Session extraordinaire du GOP sur les défis régionaux Remarques introductives de Madame Rosine Hadizatou SORI-COULIBALY Présidente du CSAO 1 Mesdames et Messieurs, Chers Membres et Partenaires, Je voudrais tout d’abord vous souhaiter la bienvenue et vous remercier pour avoir répondu à mon invitation. Dans mes remarques introductives lors de la session ordinaire de notre Groupe d’orientation politique de juin dernier, je m’étais engagée à renforcer les consultations régulières des membres et la réflexion stratégique autour d’enjeux émergents de la région. Comme nous le constatons tous, depuis quelques décennies, la région fait face à un empilement de défis interconnectés (climatiques, alimentaires, sécuritaires, socio-économiques…), à la fois nourris par des facteurs structurels et conjoncturels. Concernant les enjeux alimentaires par exemple, les statistiques inquiètent et ne peuvent pas nous laisser indifférents. Entre 2019 et 2023, le nombre de personnes en besoin d’assistance alimentaire et nutritionnelle a plus que quadruplé, en passant de 10.7 millions à 42.5 millions de personnes. Comme nous le constatons également, ces incertitudes climatiques, alimentaires et autres, ont été rattrapées ces cinq dernières années par des turbulences socio-politiques avec des changements anticonstitutionnels de régimes dans plusieurs pays. Ces crises interviennent dans un contexte où une majorité de jeunes, en perte de repères par manque d’emploi et de perspectives d’avenir, expriment de fortes attentes pour une refondation des modes de gouvernance étatique. Elles interviennent également à un moment où les fragmentations géopolitiques mondiales croissantes menacent d’impacter négativement la coopération au développement au niveau de la région. Mesdames et Messieurs les Membres et partenaires, Devons-nous nous laisser emporter par l’actualité des évènements récents dans la région ? Des évènements, qui du reste, pourraient être la résultante de problèmes structurels dormants que les pouvoirs publics n’ont pu voir venir, encore moins anticiper. À cet égard, permettez-moi de rappeler que la pertinence de notre Club vient de sa capacité à transcender les actualités et le présent, afin d’impulser l’analyse et la réflexion permettant d’anticiper et de prévenir. Cela fait partie de son ADN et c’est la raison pour laquelle ses créateurs s’étaient réjouis d’avoir créé un ‘Club de l’espoir’.
1 Seule la version lue fait foi
En vous conviant à la présente discussion, mon ambition est avant tout de renforcer la réflexion collective des membres et partenaires en faveur d'une contribution renforcée du Club face aux défis cruciaux de la région - notamment en délivrant des évidences, des données et des analyses pertinentes pour la décision. Ce faisant, le tour de table que nous aurons tout à l’heure vise deux attentes : La première est de partager vos appréciations sur les défis depuis ces dix dernières années. Probablement que certains d’entre vous se demandent s’ils doivent ou peuvent continuer leurs engagements en faveur de la région. D’autres estiment pertinent de poursuivre l’engagement, mais se demandent ‘comment procéder’. Plus globalement, Comment adapter les instruments et les stratégies de coopération face à ces nouveaux contextes ? De nouvelles façons de procéder sont-elles possibles afin d’assurer des impacts plus durables et mieux prévenir les crises actuelles à l’avenir ? Voici autant de questions, pour lesquelles le tour de table devrait permettre de partager vos expériences et les leçons apprises au cours de ces dernières années. La deuxième attente est de voir comment renforcer la contribution de notre Club dans la recherche de réponses anticipatives et préventives. Comme j’ai rappelé plus haut, nous devons garder à l’esprit que notre Club n’est pas un instrument de gestion de crises. De même, son action n’a pas vocation à interférer ou à se substituer aux prérogatives des organisations politiques régionales – celles-là même disposant du mandat pour gérer les crises politiques, y compris les coups d’État. Cela dit, nos discussions devraient rester dans le cadre de ce qui relève du mandat de notre Club, à savoir sa capacité à éclairer l’avenir, à travers la production d’analyses, de données, d’instruments mais aussi la facilitation du dialogue stratégique permettant d’impulser les transformations durables souhaitées. Pour vous rafraichir la mémoire, et à titre d’illustration, ses analyses indiquent par exemple que, dans moins de 20 ans, la population de la région franchira la barre des 700 millions ; et la majorité sera urbaine. Ces basculements démographiques et urbains augmenteront la pression sur les pouvoirs publics en termes de réponse aux innombrables demandes sociales (santé, éducation, alimentation et nutrition, emploi…) – et pour lesquelles tout manquement ne peut qu’engendrer des tensions, voire des révoltes et des instabilités. Les analyses du Club révèlent également que l’économie alimentaire de la région pèsera plus de 480 milliards de dollars US d’ici les 20 prochaines années et offrira plus de 131 millions d’emplois ; cela constitue un gisement d’opportunités face aux attentes de la jeunesse. Comment optimiser donc le potentiel de production de connaissances de notre Club pour aider les politiques à prendre les bonnes décisions, et mieux anticiper et prévenir les crises ? Chers Membres et Partenaires, Pour résumer, je dirais simplement que, plutôt que de s’enfermer dans le débat conjoncturel du moment – notre Club doit au contraire prendre de l’altitude et rester concentré sur les enjeux structurels de la région – en s’investissant âprement sur des problématiques dont on est certain que celles-ci seront à l’œuvre dans les 20 prochaines années ou plus. C’est de cette manière que nous pouvons aider la région à mieux anticiper et prévenir, en s’appuyant sur le potentiel dont elle regorge. J’ose croire que le tour de table nous permettra d’avoir des débuts de réponse à ces questions posées. Et je ne doute pas que nous aurons une discussion détendue et très productive. Merci pour votre attention.