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Championnats du monde de ski alpin à Cortina d’Ampezzo

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Silvan Nideröst

Silvan Nideröst

«Les fans me manquent plus que ce que je pensais»

Wendy Holdener fait partie des skieuses les plus titrées de l’équipe de Swiss-Ski et nous espérons qu’elle fera à nouveau vibrer les fans de ski lors des Championnats du monde de ski à Cortina d’Ampezzo. A l’interview, la double championne du monde de combiné parle du grand événement de la saison et explique comment elle gère les circonstances particulières de cette saison marquée par le coronavirus. La skieuse d’Unteriberg (SZ), qui représente la Suisse pour la sixième fois déjà aux Championnats du monde, confie aussi ce qu’elle a de typiquement suisse.

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Wendy Holdener, le coronavirus a aussi des conséquences sur le cirque blanc. Quand on regarde les courses à la télévision, on se rend immédiatement compte qu’il n’y a pas de spectateurs et qu’il n’y a donc aucune ambiance dans l’aire d’arrivée. Mais y a-t-il aussi des avantages que l’on ne voit pas en tant que spectateur? Par exemple le fait qu’il y ait moins d’agitation autour des skieuses?

Wendy Holdener: Oui, nous gagnons un peu de temps à cause de cela. Le tirage au sort des dossards est supprimé et on ne doit plus prévoir de temps pour distribuer des autographes aux fans ou faire des selfies avec eux. Mais les gens me manquent plus que ce que j’avais pensé. Je me suis rendue compte que les spectateurs m’ont toujours aidée à me mettre dans l’ambiance de la course. Leurs encouragements me faisaient beaucoup de bien. Ca me manque.

Plus précisément, qu’est-ce qui te manque le plus? Les applaudissements quand tu franchis la ligne d’arrivée? Avoir tes proches autour de toi?

Pour les préparatifs avant le départ, il n’y a pas de grande différence: on a les mêmes personnes autour de soi et on ressent la tension et la pression. Mais dès le moment où je suis au départ, les applaudissements et les «Hop Wendy» des fans me manquent. Ce soutien me manque, tout comme le fait de ne pas pouvoir partager sa joie avec les fans à l’arrivée. Je me réjouis de revivre cela – espérons qu’il y aura bientôt à nouveau quelques skieurs au bord de la piste qui nous encouragent.

Cette saison, les tests de dépistage du coronavirus sont nombreux. Ce serait cruel de devoir faire l’impasse sur une course en raison d’un résultat de test positif. Comment gères-tu cela? Es-tu à chaque fois stressée avant les tests?

Il y a des tests pour lesquels je suis presque sûre qu’ils ne peuvent pas être positifs. Mais il y a aussi des tests pour lesquels je suis tendue. Par exemple après avoir été à la maison, on commence déjà à penser au fait que l’on aurait pu contracter le virus parce que l’on a rencontré des gens. Je trouve cette incertitude quand on rentre à la maison et que l’on quitte la bulle de l’équipe presque pire que les désagréments causés par les tests en eux-mêmes. On doit bien réfléchir aux rencontres que l’on fait car il serait dommage de manquer des courses à cause du virus. C’est pourquoi, il faut être très prudent et essayer de minimiser les contacts. C’est évidemment dommage, mais il faut faire avec cette saison.

Les Championnats du monde de ski se dérouleront à Cortina d’Ampezzo malgré la pandémie de coronavirus. Ces Mondiaux ont-ils pour toi la même importance que les années précédentes ou est-elle moindre?

Non, pas du tout. Pour nous, c’est le grand événement de cette saison. En tout cas, jusqu’à maintenant, ils semblent avoir la même importance. Je ne sais pas encore combien de spectateurs seront autorisés à assister. S’il n’y en a pas, ils me manqueront certainement, mais sinon les Mondiaux ont pour l’instant la même importance que les années précédentes.

Tu as été au départ à Cortina pour la première et unique fois il y a deux ans (janvier 2019). En Super-G, tu as obtenu la 6e place. Peut-on donc parler de bons souvenirs?

J’avais alors eu de la peine en descente, mais en Super-G, j’ai réalisé un exploit. Ce n’est pas l’unique raison pour laquelle j’ai de très beaux souvenirs et sensations liés à Cortina. C’est aussi un endroit magnifique. La vue, la nature

Wendy Holdener est déjà montée sur le podium en Coupe du monde dans les cinq disciplines.

y sont simplement fantastiques. Sans oublier que j’adore la cuisine italienne.

Vreni Schneider a été récemment élue meilleure athlète suisse des 70 dernières années. Dans le cadre des Swiss Awards, la triple championne du monde a révélé qu’elle s’était toujours mis une pression énorme lors des grands événements parce qu’elle voulait absolument confirmer. Après son premier titre de championne du monde, elle s’est mis une forte pression parce qu’elle voulait rester à la hauteur. Comme Vreni Schneider, tu as depuis longtemps prouvé que tu n’est pas une skieuse d’un jour. Est-ce que tu vis la même chose? Te mets-tu toi aussi beaucoup sous pression après ton succès aux Mondiaux à St. Moritz en 2017?

(réfléchit) Non, pas du tout. Avec toutes ses podiums, Vreni n’était absolument pas une skieuse d’un jour, c’est pourquoi je suis étonnée qu’elle dise une chose pareille. Ca m’a toujours beaucoup aidé de pouvoir aborder les Mondiaux en confiance. En clair, quand j’ai fait quelques bons résultats avant les Mondiaux et montré que je suis en forme. J’ai alors confiance dans mes points forts et mon ski. Il est vrai qu’avant St. Moritz, j’ai pu acquérir de l’expérience lors de grands événements pendant lesquels tout ne s’était pas déroulé comme je l’avais souhaité. Cela m’a certainement permis de faire des expériences qui m’ont énormément appris. Ensuite, j’ai peut-être simplement eu de la chance que mes derniers grands événements se soient si bien déroulés.

Sinon, qu’est-ce qui t’aide pour une préparation optimale à un grand événement? Comment fais-tu pour te déconnecter et faire le plein d’énergie avant un grand événement comme les CM à venir?

J’aime intégrer encore un bloc d’entraînement avant un grand événement et faire une pause de quelques jours à la maison pour avoir de la tranquillité. Et quand on y est, que les CM ont commencé, j’aime que l’ambiance soit bonne et beaucoup dormir. Je veille à ne pas gaspiller mon énergie.

Par exemple?

Il peut s’agir d’entraînements qui ne se sont pas bien déroulés, de pensées négatives ou de divergences dans l’équipe, quand on ne partage par exemple pas la même opinion.

Quels sont tes premiers souvenirs d’enfance des Mondiaux de ski alpin?

(rit) Je me rappelle que mes deux frères aînés et mon oncle ont pu aller aux Mondiaux de ski 2003 à St. Moritz alors que j’ai dû rester à la maison. Ce souvenir est encore très présent.

Il y a dix ans (2011), tu as remporté l’or, l’argent et le bronze lors des Championnats du monde juniors à Crans-Montana. Quel a été ton développement personnel depuis ce moment-là?

J’ai eu la chance d’avoir toujours pu avancer sans brûler les étapes. J’ai réussi à atteindre mes objectifs un à un et j’ai obtenu de nombreux podiums et médailles. J’ai également beaucoup appris. J’ai engrangé de l’expérience. Parallèlement, c’est peut-être devenu aussi un peu plus difficile avec le temps, parce qu’aujourd’hui, je n’ai plus cette insouciance et légèreté que j’avais tout au début. Mais je dirais que j’ai réalisé un très beau parcours.

Jusqu’à aujourd’hui, quel est le moment qui t’a procuré le plus d’émotions au cours de ta carrière?

(Réfléchit longuement) La première médaille aux Mondiaux a été quelque chose de très spécial. C’était fou de devenir championne du monde en combiné à St. Moritz, devant mon public. D’une part, parce que j’ai pu fêter tout cela avec Michelle (Gisin, n.d.l.r.) et d’autre part, parce que cela s’est passé dans mon propre pays. Mais j’ai aussi vécu d’autres moments très forts en émotions et je ne sais donc pas si je peux vraiment affirmer qu’il s’agit de ce moment-là en particulier. Lors de chaque saison, il y a eu des moments qui m’ont donné la chair de poule.

Tu as aussi beaucoup de succès en dehors des pistes et tu es une athlète très appréciée par les médias, les sponsors et les fans. Tu ne peux pas répondre à toutes les sollicitations, tu dois fixer des priorités. Selon quels principes gères-tu cela?

Je suis très heureuse d’avoir mon frère Kevin qui s’occupe de cela. Il s’occupe de toutes les demandes et m’aide à planifier afin de tout concilier. Et Ruedi Holdener, qui n’est pas un parent, mais un bon ami de notre famille, l’aide dans cette tâche. De plus, la fédération m’aide dans le traitement de différents sujets. Nous cherchons à chaque fois ensemble la meilleure solution. C’est une aide précieuse.

On pourrait donc d’une part affirmer que ces demandes et ces mandats font partie du métier, d’autre part, qu’ils ne doivent pas prendre trop de place?

Exactement, ces demandes doivent toujours convenir à ma planification. Certaines choses sont pour moi des obligations, et il y a d’autres choses que je fais avec beaucoup de plaisir. Je trouve par exemple beau de sentir la reconnaissance des fans sur les réseaux sociaux. Ils me donnent aussi beaucoup en retour. C’est pourquoi, j’essaie de leur donner un aperçu intéressant de ma vie. Mais il est très clair qu’il faut fixer des priorités. Et la première question est toujours la suivante: qu’est-ce qui m’aide à skier vite?

Beaucoup de fans, d’entreprises et de marques peuvent s’identifier à toi. Qu’est-ce qui est typiquement suisse chez toi?

(rit) Je suis très ambitieuse et en même temps, j’ai les pieds sur terre. Ce sont deux qualités très suisses. Sinon, j’aime la nature et la famille est très importante pour moi.

Pour terminer, regardons plus loin: quel est ton premier souhait à réaliser après ta carrière de ski?

(réfléchit) Je ne sais pas. Il n’y a rien que je ne peux pas réaliser avant la fin de ma carrière. Hormis peut-être le fait de pouvoir faire ensuite de plus longs voyages ou vacances en espérant que jusque-là, le coronavirus ne sera plus d’actualité. (rit). C’est la seule chose qui me vient à l’esprit. Faire une fois de plus longues vacances sans devoir toujours faire attention à ma planification. Mais ce n’est pas comme si je trépignais d’impatience. J’ai la chance de découvrir des endroits d’une telle beauté dans le monde grâce à mon sport, ce que j’apprécie énormément.

OBERSTDORF

Plusieurs espoirs de médaille en ski de fond

Après 1987 et 2005, Oberstdorf sera à nouveau le cœur des disciplines nordiques de sports d’hiver puisque les championnes et champions du monde de saut à ski, ski de fond et de combiné nordique y seront couronnés. Les courses aux médailles pour les athlètes nordiques débuteront le 24 février et se termineront le 7 mars.

Depuis son premier succès en Coupe du monde, Nadine Fähndrich fait définitivement partie des candidates à une médaille en sprint en style classique. La Lucernoise âgée de 25 ans nourrit aussi beaucoup d’espoirs de médaille dans le sprint par équipes en style libre. En décembre dernier à Dresde, Fähndrich et Laurien van der Graaff ont fêté la première victoire d’un duo suisse en Coupe du monde. La saison précédente, les deux fondeuses avaient déjà décroché deux podiums en Coupe du monde en sprint par équipes. Chez les hommes, Dario Cologna a déjà défini son objectif pour les Mondiaux: une médaille. Par le passé, Oberstdorf a toujours bien réussi au Grison. Il a jusqu’ici obtenu six podiums de Coupe du monde sur la neige bavaroise. Etant donné que Cologna a déjà obtenu des médailles sur toutes les distances lors de grands événements, il faudra compter sur lui à Oberstdorf en skiathlon ainsi que dans la course avec départ individuel (skating, 15 km) et pour terminer dans la discipline reine, le départ en ligne sur 50 km classique. Le podium en relais à l’occasion de la Coupe du monde de Lahti l’hiver dernier permet à l’équipe masculine suisse de rêver de médaille par équipes aux Mondiaux. Lors des derniers Championnats du monde de ski nordique en 2019, Killian Peier a écrit un chapitre de l’histoire suisse en décrochant la médaille de bronze sur le grand tremplin à Innsbruck. Après la rupture des ligaments croisés de Peier, l’équipe suisse doit toutefois disputer la saison de Coupe du monde actuelle sans son numéro 1 sur le papier. Les athlètes suisses connaissent très bien les tremplins du Schattenberg. Avant la fin de l’année, les meilleurs sauteurs à ski de la planète se sont déjà affrontés dans le cadre de la Tournée des quatre tremplins à Oberstdorf. En l’absence de Peier, Gregor Deschwanden s’est en particulier distingué au sein de l’équipe suisse par ses bons résultats; les espoirs d’obtenir une excellente place au classement reposent donc sur ses épaules.

LUKAS KURTH

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