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Une grande ambition pour les Mondiaux en Suisse
Il y a quelques années, Martina Wyss a dû mettre un terme à sa carrière de ski alpin en raison d’une hernie discale. Elle a pourtant fini par atteindre l’élite mondiale... en télémark. La jeune athlète de 27 ans, originaire de l’Oberland bernois, fera partie des favorites aux Mondiaux de Mürren.
Le temps fort de l’hiver se déroulera sur ses terres et les objectifs sont à la hauteur de l’événement. Martina Wyss sait déjà qu’elle visera l’excellence dans trois disciplines lorsqu’elle prendra le départ des Mondiaux de télémark à Mürren, du 20 au 26 mars prochains.
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La skieuse de Lauterbrunnen a souvent levé les bras au cours de sa carrière. Elle a notamment remporté le classement général de la Coupe du monde l’hiver passé. Mais son palmarès est encore vierge de tout titre mondial. «Les attentes sont élevées et je ressens un certain stress», dit-elle. «Mais je suis la première à être très exigeante envers moi-même et j’aborde tout cela avec une attitude positive pour atteindre mes objectifs.»
Martina Wyss fait partie de l’élite mondiale absolue dans un sport qui n’est que rarement sous les feux des projecteurs. Souvent, elle doit encore expliquer ce qu’est le télémark. Qu’elle ne se contente pas de descendre la pente sur des skis alpins, mais ajoute une génuflexion à chaque virage, en pliant le genou vers le sol sur le ski intérieur. Le parcours comprend égale- ment un saut qui peut atteindre 18 mètres. Et pour couronner le tout, la manche se termine par un secteur en skating. «Le télémark met en avant la polyvalence», dit l’entraîneur national Ruedi Weber. «Et quand on a des ambitions élevées, on se doit de maîtriser les différentes facettes.»
Le télémark, une option plus douce Pourtant, Martina Wyss a découvert le télémark un peu par hasard. Jusqu’à l’âge de 20 ans, elle se consacre au ski alpin, où elle est considérée comme un vrai talent; elle fréquente le gymnase sportif d’Engelberg avec Corinne Suter et Wendy Holdener. Mais de graves problèmes de dos la contraignent à interrompre sa carrière. C’est un rêve qui s’écroule. Pendant un certain temps, elle ne peut même plus regarder les courses de ski à la télévision.
Le ski reste toutefois son grand amour. La jeune femme suit un cours de monitrice de ski. Au cours de sa formation, doit choisir un «deuxième engin». Elle pourrait opter pour le snowboard, mais comme elle y voit certains risques pour son dos et ses genoux, elle choisit finalement le télémark, qui lui semble être l’option la plus douce. Elle relègue cette partie de la formation à un rang accessoire.
Même lorsqu’elle participe à une course de télémark et qu’elle obtient de bons résultats, elle pense que le télémark ne jouera guère de rôle pour elle à l’avenir. Jusqu’à un coup de fil de Ruedi Weber. Le coach national lui demande si elle pourrait envisager de pratiquer ce sport de manière plus intensive. Martina Wyss en a fini avec le sport d’élite, et lorsque Ruedi Weber la contacte, elle entraîne des élèves en Nouvelle-Zélande. A son retour, le coach reprend contact avec elle et, de nature curieuse, la jeune femme accepte de le rencontrer.
Les mots élogieux de l’entraîneur national Elle commence à s’entraîner, participe peu après à sa première compétition de Coupe du monde et se classe cinquième. Sa première victoire arrive après six courses. C’est une révélation: «J’ai retrouvé les plaisirs de la course.» Elle est de retour sur les pistes et de retour dans le mode de compétition, qu’elle a toujours aimé. C’est ce qui la motive et non l’aspect financier. Elle le dit elle-même: «Ceux qui veulent gagner de l’argent avec le télémark feraient mieux de trouver autre chose. On pratique ce sport uniquement par passion.» Martina Wyss investit néanmoins beaucoup de temps dans une préparation sérieuse, ce que Ruedi Weber ne manque pas de saluer: «Elle a la volonté de réaliser des séances ciblées et de mettre tous les atouts de son côté pour être forte physiquement. Elle sait quelles sont les conditions à remplir pour se maintenir au sommet.»
Entre avril et octobre, Martina Wyss travaille à 100% comme masseuse sportive indépendante à Lauterbrunnen et Interlaken. Puis elle réduit son temps de travail durant l’hiver. Pour elle, le télémark est depuis longtemps plus qu’un sport de substitution ou un passetemps; c’est le meilleur moyen de disputer des courses au plus haut niveau et d’assouvir sa soif de succès.
Amélie Wenger-Reymond pour concurrente Cet hiver, son objectif sera de défendre son succès au classement général de la Coupe du monde, tout en visant les petits globes (sprint, classic, sprint parallèle). Pour ce faire, elle devra notamment mater une concurrente de sa propre équipe: Amélie Wenger-Reymond, qui a fait son retour en 2021/22 après une pause maternité et qui a déjà gagné tout ce qu’il y a à gagner dans sa carrière. A 35 ans, la Valaisanne a plus d’expérience que Martina Wyss et se rendra aux Mondiaux de Mürren avec des ambitions tout aussi élevées.
«Martina et Amélie vont se livrer des duels passionnants», déclare Ruedi Weber. «Elles se poussent mutuellement. Au niveau des performances, c’est bien sûr un avantage d’avoir deux athlètes aussi fortes.» Martina Wyss envisage les prochaines semaines avec une certaine sérénité et un grand sourire. «Tant que j’ai du plaisir à faire ce que je fais, ça me va.»
PETER BIRRER
LA FIÈVRE DU TÉLÉMARK S’EMPARE DE MÜRREN
Du 20 au 26 mars, le village de montagne bernois de Mürren, interdit aux voitures, se transformera une fois de plus en Mecque du télémark: à l’occasion des Championnats du monde 2023, les meilleurs spécialistes de télémark de la planète ont rendez-vous dans le cadre époustouflant de l’Eiger, du Mönch et de la Jungfrau.
L’équipe suisse de télémark est considérée comme la grande favorite, puisque les athlètes suisses ont remporté 14 des 21 médailles en jeu, dont six en or, lors des Mondiaux 2021 à Melchsee-Frutt (OW). Un résultat qui a permis à la Suisse de terminer en tête du classement des nations aux Mondiaux de télémark pour la cinquième fois consécutive – et de conforter une fois de plus son statut de n°1 en télémark.
L’avenir nous dira si la réussite accompagnera de nouveau l’équipe suisse de télémark à Mürren. Les conditions sont toutefois réunies, puisque Martina Wyss et Bastien Dayer, les deux vainqueurs du classement général de la Coupe du monde 2022, seront au départ. Sans oublier le retour d’Amélie Wenger-Reymond, multiple gagnante du classement général de la Coupe du monde, qui revient cet hiver après sa pause maternité de la saison passée. Beatrice Zimmermann, qui a fêté huit podiums la saison dernière et le bronze au classement général du sprint parallèle, fera elle aussi partie des candidates aux médailles. Il faudra également surveiller de près les performances de Stefan Matter, Nicolas Michel et Romain Beney, qui ont tous été interrompus dans leur élan par des blessures la saison dernière. Le champion du monde junior en titre du sprint, Alexi Mosset, ainsi que son frère Maxime, et bien sûr Gaëtan Procureur, qui a signé son premier podium de Coupe du monde la saison dernière à Krvavec (SLO), seront aussi intéressants à suivre. En tout cas, le suspense est assuré.
DIANA FÄH MOSIMANN