions métropolitaines à requalifier ou à densifier
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Escoffier - BKM - Duret
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Secte
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63
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Secteur de "vigilance" opération d'ensemble de renouvellement urbain
Plan du PADD sur lequel les remparts n’apparaissent pas en tant qu’entité. On distingue les allées Paulmy.
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Le Plan Local d’Urbanisme PLU et le Plan d’Aménagement et de Développement Durable PADD Le PLU possède en son centre une zone dédiée au Secteur Sauvegardé qui concerne le centre ville. Bien qu’il ne s’attache pas aux espaces des remparts en eux-mêmes, il reconnaît tout de même le morcellement de la couronne à travers le rapport de présentation. Par ailleurs, au vu des éléments d’analyse précédents, le secteur d’étude et de projet du site des remparts n’est pas strictement restreint à celui du Secteur Sauvegardé. De fait, plusieurs zones non comprises dans le PSMV concernent le périmètre d’étude. Il en est ainsi pour la zone du stade Jean Dauger dédiée à accueillir principalement des équipements, le secteur du Glain dédié aux activités, les allées Paulmy, les jardins publics et la place des Basques ainsi que pour une partie du secteur de Mousserolles tous classés en zones urbaines (U).
Extraits La continuité de la ceinture verte des remparts et les différentes voies qui les bordent confèrent à cet ensemble remarquable une grande lisibilité. En revanche, l’organisation intérieure de cette ceinture verte est assez disparate et morcelée (terrains de sport, parkings, voirie, Office du Tourisme,…). Les liaisons piétonnes sont de ce fait réduites ou interrompues dans certains secteurs : un bois côté Petit Bayonne, parkings, voirie et terrains de sport au Sud du Grand Bayonne. Le PADD, document d’échelle communale qui résume le projet de la ville, pointe du doigt le problème conséquent que représente le trafic routier au sein de l’agglomération. Parmi les solutions mise en avant, la restructuration des services de transports en commun et la création de transports en site propre est affirmée. Ce projet est en cours d’étude à l’ACBA. Affectant directement les allées Paulmy, structurantes dans le secteur des remparts, il est détaillé dans la partie 2 qui suit p. 273. Elle évoque aussi par ailleurs le projet transfrontalier du tram-train qui desservira l’eurorégion Aquitaine-Euskadi récemment créée.
Sur le plan lui-même, on note l’intention de requalifier les façades de l’Adour notamment le long des allées Marines à côté des jardins publics. On observe le projet du campus universitaire. Si rien n’est explicitement spécifié quant aux remparts, les allées Paulmy apparaissent équipées de nouveaux pôles inter-modaux aux deux intersections principales. Extraits Le PDU a mis en évidence plusieurs éléments de constat préoccupants, tant à l’échelle de Bayonne que de son agglomération : - La saturation croissante des principaux axes routiers de la ville et le blocage systématique des principaux carrefours, aux heures de pointe du matin et du soir. - L’utilisation croissante par un trafic de transit du réseau de voies de desserte inter quartiers à des fins d’évitement des principaux axes saturés. - La faible attractivité du réseau de transports collectifs lourds et des disparités locales fortes entre les quartiers de la ville en matière de transports. La ville de Bayonne affirme sa volonté : (...) - de mettre en œuvre toutes les énergies nécessaires à la réalisation progressive d’un réseau intercommunal de TCSP (transports en commun en site propre)(...). La mise en oeuvre du TCSP sera accompagnée à terme d’une requalification des voiries structurantes à l’échelle communale (N117, avenue du 14 avril, avenue des allées Paulmy, N10) et prévoira des points d’interconnexion avec le projet de desserte ferroviaire cadencée transfrontalière. Ces pôles d’interconnexion impliqueront une réorganisation de certains noeuds stratégiques. La ville affirme sa volonté de poursuivre sa politique de mise en valeur de l’espace public (...). La place de la voiture sera progressivement restreinte dans l’hyper centre et le centre ancien (Petit et Grand Bayonne, SaintEsprit) au profit notamment de l’aménagement de parcs de stationnement gratuits sur des sites disponibles à proximité immédiate (secteur des Remparts, Glain, Tour de Sault) ; ces parcs de stationnement resteront desservis par des navettes gratuites.
259
La ville face aux remparts / Dispositions foncières, protections ... 260
Le Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur PSMV Le PSMV explicite bien la politique de la ville par rapport au centre ancien et à sa réhabilitation qui passait obligatoirement par un désengorgement des rues. Cette politique de piétonnisation a naturellement trouvé une solution en reportant les stationnements dans les remparts, notamment sur les glacis. Pourtant il est reconnu que les remparts pâtissent de cet amas d’aires de stationnement qui encombrent les ouvrages et perturbent la lisibilité, rendant les espaces imperméables. Une certaine ambiguïté se dégage donc du rapport de présentation. Par ailleurs, si la valeur paysagère des remparts est reconnue, la ligne directrice préconisée en matière de stationnement, apparaît quelque peu dommageable à la «ceinture» d’espaces verts. Aussi, la représentation graphique du PSMV est ambiguë car elle représente des remparts vides de tout encombrement, les parkings ne sont pas représentés, ni les tennis ou encore le stade Belascain, donnant une vision erronée de la réalité des espaces. En revanche, la représentation de l’architecture explicite tout à fait l’intérieur et l’épaisseur des ouvrages. Enfin, en terme de périmètre, seulement 40 ha de la ceinture fortifiée sont inclus dans le PSMV, qui exclut même les jardins publics et les allées Paulmy qui font historiquement partie de l’histoire de Bayonne et de ses fortifications. Pour finir, très peu de choses sont réellement proposées dans le document pour réussir à «réintégrer ces 40 ha dans la vie du centre». Aujourd’hui, les remparts apparaissent donc, dans leur position par rapport au centre ville et dans leurs usages et fonctions potentielles, plus comme une périphérie que comme un élément fondateur de la création de la ville ayant une position centrale.
Extraits La promenade couronnant les courtines et les bastions forme un «balcon» sur la ville et offre un précieux espace planté contrastant avec la densité urbaine. (...) Les anciennes douves au pied de Mousserolles et du bastion St Jacques, déboisées et traitées, peuvent aussi révéler le profil de la ville fortifiée, flatter son approche et rendre utile cette étendue, ignorée et mal utilisée aujourd’hui. Malgré la percée de l’après-guerre, la porte d’Espagne et ses abords forment un autre ensemble majestueux trop marqué par le stationnement qui l’envahit. Il est de même du Champ de Foire qui s’interpose entre les allées Paulmy et le profil de Bayonne. Ce site des remparts et des glacis offre aussi des capacités d’accueil fonctionnelles considérables : pour l’heure, des aires de stationnement sont intégrées à la demie-lune des allées Paulmy et au bastion Ste Claire. (...) Pour leur part, les casemates, affectées à des associations, contiennent des volumes utiles considérables et d’autres bastions peuvent être encore utilisés... Démonstration a été ainsi faite que cet espace peut trouver sa polyvalence d’utilité et d’agrément. Ce «corset» du rempart est aussi perçu comme une fermeture parce que sa «perméabilité» n’a pas été exploitée. Or, elle est importante et elle présente l’avantage d’assurer un passage sélectif limitant l’accès aux seuls piétons depuis la ceinture des terrains et des stationnements périphériques. L’ouverture des poternes ou le rétablissement des anciennes passerelles, permettrait de mieux relier la ville et ses abords. Pour difficile qu’elle soit par les enjeux patrimoniaux et par la configuration des ouvrages ou le coût et l’ampleur des opérations, la «reconquête» des remparts correspond à un potentiel important et remarquable. L’objectif est ici non seulement de mettre en valeur le spectacle des ouvrages de fortification, mais aussi de «ré-intégrer» ces 40 hectares - plus que le tissu urbain lui-même dans la vie du centre.(...)
Le diamètre du centre de Bayonne étant de 600 mètres, il est tout à fait concevable d’y supprimer l’accès et le stationnement des véhicules autres que ceux des résidants. D’autant que la ville dispose de la couronne des remparts et de leur voisinage immédiat qui ont déjà été utilisés pour y loger plus de 4 000 places situées géométriquement à 300 mètres du point le plus central. La poursuite de cette politique de parkings périphériques est la seule adaptée si l’on respecte leur seul accès depuis l’extérieur de la ville afin de ne pas y drainer un trafic parasite.
(...) Le patrimoine naturel du secteur sauvegardé et de ses abords se compose principalement d’une vaste «ceinture» d’espaces verts (pelouses arborées) sur l’étendue des remparts du centre ville, qui occupe près de 50% de la superficie totale du secteur sauvegardé. (...) En outre, il convient de mentionner qu’il est projeté de restituer la configuration initiale des remparts du quartier du Petit Bayonne.
261
Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur. Projet approuvé en 2006. Source : Mairie de Bayonne Légende concernant implicitement les espaces des remparts par la localisation des éléments protégés au titre des Monuments Historiques ainsi que des espaces aux emprises de construction soumises à des conditions particulières (sous-entendu avec des fouilles et études archéologies préalables).
2 - PROJETS ET AVENIR Avant de commencer Outre les acteurs énumérés précédemment qui sont les principaux porteurs des projets, d’autres acteurs interviennent dans cette partie pour soutenir les initiatives et projets des dirigeants. Parmi les projets réalisés, celui de l’Université montre certainement que Bayonne peut être à la pointe en terme de réhabilitation de son patrimoine. Cela est confirmé par la politique de rénovation urbaine qui a significativement redynamisé le centre. Pour ce qui est des projets en cours, si aucun ne vise directement les remparts, ils peuvent potentiellement être de nouvelles impulsions pour prendre conscience de la valeur urbanistique des remparts. 262
Bayonne Anglet Biarritz, Identité et Ambition durable. Coupon de presse. Source : Le Moniteur, 10 avril 2009
Les actions de valorisation patrimoniale
Les Journées du Patrimoine La Boutique du Patrimoine et la communication touristique Bayonne Ville d’Art et d’Histoire Habiter les villes fortifiées au Musée Basque et de l’Histoire de Bayonne
Politiques urbaines déjà entreprises
Rénovation du centre ancien et répercussions sur les remparts Rénovation des espaces fortifiés
Les nouveaux projets de la ville et les grands projets à l’échelle de l’agglomération : une nouvelle impulsion pour les remparts ? L’aviron Bayonnais, un point attractif de l’ensemble des remparts Réaménagement et requalification de l’espace autour du Château-Vieux Les cliniques Capio réhabilitées en logements à proximité des remparts L’étude des livraisons en centre ville Le projet au long cours du TCSP La navette fluviale Le port
Les projets d’envergure régionale et transfrontalière
Gare multimodale, ligne LGV (Ligne Grande Vitesse) et tram-train France - Espagne
263
Les actions de valorisation patrimoniale
La ville face aux remparts / Projets et avenir
Les Journées du Patrimoine Cette manifestation nationale trouve toute son ampleur à Bayonne où la richesse historique et culturelle est reconnue. Ainsi, les dernières journées de septembre 2011 accueillaient 13 500 personnes. Les guides conférenciers de la ville de Bayonne font découvrir l’archéologie de la ville, de ses murs romains aux projets de rénovation du centre ancien, et organisent des visites exclusivement tournées vers la découverte des remparts. Ces visites très riches en informations sont aussi proposées toute l’année par l’Office du Tourisme. D’autre part, cette année, des conférences exposaient la vision et les projets des villes de Fontarabie et de Pampelune par rapport à leur fortifications.
264
Panneau touristique représentant la ville de manière axonométrique, les remparts apparaissent en partie mais ne sont pas annotés.
La Boutique du Patrimoine et la communication touristique L’ouverture récemment d’une Boutique du Patrimoine dans le centre ancien permet un décryptage du patrimoine bâti de Bayonne mais elle a surtout un rôle de conseil pour les opérations de rénovation durable et en accord avec les qualités historiques des bâtiments, allant même jusqu’à un accompagnement financier. Récemment, elle a édité un livret : «Bayonne, le nez en l’air» très bien renseigné permettant la découverte de la ville intra-muros. En revanche, les documents cartographiques mis à disposition du visiteur ne permettent que très vaguement la compréhension de la ceinture fortifiée qui est même à certains endroits occultée. Seul des panneaux permettent une compréhension spatiale des ensembles. (Cf. documents ci-dessous)
Extrait de la carte touristique fournie à l’Office du Tourisme. Il est très difficile de visualiser les ouvrages.
Bayonne Ville d’Art et d’Histoire La distinction de Ville d’Art et d’Histoire obtenue en octobre 2011 est un atout pour le tourisme et le rayonnement de Bayonne. En plus des actions de sensibilisation auprès des habitants et des jeunes, un Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine (CIAP) de la ville sera créé dans le centre ville, il pourra donc pointer du doigt la place majeure tenue par les remparts dans la constitution de la ville. «Véritable équipement de proximité, cet espace est également un lieu de ressources et de débat pour la population, propre à la présentation de l’histoire mais aussi à celle des projets d’aménagement contemporains» (ville et pays d’arts et d’histoire www.vpah.culture.fr) Un accompagnement financier est mis en place pendant les cinq premières années de la convention pour l’édition de documents ou la formation de guides.
Musée Basque et de l’histoire de Bayonne 37, quai des Corsaires – 64100 Bayonne 05 59 59 08 08 – www.musee-basque.com
Banderole faisant face au Château-Vieux en septembre 2011.
Habiter les villes fortifiées au Musée Basque et de l’Histoire de Bayonne En septembre 2010 était organisée l’exposition «habiter les villes fortifiées» qui regroupait de nombreux exemples de réutilisation ou de réhabilitation des espaces fortifiés en France. Bayonne y était représentée avec le campus de la Nive dans les anciennes casernes. Par ailleurs, le musée possède deux maquettes exposées qui permettent de comprendre la morphologie de la ville dans ses fortifications ainsi qu’un fonds documentaire graphique très riche pouvant à terme être utilisés de manière didactique mais aussi pour des opérations de rénovation et de remise en état.
265
Habiter les villes fortifiées Histoire, conservation, réutilisation et défis urbains Exposition du 16 septembre 2010 au 16 janvier 2011
Affiche de l’exposition au Musée Basque et de l’Histoire de Bayonne. Robert Dulau, Pascal Mory, Olivier Ribeton
La ville face aux remparts / Projets et avenir
Politiques urbaines déjà entreprises
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Rénovation du centre ancien et répercussions sur les remparts Face à un désintérêt croissant du centre ville, au nombre élevé de logements vacants, à l’insalubrité des immeubles et au taux de chômage relativement élevé (entre 20 et 30 % en 1999), la municipalité mène depuis 2008 une politique volontariste en matière de rénovation urbaine. Ainsi, 160 logements ont été réhabilités et 150 à 200 logements le seront dans le cadre du PNRQAD (Programme National de Requalification des Quartiers Anciens Dégradés) d’ici à 2014. Cette politique volontariste a valu à Bayonne d’adhérer au projet LINKS (Low tech INherited from the old european cities as a Key of performance and Sustainability) qui considère les centres historiques comme les éco-quartiers de demain et regroupe 12 villes européennes dans le cadre du programme européen URBACT II.
En ce qui concerne l’espace public, il est progressivement rendu à l’usage du piéton, notamment dans les rues étroites du Grand Bayonne, ce qui favorise aussi le commerce et le dynamisme. Cette réduction de la place de la voiture en centre ville s’est accompagnée de la création de nombreux parkings sur la couronne des remparts. Environ 4000 places sont désormais disponibles en surface et en souterrain (sous les glacis ou bien dans les ouvrages suite à des opérations de curetage comme pour le parking Ste Claire). Par ailleurs, il a été mis en place un réseau de navettes électriques gratuites qui font la jonction entre ces parkings et le centre ville.
Les quais de la Nive rendus aux piétons et aux terrasses de cafés (rive droite) dans le centre ville. Parking gratuit du Champ de Foire sur les glacis.
Requalification réussie d’une placette urbaine et opération immobilière dans une dent creuse. Parking souterrain Tour de Sault de 450 places géré par le groupe Vinci.
Immeuble réhabilité par curetage. Ces opérations font écho à une politique de dédensification visant les immeubles insalubres hérités de la sédimentation urbaine dûe au statut de place forte de Bayonne. Arrêt de la navette gratuite au niveau d’un corps de garde.
Nouvelle passerelle audessus de l’Adour sur l’avenue du Capitaine Resplandy. Source : Mairie de Bayonne. Entrée du parking souterrain Paulmy II qui sera bientôt rénové.
Vue depuis les remparts, les logements des Hauts de Sainte-Croix, résidence Breuer datant des années soixante qui sont en cours de rénovation urbaine dans le cadre de l’ANRU.
L’éco-quartier du Séqué en construction. Source : Mairie de Bayonne
267 Page de gauche carré gauche et droit:
L’analyse inventive a démontré le manque de lisibilité des remparts et pointé du doigt le rôle non négligeable de ces aires de stationnement en nappe sur des surfaces conséquentes. Il convient donc de favoriser lorsque cela est possible le stationnement souterrain. La municipalité prévoit entre autres la rénovation du parking souterrain Paulmy II (photo page de gauche). On note aussi la création d’une voie douce le long de l’avenue Resplandy qui amène potentiellement jusqu’aux remparts de Mousserolles. Mise à part la politique liée au centre ancien, l’ANRU permet la rénovation des logements sociaux et des grands ensembles de la rive droite de l’Adour. Un éco-quartier de 625 logements est en cours de
réalisation dans le secteur du Séqué au Nord-Est de la commune. Enfin, un projet mixte de logements et de commerces naîtra à la tête du pont Grenet le long des allées Marines.
La ville face aux remparts / Projets et avenir
Restitution d’un ancien fossé d’inondation du retranchement de SainteClaire. Les bâtiments des Casernes sont occupés par le Conseil Général et l’Agence d’Urbanisme (AUDAP).
La poudrière, restaurée pour accueillir des expositions contemporaines. Malheureusement, l’humidité des lieux ne permet pas d’exposer des oeuvres sur papier. Le mur pare-boulets a lui aussi été restauré en 2005 sur ses 65 m. de long et 10 m. de haut.
Le stade Belascain dans les fossés du Grand Bayonne
Le nouveau pôle d’archives départementales Côte basque. Très proche du site des remparts de Mousserolles, il accueille de nombreux documents concernant les remparts.
268 1b
4
IUT département communication
10
IUT département gestion économique
1a
Entrée UFR IAE
2
IAE bureaux salles de réunion
3
Administration UFR IAE
5
Salles de cours UFR IAE
6
Salles de cours
7
Amphithéâtre
8
Bibliothèque Universitaire Château-Vieux Centre de recherche du Musée Basque Restaurant Universitaire Maison de l’étudiant
11
15
Entrée IUT
9
12 13 14
15
Bureau d’information jeunesse Entrée du parking Ste Claire situé à l’intérieur du bastion
Campus Universitaire de la Nive avec au premier plan le mail Chaho et en arrière-plan l’Adour et les résidences Breuer. Source : Mairie de Bayonne
Rénovation des espaces fortifiés En 1993, la ville faisait l’acquisition des terrains des anciennes casernes. Dès 1995, le Château-Neuf accueillait l’IUT puis les bureaux du Musée Basque. Une partie des bâtiments était détruite laissant libre le mail Chaho. Le reste des bâtiments étaient destiné à accueillir le Campus Universitaire de Bayonne, jusqu’alors plus au Sud de la Ville, mais aussi le Conseil Général. Le schéma d’urbanisme universitaire était réalisé par la CABAB et le projet d’architecture était précédé d’une étude de faisabilité archéologique menée par Mr Dangles, architecte, dans le but de déterminer les emprises constructibles. Le parti pris fut alors d’intégrer les nouveaux équipements dans les talus en terre de manière à ne pas endommager l’ensemble vu depuis les fossés en contre-bas. La Bibliothèque Universitaire et les Amphithéâtres étaient ainsi imaginés, l’une parée d’une résille de béton et les autres dissimulés sous un toit végétal. Le programme comprenait aussi le parking Ste Claire de 440 places logé à l’intérieur du bastion. Depuis 2008, près de 2000 étudiants pratiquent le campus chaque jour. Si le projet possède une cohésion d’ensemble, il ne s’est malheureusement pas du tout tourné vers les remparts qui restent interdits d’accès ou bien servent de parking pour le corps enseignant. Aussi les ouvertures et connexions qui auraient pu être créées dans le but de rattacher l’Université à la ville sont pour la plupart restées condamnées. Ce projet peut donc être vu comme une impulsion allant dans le sens d’une réappropriation des remparts bien qu’il s’attache avant tout à la réutilisation des bâtiments et non des espaces liés à l’architecture fortifiée : fossés, chemins de ronde, esplanades... Ci-contre de haut en bas : Plan de la Bibliothèque Universitaire - Le couloir extérieur avant le projet - Le couloir après réalisation, la porte transversale a été conservée - Coupe transversale du bâtiment avec sa couverture de terre en vert - L’intérieur de la bibliothèque avec l’un des couloirs d’époque. Source : actu-architecture.com
L’arrière du bâtiment, et la porte transversale de la bibliothèque inutilisée
Couloir extérieur Parvis central
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La ville face aux remparts / Projets et avenir
Les nouveaux projets de la ville et les grands projets à l’échelle de l’agglomération : une nouvelle impulsion pour les remparts ? L’Aviron Bayonnais, un point attractif de l’ensemble des remparts
Réaménagement et requalification de l’espace autour du Château-Vieux
Le siège de l’Aviron Bayonnais sera étendu d’ici à 2014. Ce projet d’extension du club house Maurice Celhay consiste en un agrandissement du bâtiment du côté du parking Lauga pour accueillir les athlètes. L’influence de l’Aviron Bayonnais, club d’excellence, est incontestable et un projet de ce type pourrait permettre de retrouver des liens entre les remparts et la Nive, mais aussi de penser au dialogue entre les deux rives qui est inégal. Ce projet et celui exposé ci-contre se complètent d’une certaine manière car ils sont respectivement aux deux extrémités de la ceinture du Grand Bayonne.
Le bureau d’études infrastructures de la ville de Bayonne est en train d’étudier la faisabilité de réduire l’emprise de la voiture sur l’îlot de la Monnaie autour du Château-Vieux. Un système de bornes régulera les entrées de véhicules et les sens de circulation seront révisés. Tous les stationnements seront supprimés. Cette opération est aussi et surtout une opération de construction de nouveaux logements, commerces ainsi que d’un hôtel. Ce projet est une chance car il permet d’amorcer ici des accroches entre la ville et les remparts, surtout au niveau du boulevard du Rempart de Lachepaillet.
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L’aviron Bayonnais avec à gauche le pont de la rocade RD 810 et à droite les murs des remparts. L’extension se fera vers le parking.
Le Château-Vieux par F. Corrèges au XIXe s. Source : Album Siglo XIX, http://www.albumsiglo19mendea.net
Périmètre et vue du projet de requalification avec le Château à gauche et les Galeries Lafayette à droite. Source : Mairie de Bayonne
Les cliniques Capio réhabilitées en logements à proximité des remparts
La clinique Lafourcade. Source : www.SudOuest.fr
Le groupe Capio regroupe actuellement 4 cliniques privées sur Bayonne dont trois sont à proximité directe des remparts. Suite a un projet de regroupement, un nouveau bâtiment accueillera les cliniques regroupées au Sud-Est de la ville laissant ainsi les bâtiments vacants. A terme, de nouveaux logements viendront s’installer dans les locaux délaissés créant ainsi un nombre conséquent de logements. Si la clinique Saint-Etienne se situe rive droite de l’Adour, les trois autres bâtiments sont tous très proches des remparts : à 800 m. pour la clinique Lafourcade, 100 m. pour la clinique Lafargue et 200 m. pour la clinique Paulmy. Cette caractéristique offre donc un nouveau potentiel de fréquentation pour les espaces des remparts.
L’étude des livraisons en centre ville Les abords du Château-Vieux à l’heure actuelle.
Vue des nouveaux bâtiments projetés par les architectes Adam Yedid. Source : http://www.adamyedid-archi.com
Cette étude sur les livraisons en centre ville envisage la création d’une plate-forme de logistique urbaine pour la livraison de marchandises. A terme, l’approvisionnement des marchandises dans l’hypercentre (Grand Bayonne et Petit Bayonne) répondra aux critères des «derniers kilomètres propres» inscrits dans l’Agenda 21 de la ville. Cette plate-forme permettra sans doute de réduire les accès à de larges véhicules en centre ville, pour continuer dans la lancée d’un apaisement des circulations dans les étroites rues.
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La ville face aux remparts / Projets et avenir 272
Carte de l’agglomération et tracé des nouvelles lignes de TCSP 9 qui passent par les allées Paulmy sur les glacis des remparts. Les dix projets phares de l’Agglomération : 1 - Halle de 6000 m2 foire, salons, concerts 2 - Technocité CompositAdour, 1400 m2. Centre de recherche sur le matériaux composites 3 - Nobateck, 10 ha. Zone d’activités économiques pour la haute technologie 4 - Objectif bleu assainissement des eaux de baignade par bassins tampons
5 - Izaebel, 10 ha. Technopôle nouvelles technologies 6 - GARE MULTIMODALE DE BAYONNE 7 - Cité de l’Océan et du Surf 8 - Éco-quartier du Séqué 9 - TCSP 10 - Nouveau siège de l’Office du Logement 64 Source : Le Moniteur 10 avril 2009
Le projet au long cours du TCSP «Entre 2009 et 2015, l’agglomération Bayonne-AngletBiarritz se dotera d’un réseau en site propre d’une vingtaine de kilomètres avec trois axes structurants. Le Syndicat Mixte des Transports en Commun (SMTC) lance une première tranche de travaux sur la période 2009-2011 pour un investissement de 13 millions d’euros. Les consultations des entreprises démarreront dès le deuxième trimestre 2009.» Le Moniteur 10 avril 2009 Le développement rapide de l’agglomération et la prédominance de la voiture comme mode de déplacement dans un territoire marqué par le tourisme balnéaire n’avait pas encouragé la mise à jour du réseau et de l’offre en transports en commun. Seulement 5% des habitants de l’agglomération utilisent les transports collectifs, comportement expliquant en partie le foisonnement des aires de stationnement en pourtour de ville puisque plus de 80 % des habitants se déplacent en voiture. Pour l’ACBA, il est maintenant temps de rattraper ce retard. Inscrites dans les objectifs du SCOT et du PADD, les problématiques liées aux déplacements sont prioritaires, l’objectif étant de faire passer de 6 à 10 millions le nombre de passagers par an.
Les nouveaux bus Chronoplus mis en place depuis 2011.
Jean Grenet, Maire de Bayonne et président de l’ACBA dans Le Moniteur, avril 2009
Pour effectuer ses transformations profondes du réseau, un Syndicat Mixte des Transports en Commun (SMTC) créé en 1976 a récemment confié l’exploitation du réseau à Véolia Transport jusqu’en 2017. Le réseau a déjà subi une restructuration profonde avec la mise en place d’un nouveau réseau de bus Chronoplus plus performants géré par Véolia qui semble porter ses fruits puisqu’en «juillet 2011, le réseau Chronoplus a transporté en moyenne chaque jour 22 000 passagers contre 17 000 l’année précédente.» Le Sud Ouest sept. 2011 Ci-contre : Vues prospectives de l’avenue du Maréchal Soult et la rue Bernède (Hôtel de Ville) accueillent le TCSP. Source : Mairie de Bayonne
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La ville face aux remparts / Projets et avenir
Le projet au long cours du TCSP (suite)
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Les projets de TSCP s’inscrivent dans le cadre du Grenelle de l’environnement. Le projet de 165 millions d’euros au total prévoit deux lignes de busway, (tramway sur pneus) sur 23 km. dont le chantier commencera en 2013. La mise en circulation des machines hybrides aura lieu d’ici à 2016. «Un tramway qui pourrait être électrique sur la ligne A entre Bayonne Nord et Biarritz centre (la ligne EstOuest) et hybride sur la ligne B entre Tarnos et Anglet Sutar (la ligne Nord-Sud).» Le Sud Ouest Quel impact a alors ce projet sur les remparts? «Dans les artères qui seront concernées, il s’agira d’une recomposition du paysage urbain, de façade à façade, un peu comme on a pu le constater à Bordeaux avec la mise en service du tramway, annonçait Jean Grenet. Ce chantier sera sans commune mesure avec tout ce que l’on a connu jusqu’à présent dans l’agglomération. Car, en plus d’offrir un moyen de transport moderne, écologique, cadencé, ce projet valorisera les espaces publics traversés et la voirie empruntée». Le Sud Ouest sept. 2011 (Cf. représentations page précédente) Principales concernées par ce projet sont les allées Paulmy, épine dorsale de la circulation dans Bayonne. Actuellement dans un état de dégradation avancé, ce projet est l’occasion de remodeler les voies ellesmêmes mais aussi les contre-allées et les abords des voies en lien direct avec les glacis des remparts de Lachepaillet. « Nous allons également développer de nouveaux services, comme les parcs de délestage en tête de ligne, la location ou la mise à disposition de vélos, la création d’un service d’auto-partage ou étudier la mise en place de navettes fluviales sur l’Adour », poursuivait le président.» Le Sud Ouest sept. 2011
Quai Pedros Ovale ou croix Simplification
Rue
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Les allées Paulmy avant et après ainsi que les deux principaux carrefours des jardins publics et de Saint-Léon. Redéploiement des circulations voitures 3 voies Voies en site propre
Le programme prévoit la conservation du terre-plein central qui est rénové et sans doute replanté. La voie de droite, descendante, est réinvestie pour le passage des bus dans les deux sens. La voirie est re-déployée sur la voie de gauche en double sens avec une troisième voie pour tourner. Le terre-plein des contre-allées est supprimé et un trottoir est créé, la moitié du stationnement est conservée. La question des carrefours est traitée de manière à simplifier le réseau et à réduire la place de la voiture. Le rond-point Saint-Léon est envisagé de deux manières : en croix ou bien en ovale pour gagner de la place sur les glacis.
Le projet MarinAdour, 320 logements sur la façade du f leuve, marque la volonté de reconnecter la ville à ce qui l’a fait naître. Sur cette vue une navette f luviale parcourt l’Adour (à droite). Source : Mairie de Bayonne
La navette fluviale Dans la continuité des politiques de déplacements terrestres, Véolia et l’ACBA envisagent la mise en place d’une navette fluviale sur l’Adour. Des études de faisabilité sont en cours. Elle desservirait tout l’estuaire canalisé et pourrait ainsi faire le lien entre le centre ville de Bayonne et les plages ou les ports de plaisance. Cette navette serait aussi un moyen de reconnecter le port à la ville. (Cf. Projet du port ci-dessous) Dans l’éventualité de ce projet, ne pourrait-on pas imaginer le dernier arrêt de cette navette au niveau des remparts pour ainsi établir la liaison jusqu’au quartier de Mousserolles ? Si le passage sous le pont de Saint-esprit est rendu possible par les marées, cet espace de jonction entre la ville, le faubourg, les remparts et le f leuve serait le pendant des jardins publics sur l’Adour ; lieu qui pourrait lui aussi convenir à l’implantation d’un arrêt.
Le port Le port de Bayonne, influent tout au long de l’histoire de Bayonne, est aujourd’hui le neuvième port de commerce français. Alors qu’il était à l’origine dans la ville, il s’est au fil des déviations du cours de l’Adour, déplacé jusqu’à l’embouchure actuelle. Géré par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bayonne et du Pays basque, les terrains répartis sur quatre communes (Bayonne, Anglet, Boucau et Tarnos) sont propriétés de la région Aquitaine. La navette fluviale fait partie d’une réflexion plus large de tous les acteurs qui envisagent un plan d’ensemble pour créer un «parc portuaire» qui reconnecterait ces vastes espaces industriels aux villes qui les entourent.
Les projets d’envergure régionale et transfrontalière Gare multimodale, ligne LGV (Ligne Grande Vitesse) et tram-train France - Espagne Avec l’arrivée encore controversée de la ligne LGV, la gare devra être transformée pour améliorer son intermodalité. Pour l’heure, même si les opposants préconisent l’utilisation des voies en place, le tracé de la LGV contournera Bayonne à l’aide de nouvelles voies qui permettraient d’effacer la différence d’écartement des rails entre la France et l’Espagne. En effet, les voies actuelles ne pourraient supporter le TGV voyageurs, le trafic marchandises multiplié par 6, le doublement des trains régionaux prévu par le Conseil Régional et le transport cadencé du tramtrain Bayonne-St Sébastien. Les voies de chemin de fer qui délimitent le site des remparts au Sud ne seraient donc pas affectées par un remaniement des voies ni pour la LGV, ni par le tram-train. Ce dernier, porté par l’Euro-région reliera prochainement (2017) Bayonne et San Sebastian. «Là, nous serions plus sur l’équivalent d’un RER, avec quatre ou cinq arrêts, pour que le trajet Bayonne-Saint-Sébastien fasse 50 minutes, éclairent les services de l’ACBA. En Pays basque Nord, les escales se feraient à Biarritz, Guéthary, Saint-Jeande-Luz et Hendaye.(...) Ce déplacement n’a d’intérêt que s’il est cadencé, c’est-à-dire s’il y a un train toutes les 20 minutes ou demi-heures. Ce qui pose alors le problème de l’utilisation des voies actuelles.» Pierre Mailharin, Le journal du Pays basque, 5 mars 2012
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ENJEUX ET PROJET
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Les fossĂŠs de la porte de Mousserolles.
V - VERS LA MÉTAMORPHOSE
1- Les enjeux pour métamorphoser les remparts 2 - A propos du projet, le programme et les orientations 3 - La fin du début
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«Il y a aussi des périphéries historiques, lieux que le temps et la mémoire ont mis en marge du quotidien. L’inconscient urbain dissimule parfois les zones qu’il ne veut pas reconnaître, parce qu’elles sont incommodes, confuses ou conflictuelles. Et cependant, il peut s’agir de zones parfaitement centrales du point de vue topographique. De la même manière qu’il existe des «centres historiques», des lieux que l’histoire a considérés comme des centres, il y a des périphéries faites pour l’histoire.» Manuel de Solà-Morales, La périphérie historique, Quaderns, Frontières - Fronteres
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1 - LES ENJEUX POUR MÉTAMORPHOSER LES REMPARTS Avant de commencer La transformation des remparts est une oscillation entre deux perspectives qui toutes deux visent à redonner une légitimité à l’enceinte fortifiée comme un endroit incontournable de la ville de Bayonne. Il s’agit d’une part de les rendre enfin lisibles dans la ville d’aujourd’hui, la ville moderne. Les remparts deviennent alors des espaces de représentation, à la manière d’un piédestal, il sont destinés à se mettre en scène eux-mêmes ainsi que la ville qui les entoure. Ce sont alors des espaces à voir et à parcourir pour mieux prendre la mesure de leur grandeur.
La porte d’Espagne traverse les glacis.
Il y a d’autre part le désir de faire entrer la ville dans les remparts. On a envie qu’elle s’y engouffre pour y apporter sa vie et ne pas les transformer en musée à ciel ouvert. Ce sont là des remparts lieux de cohésion, soudant la ville à la ville et dans lesquels on s’aventure pour y rencontrer des amis ou y croiser des habitués, pour pratiquer des activités. Les deux aspects ne sont pas contradictoires et trouvent leur place parfois dans des endroits différents, parfois l’un prenant le dessus sur l’autre.
Les lignes : définir les limites La marche-frontière : rétablir une lisibilité interne Les traces : les remparts comme lieu d’expression du site de la confluence Les points : rattacher le parc à la ville
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Vers la métamorphose / Les enjeux pour métamorphoser les remparts 282
Les lignes :
La marche-frontière :
AFFIRMER LES REMPARTS COMME SUPPORT DE LA RESPIRATION URBAINE -Compléter et affirmer les façades urbaines structurantes là où elles sont endommagées. -Asseoir les limites de la ville, et donc des remparts, par un traitement des pieds de façade et de leur épaisseur en balcon sur les remparts.
RÉTABLIR LE DIALOGUE ENTRE LES FAÇADES URBAINES AU TRAVERS DU PARC DES REMPARTS -Mettre en scène l’architecture de cette marchefrontière en redéfinissant l’emplacement des équipements du parc en fonction du contexte et des potentialités. -Concevoir des espaces multifonctionnels répondant aux temporalités de la ville.
Définir les limites
INTÉGRER LES INFRASTRUCTURES DANS UNE LOGIQUE URBAINE -Simplifier et qualifier le réseau en particulier la rocade RD 810. -Régler les conflits aux intersections.
Rétablir une lisibilité interne
TRAVAILLER LES CONNEXIONS INTERNES AU PARC -Ouvrir et raccorder les espaces entre eux pour rétablir l’unité linéaire en travaillant sur les profils et les terrassements. -Favoriser la perméabilité.
Les traces :
Les points :
PERMETTRE AUX COURS D’EAU DE S’EXPRIMER AU TRAVERS DES REMPARTS -Évoquer le système des inondations et la proximité avec l’océan pour mettre en scène les fortifications. -Rétablir des accroches avec la Nive et l’Adour le long des berges et des quais.
RYTHMER LES PROMENADES URBAINES EN S’APPUYANT SUR LES OUVRAGES -Renforcer leur rôle de point de repère. -Signaler et créer des accroches physiques avec le centre ville et visuelles avec le nouveau paysage du parc.
Les remparts comme lieu d’expression du site de la confluence
Rattacher le parc à la ville
INVENTER UN NOUVEAU RYTHME AUX ESPACES DU PARC -Profiter des portes existantes et condamnées pour ancrer le parc à la ville. -Créer de nouveaux points de repère supports d’événements.
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2 - A PROPOS DU PROJET, PROGRAMME ET ORIENTATION POUR UN PLAN DE PAYSAGE Avant de commencer L’échelle du site, 70 ha, oriente le projet vers un plan de paysage le plus abouti possible avant de se pencher sur plusieurs points clés dont les principes pourront être en partie reproductibles dans d’autres endroits de l’enceinte. Les orientations qui suivent tentent de répondre aux enjeux énoncés et sont donc un préalable à ce plan de paysage. Elles détailleront les intentions et les caractéristiques des espaces projetés ainsi que des éléments de programme. Par ailleurs, vue l’ampleur des coûts de restauration et de mise aux normes des espaces pour accueillir du public, il sera judicieux de proposer un phasage du projet. Les fossés de Saint-Léon sous le couvert végétal.
Les lignes : Le nouveau tour de ville La marche-frontière : Le parc des remparts Les traces : Glacis, quais, berges et marécages Les points : Salons urbains et passages Sites à approfondir Références
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Vers la métamorphose / A propos du projet, programme et orientations...
Les lignes :
Le nouveau tour de ville
La marche-frontière : Le parc des remparts
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Allées et promenades urbaines
Place des Basques étendue
Restauration des limites abîmées et qualification de leur épaisseur
Promenades des fossés Parvis des remparts
Parvis des «écoles», espaces publics
Parc des sports Jean Dauger Les jardins du Bourgneuf La double-corne de St Léon
Principes de simplification et de requalification pour les voies urbaines
Les traces :
Glacis, quais, berges et marĂŠcages
Les points :
Salons urbains et passages
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Nouvelles promenades et quais
Terrasses et salons urbains
Zone humide
Accroches des remparts Ă la vieille-ville
Passerelle
Portes et nouveaux passages et leur effet rayonnant sur la marche
ArrĂŞts de navette fluviale
Nouveaux points attractifs dans le parc
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Nord
Vers la mĂŠtamorphose / A propos du projet, programme et orientations...
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Les lignes : le nouveau tour de ville La prise de conscience de la ceinture des remparts passe avant tout par l’affirmation de leurs limites avec la ville. Les promenades et allées proposées donnent une existence à cette limite, elle devient l’espace transitoire entre un intérieur : la ville et un extérieur : les remparts. A certains endroits cette transition est inexistante, elle est alors à inventer. 1 _ Restauration des allées Paulmy engendrée par l’arrivée du TCSP : trottoirs, plantation et abords. Elle deviennent une plate-forme d’échanges à l’échelle de l’agglomération et leur contact direct avec les remparts permet de clarifier leur présence. Le positionnement de la voie bus permet la création d’espaces de déambulation sur les glacis. 2 _ Nouvelles promenades urbaines de la ville haute Empruntant le chemin de ronde, ces espaces de balade s’inscrivent dans la continuité de la piétionnisation du centre. Un juste milieu est à inventer entre des espaces partagés ou 100% piétons. Par ailleurs, encourager l’implantation de quelques commerces ou cafés en rez-de-chaussée pourrait dynamiser la promenade, les terrasses pouvant occuper les plates-formes des ouvrages. Cette promenade est prolongée jusqu’à l’Adour via les jardins publics. 3 _ Promenade du Bourgneuf Cette promenade permet notamment à l’Université de s’ouvrir sur les terrasses des remparts auxquelles elle tourne actuellement le dos. Elle est plus jardinée du fait de son rapport avec la ville très différent de la rive gauche. Ancrage de la RD 810 entre les deux ronds-points marquant les entrées de ville, grâce à un travail sur les talus et les abords dans le but de faire remonter les espaces de la marche jusqu’à la voie. Redéfinition éventuelle du tracé au niveau de la double-corne de St Léon. 4 _ Examiner l’intersection avec les autres voies au niveau du rond-point Sr Léon pour gagner en recul par rapport aux remparts (rond-point ou carrefour urbain ?). Les allées Paulmy, restructuration des voies et des carrefours et passage du Busway en site propre. Apaisement des circulations et entrées de ville 5 _ Principe de simplification des entrées de ville : bretelles d’accès de la rue Gustave Eiffel et rue du bastion Royal supprimées, seule un accès est conservé passant par le secteur du Glain. 6 _ Suppression de la bretelle du parking Lamarque. 7 _ Examiner l’éventualité de supprimer l’avenue de Pampelune. Unification des espaces publics Réduction de la place accordée à la voiture et création de stationnements minutes dans le quartier du Bourgneuf. 9 _ Restructurer l’avenue Duvergier en réhabilitant les espaces de stationnement au pied des résidences. Favoriser des perméablilités depuis cet axe vers les remparts. Travailler la couture entre les pieds d’immeubles (actuellement parc privatif) et les fossés des remparts. 8 _ Reconsidérer le pourtour du stade Jean Dauger comme un espace urbain, à l’aide de cadrages ou de mails.
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Vers la mĂŠtamorphose / A propos du projet, programme et orientations...
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La marche-frontière : le parc des remparts Le parc correspond au coeur des remparts, c’est là que l’on est confronté à la hauteur des murs, à la linéarité des fossés. La nouvelle unité des espaces passe par un remodelage et parfois un lissage des formes. C’est la morphologie qui pré-définit les différentes ambiances. Avant de retrouver leur cohérence, les remparts doivent passer par une phase en négatif qui consiste à redéployer certains équipements vers des zones plus propices. Nouvelle unité de la place des Basques qui s’étend depuis les fossés jusqu’aux jardins publics. Conservation du mail de platanes devant les immeubles. 1 _ Déplacement de l’Office du Tourisme soit dans les remparts soit dans le centre ville à proximité du centre d’interprétation induit par le label Ville d’Art et d’Histoire. La promenade des fossés est un jardin linéaire qui s’étage sur plusieurs niveaux de terrassements reprenant les profils de déambulation des chemins couverts. Bien évidemment, le stade Belascain est conservé, mais des passages sont ménagés. 2 _ Conservation et rénovation des terrains multisports utilisés par les écoles et implantation éventuelle de murs de pelote basque dont la forme est compatible avec la morphologie des remparts. 3 _ Les tennis sont relocalisés permettant ainsi la création de terrains couverts (plusieurs emplacements possibles : parc des sports Jean Dauger à étudier en priorité, espace de la Floride au Sud ou secteur du Glain). Parc des sports Jean Dauger, nouvelles liaisons inter-quartiers, ouverture de circulations internes. Étudier la faisabilité de l’implantation des tennis de l’Aviron Bayonnais sur le pourtour du complexe. Les parvis des remparts sont des espaces de mise en scène. Ces lieux au caractère urbain peuvent accueillir de grandes manifestations. Il sont plus minimalistes, plus lisses et ils deviennent des espaces de représentation, presque symboliques. 4 _ Ce caractère implique le dégagement des surfaces de parking, notamment du Champ de Foire qui pourrait être enterré et profiterait de l’entrée du parking Paulmy II, restituant ainsi un vaste ensemble d’espaces publics. 5 _ Les jardins du Bourgneuf sont des espaces extensifs. Prairies et vergers sont en relation avec l’eau qui réinvestit les lieux (Cf. Schéma suivant). Leur caractère plus intimiste leur permet d’accueillir des représentations extérieures de la Scène Nationale. Un travail de remodelage est donc envisagé et l’implantation du camping pendant les fêtes de Bayonne est conservée seulement en partie. 6 _ Le secteur du Glain, bien que plus actif, doit être une extension de ces jardins, un parking silo pourrait être envisagé à long terme pour reconquérir les espaces de berges de la Nive. Cette unité n’est envisageable que par un système de franchissement efficace, d’une part au niveau des berges, mais aussi plus haut sur l’avenue d’Aquitaine. La question d’un passage, soit au niveau de la voie, en souterrain ou en franchissement, est à résoudre et plusieurs scénarios sont possibles. La double-corne de Saint-Léon : étudier la possibilité d’enterrer les parkings à l’intérieur de l’ouvrage pour dégager les terrasses. Les grandes connexions et perméabilités à rétablir, notamment au niveau de la RD 810, du state Jean Dauger et des fossés coupés par l’avenue de Pampelune.
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Les traces : glacis, quais, berges et marécages Se superposant aux espaces du parc, les orientations relatives aux traces permettent de le relier aux rivières qui ont fait naître la ville. 1 _ Le quai de l’Aviron Bayonnais Réorganisation des berges et de leur liaison avec l’allée Maïté Barnetche en corrélation avec l’agrandissement de l’omnisport de l’Aviron Bayonnais. 2 _ Les berges du bastion Royal Création d’une nouvelle unité le long de la Nive pour dynamiser le secteur du Glain remodelé. Conférer un caractère plus «naturel» à cette partie de la Nive non encore canalisée et pourtant à l’orée de la ville. La promenade est prolongée au niveau de la Maison des Associations par une passerelle qui rejoint ainsi l’allée Maïté Barnetche et permet de relier le parc des remparts à la Plaine d’Ansot. 3 et 4 _ Le quai Bouff lers et le quai Pedros Réduction de l’emprise de la voiture et des stationnements pour réinvestir les quais de l’Adour ainsi que la vue sur le quartier Saint-Esprit et la Citadelle. La promenade pouvant même à terme être prolongée vers les espaces du port. 293
Restauration des zones humides dans les fossés Cette amplification du caractère marécageux est un véritable outil de mise en scène des ouvrages, mais elle est aussi créatrice de nouvelles ambiances perdues au fil de l’histoire de Bayonne. Cette opération est possible en travaillant les profils des fossés et en récupérant les eaux de pluie, notamment de la voirie. Les profils Travail des profils, talus et fossés qui sont remodelés pour accueillir de nouveaux usages : chemins, gradins, banquettes... Arrêts de la navette f luviale Les deux arrêts au niveau des remparts constituent de nouvelles plates-formes de connexion villefleuve-remparts.
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Les points : salons urbains et passages Alors que les traces et leur accentuation permettaient de faire dialoguer le parc avec les rivières, les points sont les lieux où la ville et le parc se rencontrent. Ils sont la touche finale mais essentielle qui fait vivre les remparts, le rendant utile à la ville.
Terrasses, belvédères et salons urbains Lieux de rencontres informels complétant les espaces publics peu nombreux du centre. Chaque salon doit trouver sa vocation. Accroches du parc à la ville Élaboration d’un langage annonçant la proximité des remparts depuis le centre ville qui ne permet pas de deviner leur présence. Le lien entre les autres quartiers et l’enceinte est rétabli grâce au dégagement des glacis et aux traitement des limites. Accessibilité Mise en valeur des portes existantes et rénovation des passages par les casemates qui permettent de passer directement de la ville intra-muros aux espaces du parc quand il fallait auparavant les contourner. La multiplication des ces passages contribue à changer l’image de la marche-frontière qui devient un lieu capable de supporter des usages urbains. Chaque traversée induit donc un rayonnement. 295
Un rythme intermédiaire au parc est créé entre le quotidien et l’événementiel De petits lieux d’expositions gérés par la Mairie s’insèrent dans les espaces du parc. Selon le contexte ils sont mis exergue ou bien se fondent dans les masses des modelés : talus, murs, etc.
Sites à approfondir
Mousserolles
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Saint-Léon / Jean Dauger Glain / Saint-Jacques / RD 810
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Références
Projet de remise en eau des fossés des remparts d’Avignon par le cabinet StoA et Alfred Peter. Source : www.laprovence.com
Promenade de la ville haute à Pampelune. Source : photo personnelle
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Les murailles de Ceuta, Espagne par Juan Miguel Hernadez. Source : esphoto500x500.mnstatic.com
Insertion d’un pavillon dans un bastion d’exposition et escalier f lottant à ’s-Hertogenboch, Pays-Bas. Source : www.panoramio.com/photo/53823733 et www.inyourpocket.com/
New Dutch Waterline, Houten en Hollande. Ancien Bukers. Source : www.landezine.com
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3 - LA FIN DU DÉBUT
En guise de conclusion Lexique Annexes Bibliographie Remerciements Extrait de la carte de Bayonne p .20.
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Vers la métamorphose / La fin du début
EN GUISE DE CONCLUSION
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L’énoncé des orientations marque l’achèvement du mémoire mais c’est surtout le début du projet. La curiosité grandissante au cours de l’analyse et des recherches s’est transformée en une volonté de proposer un nouvel idéal pour la ceinture des remparts. Les éléments constituants ce travail continueront de nourrir le projet dans un va et vient incessant. Les remparts de Bayonne sont dans l’attente de ce nouveau souffle qui leur redonnera la place primordiale qu’ils méritent au cœur des dynamiques de la ville : des espaces de cohésion et de représentation à la fois urbains et symboliques.
LEXIQUE Bastion : partie en saillie, composée de deux faces et de deux flancs, permet le tir par les crêtes, souvent doublé par des organes spéciaux placés dans le fossé ou la contre-escarpe. Boulevard : terme générique désignant un ouvrage quelconque destiné à porter l’artillerie, ajouté en avant d’une fortification plus ancienne qui n’avait pas été prévue pour le tir à canon.
Glacis : pente douce allant de la crête d’une fortification jusqu’au sol. Guerre : conflit entre deux nations, qui se vide par la voie des armes ; action d’un peuple qui en attaque un autre ou qui résiste à une agression, à une invasion, etc. Orillons : flancs arrondis (demi-tour) protégeant l’artillerie située en arrière.
Caponnière : construction en fond de fossé permettant de protéger ce dernier.
Pas de soucis : escalier raide ménagé dans la contreescarpe.
Casemate : abris et passages servant de protection contre les tirs d’artillerie, muni d’embrasures à canon ils traversent les ouvrages fortifiés.
Place d’armes : emplacement où se rassemble les troupes.
Chemin couvert : terre-plein sur le bord extérieur du fossé pourvu d’un parapet et d’une banquette, il se place en arrière de la crête du glacis et fournit une défense supplémentaire aux défenseurs de la place.
Place forte : tout espace entouré par des fortifications et formant un ensemble indépendant : ville, forteresse, etc. Poterne : porte de petite taille ménagée dans le rempart. Redoute : ouvrage de fortification isolé.
Chemin de ronde : coursière régnant intérieurement au sommet d’une enceinte.
Relief : profil d’une fortification dans l’architecture classique et moderne.
Courtine : murs reliant les bastions (aussi appelée chemin de ronde et espace de mise en batterie des canons). Demi-lune : bloc plus ou moins triangulaire entouré par les fossés et permettant de faire disparaître les secteurs privés de feux devant les saillants des bastions et de fournir des feux croisés dans ces zones. Échauguette : guérite placée en encorbellement sur les angles saillants. Esplanade : espace dégagé et approximativement nivelé compris à l’intérieur de l’enceinte d’une ville, entre le corps de place et les maisons ou régnant à l’extérieur d’une place en avant du glacis. Fossé : composé de deux flancs, l’escarpe vers l’intérieur et la contre-escarpe vers l’extérieur (de l'italien scarpa, talus).
Sources des définitions : Pérouse de Montclos, Architecture, méthode et vocabulaire. Ainsi que www.rosalielebel75.franceserv.com/fortifications-historique.
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18 Dossier
Dossier 19
FÊTES DE BAYONNE
FÊTES DE BAYONNE
ANNEXES Un nouveau point info Fêtes pour s’informer, des postes de secours en cas d’urgence, des points de repères balisés pour se retrouver, et toute une foule d’informations pratiques pour bien s’organiser avant et pendant les fêtes.
> Afin de rendre les rues aux piétons, le centre-ville sera fermé de 11h à 7h.
Les Fêtes mode d’emploi Port de Bayonne - mode d'emploi Secteur fermé à la circulation de 11h à 7h
Les horaires de fermeture
Le centre-ville est fermé dès 15h le mercredi après-midi de l’ouverture. Les jours suivants, il est fermé de 11h à 7h le lendemain matin. Les débits de boissons ouvrent à 9h et ferment à 3h tous les jours des Fêtes.
Gare routière
Les espaces de repos
Points d’entrée
Les trois espaces sont situés Avenue Paul-Pras (derrière l’Aviron Bayonnais), place des Basques (devant l’Office de tourisme) et square Gambetta (à droite au pied du pont Saint-Esprit). Ouverture dès le mercredi 1er août à 17h, puis toutes les nuits de 23h à 4h. Avant de quitter la fête, une tasse de café ou un bol de soupe chaude accompagnés d’une collation vous sont offerts. On peut également y tester son alcoolémie avant de reprendre son véhicule.
Axes rouges - voies d’accès réservées aux secours d’urgence. Postes de secours Office de Tourisme, place des Basques Point infos Fêtes, rue Bernède
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Points Repères Espaces repos Campings temporaires
Les postes de secours
Le poste principal est au Gymnase du lycée PaulBert, place Paul-Bert (derrière l’église Saint-André) – Les postes secondaires sont à l’École du GrandBayonne, rue Albert-Ier et à la Crèche du quai Chaho, quai Chaho. Les appels vers les services de secours doivent se limiter aux seules urgences – Tél : 18. En cas de blessure légère, les festayres doivent se déplacer vers les postes de secours.
1
Douches Toilettes publiques Gare routière des Fêtes Stations de taxis
Les transports
Parking deux-roues
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La circulation et le stationnement sont interdits dans les lieux et sur les axes de sécurité. Les véhicules stationnés sur l’axe de sécurité et de secours (matérialisé par les barrières) seront mis en fourrière. Les bus, cars et trains urbains et inter-urbains sont renforcés jusqu’à 23h. Dernière arrivée sur Bayonne à 23h et derniers départ à 4h (4h30 pour la SNCF). Pour en savoir plus : pour le réseau inter-urbain : Tél : 05 59 25 45 78 et 05 59 26 30 74
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Le point info Fêtes
C’est le point central en terme de service des Fêtes. Situé au cœur de la Fête, rue Bernède, devant la Mairie, il est accessible tous les jours de 10h à 3h sans interruption. Il propose toute l’information pratique : l’indispensable des fêtes, le plan, le programme…)
Le parking deux-roues
Il est situé place des Basques. Ouvert tous les jours de 17h à 4h, dès le mercredi. Ce parking est gardé.
Les points repères
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Sept ballons lumineux blancs portant des chiffres verts balisent la ville et permettent de se repérer dans les rues et de se donner rendez-vous à des points visibles de tous. Ils sont situés comme suit : n° 1, espace repos Square Gambetta à Saint-Esprit ; n° 2 espace repos place des Basques ; n° 3, rue Bernède devant le point info Fêtes ; n° 4, sur les bords de la Nive, quai Roquebert ; n° 5, espace repos devant l’Aviron Bayonnais ; n° 6, sur le mail Chaho Pelletier ; n° 7, au niveau de l’École du PetitBayonne, rue de Ravignan (près du poste de secours du gymnase Paul-Bert).
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Les campings
Deux aires de camping sont proposées : La Floride (camping vert), 2 000 places, avenue RaoulFollereau, ouvert du mardi 14h au lundi 9h, douches au gymnase – Mousserolles (camping blanc), 1 500 places, avenue Duvergier-de-Hauranne, ouvert du mercredi 9h au lundi 9h, douches à Lauga. – Sites gardés.
Pour en savoir plus fetes.bayonne.fr et sur France Bleu Pays Basque, 101.3 FM, la radio des Fêtes.
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Plans des fêtes de Bayonne. Source : Bayonne Magazine n° 147 et www.fetes.bayonne.fr/
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Principes d’insertion du TSCP au niveau des allées Paulmy. Source : ACBA
Itinéraires à l’étude pour la navette f luviale. Source : ACBA
BIBLIOGRAPHIE
Vers la métamorphose / La fin du début
LA FRONTIÈRE
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BAYONNE
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REMERCIEMENTS
Je remercie tout particulièrement mes professeurs Catherine Farelle et Florence Bourcet pour leur suivi attentif et leurs précieux conseils. Merci à Jacky Cruchon et Marie Corrales Vignes du service d’urbanisme de Bayonne qui m’ont mis sur la piste des remparts. Merci à Evelyne Bacardatz, chargée de la culture et du patrimoine à Bayonne, pour sa disponibilité et ses réponses avisées à mes questions. Merci à Nathalie Barincou pour son assistance documentaire. Merci à Philippe Dangles pour sa connaissance des lieux et ses points de vue éclairants. Merci à toutes les autres personnes qui m’ont aidée de près ou de loin : Olivier Ribeton (Conservateur du Musée Basque et de l’Histoire de Bayonne), Andy Fisher (Guide conférencier de la ville de Bayonne), Martine de Parscau (Architecte de la ville de Bayonne), Laurence Dartiguelongue (ACBA), Axelle Fronzes (Direction du patrimoine naturel et de l’environnement à la ville de Bayonne), Marieke Steenbergen (Association du Réseau Vauban), la libraire du Coin du Livre. Enfin, merci à toute ma famille et à tous mes amis pour leurs conseils et leur soutien. 306
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LES REMPARTS DE BAYONNE
MÉTAMORPHOSE D’UNE FRONTIÈRE URBAINE Les remparts de Bayonne sont à l’origine de la naissance de la ville. Faisant partie d’un réseau de places fortes défendant la frontière francoespagnole, ils ont traversé les temps et se retrouvent aujourd’hui entourés par la ville moderne. A la manière d’un entre-deux, ils sont à leur échelle une frontière dans la ville.
9 rue de la Chocolaterie CS 2902 - 41029 Blois Cedex ensnp@ensnp.fr
L école nationale supérieure de la nature et du paysage
Alors que l’agglomération de la Côte basque s’oriente vers le développement durable, le potentiel de cette ceinture fortifiée reste sous-exploité. Les remparts constituent un paysage en eux-mêmes, pourtant, trop souvent dévalués par des logiques fonctionnalistes, ils restent méconnus des Bayonnais et des visiteurs. Quelle est la place de cet héritage dans la ville d’aujourd’hui? Suzanna Rubino suzanna.rubino@hotmail.fr