L’apprentissage dual au Niger

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L’apprentissage dual Un dispositif alliant formation professionnelle et emploi

Le dispositif de l’apprentissage dual a été développé dans le cadre du programme d’appui à la formation professionnelle rurale au Niger (FOPROR).

Financé par

Mis en oeuvre par


Une croissance inclusive et durable, stimulée par un secteur privé innovant, créateur d’emploi et de revenu, est le fondement du travail de Swisscontact. La formation professionnelle Jeter les bases d’un emploi et d’un revenu durables à travers une formation professionnelle orientée vers le marché de l’emploi et en réponse aux besoins de l’économie. La promotion de l’entreprise Renforcer la productivité et la compétitivité des petites et moyennes entreprises à travers des interventions durables dans la chaîne de valeurs, un meilleur accès au marché et un meilleur développement économique local. Le système financier inclusif Permettre aux entrepreneurs d’avoir facilement accès aux produits financiers, aux services et aux formations en matière de finance, et assurer ainsi leur autonomisation. Une économie adaptée aux changements climatiques et respectueuse de l’environnement Créer des emplois verts à travers une utilisation efficace des ressources naturelles et une application des méthodes de production propre. Dans cette optique, Swisscontact crée les conditions de l’émergence d’un secteur privé socialement et écologiquement responsable qui contribue à la réduction de la pauvreté. Swisscontact crée ainsi les conditions-cadres adéquates pour l’action entrepreneuriale, qui sont nécessaires à une économie privée concurrentielle et respectueuse des principes sociaux et écologiques en tant que pilier de tout développement. Swisscontact est une fondation indépendante créée en 1959 par des personnalités du monde économique et scientifique suisse. Elle œuvre exclusivement dans le domaine de la coopération internationale au développement et réalise des projets propres ou sur mandat depuis 1961. Swisscontact est proche du secteur privé depuis sa création. En 2018, Swisscontact compte environ 1100 collaborateurs dans 36 pays. Le siège de la fondation se trouve à Zurich.

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04 Aperçu du contexte économique, politique et social du Niger 06 Un dispositif de formation professionnelle multi-acteurs 08 Une coopération étroite entre les lieux de formation et les ateliers artisanaux 10 Les Centres de Formation des Artisans 12 Des formateurs et formatrices confirmés issus du monde professionnel 14 L’apprentissage dual accompagne le développement des marchés locaux de manière inclusive 14 Un dispositif qui prend en compte l’égalité des femmes et des hommes

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Aperçu du contexte économique, politique et social du Niger Pays enclavé situé à plus de 1 000 km du port maritime le plus proche, le Niger est un pays sahélien de l’Afrique de l’Ouest, au climat aride et caractérisé par un faible niveau de développement. Le pays est confronté à de nombreux défis en termes de démographie, de sécurité, de migration et d’environnement.

L’Indice de développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) de 0,354 situe le Niger au dernier rang malgré les progrès réalisés en matière de croissance économique et de développement social ces dernières années. La situation de la sécurité alimentaire est structurellement fragile en raison des mauvaises récoltes liées aux sécheresses et aux inondations récurrentes (conséquences du changement climatique) et aux conditions précaires dans lesquelles vit une grande partie de la population nigérienne. Sur le plan démographique, la croissance reste un énorme défi pour le gouvernement du Niger qui gère un accroissement de la population de 3,9% par an et un taux de fécondité de 7,6 enfants par femme. Au regard de son poids démographique, la jeunesse représente un atout et un potentiel énorme mobilisable pour le développement économique et social du pays. La jeunesse est classée parmi les groupes les plus vulnérables parce qu’elle est confrontée aux problèmes d’éducation, d’emploi et d’insertion socio-économique. Le défi majeur posé par la jeunesse est la satisfaction de sa forte demande sociale et de ses aspirations. Le Niger a une pratique migratoire traditionnelle à travers laquelle les populations rurales, particulièrement les jeunes hommes, partent en exode ou se déplacent de manière saisonnière vers les grands centres urbains du pays ou vers des pays limitrophes et de la sous-région (Algérie, Nigéria, Côte d’Ivoire, etc.) afin de compléter les revenus familiaux. Parallèlement, le Niger est un pays de transit des migrants subsahariens. C’est ainsi que la ville historique d’Agadez, située aux portes du Sahara, est devenue aujourd’hui l’épicentre du phénomène migratoire en Afrique.

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Sur le plan de l’emploi, le Niger, à l’instar des autres pays du continent africain, doit faire face aux problèmes d’une forte croissance démographique, d’un exode rural massif, d’une économie peu structurée et informelle, constituant autant de facteurs potentiels de déstabilisation sociale. Le Niger a fait de la question de l’emploi, et plus particulièrement de l’emploi des jeunes, un enjeu majeur. Plus de la moitié des 15-24 ans n’est ni dans le système éducatif ni dans l’emploi. Ces jeunes déscolarisés ou non scolarisés ont un accès très limité à la formation professionnelle, tant formelle que non formelle qui est très peu développée au niveau urbain comme au niveau rural. L’apprentissage traditionnel non formel est leur première porte d’entrée vers l’apprentissage d’un métier. Cependant, au sein des ateliers dans lesquels ils évoluent, les apprentis ne peuvent qu’observer et imiter les faits et gestes des artisans qui les encadrent au fur et à mesure de la production. Ceci rend cette période d’apprentissage très longue (10 ans pour la mécanique par exemple). De plus, la majorité des artisans responsables d’ateliers ont un faible niveau scolaire et peu ou pas de compétences pédagogiques. Malgré ses énormes potentialités d’insertion économique pour les jeunes, le secteur artisanal souffre de l’absence d’une offre de formation moderne et structurée tenant compte de l’évolution technologique des métiers. En développant l’apprentissage dual, Swisscontact rend l’apprentissage traditionnel plus performant grâce à une formation à la fois théorique et pratique organisée entre des périodes en centre de formation et en atelier. Cette transmission du savoir-faire et de la culture de chaque métier à travers des artisans motivés et qualifiés permet aux jeunes apprentis une insertion rapide et durable sur le marché local en tant que salarié ou auto-entrepreneur.


Swisscontact au Niger Depuis 2006, Swisscontact apporte son concours au Gouvernement nigérien dans ses efforts visant la réduction de la pauvreté, la lutte contre le chômage et le sous-emploi ainsi que l’amélioration de l’employabilité des jeunes. Cet appui porte sur la conception, le développement et la mise en œuvre de six dispositifs de formation et d’appui à l’insertion professionnelle de qualité et en adéquation avec les besoins et les réalités socioéconomiques du pays.

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Un dispositif de formation professionnelle multi-acteurs La mise en place d’un système d’apprentissage dual est le fruit d’une approche partenariale forte qui rassemble acteurs publics et acteurs privés au niveau régional et local à travers leur implication, leur responsabilisation et leur mise en synergie.

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Pilotage Ministères des Enseignements Professionnels et Techniques

Certification

Centres de Formation

Mis en oeuvre

Ministères des Enseignements Professionnels et Techniques

FNAN/CMANI Conseil Régional Mairie

Chambre des métiers des artisans du Niger CMANI

Ateliers

Accompagnement Swisscontact

Le Ministère de la formation professionnelle et ses services déconcentrés : institutionnalisation et coordination du dispositif, élaboration et validation des programmes de formation, certification

Le Conseil Régional : ancrage institutionnel du dispositif, financement, suivi de mise en œuvre, règlementation

La Mairie : mobilisation et appui au cadre réglementaire des organisations professionnelles des artisans locales, mise à disposition du foncier pour la construction des centres de formation, suivi des activités des centres de formation

La Fédération Nationale des Artisans du Niger (FNAN) et ses démembrements régionaux : gestion des centres de formation en tant que délégataire, financement des formations, mobilisation des organisations professionnelles des artisans, des chefs d’ateliers, des maitres d’apprentissage et des apprentis, suivi de mise en œuvre, évaluation des apprentissages

La Chambre des métiers des Artisans du Niger (CMANI) : élaboration et validation des programmes de formation, certification des apprentissages, suivi de mise en œuvre

Le centre de formation : recrutement des apprentis, formation des apprentis à travers le système dual, perfectionnement technique des artisans, formation initiale professionnalisante des jeunes dans les métiers artisanaux, suiviévaluation des formations

Le FAFPA (Fonds d’Appui à la Formation Professionnelle et à l’Apprentissage) : financement des actions de formation, suivi-évaluation du dispositif

Swisscontact : appui technique et accompagnement des acteurs, suivi-évaluation du dispositif

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Une coopération étroite entre les centres de formation et les ateliers artisanaux

Un apprentissage dual est une formation professionnelle et techniques de longue durée pour les jeunes (14 à 25 ans) des zones urbaines ou périurbaines.

Cet apprentissage est dédié aux métiers de l’artisanat et se caractérise par une double formation à la fois théorique et pratique organisée selon un programme précis permettant aux jeunes apprentis de s’insérer professionnellement au bout de deux ans en tant qu’ouvrier qualifié au sein d’un atelier ou en tant qu’auto-entrepreneur. La formation par apprentissage de type dual est basée sur la complémentarité entre la formation au centre et dans un atelier. Un ou deux jours par semaine, les jeunes apprentis se rendent au centre de formation afin d’acquérir les notions théoriques sur leur métier et d’approfondir leur pratique. Le reste de la semaine ils travaillent au sein de leur atelier d’apprentissage sous la supervision de l’artisan responsable. L’objectif de ce dispositif est de permettre aux apprentis d’acquérir l’ensemble des compétences dans un métier donné qui leur permettra de répondre aux besoins des clients potentiels dans le marché du travail dans lequel il exerce. Une formation en alphabétisation fonctionnelle est également dispensée afin de doter ces jeunes des outils nécessaires pour l’exercice de leur métier. La durée de la formation est d’environ deux ans et comprend une série de 3 à 4 sessions d’une durée de 4 à 6 mois chacune selon la filière. Elle est animée au centre par des artisans-formateurs sur la base d’un programme précis et selon l’approche par compétences. L’encadrement de l’apprenti à l’atelier

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est assuré par le maître d’apprentissage. Un carnet de suivi permet de matérialiser la liaison entre les deux pôles et de marquer l’itinéraire de formation des jeunes apprentis. A l’issue de sa formation l’apprenti change de statut socio-professionnel et devient un ouvrier qualifié reconnu par ses pairs. Il peut rester travailler chez son maître artisan où il touchera un salaire, se faire engager dans un autre atelier ou décider de se mettre à son propre compte. Pour renforcer la complémentarité entre le centre et l’atelier, les maîtres artisans qui accueillent les jeunes apprentis sont formés et sensibilisés sur leurs rôles et responsabilités. Ils sont aussi renforcés sur des questions de méthodologie et de pédagogie. Le recrutement des apprenants est assuré par les organisations professionnelles des artisans qui manifestent le besoin de placer leurs apprentis en formation. La formation au sein du Centre de Formation des Artisans (CFA) est dispensée par des artisansformateurs mis à disposition par les organisations professionnelles des artisans qui assurent également le suivi des apprentis en atelier pendant la formation. L’évaluation finale des apprenants est réalisée par des patrons désignés par les organisations professionnelles des artisans et sous la supervision de la CMANI.


« Il y a eu beaucoup de changements dans ma vie, du point de vue travail, économique et même alimentaire ! » Moumouni Boureima réside dans la commune urbaine de Dosso. Déscolarisé en classe de CM2, il décide alors de s’orienter vers la menuiserie métallique et trouve une place d’apprenti dans un atelier de la ville. En 2013 l’apprentissage dual démarre à Dosso. Le patron de Moumouni l’inscrit pour suivre la formation duale en construction métallique. Au bout de 18 mois ce dernier a acquis les compétences nécessaires à l’exercice du métier et décide de s’installer à son propre compte. Avec ses économies il achète le matériel nécessaire pour démarrer et aujourd’hui les affaires prospèrent.

Commune urbaine ou semi-urbaine

Jeunes de 14 à 25 ans déscolarisés ou non-scolarisés

Apprentis

Expérience de 6 mois minimum en apprentissage atelier

Swisscontact Appui technique - Accomagnement

Organisations d’artisans Mise en oeuvre - Coordinations -Suivi - Evaluation

Ateliers

Centre de Formation

Marché économique local

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Les Centres de Formation des Artisans

Les Centres de Formation des Artisans (CFA) sont des structures de formation professionnelle qui accueillent des jeunes en apprentissage dans des ateliers artisanaux du secteur informel, âgés de 14 à 25 ans. L’objectif des CFA est de contribuer à l’amélioration et au renforcement des compétences professionnelles des apprentis à travers une formation d’une durée de 12 à 16 mois selon la filière sur la base d’un programme précis et selon l’approche par compétence. Actuellement, sept programmes d’apprentissage dual sont dispensés dans les CFA : la mécanique auto, la mécanique deux roues, la menuiserie bois, la couture, la construction métallique, l’électricité d’équipements domestiques et l’électronique grand public. Les CFA mettent également en œuvre des formations continues de courtes durées et des formations initiales professionnalisantes dans le domaine artisanal. Un CFA est construit sur un terrain de 10 000 m2 mis à disposition de la Fédération Régionale des Artisans

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par la commune. Il s’agit d’un bien public à envergure régionale dont la gestion est déléguée par le conseil régional à la Fédération Nationale des Artisans du Niger à travers ses démembrements. La gestion opérationnelle est assurée par les organisations professionnelles des artisans (OPA) locales délégataires du CFA à travers le Comité de Gestion du Centre (COGEC). Cet organe de décision des orientations stratégiques du CFA désigne le personnel administratif du centre. Il coordonne, suit et évalue les activités menées dans le CFA. Le COGEC est composé d’un représentant de la collectivité territoriale locale, de trois représentants de l’OPA, d’un représentant des autorités coutumières, d’un représentant des patrons des apprentis et d’un représentant des parents des apprentis. Le COGEC élabore un rapport d’appréciation après chaque cycle de formation et rend compte chaque année de la gestion du CFA à la collectivité territoriale.


L’administration du CFA est assurée par une équipe permanente de six personnes, membres de l’association professionnelle des artisans délégataire du CFA. L’administration du CFA est composée d’un directeur, d’un chef de travaux, d’un surveillant, d’un trésorier, d’un secrétaire administratif et d’un planton. L’Administration du CFA anime et organise la vie au sein du CFA. Elle recrute notamment les jeunes apprentis et les formateurs (deux par filière de formation), veille à la qualité des formations, appuie la participation des patrons d’atelier aux formations

de perfectionnement afin qu’ils renforcent leurs compétences. A ce jour il existe quatre Centres de Formations des Artisans à Maradi, Dakoro, Dogon Doutchi et Gaya. Certains CFM (Centre de Formations aux Métiers) proposent également l’apprentissage dual. Il s’agit des centres de Aguié et Mayahi dans la région de Maradi et de Koré Mairoua et Guéchemé dans la région de Dosso.

Un CFA est composé d’un bloc administratif comportant un bureau et une salle de réunion, d’une classe pour l’alphabétisation fonctionnelle, d’une classe pour la formation en couture, de six grands ateliers (menuiserie bois, construction métallique, électricité d’équipements domestiques, mécanique auto, mécanique deux roues, électronique grand public.) Chaque CFA dispose également d’une adduction d’eau potable et d’un bloc de latrines.

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Des formateurs et formatrices confirmé(e)s issu(e)s du monde professionnel

Swisscontact au Niger a développé depuis douze ans une expertise dans le domaine de la formation professionnelle, notamment au niveau de la formation des formateurs. Elle dispose aujourd’hui d’un vaste réseau de formateurs qualifiés dans l’apprentissage par compétence qui garantit la qualité des formations mises en œuvre dans les CFA. Tous les formateurs des CFA et des CFM sont des professionnels en activité, évoluant dans des ateliers ou micro-entreprises recommandés par les associations d’artisans locales. Ces formateurs ont un regard global sur le métier, et donc sur les situations réelles de travail. Ils sont d’abord choisis pour leur expertise professionnelle dans le domaine de formation dispensé, et ensuite pour leurs compétences en pédagogie ou leur potentiel pédagogique. Au besoin, Swisscontact organise des sessions de formation de formateurs pour renforcer les compétences techniques et pédagogiques. Les

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formations pédagogiques peuvent porter notamment sur l’approche modulaire, les méthodes pédagogiques, l’approche par compétences, l’évaluation des formations, la préparation et la mise en œuvre d’une séance de formation. Les programmes dispensés sont formulés en termes d’objectifs et découpés en modules. Ils sont conçus selon une approche globale tenant compte de différents facteurs tels que les besoins de formation, les situations de travail, les buts ainsi que les stratégies et les moyens pour atteindre les objectifs. Les programmes énoncent et structurent les compétences que les apprenants doivent acquérir tout au long de leur apprentissage. Ces programmes, validés par le Ministère en charge de la formation professionnelle, servent de référence pour la planification de la formation ainsi que pour la préparation du matériel didactique et du matériel d’évaluation.


« Quand je ne suis pas au CFA, je supervise toujours mon atelier. Aujourd’hui, 15 apprentis travaillent avec moi. » Habibou Tawaye a 51 ans et est formateur en mécanique auto au CFA de Doutchi. Il débute son apprentissage en mécanique auto en 1991 au sein de l’atelier « garage de l’avenir ». Auprès de son patron il apprend les bases du métier et en 1996 ce premier lui passe les commandes de l’atelier. Parallèlement il suit des formations de perfectionnement avec le projet Nigetech (mécanique agricole) et avec Swisscontact (véhicules diesel, véhicules électronique, mécatronique). Ces renforcements de compétence lui permettent de développer les prestations de son atelier. Il a également élargi ses activités à la vente de pièces détachées. Lors de l’ouverture du CFA de Doutchi, il est sélectionné par ses pairs pour assurer la formation en mécanique auto. A travers des formations dispensées par Swisscontact il apprend à transmettre son savoir-faire et à assumer pleinement son rôle de formateur.

L’apprentissage tutoré est un dispositif dérivé de l’apprentissage dual et adapté au milieu rural où la densité du tissu économique est plus faible et les possibilités d’insertion limitées. L’appui porte sur la formation des maîtres artisans et l’équipement des ateliers qui peuvent accueillir quelques apprentis par cohorte et par métier. Le maître d’apprentissage ou tuteur assure l’encadrement de l’apprenti selon un programme de formation structuré et défini dans le temps.

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L’apprentissage dual accompagne le développement des marchés locaux de manière inclusive

L’économie informelle est la première source d’emploi pour les jeunes au Niger et elle continuera à absorber la majorité des travailleurs dans les décennies à venir. Améliorer la productivité du secteur informel est donc essentiel pour l’emploi, la croissance économique et la réduction de la pauvreté. A travers l’apprentissage dual Swisscontact accompagne le développement des marchés inclusifs en étendant et variant les choix et les opportunités pour les populations des communes d’intervention. L’apprentissage dual créé des emplois et assure la disponibilité de biens et services essentiels pour l’ensemble de la communauté. Cette formation permet également la diversification des marchés locaux à

travers la mise à disposition de produits ou de services innovants (réparation des téléviseurs, radios et téléphones portables, installation électrique de climatiseurs, installation d’équipement solaire, etc.). Entre 2013 et 2018, 1000 jeunes dont 11% de filles ont suivi un apprentissage dual dans les régions de Maradi et Dosso. Cette formation a eu des impacts forts sur l’insertion socio-professionnelle des jeunes à l’issu de leur apprentissage dual : 94% d’entre eux continuent à travailler dans leur filière de formation, 19% sont devenus patrons de leurs propres ateliers, 20% sont devenus chef d’équipe et 25% sont désormais ouvriers.

L’apprentissage dual, un dispositif qui prend en compte l’égalité des femmes et des hommes Les études ont montré que la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation économique des femmes contribuent sensiblement à la réduction de la pauvreté, la croissance économique et le développement social. Au Niger, les inégalités de genre dans la formation professionnelle et technique sont en très grande majorité au détriment des femmes, au niveau de l’accès des filles, de leur maintien, du choix des filières et de l’accès à l’emploi. Afin de contribuer à la réduction de ces inégalités, Swisscontact développe une approche genre au niveau de la mise en œuvre de l’apprentissage dual afin que les bénéficiaires, hommes et femmes, puissent y accéder de manière libre et équitable.

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Swisscontact s’engage également dans la déconstruction des clichés liés à l’emploi faisant de certains métiers des métiers spécifiquement masculins ou spécifiquement féminins. Elle veille à ce que l’information soit largement partagée au niveau des jeunes filles et garçons et en s’assurant de la liberté des jeunes filles à choisir le domaine qui les intéresse. Même si leur nombre reste limité, on trouve des jeunes femmes dans toutes les filières dispensées, notamment en mécanique et menuiserie bois.


Des insertions réussies Aïcha, 19 ans, a grandi dans le quartier Bosarawa de Dogon Doutchi. Après avoir échoué à deux reprises à l’examen du BEPC, elle quitte l’école en 2015 et décide d’intégrer l’atelier de son père, artisan en construction métallique, afin d’apprendre ce métier qu’elle côtoie depuis son enfance et qu’elle apprécie. Elle a d’ailleurs appris à confectionner de petits ouvrages en métal au cours de ses années d’écolière. Malgré les critiques de beaucoup de gens de son entourage estimant que ce métier n’est pas fait pour les filles, Aïcha débute son apprentissage auprès de son père qui la soutient dans son choix. Lorsque le CFA de Dogon Doutchi ouvre ses portes, les membres de l’association professionnelle des artisans qui gère le centre vont à la rencontre des chefs d’ateliers de la commune afin de les sensibiliser sur les avantages de l’apprentissage dual. Le père d’Aïcha est convaincu de l’importance d’une telle formation et inscrit sa fille au CFA en mai 2017 pour une formation qui durera 14 mois. Assidue et très motivée elle finit son cycle d’apprentissage en se classant 2ème de son groupe de 18 apprenants et obtient la mention très bien. « Les mots me manquent pour exprimer combien cette formation m’a transformée techniquement. Et, au-delà, c’est notre atelier qui en profite, parce ce que mon père fait de plus en plus confiance à mon travail et me demande de surveiller les apprentis les plus jeunes. Il compte beaucoup sur moi pour sa relève. »

« Je m’appelle Abdoulfatah Laouali, j’ai commencé mon apprentissage en mécanique moto en 2013 dans le garage de OUSMANE Idrissa J’avais alors quinze ans. J’ai appris beaucoup sur le métier, mais je n’étais pas capable d’exercer seul. Après quatre ans d’apprentissage, mon patron m’a inscrit au CFA (Centre de Formation des Artisans) de Maradi en 2017. J’ai suivi une formation de 13 mois pour finir en 2018. J’allais au centre de formation deux jours par semaine. La formation m’a permis de mieux comprendre le métier de mécanicien-réparateur de moto. J’ai appris à utiliser de nouveaux outils, et de nouvelles méthodes et techniques de travail. Après la formation au centre, je suis toujours avec mon patron. Maintenant, il me fait plus confiance et me donne plus de responsabilités. Il y a assez d’activités dans l’atelier et je gagne assez bien ma vie, avec environ 2000 à 2500 FCFA/jour. Avant la formation, je m’en sortais avec un pécule de 250 à 500 FCFA. Enfin, mon souhait est d’avoir mon propre atelier avec l’appui de mon patron.»

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Contact Swisscontact | Fondation Suisse pour la Coopération Technique Boulevard Mali Béro, Yantala Haut BP 12 676 Niamey, Niger Tél. : +227 20 73 96 37 www.swisscontact.org/niger

Nous créons des opportunités Photo de couverture : Formation dans un CFA, Niger Photos : Collaborateurs et amis de Swisscontact Mise en page : Swisscontact


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